Comorbidité dans les familles tunisiennes

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Références : [1] Romdhane L, Abdelhak S. Genetic diseases in the Tunisian population. 2011. Am J Med Genet A: 155A(1):238-67. [2] Romdhane L, Kefi-Ben Atig R, Azaiez H et al. Founder mutations in Tunisia: Implications for diagnosis in North Africa and Middle East. Orphanet J Rare Dis. 2012; 7: 52. [3] http://cags.org.ae/ctga/ [4] Romdhane L, Messaoud O, Bouyacoub Y et al. Comorbidity in the Tunisian population. Clin Genet. 2015 May 22. doi: 10.1111/cge.12616. [5] Messaoud O, Ben Rekaya M, Kefi R et al. Identification of a primarily neurological phenotypic expression of the xeroderma pigmentosum complementation group A in a Tunisian family. Br J Dermatol 2010: 162 (4): 883886. Introduction: La Tunisie est un pays Nord Africain de 11 millions d’habitants marqué par des invasions de différents groupes ethniques tout le long de son histoire. Ces évènements historiques, en plus des facteurs économiques et socio-culturels, essentiellement la consanguinité et l’endogamie, ont façonné le payasage génétique de la population Tunisienne [1,2]. Ceci peut être illustré par le spéctre des maladies génétiques dans la population Tunisienne ainsi que leurs propriétés particulières les rendant un sérieux problème de santé publique dans le pays [1,2]. Actuellement, pas moins de 400 désordres d’origine génétique ont été décrits dans la population Tunisienne dont plus de 60 % sont autosomiques récessifs (Figure 1). Sources de données et curation: Les données relatives à la comorbidité ont été récupérées à partir de notre base de données locale sur les maladies génétiques dans la population Tunisienne qui intègre des données génétiques, moléculaires et épidémiologiques sur plus de 400 pathologies héréditaires [Unpublished]. Cette base de données inclut des données déjà publiées dans les bases de données bibliographiques et la litérature grise de même que les données générées dans notre unité de recherches ces 10 dernières années. Cette étude sur la comorbidité a été élargie aux populations Arabes. Ainsi, la base de données CTGA a été aussi interrogée [3]. Classifications des comorbidités : Soixante-quinze associations comorbides ont été décrites parmi les patients Tunisiens [4]. Elles ont été classées en 4 groupes majeurs selon leurs étiologies: comorbidités de maladie génétique-maladie génétique, de maladie génétique-maladie congénitale, de maladie congénitale-maladie congénitale et d’aneuploidies. La quatrième classe de comorbidité d’aneuploidies est en plus subdivisée en 3 autres sous-groupes (Figure 2). Les associations comorbides peut concerner les maladies du même mode de transmission, essentiellement le mode autosomique récessive (AR) (34 %) ou pas. Dans le second plus important groupe, les maladies primaires à gènes AR comptent pour 20 % de l’ensemble des données (Figure 2). Propriétés et fréquences des comorbidités en Tunisie: La comorbidité individuelle est observée chez au moins 50 personnes atteintes. Les comorbidité individuelle et familiale ont été rapportées au sein de la même famille. Dans environ 50 % des associations comorbides, la consanguinité a été notée. La comorbidité a été aussi rapportée dans d’autres populations consanguines avec des différences par rapport à celles décrites dans la population Tunisienne (Figure 3). Quelques cas de comorbidité ont été rapportés pour la première fois dans la population Tunisienne. Leurs apparitions peuvent être fortuites ou au contraire liées au fond génétique de la population Tunisienne puisque quelques uns sont dus à des mutations fondatrices spécifiques à la population Tunisienne, partagées avec d’autres populations et privées. De plus amples investigations moléculaires des nouvelles associations comorbides d’étiologie inconnue doivent être éffectuées pour confirmer leurs spécificités à la population Tunisienne. Défis pour le diagnostic et pour le phénotypage dans les populations consanguines: Bien que le diagnostic des maladies rares a été nettement amélioré avec le développement des capacités locales pour l’investigation moléculaire en Tunisie, la liste des nouveaux phénotypes de même que les associations comorbides inhabituelles sont en augmentation comme peut l’illustrer la famille consanguine Tunisienne de la figure 4. Le patient IV-3, atteint de Xeroderma pigmentosum A (XP-A) et d’ichthyose, a développé un mélanome à 26 ans (Figure 4). L’investigation moléculaire a révélé la présence de la mutation fondatrice p.R228X [5]. Certes, l’étiologie moléculaire de l’ichthyose et du mélanome devrait être élucidée avec d’autres outils récents post-génomiques dans le but de déterminer si cette nouvelle expression phénotypique constitue un continuum du spéctre phénotypique ou non. Figure 3: Fréquence des comorbidités dans les populations Arabes Figure 2: Classification des comorbidités $ Romdhane L: [email protected] Comorbidité dans les familles Tunisiennes Romdhane Lilia 1,2$ , Messaoud Olfa 1 , Romdhane Safa 1 , Bouyacoub Yosra 1 , Kerkeni Emna 3 , Naouali Chokri 1 , Cherif Ben Abdallah Lamia 1 , Tiar Afaf 1 , Charfeddine Cherine 1 , Monastiri Kamel 4 , Chabchoub Imen 5 , Hachicha Mongia 5 , Abdelhak Sonia 1 . 1 Biomedical Genomics and Oncogenetics Laboratory, Institut Pasteur de Tunis, Université Tunis El Manar, Tunis, Tunisia. 2 Département des Sciences de la Vie, Faculté des Sciences de Bizerte, Université Tunis Carthage, Zarzouna, Tunisia. 3 Laboratoire de Pharmacologie, Faculté de Médecine de Monastir, Université de Monastir, Monastir, Tunisia. 4 EPS Fattouma Bourguiba, Centre de Maternité & de Néonatologie de Monastir, Service de Réanimation et de Médecine Néonatale, Monastir, Tunisia. 5 Service de Pédiatrie, CHU Hédi Chaker, Sfax, Tunisia. Figure 4: Association inhabituelle de XP-A, ichthyose et mélanome dans une famille Tunisienne consanguine Figure 1: Classification des maladies génétiques dans la population Tunisienne selon le mode de transmission AR: Autosomique récessive AD: Autosomique dominant

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Références :

[1] Romdhane L, Abdelhak S. Genetic diseases in the Tunisian population. 2011. Am J Med Genet A: 155A(1):238-67.

[2] Romdhane L, Kefi-Ben Atig R, Azaiez H et al. Founder mutations in Tunisia: Implications for diagnosis in North Africa and Middle East. Orphanet J Rare Dis. 2012; 7: 52.

[3] http://cags.org.ae/ctga/

[4] Romdhane L, Messaoud O, Bouyacoub Y et al. Comorbidity in the Tunisian population. Clin Genet. 2015 May 22. doi: 10.1111/cge.12616.

[5] Messaoud O, Ben Rekaya M, Kefi R et al. Identification of a primarily neurological phenotypic expression of the xeroderma pigmentosum complementation group A in a Tunisian family. Br J Dermatol 2010: 162 (4): 883–886.

Introduction:

La Tunisie est un pays Nord Africain de 11 millions d’habitants marqué par des invasions de différents groupes ethniques tout le long de son histoire. Ces évènements historiques, en plus

des facteurs économiques et socio-culturels, essentiellement la consanguinité et l’endogamie, ont façonné le payasage génétique de la population Tunisienne [1,2]. Ceci peut être illustré par

le spéctre des maladies génétiques dans la population Tunisienne ainsi que leurs propriétés particulières les rendant un sérieux problème de santé publique dans le pays [1,2]. Actuellement,

pas moins de 400 désordres d’origine génétique ont été décrits dans la population Tunisienne dont plus de 60 % sont autosomiques récessifs (Figure 1).

Sources de données et curation:

Les données relatives à la comorbidité ont été récupérées à partir de notre base de données locale sur

les maladies génétiques dans la population Tunisienne qui intègre des données génétiques, moléculaires

et épidémiologiques sur plus de 400 pathologies héréditaires [Unpublished]. Cette base de données inclut

des données déjà publiées dans les bases de données bibliographiques et la litérature grise de même

que les données générées dans notre unité de recherches ces 10 dernières années. Cette étude sur la

comorbidité a été élargie aux populations Arabes. Ainsi, la base de données CTGA a été aussi interrogée

[3].

Classifications des comorbidités :

Soixante-quinze associations comorbides ont été décrites parmi les patients Tunisiens [4]. Elles ont été

classées en 4 groupes majeurs selon leurs étiologies: comorbidités de maladie génétique-maladie

génétique, de maladie génétique-maladie congénitale, de maladie congénitale-maladie congénitale et

d’aneuploidies. La quatrième classe de comorbidité d’aneuploidies est en plus subdivisée en 3 autres

sous-groupes (Figure 2). Les associations comorbides peut concerner les maladies du même mode de

transmission, essentiellement le mode autosomique récessive (AR) (34 %) ou pas. Dans le second plus

important groupe, les maladies primaires à gènes AR comptent pour 20 % de l’ensemble des données

(Figure 2).

Propriétés et fréquences des comorbidités en Tunisie:

La comorbidité individuelle est observée chez au moins 50 personnes atteintes. Les comorbidité

individuelle et familiale ont été rapportées au sein de la même famille. Dans environ 50 % des

associations comorbides, la consanguinité a été notée. La comorbidité a été aussi rapportée dans

d’autres populations consanguines avec des différences par rapport à celles décrites dans la population

Tunisienne (Figure 3). Quelques cas de comorbidité ont été rapportés pour la première fois dans la

population Tunisienne. Leurs apparitions peuvent être fortuites ou au contraire liées au fond génétique de

la population Tunisienne puisque quelques uns sont dus à des mutations fondatrices spécifiques à la

population Tunisienne, partagées avec d’autres populations et privées. De plus amples investigations

moléculaires des nouvelles associations comorbides d’étiologie inconnue doivent être éffectuées pour

confirmer leurs spécificités à la population Tunisienne.

Défis pour le diagnostic et pour le phénotypage dans les populations consanguines:

Bien que le diagnostic des maladies rares a été nettement amélioré avec le développement des

capacités locales pour l’investigation moléculaire en Tunisie, la liste des nouveaux phénotypes de

même que les associations comorbides inhabituelles sont en augmentation comme peut l’illustrer la

famille consanguine Tunisienne de la figure 4. Le patient IV-3, atteint de Xeroderma pigmentosum A

(XP-A) et d’ichthyose, a développé un mélanome à 26 ans (Figure 4). L’investigation moléculaire a

révélé la présence de la mutation fondatrice p.R228X [5]. Certes, l’étiologie moléculaire de l’ichthyose

et du mélanome devrait être élucidée avec d’autres outils récents post-génomiques dans le but de

déterminer si cette nouvelle expression phénotypique constitue un continuum du spéctre phénotypique

ou non.

Figure 3: Fréquence des comorbidités dans les populations Arabes

Figure 2: Classification des comorbidités

$ Romdhane L: [email protected]

Comorbidité dans les familles Tunisiennes

Romdhane Lilia1,2$, Messaoud Olfa1, Romdhane Safa1 , Bouyacoub Yosra1, Kerkeni Emna3, Naouali Chokri1, Cherif Ben

Abdallah Lamia1, Tiar Afaf1, Charfeddine Cherine1, Monastiri Kamel4, Chabchoub Imen5,

Hachicha Mongia5, Abdelhak Sonia1.

•1 Biomedical Genomics and Oncogenetics Laboratory, Institut Pasteur de Tunis, Université Tunis El Manar, Tunis, Tunisia.

•2 Département des Sciences de la Vie, Faculté des Sciences de Bizerte, Université Tunis Carthage, Zarzouna, Tunisia.

•3 Laboratoire de Pharmacologie, Faculté de Médecine de Monastir, Université de Monastir, Monastir, Tunisia.

•4 EPS Fattouma Bourguiba, Centre de Maternité & de Néonatologie de Monastir, Service de Réanimation et de Médecine Néonatale, Monastir, Tunisia.

•5 Service de Pédiatrie, CHU Hédi Chaker, Sfax, Tunisia.

Figure 4: Association inhabituelle de XP-A, ichthyose et mélanome

dans une famille Tunisienne consanguine

Figure 1: Classification des maladies génétiques dans la population

Tunisienne selon le mode de transmission

AR: Autosomique récessive

AD: Autosomique dominant