Blablas - savoysky.pagesperso-orange.fr IV (WEB).pdf · Le Lion tint conseil, et dit : Mes chers...

98
1 Blablas t. IV (blablas virulents d’un confiné sanitaire) Préambule Un bel après-midi de mars 2020… « Tout est en ordre… » Mon cher docteur, chirurgien-chef dans notre belle Armée avant de m’expliquer des tas de choses auxquelles je ne comprends rien, m’affirme ainsi tou- tefois que je reste dans les rangs des « vieillasses » émargeant opiniâtrement dans les caisses de pensions, au-delà des prévisions des actuaires. Je bavarde toujours. J’aime causer en blaguant et écrire de même. Alors, en tête à tête avec ce chirur- gien m’ayant ouvert le ventre à trois reprises avec succès, ce qui crée la sympathie, je me laisse aller au gré de mon petit défaut. « Bien, je peux donc aller voter ! » « Cher monsieur, je vous déconseille de prendre le TGV ! » Petit silence…

Transcript of Blablas - savoysky.pagesperso-orange.fr IV (WEB).pdf · Le Lion tint conseil, et dit : Mes chers...

Page 1: Blablas - savoysky.pagesperso-orange.fr IV (WEB).pdf · Le Lion tint conseil, et dit : Mes chers amis, Je crois que le Ciel a permis Pour nos péchés cette infortune ; Que le plus

1

Blablas

t. IV

(blablas virulents d’un confiné sanitaire)

Préambule

Un bel après-midi de mars 2020…

« Tout est en ordre… »

Mon cher docteur, chirurgien-chef dans notre

belle Armée avant de m’expliquer des tas de choses

auxquelles je ne comprends rien, m’affirme ainsi tou-

tefois que je reste dans les rangs des « vieillasses »

émargeant opiniâtrement dans les caisses de pensions,

au-delà des prévisions des actuaires.

Je bavarde toujours. J’aime causer en blaguant

et écrire de même. Alors, en tête à tête avec ce chirur-

gien m’ayant ouvert le ventre à trois reprises avec

succès, ce qui crée la sympathie, je me laisse aller au

gré de mon petit défaut.

« Bien, je peux donc aller voter ! »

« Cher monsieur, je vous déconseille de prendre le

TGV ! »

Petit silence…

Page 2: Blablas - savoysky.pagesperso-orange.fr IV (WEB).pdf · Le Lion tint conseil, et dit : Mes chers amis, Je crois que le Ciel a permis Pour nos péchés cette infortune ; Que le plus

2

« Si vous reveniez, je ne suis même pas sûr de

pouvoir vous soigner… »

Fichtre ! Je temporise, je n’irai pas voter, j’irai

pour le second tour…

Surlendemain du bel après-midi, discours de

notre Président et ipso facto je me trouve coincé là où

je me trouvais, à quatre cents kilomètres de mes pé-

nates, de mon jardin, de mes bouquins etc. Là où je me

trouvais momentanément et où je me trouve encore,

je suis chouchouté, dorloté donc sans la moindre pen-

sée de me lamenter. Néanmoins je dois m’occuper

d’autant plus que toutes mes projets, concerts, visites,

voyages, sombrent dans l’irréalisme.

Confiné !

Au fait, que signifie : confiné ?

Cela m’occupera d’y penser. Plusieurs semaines

passent et je continue d’y penser ; j’avoue ma per-

plexité : je n’en pense rien de précis. Cependant mon

petit défaut continue d’agir et je note, je note… Et

j’accumule mes notes.

L’amas ainsi entassé continue de croître quoti-

diennement. Il n’a rien d’académique. Je me laisse me-

ner par ma fantaisie du moment et je ne reviens pas

sur ce que j’ai écrit, excepté quelques corrections or-

thographiques ou grammaticales. Instinctivement,

dès la première note j’ouvris trois cases : une pour les

idées venant en vrac, une deuxième pour ce que je

peux trouver dans mes archives ou mes souvenirs sur

ce qui me semble être des confinements, une dernière

pour quelques réflexions que tout cela m’inspire… Il

Page 3: Blablas - savoysky.pagesperso-orange.fr IV (WEB).pdf · Le Lion tint conseil, et dit : Mes chers amis, Je crois que le Ciel a permis Pour nos péchés cette infortune ; Que le plus

3

résulte de ces dispositions un désordre n’ayant rien

d’académique ; la bibliographie jointe n’est que la liste

de ce que j’ai sous les yeux incidemment sans souci de

recherche systématique de l’existant et des antériori-

tés dans cette prospection des confinements.

En fait je suis en retraite et je n’ai plus le goût de

me plier à ce confinement de l’esprit qui me corsetait

naguère lorsque je publiais.

Or, j’entretiens deux sites personnels sur l’Inter-

net, l’un propose un format simple de présentation fa-

cilitant réellement son usage mais nécessitant le res-

pect de règles de présentation. L’autre, libre, oblige en

revanche à quelques manipulations ; je placer mon

amas dans ce dernier car il l’accepte tel qu’il est. La

liste des membres du forum que j’encombre régulière-

ment de mes notes informelles et éparses, donne le lien

pour y accéder.

m.a.j. : 15 novembre 2020

Page 4: Blablas - savoysky.pagesperso-orange.fr IV (WEB).pdf · Le Lion tint conseil, et dit : Mes chers amis, Je crois que le Ciel a permis Pour nos péchés cette infortune ; Que le plus

4

!

J’ajoute un quatrième tome à mes blablas ; à situation

exceptionnelle, décision exceptionnelle. Simple particule dans la

masse des confinés, 86 ans, cardiaque, donc risque majeur pour

les toubibs, je dois me contenter de faire le dos rond et d’attendre

que les hordes virales s’en aillent.

Écrire les réflexions me venant à l’esprit au jour le jour

m’occupe. Je les place immédiatement en ligne, avertissement aux

lecteurs éventuels : ce document continuellement inachevé subira

de nombreuses actualisations…

Page 5: Blablas - savoysky.pagesperso-orange.fr IV (WEB).pdf · Le Lion tint conseil, et dit : Mes chers amis, Je crois que le Ciel a permis Pour nos péchés cette infortune ; Que le plus

5

Blablas en vrac !

1 : Accélérateur de blablas en vrac

Page 6: Blablas - savoysky.pagesperso-orange.fr IV (WEB).pdf · Le Lion tint conseil, et dit : Mes chers amis, Je crois que le Ciel a permis Pour nos péchés cette infortune ; Que le plus

6

2 : Épidémie, vieille histoire !

Page 7: Blablas - savoysky.pagesperso-orange.fr IV (WEB).pdf · Le Lion tint conseil, et dit : Mes chers amis, Je crois que le Ciel a permis Pour nos péchés cette infortune ; Que le plus

7

Confiné

Je consomme des pilules destinées à protéger

mon pauvre petit cœur - ici sanglots, je vous prie – des

vicissitudes du quotidien. Nul en chimie, j’en ignore la

composition et leur manière d’agir ; j’en constate tou-

tefois un effet, secondaire, me dit-on : je somnole régu-

lièrement… Pas de quoi s’alarmer. Non moins réguliè-

rement je sors du royaume des zombies pour reprendre

mon train-train dans mon petit monde désormais de

confiné, tel que je le retrouve avec mes esprits.

Hier donc, en cours d’après-midi, - excusez-

moi, je n’ai pas noté l’heure -, je repris ainsi mon petit

train-train, bien calé dans un profond canapé, sous

l’icône de Saint Nicolas, face à la « téloche » en fonc-

tionnement - excusez-moi de nouveau de noter ce pléo-

nasme -, le tout dans un confortable appartement de

banlieue parisienne où l’adversité - excusez-moi plus

encore de mon incivilité, il s’agit de notre Président –

me piégea sans barguigner. Et paf ! Pauvre de moi !

Que vois-je alors devant mes yeux pas du tout

hagards ? Une dame dans la plénitude fort agréable à

contempler de sa trentaine, peut-être quarantaine, inter-

rogée par un journaliste renommé, nous exposer ses

problèmes de confinée privé de soutien psycholo-

gique… Pauvre malheureuse ! Elle égrenait ses gros

soucis auxquels je ne prêtai aucune attention ; or sou-

dain, je cite un peu approximativement, j’ouïs :

« Vous comprenez, ce virus me fait peur car on

n'en sait rien, les bombes on sait, même si je n’ai

pas connu cela… »

Cela donne à réfléchir, ce que je ne fis pas,

plongé dans mon rôle de papy répétiteur de physique au

service de ma petite-fille, à l’autre bout du pays ; le

papa m’a confié cette mission en partant crapahuter en

Afrique.

San réfléchir, donc, je rigole néanmoins et je

note… Blablas de confiné.

21 mars 2020

Masque

Pénurie de masques ? Vieille histoire !

C’était en 1939, en septembre, la guerre venait

d’être déclarée, pas contre un virus inconnu mais contre

nos cousins germains, eux bien connus. Particulière-

ment en raison de leur excellence en chimie ; des

preuves de cette excellence circulaient : les victimes

ayant survécu à leur gaz moutarde.…

Je connu personnellement un gazé, sa mésaven-

ture dans la tranchée noyée subitement par une nappe

meurtrière donnait froid dans le dos. La crainte s’ins-

talla… Très vite la population fut avertie que des

masques seraient rapidement distribués, dès que fabri-

qués car il y avait pénurie. J’en reçus effectivement un,

peu de temps après à l’école ; je me souviens encore de

la descente dans l’abri de l’école pour essayer cette

sorte de groin nauséabond. Détestable !

Entre temps des recommandations furent diffu-

sées par les journaux et la radio afin que chaque famille

réalise des masques de fortune avant d’en recevoir des

vrais de vrais. Voici la recette :

Prendre une serviette éponge suffisamment

grande pour que, pliée en deux et cousue sur ses bords,

elle forme un sac pouvant couvrir une tête ; ouvrir un

petit rectangle dans une face et le clore d’un voile de

cellophane ; ajouter sous cette fenêtre un sachet de tissu

léger garni de charbon pulvérulent. À cette époque les

filles se constituaient traditionnellement un trousseau

en vue du mariage, toujours bien fourni alors la matière

première ne risquait pas de manquer, il y en avait plein

les armoires, parsemée de lavande de surcroît ; en con-

séquence beaucoup de dames, des messieurs aussi, se

mirent à coudre. Heu… Je crois bien que ma grand-

mère et ses deux filles collèrent à mon grand-père et à

mon père la corvée de piler menu du charbon. Et prière,

messieurs, de se laver les mains avant de revenir à la

couture !

Voilà, l'épidémie de gaz moutarde pouvait ve-

nir ! ! Nous étions prêts à affronter son pic ! Scrogneu-

gneu !

Vive le système « D » !

Libre de droit et facile à fabriquer mais j’ima-

gine mon succès si je me baladais dans la rue, coiffé de

ce truc…

21 mars 2020

Polémiquons

Un mal qui répand la terreur,

Mal que le Ciel en sa fureur

Inventa pour punir les crimes de la terre,

La Peste (puisqu'il faut l'appeler par son nom)

Capable d'enrichir en un jour l'Achéron,

Faisait aux animaux la guerre.

Ils ne mouraient pas tous, mais tous étaient frappés :

On n'en voyait point d'occupés

A chercher le soutien d'une mourante vie ;

Nul mets n'excitait leur envie ;

Ni Loups ni Renards n'épiaient

a douce et l'innocente proie.

Les Tourterelles se fuyaient :

Plus d'amour, partant plus de joie.

Le Lion tint conseil, et dit : Mes chers amis,

Je crois que le Ciel a permis

Pour nos péchés cette infortune ;

Que le plus coupable de nous

Se sacrifie aux traits du céleste courroux,

Peut-être il obtiendra la guérison commune.

L'histoire nous apprend qu'en de tels accidents

On fait de pareils dévouements :

Ne nous flattons donc point ; voyons sans indulgence

L'état de notre conscience.

Pour moi, satisfaisant mes appétits gloutons

J'ai dévoré force moutons.

Que m'avaient-ils fait ? Nulle offense :

Même il m'est arrivé quelquefois de manger

Le Berger. Je me dévouerai donc, s'il le faut ; mais je

pense

Qu'il est bon que chacun s'accuse ainsi que moi :

Page 8: Blablas - savoysky.pagesperso-orange.fr IV (WEB).pdf · Le Lion tint conseil, et dit : Mes chers amis, Je crois que le Ciel a permis Pour nos péchés cette infortune ; Que le plus

8

Car on doit souhaiter selon toute justice

Que le plus coupable périsse.

Sire, dit le Renard, vous êtes trop bon Roi ;

Vos scrupules font voir trop de délicatesse ;

Et bien, manger moutons, canaille, sotte espèce,

Est-ce un péché ? Non, non. Vous leur fîtes Seigneur

En les croquant beaucoup d'honneur.

Et quant au Berger l'on peut dire

Qu'il était digne de tous maux,

Etant de ces gens-là qui sur les animaux

Se font un chimérique empire.

Ainsi dit le Renard, et flatteurs d'applaudir.

On n'osa trop approfondir

Du Tigre, ni de l'Ours, ni des autres puissances,

Les moins pardonnables offenses.

Tous les gens querelleurs, jusqu'aux simples mâtins,

Au dire de chacun, étaient de petits saints.

L'Ane vint à son tour et dit : J'ai souvenance

Qu'en un pré de Moines passant,

La faim, l'occasion, l'herbe tendre, et je pense

Quelque diable aussi me poussant,

Je tondis de ce pré la largeur de ma langue.

Je n'en avais nul droit, puisqu'il faut parler net.

A ces mots on cria haro sur le baudet.

Un Loup quelque peu clerc prouva par sa harangue

Qu'il fallait dévouer ce maudit animal,

Ce pelé, ce galeux, d'où venait tout leur mal.

Sa peccadille fut jugée un cas pendable.

Manger l'herbe d'autrui ! quel crime abominable !

Rien que la mort n'était capable

D'expier son forfait : on le lui fit bien voir.

Selon que vous serez puissant ou misérable,

Les jugements de cour vous rendront blanc ou noir.

(Les animaux malades de la peste. J. de la Fon-

taine).

Quand je lis cela, je pense car cela m'arrive :

tiens, c'est drôle, certains comportements actuels, par-

ci, par-là et de temps à autre, présentent un aspect "déjà

vu" ou " déjà entendu" ; par exemple : le Berger digne

de tous maux…

J'avais bien du mal à trouver de quoi meubler un

quart d'heure de déraison ; merci ami Jean, tu enchantas

ma jeunesse ; mes amis, merci d'accepter avec indul-

gence cet envoi, un classique certainement présent dans

tous les esprits depuis plusieurs jours, avant que je m'en

empare.

25 mars 2020

L’art de noter

Je note au jour le jour mes impressions de con-

finé. Ce que je note, je le place aussi rapidement que

possible dans ce forum. Intéressant, inintéressant ?

J’ignore ! L’instinct me pousse à agir ainsi ; le même

instinct que celui qui me fit réclamer de quoi écrire à

l’anesthésiste de service dans la salle d’éveil, il y a peu.

Je notai alors un beau fatras de réflexions ; il en est pro-

bablement ainsi en ce moment.

Bon, vous avez compris : désolé, avant toutes

autres considérations, pour les loupés d’orthographe, de

grammaire, de style, etc… C’est du tout-venant rapide.

Peu de corrections ensuite, risquant de polluer ce que

j’exprime spontanément, sans m’attarder à approfon-

dir ; en conséquence, désolé pour l’aspect « brut de dé-

coffrage » de ce que je livre ainsi au jour le jour.

30 mars 2020

Vive le rire !

Je me suis autoproclamé « capteur » ! Capteur

surtout de ce que j’entends ; de ce que je vois, peu, car

depuis l’appartement où je confine, je ne vois que deux

rues, l’une à l’est, l’autre à l’ouest et je n’y vois rien

venir. Quant à la « téloche », hors la série « Un cas

pour2 » sur la « 3 » j’évite les commentaires d’experts

ou de politiciens, leurs lucidités en tous sens transfor-

ment ma cervelle en bouillie pour chat. Reste la lec-

ture… Mais inutile de la capter, écrite, elle l’est.

Nous eûmes dans notre passé récent mais gau-

lois un découvreur de terres nouvelles, ancien élève de

l’« X », il se nommait Colomb. Il dessinait, signait

Christophe et nous faisait découvrir la « b.d. » : vous

vous souvenez : Le savant Cosinus, lequel voulait

voyager et n’arrivait pas à quitter Paris, la famille Fe-

nouillard, ses cousins, lesquels firent le tour du monde

sans le vouloir, enfin la modeste existence d’un sapeur

à la retraite dont le prénom commençait par « une F » :

Ephraïm…

En ce moment nous avons notre découvreur, il

ne se nomme pas Colomb mais se prénomme pour de

bon ; Christophe. Bravo Christophe non pas pour le

courrier mais pour cette anthologie de gauloiseries vi-

rales que tu collectionnes à notre intention. Je les garde

en rigolant dans le format « pdf » dans ma bibliothèque

d’« e-books », en bon français d’aujourd’hui.

J'ai ainsi dans mon grenier de Thaon, mais je ne

sais plus dans quel coin, un petit fascicule de deux ou

trois millimètres d'épaisseur intitulé : "Les histoires

qu'on racontait quand ils étaient là", imprimé à la fin

des années 40. "Ils" désignait les virus que nous avions

supportés : les 'Verts de gris"...

3 avril 202

Chinoiseries

Nous naviguons dans un océan d’information

mais j’ai le sentiment d’être tout entier sous la ligne de

flottaison de l’embarcation qui devrait me porter.

Mon « pc », la radio, la télévision, les journaux

aussi me livrent des flots d’information dès lors que

j’en exprime le besoin. Pandémie oblige, je cherche à

connaître son évolution. Pas toujours facile.

Considérons deux faits.

La pandémie débuta en Chine pour se répandre

ensuite dans le monde et ce n’est pas fini… Les détails

de cette progression ? L’information abonde mais sa

transparence si vantée semble, non pas inexistante mais

colorée différemment selon les sources ; une certaine

opacité finit par résulter de la superposition des

Page 9: Blablas - savoysky.pagesperso-orange.fr IV (WEB).pdf · Le Lion tint conseil, et dit : Mes chers amis, Je crois que le Ciel a permis Pour nos péchés cette infortune ; Que le plus

9

couleurs… J’ose espérer que les épidémiologistes bé-

néficient de plus de clarté, la connaissance de la chro-

nologie ayant une importance primordiale pour leur

évaluation des suites.

Toutefois je ne suis pas trop chagrin de ne con-

server des jours précédents qu’une image imprécise et

confuse. Mais je deviens témoin aujourd’hui d’une

suite terriblement précise : nos moyens humains et ma-

tériels semblent insuffisamment adaptés au pic ou pire

aux pics encore à venir dans notre pays. Que des

moyens nécessaires pour satisfaire certains besoins

d’une collectivité se révèlent insuffisants pour des

pointes de consommation rien d’étonnant ; c’est un

vieux problème que des mathématiciens étudient conti-

nuellement, en particulier en 1930 le soviétique Kol-

gonorof.

Rien d’étonnant donc que notre pays courre

après des masques de protection, notre réserve étant in-

suffisante devant l’ampleur de la demande. En re-

vanche ce qui déconcerte au point de fâcher, est que

notre besoin vital et ceux s’y joignant de nos voisins

deviennent une bonne affaire commerciale, bien ju-

teuse mais aussi à notre détriment, pour l’expéditeur du

virus, premier producteur mondial de masques (vi) !

Qui plus est, l’expéditeur semble vouloir nous faire

croire que c’est de la philanthropie (xi) !

Ai-je mal pigé quelque chose ?

4 avril 2020

Liberté chérie ! Devenue virtuelle…

Oui, je parle de la bonne vieille liberté physique,

depuis autrefois celle de parler dans l’enceinte de

l’Agora ou du Forum jusqu’à son avatar contemporain,

celle virtuelle d’écrire dans l’un quelconque des nom-

breux sites de l’Internet disponibles à cet effet.

Nous confinant, notre Démocratie nous déleste

ipso facto de droits fondamentaux qu’elle nous garantit

cependant. Paradoxal ? Absolument pas m’assure-t-on,

mais pour y piger quelque chose, il faut se plonger dans

les commentaires de spécialistes de droit constitution-

nel. Laissez-moi le temps de m’imbiber de cela ; si j’ar-

rive à piger et si je me débarrasse du mal de tête que

cela occasionne, je vous raconterai… Nonobstant, pour

le moment, la liberté de s’exprimer reste, inamovible,

entre autres possibilités dans de forum.

Nonobstant encore, notre forum se désertifie.

J’entends les répliques : bien petite chose notre forum

et puis il existe pour nos activités généalogiques et de

toutes les manières cela ne sert à rien, et patati et patata,

etc.

Pas d’accord ! En dépit de la faible chance de

survie de nos blablas ici dedans, nous ne devons pas

mépriser cette liberté. C’est l’un de nos rares moyens

pour transmettre à nos successeurs ce que nous ressen-

tons de notre quotidien actuel exceptionnel.

Je ne vois que deux attitudes : ne pas communi-

quer ou communiquer… Simple alternative !

Communiquer ? Apparemment nous sommes

peu…

Quelques fidèles ; je cite particulièrement : le

vieux prêchi-prêcha que je suis devenu et qui vous ar-

rose depuis son fauteuil de digressions vaseuses, Chris-

tophe, le facteur qui nous rapporte de bonnes gauloise-

ries trouvées chemin faisant dans ses tournées vir-

tuelles…

Prenez le temps de lire deux des derniers envois

de ces deux compères, l’un, avoue piteusement ne plus

rien comprendre à ce qui se passe et supplie qu’on lui

donne son Daniel’s favori, l’autre remarque que la 7e

compagnie manœuvre ! Il faut avoir ri naguère des tri-

bulations des Lamoureux, Lefèvre, Bondy et compa-

gnie pour piger que les deux compères sont à l’unisson.

Nous sommes sur un bateau ivre, mais avant et

à la grâce de Dieu !

7 avril 2020

Chef malade

Le monde entier ou presque car il y a forcément

des tas de gens échappant toujours à la règle générale,

connait le Premier Ministre Britannique. Les média

friands de ses rodomontades nous tiennent soigneuse-

ment au courant de ses faits et gestes. Gesticulation dé-

magogique de parvenu pour les uns, géniale attitude

d’élu pour les autres, plus tous les cas intermédiaires.

Le premier Ministre est malade banalement at-

teint du virus présent aussi en Angleterre, le continent

n’étant plus isolé… Grave ? Pas grave ? Les transpa-

rences superposées des commentaires reçus mes sem-

blent opacifier l’événement.

Des reportages passés, essentiellement vus dans

le monde entier, on pourrait conclure que cet homme

fut bien imprudent : il s’afficha dans des attitudes dé-

fiant les règles de prudence recommandées à peu près

partout ailleurs aux bas peuples pouvant l’admirer. Du

bravache démagogique. Dans ces conditions, ce qui

frappe aujourd’hui le Premier Ministre était probable et

c’était folie que de s’exposer ainsi.

Bien fait ! Pourraient conclure ceux détestant le

personnage. Je déplore ce genre de conclusion. Et, as-

sociation d’idées, allez savoir pourquoi, je pense sou-

dain à la 7e compagnie…

Un sous-officier respectueux du règlement, un

bidasse un tantinet subversif, etc., un officier lointain et

dépassé par les événements, un petit monde livré à lui-

même, chacun agissant à sa façon… En conséquence

un enchaînement de situations complètement fafelues

pour cette petite équipe et pour son entourage se trou-

vant involontairement mêlé à ces tribulations. Spec-

tacle, bien amusant pour les anciens ayant vécu la dé-

bâcle de 40. Moins pour un spectateur contemporain at-

tentif aux circonstances actuelles.

Changement d’époque, de circonstances et

d’échelle… Néanmoins, encore le spectacle d'une

équipe hétéroclite : un chef malade, un ministre prenant

le relai au débotté, une reine sans pouvoir réel, une sorte

de débâcle sanitaire… Du farfelu mais peu risible !

Pire : ne serait-ce pas partout pareil ?

La morosité règne ce matin dans mon

Page 10: Blablas - savoysky.pagesperso-orange.fr IV (WEB).pdf · Le Lion tint conseil, et dit : Mes chers amis, Je crois que le Ciel a permis Pour nos péchés cette infortune ; Que le plus

10

confinement douillet. Cela me passera, il suffit de ne

plus penser, quand je pense je déraisonne. Cependant,

je note car j’ai choisi, simple spectateur et acteur de no-

ter au jour le jour sans tricher.

Hé oui ! J’ai déjà d’autres idées en tête… À de-

main, ou à ce soir ou à je ne sais pas quand, allez savoir

avec ce satané virus !

8 avril 2020

Dur ! Le confinement…

Le Confiné vous souhaite un bon appétit ou une

bonne digestion ou encore, pas radin de détails, bonjour

si, confinement oblige, vous ne passez que demain ma-

tin…

Vous pouvez remarquer, pas distinguer discré-

tion commerciale oblige, pour désinfecter les tubes

transitaires deux antibiotiques ayant fait leur preuve

comme antiviraux.

Faites passer le message, seul moyen de se le

dire.

Dire que je suis venu jusque-là, enfin justeranc

à côté, pour entendre mon chirurgien me conseiller ami-

calement mais fermement d’éviter de retourner là d’où

je venais. Me suivez-vous ? Non ? Alors lapez une

lampée de mon « antibioticoviral ».

10 avril 2020

Mais que signifie : confiné ?

Les jours passent… Un mois auparavant,

l’Homme de l’Art que je consultai, habile puisque je

suis toujours bien vivant, me conseillait fermement :

évitez le train, le risque pourrait être fatal, restez là où

vous êtes ; il ajouta : si vous revenez ici, je ne suis pas

sûr de pouvoir vous soigner. De ce que j’entends et

vois sur les petits écrans, je déduis que, plus qu’une

vague prescience, il avait une connaissance précise de

la suite.

Confiné donc je suis, immobilisé là où mon

train-train de « vieillasse » (parfois le TGV) m’avait

amené deux ou trois jours plus tôt. Je peux lire, je peux

écrire, j’ai mes pilules de quoi pourrais-je donc me

plaindre ? De rien ? Or ma moitié de carcasse

franchouillarde râle : « non d’une pipe, rouspète ! ».

Mais de quoi ?

Ce matin, j’eus cette lumière éclairant un pos-

sible thème de rouspétance :

Où donc se trouve la cellule psychologique ca-

pable de m’expliquer ce que signifie le confinement

dans mon esprit et de pleurnicher éventuellement sur

mon sort ?

Vrai, c’est plus que de la déraison, je déconne…

Néanmoins et également vrai, je commence ré-

ellement et sans aide à me forger ma petite idée person-

nelle sur ce sujet m’obsédant : que signifie confiné ?

À suivre, je dois passer l’aspirateur, la techni-

cienne de surface étant confinée.

11 avril 2020

À la maison !

Hier, petite promenade dans l’avenue du Châ-

teau, au pied pratiquement de mon immeuble. Habituel-

lement, hors confinement, en fin d’après-midi, sortir du

garage juste derrière et aller jusqu’au carrefour de

l’avenue de Paris devant la tour nord du Château relève

de la mission impossible. Bon, j’exagère mais sincère-

ment cette sorte de désertification depuis un mois main-

tenant offre un avantage énorme : pas de bruit, air res-

pirable, trottinettes absentes des trottoirs ; inconvé-

nients : commerces fermés, surtout le boulanger dont il

faut bien viser les moments d’ouverture, difficiles à re-

pérer car les arbres ignorant superbement le virus et re-

devenus feuillus nous cachent la façade bien en face de

l’appartement.

Petite satisfaction de Franchouillard rouspéteur

et opposé par principe à tout ce qui est réglementaire en

regardant bien, un conducteur courageux et bravant

l’autorité qui nous confine gara il y a peu sa voiture en

double file ! Quelle insolence ! Bravo ! Insolent mais

étourdi : « Mac Do », cible probable du conducteur cer-

tainement affamé, est également clos.

Autre avantage : peu de cochonneries abandon-

nées dans les massifs, sale habitude d’incivilité que

continue à contrer un service de voirie fidèle

18 avril 2020

3 : Dur confinement

4 : Vincennes, confiné

Page 11: Blablas - savoysky.pagesperso-orange.fr IV (WEB).pdf · Le Lion tint conseil, et dit : Mes chers amis, Je crois que le Ciel a permis Pour nos péchés cette infortune ; Que le plus

11

Confinement intellectuel

Vieille histoire. Notre société vit de l’activité de

tous les individus qui la composent, chacun agissant

guidé ou accompagné de ses idées ; constat applicable

à toutes les formes de pensées, depuis les plus concrè-

tement banales concernant la vie quotidienne en société

jusqu’à la plus rigoureuse et abstraite, la mathématique.

Chacun souhaite communiquer ses idées plus ou moins

intensément d’où l’importance des moyens disponibles

à cet effet.

La liberté quasi-totale de communiquer dispo-

nible actuellement pour tous via les nombreux réseaux

existants, relègue dans l’oubli ce qu’il en fut naguère,

pratiquement jusqu’à la fin du siècle dernier. Plus loin

encore dans le passé, jusqu’à la fin du XIXe siècle, on

ne connaissait que la communication orale et celle

écrite. Rappel sans doute schématique mais nécessaire

pour souligner l’importance des usages fragmentant la

société dans les partages d’idées et des contraintes per-

turbant, voire inhibant, ces partages.

En littérature, cas de l’exemple donné ici, l’in-

fluence de la presse ou des salons avec leurs opinions,

jouait un rôle souvent déterminant pour assurer le suc-

cès d’un auteur ou provoquer son échec. Or l’auteur

confiné par l’opinion dans l’obscurité du silence est une

réalité discrète qu’il convient néanmoins de signaler.

Je donne ici l’exemple opposé d’Alphonse Dau-

det pour introduire celui de son confrère oublié. Enfant

je lus et relus ses Lettres écrites dans son moulin en

Provence ; elles m’enchantaient et leur auteur m’appa-

raissait paré de toutes les vertus. Or, l’Internet aidant,

de studieux fouineurs amoureux de vérité exhument de

nos archives toutes sortes de vieilles histoires que je dé-

couvris par hasard. Celle que je relève concerne deux

auteurs : Alphons Daudet confiné par l’opinion dans la

gloire, Auguste Blanchot confiné dans l’oubli, le se-

cond se plaignant en justice d’être plagié par le pre-

mier !

J’ai et relu lu « Le Curé de Cucugnan » par Dau-

det, dans l’une des multiples éditions des « Lettres de

mon Moulin » (viii) et j’ai lu par curiosité l’écrit anté-

rieur de Blanchot, du même conte, publié discrètement

en 1859 dans la « France littéraire » (v). Objectivement

la plainte de plagiat parait fondée. Fouinant moi aussi

et je remercie notre confinement sanitaire de m’en avoir

donné le temps, je retrouvai une longue critique de cette

dispute judiciaire dans le « Mercure de France » de

1914 (Pitollet, xvii). Je ne sais plus quoi penser… Ex-

cepté le fait incontournable que notre société est ca-

pable de confiner un homme dans la célébrité ou dans

l’obscurité selon l’opinion du moment qui prévaut. Je

note immédiatement de peur d’oublier

20 avril 2020

1 Confinement en oppidum

Confinement parisien

J’ai récemment affirmé que nos aïeux quittaient

rarement leur contrée, attachés à leur terre. Beaucoup

de travail, peu de loisirs, transports difficiles, existence

difficile, ces circonstances un tantinet oubliées aujour-

d'hui expliquent la sédentarité de nos aïeux, forme de

confinement. Je me contente d’exposer les quelques

idées me venant dans la journée, le désœuvrement que

m’impose mon propre confinement étant propice à la «

gamberge » ; alors je raconte sans prétendre que mes

propos soient pertinents.

J’ai ainsi raconté comment la vie de ma grand-

mère Marie Marguerite et celle de mon grand-grand-

oncle Auguste se déroulèrent pratiquement confinées

dans les pays vosgiens proches de la Moselle. Sédenta-

rités qui ne furent rompues qu’exceptionnellement. Je

ne cherchai pas à généraliser et je passai à d’autres pe-

tites histoires, sans ordre, suivant la fantaisie du mo-

ment. Or l’une de mes fantaisies consista à entreprendre

la lecture d’un petit bouquin (xxiii) livré l’avant-veille

par un porteur d’Amazon. Voilà ce que je lus page 159,

souvenir de l’auteur Stefan Zweig de promenades pari-

siennes, au début du XIXe siècle… :

Mais se rendre de Montmartre à Montparnasse

représentait quand même encore, à l’époque, un

petit voyage et je jugeais tout à fait digne de foi

la légende selon laquelle il existait des Parisiens

de la rive droite qui n’étaient jamais allés sur la

rive gauche, et des enfants qui n’avaient joué

qu’au Luxembourg et n’avaient vu le jardin des

Tuileries ou le parc Monceau. Le vrai bourgeois

ou le vrai concierge demeurait volontiers « chez

soi », dans son quartier ; il se créait son petit

Paris dans l’enceinte du grand Paris, et c’est

pourquoi chacun de ces arrondissements avait

son caractère distinct et même provincial.

Marie Marguerite et Auguste auraient pu être de

bons Parisiens, fidèles à leurs quartiers au point de n’en

guère bouger, comme ils furent fidèles à Raon au Bois

puis à Thaon.

21 avril 2020

Confinement matinal difficile

Grosses difficultés ce matin pour ouvrir ce fo-

rum ! ce n'est qu'à l'instant que je peux placer un mes-

sage ! op ! Un café pour me remettre de mon émotion.

Je reviens car j'ai envie de causer. Peut pas rester

tranquille le pépère ! J'espère que tout sera normal

comme à l'accoutumée. J'ai retrouvé un confinement du

Ve siècle avant J.-C. dans mes photos1.

Page 12: Blablas - savoysky.pagesperso-orange.fr IV (WEB).pdf · Le Lion tint conseil, et dit : Mes chers amis, Je crois que le Ciel a permis Pour nos péchés cette infortune ; Que le plus

12

Vous savez quoi ?

Même dans un confinement confortable comme

celui que je subis, existent néanmoins quelques diffi-

cultés… S'approvisionner par exemple. De ma jeunesse

j'ai conservé l'habitude de me contente du contenu du

garde-manger, frigo désormais, et d'avaler vite fait bien

fait ce que je trouve dans mon assiette avant que les

"boches" viennent me le prendre. Réminiscences d'un

confinement passé !

Voici ce que vous

devez savoir :

Pas de brocolis...

Madame rouspète,

moi itou pour lui faire plai-

sir en bon faucheton que je

suis. En fait : chic alors !

Pense-je.

Café prêt… Hop !

J'y cours.

22 avril 2020

Le vide

Vaguement le senti-

ment que le confinement

favorise la « flémingite

aigüe », vidant le forum au

profit de la « téloche » …

Courage, pas de vi-

rus dans ce forum. Songez

que l'informatique nous li-

bère du confinement….

Pensez, écrivez, communi-

quez ! Appliquez cette

fière devise de l'Est :

Wer Will, der

kann !

24avril 2020

Fisc confineur

Aujourd'hui : by ! Je confine chez le fisc. La

barbe ! Corvée, alors je m'en débarrasse. Petit ennui :

toute ma paperasse est à Thaon et moi je n'y suis pas,

confiné hors de mes pénates. Alors il me reste à me pro-

mener sur l'Internet pour retrouver toutes les factures

réductrices d'impôt. Les pensions, vite fait, le fisc les

connaît, mais pas les factures pour tout le reste.

À ce soir ou à demain.

25 avril 2020

Christophe me suggère d’attendre le déconfine-

ment le 11 mai prochain.

Christophe.

Oui mais c'est l'inverse, je suis en région pari-

sienne, mon chirurgien m'ayant fermement déconseillé

de retourner à Thaon, l'avant-veille de l'annonce du

confinement par notre Grand Chef.

Le 11 mai ? Je suis une vieillasse et ma cardio-

logue fait la grimace quand je lui cause de "TGV" ; elle

est jeune et jolie, alors j'obéis.

Bon, je blague sauf pour jeune et jolie, c'est vrai

et j'en ai mal au cœur d'être une vieillasse. Mal au cœur

? Bonne occasion de consulter. J'y cours, c'est l'escalier

à côté. Zut ! Nous sommes samedi… Comme Pangloss,

je positive néanmoins ; souhaitant positiver quelques

années encore je tiens

compte des avis de la Fa-

culté qui m'a tiré deux fois

de suite d'un très mauvais

pas

Même date

Pédagogie confinée

Le confinement tue

la pédagogie !

C'est ce que j'en res-

sens, de loin et pour la ma-

thématique mon passe-

temps toujours favori.

Mon petit-fils est en

classe de 2e mais confiné

chez ses parents, dans une

confortable maison de la

banlieue nîmoise avec

grand jardin et piscine ; il a

donc la possibilité de re-

muer et de se dérouiller à

volonté et ne d'en prive

pas. Mais la mathématique,

il déclare ne pas s'y intéres-

ser ne souhaitant pas se fa-

tiguer pour une matière à

laquelle il ne comprend rien ; son objectif : s’engager

alors il attend ses 18 ans ! Papa crapahutant en Afrique

ne peut guère lui botter le derrière pour tempérer, même

virtuellement les liaisons là où il se trouve étant « mai-

grichonnes ». Alors c’est Papy qui s’y colle, confiné et

à quatre heures de TGV qu’on me dit d’éviter lors du

déconfinement…

Contraste étonnant avec sa sœur obtenant de

bons résultats, y compris en mathématique mais sou-

haitant devenir médecin et avec sa cousine germaine

étudiante en mathématique en Université et étudiant

également la musique, organiste déjà confirmée.

Donc, hier à huit heures du matin :

« Papy, je t’envoie mon énoncé de math, je n’y

comprends rien ! »

Vrai de vrai, après réception, moi itou j’eus du

mal à piger !

Deux problèmes. Le premier consiste à la lec-

ture d’un cas concret, de le traduire en équations et de

le résoudre : six équations du premier degré avec six

inconnues. Classique en 3e, je pense. Le deuxième, tou-

jours un cas concret pour construire un algorithme de

5 : Muguet tardif

Page 13: Blablas - savoysky.pagesperso-orange.fr IV (WEB).pdf · Le Lion tint conseil, et dit : Mes chers amis, Je crois que le Ciel a permis Pour nos péchés cette infortune ; Que le plus

13

calcul itératif par récurrence. En deuxième je ne sais

pas, c’est peut-être un peu tôt. Je n’ai guère l’expé-

rience de l’enseignement secondaire ayant uniquement

enseigné à des élèves sixième année après le bac.

Cela étant les cas concrets m’ont surpris : des

énigmes tirées vraisemblablement de bouquins de ma-

thématique amusante. Bon acceptons le choix des sujets

que personnellement je ne trouvais, jeune et aussi plus

tard, que dans des livres pour distraire des matheux

ayant un minimum d’entraînement ; les livres

d’Édouard Lucas par exemple, professeur de l’Univer-

sité Li-Sou-Siant, traduisez le calembour, Saint Louis,

le lycée bien connu où il enseigna en classe de mathé-

matiques spéciales à la fin du XIXe siècle ; notez qu’à

cette époque la mathématique n’était pas encore une et

indivisible., donc « s » du pluriel.

Mais alors, ensuite je rouspète. J’apprends qu’il

n’a jamais été présenté en classe comment résoudre

classiquement un système de « n » équations à « n »

inconnues par substitutions successives. C’est le b-a-ba

! J’entends ensuite : « récurrence, kécékça ? ». Oups !

Glup…

Je récupère en vous racontant mes malheurs de

Papy d’un autre âge, avant de professer ; je ne sais pas

encore comment, en respectant forcément la distancia-

tion antivirale que Monsieur Notre Président nous or-

donne. Quatre heures de

TGV, ce n’était tout de

même pas une affaire, et

il y a de bons restaurants

à Nîmes, et le gamin, le

Papa, a du Jack Daniel’s

dans ses réserves. Zut

alors. Après ma décon-

venue de ma cardiologue

qui ne consulte pas en fin

de semaine, où va-t-on ?

Vite un gilet de couleur

de la fleur dont c’est la

fête ces temps-ci, il doit

y en avoir plein dans les

hauteurs ; à Liézey par

exemple, là où autrefois

je demandai la permis-

sion d’en cueillir ; réponse du pépère propriétaire du

champ :

« Vas-y mon gars, ça donne la colique à mes

vaches… »

Ouf ! Cela fait du bien de causer. Que Dieu me

guide pour la suite !

26 avril 2020

Vers quel confinement ?

« Rien ne se perd, rien ne se crée, tout se trans-

forme. »

Vieille sentence du chimiste Lavoisier, certain

de ce qu’il racontait, avec en revanche le rappel de

l’existence d’un certain principe d’incertitude du

physicien Heisenberg, certain de son incertitude.

Ces hautes considérations philosophiques étant

bien présentes dans vos esprits, sans maux de tête je

l’espère, il reste qu’en assistant hier à un service fu-

nèbre grâce à une vidéo-réunion, je me posai hier cette

question…

« Déconfinement ou reconfinement ? »

Je suis croyant mais bourrés d’interrogations !

Notre esprit est confiné dans notre corps mortel. Pro-

testant j’écoutai le pasteur parler de l’au-delà, prudem-

ment… Alors quand Dieu le décidera, et cela approche,

quid de mon esprit ? Libéré, comment ? Reconfiné,

comment ?

Lavoisier et Heisenberg me donnent conjointe-

ment une réponse sans en être une :

« Reconfiné puisque rien ne se perd, mais cer-

tain d’être incertain. »

Ah mais ! Ce sera tantôt l’heure du liquide am-

bré venant du Tennessee, vous voyez ce dont je parle ?

Rien de philosophique et la certitude que rien ne sera

perdu contenu du flacon !

3 mai 2020

« Stat. » confinée

Pas le temps d'écrire :

transformé en professeur de

math à distance ; 17 pages de

cours de "stat." avec exer-

cices à expliquer. Formules

de calculs (ex. : variance)

données sans trop d'explica-

tions parfois aucune, français

incertain, etc. !

Je commence à com-

prendre pourquoi beaucoup

de jeunes "décrochent" ; ils

sont confinés, puisque le mot

est à la mode, dans un sys-

tème éducatif qui me décon-

certe. Bon, bref ! Expliquer à

un jeune en 2e un cours de

"stat." que j'étudiais naguère

en cours de certificat de licence, j'en suis "paf" ! Et à

500km ! Je voudrais remplacer le père qui crapahute

en Centre Afrique mais je suis confiné comme tous,

donc pas moyen d'aller à Nîmes pour me transformer

en prof. ! Et prendre du poids en raison des "petits plats"

de ma belle-fille qui sait cuisiner.

J'ai déjà eu la permission de mon fond de verre

de Daniel's (Jack) hebdomadaire, alors une semaine

avant de pouvoir me remettre des "stat." ? Survivrai-je

? Les exercices de "stat" autrefois : uniquement des cal-

culettes à manivelle qu'on se partageait. "pc" et "mo-

biles" avec calculette ? On ne savait même pas que cela

existerait un jour… Je survécus. Alors j'ai bon espoir

pour cette semaine.

" R'voyure, meufs et mecs!" c'est-y pas dans le

vent, cool et zen les aminches ? À + !".

6 : Jardin déconfiné

Page 14: Blablas - savoysky.pagesperso-orange.fr IV (WEB).pdf · Le Lion tint conseil, et dit : Mes chers amis, Je crois que le Ciel a permis Pour nos péchés cette infortune ; Que le plus

14

4 mai 2020

Muguet confiné.

Désolé d’arriver tardivement.

Vivant sur un balcon, je fleuris comme Dame

Nature le décide. Je suis bien ouvert depuis hier, alors

j’arrive. Je ne vois aucun frère dans le parc en dessous

et dans les jardins sur le toit du magasin en face. Quant

au fleuriste, il est fermé. Je suis seul ! Heureusement

mes deux patrons me chouchoutent. Le patron lui, rous-

pète : son aide-ménagère lui téléphone que le muguet

de son jardin a bien fleuri à la date convenue ; mais à

Thaon à 450 km de mon balcon…

5 mai 2020

Pleurnicheries…

Demain le déconfinement : Les pleurnicheries

commencent ! Quid des transports ? Des prêts ban-

caires ? De ce qui nous attend ? Du pas joli, joli, etc.

Les transports en commun constituent un milieu

favorable à la propagation du virus. Le port du masque

réduit le risque de propagation. Ce n'est pas seulement

favorable pour les autres ce l'est réciproquement pour

soi quand c'est l'un des autres qui est porteur du virus.

L'augmentation du coût des prêts bancaires ? Voire...

La situation est tentante pour les banques, elle ne l'est

pas politiquement car elle freinerait la reprise écono-

mique. Ce qui nous attend n'est certainement pas joli,

ce que nous vivons l'est moins. Mais, comme en phy-

sique, un changement d'état présente toujours des

oscillations en période transitoire : des hauts et des bas

éventuellement malheureux si excessifs.

Donc : "profil bas !"... On a déjà vu cela en 44-

55 et 46 ! Et en 60 !

10 mai 2020

Déconfiné !

Je parle de mon jardin.

Car je suis toujours tenu à distance de mon jar-

din. Régulièrement entretenu par un aide à domicile, le-

quel en ce moment ne sais plus où donner de la tête, je

devrais dire : de la tondeuse et du sécateur… Et moi je

suis tenu à distance.

La nature déconfine ! Voyez le gazon, non,

l’herbe folle ; encore un peu de patience et ce sera la

fenaison, j’aurai de quoi nourrir mes vaches cet hiver

prochain, mais je n’ai pas de vaches. Monsieur Notre

Président n’a pas songé à cela ! Ce n’est pas sérieux !

Vous en convenez, n’est-ce pas ? Et l’arbre qui n’a pas

été élagué ! Il n’a qu’une tête et ne peut pas penser à

tout ? Mais il a plein de penseurs annexes à sa disposi-

tion, alors à quoi pensent-ils, bien payés comme ils

sont. Vivement le prochain grand débat qu’on parle en-

fin un peu de toutes ces pauvres vieillasses dont je suis

qui ne peuvent plus faucher leurs près et engranger

leurs foins, ni couper du bois, ni – j’allais oublier – cou-

per leur muguet, car il y a du muguet ! Pour le vendre

évidemment ! En mai on a le droit, tous les jours,

j’ignore ce que signifie : premier. J’aime râler, autant

que ceux, à mentalité de tarentule hépatique dont c’est

quasiment la profession qu’on voit parfois dans la rue

quand ils ne sont pas confinés. Etc. Pfuuuuu… Je m’es-

souffle…

C’était mon petit quart d’heure de déconfine-

ment cérébral, déraison fait trop passéiste désormais.

11 mai 2020

?

Marie Paule ne répond pas au téléphone. Marie

Jo s’inquiète…

Difficile de répondre. Si j'étais à Thaon je tente-

rais de m'informer sur place ; mais je suis à Vincennes

! Marie Paule doit avoir de la famille à proximité qui ne

la laisse pas seule ; je pense que sa parenté doit télépho-

ner régulièrement pour vérifier comme beaucoup de fa-

mille le font avec leurs anciens, surtout durant ces der-

nières semaines. Je me permets de donner ce détail car

c'est mon cas, j'ai peu de différence d'âge avec notre

doyenne ; je reçois fréquemment des appels du genre :

Papy, ou Tonton, tout va bien ?

5/5 ! Je suis toujours vivant.

Ce qui me fait penser que je devrais communi-

quer le numéro de Marie Jo à l'un ou l'autre de mes ho-

norables correspondants dans le cas, qui finira tôt ou

tard par arriver, où je ne décrocherai pas.

11 mai 2020

7 : Anniversaire, 11 mai 2020.

Page 15: Blablas - savoysky.pagesperso-orange.fr IV (WEB).pdf · Le Lion tint conseil, et dit : Mes chers amis, Je crois que le Ciel a permis Pour nos péchés cette infortune ; Que le plus

15

Pas de panique ! Marie Paule, un peu cafar-

deuse, se confine simplement chez son fils…

Confiné en mer ou à terre…

Sans trop savoir par qui, pour quoi, et com-

ment !!

Veille du 13 mai 1958…

Qui s’en souvient ?

Nonobstant ce fut le point de départ d’une pan-

tomime durant laquelle le peuple souverain eut le loisir

d’admirer ses élus se chamailler à qui mieux mieux

pour conserver leurs précieux droits acquis en dépit du

coup de semonce du commandement militaire en Algé-

rie, las d’être chapeauté par cette gens inconséquente.

La nécessité d’un coup de balais en haut lieux nécessita

la poigne d’un sacré bonhomme… Néanmoins ce n’est

pas de cette histoire dont je veux parler : je me conten-

terai de relater au jour le jour les bricoles qui saupou-

drèrent alors de fantaisies l’existence de quelques

jeunes de ce peuple souverain ballotté de droite et de

gauche…

Jeunes, membres d’un club de vacances offertes

par le gouvernement, invités à profiter de cette largesse

de l’autre côté de la Méditerranée, côté néanmoins en

France, vêtus, logés, nourris et tout et tout… De la vraie

et bonne organisation.

Paf ! Coup de gueule de chefs militaire ! Paf !

Coup de gueule de pantins élus confinant les militaires

déjà en Algérie là où ils étaient, donc en Algérie, et

ceux qui n’y étaient pas là où ils étaient…

Vous y comprenez quelques choses ? Non !

Soyez rassurés, les jeunes gens dont j’étais : pas plus !

Donc pour rester simple, je me trouvai confiné à

Marseille avec les copains. Crise qu’il est permis de

considérer comme cocasse, avec l’éloignement du

temps… Elle vaut « son pesant de cacahuètes » que je

vous livrerai au jour le jour en petits cornets.

Pour l’instant, on ne se doutait de rien, canton-

nés dans une sorte de lazaret minable nommé « Camp

Sainte Marthe » par notre Armée de l’Air. Un service

minimum consistant à attendre les appelés débarquant

à la gare Saint Charles, à les amener dans le lazaret, à

produire la paperasse ad hoc et c’était tout, le reste étant

l’affaire des permanents du lazaret.

À suivre donc…

12 mai 2020

Au soleil…

La journée du 13 mai débuta comme à l’accou-

tumée. Nous étions une vingtaine d’aspirants, issus de

la Base École 720 pour notre formation générale et de

quelques autres selon les spécialités. C’est ainsi qu’au

sortir de la Base de Caen j’étais devenu mécanicien au

Bourget du Lac, spécialisé en armement à Rochefort.

En dépit de mon classement me permettant de choisir

une affectation en Métropole, je choisis l’Algérie fran-

çaise sans connaître ma destination exacte. Ce matin-là

j’attendais donc à Marseille avec mes camarades notre

embarquement vers Alger, chacun avec une section de

jeunes appelés.

L’Armée de l’air effectuait deux incorporations

d’appelés chaque année ; ces jeunes gens devaient subir

durant un mois, une première formation destinée à leur

inculquer les bases de la vie militaire. Chaque Aspirant,

frais émoulu, recevait ainsi la mission d’encadrer et

d’éduquer une section du nouveau contingent avant son

affection selon sa spécialité.

Le Camp Sainte Marthe était organisé pour ac-

cueillir les militaires de notre Armée de l’Air en transit

à Marseille, venant ou allant vers une destination outre-

mer, à cette époque essentiellement l’Algérie. Deux

fois par an cette base devait faire face à un pic d’acti-

vité : recevoir des libérés du service actif et assurer

leurs acheminements de retour, recevoir les appelés, les

équiper et les expédier de l’autre côté de la Méditerra-

née. Un colonel et une poignée de cadres géraient tout

cela ; tous proches de la retraite, c’est l’impression que

j’en conservai après mon passage dans cette base. Les

méchantes langues assuraient qu’en dehors de la pêche

à la rascasse, ils n’avaient pas grand-chose à faire… En

toute honnêteté lors de l’arrivée de jeunes appelés du

contingent semestriel ils n’avaient guère le temps de

préparer leurs bouillabaisses, surtout le coiffeur…

Les Aspirants, eux n’avait véritablement que

peu d’activité : on se partageait le travail pour accueillir

les arrivants à la gare Saint Charles et effectuer la pa-

perasse d’incorporation. Tous issus de l’Université ou

d’une Grande École on savait s’organiser pour effec-

tuer efficacement et surtout rapidement ce que nous

considérions comme une corvée sans intérêt.

9 : Club Sainte Marthe.

9 : Carpe Diem !

Page 16: Blablas - savoysky.pagesperso-orange.fr IV (WEB).pdf · Le Lion tint conseil, et dit : Mes chers amis, Je crois que le Ciel a permis Pour nos péchés cette infortune ; Que le plus

16

Rapidement car il y avait les calanques pas loin,

la mer, le soleil, etc.

Image de notre confinement provisoire, en de-

hors de la corvée quotidienne…

On savait que cela ne durerait guère plus d’une

semaine ! Le temps de remplir un bateau avec de jeunes

recrues et des bateaux pour Alger, il y en avait prati-

quement un chaque jour.

Carpe diem !

À suivre.

13 mai 2020

13 mai 1958

Il existe toujours des différences dans un groupe

d’individus, réunis par le sort pour n’importe quelle rai-

son ; il en était ainsi pour notre groupuscule d’Aspi-

rants.

Un Aspirant, à cette époque devait être totalement pris

en charge par l’Armée. La solde ? Six mille francs an-

ciens permettant de faire face à quelques impedi-

menta… Ce n’était pas grand-chose, la solde d’un sous-

lieutenant était dix fois plus élevée avec évidemment la

nécessité de subvenir de manière autonome à tous les

frais de l’existence ; soixante mille francs mensuels, par

la suite je constatai vite à Alger que ce n’était pas

l’abondance, il en restait peu après déductions du loge-

ment et du mess. Revenons à Marseille.

Nous avions un camarade, héritier d’une entre-

prise au Maroc, sans fin de mois problématique. Marié,

son épouse le suivait avec la voiture dans ses différentes

affectations, toujours logée dans un bon hôtel. Bien évi-

demment, à Marseille, on s’entassait dans sa voiture

pour aller faire trempette dans les calanques. Autre

avantage insoupçonné jusqu’alors, le copain ayant une

existence ordinaire hors du camp Sainte Marthe, était

toujours au courant de tout.

Le 13 mai, arrivant pour son service dans le

camp, il nous informa des événements d’Alger ; on sa-

vait depuis quelques temps que cela chauffait sous la

marmite mais ce jour-là, le couvercle basculait. Quoi

exactement ? Nous étions encore dans le flou.

Le « Colon » nous réunit. « Pépère », c’était son

style tint à peu près ce discours :

« Jeunes gens, ça chauffe ! Il y a embargo pour

Alger, je ne peux pas vous embarquer, vous êtes

bloqués à Marseille. Les recrues restent également,

mais d’autres continuent d’arriver, je ne sais pas où les

mettre… etc. Débrouillez-vous pour vous loger… »

Fichtre ! Le copain, nanti d’une épouse et d’une

voiture avait déjà sa solution, ce qui nous permit d’en

connaître immédiatement le prix. Bon, l’Armée, c’est

ainsi, il faut savoir s’adapter.

Heureusement, il n’y avait pas que des mécani-

ciens ne connaissant que la mécanique dans le lot. Soit

! Nous étions en majorité et il y en avait même un qui

savait -en principe - amorcer et désamorcer le cas

échéant les pétards les plus usuels, votre serviteur. Ce-

pendant il y avait en plus, parmi nous, un gaillard sor-

tant d’une école de commerce. Il fut vite expédié en re-

connaissance du marché immobilier Mareillais ; Il en

revint avec une solution !

Marseille a ses bas-fonds ; ces bas-fonds ont

leurs hôtels spécialisés, éventuellement pour les

passes… Une vingtaine d’Aspirants cherchant à se lo-

ger durant plusieurs jours : une aubaine pour le tenan-

cier ; on dit : « tôlier », je crois. J’ignore comment cela

fut négocié mais nous pûmes nous offrit ce luxe avec

nos six mille « balles » et quelques bricoles venues du

fond de nos poches ! Quelques recrues en surnombre

purent ainsi occuper nos « pieux » dans le camp, les

autres sur des paillasses, au sol… Les presque officiers

se logeaient chez l’habitant.

Semaines payables d’avance, évidemment. Les

chambres non moins évidemment n’étaient pas garnies

mais ce détail n’était pas le but de la manœuvre…

Nonobstant derechef, carpe diem ! Grands évé-

nements à Alger, petit train-train comique à Mar-

seille…

14 mai 2020

Fin du confinement. Marseillais

À l’époque dont je parle, quelques semaines

d’instruction de base suivaient l’incorporation. Durant

ce laps de temps les recrues restaient strictement confi-

nées dans leur caserne et terrains de manœuvre. Le con-

finement cessait dès lors que les « bleus » n’étaient plus

des bleus, autrement dit dès lors que la hiérarchie mili-

taire les considérait comme sortables.

Or le camp Saint Marthe était saturé par près de

huit cents nouveaux pas du tout sortables ! J’ajoute les

Aspirants affectés en Algérie, quelques Sous-Officiers

de retour de permission obligés de patienter là, enfin un

Capitaine également en transit lequel avait saisi une oc-

casion de relancer notre acheminement.

L’occasion était facile à comprendre. Un bâti-

ment de la Compagnie Paquet, la « Koutoubia », venant

de Casablanca, se préparait à y retourner, les liaisons

avec le Maroc n’étant pas proscrites. Le Capitaine, par-

faitement en harmonie avec l’état d’esprit dissident agi-

tant notre hiérarchie militaire à Alger, était allé visiter

le Commandant du SS Koutoubia ; il rencontra, heu-

reuse surprise, un Officier empreint de la même harmo-

nie. Les deux compères scellèrent vite leur accord : em-

barquons toute la troupe confinée à Saint Marthe, on

10 : Service astreignant.

Page 17: Blablas - savoysky.pagesperso-orange.fr IV (WEB).pdf · Le Lion tint conseil, et dit : Mes chers amis, Je crois que le Ciel a permis Pour nos péchés cette infortune ; Que le plus

17

verra bien ensuite quoi en faire à Casablanca ! Je pense

que les liaisons avec le Maroc, tout en restant libres

souffraient néanmoins brutalement d’une désaffection

de leur clientèle, inquiète des turbulences agitant l’Al-

gérie voisine. Bonne affaire donc pour la Compagnie

Paquet de remplir ses cales en plus de ses cabines subi-

tement boudées. Le profit rejoignant l’idéologie, le de-

voir devenait évident : voguons de concert vers «

Casa !

Rien d’évident cependant pour les « Aspis » face

à leur responsabilité réapparue en quelques minutes :

encadrer une troupe, un troupeau plus objectivement,

d’hommes sans éducation militaire, totalement hétéro-

clite, géographiquement, intellectuellement, sociale-

ment, professionnellement, etc., toutes ces choses en «

- ment- « que vous souhaiteriez ajouter.

Mon incorporation avec le grade d’Aspirant me

valut le privilège d’être après le Capitaine, le plus an-

cien dans le grade le plus élevé. Je fus donc « C2 » de

la troupe ; en conséquence le « C1 » refila les jours sui-

vants à son subalterne toutes les petites corvées l’en-

nuyant, quelques joyeusetés que je vous conterai au fil

du voyage en vue.

Dans l’immédiat, il fallait prendre en main cette

roupe absolument invraisemblable. Presque huit cents

garçons extraits de leurs milieux familiers, voire de

leurs familles, certaines avec femme et enfants, pour un

service républicain dont on savait tous qu’il serait long.

Imaginez maintenant un autre garçon à peine plus âgé,

correctement habillé ce qui n’était pas leur cas, venant

leur donner des ordres dont ils ignoraient la finalité. Les

grades ? Peu savaient les reconnaître. Fallait donc ex-

pliquer, comme ça, au pied levé !

Leur premier contact avec l’armée les déconcer-

tait. Le camp sainte Marthe était propre mais vétuste et

mal équipé ; donc mauvaise impression à l’arrivée pour

n’importe lequel de ces jeunes.

La distribution des tenues était choquante : des

uniformes rarement neufs, généralement usés, rapiécés

plus ou moins nettoyés ; ils revêtaient les jeunes pour

leur traversée pour être échangés de l’autre côté contre

des vêtures de meilleure qualité et revenir plus tard sur

le dos des libérés et ainsi de suite. Je reçu ainsi moi-

même une tenue d’été dont les jambes du pantalon

n’avaient pas la même teinte sur toute leur longueur car

rapiécées… Cela ne m’émut guère car j’étais au courant

de cet usage de magasiniers d’une armée budgétaire-

ment pauvre. Les bleus l’ignoraient, alors troquer leurs

habits civils contre ces oripeaux fut totalement décon-

certante. Le passage chez le coiffeur n’améliora pas le

moral de ceux dont la coiffure nécessitait d’être recti-

fiée règlementairement.

La découverte de la vie militaire avait parfois

des aspects cocasses ; ceci je l’ai vu : on remit aux bleus

des gourdes et des quarts ; petits équipements tous de

récupération et pas nettoyés ! Comment les décaper ?

Une seule solution : frotter avec le seul matériau dispo-

nible, le gravier des allées du camp ; elles devinrent ra-

pidement toutes très propres… J’ignore s’il en fut de

même des quarts. Culturellement notre troupe était un

échantillon remarquable de la population française ;

11 : La Koutoubia

13 : By Marseille!

13 : Gibraltar.

Page 18: Blablas - savoysky.pagesperso-orange.fr IV (WEB).pdf · Le Lion tint conseil, et dit : Mes chers amis, Je crois que le Ciel a permis Pour nos péchés cette infortune ; Que le plus

18

j’eus les jours suivants la possibilité de mieux connaître

les trente jeunes de ma section ; une palette remar-

quable allant de l’analphabète à l’instituteur. Sociale-

ment l’échantillon aurait certainement passionné un

spécialiste. N’ayant pas cette qualité, je me borne à re-

later un cas exceptionnel : l’un des bleus -18 ou 19 ans

- se présenta avec un rapport de gendarmerie attestant

son existence en concubinage notoire avec une veuve,

mère de six enfants, dont il était le seul soutient… Le

règlement était net : renvoi immédiat dans son foyer.

Bien…

Maintenant, tout ce petit monde, il fallait l’ame-

ner sur le port, le faire monter dans un bateau et l’y ca-

ser dans la soute aménagée à cet effet, sorte de qua-

trième classe ! Il fallait également lui présenter son fu-

tur dans les trois jours à venir, jusqu’à Casablanca. Pas

facile tout cela. En 57 ou 58, cela devient un peu flou

dans ma mémoire, des jeunes se couchèrent sur les rails

de je ne sais plus quelle gare pour bloquer un train vers

Marseille, chargé d’un contingent de recrues destinées

à l’Algérie. Imaginez l’inconfort de quelques « Aspis

bruts de décoffrage » chargés d’amener à la manœuvre,

dans un inconfort total, une troupe chargée d’une telle

mentalité ! Heureusement l’absence de cohésion entre

ces jeunes rendait passivement obéissante cette petite

troupe de rouspéteurs.

15 mai 2020

Embarquement.

Ce fut une surprise…

En transit à Marseille dans l’attende d’un ache-

minement vers l’Algérie, le Colonel, commandant le

camp Sainte Marthe nous apprends inopinément un

beau matin que toute notre troupe était désormais mise

à la disposition de la base aérienne de Marrakech, em-

barquement le plus tôt possible sur le SS Koutoubia de

la Cie Paquet, pour un départ dans l’après-midi vers Ca-

sablanca.

Exécution !

Le Capitaine qui avait

organisé ce départ, disons

précipité, en outrepassant

l’embargo nous retenant à

Marseille, nous donna ses ins-

tructions pour l’embarque-

ment. Le Colonel qui avait

l’habitude de ces choses-là en

général et des transports en

commun dans Marseille en

particulier, ajouta les siennes

pour nous expédier vers le

port, tout heureux de nous

voir partir; les bus étaient là !

« Va pouvoir retourner

à la pêche, le Vieux »,

entendis-je ronchon-

ner mezza-voce…

Fort heureusement

nous avions veillé au respect d’une consigne perma-

nente dans cette base de transit : les baluchons ou can-

tines toujours prêts pour un départ.

Cependant c’était rapide, précipité ; en fait je

compris par la suite que notre Capitaine et le comman-

dant de la Koutoubia voulaient ainsi prendre de vitesse

l’autorité civile qui veillait à ce que l’embargo soit scru-

puleusement respecté.

« Qui est le plus ancien ? »

14 : Au large de l’Espagne.

15 : Tanger, camelots.

Page 19: Blablas - savoysky.pagesperso-orange.fr IV (WEB).pdf · Le Lion tint conseil, et dit : Mes chers amis, Je crois que le Ciel a permis Pour nos péchés cette infortune ; Que le plus

19

Je me présentai…

« Lieutenant, veillez à ce que le courrier soit

distribué avant de quitter Marseille ».

Une seule certitude : je devais découvrir le tra-

vail postal ; or le vaguemestre ainsi que les postiers

n’étaient pas, de toute évidence, en permanence à la dis-

position d’un bonhomme dont ils ne soupçonnaient

même pas l’existence à l’instant. Le temps de confier

ma cantine à deux recrues, deux « instits » qui m’inspi-

raient confiance, je harponnai le vaguemestre pour nous

rendre illico de concert à la Poste. Quelques explica-

tions, attente un peu longuette, ma visite étant « avant

l’heure » et retour au bercail, désormais le bateau.

Surprise, tout le monde était à bord, ma cantine itou ; le

Commissaire de bord installé à l’entrée me précisa, iro-

nique, qu’on n’attendait plus que moi ; c’était un peu

vrai.

Je raconte cela rapidement, car dans ce remue-

ménage, tout s’accomplit si prestement que je ne con-

serve qu’un souvenir flou de la chronologie exacte des

faits ; toutefois c’est bien à bord que je distribuai le

courrier ; pas facile, c’est grand un bateau et pas moyen

de former le « carré » pour ce genre de circonstance.

J’eus tout de même la possibilité de rejoindre les

copains pour admirer le largage des amarres et la sortie

du port… Peu de civils ! Un vrai transport de troupe.

Non : une base aérienne flottante sans aéronef.

Confinés à bord !

16 mai 2020

Confiné en mer

La soudaineté de notre ordre de route et sa rapi-

dité d’exécution créa un risque de désœuvrement pour

toute notre petite troupe. Nous embarquâmes tous avec

un minimum de bagage : outre le paquetage militaire,

quelques vêtements civils et peu de choses autres.

Personnellement ma seule richesse était un ap-

pareil photographique 24x36 acheté à Marseille avec la

maigre cagnotte que j’avais conservée jusque-là, un

instrument de bas de gamme ; quittant pour la première

fois la métropole pour un séjour de longue durée dans

une contrée inconnue, j’avais ressenti impérieusement

la nécessité de me munir de l’essentiel pour conserver

quelques souvenirs de ce qui m’attendait. J’étais donc

« fauché » … En revanche je n’avais rien à lire et pra-

tiquement rien pour combler cette lacune… Toutefois à

bord d’un simple vapeur transformé en transport de

troupes les distractions étaient quasiment inexistantes ;

seule consolation : aucune raison de puiser dans mon

escarcelle quasiment vide. Mes camarades étaient tous

dans une situation identique aux détails personnels

près. En bref, en dehors de l’encadrement, très peu

d’activités en perspective. Quant aux « bleus » … Les

pauvres ! Même avenir immédiat mais entassés dans la

cale !

Eux, c’était bien plus grave. Irrités par leur dé-

plorable séjour marseillais, les conditions de voyage

qui leur étaient imposées ne pouvaient qu’aggraver leur

mécontentement. Parmi nos centaines de recrues ainsi

traitées, confinées sans aucun confort dans un espace

restreint, les idées ne pouvaient que fermenter ; en outre

l’effectif était suffisant pour que nous ayons, statis-

tiques aidant, la certitude de présences de quelques me-

neurs susceptibles de faire monter discrètement la ten-

sion dans la troupe.

Le seul remède : occuper inlassablement ces

jeunes gens. En situation normale l’instruction, alter-

nant sans relâche avec de classiques corvées, constitue

la thérapie. À bord avec en outre la présence continue

de civils, on fait ce que l’on peut : pratiquement pas

grand-chose ! Heureusement, en dépit de nos craintes

le périple fut relativement calme.

Et pourtant… attendez la suite !

16 mai 2020

Déconfinement à Tanger.

Quittant Marseille en fin de matinée, La Kou-

toubia navigua vers le Maroc en longeant les côtes.

Ce n’était certainement pas la route directe ; les rivages

espagnols, vus du large, sont bien pittoresques mais ce

n’était certainement pas pour nous offrir une balade

touristique. Aveu du Capitaine : notre départ fâche,

alors comme cela on évite un arraisonnement !

Donc, traversée tranquille, confortable pour les

cadres, bien moins pour les appelés. Fort heureusement,

en mer toutes les parties du bâtiment étant correctement

aérées grâce aux manches à air, personne, même dans

la cale n’eut à souffrir de la chaleur de plus en plus sen-

sible en descendant vers le sud.

Levé tôt, service oblige, peu après le passage de-

vant le rocher de Gibraltar nimbé de brume, j’eus la

possibilité d’assister à la manœuvre d’accostage dans le

port de Tanger. Rien d’extraordinaire mais en quelques

minutes le quai fut envahi de camelots plus bruyants les

uns que les autres. Les « bleus » émergèrent de la cale

pour se précipiter le long du bastingage la sortie à terre

étant proscrite ; les « bonnes affaires » commencèrent.

Du pittoresque : à deux reprises, je dus, privi-

lège du chef en second, me rendre à terre pour palabrer

avec la police présente pour garantir le calme et l’hon-

nêteté de opérations commerciales. Ce qui ne fut pas le

cas !

18 mai 2020

Marché déconfiné à Tanger

La Koutoubia immobile à quai, inévitablement

la température dans la cale sans ventilation augmenta

rapidement ; gêne supportable et limitée à la durée de

l’escale, néanmoins les « bleus s’égayèrent sur le pont

libre d’accès et bien aéré par un petit vent venu de je ne

sais où du large. Sur le quai, le raffut des camelots attira

inévitablement l’attention des passagers ; nos recrues

s’agglutinèrent le long du bastingage et très vite les

tractations se multiplièrent

Aucune illusion, ce qui s’étalait sur le quai

n’était probablement que pacotille, des objets

Page 20: Blablas - savoysky.pagesperso-orange.fr IV (WEB).pdf · Le Lion tint conseil, et dit : Mes chers amis, Je crois que le Ciel a permis Pour nos péchés cette infortune ; Que le plus

20

clinquants ; dans le cas contraire, sans illusion

également, mieux valait suspecter une origine douteuse

de la marchandise, voire carrément frauduleuse. Or la

plupart de nos jeunes devaient posséder un petit

viatique pour le voyage ; ajoutons que le sentiment

d’avoir l’occasion de faire une bonne affaire lorsqu’on

est malin sommeille toujours en chacun. Il n’en faut pas

plus pour amorcer les achats.

Le système des camelots était simple :

l’affaire se concluant, le vendeur lançait une corde vers

le bastingage permettant de hisser un couffin vers

l’acheteur lequel devait y placer le montant demandé,

ensuite le descendre vers le vendeur, enfin le remonter

avec l’objet convoité.

Quelle naïveté de procéder ainsi !

Oui, mais efficace ! Jusqu’au moment de la

première arnaque, vite constatée.

Nous étions quelques « Aspis » tentant de

calmer la fièvre de cet affairisme de mauvais aloi. Rien

n’y fit. Il y eut soudain une protestation véhémente,

l’acheteur n’ayant pas trouvé dans le couffin l’objet

convoité ; appel à l’aide de la victime qui nous montra

fiévreusement l’endroit où se trouvait l’arnaqueur, vite

disparu évidemment.

Bon, je descendis à terre pour protester auprès

des policiers ; la réponse fut évidente quoique

ironique : ce genre de commerce était autorisé, c’était à

l’acheteur d’être circonspect, enfin le voleur serait puni

à condition de le retrouver… Tanger est bien grand…

« L’ordre et la justice existent ici comme en

France, cher monsieur. »

Je retournai sur le pont, transmis la réponse de

la police à la victime qui reprit sa place contre le

bastingage en vitupérant.

Croyez-vous que ce petit monde se serait

calmé au vu de cette mésaventure ? Que nenni, les

marchandages continuèrent. Jusqu’à la réponse du

berger à la bergère…

20 mai 2020

Les marchandages continuèrent bon train…

Et soudain de vrais hurlements, de la hargne à

l’état pur proférée montant du quai ; coup d’œil ; des

poings se levaient, de l’agitation, bref cela

« chauffait » ! L’un des marins, de faction à la coupée,

vint demander l’Officier de service…

« Mon Lieutenant, la police veut vous

parler… »

Bon, faut y aller… Je compris immédiatement,

la naïveté était descendue à quai : dans l’échange

l’ordre des facteurs avait été inversé, un appareil

photographique était monté à bord, avant que son prix

n’arrivât à quai, mais pour disparaître immédiatement

avec son acheteur oublianr de payer, dans les entrailles

de notre navire.

Indigné le policier, indigné le vendeur en plein

délire !

Je rétorquai au policier que le vendeur avait

été trop naïf, que le fauteur serait puni et l’appareil

restitué si retrouvé, évidemment ; mais c’est bien grand

la cale d’un bateau !

Dépités, le policier et le vendeur s’en

allèrent ; il y eut des palabres assez frénétiques et puis

les camelots s’en furent ailleurs… Tout rentra dans le

calme et la cloche du déjeuner sonna, nous invitant tous

à quitter le pont. Je procédai néanmoins à une petite

enquête. Deux ou trois « bleus » me montrèrent leurs

achats, de jolis appareils photographiques acquis pour

des prix dérisoires. Ma conviction s’affirma : ce devait

être du matériel volé, fourgué là, sur le quai, à vil prix.

Les policiers se contentaient essentiellement d’être

attentif à maintenir le calme dans ce genre de

rassemblement de populace, sans trop s’appesantir sur

les petites magouilles s’y pratiquant.

Je me promenai un peu dans Tanger l’après-

midi. Ma seule visite sur la terre marocaine de toute

mon existence ! Dans la soirée, amarres larguées, retour

en mer pour une arrivée à Casablanca le lendemain

matin. Où nous constatâmes que notre passage à Tanger

avait été bien remarqué…

21 mai 2020

16 : Quelques pas au Maroc.

Page 21: Blablas - savoysky.pagesperso-orange.fr IV (WEB).pdf · Le Lion tint conseil, et dit : Mes chers amis, Je crois que le Ciel a permis Pour nos péchés cette infortune ; Que le plus

21

Confinement à Casa.

La nuit fut calme, le petit déjeuner tranquille et

nous accostâmes à Casablanca.

Je vous fais grâce des manœuvres, n’étant pas

marin, je n’y comprends rien ; en revanche je devais

veiller à ce que notre troupe soit prête à débarquer dès

que l’ordre en serait donné. Pas évident, il fallait être

certain que rien ni personne ne reste à bord.

Dans l’immédiat, aucun ordre de débarquer ! Je

vais aux nouvelles… Étonnant les passagers civils sont

toujours là et une foule s’agglutinait sur le quai. Je pars

à la recherche du Capitaine, le trouve et je reçois les

instructions pour la suite immédiate.

Pas simple ! Les fantaisies commerciales de la

veille furent un vrai spectacle. Des responsables poli-

tiques marocains en eurent vent et des syndicalistes tei-

gneux et francophobes déclenchèrent une grève du per-

sonnel portuaire ! Condition de la reprise :

« Exit les militaires ! »

Clair et net ! Des policiers en civil étaient en

haut de l’échelle de coupée pour nous interdire de fou-

ler le sol marocain. Mais il fallut toute la journée pour

établir un protocole permettant le débarquement des ci-

vils et du fret. Petit problème, huit cents bonhommes

pas prévus à ramener à Marseille cela prend de la

place ; on nomme cela de l’imprévu logistique qu’il fal-

lut régler pour satisfaire les dockers rouspéteurs. La lo-

gistique, que voulez-vous, c’est de la logistique tou-

jours dure… Mais c’était l’affaire des deux compères,

le Commandant de la Koutoubia et notre Capitaine, et

de quelques autres dont un Consul et je ne sais plus qui.

Les affaires de la veille remuaient du monde et du beau,

c’est selon les goûts, car la politique s’en mêlait.

Cependant pour le second du Capitaine, votre

serviteur, et ses copains s’occuper de la troupe qui n’y

comprenait rien et avait chaud dans la cale de nouveau

mal aérée, devint subitement la seule affaire sérieuse du

moment.

22 mai 2020

L’arrivée à Casablanca ne fut donc pas le terme

de notre traversée, seulement une escale de trois jours

précédant un retour vers le point de départ. La suite ?

Inconnue ! Situation embarrassante pour notre hiérar-

chie, acceptée avec plus ou moins de flegme selon le

grade chez les subalternes. Fort heureusement une brise

océane tempérait la température, surtout dans la cale. Il

était nécessaire d’occuper les recrues ; on y parvint et

l’équipage de La Koutoubia s’ingénia même à organi-

ser une séance de cinéma, sur le pont, la nuit tombée.

Les « Aspis » normalement placés en seconde, furent

contraints, les pauvres, à accepter de passer en première

pour les repas, l’afflux de passagers le nécessitant. Je

n’ai jamais trouvé mieux dans les mess… Notre service

nous laissa toutefois beaucoup de loisirs.

J’eus néanmoins un gros souci. Le Capitaine

m’avait demandé, dès le départ de contrôler régulière-

ment l’effectif ; outre des entrées et des sorties

régulières il y avait toujours le risque de cas d’indisci-

pline. Il est difficile de s’échapper d’un navire en mer

et à terre, là à Casablanca la passerelle était surveillée

jour et nuit par la police. Confinés ? Prisonniers, oui !

Mais sait-on jamais…

Surveiller l’effectif c’était simple. À l’heure des

repas nos recrues défilaient une par une devant un

comptoir pour recevoir leurs plateaux tels que préparés

par les cuisiniers, rapide et simple aucun choix n’étant

possible ; il suffisait de compter avec deux ou trois

d’entre nous immédiatement disponibles pour vérifier

éventuellement la présence dans la cale de tout absent

à la cantine ; avec le mal de mer c’était banalement pos-

sible ; mais curieusement cela ne s’est point produit.

Catastrophe ! Lors du comptage à Casablanca, il

17 : Exit ! Retournez chez vous !

18 : Confinement à Casa.

Page 22: Blablas - savoysky.pagesperso-orange.fr IV (WEB).pdf · Le Lion tint conseil, et dit : Mes chers amis, Je crois que le Ciel a permis Pour nos péchés cette infortune ; Que le plus

22

me manqua un homme ! vérification re-vérification,

rien à faire il m’en manquait toujours un. Appel normal

et on identifia l’absent. Évidemment j’en informai le

Commissaire de bord, j’en informai également les po-

liciers marocains en faction qui avertirent leur hiérar-

chie. Cela paraît risible mais un acte d’insubordination

est toujours envisageable, surtout dans nos conditions

de confinement à bord ; un coup de tête et s’éclipser

discrètement à la nage devait être parfaitement jouable

pour nombre de nos recrues.

Le départ était inéluctable et nous quittâmes Ca-

sablanca avec cette absence inexpliquée ; des compli-

cations en perspectives ! Et puis lors du premier dîner

après le départ, je parlai de cela à mes camarades, cha-

cun donnant son avis. Or, je vous rappelle que nous

étions dans le restaurant de première, en compagnie des

Officiers du bâtiment ; le médecin qui nous entendit in-

tervint :

« Mais j’ai débarqué une appendicite chez l’un

de vos jeunes à Tanger ! »

Ouf !

L’information qui

aurait dû circuler n’avait

pas circulé. Devenu mili-

taire patenté, Je n’en cher-

chai point les raisons et le

lendemain je régularisai ce

cas avec le Commissaire

de bord.

Enfin le surlende-

main, de très bonne heure,

nous débarquions à Mar-

seille.

Mais ce n’était pas

fini.

22 mai 2020

Confinement ferroviaire.

Je suppose que toutes sortes de chefs s’étaient

penchés sur notre sort. Je suppose également que la

qualité de la nourriture, à nous servie, préoccupât peu

notre hiérarchie militaire ainsi que d’autres éventuelle-

ment. Je vous rassure, en première ma fois ce fut excel-

lent, dans la cale, j’ai vu mais je n’ai pas goûté néan-

moins le peu de râleurs m’incite à penser que ce devait

être au moins supportable…

« La soupe est bonne ? »

C’est du folklore courtelinesque ! Un détail ri-

golo cependant…

Quelques semaines plus tard, quand toute cette

histoire fut calmée et votre serviteur affecté à titre pro-

visoire dans un service installé dans des écuries, oui,

bien connues, celles de Grand Roi, devant son modeste

château à Versailles, je profitai d’une permission de fin

de semaine en famille, la belle famille à Haguenau. Ma

future belle-mère qui avait le sens de l’humour, me ra-

conta que sa grande amie, ma mère, avait été rongée par

l’angoisse de me savoir sur la Koutoubia, dont le

ridicule transport de troupe avait eu les honneurs de la

presse !

« Mon pauvre gamin, mais il doit mourir de

faim ! »

Grande fut la difficulté de la convaincre d’aban-

donner son obstination à me faire parvenir des con-

serves… Des sardines qui prennent peu de place et sont

nourrissantes… Ma pauvre mère ! Elle ignorait que la

Compagnie Paquet traitait ses passagers en première

avec délicatesse, avec du caviar, un bon aspect de ce

voyage fou.

Bon, revenons à l’important. Nos chefs s’étaient

occupés de notre sort et on nous attendait à Marseille

sur le quai où nous débarquâmes rapidement. Des bus

nous attendaient et la suite était bien organisée. Un

vingtaine d’« Aspis » chacun avec une section - il ne

manquait qu’une recrue et j’avais suffisamment souf-

fert pour en être certain et de plus savoir où elle était -,

reçurent chacun un ordre de route vers une destination

en métropole.

En ce qui me concernait et cinq de mes cama-

rades avec nos sections,

nous fûmes immédiate-

ment conduits dans une

vague gare de la banlieue

marseillaise, un convoi

spécial nous y attendait

pour nous mener jusqu’à

Toulouse. Trois sections

dont la mienne étaient af-

fectées à Toulouse même,

les trois autres devant con-

tinuer avec un train régu-

lier vers Bordeaux.

Plus ancien dans le

grade, refrain sempiternel,

j’eus l’honneur d’être chef de train ! On me refila, avant

le départ une enveloppe scellée contenant les livrets mi-

litaires des six cadres, ceux de la troupe n’existant pas

encore ou étant ailleurs, je n’ai jamais su… Il revenait

aux services des effectifs des bases qui allaient nous re-

cevoir, de se débrouiller à ce sujet.

Et ce n’est toujours pas fini…

23 mai 2020

Tout le monde en voiture !

Six aspirants et six sections d’environ trente ap-

pelés chacune ; des appelés n’ayant même pas un mois

d’ancienneté militaire, laps de temps vécu dans des

conditions lamentables, mal nourris la plupart du

temps, mal logés tout le temps, désœuvrés et compre-

nant peu ce qui leur arrivait ; à ce propos nous n’en sa-

vions guère plus.

Tout ce petit monde chargé dans un train, lesté

sans excès d’un en-cas matinal et d’une boîte de con-

serve individuelle, héritière de la fameuse ration « K »,

pour le trajet sachant qu’il se prolongerai tard, loin dans

la nuit ; aucune urgence, alors notre convoi serait

19 : Toulouse Francazal

Page 23: Blablas - savoysky.pagesperso-orange.fr IV (WEB).pdf · Le Lion tint conseil, et dit : Mes chers amis, Je crois que le Ciel a permis Pour nos péchés cette infortune ; Que le plus

23

acheminé durant les créneaux laissés libres par le trafic

ordinaire… Un agent de la SNCF, au départ m’avait

prévenu du caractère inhabituel et improvisé de notre

convoi donc sans horaire prédéfini.

Le train, comme un bateau, tant que cela se dé-

place difficile de s’en échapper. Mais notre train aurait

certainement des arrêts et je ne me faisais guère d’illu-

sion : six aspirants pour assurer un minimum de disci-

pline dans ce train rempli de « bleus » sans instruction

militaire et empreints de rancœur contre l’armée, nous

aurions tôt ou tard des problèmes.

Le train avait une composition simple : une voi-

ture de 1ère au centre pour les cadres, trois voitures or-

dinaires devant, autant derrière. Je réunis mes cama-

rades dès le départ en leur indiquant que nous devrions

chacun surveiller une voiture à chaque arrêt éventuel

afin que nos « bleus » ne se dispersent pas. Peu d’illu-

sion à ce sujet également, un cadre par voiture, c’est

tout ce que nous pouvions faire mais chaque voiture

possédait classiquement une porte de chaque côté à

chaque extrémité ! Quatre au total ! On m’avait pré-

venu d’un arrêt au moins à Bézier pour un changement

de locomotive.

J’oublie nos livrets. Nous étions six, pour l’ins-

tant réunis ; mais ensuite, quelle répartition ? Nous en

serions informés à Toulouse. J’ouvris l’enveloppe scel-

lée et remis à chacun son livret, document essentiel de

son statut militaire. Petit fait ayant eu son importance

pour nous : le dernier « pailleux » chargé de les mettre

à jour, sans doute pressé par le temps dans la suite

ubuesque d’ordres et de contre-ordres que nous vivions,

avait sommairement mentionné les permissions accor-

dées avant nos mises en route vers l’AFN sur de

simples feuillets ; avec un ensemble touchant, les feuil-

lets disparurent… Belles mentalités, au pluriel car

nous étions six.

Béziers est proche…À tantôt pour le sac…

24 mai 2020

Béziers, Toulouse

Notre convoi n’était pas de première jeunesse ;

en 1958 la SNCF faisait encore rouler du matériel digne

de son futur musée à Mulhouse. Enfin, ce qui est visible

à Mulhouse est bien nettoyé, réhabilité si nécessaire,

propre à faire rêver des pittoresques voyages du passé.

Ce jour, 20 mai nous étions dans ce passé, le pays se

reconstruisait difficilement et ce matériel rescapé de la

guerre qui nous portait jusqu’à Toulouse en brinquebal-

lant était peu confortable ; nos « bleus » étaient encore

abrutis par leur réveil fort matinal en fin d’une mau-

vaise nuit de plus dans une cale inconfortable, le ventre

creux et le gosier sec ; en outre, le soleil chauffait…

Après un dernier cahot, le train stoppa en gare

de Béziers et rien ne pouvait s’opposer au déferlement

de nos recrues vers le buffet, par-dessus les quais et les

voies au mépris de la sécurité. Ce fut bien laborieux de

ramener tous ces jeunes gens dans leurs wagons ; le

2 Excepté le « restau » des premières, sur la Koutoubia.

calme revenu, une nouvelle locomotive en tête, l’agent

de la SNCF siffla le départ.

Enfin, tard dans la nuit nous arrivâmes à Tou-

louse-Matabiau dans une gare presque déserte excepté

quelques wagons de marchandises parqués là, le long

du même quai. Un spectacle comique nous attendait. Si

nos jeunes s’égayèrent immédiatement sur le quai, l’un

des wagons de marchandises, mal fermé sans doute per-

dait sa cargaison… de cochons ! Un bonhomme, com-

plètement paniqué nous héla, demandant notre aide.

Tout rentra dans l’ordre et un petit comité d’accueil

nous pris en charge.

Trois sections dont la mienne restaient à Tou-

louse pour être conduites à la Base Aérienne de Fran-

cazal, ce qui mettait fin à notre périple. J’eus néanmoins

une dernière corvée : dresser un état des lieux, je de-

vrais dire des wagons, avec un employé de la SNCF ;

désolant : certains de nos jeunes ayant abusé de bois-

sons alcoolisées achetées à Béziers s’étaient comportés

comme des vandales durant la dernière partie du

voyage. Flegmatique, le cheminot m’affirma que de

tels comportements dans ce genre de circonstances

étaient habituels… Hélas !

27 mai 2020

Confinement absolu

Je vous ai conté ce périple méditerranéen car, tel

que je m’en souviens encore, c’est un remarquable

exemple de confinement total.

Durant presque deux semaines, l’existence d’en-

viron cinq cents jeunes gens, chapeautés par quelques

autres jeunes à peine plus âgés, fut strictement conduite

dans un mépris absolu de leur volonté.

Venus de tous horizons, cette petite troupe fut

promenée de Marseille à Toulouse en passant par Tan-

ger et Casablanca, vêtements minables imposés, nour-

ritures2 comestibles sans plus imposée, logements

sommaires imposés, inactivité imposée… Somme

toute, de la marchandise, ni plus ni moins. Et pour-

quoi ? Pour rien ! Rien, absolument rien !

Durant plusieurs jours des politiciens magouil-

leurs s’agitèrent à Paris, perdant le contrôle de notre

pays donc leurs petits avantages, des militaires ayant eu

le courage de contester leur inconduite. Il fallut encore

plusieurs jours pour qu’un homme déterminé balayât

radicalement cette chienlit dont notre pays fut débar-

rassé durant quelques années, les fameuses glorieuses.

Le choc fut brutal, on en parle encore et nos jeunes éco-

liers ne connaissent que cela à travers leurs livres d’his-

toire.

Et dans le même temps une petite poignée de

jeunes devenus les aïeux des jeunes d’aujourd’hui, ces

aïeux vécurent, car ils étaient bien vivants alors, comme

de vulgaires marchandises inutiles, inertes, ballottées

dans l’ignorance quasi-totale de ce qui se passait…

Page 24: Blablas - savoysky.pagesperso-orange.fr IV (WEB).pdf · Le Lion tint conseil, et dit : Mes chers amis, Je crois que le Ciel a permis Pour nos péchés cette infortune ; Que le plus

24

Mésaventure qui n’intéressa personne à l’époque, par-

ticule de poussière dans notre histoire mais qui coûta

cependant quelque argent au contribuable qui ne s’en

aperçut même pas ; mésaventure qui continue toutefois

à barber tous ceux qui lisent ce que je raconte, j’en suis

désolé.

Mais il fallait que je raconte. Des magouilleurs,

virus de notre société moderne, se manifestent de nou-

veau, pleurnichant mais se bousculant pour remonter

sur leurs piédestaux et nous dire ce qu’il aurait fallu

faire s’ils avaient pu faire à la place de ceux qui ont fait

car élus pour faire ce qu’ils pensaient devoir faire. Vous

ne suivez plus ? Moi idem, mais c’est ainsi, le déconfi-

nement de mon cerveau reste à faire. D’accord, ce virus

chinois fut meurtrier, mais ce que je viens de raconter à

la suite d’autres souvenirs doit rappeler que notre so-

ciété a subi d’autres événements, parfois pires, dans le

genre privatif de liberté. Pires ? Entre autres, le virus

politicien et magouilleur de nouveau à l’époque dont je

viens de parler fut proportionnellement tout aussi meur-

trier dans la gens militaire que le « covid », une gens

militaire constituée, toujours à la même époque, majo-

ritairement et démocratiquement de civils confinés à

cet effet, ne l’oublions pas.

Déconfiné

Je suis à Thaon.

L’air y est vif et, avec un peu d’attention, la fraî-

cheur reste confinée à l’intérieur de la maison en dépit

de l’ensoleillement à l’extérieur.

Confinement ? Confinement ?

« Kécekça ? »

Personnellement je me suis posé la question

l’avant-veille du discours de Monsieur Notre Président,

pardon, devenu depuis quelques jours Monsieur-Bouc-

Émissaire des malheurs du pays de râleurs assez irré-

fléchis que nous sommes.

« Kécekça ? ». Donc, j’ai essayé de répondre

avec ce qui me passait dans la tête… Alors, blablas…

J’en ai rempli une soixantaine de pages que je vous ai

livrées. Furent-elles lues ? Un peu, selon quelques

échos que j’ai notés, merci Christophe.

Mon opinion affirme toujours que dans ce forum

de généalogistes, non seulement la généalogie clas-

sique y prend place, avec sa végétation, mais encore de-

vraient s'y ajouter les témoignages des feuilles contem-

poraines que nous sommes sur leurs existences quoti-

diennes. Ces écrits venant du passé nous font cruelle-

ment défaut à nous, les feuilles contemporaines, alors

donnons à lire à nos descendants !

Pierre, ton diagnostic je le conteste en ce qui me

concerne ; je suis souvent venu bavarder mais avec

l’impression de le faire dans le vide… Excepté

quelques excuses : occupée ou occupé à autre chose….

Je proteste ! J’en ai peu parlé mais en moins de deux

ans j’ai failli crever deux fois, récupéré sur le billard

juste à la sortie de l’ambulance ; néanmoins, même à

peine recousu, je suis toujours revenu ici pour bavarder.

Ma recette ? Comme naguère à l’époque du ser-

vice militaire consacré, pour ma génération à maintenir

de l’ordre : marche ou crève !

À ce propos on entend beaucoup de blablas en

ce moment sur la manière de maîtriser un individu re-

fusant d’obtempérer ; blablas proférés par de braves

gens experts en analyses abstraites, parfois revêtus de

belles robes écarlates toutes décorations pendantes…

Ont-ils travaillé, pour de vrai, les manières d’étrangler

ou de porter une clé de cou car ce n’est pas la même

chose ? La clé de cou… Ce n’est pas le larynx qui est

le plus en danger, mais les vertèbres cervicales, elles

rompent comme un rien ces petites choses. Les arts

martiaux, cela se travaille assidûment comme toutes

techniques ; nonobstant, sur le terrain, le policier réagit

avec ses réflexes qui restent des réflexes quel que soit

son entraînement et face à des adversaires agités, par-

fois n’importe comment si l'entraînement est insuffi-

sant, faute de temps… Alors la casse est inévitable.

Bon, je reviens à la généalogie…

Pour le témoignage de notre vécu… On a loupé

une belle occasion de témoigner sur ce que nous avons

vécu…

Dommage.

Mais j’oublie l’essentiel :

Il fait beau.

1er juillet 2020

Mots déconfinés

Je vous parlai avant-hier de mon habitude de

laisser ma télévision débiter sons et images sans y prê-

ter une attention particulière… J’écris ou je dessine ou

je m’occupe à autre chose, par exemple ranger la vais-

selle, passer l’aspirateur, bref du bien plus important

que les blablas portés par les ondes. Et soudain des

mots, pas une image, des mots attirant l’attention car

moins banals que le flot auquel ils sont mêlés ; avant-

hier j’entendis ainsi subitement réclamer le droit cons-

titutionnel de ne pas porter le masque. Ah ! Mais !

Bousculer nos droits constitutionnels, de quoi laisser

tomber la pile d’assiettes à peine sorties du lave-vais-

selle ! Peu après, hier dans l’après-midi, méprisant la

sempiternelle image des flammes dans la cathédrale de

Nantes, j’entendis soudain :

« … une nébuleuse anti-chrétienne… »

Des mots émis posément, calmement, émer-

geant clairement de fades blablas !

Je lève le nez, j’écoute et je regarde.

Ce n’était plus la cathédrale mais une table

ronde d’experts ou de généralistes. Vous savez : le gé-

néraliste, c’est celui qui ne sait rien sur tout et l’expert

celui qui sait tout sur rien… Au même instant l’identité

de l’intervenant défilait dans le bandeau disposé à cet

effet en bas de l’écran : un général chargé de la sécurité

civile, vraisemblablement au Ministère de l’Intérieur.

Pour une fois, un expert, ni journaliste, ni politicien,

dont il était permis de supposer qu’il connaissait non

Page 25: Blablas - savoysky.pagesperso-orange.fr IV (WEB).pdf · Le Lion tint conseil, et dit : Mes chers amis, Je crois que le Ciel a permis Pour nos péchés cette infortune ; Que le plus

25

pas tout mais de sérieuses bribes, non pas sur rien mais

sur une petite parcelle de notre société.

Du parler « vrai » ! Rare ! Et continuant dans la

même tonalité :

« … trois départs de feux, bien distants, dans

une église exceptionnellement fermée à clé, for-

cément, on se pose des questions… »

Hé ! Ho ! Ce n’était point Madame… - vous

vous savez à qui je pense - haranguant ses fidèles mais

un fonctionnaire de haut niveau, non un militaire de

notre Grande muette !

Ce franc parler me plut, et j’avoue, je pense

ainsi ; tout un chacun ne pense pas nécessairement à

l’unisson ou s’il est une autruche, pense qu’il est sca-

breux de penser ainsi. Une table ronde c’est comme un

forum, tout un chacun s’exprime librement sans peur ;

alors immédiatement dans ce cas précis, à moult re-

prises se bousculant, j’ouïs :

« Oui, oui, évitons les amalgames, attendons les

résultats de l’enquête… »

Commentaires courageusement prudents, édul-

corants, dirais-je si j’étais diplomate… 28 mai 2020

Confinement de déconfinement

Le gamin est de retour en France depuis ven-

dredi soir. Cinq mois de service, sept jours sur sept, en

République Centre-africaine, ce n’est pas du tou-

risme… On parle beaucoup de courageux de première

ligne contre le virus en ce moment, honorés le 14 juillet.

Ceux d’Afrique on en parle moins, dix-sept tués cepen-

dant… Bof ! ils sont payés pour cela me rétorque-t-on

lorsque j’en parle.

C’est du banal. Ce qui suit l’est moins…

Ce retour d’Afrique déjà retardé par la nécessité

d’attendre la relève retardée elle-même par je ne sais

quoi relatif au satané virus, se prolonge dans un camp

de confinement en Ardèche, tout le détachement, lé-

gionnaires et cadres.

Visites et contre-visites, beaucoup de précau-

tions… Personnellement je comprends cette nécessité,

les épouses et les enfants de ces hommes comprennent

moins facilement. Cela étant voici la cerise sur le gâ-

teau.

Ces militaires sont loin d’être des débutants, des

gaillards solides physiquement et mentalement, ayant

l’expérience de ce qu’ils ont vécu. Oleg par exemple en

est à sa cinquième campagne de plusieurs mois, en

Centre-Afrique après deux séjours au Liban, puis en

Irak et ensuite au Mali. Jamais de problèmes au retour.

Eh bien le gamin doit passer entre les mains d’un

psychologue pour se réadapter à la vie familiale !

Question :

Sur quelle expérience identique, personnelle-

ment vécue, le psychologue peut-il se référer pour con-

seiller ses patients ?

Aucune ? Cela risque de fâcher !

Même date

Révolution

L’Évêque de Rouen possédait une résidence

d’été : un magnifique château, construction de la Re-

naissance à Gaillon. L’autoroute passe à proximité et la

visite est bien tentante lorsqu’on se rend en Normandie.

La magnifique construction est en grande partie ruinée.

La Révolution est passée par là…

Le simple mot de révolution me hérisse le poil !

Ma famille souffrit de ce genre de tempête, morts, pri-

sons, séparations pour quels résultats ? Difficile de gé-

néraliser, mais très naïvement, de toutes ces événe-

ments que j’ai connus par la lecture de leurs histoires et

pour l’un de ce que ma famille vécut jusqu’à la chute

d’un mur misérablement célèbre, je retiens l’idée

qu’une classe dirigeante disparait au profit d’une autre.

Pour le reste… La populace, elle évolue comme elle

peut.

Nonobstant, il faut prendre aux riches et à

quelques autres pour créer quelques nouveaux riches.

En l’occurrence, à la fin du XVIIIe siècle on prit à

l’Évêque de Rouen une propriété pour la livrer à des

carriers. Le château de la Renaissance fut démantelé et

quantité de ses belles pierres bien taillées furent expé-

diées vers de nouvelles demeures ; dans ce courant, cer-

tains s’en mirent plein les poches, pas des pierres évi-

demment mais beaucoup d’espèces sonnantes et trébu-

chantes.

Bon, je dénigre… les révolutions ont parfois des

effets heureux ; à l’poque où les pierres changeaient de

propriétaires et d’affectations il en fut de même de

nombreuses bibliothèques quittant château ou monas-

tère pour enrichir écoles ou universités.

Conclusion de ces blablas : les pierres dans cette

image ne pouvaient pas servir à grand-chose, alors la

colonnade resta en place… Ainsi que quelques autres

gros morceaux, faute de temps suffisant pour les car-

riers !

J’avoue, ces jours-ci le temps est détestable en

Normandie, alors je suis de mauvais poil !

23 juillet 2020

Monnaie pas confinée

La monnaie européenne méprise le virus ! Du-

rant les journées de confinement, j’eus la curiosité

d’examiner quelques exemplaires de notre monnaie…

Il faut avouer que désormais, PayPal et autre officines

sur l’Internet via le portable ou le « laptop, la carte avec

ou sans contact, font que l’on oublie facilement au fond

des poches les menues pièces et piécettes qui y

échouent de temps en temps, rendues après un paiement

avec un billet pour un « petit noir » sur le « zinc » ou

toute autre bricole… pièces et piécettes passent de la

poche aux tiroirs et lorsque l’épouse n’est plus là et les

petits enfants sont au loin, un jour ou l’autre il faut net-

toyer, regrouper le tout dans une boîte en remettant à

plus tard, flemme oblige, la réponse à la question :

« Qu’en faire ? »

Page 26: Blablas - savoysky.pagesperso-orange.fr IV (WEB).pdf · Le Lion tint conseil, et dit : Mes chers amis, Je crois que le Ciel a permis Pour nos péchés cette infortune ; Que le plus

26

Il y a peu, le temps n’incitant pas à la prome-

nade, je m’amusai à regarder ces bouts de métal en es-

sayant de distinguer ce qui figure sous la crasse. Il faut

bien tuer le temps et la « téloche » n’ayant jamais mes

faveurs, je vidai la boîte…

Évidemment je ne trouvai pas dans la boîte les

belles émissions en argent ou en or, loin de là, mais s’y

trouvaient quelques commémoratives, Le « Grand

Charles », « François II » (Mitterrand) successeur du «

Premier » qui concocta un monument moins lourd que

ceux du suivant, je cite l’Édit de Villers-Cotterêts, im-

posant en particulier aux curés de tenir des registres pa-

roissiaux, etc… Et plus récemment le roi « Euro » pour

son dixième anniversaire, etc. Petits jalons de notre

histoire ! L’intérêt des commémoratives est leur lisibi-

lité, elles circulent moins, semble-t-il, donc sont moins

crasseuses !

Le tout-venant, le banal, véhicule des curiosités.

Tout d’abord la carte de l’Europe, visible à

l’avers. Celle des premières frappes en 1999 diffère de

celle des émissions récentes. Normal ! L’union évolue

mais le tracé me paraît peu évident ; Qu’en sera-t-il, par

suite du « Brexit » ?

Les revers portent des allégories, des monu-

ments, des blasons, des personnages, des animaux de

quoi s’amuser quand on est devenu une « vieillasse » !!

Certaines images sont évidentes : la chouette grecque,

la porte de Brandebourg à Berlin, Cervantès en Espagne

et je pense avoir distingué Mozart en Autriche… Je

trouve peu original l’hexagone bien à nous.

Si Béatrice de Hollande et feue Marie-Thérèse

d’Autriche sont bien connues, j’ignore qui est d’où est

Letzbuerger… Les minuscules monuments espagnols,

crasseux, graisseux et oxydés, accompagnant les 1 et 2

centimes, sont des énigmes contrairement aux alle-

mands nommés.

Enfin comment expliquer la semeuse française,

la lyre irlandaise, le volatile finlandais, le cavalier ita-

lien ?

Reste pour moi le mystère des pièces émises

dans les petits pays, Vatican en tête… Jamais trouvées

dans ma poche ! Bon, il suffit de chercher sur l’Internet

et on trouve, mais c’est moins rigolo.

C’était ma déraison, inodore et insipide, de ce

matin. Séjournant actuellement à Deauville où se trou-

vent également de nombreux voisins en dépit des pleurs

des cafetiers se disant désertés, je règle toujours mon «

petit noir » place Morny avec un billet et je récupère

pleins de piécettes exotiques…

Y compris un « peso » cubain ; original, n’est-

ce pas ? Avec sa devise : « La Patrie ou la Mort ». J’ai

parfois le sentiment que la déraison est chose com-

mune…

30 juillet 2020

20 : Gaillon, colonnade

21 : Gaillon, Château.

Page 27: Blablas - savoysky.pagesperso-orange.fr IV (WEB).pdf · Le Lion tint conseil, et dit : Mes chers amis, Je crois que le Ciel a permis Pour nos péchés cette infortune ; Que le plus

27

Foyers confinés, oubliés

Avez-vous remarqué ? Par-ci, par-là, le virus

contre-attaque… Belles affaires pour les journalistes en

quête de faits que l’art du discours permet de rendre

sensationnels à l’envi. C'est tout bon pour gonfler le

taux d’écoute !

Tout phénomène naturel, en fin d’occurrence et

en l’absence d’un fort amortissement, s’achève inévita-

blement par une succession de hauts et de bas. Il devrait

en être ainsi de la pandémie. Les présentations alar-

mistes ne font que brouiller notre compréhension des

reprises locales de la pandémie, processus naturels,

avec le risque de nous rendre méfiants envers les con-

seils de prudence qui nous sont prodigués.

Tous les moyens sont bons pour frapper les es-

prits. Nos bonimenteurs, pour paraître « branchés » et

rendre indiscutable leur compétence, truffent leurs pré-

sentations d’expressions anglo-saxonnes… Ainsi les «

clusters » font désormais florès lors des informations…

L’étude de l’épidémie ne doit donc exister

qu’outre-Manche ou outre-Atlantique. La recherche en

France sur ce sujet doit stagner à un point tel que notre

langue ne possède pas le vocabulaire adéquat pour en

exprimer les résultats.

Il est vrai que je suis un « foyer » de déraison !

Non ! Un cluster en bon français d'aujourd'hui.

31 juillet 2020

Confinement rédactionnel

Je râlai hier contre l’usage abusif de « cluster ».

Toute collectivité façonne inévitablement son langage

dans le but d’alléger la concertation sur ses sujets favo-

ris ; le langage évolue, modifiant ou adaptant l’accep-

tion de certains mots ou locutions, souvent au détriment

de la concision. Ce comportement existe chez les scien-

tifiques en dépit de leur devoir de rigueur dans leurs

communications, essentiellement celles destinées au

public sans compétence particulière dans le sujet vul-

garisé à son intention.

Je n’ai pas une maîtrise suffisante de l’anglais

pour discuter avec compétence de l’acception de « clus-

ter ». Toutefois de mes conversations professionnelles

naguère, je l’ai souvent entendu, utilisé pour désigner

des amas d’un peu n’importe quoi… Brassée de fleurs,

groupe de mots, etc., voire la désignation se voulant

poétique d’un cumulus dans le ciel bleu… Notez que

dans chacune de ces circonstances, le « cluster » de ba-

vards dont je faisais partie se distinguait par la variété

de ses origines, garantissant un usage souvent inappro-

prié de l’anglais au grand désespoir des purs produits

de Cambridge ou d’Eton, supportant avec un flegme

courtois ce vandalisme linguistique.

Je contribuai souvent autrefois à des travaux de

normalisation en informatique, surtout durant la fin du

XXe siècle, la mondialisation de la communication im-

posant le respect de pratiques communes : quelles

règles pour qu’un programme conçu avec un équipe-

ment particulier et enregistré de même, puisse être ré-

cupéré et utilisé sans difficulté ou presque avec des

équipements totalement différents de l’autre côté de la

planète ?

Ce fut un gros travail et l’est encore je sup-

pose… Gros travail mené pour chaque projet de norme

par un petit « cluster » de spécialistes œuvrant en an-

glais ou plus honnêtement avec un succédané d’anglais.

Autre imprécision : « cluster » désigne ici une demi-

douzaine d’individus aussi bien que plusieurs centaines

! Le projet primitivement rédigé en succédané d’anglais

doit être vérifié par des personnages ayant à la fois une

incontestable pratique du sujet et de la langue anglaise.

Il en est de même pour les deux traductions en français

et en russe, obligatoires au sein de l’« ISO », enfin

c’était ainsi avant ma retraite.

Ayant été parfois commis (pour la traduction

française) à ce genre de corvée, je me sens autorisé à

dire que c’est un cauchemar car il ne s'agissait pas de

traduire des blablas mais des spécifications d'équipe-

ments devant être aussi concises que possible ! Alors

quand j’entends « cluster » sur les ondes, j’ai peur, non

pas du virus mais de ne pas saisir exactement de quoi il

s’agit.

1er août 2020

Foyer confiné

Règlementairement, la fonction publique de-

vrait être en première ligne pour défendre la langue

française… J’ai le souvenir de mon de mon devoir na-

guère de rappeler aux fournisseurs leur obligation de

communiquer leurs documents techniques en français ;

j’exprimais ainsi souvent un veux pieux, mais je devais

le faire !

Ce matin, j’écoute les informations et qu’en-

tends-je ? Le préfet de la Mayenne discourir avec insis-

tance des « clusters » de son département. Ouvrez n’im-

porte quel livre d’histoire parlant de la vie quotidienne

22 : ½ €, Littuanie.

Page 28: Blablas - savoysky.pagesperso-orange.fr IV (WEB).pdf · Le Lion tint conseil, et dit : Mes chers amis, Je crois que le Ciel a permis Pour nos péchés cette infortune ; Que le plus

28

dans le Midi de la France au XIXe siècle ; on y parle

d’un foyer d’infection qui se forma dans le port de Mar-

seille après l’accostage d’un bâtiment venant du Moyen

Orient, n’ayant pas respecté la quarantaine, en dépit de

la présence d’un supposé pestiféré à son bord !

Foyer ! Tous les lecteurs comprenaient. Néan-

moins vilain mot pour un énarque de service habitué de

l’anglais passe-partout. Alors cultivons le bas peuple

avec une parcelle du savoir contenu dans « cluster »…

Cependant, Monsieur le Préfet, « cluster », possède-t-

il dans les circonstances actuelles, une acception diffé-

rente de celle usuelle de « foyer » ? Non ? Alors pour-

quoi cette préférence ? Oui ? Alors expliquez je vous

prie !

Un grand

nombre de gens que

vous et vos semblables

administrez n’ont pas

votre culture pour saisir

la nuance éventuelle ; je

suis de ces gens et je

pleure mon infortune.

Même date

Conséquence ?

L’absence de ré-

action de Marie Paule

est inquiétante mais,

hélas normale… Marie

Paule me précède dans

l’existence de trois ans

au plus, elle est de mai

31, je suis de septembre

33, mon estimation est

donc correcte grosso-

modo.

Ce qu’elle res-

sent de l’âge, je le res-

sens donc avec un petit

décalage dans le temps,

toujours grosso-modo.

Voici donc mon dia-

gnostic : avec tous les

tracas de 2019 et 2020,

rien à faire, tout ce qui

s’est passé marque le

comportement : j’ai

pris un ou deux sérieux

« coups de vieux » et je

suppose qu’il en fut ainsi pour Marie Paule en me pré-

cédant continuellement un petit peu ; elle ne court pas

plus vite mais elle est partie avant !

Plusieurs années sont passées depuis que je ren-

contrai Marie Paule dans la salle de lecture des AD88,

à l’époque ou l’absence de consultation en ligne obli-

geait de se déplacer parfois. Bougez ! Prenez de l’exer-

cice éructe parfois ma « téloche » ! C’est « ben vrai ma

bonne dame » ! Mais c’est ainsi, on bouge moins et cela

favorise les « coups de vieux » …

La vie est ainsi faite, faut faire avec !

Je suis un lointain cousin de feu, l’époux de Ma-

rie Paule. Petit sujet de discorde entre Marie Paule et

moi : selon ma chère cousine, l’ancêtre de son mari, de

Ravon la Haute se nommait Gérôme et le mien de Ra-

von la Basse, j’affirme que c’était un Jérosme ! Na !

Chacun son point de vue. J’ignore d’où Marie Paule

avait extirpé son aïeul, inconnu dans les registres pa-

roissiaux ; moi, je les avais dégotés dans un acte nota-

rié, une vente de vache en francs de Lorraine, ou je ne

sais plus quoi, un truc dans le même genre, je l’ai noté

dans un coin de mon « pc » et j’ai la flemme de recher-

cher. Mais je suis certain que le tabellion les citait

comme cousins…

Rassurez-vous,

tout cela est bien noté

pour la plus grande sa-

tisfaction intellectuelle

de l’humanité future,

Nom de Nom !

Marie Paule, j’ai

beaucoup d’affection

pour la cousine aux

écrits toujours pleins

d’humour ; ton cadet

est toujours vivant, le

souffle court ; je te sup-

pose dans le même état,

faut bien l’admettre,

alors fais-nous un petit

signe…

Bon, je cède à

l’usage météorologique

de ces lieux :

Vain Dieu ! Fait

chaud !

9 août 2020

Fleur sans confine-

ment

Bonne fête à

toutes les Marie !

Avec une pen-

sée particulière pour

notre doyenne.

p.s. : culture

"bio" expédiée de mon

horticulteur de San

Diego, ce matin, sans quarantaine.

15 août 2020

Forum presque vide

Hello ! Christophe, on ne se bouscule pas, ici

dedans !

J'ai quitté Deauville hier, le festival musical

d'août s'étant achevé vendredi avec un concert de qua-

lité : un trio, piano, flûte et violoncelle et une chanteuse.

Ce fut un plaisir ; des airs de cantates de Telemann, Co-

relli, Bach. De jeunes musiciens, maîtrisant leurs

23 : 15 août.

Page 29: Blablas - savoysky.pagesperso-orange.fr IV (WEB).pdf · Le Lion tint conseil, et dit : Mes chers amis, Je crois que le Ciel a permis Pour nos péchés cette infortune ; Que le plus

29

instruments, voix comprise, de surcroît curieux de l'his-

toire de leur art nous enchantèrent avec virtuosité de

leurs découvertes : des pièces peu connues... Ravissant

!

Après-demain je file pour quelques jours à

Nîmes, chez mon fils qui récupère à l'issue de cinq mois

de séjour dans le Sahel ! Pas de virus là-bas, il y a mieux

quoique tout aussi peu visible !

Il faut que je fourbisse mon russe un peu confiné

! Plusieurs Russes, certains venant de la belle province

d'Ukraine, servent dans l'unité d'affectation actuelle de

mon gamin, petit monde qui fréquente sa maison et sur-

tout son jardin et sa piscine !

17 août 2020

Jactance déconfinée

Je suis arrivé à Nîmes, un peu avant l'heure du

bain.... Les enfants y sont déjà, ce n'est pas loin, juste

en sortant du séjour. J'ai un petit problème : arrivant à

Nîmes, venant de Deauville via Vincennes, je ne suis

pas passé par Thaon dans les Vosges, vous devez savoir

où cela se trouve,

pour saisir mon

bermuda hawaïen

que je suis allé

chercher là-bas, le

beau, celui qui est

rouge avec des

fleurs blanches...

Plus

j'avance, en âge,

plus je déc... L'en-

nui est que la c...,

cela fait grimper le

rythme cardiaque,

donc use le zinizin

électronique que je

trimballe, confiné

qu'il est sous la peau mais je n'ai pas encore compris

pourquoi, me demandant comment un machin, fait pour

relancer la machine, arrive à la freiner; Un truc à être

obligé d'ouvrir pour changer la pile ! Bon, le plus urgent

est de trouver un maillot de bain à ma pointure ! Ne

vous faites pas de "mourron", le "gus" ("cézigue") s'im-

patiente, il fait juste le temps qu'il faut pour apprécier

un Bourbon, les doigts de pieds en éventail comme il se

doit, au bord de la piscine.

Vous pigez comment que je cause ? faut que

"j'm'adapte", j'ai trois "p'tits" "gniars" à qui causer. mais

il semblerait que mon "vocab" mériterait d'être actua-

lisé !

« T'es dépassé, "mec", "cé-pu" comme "c’la"

qu'on cause. »

Chères amies et amis chers, j'espère que vous

comprîtes qu'il fallait que j'en rajoutasse pour disperser

les effets du coup de soleil sur mon occiput. J'entretiens

ainsi ma déraison en profitant du réchauffement clima-

tique.

En attendant je sors, déc... au bord de la pis-

cine... Hé! Hé, "déc..." pour déconfiner ! Je vous ai bien

eus !

À "+", un jour prochain, si quelqu'un passe par

là...

J’ai oublié la date !

Arbres déconfinés

Utilisant pour la gestion de ma base de données

généalogique le logiciel des Mormons, je fréquente peu

le site de « Geneanet » ; j’en reçois néanmoins réguliè-

rement toutes sortes d’avis…. L’un d’eux, récemment

attira mon attention et je vous en communique la page

reçue par courriel.

Régulièrement, dans notre forum je parle de mes

marottes ; en vieillissant on s‘en forge des tas… Du gâ-

tisme selon les détracteurs ! Néanmoins mon gâtisme

évite la désertification. J’affectionne particulièrement

l’une de mes marottes : les histoires de familles. Vous

savez bien : des petites histoires de rien du tout ; toute-

fois je considère que sans elles nos arbres généalo-

giques auraient

l’allure de fagots

de bois sec. Ces

historiettes per-

mettront à nos re-

jetons d’avoir une

idée de notre façon

de vivre, avec nos

manies, nos joies,

nos soucis, nos

peines, petites et

grandes.

Mais il faut

écrire ; de nos

jours il semble que

cette faculté ap-

prise à l’école pu-

blique se perde dans notre société… Cela me navre et

je ne loupe jamais une occasion d’exprimer cette pen-

sée et je suis certain, ce faisant, d’avoir parfois irrité.

Alors ce message de « Geneanet » me satisfait :

ce que je viens de répéter est partagé ; cette publicité a

un petit goût commercial ? Et alors ! Rien n’oblige à

acheter pour écrire et publier… Évidemment écrire fa-

tigue et la « téloche est plus reposante…

Je prêche éventuellement encore dans le désert,

oui dans ce désert qui se forme dans notre forum. À

celles ou ceux qui pensent ainsi, mettez cela sur le

compte de mon quart d’heure de déraison… J’ai parlé

de gâtisme ? Foin de vaines discussions, c’est la même

chose et c’est de mon âge

28 août 2020

Déconfiner l’écriture

Je fuis la morosité, mais j’ai le sentiment d’avoir

pris un coup de vieux en entrant il y a quelques minutes

dans ce forum…

La jeunesse n’est pas seulement dans les artères,

24 : Écrivez!

Page 30: Blablas - savoysky.pagesperso-orange.fr IV (WEB).pdf · Le Lion tint conseil, et dit : Mes chers amis, Je crois que le Ciel a permis Pour nos péchés cette infortune ; Que le plus

30

elle réside aussi dans la tête ; cette jeunesse, disons vir-

tuelle pour ne pas contredire mes artères et mon muscle

cardiaque et différentes autres bricoles, cette jeunesse

virtuelle donc, me conduit régulièrement dans notre fo-

rum pour y écrire ce qu’elle pense.

Là, à l’instant, elle pense que nous avons tous

cette jeunesse, je l’espère pour le moins, car certains la

perdent et se taisent. Je ne l’ai pas perdue et elle pense

qu’il lui suffit de vouloir pour pouvoir… Pouvoir écrire

en particulier !

Dont acte ! Ce faisant il me semble apporter ici

un peu de vie.

Est-ce trop peu ? Alors, déconfinez votre tête et

écrivez !

Je change de sujet… Pierre, bien content de te

lire. J’ajoute à tes propos qu’il convient de ne pas ou-

blier dans nos recherches des documents bien utiles

dont on ne trouve pas encore les images en ligne : les

actes notariés, certains antérieurs aux registres parois-

siaux, et d‘autres vieux papiers.

J’ai trouvé l’état civil de ma belle-mère née en

1918, de parents suédois, à Beyrouth, dans un feuillet

volant attaché au registre d’écrous de la prison de

Bayonne ; feuillet inséré par la police allemande à la «

bonne » époque. Je cois bien me souvenir en outre que

j’ai établi mon cousinage avec l’époux de Marie Paule

par un acte de vente d’une vache… Trouvailles rares,

nécessitant de l’opiniâtreté, dont j’ai toujours prétendu

qu’il serait heureux de publier ici.

2 septembre 2020

Déconfinement du patois

J’hésite ! Et je me lance

Pour effleurer un domaine dont j’ignore tout : la

philologie. Pierre nous rappelle son attachement aux

langues anciennes de notre région, nos patois, ainsi que

pour la toponymie ; rien de surprenant à cela : la topo-

nymie est bel et bien une survivance tenace, quoique

émiettée, des parlers d’antan, heureusement fixée par

les cartographes

Je me répète : nous devons transmettre à nos

descendants le témoignage de notre façon de vivre - je

devrais user du pluriel - non pas sous la forme d’une

savante exégèse sociologique mais en racontant simple-

ment quelques passages de notre quotidien, nous ayant

attristés ou réjouis ou enquiquinés… Nous devons y

ajouter ce que la tradition familiale orale nous a trans-

mis ; cette dernière fixation est importante car de géné-

ration en génération, la tradition orale déforme les

images du véc

Alors, Pierre, ton travail est bigrement utile et ce

sera une joie d’y contribuer, hélas sporadiquement car

je conserve peu de souvenirs sur ce sujet ; la mémoire

profonde est un aspect curieux de notre espèce : elle

nous lâche toujours inopinément des fragments du

passé ; il convient donc de les saisir au vol lorsqu’ils

surgissent

Donc quelques fragments de ce matin… Et un

peu de toponymie dans ce petit morceau vosgien où je

vécus : Raon aux Bois. J’en ai parlé vraisemblablement

à plusieurs reprises mais c’est noyé dans la masse de

mes blablas passés…

« Raon » s’écrivait autrefois « Ravon ». Renseignement

pris - mais j’enfonce là une porte ouverte - « Ravon »

désignait un endroit où l’eau abondait, en particulier, la

confluence de deux rus. Un ruisseau traverse effective-

ment « Ravon la Haute », nommé je crois, « La Niche

» ; j’inclus l’article car c’est une habitude indéracinable

dont j’ai hérité de placer un article devant les noms

propres. Ce disant, je souhaite la bienvenue à « La Ma-

thilde » qui nous rejoint, en précisant que « Le Serge »

serait plus approprié et moins pompeux que « Monsieur

Serge » ; j’ajoute que dans les quelques jours qui suivi-

rent l’ouverture de ce Forum par Marie Jo, nous déci-

dâmes de nous interpeller à la deuxième personne du

singulier : « tu » ; cela simplifie.

Fichue habitude de digresser…

Vite, je reviens à « La Niche ». Un autre ru dont

j’ai oublié le nom la rejoint au sortir de « Ravon la

Basse » qu’il traverse. Ce ru avait plusieurs fonctions

importantes : l’alimentation en eau supposée potable,

habitat de quelques poissons courageux, motricité du

moulin aujourd’hui disparu et, il faut l’admettre, tout à

l’égout ! Quelques rigoles, résurgences d’une nappe

phréatique en amont du court vallon hébergeant « La

Racine » et « Ravon la Basse », constituent ses mul-

tiples sources. Je pense que « La Racine » est le nom

moderne d’un écart, seulement quelques fermes disper-

sées autrefois, nommé primitivement « La Senadère ».

J’irai vérifier sur la carte des Cassini ; quel que soit le

résultat, le chemin qui sort de Ravon la Basse près de

l’emplacement du moulin disparu, pour aller vers « La

Racine » est toujours nommé : chemin de « La Sena-

dère ».

Entre « La Racine » et Ravon la Basse existent

deux fermes quasiment à cheval sur le début de la déri-

vation du ru amenant l’eau au moulin. La première ap-

partenait aux Marotel et une cinquantaine de mètres en

aval, la seconde construite par l’un de mes aïeux au

XVIIe siècle, la ferme Meix le Saint ; elle sert au-

jourd’hui de résidence secondaire à des citadins ; ma

mère naquit dans cette ferme.

Énorme inégalité ! Pas question de boire de

l’eau prise à la pompe dressée à côté de la pierre à eau

dans la cuisine de la ferme Meix le Saint ; cette pompe

25 : Ravon

Page 31: Blablas - savoysky.pagesperso-orange.fr IV (WEB).pdf · Le Lion tint conseil, et dit : Mes chers amis, Je crois que le Ciel a permis Pour nos péchés cette infortune ; Que le plus

31

puisait dans la nappe phréatique polluée par le bétail de

la ferme des Marotel ! Savoir résultant semble-t- il

d’une mort suspecte, une « colique du miséréré » selon

la tradition orale, tenace sans plus de détails au sujet de

cet événement passé. Alors, en l’absence d’habitat en

amont de la ferme des Marotel et la tradition orale étant

muette à propos de la qualité du lieu, les gosses dont

j’étais allaient chercher l’eau dans la fontaine de ces

voisins ; j’en suis rescapé, probablement grâce à l’usage

général, y compris pour les enfants, de couper l’eau de

boisson avec du vin. L’adduction d’eau moderne existe

aujourd’hui à Raon, et la fontaine des Marotel est deve-

nue un bac à fleurs…

C’est important l’eau et toujours présente dans

les discours ! Lorsque mon vieil oncle Auguste Géhant

quittait le cercle familial pour une urgence classique

chez les anciens, il regrettait :

« J’m’en va pancher un verre d’eau ».

Est-ce du patois ? Incertain… Mais usuel dans

mon enfance, dans ce creux très boisé de petite mon-

tagne vosgienne.

3septembre 2020

Senade

"Senade" se trouve sur la route entre La Racine,

écart de Raon aux Bois et Hadol. Ce toponyme figure

sur la carte de Cassini et sur des cartes contemporaines.

Regardant ces documents aucune confusion n'est pos-

sible pour ce lieu-dit et La Racine. Cependant, curieu-

sement, familier de ces lieux je ne me souviens pas d'un

panneau routier signalant l'endroit, habité certes, mais

le bâti dans le voisinage est omniprésent et dispersé,

j'ajoute, de plus en plus encombré de constructions ré-

centes.

Mêmedate

Patois en déconfinement

Un petit ajout.

En 1944, après le bombardement d’Épinal le 11

mai, mes parents m’expédièrent à Raon aux Bois, me

confiant à ma tante Paulette également réfugiée là avec

sa fille, ma cousine ; nous logions chez notre tante «

Divine », sœur de ma grand-mère maternelle ; anciens

de ce Forum, ayant récupéré de longue date mon arbre

généalogique, vous connaissez déjà ce petit monde dont

j’ai souvent parlé ici.

Tante Divine ! Pauvre octogénaire ayant peiné

toute sa vie et pratiquement sans ressource mais remar-

quable exemple de vieille vosgienne ayant passé la

presque totalité de son existence dans sa petite maison

de Ravon la Basse. Elle ne s’exprimait que dans un

français assez approximatif, s’efforçant d’éviter les ex-

pressions patoises que ma tante, ma cousine et moi-

même ne comprenions au mieux que difficilement.

Je finissais néanmoins par m’y habituer et à user

de quelques bribes de ce parler, rudimentaire et très lo-

cal. Habitude dont ma mère me débarrassa vite à mon

retour dans Épinal libéré, lors de ma rentrée en sixième.

Maman ? Institutrice de notre belle école laïque…À ses

côtés, impensable de pratiquer un patois au détriment

du français et… de l’allemand que je commençais à «

baragouiner ».

Venons-en au fait, aux quelques mots qui me

restent du patois de Ravon. En allemand, « dormir » se

traduit : « schlafen » ; alors écoutez… Il est tard, le soir,

dans la fermette de Tante Divine…

« Les bassotes, au schlof ! »

Petite remonté de la mémoire profonde. Souve-

nir vraisemblablement d'un passage ou d'un retour au-

trefois de soudards envahisseurs, il y en eut tant en Lor-

raine ; l'hybridation existe ailleurs qu'en démographie !

À « +’ » ! Ce n’est pas du patois… Fichtre, pour-

quoi pas du patois moderne ?

« Neum don » !

Je m’y perds, mais là, c’est Tante Divine qui

m’apostrophe.

4 septembre 2020

Schnaps ist frei

Les indigènes de Ravon – faute de savoir com-

ment les nommer - cultivaient la mirabelle et savaient

quoi en faire… Indigène moi-même je fus de temps à

autre posté avec ma cousine « La Annie » (en fait :

Anne Marie) dans le petit bois des Mathieu pour sur-

veiller le verger, en aval de Ravon-Basse, juste en des-

sous de la « Chahotteuse », à l’époque de la cueillette.

« Les bassottes, si vous voyez qu’on en choppe

v’nez prév’nir ».

Tu parles ! Un bon kilomètre jusqu’à la ferme.

Que c’est bon les mirabelles ! Mais elles don-

nent la « courante », la « chiasse » quand on en parle

autrement que devant les grands ; je vous livre là mon

expérience personnelle juvénile.

Les indigènes, seulement les grands, distillaient.

Tout un art ! Une petite « cagna » dans un près bordant

« la Niche » entre les deux Ravon, « La Haute et « La

Basse », abritait l’alambic communal. Je me souviens

d’un nettoyage méticuleux du gros chaudron en cuivre,

de son tapissage de paille bien propre, de son

26 : Ferme Meix le Saint.

Page 32: Blablas - savoysky.pagesperso-orange.fr IV (WEB).pdf · Le Lion tint conseil, et dit : Mes chers amis, Je crois que le Ciel a permis Pour nos péchés cette infortune ; Que le plus

32

remplissage et de sa chauffe… Il fallait s’aérer souvent

afin de n’être point transformé en ivrogne ! Enfin les

premières gouttes chutaient du serpentin. Là, il fallait

être connaisseur…

Au tout début la coulée n’était qu’une « gnôle »

infecte au goût mais néanmoins très forte et bonne

comme désinfectant…

Puis un liquide, buvable sans plus, le « Schnaps

», bon pour les « Boches » ou les « Schleus » en ces

temps où ils étaient encore nos ennemis héréditaires.

Enfin quelques litres de bonne mirabelle, celle accom-

pagnant le café ou agrémentant la pâte des « kouglof »

(Kugelhof)…

Voilà, livraison matinale de ma mémoire pro-

fonde.

Cela étant la « Chahotteuse » existe toujours

avec une orthographe évolutive et une origine oubliée.

Écart de Ravon la Basse, dans la pente, à l’orée de la

forêt, c’était lorsque j’étais gosse un endroit mysté-

rieux, deux ou trois ruines peuplées de ronces ; les

ronces masquaient des vestiges de jardins dans lesquels

proliféraient de succulentes fraises. Mon cousin Mi-

chel, « Le Costaud » et moi-même, furetions souvent

dans les parages. Nous n’avouâmes jamais où nous

trouvions nos fraises ; on était partageurs, mais modé-

rément, et on faisait « gaffe » que « la Annie » ne nous

suive pas quand on allait par là.

J’y suis retourné, il y a peu. Les ruines sont de-

venues de ravissantes résidences dominant la vallée,

avec de beaux jardins ; les fraises, je ne sais pas, je n’ai

pas osé entrer pour voir, je suis un grand timide…

5 septembre 2020

Ouceketutébeugné ?

Désolé pour ce phonétisme plus qu’approxima-

tif, pure fantaisie totalement déraisonnable de ma part.

« Où c’est que tu t’es beugné ? »

Serait plus fidèle au parler de ma bonne vieille

Tante divine. Question ambigüe car généralement une

petite rougeur ou un léger hématome, rarement plus,

l’un ou l’autre désignait clairement l’endroit du choc

sur ma petite personne. En fait la question pouvait si-

gnifier :

« Qu’as-tu heurté ? »

ou :

« Où es-tu tombé ? »

Voilà, encore une remontée patoisante de la mé-

moire profonde…

Ma tante décéda le 29 janvier 1949 ; j’eus en cet

triste circonstance un aperçu de quelques us ancestraux.

La veillée funèbre… Quelques voisines, une

demi-douzaine tout au plus, toutes âgées, habillées de

noir non pas pour la circonstance mais comme d’habi-

tude, prirent place proche de la défunte allongée sur son

lit et à proximité également de la table. Les deux nièces

présentes, ma mère et sa cousine germaine venue de sa

ferme au bout du village avaient veillé à

l’approvisionnement de ces dames pour la nuit. Plu-

sieurs vieux entrèrent et sortirent sans s’attarder outre

mesure. J’étais le seul adolescent et je montai tôt à

l’étage pour dormir, tant bien que mal car les papotages

durèrent toute la nuit, calmes d’abord mais de plus en

plus bruyants au fil des heures ; je crois bien avoir en-

tendu quelques rires… À une ou deux reprises je tendis

l’oreille pour saisir des bribes de conversation. Ber-

nique ! Là je n’entendis que du patois et je n’y compre-

nais rien !

Deux employés communaux, des voisins sou-

vent croisés dans le village ou dans les champs, procé-

dèrent à la mise en bière le lendemain matin ; le curé

était là accompagné du bedeau, sans sa grande tenue

mais avec sa croix, et de deux enfants de cœur. Ma fa-

mille était réunie ainsi que les voisins, du gris, du noir,

peu de fantaisie, deuil et restrictions encore bien pré-

sentes s’accordant dans le registre du lugubre avec le

brouillard de ce matin de janvier. L’assemblée me sur-

pris et je pensai soudain qu’un enterrement dans ce petit

village des Vosges était une occasion de se rencontrer.

Tous ces gens se connaissaient et les papotages allaient

bon train.

Ce petit monde partit à l’église, derrière le cor-

billard, charrette noire hors d’âge, tirée par le seul che-

val qu’il me fut alors permis de voir dans ce pays ne

connaissant que les bœufs pour la traction ; quatre an-

ciens tenaient les cordons. Un kilomètre entre les deux

Raon, Bas et Haut.

Triste journée dont je conserve toutefois un sou-

venir amusant. Au sortir du cimetière, à la lisière du vil-

lage et non pas autour de l’église, tous les hommes se

dirigèrent avec un ensemble touchant vers l’auberge.

J’avais seize ans…

« Allez gamin ! Amène-toi ! » …

Stupéfaction de ma mère qui n’osa pas protester.

Dans le bistrot, désignation plus réaliste du lieu,

la réunion entre hommes fut bien plus vivante que la

veillée des dames.

16 septembre2020

Chemins de fer déconfinés

Il fut question il y a peu dans ce forum d’agapes

ferroviaires… Ayant usé, voire abusé, de cette manière

de vadrouiller en chemin de fer et continuant ainsi, je

plongeai dans ma mémoire profonde et y trouvai effec-

tivement des rogatons de festins ponctuant mes balades.

Des souvenirs d’époques révolues… Les bars

des TGV avec leurs trouvailles gastronomiques parfai-

tement aseptisées relèguent dans l’oubli de pittoresques

pratiques. Alors, vous me connaissez, je ne résiste pas

à ma manie de pondre des lignes d’écriture ; vous allez

déguster mes amies et amis, tout doucement, pour bien

digérer.

Le train occupe une place notable dans ma vie,

parfois quotidienne ; en parler c’est donc parler égale-

ment de la vie ; nous y voilà, ce que je conte est donc

destiné aux rejetons et rejetons de rejetons qui me liront

Page 33: Blablas - savoysky.pagesperso-orange.fr IV (WEB).pdf · Le Lion tint conseil, et dit : Mes chers amis, Je crois que le Ciel a permis Pour nos péchés cette infortune ; Que le plus

33

peut-être, quand je serai disparu.

Mes premiers blablas se garent dans le noir dé-

but des années quarante…

Mes grands-parents à Thaon, mes parents à Épi-

nal accueillaient des jeunes gens fréquentant lycée ou

collège, l’hébergement en internat étant soit difficile,

soit impossible ; souvenez-vous : une grande moitié du

lycée d’Épinal, brûlée, était redescendue au niveau du

trottoir. On se serrait dans ce qui restait debout, ce qui

offrait toutefois de menus avantages dans cette époque

de disette lorsque les jeunes gens étaient non seulement

étudiants mais encore ravitailleurs.

Leurs parents étaient ou devinrent nos amis, au

point de nous recevoir durant les congés. C‘est ainsi

que je me rendis à deux reprises si ma mémoire est fi-

dèle à Bourbonne les Bains ; les parents de Cl. M. qui

m’avait expulsé de ma chambre dans notre appartement

de l’École Lormont, y tenaient commerce de vêtements

; rien d’agricole direz-vous et en outre les rayons et les

vitrines reflétaient la misère de cette époque. Misère ap-

parente car de toute évidence on ne manquait de rien

chez les M., en particulier la chère aux repas justifiait

le séjour ; or c’était bien à cet effet, pour me requinquer,

que j’y séjournai. Ne me demandez surtout pas com-

ment le commerce pouvait fonctionner à cette époque,

je n’avais pas encore l’âge d’étudier et comprendre les

arcanes de l’économie.

Cependant j’avais l’âge d’observer et d’admirer

les trains. Bourbonne, ville balnéaire possédait une

gare, aujourd’hui disparue, reliée à la station de Vitrey-

Vernois sur la ligne de Paris à Mulhouse. Voyager en

train de Bourbonne les Bains à Épinal était donc sim-

plissime : départ de Bourbonne dans un inénarrable

tortillard jusqu’à la proche station de Vitrey-Vernois

sur la ligne de Paris à Bâle, ensuite train local et poussif

jusqu’à Vesoul, quitté pour un express ou ce qui en te-

nait lieu jusqu’à Lure, enfin dernier train tout aussi

poussif jusqu’à Épinal.

C’était la guerre en Europe et les chemins de fer

en France souffraient de destructions et réquisitions

multiples. Alors roulait le peu qui restait, c’est-à-dire,

en tête des locomotives vieillissantes dont l’occupant

nous laissait l’usage et à la queue-leu-leu des voitures

fatiguées, dépareillées conservant parfois les stigmates

d’attaques aériennes. Les trains étaient rares et par con-

séquent bondés. J’ai ainsi le souvenir net d’un trajet

entre Vesoul et Lure, debout entre valises et ballots en-

tassés près de la porte des toilettes, avec comme voisins

deux ou trois hommes se tenant en équilibre dans le

soufflet de communication avec la voiture suivante !

Incroyable ! Mais j’écris ce que j’ai vu.

Bien évidemment les performances du réseau en

pâtissaient : un tel trajet durait pratiquement toute la

journée et le début de la nuit mais c’était l’été. Il fallait

donc se restaurer comme on le pouvait : c’est d’un tel

voyage que je conserve le souvenir de mon premier re-

pas ferroviaire…

Et je dois vous décevoir : ce fut un casse-croûte

dans un près proche de la gare de Vitrey-Vernois ! Il

n’existait qu’une possibilité : un tortillard quittait Bour-

bonne le matin et revenait le soir. Il fallait donc at-

tendre, deux ou trois bonnes heures à Vitrey, un train

allant à Vesoul. Ainsi Cl. M., sa sœur qui nous accom-

pagnait pour se rendre dans sa pension à Mattaincourt,

Maman et moi avions le temps de sortir de la gare et de

nous restaurer sur l’herbe, à proximité. Je ne serais

27: Bourbonne les Bains, Gare. Évidemment l'image vient de l'Internet. Elle correspond bien à mon souvenir du tortillard.

Page 34: Blablas - savoysky.pagesperso-orange.fr IV (WEB).pdf · Le Lion tint conseil, et dit : Mes chers amis, Je crois que le Ciel a permis Pour nos péchés cette infortune ; Que le plus

34

guère surpris d’apprendre que le matériel composant le

tortillard soit désormais exposé dans le Musée de Mul-

house, une vraie relique ; mais ce n’est que l’expression

de ma nostalgie.

Le prochain repas sera dans le train ! Promis !

17septembre 2020

« Fromton’ » déconfiné

En voiture !

Adolescent je « saucissonnai » souventes fois

dans le train. La paix revenue, les liens avec nos parents

vivant ailleurs se restaurèrent progressivement : lettres

majoritairement y compris vers l’URSS ou en prove-

nant, téléphone plus rarement, voiture dès qu’apparue

dans la famille et surtout le train.

Laissons de côtés les innombrables trajets entre

Épinal et Thaon peu interrompus par le bombardement

de mai 44. Après la Libération, j’effectuais ainsi des al-

lers-retours vers Paris, Belfort ou Delle près de la fron-

tière avec la Suisse. Je voyageai à une ou deux reprises

vers Limoges, lorsque mon Oncle, Chef de Bataillon

dans le Génie y fut affecté, destination qui me sembla

alors être au bout du monde…

Je conte aujourd’hui quelques souvenirs anté-

rieurs à 1958, année de mon départ en Grandes Va-

cances en Algérie. Pratiquement jusqu’à cette année-là,

la SNCF offrait trois classes à ses voyageurs ; je voya-

geais donc en troisième classe, mes parents n’ayant pas

les moyens de se hausser en seconde et bien évidem-

ment en première. L’inconfort était assuré : vieux wa-

gons certains encore en bois, huit places par comparti-

ments sur des banquettes en bois ou recouvertes de mo-

lesquine le plus souvent rapiécée, fenêtres pas toujours

bien jointives laissant libre de s’infiltrer à l’intérieur la

fumée de la locomotive, surtout dans les tunnels, le

bruit bien évidemment… Eh bien ! On avait l’habitude

et ce n’est seulement qu’aujourd’hui, en m’en remémo-

rant, que j’en prends conscience ! on n’y prêtait pas

d’attention, le plaisir de pouvoir se déplacer librement

et, j’ose, facilement effaçant les impedimenta désa-

gréables.

En particulier la durée des trajets. Mon premier

voyage entre Thaon et Paris, en 1946 ou 47, dura neuf

heures ! En dépit des locomotives importées par les li-

bérateurs américains, nommées « 141-R », je m’en sou-

viens encore, la SNCF était encore pauvre en locomo-

tives au sortir de la guerre et bien plus en wagons, cer-

tains barbotés aux allemands ! La Compagnie allait

donc avec ce qu’elle avait, c’est-à-dire lentement.

C’est long neuf heures, même quand c’est un

peu moins… Alors quand on voyage en « troisième »

le wagon-restaurant semble un luxe inaccessible. On

voyage donc avec son casse-croûte. C’était tellement

évident et banal que mon souvenir de ces agapes reste

vague, le wagon, vers midi, bruissait doucement de

3 Pensé “Camenbertt”, écrit “Roquefort !

papiers froissés, de « glouglou » discrets, de conversa-

tions s’amplifiant avec les « coups de rouge », de bébés

pleurnichant, et j’en passe… Du banal vous dis-je !

Nonobstant, et je pense faire plaisir à Mathilde,

je me souviens en particulier d’un casse-croûte. Pour-

quoi celui-là ? C’est à cause d’un « Carré de l’Est ».

Odoriférant un « Carré de l’Est, surtout après avoir ma-

céré dans une valise. Mon Grand-père et moi revenions

de Limoges, après une nuit à Paris nous repartions vers

Nancy et Thaon ; Louis-Victor tenait à son « Carré de

l’Est » et avait réussi à s’en procurer un avant notre re-

tour de cet endroit reculé du Sud-Ouest ou Centre, enfin

de là-bas… Il ouvrit sa boîte du côté de Commentry, je

vous demande pardon de mon imprécision, seul reste

précise la force du fumet qui s’exhala lors du démaillo-

tage de ce merveilleux produit lorrain. Louis-Victor

avait ses habitudes, il grattait toujours le « blanc » cou-

vant la pâte ; alors là, jeunes gens, essayez d’imaginer

l’exhalaison…

« Ouille ! »

pensai-je alors,

« Heureusement que nous sommes seuls ! »

C’était le cas, curieux comme certains détails

restent…

Ce fut bien un « Carré de l’Est » et non pas un

commun « Roquefort »3, si, si, j’en suis - presque - cer-

tain !

18 septembre 2020

Déconfinements en TEE

Passées mes Grandes Vacances en Algérie, j’eus

ensuite des agapes ferroviaires moins pittoresques et

d’un niveau que je considérai vite comme agréablement

fréquentable. Je n’étais plus un adolescent désargenté,

ni même un vague « sous-bite » dans un uniforme res-

capé du dernier conflit, nanti d’une solde maigri-

chonne, mais un cadre grimpant vite à l’échelle vers des

droits acquis, en particulier celui de voyager en pre-

mière classe aux frais de mon employeur. Chic alors !

28 : TEE.

Page 35: Blablas - savoysky.pagesperso-orange.fr IV (WEB).pdf · Le Lion tint conseil, et dit : Mes chers amis, Je crois que le Ciel a permis Pour nos péchés cette infortune ; Que le plus

35

Néanmoins, dans notre ère actuelle riche en «

TGV » qui se souvient des « TEE » ?

« TEE » : « Trans-Europ-Express ». Ah ! Ah !

Souvenirs émus… En France, de l’Est au Nord en gi-

rant par la dextre : le Kléber ou le Stanislas vers Stras-

bourg – il se lasse cet âne !4 –, le Mistral vers Marseille,

le Capitole vers Toulouse - record de vitesse entre Or-

léans et Limoges –, le Sud-Express vers Bordeaux, en-

fin le TEE vers Bruxelles dont j’ai oublié le nom si tant

est qu’il en eût un… Ah mais oui il me revient ! Le

Brabant… Et d’autres encore dont je parlerai un autre

jour… De belles voitures « inox » ou dans une autre

livrée, accompagnées le plus souvent d’une voiture-res-

taurant de la CIWL assurant en outre son service dans

les deux voitures voisines.

Ce furent mes trains préférés. L’informatique

depuis la Libération s’immisçait un peu partout, notam-

ment pour ce qui me concernait dans le réseau des La-

boratoires des Ponts et Chaussées ; j’avais dans cette

Administration la charge du développement de cette

nouvelle technique dans les arts de l’ingénieur. La

fonction nécessitait de nombreux déplacements dans

toute la France. Ainsi durant plusieurs années mes jour-

nées commençaient souvent en prenant place dans l’un

des premiers vols quotidiens d’Air Inter à Orly pour y

revenir tard ou en empruntant une voiture du parc le

matin pour la ramener moi-même le soir. Par consé-

quent je profitais de toute accalmie dans mon calendrier

pour laisser du temps au temps, selon l’expression de

notre Président, tout simplement en prenant le train.

Cinq heures de trajet en Mistral, cela donnait le temps

de peaufiner une publication ou d’en lire quelques

autres de collègues… Et à l’heure du déjeuner cela me

permettait de satisfaire cette obligation naturelle, sans

quitter ma confortable place.

Je parlerai peu de cuisine, donnant la préférence

à l’anecdote.

La cuisine néanmoins ? Menus classiques sou-

vent d’un voyage à l’autre ; le « Veau Marengo » me

semblait ainsi devenir inévitable ; j'entends encore cer-

tains de mes voisins de table un peu rouspéteurs mau-

gréer à ce propos. Pourtant avec un verre de Bourgogne,

dans le Mistral, ce plat me parut toujours d’une qualité

supérieure au même - à peu près - de ma cantine habi-

tuelle. Le service était toutefois remarquable : achever

la préparation des repas dans un espace exigu conti-

nuellement tressautant et les servir dans la même in-

commodité, sans que les clients en pâtissent et pour leur

satisfaction dans ce moment de détente, me parut tou-

jours exemplaire

Je connus auparavant, un appelé effectuant son

service militaire come serveur dans le mess du CEV de

Brétigny. Entre jeunes ingénieurs récemment libérés de

ce service ou près d’y être invités, la distanciation hié-

rarchique était inexistante ; on parlait de choses et

d’autres, de nos métiers dans lesquels on pénétrait. Ce

4 Mauvais calembour, soit ! Je n’en suis pas l’auteur et je

jeune homme était employé comme serveur par la

CIWL et ce qu’il nous raconta de son entraînement me

permit de comprendre bien des années après pourquoi

le « Veau Marengo » arrivait toujours scrupuleusement

pile dans mon assiette et non pas sur mon pantalon alors

que nous passion sur des aiguillages…

Reste une anecdote culinaire avant les autres qui

le seront moins…

Un jour, dans le Mistral, une option du menu

proposa des brochettes d’escargots.

Eh ! Eh ! Qu’est-ce donc ?

Je choisis cette proposition et je dégustai de vé-

ritables escargots rôtis sur de fines brochettes et non pas

mijotés dans leurs coquilles, baignant en compagnie de

quelques échalotes dans un beurre aillé et persillé. Ce

fut délicieux. Bien des semaines plus tard, je question-

nai le maître d‘hôtel, celui qui m’avait servi ces bro-

chettes.

« Servez -vous toujours de ces si bonnes bro-

chettes d’escargots ? »

« Hélas non, monsieur, nous avons reçu trop de

protestations ».

Le monde est bizarre, je lui exprimai ce senti-

ment et mon désappointement devant ce retrait. Il sourit

et me remercia.

Demain ou après, anecdotes plus ou moins rigo-

lotes.

19 septembre 2020

Blablas en TEE

Le wagon restaurant permet entre collègues

voyageant ensemble de ne plus parler « boutique » et

digresser sur des futilités; il offre en outre l’avantage de

réunir des personnes ne s’étant jamais rencontrées au-

paravant. Ce qui se passe alors appartient généralement

aux petites histoires ; elles appartiennent toutefois à

notre quotidien ; c’est ainsi que nous vivons et j’aime

le raconter. Quel mal à cela ? Ceux qui aiment les his-

toriettes les lisent, ceux qu’elles indiffèrent les igno-

rent…

Je vous préviens, ce ne sont que de petits riens

dans le quotidien, à des années-lumière de savantes

exégèses sur notre mode de vie contemporain. Je me

plais à penser que ces minuscules écrits, facilement et

vite lus distrairont éventuellement de futurs descen-

dants…

Dans le Capitole.

De 18h à 24h, approximativement, six heures de

trajet de Paris à Toulouse, même horaire dans l’autre

sens. Arrivé à Toulouse, une nuit dans un hôtel en sor-

tant de la gare, juste en face et le lendemain on est d’at-

taque pour une journée, parfois deux de travail. Retour

l’entendis maintes fois… Rabelais aurait peut-être aimé.

Page 36: Blablas - savoysky.pagesperso-orange.fr IV (WEB).pdf · Le Lion tint conseil, et dit : Mes chers amis, Je crois que le Ciel a permis Pour nos péchés cette infortune ; Que le plus

36

aussi direct, mais mieux

valait avoir laissé sa voi-

ture dans le parc de la gare

d’Austerlitz, car à minuit,

attendre longuement un

rare train de banlieue, cela

n’avait rien d’enthousias-

mant !

Le 11 décembre

1974 mon adjoint M. R. et

moi embarquions dans la

gare de Toulouse Matabiau

à bord du TEE76. Pleins

d’allégresse les deux com-

pères ! Le T1600 de Télé-

mécanique destiné à pilo-

ter 24h sur 24 les essais du

laboratoire de mécanique

des sols, était reconnu apte à assurer cette fonction. La

satisfaction était si générale qu’un délégué syndical

avait gentiment avisé son patron qu’il n’était plus ques-

tion de demander à un laborantin d’effectuer des nuits

de veille ou de gâcher des jours de repos pour relever

des mesures. Les sols se tassent si lentement sous une

charge que les simulations en laboratoire pour con-

naître leur comportement imposaient jusqu’alors au

personnel de telles sujétions.

Pleins d’allégresse donc, nous décidâmes de fê-

ter cela au retour, en dînant dans le train ; mon adjoint,

originaire du Sud-Ouest suggéra une bouteille de « Ca-

hors » pour le festin. Folie des grandeurs car, à coup

sûr, nos « per diem » de l’administration ne seraient pas

de hauteur suffisante pour cette petite célébration.

La bouteille arriva sur notre table alors que le

convoi freinait pour son arrêt en gare de Brive la Gail-

larde. Service impeccable… Mon compère, fin con-

naisseur à qui je laissai cette lourde responsabilité,

agita, huma, agita encore un petit coup, huma derechef

et déclara :

« Hum ! Ce vin sent le bouchon ! »

Le service étant à la hauteur de la situation, le

serveur huma à son tour, ne sembla pas convaincu mais

néanmoins :

« Désolé monsieur, je reviens avec une autre

bouteille… »

Il revint alors que

nous quittions Brive ; mon

compère reprit son sacer-

doce.

« Hum ! Cela sent

encore le bouchon ! »

J’étais un peu gêné

or le serveur, toujours

digne et impeccable mais

bien moins convaincu,

s’enquit :

« Seriez-vous de la région,

Monsieur pour être si fin

connaisseur ? »

« Oui, je suis de Montcuq !

» …

Montcuq est une charmante localité de la région

de Cahors. Ici j’aurais dû omettre de placer la dernière

lettre en la nommant car on ne l’entendit pas dans la

réponse de mon collègue, oubliant la prononciation lo-

cale !

Stupeur du serveur qui s’en fût, vexé. Bof ! la

suite n’en souffrit pas. Tout de même, deux adultes et

néanmoins si gamins !

À bientôt, entre Lyon et Paris.

20 septembre 2020

Adieu cousine !

Mes sincères condoléances à tous les descen-

dants du Gérôme de Ravon , ancêtre de son défunt

époux ; notre Ravon, Gérôme avec un "G" insistait Ma-

rie Paule. Gérôme cousin de mon Jérosme à moi égale-

ment de Ravon, avec un "J" insistais-je. On en riait

d'autant plus facilement que tout cela avait le flou in-

certain des vieux papiers...

Fichtre ! Le temps passe vite.

Je serai à Thaon jeudi soir de la semaine pro-

chaine, trop tard je pense pour assister à ses obsèques.

Elle sera dans mes pensées émues.

7 octobre 2020

29 5 janvier 2011. 25 janvier 2011,Les "Babouches", Place de l'Âtre, Épinal. Marie

Paule, Charly et Mme., Serge.

30 : Durandgo - Silverstone Express.

Page 37: Blablas - savoysky.pagesperso-orange.fr IV (WEB).pdf · Le Lion tint conseil, et dit : Mes chers amis, Je crois que le Ciel a permis Pour nos péchés cette infortune ; Que le plus

37

Fig31 : Voyage dans les Rocheuses et dans le passé.

Page 38: Blablas - savoysky.pagesperso-orange.fr IV (WEB).pdf · Le Lion tint conseil, et dit : Mes chers amis, Je crois que le Ciel a permis Pour nos péchés cette infortune ; Que le plus

38

Confinement de nouveau

Alors grand air et « bonne bouffe » en train.

Plusieurs jours sans parler de mes expériences

culinaires en chemin de fer. Aucune solennité en l’oc-

currence, seulement une amusette.

Janvier 1995. Je m’étais accordé presque deux

semaines de congés dans l’Ouest américain à la suite

d’un séjour de travail dans un laboratoire situé » à Al-

buquerque au Nouveau Mexique.

Je me baladai gré de ma fantaisie et consacrai en

particulier une journée à une balade ferroviaire dans la

montagne. Point de départ et de retour : une petite ville,

Durango, avec tout son caractère miraculeusement con-

servé de cité de pionniers du XIXe siècle. La ligne : une

voie de montagne étroite quittant Durango pour monter

vers un col et redescendre vers son terminus, la cité mi-

nière de Silverstone. Le train : du matériel abandonné

avec la ligne et ses installations, après la fin de la der-

nière guerre mondiale mais récupéré, restauré et ex-

ploité par des amoureux du rail.

Par habitude, en vacances, je déjeune copieuse-

ment tôt le matin ce qui me permet de consacrer toute

la journée à la promenade, évitant l’interruption du re-

pas de midi. Dans le cas présent, ce fut un parcours ma-

tinal dans la montagne en plein hiver, jusqu’au col.

L’enneigement ne permettant pas d’aller plus loin, le

convoi manœuvra pour rebrousser chemin et redes-

cendre vers Durango.

Le paysage et le train « rétro » en valaient la

peine…

Bien évidemment un contrôleur contrôla les pas-

sagers, agrémentant son devoir en dialoguant avec cha-

cun. Ce faisant, tout content d’avoir identifié un Fran-

çais dans son train, grâce à mon parler inimitable, il me

conta l’histoire de « sa ligne », car il en fut l’employé.

Il m’entraîna vers la queue du train pour me faire visiter

sa « voiture-salon-restaurant », fermée ordinairement

car réservée pour les « grandes occasions ».

Pittoresque wagon. Mais il était midi cela éveilla

en moi le regret d’avoir pris mon petit déjeuner fort tôt

et d’être parti sans en-cas ! Or dans mon wagon banal

je voisinai avec un couple dont la silhouette attestait in-

dubitablement son amour de la « bonne bouffe ».

S’étant tout simplement joints à moi lors de l’invitation

du contrôleur, ils admirèrent en ma compagnie la

superbe « voiture-salon-restaurant » ; cela éveilla cer-

tainement en eux la même fringale que je ressentais.

Alors, assis de nouveau à nos places, ils débal-

lèrent leurs victuailles. Fichtre il y avait de quoi nourrir

tout le train ! J’exagère bien entendu mais remarquant

ma détresse, ils m’invitèrent gentiment et j’en profitai

sans vergogne.

Preuve que l’on peut se passer du wagon-restau-

rant en jouant le pique-assiette ferroviaire…

28 octobre 2020

Pique-assiette confiné !

Je voyageai fréquemment autrefois et parcourus

le réseau de la SNCF en tous sens ; j’en conserve donc

mains souvenirs culinaires en tous genres, y compris

celui d’une triste frustration. Si triste que j’en retiens la

date : le 16 mars 2001 !

Je revenais d’un séjour de deux jours à Pau, con-

sacré à une recherche généalogique dans les Archives

Départementales. Une archiviste efficace avec qui

j’étais entré en relation m’avait signalé la présence de

ma belle-mère biologique dans un registre d’écrou de

la prison de Bayonne. Pour des raisons que j’ignore je

ne pus obtenir aucune copie de pages de ce document

m’intéressant ; alors je fis l’aller-retour pour en effec-

tuer une copie manuscrite, ce qui me fut permis, photo-

graphie strictement interdite, allez savoir pourquoi… Je

ne protestai pas, content de recueillir quelques informa-

tions qui nous avaient toujours été cachées par la seule

personne qui pouvait les détenir : l’assistante sociale

qui administra l’existence de mon épouse, confiée à un

orphelinat à Garches, durant sa jeune enfance. De cette

personne nous retenions le témoignage que ma belle-

mère était partie volontairement en Allemagne, pour,

hélas, y être tuée lors du tragique bombardement de

Dresde en 1945.

La consultation du registre d’écrou et la copie

aussi fidèle que possible des informations recherchées

et trouvées durèrent un temps dont nous avons perdu

l’habitude avec le « tout numérique » actuel !

Des gendarmes français arrêtèrent ma belle-

mère à Anglet, l’emprisonnèrent à Bayonne d’où elle

fut livrée aux Allemands puis envoyée autoritairement

en Allemagne pour y travailler comme beaucoup de nos

concitoyens de l’époque. Pourquoi ces mensonges et

32 : Voiture salon-restaurant.

33 : 16 mars 2001, Gare de Pau.

Page 39: Blablas - savoysky.pagesperso-orange.fr IV (WEB).pdf · Le Lion tint conseil, et dit : Mes chers amis, Je crois que le Ciel a permis Pour nos péchés cette infortune ; Que le plus

39

mystères de l’assistante sociale et de quelques autres

personnes l’ayant connue ? Je cherche encore… J’étais

cependant heureux de pouvoir rapporter à mon épouse

le fait que sa mère n’avait point collaboré, comporte-

ment qui avait de l’importance pour toute personne

ayant vécu l’occupation de l’ennemi.

En outre nos cousins germains sont gens méti-

culeux et je trouvai dans le registre un bout de papier

en langue allemande résumant un interrogatoire d’iden-

tité effectué par la police germanique, vraisemblable-

ment transmis à la police française l’ayant négligé !

Bien évidemment date et lieu de naissance et profession

y étaient indiqués.

Chargé de ces informations c’est fort satisfait

que je retournai vers Paris ; tout de même quatre heures

de TGV, alors à midi, visite du bar pour me restaurer.

Lesté d’un minable « jambon-beurre », d’une vague tar-

telette et d’un « can » d’une sorte de « pisse d’âne »

baptisée bière, j’attaquai dans un coin de la voiture-bar

mon exemplaire de cette nouvelle mode de restauration

ferroviaire de très grande rapidité.

Bof ! Mieux que rien…

J’étais presque seul, hormis le restaurateur am-

bulant. Soudain une bande d’au moins une douzaine de

solides gaillards volubiles et rigolards envahit l’espace.

L’un portait un énorme sac. En sortirent des boules de

pain, des bocaux et des bouteilles ; tête du restaurateur

ambulant à qui rien ne fut demandé et qui ne pipa mot

dans ce déferlement, le gabarit des visiteurs lui inspi-

rant sans doute le respect.

Les boules de pain sentaient bon alors que dé-

coupées en tranches et bien mieux encore lorsque le «

popotier » ouvrit les bocaux pour y étaler ce qui indu-

bitablement était du foie gras. Ah ! Que cela sentait bon

! Les bouteilles émergèrent : visiblement du jurançon ;

c’était écrit dessus…

Propos tonitruants à propos d’une prochaine

rencontre de « ru-gue-by, pour imiter l’accent », rires

de joyeux compères, bruits de mandibules, glouglous et

chocs de timbales, enfin et surtout l’odeur, l’odeur d’un

certainement délicieux foie gras et il y en avait plu-

sieurs… De l’ambiance ! Moi, j’étais dans mon coin,

quidam ignoré… Insupportable supplice… Je regagnai

mon compartiment, l’estomac frustré.

31 octobre 2020

« Grand Charles »

J’ai aperçu notre « Grand Charles » deux fois

dans mon existence.

La première, c’était chez mon oncle et ma tante

à Épinal, rue d’Alsace, ou route de Remiremont, je con-

fonds toujours. De Gaulle visitait les Vosges, particu-

lièrement Épinal le 29 septembre 1946 ; il prononça un

discours que je n’entendis pas et dont je ne retins rien,

j’étais un gamin, 13 ans depuis fort peu de temps… Il

arpenta la ville et passa sous nos fenêtres. Je me sou-

viens bien de la liesse populaire, du monde à toutes les

fenêtres et le long de la rue sur les trottoirs. Mon oncle

était revenu de captivité l’année précédente alors nos

joyeux vivats se joignirent aux autres pour saluer ce Gé-

néral, symbole de la France Libre et libérée. La bonne

moitié de la ville était encore au ras des trottoirs en

1946 ; être en paix et libre avait un sens aigu, chacun

sortant d’un confinement autrement bien plus contrai-

gnant et dangereux que l’actuel ; cet homme personni-

fiait cela.

26 ans, treize ans de plus, « sous-bite », j’étais à

Alger, assez tôt le matin, juste devant le Palais d’été,

remontant le boulevard vers le quartier où se situait

l’E.-M. de la 5e R.A. Le factionnaire en grande tenue,

en gandourah de Saharien, rectifia subitement sa posi-

tion. Devant moi mais certainement pas pour moi figé

par la curiosité sur le trottoir d’en face : quoi, qui,

qu’est-ce ? Bousculade rapide de questions…

La porte s’ouvrit, une voiture en sortit lente-

ment, sans escorte. Je me figeai un peu plus mais par

profond respect et saluai, j’avais eu tout le temps suffi-

sant pour trouver une réponse : le « Grand Charles »

dans la voiture. Aucun vivat, mais j’étais seul, très ému,

de sincères vivats dans ma tête.

11 novembre 2020

Années confinées

Message de Josiane…

J'ai bien pu visionner le dossier de Marie-Paule.

Une petite remarque, plus générale, concernant

les dates des messages : il y a toujours le jour et le

mois, même l'heure de dépôt du message... mais jamais

l'année, pourquoi ? Cela pourrait être utile, non ?

Ces lacunes sont effectivement gênantes pour

ordonner chronologiquement les messages. Je pense y

être parvenu en utilisant mes archives personnelles,

ayant enregistré certains d'entre eux me concernant et

je note toujours les dates ; l'interpole ensuite pour les

autres.

Le dossier est indexé. Dans la bande de fonc-

tions figure à gauche une icône discrète : quelques traits

symbolisant sans doute une liste. en cliquant sur cette

icône ou ouvre effectivement à gauche de l'écran une

liste. Apparaissent ainsi des années. Une tête de flèche

précède la plupart. En cliquant sur une telle année on

fait apparaître les mois. De même on fait ensuite appa-

raître des quantièmes. Chaque quantième indexe un

message dont j'ai retrouvé la date complète. En cliquant

sur un quantième on ouvre le message correspondant.

L'indexation est laborieuse. Actuellement le

dossier comporte encore beaucoup d'erreurs et je

compte un peu sur vous tous pour me les signaler.

Le texte d'accueil doit être repris en totalité.

Hélas ! Je ne peux pas tout faire en une seule

fois! J'ai toujours ma généalogie à compléter, un ou

deux articles en chantier et, hors confinement si je suis

à Thaon, le rangement de mon grenier. J'y retrouve en-

core des documents de Louis Victor, certains apparte-

nant en droit aux AD88 ; 87 ans ! Je dois m'activer...

15 novembre 2020

Page 40: Blablas - savoysky.pagesperso-orange.fr IV (WEB).pdf · Le Lion tint conseil, et dit : Mes chers amis, Je crois que le Ciel a permis Pour nos péchés cette infortune ; Que le plus

40

Sorte de post-scriptum…

Hier soir je corrigeai et complétai le dossier de

Marie Paule. Après ma réponse ici à Josiane, j’ai actua-

lisé le dossier sur mon site.

Si vous le consultez à nouveau vous constaterez

que j’ai indexé des messages de 2014. Ils concernent

les années 44-45.

Lisez ! Pour ceux qui ne connurent pas cette

époque : vous comprendrez ce qu’était un confinement

dans une cave à la Bresse… et la Bresse ne fut pas un

cas isolé.

Ces souvenirs de Marie Paule, les miens et

quelques autres me font dire aujourd’hui avec brutalité

et beaucoup de vulgarité, méritées je pense : ceux qui

pleurent de la crise actuelle sont des « couilles molles

». Bon ! D'accord ! C'est ce qui fait vivre journalistes,

politologues, philosophes et psychologues... En ai-je

oubliés ?

Destructions, morts, estropiés pour la vie, éco-

nomie anéantie le pays vivant au seuil de la misère gé-

nérale… Les générations d’alors se retroussèrent les

manches et replacèrent le pays sur ses rails, de vrais

cheminots pas grévistes ! Et je râle car lorsque j’entends

les rouspétances ici, je pense à ce passé et en outre à

nos militaires, ailleurs, qui ne rouspètent pas et font leur

boulot.

Même date

Page 41: Blablas - savoysky.pagesperso-orange.fr IV (WEB).pdf · Le Lion tint conseil, et dit : Mes chers amis, Je crois que le Ciel a permis Pour nos péchés cette infortune ; Que le plus

41

Confiner Que signifie ?

Nous vivons des moments passionnants.

Une pandémie frappe la planète sur laquelle

nous sommes confinés. Notre espèce animale

fixée sur ce piège doit agir en conséquence, sa

seule arme pour se perpétuer étant sa capacité

d’adaptation.

Circonstance évidente : la fragmenta-

tion de l’espèce face au danger, en collectivités

plus ou moins distinctes, de tailles et de struc-

tures diverses. Ici en France, nous sommes en

démocratie, forme de société à laquelle nous te-

nons mais fragile ; à l’autre extrémité du con-

tinent une nation dirigée autoritairement. Vi-

siblement nos comportements collectifs ten-

dent vers le même but : contrer la pandémie ;

non moins visiblement nos démarches diffè-

rent.

Il faut avoir la culture adéquate et maîtriser la connaissance des événements pour apprécier

ce qui se passe. Ce n’est pas mon cas, cela relève de la compétence de tous ces gens sachant soigner

les corps et les esprits, médecins et sociologues auxquels il faut joindre les politologues.

Personnellement je n’accepte pas la passivité. Comprendre ? Espoir improbable ! Observer ?

Oui ! Je suis un petit capteur, intégré comme il convient dans la masse, à sa place assignée par le

sort. Élément infinitésimal de l’ensemble je ressens, j ’observe et je note à ma façon car je n’en ai

pas d’autre. De grandes et savantes synthèses de cet événement mondial seront produites tôt ou tard

par les spécialistes ad hoc ; je me borne à laisser à ma progéniture le témoignage de ce que j’en

ressens.

J’observe ainsi mon état de citoyen confiné. Mais que signifie : confiné ? Bêtement, c’est ce

que je vis en ce moment. L’acception du mot réside dans les faits présents. Holà ! Rapide et suspect

ce point de vue ; les faits ici et en ce moment diffèrent probablement des faits ailleurs et en n’importe

quel autre moment…

Chercheur patenté, je pense immédiatement à une prospection bibliographique… Holà ! De

nouveau, je suis un « octo » retraité confirmé. Donc, tout doux…

Classiquement et bien facilement que disait donc ce vieux Furetière, incontournable lors d’un

début ? Il ne cite que deux verbes. Voyez ce qu’il en dit (fig.34)…

34 : Verbes "confiner"

ix, p.452.

Page 42: Blablas - savoysky.pagesperso-orange.fr IV (WEB).pdf · Le Lion tint conseil, et dit : Mes chers amis, Je crois que le Ciel a permis Pour nos péchés cette infortune ; Que le plus

42

35 : Le Mur de la Peste

Page 43: Blablas - savoysky.pagesperso-orange.fr IV (WEB).pdf · Le Lion tint conseil, et dit : Mes chers amis, Je crois que le Ciel a permis Pour nos péchés cette infortune ; Que le plus

43

Assigné à résidence

Confiné naguère… car pas Français.

Papa était un ancien combattant. Enfant de

boyard, son éducation l’envoya immédiatement le len-

demain de son seizième anniversaire, en 1916, dans un

régiment de génie de Sa Majesté, avec le grade d’en-

seigne.

Sur la ligne de front russe, la vie était aussi

rude que du côté occidental ; elle le fut plus encore du-

rant la révolution, lors de la campagne de Crimée me-

née par le Général Wrangel contre les bolcheviks. Sa

santé en fut profondément altérée et ensuite son métier

de soudeur à l’arc en 1939 continua insidieusement à

détruire ses poumons.

De nombreux Russes, considérés comme apa-

trides s’engagèrent en 1939 dans la Légion Étrangère ;

La guerre déclarée, Papa fut convoqué devant un con-

seil de révision lequel, étant donné sa santé, le réforma

immédiatement.

Par conséquent, toujours civil mais apatride, il

fut raflé un beau matin de 1941. par la police alle-

mande, assistée par la police française. Sa spécialité,

alors que notre pays était démuni par la guerre d’une

forte partie de sa main d’œuvre qualifiée, lui permit

d’être relaxé rapidement quoique de manière inatten-

due ; il eut néanmoins à subir avant de sortir de sa geôle

un examen moralement éprouvant, garantissant sa con-

formité à l’idéologie des envahisseurs.

Mais, sait-on jamais, « französiche Schwein-

kopf » ou pas, ne nous perdons pas dans les détails, il

pouvait être dangereux ! Donc : à surveiller, interdic-

tion de quitter Épinal, obligation de se présenter chaque

samedi matin au commissariat de police français pour

tamponner une sorte de « Ausweiss ».

Une façon, parmi des paquets d’autres, de con-

finer le peuple ! Cependant avec notre occupant

intransigeant sur tout, pas question de chipoter sur quoi

que ce soit pour obvier le règlement, pardon, le « Dik-

tat ». Étant garçonnet je ne posais guère de questions

sur le comportement des adultes, non pas par indiffé-

rence, mais simplement par ce que cela était incorrect ;

alors je n’ai jamais cherché comment ce qui suit fut pos-

sible.

Des peccadilles dirions-nous aujourd’hui mais

lourdes de conséquences à cette époque si l’on se faisait

prendre.

Tout d’abord le confiné devait aller à son travail

tous les jours à Golbey, parfois ailleurs ; Golbey et ail-

leurs ne sont pas Épinal, lieu assigné de résidence ; les

dérogations existaient peut-être déjà. Rien donc de nou-

veau à ce sujet en 2020 !

Et surtout, le confiné devait régulièrement ac-

compagner sa petite famille pour notre ravitaillement

occulte à Raon au Bois, ma mère sur sa vieille bicyclette

et moi juché sur une sellette fixée sur le cadre de celle

de mon père. Promenades étrangères au travail, donc

seulement possibles les jours fériés, généralement les

dimanches ou les samedis après la visite au commissa-

riat ; promenades d’une dizaine de kilomètres via la

37: Confinement politique

36 : Confinement dans le Hoggar

Page 44: Blablas - savoysky.pagesperso-orange.fr IV (WEB).pdf · Le Lion tint conseil, et dit : Mes chers amis, Je crois que le Ciel a permis Pour nos péchés cette infortune ; Que le plus

44

petite route d’Archette : peu probable de subir un con-

trôle.

Or, lors de l’une de ces expéditions, sortis d'Épi-

nal, nous nous trouvâmes subitement mêlés à des

« vert-de-gris », armes aux poings, en file le long de la

petite route et face à la lisière du bois. Pourquoi ? Ou,

pour qui ? Nous ne le sûmes jamais. Nous ne les inté-

ressions certainement pas, cependant nous n’en me-

nions pas large… La vie de confiné on en rit, mais le

plus souvent après !

22 mars 2020.

Confinement seul

Simple élément de la masse confinée, je m’obs-

tine à juger détestable le fait de subir docilement, pas-

sivement, les consignes qui me sont imposées. Se re-

beller ? Certes non ! Tout simplement en raison de

l’importance de la discipline dans une situation dange-

reuse. Beaucoup d’entre vous ignorent jusqu’à l’exis-

tence du règlement militaire concernant l’obéissance,

applicable en toutes circonstances. Dommage ! Alors je

résume à ma façon :

Obéir sans discuter, en bons franchouillards

que nous sommes rouspéter mais seulement après

avoir obéi aux ordres et que les effets de l’obéissance

aient été constatés…

Nous sommes en démocratie, l’autorité qui nous

gouverne fut mise en place démocratiquement en dépit

des divergences de notre nation de râleurs ; en consé-

quence, de mon point de vue, obéir est le seul compor-

tement possible. Or l’obéissance aujourd’hui est atten-

due de toute la nation et ce que je viens de condenser

un peu ironiquement en une phrase paraît bien difficile

à observer. Ainsi en particulier, comment le petit élé-

ment que je suis peut-il agir utilement dans un moment

où justement l’autorité lui impose de se tenir tran-

quille ? Paradoxal !

Néanmoins je me souviens avoir dit : je suis un

capteur. Alors noyé dans la masse, vieillissant donc far-

deau possible, je capte et je note. C’est à peu près tout

ce que je peux faire. Utile, inutile ? On ne sait jamais

ce qui adviendra… J’oublie : si des jeunes appellent un

coup de pouce en math, ou en physique, mais pitié pas

en chimie car je suis nul, internet fonctionne et ma tête

aussi ; mes petits-enfants ont tout de suite pigé…

Pour clore cette petite confidence un souvenir

remonte ; je me remémore ce témoignage que j’eus la

chance d’admirer, celui du confinement unique et vo-

lontaire d’un homme livré à lui-même seul au milieu

d’une immensité : le Père de Foucault.

Cette diapositive, vieillie et retouchée, incite en-

core à réfléchir…

27 mars 2020

Confinement petitement collectif

Confinement petitement collectif

Sorte d’exercice de style, j’essaie de trouver

dans mes souvenirs des mises en situation de mon indi-

vidu, qualifiables de confinement ; en voici une…

J’étais jeune officier subalterne dans l’Armée de

l’Air, un « sous-bite » pour parler clair. Avantage

énorme : affecté à l’État-Major de notre Arme, en Al-

gérie, hors du service, je redevenais un civil comme

n’importe quel autre.

L’ambiance bureaucratique de l’É.-M. ne me

convenait guère. Alors je fus vite repéré par ma hiérar-

chie en raison de ma manie de saisir voracement tous

prétextes me permettant d’aller en l’air… Or un État-

Major c’est plein de réservistes planqués pas du tout

pressés de se faire envoyer en l’air ; nous étions seule-

ment quelques-uns, trois, quatre, guère plus, à avoir

ainsi la bougeotte : les "morphaloux". Peu de concur-

rence donc pour les services aériens commandés, les

SAC dans notre jargon ; notre hiérarchie, en majorité

des rescapés de la seconde guerre mondiale, nous chou-

choutait à ce propos.

Situation tout de même peu ordinaire car, con-

trairement à nos collègues en formation, on ne savait

jamais très bien où la prochaine mission nous condui-

rait, dans un but le plus souvent connu seulement à la

réception de l’ordre, à son affichage dans le tableau

quotidien de service. C’est ainsi qu’un Capitaine avec

qui je me suis lié d’amitié, se débrouilla pour m'offrir

une surprise : m’envoyer apprendre à piloter des pla-

neurs dans le Constantinois ; même pour cela, peu

d'amateurs se manifestaient… Je m'envolai de suite

pour Oum Settas, très exactement, dans les monts du

Constantinois où existe toujours une école de vol à

voile.

Je débarquai donc, un matin de fin octobre 1959,

dans un carré de barbelés sommairement équipé pour la

vie quotidienne et la pratique du vol à voile de pente ;

j'y demeurai tout le mois de septembre. Nous fûmes une

trentaine, arrivés le même jour et accueillis par le mo-

niteur en chef de ce centre, un civil content de récupérer

38 : Confinement dans le Constantinois

Page 45: Blablas - savoysky.pagesperso-orange.fr IV (WEB).pdf · Le Lion tint conseil, et dit : Mes chers amis, Je crois que le Ciel a permis Pour nos péchés cette infortune ; Que le plus

45

régulièrement des militaires acceptant de séjourner

dans son carré à peu près vide de civils; le carré était en

effet découpé dans une zone déclarée interdite, enclave

en plein milieu d'une zone hostile ; petite population

militaire venant d’un peu partout, donc obligation de

désigner réglementairement un chef ! Élection ? Non

mais alors, où croyez-vous donc être ? Le sort voulut

que, plus ancien dans le grade le plus élevé, je me re-

trouvai ipso facto, et quoique simple « sous-bite » le

plus jeune commandant de base aérienne en Algérie.

Fermez le ban !

Je découvris rapidement la ky-

rielle de droits et devoirs d’un grand

chef à la tête d’une équipe paumée

dans les monts du Constantinois, au

milieu d’un population clairsemée,

certes, mais un tantinet hostile…

Je vous raconterai de temps en

temps. J’ai tout mon temps !

27 mars 2020

Militaires confinés.

L’Algérie dispose d’une épine

dorsale ferroviaire de prime impor-

tance économique, reliant l’est et

l’ouest du pays. En particulier, le tron-

çon de quelques centaines de kilo-

mètres entre Alger et Constantine, par-

ticulièrement vulnérable durant la

guerre, devint un équipement étroite-

ment surveillé. En de multiples en-

droits propices aux agressions en rai-

son de l’isolement ou du relief, l’Ar-

mée installa des postes de guet occu-

pés par des groupes de fantassins cons-

titués généralement de quelques

hommes commandés par un Sous-Of-

ficier.

Il s’agissait le plus souvent

d’appelés du contingent, durant la du-

rée de leur service ou maintenus au-

delà de cette durée ou encore rappelés.

Les séjours jusqu’à la relève,

dans de tels postes fortifiés pouvaient

être longs. Le service ordinaire étant la

surveillance locale d’un équipement,

les hommes ne s’éloignaient donc pra-

tiquement jamais de leur poste. Ils

étaient ravitaillés en nourriture et bois-

son, équipés d’armes individuelles ou collectives, enfin

disposaient d’une liaison radio avec l’unité dont ils

étaient issus. De tout cela je conserve quelques anec-

dotes que je vous distillerai petit à petit…

Leur existence étant ainsi sommairement évo-

quée, on pourrait conclure : cela aurait pu être pire ! ce

que semble confirmer l’image que j’en donne, prise du

train qui me ramenait du Constantinois à Alger, seul

voyage terrestre que je fis en Algérie, tous les autres

ayant été aériens.

Néanmoins le sentiment d’isolement que me

procure l’image est fort, en dépit de la proximité de la

voie ferrée. N’importe lequel d’entre nous ayant servi

en Algérie à cette époque remarquera l’espace dégagé

entourant le fortin, sans angle mort, excluant toute ap-

proche cachée, en outre le peu d’ouvertures afin d’évi-

ter des tirs directs vers l’intérieur. Résumons : un inté-

rieur, triste espace fermé pour abriter la vie quotidienne,

une terrasse, indispensable pour le guet, très chaude en

été, très froide en hiver, mais permettant toutefois

d’échapper à l’oppressant confinement

des étages inférieurs…

En dépit d’un cantonnement to-

talement différent, je ne vécus cela que

durant un mois et dans des conditions

tout à fait supportables ; néanmoins,

j’accorde indiscutablement ma préfé-

rence à mon confinement actuel. Bien

évidemment je n’ai pour l’instant pour

me plaindre aucune de ces raisons que

subissent de nombreux concitoyens ; je

raconte ce que je vois, ce que j’ai vu et

je compare éventuellement, sans plus.

28 mars 2020

Confinement d’antan

Je suis confiné à Vincennes,

chez ma compagne depuis le 8 mars.

C’est en effet une conséquence de ma

dernière visite chez le chirurgien qui

s’occupa de ma carcasse à trois re-

prises pour un ultime contrôle post-

opératoire. L’homme de l’Art me con-

seilla fermement de ne pas rentrer chez

moi, à Thaon, mais de rester là où

j’étais et de n’en pas bouger, quarante-

huit heures avant le discours de notre

Président.

Cela me laisse supposer que le

monde médical, au moins celui mili-

taire que je fréquentais en raison de

mes impedimenta, sentait venir l’épi-

démie dans tout sa splendeur et s’y

préparait. La « transparence » dans

l’action gouvernementale dont nous

parla le Président ne me paraît donc

pas bénéficier de la limpidité du mot.

Je pense au contraire que cela désigne

une qualité incontournable et univer-

selle des discours des Princes manipu-

lant leurs sujets.

Comprendre un tel mécanisme est malaisé. Or je

veux être un capteur honnête. Je dois donc me perfec-

tionner en la matière. Une démarche possible : me re-

mettre à lire Tchakotine, celui qui écrivit le « Viol des

foules ». Le confinement me donne le temps de m’obs-

tiner dans cette déraison. Je vous en reparlerai : cela

vous barbera mais un forum est un lieu de liberté.

Pour le moment il me revient que hier, je vous

40 : Poste de guet, Algérie

40 : Confinement d'antan, Oum Settas

Page 46: Blablas - savoysky.pagesperso-orange.fr IV (WEB).pdf · Le Lion tint conseil, et dit : Mes chers amis, Je crois que le Ciel a permis Pour nos péchés cette infortune ; Que le plus

46

présentai un site où, durant de longues semaines, se

morfondirent quelques jeunes gens accomplissant leur

service militaire. Cette nuit, il me revint à l’esprit - je

dors peu – que ce confinement militaire n’avait rien

d’exceptionnel car omniprésent dans l’histoire de notre

humanité.

Je vous parlai il y a peu du carré de barbelés

d’Oum Settas dans le Constantinois. À une heure de

marche, de l’autre côté du cirque de petites montagnes,

existent toujours les ruines d’un fortin construit là, il y

a deux mille ans, plus ou moins quelques bricoles, par

les Romains, à ce que me racontèrent des civils fami-

liers du lieu ; mais je n’ai pas vérifié ; Il s’agissait de

contrôler la voie reliant des cités de l’est du Maghreb à

d’autres dans l’ouest. Ce furent de grandes cités, j’en

ai survolé plusieurs en Algérie.

La forme de la tour visible à Oum Settas rappelle

étrangement celle de sa moderne cadette vue le long de

la voie ferrée. Mais quelle pouvait être l’existence des

légionnaires du petit contingent posté là ?

29 mars 2020

Confinement ? Pas toujours et pas partout

pareil !

La « base aérienne » d’Oum Settas était aupara-

vant centre de vol à voile. L’armé de l’Air ne l’occupait

que pour la formation de son personnel au vol à voile.

Une présence militaire permanente étant nécessaire par

sécurité, cette mission fut dévolue à l’Armée de Terre.

C’est ainsi que j’y côtoyai durant mon séjour comme

élève pilote une petite unité d’artilleurs, un Sous-Offi-

cier et quelques hommes, organisation peu banale dont

je n’ai jamais compris les raisons, en fait je n’ai jamais

cherché à les connaître : une bizarrerie de plus de l’Ar-

mée, il y en avait tellement aux yeux des appelés, alors

pourquoi se fatiguer à essayer de comprendre.

Toutefois j’étais le pacha de ce petit univers mi-

litaire. En dépit de mon souci permanent, comme

simple élève, d’être présent lorsqu’arrivait mon tour de

poser mes fesses dans un planeur, je devais assurer ma

haute et inattendue fonction de grand chef. J’en plai-

sante aujourd’hui mais pas à l’époque ; notre carré de

barbelés, la piste d’envol, les deux ou trois masures ha-

bitées pas trop loin et la route nous reliant à la localité

la plus proche, le Khroubs, tout cela était enclavé en

zone interdite. Je pris donc connaissance des consignes

de sécurité dès mon intronisation. Cela nécessita en par-

ticulier un aller-retour vers la « vraie » base aérienne

dont nous dépendions à Oued Hamimine dans la ban-

lieue de Constantine, aller-retour dans un tas de rouille

ressemblant à une 2CV lorsque regardé de près, réformé

de surcroît durant mon séjour.

Nous les « aviateurs » avions le privilège de

nous balader dans la zone interdite mais au-dessus, en

volant. Les artilleurs devaient rester dans notre carré,

leur poste. J’eus donc connaissance de leurs consignes

car j’étais responsable de leur bonne exécution. En par-

ticulier, la nuit, un homme du tour de garde devait

joindre par radio l’unité d’artillerie afin que qui de droit

sache que nous étions en bonne santé. En cas de man-

quement on m’affirma qu’un tir d’artillerie pour arroser

la zone autour de notre carré serait déclenché. La radio

était alimentée, non pas par une batterie mais par une

dynamo remplaçant une roue de bicyclette sur laquelle

l’homme de garde devait pédaler. Il y avait bien

d’autres consignes, pour l’eau, uniquement sanitaire et

assez rare, l’hygiène, l’armement, l’alimentation,

etc. En fait tout était simple ; la sécurité en vols était

l’affaire du moniteur en chef et nous nous entendions

bien.

J’ai attaché de l’importance à la radio. Bon, au

début j’avais un peu l’angoisse que, l’homme de garde

s’assoupissant, quelques dragées arrivent inopinément

dans le carré, sait-on jamais avec les artilleurs pas tous

émérites ; En fait j’en parle à cause d’un coup de sirocco

inopportun…

Eh oui ! Vers la fin de septembre, cette cochon-

nerie se mit à souffler ! Pour combien de jours ? Nul ne

savait. Cependant on savait que le vol de pente devenait

ainsi impossible. Cloués au sol ! Il faisait chaud et

l’énervement gagnait mes hommes. Il leur fallait de

l’exercice remplaçant celui interdit par le mauvais vent

; pour ceux l’ignorant, le vol à voile est un sport collec-

tif nécessitant du mouvement. Alors, du mouvement,

j’en ordonnai en décidant une patrouille dans la mon-

tagne vers ce vieux fort qui m’intriguait. Par consé-

quent, c’était la consigne, appel radio pour signaler

notre sortie inhabituelle au ras du sol, les artilleurs res-

tant à la maison bien au chaud.

Même date

Sauts temporels

De nouveau Oum Settas.

Intéressant notre confinement : au sol peu de

place et entassement dans le carré de barbelés de l’équi-

pement, des gens et des chiens de garde, en l’air tout

l’espace souhaité et dispersion des gens chacun dans

son fragile oiseau. Situation peu courante et souvenir

inaltérable ! Par comparaison, qu’en était-il pour les mi-

litaires - que j’affirme sans raison avoir été des légion-

naires romains -, postés dans ce djebel il y a plusieurs

siècles, de l’autre côté du cirque montagneux ?

J.-B. C., le moniteur avec qui je m’entendais

41 : Survivance du passé récent, Oum Settas

Page 47: Blablas - savoysky.pagesperso-orange.fr IV (WEB).pdf · Le Lion tint conseil, et dit : Mes chers amis, Je crois que le Ciel a permis Pour nos péchés cette infortune ; Que le plus

47

bien, m’invita un après-midi dans son coucou motorisé

pour une longue balade au-dessus de cette partie du

Constantinois. Tout en surveillant ma manière de pilo-

ter, en râlant de temps en temps pour justifier sa répu-

tation injustifiée de teigneux, il me racontait ce pays

qu’il connaissait bien car c’était son pays.

L’image qu’il me donna du djebel Oum Settas,

particulièrement du cirque, pierreux, archi-sec, quasi-

ment désertique, différait totalement de celle que je

connaissais. Je faisais là, tous les jours, des ronds en

l’air en compagnie des vautours avec le souci perma-

nent de repérer où me poser si nécessaire. Alors le sol

pierreux, archi -sec, quasiment désertique, c’était ma

certitude car réalité quotidienne et je n’imaginais abso-

lument pas qu’il pût en être autrement autrefois

Tout faux !

Dans un passé récent, avant 1954, une exploita-

tion agricole existait dans ce site ; elle disparut rapide-

ment lorsque l’insécurité régna. En restait une grande

bâtisse en voie délabrement, ceinte de champs retour-

nant à l’état de jachères, dans lesquelles les nombreux

sangliers se repaissaient tranquillement, les cultures

s’obstinant à se perpétuer sauvagement (fig.41). En res-

taient quelques masures occupées par de pauvres gens

sans travail. En restait enfin un puit, sans margelle donc

piège pour les petits animaux s’y noyant, puit néan-

moins fournisseur de notre eau que j’ose à peine quali-

fier de sanitaire…

Dans un passé plus ancien poussaient ici des oli-

viers, beaucoup d’oliviers. J.-B. C. m’en précisa une

preuve : les vestiges en pierre d’un pressoir à huile ; j’ai

effectivement vu ces vestiges. Toute une population vi-

vait ici. Avant 1954 les vélivolistes, souhaitant disposer

d’eau courante dans leur centre sportif, demandèrent à

des hydrologues de déterminer où en trouver ; ils trou-

vèrent rapidement, exécutèrent un forage pile là où de

lointains prédécesseurs avaient installé un captage sou-

terrain, bassin maçonné dans la nappe phréatique, cou-

vert d’une belle voûte et plein d’une belle eau claire ;

j'eus la chance d’admirer la construction grâce au puit

moderne ajouté. Hélas ! Coopération entre générations

éteinte en 1954…

Enfin, impossible d’ignorer les nombreux dol-

mens parsemant le site, preuves d’une importante et

longue présence humaine à une époque antique (fig.43

).

Existait vraisemblablement là une sorte d’Eden,

aujourd’hui disparu (fig.43 ) ; revirement : les « légion-

naires romains » ne devaient guère s’y sentir confinés !

Telle fut ma nouvelle certitude, maintenue après mon

départ…

Certitude ? Se méfier des certitudes

30 mars 2020

Certitudes

Les certitudes du moment.

Allant ici ou là, cherchant à exhumer du passé

des souvenirs de confinements, éventuellement vécus

par votre serviteur, j’en suis venu à parler de certitude.

Étais-je raisonnable de considérer que les supposés lé-

gionnaires romains était confinés dans ce fortin perché

sur sa barre rocheuse, à une heure de marche du carré

de barbelés où je fus confiné moi-même bien des siècles

plus tard ?

Question oiseuse due à ma fringale de noircir du

papier - virtuel - compensant mon inaction de confiné

sanitaire…

Est-on capable d’une quelconque certitude dans

nos actes, quels qu’ils soient ? J’en suis bien incertain.

Cependant, écoutant les blablas dont on nous abreuve

sur les ondes sur l’inépuisable sujet du confinement,

j’entends bien évidemment les commentaires d’audi-

teurs intervenant en direct.

Le nécessaire confinement, inévitablement dé-

crété dans l’urgence, rabote évidemment tous les détails

des situations particulières… aussi nombreuses que les

citoyens. On entend donc essentiellement des citoyens

désemparés exposant leurs cas ; le registre de leurs

questions éclate, il s’étale de la bêtise pitoyable à la per-

tinence incontestable. Cependant on entend en outre

d’autres citoyens, pas du tout désemparés, sans ques-

tions mais parfaitement inendiguables, exposant leurs

certitudes, généralement des fouillis d’idées parfois in-

compréhensibles.

S’inspirer de ces idées ? Ce serait éventuelle-

ment le cas dans une démocratie directe réclamée par

les gilets « jonquilles » ; « jonquille », c’est plus joli

que « jaune » et c’est printanier donc d’époque. Bon, de

telle avalanches seraient fâcheuses ; j’use du condition-

nel, certain de l’incertitude d’une telle chute… Bon

43 : Passé de plus en plus lointain, Oum Settas.

43 : Passé lointain.

Page 48: Blablas - savoysky.pagesperso-orange.fr IV (WEB).pdf · Le Lion tint conseil, et dit : Mes chers amis, Je crois que le Ciel a permis Pour nos péchés cette infortune ; Que le plus

48

bref, vous comprenez ce que je veux dire… Heu… Pas-

sons à autre chose…

Il reste, pour résumer, que les ondes dispersent

à profusion du bon grain et beaucoup d’ivraie. Faut trier

comme on peut ! Toutefois c'est préférable au virus qui

se disperse tout seul…

31 mars 2020

Nietzche chez un confiné

Du calme ! Je n’ai reçu aucun coup de bambou

sur la tête ; serait-ce mon quart d’heure favori de dérai-

son ? Non, il ne s’agit pas de cela ! Simplement et bê-

tement je fus avant hier un tantinet désœuvré.

J’effectue de nombreux aller-retour entre Thaon

et Vincennes : sentimentaux, avoue-je, mais aussi en

outre, depuis plus d’un an, médicaux. Ainsi, le 8 mars

dernier, je consultai un chirurgien de l’hôpital Begin,

lequel me conseilla fermement d’éviter de retourner à

Thaon. Conseil confirmé non plus fermement mais

autoritairement et à plusieurs reprises, peu de jours

après, par notre Président et notre Premier Ministre…

Piégé ! Du calme encore ! Je connus pire sort !

Néanmoins piégé à Vincennes et mes bouquins

à Thaon. Certains m’accompagnent toutefois dans mes

aller-retours ; ils vont et viennent avec leur propriétaire

selon ses besoins et bénéficient d’une petite biblio-

thèque à Vincennes pour se reposer. Ceux, ainsi pré-

sents récemment, subirent le sort commun : confinés

sur place ! J’avais donc de la lecture, toutefois vite in-

suffisante, avec un choix subitement figé dans sa der-

nière composition par le confinement. Du connu donc

sans attrait à ce moment-là… Petite disette vite soignée

: ma compagne est également bibliophile ; nonobstant,

Agrégée des Lettre, sa bibliothèque bien fournie n’a

évidemment pas la coloration de celle d’un matheux.

Qu’importe ! L’œcuménisme livresque balaya ma frin-

gale : un peu de littérature me fera le plus grand bien,

pensai-je alors, mêlons donc « philo » et « math ».

En conséquence, je plongeai résolument dans la

bibliothèque de ma compagne que je me contentais su-

perficiellement de côtoyer ordinairement. Folle impru-

dence ! J’en émergeai étourdiment avec le « Bien et le

mal » de Nietzche (xvi). Brave homme que je fréquen-

tai à l’époque du Bac, programme oblige, et dont je

m’écartai aussi vite que possible, l’urticaire me gagnant

; j’avais oublié cela… Or le brave homme, déjà difficile

à lire dans son style continûment orné de fioritures ex-

cessives, confond son lecteur par l’ampleur de ses cri-

tiques acerbes sur autrui ; je suis direct : en « prépa »,

classe de mathématique spéciale nous rangions de tels

discours dans la catégorie des « masturbations men-

tales .

Malvenu ce bouquin ! Désœuvré, étais-je ; alors,

courage ! J’ouvris, je feuilletai… Oups ! Que lis-je page

32 ? Ceci :

" Il y a encore des observateurs assez naïfs

pour croire qu’il existe des « certitudes immé-

diates », …"

Oh ! Oh ! Je parlai de cela hier… Serais-je donc

un émule de l’illustre mais barbant Nietzche ?

Certitude de mes incertitudes ou incertitude de

mes certitudes ? Je conclus : seulement certain avec in-

certitude du mal de tête qui me gagne ! Pas peu fier ce-

pendant de découvrir un effet pervers et inattendu du

confinement sur un confiné, pire que le virus : le mener

à des lectures calamiteuses.

1er avril 2020

Nietzsche derechef !

J’ajoute un « s » dans le nom ainsi que l’éditeur

l’intercala entre le « z » et le « c », ce dont je m’aper-

çois en rédigeant la notice catalographique destinée à

mes notes de lecture. Mais pourquoi citer de nouveau

ce contempteur de notre société ?

Un livre, c’est un auteur, ou plusieurs ; simpli-

fions, c’est un homme avec ses idées et prenant la peine

de les communiquer. L’important, avant de juger le

contenu, est de considérer le travail qu’il représente.

Certains auteurs possèdent le don de bien écrire facile-

ment et rapidement ; ce fut, paraît-il le cas de Victor

Hugo qui ciselait notre langue selon les nuances de ses

idées ; de la musique ! Nombreux sont les autres ayant

moins de facilité ou des difficultés en écrivant. Dans

tous les cas c’est du travail méritant le respect, quel que

soit le contenu, du meilleur au pire.

Le respect ici consiste à ne pas fermer l’ouvrage

en abandonnant prématurément sa lecture. Je persévérai

donc dans la lecture de « Le bien et le mal ». Le respect

de l’auteur m’apporte une récompense ; je trouve page

214 (xvi) une exclamation en aparté de l’auteur :

"- y a-t-il encore aujourd’hui des psycho-

logues ailleurs qu’en France ? -"

Nietzsche en devient presque sympathique. J’ai

oublié où avoir lu l’affirmation de la primauté incontes-

table de notre pays dans la production de psycho-

logues ; obviant cet oubli, conséquence notoire : la pré-

sence rapide et systématique d’au moins une cellule

psychologique lors de n’importe quel événement, là où

il advint.

Bonté divine ! Ce fichu virus et le confinement

qui en résulte perturbent bien du monde autre que celui

44 : Léproserie, Remiremont.

Page 49: Blablas - savoysky.pagesperso-orange.fr IV (WEB).pdf · Le Lion tint conseil, et dit : Mes chers amis, Je crois que le Ciel a permis Pour nos péchés cette infortune ; Que le plus

49

effectivement atteint par la maladie… Alors, Monsieur

notre Président, quid des cellules de psychologues ?

Elles devraient être présentes dans chaque rue ! Hélas !

Elles sont confinées… Doit-on rire ou pleurer ? On en

parle peu, en toute transparence.

Même date

Viol des foules

Tchakhotine, Professeur d’Université acquit la

notoriété en étudiant les comportements collectifs des

espèces animales ainsi que les techniques pour les con-

trôler. Lorsqu’il publia l’ouvrage auquel je me réfère

aujourd’hui : « Le viol des foules (xxi) », en 1952, j’étu-

diais la mathématique et son usage particulièrement en

thermodynamique et mécanique des fluides, disciplines

bien distinctes des sciences de l’homme, domaine du

Professeur ; j’en ignorais pratiquement tout.

Vint l’époque de mon service militaire. Mécani-

cien affecté à l’armement je découvris la pratique de

sujets que j’avais étudiés théoriquement en école. Je me

souviens en particulier des manières de régler avec une

précision d’horloger, l’explosion d’une bombe, d’une

mine, etc., ou pas drôle du tout, de les désamorcer.

Dans cet itinéraire, mon ignorance des travaux

du Professeur Tchakhotine restait toujours totale. Et

puis, un lundi matin, le tableau de service averti l’aspi-

rant que j’étais alors d’assister avec deux copains à une

suite d’heures de cours… de psychologie !

Ah ! C’était nouveau ! Le jeune professeur, un

appelé maintenu, ancien élève de l’ENS, était Agrégé

de Philosophie, perpétuellement simple soldat à ma

connaissance car un tantinet objecteur. Nos cours pri-

rent vite le ton de discussions entre camarades univer-

sitaires. Dès la première discussion, le camarade

Agrégé nous précisa sa mission : nous inculquer des ru-

diments d’action psychologique avant notre départ en

Algérie… À caser dans une paire de semaines ! Reçu ?

Exécution ! Les "mili" ne doutent de rien !

J'étais curieux de tout et je le suis toujours. Je

découvris ainsi, sans les digérer toutefois, ne rêvons

pas, les travaux de Tchakhotine dont notre nouvel ami

avait peut-être été l’élève et certainement un admira-

teur ; je fus impressionné. Les années passèrent et au

fil du temps, les événements sociaux plus ou moins agi-

tés qui secouèrent notre pays me donnèrent l’envie de

me replonger dans cette œuvre ; ce que je fis et continue

de faire, mais par petites doses…

C’est en effet une œuvre difficile nécessitant à

mon avis, avant de l’aborder, une bonne culture psycho-

logique que je ne possède pas. J’ai donc bien du mal à

suivre l’auteur dans ses raisonnements. Petit à petit j’en

retire toutefois l’impression que tous les gouverne-

ments, quels qu’ils soient pratiquent une opacité plus ou

moins forte dans leurs actes. Ce n’est qu’une opinion

mais j’imagine que nos dirigeants sont mieux avertis

que dans leurs affirmations, surtout en ce qui concerne

notre situation actuelle, en particulier la durée du con-

finement et ensuite la relance de notre économie.

À suivre.

Même date

Question d’échelle

Dans cette crise mondiale, individu confiné, je

ne suis qu’un élément d’une suite de collectivités diver-

sement confinées, successivement imbriquées chacune

dans la suivante, comme des poupées russes : mon quar-

tier, ma ville, mon pays… etc., in fine la terre tout en-

tière ; ne voyez avec cette dernière citation aucune exa-

gération farceuse de ma part et je ne peux pas monter

plus haut car elle constitue notre ultime prison, pandé-

mie ou pas. Parallèlement dans la crise que nous subis-

sons, mon comportement est ainsi un élément des com-

portements de ces collectivités, chacun intégré dans le

suivant.

Cette situation exceptionnelle suscite la curio-

sité. Je connais forcément mon comportement indivi-

duel sans toutefois être capable de l’analyser finement

pour le comprendre ; il faudrait pour cela que je sois

biologiste ou psychologue ou mieux, les deux conjoin-

tement. Or je suis ignare dans ces disciplines et par con-

séquent incapable d’apprécier correctement ces com-

portements collectifs ; je suis néanmoins immergé pas-

sivement de proche en proche dans chacun.

Tout comportement collectif résulte des com-

portements individuels qu’il intègre, aussi nombreux et

divers que les individus ; réciproquement il se répercute

sur ces éléments le composant. L’étude de ces interac-

tions appartient à la sociologie. À mon âge et de sur-

croît, en l’absence de toute formation antérieure en so-

ciologie, espérer pénétrer les arcanes de cette discipline

n’est qu’un pur rêve. Mais la curiosité m’obsède, alors

je me résous à explorer et grapiller les informations qui

passent à ma portée.

Voilà qui explique mon retour particulier vers le

livre de Thakothine que je possède depuis longtemps ;

je vous ai raconté comment je découvris cet auteur il y

a soixante ans, anecdote dans mon existence, à l’époque

de mes grandes vacances au frais du gouvernement.

Chance dans ma quête, Tchakothine fut un chercheur

réputé dans sa famille de sociologues, disparus ou con-

temporains ; il en existe bien d’autres et Tchakhotine

cite souvent quelques-uns d’entre eux qu’il connut, par-

ticulièrement un Français : Le Bon. Le temps possible

qui me reste pour les étudier sérieusement est vraiment

45 : Ermitage du Frère Joseph, Ventron.

Page 50: Blablas - savoysky.pagesperso-orange.fr IV (WEB).pdf · Le Lion tint conseil, et dit : Mes chers amis, Je crois que le Ciel a permis Pour nos péchés cette infortune ; Que le plus

50

trop court. Je me limite donc à l’essentiel du peu que je

récupère.

Chaque collectivité possède des dirigeants ; ils

détiennent en propre des moyens de connaissance et

d’action généralement hors de portée des individus.

Tout dirigeant possède ainsi un pouvoir de contrôle sur

le comportement de la collectivité qu’il a en charge ;

inévitablement son contrôle du comportement collectif

induit des réactions des comportements individuels. La

boucle ainsi formée, par sa complexité, défie générale-

ment l’entendement de la masse dirigée ; il est bien pos-

sible en outre qu’elle échappe parfois à l’entendement

des dirigeants, en dépit des moyens de connaissance

dont ils disposent. L’incertitude d’installe…

Confiné dans l’ignorance, l’incertitude, pour le

simple citoyen réside, dans ce qu’il imagine de la qua-

lité des actions de la classe dirigeante. Imagination sou-

vent dénuée d’éloges pour ces actions et pour cause,

l’histoire rapportant qu’il en fut de bien mauvaises et il

en est encore de telles. En dépit des inévitables polé-

miques, détestables dans les accusations qu’elles col-

portent, j’ai personnellement le sentiment fort que notre

démocratie, en dépit de sa fragilité, nous protège de ces

calamités. Cependant même en l’absence de toute in-

tention maligne, nous ne sommes pas à l’abri des er-

reurs d’appréciation et de décision dans les actions de

nos dirigeants et consécutivement en retour dans nos

réactions.

Or dans une collectivité, l’incertitude génère la

crainte et la crainte, mauvaise conseillère, génère sou-

vent des excès. Les dirigeants craignent à leur niveau

l’émergence de cette crainte avec comme conséquence

une prudente opacité dans leur communication. De là

mon scepticisme quand j’entends des promesses de

transparence.

Mais, mais, craintes partout… Comment répar-

tir raison et déraison entre transparence et opacité dans

la gestion de la crise qui nous frappe ?

Bon, petit déjeuner… l’opacité du café me ré-

jouit.

2 avril 202

Léproserie

Un triste lieu de confinement : la Léproserie13 de

Remiremont (44, iv).

3 avril 2020

Mini confinement

Il existe très probablement des êtres humains

isolés dans quelques endroits de la planète, ignorant le

confinement quasi général imposé à notre humanité ; en

dépit de cette minuscule réserve, immense est la masse

de tous ceux qui ne peuvent plus vivre exactement

comme à l’accoutumée ; parler de confinements tou-

chant de petits groupes semble alors totalement incon-

gru. Or dans mes nombreux moments actuels d’inac-

tion, je m’amuse à rechercher dans le passé de tels cas,

éventuellement pour comparer. Cette manie me prend

surtout le matin, de bonne heure dans la nuit finissante ;

je note vite, avant les pilules, la chute de tension et la

bouillie pour chat concomitante emplissant ma tête.

J’ai déjà cité deux cas d’ermites ; n’ayant jamais

eu l’idée d’une telle existence, ne l’ayant donc jamais

vécue, je me contente de retrouver quelques images, re-

marquant ce faisant la beauté des sites, splendeur bru-

tale ou douceur, où se retirèrent ces confinés de leurs

propres volontés.

L’image présente n’offre évidemment pas la vi-

sion d’un ermite se rapprochant du ciel. Simplement un

pilote en 1959 effectuant son travail, piloter, au-dessus

d’une région curieuse, certes, mais sans attrait, telle-

ment vue et revue. Derrière le pilote, l’observateur ne

faisant pas son travail juste à ce moment-là, puisqu’il

photographiait ; mais, mais, un fantaisiste ! Remarque

en passant qui devrait vous rappeler quelqu’un…

Deux individus donc, seuls, en l’air ; leur isole-

ment, radio exceptée, est complet. Rien à attendre de la

collectivité, on ne peut compter que sur le collègue de-

vant et réciproquement. Sensation de confinement ?

Non, pas du tout, plutôt le contraire ! Sensation de li-

berté dans le ciel ? Même pas, le bruit, les secousses, le

« pépin » incommode sous les fesses tout confirme con-

tinûment qu’on est dans une boîte, pas comme des sar-

dines mais bien dans une boîte. Cependant tout va

bien… Comme d’habitude.

Sauf exception, pas ce jour-là et dans un autre

taxi, moins serrés. Paf ! Le moteur qui défaille soudain,

perdant son huile sur le pare-brise, pulvérisée par le

souffle de l’hélice en aérosol continu ! À une heure de

vol du havre, au-dessus d’une zone hostile ! Sacré mo-

teur, tiendra-t-il jusqu’au bout ? Je vécus cette situation

avec le collègue ; on se sent subitement seuls, rien à at-

tendre d’autrui. Reste l’esprit militaire, la discipline in-

hibe toute sensation de confinement. Circonstance ex-

ceptionnelle ? Le règlement commande de faire son

boulot, faire tout le possible pour ramener l’appareil et

ce qu’il contient à bon port. Alors, le premier et court

instant de surprise passé, on s’adapte immédiatement

aux nouvelles données du vol. Sensation de confine-

ment ? toujours inexistante ! C’est le souvenir que j’en

garde.

Une heure plus trad, ouf ! Posés. On n’y pense

plus. Enfin presque, toujours ce règlement qui com-

mande : le rapport, la paperasse…

Quand j’y repense, bien des années après c’est-

46 : Confinement en T6, Sétif.

Page 51: Blablas - savoysky.pagesperso-orange.fr IV (WEB).pdf · Le Lion tint conseil, et dit : Mes chers amis, Je crois que le Ciel a permis Pour nos péchés cette infortune ; Que le plus

51

à-dire aujourd’hui, ce fut néanmoins un beau confine-

ment. Le simple respect des consignes nous le fit ou-

blier, ce qui souligne l’efficacité de l’entrainement su-

bit auparavant ; ce qu’il pouvait être barbant !

Néanmoins, toute réflexions faites quiètement

ce matin, mon confinement actuel me paraît énormé-

ment plus confortable. Eh oui ! Jusqu’à y compris l’ab-

sence de parachute sous les fesses, sorte de coussin

rempli de noix mal foutues !

9 avril 2020

Ermitage

Autre mode de confinement. Ermitage du Frère

Joseph, Ventron (45).

4avril 2020

Pourvu que cela dure !

Relisant la définition du verbe confiner, donnée

par Furetière, je prends conscience de mon inattention

lorsque je la dénichai pour la lire rapidement dans son

dictionnaire. Furetière précise en effet l’exiguïté du lieu

de confinement. Je dois cette vérification à mon souci

de ne pas exagérer en présentant ce matin, photographie

à l’appui, l’habitacle d’un vieux T6 comme lieux de

confinement.

Vrai ! Les méfaits de la mondialisation sont bien

réels. L’humanité tout entière, confinée sur toute la

Terre entière, c’est bien ce dont on parle aujourd’hui,

contredit Furetière ; bon, bien, si je considère que notre

Terre n’est qu’une poussière minuscule dans l’univers,

j’admets qu’il n’existe plus de contradiction, seulement

une simple actualisation.

Petite mise au point embarrassante ! L’exiguïté

n’étant plus une condition maîtresse, qu’en est-il du

confinement ? Pour tout individu, dirais-je, avec ses ha-

bitudes, ses droits, éventuellement ses devoirs, le con-

finement survient dès lors qu’on taille dans ce qui pré-

cède, l’espace n’étant plus qu’un détail…

Fichtre ! Cela risque de me mener loin et vous

5 Salch, 1987, Saint Geniez ô Merle, pp.1030/1031.

avec, dans ma prospection des confinements passés, ac-

tuels et, pourquoi pas, futurs. Pourvu que notre confi-

nement dure, que je puisse continuer autant que néces-

saire…

Qu’entends-je ? Des rouspétances ?

Même date

Les Tours de Merle

Je suis passé là en juillet 1971, suivant une petite

route mal entretenue, sinueuse au travers d’un bois as-

sez dense ; soudain la surprise : sur la crête d’un petit

éperon rocheux raide et étroit se dressent les ruines d’un

groupe de quelques tours, serrées les unes contre les

autres. J’en connaissais l’existence, ayant lu attentive-

ment leur mention discrète dans le guide que j’avais en

mains ; néanmoins en dépit de leur élévation, elles

étaient bien cachées, visibles seulement après un der-

nier virage, de l’autre côté de l’étroit et profond vallon

en méandre, subitement en travers de ma route, me sé-

parant d’elles.

Il semble que ce site soit mieux mis en valeur

aujourd’hui. Cependant, en 1971, tel que je m’en sou-

viens, il illustrait parfaitement le mot : confinement.

L’exiguïté du site apparaît là incontestablement,

accentué par ces sévères bâtisses fortes s’élevant cha-

cune en un seul jet, la place pour les occuper ne pouvant

exister que dans la hauteur. Quelques familles seigneu-

riales, plus ou moins alliées, se partagèrent ainsi cet em-

placement en des siècles reculés. La documentation

consultée signale en outre la présence de vestiges de

masures blotties tout autour, accrochées aux parois de

l’éperon, aux pieds des tours : elles abritaient une petite

population de manants cherchant protection.

Curieux vestige5 ! Ce n’est pas une petite ville

fortifiée, loin de cet aspect, ni même un village ceint de

murailles. Ce n’est pas non plus un château en raison du

nombre inhabituel de détenteurs se partageant, serrés,

la crête rocheuse étroite. Toutefois c’est assurément un

lieu fortifié de refuge. Contre quels risques ? Certaine-

ment celui permanent de troupes guerrières, celui des

47 : Tours de Merle, Saint Geniez ô Merle. 48 : Tour de guet, Colorado.

Page 52: Blablas - savoysky.pagesperso-orange.fr IV (WEB).pdf · Le Lion tint conseil, et dit : Mes chers amis, Je crois que le Ciel a permis Pour nos péchés cette infortune ; Que le plus

52

Anglais à proximité ou encore celui de bandes de bri-

gands… Peut-être aussi celui de la Peste, si redoutée

autrefois…

Résumons : Isolement et sécurité mais quel in-

confort !

10 avril 2020

Watchtower

Le guet contribue à la sécu-

rité d’un territoire par sa surveil-

lance. Cette fonction dépend évi-

demment de multiples conditions,

fastidieuses à examiner ici ; toute-

fois elle nécessite fréquemment

l’usage d’un édifice conçu pour son

exercice et l’existence du ou des

guetteurs ; il existe en grand

nombre, de toutes époques, en tous

lieux et le promeneur attentif peut en

contempler souvent des exemplaires

le long de son chemin, admirer aussi

car parfois ce peut être une construc-

tion très soignée.

En janvier 1995, je photogra-

phiai cette belle tour de guet située

près de la route longeant la rive sud

du Colorado. Elle fut construite il y

a plusieurs siècles par le peuple

Anasazi, pour surveiller dans le dé-

sert proche de leur territoire, d’éven-

tuels mouvements d’inconnus. Je

précise que cette construction fut

soigneusement restaurée.

Une poignée d’hommes observant jour après

jour un horizon désertique, depuis cette tour érigée dans

un site magnifique ; magnifique mais apparemment peu

hospitalier. Ces hommes, se sentaient-ils confinés ? Ce

concept avait-il seulement un sens dans leur peuple,

existait-il un mot dans leur langue pour l’exprimer ?

En tous cas, notre confinement est loin de cet

exemple.

11 avril 2020

Qui confine qui ?

La grande Muraille de Chine fut l’œuvre de plu-

sieurs générations peuplant différents royaumes ;

royaumes assemblés progressivement au fil d’une his-

toire marquée par les rivalités de leurs belliqueux sou-

verains. Certains, nombreux, décidaient d’abriter leurs

biens, leurs royaumes, par des murailles. La muraille :

protection d’une peuplade contre les incursions d’une

autre peuplade. Mais alors, chinoiserie, laquelle des

deux peuplades était confinée ? Celle à l’abri mais dont

tout ou partie des activités se trouvaient détournées par

le souverain au profit de l’ouvrage ? Celle de l’extérieur

tenues éloignée d’une source espérée de richesses ?

Confinées toutes deux en raison de l’obstacle à leurs

habitudes de se déplacer ?

Du travail pour les sinologues spécialistes de ces

questions et la conviction pour moi que le concept de

confinement dépasse de loin en complexité l’idée ré-

ductrice que nous en donna Furetière.

La photographie date de 1987. Elle montre un

petit bout de la Grande Muraille proche de Pékin, à une

soixantaine de kilomètres ; déjà en 1987 les visiteurs

étaient nombreux. Autrefois les con-

finés-constructeurs étaient à droite

de ce que l’on voit, à l’est. Les pas-

constructeurs-confinés étaient donc,

néanmoins confinés malgré eux, de

l’autre côté, à l’ouest (49).

Le confinement à l’ouest per-

sista longtemps sous diverses formes

; j’en parle en connaissance de cause

car jusqu’en 1986 n’allait pas en

Chine qui le voulait et ne s’y dépla-

çait pas comme il le voulait. À l’est

les constructeurs confinés furent

quasiment des esclaves ; confine-

ment en évanescence ensuite ; j’en

parle également en connaissance de

cause car après 1986 j’eus très long-

temps le sentiment que leur lieu de

confinement s’était déplacé dans nos

Galeries Lafayette… Bon, je plai-

sante.

12 avril 2020

51 : « Jail », Calico.

49 : Petit bout de mur, Badaling.

50: « Jail », San Diego.

Page 53: Blablas - savoysky.pagesperso-orange.fr IV (WEB).pdf · Le Lion tint conseil, et dit : Mes chers amis, Je crois que le Ciel a permis Pour nos péchés cette infortune ; Que le plus

53

Ouest américain

Indubitablement, les pionniers de l’Ouest Amé-

ricain pratiquaient sérieusement le confinement. Visi-

blement le confiné dans ces habitacles était à la merci

de toute sortes de bestioles y compris notre cher virus,

détail ignoré à l’époque.

La première de ces cages est exposée dans la

Vieille Ville (Old Town) de San Diego en Californie ;

À l’endroit considéré comme le premier site de la ville,

d’anciennes bâtisses rescapées du XIXe siècle, démon-

tées, réhabilités, remontées autour d’un rectangle de

verdure, rappellent ce qu’était le pays à l’arrivée des

premiers européens. « The Court House » et son an-

nexe, présentée ci-contre, témoignent de leur soif de

justice. Hum ! Hum ! Le confiné, là-dedans, devait ef-

fectivement ressentir de la soif…

À une paire de journées de cheval de San Diego,

peut-être plus, Calico, une ville fantôme au milieu d’un

quasi désert mais bien entretenue pour les touristes,

possède également une cage bien aérée en annexe de

son « Sheriff Office ». Bien aérée, heureusement, car le

soleil chauffe là-bas !

12 avril 2020

Wuhan

Allant de Canton à Pékin, en chemin de fer, je

passai à Wuhan, en 1984. Long trajet d’une journée en-

cadrée par deux nuits dans un confortable comparti-

ment, alors comme beaucoup d’autres voyageurs, je

profitai des quelques arrêts d’une dizaine de minutes

pour m’aérer et me dégourdir les jambes sur les quais

des gares. Je peux donc affirmer que je me suis ainsi

promené à Wuhan. La gare juste quittée, le convoi tra-

verse le Fleuve Bleu, passage dont je conserve cette

image. L’atmosphère était bien brumeuse ce qui rend

difficile de reconnaître dans ce paysage les images de

Wuhan faciles à récupérer aujourd’hui dans l’Internet.

Ma photographie date de trente-cinq ans, la Chine sor-

tie depuis peu de sa Révolution Culturelle a bien changé

depuis ; il s’agit bien toutefois d’une image de Wuhan

; là, le train traverse le fleuve à l’intérieur d’une énorme

poutre en treillis métallique, sous la chaussée pour la

circulation ; l’ouvrage est connu et les éléments de

membrure en travers de l’image correspondent bien à

ce que l’on peut voir sur des photographies modernes.

Wuhan est à l’origine de l‘épidémie nous con-

traignant au confinement ; néanmoins je ne ramenai au-

cun virus de cette visite, depuis 1984 je m’en serais

rendu compte ; une autre raison m’a poussé à exhumer

ce banal souvenir.

Durant mon activité au L.C.P.C., j’entretenais

de fort bonne relation de travail avec des Chinois fré-

quentant le même établissement. En général c’étaient

des étudiants, toujours de très bon niveau, séjournant en

France pour parfaire leurs études. Toute une génération

de cadres ayant été envoyée dans les rizières durant la

Révolution Culturelle, la Chine avait un énorme besoin

de techniciens et scientifiques ; les jeunes gens à nous

confiés, inventifs, intelligents étaient de surcroît de vé-

ritables boulimiques de travail… Le résultat, au-

jourd’hui est spectaculaire.

Il advint en outre, que jour après jour, lorsque je

prenais le métro pour me rendre à mon travail, je ren-

contrais souvent un ingénieur Chinois, un plus âgé que

moi. Matinaux tous deux, nos rencontres se multipliè-

rent et nous prîmes l’habitude de converser. Monsieur

L. était cadre supérieur dans son pays, dirigeant d’un

grand équipement de production d’électricité. Il était

envoyé dans notre pays par son pays pour y préparer

une thèse de doctorat. Nos entretiens dans le métro se

transformèrent vite en déjeuner en commun à la can-

tine ; je reçus ce collègue chez moi et je peux affirmer

qu’il appréciait le vin d’Alsace et la choucroute. Il

m’assista beaucoup dans ma préparation des deux mis-

sions que j’effectuai dans son pays. Je pense parfois

que cette amitié ne passa pas inaperçue et facilita mon

envoi dans un Institut de Pékin pour enseigner.

Néanmoins en dépit d’une amitié partagée, j’eus

toujours le sentiment d’une barrière entre nous. Nos

conversations professionnelles furent toujours libres,

sans réserve. Mais dès que nos propos, surtout à table,

dérivaient vers la famille, nos modes de vie, les événe-

ments, je sentais rapidement un frein dans nos

échanges, une sorte de gêne.

Ne tournons pas en rond… Nous étions confinés

idéologiquement, chacun de notre côté quoique l’un à

côté de l’autre. J’y pense aujourd’hui car à force de pio-

cher dans mes archives et de regarder autour de moi

pour dénicher des exemples de confinement, j’en dé-

couvre soudain un, essentiellement abstrait mais effec-

tif. Une muraille conceptuelle…

Confinement affirmé ensuite lors de mes deux

séjours en Chine ; intégré pour le travail j’étais tenu à

l’écart dans la vie courante, repas, visites de sites ex-

traordinaires, etc. toujours accompagné d'un guide. Je

rappelle : en 1984.

Lorsque L. retourna dans son pays, nous

n’eûmes plus de nouvelles de sa part. Curieux… Plu-

sieurs mois plus tard, la secrétaire de notre Service In-

ternational me glissa avoir reçu quelques nouvelles de

notre collègue ; il avait retrouvé son poste après

quelques vacances pour rééducation dans un

52 : Wuhan.

Page 54: Blablas - savoysky.pagesperso-orange.fr IV (WEB).pdf · Le Lion tint conseil, et dit : Mes chers amis, Je crois que le Ciel a permis Pour nos péchés cette infortune ; Que le plus

54

établissement adéquat ; son long séjour en France

l’avait quelque peu écarté, semble-t-il d’une norme so-

ciale incompréhensible pour le béotien que je suis.

Tous ces souvenirs sont nimbés de flou ; L.

m’avait invité chez lui à Wuhan ; je ne suis jamais re-

tourné dans cette région et je n’ai jamais revu mon ami.

Alors, confinement,

oui, non ?

12 avril 2020

Sous-marin

Le monde sous-ma-

rin m’émerveille, depuis

mon adolescence lorsque je

découvris cet univers grâce à

tout ce que le Commandant

Cousteau et son équipe rap-

portaient de leurs expédi-

tions. Par la suite, je saisis

toujours avec enthousiasme

chaque possibilité de visiter

un aquarium ou d’observer

ce milieu depuis le fond

d’une embarcation équipée à

cet effet. Je regrette de

n’avoir jamais pratiqué la

plongée mais il est impossible de tout expérimenter

dans une existence.

Cela étant, je parle beaucoup, et je ne suis pas

seul, des manières de confiner un être humain ou une

collectivité. Il me semble avoir déjà remarqué que l’es-

pèce humaine entière, à quelques exceptions près, de-

meure confinée sur sa planète. Son milieu aquatique

confine également d’innombrables espèces vivantes. Le

confinement est un mode d’existence dont une forme en

particulier nous est imposée aujourd’hui, ce qui pro-

voque nos réflexions. Cependant ses nombreuses

formes possibles se manifestent continuellement n’im-

porte où, n’importe quand, infiniment variées. Nous en

sommes affectés mais toutes les espèces vivantes peu-

vent être affectées ainsi ; notre égoïsme humain nous

fait oublier l’universalité de ce fait. Il faudrait y pen-

ser…

Fichtre, il me semble avoir entendu hier une

charmante dame, je crois Présidente de notre Union Eu-

ropéenne si mon éducation civique est à jour, affirmer

l’opportunité de prolonger le confinement des « vieil-

lasses, » dont je suis, jusqu’à… Ouille ! je n’ose pas ré-

péter ce que je crûs entendre… J’ose néanmoins susur-

rer que cela me laisse le temps de pen-

ser à ce qu’il faudrait penser.

Je bavarde, je bavarde… Et ce

matin je souhaitais seulement signaler

un mode de confinement requérant un

solide équilibre chez ceux qui le subis-

sent. Voici…

Ce sous-marin d’origine sovié-

tique est amarré dans le musée naval de

San Diego. Ouvert il est conseillé au vi-

siteur, avant de pénétrer, de vérifier à

l’aide d’un gabarit sa propre capacité

de traverser avec souplesse les écou-

tilles à l’intérieur. Heu ! Je suis resté

hors des entrailles ! Fait encore récent,

la « vieillasse » que je suis constata

qu’elle n’avait plus la souplesse re-

quise.

13 avril 2020

Bagne

54 : Sous-marin.

53 : Cellule.

56 : Un quartier du bagne. 56 : Bagne, dortoir.

Page 55: Blablas - savoysky.pagesperso-orange.fr IV (WEB).pdf · Le Lion tint conseil, et dit : Mes chers amis, Je crois que le Ciel a permis Pour nos péchés cette infortune ; Que le plus

55

Notre pays possédait également et jusqu’à une

date relativement récente, ses moyens d’appliquer les

décisions de justice en Amérique : les bagnes de

Guyane ; moyens d’une dimension moindrement mes-

quine qu’une simple cage dans l’Ouest Américain.

La Guyane avait la réputation d’être entièrement

dévolue au confinement des criminels. Pire ! Succédant

à leur déportation la relégation obligeaient de nom-

breux bagnards à rester en Guyane, leurs peines pur-

gées. Le confinement ici pouvait donc présenter des ca-

ractères très différents, allant de l’emprisonnement

dans d’étroites cellules jusqu’à une forme de liberté re-

trouvée en restant obligatoirement dans ce territoire.

Je séjournai à plusieurs reprises dans la base mi-

litaire NEMO situé à Saint Jean du Maroni, à l’origine

une annexe du bagne de Saint Laurent du Maroni. Le

camp NEMO, aujourd’hui une base militaire fort bien

aménagée, conserve de nombreux souvenirs de son an-

cienne destination ; subsiste ainsi le triste cimetière où

furent inhumés tous les enfants de fonctionnaires de

l’Administration Pénitentiaire, décédés dans cette con-

trée rude pour la santé. Force est d’admettre que les

condamnés n’étaient pas seuls à subir un confinement ;

leurs gardiens et leurs familles ressentaient vraisembla-

blement un dol de leur séjour, évidemment autrement

supportable que ce qui af-

fligeait les bagnards ;

néanmoins nos aînés là-

bas devaient le supporter.

Le bagne de Saint

Laurent du Maroni, en

bordure de l’estuaire du

fleuve, recevait les ba-

gnards à leur débarque-

ment ; certains étaient ré-

partis ailleurs dans la

Guyane. Toutefois le

bagne de Saint Laurent

constituait une véritable

cité. Ce que j’en montre

6 Nonobstant les deux extraits de la collection de stéréofilms

de la Grande Guerre sont plus réalistes.

témoigne de la dureté de

ce mode de confine-

ment, mot extrêmement

riche de nuances.

13 avril 2020

Homme- 40, Chevaux-

8

Qui se souvient

bien de nos gares entre

Nancy et Épinal ? La

SNCf modifia profondé-

ment leur aspect. Je ne

reconnais plus celle de

Thaon. Tout ce qu’elle

fut dans ma jeunesse a été raboté et reconstruit dans le

goût, non les nécessités de l’époque actuelle. Tout ?

Non ! Il reste, oublié, un petit bout du quai militaire…

J’ignore si toutes les gares de France possédaient

un quai militaire. Toutefois dans l’Est, la plupart en

possédait. L’Est, région située en face de notre ennemi

héréditaire, devait être organisé en vue d’une prochaine

« Der des Der » ; comprenez, jeunes collègues : en vue

de la prochaine et dernière guerre. Les gares des che-

mins de fer furent donc équipées en conséquence d’une

voie de garage, de longueur suffisante pour recevoir

tout un convoi et le charger, essentiellement le déchar-

ger sans gêner le trafic. L’Armée devait évidemment

pouvoir choisir la ou les gares proches des zones où l’on

se battait d'où la fréquence de cette disposition.

La Gare de l’Est à Paris possède une magnifique

fresque montrant le départ d’un train comblé par la

troupe envoyée au combat6. L’efficacité commandait de

bien charger de tels trains. La fresque « Le Départ » de

la Gare de l’Est présente un convoi formé de wagons de

voyageurs classiques : un départ chargé d’émotions de

garçons allant guerroyer le « Fleur au fusil ». Or on uti-

lisa beaucoup des wagons de marchandise, disponibles

en grand nombre mais nettement moins confortables

57 : Boîte de confinement.

58 :Confinement ferroviaire.

59 : Déconfinement.

Page 56: Blablas - savoysky.pagesperso-orange.fr IV (WEB).pdf · Le Lion tint conseil, et dit : Mes chers amis, Je crois que le Ciel a permis Pour nos péchés cette infortune ; Que le plus

56

que la « IIIe classe », pour de tels mouvements denses

et parfois dans l’urgence. L’essentiel du « fret » guer-

rier étant composé d’hommes et de chevaux, chaque

compagnie, la SNCF n’existant pas encore, indiquait

scrupuleusement sur ses wagons leur capacité en pleine

charge. Celui exposé aujourd’hui Dans le Musée du

Train à Mulhouse indique ainsi 40 hommes ayant la li-

berté de se disposer à leur guise mais en discipline ou 8

chevaux à la condition de bien les ranger…

Exemple de confinement oublié d’hommes

transformés par les nécessités du moment en guerriers

voyageurs. Six heures au minimum d’inconfort entre

Paris et Nancy, beaucoup plus en général pour un trajet

quelconque. Pensez aux hommes quittant l’Aquitaine,

entre autres possibilités, pour un séjour dans nos

Vosges ou ailleurs dans ce qui est devenu le Grand Est ;

nombreux n’en revinrent pas. Une pensée également

pour les chevaux autant confinés sans ménagement que

leurs cavaliers…

14 avril 2020

Confinements en cascades

Tout un quartier dévolu au Droit entoure au-

jourd’hui l’École Lormont dans laquelle étudient désor-

mais de futurs juristes. De ce que je connus naguère,

seules quelques vieilles constructions subsistent :

l’École elle-même, le bâtiment central du Palais de Jus-

tice, quelques anciennes maisons particulières. L’an-

cienne Halle et la vieille bâtisse la jouxtant occupées

par la caserne des pompiers et l’asile de nuit, la vieille

prison, le poste de transformation d’électricité, le préau

de l’École, les tilleuls, la fontaine, rien ne reste de tout

cela, rasé et remplacé par les extensions modernes du

Palais de justice et l’inévitable parc à voitures7.

Ma mémoire conservant encore des images du

passé, je les couchai rapidement sur le papier avant

qu’elles s’estompassent définitivement ; en résultèrent

trois croquis rapides, évidemment imprécis mais rappe-

lant approximativement ce que fut ce quartier.

Le premier (60) montre la façade principale de

l’École et sa cour masquée ordinairement par la Halle

dont le contour seul est esquissé au sol pour marquer sa

présence. La petite excroissance à peine visible au bas

de l’École protégeait l’entrée de l’abri public. En 1940

deux obus tombèrent sur l’École. L’un ébrécha le toit

juste au-dessus de l’angle en pan coupé au premier

plan ; l’autre explosa entre l’escalier de l’entrée princi-

pale et l’entrée de l’abri, tuant plusieurs hommes des

pompiers s’aérant durant ce qu’il leur semblait être un

répit dans les combats de rue, si la mémoire de tout ce

j’entendis ensuite entre adultes est fidèle ; il blessa sé-

rieusement au genou mon copain R.F., handicap qu’il

supporta durant quatre ans.

7 La rue Lormont rejoint la rue de l’Abbé Friezenhauser en

passant devant l’École. Un mur à son extrémité, bordé de quatre til-leuls, la fermait et la séparait de la rue de l’Abbé Friezenhauser, la

transformant ainsi en une grande cour. Le mur précité laissait un

Le deuxième (61) représente très approximati-

vement l’ancienne prison, le préau dans le haut de la rue

Lormont transformée en cour d’École, affaissé à son ex-

trémité par un troisième obus, l’entrée d’un second abri

passage pour les piétons contre l’École. Durant la guerre, les voitures

étaient rarissimes, aujourd’hui, le règne de l’auto est particulièrement bien affirmé à cet endroit transformé en parc.

60 : École Lormont et sa grande cour, 1940.

61 : Vieille prison, 1940.

62 : École Lormont, abri, 1940.

Page 57: Blablas - savoysky.pagesperso-orange.fr IV (WEB).pdf · Le Lion tint conseil, et dit : Mes chers amis, Je crois que le Ciel a permis Pour nos péchés cette infortune ; Que le plus

57

dans le sous-sol de la prison, enfin la silhouette du poste

de transformation8.

Le troisième figure (62) montre une extrémité

de l’abri sous l’École, là où je patientai durant le bom-

bardement du 11 mai 1944.

J’ai déjà montré tout cela dans de précédents

blablas. Je reprends néanmoins ces petits dessins pour

illustrer le déferlement de confinements larvés plus ou

moins ressentis affectant ces lieux de 1940 à 1944, et

même 1945. Tout d’abord durant les années de guerre

cet ensemble fut essentiellement mon seul univers dont

je sortais peu souvent. L’insécurité générale confinait

les uns et les autres sur son lieu habituel de vie ; donc

pour moi, enfant, l’École Lormont fut une habitation,

une école, un lieu de jeux avec sa cour ou dans son

grand grenier lors des intempéries ; je n’en que sortais

rarement pour les rares courses chez l’épicier ou le bou-

langer, quelques montées au Château sans oublier les

chasses obligatoires aux doryphores dans les champs de

pommes de terre voisin ; une existence fort sédentaire

ponctuée par quelques aller-retours vers Thaon ou

Raon aux Bois et trois ou quatre expéditions chez des

amis plus éloignés à la campagne.

Outre ce train-train, on se confinait par sécurité

dans l’un ou l’autre des deux abris, sous l’école ou la

prison, en toutes saisons, la nuit ou le jour, lors des

alertes aériennes ou autre événements dangereux.

Des allemands cantonnèrent dans l’École, cer-

tains se logèrent dans notre appartement, nos libéra-

teurs y cantonnèrent également, très peu de temps il est

vrai ; dans tous les cas il fallait se serrer…

À l’issue d’un bombardement, des Postiers sans

leur Poste privée de toit s’installèrent dans l’École :

leur Receveur et son épouse privés de leur logement de

fonction également sans toit, se retrouvèrent confinés

pour l’ordinaires dans deux galetas à notre étage ; dé-

munis et devenus nos voisins ils partagèrent vite notre

existence ; liberté retrouvée fin 1944, avec les visites de

quelques-parents de nos voisins cherchant à renouer les

liens familiaux, on se serra encore un peu plus…

À la rentrée de 1944, suivant de près à Épinal la

Libération, filles et garçons durent se partager en alter-

nance l’école de filles voisine, la mixité étant encore

hors de question. Etc., etc… Enfin n’oublions pas : la

moitié de la ville était ramenée au ras des trottoirs, le

commerce sinistré et l’administration malade.

Alors on s’adaptait au jour le jour, dans l’étroi-

tesse de ce qui restait debout, usant des pauvres équipe-

ments rescapés, supportant une pénurie d’à peu près

tout. Confinement mal défini, pagailleux, insidieux,

évolutif selon les circonstances du moment, confine-

ment contré par la « débrouille ». Rien de comparable

avec le confinement actuel, parfaitement maîtrisé par

nos chefs et par leurs administrés… Heu ? Sont-ce des

toux que j’ouïs ?

8 Les silhouettes de l’École et de la Caserne sont esquissées.

Trois tilleuls étaient plantés dans le prolongement du préau. La gar-

dienne de l’asile de nuit disposait là d’un petit espace pour un jardinet

14 avril 2020

Atavisme.

Le confinement sanitaire pour lutter contre le

Coronavirus, nous impose de rester chez soi ; plus

qu’un fait usuel simplement constaté il s’agit d’une di-

rective avec sanctions pour les cas de désobéissances.

Curieux de comparaisons et ainsi toujours à la

recherche de confinements passés, je reviens aux an-

nées de guerre. Durant ces années les civils se dépla-

çaient peu ou s’ils avaient été déplacés ils restaient là

où on les avait transportés. De multiples raisons à cela

: les restrictions en particulier l’impécuniosité, les inter-

dictions, etc., et surtout les risques. Curieusement, je ne

me souviens pas que le sédentarisme ait été qualifié de

confinement ; vraiment, le succès du mot avec son ac-

ception actuelle me laisse perplexe. A l’époque j’étais

un garçonnet et ce statut ne m’autorisait absolument pas

de participer aux conversations des adultes ; néanmoins

j’avais des oreilles et j’écoutais… Les déplacements

posaient problèmes alimentant les conversations et

leurs difficultés provoquaient réellement des confine-

ments de population : on n’en parlait pas de cette ma-

nière ou si peu que je ne l’ai pas retenu.

Étudiant la généalogie de ma famille, je suis de-

puis plus de vingt ans un familier des registres parois-

siaux et d’état-civil vosgiens du piedmont romarimon-

tain. Je farfouille évidemment ailleurs mais je cite cette

région car j’y vécus une notable partie de mon exis-

tence ; j’acquis ainsi une connaissance pratique de ses

gens confortant celle livresque issue des grimoires.

Jusqu’à l’orée de la seconde guerre mondiale,

ces gens - en grand nombre aïeux, cousins, collatéraux

- furent semble-t-il remarquablement sédentaires. L’ar-

gument majeur en faveur de cette remarque est la con-

sanguinité fréquemment constatée dans les unions et

dans ce qui en résultait. Le contre argument réside évi-

demment dans la découverte de nouveaux venus ou

et deux ou trois volailles, poules et canards.

63 : Confinement patrimonial.

Page 58: Blablas - savoysky.pagesperso-orange.fr IV (WEB).pdf · Le Lion tint conseil, et dit : Mes chers amis, Je crois que le Ciel a permis Pour nos péchés cette infortune ; Que le plus

58

l’ignorance tenace du devenir de certains natifs des

lieux, faits liés généralement à des mouvements écono-

miques, religieux, politiques militaires et j’en

passe… Je ne livre ici qu’une impression, vraisembla-

blement d’autres la partagent. Je suppose que des

études existent sur ce sujet ; hélas je n’ai jamais cherché

à les connaitre par manque de temps ou paresse. On ne

peut pas tout faire…

Petites histoires, j’ai dans ma famille deux

exemples ; ils ne prouvent évidemment rien mais illus-

trent l’impression que je viens de livrer.

Ma grand-mère maria sa fille aînée à un immigré

venu de la lointaine Russie, laquelle fille, institutrice,

obtint un poste dans la région parisienne pour rejoindre

son époux. Ce sont mes parents ; j’arrivai ensuite dans

les délais habituels, à Vaux sur Seine dans l’ancienne

Seine et Oise, loin des Vosges donc ! Elle maria sa ca-

dette à un jeune officier en garnison à Metz. Ma cousine

germaine y naquit ; moins loin donc ! Grands bonheurs

pour mon aïeule qui, méprisant les dangers des

voyages, courut vers ses petits-enfants. Pensez-donc :

nus, les deux bébés attendaient impatiemment pour se

couvrir la layette que leur chère grand-mère tricotta des

semaines durant ! Elle abandonna ainsi Thaon pour

quelques jours ; Thaon sa résidence distante déjà d’une

douzaine de kilomètres de son lieu de naissance, Raon

aux Bois caché dans la forêt au-dessus de Remiremont.

Elle récidiva néanmoins : troisième expédition malha-

bile, l’exode qui la conduisit tout de même hors de ses

Vosges jusqu’à Saint Loup sur Semouze… Ce furent

dans toute son existence ses seules fantaisies en terres

lointaines…

Toute l’existence de mon grand-oncle, Auguste

G. né à Saulxures, se déroula dans la vallée de la Mo-

selotte, puis en aval dans celle de la Moselle et dans

quelques communes voisines accrochées au-dessus,

comme – encore - Raon au Bois ; Toutefois, Toul où la

conscription l’avait entraîné fut sa plus lointaine desti-

nation dans sa descente longue d’une vie des vallées

vosgiennes…

Voilà mes deux petites histoires, elles confortent

mon impression : mes aïeux vosgiens furent des pay-

sans attachés à leur terre ; existences travailleuses, peu

de loisirs, peu de raisons d’aller ailleurs, sans plus.

Aïeux sédentaires par atavisme. Quelques contradic-

tions : dans mes écrits généalogiques, je présentai le cas

d’un aïeul natif de Plombières qui, tailleur de pierres,

s’en alla en tailler à Raon aux Bois, difficile d’éviter

cette paroisse dans ma famille ! Y trouvant femme à son

goût il s’y maria après avoir construit une ferme qui

existe toujours (63) ; je pourrais parler aussi des gars de

Hadol venant séduire les filles de Raon aux Bois ou

l’inverse… Petites histoires et quelques autres sem-

blables, toujours dans les mêmes lieux, égratignant l’af-

firmation de sédentarisme… Mais si peu !

Alors confinés mes Vosgespattes ? Le mot

semble convenir.

À suivre, pour cause de confinement en petite

sieste incontournable !

16 avril 2020

Bougeotte.

Je ne conserve aucun souvenir du Front Popu-

laire en 1936 et des Congés Payés en résultant ; mes

oreilles de bambin proche de son troisième anniversaire

entendaient déjà bien les conversations des grandes per-

sonnes mais le bambin ne saisissait certainement pas à

sa juste valeur le contenu de chaque propos. En re-

vanche je peux affirmer que dès 1936 ou peut-être l’an-

née suivante mes parents eurent la bougeotte comme

beaucoup de contemporains découvrant les vacances.

Je découvris Ventron et l’Ermitage du Frère Jo-

seph, but d’une promenade au cours de laquelle j’eus

conscience que le monde était vaste, en admirant la

crête des montagnes proches. J’ai déjà raconté cela mais

c’est un bon souvenir alors je recommence :

« Dis, Papa, c’est où la Russie ? »

Il m’en parlait si souvent que je savais que ce

pays existait avant de savoir lire… Alors me montrant

la ligne de crête :

« C’est loin là-bas … »

Pour mes petites jambes ces promenades étaient

bien longues et la ligne de crête, sur laquelle je ne suis

monté que plusieurs années après, me paraissait mar-

quer le bout de notre monde de tous les jours. Hé ! Ces

apparences me firent donc localiser quelques temps la

Russie en Alsace…

Mes petits enfants ayant tous traversé les océans

dans leurs primes jeunesses, deux étant en outre nés de

l’autre côté de l’Atlantique, n’eurent jamais de telles

billevesées en tête.

Revenons dans les Vosges. Deux années passè-

rent et la guerre nous tomba dessus, véritable mur

opaque entre les comportements d’avant et d’après. Car

maintenant, congés payés ou autrement, la France

bouge en tous sens dès que quelques jours chômés se

pointent bien alignés avec ponts ou sans. Alors les con-

finés des grands ensembles se transforment en confinés

des plages ou des champs de neige selon la saison.

Bigre ! Si je continue ainsi, je crains qu’à la fin de mon

confinement, certainement après le 11 mai prochain à

ce qu’on m’a dit, lorsque je cesserai de fouiner dans les

histoires de confinement, je n’y comprendrai plus rien.

Bof ! C’est déjà le cas…

Même date.

Années quarante : voyages et confinement

Écartons immédiatement le transport aérien. Il

existait mais seulement pour un monde de privilégiés,

hors de portée de tous ces braves gens nommés les «

congés payés » ; impensable en temps de guerre, alors

personne n’y pensait, sauf dans les romans. Restaient :

la marche et la bicyclette sa récente associée, la voiture,

le train.

Marche, bicyclette : hormis les tristes infirmités

malheureusement multipliées en temps de guerre, notre

Page 59: Blablas - savoysky.pagesperso-orange.fr IV (WEB).pdf · Le Lion tint conseil, et dit : Mes chers amis, Je crois que le Ciel a permis Pour nos péchés cette infortune ; Que le plus

59

humanité est naturellement bipède ; cependant excepté

le monde des enfants, vieillards et quelques autres peu

présents dans les statistiques de vendeurs de bicy-

clettes, de nombreux bipèdes se pourvurent d’un vélo

durant l’entre-deux guerres.

Pauvres vélos ! Lourds, inélégants, ils évoluè-

rent vite durant les hostilités vers l’état de pauvres bé-

canes souffrant de la rouille, rafistolées à la va-vite,

blessures de pneus et chambres à air colmatées tant bien

que mal. Il y eut vite deux manières fondamentales de

les utiliser, comme monture en pédalant, comme por-

teur de lourdes charges en marchant à côté, les deux

parfois en alternance selon la pente, l’état de la chaus-

sée, etc.

Les deux vélos de mes parents, bien entretenus

par mon père, mécanicien fort habile, survécurent aux

quatre années de guerre et même un peu plus. Je dispo-

sais au début de l’occupation d’une petite selle et d’ap-

puis-pieds montés sur le cadre du vélo de mon père ; je

chevauchai ainsi le vélo paternel comme passager, lors

es expéditions ravitailleuses à Raon au Bois ; facilité

que je perdis en gagnant en taille et en poids. Souvenirs

liables, ces expéditions : allègre aller à vide, rude retour

chargé et attention aux œufs !

Passons à la voiture. Impossible d’en parler en

oubliant l’omniprésence de la traction animale, la plus

souvent bovine, sur nos routes et chemins des Vosges.

Je pense encore avec un brin de nostalgie aux retours

de fenaison, les gosses sur le foin en haut de la charrette

; une pensée également pour le chargement de bois que

le cousin et ses bœufs nous apportaient en automne

dans la cour de l’École de la rue Lormont ; après le pas-

sage du scieur et de ses inénarrables mécaniques, il fal-

lait monter les bûches dans le grenier, corvée

nécessitant des jambes et des bras, dont les

miens… Cet usage partagé de la route conserva son im-

portance plusieurs années après la Libération ; devenu

conducteur je conserve de cet immédiat après-guerre le

souvenir de longs trajets, coincé derrière un engin agri-

cole monopolisant la chaussée et pire, la crainte de ces

petites choses pointues quittant les sabots des animaux

pour reprendre place dans les pneumatiques des voi-

tures, dont la CV familiale qui en pâtit trop souvent à

mon gré.

Durant les années noires, les voitures roulaient

essentiellement entre les mains de « verts de gris » ; ma

mère détestant l’autobus, mes voyages motorisés se

comptent avec les doigts d’une seule main. L’un en par-

ticulier faillit finir tragiquement lors d’une attaque aé-

rienne sur une route au sortir de Saint Loup sur Se-

mouze ; un autre se prolongea trois ou quatre heures

d’affilées pour aller d’Épinal à Lamarche, dans un vé-

hicule toussotant son pauvre combustible et crachant la

fumée de son usine à gaz brinquebalante suspendue à

l’arrière. C’est à peu près tout.

Restait le train. Entre Épinal et Thaon, cela était

préférable à la marche à pieds avec ou sans bicyclette.

Cependant, ceux qui eurent l’occasion de fréquenter les

gares de Blainville et d’Épinal en fin de guerre convien-

dront que ce moyen présentait des risques, mal perçus

mais néanmoins meurtriers pour les malheureux se

trouvant subitement au mauvais endroit au mauvais mo-

ment.

Voilà, il s’agit surtout des souvenirs personnels

n’ayant rien d’exceptionnel toutefois. Alors les voyages

jusqu’à la fin des années quarante, difficile de penser

qu’ils pussent modifier le train-train coutumier. On se

considérait casaniers par habitude car l’atavismes cela

existe ; vraisemblablement la conscience d’être confiné

ne doit venir qu’après avoir eu la liberté de vivre autre-

ment, sans les entraves rompues, doucement d’abord

64 : Anti-confinement, après 40-45, la 4CV.

65 : Anti-confinement d’avant 40-44, le vélo

Page 60: Blablas - savoysky.pagesperso-orange.fr IV (WEB).pdf · Le Lion tint conseil, et dit : Mes chers amis, Je crois que le Ciel a permis Pour nos péchés cette infortune ; Que le plus

60

grâce au vélo (659), par le train, puis la voiture (6410),

enfin l’avion…

17 avril 2020

Hier, j'ai oublié la conclusion de mes blablas !

Finalement, jusqu'au triste intermède de la dernière

guerre, on confinait sans le savoir ; maintenant on le

sait.

18 avril 2020

Île du Diable

Devant cette vision de lieu de confinement on

voudrait disposer d’un superlatif. Confinement est évi-

demment inapproprié, incarcération serait plus adéquat

mais faible également. Le Capitaine Dreyfuss fut incar-

céré dans cette geôle, située dans l’île du Diable, au

large de Cayenne. Plusieurs années, ignoblement et in-

justement condamné.

L’île de forme allongée présente l’une de ses ex-

trémités face au rivage de l’île Royale très proche. On

n’accède néanmoins à cette île, l’île du Diable, que

difficilement en raison de courants perpétuellement

violents, j’ignore même comment aujourd’hui on y

débarque, l’hélicoptère me semblant être la seule pos-

sibilité ; le pilote du petit bâtiment nous affirma, en

passant entre les deux îles, qu’un système de câbles

avait été installé là, de l’une à l’autre, permettant le

transport des personnes et du nécessaire pour l’exis-

tence apporté du continent, nourriture et eau.

À l’époque de l’incarcération du Capitaine

Dreyfuss seule une maigre végétation couvrait le sol.

Sa prison était ou battue sans protection par les intem-

péries ou écrasée de soleil. Notre France justicière

craignait de notre ennemi héréditaire la volonté de

communiquer depuis le large avec le Capitaine, con-

damné pour trahison ; il lui fut donc interdit de se

9 Vélo du grand-père, familier des localités vosgiennes :

Thaon, Épinal, Raon aux Bois, Sercoeur, etc. ; usager peut-être des

pavés de Metz après un voyage dans le fourgon des bagages… L’en-gin, acquis bien avant 1939, au début du XXe siècle sans certitude,

roula évidemment dans les Vosges et dans le Grand Est à portée de

promener dans l’île et il ne pouvait sortir que dans la

petite cour construite à son intention avec des murs in-

terdisant de voir au loin.

Le jugement de la Cour de Cassation annulant la

condamnation du Capitaine fut exécutoire dès que

connu en Guyane ; l’Administration Pénitentiaire libéra

donc immédiatement le prisonnier et le traita selon son

grade ; fortement éprouvé par cette incarcération inhu-

maine, considérablement amaigri, les geôliers eurent du

mal, paraît-il, à le revêtir d’un uniforme adéquat rede-

venu son habit normal d’Officier.

Exemple extrême de confinement si ce mot est

utilisable ici, extrême mais pas exceptionnel, hélas, car

notre époque est fertile en cas douloureux.

Mais quelle est la vrai et bonne acception de

confiner ? Ici, je la trouve largement en dessous de la

réalité ! Toujours perplexe le greffier d’occasion…

19 avril 2020

Confinement de penseur

Les penseurs aiment se confiner pour penser,

ses roues.

10 La 4CV : Après 1945, plus que le Grand Est, la France en-

tière s’approcha à portée de roues. Déconfinement assuré pour des confinés, disons… héréditaires.

67 : Geôle du Capitaine Dreyfuss.

66 : Oppidum des Caisses de Jean.

Page 61: Blablas - savoysky.pagesperso-orange.fr IV (WEB).pdf · Le Lion tint conseil, et dit : Mes chers amis, Je crois que le Ciel a permis Pour nos péchés cette infortune ; Que le plus

61

évidemment à l’abri de toutes distractions inoppor-

tunes, ou pour se reposer de penser. C’est ce qu’affir-

ment certains d’entre eux, en particulier Alphonse Dau-

det, parlant de son moulin à Fontvieille.

Le choix de ce moulin (iii) sur une éminence ga-

rantit l’isolement ; néanmoins son environnement pour

un esprit curieux, cas de Daudet peut-on supposer, me

paraît contrarier le confinement. Les environs appellent

la promenade par la gentillesse des paysages et leurs

richesses archéologiques. À ce propos, à proximité au-

dessus de Mouriès, dans les premières pentes des

11 Confinement intellectuel

12 p.s. : pan sur ma plume, non sur le clavier, Le site fut classé

Alpilles, je recommanderais pour un bon confinement

les vestiges de l’oppidum des Caisses de Jean, site aus-

tère offrant suffisamment de pierres sèches pour bâtir

une borie propice à l’isolement donc à la réflexion.

Restons à Fonvieille. Alphonse Daudet dans son

ermitage lut, imagina, écrivit (viii)… Il lut ce qui lui

donna des idées qu’il emprunta (xvii). Entre artistes on

pratique la so-

lidarité ;

s’agissant du

Curé de Cucu-

gnan qui

n’était même

pas de Cucu-

gnan, cela lui

valut une ini-

mitié en sor-

tant de son

confinement

provençal11 et

une assigna-

tion en justice

pour plagiat.

On en parle

encore, modé-

rément, mais

avec « Inter-

net » plus de

petites « cas-

seroles »

confinées,

tout se sait désormais, enfin, presque…

21 avril 2020

Confinement en oppidum

La défense contre l’agression physique motiva

le confinement depuis que l’humanité existe. Confine-

ment physique dont une forme ancestrale consiste à

élever des murailles pour s’abriter. La morphologie du

sol provençal permit de concevoir toutes sortes de so-

lutions primitives à cet effet. À proximité de la petite

ville de Mouriès, au pied des Alpilles existe un cas

simple d’utilisation du relief pour une telle défense.

Deux crêtes rocheuses raides, dessinant un angle al-

longé s’ouvrant d’est en ouest approximativement, of-

frit deux murs naturels prêts à l’emploi à une peuplade

passant par là. Une muraille de pierres sèches, élevée

en travers de l’ouverture à l’ouest, compléta en le fer-

mant un habitat fort.

Aujourd’hui le site est classé monument histo-

rique (ii, 70). Je le visitai en 1975 avec ma petite fa-

mille bien avant sa classification12, ayant rangé ma ca-

ravane dans un camping très confortable voisin. Très

voisin : dix minutes de promenade conseillée par le

le 2 février 1937, décret déniché aux Archives Nationales, via Inter-net, il y a quelques minutes, notre confinement me conduit véritable-

ment à fureter dans les coins...

68 : Moulin de Daudet.

70 : Décret du 2 février 1937.

69 : Muraille de la peste.

Page 62: Blablas - savoysky.pagesperso-orange.fr IV (WEB).pdf · Le Lion tint conseil, et dit : Mes chers amis, Je crois que le Ciel a permis Pour nos péchés cette infortune ; Que le plus

62

propriétaire du camping, accompagné de l’épouse, des

deux enfants et de la chienne heureuse de gambader

dans la rocaille. Il fallait beaucoup d’attention pour

apercevoir sous la folle végétation rampante les pier-

railles plus ou moins alignées au ras du sol, vestiges

dessinant vaguement les traces de cabanes ou abris

dressés là avant notre ère (xiv, xviii).

L’imagination, elle, allait bon train… Confiné

pour se protéger… Évident ! Mais la nourriture, l’eau ?

Surtout l’eau présente, certes, la végétation le prouve,

mais invisible ! Des archéologues se sont certainement

penchés sur ces questions mais j’ignore leurs avis.

22 avril 2020

Muraille de la peste

Nos aïeux ignoraient l’existence des virus mais

certainement pas leurs méfaits. Ils redoutaient en parti-

culier la Peste. En 1720 une cargaison venant du Moyen

Orient introduisit le virus à Marseille, lequel se propa-

gea en Provence (Gaffarel, ix).

Les virus sont des tueurs mais des tueurs éven-

tuellement suicidaires car ils doivent s’évader de leur

victime pour lui survivre. Tout en ignorant ce proces-

sus, nos aïeux en avaient pragmatiquement trouvé la pa-

rade : confiner radicalement les victimes. En effet, la

population de virus restant confinée avec la population

de ses victimes disparait avec elle, radical ! Toutefois

l’efficacité de cette réaction dépendait énormément de

la rapidité de sa mise en œuvre.

L’épidémie de 1720 provoqua des ravages en

Provence, rapidement en raison de nombreux déplace-

ments de journaliers à l’époque des vendanges. Le

Royaume de France et le Comtat Venaissin, possession

de la Papauté, s’allièrent pour enrayer la propagation du

virus. S’appuyant sur les barrières naturelles offertes

par le Rhône et le relief du pays, ils convinrent d’endi-

guer la progression en complétant les barrières natu-

relles avec un mur. Ils en construisirent donc un, de près

de trente kilomètres en pierres sèches ponctué d’abris

pour les soldats devant en assurer la garde.

Ce mur est encore visible partiellement de nos

jours.

Question de vocabulaire… Qui était confiné ?

Étaient-ce toutes les populations encore saines

interdites subitement d’accès à une riche contrée, leur

partenaire économique ? Étaient-ce les malheureux re-

légués du mauvais côté du mur sans qu’on leur deman-

dât leur avis et abandonnés à leur sort ?

Confinements de part et d’autre mais inégali-

taires. L’étude de 1911 de Paul Gaffarel détaille ce

drame. La construction de la muraille y est mentionnée

par la citation d’une lettre d’un protagoniste, le Comte

de Medavy à l’Évêque de Carpentras (x, p.630). Cette

protection y apparaît comme un choix judicieux mais

de construction handicapée par des rivalités de per-

sonnes.

23 avril 2020

Roi confiné

Le roi Richard Cœur de Lion possédait une per-

sonnalité étonnante. Peu présent dans son royaume

d’Angleterre il établit sa réputation de chevalier com-

batif hors et dans ses possessions continentales, en Mé-

diterranée, Chypre et Crêt, enfin en Terre Sainte. Ses

comportements souvent excessifs expliquent les ami-

tiés et inimitiés erratiques le liant aux grands ses con-

temporains.

L’histoire de la troisième croisade rapporte qu’il

insulta l’un ses alliés, le Duc Léopold V d’Autriche le-

quel se vengea de l’affront reçu, en capturant Richard

qui traversait imprudemment l’Autriche pour regagner

son royaume. N’ayons pas peur des mots, le commerce

entre souverains cela existe : Léopold vendit Richard à

l’Empereur d’Allemagne Henri. Richard négocia sa li-

berté avec ce dernier. Il revint à ses sujets de réunir la

somme convenue et Richard rejoignit finalement son

royaume.

Cette mésaventure royale ne fut qu’un épisode

dans l’existence de Richard Cœur de Lion, succession

échevelée de faits entremêlant bravoure et couardise,

71 : Lettre à l’Évêque de Carpentras, extrait.

72 : Château de Dürnstein.

Page 63: Blablas - savoysky.pagesperso-orange.fr IV (WEB).pdf · Le Lion tint conseil, et dit : Mes chers amis, Je crois que le Ciel a permis Pour nos péchés cette infortune ; Que le plus

63

générosité et cruauté, honnêteté et scélératesse, bref

tous comportements nobles et leurs contraires ; mieux

vaut être un historien chevronné spécialiste de cette

époque pour s’y retrouver. Durant les siècles suivants

de nombreux auteurs sensibles au merveilleux, complé-

tèrent l’histoire pure et dure mais vraie avec leurs ap-

ports plus ou moins fantaisistes. Depuis les chansons de

troubadours jusqu’aux productions télévisuelles, tous

les supports d’interprétations romanesques trouvèrent

dans cette vie extraordinaire de quoi captiver le public

en ajoutant leurs broderies.

Pour mon travail ou mes loisirs, je séjournai à

diverses reprises en Autriche, pays de paysages admi-

rables. Je vous conduis aujourd’hui dans le Wachau que

traverse le Danube. En dépit de la déception de ne trou-

ver aucune nuance bleue dans les eaux du fleuve, la vi-

site vaut le détour comme le suggère un guide connu ;

on y visite en particulier la petite ville de Dürnstein,

serrée entre le fleuve et la pente abrupte de la montagne.

Un château ruiné coiffe la première crête à l’aplomb de

la ville. L’histoire raconte que Léopold emprisonna Ri-

chard dans ce château.

Capture signifie prison, prison signifie confine-

ment. Léopold V confina donc Richard. De tout ce

qu’on peut lire de ce séjour il est difficile d’imaginer ce

que put être le séjour de Richard. Ce n’était certaine-

ment pas au fond d’un cul de basse fosse car on raconte

que le prisonnier pouvait organiser de petites fêtes…

Alors… Confinement oui ou non ? J’hésite mais le

spectacle de la ruine me plût tellement naguère que je

le rapporte ici.

24 avril 202

Mesa Verde

Je vous ai quitté dans le Wachau, Autriche, Je

vous retrouve en Colorado, dans la Mesa Verde.

De nombreux canyons découpent la Mesa

Verde, large plateau au sein des Montagnes Rocheuses.

Les canyons présentent des rives le plus souvent verti-

cales et érodées de « caves ». Diverses peuplades se

succédèrent là, en particulier les Anasazis (vii), à mi-

parcours de notre millénaire. Ils parsemèrent la mesa

Verde de constructions, pueblos, lieux cultuels et autres

édifices, sur le plateau et beaucoup nichées dans les

caves. À cette époque de guerres tribales fréquentes la

sécurité explique le choix des caves à cet effet, souvent

difficiles d’accès, presque inaccessibles parfois. Rude

visite pour les touristes !

Je passai là en janvier 1995, il gelait à pierre

fendre en plein midi ! Ayant fréquenté le Colorado en

toutes saisons, j’atteste que la chaleur y est aussi diffi-

cile à supporter que le froid. En l’absence de docu-

ments écrits, grande est la difficulté pour les historiens

de reconstituer l’histoire de ce peuple ; n’étant pas his-

torien je m’abstiens de tout propos sur ce sujet hormis

que, pour leur vie quotidienne, les familles Anasazis

étaient confinées dans les anfractuosités de la roche,

culture, chasse, éventuellement pêche, se pratiquant ail-

leurs.

Des vestiges de ce genre existent également en

Arizona, Nouveau Mexique et Utah.

Alors, regardant ces ruines, je me contente de rê-

ver, confiné comme tous j’en ai le temps !

25 avril 2020

Post confinement

Hi !

Les recommandations pour vulgariser le port

du masque abondent. Le motif est clair : dans une

conversation, c’est une protection contre l’inhalation de

postillons virulents par celui qui écoute, c’est surtout

une barrière freinant l'éjection de postillons baladeurs

et éventuellement virulents, par celui qui jacte… Il est

permis d’extrapoler et d’imaginer d’autres situations

sur ce modèle de base.

Hé ! Ho ! je possède encore suffisamment de

neurones pour retenir les leçons. La pandémie étant

toujours bien présente, ces simples arguments me

convainquent mais je comprends mal la nécessité de

leur répétition sempiternelle sur les ondes : dans ma

petite tête :

« Bon ! Bon ! On a compris, pas la peine de

rabâcher… »

Toutefois, cela m’ennuie car, octogénaire du

mauvais côté de la décade, mon souffle devient

rapidement court et le port de ce masque m’enquiquine.

Mais j’obéis strictement dès que je sors de la maison ou

alors lorsqu’on me visite… Bof ! Dans tous les cas, cela

reste moins déplaisant que ces exercices lorsque j’étais

gosse de descentes dans les abris avec le « groin sur le

nez, sentant le mauvais caoutchouc et laissant passer

l’air avec parcimonie…

Vous connaissez ma manie d’écrire, je

m’occupe ainsi ; durant le confinement ce fut mon

passe-temps. J’ai également la manie, ce-faisant de

laisser la télévision débiter sons et images sans y prêter

attention. Pourquoi ? Je n’en sais rien.

Il m’arrive toutefois de lever le nez et la plume

du clavier… Or récemment, le 15 de ce mois, un

individu tonitrua bruyamment sur les ondes…

« J’ai le droit constitutionnel de ne pas porter

73 : Mesa Verde

Page 64: Blablas - savoysky.pagesperso-orange.fr IV (WEB).pdf · Le Lion tint conseil, et dit : Mes chers amis, Je crois que le Ciel a permis Pour nos péchés cette infortune ; Que le plus

64

le masque ! »

Une table ronde animait l’écran ; des gens

souvent vus dans le fenestron, des journalistes,

politiciens certainement connus mais, hélas, si j’ai une

bonne mémoire visuelle des visages celle des noms me

fait défaut. Je devins soudain plus attentif car la

discussion concernait le laisser-aller s’amplifiant, dans

le respect des consignes de prudence et la nécessité de

convertir le conseil en obligation pour le bien public.

Le monsieur à la tête bien connue - zut et zut,

qui peut-il bien être ? - demandant que l’on respecte

son droit, semblait très fâché et insistait…

« Les gens qui veulent se protéger en

obéissant qu’ils le fassent, moi j’ai le droit

constitutionnel de désobéir à cette atteinte à

ma liberté ! »

On peut polémiquer indéfiniment sur l’utilité

du masque, surtout entre personnes comme moi ayant

une grande inculture médicale ; or dès l’instant où ceux

qui nous gouvernent décrètent des mesures dans

l’intérêt général, il convient de respecter la primauté de

l’intérêt général en appliquant les décisions ; c’est mon

opinion mais je suis un grand naïf…

Il reste le droit d’exprimer son opinion, même

contraire avec force. Cependant quand on est connu et

qu’on s’exprime devant une large audience, je pense

que la prudence s’impose car nous formons une

démocratie de grands râleurs, facilitant la

désobéissance au nom des sacro-saintes libertés

individuelles… Parfois constitutionnelles, faudrait-pas

oublier !

Alors quand une grande gueule connue parle,

chic ! Imitons la grande gueule ! Désolé de ma

vulgarité, j’aurais dû parler d’un grand tribun.

Bon, bientôt "Août Musical" à Deauville,

toujours d'excellents concerts. Juré! Je porterai mon

masque anticonstitutionnellement (adverbe pas

nécessaire mais j'avais envie de le placer car c'est peu

évident habituellement) ; les instruments à vent ne sont

pas masqués eux, alors gaffe aux postillons amplifiés !

By!

Vous avez remarqué : Hi ! By ! Le reste en

français, j'aime le risque.

17 juillet 2020

Monet

L'impression ressentie par le peintre fut toute

autre… Ma caméra et son manipulateur, hélas pour

vous, ne sont pas poètes ! Là où le peintre ressentit une

lumière apaisante, des couleurs douces, des ombres

voilées, je ne vis qu'un soleil brutal, des couleurs

fermes et de forts contrastes ! Ma caméra itou, voire

pire ! Néanmoins l'avantage de la caméra est sa légèreté

comparée à un chevalet, une toile et une boîte de cou-

leurs.Tous regrets mis à part, ce fut une belle prome-

nade, une belle pièce d'eau couverte de nénuphars, bor-

dée d'arbustes désordonnés, de l'ombre en quantité suf-

fisante sous des arbres majestueux. J'ajoute, peu de vi-

siteurs, le maître des lieux, Notre Seigneur Virus impo-

sant un parcimonieux filtrage à l'entrée *.

23 juillet 2020

Musique déconfinée

Deauville nous accueille de nouveau pour son

charmant Août Musical. En début d'année, le festival de

Pâques, celui du printemps, de la renaissance de la

nature, fut bâillonné par le virus, hélas ! Profitons de

74 : Giverny, chez C. Monet

75 : Orchestre sans masque.

76 : Public masqué.

Page 65: Blablas - savoysky.pagesperso-orange.fr IV (WEB).pdf · Le Lion tint conseil, et dit : Mes chers amis, Je crois que le Ciel a permis Pour nos péchés cette infortune ; Que le plus

65

cette résurrection d'été, vrai plaisir d’autant mieux

ressenti que dans notre langue slave ce mot désigne la

fête chrétienne de la renaissance, du printemps comme

de la résurrection. Musiciens et public ressentirent ainsi

l'ouverture du festival d’Août, en dépit de sa situation

tardive dans le calendrier !

Les concerts, huit en deux semaines, prennent

place dans la salle Élie de Brignac ; salle confortable

particulièrement pour les artistes habituels de l’endroit

disposant de nombreuses loges ad hoc : les chevaux

! C’est en effet tout simplement une salle de ventes,

bien conçue pour présenter aux amateurs des coureurs

attendus dans les meilleurs hippodromes du monde

entier et soigner l’écoute des enchères… Spectacles

certainement remarquables que ces ventes, à la

condition de posséder un viatique suffisant pour avoir

la permission de s’assoir et de contribuer ! Or la

musique de chambre étant le motif du festival de

Pâques et de celui d’Août à Deauville, l’acoustique de

la salle se prête judicieusement à l’audition de ce genre

de musique et permet en outre de contempler les

musiciens de toutes ses places en hémicycle, sans

exigence de viatique.

Plaisir renaissant donc d’écouter des mélodies

autrement qu’en conserve, auquel s’ajoute visiblement

le plaisir des artistes de renouer enfin avec le public.

Deux bémols cependant…

Salle à demi vide, mètre de séparation oblige,

vide dont je ne ressentis aucun effet acoustique, comme

un accroissement de réverbération, mais certainement

cruel pour les artistes !

Les artistes ne sont pas muselés,

heureusement, surtout les chanteurs ; la musique de

chambre permet d'ignorer cette consigne de prudence,

la taille des formations permettant de respecter la

distanciation ; toutefois les auditeurs le sont

obligatoirement. Le premier soir, le préfet du Calvados

assurait par sa présence le respect absolu de la règle, ah

mais ! Je suppose qu’il apprécia non seulement la

sagesse des auditeurs mais aussi la qualité des

morceaux signés Brahms, Mahler, Schubert.

L'image date du deuxième concert, un quatuor

de Beethoven suivi d'un quatuor de Chostakovitch, sans

entre-acte, bar fermé, prudence oblige !

Béat, je fus et je suis pour la suite, néanmoins…

3 août 2020

Souvenir fort

Dès 1939, toute la population avait appris à con-

naître le hurlement des sirènes. Lorsqu’elles hurlaient,

on descendait dans les abris avec les masques à gaz.

Enfin, la descente dans les abris n’était possible que si

l’abri existait, à défaut on se contentait d'une cave quel-

conque ou d'une tranchée dans le jardin ; à défaut de

tout cela ou par lassitude on restait calfeutré. Pas de dis-

cussion possible, la désobéissance était sanctionnée. Je

n’étais qu’un bambin et je me souviens beaucoup plus

du désagréable masque à gaz que des sanctions à l’en-

contre des mauvais citoyens se promenant dehors du-

rant l’alerte. Je résume : désobéissance impensable !

C’était le civisme durant cette triste époque.

Cela dura peu. Nos cousins germains nous enva-

hirent et nous imposèrent leurs règles. Considérées à

travers mes souvenirs de bambin, à un détail près ce fu-

rent les mêmes : seul le masque n’était plus requis. Tout

le monde savait, y compris les allemands, que les ma-

niaques du gaz moutarde furent les allemands en 14-18

et pas les autres… Donc, seule la descente dans les abris

était requise.

La pratique de cette sorte de confinement im-

promptu dura quels semaines… Lorsque l’impromptu

se produisait en pleine nuit d’hiver, cela n’avait rien de

rigolo pour ceux qui devaient traverser la rue en tenue

forcément légère pour se ruer dans l’abri le plus proche.

Pour ma famille il suffisait de descendre les deux étages

de l’école où nous habitions pour s’y réfugier, alors on

obéit un peu plus longtemps. Néanmoins l’incivisme se

généralisa, y compris dans ma famille. Honteux ! Mais

j’avoue, nous en étions tous réjouis, les avions ne fai-

sant que passer :

« Hé, hé ! les Boches, qu’est-ce qu’ils vont dé-

guster ! »

Contents de narguer non seulement le destin

mais surtout l'autorité, on se confortait dans notre inci-

visme en continuant à déjeuner, à taper le carton, à dor-

mir, à s’adonner dans l'instant à n’importe quoi d’autre

du quotidien. Mais un bel après-midi de mai 44…

Boum ! 350 morts en quelques minutes, beaucoup je

pense donc, par incivisme : simplement restés chez eux,

se demandant pourquoi on les confinait alors que rien

n’advenait. Tout cela n’est qu’un amas vague – « s’cu-

sez, un cluster » - dans ma mémoire.

Sautons quatre-vingts années ou presque. Hier

j’affrontai les 35° (« s’cusez derechef, Celsius, pas

Farenheit ») ou plus pour aller de Deauville à Villers et

y admirer quelques fossiles dans le musée local. Prome-

nade en voiture de quelques kilomètres le long du litto-

ral… Promenade dans son environnement habituel de

bel après-midi d’été normand : une foule d’estivants se

pressant le long de la route pour s’entasser sur un lopin

de sable encore libre de la plage, sans masque. En fin

de journée, dîner avec ma compagne dans un bon res-

taurant de Deauville, à cinq cents mètres de notre pied-

à terre : dans la rue, petite foule de fin de chaude jour-

née, mais une douzaine de masques seulement dont les

deux nôtres…

D’accord, on n’est plus en 40. Néanmoins notre

vocabulaire ne possède qu’un mot pour décrire ce com-

portement : incivisme. D’accord, le virus ce n’est pas

une bombe de 500 livres, évident n’est-ce pas ? Mais il

tue de même, non moins évidemment, sans trop préve-

nir. Attention ! Il est chinois donc de bonne qualité,

meilleure que celle des bombes de fabrication anglaise

que l’on retrouve encore de temps à autre intactes dans

le sol continental.

Qu’en penser ?

Page 66: Blablas - savoysky.pagesperso-orange.fr IV (WEB).pdf · Le Lion tint conseil, et dit : Mes chers amis, Je crois que le Ciel a permis Pour nos péchés cette infortune ; Que le plus

66

Moi, plus rien, octogénaire tous les risques sont

de même niveau et après le point final à cette diatribe,

j'écrirai sur un autre sujet, donc je conclus :

« Je men tamponne », etc..."

Toutefois, je continue à sortir masqué et à rous-

péter.

1 0 août 2020

Forum désert

Ben oui ! Moi, pour prendre la photo ! À peu de

kilomètres, les indigènes ont construit un théâtre :

l'Opéra du désert ! Chaque année le spectacle à l'af-

fiche, joué par des artistes de renommée mondiale, at-

tire une foule de spectateurs ! Certains arrivent en avion

et se serrent dans le minuscule hôtel fermé tout le reste

de l'année. Les autres placent leurs caravanes ou cam-

ping-cars tout autour, n'importe comment...

Je pose une question...

Tous les zozos qui se concentrent là par sno-

bisme dans l'inconfort, sont-ils confinés ? La folie en

foule est-elle une forme de confinement ?

Vous avez deux heures pour rédiger votre copie

!

By !

18 août 202

Visages confinés

Dans ma jeunesse, réserve et pudeur im-

prégnaient l’éducation sentimentale des adoles-

cents ; quand j’écris : sentimentale, je pense plus

loin mais je me tais car je suis pudique… Dans la

jeunesse de mes parents, donc la génération

d’avant la mienne, ce fut pire semble-t-il. Difficile

à préciser, toujours par pudeur.

Dans ma jeunesse encore la nature indiffé-

rente à la réserve et la pudeur parentales se mani-

festait toujours tôt ou tard… L’adolescent s’édu-

quait en surprenant des conversations qu’il ne de-

vait pas entendre, en discutant avec les copains,

surtout avec ceux s’estimant avertis des choses de

la vie, en folâtrant avec la meilleure amie de la

mère pour les plus chanceux, enfin dans mon cas

en chipant les bouquins un tantinet libertins déni-

chés par hasard dans un bout de rayon de la volu-

mineuse bibliothèque familiale, pas loin d’une

Bible éventuellement; le rôle des bouquins fut im-

portant…

Tout ce laïus pour avouer que je lus un

livre, fort bien écrit par un auteur dont j’ai oublié le

nom, dans les années vingt ou trente, années tolérant le

bas des robes vers les genoux et le maillot complet

d’une seule pièce pour les bains de mer. Cet auteur fut

jeune et dans sa jeunesse, précisa-t-il, le bas des robes

était bien plus sagement au niveau des mollets.

Alors, tenez-vous bien, ce brave homme, ex-

plique en un savoureux paragraphe que la vêture de ses

contemporaines, estimée indiscrète, ne permettait plus

d’ignorer leur plastique ; aucune découverte ne pouvait

donc plus agrémenter la conclusion d’une conquête dif-

ficile, tout étant connu d’avance … Je me souviens

même d’une expression surprenante dans un texte par-

faitement écrit : « … dans ce monde à poil ». Hé, ho !

Les amis, enfin ceux de mon âge, vous souvenez-vous

d’un monde « à poil » dans les années trente ? Moi :

non. Il insiste bien au contraire : la mode féminine,

dans son passé à lui, offrait au conquérant le plaisir dé-

licat de fantasmer jusqu’au moment de la victoire !

Quelle lecture ! J’aimerais retrouver ce bouquin

dans un coin de mon grenier, une curiosité de biblio-

thèque. Remarquez, Guy de Maupassant, dans ses nou-

velles, exprime à sa manière, belle également, des idées

semblables. Quant à Pierre Louÿs son roman « Aphro-

dite » est un chef d’œuvre sur le fantasme.

Allez, hop ! Vite, revenons au temps présent !

Les petites merveilles bien ciselées de l'érotisme d'au-

trefois sont désormais balayées par le "porno"

78 : Parc Calouste-Gulbenkian.

77 : En TGV aujourd'hui, 20 août 2020

Page 67: Blablas - savoysky.pagesperso-orange.fr IV (WEB).pdf · Le Lion tint conseil, et dit : Mes chers amis, Je crois que le Ciel a permis Pour nos péchés cette infortune ; Que le plus

67

numérique. Cependant nous sommes vraiment devenus

proches du « à poil » intégral surtout avec le réchauffe-

ment climatique. Et pas seulement sur la plage ; parfois

dans une rue de Deauville, me propulsant à l’allure d’un

sénateur que je ne suis pas, je suis souvent doublé par

de jeunes personnes me donnant envie de crier : « haut

les mains ! », paillard que je suis resté, pour jouir du

spectacle

Or les circonstances nous obligent à certains

confinements. En particulier le masque sur le visage ;

en dépit de l’incivisme conquérant, certaines dames le

portent tout en étant parfaitement visibles pour le reste,

en deux pièces , le haut parfois perdu, évanescentes…

Je pense alors à mon auteur oublié et je fantasme devant

ces anatomies généreusement dévoilées : quelle beauté

derrière le masque ?

Totalement idiot, le mec (moi)…

Que voulez-vous, après tous mes coups de

vieux, il faut que je prenne des coups de jeune avant de

rejoindre à Nîmes la semaine prochaine, le Légionnaire

de retour d’Afrique et sa petite famille que je n’ai pas

vus depuis plus d’un an. Après, si Monsieur Trump –

ou quelqu’un d’autre lui succédant – le permet, j’irai à

San Diego.

Faut bien que vieillesse se passe… C’est mon

avis et je le partage !

J’oublie ma contribution à la météo : il com-

mence à faire chaud mais je ne peux pas ajouter que

tout est sec puisque de mon balcon j’ai vue sur la Ma-

rina.

11 août 2020

Mélomane confirmé confiné

Hier, chaud après- midi, 7h…

Habituellement depuis une semaine, le moment

de se préparer pour le concert de la journée ; au pro-

gramme trois auteurs que je n’apprécie guère, surtout le

premier : Berg, Debussy, Stravinsky, suivis heureuse-

ment par une petite pièce de Brahms. Courage, on y va !

Et soudain…

Nous sommes à une époque nécessitant de faire

très attention à ce qu’on écrit. Un mot inopportun de

trop et, hop ! L’imprudent scribouillard se fait traîner et

se fait condamner qui plus est par un juge courageux :

racisme, harcèlement, machisme, et j’en oublie toutes

ces choses que l’on doit désormais bannir de notre so-

ciété pour la civiliser. J’implore donc notre société et

sollicite sa mansuétude, son pardon, en m’exprimant de

la manière innocente de ma jeunesse pour placer dans

ce forum les quelques informations météorologique ré-

sultant de mes observations du moment :

« … il fait aussi noir que dans le chose d’un

nègre… »

Fernandel ne se serait pas exprimé autrement et

je crois bien que c’est de lui que je retins cette façon de

parler. Heureuse époque où je pouvais imaginer sim-

plement le goût et l’odeur d’un bon chocolat chaud en

survolant une publicité de « Banania » dans le journal

de Mickey, sans penser à la noirceur des ignobles

publicistes affairistes, esclavagistes, colonialistes, etc.,

avides de connaître le contenu de ma tirelire…

Bref, l’orage arrivait…

Arriva et s'obstina une paire d’heures durant, si-

non plus. Il tonna, foudroya, dégringola de la flotte

comme vache lorraine - pas normande car on a sa fierté

- qui pisse, et venta furieusement toute la fin de journée,

Un temps à rester calfeutrés, non : confinés, car nous

sommes deux. Ma compagne aimant Debussy râla, moi

non, bien au contraire, espèce de « macho » égocentriste

que je suis !

"Sacré Soleil", sur "La 2" avec un rond rouge

pour ceux qui ne savent pas lire les chiffres, et la suite

remplacèrent le concert. Guère mieux. J'ai un article en

cours, alors, hop ! "Au clavier" ! "À la plume" est plus

classique mais vieillotte.

Quant à la pluie de météores, un par minute,

dixit "La2" : bernique !

Toujours incapable de dire si le temps est sec :

l'eau est en suspension dans l'air normand alors pas

d'observation météorologique possible, on ne voit rien

dans la purée de pois matinale.

Complètement givré !

13 août 2020

Sans masque !

Ici permission d'ôter le masque quand on est

seul. Subtile la réglementation !

Petite promenade hier, museau à l'air ce qui est

tout de même commode lorsque les poumons

79 : Désert américain

80 : En route.

Page 68: Blablas - savoysky.pagesperso-orange.fr IV (WEB).pdf · Le Lion tint conseil, et dit : Mes chers amis, Je crois que le Ciel a permis Pour nos péchés cette infortune ; Que le plus

68

vieillissent. Le parc fut aménagé pour le plaisir d'un Ar-

ménien, né Turc quand ce n'était pas considéré comme

un avantage, devenu ensuite résident en France ou

Français, je suis incertain, mais richissime, je suis cer-

tain. Il s'agit du sieur Calouste-Gulbenkian, décédé en

dépit du bon air à 86 ans; je déteste ouïr cela... Et je ne

vous dirai pas pourquoi, j'ai bien le droit d'avoir mes

petits secrets !

Promenade écourtée par des grondements loin-

tains mais semblant se rapprocher !

Et ce matin, pissements drus et prolongés de

vaches lorraines ! Usuellement l'eau étant ici simple-

ment en suspension dans l'air ou dans l'océan, les in-

digènes, bipèdes, chevaux et vaches de la région, en

sont bien contrits, le commerce, les courses et la crème

en souffrent

14 août 2020

TGV déconfiné

Les trains circulent de nouveau. Alors, en route

pour Bunuel, vieux bourg dans la banlieue de Nîmes ;

Oleg et sa petite famille s’y sont fixés, je pense défi-

nitivement.

Précédant le plaisir de découvrir leur nouvelle

demeure, vient le moment de rejoindre mon fauteuil

réservé comme il se doit dans le TGV à destination de

Valence et Nîmes – Pont du Gard, nom de la nouvelle

gare construite « au milieu de nulle part ». La gare de

Lyon a ceci de particulier : l’ancienne gare est doublée

d’une nouvelle, la tête des quais dans cette dernière

étant approximativement un peu avant le bout de ceux

de la précédente. Je me méfie et demande au chauffeur

de notre taxi de rejoindre la « dépose minute » en des-

sous de la nouvelle gare. Heureuse idée car étant dans

la voiture 12, il me faut longer pédestrement la pre-

mière rame, c’est-à-dire une motrice, les voitures 01 à

08, une seconde motrice, puis la queue de la seconde

rame c’est-à-dire une autre motrice, puis la voiture 11,

et aboutir enfin à la porte de la 12 ; bien noter que la

numérotation des éléments du TGV est en sens inverse

de la marche du train à l’aller vers Nîmes et dans le

même sens au retour, sauf fantaisie de la SNCF, ce qui

arrive parfois mais j’ignore pourquoi… Une rigolade

quand on a vingt ans, Mais quand on approche les 87,

avec des jambes devenues peu alertes et un souffle dé-

finitivement court, quand en outre le tout n’arrive le

long du quai ouvert en tête que seulement vingt mi-

nutes avant le départ, quand le port du masque est obli-

gatoire, alors le chargement du bonhomme devient

difficilement sportif !

Et j’oublie : en dépit de ma demande, mon fau-

teuil est dans la partie haute de la voiture, donc petit

escalier raide pour conclure la marche.

Bon ! Assis confortablement, cinq minutes de

plus et en route pour un peu moins de trois heures de

trajet ! Là, rien à rouspéter, c’est tout bon. Les enfants

attendent à l’arrivée, retrouvailles après une bonne an-

née, le virus ayant bousculé tous nos projets.

Déconfinement mais masqué en TGV

Blablas sans parole (fig.77)…

82 : Éros, 1.

82 : Éros 2.

Page 69: Blablas - savoysky.pagesperso-orange.fr IV (WEB).pdf · Le Lion tint conseil, et dit : Mes chers amis, Je crois que le Ciel a permis Pour nos péchés cette infortune ; Que le plus

69

20 août 2020

Déconfinement nîmois

Je séjourne dans une ville, Nîmes, mais ne le ré-

pétez-pas, qui se déconfine...

Pas le droit de quitter le masque dans le mu-

sée ! Néanmoins les bonhommes et les dames dans les

fresques font ce qu'ils veulent : sans masque !

Mauvais exemple ! Mauvais citoyens ! Et ils ont l'air de

s'amuser, sans masque, triste mentalité, sans masque...

Je frémis, navré, devant l'incivisme de ces déconfinés

intégraux !

Cela étant, je deviens "beulou", car l'érotisme

n'a rien d'évident là dessus...

26 août 2020

Pour les "beulous" qui n'auraient pas vu et sur-

tout compris comment s'y prendre pour déconfiner, je

dédie cette fresque plus pédagogique de mon point de

vue, c'est à dire 10-10e avec léger strabisme, j'avoue.

Vive la culture sans confinement mais avec

masque sauf là où il faut...

Je m'égare...

Même date

Déconfinement SNCF

Une consœur pleure : je suis absent de notre fo-

rum depuis au moins deux jours ! Calme ! Rétorque

Marie-Jo, Serge est certainement en vadrouille… Vraie

Pipelette, Marie-Jo car…

Effectivement, hier, j'étais à bord du TGV2548,

voiture12, place 51, départ de Nancy 18h11, arrivée à

Paris à 19h50.

Vous savez tout, enfin l'essentiel.

J'oublie...

Déconfinement "sénécéfique" oblige, j'étais

masqué. Quand on est devenu une vieillasse au souffle

court c'est pas drôle ! Impossible de courir un 100m

avec ce truc sur le nez. Bon, d'accord, à l'intérieur d'une

voiture de TGV, pas besoin de courir.

Néanmoins je râle car je suis Français et en plus

du gilet jaune que je n'ai pas j'ai une bonne raison.

Un quidam plus jeune que moi mais plus ventri-

potent occupait la place 52, en vis à vis. Il se rendit au

bar et en revint avec son dîner dans un sac; c'est la règle

annoncée désormais au début de tout trajet : obligation

de consommer à sa place !

Or, pour ce faire, il faut se démasquer, ce qu'il

fit et resta durant tout le trajet, le sac sur la tablette et

ses bruits de déglutition et de mâchoire prouvant qu'il

consommait.

Où est l'égalité républicaine ? Moi, obligé régle-

mentairement d'être masqué, lui obligé gastronomique-

ment d'être démasqué.

On se moque du Peuple Souverain !

15 septembre 2020

Déconfinements musicaux

Petit plaisir parisien… Petit rien de quartier dont

on parle peu ou pas du tout dans les journaux. Il contri-

bue à meubler notre quotidien, surtout en fin de semaine

; c’est une sorte de survivance de la manière dont on ses

distrayait autrefois avec de la musique de chambre…

La télévision et la radio abrutissantes n’exis-

taient pas autrefois ; on se réunissait simplement entre

amis pour chanter ou jouer de la musique ou danser, re-

garder et écouter pour les moins habiles. Aujourd’hui,

plus savants, nous éprouvons le besoin de former des

associations pour ce faire ; ayant fonctionné longtemps

comme trésorier de certaines, j’en parle en toute con-

naissance : en fait, si le trésorier est habile, cela permet

de récupérer quelques subsides de nos administrations

tutélaires; petites mendicités devenues incontournables

parfois pour continuer à paraître dans une société avide

de « Showbiz » gesticulant et tonitruant.

Tout évolue… Mais certains résistent…

Je connais encore de petites associations.

L’une, très petite, pratique musique et poésie.

Une de ses animatrices, féministe convaincue, se pas-

sionne pour l’histoire de ses consœurs ayant beaucoup

œuvré comme poétesse ou musicienne. Pour cette dame

inconnue du public mais à la voix mélodieuse, existe un

matrimoine artistique qu’il convient de sortir de

l’ombre portée par le patrimoine, pas plus artistique

83 : Musique de quartier.

Page 70: Blablas - savoysky.pagesperso-orange.fr IV (WEB).pdf · Le Lion tint conseil, et dit : Mes chers amis, Je crois que le Ciel a permis Pour nos péchés cette infortune ; Que le plus

70

selon elle, créé par les hommes.

Pour nous en convaincre, accompagnée d’une

amie munie de sa viole de gambe, elle récita et chanta

des œuvres de dames du XVII au XXe siècle. Un régal

dans le modeste kiosque à musique d’autrefois au mi-

lieu du non moins modeste square Gardette du XIe ar-

rondissement parisien. Petit carré de verdure au milieu

des constructions empli d’une population s’aèrant, ré-

glementairement masquée excepté les enfants ; ceux-là

courent en tous sens, jusque dans les jambes des mélo-

manes auditeurs et piaillent à qui mieux mieux sans res-

pect pour la musique. Petit problème : le soleil chauffait

la viole, d’où nécessité de se redistribuer dans l’espace

afin d’offrir de l’ombre au vieil instrument.

Ensuite quelques habitants des immeubles tout

autour, visibles en partie sur mes images, renouèrent en

public dans la même atmosphère bon enfant avec leur

passion de choristes perturbée par ces animalcules, dé-

sormais trop fameux dans notre existence. Choristes pas

masqués mais réglementairement distanciés !

De la vraie et bonne musique populaire. Un bon

après-midi dominical.

21 septembre 2020

Page 71: Blablas - savoysky.pagesperso-orange.fr IV (WEB).pdf · Le Lion tint conseil, et dit : Mes chers amis, Je crois que le Ciel a permis Pour nos péchés cette infortune ; Que le plus

71

Blablas numériques

84 : Internet au service du confinement.

Page 72: Blablas - savoysky.pagesperso-orange.fr IV (WEB).pdf · Le Lion tint conseil, et dit : Mes chers amis, Je crois que le Ciel a permis Pour nos péchés cette infortune ; Que le plus

72

85 : Masque.

Page 73: Blablas - savoysky.pagesperso-orange.fr IV (WEB).pdf · Le Lion tint conseil, et dit : Mes chers amis, Je crois que le Ciel a permis Pour nos péchés cette infortune ; Que le plus

73

Alerte

Des personnalités compétentes entourent le Pré-

sident, le conseillant pour le contrôle de la pandémie…

Contrôle ? Point n’ai dit : maîtrise ! Contrôler signifie

connaître l’événement, autant que faire se peut, et agir

autant que faire se peut pour infléchir son évolution fa-

vorablement pour notre santé. Souhaitons-nous bonne

chance ! Forme de contrôle d’un processus ainsi vite

résumée par le spectateur que je suis, absolument pas-

sif.

Nonobstant le contrôle de processus devint ma

spécialité naguère au point que je fusse chargé de l’en-

seigner à de futurs ingénieurs des travaux publics, autre

domaine évidemment que celui monopolisant l’atten-

tion aujourd’hui ; mais cela m’intrigue : existe-t-il des

similitudes entre ce qui fut mon passé et la lutte contre

cette invasion qui me concerne à l’instar de toute la pla-

nète ?

Il ne s’agit pas d’une question farfelue. Au-

jourd’hui lorsqu’on truffe avec un équipement informa-

tique une structure naturelle ou édifiée, présentant un

risque pour la collectivité, c’est pour la connaître à tout

instant et le cas échéant réagir en conséquence de l’ob-

servation : lancer une alerte, activer des actions salva-

trices, etc.

Des chaînes décisionnelles sont ainsi conçues.

Elles comportent les moyens nécessaires d’acquisition

de l’information caractérisant le processus, de sa con-

servation, de son traitement, de réaction directe éven-

tuelle sur le processus, enfin toujours de mise à la dis-

position d’experts compétents, d’éléments issus de ce

qui précède et nécessaires à l’exercice de leur contrôle

et de leur rôle décisionnel.

Particularité peu apparente de ces chaînes : l’in-

terdisciplinarité devenue incontournable avec le déve-

loppement de ce genre d’équipements et l’apport essen-

tiel de l’informatique. Dans l’élaboration d’un tel sys-

tème, par exemple la surveillance d’une falaise sus-

pecte d’instabilité au-dessus d’une zone habitée, peu-

vent intervenir aussi bien l’informaticien, sachant pro-

grammer un microprocesseur, que le préfet devant ex-

ploiter ultérieurement les données acquises et traitées

en temps réel, sans même éventuellement que ces deux

personnes se rencontrent !

L’intéressant dans la pandémie actuelle est la

collecte de l’information et son traitement à l’échelle

mondiale. Peut-être en reparlerons-nous…

24 mars 2020

Lazaret

Avant de commencer à me lire, révisez je vous

prie votre table de multiplication par 7 ; j’y viendrai en

fin de causerie. La science des nombres est la plus belle,

disent les puristes ; j’ajoute : surtout utile lorsque

j’aborderai la durée de notre confinement…

Confiné comme tous, je suis plus attentif qu’à

l’ordinaire aux flots de parlotes, émis à jet continu par

l’un ou l’autre des récepteurs, radio ou télévision,

oubliés sous tension quelque part à portée d’oreilles.

Les parlotes détaillent en tous sens, comme à l’accou-

tumée, le sinistre sanitaire majeur que subit notre so-

ciété : propos de commentateurs rabâchant leurs infor-

mations, surenchérissant à qui mieux mieux, obnubilés

qu’ils sont par l’idée d’être moins écoutés que leurs

confrères. De cette inondation sonore écoutée distraite-

ment émergent parfois les voix d’auditeurs intervenant

en ligne. En dépit du sentiment de saturation me ga-

gnant insidieusement, certaines voix, j’ignore pour-

quoi, éveillent subitement mon intérêt, ou mon étonne-

ment, voire ma curiosité.

Ainsi aujourd’hui j’entendis à plusieurs reprises

toutes sortes de discussions sur la durée du confinement

: dépassera-t-elle quinze jours et pourquoi six semaines,

et pourquoi pas moins ou plus, etc. Je retiens le nombre

de six, intrigant, voire inquiétant les auditeurs partici-

pant à l’émission, questionnant, voire conseillant sans

complexe les experts invités. C’est vrai enfin ! De quels

cerveaux, malades ou géniaux ou normaux mais farfe-

lus et j’en passe, une telle idée peut-elle sortir ?

Désolé, je suis absolument incapable d’exprimer

un avis pertinent sur le sujet. Néanmoins j’ai vague-

ment le sentiment que, face à une menace de contagion

de maladies infectieuses, le confinement de six se-

maines d’individus suspects d’être atteints, me semble

une solution pragmatique, usuelle depuis belle lurette.

Les épidémies, peste, choléras et d’autres encore

empoisonnent notre humanité depuis plus que belle lu-

rette. Au fil du temps, les populations menacées imagi-

nèrent de se défendre en plaçant des obstacles sur les

voies de communication menant aux portes de leurs ter-

ritoires. En particulier, en France, dans nos ports exis-

taient des lazarets, sortes de caravansérails, plus ou

moins confortables permettant d’isoler le temps jugé

nécessaire, les voyageurs provenant de contrées infec-

tées.

Quarantaine est le mot français désignant autre-

fois le confinement dans ces auberges obligées. Prête-

t-on suffisamment attention à ceci : le mot existe tou-

jours, il est couramment utilisé de nos jours, toutefois

avec des acceptions parfois éloignées du sens ancien.

Or, comptez… Quarantaine, c’est quasiment six se-

maines, chacune de sept jours ! Cette unité de compte

mensuel semble avoir la vie dure ; elle survécut de plus

au calendrier révolutionnaire, poison des généalogistes

! Est-ce seulement une coïncidence ? Toutefois bien des

gens et choses ont changé depuis l’époque encore ré-

cente des lazarets. Je dis : gens et choses, car les épidé-

mies, je n’en sais fichtre rien… Probablement respec-

tent-elles obstinément leurs habitudes ancestrales ja-

lousement masquées aux yeux des experts s’évertuant

à les étudier. Dans l’incertitude mieux vaut ne pas chan-

ger les nôtres ; alors vivent les quarantaines de quarante

jours, six semaines donc, à deux jours près…

Ou plus éventuellement ! Ben oui : c’est un bail

renouvelable, c’est écrit nulle part mais c’est ainsi…

Reste à faire avaler ce genre de pilule à la popu-

lation. Alors… Blablas, noyons le poisson…

Ah ! La transparence de la communication…

Page 74: Blablas - savoysky.pagesperso-orange.fr IV (WEB).pdf · Le Lion tint conseil, et dit : Mes chers amis, Je crois que le Ciel a permis Pour nos péchés cette infortune ; Que le plus

74

À tantôt.

26 mars 2020

Se confiner

Simple élément de la masse confinée, je m’obs-

tine à juger détestable le fait de subir docilement, pas-

sivement, les consignes qui me sont imposées. Se re-

beller ? Certes non ! Tout simplement en raison de

l’importance de la discipline dans une situation dange-

reuse. Beaucoup d’entre vous ignorent jusqu’à l’exis-

tence du règlement militaire concernant l’obéissance,

applicable en toutes circonstances. Dommage ! Alors je

résume à ma façon :

Obéir sans discuter, en bons franchouillards

que nous sommes rouspéter mais seulement après avoir

obéi aux ordres et que les effets de l’obéissance aient

été constatés…

Nous sommes en démocratie, l’autorité qui nous

gouverne fut mise en place démocratiquement en dépit

des divergences de notre nation de râleurs ; en consé-

quence, de mon point de vue, obéir est le seul compor-

tement possible. Or l’obéissance aujourd’hui est atten-

due de toute la nation et ce que je viens de condenser

un peu ironiquement en une phrase paraît bien difficile

à observer. Ainsi en particulier, comment le petit élé-

ment que je suis peut-il agir utilement dans un moment

où justement l’autorité lui impose de se tenir tran-

quille ? Paradoxal !

Néanmoins je me souviens avoir dit : je suis un

capteur. Alors noyé dans la masse, vieillissant donc far-

deau possible, je capte et je note. C’est à peu près tout

ce que je peux faire. Utile, inutile ? On ne sait jamais

ce qui adviendra… J’oublie : si des jeunes appellent un

coup de pouce en math, ou en physique, mais pitié pas

en chimie car je suis nul, internet fonctionne et ma tête

aussi ; mes petits-enfants ont tout de suite pigé…

Pour clore cette petite confidence un souvenir

remonte ; je me remémore ce témoignage que j’eus la

chance d’admirer, celui du confinement unique et vo-

lontaire d’un homme livré à lui-même seul au milieu

d’une immensité : le Père de Foucault.

Cette diapositive, vieillie et retouchée, incite en-

core à réfléchir…

27 mars 2020

Calculs toujours

Un petit mot, encore.

Nous vivons des moments intéressants. Peu ras-

surants mais intéressants. Capteur, je note et je ne sais

plus vers quoi diriger ma plume, les faits se bousculant

jour après jour.

Hier, dans la soirée, j’écoutai notre premier mi-

nistre annoncer la prolongation de notre confinement

jusqu’au 15 avril. "Au moins", crûs-je ouïr… Il ne

s’agit donc pas d’un renouvellement de bail, le terme

de la quarantaine n’étant pas encore atteint.

En effet, je parlai il y a peu de cette quarantaine

; arithmétique simplissime, c’est presque six (se-

maines) multiplié par sept (jours). Vieille, très vieille

recette de santé collective certainement présente dans

l’esprit de tout expert épidémiologiste. Pilule amère,

difficile à faire avaler par la population en dépit d’ab-

sence d’autres remèdes prouvés. Alors, mesdames,

messieurs les experts, un peu en retrait, nous vous en

prions, c’est le rôle de nos politiciens élus d’administrer

le remède, par petites doses, bien enrobé avec habileté

dans les excipients dont ils ont le secret. Vive la poli-

tique devrais-je ajouter si j'en étais convaincu !

À propos, Monsieur le Président, il me semble

vous avoir entendu affirmer : transparence…

Ce serait tout de même rigolo que notre confine-

ment cesse pile dans quarante-deux jours après son dé-

but. J’ai la flemme de prendre un calendrier pour poin-

ter où cela nous mène. Ma compagne, chez qui je me

trouve coincé, mais je ne m’en plains pas, vient de

m’annoncer l’annulation du festival de musique de

Pâques, à Deauville. Je ressens un peu de vague à l’âme

de ne pas écouter de jeunes artistes débutants et enthou-

siastes, cependant je n’en suis pas surpris, 42 c’est 42

avec le festival pile dedans ! Qu’on se le répète, mais

en se souvenant que tout calcul encourt le risque d’er-

reur…

N.B. Mardi prochain je dois consulter mon car-

diologue, "ma" car c'est une charmante jeune femme ;

point n’ai-je besoin de certificat dérogatoire pour me

rendre à cette visite, mon immeuble abrite son cabinet,

l’escalier juste à côté du mien ; il me suffit de passer

par le sous-sol, une vingtaine de mètres ; dehors, sur le

trottoir dont nous sommes riverains, ce pourrait être

dangereux : sans le papier qu’il me barbe d’imprimer le

risque est vite chiffré : €135 !

28 mars 2020

Numériser le confinement…

Totale déraison ? Voire…

Je dors peu, pas du tout insomniaque, depuis des

décades, quatre ou cinq heures de sommeil me suffi-

sent. Christophe le Facteur, chaque jour, est habituelle-

ment le premier présent ici ; naguère, Marie-Paule, Oi-

seau de Nuit détenait ce privilège. Moi, Pépère, suis le

premier à lire mais cela se remarque moins.

Introduction au fait, inhabituel mais pas inat-

tendu, que je m’éveille après un long sommeil de près

de huit heures. Cela m’arrive… Pourquoi ? Je n’en sais

rien, je ne cherche pas à savoir. Mais c’est toujours lors

de mon éveil après un long sommeil que mes idées sur-

gissant immédiatement atteignent les sommets du far-

felu.

Ainsi…

Vrai confinement, le sommeil… Un de plus !

Pas le même que celui imposé par Macron… Plusieurs

confinements… Tien… Tiens… Imbriqués ? Superpo-

sés ? Hiérarchisés ? Contradictoires ? Ouaaaaa… (bâil-

lement)… C’est un truc pour le « tout numérique »,

cela…

Totalement idiot, vite debout et café fort.

Page 75: Blablas - savoysky.pagesperso-orange.fr IV (WEB).pdf · Le Lion tint conseil, et dit : Mes chers amis, Je crois que le Ciel a permis Pour nos péchés cette infortune ; Que le plus

75

Dont actes.

Imbibé de caféine donc lucide, je reprends.

Mais il y a du vrai dans mon élucubration mati-

nale. Il semble bien exister des familles de confine-

ments. Cramponnez-vous : la mathématique m’im-

prègne et lorsque je parle de famille, il s’agit de famille

topologique. Expliquer n’a pas sa place ici mais je peux

fournir des références aux amateurs. Je suis « in » ainsi

: la mathématique c’est bien le support du « tout numé-

rique » !

Je conçois par exemple une famille de confine-

ments physiques, proche de celle comportant l’empri-

sonnement. S’y trouve ma carcasse : je n’ai jamais de-

mandé d’y entrer, présentement je ne peux pas en sortir,

enfin certainement j’en sortirai sans que mon avis soit

pris en compte, excepté le cas d’un coup de folie de ma

part. Voyez-vous une erreur si j’affirme qu’il s’agit

d’un confinement ? Et puis existe l’appartement dans

lequel je me trouve, incluant ma carcasse, avec à peu de

choses près les mêmes spécifications : entré, inclus, ul-

térieurement sorti, mon avis à ce sujet en ce moment

comptant pour de la roustissure… Etc. Enfin, notre pla-

nète Terre. Vous riez ? Eh bien ! Essayez d’en sortir…

J’imagine aisément une autre famille : morale ;

allez, à la louche : ma conscience, les usages familiaux,

les coutumes locales, le Droit français… Indiscutable-

ment une famille d‘éléments imbriqués et hiérarchisés,

confinant tous mes comportements quotidiens ! Famille

dont au moins un élément, le droit, croise au moins un

élément de la famille précédente, l’appartement. Idiot ?

Réfléchissez…

Bien loin, ce matin du confinement des légion-

naires Romains postés dans le fortin en ruine où j’en-

trainai ma petite troupe désœuvrée, il y a plus de

soixante ans. Et dont je souhaite parler.

Mais ce sera tout pour ce matin.

Libre à vous d’ajouter avec moi : ouf !

30 mars 2020

Le « Numérique » et la connaissance

Je souhaite vous rapporter deux anecdotes ; en

dépit de leur banalité je pense qu’elles vous convain-

cront dans la suite que je ne batifole pas dans mon quart

d’heure favori de déraison.

La première date des années 70. Oui, le temps

passe… La recommandation de mon premier em-

ployeur civil, un I.P.C.G. G pour Général tout de

même, me propulsa le 16 septembre 1970 à la tête du

service d‘informatique du Laboratoire Central des

Ponts et Chaussées, service créé la veille ! À cette date,

l’informatique, comparée à ce que nous en connaissons

maintenant en était encore à balbutier. Nos grands chefs

balbutiaient et les informaticiens, presque tous auto-

proclamés et dont j’étais, balbutiaient de même.

La téléinformatique existait depuis peu pour le

public. La politique des constructeurs d’ordinateurs

consista lors de l’apparition de cette nouveauté, à pro-

duire des réseaux formés d’équipements homogènes :

un ordinateur central puissant et ses satellites,

efficacement protégés contre l’intrusion d’équipements

étrangers. Deux compagnies se partageaient ainsi le

marché des deux ministères de l’Équipement et des

Transports, choix d’abord politique à haut niveau,

ayant quelque peu ignoré la nature des travaux poten-

tiels. Heureusement, pour ce qui était considéré comme

essentiel à l’époque, on pouvait travailler en dépit de

cette division. Cependant émergèrent dans le même

temps d’autres besoins prenant rapidement de l’impor-

tance…

Le réseau des Laboratoires des P. et C., près de

deux douzaines d’établissements répartis sur tout le ter-

ritoire, est chargés de recueillir là où elle est créée, l’in-

formation indispensable à la bonne connaissance de

l’état des infrastructures publiques de transport et à leur

usage. Très rapidement le réseau innova dans cette ac-

tivité traditionnelle, y introduisant l’informatique.

Petit problème, néanmoins fondamental : les

équipements d’acquisition d’information sont conçus

selon les nécessités de l’équipement routier contrôlé,

généralement là où se trouve cet équipement, c’est-à-

dire n’importe où. Il faut donc expédier l’information

acquise vers les ordinateurs destinés à la gestion et son

exploitation. Cette tâche de communication incomba au

service que je dirigeai.

Très vite la mauvaise volonté, voire le refus de

coopérer, se manifesta chez les deux fournisseurs men-

tionnés ci-dessus, catégoriquement chez celui venu

d’outre-Atlantique. Nous n’étions pas encore à l’ère de

l’internet ouvert à tous ! Cette opposition était si fla-

grante que je reçus, discrètement, le budget nécessaire

pour, toujours discrètement, littéralement pirater les

messages échangés dans ces réseaux, décortiquer leurs

structures et connecter nos équipements que cela plaise

ou non à nos fournisseurs ; cela se passa à peu près

comme je viens de le dire, la réalité vécue étant toujours

plus complexe que ce que l’on en raconte bien des an-

nées après.

Ce que je retiens de cette anecdote est qu’une

toute petite équipe d’ingénieurs, pas très bien dotée

budgétairement donc chichement équipée au minimum,

réussit à briser ce qu’une grande compagnie mondiale

était déterminée à conserver secret. Près de cinquante

ans plus tard, je suis convaincu qu’un gouvernement ou

un grand organisme de presse a la possibilité de se doter

de tels moyens humains et matériels adéquats de pira-

tage. L’efficacité n’est pas toujours au rendez-vous

dans ce genre d’affaires mais toutefois, je suis con-

vaincu que gouvernement ou organisme de presse ne

lâchent, de ce qu’ils connaissent de leurs affaires et de

celles des autres qu’ils arrivent à connaître, que ce

qu’ils jugent opportun de lâcher.

Moralité : on est loin de tout savoir. Et c’est

peut-être bien ainsi.

Bien, bien, c’est l’heure de déguster une petite

bricole liquide et ambrée… À votre santé. La suite, …

ensuite…

5 avril 2020

Page 76: Blablas - savoysky.pagesperso-orange.fr IV (WEB).pdf · Le Lion tint conseil, et dit : Mes chers amis, Je crois que le Ciel a permis Pour nos péchés cette infortune ; Que le plus

76

Virus dans l’Internet

J’ai le sentiment, mais ce n’est qu’une impres-

sion m’effleurant, une sorte de vague à l'âme mais sans

balalaïka, qu’un bruit sournois que je n’aurais pas en-

core entendu, avec l’âge je deviens dur d’oreille au

point que même ce qui tonitrue m’indiffère, ou alors le

confinement me sape tant le moral que mes sanglots

qu’aucun « psy » ne vient éponger noient les recom-

mandations me submergeant…

Zut, alors, où en suis-je ?

Ah ! Oui ! Le virus-machin qui « épidémise »

est filtré par les serveurs d’internet grâce au savoir-faire

de nos « Start-up ».

Il ne tombera donc pas de vos écrans sur vos cla-

viers

Donc la fréquentation du forum est sans dan-

ger…

Qu’on se le répète.

6 avril 2020

Seconde anecdote

Ma seconde anecdote n’est en fait qu’un tout pe-

tit événement, archi banal dans mon existence ; toute-

fois, extrait de ce contexte, il incite à réfléchir sur les

conséquences dans nos existences de l’énorme déve-

loppement de l’informatique, a fortiori dans les circons-

tances exceptionnelles que nous vivons.

Hier ou avant-hier j’ai placé ici une carte postale

ancienne de la Léproserie de Remiremont ; souvenir

d’un confinement ressemblant à de la prison pour les

malades, afin de protéger la collectivité de la contagion.

Familier de ce piedmont vosgien, pays d’une partie de

ma parenté, j’aurais aimé ajouter quelques fragments

d’histoire de ce petit monument bien connu des roma-

rimontains13. Honte ! Le vide ! Dans ma tête d’abord,

mais je vieillis, et dans mes notes qui s’effilochent ;

pour parfaire ce vide, le confinement m’interdit l’accès

à ma bibliothèque.

Pas de panique ! Petite navigation dans l’Inter-

net, je trouve un bouquin (iv) ; quelques modestes euros

et je recevrai ce que je cherche en fin de mois, toujours

à cause de ce fichu confinement. Temps passé pour

combler cette lacune ? À peine une petite heure. Dans

le passé - cinquante ans environ -, la chronologie eut été

différente ; par exemple : aller en métro, promenade pé-

destre rue de Richelieu, B.N., catalogue, demandes de

consultation, attente, enfin consultation car pas de con-

finement… Néanmoins au moins une demi-journée.

Progrès indubitable pour un documentaliste

mais l’essentiel est autre.

La petite heure précitée m’occupa,

13 Bammert, 1971. En l’absence de pagination, quatre pages

du chapitre 12 : Le Palais Abbatial, sont consacrées à la Léproserie

de la Magdelaine. L’article décrit l’administration de l’établissement,

havre de confinement plus que de soins. Il conte la cérémonie d’ac-cueil de deux malheureuses condamnées par leur maladie à rester

confinées dans la léproserie jusqu’à la fin de leurs jours. En

documentaliste amateur muni de ma petite expérience,

muni de mon « pc » banal doté de son non moins banal

logiciel de base mais le tout connecté à l’Internet. Ima-

ginons maintenant une équipe de documentalistes ex-

périmentés munis d’un ordinateur doté de logiciels

d’analyses de données bien pensés, également connecté

à l’Internet. Par expérience, l’idée de la masse d’infor-

mation que cette équipe peut en ce moment obtenir en

très peu de temps et du gain de connaissance qu’elle

peut en retirer donne le tournis.

Or gouvernements et organismes de presses bé-

néficient de tels moyen. Ce qu’ils en obtiennent au sujet

de l’épidémie est certainement considérable, difficile-

ment concevable pour un simple citoyen. Diffuser en

toute transparence leurs résultats est irréaliste et si tel

était le cas qu’en ferions-nous ? Analyser, interpréter,

décider enfin des actions à mener sont affaires de spé-

cialistes. La transparence pour tout cela est-elle seule-

ment possible ? Opportune ? Indispensable ?

N’ayant de la sociologie que quelques idées ap-

proximatives, je suis incapable de répondre à de telles

interrogations mêlant science et politique. J’ajoute, em-

barrassé : qui, y compris parmi nos décideurs possède

cette capacité de répondre, quelle que soit l’élévation

de son information ?

Je tais mes convictions. Elles sont floues et le

seront vraisemblablement toujours.

Et puis j'ai une contrariété : ainsi qu'hier, j'émets

l'opinion de l'opportunité d'un certain liquide, ambré,

etc. Halte ! Entends-je, ce qui stoppe mon rêve. Hier

c'était dimanche et cela suffit !

Oups ! Je ressens soudain physiquement le con-

finement… Bar personnel confiné, opaque et ce n'est

pas la faute du Président.

Dur est le temps présent.

Même date

respectant certaines règles vestimentaires d’hygiène et de comporte-ment, elles pouvaient sortir pour mendier…. La chapelle reste le seul

témoin de l’établissement.

Page 77: Blablas - savoysky.pagesperso-orange.fr IV (WEB).pdf · Le Lion tint conseil, et dit : Mes chers amis, Je crois que le Ciel a permis Pour nos péchés cette infortune ; Que le plus

77

Archives déconfinées

Le papier, support de l’écrit, ou toutes ces

choses dont on usait autrefois alors que le papier n’exis-

tait pas encore, y compris dans les idées des scribes les

plus inventifs, constituèrent les premières archives ; à

la condition toutefois que nos aïeux scribes songeassent

à préserver en lieu propice leurs travaux et que les sup-

ports utilisés résistassent au temps et aux prédateurs.

Près d’Albuquerque, au Nouveau Mexique, le

Rio Grande suit le bord d’une immense coulée magma-

tique, bord en pente raide d’une cinquantaine de mètres

de hauteur parsemée de débris rocheux. Des Amérin-

diens gravèrent sur ces débris dans un passé indéter-

miné des dessins dont il est permis de supposer qu’il

s’agissait de messages. Messages indéchiffrables au-

jourd’hui au grand désespoir des historiens locaux mais

dont l’ensemble forme indubitablement un dépôt d’ar-

chives confiné là le temps que la nature accomplisse

son œuvre destructrice.

On trouve des gravures pariétales, ou des des-

sins, dans le monde entier, à l’air libre, dans des ca-

vernes, inondées… Ce sont les premières archives de

l’humanité, confinées à jamais là où elles furent pro-

duites. On objectera qu’existe la possibilité d’en

prendre copie, ce qui fut réalisé pour Lascaux, dépôt

magnifique d’archives, issu du passé. Des chipoteurs

insisteront en soulignant l’absence d’intérêt de telles ar-

chives pour les généalogistes ; là je contre car en l’ab-

sence d’interprétation il est impossible d’exprimer un

avis catégorique à ce sujet.

J’ajoute que la généalogie n’est pas qu’affaire

humaine Tout amateur de vieilleries autres qu’hu-

maines se soucie souvent des filiations possibles entre

les objets qu’il affectionne ; toujours dans le domaine

des archives, c’est le cas des manuscrits. Cela m’amène

à la plus ancienne table connue de logarithmes ! Elle ne

comporte que quatre valeurs mais cela suffit pour ad-

mettre qu’il s’agit d’un ancêtre des tables scientifiques,

vieux de six mille ans environ. Son écriture cunéiforme

gravé sur une tablette d’argile fut miraculeusement pré-

servée confinée à l’intérieur d’un tell au Moyen-Orient.

Elle fut déconfinée par un archéologue et expédiée pour

être confinée de nouveau dans la bibliothèque de l’Uni-

versité de Yale (xv, xx), numérisée et accessible via In-

ternet.

Considérons immédiatement que la photogra-

phie et désormais son allié l’enregistrement numérique

sont d’ores et déjà des outils de déconfinement des ar-

chives précitées.

30 avril 2020

Parlons d’archives généalogiques.

Classiquement on pense aux registres parois-

siaux ou d’état-civil rangés dans nos archives départe-

mentales. Battons le rappel ! On peut en trouver ail-

leurs : dans des églises, des monastères, des chartriers

familiaux, non seulement en France mais encore à

l’étranger ; certains régiments russes possédaient une

église donc ses registres régimentaires bien difficiles à

dénicher aujourd’hui… En outre n’oublions pas tous

ces documents conservant bien cachées des traces de

parentés : les actes notariaux, judiciaires, etc. Et puis

les listes : recensement, élection, conscription,

88 : Vieille archive confinée au bord du Rio Grande.

86 : Lascaux déconfiné.

87 : Transportée, numérisée, déconfinée.

Page 78: Blablas - savoysky.pagesperso-orange.fr IV (WEB).pdf · Le Lion tint conseil, et dit : Mes chers amis, Je crois que le Ciel a permis Pour nos péchés cette infortune ; Que le plus

78

alimentation, santé, incarcération, etc.

Lancé dans la généalogie à l’aube

de ma retraite donc depuis plus de vingt

ans, je plongeai dans la prospection au

sein de ces vieux papiers. Papiers bien

confinés là où ils furent créés ou oubliés.

Pour consulter, il était donc nécessaire

de se rendre là où ils étaient déposés et

où ils sont toujours, en principe.

Bien évidemment je fréquentai

les AD88 et quelques autres dans

d’autres départements, par exemple les

Pyrénées Atlantique pour y consulter…

le registre d’écrou de la prison de

Bayonne très fréquentée à l’époque des

tentatives de passages clandestins en Es-

pagne. De ce voyage je rapportai entre

autres informations la date et le lieu de

naissance, 30 mai 1918 à Beyrouth de

ma belle-mère, sa profession, interprète,

l’identité de son père, Auguste Bernard. Les occupants

allemands étaient des gens méticuleux.

En ce qui concerne les registres paroissiaux et

d’état-civil, je découvris immédiatement une première

forme de déconfinement : le microfilm. L’Église des

Saints des Derniers Jours, autrement dit, Les Mormons,

avait réuni dans son Centre de Documentation parisien

la quasi-totalité de ses microfilms réalisés en France.

Déconfinement transformant des confinements disper-

sés en France en un nouveau confinement dans le IXe

arrondissement de Paris. Un progrès cependant pour un

banlieusard ! Je procédai alors à un déconfinement par-

tiel des registres paroissiaux de Raon aux Bois en les

enregistrant numériquement avec un petit dispositif

adéquat peu coûteux placé sur la caméra ; petit progrès

me permettant ensuite de les explorer à domicile où je

confinai cette petite base numérique. C’est ainsi : un

confinement semble toujours succéder à un déconfine-

ment !

Les visites aux AD88 restaient indispensables

pour les archives notariales. J’en numérisai donc sur

place une ou deux ; guère plus car plus long, le dispo-

sitif utilisé pour les microfilms étant inutilisables pour

les vieux papiers.

En revanche il me fallait aller à Francfort ou à

Salt Lake pour les microfilms de registres des églises

russes. Je me déconfinai en personne à Salt Lake.

Peu d’années passèrent et, une à une, nos ar-

chives départementales numérisèrent leurs documents

généalogiques pour les déconfiner radicalement grâce à

l’Internet. Énorme progrès !

1er mai 2020

Information déconfinée

En résumé la consultation classique d’un docu-

ment archivé implique l’une ou l’autre de ces trois pos-

sibilités :

Consultation dans le dépôt d’archives,

Envoi physique du document à domicile (ex-

ceptionnel !),

Envoi d’une copie.

Indéniablement l’informatique permet désor-

mais le déconfinement de tout document par sa numé-

risation et sa télétransmission, la troisième des possibi-

lités précitées devenant banale. La numérisation d’ar-

chives représente un long travail d’investissement et

appelle une indispensable organisation, permettant en-

suite de gérer et de mettre en ligne, à disposition du pu-

blic, les énormes quantités d’enregistrements produits ;

il est remarquable de constater, d’année en année, une

continuelle progression en quantités, des documents

rendus aisément disponibles.

90 : Microfilm numérisé par un amateur.

89 : Déconfiné par numérisation.

Page 79: Blablas - savoysky.pagesperso-orange.fr IV (WEB).pdf · Le Lion tint conseil, et dit : Mes chers amis, Je crois que le Ciel a permis Pour nos péchés cette infortune ; Que le plus

79

L’information nécessite un support pour son ex-

pression et sa communication. Or, jusqu’à présent il n’a

été question que de supports dans les activités exami-

nées ; l’information elle-même demeure confinée dans

les documents quels que soient leurs sorts. Dans tous

14 Archives Départementales des Vosges.

les cas, il reste à lire ou observer et interpréter tout do-

cument pour en libérer l’information recherchée dans

un but déterminé ; ces fonctions produisent évidem-

ment une nouvelle expression de l’information, éven-

tuellement de l’information nouvelle, avec un nouveau

support, donc un nouveau document, etc. Un maillon

de la chaîne d’enrichissement du patrimoine d’informa-

tion.

De tous temps cet achèvement du déconfine-

ment de l’information fut l’affaire de l’intelligence hu-

maine, travail essentiellement intellectuel. Par analogie

au machinisme mécanique destiné à assister le travail

manuel on œuvra de tous temps afin de développer un

machinisme intellectuel destiné à assister ce travail in-

tellectuel, voire s’y substituer. Tentatives pauvres en

résultats convaincants. De ces recherches naquirent

néanmoins les robots. Avec l’informatique ces re-

cherches acquirent rapidement une toute autre dimen-

sion. Cet essor actuel constitue l’intelligence artificielle

avec déjà des résultats époustouflants dont on ne saisit

pas encore cependant toutes les possibilités mais aussi

ses limites.

Quel que sera ce futur, dans tous les cas en ce

qui concerne l’exploitation des archives, l’intelligence

artificielle doit développer et assurer entre autres une

fonction incontournable : la reconnaissance par la ma-

chine des caractères écrits ; il y a encore fort à faire

mais c’est un point de passage obligé dans l’innovation

du déconfinement de l’information de ses supports. La

page extraite, en fac-similé numérique, des archives de

Maître Jacotel14 montre la difficulté de lire naturelle-

ment ce genre de document et ce n’est pas le pire ;

91 : Déconfinement de l'information.

92 : Une machine peut-elle lire cela ?

Page 80: Blablas - savoysky.pagesperso-orange.fr IV (WEB).pdf · Le Lion tint conseil, et dit : Mes chers amis, Je crois que le Ciel a permis Pour nos péchés cette infortune ; Que le plus

80

j’ignore s’il existe aujourd’hui une possibilité de recon-

naissance automatique des caractères dans un tel docu-

ment !

De ces réflexions naît une constatation irritante.

La volonté de libéraliser l’information en sup-

primant les corsets la confinant, guide la plupart des tra-

vaux actuels de modernisation de gestion et de traite-

ment de l’information. Opérations de déconfinement

disons-nous. Ce faisant toute information quitte le mi-

lieu la confinant avec ses règles structurelles, pour in-

tégrer un nouveau milieu, plus libéral pensons-nous

mais inévitablement doté de nouvelles règles structu-

relles : des normes, ose-je rappeler, qui confinent

comme toutes normes les objets pour lesquels elles sont

conçues.

Nous sommes donc persuadés de déconfiner

l’information en la pliant aux normes nécessaires à

l’universalité de sa gestion et de sa communication ; ne

serait-ce pas seulement une fausse impression d’ab-

sence de contraintes liée à l’efficacité de nos nouveaux

outils de travail ? Ne serait-ce pas, au contraire, un

transfert dans un autre confinement, discret car conçu

uniquement pour cohérer les machines utilisées ? Peut-

on alors parler de déconfinement, mot inexistant dans

le dictionnaire ? Les techniques évoluant que sera cette

impression dans le futur ?

Déconfiner ou confiner ? Telle est la question.

Revenons à nos soucis présents : le 11 mai pro-

chain, serons-nous en déconfinement ou adopterons-

nous un autre mode de confinement ?

1 mai 2020

Confiné !

S’cusez le lapsus !

M’est avis qu’un guguss m’assimile au lapsus !

Deux raisons d’y croire… D’abord et d’une, les

fonctionnaires du fisc ont un droit acquis : ne plus tenir

compte des centimes, c’est trop fatigant ! Deuzio : j’ai

déjà reçu un tel avis, sans centime.

Je me trompe peut-être ; dans ce cas, pas de

panique, le fisc a pris l’habitude d’aller et venir dans

mon compte-courant sans ce genre de paperasse.

L’ennui est que tels messages se multiplient

alors, par inadvertance lors d’un nettoyage de boîte aux

lettres, il est possible de se faire harponner ou

inversement effacer un courrier honnête.

Mais où va-t-on ? Pire : dans quel monde

numérisé sommes-nous arrivés ?

11 mai 2020

Ferrites confinées

Je copie ici certains de mes dépôts dans un

forum d’amis vosgiens, lesquels sont atteints en ce

moment de « flemmingite » aigüe pour écrire…

Effectivement, le vide emplit notre forum cette

semaine. J’ai horreur du vide alors je me suis contenté

de placer mes blablas dans mes deux sites personnels,

l‘un étant dûment référencé dans mon profil dans ce

forum, pour celles ou ceux que cela intéresserait…

Tenez… En dépit du confinement j’ai déniché la thèse

de Doctorat de Louis Couffignal soutenue en 1938,

néanmoins introuvable, y compris à la BN. Ah !

J’oublie… Qui est Couffignal ? Quelles sont ses

chansons ? Oups ! Je m’égare… Mais savez-vous ?

Non? Alors je dois digresser de nouveau… Ce forum

dans lequel je vous noie dans mes déraisons, il faut

toutes sorte de logiciels pour en disposer. Louis

Couffignal, peu connu, fut en 1938, avec von

93 : Confini ?

Page 81: Blablas - savoysky.pagesperso-orange.fr IV (WEB).pdf · Le Lion tint conseil, et dit : Mes chers amis, Je crois que le Ciel a permis Pour nos péchés cette infortune ; Que le plus

81

Neumann, mieux connu car anglo-saxon donc à la

mode et Conrad Zuse, allemand donc aux oubliettes,

l’un de ceux qui ouvrirent la voie à suivre vers

l’informatique, voie qui permet de brasser toutes

informations, calculs, chansonnettes ainsi que nos

spécialités, le climat d'aujourd'hui et nos cousinages.

Nous devons à ces personnages absolument moins

connus que Brel ou "Le Taulier" ou Piaf, etc., cette

facilité de communiquer : en leur absence, le logiciel

n'existerait pas. Aucune déclaration possible sur

l'internet : le temps qu'il fait, le sentiment qu'on a pour

sa dulcinée, ses revenus. Ces "vieilles ferrites" dorment

dans l'oubli.

Toujours ma déraison : j’ai enregistré la thèse de

Couffignal, ancêtre de l’informatique, et l’ai placée

dans mon site personnel, libre d’accès, et introuvable

chez « Gallica ». Curieux car en 1938, les thèses

devaient être imprimées autrement que par l'Université

qui n'en avait pas l'outillage ; le dépôt légal était donc

incontournable.

Quelle idée de raconter cela ! Hélas, oui ! Mais

je n’y puis rien, confiné que je suis dans mes

déraisons.

Nous venons de traverser quelques semaines

exceptionnelles. Les media sont pleins de grands

discours généraux sur ces événements avec toutes

sortes d’avis sur ce qui aurait été opportun de faire mais

qui ne l’a pas été et sur ce qu’il faudrait faire maintenant

alors qu’on fait autrement. De la bonne vieille

polémique dans le style hérité des parlotes de Café du

Commerce, excepté ce qui concerne la partie de belote,

les jeux de la « téloche » ayant désormais la préférence.

En revanche peu de choses de ce qui se passe à

notre niveau, au ras des trottoirs où traînent désormais

les masques devenus inutilisables, à l’égal des paquets

de cigarettes vides, évidemment.

Or nous sommes les témoins…

Alors ? On se tait ? Rien à raconter ?

5 juin 2020

L’Internet pas confiné

La pollution empoisonne l’Internet.

Nous soulignons souvent dans ce forum les

messages promettant monts et merveilles mais qui ne

sont parfois qu’œuvres d’escrocs maîtres ès arnaques.

Ces voyous pratiquent habilement l’art d’imiter des

documents officiels afin de piéger les naïfs ; je lis

souvent de commentaires sur ces pratiques affublant les

auteurs de ces faux, du titre : petit génie…

Fichtre ! Ayant enseigné l’informatique

industrielle en Grande École, je pense pouvoir affirmer

qu’un jeune ingénieur ayant étudié sérieusement dans

ce genre de discipline est capable d’un tel travail.

Nonobstant, beaucoup exercent honnêtement leur

métier sans se faire remarquer par ce genre de

production. Malheureusement dans toute collectivité

existent toujours inévitablement quelques brebis

galeuses, parfois aussi de petits plaisantins, tous

capables d’utiliser ce qu’on leur a enseigné à des fins

frauduleuses ; ceux-là on les remarque, on les admire

parfois et on s’émerveille en dépit du ressentiment

qu’ils suscitent.

Ce ne sont donc que des gens possédant bien une

technique, exactement comme un perceur de coffre-fort

est un bon serrurier… Alors méprisons, d’autant mieux

qu’en regardant de près leurs produits on y décèle

souvent les marques d’une forte inculture : d’énormes

fautes d’orthographe ou de grammaire.

8 juillet 2020

Données déconfinées

Je folâtre dans les messages de Marie Paule…

Toute expérience est bonne pour découvrir et, ce

faisant, je découvre quelques petits problèmes…

Mon idée est la suivante :

Notre Forum permet de récupérer ce qui existe

encore des messages que chacun de nous y plaça. Je

procède donc actuellement en deux temps.

En premier j’ai copié les neufs pages de mes-

sages de Marie Paule, simples « copiés-collés » en fi-

chiers « .doc » (Word, MS). C’est rapide et je conserve

ainsi désormais une sauvegarde des envois de notre

94 : Couffignal, Thèse

Page 82: Blablas - savoysky.pagesperso-orange.fr IV (WEB).pdf · Le Lion tint conseil, et dit : Mes chers amis, Je crois que le Ciel a permis Pour nos péchés cette infortune ; Que le plus

82

défunte consœur et cousine en ce qui me concerne :

neuf fichiers nommés « MPx.doc », x= 1 à 9.

Ignorant tout de la gestion des données par le

site gérant notre Forum, j’apporte immédiatement un

minimum de structure à ces fichiers « .doc » : je place

systématiquement un « saut de page » entre chaque

message et son suivant. C’est facile mais long.

En second, travail actuel, j’utilise une fonction

de Word pour transposer chaque « MPx.doc » en «

MPx.pdf ». Le format « .pdf » est désormais un stan-

dard de fait que la plupart des grands sites brassant de

l’information utilisent consensuellement, par exemples

la BN, la Smithsonian, le Fisc, etc.

J’insère immédiatement chaque « MPx.pdf »

ainsi produit dans un fichier « Marie Paule.pdf ». À

chaque insertion je complète l’indexation de ce fichier

: définir les signets permettent d’accéder directement à

chaque message ajouté. Ce travail est assez long et sur-

tout minutieux mais j’ai tout mon temps puisque je con-

serve la base intacte des neufs fichiers « MPx.doc ».

Actuellement j’ai ainsi exploité les fichiers 1 à 5

et je me heurte soudain à une difficulté inattendue que

je cherche à éliminer.

Chaque message conservé dans notre Forum est

accompagné d’un pavé indiquant le jour de la semaine,

le quantième, le mois mais pas l’année. Partant du prin-

cipe que le Forum présente nos messages dans l’ordre

chronologique décroissant, récupérer l’année n’offre en

principe aucune difficulté. Or, dans le travail en cours,

je m’aperçois à parti de x=5 que l’ordre chronologique

n’est pas strictement respecté. D’où provient ce défaut

? J’ignore…

Pour avancer, j’ai choisi ce matin de continuer à

construire le fichier « Marie Paule.pdf » sans l’indexer,

ce qui pourra être fait ultérieurement.

Autre inconvénient moindre : je m’aperçois que

le fichier que je vous ai transmis dans son état actuel est

transformé par l’opérateur de messagerie « Orange »

que j’utilise ou par un autre intervenant, ce n’est pas

clair. Je trouverai une solution à cela mais pour le mo-

ment ce que je vous ai transmis est d’utilisation incom-

mode. J’ai beaucoup travaillé autrefois sur la question

de la « portabilité » des applications, sujet important en

raison des facilités de transport offertes par l’Inter-

net. Manifestement il reste encore des progrès à ac-

complir.

À 87 ans replonger dans les petits tracas du mé-

tier, je me dis que c’est un signe de jeunesse ; néan-

moins, en l’occurrence, ce serait être masochiste de

souhaiter « que cela dure ! ».

Bon, en attendant, je suis à Thaon, et je dois con-

tinuer à ranger mon grenier. Tout le monde me dit que

je suis cinglé de m’obstiner.

Heu… « C’est p’têt’ bin vrai mes bassotes, mais

j’y von, neum don ! ».

octobre 2020

Déconfinement de mémoire

Pour le lecteur qui serait interloqué par mes

propos, mes « Blablas » collationnent mes envois dans

un Forum de généalogistes amateurs vosgiens.

Notre Doyenne, Marie Paule décéda il y a peu

et j’entrepris de réunir ses messages dans un fichier

« pdf ». Cela motiva quelques petites parlottes…

Cousinage

Étienne Couroye et son épouse Jeannette vécu-

rent à Rupt sur Moselle au XVIIe siècle. Je ne les con-

nais que par les actes de naissances de leurs en-

fants. Cette lignée contribua largement à la démogra-

phie de la région ; pour résumer j’en ai dix-neuf pages

en format « A4 paysage », pdf directement lisibles.

de cette étude, établissant notre cousinage. J’en

parle car il est bien possible que se rattachent à cette

descendance d’autres habitués de notre Forum.

Bien évidemment j’apporte les réserves habi-

tuelles : laborieux travail antérieur à l’Internet, dans la

salle de lecture des archives départementales à Épinal

pour Marie-Paule, dans celle de lecture de microfilms

des Mormons à Paris pour son cousin Serge. Existent

éventuellement des erreurs car travail fut peu vérifié…

À toutes fins utiles toutefois.

Le cousinage avec son époux résulte de l'inter-

prétation approximative d'un acte notarié. Il faudrait in-

sister. Il faudrait "éplucher" ces grimoires de notaires et

tabellions, horribles en lecture ! J'en ai photocopié

quelques pages puis survinrent quelques impedimenta

dans ma famille me détournant de ce travail que je n'ai

pas repris...

Quelques pages...

10 octobre 2020

J'ai fait un essai de récupération des messages de

Marie Paule. Elle agrémentait ses envois de beaucoup

de fantaisie ce qui ne facilite pas les choses. Néanmoins

voici mon avis.

J'ai récupéré la plus ancienne page des mes-

sages de Marie Paule encore disponibles dans ce forum.

Je peux la présenter en ".doc" (Word de MS sous

Widows10) ou en ".pdf'" d'Adobe.

2) Chacun de ces deux fichiers a une taille infé-

rieure à 1Mo. Ils sont donc transmissibles en p.j. de

courriel. Peux-tu envoyer un message, même vide, dans

ma boîte :

[email protected],

je récupérerai ainsi ton adresse et pourrai t'expé-

dier ces deux documents ; tu pourras me dire si cela

convient.

3) La présentation est sommaire. Ce n'est pas

publiable, ce n'est qu'un travail de sauvegarde mais

propre.

4) Il existe neuf pages de disponibles, J'ai con-

sacré trois heures pour cette récupération, je ne pourrai

pas récupérer tout le reste dans la foulée donc en pra-

tique la patience s'imposera pour la suite.

Page 83: Blablas - savoysky.pagesperso-orange.fr IV (WEB).pdf · Le Lion tint conseil, et dit : Mes chers amis, Je crois que le Ciel a permis Pour nos péchés cette infortune ; Que le plus

83

4) Il sera toujours possible d'apporter des amé-

liorations ultérieurement mais plus on en demandera,

plus ce sera long.

7 août 2020

Récupération et…

Pierre, merci, bien reçu également les deux cap-

tures d’écran.

Marie-Jo, tu ne m’as pas bien compris.

J’ai commencé à récupérer les messages de Ma-

rie Paule dans notre forum. Je les range dans des fi-

chiers « doc » de « Word » et mieux dans un seul fichier

« pdf ». C’est un travail de copie lent pour un résultat

fidèle aux originaux mais tout de même sommaire. J’ai

déjà récupéré 20% des messages de Marie Paule, textes

et images. Je souhaite simplement vérifier que cela te

convient car je ne tiens pas à tout recommencer autre-

ment dans le cas contraire.

Le fichier « pdf » (1Mo actuellement) est facile-

ment transmissible en p.j. de courriel.

Peux-tu à cet effet m’envoyer un message même

vide à :

« [email protected] »,

ce qui me permet de connaître ton adresse et de

t’envoyer ce que j’ai déjà récupéré pour vérification.

Merci.

19 octobre 2020

Récupérations

Je folâtre dans les messages de Marie Paule…

Toute expérience est bonne pour découvrir et, ce

faisant, je découvre quelques petits problèmes…

Mon idée est la suivante :

Notre Forum permet de récupérer ce qui existe

encore des messages que chacun de nous y plaça. Je

procède donc actuellement en deux temps.

En premier j’ai copié les neufs pages de mes-

sages de Marie Paule, simples « copiés-collés » en fi-

chiers « .doc » (Word, MS). C’est rapide et je conserve

ainsi désormais une sauvegarde des envois de notre dé-

funte consœur et cousine en ce qui me concerne : neuf

fichiers nommés « MPx.doc », x= 1 à 9.

Ignorant tout de la gestion des données par le

site gérant notre Forum, j’apporte immédiatement un

minimum de structure à ces fichiers « .doc » : je place

systématiquement un « saut de page » entre chaque

message et son suivant. C’est facile mais long.

En second, travail actuel, j’utilise une fonction de Word

pour transposer chaque « MPx.doc » en « MPx.pdf ».

Le format « .pdf » est désormais un standard de fait que

la plupart des grands sites brassant de l’information uti-

lisent consensuellement, par exemples la BN, la Smith-

sonian, le Fisc, etc.

J’insère immédiatement chaque « MPx.pdf »

ainsi produit dans un fichier « Marie Paule.pdf ». À

chaque insertion je complète l’indexation de ce fichier

: définir les signets permettent d’accéder directement à

chaque message ajouté. Ce travail est assez long et

surtout minutieux mais j’ai tout mon temps puisque je

conserve la base intacte des neufs fichiers « MPx.doc

».

Actuellement j’ai ainsi exploité les fichiers 1 à 5

et je me heurte soudain à une difficulté inattendue que

je cherche à éliminer.

Chaque message conservé dans notre Forum est

accompagné d’un pavé indiquant le jour de la semaine,

le quantième, le mois mais pas l’année. Partant du prin-

cipe que le Forum présente nos messages dans l’ordre

chronologique décroissant, récupérer l’année n’offre en

principe aucune difficulté. Or, dans le travail en cours,

je m’aperçois à parti de x=5 que l’ordre chronologique

n’est pas strictement respecté. D’où provient ce défaut

? J’ignore…

Pour avancer, j’ai choisi ce matin de continuer à

construire le fichier « Marie Paule.pdf » sans l’indexer,

ce qui pourra être fait ultérieurement.

Autre inconvénient moindre : je m’aperçois que

le fichier que je vous ai transmis dans son état actuel est

transformé par l’opérateur de messagerie « Orange »

que j’utilise ou par un autre intervenant, ce n’est pas

clair. Je trouverai une solution à cela mais pour le mo-

ment ce que je vous ai transmis est d’utilisation incom-

mode. J’ai beaucoup travaillé autrefois sur la question

de la « portabilité » des applications, sujet important en

raison des facilités de transport offertes par l’Inter-

net. Manifestement il reste encore des progrès à ac-

complir.

À 87 ans replonger dans les petits tracas du mé-

tier, je me dis que c’est un signe de jeunesse ; néan-

moins, en l’occurrence, ce serait être masochiste de

souhaiter « que cela dure ! ».

Bon, en attendant, je suis à Thaon, et je dois con-

tinuer à ranger mon grenier. Tout le monde me dit que

je suis cinglé de m’obstiner.

Heu… « C’est p’têtre bin vrai mes bassotes,

mais j’y von, neum don ! ».

20 octobre 2020

Récupérations termibées

J'ai terminé la récupération des messages de Ma-

rie Paule dans ce forum. Ils sont assemblés, tels que pu-

bliés par notre cousine, dans un fichier "pdf". Ils sont

classés dans l'ordre chronologique décroissant et in-

dexés par dates.

Il y a de nombreuses lacunes. Mais c'est une co-

pie en "pdf" de ce que j'ai récupéré dans ce forum. Je

pense avoir dans mes archives quelques copies du pré-

cédent forum.

Le fichier "brut de décoffrage" est volumineux :

18Mo. Je l'enregistrerai sur mon site où il sera directe-

ment accessible

21 octobre 2020

« Pages-perso » confinées

Ce matin, grosses difficultés pour placer les

messages de Marie Paule dans ma « page-perso » chez

Orange. Assistance technique que je ne qualifie pas de

Page 84: Blablas - savoysky.pagesperso-orange.fr IV (WEB).pdf · Le Lion tint conseil, et dit : Mes chers amis, Je crois que le Ciel a permis Pour nos péchés cette infortune ; Que le plus

84

nulle car elle est inexistante, difficile de qualifier

l’inexistant ! Je me suis débrouillé.

Je suis évidemment dans la liste des membres de

ce forum. Dans cette liste et dans la ligne me concernant

existe tout à fait à droite une icône marquant le lien vers

mon site « WEB ». Vous cliquez et ouvrez mon site.

Tout en bas de la page d’accueil vous trouvez le lien

pour ouvrir le fichier « pdf » dans lequel j’ai réuni tous

les messages de Marie Paule. Lorsque ce fichier est ou-

vert, en haut à gauche, quatre petites lignes forment

l’icône permettant d’ouvrir l’index.

Des améliorations sont à apporter : il s'agit là

d'une collection réunie et indexée rapidement.

Même date

Appel

Notre Forum de Vosgiens dont ces « Blablas »

sont les échos, se transforme lentement mai inexora-

blement en désert… J’ironise, faute de mieux…

Il faudrait être une pierre pour ne pas se sentir

seul ici...

Amitiés à toute pierre roulant éventuellement

par ici !

Cela étant toute pierre de passage, lisant un peu

plus haut, pourra remarquer qu'un fichier "pdf" rassem-

blant les messages de notre "Oiseau de nuit" est dispo-

nible. Mon adresse également si vous en détenez

d'autres. Évidemment cela nécessite un petit effort...

[email protected]

23 octobre 2020

Si quelqu'un passe…

Même date

Du caillou ?

J'ai !

Et du cultivé !

Mais faut être Japonais de père en fils sur plu-

sieurs générations pour réussir une telle culture...

L'image de ce matin, tôt, ce n'était qu'un caillou

qui cogna notre terre et s'évapora ce faisant, quel

étourdi !

Même date

Vous connaissez mon mauvais esprit ! Il y a

peu, j’affichai ici l’image d’un caillou pour marquer ma

sensation d’isolement dans ce forum, lequel se vide len-

tement mais surement… En fait ce caillou gît dans un

lieu fréquenté du Sahara, à la sortie de Ouargla, si mes

souvenirs sont exacts à côté de la route vers Ghardaïa…

Un recadrage me permit de tricher avec la réalité.

Pardon !

Vous pouvez admirer les cailloux « cultivés » à

Kyoto, il en existe beaucoup d’autres dans cette ville

merveilleuse, rien de désertique.

95 : Forum numériquement désert.

96 : Vide…

97: Moins vide et cultivé.

Page 85: Blablas - savoysky.pagesperso-orange.fr IV (WEB).pdf · Le Lion tint conseil, et dit : Mes chers amis, Je crois que le Ciel a permis Pour nos péchés cette infortune ; Que le plus

85

Vous connaissez mon mauvais esprit ! Il y a

peu, j’affichai ici l’image d’un caillou

pour marquer ma sensation d’isolement

dans ce forum, lequel se vide lentement

mais surement… En fait ce caillou gît

dans un lieu fréquenté du Sahara, à la sor-

tie de Ouargla, si mes souvenirs sont

exacts à côté de la route vers Ghardaïa…

Un recadrage me permit de tricher avec la

réalité.

Pardon !

ous pouvez admirer les cailloux «

cultivés » à Kyoto, il en existe beaucoup

d’autres dans cette ville merveilleuse,

rien de désertique.

Maintenant, je ne triche plus, je

place une image qui, je l’espère, redevien-

dra vite représentative de la multitude de

ce forum : la moraine, au-dessus de

Granges sur Vologne ; je suppose que tout

le monde « Vosgespattes » connait.

Heu… Je reste incertain de la localisation

administrative exacte de cette curiosité

géologique.

C’était mon quart d’heure de vous savez quoi.

Lendemain de même date

Quelqu’un me questionne…

Qui fut le premier maire de Raon aux bois après

la Révolution ?

Je ne connais pas l'identité du premier maire.

L'état civil est en ligne et il faudrait commencer par le

consulter. Le premier maire de Raon, comme Officier

d'État-civil a vraisemblablement signé quelques actes.

Ce n'est pas une certitude, une simple présomption,

mais avant toute autre recherche il me semble raison-

nable de commencer en consultant ces documents dé-

sormais facilement accessibles. Je fouillerai néanmoins

dans ce que je possède mais tout est à Thaon et aujour-

d'hui je retourne à Vincennes. La coeur a ses raisons,

au propre, pas au figuré car si effectivement une jolie

dame m'attend, il s'agit de mon cardiologue. Vous allez

rire, mais à chaque consultation j'ai remarqué que ma

tension et mon rythme cardiaque montaient un tantinet.

Vieux grigou, pensez-vous ?

Ben oui ! Vous pensez juste !

26 octobre 2020

Le premier Officier "public", signataire des

actes de naissance à Raon aux bois après la Révolution,

se nommait Laheurte.

C'est ce qui ressort d'une lecture rapide de ce que

j'ai archivé. Rien ne prouve que ce soit la réponse

exacte à ta question : nom du premier maire.

27 octobre 2020

Petite incursion dans nos Archives 88.

Laheurte signa le premier acte de naissance et

d'autres ensuite..

Cela étant, excepté le sieur Laheurte, les parents,

le bébé, le témoin et la sage-femme sont de ma parenté.

Même date

Je reviens sur le cas du sieur Laheurte.

La population de Raon aux Bois m’est familière,

au sens propre pratiquement, jusqu’au milieu du siècle

dernier. La sédentarité bien plus générale que de nos

jours et d’autres facteurs comme le souci de préserver

un patrimoine favorisèrent longtemps le cousinage.

Bref, en vous communiquant hier l’acte de naissance de

Marguerite Valentin, j’acceptai de constater comme

une évidence ma parenté avec les personnes impli-

quées, excepté le sieur Laheurte.

Ce matin, piqué par la curiosité, je lus quelques

autres actes à la suite. Laheurte, toujours présent, con-

tinue à se distinguer par la même singularité : nous ne

99 : Horreur du vide.

98 : 1er acte de naissance.

Page 86: Blablas - savoysky.pagesperso-orange.fr IV (WEB).pdf · Le Lion tint conseil, et dit : Mes chers amis, Je crois que le Ciel a permis Pour nos péchés cette infortune ; Que le plus

86

sommes pas parents, sauf oubli de ma part, les autres

personnes, oui, toutes ou presque toutes.

À cette constatation s’ajoute l’élégance de sa si-

gnature tranchant avec la rusticité des autres signatures

ou paraphes sommaires, donc une personne cultivée,

qualité encore peu répandue juste au lendemain de la

Révolution. N’oublions pas en effet que pour un paysan

de l’endroit, s’occuper d’autre chose que de rentrer le

foin quant il est sec sans attendre la prochaine pluie est

impensable ; bon, je plaisante mais ayant connu

quelques anciens, les travaux de la ferme me semblaient

toujours prévaloir sur le reste.

Suggestion : le sieur Laheurte aurait-il été im-

porté, vite fait bien fait ? Le temps de mettre en place

une administration civile et populaire en substitution de

celle, essentiellement cléricale contrôlée en outre ici

dans ce qui fut la Seigneurie Saint Pierre par les nobles

Dames de Remiremont.

Ce n’est qu’une hypothèse de ma part. Existe-t-

il des études sur ce sujet : la mise en place de toute une

administration territoriale dans le vide laissé par l’éli-

mination pure et simple de celle de l’Ancien régime.

Par comparaison, approximative, les Comités de Libé-

ration fonctionnèrent ainsi une paire d’années avec bien

des difficultés… Pour Thaon, par exemple, c’est ce qui

apparaît dans les papiers de Louis Victor que j’ai remis

aux AD88.

Ce qui me navre est l’impossibilité de tout creu-

ser…

28 octobre 2020

Page 87: Blablas - savoysky.pagesperso-orange.fr IV (WEB).pdf · Le Lion tint conseil, et dit : Mes chers amis, Je crois que le Ciel a permis Pour nos péchés cette infortune ; Que le plus

87

Blablas de correspondants

Christophe

Aujourd'hui changement à la Poste pour les fac-

teurs, en principe cette semaine 4 jours de travail / 6 et

la semaine prochaine 3j/ 6, sans perte de salaire, mais

je ne sais pas quels jours.

24 mars 2020

Pas de maques, mais des gants en vinyle (mais

pas agréable pour manipuler les lettres) et le virus se

fixe pareil que sur les mains nues !

Même date

Du nouveau à la poste, mais pas en bien pour le

métier de Facteur ; sous la pression de la population, La

Poste va faire distribuer la presse le lundi et peut être le

mardi par de la sous-traitance qui devra utiliser son

propre véhicule et une rémunération comme si elle dis-

tribuait de la pub en boite.

La Poste elle reste fermée 4 jours sur 7 faisant

ainsi des économies structurelles.

2 avril2020

Petit journal perso en ces temps difficiles.

Le mercredi est l’événement de la semaine, jour

de sortie quelle chance, je me mets sur mon 31 direction

le super marché à 3 mn en voiture. Je n’aurais jamais

cru qu’un jour je me réjouirais tant à l’idée d’aller ache-

ter des fruits et des légumes frais … asperges et fraises

des fermes voisines entre autres, mangeons français. Il

y a beaucoup d’agriculture autour de Bordeaux.

Depuis 2 semaines en vieux jeans et T-shirt je

prends l’air en travaillant mollo dans ma jungle. Il fait

beau et très doux profitons-en.

J’ai obtenu aujourd’hui mon permis de conduire

catégorie « BROUETTE ». Je sais même faire marche

arrière et je maitrise le dérapage contrôlé sur une roue

!! Comme quoi le confinement améliore nos capacités

insoupçonnées.

avril 202

Pierre

Bonsoir,

Oui, aller pancher de l'eau, c'est une manière pu-

dique en patois de dire que l'on va se soulager.

Raon-l'Étape est un autre Rawo, prononcé na-

guère Raouo, par nos anciens patoisants.

J'en ignore l'étymologie, mais la terminaison -

on, m'interpelle, car elle est presque systématiquement

la marque qu'il s'y trouve de l'eau.

Le gaulois onna qui signifie eau ne doit pas être

loin comme dans Essonne, Augronne, Chalaronne et

autres noms de rivières.

Amicalement

…e

Neum do : "n'eusse me" n'est-ce mie pour n'est-

ce pas

C'est la forme familière qui s'adresse à un

proche.

Nomi est la forme distante de la même expres-

sion, s'adressant à quelqu'un que l'on connaît moins

Au schlof au lit (cf schlafen, dormir) est l'un des

rares mots d'alsacien qui ait réussi à filtrer à travers la

frontière linguistique quasi étanche entre l'alsacien et le

patois roman.

A ajouter au brandvie mot qui fait concurrence

à lai gotte, la goutte, pour l'eau-de-vie et au tringuelte

(drinkgeld calque de notre pour boire en permutant les

termes°

Ces mots ont filtré à travers le langage du bû-

cheron dans lequel se retrouvent un pic d'éléments pris

à l'alsacien, comme je l'ai montré dans un article que

j'ai signé dans la revue Dialogues Transvosgiens qui a

cessé de paraître cela fait plus de dix ans. "De l'apport

du germanique dans le langage du bûcheron" dont vous

trouverez trace en tapant ce titre dans Google.

Bonne nuit.

Amitiés.

5 septembre 2020

3septembre 2020

Page 88: Blablas - savoysky.pagesperso-orange.fr IV (WEB).pdf · Le Lion tint conseil, et dit : Mes chers amis, Je crois que le Ciel a permis Pour nos péchés cette infortune ; Que le plus
Page 89: Blablas - savoysky.pagesperso-orange.fr IV (WEB).pdf · Le Lion tint conseil, et dit : Mes chers amis, Je crois que le Ciel a permis Pour nos péchés cette infortune ; Que le plus

89

100 : Table ( ?), confinée

Page 90: Blablas - savoysky.pagesperso-orange.fr IV (WEB).pdf · Le Lion tint conseil, et dit : Mes chers amis, Je crois que le Ciel a permis Pour nos péchés cette infortune ; Que le plus

90

101 : Au début du déconfinement

Page 91: Blablas - savoysky.pagesperso-orange.fr IV (WEB).pdf · Le Lion tint conseil, et dit : Mes chers amis, Je crois que le Ciel a permis Pour nos péchés cette infortune ; Que le plus

91

Bibliographie

i [Anonyme]. [Collection de stéréofilms, Guerre de 1914-

1918]. (Coll. Pers.)

ii [Anonyme]. Décret PA00081387_IMH_1937. Ministère de l’Instruction Publique et des Beaux Arts, Paris, 2 fé-

vrier 197. 1p.

iii [Archives Nationales]. Moulins dits moulins de Rome et d'Alphonse Daudet. Patrimoine (Mérimée), notice

n°PA00081268. Monuments historiques, 1992. 2p. (Base

Mérimée) iv Bammert (Jacques Joseph). Les Nobles Dames de Remi-

remont, 620-1791. L’histoire du Chapitre des Nobles

Dames de Remiremont, prix Erckmann-Chatrian. Impri-merie Lalloz-Perrin, Remiremont, 1971. 20 brochures,

chacune contenant un chapitre :

Chapitre 1 : Les Temps Premiers. Chapitre 2 : Le Monastère sur la montagne.

Chapitre 3 : Les Translations dans la Vallée.

Chapitre 4 : Une Royauté Féminine. Chapitre 5 : Madame l’Abbesse Princesse d’Empire.

Chapitre 6 : Les Hauts Dignitaires.

Chapitre 7 : Les Dames Officères. Chapitre 8 : Les Dames Chanoinesses.

Chapitre 9 : La Vie des Chanoinesses.

Chapitre 10 : Petites Histoires d’une Noble Abbaye. Chapitre 11 : L’Administration Temporelle.

Chapitre 12 : Le Palais Abbatial.

Chapitre 13 : Le Serment de la Franche Pierre. Chapitre 14 : L’Église Abbatiale Saint Pierre.

Chapitre 15 : Les kyriolés.

Chapitre 16 : Malheurs, Guerres et Catastrophes. Chapitre 17 : L’Organisation Judiciaire.

Chapitre 18 : La Contestation et la Discorde.

Chapitre 19 : Les Institutions Municipales. Chapitre 20 : La Fin.

v Blanchot de Brénas (Louis André Auguste). Avec mon

ami Félix, XI. in : La France, littéraire, scientifique, artis-tique. 3e Année, n°44, Lyon, 30 juillet 1859. pp.691/694.

vi Bui (Doan), Cieslinski (Charlotte), Guichoux (Marie),

Lepage (Élodie). Masques. Le scandale d’une pénurie. in : L’Obs. Penser le confinement. Enquête. n°2800, 26

mars-1er avril 2020. L’Obs, Paris, 2020. pp.46/48.

vii Brody (Jerry J.). Les Anasazis. Les premiers Indiens du Sud-Ouest américain. Corpus précolombien. Trad. Hélène

Seyrès. Édisud, Aix-en-Provence, 1990. 240p. ISBN 2-

857744-686-1. viii Daudet (Alphonse). Lettres de mon moulin. Par… Illus-

trations en couleurs de A.-E. Marty. J. Dumoulin, Paris, 1938. 242p., Édition numérotée. Exemplaire n°3831.

ix Furetière (Antoine). Dictionnaire universel contenant gé-

néralement tous les mots françois tant vieux que mo-dernes, & les termes des sciences et des arts. Tome I, A -

H. Seconde édition. Arnoud et Reigneir Leer, La Haye,

Roterdam, 1701. n.p., 1116p. (Gallica)

x Gaffarel (Paul), Duranty (Mlle de). La peste de 1720 à Marseille & en France, d’après des documents inédits.

Ouvrage orné de gravures. viiip., 632p. Paris, Perrin,

1911. (Gallica) xi Gautier (Ursula), La diplomatie réparatrice de Pékin. In :

L’Obs. Penser le confinement. n°2800, 26 mars-1er avril

2020. L’Obs, Paris, 2020. p.80. xii Larcena (Danièle), Lassure (Christian). Architecture

vernaculaire. Recensions 4 : La muraille de la peste. 5p.

slnd. (www.pierreseche.com) xiii Larcena (Danièle et al). La Muraille de la Peste, Les

Alpes de Lumière, No 114, septembre 1993, 84 p

xiv Marcadal (Yves). Les nouvelles stèles cultuelles des Caisses de Saint- Jean à Mouriès (B.-du-Rh.). in : Docu-

ments d'Archéologie Méridionale, vol. 15, 1992. Espaces

et monuments publics protohistoriques de Gaule méridio-nale. pp.174/176.

xv Neugebauer (O.), Sachs (A.). Mathematical cuneiform

texts, ed. by… With a chapter by A. Goetze. American Oriental Series, Vol.20. American Oriental Society, New

Haven, 1986.xp., 178p., 49pl. ISBN 978-0-940490-24-6. xvi Nietzsche (Frédéric C.). Par delà le bien et le mal. Traduit

par Henri Albert. Paris, Mercure de France, 1954. 356p.

xvii Pitollet (Camille). Le Véritable Curé de Cucugnan. His-

toire d’un plagiat. In : Mercure de France, 1er février 1914, p. 492-520, 1er mars 1914, p. 216-217, 1er juin

1914, p. 668-671. (Gallica)

xviii Rochetin (L.). Tericiae, une des stations de la voie Auré-lienne dans la haute Provence. in : Mémoires de l’Acadé-

mie de Vaucluse, Tome XIV, 1895. Avignon, François

Seguin, imprimeur-éditeur, 1895. pp.18/34. (Gallica) xix Salch (Ch.-L.). Atlas des villes et villages fortifiés en

France du Ve siècle à la fin du Xve siècle. Atlas des villes

et villages fortifiés en France du Ve siècle à la fin du Xve siècle. Editions Publitotal, Strasbourg, 1987.496p.

xx Savoysky (Derge, Dr ès Sc.). Tables scientifiques. La ré-

volution des logarithmes. in : Mémoires pour servir à l’histoire des métiers du traitement de l’information.

Orange, Site personnel. sl., 2018. 16p.

xxi Tchakhotine (Serge, D. ès Sc.). Le viol des foules par la propagande politique. Problèmes et documents. Nouvelle

édition revue et augmentée. NRF. Gallimard, sl., 1952.

606p. xxii [Wikipedia]. Mur de la peste. 6p.

xxiii Zweig (Stefan). Les monde d’hier. Souvenir d’un Euro-péen. Le Livre de Poche. Librairie Générale Française, Pa-

ris, 2020. 510p. ISBN : 978-2-253-14040-5.

Page 92: Blablas - savoysky.pagesperso-orange.fr IV (WEB).pdf · Le Lion tint conseil, et dit : Mes chers amis, Je crois que le Ciel a permis Pour nos péchés cette infortune ; Que le plus
Page 93: Blablas - savoysky.pagesperso-orange.fr IV (WEB).pdf · Le Lion tint conseil, et dit : Mes chers amis, Je crois que le Ciel a permis Pour nos péchés cette infortune ; Que le plus

93

Illustrations

1 : Accélérateur de blablas en vrac.......................................................................................................................... 5 2 : Épidémie, vieille histoire ! ................................................................................................................................. 6 3 : Dur confinement .............................................................................................................................................. 10 4 : Vincennes, confiné ........................................................................................................................................... 10 5 : Muguet tardif ................................................................................................................................................... 12 6 : Jardin déconfiné ............................................................................................................................................... 13 7 : Anniversaire, 11 mai 2020. .............................................................................................................................. 14 9 : Club Sainte Marthe. ......................................................................................................................................... 15 9 : Carpe Diem ! .................................................................................................................................................... 15 10 : Service astreignant. ........................................................................................................................................ 16 11 : La Koutoubia ................................................................................................................................................. 17 13 : By Marseille! ................................................................................................................................................. 17 13 : Gibraltar. ........................................................................................................................................................ 17 14 : Au large de l’Espagne. ................................................................................................................................... 18 15 : Tanger, camelots. ........................................................................................................................................... 18 16 : Quelques pas au Maroc. ................................................................................................................................. 20 17 : Exit ! Retournez chez vous ! .......................................................................................................................... 21 18 : Confinement à Casa. ...................................................................................................................................... 21 19 : Toulouse Francazal ........................................................................................................................................ 22 20 : Gaillon, colonnade ......................................................................................................................................... 26 21 : Gaillon, Château. ........................................................................................................................................... 26 22 : ½ €, Littuanie. ................................................................................................................................................ 27 23 : 15 août............................................................................................................................................................ 28 24 : Écrivez! .......................................................................................................................................................... 29 25 : Ravon ............................................................................................................................................................. 30 26 : Ferme Meix le Saint. ...................................................................................................................................... 31 27: Bourbonne les Bains, Gare. ............................................................................................................................. 33 28 : TEE. ............................................................................................................................................................... 34 29 5 janvier 2011................................................................................................................................................... 36 30 : Durandgo - Silverstone Express. .................................................................................................................... 36 Fig31 : Voyage dans les Rocheuses et dans le passé............................................................................................. 37 32 : Voiture salon-restaurant. ................................................................................................................................ 38 33 : 16 mars 2001, Gare de Pau. ........................................................................................................................... 38 34 : Verbes "confiner" ........................................................................................................................................... 41 35 : Le Mur de la Peste ......................................................................................................................................... 42 36 : Confinement dans le Hoggar .......................................................................................................................... 43 37: Confinement politique.................................................................................................................................... 43 38 : Confinement dans le Constantinois ................................................................................................................ 44 40 : Poste de guet, Algérie .................................................................................................................................... 45 40 : Confinement d'antan, Oum Settas .................................................................................................................. 45 41 : Survivance du passé récent, Oum Settas ........................................................................................................ 46 43 : Passé de plus en plus lointain, Oum Settas. ................................................................................................... 47 43 : Passé lointain. ................................................................................................................................................ 47 44 : Léproserie, Remiremont................................................................................................................................. 48 45 : Ermitage du Frère Joseph, Ventron. ............................................................................................................... 49 46 : Confinement en T6, Sétif. .............................................................................................................................. 50 47 : Tours de Merle, Saint Geniez ô Merle. .......................................................................................................... 51 48 : Tour de guet, Colorado. ................................................................................................................................. 51 49 : Petit bout de mur, Badaling. ........................................................................................................................... 52 50: « Jail », San Diego. ......................................................................................................................................... 52 51 : « Jail », Calico................................................................................................................................................ 52 52 : Wuhan. ........................................................................................................................................................... 53

Page 94: Blablas - savoysky.pagesperso-orange.fr IV (WEB).pdf · Le Lion tint conseil, et dit : Mes chers amis, Je crois que le Ciel a permis Pour nos péchés cette infortune ; Que le plus

94

53 : Cellule. ........................................................................................................................................................... 54 54 : Sous-marin. .................................................................................................................................................... 54 56 : Un quartier du bagne. ..................................................................................................................................... 54 56 : Bagne, dortoir. ............................................................................................................................................... 54 57 : Boîte de confinement. .................................................................................................................................... 55 58 :Confinement ferroviaire. ................................................................................................................................. 55 59 : Déconfinement. .............................................................................................................................................. 55 60 : École Lormont et sa grande cour, 1940. ........................................................................................................ 56 61 : Vieille prison, 1940. ....................................................................................................................................... 56 62 : École Lormont, abri, 1940. ............................................................................................................................ 56 63 : Confinement patrimonial. .............................................................................................................................. 57 64 : Anti-confinement, après 40-45, la 4CV. ........................................................................................................ 59 65 : Anti-confinement d’avant 40-44, le vélo ....................................................................................................... 59 66 : Oppidum des Caisses de Jean. ...................................................................................................................... 60 67 : Geôle du Capitaine Dreyfuss. ........................................................................................................................ 60 68 : Moulin de Daudet. ......................................................................................................................................... 61 69 : Muraille de la peste. ....................................................................................................................................... 61 70 : Décret du 2 février 1937. ............................................................................................................................... 61 71 : Lettre à l’Évêque de Carpentras, extrait. ........................................................................................................ 62 72 : Château de Dürnstein. .................................................................................................................................... 62 73 : Mesa Verde .................................................................................................................................................... 63 74 : Giverny, chez C. Monet ................................................................................................................................. 64 75 : Orchestre sans masque. .................................................................................................................................. 64 76 : Public masqué. ............................................................................................................................................... 64 77 : En TGV aujourd'hui, 20 août 2020 ................................................................................................................ 66 78 : Parc Calouste-Gulbenkian.............................................................................................................................. 66 79 : Désert américain ............................................................................................................................................ 67 80 : En route. ......................................................................................................................................................... 67 82 : Éros, 1. ........................................................................................................................................................... 68 82 : Éros 2. ............................................................................................................................................................ 68 83 : Musique de quartier. ...................................................................................................................................... 69 84 : Internet au service du confinement. ............................................................................................................... 71 85 : Masque. .......................................................................................................................................................... 72 86 : Lascaux déconfiné. ........................................................................................................................................ 77 87 : Transportée, numérisée, déconfinée. .............................................................................................................. 77 88 : Vieille archive confinée au bord du Rio Grande. ........................................................................................... 77 89 : Déconfiné par numérisation. .......................................................................................................................... 78 90 : Microfilm numérisé par un amateur. .............................................................................................................. 78 91 : Déconfinement de l'information. .................................................................................................................... 79 92 : Une machine peut-elle lire cela ? ................................................................................................................... 79 93 : Confini ? ........................................................................................................................................................ 80 94 : Couffignal, Thèse ........................................................................................................................................... 81 95 : Forum numériquement désert. ....................................................................................................................... 84 96 : Vide… ............................................................................................................................................................ 84 97: Moins vide et cultivé. ...................................................................................................................................... 84 98 : 1er acte de naissance. ..................................................................................................................................... 85 99 : Horreur du vide. ............................................................................................................................................. 85 100 : Table ( ?), confinée ...................................................................................................................................... 89 101 : Au début du déconfinement ......................................................................................................................... 90

Page 95: Blablas - savoysky.pagesperso-orange.fr IV (WEB).pdf · Le Lion tint conseil, et dit : Mes chers amis, Je crois que le Ciel a permis Pour nos péchés cette infortune ; Que le plus

95

Index

Année.

1939. ..................................................................... 7, 43

1941. ......................................................................... 43

1959. ................................................................... 44, 45

Début de notre ère. .................................................. 46

Auteur.

Blanchot de Brénas (Louis André Auguste). ............. 11

Christophe. ................................................................. 8

Couffignal (Louis). ..................................................... 81

Daudet (Alphonse).............................................. 11, 61

Furetière (Antoine). .................................................. 41

La Fontaine (Jean de). ................................................. 8

Nietsche (Frédéric). .................................................. 48

Tchakhotine (Serge, D ès Sc) .................................... 49

Château.

France.

Gaillon.................................................................. 25

Tours de Merle, Saint Geniez. .............................. 51

Confinement.

Lieu.

Badaling, Chine. ................................................... 52

Base aérienne. ..................................................... 44

Ermitage, Ventron. .............................................. 51

Fonvieille. ............................................................ 61

Hoggar. .......................................................... 44, 74

Île du Diable, Guyane. .......................................... 60

Léproserie, Remiremont. ............................... 50, 76

San Diego, U.S.A. ................................................. 53

Tours de Merle, Saint Geniez. .............................. 51

Watchtower, Colorado. ....................................... 52

Motif.

Coronavirus. ........................................................ 71

Décret. ................................................................. 71

Idéologie. ............................................................. 54

Justice. ..................................................... 53, 55, 60

Lèpre. ............................................................. 50, 76

Littérature. ........................................................... 61

Militaire. ...................................... 44, 45, 50, 54, 55

Peste. ..................................................................... 8

Politique............................................................... 62

Religion. ................................................... 44, 51, 74

Sécurité. ............................................. 51, 52, 62, 63

Moyen.

Avion. ................................................................... 50

Bagne. .................................................................. 55

Château. .............................................................. 62

Ermitage, Ventron. .............................................. 51

Lazaret. ................................................................ 73

Léproserie, Remiremont. ............................... 50, 76

Moulin. ................................................................ 61

Mur. ..................................................................... 52

Oppidum. ............................................................. 62

Prison. .................................................................. 53

Pueblo. ................................................................ 63

Sous-marin. ......................................................... 54

Tour. .............................................................. 51, 52

Wagon. ................................................................ 55

Confinement.Moyen.

Bagne. ...................................................................... 60

Foucault (Père de). .................................................. 44, 74

Lieu.

Algérie.

Hoggar. ................................................................ 44

Oum Settas, Constantinois. ................................. 44

Autriche.

Dürnstein. ............................................................ 62

Chine.

Badaling. .............................................................. 52

Wuhan. ................................................................ 54

France.

Bayonne. ............................................................. 38

Bénerville. ........................................................... 67

Deauville. ............................................................. 66

Épinal. .................................................................. 43

Fontvieille. ........................................................... 61

Gaillon. ................................................................ 25

Giverny ................................................................ 64

Île du Diable, Guyane. ......................................... 60

Mouriès. .............................................................. 62

Nîmes. ................................................................. 29

Pau. ..................................................................... 38

Remiremont, Vosges. .................................... 50, 76

Saint Geniez, Corrèze. ......................................... 51

Saint Laurent du Maroni, Guyane. ...................... 55

Ventron, Vosges. ................................................. 51

Vincennes. ........................................................... 10

U.S.A.

Calico, Californie. ................................................. 53

Colorado. ............................................................. 52

Durango, Colorado. ............................................. 38

Mesa Verde, Colorado. ........................................ 63

San Diego, Californie. .................................... 53, 54

Masque.

Gaz. ............................................................................ 7

Site archéologique.

Algérie.

Oum Settas, Constantinois .................................. 47

France.

Caisses de Jean Jean, Mouriès. ............................ 61

Site culturel.

France.

Jardins, Monet, Giverny. ..................................... 64

Parc Calouste-Gulberkian., Bénerville. ................ 67

U.S.A.

Musée naval, San Diego, Californie. .................... 54

Site historique.

Page 96: Blablas - savoysky.pagesperso-orange.fr IV (WEB).pdf · Le Lion tint conseil, et dit : Mes chers amis, Je crois que le Ciel a permis Pour nos péchés cette infortune ; Que le plus

96

Algérie.

Oum Settas, Constantinois .................................. 47

Autriche.

Château, Dürnstein. ............................................. 62

Chine.

Grande Muraille, Badaling. .................................. 52

France.

Bagne, Saint Laurent, Guyane. ............................. 55

Ermitage, Ventron. .............................................. 51

Léproserie, Remiremont. ............................... 50, 76

Tours de Merle, Saint Geniez. ............................. 51

U.S.A.

Calico, Californie. ................................................. 53

Durango-Silverstone Express, Colorado. ............. 38

Mesa Verde, Colorado. ........................................ 63

San Diego, Californie. .......................................... 53

Warchtower, Colorado. ....................................... 52

Site militaire.

Algérie.

Oum Settas, Constantinois .................................. 47

Page 97: Blablas - savoysky.pagesperso-orange.fr IV (WEB).pdf · Le Lion tint conseil, et dit : Mes chers amis, Je crois que le Ciel a permis Pour nos péchés cette infortune ; Que le plus

97

Table des matières

Blablas en vrac ! 5 Confiné 7 Masque 7 Polémiquons 7 L’art de noter 8 Vive le rire ! 8 Chinoiseries 8 Liberté chérie ! Devenue virtuelle… 9 Chef malade 9 Dur ! Le confinement… 10 Mais que signifie : confiné ? 10 À la maison ! 10 Confinement intellectuel 11 Confinement parisien 11 Confinement matinal difficile 11 Vous savez quoi ? 12 Le vide 12 Fisc confineur 12 Pédagogie confinée 12 Vers quel confinement ? 13 « Stat. » confinée 13 Muguet confiné. 14 Pleurnicheries… 14 Déconfiné ! 14 ? 14 Confiné en mer ou à terre… 15 Au soleil… 15 13 mai 1958 16 Fin du confinement. Marseillais 16 Embarquement. 18 Confiné en mer 19 Déconfinement à Tanger. 19 Marché déconfiné à Tanger 19 Confinement à Casa. 21 Confinement ferroviaire. 22 Confinement absolu 23 Déconfiné 24 Mots déconfinés 24 Confinement de déconfinement 25 Révolution 25 Monnaie pas confinée 25 Foyers confinés, oubliés 27 Confinement rédactionnel 27 Foyer confiné 27 Fleur sans confinement 28 Forum presque vide 28 Jactance déconfinée 29 Arbres déconfinés 29 Déconfiner l’écriture 29 Déconfinement du patois 30 Senade 31 Patois en déconfinement 31 Schnaps ist frei 31 Ouceketutébeugné ? 32 Chemins de fer déconfinés 32 « Fromton’ » déconfiné 34 Déconfinements en TEE 34 Blablas en TEE 35 Adieu cousine ! 36 Confinement de nouveau 38 Pique-assiette confiné ! 38

Confiner 41 Que signifie ? 41 Assigné à résidence 43 Confinement seul 44 Confinement petitement collectif 44 Militaires confinés. 45 Confinement d’antan 45

Confinement ? Pas toujours et pas partout pareil ! 46 Sauts temporels 46 Certitudes 47 Nietzche chez un confiné 48 Nietzsche derechef ! 48 Viol des foules 49 Question d’échelle 49 Léproserie 50 Mini confinement 50 Ermitage 51 Pourvu que cela dure ! 51 Les Tours de Merle 51 Watchtower 52 Qui confine qui ? 52 Ouest américain 53 Wuhan 53 Sous-marin 54 Bagne 54 Homme- 40, Chevaux- 8 55 Confinements en cascades 56 Atavisme. 57 Bougeotte. 58 Années quarante : voyages et confinement 58 Île du Diable 60 Confinement de penseur 60 Confinement en oppidum 61 Muraille de la peste 62 Roi confiné 62 Mesa Verde 63 Post confinement 63 Monet 64 Musique déconfinée 64 Souvenir fort 65 Forum désert 66 Visages confinés 66 Mélomane confirmé confiné 67 Sans masque ! 67 TGV déconfiné 68 Déconfinement mais masqué en TGV 68 Déconfinement nîmois 69 Déconfinement SNCF 69 Déconfinements musicaux 69

Blablas numériques 71 Alerte 73 Lazaret 73 Se confiner 74 Calculs toujours 74 Numériser le confinement… 74 Le « Numérique » et la connaissance 75 Virus dans l’Internet 76 Seconde anecdote 76 Archives déconfinées 77 Parlons d’archives généalogiques. 77 Information déconfinée 78 Confiné ! 80 Ferrites confinées 80 L’Internet pas confiné 81 Données déconfinées 81 Déconfinement de mémoire 82 Quelqu’un me questionne… 85

Blablas de correspondants 87 Christophe 87 Pierre 87

Tables 89 Bibliographie 91 Illustrations 93 Index 95

Page 98: Blablas - savoysky.pagesperso-orange.fr IV (WEB).pdf · Le Lion tint conseil, et dit : Mes chers amis, Je crois que le Ciel a permis Pour nos péchés cette infortune ; Que le plus

98

Table des matières 97