Clarté - Juin 2016 - Spécial QS
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8/15/2019 Clarté - Juin 2016 - Spécial QS
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ÉDITORIAL
Prolétaires de tous les pays, peuples et nations opprimés, unissez-vous!www.particommunisteduquebec.ca
ClartéJuin 2016- no. 25
LES LIMITES DE LA SOCIAL-DÉMOCRATIEEnjeux, page 5
suite page 2
Un débat très important aura lieu au prochain congrès de Québec Solidaire prévu à la n de mai 2016. QS voudrait
affirmer plus fortement sa positionindépendantiste à travers l’assembléeconstituante qu’il propose.
En vertu de son programme actuel, QS pro pose l’électio n d’une assem blé econstituante impliquant la populationdans la rédaction d’une constitution.L’assemblée constituante aurait, entreautres, « po ur ma nd at d’ él ab orerune ou des propositions sur le statut
po li ti qu e du Qu éb ec , … » et ces propositions seraient soumises au choixde la population par référendum. QSentendait promouvoir sa position enfaveur de la souveraineté du Québecau cours de ce processus. Bref, on ne présume pas du résul tat du travail del’assemblée constituante, lui laissanttoute la latitude démocratique pour que
s’expriment plusieurs points de vue et proposi tions.
QS propose maintenant à son congrèsde choisir entre deux options (Depuis lelancement de ce débat, plusieurs autresoptions ont été ajoutées, plus ou moinssemblables à l’option B, ndlr) pouramender cet élément de son programme.La première (option A) consisterait à
donner à l’assemblée constituante lemandat fermé d’élaborer exclusivementun projet de constitution d’un Québecindépendant qui serait ensuite soumis par référendum à la population. Celle-ci devra alors approuver ou rejeter la proposition.
La deuxième (option B) consisteraità donner à la constituante le mandatd’élaborer au moins deux projetsde constitution du statut politiquedu Québec, dont celui d’un Étatindépendant, et au moins un autrequi le maintiendrait « dans le cadreconstitutionnel canadien. » L’ensemble
serait aussi soumis dans un référendum pou r trancher en tre les deux ou les
divers projets.
QS admet sans ambages qu’il veutenlever toute ambiguïté sur le mandatde l’assemblée constituante avant les procha ines élect ions. Il est clair qu’ils’agit-là d’une réaction aux pressions
nationalistes, particulièrement celles duPQ qui accuse continuellement QS dediviser les forces souverainistes tout enmettant en doute sa foi souverainiste.
On pourrait penser que QS chercheà mettre la table pour une alliancesouverainiste. D’ailleurs, il sembleque le congrès suivant de 2017, à
la veille des prochaines élections provinciales, discutera (encore une fois)de cette question de l’alliance des forcessouverainistes.
L’option A proposée implique qu’ungouvernement de QS majoritaire à
LA LUNE DEMIEL EST-ELLETERMINÉE?Éditorial du People’s Voice,16-31 mai 2016
Avec chaque jour qui passe, Justin
Trudeau est confronté à de nouvellesquestions sur son engagement réel pour «un véritable changement . » Toutemention de l’ancien Premier Ministreconservateur continue toujours defaire réagir les gens avec un frissoninvolontaire, comme si Darth Vadervenait d’entrer dans la pièce, mais ilsemble que la lune de miel qui a faitsuite à son remplacement est en trainde se terminer.
Les Libéraux sont un parti de la« big business », mais ils ont pris le pouvoir en promettant de répondre aux
demandes soulevées par les mouvementsouvriers et populaires: abrogation delégislation anti-immigration; réformerle système électoral uninominal àun tour; légaliser la marijuana (etcesser de criminaliser les utilisatrices-eurs); arrêt de la participation duCanada dans le bombardement de laSyrie et de l’Irak; nancement massif
des infrastructures; augmenter lestaxes du 1% de mieux nantis; arrêter
temporairement la terminaison de lalivraison du courrier à domicile de
CONGRÈS DE QUÉBEC SOLIDAIRE :DE L’UNITÉ DE LA GAUCHE ÀL’UNITÉ DES SOUVERAINISTES.
38ièmeCONGRÈS DU PCCCanada page 7
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2 Québec
ClartéClarté est publié par New Labour Press Ltd.,
imprimé à Montréal, Québec.
Volontaires et contributeurs etcontributrices :
J.Boyden, A. Welsh, S. Hammond, M. BretonFontaine, S. Archambault, P. Fontaine, K. Cariou,
M. Figeroa, B. Sloan, J.P. Fortin.
Commentaires et lettres à l’éditeur :Clarté vous encourage à nous écrire :
Rédacteur en chef: Robert Luxley5359 Ave du Parc App. C, Montreal, H2V 4G9
438-338-8890 [email protected]
Prolétaires de tous les pays, peuples et nations opprimés, unissez-vous!
Postes Canada; nommer des femmesà la moitié des postes du Cabinetfédéral; une enquête publique surles femmes autochtones disparueset assassinées; mettre en œuvre
toutes les recommandations de laCommission vérité et réconciliation;r é t a b l i r l e l o n g fo rm u l a i r ede recensement; permettre auxscientifiques fédéraux de parler pu bl iq ue me nt ; lu tt er co nt re le schangements climatiques, etc.
Six mois plus tard, quelques unesde ces promesses ont été tenues, dumoins partiellement. Mais la plupartont été abandonnées sur le bord duchemin, sous-nancées, ou ignorées.
Le décit du budget fédéral 2016-17
était trop limité pour créer un grandnombre de bons emplois. L’accorddu PTP sur les droits des compagniestransnationales est poussé vers unerapide ratication parlementaire, en
dépit des nombreuses objections.La réconciliation avec les peuplesautochtones a pris le fossé aprèsl’échec du gouvernement de prendredes mesures sérieuses pour lelogement, l’eau potable et unemeilleure éducation. Et surtout,les Libéraux semblent désireux de promouvoir les oléoducs exigés parla grande industrie pétrolière. Comme nous le disions, après
l ’ é l e c t i o n , l a d é f a i t e d e sConservateurs était une grandevictoire pour les travailleuses-eurs. Mais sans une pression plusforte des mouvements ouvrierset démocratiques, les Libérauxvont inévitablement se plier au programme des grosses compagnies.
Par Paul ClicheMontréal, 13 avril 2016
Presse-toi à gauche, édition du 19 avril
2016
que Québec solidaire s’est engagé à
lancer une démarche menant à un
référendum sur l’indépendance du
Québec par le biais de la tenue d’une
Assemblée constuante. Le programme
statue que cette dernière, créée par
une loi de l’Assemblée naonale, « aura
la responsabilité de mener un vaste
exercice de démocratie participative
visant à consulter la population du
Québec sur son avenir politique et
constuonnel, de même que sur les
valeurs et les institutions politiques
qui y sont rattachés. En fonction des
résultats de cee démarche –qui devront
être connus de la populaon et dont
l’Assemble constuante aura l’obligaon
de tenir compte- cee dernière élaborera
un projet de constuon ».
Le programme ajoute : « Les proposions
issues de l’Assemblée constuante, ycompris celle sur le statut politique
du Québec, seront soumises au choix
de la population, ce qui marquera la
n du processus » Et il précise : « Tout
au long de la démarche constuante,
Québec solidaire défendra son opon
indépendanste et fera la promoon
de ses valeurs écologistes, égalitaires,
féministes, démocraques, pluralistes,
sans toutefois présumer de l’issue des
débats ».
LA PARTICIPATION CITOYENNE,CLEF DE VOUTE DU PROCESSUSCONSTITUANT
Abordant l’aspect stratégique de la
question le programme explique que
« parler d’Assemblée constuante c’est
proposer de discuter de la manière
la plus démocratique et la plus large
possible des mécanismes essentiels
pour arculer le projet d’indépendance
polique et les revendicaon sociales ».
Aussi « la stratégie de Québec solidaire
consistera-t-elle à mere en route et
à développer une véritable démarche
citoyenne an que toutes et tous soient
associés à la détermination de notre
avenir collecf. » Ainsi, pour populariser
l’idée de constituante on mettra sur
pied à la grandeur du Québec, aussi
bien au niveau local que régional, « une
démarche de démocrae parcipave
qui permettra aux citoyen-ne-s de
s’exprimer et de discuter ensemble
de manière à ce que se constue peu
à peu un large appui au sein de la
populaon ». Le programme conclut :« Pour être légime le processus devra
être profondément démocratique,
transparent et transparsan ».
L A Q U E S T I O N N A T I O N A L EAPPARTIENT À LA POPULATION ; NON A UN PARTI, NI À L’ASSEMBLÉE NATIONALE
Rappelons d’abord que le programme
actuel est le prolongement de la
Déclaration de principes adoptée
au congrès de fondation de Québec
solidaire en 2006 pour énoncer ses
principales orientations. C’est sur la
base de ce document fondamental,
pierre d’assise de notre parti, que le
programme a ensuite été élaboré. Or la
Déclaraon est explicite au sujet de la
queson naonale :
« La question nationale n’appartient
pas à un seul par polique ni même à
l’Assemblée naonale. Elle apparent
à toute la populaon du Québec. C’est
pourquoi notre parti propose que
le débat sur l’avenir du Québec se
fasse au moyen d’une vaste démarche
de démocratie participative. Toute la
populaon pourra ainsi se prononcer
sur des changements politiques etconstitutionnels, de même que sur
les valeurs qui y seront associées. Un
QUÉBEC SOLIDAIREDESSERVIRAIT LA CAUSEDE L’INDÉPENDANCE EN
MENOTTANT L’ASSEMBLÉECONSTITUANTE AVEC UNMANDAT PRÉDÉTERMINÉ
Nous publions ici un article de Paul Cliche résolument en faveur de la
souveraineté du Québec, mais avec lequel nous partageons plusieurs
points de vue, particulièrement quant au caractère non partisan et
démocratique que doit préserver le projet d’assemblée constituante.
Ainsi, le prochain congrès de Québec
solidaire réexaminera la nature
du mandat confié à l’Assemblée
constuante, l’instrument que le pars’est engagé à mere sur pied une foisau pouvoir pour permere au peuplequébécois d’exercer sa souverainetéen décidant de son avenir polique etconstuonnel ainsi qu’en xant lesrègles qui régiront son nouvel État.
Comme je m’intéresse à cee queson
depuis la campagne électorale de
Mercier en 2001 où j’ai été candidat de la
gauche unie, permeez-moi d’intervenir
dans un débat qui se corse de plus en
plus au sein du par. Pour l’éclairer je
crois qu’il est opportun de commencer
par un rappel du contenu du programme
actuel et de la Déclaraon de principes
que Québec solidaire a adopté lors de
son congrès de fondaon.
C’est à son congrès de novembre 2009
référendum clôturera cee démarche
qui favorisera la réexion la plus large
et la plus inclusive possible ».
UNE PROPOSITION INACCEPTABLEAUSSI BIEN POUR DES RAISONSDE PRINCIPES QUE DE STRATEGIE
D e s mi l i t ant - e - s , re g roupé - e - s
dans la Commission stratégie pour
la souveraineté, ont fait campagne
depuis quelques temps pour modier
le programme actuel. I ls (elles)
esment que cee dernière laisse trop
d’autonomie à l’Assemblée constuante
en lui confiant un mandat ouvert et
proposent plutôt que son mandat
l’oblige à développer exclusivement un
projet de constuon pour un Québec
indépendant. Ils (elles) reprochent
à la posion actuelle ce qu’ils (elles)
appellent son « ou arsque » et sa
SUITE : ÉDITORIAL
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3 QuébecClarté Juin 2016
l’Assemblée nationale, bien qu’il aurafort probablement été élu par une minoritéd’électrices et d’électeurs, va imposersa position constitutionnelle dans le proce ssus d’assembl ée con st itu ante.L’option B quant à elle, semble vouloirencadrer le choix du peuple pour leforcer à trancher entre l’indépendance etun statu quo inacceptable. Elle poursuitdonc essentiellement le même objectifque l’option A. Son seul avantage parrapport à l’option A est qu’elle semble
maintenir une certaine ouverture à la possibi lité qu’il puisse y avoi r d’autresscénarios, tel que le permet l’actuelleformulation.
Objectivement, l’adoption de l’une oul’autre des options risque de rapprocherQS de la stratégie péquiste.
UN PAS EN AVANT, DEUX PAS ENARRIÈRE!
QS est né de la volonté de la gauche pol itique du Qué bec de s’é manciperenn de la tutelle du PQ et de s’unir
au-delà de ses propres différences à propos de la résolution de la quest ionnationale, pour affirmer au premierchef ses positions pro-socialistes et« solidaires ». Ces dernières avaientété mises en veilleuse pendant denombreuses années sous la bannièredu PQ pour préserver l’unité du campsouverainiste.
C’est ainsi qu’avait été fondée l’Uniondes Forces Progressistes (UFP), un desdeux ancêtres de QS, par l’unication de
trois organisations politiques de gauche,le Parti de la Démocratie Socialiste(PDS) et le Regroupement pour uneAlternative Politique (RAP), toutesdeux indépendantistes, et nous le Particommuniste du Québec, section du Particommuniste du Canada (PCQ-PCC), quine l’étions pas.
L’acte fondateur de l’UFP avait été dereconnaître d’emblée que son soutien àla souveraineté du Québec n’était pasunanime dans ses rangs et que celle-cin’étant pas une n en soi, elle se devait
d’être avant tout un instrument servantà l’émancipation des classes populaires.Option Citoyenne avec qui l’UFPcréera QS en 2006, avait une position
semblable, afrmant que l’article 1 deson programme devait porter sur son
projet d’émancipation sociale et non passur la question nationale pour laquelleelle n’avait d’ailleurs pas encore de position déterminée.
Mais en 2009, QS va se positionner
clairement pour l’indépendance duQuébec. Tout en continuant de vouerà celle-ci une fonction instrumentale,considérant que « l’intégralité de son projet de société ne pourra se réaliser
que si le Québec dispose de l’ensemble
des pouvoirs aux plans politique,économique et culturel », QS pensedésormais que l’indépendance devientaussi une nécessité absolue pour la préservation et le « développementd’une nation unique par son histoire
et sa culture en constante évolution,
autour d’une langue commune qu’est
le français. »
Depuis, la souveraineté du Québecest souvent présentée comme le vrai proje t de société de QS, ou tou t aumoins, comme son aspect principal.On fait allègrement l’amalgame entre
souveraineté et progressisme. On parlede bien commun, mais jamais on nenomme le mode de production qui prévaudrai t dans ce proje t de société,on ne parle jamais de socialisme.L’indépendance et/ou la souverainetésemblent être devenues de plus en plus l’art icle 1 du programme de QS.
La question de l’alliance des forcessouverainistes, une alliance gauche-droite, revient de façon récurrentehanter les débats de ses congrès. On esten train de revenir à la case départ.
L’INDÉPENDANCE DU QUÉBECDEMEURE UN PROJET COLONIAL
Dans son programme actuel, il est ditqu’un gouvernement de QS invitera1es
nations autochtones à se joindre àl’exercice de l’assemblée constituante par les moyens qu’elles décideront et leuraccordera une place importante si ellesle veulent. Cependant, l’adoption desamendements proposés au programmelimitant le mandat de l’assembléeconstituante exclusivement à un projetd’indépendance va certainement leurlaisser moins de place.
D u p o i n t d e v u e d e s n a t i o n s
autochtones, le débat entre fédéralisteset souverainistes est un débat entre
Blancs dont elles sont exclues bienqu’elles soient concernées, un débatqui se poursuit entre deux puissancescoloniales qui se disputent le contrôle deleurs territoires à elles. Tant le Canadaqu’un éventuel Québec indépendantsont des projets coloniaux qui leur nientleurs droits nationaux.
Le projet d’indépendance du Québecimplique de séparer du Canada, non pasle territoire où la nation québécoise
s’est historiquement développée (lacommunauté de territoire étant l’un descritères établissant l’existence d’unenation), mais plutôt d’en séparer un État,une entité coloniale dont la juridiction aété étendue par le gouvernement fédéralsur de vastes territoires appartenant à plusieurs nations autochtones . Depuisla Confédération, on a ajouté à la juridict ion de la province notammentles territoires et les bassins de la BaieJames, de la Baie d’Hudson et d’Ungavaainsi qu’une partie de la Côte-Nord. Enfait, le territoire de la province a été plusque doublé jusqu’en 1912 sans que les
populat ions autochtones concernées nesoient le moindrement consultées.
Certes, QS admet que « l’a priori del’intégrité territoriale du Québec »ne peut être défendu comme le font lePQ et les autres nationalistes étroits. Néanmoins, QS n’envisage pas moinsde s’associer avec ces mêmes forcesnationalistes et colonialistes pourréaliser la souveraineté du Québec et, ce
faisant, laisse penser qu’au fond, il nevoit pas les choses bien différemment.
Or s’il advenait que le Québec déclareson indépendance, la question de la par tit ion du ter ritoire de la provinc eva nécessairement se poser, les nationsautochtones ayant en principe le droitde décider librement avec quel pays, leQuébec ou le Canada, elles choisiront ounon de se lier, avec les vastes territoiresancestraux qu’elles revendiquent pour yétablir des gouvernements autonomes.
Les partis communistes du Québec
et du Canada reconnaissent le droit àl’autodétermination du Québec, incluantcelui de se séparer. Cependant, le Particommuniste préfère plutôt prônerl’adoption d’une nouvelle constitutionqui embrasserai t l ’ensemble desquestions nationales à la grandeur du pays, établissant ainsi un large frontuni des nations opprimées pour unchangement fondamental plutôt qued’exacerber les contradictions entreces nations. À l’instar de QS, le PCQ-PCC propose aussi l’élection d’uneassemblée constituante pour réécrirela Constitution canadienne et qui sera
ensuite soumise pour approbation auxdiverses composantes nationales duCanada. Cette constitution devraitgarantir à toutes les nations de pleinsdroits égaux et afrmer clairement le
caractère volontaire de leur association.
La raison de cette politique est de
favoriser la nécessaire unité de la
classe ouvrière dans sa lutte pour
le socialisme : « Cette lutte pour un
changement constitutionnel est cruciale
dans le cadre de la lutte générale pour
la démocratie, le progrès social et le
socialisme. L’unité de la classe ouvrière à
travers le pays sera impossible si l’on ne
mène pas une lutte contre l’oppressionnationale et pour la réalisation d’un
partenariat nouveau, égal et volontaire
des nations du Canada. »*
( * Extraits du programmedu Parti communiste
du Canada et du
Parti communiste
du Québec, Notre
avenir au Canada : le
socialisme!)
SUITE : CONGRÈS DE QUÉBEC SOLIDAIRE
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4 Québec Prolétaires de tous les pays, peuples et nations opprimés, unissez-vous!
« naïveté » parce que le processus prévu
ne présume pas de l’issue des débats
au sein de la l’Assemblée constuante.
C’est de cee proposion que sera saisi
le congrès qui aura lieu à la n de mai.
Cette position se veut radicale mais,
à mon avis, elle découle plutôt de la
logique nationaliste traditionnelle
qui veut qu’un parti se prétendant
indépendanste ne l’est réellement que
s’il garantit l’accession du Québec à
l’indépendance. Prédéterminer ce qui
se retrouvera dans la future constitution
québécoise se rapproche en effet
beaucoup de la stratégie péquiste.
Ce sont d’abord des raisons de
principes qui justifient mon opposition
à ce qu’une Assemblée nationale, où
Québec solidaire serait majoritaire,
oblige l’Assemblée constituante en
vertu de sa loi constitutive à présenter
exclusivement un projet de constitution
indépendantiste comme option au
référendum qui clôturera le processus.
En effet, la modification proposée par
la Commission sur la souveraineté
irait directement à l’encontre de la
Déclaration des principes de notre
parti qui établit que « la question
nationale n’appartient ni à un parti ni
à l’Assemblée nationale mais à toute la
population ».
Elle tronquerait aussi « la vastedémarche de démocratie participative »
au moyen de laquelle la Déclaration
de principes veut que le débat sur
l’avenir du Québec se fasse afin de
« favoriser la réflexion la plus large
et la plus inclusive possible ». On
orienterait ainsi le cours de l’Histoire
par le haut plutôt que de mettre en
place des éléments permettant au
peuple de déterminer par lui-même ce
qui est bon pour lui. L’indépendance de
l’Assemblée constituante par rapport
au pouvoir partisan est un enjeu
fondamental. Confier à cette dernière
un mandat prédéterminé équivaudraità le repousser sous le tapis.
D’un point de vue stratégique, i l
faut être naïf pour penser que des
citoyen-ne-s n’étant pas a priori
indépendantistes seraient disposé-
e-s à participer nombreux à une
consultation dont l’issue serait scellée
à l’avance. Comment voudriez-vous
également que des fédéralistes,
même de bonne foi, acceptent de
devenir députés d’une Assemblée
constituante qui aurait pour mandat
de soumettre une question en faveur
de l’indépendance au référendum quimettra fin au processus constituant ?
Ils verraient plutôt la consultation
effectuée par la Constituante comme
une ‘mascarade’ dont ils boycotteraient
les travaux. Ce procédé rabaisserait
malheureusement Québec solidaire au
niveau des manœuvres éculées utilisées
par les partis traditionnels.
De plus, les fédéralistes ne resteraient
pas les bras croisés en attendant le
référendum. Ils ne feraient pas que
discréditer le processus. Passés maitres
dans l’art de jouer sur les peurs et
les appréhensions des gens ils en
profiteraient pour mettre sur pied une
redoutable contre-offensive visant à
leur faire gagner le référendum. Le
Québec aurait ainsi loupé sa dernière
chance d’en venir à un règlement
démocratique de la question nationale.
IMPOSER UNE POSITION À UNEINSTANCE DE DELIBERATIONDEMOCRATIQUE EST UN GAGE
D’ECHEC
Comme le soulignent Raphaël Langevin
et al dans un texte qui vient d’être
publié sur le site Presse-toi à gauche
et dont je m’inspire ici, la posture de laCommission sur la souveraineté, qu’on
peut qualifier de ‘radicalisme formel’ ne
tient pas compte du fait qu’il ne suffit
pas d’imposer une position dans une
instance de délibération démocratique
pour augmenter les chances que cette
dernière soit adoptée et comprise par
la population. Il est même probable
que l’imposition de certaines positions
dans un tel type d’instance ne nuise à
leur approbation populaire car la partie
de la population n’étant pas d’accord
avec elles y verra automaquement un
rétrécissement de son espace délibéraf.
Il faut aussi se rappeler que, selon
le programme actuel de Québec
solidaire, le rôle des constuants sera
essenellement de dégager les consensus
les plus solides qu’ils auront observés
durant la consultation. Ils pourront
proposer un statut polique précis et
contradicon agrante entre le fait de
présenter cee dernière comme l’oul
démocraque par excellence alors que
le mandat sur le statut politique du
Québec serait prédéterminé avant le
début du processus constituant.
SAVOIR RELEVER LES DÉFISQUE POSE L’EXERCICE DE LASOUVERAINETÉ POPULAIRE
La démocratie est en soi instable et
incertaine. Mais en bon démocrate il
faut savoir relever les défis que pose
l’exercice de la souveraineté populaire.
Comme le soulignent Raphaël Langevin
et al dans leur texte, la formule d’une
Assemblée constituante sans mandat
prédéterminé qu’a choisie Québec
solidaire à son congrès de 2009
constitue un pari. Mais ce pari, j’en suis
convaincu, nous pourrons le remporter
si nous ne répétons pas les erreurs du
passé en forçant l’étiquetage des acteurs
sur la question nationale avant même
que le processus constituant ne soit
officiellement enclenché. Les chauds
débats résultant d’un tel contexte de
mobilisation ne sont donc pas à éviter,
au contraire. Ce sont justement ces
débats qui nous permettront de mettre
à nu l’ensemble des peurs et arguments
utilisés par le camp fédéraliste afin de
faire croire à la population qu’elle n’a
pas d’autres options que le statu quo
constitutionnel.
Une démarche constituante ne doitdonc pas servir à faire des débats entre
indépendantistes afin de se convaincre
que notre option est la meilleure. Elle
doit favoriser la confrontation avec les
non-indépendantistes, mais sur un mode
civilisée en s’inspirant, par exemple de
L’éthique de la discussion du philosophe
allemand Habermas. Comme le souligne
Michel Venne, directeur général de
l’Institut du Nouveau Monde (INM),
dans un texte que vient de publier Le
Devoir, « au Québec en 2016 on ne sait
plus dialoguer sereinement, de façon
féconde sur les enjeux essentiels qui
nous confrontent. Pourtant l’expériencede l’INM prouver que lorsqu’on adopte
les bonnes méthodes le dialogue social
est fécond et apaisant, et ce même s’il
repose au départ sur un conflit. Il crée
de la confiance en soi-même et dans les
autres, mais dans la possibilité que les
choses aillent mieux ».
Les Québécoises et les Québécois
n’ayant jamais eu l’opportunité de
discuter ensemble des contours d’un
pays indépendant il s’est créé au sein
de la population au fil du temps un
clivage en deux camps qui au lieu
d’échanger se lancent des qualificatifs
aussi péjoratifs les uns que les autres
(fédérastes, séparatisses, destructeurs
de la nation canadienne, traitres à la
nation québécoise, etc.)
En tant que membres de Québec
solidaire il faudra faire en sorte de
mettre de l’avant dès le début notre
vision des choses et la défendre jusqu’à
la fin du processus constituant pour
s’assurer qu’elle soit adoptée, comprise
et intériorisée par une majorité de
citoyen-ne-s. Toutefois l’Assemblée
constituante ne doit pas être vue
prioritairement comme un moyen de
mobiliser les troupes indépendantistes,mais bien de procéder à un grand
exercice d’éducation populaire où
l’ensemble des idées pourraient être
discutées et remises en question, y
compris l’indépendance. Il ne s’agit
certes pas d’une option facile mais je
suis convaincu que c’est celle qui offre
les plus grandes chances de succès.
Le vrai radicalisme passe donc par la
mobilisation des militant-e-s sur le
terrain, la confrontation idéologique
et la conscientisation individuelle
et collective ; non par l’affirmation
sur papier de certains principes qui
compliqueront la possibilité de dialogues
avec l’ensemble des acteurs de la
société. Je crois donc que la posion
actuelle du par est celle qui est la plus
radicale car elle tente de dépasser les
clivages historiques en grande partie
responsables des deux derniers échecs
référendaires.
SORTIR DE NOTRE COCON À LARENCONTRE DES AUTRES
Il est essentiel de sortir du milieu
indépendantiste pour accroitre la
crédibil ité de notre démarche et
maximiser nos chances de réussite.
Concrètement i l s ’agit de fa ire
comprendre, autant aux convaincu-
e-s qu’aux non convaincu-e-s que,
malgré des décennies de cynisme et de
manipulation des élites politiques notre
désir est de remettre le pouvoir entre
les mains de la population. Il ne s’agit
pas d’imposer l’option indépendantiste
mais de permettre aux gens de s’yconvertir en discutant avec eux.
Comme l’a écrit Roméo Bouchard
dernièrement, un référendum sur un
projet de constitution proposé par une
Assemblée constituante avec un mandat
ouvert (non prédéterminé) apparait de
plus en plus comme la seule alternative
possible au référendum péquiste et
comme la meilleure façon de sortir le
projet de souveraineté de l’ornière où
il s’est enfoncé en le replaçant dans le
cadre d’une réforme en profondeur de
nos institutions démocratiques.
Québec solidaire doit donc rejeter
la proposition d’une Constituante
pipée d’avance. Il ne doit pas avoir
peur de prendre le risque de la
souveraineté du peuple. Vouloir
une Constituante ouverte ce n’est
pas être naïf mais réaliste, car c’est
la seule option respectueuse de la
souveraineté des citoyen-ne-s, celle
qui leur permettra de se réapproprier
leur pays. Une Constituante qui
ne serait pas entièrement libre de
ses délibérations ne serait qu’une
mascarade supplémentaire venant
s’ajouter à toutes celles que nous avons
connues dans ce domaine.
À Clarté, nous sommes heureuxet heureuses de recevoir vos
commentaires et vos lettres. Écrivez-nous à [email protected] à notre adresse postale : 5359 ave duParc, Suite C, Montréal, Qc. H2V 4G9.
Nous nous réservons cependant ledroit de ne pas publier une lettre, oude n’en publier qu’une partie pour
des raisons d’espace et/ou d’éthique.
un projet unique
de constitution
en fonction de
leur évaluation
d u c o n s e n s u s
dominant. Il ne faut
pas oublier non
plus que l’exercice
constuant ne sera
pas un sondage
ni une campagne
électorale. Il devra
être un exercice
de démocrat ie
p a r t i c i p a t i v e
où t out e s le s
opinions peuvent
s’exprimer sans
ê t r e r e j e t é e s
à l ’avance par
u n m a n d a t
restrictif confié
à l ’A s s e mblé e
constituante. Il yaurait en eet une
SUITE : PAUL CLICHE
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8/15/2019 Clarté - Juin 2016 - Spécial QS
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JEUNESSE MILITANTEJUIN 2016 * WWW.YCL-LJC.CA
Éditorial Adrien Welsh
Avec le scandale des PanamaPapers, l’arrestation de NathalieNormandeau et les remous causéspar les scandales de malversationsauxquels sont mêlés plusieursofciels du Parti des Travailleurs
du Brésil, la corruption semble plusbanalisée que jamais. Ceci écoeured’autant plus que les «proteursvautrés dans la richesse» agissenten période de crise économique. À travers des mesures d’austéritéoppressante pour les peuples dumonde, des guerres impérialistesqui ne visent qu’à mettre la mainsur de nouveaux marchés et àcontrôler l’accès aux ressourcesnaturelles ainsi que la destructionde l’environnement, ils essaient denous faire payer pour leur crise etce, parfois de façon tragique commeon a pu le voir à Bruxelles et à Parisil n’y a que quelques mois. Lesmigrants qui, en tentant de gagnerles rives européennes depuisl’Afrique, terminent le voyage aufond du cimetière méditerranéen ensont aussi des victimes.
Pourtant, ce n’est pas assez
pour ceux qui tiennent le hautdu pavé. Mus par leurs intérêtsde classe, fondamentalement encontradiction avec les nôtres, ceuxdu «99%», ceux de la jeunesse,des étudiants, des travailleurset des masses populaires, ils nemanquent pas d’inventivité pourgrapiller les derniers kopeks de laclasse ouvrière. La corruption, lesmalversations, l’évasion scale n’en
sont que quelques exemples et nousrappellent qu’elles sont inhérentesau système capitaliste.
Malgré la commotion générée tantà droite qu’à gauche concernant lesdifférentes tentatives de corruption,nous ne pouvons nous résoudre àcroire que toutes sont sincères. Eneffet, même s’il est tout à fait justiéde s’insurger contre ces fourberies,nous devons prendre garde contreles chants des sirènes qui nousafrment qu’il serait possible de
«moraliser» le capitalisme, bâtir un«capitalisme à visage humain».
Ce n’est pas le pari de la jeunessecommuniste du Québec. Pour nous,
Marianne Breton Fontaine
Le jeudi 22 octobre 2015, l’équipe de l’émissionEnquête de Radio-Canada diffusait un repor-tage-choc sur de multiples viols et agressionssexuelles subies par des femmes autochtonesde Val d’or. À l’origine, l’équipe de journalistesn’enquêtait pas sur ces cas, mais plutôt sur ladisparition de femmes autochtones et en particu-lier celle de Sindy Ruperthouse, une Algonquinedont la disparition depuis le printemps 2014laissait honteusement indifférents les médias etles autorités québécoises.
Autour d’une table, les amies de Sindy Ruper-thouse sont interrogées à propos de l’enquêtede la police par la journaliste Josée Dupuis. Laconversation prend alors une autre tournure.Les femmes se conent sur les comportements
abusifs des policiers. Des policiers qui protent
de leur autorité pour obtenir des fellations oud’autres faveurs sexuelles; des policiers quimenacent les femmes autochtones; des policiersqui abandonnent des femmes en état d’ébriétéen plein milieu de la forêt à plus de deux heures
de marche du centre-ville pour les faire «des-saouler»; des policiers qui frappent et bruta-lisent; des policiers qui paient des femmes endrogue et en argent pour du sexe; des policiersqui violent des femmes dans le bois, ou dansle poste de police; ces mêmes policiers qui nefont rien pour retrouver Sindy Ruperthouse oules autres femmes autochtones disparues. Aul du reportage, des femmes courageuses se
conent, quelques fois pour la première fois,
sur les horreurs qu’elles ont vécues aux mainsdes forces de police de Val d’or. À la suite des révélations faites par les amies
de Mme Ruperthouse, d’autres femmes autoch-tones ont voulu briser le silence. Certaines sontallées porter plainte. Quatorze dossiers ont
été ouverts et ciblent huit policiers de Val d’or.Ce sont huit policiers sur une cinquantaine duposte. C’est énorme. Pire, ils ne sont sûrement
pas les seuls.
Par leurs paroles, ces femmes ont forcé le
gouvernement à réagir. Impossible pour l’État
Silence et indifférence :Des femmes autochtonestémoignent de la
violencepolicière.
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Nina Césaire.
En arrivant au Canada pour
quelques mois en simple visite, je
ne m’attendais pas à un accueil si
glacial. Moi, qui voulais seulement
voir les camarades québécois,
canadiens, mais surtout découvrir
ce beau pays, je me suis retrouvée
aussi contrôlée qu’un criminel.
Lorsque j’arrive à l’aéroport
à Montréal, la durée de mon
séjour interpelle un agent des
douanes qui m’envoie donc à
l’immigration. Après quelques
temps d’attente, un officier me
prend en charge. Je suis jeune,
je viens de démissionner de mon
travail en France et j’avais rempli il
y a quelques mois une application
pour le PVT (Permis VacancesTravail). Evidemment les soupçonscommencent. On me demande si
je veux travailler illégalement au
Canada, je réponds par la négative
en avançant l’argument que j’ai
économisé durant de longues
années pour pouvoir voyager sansproblème. L’officier me demande
alors une preuve et me demande
mon téléphone portable. Choquée,
mais ayant peur de se faire
directement renvoyée en France
par le premier avion, je lui donne
mon téléphone et mon code. Non
seulement a-t-il regardé de fond en
comble mon compte en banque, il
a aussi scruté mes messages
personnels ! Moi qui pensais que
la vie privée était un droit, que
nenni ! Tout de su ite il découvre lesmessages envoyés à un camarade
québécois sur place que j’ai connu
en France. Il me demande qui
est-ce, de quel syndicat parle-t-
on, mais surtout quels sont mes
liens avec le Parti Communiste.Ne voulant pas nier l’évidence je
lui dis « Je suis membre du PartiCommuniste ». S’en suit une
fouille encore plus approfondie de
mon portable, mes photos, mes
contacts, mes mails, même ceux
qui n’ont aucun de rapport avec
la politique. Ma vie privée est
désormais violée et fichée dans
les dossiers canadiens. Une heure
plus tard, un autre officier des
douanes arrive. Les deux officiers
m’emmènent avec ma valise dans
une petite salle reculée.
Je commence à stresser,
l’interrogatoire continue, le
deuxième officier des douanes met
des gants. Le deuxième officier
semble plus se focaliser sur le fait
que j’avais rempli une demande
de PVT, ce que je comprendsparfaitement et j’explique que je
la retirerai dès que possible étant
donné que je n’en veux pas. Le
premier officier me demande mes
motivations au Canada (!). Mavalise est fouillée, mon portefeuille
et ma veste également. Ils tombent
sur ma carte de membre du Parti :
« Quelle est l’idéologie du Particommuniste ? ». Amusée par
la question et me disant que de
toute façon de n’avait absolument
rien à cacher, puisqu’ils savent
tout de ma vie grâce aux fouilles,
je fais alors une formation de
marxisme-léninisme aux douaniers
de l’aéroport pendant que mon
appareil photo est exploré.
Cependant, après trois heures
de questions, de soupçons, je
commence à sérieusement perdre
mon sang-froid, se faire traiter
de la sorte est tout simplement
atterrant pour ma première visite
dans ce pays.
Ils n’ont rien découvert qui
puisse justifier une interdiction duterritoire canadien, le deuxième
officier des douanes s’en va. Le
premier, qui avait confisqué mon
portable et mon passeport, rempli
des papiers, j’attends encore.
Quand il m’appelle au comptoir, il
m’explique qu’il a raccourci mon
séjour, initialement de quatre mois,
à un mois seulement ! Malgré la
présentation de mon billet retour
pour la France ! Il argue que je
pourrais travailler illégalement au
Canada et qu’un mois ça suffisait
pour visiter le Québec. L’argument
du travail illégal est plutôt drôlequand l’écrasante majorité de mon
interrogatoire était focalisée sur
mon engagement communiste !
Pour faire r égulariser ma situation, j’ai dû voyager aux Etats-Unis,passer la frontière pour renouveler
mon statut de visiteur. Cette fois-
ci je m’étais préparé à un éventuel
interrogatoire poussé, j’avais
supprimé toutes mes données qui
pouvaient me compromettre.
Cette péripétie prouve
qu’aujourd’hui, malgré toutes les
mauvaises langues qui disentque nous n’existons plus, les
communistes et leur organisation
font toujours peur au pouvoir
capitaliste et à leur bras armé !
il ne fait aucun
doute qu’il n’est
pas de voie de
sortie autre que
la rupture avec le
système capitaliste-
impérialiste. En
revanche, il serait
erroné de faire
de ce constat un
f a u x - d i l e m m e .
Nous luttons pour
des revendications
c o n c r è t e s ,
i m m é d i a t e s ,
comme la demande
d’un salaire
minimum à 15$ l’heure, la n dublocus criminel imposé au peuple
cubain depuis plus d’un demi-siècle,
le retrait du Canada des troupes
canadiennes du Moyen-Orient et le
retrait du Canada de l’OTAN. Nousrefusons la politique génocidaire
appliquée depuis plus de 500 ans
aux peuples autochtones, nous nous
indignons de l’inégalité nationale
entérinée par la Constitution de
1867 tout comme du nationalisme
étroit véhiculé par les forces du Partiquébécois et, à certains égards, par
une frange de Québec solidaire.
Nous croyons qu’un Canada autre
que celui de la Reine et de Trudeau
Le dramaturge communiste allemand Ber-tolt Brecht
est possible: celui de Norman
Bethune, de Léa Roback, de
Madeleine Parent et de Fred Rose.
Nous devons, à travers ces
luttes, gagner du terrain contre le
capitalisme triomphant et, d’autre
part, de mobiliser la jeunesse et
les masses populaires. Ainsi, nous
pourrons, tous ensemble, unis et
militants, lutter contre l’impérialisme,
ennemi numéro un des peuples, et
bâtir un monde de paix durable et de
transformations sociales.
SUITE DE L’ÉDITORIAL
«Qui est le plus grand criminel:
celui qui braque une banque ou
celui qui en fonde une?»Bertolt Brecht
Ô CANADA...
2
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d’ignorer l’horreur des actions com-mises par sa force de coercition. Surle coup du reportage, la police a ré-pondu en conférence de presse mini-misant le problème. Un problème de«pommes pourries», comme si ceshistoires étaient des cas isolés, desfaits divers, et non l’image précisede ce qu’est le système policier pourles personnes autochtones. Depuis,ni la police, ni le gouvernement duQuébec, n’ont réellement pris leursresponsabilités. Quelques annonces
de subventions ont bien été faites parle gouvernement du Québec et descaméras seront posées sur les auto-patrouilles des policiers de Val d’Or,mais rien qui puisse véritablementchanger la situation.
Dans un communiqué, Dawn Lavell-Harvard, présidente de l’Associationdes femmes autochtones du Canada,déclare : « Je suis profondémentpréoccupée par les al légationsémanant de Val-d’Or, mais pas dutout surprise. Nous savons que desactes de violence physique, sexuelle
et institutionnelle ont été inigés ànos femmes et nos lles aux mains
des autorités depuis des décennies.J’espère qu’en faisant jaillir la lumièredans ces recoins sombres, nous par-viendrons un jour à la justice. Il fautque cesse la violence envers lesfemmes et les lles autochtones. »
La nation Cri a lancé un boycottcontre Val d’or en solidarité avecles femmes qui ont dénoncé leursagresseurs dans la police. Le GrandChef Coon Come expliquait que sacommunauté prenait action «to showthe non-native population of Val-d›Or
that we are standing with the nativewomen until the mayor can assure
us that our people and our womenare safe here. (pour montrer à lapopulation allotochtone de Val d’Orque nous nous lèverons en solidaritéavec les femmes autochtones tantet aussi longtemps que le maire nepuisse nous assurer que nos gens etnos femmes sont en sécurité.)»
Pour d’autres femmes autochtones,
voir ce reportage rouvrait de grandesblessures. À Montréal par exemple,le foyer pour femmes autochtones a
vécu une crise interne. Des cerclesde guérison ont eux lieu pour aiderles femmes en détresse. Des languesse sont déliées partout au Québec.D’autres femmes sont venues dénon-cer les viols et les violences, commecelles vécues à Val d’or, perpétréesen toute impunité par d’autres corpspoliciers. L’ampleur des agressionset leur caractère généralisé montreencore une fois que le Canada esttoujours un État colonial qui exerceune violence systématique contreles peuples autochtones. Pour les
femmes, c’est à la fois le poids de la
violence coloniale et patriarcale quidoit être porté.
Après avoir été agressée sexuelle-ment puis battue par des policiers,Kristen Wawatie à déer un de ses
agresseurs en lui disant qu’ellel’amènerait en Cour. Celui-ci lui arépondu : «Qui tu penses qui vontcroire ? Un policier ou un soûlon ?»
Malgré la menace, la jeune femmeporte plainte, mais la SQ refuse del’entendre sous le prétexte qu’ellen’a pas d’avocat. Pourtant, cette
exigence est fausse. Personne n’a
besoin d’avocat pour porter plainte.
Une militante autochtone de Sept-
Îles interrogé par Radio-Canada àcomparé la police et le système de justice canadien et québécois au KKKaméricain. Le système judiciaire esten pratique un déni de justice pourles personnes autochtones.
Les policiers se protègent entre euxet reproduisent de manière brutale leracisme qui existe contre les autoch-tones. De manière institutionnelle,les corps de police et le ministèrede la Sécurité publique traitent les
personnes autochtones comme descitoyens et citoyennes de deuxièmeclasse. C’est une réalité québécoisecomme canadienne. Rappelons quedes milliers de femmes autochtonesont disparu ou ont été tuées auCanada depuis 1990, et que c’estseulement après de très nombreusesannées de bataille qu’une enquêtepublique a enn été ouverte.
Pour les policiers de Val d’or, c’est
le SPVM (Police de Montréal) qui
fera l’enquête. Encore la police quienquête sur la police.
Tant qu’il n’y aura pas de profond
changement dans l’État canadienet qu’il ne sera pas reconnu que leCanada s’est construit sur le vol desterres et le viol de la souverainetéautochtone, ces drames continuerontde se reproduire.
Nous demandons justice pour ses
femmes autoctones
De Lac Simon, Jeannie Irène Pou-cachiche venait de célébrer ses 20
ans et est décédée de façon tragiquele 13 septembre 2003.
Sindy Ruperthouse est une Algon-quine de 44 ans disparue depuis leprintemps 2014.
Shannon Alexander et Maisy
Odjick sont deux amies. Elles ontété vue pour la dernière fois le 6septembre 2008, après avoir passéla nuit chez Maisy Odjick à Maniwaki,
au Québec. Shannon avait 17 anset Maisy 16 ans au moment de leurdisparition.
Yan Leduc-Chun
Je vous invite, cher lecteur, à vousposer une petite question: quesavons-nous des Inuits? Vous est-il déjà arrivé de vous demanderpourquoi les médias ont besoin
d’une vague de taux de suicidemonstre pour parler des Premières
Nations? Si je vous disais que j’y suis allé dans le grand Nord,pendant 2 mois et que j’ai comprisavec mes propres yeux, que j’ai ététémoin des complexités politiqueset historiques colonialistes qui
caractérisent la réalité Inuit, celavous intéresserait-il que je vousdémontre le réel pouvoir que vousdétenez sur ce peuple et de vous
expliquer du même coup pourquoinous n’y connaissons presque rien? Après la deuxième guerre mondiale,
les tensions entre les forces del’Ouest et l’URSS grimpent. LeCanada, membre de l’OTAN,
décide qu’il veut ofciellement
occuper le grand Nord et ainsiafrmer sa souveraineté sur la
région arctique avant l’Unionsoviétique. Le gouvernement
envoie donc l’armée Canadiennechez les Inuits, pour abattre leurs
chiens et les sédentariser, pour lesassimiler au reste de la populationcanadienne. Autre volet de cettepolitique, la déportation forcéede quelques dizaines de familles
(notamment d’Inukjuaq au Nunavik)
vers Resolute Bay et Grise Fiord,des terres situées à des latitudes jamais fréquentées par les Inuittraditionnellement. Missionaccomplie: non seulement sont-ils
devenus Canadiens, mais ils sont àl’avant-poste de la souveraineté ducamp occidental au nord du Cerclepolaire.
Dans le village de Puvirnituq, qui
compte environ 2000 habitants,le deuxième plus grand aprèsKuujjuaq dans le territoire duNunavik, il y a une école primaire etune école secondaire. Merveilleux,mais problème: un emploiqui ne requiert qu’un diplômed’études secondaires, ça n’existepratiquement pas au Nunavik. Iln’y a aucune industrie productiveaprès la chasse. Tant à l’hôpital de
Puvirnituq, à la station électrique
d’Hydro Québec, qu’à ses deuxécoles, les docteurs, inrmiers,
électriciens et les professeurs sontpratiquement tous des Blancs.Ces emplois demandent tous des
études post-secondaires, ce quisignie avoir l’argent pour envoyer
les jeunes dans des institutionsà 2000 KM de chez eux pendant
plusieurs années. Or, de l’argent, iln’y en a pas non plus: le taux dechômage est anormalement élevé(un peu comme dans toutes les
communautés autochtones), les
logements sont en plus surpeuplés(on doit déjà vivre à une douzaine
de personnes dans une maisonsimplement pour payer le loyer).
Comme je l’ai mentionné plus tôt,parce que le gouvernement lesmaintient là, il veut les maintenir etla façon la plus efcace est de ne
pas en parler, parce qu’ils saventque les maintenir là implique deshorreurs et des conditions qui nesont pas dignes d’un des plus richespays du monde. Ils savent quesi nous savions ce qui s’y passe,nous ne resterions pas indifférents.Le gouvernement a peur de notreaction.
Pendant mon séjour, non seulement
ai-je été témoin de suicides, dedisparitions et de violences, maiségalement de problèmes récurrentsqui coutent des millions auxcommunautés, voire des vies.
Réalité Arctique
Suite Val d’Or
La LJCQ lors de la marche du 14 février en solidarité avec les femmesautochtones disparues ou assassinées. 3
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mars: Journée
nternat ona e es emmes
Bien que le dernier budget Leitaoait entériné la n ofcielle de la«rigueur budgétaire», les mesuresd’austérités qui ont été imposées auxQuébécois depuis 2014 continuerontà générer des répercussions durantles années à venir. Les femmes, sur-représentées dans le secteur publicet parapublic - principale cible descoupures libérales - comptent parmi
les plus durement touchées par cesmesures.
En ce sens, la fausse polémiqueautour de la ministre québécoise dela Condition féminine, Lise Thériault,qui ne se considère pas féministe,a de quoi faire rire. En effet, nousn’avions pas besoin de ses aveuxpour le constater! Cette déclaration atoutefois généré un débat intéressantsur la dénition du f éminisme, maisa surtout permis à ceux et celles quidénigrent l’engagement politique etmilitant de vociférer sur les plateauxde télévision ou sur les ondes radioen laissant sous-entendre quetous les mots en «-isme» seraientdogmatiques et révolus.
Qu’à cela ne tienne, le soir du 8 mars,communistes, féministes, pacistes,internationalistes, progressistes; jeunes et moins jeunes, hommescomme femmes nous sommesretrouvés dans les rues de Montréalpour manifester à l’occasion de laJournée internationale des femmes.Cette année, la marche a étémarquée par une solidarité accrueenvers les femmes autochtones
assassinées et disparues ainsiqu’envers les femmes autochtonesvictimes de harcèlement à Val d’Oret ailleurs au Québec.
5 mars: contre la brutalité
policière
Cette année, la marche contrela brutalité policière a constituéune victoire pour les mouvementssociaux: pour la première fois, grâceau grand nombre d’observateursprésents, les forces de l’ordre n’ontpu interrompre la marche avant
que les manifestants ne fassent lepremier pas. Cette victoire, très peu
relayée par les médias traditionnels,est signicative et doit être diffuséelargement avant l’organisation de laprochaine édition.
En effet, nous pouvons espérerque, lors des prochaines éditions, lamobilisation sera plus large et plusmassive an d’être plus à mêmede faire valoir notre opposition auxméthodes brutales et racistes duSPVM maintes fois décriées.
rappeler que les motifs de guerrecontre le terrorisme, invoqués depuis2001, ne sont que des motifs fallacieuxpour justier des guerres impérialistesqui ne font qu’envenimer la situationdans la région et qui visent à assurerla mainmise de l’Occident, Canadacompris, sur le Moyen-Orient. Nousavons également dénoncé que cesguerres soient livrées au nom desfemmes opprimées alors qu’elles enpaient doublement les frais, le viol étantutilisé comme arme de guerre par les
forces belligérantes.
Nous avons souligné le rôle dugouvernement libéral dans ce carnage:non content de poursuivre l’oeuvre duprécédent gouvernement conservateur,même s’il avait promis en campagneélectorale de cesser les frappesaériennes, celles-ci ont augmentéentre novembre et février. De surcroit,le gouvernement libéral a annoncédébloquer 1,6 milliard $ pour unemission de «formation» sur le terrain -une bien drôle de formation puisque lesmilitaires seront trois fois plus nombreuxsur le terrain et surtout armés.
Pour nous, il ne fait aucun doute que la
seule issue à ce conit est politique: leCanada doit en premier lieu se retirerimmédiatement de cette coalitioninternationale, se retirer de l’alliancecriminelle qu’est l’OTAN. Si le Canada
voulait réellement en découdre avecl’État islamique et ces forces fascistesde réserve, il cesserait toute vented’arme avec ceux qui les fournissent,à commencer par l’Arabie saoudite.
Nordelo, un des cinq héros de laRévolution cubaine emprisonné de1998à 2014 pour avoir tenté d’empêcher desactes terroristes contre la patrie de JoséMartí, a livré une conférence au CentreSaint-Pierre.
Gerardo s’est entretenu surl’importance de la victoire qu’areprésenté sa libération ainsi que cellede ses compagnons d’infortune nonseulement pour le peuple cubain, maispour le mouvement anti-impérialiste
à travers le monde. Il a aussi soulignél’importance de la victoire du peuplecubain sur l’impérialisme états-unienillustrée par la reprise des relationsdiplomatiques entre les États-Unis etCuba. Il a néanmoins insisté sur le faitque malgré cette victoire, la bataillen’est pas terminée: tant que le blocusne sera pas levé, tant que les États-Unis ne rétrocèderont pas la base deGuantanamo au peuple cubain, qu’ilsne verseront pas de compensation pourles dommages causés par le blocus etsurtout, tant qu’ils ne permettront pasaux Cubains de suivre la voie qu’ils ontchoisie, les relations ne pourront enaucun cas être totalement normalisées.
Notant une forte présence de la jeunesse au sein de l’audience, notre«héros» a souligné l’importance durôle de la «relève» tant ici qu’à Cuba,car plus que jamais, la mobilisationcontre l’impérialisme est nécessaireet pressante. Lorsque nous lui avonsdemandé s’il était important d’étendrela solidarité avec Cuba aux autrespeuples opprimés du monde, il arépondu sans équivoque: «une attaque
Que ce soit pour la pleine égalité entre les hommes et les femmes,
la paix, la solidarité internationale et contre les guerres impérialistes,
pour un salaire décent ou encore pour le droit à une éducation
publique, de qualité, gratuite et universelle, la Ligue de la jeunesse
communiste n’hésite pas à battre le pavé et à lutter pour un monde de
paix et de transformation sociale.
LJ C Q e n ac t io n !
mars: ontr a pour a
paix
À l’occasion du 13e anniversaire del’invasion de l’Irak par les États-Unis,une centaine de pacistes et d’anti-
impérialistes, dont la Ligue de la jeunesse communiste, se sont réunisdevant le Complexe Guy-Favreau pourmanifester notre opposition aux guerresimpérialistes et à la participationcanadienne à la Coalition internationalecensée «pacier » l’Iraq et la Syrie enluttant contre l’État Islamique.
Nous avons saisi cette occasion pour
avril: rencontre avecGerardo Hernandez Nordelo
Le 17 avril 2014, nous avions célébréen grande pompe la libération desderniers cinq héros de la Révolutioncubaine à laquelle le mouvementcommuniste international et la jeunesse anti-impérialiste, à traversla Fédération mondiale de la jeunessedémocratique, ont grandementcontribué.
Le 6 avril dernier, à l’initiative de laTable de concertation de solidarité
Québec-Cuba, Gerardo Hernandez
contre le Venezuela, contre le Salvador,le Nicaragua, le Brésil, l’Équateur oula Bolivie, c’est une attaque contreCuba». Pour lui, il ne fait aucun douteque l’expansion du modèle cubain aureste de l’Amérique latine est la hantisede l’impérialisme états-unien.
En ce sens, la solidarité avec lespeuples cubain et latino-américain estun combat d’avant-garde dans lequella Ligue de la jeunesse communiste estengagée depuis sa création en 1923 etpour lequel nous demeurons mobilisés.
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15 avril: tous dans la ruepour 15$ l’heure
Selon une étude de l’IRIS, le salaireminimum au Québec ne permet pasde vivre décemment. En fait, unepersonne rémunérée à ce taux viten moyenne 10% sous le seuil defaible revenu. Cette situation n’estpas unique à la Belle Province: un
peu partout au Canada et aux États-Unis, les salaires de misère sont lanorme pour un nombre sans cessecroissant de travailleurs.
En conséquence, un mouvementréclamant un salaire minimum à 15$l’heure s’est organisé d’abord dansquelques villes et états ou provinces,puis a fait tache d’huile pour gagnerles mouvements sociaux et les partispolitiques progressistes un peupartout sur le continent. La bataillea même porté ses fruits dans lesÉtats de New-York et de Californieoù une loi xant le salaire minimumhoraire à 15$ a été votée, preuveque la lutte paye. Au Québec, leparti progressiste Québec solidaire aprésenté une motion à l’Assembléenationale, rejetée, évidemment!Qu’à cela ne tienne, la mobilisationsemble croitre considérablement: levendredi 15 avril dernier, groupescommunautaires, syndicats et partispolitiques ont délé pour réclamerun salaire minimum décent ande répondre aux besoins destravailleurs, de la jeunesse et desmasses populaires.
Au delà de la revendication en soi,ce mouvement uni et militant metles luttes en avant et permet de bâtirun rapport de force en notre faveurqui servira de levier pour d’autresconquêtes sociales. En effet, ilne faut pas oublier que chaqueréforme concédée par la classedirigeante est le produit de luttes dece genre. Par exemple, au Canada,
le salaire minimum a été instauréà la suite de la grève générale deWinnipeg de 1919. Sans ces luttes,nous connaitrions une situationprobablement semblable à celle de
l’Allemagne où les travailleurs sontsommés d’accepter des «mini-jobs»à 1€ l’heure. «Nul devoir ne s’imposeau riche, le droit du pauvre est un motcreux»! À nous de le faire respecter,ce droit du pauvre…
1er mai: célébrons laJournée internationale destravailleurs
Cette année marque le 130eanniversaire des évèenementsde Haymarket Square à Chicago.Réclamant la réduction du temps
de travail quotidient à huit heures,les ouvriers de l’usine agricole
McCormick se sont mobilisés etont organisé une grève massive le1er mai de cette même année. Enréaction, les policiers ont chargéles manifestants rassemblés etd›importants affrontements s›ensont suivi. La plupart des dirigeantsgrévistes ont été condamnés à lapendaison un an plus tard.
À l›initiative de la IIe Internationaleréunie à Paris en 1889, le 1er maidevient une journée de manifestationouvrière. Cette date est doncl›occasion pour les travailleurs de semobiliser en masse et de réclamerleurs droits.
Même si aujourd’hui, au Québecet au Canada, la journée de travailde huit heures semble la norme -une concession obtenue à la suited›âpres luttes - il reste que nousdevons rester mobilisés contre lespolitiques d’austérité que les tenantsdu néolibéralisme tentent de nous
imposer, contre les visées bellicisteset impérialistes des grandescompagnies canadiennes, contre lestraités de libre-échange (notammentle TPP qui, s’il est ratié, entérinerala perte de 58 000 emplois au pays),
contre les traités d’armement, maispour un retrait immédiat de l’alliancecriminelle qu’est l’OTAN, contre la
privatisation galopante des servicespublics, pour l’accès à une éducationpublique, de qualité, gratuite etuniverselle.
Au Québec, le Premier mai est
l›occasion pour le gouvernementprovincial de hausser (ou pas) lesalaire minimum. En mars dernier,lors du dépôt du budget, le ministreLeitao semblait dire que la «rigueurbudgétaire» (soit l’austérité) étaitchose du passé. Pour preuve, lesalaire minimum passe aujourd›hui à10, 75$ l’heure, soit une augmentationde... 1,9%! Poussant la provocation àson paroxisme, il soutient qu’il s’agitd’une hausse supérieure au tauxd’ination qui est de 1,5%...
Plus d’un siècle après les évènementsde Chicago, la mobilisation est plusque nécessaire tant au Québec qu›auCanada et que partout à traversle monde. Encore aujourd’hui, lestravailleurs doivent se mobiliserpour faire faire échir le pouvoirdes entreprises et imposer leursrevendications, qui sont celles dela jeunesse, des étudiants et desmasses populaires en général;des femmes victimes de la doubleexploitation (celle du patriarcat
comme celle de travailleuses), des
peuples autochtones et des migrants.Il s›agit, en bref, des revendications dela majorité, du «99%» dépossédé de
ses richesses et aliéné par le «1%».
10 mai: dénonçons le PTP!
Le 10 mai, une «consultation»publique au sujet du Partenariat trans-
pacique était organisée à Montréal,à l’hôtel Reine-Élisabeth. Cetteconsultation n’était en fait qu’un panelde discussion où les représentantsdes grandes entreprises se sontsuccédé durant plus de quatreheures an de louanger les vertus
de ce traité, soulignant à quel point ilrépond à leurs intérêts. Ne serait-ceque par le choix du lieu et du moment(en pleine journée un mardi), il étaitclair que la plèbe n’était qu’à moitiébienvenue.
En fait, sur les cinq heures de
consultation, le public n’a eu le droitqu’à une heure pour s’exprimer, et ce,sous condition de s’être enregistrébien à l’avance. Il n’empêche qu’unevingtaine de personnes ont eul’occasion de s’avancer au microdont deux pour le Parti communiste
et pour la Ligue de la jeunessecommuniste. Les vingt interventionsont appelé au rejet pur et simple duPTP, un chèque en blanc pour lesmultinationales qui risque de générerla perte d’au moins 58 000 emplois enplus d’engendrer des conséquencesnéfastes sur l’environnement.
Cette conférence a aussi étél’occasion de discuter avec desmilitants et des citoyens fortementopposés à cet accord de libre-échange et prêts à faire de lamobilisation contre le PTP une
priorité d’action dans les prochainsmois, car même si le gouvernementfédéral a signé l’entente, il reste quecelle-ci ne sera valide que lorsqu’ellesera ratiée. Nous avons donc unechance de faire plier le gouvernementsi nous mettons la main à la pâte dèsmaintenant.
14 mai: Nakba, on n’oubliepas!
Des victimes de l’impérialisme,
le peuple palestinien gure parmiles bons premiers. Depuis le 14mai 1948, soit depuis 68 ans, lacolonisation israélienne soutenuepar l’impérialisme occidental brimele droit à l’auto-détermination desPalestiniens, les conne dans des
territoires sans cesse plus restreints,nie le droit à plus de 4 millionsd’entre eux à revenir sur leur terre,commet des exactions et bévuesen toute impunité bien qu’il s’agissed’entorses aux droits de l’Homme.
Pour souligner notre appuis sans faille
au peuple palestinien, nous noussommes joints à la marche organiséepar Palestiniens et Juifs unis (PAJU)
et par BDS Québec le 14 mai dernieret avons marché avec quelquescentaines de personnes impliquéesdans les mouvements progressistes.Nous avons proté de cette occasionpour dénoncer en bloc la motionvisant à criminaliser le mouvementde Boycott Désinvestissementet Sanctions présentée et votéepar les libéraux à la Chambre descommunes cet hiver.
Notre engagement de longue enfaveur du peuple palestinien répondde nos positions anti-impérialistes ettémoigne de notre fervente solidaritéenvers les peuples opprimés quiluttent pour leur libération. En plusde cette marche nocturne, nousparticipons tous les samedis àun piquetage organisé par PAJUdevant le supermarché Métro surla rue Ontario an de sensibiliser la
population à la campagne de Boycottdes produits israéliens et les inciterà boycotter le hummus de marqueSabra,dont les dirigeants soutiennentune brigade d’élite israélienne, la
brigade Golani, responsable dumassacre de milliers de palestiniens.
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8/15/2019 Clarté - Juin 2016 - Spécial QS
10/16
Art enhommage àBerta
Caceres par
Astrid B.Militante environnementale,dirigeante de la nation Lenca,directrice et fondatrice du Conseilcivil des organisations populaires etautochtones du Honduras (COPINH),
Berta Cáceres a été assassinée dansdes circonstances sombres le 3 marsdernier.
Voix de la résistance contre ladégradation de l’environnement,elle s’est opposée aux entreprisesminières (dont plusieurs sontcanadiennes) qui dirigent littéralementle pays depuis le coup d’État de 2009ainsi qu’à la mainmise des entreprisesétrangères sur les terres ancestralesdes peuples autochtones dont elle
fait partie. En 2013, elle s’est mêmeattaquée à un projet de nouvelle basemilitaire états-unienne au Hondurasqu’elle décrivait comme «un projet dedomination et de colonisation avecpour but de saccager les ressourcesnaturelles communes de la nationcentre-américaine». Au sujet des sixbases existantes, elle afrmait qu’il
s’agit d’une pure violation des droitshumains.
Figure de résistance, son actiondérangeait. Elle dérangeait ceuxqui tentent de faire fortune en pillantles richesses dont la légitimitérevient en premier lieu aux Lencas,aux Pipils, aux Mayas et à tousles peuples d’Amérique centrale.
Plusieurs fois menacée, elle n’a paspour autant renoncé à la lutte. Si lesautorités honduriennes réduisentson assassinat à une simple histoired’altercation ou de banditisme,sa mère, ses proches ainsi quele dirigeant du Front national dela résistance populaire, Carlos H.Reyes, ne sont pas de cet avis: ilssont persuadés, comme bon nombrede militants progressistes d’Amériquelatine, qu’il s’agit d’un crime politiquecommandité par nul autre que legouvernement du Honduras.
Berta Caceres est une énièmevictime de l’impérialisme et illustre labarbarie de ce système qui est prêt àtout pour se maintenir en selle. Noustenons à lui rendre hommage à elleainsi qu’à toutes ces femmes, ceshommes, militants qui ont sacrié leurvie à lutter pour un monde meilleur.
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8/15/2019 Clarté - Juin 2016 - Spécial QS
11/16
À Puvirnituq, un lac à quelqueskilomètres du village pourvoitles habitants en eau potable.Des pompes amènent l’eau àde grands réservoirs en ville,où des camions se remplissentpour ravitailler chaque maison,
également munie de réservoirs.Il n’y a pas d’aqueducs nid’égouts dans le Nord. Un beau jour de semaine, la pompe sebrise, et à -50 ce n’est pas longavant que l’eau gèle et que lestuyaux éclatent. Les 3 camionsd’eau doivent maintenant sefrayer un chemin jusqu’au lac ets’y ravitailler directement. Deuxcamions tombent en panne. Il nereste qu’un camion fonctionnel,qui doit à chaque 3 maisonsde ravitaillement reprendre lapérilleuse expédition jusqu’aulac, à chaque fois. Le lendemainon entend dire que l’arméeamènera un nouveau camionsous peu. Deux semaines plustard, plusieurs maisons n’onttoujours pas été ravitaillées etla pénurie devient inquiétante.Miracle, un géant HerculesC-130 approche le village,enn! Sa queue de cargaison
est ouverte et il largue unegrosse boite verte. Il atterritquelques heures plus tard, fauxespoir: pas de camion, simpleexercice militaire. Le villageétait en état d’urgence!
Pourquoi n’avons-nous pas
entendu parler de cette crisealors que lorsque les intérêtsdes pétrolières sont en jeu àFort McMurray, les millionspleuvent et les gouvernementsenchainent déclarations surdéclarations? Pour ne pas nous
enrager. Le gouvernementaide ces communautés justeassez pour dépenser le moins
possible et surtout pours’assurer qu’ils resteront à laplace qui leur est attribuée.
Naître dans le Nord, c’est naitredans un pays sous-développé,c’est être condamné à oubliertous ses espoirs et tes rêves.
Quelle honte! Ces gens n’ont-ils pas le droit d’étudier pourdevenir des médecins ou desprofesseurs? D’accomplirleurs rêves? Encore plustrivialement, de boire de l’eauet de se laver? Nous devons,en tant que citoyens, briser lemur de glace qui conne les
Inuit au silence. Nous devonsnous mobiliser pour mettre n à
cette politique génocidaire dontles Inuit, les Premières Nations
et les Métis paient les fraisdepuis plus de cinq siècles. Entant que jeunes, nous devonsaussi réclamer le droit à uneéducation gratuite, de qualité,publique et universelle et ce,du primaire à l’université:l’éducation est un droit et nonun privilège, peu importe quenous habitions à Puvirnituq ou
à Montréal.
Suite Artique
Shay Lafontaine
L’État canadien, cet État colonialiste etimpérialiste, a assassiné, appauvri, etcondamné à la misère d’innombrablespersonnes dans le monde au nom duprot. Il a généralement pillé des pays
non blancs, notamment en Afrique.Le gouvernement du Canada offre unsoutien à l’État d’apartheid israélien et joue un rôle dans l’occupation colonialede la Palestine. Il a a été impliqué dans
de nombreux coups d’État travers lemonde, comme au Honduras et enHaïti. Cette oppression n’est pas seu-lement exportée: les mêmes tactiquesd’occupation brutale que le Canada
utilise et appuie à l’international sontexercées sur la population racisée àl’intérieur de ses frontières.
Comme de nombreuses études ledémontrent, les familles raciséessouffrent disproportionnellement duchômage, de la pauvreté, du manquede logement et de la faim. À l’aidedu système controversé de contrôled’identité, la police cible et harcèle lesgroupes racisés (principalement des
Canadiens et des Canadiennes noir-e-s) à Toronto. Cette pratique est une
politique ofcielle de la police. Pour une
personne noire, une arrestation est plussusceptible d’aboutir à une accusationou à un assassinat que pour le restede la population.Des Canadiens noirs ont été récem-ment assassinés par la police dansla région de Toronto dont Jermaine
Carby, Kwasi Skene-Peters et Andrew
Loku. Loku était un homme de 45ans originaire du Soudan du Sud, oùil avait vécu plus d’une décennie deguerre civile avant de fuir au Canada.Il a terminé des études supérieures,a épousé une femme avec qui il a eucinq enfants. Ses voisins, faisaientconstamment du bruit, entre autresen mettant de la musique à tue-tête. Ila enduré cela pendant des mois et atout essayé pour faire cesser ce bruitexcessif: avoir tenté de les convaincre,il a déposé plusieurs plaintes et aessayé de noyer le bruit avec sa propremusique. Il est même allé dormir dansla chambre de la blanchisserie ausous-sol. Malheureusement, le bruitn’a pas cessé et Loku, qui avait desantécédents de maladie mentale, ena eu marre. La nuit de sa mort, dansune tentative désespérée pour que lebruit cesse, il s’est saisi d’un marteau,a monté à l’étage, et a tapé sur les
murs et sur la porte du voisin bruyantainsi que sur les rampes d’escalier. À
l’arrivée des policiers, un des ofciers
l’a abattu dans le couloir. Ces événe-ments se sont produit en juillet 2015.En réponse, Black Lives Matter Toronto
(BLM — les vies de personnes noires
comptent), un groupe formé en 2014, a
fait une série d’actions qui ont conduitau grand rassemblement de Toronto,
entraînant d’importantes victoires.
Le 18 mars 2016, l’Unité des enquêtesspéciales de l’Ontario (UES) a jugé que
la « force légitime » avait été utiliséedans l’assassinat de Andrew Loku.L’UES a annoncé que le nom du poli-cier assassin ne serait pas divulgué,qu’il n’y aurait pas d’accusations por-
tées contre lui et qu’il continuerait sonservice au sein des forces policières.C’est en réaction qu’a été créé #BLM-TOtentcity. Les manifestants et les
manifestantes ont exigé une enquêtedu coroner au sujet de la mort de Loku,que les policiers impliqués dans la fusil-lade soient mis en accusation et queleurs noms soient connus du public,l’élimination du système de contrôled’identité qui cible injustement les noirset d’autres communautés racisés, lacondamnation de la violence policièreet un examen de l’unité des enquêtesspéciales.
La «Cité des tentes» est née aprèsun rassemblement à l’hôtel de ville.Le carré Nathan-Phillips a été tem-porairement occupé avant que lesmanifestants et les manifestantes sedirigent au quartier général du Servicede police de Toronto. La manifestation
pacique a été accueillie avec violence
par la police de Toronto. Les occupants
ont reçu des coups de poing et de piedavant de voir leurs tentes détruites. Lemaire de Toronto, John Tory, a refusé
de rencontrer publiquement les porte-paroles de BLM. Au lieu de s’attarder àl’enjeu de la violence raciste et systé-mique de l’État canadien, de nombreuxmédias ont plutôt choisi de critiquer lafaçon dont certains organisateurs BLMavaient articulé leur frustration par rap-port au racisme. Alors que les médiasde masse et l’extrême droite exami-naient d’anciens tweets, BLM Toronto
a réussi à gagner le soutien populaire.Un sondage a révélé que 55 % desTorontois et Torontoises soutenaient
le mouvement et comprenaient quele racisme anti-noir était un problèmegrave à Toronto.
Le Conseil du travail de la région de
Toronto et de York ainsi que la sectionontarienne du SCFP ont témoigné
de leur solidarité. Le 26 mars, unesemaine après l’érection de la «Citédes tentes», des milliers de personnesde toutes origines ont participé à unemanifestation massive: des Autoch-tones, Asiatiques, Musulmans, Sikhainsi que des queers, trans et per-sonnes à capacité réduite. L’espaces’est transformé non seulement en unendroit de résistance, mais aussi maisen havre de paix et lieu d’expressionartistique. Des peintures et des afches
ont été placardées, la musique tonnait
à fond alors que les manifestants sesont mis à danser en guise de protes-tation. Ce moment a été l’occasion debraquer les projecteurs sur ceux quel’on occulte trop souvent tant par laculture que par la lutte.
Des massages de solidarité ont étéaccrochés un peu partout, certains pro-venant d’autres groupes et organisa-tions saluant le mouvement. D’autresétaient adressés aux victimes de violen référence à l’affaire Ghomeshi, àla violence policière ou encore à l’Étatcanadien en soi. Plusieurs évoquaient
l’imaginaire des Black Panthers, repre-nant des citations de militants et mili-tantes afro-américains comme AssataShakur. D’autres adressaient mêmedes critiques à l’égard de la politiquecanadienne en Afrique. Le tout illustraitun sentiment global de désillusion et defrustration à l’égard du gouvernementbourgeois, qu’il soit dirigé par desracistes conservateurs ou libéraux. Lalibération totale des Noirs, la volontéd’un changement révolutionnaire, lesquestions plus profondes comme lesluttes contre le capitalisme, l’impéria-lisme et le racisme de l’État canadiensemblaient organiquement intégrées
aux demandes plus pragmatiques et«ofcielles» du mouvement comme
en témoigne la solidarité exprimée àl’égard des réfugiés somaliens.
L’occupation a duré un peu plus dedeux semaines. Les campeurs ont eudroit à une visite du Premier ministre
Wynne alors qu’ils manifestaient auxabords du Parlement provincial. De
plus, l’une des revendications-clé dumouvement, soit l’ouverture d’uneenquête concernant la mort de Loku, aété satisfaite. Fiers d’une victoire par-tielle, les manifestants et manifestantes
ont plié bagage, mais le mouvementne s’est pas résorbé pour autant:BLM Toronto a témoigné de sa solida-rité avec la communauté autochtoned’Attawapiskat aux prises d’une vaguede suicides et le groupe a participé àl’occupation du bâtiment du ministèredes Affaires indiennes et du Nord.Les organisateurs et organisatricesdu mouvement ont aussi clairementindiqué que la lutte continuera tant quetoutes les demandes du mouvementne seront pas satisfaites. Ils ont aussiaverti la police et les représentants del’État que les masses ne leur laissentque 300 heures à cet effet.
Le succès de BLM Toronto a inspiré
de nouvelles manifestations dans laplupart des grandes villes du Canadadont Ottawa, Victoria, Montréal etVancouver, ce qui a permis d’éleverla conscience anti-raciste au canada.De plus en plus, les failles du systèmecapitaliste, impérialiste, colonialiste etraciste qui régit l’État canadien se fontsentir et génèrent un sentiment derévolte alors que de plus en plus deCanadiens réclament aujourd’hui unchangement structurel.
Black Lives Matter TO : « Ceux
et celles qui sont au pou-
voir et qui ne servent pas le
peuple, on vous surveille! »
7
La LJC à BML Toronto
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8/15/2019 Clarté - Juin 2016 - Spécial QS
12/16
Il y a quarante-deux ans, le 25 avril,
à minuit quinze, on pouvait entendre
partout au Portugal, Grândola Vila
Morena sur les ondes radiopho-
niques. Cette chanson populaire de
l’Alentejo décrit un village, Grândola,
comme une terre de fraternité. Le
régime fasciste de l’Estado Novo en
place depuis 1933 - la plus longue
dictature fasciste en Europe - consi-
dérait ce chant comme subversif et
l’avait donc interdit, car propagateur
d’idéaux assimilés au communisme.Sa diffusion sur la radio publique
annonçait clairement qu’un nouveau
jour se lèverait sur le Portugal, comme
si la «terre de fraternité» rêvée dans
Grândola Vila Morena s’étendrait sur
l’ensemble du pays.
Au-delà du symbolisme, cette chan-
son diffusée aux petites heures de
la nuit se voulait avant tout un signal
marquant le début des opérations
militaires qui allaient enclencher la
Révolution des Oeillets, début de la
libération de tout un peuple d’une
dictature fasciste et sanglante. Elle a
également pavé la voie à la libérationde quatre des dernières colonies
africaines (Angola, Guinée Bissau,
Mozambique et Cap-Vert).
La Révolution des Oeillets a été
initiée par le Mouvement des forces
armées, soit un groupe de militaires
dissidents opposés au régime
dictatorial qui s’enlisait dans un
marasme économique et dans des
guerres coloniales particulièrement
meur t r ières en Angola et au
Mozambique. Elle aurait pu se
traduire par un simple passage à
une démocratie libérale bourgeoise.Or, grâce à la lutte clandestine du
Parti communiste portugais, seule
force politique organisée durant les
années sombres de la dictature, cette
Révolution a pris des allures beaucoup
plus radicales et progressistes que ne
l’auraient souhaité les chantres de la
ploutocratie européenne. Durant les
semaines qui ont suivi la destitution
du dictateur Marcelo Caetano,
nombreux ont été ceux qui ont décrié
«l’assassinat» de la démocratie au
Portugal à cause du rôle accru du
Parti communiste portugais dans le
processus de transition démocratiqueet surtout dans leur participation à la
rédaction de la nouvelle Constitution.
Et pour cause, ce texte dont nous
célébrons cette année le 40e anniver-
saire, produit d’un compromis entre
les forces révolutionnaires, les socia-
listes et quelques libéraux, afrme
tout de même dans son article premier
que «le Portugal est une République
souveraine, basée sur la dignité
humaine et la volonté populaire, qui
s’engage dans sa transformation
vers une société sans classes». De
nombreux autres articles s’attaquentau capitalisme monopoliste et en pré-
conisent la liquidation; garantissent le
droit de grève et interdisent les lock-
outs; entérinent la réforme agraire,
dénie comme «un des instruments
fondamentaux pour la construction
d’une société socialiste», ainsi que
la nationalisation et la socialisation
des moyens de production; identi-
fient comme priorité l’amélioration
des conditions de vie du peuple; font
du Portugal un pays anti-guerre qui
reconnait le droit des peuples à l’auto-
détermination, refuse l’ingérence dans
les différents conits et préconise le
désarmement tout comme la disso-lution des «blocs militaro-politiques»
(sous-entendu l’OTAN et l’Union
européenne).
Sans aucun doute, il s’agit de la
Constitution la plus progressiste
d’Europe . Il n’est donc pas étonnant
que la bourgeoisie monopoliste revan-
charde et nostalgique de l’ancien
régime ainsi que les capitalistes
européens se soient et continuent
de s’affairer à une application plus
que laxiste de la Constitution. Malgré
sept modications visant à la rendre
plus compatible aux intérêts desgrandes entreprises portugaises,
européennes et internationales, elle
demeure une référence en termes de
cadre pour une démocratie avancée.
Les violations constitutionnelles sont
donc monnaie courante au Portugal:
tous les gouvernements qui se sont
succédé depuis quarante deux ans
en sont coupables, qu’il s’agisse du
Parti socialiste ou des partis de droite.
Le seul Parti qui, aujourd’hui, fait
de la défense de la Constitution et
des valeurs de la Révolution d’avril
une priorité est le Parti communisteportugais qui la considère comme un
outil important an d’implanter une
politique «patriotique et de gauche»
au Portugal.
Comme l’afrme la Jeunesse commu-
niste portugaise: «Lutter pour Avril,
c’est lutter pour l’éducation publique,
gratuite et de qualité, et ce, à tous
les niveaux d’enseignement; c’est
lutter pour le droit au travail et pour
les droits du travail; c’est lutter pour
l’accès universel et gratuit à la santé,
au logement, à la culture et au sport;
c’est lutter pour la démocratie; c’estlutter pour l’égalité de droit et concrète
entre hommes et femmes; c’est lutter
pour la souveraineté et l’indépen-
dance nationale, pour la Paix et l’ami-
tié entre les peuples; c’est lutter pour
un Portugal développé et progressiste
où les jeunes peuvent vivre heureux et
accéder à leurs aspirations.»
En outre, les jeunes communistes
soulignent que : «ces valeurs sont
toutes consignées dans la Constitu-
tion de la République portugaise qui
célèbre ses 40 ans cette année. Elles
continuent d’inspirer la lutte quoti-
dienne des travailleurs, du peuple etde la jeunesse du Portugal.»
De notre côté de l’Atlantique, au Qué-
bec plus précisément, un important
Fascismo nunca mais, 25 de Abril sempre!débat émerge des rangs de Québec
Solidaire à l’occasion du Congrès
annuel qui se tiendra à la n mai. En
effet, les membres du parti progres-
siste seront amenés à discuter des
objectifs de l’Assemblée constituante,
à savoir si celle-ci devra se prononcerclairement pour l’indépendance.
Malgré l’intérêt que peut susciter
cette discussion, il reste qu’elle est
sous-tendue par un calcul politicien
moins louable susceptible de dévoyer
tant le projet solidaire que le concept
même d’Assemblée constituante,
qui, comme nous l’indique l’exemple
portugais, demeure avant tout lié à
un rapport de forces à bâtir en faveur
des forces populaires et contre le
pouvoir des entreprises. Ainsi, Qué-
bec Solidaire, héritier de l’Union des
forces progressistes, avait pour projet
jusqu’à aujourd’hui d’unir les forcesprogressistes au-delà du clivage
généré par la question nationale an
de poser les bases d’un Québec fon-
damentalement progressiste. En ce
sens, la question de l’indépendance
pouvait être vue comme un moyen,
mais pas comme une n en soi.
Or, lors du prochain congrès, la direc-
tion de QS soumet aux membres la
possibilité de modifier l’objectif de
l’Assemblée constituante afin que
soit inscrite d’emblée la question
d’indépendance. D’union des forces
progressistes, QS deviendrait alorsl’union des forces indé