Brochure 2012-13 de l'Ensemble intercontemporain

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programme de la saison 2012-2013 de l'Ensemble intercontemporain

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Édito

Calendrier des concerts

La saison

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L’Ensemble intercontemporain

Informations pratiques

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+Tarifs, modalités de réservation, textes sur les concerts, extraits musicaux et vidéos : www.ensembleinter.com

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Enno Poppe, Alberto Posadas, Ondřej Adámek, Johannes Maria Staud, Benedict Mason font partie des dix-huit compositeurs qui se livrent au cours de la saison 2012/2013 avec les solistes de l’Ensemble intercontemporain au jeu de la création mon-diale, ce mot un peu étrange qui signifie que l’œuvre sonne pour la première fois aux oreilles du public... et même de son créateur. Souhaitons que chacune de ces créations révèle un univers sonore et formel qui nous porte à l’étonnement, au plaisir, à la réflexion...En deux occasions nous vous proposons de tenter l’expérience de la nouveauté intégrale : lors d’un concert « Tremplin » composé de plusieurs œuvres inédites ou du concert final de l’Académie « ManiFeste » organisée par l’Ircam, à laquelle l’En-semble intercontemporain est associé pour son volet « jeunes compositeurs ». Dans le même registre, mentionnons les concerts de créations françaises, comme Quartett, l’opéra de Luca Francesconi, ou les Gesänge-Gedanken mit Friedrich Nietzsche de Philippe Manoury.Le plus souvent, la réussite de la rencontre du public avec les œuvres dépend du contexte dans lequel elles sont présentées. Dans un programme, les œuvres recréées devant nous par les musiciens tissent un réseau complexe de liens les unes avec les autres, mais aussi avec les formes musicales, les univers sonores et les références esthétiques de notre mémoire. De même, la conjonction de plusieurs programmes à l’intérieur de cycles de concerts ou d’intégrales incite à écouter différemment.

On peut comparer cette mise en forme de la programmation des concerts au subtil travail de composition du commissaire qui conçoit une exposition.Dans sa saison 2012/2013 intitulée par la Cité de la musique « mémoire et création », plusieurs concerts de l’Ensemble intercontemporain se rattachent naturellement à l’univers de Bach, référence absolue de la musique occidentale. S’y ajoutent un concert où le « futurisme » des années 30 peut trouver un écho dans des œuvres d’aujourd’hui, et un pro-gramme de « filiations » prenant ses origines dans Jagden und Formen, imposant aboutissement d’une série de pièces pour ensemble de Wolfgang Rihm. Enfin, l’Ensemble est naturellement associé aux grands ren-dez-vous de ses partenaires principaux : la Cité de la musique avec sa Biennale d’art vocal, et l’Ircam avec ManiFeste.Comme chaque année, la saison de l’Ensemble comprend aussi de nombreux concerts en France et à l’étranger dont une tournée au Japon et en Corée et bien entendu la visite de nombreuses salles et festivals européens. Cette part impor-tante de son activité lui vaut d’être nommé par la Commission Européenne « Ambassadeur culturel européen » pour l’année 2012, un titre que l’Ensemble est fier de porter, et qui confirme la reconnaissance de son travail de diffusion internationale de la musique de notre temps.

Susanna Mälkki, directrice musicaleHervé Boutry, directeur général

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Mercredi 17 octobre 2012 20h - paris

Cité de la musique, Salle des concertsGenoël von LILIENSTERNPeter EÖTVÖSIgor STRAVINSKYPierre BOULEZ

Dimanche 28 octobre 2012 20h - LOUVaiN

Schouwburg Festival TransitUnsuk CHINLuc BREWAEYSEnno POPPE

Samedi 10 novembre 2012 19h30 - ViENNE

Konzerthaus, Mozart-SaalWien ModernIannis XENAKISJonathan HARVEYBernhard GANDEREnno POPPE

Samedi 17 novembre 2012 21h - LEs LiLas

Le Triton Intersession n°10

Mardi 20 novembre 2012 20h - paris

Cité de la musique, Salle des concertsFestival d'Automne à Paris Edgard VARÈSEEnno POPPEBenedict MASONMauro LANZA

Mercredi 21 novembre 2012 20h - paris

Cité de la musique, Amphithéâtre John CAGEMorton FELDMANSalvatore SCIARRINOEdgard VARÈSEGeorge ANTHEILHeinz HOLLIGERYann ROBIN

Dimanche 25 novembre 2012 20h - LUXEMBOUrG

PhilharmonieFestival Rainy DaysThe AbsentVadim KARASSIKOV

Mardi 27 novembre 2012 19h30 - crétEiL

Maison des Arts de Créteil Festival NemoPartitura

Jeudi 6 décembre 2012 20h - BrUGEs

Concertgebouw, concertzaal Vox Balaenae

Vendredi 7 décembre 2012 14h30 - paris

Cité de la musique, Salle des concertsConcert éducatif scolaireLe jeu des contraires

Mardi 11 décembre 2012 20h - paris

Cité de la musique, Salle des concertsPierre BOULEZHarrison BIRTWISTLEArnold SCHÖNBERG

Samedi 12 janvier 2013 20h - paris

Cité de la musique, Salle des concertsJörg WIDMANNMark BARDENWolfgang RIHM

Dimanche 13 janvier 2013 17h - MONtpELLiEr

Opéra Berlioz/Le Corum Festival Figures du siècle(Programme du 12 janvier)

Mardi 15 janvier 2013 20h - LyON

Auditorium Jörg WIDMANNAnton WEBERN Wolfgang RIHM

Mardi 29 janvier 2013 20h - paris

Cité de la musique, Salle des concertsIgor STRAVINSKYOndřej ADÁMEK George BENJAMINPierre BOULEZ

Samedi 2 février 2013 15h - saLZBOUrG

Haus für MozartMozartwoche 2013Igor STRAVINSKYJohannes Maria STAUDOlivier MESSIAENPierre BOULEZ

Dimanche 10 février 2013 20h - paris

Théâtre des Champs-ÉlyséesSaison Centenaire 1913-2013Igor STRAVINSKYPierre BOULEZEdgard VARÈSE

Samedi 16 février 2013 20h - paris

Cité de la musique, Salle des concertsGérard GRISEYPierre BOULEZBrice PAUSETPhilippe MANOURY

Mardi 19 février 2013 20h - BOrDEaUX

Auditorium de Bordeaux (Programme du 16 février)

Mercredi 6 mars 2013 19h30 - cOpENhaGUE

Louisiana Museum of Modern Art, The Boat HouseEdgard VARÈSEGyörgy LIGETIWitold LUTOSŁAWSKILuciano BERIOFinn HØFFDING

Jeudi 7 mars 2013 19h30 - cOpENhaGUE

Royal Danish Academy of Music, Concert Hall Pulsar festivalLasse SCHWANFLÜGEL PIASECKI Mette NIELSEN Manuel RODRÍGUEZ VALENZUELA Nicholas MARTIN Nicolai WORSAAE

Vendredi 8 mars 2013 19h30 - cOpENhaGUE

Royal Danish Academy of Music, Concert Hall Pulsar festivalBent SØRENSENHans ABRAHAMSENSimon STEEN-ANDERSENBruno MANTOVANI

Mardi 19 mars 2013 20h - paris

Cité de la musique, Salle des concertsLuca FRANCESCONI Quartett Opéra en version de concert

Mardi 26 mars 2013 20h - paris

Ircam, Espace de projection Emmanuel NUNES

Mardi 9 avril 2013 20h - paris

Cité de la musique, AmphithéâtreIgor STRAVINSKYArnold SCHÖNBERG

Vendredi 12 avril 2013 20h - paris

Cité de la musique, Salle des concertsArnold SCHÖNBERGIgor STRAVINSKY

Samedi 13 avril 2013 11h - paris

Cité de la musique, Salle des concertsConcert éducatifIgor STRAVINSKYRenard

Samedi 20 avril 2013 15h - paris

Cité de la musique, AmphithéâtreForum Kaija Saariaho Frédéric CHOPINClaude DEBUSSYKaija SAARIAHO

Dimanche 28 avril 2013 20h - séOUL

LG Arts CenterClaude DEBUSSYYan MARESZTristan MURAILPierre BOULEZUnsuk CHIN

Vendredi 3 mai Samedi 4 mai Dimanche 5 mai 2013 tOKyO

La Folle Journée au JaponTokyo International Forum

Lundi 6 mai 2013 15h - shiZUOKa

Shizuoka Concert Hall AOI Tristan MURAILClaude DEBUSSY Pierre BOULEZ

Dimanche 19 mai 2013 20h - praGUE

Rudolfinum Printemps de PraguePierre BOULEZBruno MANTOVANIMiroslav SRNKA

Jeudi 30 mai 2013 20h - paris

Cité de la musique, Salle des concerts Biennale d’art vocal ManiFeste-2013, festival-académie de l'IrcamHeinz HOLLIGERScardanelli-Zyklus

Samedi 15 juin 2013 20h - paris

Cité de la musique, Salle des concertsBiennale d'art vocalManiFeste-2013, festival-académie de l'IrcamAlberto POSADASMagnus LINDBERGWolfgang RIHM

Lundi 17 juin 2013 20h - cOLOGNE

Philharmonie (Programme du 15 juin)

Du 17 au 30 juin 2013 paris

ManiFeste-2013, festival-académie de l'Ircam

Les concerts à Paris sont précédés d’une présentation par un conférencier. Horaires et informations pratiques sur chaque page concert de notre site internet : www.ensembleinter.com

Dimanche 19 août 2012 11h - LUcErNE

KKL, Luzerner SaalLucerne FestivalSean SHEPHERDMichael JARRELLPhilippe MANOURY

Mercredi 19 septembre 2012 20h - paris

Cité de la musique, AmphithéâtreGyörgy KURTÁGJohann Sebastian BACH

Jeudi 20 septembre 2012 20h - paris

Cité de la musique, Salle des concertsGyörgy KURTÁGJohannes SCHÖLLHORN / Johann Sebastian BACH Johann Sebastian BACH / Ichiro NODAÏRA

Dimanche 23 septembre 2012 19h30 - VarsOViE

Witold Lutosławski Polish Radio Concert Studio Warsaw AutumnStanisław BROMBOSZCZGyörgy KURTÁGTadeusz WIELECKILidia ZIELIŃNSKA

Jeudi 4 octobre 2012 20h - paris

Centre Pompidou, Grande SalleTremplin-Cursus 2Lu WANGAnthony CHEUNGEinar Torfi EINARSSONRune GLERUPMagnus LINDBERG

Samedi 6 octobre 2012 20h30 - VENisE

Teatro alle Tese56e Festival Internazionale di Musica Contemporanea de la Biennale di VeneziaPierre BOULEZBéla BARTÓK

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Dimanche 19 août 2012 11h - LUcErNE

KKL, Luzerner SaalLucerne Festival

sean shEphErDBlurpour grand ensembleMichael JarrELLLa Chambre aux échospour ensemble philippe MaNOUryFragments pour un portrait,sept pièces pour ensemble de 30 musiciens

Ensemble intercontemporainPablo Heras-Casado, direction

Mercredi 19 septembre 2012 20h - paris

Cité de la musique, Amphithéâtre

György KUrtÁGSignes, jeux, messages (extraits)Johann sebastian Bach Sonate en trio BWV 1039pour hautbois, alto et continuoGyörgy KUrtÁGHommage à R. Sch. op. 15dpour clarinette, alto et piano Johann sebastian Bach Sonate en trio en ré m BWV 527pour hautbois, alto et continuoOrgelbüchlein, BWV 599-644 (extraits transcrits)

Solistes de l’Ensemble intercontemporain

Coproduction Ensemble intercontemporain, Cité de la musique

Jeudi 20 septembre 2012 20h - paris

Cité de la musique, Salle des concerts

György KUrtÁGQuatre Poèmes d’Anna Akhmatova op. 41pour soprano et ensembleGyörgy KUrtÁGQuatre Caprices d’après des poèmes d’István Bálint op. 9pour soprano et ensembleJohannes schÖLLhOrN / Johann sebastian Bach Anamorphoses d’après L'Art de la fugue (extraits)pour ensembleJohann sebastian Bach / ichiro NODaÏra L'Art de la fugueBWV 1080 (extraits)pour groupes d'instruments divers

Natalia Zagorinskaya, sopranoEnsemble intercontemporainPatrick Davin, direction

Coproduction Ensemble intercontemporain, Cité de la musique

György Kurtág

La saisonDimanche 23 septembre 2012 19h30 - VarsOViE

Witold Lutosławski Polish Radio Concert Studio Warsaw Autumn

stanisław BrOMBOsZcZNouvelle œuvreCommande Warsaw AutumnCréation György KUrtÁGQuatre Caprices d’après des poèmes d’István Bálint op. 9 pour soprano et ensembletadeusz WiELEcKiNouvelle œuvreCommande Warsaw AutumnCréation Lidia ZiELiŃNsKaNouvelle œuvreCommande Warsaw AutumnCréation György KUrtÁGQuatre Poèmes d’Anna Akhmatova op. 41pour soprano et ensemble

Natalia Zagorinskaya, sopranoEnsemble intercontemporainPatrick Davin, direction

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Samedi 6 octobre 2012 20h30 - VENisE

Teatro alle Tese56e Festival Internazionale di Musica Contemporanea de la Biennale di Venezia

pierre BOULEZIncisespour pianoBéla BartÓK Sonate pour 2 pianos et percussionpierre BOULEZ sur Incises* pour 3 pianos, 3 harpes et 3 percussions

Solistes de l’Ensemble intercontemporainSusanna Mälkki*, direction

Mercredi 17 octobre 2012 20h - paris

Cité de la musique, Salle des concerts

Genoël von LiLiENstErNThe Severed Gardenpour sextuorCréation française peter EÖtVÖsSteinepour ensembleigor straViNsKySymphonies d'instruments à vent (1920)pierre BOULEZ...explosante-fixe...pour flûte solo MIDI*, 2 flûtes**, ensemble et électronique

*Sophie Cherrier, flûte solo **Matteo Cesari, flûte**Emmanuelle Ophèle, flûte Andrew Gerzso, réalisation informatique musicale Ircam

Ensemble intercontemporainAlejo Pérez, direction

Coproduction Ensemble intercontemporain, Cité de la musique. En partenariat avec l’Ircam/Centre Pompidou

Jeudi 4 octobre 2012 20h - paris

Centre Pompidou, Grande Salle Tremplin-Cursus 2

Lu WaNGNouvelle œuvre pour ensembleCommande Ensemble intercontemporainCréation anthony chEUNGNouvelle œuvrepour ensembleCommande Ensemble intercontemporainCréation Einar torfi EiNarssONDesiring-MachinesCommande Ensemble intercontemporainCréation rune GLErUpExamples of Dust pour petit orchestre et électronique en temps réel*Création Cursus 2Magnus LiNDBErGTendenzapour 21 exécutants

Ensemble intercontemporainRune Glerup, réalisation informatique musicale Ircam*Encadrement pédagogique Ircam : Jean LochardSusanna Mälkki, direction

Coproduction Ensemble intercontemporain, Ircam/Les Spectacles vivants-Centre Pompidou

Avec le soutien de la Sacem (bourses d’étude aux jeunes compositeurs du Cursus 2)

Dimanche 28 octobre 2012 20h - LOUVaiN

Schouwburg Festival Transit

Unsuk chiNGougalon. Scènes de théâtre de ruepour ensembleLuc BrEWaEysFêtes à tensions : (les) eaux marchentCommande Ensemble intercontemporainCréation Enno pOppESpeicher II, III, IVpour grand ensembleCommande Ensemble intercontemporainCréation

Ensemble intercontemporainJurjen Hempel, direction

Samedi 10 novembre 2012 19h30 - ViENNE

Konzerthaus, Mozart-Saal

iannis XENaKisAnaktoriapour huit musiciensJonathan harVEySringara Chaconnepour ensemble de 15 musiciensBernhard GaNDErtake nine, for twelveEnno pOppESpeicher II, III, IVpour grand ensemble

Ensemble intercontemporainEnno Poppe, direction

Samedi 17 novembre 2012 21h - LEs LiLas

Le Triton, scène de musiques présentesIntersession n°10

Didier Pateau, hautbois Éric-Maria Couturier, violoncelleFabrizio Cassol, saxophoneMalik Mezzadri, flûte

Dans le cadre d’Orchestres en fête 2012

Souvent, une idée change d’idée et devient l’Idée. Je veux dire que toute

idée s’avance, et s’accroît en élaborant un dispositif animé d’intentions

antinomiques à son élan initial. Et qu’au-delà même de cette contradic-

tion perpétuellement renouvelée, de nouveaux objets se déterminent,

impliquant de nouvelles stratégies d’acquisition de territoire. Ainsi

pourrions-nous imaginer composer « par » le contraire. À l’envers.

Dans l’autre sens. Ce n’est qu’un exemple, bien sûr, mais c’est aussi

une idée.

Nous disions « idée ». Quand bien même fusent les « bonnes idées », un

jour, le peintre Degas fit cette remarque à Mallarmé : « Je n’arrive pas à

écrire des poèmes, ce ne sont pourtant pas les idées qui me manquent. »

Mallarmé lui répondit : « Degas, la poésie ne se fait pas avec des idées,

mais avec des mots. » Il est bon de rappeler que la musique se fait avec

des sons et non avec des idées. Le moindre son entendu peut avoir les

plus grandes conséquences pour un compositeur. Le désir de musique

se construit quelquefois si simplement qu’il est presque téméraire de

l’avouer. À chaque instant, l’oreille du compositeur capte les sons et

les voix du monde, quelquefois les plus incongrus, venant des sources

les plus diverses, lesquels se métamorphosent en musique, sa musique.

Dès lors que l’on ne confond pas l’idée dont nous parlions avec sa

définition commune comme « objet d’une représentation, ou chose

de l’esprit », il faut pourtant remarquer qu’en musique, une idée, c’est

presque rien. En musique, l’idée est un auxiliaire de la pensée, mais

n’est pas ce qui rend audible (j’allais dire visible) la forme. À mon sens,

le fondement d’une œuvre musicale est principalement concerné par

une volonté dynamique de faire (ou d’agir). C’est le « vitalisme » dont

je parlais. Et peu importe l’Idée.

Pascal Dusapin

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À vingt ans, j’ai découvert une définition de la mu-

sique qui éclaira soudain mes tâtonnements vers une

musique que je sentais possible. C’est celle de Hoene

Wronski, physicien, chimiste, musicologue et philo-

sophe de la première moitié du XIXe siècle. Wronski a

défini la musique comme étant « la corporification de

l’intelligence qui est dans les sons ». Je trouvais là pour

la première fois une conception de la musique par-

faitement intelligible, à la fois nouvelle et stimulante.

Grâce à elle, sans doute, je commençai à concevoir la

musique comme étant spatiale, comme de mouvants

corps sonores dans l’espace, conception que je déve-

loppai graduellement et fis mienne. J’ai compris très

tôt qu’il me serait difficile ou impossible d’exprimer

avec les moyens mis à ma disposition les idées qui

me venaient. J’ai même commencé dès cette époque à

caresser le projet d’affranchir la musique du système

tempéré, de la délivrer des limitations imposées par

les instruments en usage et par toutes ces années de

mauvaises habitudes qu’on appelle, de façon erronée,

la tradition.

Edgard VarèseDiagramme du Poème électronique d'Edgard Varèse

Mercredi 21 novembre 2012 20h - paris

Cité de la musique, amphithéâtre

John caGEMusic for Amplified Toy PianosMorton FELDMaNInstruments I pour six instrumentistes salvatore sciarriNO Muro d’orizzontepour flûte en sol, hautbois et clarinette basseEdgard VarÈsEDensité 21,5pour flûteGeorge aNthEiLSonate pour piano n°2, « Airplane Sonata »heinz hOLLiGErCardiophoniepour hautbois et trois magnétophonesyann rOBiNChants contre champspour cor anglais, trombone et clarinette contrebasse

Solistes de l’Ensemble intercontemporain Technique Ensemble intercontemporain

Coproduction Ensemble intercontemporain, Cité de la musique

Dans le cadre d’Orchestres en fête 2012

Mardi 20 novembre 2012 20h - paris

Cité de la musique, Salle des concertsFestival d'Automne à Paris

Edgard VarÈsEIonisationpour 13 percussionsEnno pOppESpeicher II, III, IVpour grand ensembleCréation françaiseEdgard VarÈsEPoème électronique pour bande magnétique Benedict MasONNouvelle œuvreCommande Ensemble intercontemporain Festival d’Automne à Paris Création Mauro LaNZa #9pour ensemble Edgard VarÈsEEcuatorialpour chœur d'hommes et ensemble

Chœur de Radio FranceEtudiants du Conservatoire de Paris Ensemble intercontemporainSusanna Mälkki, directionDenis Comtet, chef de chœur

Coproduction Ensemble intercontemporain, Cité de la musique, Festival d'Automne à Paris, Conservatoire de Paris

Dans le cadre d’Orchestres en fête 2012

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Vox Balaenae, Rouen, Théâtre le Rive Gauche, novembre 2011

extrait de la partition de In the Flame of the Dream de Vadim Karassikov

Jeudi 6 décembre 2012 20h - BrUGEs

Concertgebouw, concertzaal

schEME OF thiNGsTero SAARINEN, chorégraphie Sini Länsivuori, assistante chorégraphie Mikki Kunttu, lumières Erika Turunen, costumesAnnika Hyvärinen, Mikko Lampinen, Jarkko Lehmus, Natasha Lommi, Pekka Louhio, Maria Nurmela, danseurs Musique : Biosphere, Jeff Buckley, Trey Gunn, Higher Intelligence Agency & Jarmo Saari Production originale : Nederlands Dans Theater 1, Lucent Danstheater (Den Haag)

VOX BaLaENaETero SAARINEN, chorégraphie et danseGeorge CRUMB, musiqueMikki Kunttu, lumières et décorsErika Turunen, costumesMarco Melchior, réalisation sonore

Solistes de l'Ensemble intercontemporain

Dimanche 25 novembre 2012 20h - LUXEMBOUrG

Philharmonie Festival Rainy Days

thE aBsENt Vadim KarassiKOV

The Absentpour flûte, alto, violoncelle et vidéo Commande Philharmonie LuxembourgCréation

In the Flame of the Dream pour 7 musiciens

Looming outlines of autumn pour clarinette, violon et violoncelle

Solistes de l’Ensemble intercontemporain

Mardi 27 novembre 2012 19h30 - crétEiL

Maison des Arts de Créteil Festival Nemo

partitUraConcert et performance vidéo Musique : György LIGETI, Sonate pour alto

Images vidéo en temps réel : Quayola et Abstract BirdsCommande Arcadi,Agence culturelle d'Île-de-France

Grégoire Simon, alto

Production : ELMSLY Coproduction : Maison des Arts de Créteil, Arcadi, et Ensemble intercontemporain

Également au programme de cette soirée : - performance « Crise » de 1024 Architecture - concert de Gabriel Prokofiev - concert de Underground Resistance « Playing Interstallar Fugitives » (sous réserve)

Programme détaillé surwww.arcadi.fr www.festivalnemo.fr

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Mardi 11 décembre 2012 20h - paris

Cité de la musique, Salle des concerts

pierre BOULEZsur Incisespour 3 pianos, 3 harpes et 3 percussions harrison BirtWistLEBach Measurespour ensemblearnold schÖNBErGVariations pour orchestre op. 31

Orchestre du Conservatoire de Paris Ensemble intercontemporainDavid Robertson, direction

Coproduction Ensemble intercontemporain, Cité de la musique, Conservatoire de Paris

Samedi 12 janvier 2013 20h - paris

Cité de la musique, Salle des concerts

Jörg WiDMaNNFreie Stückepour ensembleMark BarDENNouvelle œuvreCommande Ensemble intercontemporain CréationWolfgang rihMJagden und Formenpour ensemble

Ensemble intercontemporainCornelius Meister, direction

Coproduction Ensemble intercontemporain, Cité de la musique

Dimanche 13 janvier 2013 17h - MONtpELLiEr

Opéra Berlioz / Le Corum Festival Figures du siècle (Même programme que le 12 janvier)

Mardi 15 janvier 2013 20h - LyON

Auditorium

Jörg WiDMaNNFreie Stückepour ensembleanton WEBErNSix Pièces op. 6pour orchestre de chambre Wolfgang rihMJagden und Formenpour ensemble

Ensemble intercontemporainCornelius Meister, direction

L’émotion musicale provient précisément de ce qu’à chaque instant, le compositeur retire ou ajoute plus ou moins que l’auditeur ne prévoit sur la foi d’un projet qu’il croit deviner, mais qu’il est incapable de percer véritablement en raison de son assujettissement à une double périodicité : celle de sa cage thoracique, qui relève de sa nature individuelle, et celle de la gamme, qui relève de son éducation. Que le compositeur retire davan-tage, et nous éprouvons une délicieuse impres-sion de chute ; nous nous sentons arrachés d’un point stable du solfège et précipités dans le vide, mais seulement parce que le support qui va nous être offert n’était pas à la place attendue. Quand le compositeur retire moins, c’est le contraire : il nous oblige à une gymnastique plus habile que la nôtre. Tantôt nous sommes mus, tantôt contraints à nous mouvoir, et toujours au-delà de ce que seuls, nous nous serions crus capables d’accomplir. Le plai-sir esthétique est fait de cette multitude d’émois et de répits, attentes trompées et récompensées

au delà de l’attente, résultat des défis portés par l’œuvre ; et du sentiment contradictoire qu’elle donne que les épreuves auxquelles elle nous soumet sont insurmontables, alors même qu’elle s’apprête à nous procurer les moyens merveilleu-sement imprévus qui permettront d’en triompher. Équivoque encore dans la partition, qui le livre

le dessein du compositeur s’actualise, comme ce-lui du mythe, à travers l’auditeur et par lui. Dans l’un et l’autre cas, on observe en effet la même inversion du rapport entre l’émetteur et le récep-teur, puisque c’est, en fin de compte, le second qui se découvre signifié par le message du premier : la musique se vit en moi, je m’écoute à travers elle. Le mythe et l’œuvre musicale apparaissent ainsi comme des chefs d’orchestre dont les auditeurs sont les silencieux exécutants.

Claude Lévi-Strauss

« ...irradiant un sacreMal tu par l’encre même en sanglots sibyllins, »

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Ondřej Adámek

Mardi 29 janvier 2013 20h - paris

Cité de la musique, Salle des concerts

igor straViNsKyMessepour solistes, chœur mixte et ensembleOndřej aDÁMEKSteinepour voix et ensemble Commande Ensemble intercontemporainCréationGeorge BENJaMiNThree Inventions pour orchestre de chambrepierre BOULEZcummings ist der dichterpour 16 voix solistes et orchestre

SWR Vokalensemble Stuttgart Ensemble intercontemporainGeorge Benjamin, direction

Coproduction Ensemble intercontemporain, Cité de la musique

Samedi 2 février 2013 15h - saLZBOUrG

Haus für MozartMozartwoche 2013

igor straViNsKyMessepour solistes, chœur mixte et ensembleJohannes Maria staUD Celluloidpour basson*Johannes Maria staUD Par ici !**musique pour ensemble Création de la nouvelle version Olivier MEssiaENCinq Rechantspour chœur mixtepierre BOULEZcummings ist der dichterpour 16 voix solistes et orchestre

Pascal Gallois, basson*Robin Meier, réalisation informatique musicale Ircam**SWR Vokalensemble Stuttgart Ensemble intercontemporainGeorge Benjamin, directionTechnique Ensemble intercontemporain

Dimanche 10 février 2013 20h - paris

Théâtre des Champs-ÉlyséesSaison Centenaire 1913-2013

igor straViNsKyHuit Miniatures instrumentales pour 15 instruments

Concertinopour 12 instruments

pierre BOULEZLe Marteau sans maîtrepour voix d'alto et 6 instrumentsEdgard VarÈsEOctandrepour 8 instruments

Déserts(version avec bande magnétique)

Margriet van Reisen, mezzo-sopranoEnsemble intercontemporainMatthias Pintscher, directionTechnique Ensemble intercontemporain

Aux petits groupes de visiteurs des my-thiques mines de Falun, en Suède, les guides, au terme du parcours, proposent d’éteindre toutes les lumières : en fait, dans la grande salle où l’on se retrouve alors, ne demeure qu’une seule source – l’équiva-lent, en un peu plus puissant, d’une ser-vante de théâtre, mais qui suffit à donner une sensation approximative de l’espace tout en faisant miroiter des reflets sur les roches métallifères des parois. Or ce qui ar-rive et à quoi l’on ne s’attendait pas quand en effet cette ultime lampe s’éteint, c’est une rupture complète, un changement de monde : le noir qui advient, qui est com-plet, immense, épais et vide à la fois, on se rend compte qu’on ne l’avait jamais vu, et que tout ce que nous avions pu considérer comme noir n’était en fait que très obscur. Et il ne s’agit pas, entre ce que l’on éprouve et ce que l’on a connu, d’une simple grada-tion : tout autre est le monde sans lumière de la mine, tout autre un monde où jamais la lumière naturelle n’est parvenue. Alors que la nuit la plus noire est encore un ves-tige de lumière où des formes, à la longue, peuvent être discernées, cette nuit de la mine, sans souvenirs, détruit jusqu’à la possibilité même de la perception visuelle. Il n’y a plus rien, et dans ce trou qui n’a pas de forme, le son prend alors une impor-tance extraordinaire : l’eau ruisselant le long des parois restaure cette forme que l’on venait de perdre et que l’on sait que l’on va retrouver, mais qui alors, sous cette parution uniquement sonore, ressemble à une glissade dans l’inconnu.Pour le monde restauré par ce bruit d’eau continu, pour le monde des sons par consé-quent, existe un équivalent de ce noir. Ce serait un silence intégral et entier, sans

résonance ni vibration, un silence qui ne contiendrait aucun vestige ou présage d’événements sonores lointains ou dis-crets. Or ce silence, nous ne le connaissons pas, et aucune grotte ne nous y conduit. En vérité (et ce fut là l’expérience qu’en fit John Cage avec son fameux 4’33’’), nous n’atteignons pas au complet silence : dès que nous tentons de l’approcher, de l’ap-procher vraiment, il se dérobe et au lieu de nous apparaître comme un pur vide, comme le pur équivalent de ce noir abso-lu, un instant, de la mine, il nous apparaît comme une matière, une texture : palpita-tion ou tremblement indistinct traversé de traits légers, très minces, de crépitements infimes que l’on pourrait décrire comme un passage de phalènes sonores, grains plus que papillons errant dans un champ immense où ils se perdent. Pourtant, même si dans les conditions régulières de notre existence nous n’accé-dons ni à la nuit noire ni au silence complet, tout se passe comme s’ils nous étaient l’un et l’autre continuellement présentés, sous forme d’abîmes virtuels, par les contours mêmes de ce que nous formons dans l’es-pace, ne serait-ce qu’en parlant. Silence complet et nuit noire ne sont au fond que des images amplifiées de l’ouverture ou de la béance qu’est l’espace. Derrière chaque miette de jour la nuit rôde, derrière chaque éclat sonore règne le silence. Nul besoin d’une dramatisation pour comprendre que la parole comme le cri et le chant, ou la musique, tout ce que nous sommes à même de produire comme émission sonore, se déploie comme une ligne tendue dans cette ouverture ou béance de l’espace, et la sonde. Les sons adviennent dans l’espace, l’espace est comme une feuille infinie et

sans bords dont les sons seraient les ner-vures. Inscrites dans des durées parfois ex-trêmement brèves, ces nervures dessinent une carte mobile, un espace d’échos qui se défait sans cesse, semblable à celui des chauves-souris zigzaguant dans le soir. Là où il n’y a que de l’infini, nous inventons des enveloppes, des espaces de retentis-sement qui correspondent à des vitesses de propagation. Ce sont nos chambres d’échos, ce sont nos chants. Avoir lieu dans l’espace et y placer une forme, et faire que cette forme en devenir ait pourtant une tenue, tel est l’extraordinaire du musical, de ce qui, en nous, nomme le retentisse-ment ou la résonance, le répons que nous sommes capables de former dans le vide de l’espace.Mais cette forme qui a lieu dans l’espace ne se boucle pas sur elle-même à la façon des phylactères de la peinture sacrée ou des bulles des bandes dessinées, qui simulent quant à elles une capture qui n’a jamais lieu : sur les paroles qui sont dites aucun liseré ne vient se refermer, l’espace où elles adviennent et se marquent est simul-tanément celui de leur perte, elles passent, elles ne peuvent que passer. On sait bien qu’aujourd’hui, par l’enregistrement, elles peuvent se déposer et échapper à cet effa-cement, mais malgré tout, ce greffe per-manent de l’enregistrement continu de presque chaque action vocale ou musicale ne peut à son tour que reproduire le même mouvement : ce qui a passé repasse, et c’est tout, le destin spatial de l’émission sonore reste identique en son fond, qui est de ne pas en avoir et de se produire comme ce qui s’en va, comme ce qui n’a pas d’autre corps que celui d’être une fuite. À l’insai-sissable, le sonore est lié, et c’est pourquoi

Les fontaines qui écoutent au loin…

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l’écoute, malgré sa promptitude, sa vivacité ou sa patience, reste toujours imparfaite et tendue, tout se passant pour elle comme si cela même vers quoi elle se tend était en train de s’enfuir et de se dérober.

Les fernhorchend Brunnen, « les fon-taines qui écoutent au loin » : ce vers que Hölderlin inventa (dans sa traduction de l’Antigone de Sophocle) est extraordinaire d’abord parce qu’il est juste, ce qu’il donne à voir et ce qu’il fait entendre sont une seule et même chose, c’est comme si toute la tension de l’écoute dans l’espace était contiguë à une émission sonore qui est un flux. Ce qu’il dit c’est que l’écoute est la condition du chant, et ce qu’il suggère c’est le lointain, l’éloignement infini envers les-quels la ponctualité du chant doit se tenir : la forme locale et changeante du ruissel-lement est comme le souvenir de l’espace où il s’inscrit. La puissance d’un « se taire » semblant incluse au bruit sculpté par l’eau qui coule. Ici toutes les émissions sonores se re-joignent : de celles de la nature (bruit du vent, percussion de la pluie, chants d’oi-seaux, appels de toutes sortes) à celles que les hommes improvisent ou reprennent (chant d’une voix ou d’une flûte, roulement de tambour, long frottement d’archet ou pointe d’un coup strident), il n’y a devant elles et sans fin que l’espace qui les dis-perse en se pliant selon leurs arêtes ou leurs courbes, mais pour toujours ensuite se déplier à nouveau en disant, et c’est le fin mot du silence, « je suis l’étendue ». Un événement sonore, c’est ce qui se pose dans cette étendue en un point où il l’éveille, en quelque sorte le silence retentit dès qu’on le touche et les phrases (verbales ou musi-cales) sont les suites filées de ces points,

littéralement des ricochets bondissant d’éclaboussure en éclaboussure, et parfois à peine, sur le silence.Comment les former, ces phrases, pour qu’elles soient en effet résonnantes, et claires, et distinctes ? – c’est toute la ques-tion. Il me semble en tout cas que tout s’en-gage autrement s’il y a en elles une tension qui les dépasse et si elles s’entendent venir dans l’espace de ce dépassement : non seu-lement dans l’idée d’aller quérir un sens mais aussi dans celle de le donner comme un coup de sonde en direction de la vérité, c’est-à-dire en direction d’une plaine où les dilatations du silence, de la nuit noire et du vide de l’espace sont chez elles et plei-nement actives. En se mettant, autrement dit, envers ces lointains, ces déploiements, ces fuites, dans la disposition même qui est celle des fontaines de Hölderlin, celle d’une écoute absolue ou, tout au moins, d’une tension intégrale vers l’écoute. Le sens ne tombe jamais sous le sens mais vient comme cette écoute qui s’écarterait le moins possible de ce qu’elle entend – une dictée obscure qu’à l’aveugle on reprend. Une enfant nous montre cela, cette certi-tude sonore du sens, et l’inquiétante étran-geté qu’elle induit : c’est une très jeune fille dessinée un jour hors de toute mièvrerie par Greuze et qui, peut-être, est sourde ou n’entend pas bien. Toujours est-il qu’elle a ce geste délicat et inquiet, qui est de mettre sa main, un peu repliée, derrière son oreille, comme pour suppléer à une défaillance de l’ouïe – l’idée de ce geste étant d’intercepter à son passage la ligne de fuite du son en la repliant vers l’oreille. Le visage est vu en gros plan, ce qui signifie que l’immensité de l’espace n’est ni mon-trée ni suggérée par le dessin, mais c’est là pourtant que la fillette se tient, dans

un retrait peut-être mais en tout cas tout entière concentrée et ouverte sur ce qui lui vient du dehors, sur ce que le dehors, par des ondes, lui envoie. Et il se trouve – c’est en tout cas ce que montre le dessin et ce qui le rend plus émouvant que virtuose, même s’il l’est – que ce qui lui est envoyé de la sorte constitue à ce moment-là le seul pont qu’il y ait entre elle et le monde. À ce pont tendu dans le vide, à cette passe-relle sonore que peut-être elle ne peut pas emprunter comme elle le voudrait, elle a accordé, elle accorde l’importance la plus grande : plus rien d’autre ne compte et son regard est comme suspendu, en attente, ne regardant donc rien, plus rien, tout le pouvoir de ce qui scrute s’étant concentré sur l’ouïe seule, sur ce qui vient l’emplir ou la frôler : une annonce, un écho, une ritournelle, on ne le saura pas puisque le dessin, c’est dans son essence et son rôle, reste muet.Mais ce qui nous est suggéré par là même, c’est l’existence du monde sonore, c’est ce que Victor Segalen eut l’idée, un jour, de condenser dans un titre si parfait qu’on aimerait le lui reprendre, parce qu’il pour-rait intituler non seulement le seuil inquiet où se tient la jeune fille du dessin mais aussi celui devant lequel chaque musique et chaque voix, et même chaque murmure, selon leur timbre, nous ramènent. Dans un monde sonore, tel est ce titre si éton-namment simple, qui fonctionne pourtant comme un sésame.

Jean-Christophe Bailly

Dessin de Jean-Baptiste Greuze

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Samedi 16 février 2013 20h - paris

Cité de la musique, Salle des concerts

Gérard GrisEyModulationspour 33 musicienspierre BOULEZDérive 1pour 6 instrumentsBrice paUsEtVita Nova (sérénades)pour violon et ensemblephilippe MaNOUryGesänge-Gedanken mit Friedrich Nietzschepour voix d’alto et ensembleCréation française

Hae-Sun Kang, violonChristina Daletska, mezzo-soprano Ensemble intercontemporainPierre Boulez, directionCoproduction Ensemble intercontemporain, Cité de la musique

Mardi 19 février 2013 20h - BOrDEaUX

Auditorium de Bordeaux(Programme du 16 février)

Mercredi 6 mars 2013 19h30 - cOpENhaGUE

Louisiana Museum of Modern Art, The Boat House

Edgard VarÈsEDensité 21,5pour flûteGyörgy LiGEtiSix bagatellespour quintette à ventWitold LUtOsłaWsKiTriopour hautbois, clarinette et bassonLuciano BEriORicorrenzepour quintette à ventFinn hØFFDiNGDialogues op. 10pour hautbois et clarinetteGyörgy LiGEtiDix piècespour quintette à vent

Solistes de l’Ensemble intercontemprain

Dans le cadre de la résidence de l’Ensemble intercontemporain à Copenhague du 6 au 8 mars 2013.

Jeudi 7 mars 2013* 19h30 - cOpENhaGUE

The Royal Danish Academy of Music – Concert HallPulsar Festival

Lasse schWaNFLÜGEL piasEcKi Nouvelle œuvreCréationMette NiELsEN Nouvelle œuvreCréationManuel rODrÍGUEZ VaLENZUELa Nouvelle œuvreCréationNicholas MartiN Nouvelle œuvreCréation Nicolai WOrsaaE Nouvelle œuvreCréation

Solistes de l'Ensemble intercontemporain

Dans le cadre de la résidence de l’Ensemble intercontemporain à Copenhague du 6 au 8 mars 2013.

Vendredi 8 mars 2013 19h30 - cOpENhaGUE

The Royal Danish Academy of Music – Concert HallPulsar Festival

Bent sØrENsEN Tunnels de lumièrepour ensemblehans aBrahaMsENWaldpour ensemble simon stEEN-aNDErsENPraesenspour quatorze musiciensBruno MaNtOVaNiConcerto de chambre n° 1pour 17 musiciens

Ensemble intercontemporainBruno Mantovani, direction

Dans le cadre de la résidence de l’Ensemble intercontemporain à Copenhague du 6 au 8 mars 2013.

Mardi 19 mars 2013 20h - paris

Cité de la musique, Salle des concerts

Luca FraNcEscONiQuartett Opéra en version de concert Création française

Allison Cook, la marquise de MerteuilRobin Adams, le vicomte de ValmontLivret de Luca Francesconi d’après Heiner MüllerSerge Lemouton, réalisation informatique musicale IrcamJulien Aléonard, réalisation de la bande du chœur et de l’Orchestre de la Scala de Milan

Ensemble intercontemporainSusanna Mälkki, direction

Coproduction Ensemble intercontemporain, Cité de la musique, Ircam-Centre Pompidou

Allison Cook et Robin Adams dans Quartett de Luca Francesconi version mise en scène au Teatro alla Scala, avril 2011

* Concert de créations des cinq compositeurs sélectionnés en 2012 par un jury international associant l'Ensemble intercontemporain. Commandes SNYK dans le cadre du centenaire de la société des compo-siteurs danois.

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Mardi 26 mars 2013 20h - paris

Ircam, Espace de projection

Emmanuel NUNEsEinspielung Ipour violon et électronique

Versuspour violon, clarinette et électroniqueCommande IrcamCréation

Einspielung IIpour violoncelle

Aurapour flûte

Rubato, registres et résonnancespour violon, flûte et clarinette

Solistes de l’Ensemble intercontemporainAndrew Gerzso, réalisation informatique musicale Ircam

Coproduction Ensemble intercontemporain, Ircam/Les Spectacles vivants-Centre Pompidou

Mardi 9 avril 2013 20h - paris

Cité de la musique, Amphithéâtre

igor straViNsKyTrois mouvements de Petrouchkapour piano

Suite de l'Histoire du soldat

arnold schÖNBErGPierrot lunaire op. 21pour voix et ensemble

Salomé Haller, mezzo-sopranoSolistes de l’Ensemble intercontemporain

Coproduction Ensemble intercontemporain, Cité de la musique

Mes maîtres ont été, en premier lieu Bach et Mozart, en second lieu Beethoven, Brahms et Wagner. De Bach j’ai appris : 1 L’esprit du contrepoint, autrement dit l’art d’inventer des dessins musicaux qui puissent fournir matière à leur propre ac-compagnement.2 L’art de bâtir une œuvre entière à partir d’élément unique et des dessins tirés de cet élément par diverses transformations. 3 L’art de m’affranchir des « temps forts » de la mesure.De Mozart : 1 L’art des phrases de longueurs inégales. 2 La coordination d’éléments hétérogènes en une même unité thématique. 3 L’émancipation du nombre pair de me-sures dans la construction d’un thème et de ses composants.4 L’art de créer des idées secondaires. 5 L’art de l’introduction et de la transition.De Beethoven : 1 L’art de développer les thèmes et les mou-vements. 2 L’art de varier, l’art de la variation. 3 Le grand nombre de façons dont on peut construire de longs mouvements. 4 L’art de ne pas craindre d’être long (ou au contraire impitoyablement court), suivant ce qu’exige la logique de la situation. 5 En matière de rythme, le déplacement d’un dessin mélodique sur des temps dif-férents de la mesure.De Wagner : 1 La façon dont il est possible de traiter les thèmes pour en obtenir le maximum d’ex-pression ; l’art de les écrire à cet effet. 2 Les parentés entre les notes et les accords. 3 La possibilité de traiter les thèmes et les

motifs comme on avait traité les agréments composés, en sorte qu’on puisse les super-poser à une harmonie sans se soucier des dissonances résultantes.De Brahms : 1 L’acquisition consciente de bien des choses que j’avais acquises inconsciem-ment de Mozart, comme l’emploi des me-sures en nombres impairs, l’extension ou le raccourcissement des phrases. 2 La plasticité dans le modelage des des-sins musicaux ; la générosité, l’abondance quand la musique exige de la place pour être claire ; l’art de conduire chaque figu-ration jusqu’à sa fin. 3 L’art d’une notation systématique. 4 L’économie conciliée avec l’abondance.J’ai aussi beaucoup appris de Schubert et de Mahler, de Strauss et de Reger. Je ne me suis coupé d’aucun enseignement et en conséquence voici ce que je pourrais dire de moi. Mon originalité tient à ce que j’ai immédiatement imité toute chose qui me paraissait bonne, même quand je ne l’avais pas trouvée en premier lieu dans l’œuvre de quelqu’un d’autre. Car cette chose je l’ai souvent trouvée chez moi-même. Une fois découverte, je ne l’ai pas lâchée ; je l’ai saisie, afin de bien la faire mienne ; je l’ai travaillée, je l’ai développée et en fin de compte elle m’a donné « du neuf ».Je suis convaincu qu’un jour ou l’autre on reconnaîtra à quel point ce « neuf » est en filiation étroite avec les trésors qui nous ont été légués. Et je m’enhardis à tirer gloire de ce que j’ai écrit une musique réellement nouvelle qui, appuyée sur la tradition, ser-vira un jour à son tour de tradition.

Arnold Schönberg

Vendredi 12 avril 2013 20h - paris

Cité de la musique, Salle des concerts

arnold schÖNBErGSix petites Pièces pour piano op. 19

Cinq Pièces pour orchestre op. 16

igor straViNsKyRenard, histoire burlesque chantée et jouée

Pastoralepour voix et vents

Deux poèmes de Balmontpour soprano et ensemble

Trois poésies de la lyrique japonaisepour soprano et ensemble

arnold schÖNBErGSymphonie de chambre op.9

Markus Brutscher, ténorYves Saelens, ténor Ronan Nédélec, baryton Jérôme Varnier, basseClémence Tilquin, sopranoSébastien Vichard, pianoEnsemble intercontemporainBruno Mantovani, direction

Coproduction Ensemble intercontemporain, Cité de la musique

Igor Stravinsky

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Samedi 20 avril 2013 15h - paris

Cité de la musique, Amphithéâtre Forum Kaija Saariaho

15h : prOJEctiON

Adriana Mater – Naissance d’un opéra Documentaire d’Anna-Kaarina KiviniemiFinlande, 2008, 54 mn

16h : prOJEctiONs cOMMENtéEs

Extraits des films « Cris et chuchotements » d’Ingmar Bergman et « Stalker » d’Andreï Tarkovski Avec Kaija Saariaho, compositrice et Corinne Schneider, musicologue

17h30 : cONcErt

Frédéric chOpiNTrio op. 8 pour piano, alto et violoncelleclaude DEBUssySonatepour violoncelle et piano

Kaija saariahOCendrespour flûte en sol, piano et violoncelle

Vent nocturnepour alto et électronique

Dolce Tormentopour piccolo

Je sens un deuxième cœurpour piano, alto et violoncelle

Solistes de l’Ensemble intercontemporain Technique Ensemble intercontemporain

Coproduction Ensemble intercontemporain, Cité de la musique

Dimanche 28 avril 2013 20h - séOUL

LG Arts Center

claude DEBUssySonatepour flûte, alto et harpeyan MarEsZÉclipsepour clarinette et 14 instrumentstristan MUraiLSerendibpour 22 musicienspierre BOULEZDérive 1pour 6 instrumentsUnsuk chiNGougalon. Scènes de théâtre de rue pour ensemble

Solistes de l’Ensemble intercontemporain Ensemble intercontemporainSusanna Mälkki, direction

Lundi 6 mai 2013 15h - shiZUOKa

Shizuoka Concert Hall AOI

tristan MUraiLSerendibpour 22 musiciensclaude DEBUssy Sonatepour flûte, alto et harpepierre BOULEZ sur Incisespour 3 pianos, 3 harpes et 3 percussions

Solistes de l’Ensemble intercontemporain Ensemble intercontemporainSusanna Mälkki, direction

La Folle Journée au Japon Vendredi 3 mai Samedi 4 mai Dimanche 5 mai 2013 tOKyO

Tokyo International Forum

Invité d’honneur de la Folle Journée au Japon, l’Ensemble intercontemporain se produira pendant les trois jours de l’événement avec un vaste programme d’œuvres de musique française, thème de l’édition 2013 de la manifestation. Le programme complet des concerts sera disponible sur notre site internet à partir du 1er octobre 2012.

Kaija Saariaho

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Tourné vers l'infini, le corps m’apparaît

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Je ressens une forme d'impuissance vis-à-vis de phénomènes qui s’inscrivent indéfiniment dans une continuité ; ils me paraissent étranges et terrifiants, me captivent et m’attirent aussi. Que cela se soit manifesté dans le passé est sans importance. Lentement, sereinement, je

me tourne vers l’infini, et je m'efforce de vivre, de tout mon corps, à l’intérieur de cette étrangeté. Dans mon rapport à la danse, il y a cet infini qui me laisse dans un sentiment de totale impuissance. Ma ligne se brise en son milieu, et quels que soient mes efforts pour continuer de la tracer, toujours elle finit par se briser. Plus exactement : cette ligne, je voudrais conti-nuer de la tracer malgré tout à l’infini. Je trace une ligne, je me tourne vers l’infini, et le corps apparaît. C’est cela, la danse.

Il se peut que l’effroi de la vie – vers l’âge de dix ans, l’effroi de découvrir que je vivais, que ma famille, mes amis, tous nous vivions de la même manière dans ce monde réel – trouve précisément son origine, cachée, dans cette sensation : « Tourné vers l’infini, le corps m’appa-raît ».La lumière trop intense, l’implacable du-reté matérielle des objets de la réalité me terrifiaient. La vitesse de mouvement des véhicules, des animaux, me terrifiait. La chair, la tiédeur de la peau, l’odeur des êtres, l’existence nue de la réalité, tout cela était trop puissant pour moi. Le bruit du sang qui bat, le bruit de la respiration résonnaient dans mon corps.Un après-midi au milieu de l’été, dans un hôpital où j’étais venu fuir la lumière aveuglante du soleil, l’odeur que produi-sait le traitement aux rayons ultraviolets destiné à soigner la brûlure que j'avais à l'épaule eut sur moi un impact consi-dérable. C’était une odeur merveilleuse au-delà de tout, une couleur merveil-leuse aussi, une sensation merveilleuse sur la peau… En plein été, dans la fraî-cheur de l'air conditionné et la pénombre d'une chambre d'hôpital, l'étrange lampe à rayons ultraviolets par laquelle on soi-gnait cette brûlure me plongeait dans un état extatique.

Le traitement, qui s'était prolongé plu-sieurs jours, m'avait enchanté au-delà de tout ce que j’avais pu connaître. J’étais totalement envoûté par l’odeur artificielle produite par la lampe à ultraviolets.Bien des jours s’étaient écoulés après le traitement lorsque j’ai senti de nouveau cette même odeur. C’était toujours l'été, un début d’après-midi, alors que je marchais à l'ombre ; il y eut cette même « odeur de rayon ultraviolet ». Cette odeur portant l’empreinte du destin demeure pour moi aujourd'hui encore, par sa beauté, d’une importance première. Tout récemment, un après-midi d'hiver, j’ai encore senti cette même odeur, et j'ai retrouvé cette odeur qui se trouvait à l'origine dans la nature.« L’odeur de l'ultraviolet » est la beauté du monde sur son déclin.

Se mouvoir, c'est être là, et disparaître de là où on était.Ce qui disparaît, c'est la force générée par le mouvement.

Ce qui s'entend et que l'on nomme musique – musique que l'on entend et pourtant il n'y a rienCe qui occupe un lieu et que l'on nomme corpsCe qui s'écoule dans l'espace et que l'on nomme musiqueCe qui divise l'espace et que l'on nomme miroirCe que l'on entend et que l'on nomme musique, ce que l'on voit et que l'on nomme miroir Le reflet que l'on nomme miroir, résistance à la lumièreCe qui coule et que l'on nomme musiqueCe qui reflète et que l'on nomme miroir Ce qui vit avec le silence et qui est en même temps de l'autre côté de son reflet nommé musique

Ce qui vit avec la lumière et qui n'existe que par son reflet nommé miroirCe qui cherche à se fondre dans la musique et que l'on nomme corpsCe qui refuse la musique et que l'on nomme corpsLa matière vivante que l'on nomme corpsL'immatériel produit par la matière que l'on nomme musiqueMiroir et silence... musique et reflet...Silence et reflet...Corps qui ne cesse de disparaître et d'apparaître

J’imagine une musique sur une surface parfaitement lisse. J’interroge la relation entre la musique et le corps en tant que monde composé de particules, j’inter-roge la coexistence entre une unité, à la fois microscopique et infinie, de l’inté-rieur du corps, et la temporalité de la musique. Je cherche à atteindre une œuvre, ou une représentation, dans les-quelles se combinent, dans les trois di-mensions de l’espace, « l'esprit et l'art ».

(…)

Je cherche à créer, à partir d'un état ins-table, désorganisé du corps, une œuvre d'où émerge la forme d'un corps dansant avec vitalité, un corps "dans le devenir de la mort". Là est ma position vis-à-vis de la danse, et ainsi je cherche à la dire. Par mes sensations, ma pensée, mon mou-vement, en composant, en corrigeant, je recompose radicalement un corps réel. Tout cela consitue un geste dansé par lequel se définit mon attitude devant le réel : la danse juste, acharnée, de l'être humain dans ce devenir de la mort.

Joie d’une vision du monde qui se par-tage avec les autres, s'appuie sur une compréhension qui ne se contente pas des simples fruits de l'imagina-

tion. S’entendre, partager. Déchiffrer ensemble une même page. Écouter ensemble une même musique. Créer ensemble quelque chose. Être dans une sympathie, un tissage des sensations.

(…)

La musique apparaît et disparaît dans un mouvement continu. La méthode que j’ai forgée en tant qu’artiste n’a rien d’une règle qui prescrirait dans quelle partie du corps et de quelle manière doit naître le mouvement ; elle est un moyen de permettre l’émergence continue d’un courant, d’un flux susceptible d’opérer des connexions avec ce mouvement, l’organisation d’une fluidité apte à se diriger simultanément dans des direc-tions multiples.Je vais continuer, sans aucun doute, à apprendre la musique, à l'apprendre d'une manière qui la situe dans une dimension autre que celle du corps, du mouvement, de la danse. L’analyse doit toujours être envisagée de façon dyna-mique. Comment agir avec une partie en mouvement, une symétrie, un angle par rapport au mouvement, des traces de mouvement, une durée ? Sur quelle partie se concentrer pour effectuer un mouvement ? Partir de l’intérieur ou de l’extérieur, ou bien d’un territoire intermédiaire ? Comment établir une connexion entre une torsion et d’autres torsions, un flux continu et une partie du corps ? Ces questions ne concernent plus l’analyse du corps ou une approche analytique du corps, mais véritablement l’acquisition d’une liberté. L’acquisition d’un corps jeté dans l'infini où il se sent perdu. L’acquisition d’une difficulté. Un commencement.

Saburô TeshigawaraSaburô Teshigawara

Entreprendre d’écrire sur la musique m’est apparu inso-lite. Mes pensées tendaient à s’évader dans d’autres direc-tions, et j’ai donc moins cher-ché à écrire sur la musique qu’à me poser des questions à son sujet. Il y a dans la ten-tative de donner une forme écrite à un objet, une pen-sée, quelque chose qui relève d’un effort aveugle ; mais cet aveuglement même consti-tue précisément pour moi le propre de toute réflexion. C’est à tâtons que je cherche, comme si je flairais des odeurs, et c’est ainsi que je m’efforce de me rapprocher de quelque chose.

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Dimanche 19 mai 2013 20h - praGUE

Rudolfinum Printemps de Prague

pierre BOULEZDérive 1pour 6 instrumentsBruno MaNtOVaNiConcerto de chambre n° 1pour 17 musiciensMiroslav srNKaMy Life without MeCréation de la version intégraleJonathan harVEySringara Chaconnepour ensemble de 15 musiciens

Claron McFadden, sopranoEnsemble intercontemporainTomas Hanus, direction

Jeudi 30 mai 2013 20h - paris

Cité de la musique, Salle des concertsBiennale d’art vocalManiFeste-2013, festival-academie de l’Ircam

heinz hOLLiGErScardanelli-Zykluspour flûte solo, petit orchestre, bande et chœur mixte

Sophie Cherrier, flûteChœur de la Radio lettoneEnsemble intercontemporainHeinz Holliger, directionTechnique Ensemble intercontemporain

Coproduction Ensemble intercontemporain, Cité de la musique, Ircam-Centre Pompidou.

Extrait de la partition de Die Jahreszeiten de Heinz Holliger

Alberto Posadas

Samedi 15 juin 2013 20h - paris

Cité de la musique, Salle des concertsBiennale d’art vocalManiFeste-2013, festival-academie de l’Ircam

alberto pOsaDasNouvelle œuvrepour 6 voix, ensemble et électroniqueCommande de Françoise et Jean-Philippe BillarantCréation Magnus LiNDBErGJubileespour ensembleWolfgang rihMKlangbeschreibung II - Innere Grenzepour 4 voix et ensemble Création de la nouvelle version

Ensemble vocal Exaudi Ensemble intercontemporainFrançois-Xavier Roth, directionThomas Goepfer, réalisation informatique musicale Ircam

Coproduction Ensemble intercontemporain, Cité de la musique, Ircam-Centre Pompidou.

Lundi 17 juin 2013 20h - cOLOGNE

PhilharmonieMême programme que le 15 juin à Paris

Du 17 au 30 juin 2013 paris

Manifeste-2013, festival-académie de l'Ircam

L'Ensemble intercontemporain partici-pera, en tant qu'ensemble associé, à la deuxième édition de l'Académie Mani-Feste, organisée par l'Ircam en parallèle au festival du même nom, du 17 au 30 juin 2013.

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Entretien avec George Steinersique. Le chant, à mon sens – c’est peut-être là une métaphore –, précède la parole. Des milliers d'années avant Homère on chante, et peu à peu, mais très lentement, la parole s’émancipe du contexte musical, acoustique. Encore aujourd’hui, il est cer-tain que la pop, le rock, le chant populaire atteignent beaucoup plus d’êtres humains que la littérature. La littérature reste mi-noritaire devant l’universalité du chant, le mystère même de la voix. Et donc, à mon sens, il y a des moments – maintenant, je suis bien vieux –, où l’on se dit : être aveugle doit être terrible. D’accord. Mais il y a le Braille, on peut lire. Être sourd, ce qui me menace, est pour moi une terreur constante. Ne plus entendre la musique, ce serait vraiment la clôture du bonheur. Je connais beaucoup de poèmes par cœur, et même un peu de prose, et je porte donc avec moi une petite bibliothèque inté-rieure. Mais la musique, c’est autre chose.

Cette expérience de l'écoute est-elle indisso-ciable pour vous d’une relation duelle entre vous-même et la musique, ou bien peut-elle exister aussi parmi une assemblée, comme c'est le cas au concert, par exemple ?

C’est une question difficile. La musique porte ce paradoxe : rien de plus solitaire, rien de plus collectif. On n’a jamais vrai-ment trouvé une formule adéquate à ce phénomène hybride. Entendre le même morceau de musique quand on est seul, devant son CD par exemple, et dans la salle de concert, sont bien sûr deux ex-périences très différentes. Je crois qu’il y a des relations amoureuses où on a l’illusion d’une fusion entre deux êtres humains, et qu’on partage vraiment le même « moment musical ». « Moment musical », c'est une expression, mais je la trouve très belle. C’est peut-être une illu-sion. On est à la fois seul avec la musique et intimement avec l’autre être. Et puis il y a le problème du goût, auquel nous n'avons aucune solution, même hypothé-tique. Pourquoi, pour une personne don-née, telle musique est une merveille, et ne

l’est aucunement pour une autre. Je divise l’humanité en deux : ceux qui aiment le Boléro de Ravel, et ceux pour qui c’est la nausée complète. C’est non négociable : on ne peut pas convaincre quelqu’un d'autre que c’est une bonne ou une mauvaise mu-sique. C’est le mystère de la subjectivité de l’expérience. Vous passez devant une fenêtre ouverte, vous entendez quelqu’un jouer au piano, et vous n’oubliez plus, de tout votre vivant, l'emprise de la mélodie. Claude Lévi-Strauss : « Invention de la mélodie, mystère suprême des sciences

de l'homme. » Une très belle formule. Ou Nietzsche : mysterium tremendum – d’ailleurs, je crois que Lévi-Strauss a un peu emprunté la grande formule nitzs-chéenne. Cela m’a toujours fasciné. Je peux partager avec quelqu’un une idéo-logie politique, un goût en littérature, des habitudes, et puis devant la musique, ça ne va pas. L'un dit : « Ça ne m’émeut pas du tout », et l’autre : « Ça a changé ma vie ». On a parlé d'« atomes crochus » chez Lucrèce. C'est l’atome crochu de la musique qui vous saisit, et ne vous quitte pas.

Une question qui m'intéresse beaucoup, face à l’art, est de savoir si ce goût évolue. Y a-t-il des compositeurs, des musiques, qui perdent de leur magie ? Oui, je le crois ; mais il en est d’autres qui perdurent toute la vie et jusqu’au dernier jour. Oui, il y a des choses que l’on a beaucoup aimées jeune et qui émeuvent beaucoup moins avec l'âge. L’un de mes collègues améri-cains donne la définition suivante de ce

qu’est l’âge : c’est lorsque la musique de chambre de Haydn devient plus précieuse et plus importante que celle de Mozart. J'ai beaucoup réfléchi à cette formule. Je crois qu’elle est juste, mais je ne peux pas l’expliquer. Il y a peut-être chez Haydn une sorte de calme, de sourire devant la fin, qui se trouve à un degré moindre dans la pas-sion de Mozart. Quoique… Mais n’essayez pas de convaincre quelqu’un d’autre de changer. Cela doit venir par un processus organique très complexe. Il y a bien sûr des circonstances, des moments où une musique accompagne une expérience in-time. On ne peut pas l’expliquer parce que précisément le langage, étant conceptuel, est aussi très limité. Il y a eu, vous le savez, d'innombrables tentatives dans les arts plastiques, la peinture, de créer une repré-sentation musicale. On peut dire, si l’on veut, qu’il y a des « Monet-Debussy », des « Debussy-Monet ». C'est un peu enfan-tin. Scriabine a essayé de représenter sa musique par des jeux de couleurs, mais je crois que c’est naïf. Il existe des moments absolument fantastiques où le livret est à la hauteur de la musique. Il y a des pages des Maîtres chanteurs qui se comparent pleinement à Shakespeare. C’est très rare ; le plus souvent, l’un est en dessous de l’autre. Les choses se compliquent au-jourd'hui où nous vivons dans une sorte de crise de la poétique, avec les moyens électroniques aussi – c’est là tout un autre domaine ; mais j’insiste sur le mystère du goût, de ces « affinités électives » aurait dit Goethe. Déjà chez l’enfant il y a des résistances à certaines musiques et des joies devant d’autres. Existe-t-il dans le cerveau des centres musicaux spécifiques, une chimie du goût ? Peut-être un jour fera-t-on des progrès dans ce domaine de la connaissance. J’espère que non.

Propos recueillis par Véronique Brindeau, 15 février 2012

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Dans Errata vous écrivez que la musique est une condition sine qua non de votre vie…

Je ne conçois pas ma vie sans musique. C’est une expérience quo-tidienne. Je n’ai pas pu pratiquer un instrument, mais depuis ma première enfance, la musique a été capitale, à la fois dans mon édu-cation et dans mon expérience personnelle. J’étais tout jeune quand déjà les vieux disques commençaient à meubler un peu, si je peux m'exprimer ainsi, ma vie intérieure. Depuis, j'ai eu la chance de vivre dans des villes où il y avait de grandes maisons d’opéras, des concerts de grands orchestres symphoniques, et de cette musique de chambre qui me passionne. Je ne pourrais donc aucunement séparer l'expérience musicale de mon identité.

De cette expérience, vous dites vous-même que peu de penseurs ont su rendre compte dans ce qu'elle a de particulier. Comme si une certaine logique du langage consituait là une entrave.

La lutte pour exprimer par des paroles une expérience musicale remonte à l'Antiquité. Elle n'a jamais vraiment réussi. La parole peut évoquer, elle peut « affleurer » à la tonalité musicale, mais elle ne peut pas en rendre l’essence : c'est l'évidence même. Il y a une tout petite exception formée d'écrivains, de penseurs qui, un peu par miracle, ont pu évoquer avec une très grande précision certains aspects du moment musical. Je songe à un penseur de l'Antiquité comme Boèce, à un grand romancier comme Proust et la sonate de Vinteuil, à Thomas

Mann peut-être avant tous, pour lequel l'expérience wagnérienne est capitale et décide par certains aspects de son destin de romancier. Je pense aussi, même si cela est très controversé, à Adorno, qui a été selon moi un très grand penseur de la musique. Quant à Shakespeare lui-même, qui passe tout autre être mor-tel dans l'étendue de sa puissance, de sa magie langagière, ce qu’il dit de la musique est très beau, très émouvant : elle est, dit-il, le dialecte, le jargon, le langage de l’amour. Oui. Merci bien. Et après ? Même Shakespeare réussit à peine... C’est pourquoi l’anecdote qu’on rapporte à propos de Schumann est pour moi essentielle. Il avait joué une étude difficile à un élève, qui lui deman-da : « Maître, pouvez-vous me l’expli-quer ? » Et Shumann rejoua la même

pièce. Cela me semble essentiel. Jouer une deuxième fois est le seul commen-taire valable, si l’on veut, à la probléma-tique de la structure musicale. Et tandis qu’il existe des milliers d’ethnies et de cultures pourvues de narrations, de my-thologies orales, mais sans écriture, sans ce que nous appelons « littérature » – qui est un concept très tardif, très mélangé –, nous ne connaissons aucun groupe, aucune communauté humaine, aussi pauvre soit-elle du point de vue maté-riel, dans un climat aussi dur soit-il, sans musique, et il s’agit souvent de musiques très complexes.

La musique est probablement ce qui dé-finit le statut unique de la conscience de l’homme. Pas du tout la littérature. Nous ne connaissons aucun peuple sans mu-

La musique est probablement ce qui définit le statut unique de la conscience de l’homme.

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tOUt pUBLic

La musique contemporaine offre un monde riche de sensations, de timbres, de rythmes et de nuances. Autant de découvertes que pro-posent les activités « Tout public ».

AvAnT ConCErTsLes concerts à Paris sont précédés d’une présentation. Conditions d’accès et informations pratiques sur chaque page concert de notre site internet : www.ensembleinter.com

réPéTITIons PubLIquEs CoMMEnTéEsCertaines répétitions de concert à Paris et en région sont accessibles au public. Elles font l’objet d’une présentation des œuvres et des compositeurs.

soLIsTEs En bIbLIoThèquEs, En PArTEnArIAT AvEC PArIs bIbLIoThèquEsCes rencontres musicales animées par les solistes de l'Ensemble ont pour but de faire découvrir la musique d’aujourd’hui (parfois en regard avec celle du passé), ses créateurs, ses interprètes, les ins-truments et leur mode de jeu, dans un rapport de proximité avec le public.

étUDiaNts

En partenariat avec les services pédagogiques de grandes écoles et d’universités (la sorbonne, sciences Po, école polytechnique, Groupe hEC, Télécom ParisTech, ou encore Mines ParisTech), l’Ensemble intercontemporain propose aux étudiants des activités d'initiation à la musique contemporaine : rencontres avec les musiciens, invi-tations à des répétitions, ateliers pratiques, analyses d’œuvres, etc.

atELiErs MUsicaUX

Par des formes diverses de coaching auprès de futurs professionnels, les solistes contribuent à diffuser la pratique de la musique contem-poraine :

MAsTEr CLAssEs ET ATELIErs InsTruMEnTAux En ConsErvAToIrEs réGIonAux (PArIs ET ProvInCE) Accompagnés par les solistes, les étudiants des conservatoires dé-couvrent par la pratique les modes de jeu instrumental et le projet d'un compositeur. ouvert au public.

CoAChInG dEs éTudIAnTs dE L’orChEsTrE du ConsErvAToIrE nATIonAL suPérIEur dE MusIquE ET dE dAnsE dE PArIs Ces rencontres pédagogiques animées par les solistes de l'Ensemble s’achèvent chaque année par un concert public à la Cité de la mu-sique. En 2012, il aura lieu le Mardi 20 novembre.

acaDéMiE DU FEstiVaL DE LUcErNE

depuis sa création en 2004, les solistes de l’Ensemble intercontem-porain participent aux sessions de l’Académie du Festival de Lucerne, dont la direction artistique a été confiée à Pierre boulez. Internatio-nalement réputés pour leur expérience pédagogique, ils contribuent à la formation de jeunes musiciens de l’orchestre en conseillant leur travail d’interprétation.Contact : dominik deuber, directeur / LuCErnE FEsTIvAL ACAdEMY / hirschmattstrasse 13 | Postfach Ch-6002 Luzern / Tél. +41 (0)41 226 44 47/49 / Fax +41 (0)41 226 44 60 / [email protected]

MaNiFEstE-2013, FEstiVaL-acaDéMiE DE L'ircaM

L'Ensemble intercontemporain participera, en tant qu'ensemble as-socié, à la deuxième édition de l'Académie ManiFeste, organisée par l'Ircam en parallèle au festival du même nom, du 17 au 30 juin 2013.

Transmettre cONcErts éDUcatiFs

Imaginés par les solistes de l’Ensemble avec la collaboration d’auteurs et de metteurs en scène, ces concerts présentent aux enfants, sous une forme ludique et originale, des œuvres du xxe siècle à aujourd’hui ou mettent en scène un instrument dans le répertoire contemporain. Ils sont réalisés en partenariat avec le service pédagogique de la Cité de la musique.

Vendredi 7 décembre 2012 14h30 - paris

Cité de la musique, Salle des concerts

Le jeu des contraires Concert éducatif scolaireFrédéric Stochl, conception et mise en espace Solistes de l’Ensemble intercontemporain Durée : 1 heure / Niveaux conseillés : de la 4e à la Terminale

Coproduction Ensemble intercontemporain, Cité de la musique

Samedi 13 avril 2013 11h - paris

Cité de la musique, Salle des concerts

igor straViNsKyrenard, histoire burlesque chantée et jouée Concert éducatif Markus Brutscher, ténorYves Saelens, ténor Ronan Nédélec, baryton Jérôme Varnier, basseEnsemble intercontemporainBruno Mantovani, directionFrédéric Stochl, conception et mise en espace

Coproduction Ensemble intercontemporain, Cité de la musiqueDurée : 1 heure / À partir de 8 ans

JEUNE pUBLic

Transmettre la musique d’aujourd’hui aux plus jeunes, c’est consti-tuer le public de demain. un enjeu décisif au cœur d’activités spécia-lement conçues pour le jeune public.

séAnCEs JEunEssE En bIbLIoThèquEsLes enfants aiment les rencontres directes avec les musiciens. Pour les écouter et découvrir leur instrument bien sûr, mais aussi leur par-ler, les questionner, participer...Les solistes les plus passionnés par la transmission au jeune public conçoivent ces échanges sous une forme très adaptée : autant d’occasions pour les enfants de découvrir des univers musicaux riches en suggestions imaginaires et créatives.

ATELIErs sCoLAIrEsun ou plusieurs solistes accompagnent une classe primaire, de col-lège ou de lycée, tout au long de l’année scolaire. Ils développent un répertoire et une thématique dans la classe, les enfants assistent aux répétitions, sont accueillis au conservatoire de leur quartier ou à l’Ircam pour certaines activités.

Accessoires du concert éducatif « De mémoire de clarinette », janvier 2012

Élèves de l'orchestre du lycée Georges-Brassens, Cité de la musique, avril 2012

Calendrier de l'ensemble des activités : www.ensembleinter.com

« Il faut faire prendre conscience aux élèves que sont créés aujourd’hui des chefs-d’œuvre nouveaux. Il est pos-sible qu’ils y soient plus sensibles qu’à ceux du passé, il est possible aussi qu’ils aillent vers ceux du passé à partir de ceux du présent. Je rêve qu’une grande partie des enseignants et des diverses autorités musicales parviennent à des "accords", comme il conviendrait à des musiciens. »

Georges Snyders

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L’Ensemble intercontemporain LEs sOListEs DE L’ENsEMBLE

iNtErcONtEMpOraiN

Flûtes - sophie Cherrier, Emmanuelle ophèleHautbois - didier Pateau, Philippe GrauvogelClarinettes - Jérôme Comte, Alain damiensClarinette basse - Alain billardBassons - Pascal Gallois, Paul riveauxCors - Jens McManama, Jean-Christophe vervoitteTrompettes - Antoine Curé, Jean-Jacques GaudonTrombones - Jérôme naulais, benny sluchinTuba - Arnaud boukhitinePercussions - Gilles durot, samuel Favre, victor hannaPianos/Claviers - hidéki nagano, dimitri vassilakis, sébastien vichardHarpe - Frédérique CambrelingViolons - Jeanne-Marie Conquer, hae-sun Kang, diégo TosiAltos - odile Auboin, Grégoire simonVioloncelles - éric-Maria Couturier, Pierre strauchContrebasse - nn

éqUipE aDMiNistratiVE Et tEchNiqUE

Directeur général - hervé boutryDirectrice administrative et financière - sophie quéréCoordinatrice artistique - Alix sabatierResponsable production et diffusion - Marine GaudryResponsable comptable - Geneviève WeissRégisseur général - Jean radelRégisseur son/plateau - nicolas berteloot Régisseurs plateau - samuel Ferrand,benjamin MoreauBibliothécaire - damien degraeve Adjointe régie/bibliothèque - Caroline barillonResponsable communication - Luc hossepiedResponsable mécénat - Camille Perrier Assistante communication et mécénat -Emilie roffi Coordinatrice éditoriale - véronique brindeauChargée des actions éducatives - sylvie CohenAssistante administrative - Estelle vincent

Créé par Pierre boulez en 1976 avec l’appui de Michel Guy (alors secrétaire d’état à la Culture) et la collaboration de nicholas snow-man, l’Ensemble intercontemporain réunit 31 solistes partageant une même passion pour la musique du xxe siècle à aujourd’hui. Constitués en groupe permanent, ils participent aux missions de diffusion, de transmission et de création fixées dans les statuts de l’Ensemble. Placés sous la direction musicale de susanna Mälkki, ils collaborent, au côté des compositeurs, à l’exploration des tech-niques instrumentales ainsi qu’à des projets associant musique, danse, théâtre, cinéma, vidéo et arts plastiques. Chaque année, l’Ensemble commande et joue de nouvelles œuvres, qui viennent enrichir son répertoire et s’ajouter aux chefs-d’œuvre du xxe siècle.En collaboration avec l’Institut de recherche et coordination acous-tique/musique (Ircam), l’Ensemble intercontemporain participe à des projets incluant des nouvelles techniques de génération du son.

Les spectacles musicaux pour le jeune public, les activités de for-mation des jeunes instrumentistes, chefs d’orchestre et compo-siteurs ainsi que les nombreuses actions de sensibilisation des publics, traduisent un engagement profond et internationalement reconnu au service de la transmission et de l’éducation musicale.depuis 2004, les solistes de l’Ensemble participent en tant que tuteurs à la Lucerne Festival Academy, session annuelle de forma-tion de plusieurs semaines pour des jeunes instrumentistes, chefs d’orchestre et compositeurs du monde entier. En résidence à la Cité de la musique (Paris) depuis 1995, l’Ensemble se produit et enregistre en France et à l’étranger où il est invité par de grands festivals internationaux. Financé par le ministère de la Culture et de la Communication, l’Ensemble reçoit également le soutien de la

ville de Paris.

cONsEiL DE L’ENsEMBLE

- Pierre boulezPrésident d’honneur

- henri Loyrette Président-directeur du musée du LouvrePrésident

MEMBrEs DE DrOit

- Frédéric Mitterrand Ministre de la Culture et de la Communication

- Georges-François hirsch Directeur de la création artistique au minis-tère de la Culture et de la Communication

- bertrand delanoë Maire de Paris

- sylviane Tarsot-Gillery Directrice de l’Institut français

- Fabien Jannelle Directeur de l’Office national de diffusion artistique

- Jean-Pierre Tronche Inspecteur de la création et des ensembles français artistiques, désigné par le ministre de la Culture et de la Communication

pErsONNaLités qUaLiFiéEs

- nicholas snowman Vice-président

- Marc Monnet Secrétaire

- Cyril roger-Lacan Trésorier

- Jean-Philippe billarant- sylvie hubac- Jack ralite

sUsaNNa MäLKKi, Directrice musicale

née à helsinki, susanna Mälkki mène une brillante carrière de violoncelliste avant d’étudier la direction d’orchestre avec Jor-ma Panula et Leif segerstam à l’Académie sibelius. de 2002 à 2005, elle est directrice artistique de l’orchestre symphonique de stavanger. Profondément engagée au service de la musique contemporaine, elle collabore avec de nombreux ensembles (Klangforum Wien, birmingham Contem-porary Music Group, ensembles AsKo, Avanti !) avant d’être nommée directrice musicale de l’Ensemble intercontempo-rain en 2005. susanna Mälkki s’investit également beaucoup dans l’interprétation du répertoire symphonique et de l’opéra classique et contemporain. Elle parcourt le monde pour diriger de nombreuses et prestigieuses formations parmi lesquelles les orchestres philharmoniques de berlin, Los Angeles, Munich, radio France, les orchestres symphoniques de boston, san Francisco, birmingham, de la bbC, de la nhK (Tokyo) et de la radio bavaroise, ou encore le royal Concertgebouw orchestra et les Wiener symphoniker.

Répons de Pierre Boulez, Cité de la musique, avril 2010

LEs prOJEts À sOUtENir

PROJETS ÉDUCATIFS Interventions des musiciens dans les écoles et bibliothèques, master classes animées par les solistes de l’Ensemble, concerts éducatifs adaptés à un jeune public…

TOURnÉES Avec plus de 60 concerts en France et à l’étranger chaque année, l’Ensemble intercontemporain est un acteur majeur de la musique contemporaine à travers le monde. outre les grands centres inter-nationaux, des tournées sont prévues en Asie (2013) et aux états-unis (2014).

CRÉATIOnS L’Ensemble intercontemporain mène une politique très active dans le domaine de la création. Pour les saisons à venir, il a passé com-mande à des compositeurs reconnus ou émergents, qui viennent enrichir le répertoire contemporain.

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Soutenir l’Ensemble intercontemporain c’est :> Partager ses valeurs d’excellence et de créativité> Contribuer à son projet artistique en aidant au financement de commandes d’œuvres et à leur diffusion> soutenir son effort de transmission aux futurs professionnels et aux jeunes amateurs> Assurer le rayonnement international d’un répertoire musical contemporain de qualité

de l’Ensemble intercontemporain

Ń FaitEs UN DON

Devenez mécène

LE saViEZ-VOUs ?

- Avec 300 €, une classe d’éducation prioritaire de 20 élèves peut bénéficier de nos actions pédagogiques et assister au concert.

- un piano de concert coûte 110 000 €, une harpe 20 000 €.

- une commande d’œuvre musicale, pour une petite formation (musique de chambre) d’une durée d’environ 15 minutes coûte entre 3000 et 6000 €.

cONtact

Camille Perrierresponsable Mécénat223 av. Jean-Jaurès – 75019 Paris01 44 84 44 [email protected]

UN réGiME FiscaL attractiF

Entreprises : réduction d’impôts de 60% du montant du don, dans la limite de 0,5% du chiffre d’affaires.

Particuliers : réduction d’impôts de 66% du montant du don, dans la limite annuelle de 20% du revenu imposable.

nous tenons à remercier chaleureusement nos donateurs ainsi que les membres du Cercle des amis : Jean-Philippe et Françoise billarant, Jacob Grierson et Aurore Longuet, xavier Guerrand-hermès, Pierre henschel, sylvie hubac et Philippe Crouzet, Yoko Imai, dorothée et nicolas Joly, Marie-France Pochna, olivier Purcell, simon russ, Margo et nicholas snowman, Thomas et Annet de villeneuve, ainsi que l'ensemble de nos donateurs et tout particulièrement Monsieur André hoffmann.

DEVENir MEMBrE DONatEUr DE L’ENsEMBLE iNtErcONtEMpOraiN

AVAnTAgES - Possibilité d’assister (sur demande) à des répétitions générales- découverte des coulisses de la Cité de la musique- un enregistrement de l’Ensemble intercontemporain offert- Envoi d'informations personnalisées par la lettre de l’Ensemble

intercontemporain- rencontre avec les compositeurs lors des avant-concerts

DEVENir MEMBrE DU cErcLE DEs aMis

AVAnTAgES Lancé en octobre 2011 le Cercle des Amis de l’Ensemble intercontemporain permet à ses membres d’avoir accès à des manifestations exclusives* en relation avec les activités de l’Ensemble, ainsi que : - Possibilité d’assister aux générales (sur demande)- 2 invitations pour un concert au cours de la saison- Possibilité de découvrir les coulisses, rencontrer les musiciens,

les compositeurs et les équipes artistiques

*Pour connaître l’agenda des événements du Cercle pour la saison 2012-2013, merci d’appeler au 01 44 84 44 75.

MERCI

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Informations pratiques

résErVatiONs

Toutes les réservations et les souscriptions aux différentes formules d’abonnement se font directement auprès des salles accueillant l’Ensemble intercontemporain.Coordonnées des salles et organisateurs parisiens ci-dessous. Pour les coordonnées en région et à l’étranger voir directement les pages de ces concerts sur : www.ensembleinter.com

cENtrE pOMpiDOU

Grande salle / niveau -1Place Georges-Pompidou75004 Parisréservations :• aux caisses du Centre Pompidoude 11h à 20h, sauf le mardi• en ligne :www.centrepompidou.fr/billetterie

cité DE La MUsiqUE

salle des concerts - Amphithéâtre221 avenue Jean-Jaurès75019 Parisréservations : 01 44 84 44 84www.citedelamusique.fr

ircaM

Espace de projection1 place Igor-stravinsky75004 Parisréservations : 01 44 78 12 40www.Ircam.fr

MaisON DEs arts DE crétEiL

Place salvador-Allende94000 Créteilréservations : 01 45 13 19 19www.maccreteil.com

théâtrE DEs chaMps-éLyséEs

15 avenue Montaigne75008 Parisréservations : 01 49 52 50 50www.theatrechampselysees.fr

LE tritON

11 bis rue du Coq-Français93260 Les LilasTél. 01 49 72 83 13www.letriton.com

NOUs cONtactEr

Ensemble intercontemporain 223 avenue Jean-Jaurès 75019 Paris www.ensembleinter.com Administration Tél. : + 33 (0)1 44 84 44 50 Fax : + 33 (0)1 44 84 44 [email protected] relations avec le public du lundi au vendredi de 10h à 18h Tél. : 01 44 84 44 40 Fax : 01 44 84 44 51 [email protected]

rELatiONs prEssE

Image Musique - valérie WeillTél. + 33(0) 1 47 63 26 08 Fax : +33(0) 1 47 63 26 08 [email protected]

Ensemble intercontemporain Association loi 1901 Licence d’entrepreneur de spectaclesn° 2-1033622 cat. 2 Président d’honneur Pierre boulez Président henri Loyrette susanna Mälkki, directrice musicale hervé boutry, directeur général sophie quéré, directrice administrative et financièreArtwork is (www.fake.fr) Fabrication : L’Agence Modeste (01 47 70 55 97)Imprimé dans l’uEProgrammes et informations donnés sous réserve de modifications.

créDits phOtOs p.9 : György Kurtág © Philippe Gontier / p.12 : diagramme du Poème électronique d'Edgard varèse © dr / p.14 : vadim Karassikov : In the flame of the dream for cello solo (extrait) © bärenreiter-verlag, Kassel / p.15 : Vox Balaenae, Théâtre le rive Gauche, novembre 2011 © Luc hossepied / Ensemble intercontemporain / p.18: ondřej Adámek © Elisabeth schneider / p.21 : Jean-baptiste Greuze, dessin © Laurent Chaintreuil - Musée Greuze de Tournus / p.23 : Allison Cook et robin Adams dans Quartett de Luca Francesconi - version mise en scène au Teatro alla scala, avril 2011 © rudy Amisano / p.24 : Igor stravinsky © dr / p.27 : © Chris steele-Perkins/Magnum Photos / p.29 : saburô Teshigawara © Emmanuel valette / p.30 : Die Jahreszeiten de heinz holliger©schott / p.31 : Alberto Posadas / p.34 : accessoires du concert éducatif « de mémoire de clarinette », janvier 2012 © Luc hossepied / Ensemble intercontemporain / p.35 : élèves de l'orchestre du lycée Georges-brassens, Cité de la musique, avril 2012 © Luc hossepied / Ensemble intercontemporain / p.36 : Répons de Pierre boulez, Cité de la musique, avril 2010 © Luc hossepied / Ensemble intercontemporain / p.37 susanna Mälkki © simon Fowler

créDits tEXtEs Contributions originales pour la brochure 2012-2013 de l'Ensemble intercontemporain : p.19 Jean-Christophe bailly, écrivain P.28 saburô Teshigawara, chorégraphe et danseur. Texte traduit du japonais par véronique brindeau P. 32 George steiner, professeur de littérature com-parée, philosophe et écrivain. Entretien réalisé par véronique brindeau le 15 février 2012

Autres textes p.10 Pascal dusapin, Composer. Musique, Paradoxe, Flux, Collège de France/Fayard, 2007 p.13 Edgard varèse, Écrits, Christian bourgois Editeur, 1983p.16 Claude Lévi-strauss, Le Cru et le Cuit, Plon, 1964 p.25 Arnold schönberg, Le Style et l’idée, buchet / Chastel, 1977 p.34 Georges snyders, J'ai voulu qu'apprendre soit une joie, éditions syllepses, 2008

En savoir plus sur les concerts et sur nos autres activités : vous trouverez des informations complémentaires, des articles sur les œuvres et les compositeurs, des extraits musicaux, des vidéos sur notre site internet : www.ensembleinter.com ainsi que sur Accents on line, notre webmag (www.ensembleinter.com/accents-online). Index des compositeurs

Hans ABRAHAMSEn 7, 22Ondřej ADÀMEK 7, 18George AnTHEIL 6, 13Johann Sebastian BACH 6, 8Mark BARDEn 6, 17Béla BARTÓK 6, 11George BEnJAMIn 7, 18Luciano BERIO 7, 22Harrison BIRTWISTLE 6, 17Pierre BOULEZ 6, 7, 11, 17, 18, 22, 26, 27, 30Luc BREWAEYS 6, 11Stanisław BROMBOSZCZ 6, 9John CAgE 6, 13Anthony CHEUng 6, 11Unsunk CHIn 6, 7, 11, 26Frédéric CHOPIn 7, 26George CRUMB 15Claude DEBUSSY 7, 26, 27Einar Torfi EInARSSOn 6, 11Peter EÖTVÖS 6, 11Morton FELDMAn 6, 13Luca FRAnCESCOnI 7, 23Bernhard gAnDER 6, 11Rune gLERUP 6, 11Gérard gRISEY 7, 22

Jonathan HARVEY 6, 11Finn HØFFDIng 7, 22Heinz HOLLIgER 6, 7, 13, 30Michael JARRELL 6, 8Vadim KARASSIKOV 6, 14György KURTÁg 6, 8, 9Mauro LAnZA 6, 12György LIgETI 7, 14, 22Genoël von LILIEnSTERn 6, 11Magnus LInDBERg 6, 7, 11, 31Witold LUTOSŁAWSKI 7, 22Philippe MAnOURY 6, 7, 8, 22Bruno MAnTOVAnI 7, 22, 30Yan MARESZ 7, 26Nicholas MARTIn 7, 22Benedict MASOn 6, 12Olivier MESSIAEn 7, 18Tristan MURAIL 7, 26, 27Mette nIELSEn 7, 22Ichiro nODAÏRA 6, 8Emmanuel nUnES 7, 24Brice PAUSET 7, 22Enno POPPE 6, 11, 12Alberto POSADAS 7, 31Wolfgang RIHM 6, 7, 17, 31Yann ROBIn 6, 13

Manuel RODRÍgUEZ VALEnZUELA 7, 22Kaija SAARIAHO 7, 26Johannes SCHÖLLHORn 6, 8Arnold SCHÖnBERg 6, 7, 17, 24Lasse SCHWAnFLÜgEL PIASECKI 7, 22Salvatore SCIARRInO 6, 13Sean SHEPHERD 6, 8Bent SØREnSEn 7, 22Miroslav SRnKA 7, 30Johannes Maria STAUD 7, 18Simon STEEn-AnDERSEn 7, 22Igor STRAVInSKY 6, 7, 11, 18, 24, 34Edgard VARÈSE 6, 7, 12, 13, 18, 22Lu WAng 6, 11Anton WEBERn 6, 17Jörg WIDMAnn 6, 17Tadeusz WIELECKI 6, 9Nicolai WORSAAE 7, 22Iannis XEnAKIS 6, 11Lidia ZIELInSKA 6, 9´

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Partenaires L’EnSEMBLE InTERCOnTEMPORAIn EST SUBVEnTIOnnÉ PAR LE MInISTÈRE DE LA CULTURE ET DE LA COMMUnICATIOn ET REçOIT LE SOUTIEn DE LA VILLE DE PARIS

L'EnSEMBLE InTERCOnTEMPORAIn EST ÉgALEMEnT SOUTEnU PAR

AUTRES PARTEnAIRES

European Cultural Ambassador

Kulturbotschafter der Europäischen Union

Europæisk Kulturambassadør

Embajador cultural europeo

Ambasciatore culturale europeo

Ambasadora kultury europejskiej

Embaixador cultural europeu

Evropský kulturní velvyslanec

ヨーロッパ文化大使

depuis sa création, l'Ensemble intercontemporain encourage

la circulation des œuvres musicales du xxe siècle à aujourd'hui

en Europe et dans le monde. Cette mission essentielle

de diffusion vaut aujourd'hui à l'Ensemble d'être reconnu

ambassadeur culturel européen par la Commission Européenne pour l'année 2012. Ce titre

souligne la collaboration pérenne que l’Ensemble développe

depuis sa fondation avec ses partenaires européens pour

faire vivre le patrimoine musical et faire entendre les nou-

velles voix de la création. L’Ensemble intercontemporain est

très heureux de ce soutien et tient à remercier la Commission

Européenne, ainsi que tous ceux qui ont rendu possible cette

reconnaissance.

www.ensembleinter.com/fr/europe

Ce projet a été financé avec le soutien de la Commission européenne. Cette publication n’engage que son auteur, et la Commission n’est pas responsable de l’usage qui pourrait être fait des informations.

Monsieur André hoffmann

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Music Fund repairs instruments and sends them to developing countries and countries in confl ict zones. Music Fund also provides know-how to maintain them by setting up repair workshops and organizing training for instrument makers. Help us by giving us your instrument or making a donation.

Music Fund répare des instruments et les envoie dans les pays en voie de développe-ment ou en confl it. Music Fund offre aussi le savoir-faire permettant de les entretenir en installant des ateliers de réparation et en organisant des formations de luthiers. Aidez-nous, donnez votre instrument ou faites un don.

www.musicfund.eu +32 (0) 499 729 765

IBAN: BE81 5230 8023 3324BIC-ADRESSE SWIFT: TRIOBEBB

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francemusique.frCe monde a besoin de musique

Musiquesd’aujourd’huiAlla Breve, du lundi au vendredi à 16h55Les lundis de la contemporaine, lundi à 20hElectromania, lundi à minuitChronique contemporaine, jeudi à 7h20Electrain de nuit, 3e lundi du mois à 1h

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