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Blablas
t. IV
(blablas virulents d’un confiné sanitaire)
Préambule
Un bel après-midi de mars 2020…
« Tout est en ordre… »
Mon cher docteur, chirurgien-chef dans notre
belle Armée avant de m’expliquer des tas de choses
auxquelles je ne comprends rien, m’affirme ainsi tou-
tefois que je reste dans les rangs des « vieillasses »
émargeant opiniâtrement dans les caisses de pensions,
au-delà des prévisions des actuaires.
Je bavarde toujours. J’aime causer en blaguant
et écrire de même. Alors, en tête à tête avec ce chirur-
gien m’ayant ouvert le ventre à trois reprises avec
succès, ce qui crée la sympathie, je me laisse aller au
gré de mon petit défaut.
« Bien, je peux donc aller voter ! »
« Cher monsieur, je vous déconseille de prendre le
TGV ! »
Petit silence…
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« Si vous reveniez, je ne suis même pas sûr de
pouvoir vous soigner… »
Fichtre ! Je temporise, je n’irai pas voter, j’irai
pour le second tour…
Surlendemain du bel après-midi, discours de
notre Président et ipso facto je me trouve coincé là où
je me trouvais, à quatre cents kilomètres de mes pé-
nates, de mon jardin, de mes bouquins etc. Là où je me
trouvais momentanément et où je me trouve encore,
je suis chouchouté, dorloté donc sans la moindre pen-
sée de me lamenter. Néanmoins je dois m’occuper
d’autant plus que toutes mes projets, concerts, visites,
voyages, sombrent dans l’irréalisme.
Confiné !
Au fait, que signifie : confiné ?
Cela m’occupera d’y penser. Plusieurs semaines
passent et je continue d’y penser ; j’avoue ma per-
plexité : je n’en pense rien de précis. Cependant mon
petit défaut continue d’agir et je note, je note… Et
j’accumule mes notes.
L’amas ainsi entassé continue de croître quoti-
diennement. Il n’a rien d’académique. Je me laisse me-
ner par ma fantaisie du moment et je ne reviens pas
sur ce que j’ai écrit, excepté quelques corrections or-
thographiques ou grammaticales. Instinctivement,
dès la première note j’ouvris trois cases : une pour les
idées venant en vrac, une deuxième pour ce que je
peux trouver dans mes archives ou mes souvenirs sur
ce qui me semble être des confinements, une dernière
pour quelques réflexions que tout cela m’inspire… Il
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résulte de ces dispositions un désordre n’ayant rien
d’académique ; la bibliographie jointe n’est que la liste
de ce que j’ai sous les yeux incidemment sans souci de
recherche systématique de l’existant et des antériori-
tés dans cette prospection des confinements.
En fait je suis en retraite et je n’ai plus le goût de
me plier à ce confinement de l’esprit qui me corsetait
naguère lorsque je publiais.
Or, j’entretiens deux sites personnels sur l’Inter-
net, l’un propose un format simple de présentation fa-
cilitant réellement son usage mais nécessitant le res-
pect de règles de présentation. L’autre, libre, oblige en
revanche à quelques manipulations ; je placer mon
amas dans ce dernier car il l’accepte tel qu’il est. La
liste des membres du forum que j’encombre régulière-
ment de mes notes informelles et éparses, donne le lien
pour y accéder.
m.a.j. : 15 novembre 2020
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!
J’ajoute un quatrième tome à mes blablas ; à situation
exceptionnelle, décision exceptionnelle. Simple particule dans la
masse des confinés, 86 ans, cardiaque, donc risque majeur pour
les toubibs, je dois me contenter de faire le dos rond et d’attendre
que les hordes virales s’en aillent.
Écrire les réflexions me venant à l’esprit au jour le jour
m’occupe. Je les place immédiatement en ligne, avertissement aux
lecteurs éventuels : ce document continuellement inachevé subira
de nombreuses actualisations…
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Blablas en vrac !
1 : Accélérateur de blablas en vrac
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2 : Épidémie, vieille histoire !
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Confiné
Je consomme des pilules destinées à protéger
mon pauvre petit cœur - ici sanglots, je vous prie – des
vicissitudes du quotidien. Nul en chimie, j’en ignore la
composition et leur manière d’agir ; j’en constate tou-
tefois un effet, secondaire, me dit-on : je somnole régu-
lièrement… Pas de quoi s’alarmer. Non moins réguliè-
rement je sors du royaume des zombies pour reprendre
mon train-train dans mon petit monde désormais de
confiné, tel que je le retrouve avec mes esprits.
Hier donc, en cours d’après-midi, - excusez-
moi, je n’ai pas noté l’heure -, je repris ainsi mon petit
train-train, bien calé dans un profond canapé, sous
l’icône de Saint Nicolas, face à la « téloche » en fonc-
tionnement - excusez-moi de nouveau de noter ce pléo-
nasme -, le tout dans un confortable appartement de
banlieue parisienne où l’adversité - excusez-moi plus
encore de mon incivilité, il s’agit de notre Président –
me piégea sans barguigner. Et paf ! Pauvre de moi !
Que vois-je alors devant mes yeux pas du tout
hagards ? Une dame dans la plénitude fort agréable à
contempler de sa trentaine, peut-être quarantaine, inter-
rogée par un journaliste renommé, nous exposer ses
problèmes de confinée privé de soutien psycholo-
gique… Pauvre malheureuse ! Elle égrenait ses gros
soucis auxquels je ne prêtai aucune attention ; or sou-
dain, je cite un peu approximativement, j’ouïs :
« Vous comprenez, ce virus me fait peur car on
n'en sait rien, les bombes on sait, même si je n’ai
pas connu cela… »
Cela donne à réfléchir, ce que je ne fis pas,
plongé dans mon rôle de papy répétiteur de physique au
service de ma petite-fille, à l’autre bout du pays ; le
papa m’a confié cette mission en partant crapahuter en
Afrique.
San réfléchir, donc, je rigole néanmoins et je
note… Blablas de confiné.
21 mars 2020
Masque
Pénurie de masques ? Vieille histoire !
C’était en 1939, en septembre, la guerre venait
d’être déclarée, pas contre un virus inconnu mais contre
nos cousins germains, eux bien connus. Particulière-
ment en raison de leur excellence en chimie ; des
preuves de cette excellence circulaient : les victimes
ayant survécu à leur gaz moutarde.…
Je connu personnellement un gazé, sa mésaven-
ture dans la tranchée noyée subitement par une nappe
meurtrière donnait froid dans le dos. La crainte s’ins-
talla… Très vite la population fut avertie que des
masques seraient rapidement distribués, dès que fabri-
qués car il y avait pénurie. J’en reçus effectivement un,
peu de temps après à l’école ; je me souviens encore de
la descente dans l’abri de l’école pour essayer cette
sorte de groin nauséabond. Détestable !
Entre temps des recommandations furent diffu-
sées par les journaux et la radio afin que chaque famille
réalise des masques de fortune avant d’en recevoir des
vrais de vrais. Voici la recette :
Prendre une serviette éponge suffisamment
grande pour que, pliée en deux et cousue sur ses bords,
elle forme un sac pouvant couvrir une tête ; ouvrir un
petit rectangle dans une face et le clore d’un voile de
cellophane ; ajouter sous cette fenêtre un sachet de tissu
léger garni de charbon pulvérulent. À cette époque les
filles se constituaient traditionnellement un trousseau
en vue du mariage, toujours bien fourni alors la matière
première ne risquait pas de manquer, il y en avait plein
les armoires, parsemée de lavande de surcroît ; en con-
séquence beaucoup de dames, des messieurs aussi, se
mirent à coudre. Heu… Je crois bien que ma grand-
mère et ses deux filles collèrent à mon grand-père et à
mon père la corvée de piler menu du charbon. Et prière,
messieurs, de se laver les mains avant de revenir à la
couture !
Voilà, l'épidémie de gaz moutarde pouvait ve-
nir ! ! Nous étions prêts à affronter son pic ! Scrogneu-
gneu !
Vive le système « D » !
Libre de droit et facile à fabriquer mais j’ima-
gine mon succès si je me baladais dans la rue, coiffé de
ce truc…
21 mars 2020
Polémiquons
Un mal qui répand la terreur,
Mal que le Ciel en sa fureur
Inventa pour punir les crimes de la terre,
La Peste (puisqu'il faut l'appeler par son nom)
Capable d'enrichir en un jour l'Achéron,
Faisait aux animaux la guerre.
Ils ne mouraient pas tous, mais tous étaient frappés :
On n'en voyait point d'occupés
A chercher le soutien d'une mourante vie ;
Nul mets n'excitait leur envie ;
Ni Loups ni Renards n'épiaient
a douce et l'innocente proie.
Les Tourterelles se fuyaient :
Plus d'amour, partant plus de joie.
Le Lion tint conseil, et dit : Mes chers amis,
Je crois que le Ciel a permis
Pour nos péchés cette infortune ;
Que le plus coupable de nous
Se sacrifie aux traits du céleste courroux,
Peut-être il obtiendra la guérison commune.
L'histoire nous apprend qu'en de tels accidents
On fait de pareils dévouements :
Ne nous flattons donc point ; voyons sans indulgence
L'état de notre conscience.
Pour moi, satisfaisant mes appétits gloutons
J'ai dévoré force moutons.
Que m'avaient-ils fait ? Nulle offense :
Même il m'est arrivé quelquefois de manger
Le Berger. Je me dévouerai donc, s'il le faut ; mais je
pense
Qu'il est bon que chacun s'accuse ainsi que moi :
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Car on doit souhaiter selon toute justice
Que le plus coupable périsse.
Sire, dit le Renard, vous êtes trop bon Roi ;
Vos scrupules font voir trop de délicatesse ;
Et bien, manger moutons, canaille, sotte espèce,
Est-ce un péché ? Non, non. Vous leur fîtes Seigneur
En les croquant beaucoup d'honneur.
Et quant au Berger l'on peut dire
Qu'il était digne de tous maux,
Etant de ces gens-là qui sur les animaux
Se font un chimérique empire.
Ainsi dit le Renard, et flatteurs d'applaudir.
On n'osa trop approfondir
Du Tigre, ni de l'Ours, ni des autres puissances,
Les moins pardonnables offenses.
Tous les gens querelleurs, jusqu'aux simples mâtins,
Au dire de chacun, étaient de petits saints.
L'Ane vint à son tour et dit : J'ai souvenance
Qu'en un pré de Moines passant,
La faim, l'occasion, l'herbe tendre, et je pense
Quelque diable aussi me poussant,
Je tondis de ce pré la largeur de ma langue.
Je n'en avais nul droit, puisqu'il faut parler net.
A ces mots on cria haro sur le baudet.
Un Loup quelque peu clerc prouva par sa harangue
Qu'il fallait dévouer ce maudit animal,
Ce pelé, ce galeux, d'où venait tout leur mal.
Sa peccadille fut jugée un cas pendable.
Manger l'herbe d'autrui ! quel crime abominable !
Rien que la mort n'était capable
D'expier son forfait : on le lui fit bien voir.
Selon que vous serez puissant ou misérable,
Les jugements de cour vous rendront blanc ou noir.
(Les animaux malades de la peste. J. de la Fon-
taine).
Quand je lis cela, je pense car cela m'arrive :
tiens, c'est drôle, certains comportements actuels, par-
ci, par-là et de temps à autre, présentent un aspect "déjà
vu" ou " déjà entendu" ; par exemple : le Berger digne
de tous maux…
J'avais bien du mal à trouver de quoi meubler un
quart d'heure de déraison ; merci ami Jean, tu enchantas
ma jeunesse ; mes amis, merci d'accepter avec indul-
gence cet envoi, un classique certainement présent dans
tous les esprits depuis plusieurs jours, avant que je m'en
empare.
25 mars 2020
L’art de noter
Je note au jour le jour mes impressions de con-
finé. Ce que je note, je le place aussi rapidement que
possible dans ce forum. Intéressant, inintéressant ?
J’ignore ! L’instinct me pousse à agir ainsi ; le même
instinct que celui qui me fit réclamer de quoi écrire à
l’anesthésiste de service dans la salle d’éveil, il y a peu.
Je notai alors un beau fatras de réflexions ; il en est pro-
bablement ainsi en ce moment.
Bon, vous avez compris : désolé, avant toutes
autres considérations, pour les loupés d’orthographe, de
grammaire, de style, etc… C’est du tout-venant rapide.
Peu de corrections ensuite, risquant de polluer ce que
j’exprime spontanément, sans m’attarder à approfon-
dir ; en conséquence, désolé pour l’aspect « brut de dé-
coffrage » de ce que je livre ainsi au jour le jour.
30 mars 2020
Vive le rire !
Je me suis autoproclamé « capteur » ! Capteur
surtout de ce que j’entends ; de ce que je vois, peu, car
depuis l’appartement où je confine, je ne vois que deux
rues, l’une à l’est, l’autre à l’ouest et je n’y vois rien
venir. Quant à la « téloche », hors la série « Un cas
pour2 » sur la « 3 » j’évite les commentaires d’experts
ou de politiciens, leurs lucidités en tous sens transfor-
ment ma cervelle en bouillie pour chat. Reste la lec-
ture… Mais inutile de la capter, écrite, elle l’est.
Nous eûmes dans notre passé récent mais gau-
lois un découvreur de terres nouvelles, ancien élève de
l’« X », il se nommait Colomb. Il dessinait, signait
Christophe et nous faisait découvrir la « b.d. » : vous
vous souvenez : Le savant Cosinus, lequel voulait
voyager et n’arrivait pas à quitter Paris, la famille Fe-
nouillard, ses cousins, lesquels firent le tour du monde
sans le vouloir, enfin la modeste existence d’un sapeur
à la retraite dont le prénom commençait par « une F » :
Ephraïm…
En ce moment nous avons notre découvreur, il
ne se nomme pas Colomb mais se prénomme pour de
bon ; Christophe. Bravo Christophe non pas pour le
courrier mais pour cette anthologie de gauloiseries vi-
rales que tu collectionnes à notre intention. Je les garde
en rigolant dans le format « pdf » dans ma bibliothèque
d’« e-books », en bon français d’aujourd’hui.
J'ai ainsi dans mon grenier de Thaon, mais je ne
sais plus dans quel coin, un petit fascicule de deux ou
trois millimètres d'épaisseur intitulé : "Les histoires
qu'on racontait quand ils étaient là", imprimé à la fin
des années 40. "Ils" désignait les virus que nous avions
supportés : les 'Verts de gris"...
3 avril 202
Chinoiseries
Nous naviguons dans un océan d’information
mais j’ai le sentiment d’être tout entier sous la ligne de
flottaison de l’embarcation qui devrait me porter.
Mon « pc », la radio, la télévision, les journaux
aussi me livrent des flots d’information dès lors que
j’en exprime le besoin. Pandémie oblige, je cherche à
connaître son évolution. Pas toujours facile.
Considérons deux faits.
La pandémie débuta en Chine pour se répandre
ensuite dans le monde et ce n’est pas fini… Les détails
de cette progression ? L’information abonde mais sa
transparence si vantée semble, non pas inexistante mais
colorée différemment selon les sources ; une certaine
opacité finit par résulter de la superposition des
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couleurs… J’ose espérer que les épidémiologistes bé-
néficient de plus de clarté, la connaissance de la chro-
nologie ayant une importance primordiale pour leur
évaluation des suites.
Toutefois je ne suis pas trop chagrin de ne con-
server des jours précédents qu’une image imprécise et
confuse. Mais je deviens témoin aujourd’hui d’une
suite terriblement précise : nos moyens humains et ma-
tériels semblent insuffisamment adaptés au pic ou pire
aux pics encore à venir dans notre pays. Que des
moyens nécessaires pour satisfaire certains besoins
d’une collectivité se révèlent insuffisants pour des
pointes de consommation rien d’étonnant ; c’est un
vieux problème que des mathématiciens étudient conti-
nuellement, en particulier en 1930 le soviétique Kol-
gonorof.
Rien d’étonnant donc que notre pays courre
après des masques de protection, notre réserve étant in-
suffisante devant l’ampleur de la demande. En re-
vanche ce qui déconcerte au point de fâcher, est que
notre besoin vital et ceux s’y joignant de nos voisins
deviennent une bonne affaire commerciale, bien ju-
teuse mais aussi à notre détriment, pour l’expéditeur du
virus, premier producteur mondial de masques (vi) !
Qui plus est, l’expéditeur semble vouloir nous faire
croire que c’est de la philanthropie (xi) !
Ai-je mal pigé quelque chose ?
4 avril 2020
Liberté chérie ! Devenue virtuelle…
Oui, je parle de la bonne vieille liberté physique,
depuis autrefois celle de parler dans l’enceinte de
l’Agora ou du Forum jusqu’à son avatar contemporain,
celle virtuelle d’écrire dans l’un quelconque des nom-
breux sites de l’Internet disponibles à cet effet.
Nous confinant, notre Démocratie nous déleste
ipso facto de droits fondamentaux qu’elle nous garantit
cependant. Paradoxal ? Absolument pas m’assure-t-on,
mais pour y piger quelque chose, il faut se plonger dans
les commentaires de spécialistes de droit constitution-
nel. Laissez-moi le temps de m’imbiber de cela ; si j’ar-
rive à piger et si je me débarrasse du mal de tête que
cela occasionne, je vous raconterai… Nonobstant, pour
le moment, la liberté de s’exprimer reste, inamovible,
entre autres possibilités dans de forum.
Nonobstant encore, notre forum se désertifie.
J’entends les répliques : bien petite chose notre forum
et puis il existe pour nos activités généalogiques et de
toutes les manières cela ne sert à rien, et patati et patata,
etc.
Pas d’accord ! En dépit de la faible chance de
survie de nos blablas ici dedans, nous ne devons pas
mépriser cette liberté. C’est l’un de nos rares moyens
pour transmettre à nos successeurs ce que nous ressen-
tons de notre quotidien actuel exceptionnel.
Je ne vois que deux attitudes : ne pas communi-
quer ou communiquer… Simple alternative !
Communiquer ? Apparemment nous sommes
peu…
Quelques fidèles ; je cite particulièrement : le
vieux prêchi-prêcha que je suis devenu et qui vous ar-
rose depuis son fauteuil de digressions vaseuses, Chris-
tophe, le facteur qui nous rapporte de bonnes gauloise-
ries trouvées chemin faisant dans ses tournées vir-
tuelles…
Prenez le temps de lire deux des derniers envois
de ces deux compères, l’un, avoue piteusement ne plus
rien comprendre à ce qui se passe et supplie qu’on lui
donne son Daniel’s favori, l’autre remarque que la 7e
compagnie manœuvre ! Il faut avoir ri naguère des tri-
bulations des Lamoureux, Lefèvre, Bondy et compa-
gnie pour piger que les deux compères sont à l’unisson.
Nous sommes sur un bateau ivre, mais avant et
à la grâce de Dieu !
7 avril 2020
Chef malade
Le monde entier ou presque car il y a forcément
des tas de gens échappant toujours à la règle générale,
connait le Premier Ministre Britannique. Les média
friands de ses rodomontades nous tiennent soigneuse-
ment au courant de ses faits et gestes. Gesticulation dé-
magogique de parvenu pour les uns, géniale attitude
d’élu pour les autres, plus tous les cas intermédiaires.
Le premier Ministre est malade banalement at-
teint du virus présent aussi en Angleterre, le continent
n’étant plus isolé… Grave ? Pas grave ? Les transpa-
rences superposées des commentaires reçus mes sem-
blent opacifier l’événement.
Des reportages passés, essentiellement vus dans
le monde entier, on pourrait conclure que cet homme
fut bien imprudent : il s’afficha dans des attitudes dé-
fiant les règles de prudence recommandées à peu près
partout ailleurs aux bas peuples pouvant l’admirer. Du
bravache démagogique. Dans ces conditions, ce qui
frappe aujourd’hui le Premier Ministre était probable et
c’était folie que de s’exposer ainsi.
Bien fait ! Pourraient conclure ceux détestant le
personnage. Je déplore ce genre de conclusion. Et, as-
sociation d’idées, allez savoir pourquoi, je pense sou-
dain à la 7e compagnie…
Un sous-officier respectueux du règlement, un
bidasse un tantinet subversif, etc., un officier lointain et
dépassé par les événements, un petit monde livré à lui-
même, chacun agissant à sa façon… En conséquence
un enchaînement de situations complètement fafelues
pour cette petite équipe et pour son entourage se trou-
vant involontairement mêlé à ces tribulations. Spec-
tacle, bien amusant pour les anciens ayant vécu la dé-
bâcle de 40. Moins pour un spectateur contemporain at-
tentif aux circonstances actuelles.
Changement d’époque, de circonstances et
d’échelle… Néanmoins, encore le spectacle d'une
équipe hétéroclite : un chef malade, un ministre prenant
le relai au débotté, une reine sans pouvoir réel, une sorte
de débâcle sanitaire… Du farfelu mais peu risible !
Pire : ne serait-ce pas partout pareil ?
La morosité règne ce matin dans mon
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confinement douillet. Cela me passera, il suffit de ne
plus penser, quand je pense je déraisonne. Cependant,
je note car j’ai choisi, simple spectateur et acteur de no-
ter au jour le jour sans tricher.
Hé oui ! J’ai déjà d’autres idées en tête… À de-
main, ou à ce soir ou à je ne sais pas quand, allez savoir
avec ce satané virus !
8 avril 2020
Dur ! Le confinement…
Le Confiné vous souhaite un bon appétit ou une
bonne digestion ou encore, pas radin de détails, bonjour
si, confinement oblige, vous ne passez que demain ma-
tin…
Vous pouvez remarquer, pas distinguer discré-
tion commerciale oblige, pour désinfecter les tubes
transitaires deux antibiotiques ayant fait leur preuve
comme antiviraux.
Faites passer le message, seul moyen de se le
dire.
Dire que je suis venu jusque-là, enfin justeranc
à côté, pour entendre mon chirurgien me conseiller ami-
calement mais fermement d’éviter de retourner là d’où
je venais. Me suivez-vous ? Non ? Alors lapez une
lampée de mon « antibioticoviral ».
10 avril 2020
Mais que signifie : confiné ?
Les jours passent… Un mois auparavant,
l’Homme de l’Art que je consultai, habile puisque je
suis toujours bien vivant, me conseillait fermement :
évitez le train, le risque pourrait être fatal, restez là où
vous êtes ; il ajouta : si vous revenez ici, je ne suis pas
sûr de pouvoir vous soigner. De ce que j’entends et
vois sur les petits écrans, je déduis que, plus qu’une
vague prescience, il avait une connaissance précise de
la suite.
Confiné donc je suis, immobilisé là où mon
train-train de « vieillasse » (parfois le TGV) m’avait
amené deux ou trois jours plus tôt. Je peux lire, je peux
écrire, j’ai mes pilules de quoi pourrais-je donc me
plaindre ? De rien ? Or ma moitié de carcasse
franchouillarde râle : « non d’une pipe, rouspète ! ».
Mais de quoi ?
Ce matin, j’eus cette lumière éclairant un pos-
sible thème de rouspétance :
Où donc se trouve la cellule psychologique ca-
pable de m’expliquer ce que signifie le confinement
dans mon esprit et de pleurnicher éventuellement sur
mon sort ?
Vrai, c’est plus que de la déraison, je déconne…
Néanmoins et également vrai, je commence ré-
ellement et sans aide à me forger ma petite idée person-
nelle sur ce sujet m’obsédant : que signifie confiné ?
À suivre, je dois passer l’aspirateur, la techni-
cienne de surface étant confinée.
11 avril 2020
À la maison !
Hier, petite promenade dans l’avenue du Châ-
teau, au pied pratiquement de mon immeuble. Habituel-
lement, hors confinement, en fin d’après-midi, sortir du
garage juste derrière et aller jusqu’au carrefour de
l’avenue de Paris devant la tour nord du Château relève
de la mission impossible. Bon, j’exagère mais sincère-
ment cette sorte de désertification depuis un mois main-
tenant offre un avantage énorme : pas de bruit, air res-
pirable, trottinettes absentes des trottoirs ; inconvé-
nients : commerces fermés, surtout le boulanger dont il
faut bien viser les moments d’ouverture, difficiles à re-
pérer car les arbres ignorant superbement le virus et re-
devenus feuillus nous cachent la façade bien en face de
l’appartement.
Petite satisfaction de Franchouillard rouspéteur
et opposé par principe à tout ce qui est réglementaire en
regardant bien, un conducteur courageux et bravant
l’autorité qui nous confine gara il y a peu sa voiture en
double file ! Quelle insolence ! Bravo ! Insolent mais
étourdi : « Mac Do », cible probable du conducteur cer-
tainement affamé, est également clos.
Autre avantage : peu de cochonneries abandon-
nées dans les massifs, sale habitude d’incivilité que
continue à contrer un service de voirie fidèle
18 avril 2020
3 : Dur confinement
4 : Vincennes, confiné
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Confinement intellectuel
Vieille histoire. Notre société vit de l’activité de
tous les individus qui la composent, chacun agissant
guidé ou accompagné de ses idées ; constat applicable
à toutes les formes de pensées, depuis les plus concrè-
tement banales concernant la vie quotidienne en société
jusqu’à la plus rigoureuse et abstraite, la mathématique.
Chacun souhaite communiquer ses idées plus ou moins
intensément d’où l’importance des moyens disponibles
à cet effet.
La liberté quasi-totale de communiquer dispo-
nible actuellement pour tous via les nombreux réseaux
existants, relègue dans l’oubli ce qu’il en fut naguère,
pratiquement jusqu’à la fin du siècle dernier. Plus loin
encore dans le passé, jusqu’à la fin du XIXe siècle, on
ne connaissait que la communication orale et celle
écrite. Rappel sans doute schématique mais nécessaire
pour souligner l’importance des usages fragmentant la
société dans les partages d’idées et des contraintes per-
turbant, voire inhibant, ces partages.
En littérature, cas de l’exemple donné ici, l’in-
fluence de la presse ou des salons avec leurs opinions,
jouait un rôle souvent déterminant pour assurer le suc-
cès d’un auteur ou provoquer son échec. Or l’auteur
confiné par l’opinion dans l’obscurité du silence est une
réalité discrète qu’il convient néanmoins de signaler.
Je donne ici l’exemple opposé d’Alphonse Dau-
det pour introduire celui de son confrère oublié. Enfant
je lus et relus ses Lettres écrites dans son moulin en
Provence ; elles m’enchantaient et leur auteur m’appa-
raissait paré de toutes les vertus. Or, l’Internet aidant,
de studieux fouineurs amoureux de vérité exhument de
nos archives toutes sortes de vieilles histoires que je dé-
couvris par hasard. Celle que je relève concerne deux
auteurs : Alphons Daudet confiné par l’opinion dans la
gloire, Auguste Blanchot confiné dans l’oubli, le se-
cond se plaignant en justice d’être plagié par le pre-
mier !
J’ai et relu lu « Le Curé de Cucugnan » par Dau-
det, dans l’une des multiples éditions des « Lettres de
mon Moulin » (viii) et j’ai lu par curiosité l’écrit anté-
rieur de Blanchot, du même conte, publié discrètement
en 1859 dans la « France littéraire » (v). Objectivement
la plainte de plagiat parait fondée. Fouinant moi aussi
et je remercie notre confinement sanitaire de m’en avoir
donné le temps, je retrouvai une longue critique de cette
dispute judiciaire dans le « Mercure de France » de
1914 (Pitollet, xvii). Je ne sais plus quoi penser… Ex-
cepté le fait incontournable que notre société est ca-
pable de confiner un homme dans la célébrité ou dans
l’obscurité selon l’opinion du moment qui prévaut. Je
note immédiatement de peur d’oublier
20 avril 2020
1 Confinement en oppidum
Confinement parisien
J’ai récemment affirmé que nos aïeux quittaient
rarement leur contrée, attachés à leur terre. Beaucoup
de travail, peu de loisirs, transports difficiles, existence
difficile, ces circonstances un tantinet oubliées aujour-
d'hui expliquent la sédentarité de nos aïeux, forme de
confinement. Je me contente d’exposer les quelques
idées me venant dans la journée, le désœuvrement que
m’impose mon propre confinement étant propice à la «
gamberge » ; alors je raconte sans prétendre que mes
propos soient pertinents.
J’ai ainsi raconté comment la vie de ma grand-
mère Marie Marguerite et celle de mon grand-grand-
oncle Auguste se déroulèrent pratiquement confinées
dans les pays vosgiens proches de la Moselle. Sédenta-
rités qui ne furent rompues qu’exceptionnellement. Je
ne cherchai pas à généraliser et je passai à d’autres pe-
tites histoires, sans ordre, suivant la fantaisie du mo-
ment. Or l’une de mes fantaisies consista à entreprendre
la lecture d’un petit bouquin (xxiii) livré l’avant-veille
par un porteur d’Amazon. Voilà ce que je lus page 159,
souvenir de l’auteur Stefan Zweig de promenades pari-
siennes, au début du XIXe siècle… :
Mais se rendre de Montmartre à Montparnasse
représentait quand même encore, à l’époque, un
petit voyage et je jugeais tout à fait digne de foi
la légende selon laquelle il existait des Parisiens
de la rive droite qui n’étaient jamais allés sur la
rive gauche, et des enfants qui n’avaient joué
qu’au Luxembourg et n’avaient vu le jardin des
Tuileries ou le parc Monceau. Le vrai bourgeois
ou le vrai concierge demeurait volontiers « chez
soi », dans son quartier ; il se créait son petit
Paris dans l’enceinte du grand Paris, et c’est
pourquoi chacun de ces arrondissements avait
son caractère distinct et même provincial.
Marie Marguerite et Auguste auraient pu être de
bons Parisiens, fidèles à leurs quartiers au point de n’en
guère bouger, comme ils furent fidèles à Raon au Bois
puis à Thaon.
21 avril 2020
Confinement matinal difficile
Grosses difficultés ce matin pour ouvrir ce fo-
rum ! ce n'est qu'à l'instant que je peux placer un mes-
sage ! op ! Un café pour me remettre de mon émotion.
Je reviens car j'ai envie de causer. Peut pas rester
tranquille le pépère ! J'espère que tout sera normal
comme à l'accoutumée. J'ai retrouvé un confinement du
Ve siècle avant J.-C. dans mes photos1.
…
12
Vous savez quoi ?
Même dans un confinement confortable comme
celui que je subis, existent néanmoins quelques diffi-
cultés… S'approvisionner par exemple. De ma jeunesse
j'ai conservé l'habitude de me contente du contenu du
garde-manger, frigo désormais, et d'avaler vite fait bien
fait ce que je trouve dans mon assiette avant que les
"boches" viennent me le prendre. Réminiscences d'un
confinement passé !
Voici ce que vous
devez savoir :
Pas de brocolis...
Madame rouspète,
moi itou pour lui faire plai-
sir en bon faucheton que je
suis. En fait : chic alors !
Pense-je.
Café prêt… Hop !
J'y cours.
22 avril 2020
Le vide
Vaguement le senti-
ment que le confinement
favorise la « flémingite
aigüe », vidant le forum au
profit de la « téloche » …
Courage, pas de vi-
rus dans ce forum. Songez
que l'informatique nous li-
bère du confinement….
Pensez, écrivez, communi-
quez ! Appliquez cette
fière devise de l'Est :
Wer Will, der
kann !
24avril 2020
Fisc confineur
Aujourd'hui : by ! Je confine chez le fisc. La
barbe ! Corvée, alors je m'en débarrasse. Petit ennui :
toute ma paperasse est à Thaon et moi je n'y suis pas,
confiné hors de mes pénates. Alors il me reste à me pro-
mener sur l'Internet pour retrouver toutes les factures
réductrices d'impôt. Les pensions, vite fait, le fisc les
connaît, mais pas les factures pour tout le reste.
À ce soir ou à demain.
25 avril 2020
…
Christophe me suggère d’attendre le déconfine-
ment le 11 mai prochain.
Christophe.
Oui mais c'est l'inverse, je suis en région pari-
sienne, mon chirurgien m'ayant fermement déconseillé
de retourner à Thaon, l'avant-veille de l'annonce du
confinement par notre Grand Chef.
Le 11 mai ? Je suis une vieillasse et ma cardio-
logue fait la grimace quand je lui cause de "TGV" ; elle
est jeune et jolie, alors j'obéis.
Bon, je blague sauf pour jeune et jolie, c'est vrai
et j'en ai mal au cœur d'être une vieillasse. Mal au cœur
? Bonne occasion de consulter. J'y cours, c'est l'escalier
à côté. Zut ! Nous sommes samedi… Comme Pangloss,
je positive néanmoins ; souhaitant positiver quelques
années encore je tiens
compte des avis de la Fa-
culté qui m'a tiré deux fois
de suite d'un très mauvais
pas
Même date
Pédagogie confinée
Le confinement tue
la pédagogie !
C'est ce que j'en res-
sens, de loin et pour la ma-
thématique mon passe-
temps toujours favori.
Mon petit-fils est en
classe de 2e mais confiné
chez ses parents, dans une
confortable maison de la
banlieue nîmoise avec
grand jardin et piscine ; il a
donc la possibilité de re-
muer et de se dérouiller à
volonté et ne d'en prive
pas. Mais la mathématique,
il déclare ne pas s'y intéres-
ser ne souhaitant pas se fa-
tiguer pour une matière à
laquelle il ne comprend rien ; son objectif : s’engager
alors il attend ses 18 ans ! Papa crapahutant en Afrique
ne peut guère lui botter le derrière pour tempérer, même
virtuellement les liaisons là où il se trouve étant « mai-
grichonnes ». Alors c’est Papy qui s’y colle, confiné et
à quatre heures de TGV qu’on me dit d’éviter lors du
déconfinement…
Contraste étonnant avec sa sœur obtenant de
bons résultats, y compris en mathématique mais sou-
haitant devenir médecin et avec sa cousine germaine
étudiante en mathématique en Université et étudiant
également la musique, organiste déjà confirmée.
Donc, hier à huit heures du matin :
« Papy, je t’envoie mon énoncé de math, je n’y
comprends rien ! »
Vrai de vrai, après réception, moi itou j’eus du
mal à piger !
Deux problèmes. Le premier consiste à la lec-
ture d’un cas concret, de le traduire en équations et de
le résoudre : six équations du premier degré avec six
inconnues. Classique en 3e, je pense. Le deuxième, tou-
jours un cas concret pour construire un algorithme de
5 : Muguet tardif
13
calcul itératif par récurrence. En deuxième je ne sais
pas, c’est peut-être un peu tôt. Je n’ai guère l’expé-
rience de l’enseignement secondaire ayant uniquement
enseigné à des élèves sixième année après le bac.
Cela étant les cas concrets m’ont surpris : des
énigmes tirées vraisemblablement de bouquins de ma-
thématique amusante. Bon acceptons le choix des sujets
que personnellement je ne trouvais, jeune et aussi plus
tard, que dans des livres pour distraire des matheux
ayant un minimum d’entraînement ; les livres
d’Édouard Lucas par exemple, professeur de l’Univer-
sité Li-Sou-Siant, traduisez le calembour, Saint Louis,
le lycée bien connu où il enseigna en classe de mathé-
matiques spéciales à la fin du XIXe siècle ; notez qu’à
cette époque la mathématique n’était pas encore une et
indivisible., donc « s » du pluriel.
Mais alors, ensuite je rouspète. J’apprends qu’il
n’a jamais été présenté en classe comment résoudre
classiquement un système de « n » équations à « n »
inconnues par substitutions successives. C’est le b-a-ba
! J’entends ensuite : « récurrence, kécékça ? ». Oups !
Glup…
Je récupère en vous racontant mes malheurs de
Papy d’un autre âge, avant de professer ; je ne sais pas
encore comment, en respectant forcément la distancia-
tion antivirale que Monsieur Notre Président nous or-
donne. Quatre heures de
TGV, ce n’était tout de
même pas une affaire, et
il y a de bons restaurants
à Nîmes, et le gamin, le
Papa, a du Jack Daniel’s
dans ses réserves. Zut
alors. Après ma décon-
venue de ma cardiologue
qui ne consulte pas en fin
de semaine, où va-t-on ?
Vite un gilet de couleur
de la fleur dont c’est la
fête ces temps-ci, il doit
y en avoir plein dans les
hauteurs ; à Liézey par
exemple, là où autrefois
je demandai la permis-
sion d’en cueillir ; réponse du pépère propriétaire du
champ :
« Vas-y mon gars, ça donne la colique à mes
vaches… »
Ouf ! Cela fait du bien de causer. Que Dieu me
guide pour la suite !
26 avril 2020
Vers quel confinement ?
« Rien ne se perd, rien ne se crée, tout se trans-
forme. »
Vieille sentence du chimiste Lavoisier, certain
de ce qu’il racontait, avec en revanche le rappel de
l’existence d’un certain principe d’incertitude du
physicien Heisenberg, certain de son incertitude.
Ces hautes considérations philosophiques étant
bien présentes dans vos esprits, sans maux de tête je
l’espère, il reste qu’en assistant hier à un service fu-
nèbre grâce à une vidéo-réunion, je me posai hier cette
question…
« Déconfinement ou reconfinement ? »
Je suis croyant mais bourrés d’interrogations !
Notre esprit est confiné dans notre corps mortel. Pro-
testant j’écoutai le pasteur parler de l’au-delà, prudem-
ment… Alors quand Dieu le décidera, et cela approche,
quid de mon esprit ? Libéré, comment ? Reconfiné,
comment ?
Lavoisier et Heisenberg me donnent conjointe-
ment une réponse sans en être une :
« Reconfiné puisque rien ne se perd, mais cer-
tain d’être incertain. »
Ah mais ! Ce sera tantôt l’heure du liquide am-
bré venant du Tennessee, vous voyez ce dont je parle ?
Rien de philosophique et la certitude que rien ne sera
perdu contenu du flacon !
3 mai 2020
« Stat. » confinée
Pas le temps d'écrire :
transformé en professeur de
math à distance ; 17 pages de
cours de "stat." avec exer-
cices à expliquer. Formules
de calculs (ex. : variance)
données sans trop d'explica-
tions parfois aucune, français
incertain, etc. !
Je commence à com-
prendre pourquoi beaucoup
de jeunes "décrochent" ; ils
sont confinés, puisque le mot
est à la mode, dans un sys-
tème éducatif qui me décon-
certe. Bon, bref ! Expliquer à
un jeune en 2e un cours de
"stat." que j'étudiais naguère
en cours de certificat de licence, j'en suis "paf" ! Et à
500km ! Je voudrais remplacer le père qui crapahute
en Centre Afrique mais je suis confiné comme tous,
donc pas moyen d'aller à Nîmes pour me transformer
en prof. ! Et prendre du poids en raison des "petits plats"
de ma belle-fille qui sait cuisiner.
J'ai déjà eu la permission de mon fond de verre
de Daniel's (Jack) hebdomadaire, alors une semaine
avant de pouvoir me remettre des "stat." ? Survivrai-je
? Les exercices de "stat" autrefois : uniquement des cal-
culettes à manivelle qu'on se partageait. "pc" et "mo-
biles" avec calculette ? On ne savait même pas que cela
existerait un jour… Je survécus. Alors j'ai bon espoir
pour cette semaine.
" R'voyure, meufs et mecs!" c'est-y pas dans le
vent, cool et zen les aminches ? À + !".
6 : Jardin déconfiné
14
4 mai 2020
Muguet confiné.
Désolé d’arriver tardivement.
Vivant sur un balcon, je fleuris comme Dame
Nature le décide. Je suis bien ouvert depuis hier, alors
j’arrive. Je ne vois aucun frère dans le parc en dessous
et dans les jardins sur le toit du magasin en face. Quant
au fleuriste, il est fermé. Je suis seul ! Heureusement
mes deux patrons me chouchoutent. Le patron lui, rous-
pète : son aide-ménagère lui téléphone que le muguet
de son jardin a bien fleuri à la date convenue ; mais à
Thaon à 450 km de mon balcon…
5 mai 2020
Pleurnicheries…
Demain le déconfinement : Les pleurnicheries
commencent ! Quid des transports ? Des prêts ban-
caires ? De ce qui nous attend ? Du pas joli, joli, etc.
Les transports en commun constituent un milieu
favorable à la propagation du virus. Le port du masque
réduit le risque de propagation. Ce n'est pas seulement
favorable pour les autres ce l'est réciproquement pour
soi quand c'est l'un des autres qui est porteur du virus.
L'augmentation du coût des prêts bancaires ? Voire...
La situation est tentante pour les banques, elle ne l'est
pas politiquement car elle freinerait la reprise écono-
mique. Ce qui nous attend n'est certainement pas joli,
ce que nous vivons l'est moins. Mais, comme en phy-
sique, un changement d'état présente toujours des
oscillations en période transitoire : des hauts et des bas
éventuellement malheureux si excessifs.
Donc : "profil bas !"... On a déjà vu cela en 44-
55 et 46 ! Et en 60 !
10 mai 2020
Déconfiné !
Je parle de mon jardin.
Car je suis toujours tenu à distance de mon jar-
din. Régulièrement entretenu par un aide à domicile, le-
quel en ce moment ne sais plus où donner de la tête, je
devrais dire : de la tondeuse et du sécateur… Et moi je
suis tenu à distance.
La nature déconfine ! Voyez le gazon, non,
l’herbe folle ; encore un peu de patience et ce sera la
fenaison, j’aurai de quoi nourrir mes vaches cet hiver
prochain, mais je n’ai pas de vaches. Monsieur Notre
Président n’a pas songé à cela ! Ce n’est pas sérieux !
Vous en convenez, n’est-ce pas ? Et l’arbre qui n’a pas
été élagué ! Il n’a qu’une tête et ne peut pas penser à
tout ? Mais il a plein de penseurs annexes à sa disposi-
tion, alors à quoi pensent-ils, bien payés comme ils
sont. Vivement le prochain grand débat qu’on parle en-
fin un peu de toutes ces pauvres vieillasses dont je suis
qui ne peuvent plus faucher leurs près et engranger
leurs foins, ni couper du bois, ni – j’allais oublier – cou-
per leur muguet, car il y a du muguet ! Pour le vendre
évidemment ! En mai on a le droit, tous les jours,
j’ignore ce que signifie : premier. J’aime râler, autant
que ceux, à mentalité de tarentule hépatique dont c’est
quasiment la profession qu’on voit parfois dans la rue
quand ils ne sont pas confinés. Etc. Pfuuuuu… Je m’es-
souffle…
C’était mon petit quart d’heure de déconfine-
ment cérébral, déraison fait trop passéiste désormais.
11 mai 2020
?
Marie Paule ne répond pas au téléphone. Marie
Jo s’inquiète…
Difficile de répondre. Si j'étais à Thaon je tente-
rais de m'informer sur place ; mais je suis à Vincennes
! Marie Paule doit avoir de la famille à proximité qui ne
la laisse pas seule ; je pense que sa parenté doit télépho-
ner régulièrement pour vérifier comme beaucoup de fa-
mille le font avec leurs anciens, surtout durant ces der-
nières semaines. Je me permets de donner ce détail car
c'est mon cas, j'ai peu de différence d'âge avec notre
doyenne ; je reçois fréquemment des appels du genre :
Papy, ou Tonton, tout va bien ?
5/5 ! Je suis toujours vivant.
Ce qui me fait penser que je devrais communi-
quer le numéro de Marie Jo à l'un ou l'autre de mes ho-
norables correspondants dans le cas, qui finira tôt ou
tard par arriver, où je ne décrocherai pas.
11 mai 2020
7 : Anniversaire, 11 mai 2020.
15
Pas de panique ! Marie Paule, un peu cafar-
deuse, se confine simplement chez son fils…
Confiné en mer ou à terre…
Sans trop savoir par qui, pour quoi, et com-
ment !!
Veille du 13 mai 1958…
Qui s’en souvient ?
Nonobstant ce fut le point de départ d’une pan-
tomime durant laquelle le peuple souverain eut le loisir
d’admirer ses élus se chamailler à qui mieux mieux
pour conserver leurs précieux droits acquis en dépit du
coup de semonce du commandement militaire en Algé-
rie, las d’être chapeauté par cette gens inconséquente.
La nécessité d’un coup de balais en haut lieux nécessita
la poigne d’un sacré bonhomme… Néanmoins ce n’est
pas de cette histoire dont je veux parler : je me conten-
terai de relater au jour le jour les bricoles qui saupou-
drèrent alors de fantaisies l’existence de quelques
jeunes de ce peuple souverain ballotté de droite et de
gauche…
Jeunes, membres d’un club de vacances offertes
par le gouvernement, invités à profiter de cette largesse
de l’autre côté de la Méditerranée, côté néanmoins en
France, vêtus, logés, nourris et tout et tout… De la vraie
et bonne organisation.
Paf ! Coup de gueule de chefs militaire ! Paf !
Coup de gueule de pantins élus confinant les militaires
déjà en Algérie là où ils étaient, donc en Algérie, et
ceux qui n’y étaient pas là où ils étaient…
Vous y comprenez quelques choses ? Non !
Soyez rassurés, les jeunes gens dont j’étais : pas plus !
Donc pour rester simple, je me trouvai confiné à
Marseille avec les copains. Crise qu’il est permis de
considérer comme cocasse, avec l’éloignement du
temps… Elle vaut « son pesant de cacahuètes » que je
vous livrerai au jour le jour en petits cornets.
Pour l’instant, on ne se doutait de rien, canton-
nés dans une sorte de lazaret minable nommé « Camp
Sainte Marthe » par notre Armée de l’Air. Un service
minimum consistant à attendre les appelés débarquant
à la gare Saint Charles, à les amener dans le lazaret, à
produire la paperasse ad hoc et c’était tout, le reste étant
l’affaire des permanents du lazaret.
À suivre donc…
12 mai 2020
Au soleil…
La journée du 13 mai débuta comme à l’accou-
tumée. Nous étions une vingtaine d’aspirants, issus de
la Base École 720 pour notre formation générale et de
quelques autres selon les spécialités. C’est ainsi qu’au
sortir de la Base de Caen j’étais devenu mécanicien au
Bourget du Lac, spécialisé en armement à Rochefort.
En dépit de mon classement me permettant de choisir
une affectation en Métropole, je choisis l’Algérie fran-
çaise sans connaître ma destination exacte. Ce matin-là
j’attendais donc à Marseille avec mes camarades notre
embarquement vers Alger, chacun avec une section de
jeunes appelés.
L’Armée de l’air effectuait deux incorporations
d’appelés chaque année ; ces jeunes gens devaient subir
durant un mois, une première formation destinée à leur
inculquer les bases de la vie militaire. Chaque Aspirant,
frais émoulu, recevait ainsi la mission d’encadrer et
d’éduquer une section du nouveau contingent avant son
affection selon sa spécialité.
Le Camp Sainte Marthe était organisé pour ac-
cueillir les militaires de notre Armée de l’Air en transit
à Marseille, venant ou allant vers une destination outre-
mer, à cette époque essentiellement l’Algérie. Deux
fois par an cette base devait faire face à un pic d’acti-
vité : recevoir des libérés du service actif et assurer
leurs acheminements de retour, recevoir les appelés, les
équiper et les expédier de l’autre côté de la Méditerra-
née. Un colonel et une poignée de cadres géraient tout
cela ; tous proches de la retraite, c’est l’impression que
j’en conservai après mon passage dans cette base. Les
méchantes langues assuraient qu’en dehors de la pêche
à la rascasse, ils n’avaient pas grand-chose à faire… En
toute honnêteté lors de l’arrivée de jeunes appelés du
contingent semestriel ils n’avaient guère le temps de
préparer leurs bouillabaisses, surtout le coiffeur…
Les Aspirants, eux n’avait véritablement que
peu d’activité : on se partageait le travail pour accueillir
les arrivants à la gare Saint Charles et effectuer la pa-
perasse d’incorporation. Tous issus de l’Université ou
d’une Grande École on savait s’organiser pour effec-
tuer efficacement et surtout rapidement ce que nous
considérions comme une corvée sans intérêt.
9 : Club Sainte Marthe.
9 : Carpe Diem !
16
Rapidement car il y avait les calanques pas loin,
la mer, le soleil, etc.
Image de notre confinement provisoire, en de-
hors de la corvée quotidienne…
On savait que cela ne durerait guère plus d’une
semaine ! Le temps de remplir un bateau avec de jeunes
recrues et des bateaux pour Alger, il y en avait prati-
quement un chaque jour.
Carpe diem !
À suivre.
13 mai 2020
13 mai 1958
Il existe toujours des différences dans un groupe
d’individus, réunis par le sort pour n’importe quelle rai-
son ; il en était ainsi pour notre groupuscule d’Aspi-
rants.
Un Aspirant, à cette époque devait être totalement pris
en charge par l’Armée. La solde ? Six mille francs an-
ciens permettant de faire face à quelques impedi-
menta… Ce n’était pas grand-chose, la solde d’un sous-
lieutenant était dix fois plus élevée avec évidemment la
nécessité de subvenir de manière autonome à tous les
frais de l’existence ; soixante mille francs mensuels, par
la suite je constatai vite à Alger que ce n’était pas
l’abondance, il en restait peu après déductions du loge-
ment et du mess. Revenons à Marseille.
Nous avions un camarade, héritier d’une entre-
prise au Maroc, sans fin de mois problématique. Marié,
son épouse le suivait avec la voiture dans ses différentes
affectations, toujours logée dans un bon hôtel. Bien évi-
demment, à Marseille, on s’entassait dans sa voiture
pour aller faire trempette dans les calanques. Autre
avantage insoupçonné jusqu’alors, le copain ayant une
existence ordinaire hors du camp Sainte Marthe, était
toujours au courant de tout.
Le 13 mai, arrivant pour son service dans le
camp, il nous informa des événements d’Alger ; on sa-
vait depuis quelques temps que cela chauffait sous la
marmite mais ce jour-là, le couvercle basculait. Quoi
exactement ? Nous étions encore dans le flou.
Le « Colon » nous réunit. « Pépère », c’était son
style tint à peu près ce discours :
« Jeunes gens, ça chauffe ! Il y a embargo pour
Alger, je ne peux pas vous embarquer, vous êtes
bloqués à Marseille. Les recrues restent également,
mais d’autres continuent d’arriver, je ne sais pas où les
mettre… etc. Débrouillez-vous pour vous loger… »
Fichtre ! Le copain, nanti d’une épouse et d’une
voiture avait déjà sa solution, ce qui nous permit d’en
connaître immédiatement le prix. Bon, l’Armée, c’est
ainsi, il faut savoir s’adapter.
Heureusement, il n’y avait pas que des mécani-
ciens ne connaissant que la mécanique dans le lot. Soit
! Nous étions en majorité et il y en avait même un qui
savait -en principe - amorcer et désamorcer le cas
échéant les pétards les plus usuels, votre serviteur. Ce-
pendant il y avait en plus, parmi nous, un gaillard sor-
tant d’une école de commerce. Il fut vite expédié en re-
connaissance du marché immobilier Mareillais ; Il en
revint avec une solution !
Marseille a ses bas-fonds ; ces bas-fonds ont
leurs hôtels spécialisés, éventuellement pour les
passes… Une vingtaine d’Aspirants cherchant à se lo-
ger durant plusieurs jours : une aubaine pour le tenan-
cier ; on dit : « tôlier », je crois. J’ignore comment cela
fut négocié mais nous pûmes nous offrit ce luxe avec
nos six mille « balles » et quelques bricoles venues du
fond de nos poches ! Quelques recrues en surnombre
purent ainsi occuper nos « pieux » dans le camp, les
autres sur des paillasses, au sol… Les presque officiers
se logeaient chez l’habitant.
Semaines payables d’avance, évidemment. Les
chambres non moins évidemment n’étaient pas garnies
mais ce détail n’était pas le but de la manœuvre…
Nonobstant derechef, carpe diem ! Grands évé-
nements à Alger, petit train-train comique à Mar-
seille…
14 mai 2020
Fin du confinement. Marseillais
À l’époque dont je parle, quelques semaines
d’instruction de base suivaient l’incorporation. Durant
ce laps de temps les recrues restaient strictement confi-
nées dans leur caserne et terrains de manœuvre. Le con-
finement cessait dès lors que les « bleus » n’étaient plus
des bleus, autrement dit dès lors que la hiérarchie mili-
taire les considérait comme sortables.
Or le camp Saint Marthe était saturé par près de
huit cents nouveaux pas du tout sortables ! J’ajoute les
Aspirants affectés en Algérie, quelques Sous-Officiers
de retour de permission obligés de patienter là, enfin un
Capitaine également en transit lequel avait saisi une oc-
casion de relancer notre acheminement.
L’occasion était facile à comprendre. Un bâti-
ment de la Compagnie Paquet, la « Koutoubia », venant
de Casablanca, se préparait à y retourner, les liaisons
avec le Maroc n’étant pas proscrites. Le Capitaine, par-
faitement en harmonie avec l’état d’esprit dissident agi-
tant notre hiérarchie militaire à Alger, était allé visiter
le Commandant du SS Koutoubia ; il rencontra, heu-
reuse surprise, un Officier empreint de la même harmo-
nie. Les deux compères scellèrent vite leur accord : em-
barquons toute la troupe confinée à Saint Marthe, on
10 : Service astreignant.
17
verra bien ensuite quoi en faire à Casablanca ! Je pense
que les liaisons avec le Maroc, tout en restant libres
souffraient néanmoins brutalement d’une désaffection
de leur clientèle, inquiète des turbulences agitant l’Al-
gérie voisine. Bonne affaire donc pour la Compagnie
Paquet de remplir ses cales en plus de ses cabines subi-
tement boudées. Le profit rejoignant l’idéologie, le de-
voir devenait évident : voguons de concert vers «
Casa !
Rien d’évident cependant pour les « Aspis » face
à leur responsabilité réapparue en quelques minutes :
encadrer une troupe, un troupeau plus objectivement,
d’hommes sans éducation militaire, totalement hétéro-
clite, géographiquement, intellectuellement, sociale-
ment, professionnellement, etc., toutes ces choses en «
- ment- « que vous souhaiteriez ajouter.
Mon incorporation avec le grade d’Aspirant me
valut le privilège d’être après le Capitaine, le plus an-
cien dans le grade le plus élevé. Je fus donc « C2 » de
la troupe ; en conséquence le « C1 » refila les jours sui-
vants à son subalterne toutes les petites corvées l’en-
nuyant, quelques joyeusetés que je vous conterai au fil
du voyage en vue.
Dans l’immédiat, il fallait prendre en main cette
roupe absolument invraisemblable. Presque huit cents
garçons extraits de leurs milieux familiers, voire de
leurs familles, certaines avec femme et enfants, pour un
service républicain dont on savait tous qu’il serait long.
Imaginez maintenant un autre garçon à peine plus âgé,
correctement habillé ce qui n’était pas leur cas, venant
leur donner des ordres dont ils ignoraient la finalité. Les
grades ? Peu savaient les reconnaître. Fallait donc ex-
pliquer, comme ça, au pied levé !
Leur premier contact avec l’armée les déconcer-
tait. Le camp sainte Marthe était propre mais vétuste et
mal équipé ; donc mauvaise impression à l’arrivée pour
n’importe lequel de ces jeunes.
La distribution des tenues était choquante : des
uniformes rarement neufs, généralement usés, rapiécés
plus ou moins nettoyés ; ils revêtaient les jeunes pour
leur traversée pour être échangés de l’autre côté contre
des vêtures de meilleure qualité et revenir plus tard sur
le dos des libérés et ainsi de suite. Je reçu ainsi moi-
même une tenue d’été dont les jambes du pantalon
n’avaient pas la même teinte sur toute leur longueur car
rapiécées… Cela ne m’émut guère car j’étais au courant
de cet usage de magasiniers d’une armée budgétaire-
ment pauvre. Les bleus l’ignoraient, alors troquer leurs
habits civils contre ces oripeaux fut totalement décon-
certante. Le passage chez le coiffeur n’améliora pas le
moral de ceux dont la coiffure nécessitait d’être recti-
fiée règlementairement.
La découverte de la vie militaire avait parfois
des aspects cocasses ; ceci je l’ai vu : on remit aux bleus
des gourdes et des quarts ; petits équipements tous de
récupération et pas nettoyés ! Comment les décaper ?
Une seule solution : frotter avec le seul matériau dispo-
nible, le gravier des allées du camp ; elles devinrent ra-
pidement toutes très propres… J’ignore s’il en fut de
même des quarts. Culturellement notre troupe était un
échantillon remarquable de la population française ;
11 : La Koutoubia
13 : By Marseille!
13 : Gibraltar.
18
j’eus les jours suivants la possibilité de mieux connaître
les trente jeunes de ma section ; une palette remar-
quable allant de l’analphabète à l’instituteur. Sociale-
ment l’échantillon aurait certainement passionné un
spécialiste. N’ayant pas cette qualité, je me borne à re-
later un cas exceptionnel : l’un des bleus -18 ou 19 ans
- se présenta avec un rapport de gendarmerie attestant
son existence en concubinage notoire avec une veuve,
mère de six enfants, dont il était le seul soutient… Le
règlement était net : renvoi immédiat dans son foyer.
Bien…
Maintenant, tout ce petit monde, il fallait l’ame-
ner sur le port, le faire monter dans un bateau et l’y ca-
ser dans la soute aménagée à cet effet, sorte de qua-
trième classe ! Il fallait également lui présenter son fu-
tur dans les trois jours à venir, jusqu’à Casablanca. Pas
facile tout cela. En 57 ou 58, cela devient un peu flou
dans ma mémoire, des jeunes se couchèrent sur les rails
de je ne sais plus quelle gare pour bloquer un train vers
Marseille, chargé d’un contingent de recrues destinées
à l’Algérie. Imaginez l’inconfort de quelques « Aspis
bruts de décoffrage » chargés d’amener à la manœuvre,
dans un inconfort total, une troupe chargée d’une telle
mentalité ! Heureusement l’absence de cohésion entre
ces jeunes rendait passivement obéissante cette petite
troupe de rouspéteurs.
15 mai 2020
Embarquement.
Ce fut une surprise…
En transit à Marseille dans l’attende d’un ache-
minement vers l’Algérie, le Colonel, commandant le
camp Sainte Marthe nous apprends inopinément un
beau matin que toute notre troupe était désormais mise
à la disposition de la base aérienne de Marrakech, em-
barquement le plus tôt possible sur le SS Koutoubia de
la Cie Paquet, pour un départ dans l’après-midi vers Ca-
sablanca.
Exécution !
Le Capitaine qui avait
organisé ce départ, disons
précipité, en outrepassant
l’embargo nous retenant à
Marseille, nous donna ses ins-
tructions pour l’embarque-
ment. Le Colonel qui avait
l’habitude de ces choses-là en
général et des transports en
commun dans Marseille en
particulier, ajouta les siennes
pour nous expédier vers le
port, tout heureux de nous
voir partir; les bus étaient là !
« Va pouvoir retourner
à la pêche, le Vieux »,
entendis-je ronchon-
ner mezza-voce…
Fort heureusement
nous avions veillé au respect d’une consigne perma-
nente dans cette base de transit : les baluchons ou can-
tines toujours prêts pour un départ.
Cependant c’était rapide, précipité ; en fait je
compris par la suite que notre Capitaine et le comman-
dant de la Koutoubia voulaient ainsi prendre de vitesse
l’autorité civile qui veillait à ce que l’embargo soit scru-
puleusement respecté.
« Qui est le plus ancien ? »
14 : Au large de l’Espagne.
15 : Tanger, camelots.
19
Je me présentai…
« Lieutenant, veillez à ce que le courrier soit
distribué avant de quitter Marseille ».
Une seule certitude : je devais découvrir le tra-
vail postal ; or le vaguemestre ainsi que les postiers
n’étaient pas, de toute évidence, en permanence à la dis-
position d’un bonhomme dont ils ne soupçonnaient
même pas l’existence à l’instant. Le temps de confier
ma cantine à deux recrues, deux « instits » qui m’inspi-
raient confiance, je harponnai le vaguemestre pour nous
rendre illico de concert à la Poste. Quelques explica-
tions, attente un peu longuette, ma visite étant « avant
l’heure » et retour au bercail, désormais le bateau.
Surprise, tout le monde était à bord, ma cantine itou ; le
Commissaire de bord installé à l’entrée me précisa, iro-
nique, qu’on n’attendait plus que moi ; c’était un peu
vrai.
Je raconte cela rapidement, car dans ce remue-
ménage, tout s’accomplit si prestement que je ne con-
serve qu’un souvenir flou de la chronologie exacte des
faits ; toutefois c’est bien à bord que je distribuai le
courrier ; pas facile, c’est grand un bateau et pas moyen
de former le « carré » pour ce genre de circonstance.
J’eus tout de même la possibilité de rejoindre les
copains pour admirer le largage des amarres et la sortie
du port… Peu de civils ! Un vrai transport de troupe.
Non : une base aérienne flottante sans aéronef.
Confinés à bord !
16 mai 2020
Confiné en mer
La soudaineté de notre ordre de route et sa rapi-
dité d’exécution créa un risque de désœuvrement pour
toute notre petite troupe. Nous embarquâmes tous avec
un minimum de bagage : outre le paquetage militaire,
quelques vêtements civils et peu de choses autres.
Personnellement ma seule richesse était un ap-
pareil photographique 24x36 acheté à Marseille avec la
maigre cagnotte que j’avais conservée jusque-là, un
instrument de bas de gamme ; quittant pour la première
fois la métropole pour un séjour de longue durée dans
une contrée inconnue, j’avais ressenti impérieusement
la nécessité de me munir de l’essentiel pour conserver
quelques souvenirs de ce qui m’attendait. J’étais donc
« fauché » … En revanche je n’avais rien à lire et pra-
tiquement rien pour combler cette lacune… Toutefois à
bord d’un simple vapeur transformé en transport de
troupes les distractions étaient quasiment inexistantes ;
seule consolation : aucune raison de puiser dans mon
escarcelle quasiment vide. Mes camarades étaient tous
dans une situation identique aux détails personnels
près. En bref, en dehors de l’encadrement, très peu
d’activités en perspective. Quant aux « bleus » … Les
pauvres ! Même avenir immédiat mais entassés dans la
cale !
Eux, c’était bien plus grave. Irrités par leur dé-
plorable séjour marseillais, les conditions de voyage
qui leur étaient imposées ne pouvaient qu’aggraver leur
mécontentement. Parmi nos centaines de recrues ainsi
traitées, confinées sans aucun confort dans un espace
restreint, les idées ne pouvaient que fermenter ; en outre
l’effectif était suffisant pour que nous ayons, statis-
tiques aidant, la certitude de présences de quelques me-
neurs susceptibles de faire monter discrètement la ten-
sion dans la troupe.
Le seul remède : occuper inlassablement ces
jeunes gens. En situation normale l’instruction, alter-
nant sans relâche avec de classiques corvées, constitue
la thérapie. À bord avec en outre la présence continue
de civils, on fait ce que l’on peut : pratiquement pas
grand-chose ! Heureusement, en dépit de nos craintes
le périple fut relativement calme.
Et pourtant… attendez la suite !
16 mai 2020
Déconfinement à Tanger.
Quittant Marseille en fin de matinée, La Kou-
toubia navigua vers le Maroc en longeant les côtes.
Ce n’était certainement pas la route directe ; les rivages
espagnols, vus du large, sont bien pittoresques mais ce
n’était certainement pas pour nous offrir une balade
touristique. Aveu du Capitaine : notre départ fâche,
alors comme cela on évite un arraisonnement !
Donc, traversée tranquille, confortable pour les
cadres, bien moins pour les appelés. Fort heureusement,
en mer toutes les parties du bâtiment étant correctement
aérées grâce aux manches à air, personne, même dans
la cale n’eut à souffrir de la chaleur de plus en plus sen-
sible en descendant vers le sud.
Levé tôt, service oblige, peu après le passage de-
vant le rocher de Gibraltar nimbé de brume, j’eus la
possibilité d’assister à la manœuvre d’accostage dans le
port de Tanger. Rien d’extraordinaire mais en quelques
minutes le quai fut envahi de camelots plus bruyants les
uns que les autres. Les « bleus » émergèrent de la cale
pour se précipiter le long du bastingage la sortie à terre
étant proscrite ; les « bonnes affaires » commencèrent.
Du pittoresque : à deux reprises, je dus, privi-
lège du chef en second, me rendre à terre pour palabrer
avec la police présente pour garantir le calme et l’hon-
nêteté de opérations commerciales. Ce qui ne fut pas le
cas !
18 mai 2020
Marché déconfiné à Tanger
La Koutoubia immobile à quai, inévitablement
la température dans la cale sans ventilation augmenta
rapidement ; gêne supportable et limitée à la durée de
l’escale, néanmoins les « bleus s’égayèrent sur le pont
libre d’accès et bien aéré par un petit vent venu de je ne
sais où du large. Sur le quai, le raffut des camelots attira
inévitablement l’attention des passagers ; nos recrues
s’agglutinèrent le long du bastingage et très vite les
tractations se multiplièrent
Aucune illusion, ce qui s’étalait sur le quai
n’était probablement que pacotille, des objets
20
clinquants ; dans le cas contraire, sans illusion
également, mieux valait suspecter une origine douteuse
de la marchandise, voire carrément frauduleuse. Or la
plupart de nos jeunes devaient posséder un petit
viatique pour le voyage ; ajoutons que le sentiment
d’avoir l’occasion de faire une bonne affaire lorsqu’on
est malin sommeille toujours en chacun. Il n’en faut pas
plus pour amorcer les achats.
Le système des camelots était simple :
l’affaire se concluant, le vendeur lançait une corde vers
le bastingage permettant de hisser un couffin vers
l’acheteur lequel devait y placer le montant demandé,
ensuite le descendre vers le vendeur, enfin le remonter
avec l’objet convoité.
Quelle naïveté de procéder ainsi !
Oui, mais efficace ! Jusqu’au moment de la
première arnaque, vite constatée.
Nous étions quelques « Aspis » tentant de
calmer la fièvre de cet affairisme de mauvais aloi. Rien
n’y fit. Il y eut soudain une protestation véhémente,
l’acheteur n’ayant pas trouvé dans le couffin l’objet
convoité ; appel à l’aide de la victime qui nous montra
fiévreusement l’endroit où se trouvait l’arnaqueur, vite
disparu évidemment.
Bon, je descendis à terre pour protester auprès
des policiers ; la réponse fut évidente quoique
ironique : ce genre de commerce était autorisé, c’était à
l’acheteur d’être circonspect, enfin le voleur serait puni
à condition de le retrouver… Tanger est bien grand…
« L’ordre et la justice existent ici comme en
France, cher monsieur. »
Je retournai sur le pont, transmis la réponse de
la police à la victime qui reprit sa place contre le
bastingage en vitupérant.
Croyez-vous que ce petit monde se serait
calmé au vu de cette mésaventure ? Que nenni, les
marchandages continuèrent. Jusqu’à la réponse du
berger à la bergère…
20 mai 2020
…
Les marchandages continuèrent bon train…
Et soudain de vrais hurlements, de la hargne à
l’état pur proférée montant du quai ; coup d’œil ; des
poings se levaient, de l’agitation, bref cela
« chauffait » ! L’un des marins, de faction à la coupée,
vint demander l’Officier de service…
« Mon Lieutenant, la police veut vous
parler… »
Bon, faut y aller… Je compris immédiatement,
la naïveté était descendue à quai : dans l’échange
l’ordre des facteurs avait été inversé, un appareil
photographique était monté à bord, avant que son prix
n’arrivât à quai, mais pour disparaître immédiatement
avec son acheteur oublianr de payer, dans les entrailles
de notre navire.
Indigné le policier, indigné le vendeur en plein
délire !
Je rétorquai au policier que le vendeur avait
été trop naïf, que le fauteur serait puni et l’appareil
restitué si retrouvé, évidemment ; mais c’est bien grand
la cale d’un bateau !
Dépités, le policier et le vendeur s’en
allèrent ; il y eut des palabres assez frénétiques et puis
les camelots s’en furent ailleurs… Tout rentra dans le
calme et la cloche du déjeuner sonna, nous invitant tous
à quitter le pont. Je procédai néanmoins à une petite
enquête. Deux ou trois « bleus » me montrèrent leurs
achats, de jolis appareils photographiques acquis pour
des prix dérisoires. Ma conviction s’affirma : ce devait
être du matériel volé, fourgué là, sur le quai, à vil prix.
Les policiers se contentaient essentiellement d’être
attentif à maintenir le calme dans ce genre de
rassemblement de populace, sans trop s’appesantir sur
les petites magouilles s’y pratiquant.
Je me promenai un peu dans Tanger l’après-
midi. Ma seule visite sur la terre marocaine de toute
mon existence ! Dans la soirée, amarres larguées, retour
en mer pour une arrivée à Casablanca le lendemain
matin. Où nous constatâmes que notre passage à Tanger
avait été bien remarqué…
21 mai 2020
16 : Quelques pas au Maroc.
21
Confinement à Casa.
La nuit fut calme, le petit déjeuner tranquille et
nous accostâmes à Casablanca.
Je vous fais grâce des manœuvres, n’étant pas
marin, je n’y comprends rien ; en revanche je devais
veiller à ce que notre troupe soit prête à débarquer dès
que l’ordre en serait donné. Pas évident, il fallait être
certain que rien ni personne ne reste à bord.
Dans l’immédiat, aucun ordre de débarquer ! Je
vais aux nouvelles… Étonnant les passagers civils sont
toujours là et une foule s’agglutinait sur le quai. Je pars
à la recherche du Capitaine, le trouve et je reçois les
instructions pour la suite immédiate.
Pas simple ! Les fantaisies commerciales de la
veille furent un vrai spectacle. Des responsables poli-
tiques marocains en eurent vent et des syndicalistes tei-
gneux et francophobes déclenchèrent une grève du per-
sonnel portuaire ! Condition de la reprise :
« Exit les militaires ! »
Clair et net ! Des policiers en civil étaient en
haut de l’échelle de coupée pour nous interdire de fou-
ler le sol marocain. Mais il fallut toute la journée pour
établir un protocole permettant le débarquement des ci-
vils et du fret. Petit problème, huit cents bonhommes
pas prévus à ramener à Marseille cela prend de la
place ; on nomme cela de l’imprévu logistique qu’il fal-
lut régler pour satisfaire les dockers rouspéteurs. La lo-
gistique, que voulez-vous, c’est de la logistique tou-
jours dure… Mais c’était l’affaire des deux compères,
le Commandant de la Koutoubia et notre Capitaine, et
de quelques autres dont un Consul et je ne sais plus qui.
Les affaires de la veille remuaient du monde et du beau,
c’est selon les goûts, car la politique s’en mêlait.
Cependant pour le second du Capitaine, votre
serviteur, et ses copains s’occuper de la troupe qui n’y
comprenait rien et avait chaud dans la cale de nouveau
mal aérée, devint subitement la seule affaire sérieuse du
moment.
22 mai 2020
…
L’arrivée à Casablanca ne fut donc pas le terme
de notre traversée, seulement une escale de trois jours
précédant un retour vers le point de départ. La suite ?
Inconnue ! Situation embarrassante pour notre hiérar-
chie, acceptée avec plus ou moins de flegme selon le
grade chez les subalternes. Fort heureusement une brise
océane tempérait la température, surtout dans la cale. Il
était nécessaire d’occuper les recrues ; on y parvint et
l’équipage de La Koutoubia s’ingénia même à organi-
ser une séance de cinéma, sur le pont, la nuit tombée.
Les « Aspis » normalement placés en seconde, furent
contraints, les pauvres, à accepter de passer en première
pour les repas, l’afflux de passagers le nécessitant. Je
n’ai jamais trouvé mieux dans les mess… Notre service
nous laissa toutefois beaucoup de loisirs.
J’eus néanmoins un gros souci. Le Capitaine
m’avait demandé, dès le départ de contrôler régulière-
ment l’effectif ; outre des entrées et des sorties
régulières il y avait toujours le risque de cas d’indisci-
pline. Il est difficile de s’échapper d’un navire en mer
et à terre, là à Casablanca la passerelle était surveillée
jour et nuit par la police. Confinés ? Prisonniers, oui !
Mais sait-on jamais…
Surveiller l’effectif c’était simple. À l’heure des
repas nos recrues défilaient une par une devant un
comptoir pour recevoir leurs plateaux tels que préparés
par les cuisiniers, rapide et simple aucun choix n’étant
possible ; il suffisait de compter avec deux ou trois
d’entre nous immédiatement disponibles pour vérifier
éventuellement la présence dans la cale de tout absent
à la cantine ; avec le mal de mer c’était banalement pos-
sible ; mais curieusement cela ne s’est point produit.
Catastrophe ! Lors du comptage à Casablanca, il
17 : Exit ! Retournez chez vous !
18 : Confinement à Casa.
22
me manqua un homme ! vérification re-vérification,
rien à faire il m’en manquait toujours un. Appel normal
et on identifia l’absent. Évidemment j’en informai le
Commissaire de bord, j’en informai également les po-
liciers marocains en faction qui avertirent leur hiérar-
chie. Cela paraît risible mais un acte d’insubordination
est toujours envisageable, surtout dans nos conditions
de confinement à bord ; un coup de tête et s’éclipser
discrètement à la nage devait être parfaitement jouable
pour nombre de nos recrues.
Le départ était inéluctable et nous quittâmes Ca-
sablanca avec cette absence inexpliquée ; des compli-
cations en perspectives ! Et puis lors du premier dîner
après le départ, je parlai de cela à mes camarades, cha-
cun donnant son avis. Or, je vous rappelle que nous
étions dans le restaurant de première, en compagnie des
Officiers du bâtiment ; le médecin qui nous entendit in-
tervint :
« Mais j’ai débarqué une appendicite chez l’un
de vos jeunes à Tanger ! »
Ouf !
L’information qui
aurait dû circuler n’avait
pas circulé. Devenu mili-
taire patenté, Je n’en cher-
chai point les raisons et le
lendemain je régularisai ce
cas avec le Commissaire
de bord.
Enfin le surlende-
main, de très bonne heure,
nous débarquions à Mar-
seille.
Mais ce n’était pas
fini.
22 mai 2020
Confinement ferroviaire.
Je suppose que toutes sortes de chefs s’étaient
penchés sur notre sort. Je suppose également que la
qualité de la nourriture, à nous servie, préoccupât peu
notre hiérarchie militaire ainsi que d’autres éventuelle-
ment. Je vous rassure, en première ma fois ce fut excel-
lent, dans la cale, j’ai vu mais je n’ai pas goûté néan-
moins le peu de râleurs m’incite à penser que ce devait
être au moins supportable…
« La soupe est bonne ? »
C’est du folklore courtelinesque ! Un détail ri-
golo cependant…
Quelques semaines plus tard, quand toute cette
histoire fut calmée et votre serviteur affecté à titre pro-
visoire dans un service installé dans des écuries, oui,
bien connues, celles de Grand Roi, devant son modeste
château à Versailles, je profitai d’une permission de fin
de semaine en famille, la belle famille à Haguenau. Ma
future belle-mère qui avait le sens de l’humour, me ra-
conta que sa grande amie, ma mère, avait été rongée par
l’angoisse de me savoir sur la Koutoubia, dont le
ridicule transport de troupe avait eu les honneurs de la
presse !
« Mon pauvre gamin, mais il doit mourir de
faim ! »
Grande fut la difficulté de la convaincre d’aban-
donner son obstination à me faire parvenir des con-
serves… Des sardines qui prennent peu de place et sont
nourrissantes… Ma pauvre mère ! Elle ignorait que la
Compagnie Paquet traitait ses passagers en première
avec délicatesse, avec du caviar, un bon aspect de ce
voyage fou.
Bon, revenons à l’important. Nos chefs s’étaient
occupés de notre sort et on nous attendait à Marseille
sur le quai où nous débarquâmes rapidement. Des bus
nous attendaient et la suite était bien organisée. Un
vingtaine d’« Aspis » chacun avec une section - il ne
manquait qu’une recrue et j’avais suffisamment souf-
fert pour en être certain et de plus savoir où elle était -,
reçurent chacun un ordre de route vers une destination
en métropole.
En ce qui me concernait et cinq de mes cama-
rades avec nos sections,
nous fûmes immédiate-
ment conduits dans une
vague gare de la banlieue
marseillaise, un convoi
spécial nous y attendait
pour nous mener jusqu’à
Toulouse. Trois sections
dont la mienne étaient af-
fectées à Toulouse même,
les trois autres devant con-
tinuer avec un train régu-
lier vers Bordeaux.
Plus ancien dans le
grade, refrain sempiternel,
j’eus l’honneur d’être chef de train ! On me refila, avant
le départ une enveloppe scellée contenant les livrets mi-
litaires des six cadres, ceux de la troupe n’existant pas
encore ou étant ailleurs, je n’ai jamais su… Il revenait
aux services des effectifs des bases qui allaient nous re-
cevoir, de se débrouiller à ce sujet.
Et ce n’est toujours pas fini…
23 mai 2020
…
Tout le monde en voiture !
Six aspirants et six sections d’environ trente ap-
pelés chacune ; des appelés n’ayant même pas un mois
d’ancienneté militaire, laps de temps vécu dans des
conditions lamentables, mal nourris la plupart du
temps, mal logés tout le temps, désœuvrés et compre-
nant peu ce qui leur arrivait ; à ce propos nous n’en sa-
vions guère plus.
Tout ce petit monde chargé dans un train, lesté
sans excès d’un en-cas matinal et d’une boîte de con-
serve individuelle, héritière de la fameuse ration « K »,
pour le trajet sachant qu’il se prolongerai tard, loin dans
la nuit ; aucune urgence, alors notre convoi serait
19 : Toulouse Francazal
23
acheminé durant les créneaux laissés libres par le trafic
ordinaire… Un agent de la SNCF, au départ m’avait
prévenu du caractère inhabituel et improvisé de notre
convoi donc sans horaire prédéfini.
Le train, comme un bateau, tant que cela se dé-
place difficile de s’en échapper. Mais notre train aurait
certainement des arrêts et je ne me faisais guère d’illu-
sion : six aspirants pour assurer un minimum de disci-
pline dans ce train rempli de « bleus » sans instruction
militaire et empreints de rancœur contre l’armée, nous
aurions tôt ou tard des problèmes.
Le train avait une composition simple : une voi-
ture de 1ère au centre pour les cadres, trois voitures or-
dinaires devant, autant derrière. Je réunis mes cama-
rades dès le départ en leur indiquant que nous devrions
chacun surveiller une voiture à chaque arrêt éventuel
afin que nos « bleus » ne se dispersent pas. Peu d’illu-
sion à ce sujet également, un cadre par voiture, c’est
tout ce que nous pouvions faire mais chaque voiture
possédait classiquement une porte de chaque côté à
chaque extrémité ! Quatre au total ! On m’avait pré-
venu d’un arrêt au moins à Bézier pour un changement
de locomotive.
J’oublie nos livrets. Nous étions six, pour l’ins-
tant réunis ; mais ensuite, quelle répartition ? Nous en
serions informés à Toulouse. J’ouvris l’enveloppe scel-
lée et remis à chacun son livret, document essentiel de
son statut militaire. Petit fait ayant eu son importance
pour nous : le dernier « pailleux » chargé de les mettre
à jour, sans doute pressé par le temps dans la suite
ubuesque d’ordres et de contre-ordres que nous vivions,
avait sommairement mentionné les permissions accor-
dées avant nos mises en route vers l’AFN sur de
simples feuillets ; avec un ensemble touchant, les feuil-
lets disparurent… Belles mentalités, au pluriel car
nous étions six.
Béziers est proche…À tantôt pour le sac…
24 mai 2020
Béziers, Toulouse
Notre convoi n’était pas de première jeunesse ;
en 1958 la SNCF faisait encore rouler du matériel digne
de son futur musée à Mulhouse. Enfin, ce qui est visible
à Mulhouse est bien nettoyé, réhabilité si nécessaire,
propre à faire rêver des pittoresques voyages du passé.
Ce jour, 20 mai nous étions dans ce passé, le pays se
reconstruisait difficilement et ce matériel rescapé de la
guerre qui nous portait jusqu’à Toulouse en brinquebal-
lant était peu confortable ; nos « bleus » étaient encore
abrutis par leur réveil fort matinal en fin d’une mau-
vaise nuit de plus dans une cale inconfortable, le ventre
creux et le gosier sec ; en outre, le soleil chauffait…
Après un dernier cahot, le train stoppa en gare
de Béziers et rien ne pouvait s’opposer au déferlement
de nos recrues vers le buffet, par-dessus les quais et les
voies au mépris de la sécurité. Ce fut bien laborieux de
ramener tous ces jeunes gens dans leurs wagons ; le
2 Excepté le « restau » des premières, sur la Koutoubia.
calme revenu, une nouvelle locomotive en tête, l’agent
de la SNCF siffla le départ.
Enfin, tard dans la nuit nous arrivâmes à Tou-
louse-Matabiau dans une gare presque déserte excepté
quelques wagons de marchandises parqués là, le long
du même quai. Un spectacle comique nous attendait. Si
nos jeunes s’égayèrent immédiatement sur le quai, l’un
des wagons de marchandises, mal fermé sans doute per-
dait sa cargaison… de cochons ! Un bonhomme, com-
plètement paniqué nous héla, demandant notre aide.
Tout rentra dans l’ordre et un petit comité d’accueil
nous pris en charge.
Trois sections dont la mienne restaient à Tou-
louse pour être conduites à la Base Aérienne de Fran-
cazal, ce qui mettait fin à notre périple. J’eus néanmoins
une dernière corvée : dresser un état des lieux, je de-
vrais dire des wagons, avec un employé de la SNCF ;
désolant : certains de nos jeunes ayant abusé de bois-
sons alcoolisées achetées à Béziers s’étaient comportés
comme des vandales durant la dernière partie du
voyage. Flegmatique, le cheminot m’affirma que de
tels comportements dans ce genre de circonstances
étaient habituels… Hélas !
27 mai 2020
Confinement absolu
Je vous ai conté ce périple méditerranéen car, tel
que je m’en souviens encore, c’est un remarquable
exemple de confinement total.
Durant presque deux semaines, l’existence d’en-
viron cinq cents jeunes gens, chapeautés par quelques
autres jeunes à peine plus âgés, fut strictement conduite
dans un mépris absolu de leur volonté.
Venus de tous horizons, cette petite troupe fut
promenée de Marseille à Toulouse en passant par Tan-
ger et Casablanca, vêtements minables imposés, nour-
ritures2 comestibles sans plus imposée, logements
sommaires imposés, inactivité imposée… Somme
toute, de la marchandise, ni plus ni moins. Et pour-
quoi ? Pour rien ! Rien, absolument rien !
Durant plusieurs jours des politiciens magouil-
leurs s’agitèrent à Paris, perdant le contrôle de notre
pays donc leurs petits avantages, des militaires ayant eu
le courage de contester leur inconduite. Il fallut encore
plusieurs jours pour qu’un homme déterminé balayât
radicalement cette chienlit dont notre pays fut débar-
rassé durant quelques années, les fameuses glorieuses.
Le choc fut brutal, on en parle encore et nos jeunes éco-
liers ne connaissent que cela à travers leurs livres d’his-
toire.
Et dans le même temps une petite poignée de
jeunes devenus les aïeux des jeunes d’aujourd’hui, ces
aïeux vécurent, car ils étaient bien vivants alors, comme
de vulgaires marchandises inutiles, inertes, ballottées
dans l’ignorance quasi-totale de ce qui se passait…
24
Mésaventure qui n’intéressa personne à l’époque, par-
ticule de poussière dans notre histoire mais qui coûta
cependant quelque argent au contribuable qui ne s’en
aperçut même pas ; mésaventure qui continue toutefois
à barber tous ceux qui lisent ce que je raconte, j’en suis
désolé.
Mais il fallait que je raconte. Des magouilleurs,
virus de notre société moderne, se manifestent de nou-
veau, pleurnichant mais se bousculant pour remonter
sur leurs piédestaux et nous dire ce qu’il aurait fallu
faire s’ils avaient pu faire à la place de ceux qui ont fait
car élus pour faire ce qu’ils pensaient devoir faire. Vous
ne suivez plus ? Moi idem, mais c’est ainsi, le déconfi-
nement de mon cerveau reste à faire. D’accord, ce virus
chinois fut meurtrier, mais ce que je viens de raconter à
la suite d’autres souvenirs doit rappeler que notre so-
ciété a subi d’autres événements, parfois pires, dans le
genre privatif de liberté. Pires ? Entre autres, le virus
politicien et magouilleur de nouveau à l’époque dont je
viens de parler fut proportionnellement tout aussi meur-
trier dans la gens militaire que le « covid », une gens
militaire constituée, toujours à la même époque, majo-
ritairement et démocratiquement de civils confinés à
cet effet, ne l’oublions pas.
Déconfiné
Je suis à Thaon.
L’air y est vif et, avec un peu d’attention, la fraî-
cheur reste confinée à l’intérieur de la maison en dépit
de l’ensoleillement à l’extérieur.
Confinement ? Confinement ?
« Kécekça ? »
Personnellement je me suis posé la question
l’avant-veille du discours de Monsieur Notre Président,
pardon, devenu depuis quelques jours Monsieur-Bouc-
Émissaire des malheurs du pays de râleurs assez irré-
fléchis que nous sommes.
« Kécekça ? ». Donc, j’ai essayé de répondre
avec ce qui me passait dans la tête… Alors, blablas…
J’en ai rempli une soixantaine de pages que je vous ai
livrées. Furent-elles lues ? Un peu, selon quelques
échos que j’ai notés, merci Christophe.
Mon opinion affirme toujours que dans ce forum
de généalogistes, non seulement la généalogie clas-
sique y prend place, avec sa végétation, mais encore de-
vraient s'y ajouter les témoignages des feuilles contem-
poraines que nous sommes sur leurs existences quoti-
diennes. Ces écrits venant du passé nous font cruelle-
ment défaut à nous, les feuilles contemporaines, alors
donnons à lire à nos descendants !
Pierre, ton diagnostic je le conteste en ce qui me
concerne ; je suis souvent venu bavarder mais avec
l’impression de le faire dans le vide… Excepté
quelques excuses : occupée ou occupé à autre chose….
Je proteste ! J’en ai peu parlé mais en moins de deux
ans j’ai failli crever deux fois, récupéré sur le billard
juste à la sortie de l’ambulance ; néanmoins, même à
peine recousu, je suis toujours revenu ici pour bavarder.
Ma recette ? Comme naguère à l’époque du ser-
vice militaire consacré, pour ma génération à maintenir
de l’ordre : marche ou crève !
À ce propos on entend beaucoup de blablas en
ce moment sur la manière de maîtriser un individu re-
fusant d’obtempérer ; blablas proférés par de braves
gens experts en analyses abstraites, parfois revêtus de
belles robes écarlates toutes décorations pendantes…
Ont-ils travaillé, pour de vrai, les manières d’étrangler
ou de porter une clé de cou car ce n’est pas la même
chose ? La clé de cou… Ce n’est pas le larynx qui est
le plus en danger, mais les vertèbres cervicales, elles
rompent comme un rien ces petites choses. Les arts
martiaux, cela se travaille assidûment comme toutes
techniques ; nonobstant, sur le terrain, le policier réagit
avec ses réflexes qui restent des réflexes quel que soit
son entraînement et face à des adversaires agités, par-
fois n’importe comment si l'entraînement est insuffi-
sant, faute de temps… Alors la casse est inévitable.
Bon, je reviens à la généalogie…
Pour le témoignage de notre vécu… On a loupé
une belle occasion de témoigner sur ce que nous avons
vécu…
Dommage.
Mais j’oublie l’essentiel :
Il fait beau.
1er juillet 2020
Mots déconfinés
Je vous parlai avant-hier de mon habitude de
laisser ma télévision débiter sons et images sans y prê-
ter une attention particulière… J’écris ou je dessine ou
je m’occupe à autre chose, par exemple ranger la vais-
selle, passer l’aspirateur, bref du bien plus important
que les blablas portés par les ondes. Et soudain des
mots, pas une image, des mots attirant l’attention car
moins banals que le flot auquel ils sont mêlés ; avant-
hier j’entendis ainsi subitement réclamer le droit cons-
titutionnel de ne pas porter le masque. Ah ! Mais !
Bousculer nos droits constitutionnels, de quoi laisser
tomber la pile d’assiettes à peine sorties du lave-vais-
selle ! Peu après, hier dans l’après-midi, méprisant la
sempiternelle image des flammes dans la cathédrale de
Nantes, j’entendis soudain :
« … une nébuleuse anti-chrétienne… »
Des mots émis posément, calmement, émer-
geant clairement de fades blablas !
Je lève le nez, j’écoute et je regarde.
Ce n’était plus la cathédrale mais une table
ronde d’experts ou de généralistes. Vous savez : le gé-
néraliste, c’est celui qui ne sait rien sur tout et l’expert
celui qui sait tout sur rien… Au même instant l’identité
de l’intervenant défilait dans le bandeau disposé à cet
effet en bas de l’écran : un général chargé de la sécurité
civile, vraisemblablement au Ministère de l’Intérieur.
Pour une fois, un expert, ni journaliste, ni politicien,
dont il était permis de supposer qu’il connaissait non
25
pas tout mais de sérieuses bribes, non pas sur rien mais
sur une petite parcelle de notre société.
Du parler « vrai » ! Rare ! Et continuant dans la
même tonalité :
« … trois départs de feux, bien distants, dans
une église exceptionnellement fermée à clé, for-
cément, on se pose des questions… »
Hé ! Ho ! Ce n’était point Madame… - vous
vous savez à qui je pense - haranguant ses fidèles mais
un fonctionnaire de haut niveau, non un militaire de
notre Grande muette !
Ce franc parler me plut, et j’avoue, je pense
ainsi ; tout un chacun ne pense pas nécessairement à
l’unisson ou s’il est une autruche, pense qu’il est sca-
breux de penser ainsi. Une table ronde c’est comme un
forum, tout un chacun s’exprime librement sans peur ;
alors immédiatement dans ce cas précis, à moult re-
prises se bousculant, j’ouïs :
« Oui, oui, évitons les amalgames, attendons les
résultats de l’enquête… »
Commentaires courageusement prudents, édul-
corants, dirais-je si j’étais diplomate… 28 mai 2020
Confinement de déconfinement
Le gamin est de retour en France depuis ven-
dredi soir. Cinq mois de service, sept jours sur sept, en
République Centre-africaine, ce n’est pas du tou-
risme… On parle beaucoup de courageux de première
ligne contre le virus en ce moment, honorés le 14 juillet.
Ceux d’Afrique on en parle moins, dix-sept tués cepen-
dant… Bof ! ils sont payés pour cela me rétorque-t-on
lorsque j’en parle.
C’est du banal. Ce qui suit l’est moins…
Ce retour d’Afrique déjà retardé par la nécessité
d’attendre la relève retardée elle-même par je ne sais
quoi relatif au satané virus, se prolonge dans un camp
de confinement en Ardèche, tout le détachement, lé-
gionnaires et cadres.
Visites et contre-visites, beaucoup de précau-
tions… Personnellement je comprends cette nécessité,
les épouses et les enfants de ces hommes comprennent
moins facilement. Cela étant voici la cerise sur le gâ-
teau.
Ces militaires sont loin d’être des débutants, des
gaillards solides physiquement et mentalement, ayant
l’expérience de ce qu’ils ont vécu. Oleg par exemple en
est à sa cinquième campagne de plusieurs mois, en
Centre-Afrique après deux séjours au Liban, puis en
Irak et ensuite au Mali. Jamais de problèmes au retour.
Eh bien le gamin doit passer entre les mains d’un
psychologue pour se réadapter à la vie familiale !
Question :
Sur quelle expérience identique, personnelle-
ment vécue, le psychologue peut-il se référer pour con-
seiller ses patients ?
Aucune ? Cela risque de fâcher !
Même date
Révolution
L’Évêque de Rouen possédait une résidence
d’été : un magnifique château, construction de la Re-
naissance à Gaillon. L’autoroute passe à proximité et la
visite est bien tentante lorsqu’on se rend en Normandie.
La magnifique construction est en grande partie ruinée.
La Révolution est passée par là…
Le simple mot de révolution me hérisse le poil !
Ma famille souffrit de ce genre de tempête, morts, pri-
sons, séparations pour quels résultats ? Difficile de gé-
néraliser, mais très naïvement, de toutes ces événe-
ments que j’ai connus par la lecture de leurs histoires et
pour l’un de ce que ma famille vécut jusqu’à la chute
d’un mur misérablement célèbre, je retiens l’idée
qu’une classe dirigeante disparait au profit d’une autre.
Pour le reste… La populace, elle évolue comme elle
peut.
Nonobstant, il faut prendre aux riches et à
quelques autres pour créer quelques nouveaux riches.
En l’occurrence, à la fin du XVIIIe siècle on prit à
l’Évêque de Rouen une propriété pour la livrer à des
carriers. Le château de la Renaissance fut démantelé et
quantité de ses belles pierres bien taillées furent expé-
diées vers de nouvelles demeures ; dans ce courant, cer-
tains s’en mirent plein les poches, pas des pierres évi-
demment mais beaucoup d’espèces sonnantes et trébu-
chantes.
Bon, je dénigre… les révolutions ont parfois des
effets heureux ; à l’poque où les pierres changeaient de
propriétaires et d’affectations il en fut de même de
nombreuses bibliothèques quittant château ou monas-
tère pour enrichir écoles ou universités.
Conclusion de ces blablas : les pierres dans cette
image ne pouvaient pas servir à grand-chose, alors la
colonnade resta en place… Ainsi que quelques autres
gros morceaux, faute de temps suffisant pour les car-
riers !
J’avoue, ces jours-ci le temps est détestable en
Normandie, alors je suis de mauvais poil !
23 juillet 2020
Monnaie pas confinée
La monnaie européenne méprise le virus ! Du-
rant les journées de confinement, j’eus la curiosité
d’examiner quelques exemplaires de notre monnaie…
Il faut avouer que désormais, PayPal et autre officines
sur l’Internet via le portable ou le « laptop, la carte avec
ou sans contact, font que l’on oublie facilement au fond
des poches les menues pièces et piécettes qui y
échouent de temps en temps, rendues après un paiement
avec un billet pour un « petit noir » sur le « zinc » ou
toute autre bricole… pièces et piécettes passent de la
poche aux tiroirs et lorsque l’épouse n’est plus là et les
petits enfants sont au loin, un jour ou l’autre il faut net-
toyer, regrouper le tout dans une boîte en remettant à
plus tard, flemme oblige, la réponse à la question :
« Qu’en faire ? »
26
Il y a peu, le temps n’incitant pas à la prome-
nade, je m’amusai à regarder ces bouts de métal en es-
sayant de distinguer ce qui figure sous la crasse. Il faut
bien tuer le temps et la « téloche » n’ayant jamais mes
faveurs, je vidai la boîte…
Évidemment je ne trouvai pas dans la boîte les
belles émissions en argent ou en or, loin de là, mais s’y
trouvaient quelques commémoratives, Le « Grand
Charles », « François II » (Mitterrand) successeur du «
Premier » qui concocta un monument moins lourd que
ceux du suivant, je cite l’Édit de Villers-Cotterêts, im-
posant en particulier aux curés de tenir des registres pa-
roissiaux, etc… Et plus récemment le roi « Euro » pour
son dixième anniversaire, etc. Petits jalons de notre
histoire ! L’intérêt des commémoratives est leur lisibi-
lité, elles circulent moins, semble-t-il, donc sont moins
crasseuses !
Le tout-venant, le banal, véhicule des curiosités.
Tout d’abord la carte de l’Europe, visible à
l’avers. Celle des premières frappes en 1999 diffère de
celle des émissions récentes. Normal ! L’union évolue
mais le tracé me paraît peu évident ; Qu’en sera-t-il, par
suite du « Brexit » ?
Les revers portent des allégories, des monu-
ments, des blasons, des personnages, des animaux de
quoi s’amuser quand on est devenu une « vieillasse » !!
Certaines images sont évidentes : la chouette grecque,
la porte de Brandebourg à Berlin, Cervantès en Espagne
et je pense avoir distingué Mozart en Autriche… Je
trouve peu original l’hexagone bien à nous.
Si Béatrice de Hollande et feue Marie-Thérèse
d’Autriche sont bien connues, j’ignore qui est d’où est
Letzbuerger… Les minuscules monuments espagnols,
crasseux, graisseux et oxydés, accompagnant les 1 et 2
centimes, sont des énigmes contrairement aux alle-
mands nommés.
Enfin comment expliquer la semeuse française,
la lyre irlandaise, le volatile finlandais, le cavalier ita-
lien ?
Reste pour moi le mystère des pièces émises
dans les petits pays, Vatican en tête… Jamais trouvées
dans ma poche ! Bon, il suffit de chercher sur l’Internet
et on trouve, mais c’est moins rigolo.
C’était ma déraison, inodore et insipide, de ce
matin. Séjournant actuellement à Deauville où se trou-
vent également de nombreux voisins en dépit des pleurs
des cafetiers se disant désertés, je règle toujours mon «
petit noir » place Morny avec un billet et je récupère
pleins de piécettes exotiques…
Y compris un « peso » cubain ; original, n’est-
ce pas ? Avec sa devise : « La Patrie ou la Mort ». J’ai
parfois le sentiment que la déraison est chose com-
mune…
30 juillet 2020
20 : Gaillon, colonnade
21 : Gaillon, Château.
27
Foyers confinés, oubliés
Avez-vous remarqué ? Par-ci, par-là, le virus
contre-attaque… Belles affaires pour les journalistes en
quête de faits que l’art du discours permet de rendre
sensationnels à l’envi. C'est tout bon pour gonfler le
taux d’écoute !
Tout phénomène naturel, en fin d’occurrence et
en l’absence d’un fort amortissement, s’achève inévita-
blement par une succession de hauts et de bas. Il devrait
en être ainsi de la pandémie. Les présentations alar-
mistes ne font que brouiller notre compréhension des
reprises locales de la pandémie, processus naturels,
avec le risque de nous rendre méfiants envers les con-
seils de prudence qui nous sont prodigués.
Tous les moyens sont bons pour frapper les es-
prits. Nos bonimenteurs, pour paraître « branchés » et
rendre indiscutable leur compétence, truffent leurs pré-
sentations d’expressions anglo-saxonnes… Ainsi les «
clusters » font désormais florès lors des informations…
L’étude de l’épidémie ne doit donc exister
qu’outre-Manche ou outre-Atlantique. La recherche en
France sur ce sujet doit stagner à un point tel que notre
langue ne possède pas le vocabulaire adéquat pour en
exprimer les résultats.
Il est vrai que je suis un « foyer » de déraison !
Non ! Un cluster en bon français d'aujourd'hui.
31 juillet 2020
Confinement rédactionnel
Je râlai hier contre l’usage abusif de « cluster ».
Toute collectivité façonne inévitablement son langage
dans le but d’alléger la concertation sur ses sujets favo-
ris ; le langage évolue, modifiant ou adaptant l’accep-
tion de certains mots ou locutions, souvent au détriment
de la concision. Ce comportement existe chez les scien-
tifiques en dépit de leur devoir de rigueur dans leurs
communications, essentiellement celles destinées au
public sans compétence particulière dans le sujet vul-
garisé à son intention.
Je n’ai pas une maîtrise suffisante de l’anglais
pour discuter avec compétence de l’acception de « clus-
ter ». Toutefois de mes conversations professionnelles
naguère, je l’ai souvent entendu, utilisé pour désigner
des amas d’un peu n’importe quoi… Brassée de fleurs,
groupe de mots, etc., voire la désignation se voulant
poétique d’un cumulus dans le ciel bleu… Notez que
dans chacune de ces circonstances, le « cluster » de ba-
vards dont je faisais partie se distinguait par la variété
de ses origines, garantissant un usage souvent inappro-
prié de l’anglais au grand désespoir des purs produits
de Cambridge ou d’Eton, supportant avec un flegme
courtois ce vandalisme linguistique.
Je contribuai souvent autrefois à des travaux de
normalisation en informatique, surtout durant la fin du
XXe siècle, la mondialisation de la communication im-
posant le respect de pratiques communes : quelles
règles pour qu’un programme conçu avec un équipe-
ment particulier et enregistré de même, puisse être ré-
cupéré et utilisé sans difficulté ou presque avec des
équipements totalement différents de l’autre côté de la
planète ?
Ce fut un gros travail et l’est encore je sup-
pose… Gros travail mené pour chaque projet de norme
par un petit « cluster » de spécialistes œuvrant en an-
glais ou plus honnêtement avec un succédané d’anglais.
Autre imprécision : « cluster » désigne ici une demi-
douzaine d’individus aussi bien que plusieurs centaines
! Le projet primitivement rédigé en succédané d’anglais
doit être vérifié par des personnages ayant à la fois une
incontestable pratique du sujet et de la langue anglaise.
Il en est de même pour les deux traductions en français
et en russe, obligatoires au sein de l’« ISO », enfin
c’était ainsi avant ma retraite.
Ayant été parfois commis (pour la traduction
française) à ce genre de corvée, je me sens autorisé à
dire que c’est un cauchemar car il ne s'agissait pas de
traduire des blablas mais des spécifications d'équipe-
ments devant être aussi concises que possible ! Alors
quand j’entends « cluster » sur les ondes, j’ai peur, non
pas du virus mais de ne pas saisir exactement de quoi il
s’agit.
1er août 2020
Foyer confiné
Règlementairement, la fonction publique de-
vrait être en première ligne pour défendre la langue
française… J’ai le souvenir de mon de mon devoir na-
guère de rappeler aux fournisseurs leur obligation de
communiquer leurs documents techniques en français ;
j’exprimais ainsi souvent un veux pieux, mais je devais
le faire !
Ce matin, j’écoute les informations et qu’en-
tends-je ? Le préfet de la Mayenne discourir avec insis-
tance des « clusters » de son département. Ouvrez n’im-
porte quel livre d’histoire parlant de la vie quotidienne
22 : ½ €, Littuanie.
28
dans le Midi de la France au XIXe siècle ; on y parle
d’un foyer d’infection qui se forma dans le port de Mar-
seille après l’accostage d’un bâtiment venant du Moyen
Orient, n’ayant pas respecté la quarantaine, en dépit de
la présence d’un supposé pestiféré à son bord !
Foyer ! Tous les lecteurs comprenaient. Néan-
moins vilain mot pour un énarque de service habitué de
l’anglais passe-partout. Alors cultivons le bas peuple
avec une parcelle du savoir contenu dans « cluster »…
Cependant, Monsieur le Préfet, « cluster », possède-t-
il dans les circonstances actuelles, une acception diffé-
rente de celle usuelle de « foyer » ? Non ? Alors pour-
quoi cette préférence ? Oui ? Alors expliquez je vous
prie !
Un grand
nombre de gens que
vous et vos semblables
administrez n’ont pas
votre culture pour saisir
la nuance éventuelle ; je
suis de ces gens et je
pleure mon infortune.
Même date
Conséquence ?
L’absence de ré-
action de Marie Paule
est inquiétante mais,
hélas normale… Marie
Paule me précède dans
l’existence de trois ans
au plus, elle est de mai
31, je suis de septembre
33, mon estimation est
donc correcte grosso-
modo.
Ce qu’elle res-
sent de l’âge, je le res-
sens donc avec un petit
décalage dans le temps,
toujours grosso-modo.
Voici donc mon dia-
gnostic : avec tous les
tracas de 2019 et 2020,
rien à faire, tout ce qui
s’est passé marque le
comportement : j’ai
pris un ou deux sérieux
« coups de vieux » et je
suppose qu’il en fut ainsi pour Marie Paule en me pré-
cédant continuellement un petit peu ; elle ne court pas
plus vite mais elle est partie avant !
Plusieurs années sont passées depuis que je ren-
contrai Marie Paule dans la salle de lecture des AD88,
à l’époque ou l’absence de consultation en ligne obli-
geait de se déplacer parfois. Bougez ! Prenez de l’exer-
cice éructe parfois ma « téloche » ! C’est « ben vrai ma
bonne dame » ! Mais c’est ainsi, on bouge moins et cela
favorise les « coups de vieux » …
La vie est ainsi faite, faut faire avec !
Je suis un lointain cousin de feu, l’époux de Ma-
rie Paule. Petit sujet de discorde entre Marie Paule et
moi : selon ma chère cousine, l’ancêtre de son mari, de
Ravon la Haute se nommait Gérôme et le mien de Ra-
von la Basse, j’affirme que c’était un Jérosme ! Na !
Chacun son point de vue. J’ignore d’où Marie Paule
avait extirpé son aïeul, inconnu dans les registres pa-
roissiaux ; moi, je les avais dégotés dans un acte nota-
rié, une vente de vache en francs de Lorraine, ou je ne
sais plus quoi, un truc dans le même genre, je l’ai noté
dans un coin de mon « pc » et j’ai la flemme de recher-
cher. Mais je suis certain que le tabellion les citait
comme cousins…
Rassurez-vous,
tout cela est bien noté
pour la plus grande sa-
tisfaction intellectuelle
de l’humanité future,
Nom de Nom !
Marie Paule, j’ai
beaucoup d’affection
pour la cousine aux
écrits toujours pleins
d’humour ; ton cadet
est toujours vivant, le
souffle court ; je te sup-
pose dans le même état,
faut bien l’admettre,
alors fais-nous un petit
signe…
Bon, je cède à
l’usage météorologique
de ces lieux :
Vain Dieu ! Fait
chaud !
9 août 2020
Fleur sans confine-
ment
Bonne fête à
toutes les Marie !
Avec une pen-
sée particulière pour
notre doyenne.
p.s. : culture
"bio" expédiée de mon
horticulteur de San
Diego, ce matin, sans quarantaine.
15 août 2020
Forum presque vide
Hello ! Christophe, on ne se bouscule pas, ici
dedans !
J'ai quitté Deauville hier, le festival musical
d'août s'étant achevé vendredi avec un concert de qua-
lité : un trio, piano, flûte et violoncelle et une chanteuse.
Ce fut un plaisir ; des airs de cantates de Telemann, Co-
relli, Bach. De jeunes musiciens, maîtrisant leurs
23 : 15 août.
29
instruments, voix comprise, de surcroît curieux de l'his-
toire de leur art nous enchantèrent avec virtuosité de
leurs découvertes : des pièces peu connues... Ravissant
!
Après-demain je file pour quelques jours à
Nîmes, chez mon fils qui récupère à l'issue de cinq mois
de séjour dans le Sahel ! Pas de virus là-bas, il y a mieux
quoique tout aussi peu visible !
Il faut que je fourbisse mon russe un peu confiné
! Plusieurs Russes, certains venant de la belle province
d'Ukraine, servent dans l'unité d'affectation actuelle de
mon gamin, petit monde qui fréquente sa maison et sur-
tout son jardin et sa piscine !
17 août 2020
Jactance déconfinée
Je suis arrivé à Nîmes, un peu avant l'heure du
bain.... Les enfants y sont déjà, ce n'est pas loin, juste
en sortant du séjour. J'ai un petit problème : arrivant à
Nîmes, venant de Deauville via Vincennes, je ne suis
pas passé par Thaon dans les Vosges, vous devez savoir
où cela se trouve,
pour saisir mon
bermuda hawaïen
que je suis allé
chercher là-bas, le
beau, celui qui est
rouge avec des
fleurs blanches...
Plus
j'avance, en âge,
plus je déc... L'en-
nui est que la c...,
cela fait grimper le
rythme cardiaque,
donc use le zinizin
électronique que je
trimballe, confiné
qu'il est sous la peau mais je n'ai pas encore compris
pourquoi, me demandant comment un machin, fait pour
relancer la machine, arrive à la freiner; Un truc à être
obligé d'ouvrir pour changer la pile ! Bon, le plus urgent
est de trouver un maillot de bain à ma pointure ! Ne
vous faites pas de "mourron", le "gus" ("cézigue") s'im-
patiente, il fait juste le temps qu'il faut pour apprécier
un Bourbon, les doigts de pieds en éventail comme il se
doit, au bord de la piscine.
Vous pigez comment que je cause ? faut que
"j'm'adapte", j'ai trois "p'tits" "gniars" à qui causer. mais
il semblerait que mon "vocab" mériterait d'être actua-
lisé !
« T'es dépassé, "mec", "cé-pu" comme "c’la"
qu'on cause. »
Chères amies et amis chers, j'espère que vous
comprîtes qu'il fallait que j'en rajoutasse pour disperser
les effets du coup de soleil sur mon occiput. J'entretiens
ainsi ma déraison en profitant du réchauffement clima-
tique.
En attendant je sors, déc... au bord de la pis-
cine... Hé! Hé, "déc..." pour déconfiner ! Je vous ai bien
eus !
À "+", un jour prochain, si quelqu'un passe par
là...
J’ai oublié la date !
Arbres déconfinés
Utilisant pour la gestion de ma base de données
généalogique le logiciel des Mormons, je fréquente peu
le site de « Geneanet » ; j’en reçois néanmoins réguliè-
rement toutes sortes d’avis…. L’un d’eux, récemment
attira mon attention et je vous en communique la page
reçue par courriel.
Régulièrement, dans notre forum je parle de mes
marottes ; en vieillissant on s‘en forge des tas… Du gâ-
tisme selon les détracteurs ! Néanmoins mon gâtisme
évite la désertification. J’affectionne particulièrement
l’une de mes marottes : les histoires de familles. Vous
savez bien : des petites histoires de rien du tout ; toute-
fois je considère que sans elles nos arbres généalo-
giques auraient
l’allure de fagots
de bois sec. Ces
historiettes per-
mettront à nos re-
jetons d’avoir une
idée de notre façon
de vivre, avec nos
manies, nos joies,
nos soucis, nos
peines, petites et
grandes.
Mais il faut
écrire ; de nos
jours il semble que
cette faculté ap-
prise à l’école pu-
blique se perde dans notre société… Cela me navre et
je ne loupe jamais une occasion d’exprimer cette pen-
sée et je suis certain, ce faisant, d’avoir parfois irrité.
Alors ce message de « Geneanet » me satisfait :
ce que je viens de répéter est partagé ; cette publicité a
un petit goût commercial ? Et alors ! Rien n’oblige à
acheter pour écrire et publier… Évidemment écrire fa-
tigue et la « téloche est plus reposante…
Je prêche éventuellement encore dans le désert,
oui dans ce désert qui se forme dans notre forum. À
celles ou ceux qui pensent ainsi, mettez cela sur le
compte de mon quart d’heure de déraison… J’ai parlé
de gâtisme ? Foin de vaines discussions, c’est la même
chose et c’est de mon âge
28 août 2020
Déconfiner l’écriture
Je fuis la morosité, mais j’ai le sentiment d’avoir
pris un coup de vieux en entrant il y a quelques minutes
dans ce forum…
La jeunesse n’est pas seulement dans les artères,
24 : Écrivez!
30
elle réside aussi dans la tête ; cette jeunesse, disons vir-
tuelle pour ne pas contredire mes artères et mon muscle
cardiaque et différentes autres bricoles, cette jeunesse
virtuelle donc, me conduit régulièrement dans notre fo-
rum pour y écrire ce qu’elle pense.
Là, à l’instant, elle pense que nous avons tous
cette jeunesse, je l’espère pour le moins, car certains la
perdent et se taisent. Je ne l’ai pas perdue et elle pense
qu’il lui suffit de vouloir pour pouvoir… Pouvoir écrire
en particulier !
Dont acte ! Ce faisant il me semble apporter ici
un peu de vie.
Est-ce trop peu ? Alors, déconfinez votre tête et
écrivez !
Je change de sujet… Pierre, bien content de te
lire. J’ajoute à tes propos qu’il convient de ne pas ou-
blier dans nos recherches des documents bien utiles
dont on ne trouve pas encore les images en ligne : les
actes notariés, certains antérieurs aux registres parois-
siaux, et d‘autres vieux papiers.
J’ai trouvé l’état civil de ma belle-mère née en
1918, de parents suédois, à Beyrouth, dans un feuillet
volant attaché au registre d’écrous de la prison de
Bayonne ; feuillet inséré par la police allemande à la «
bonne » époque. Je cois bien me souvenir en outre que
j’ai établi mon cousinage avec l’époux de Marie Paule
par un acte de vente d’une vache… Trouvailles rares,
nécessitant de l’opiniâtreté, dont j’ai toujours prétendu
qu’il serait heureux de publier ici.
2 septembre 2020
Déconfinement du patois
J’hésite ! Et je me lance
Pour effleurer un domaine dont j’ignore tout : la
philologie. Pierre nous rappelle son attachement aux
langues anciennes de notre région, nos patois, ainsi que
pour la toponymie ; rien de surprenant à cela : la topo-
nymie est bel et bien une survivance tenace, quoique
émiettée, des parlers d’antan, heureusement fixée par
les cartographes
Je me répète : nous devons transmettre à nos
descendants le témoignage de notre façon de vivre - je
devrais user du pluriel - non pas sous la forme d’une
savante exégèse sociologique mais en racontant simple-
ment quelques passages de notre quotidien, nous ayant
attristés ou réjouis ou enquiquinés… Nous devons y
ajouter ce que la tradition familiale orale nous a trans-
mis ; cette dernière fixation est importante car de géné-
ration en génération, la tradition orale déforme les
images du véc
Alors, Pierre, ton travail est bigrement utile et ce
sera une joie d’y contribuer, hélas sporadiquement car
je conserve peu de souvenirs sur ce sujet ; la mémoire
profonde est un aspect curieux de notre espèce : elle
nous lâche toujours inopinément des fragments du
passé ; il convient donc de les saisir au vol lorsqu’ils
surgissent
Donc quelques fragments de ce matin… Et un
peu de toponymie dans ce petit morceau vosgien où je
vécus : Raon aux Bois. J’en ai parlé vraisemblablement
à plusieurs reprises mais c’est noyé dans la masse de
mes blablas passés…
« Raon » s’écrivait autrefois « Ravon ». Renseignement
pris - mais j’enfonce là une porte ouverte - « Ravon »
désignait un endroit où l’eau abondait, en particulier, la
confluence de deux rus. Un ruisseau traverse effective-
ment « Ravon la Haute », nommé je crois, « La Niche
» ; j’inclus l’article car c’est une habitude indéracinable
dont j’ai hérité de placer un article devant les noms
propres. Ce disant, je souhaite la bienvenue à « La Ma-
thilde » qui nous rejoint, en précisant que « Le Serge »
serait plus approprié et moins pompeux que « Monsieur
Serge » ; j’ajoute que dans les quelques jours qui suivi-
rent l’ouverture de ce Forum par Marie Jo, nous déci-
dâmes de nous interpeller à la deuxième personne du
singulier : « tu » ; cela simplifie.
Fichue habitude de digresser…
Vite, je reviens à « La Niche ». Un autre ru dont
j’ai oublié le nom la rejoint au sortir de « Ravon la
Basse » qu’il traverse. Ce ru avait plusieurs fonctions
importantes : l’alimentation en eau supposée potable,
habitat de quelques poissons courageux, motricité du
moulin aujourd’hui disparu et, il faut l’admettre, tout à
l’égout ! Quelques rigoles, résurgences d’une nappe
phréatique en amont du court vallon hébergeant « La
Racine » et « Ravon la Basse », constituent ses mul-
tiples sources. Je pense que « La Racine » est le nom
moderne d’un écart, seulement quelques fermes disper-
sées autrefois, nommé primitivement « La Senadère ».
J’irai vérifier sur la carte des Cassini ; quel que soit le
résultat, le chemin qui sort de Ravon la Basse près de
l’emplacement du moulin disparu, pour aller vers « La
Racine » est toujours nommé : chemin de « La Sena-
dère ».
Entre « La Racine » et Ravon la Basse existent
deux fermes quasiment à cheval sur le début de la déri-
vation du ru amenant l’eau au moulin. La première ap-
partenait aux Marotel et une cinquantaine de mètres en
aval, la seconde construite par l’un de mes aïeux au
XVIIe siècle, la ferme Meix le Saint ; elle sert au-
jourd’hui de résidence secondaire à des citadins ; ma
mère naquit dans cette ferme.
Énorme inégalité ! Pas question de boire de
l’eau prise à la pompe dressée à côté de la pierre à eau
dans la cuisine de la ferme Meix le Saint ; cette pompe
25 : Ravon
31
puisait dans la nappe phréatique polluée par le bétail de
la ferme des Marotel ! Savoir résultant semble-t- il
d’une mort suspecte, une « colique du miséréré » selon
la tradition orale, tenace sans plus de détails au sujet de
cet événement passé. Alors, en l’absence d’habitat en
amont de la ferme des Marotel et la tradition orale étant
muette à propos de la qualité du lieu, les gosses dont
j’étais allaient chercher l’eau dans la fontaine de ces
voisins ; j’en suis rescapé, probablement grâce à l’usage
général, y compris pour les enfants, de couper l’eau de
boisson avec du vin. L’adduction d’eau moderne existe
aujourd’hui à Raon, et la fontaine des Marotel est deve-
nue un bac à fleurs…
C’est important l’eau et toujours présente dans
les discours ! Lorsque mon vieil oncle Auguste Géhant
quittait le cercle familial pour une urgence classique
chez les anciens, il regrettait :
« J’m’en va pancher un verre d’eau ».
Est-ce du patois ? Incertain… Mais usuel dans
mon enfance, dans ce creux très boisé de petite mon-
tagne vosgienne.
3septembre 2020
Senade
"Senade" se trouve sur la route entre La Racine,
écart de Raon aux Bois et Hadol. Ce toponyme figure
sur la carte de Cassini et sur des cartes contemporaines.
Regardant ces documents aucune confusion n'est pos-
sible pour ce lieu-dit et La Racine. Cependant, curieu-
sement, familier de ces lieux je ne me souviens pas d'un
panneau routier signalant l'endroit, habité certes, mais
le bâti dans le voisinage est omniprésent et dispersé,
j'ajoute, de plus en plus encombré de constructions ré-
centes.
Mêmedate
Patois en déconfinement
Un petit ajout.
En 1944, après le bombardement d’Épinal le 11
mai, mes parents m’expédièrent à Raon aux Bois, me
confiant à ma tante Paulette également réfugiée là avec
sa fille, ma cousine ; nous logions chez notre tante «
Divine », sœur de ma grand-mère maternelle ; anciens
de ce Forum, ayant récupéré de longue date mon arbre
généalogique, vous connaissez déjà ce petit monde dont
j’ai souvent parlé ici.
Tante Divine ! Pauvre octogénaire ayant peiné
toute sa vie et pratiquement sans ressource mais remar-
quable exemple de vieille vosgienne ayant passé la
presque totalité de son existence dans sa petite maison
de Ravon la Basse. Elle ne s’exprimait que dans un
français assez approximatif, s’efforçant d’éviter les ex-
pressions patoises que ma tante, ma cousine et moi-
même ne comprenions au mieux que difficilement.
Je finissais néanmoins par m’y habituer et à user
de quelques bribes de ce parler, rudimentaire et très lo-
cal. Habitude dont ma mère me débarrassa vite à mon
retour dans Épinal libéré, lors de ma rentrée en sixième.
Maman ? Institutrice de notre belle école laïque…À ses
côtés, impensable de pratiquer un patois au détriment
du français et… de l’allemand que je commençais à «
baragouiner ».
Venons-en au fait, aux quelques mots qui me
restent du patois de Ravon. En allemand, « dormir » se
traduit : « schlafen » ; alors écoutez… Il est tard, le soir,
dans la fermette de Tante Divine…
« Les bassotes, au schlof ! »
Petite remonté de la mémoire profonde. Souve-
nir vraisemblablement d'un passage ou d'un retour au-
trefois de soudards envahisseurs, il y en eut tant en Lor-
raine ; l'hybridation existe ailleurs qu'en démographie !
À « +’ » ! Ce n’est pas du patois… Fichtre, pour-
quoi pas du patois moderne ?
« Neum don » !
Je m’y perds, mais là, c’est Tante Divine qui
m’apostrophe.
4 septembre 2020
Schnaps ist frei
Les indigènes de Ravon – faute de savoir com-
ment les nommer - cultivaient la mirabelle et savaient
quoi en faire… Indigène moi-même je fus de temps à
autre posté avec ma cousine « La Annie » (en fait :
Anne Marie) dans le petit bois des Mathieu pour sur-
veiller le verger, en aval de Ravon-Basse, juste en des-
sous de la « Chahotteuse », à l’époque de la cueillette.
« Les bassottes, si vous voyez qu’on en choppe
v’nez prév’nir ».
Tu parles ! Un bon kilomètre jusqu’à la ferme.
Que c’est bon les mirabelles ! Mais elles don-
nent la « courante », la « chiasse » quand on en parle
autrement que devant les grands ; je vous livre là mon
expérience personnelle juvénile.
Les indigènes, seulement les grands, distillaient.
Tout un art ! Une petite « cagna » dans un près bordant
« la Niche » entre les deux Ravon, « La Haute et « La
Basse », abritait l’alambic communal. Je me souviens
d’un nettoyage méticuleux du gros chaudron en cuivre,
de son tapissage de paille bien propre, de son
26 : Ferme Meix le Saint.
32
remplissage et de sa chauffe… Il fallait s’aérer souvent
afin de n’être point transformé en ivrogne ! Enfin les
premières gouttes chutaient du serpentin. Là, il fallait
être connaisseur…
Au tout début la coulée n’était qu’une « gnôle »
infecte au goût mais néanmoins très forte et bonne
comme désinfectant…
Puis un liquide, buvable sans plus, le « Schnaps
», bon pour les « Boches » ou les « Schleus » en ces
temps où ils étaient encore nos ennemis héréditaires.
Enfin quelques litres de bonne mirabelle, celle accom-
pagnant le café ou agrémentant la pâte des « kouglof »
(Kugelhof)…
Voilà, livraison matinale de ma mémoire pro-
fonde.
Cela étant la « Chahotteuse » existe toujours
avec une orthographe évolutive et une origine oubliée.
Écart de Ravon la Basse, dans la pente, à l’orée de la
forêt, c’était lorsque j’étais gosse un endroit mysté-
rieux, deux ou trois ruines peuplées de ronces ; les
ronces masquaient des vestiges de jardins dans lesquels
proliféraient de succulentes fraises. Mon cousin Mi-
chel, « Le Costaud » et moi-même, furetions souvent
dans les parages. Nous n’avouâmes jamais où nous
trouvions nos fraises ; on était partageurs, mais modé-
rément, et on faisait « gaffe » que « la Annie » ne nous
suive pas quand on allait par là.
J’y suis retourné, il y a peu. Les ruines sont de-
venues de ravissantes résidences dominant la vallée,
avec de beaux jardins ; les fraises, je ne sais pas, je n’ai
pas osé entrer pour voir, je suis un grand timide…
5 septembre 2020
Ouceketutébeugné ?
Désolé pour ce phonétisme plus qu’approxima-
tif, pure fantaisie totalement déraisonnable de ma part.
« Où c’est que tu t’es beugné ? »
Serait plus fidèle au parler de ma bonne vieille
Tante divine. Question ambigüe car généralement une
petite rougeur ou un léger hématome, rarement plus,
l’un ou l’autre désignait clairement l’endroit du choc
sur ma petite personne. En fait la question pouvait si-
gnifier :
« Qu’as-tu heurté ? »
ou :
« Où es-tu tombé ? »
Voilà, encore une remontée patoisante de la mé-
moire profonde…
Ma tante décéda le 29 janvier 1949 ; j’eus en cet
triste circonstance un aperçu de quelques us ancestraux.
La veillée funèbre… Quelques voisines, une
demi-douzaine tout au plus, toutes âgées, habillées de
noir non pas pour la circonstance mais comme d’habi-
tude, prirent place proche de la défunte allongée sur son
lit et à proximité également de la table. Les deux nièces
présentes, ma mère et sa cousine germaine venue de sa
ferme au bout du village avaient veillé à
l’approvisionnement de ces dames pour la nuit. Plu-
sieurs vieux entrèrent et sortirent sans s’attarder outre
mesure. J’étais le seul adolescent et je montai tôt à
l’étage pour dormir, tant bien que mal car les papotages
durèrent toute la nuit, calmes d’abord mais de plus en
plus bruyants au fil des heures ; je crois bien avoir en-
tendu quelques rires… À une ou deux reprises je tendis
l’oreille pour saisir des bribes de conversation. Ber-
nique ! Là je n’entendis que du patois et je n’y compre-
nais rien !
Deux employés communaux, des voisins sou-
vent croisés dans le village ou dans les champs, procé-
dèrent à la mise en bière le lendemain matin ; le curé
était là accompagné du bedeau, sans sa grande tenue
mais avec sa croix, et de deux enfants de cœur. Ma fa-
mille était réunie ainsi que les voisins, du gris, du noir,
peu de fantaisie, deuil et restrictions encore bien pré-
sentes s’accordant dans le registre du lugubre avec le
brouillard de ce matin de janvier. L’assemblée me sur-
pris et je pensai soudain qu’un enterrement dans ce petit
village des Vosges était une occasion de se rencontrer.
Tous ces gens se connaissaient et les papotages allaient
bon train.
Ce petit monde partit à l’église, derrière le cor-
billard, charrette noire hors d’âge, tirée par le seul che-
val qu’il me fut alors permis de voir dans ce pays ne
connaissant que les bœufs pour la traction ; quatre an-
ciens tenaient les cordons. Un kilomètre entre les deux
Raon, Bas et Haut.
Triste journée dont je conserve toutefois un sou-
venir amusant. Au sortir du cimetière, à la lisière du vil-
lage et non pas autour de l’église, tous les hommes se
dirigèrent avec un ensemble touchant vers l’auberge.
J’avais seize ans…
« Allez gamin ! Amène-toi ! » …
Stupéfaction de ma mère qui n’osa pas protester.
Dans le bistrot, désignation plus réaliste du lieu,
la réunion entre hommes fut bien plus vivante que la
veillée des dames.
16 septembre2020
Chemins de fer déconfinés
Il fut question il y a peu dans ce forum d’agapes
ferroviaires… Ayant usé, voire abusé, de cette manière
de vadrouiller en chemin de fer et continuant ainsi, je
plongeai dans ma mémoire profonde et y trouvai effec-
tivement des rogatons de festins ponctuant mes balades.
Des souvenirs d’époques révolues… Les bars
des TGV avec leurs trouvailles gastronomiques parfai-
tement aseptisées relèguent dans l’oubli de pittoresques
pratiques. Alors, vous me connaissez, je ne résiste pas
à ma manie de pondre des lignes d’écriture ; vous allez
déguster mes amies et amis, tout doucement, pour bien
digérer.
Le train occupe une place notable dans ma vie,
parfois quotidienne ; en parler c’est donc parler égale-
ment de la vie ; nous y voilà, ce que je conte est donc
destiné aux rejetons et rejetons de rejetons qui me liront
33
peut-être, quand je serai disparu.
Mes premiers blablas se garent dans le noir dé-
but des années quarante…
Mes grands-parents à Thaon, mes parents à Épi-
nal accueillaient des jeunes gens fréquentant lycée ou
collège, l’hébergement en internat étant soit difficile,
soit impossible ; souvenez-vous : une grande moitié du
lycée d’Épinal, brûlée, était redescendue au niveau du
trottoir. On se serrait dans ce qui restait debout, ce qui
offrait toutefois de menus avantages dans cette époque
de disette lorsque les jeunes gens étaient non seulement
étudiants mais encore ravitailleurs.
Leurs parents étaient ou devinrent nos amis, au
point de nous recevoir durant les congés. C‘est ainsi
que je me rendis à deux reprises si ma mémoire est fi-
dèle à Bourbonne les Bains ; les parents de Cl. M. qui
m’avait expulsé de ma chambre dans notre appartement
de l’École Lormont, y tenaient commerce de vêtements
; rien d’agricole direz-vous et en outre les rayons et les
vitrines reflétaient la misère de cette époque. Misère ap-
parente car de toute évidence on ne manquait de rien
chez les M., en particulier la chère aux repas justifiait
le séjour ; or c’était bien à cet effet, pour me requinquer,
que j’y séjournai. Ne me demandez surtout pas com-
ment le commerce pouvait fonctionner à cette époque,
je n’avais pas encore l’âge d’étudier et comprendre les
arcanes de l’économie.
Cependant j’avais l’âge d’observer et d’admirer
les trains. Bourbonne, ville balnéaire possédait une
gare, aujourd’hui disparue, reliée à la station de Vitrey-
Vernois sur la ligne de Paris à Mulhouse. Voyager en
train de Bourbonne les Bains à Épinal était donc sim-
plissime : départ de Bourbonne dans un inénarrable
tortillard jusqu’à la proche station de Vitrey-Vernois
sur la ligne de Paris à Bâle, ensuite train local et poussif
jusqu’à Vesoul, quitté pour un express ou ce qui en te-
nait lieu jusqu’à Lure, enfin dernier train tout aussi
poussif jusqu’à Épinal.
C’était la guerre en Europe et les chemins de fer
en France souffraient de destructions et réquisitions
multiples. Alors roulait le peu qui restait, c’est-à-dire,
en tête des locomotives vieillissantes dont l’occupant
nous laissait l’usage et à la queue-leu-leu des voitures
fatiguées, dépareillées conservant parfois les stigmates
d’attaques aériennes. Les trains étaient rares et par con-
séquent bondés. J’ai ainsi le souvenir net d’un trajet
entre Vesoul et Lure, debout entre valises et ballots en-
tassés près de la porte des toilettes, avec comme voisins
deux ou trois hommes se tenant en équilibre dans le
soufflet de communication avec la voiture suivante !
Incroyable ! Mais j’écris ce que j’ai vu.
Bien évidemment les performances du réseau en
pâtissaient : un tel trajet durait pratiquement toute la
journée et le début de la nuit mais c’était l’été. Il fallait
donc se restaurer comme on le pouvait : c’est d’un tel
voyage que je conserve le souvenir de mon premier re-
pas ferroviaire…
Et je dois vous décevoir : ce fut un casse-croûte
dans un près proche de la gare de Vitrey-Vernois ! Il
n’existait qu’une possibilité : un tortillard quittait Bour-
bonne le matin et revenait le soir. Il fallait donc at-
tendre, deux ou trois bonnes heures à Vitrey, un train
allant à Vesoul. Ainsi Cl. M., sa sœur qui nous accom-
pagnait pour se rendre dans sa pension à Mattaincourt,
Maman et moi avions le temps de sortir de la gare et de
nous restaurer sur l’herbe, à proximité. Je ne serais
27: Bourbonne les Bains, Gare. Évidemment l'image vient de l'Internet. Elle correspond bien à mon souvenir du tortillard.
34
guère surpris d’apprendre que le matériel composant le
tortillard soit désormais exposé dans le Musée de Mul-
house, une vraie relique ; mais ce n’est que l’expression
de ma nostalgie.
Le prochain repas sera dans le train ! Promis !
17septembre 2020
« Fromton’ » déconfiné
En voiture !
Adolescent je « saucissonnai » souventes fois
dans le train. La paix revenue, les liens avec nos parents
vivant ailleurs se restaurèrent progressivement : lettres
majoritairement y compris vers l’URSS ou en prove-
nant, téléphone plus rarement, voiture dès qu’apparue
dans la famille et surtout le train.
Laissons de côtés les innombrables trajets entre
Épinal et Thaon peu interrompus par le bombardement
de mai 44. Après la Libération, j’effectuais ainsi des al-
lers-retours vers Paris, Belfort ou Delle près de la fron-
tière avec la Suisse. Je voyageai à une ou deux reprises
vers Limoges, lorsque mon Oncle, Chef de Bataillon
dans le Génie y fut affecté, destination qui me sembla
alors être au bout du monde…
Je conte aujourd’hui quelques souvenirs anté-
rieurs à 1958, année de mon départ en Grandes Va-
cances en Algérie. Pratiquement jusqu’à cette année-là,
la SNCF offrait trois classes à ses voyageurs ; je voya-
geais donc en troisième classe, mes parents n’ayant pas
les moyens de se hausser en seconde et bien évidem-
ment en première. L’inconfort était assuré : vieux wa-
gons certains encore en bois, huit places par comparti-
ments sur des banquettes en bois ou recouvertes de mo-
lesquine le plus souvent rapiécée, fenêtres pas toujours
bien jointives laissant libre de s’infiltrer à l’intérieur la
fumée de la locomotive, surtout dans les tunnels, le
bruit bien évidemment… Eh bien ! On avait l’habitude
et ce n’est seulement qu’aujourd’hui, en m’en remémo-
rant, que j’en prends conscience ! on n’y prêtait pas
d’attention, le plaisir de pouvoir se déplacer librement
et, j’ose, facilement effaçant les impedimenta désa-
gréables.
En particulier la durée des trajets. Mon premier
voyage entre Thaon et Paris, en 1946 ou 47, dura neuf
heures ! En dépit des locomotives importées par les li-
bérateurs américains, nommées « 141-R », je m’en sou-
viens encore, la SNCF était encore pauvre en locomo-
tives au sortir de la guerre et bien plus en wagons, cer-
tains barbotés aux allemands ! La Compagnie allait
donc avec ce qu’elle avait, c’est-à-dire lentement.
C’est long neuf heures, même quand c’est un
peu moins… Alors quand on voyage en « troisième »
le wagon-restaurant semble un luxe inaccessible. On
voyage donc avec son casse-croûte. C’était tellement
évident et banal que mon souvenir de ces agapes reste
vague, le wagon, vers midi, bruissait doucement de
3 Pensé “Camenbertt”, écrit “Roquefort !
papiers froissés, de « glouglou » discrets, de conversa-
tions s’amplifiant avec les « coups de rouge », de bébés
pleurnichant, et j’en passe… Du banal vous dis-je !
Nonobstant, et je pense faire plaisir à Mathilde,
je me souviens en particulier d’un casse-croûte. Pour-
quoi celui-là ? C’est à cause d’un « Carré de l’Est ».
Odoriférant un « Carré de l’Est, surtout après avoir ma-
céré dans une valise. Mon Grand-père et moi revenions
de Limoges, après une nuit à Paris nous repartions vers
Nancy et Thaon ; Louis-Victor tenait à son « Carré de
l’Est » et avait réussi à s’en procurer un avant notre re-
tour de cet endroit reculé du Sud-Ouest ou Centre, enfin
de là-bas… Il ouvrit sa boîte du côté de Commentry, je
vous demande pardon de mon imprécision, seul reste
précise la force du fumet qui s’exhala lors du démaillo-
tage de ce merveilleux produit lorrain. Louis-Victor
avait ses habitudes, il grattait toujours le « blanc » cou-
vant la pâte ; alors là, jeunes gens, essayez d’imaginer
l’exhalaison…
« Ouille ! »
pensai-je alors,
« Heureusement que nous sommes seuls ! »
C’était le cas, curieux comme certains détails
restent…
Ce fut bien un « Carré de l’Est » et non pas un
commun « Roquefort »3, si, si, j’en suis - presque - cer-
tain !
18 septembre 2020
Déconfinements en TEE
Passées mes Grandes Vacances en Algérie, j’eus
ensuite des agapes ferroviaires moins pittoresques et
d’un niveau que je considérai vite comme agréablement
fréquentable. Je n’étais plus un adolescent désargenté,
ni même un vague « sous-bite » dans un uniforme res-
capé du dernier conflit, nanti d’une solde maigri-
chonne, mais un cadre grimpant vite à l’échelle vers des
droits acquis, en particulier celui de voyager en pre-
mière classe aux frais de mon employeur. Chic alors !
28 : TEE.
35
Néanmoins, dans notre ère actuelle riche en «
TGV » qui se souvient des « TEE » ?
« TEE » : « Trans-Europ-Express ». Ah ! Ah !
Souvenirs émus… En France, de l’Est au Nord en gi-
rant par la dextre : le Kléber ou le Stanislas vers Stras-
bourg – il se lasse cet âne !4 –, le Mistral vers Marseille,
le Capitole vers Toulouse - record de vitesse entre Or-
léans et Limoges –, le Sud-Express vers Bordeaux, en-
fin le TEE vers Bruxelles dont j’ai oublié le nom si tant
est qu’il en eût un… Ah mais oui il me revient ! Le
Brabant… Et d’autres encore dont je parlerai un autre
jour… De belles voitures « inox » ou dans une autre
livrée, accompagnées le plus souvent d’une voiture-res-
taurant de la CIWL assurant en outre son service dans
les deux voitures voisines.
Ce furent mes trains préférés. L’informatique
depuis la Libération s’immisçait un peu partout, notam-
ment pour ce qui me concernait dans le réseau des La-
boratoires des Ponts et Chaussées ; j’avais dans cette
Administration la charge du développement de cette
nouvelle technique dans les arts de l’ingénieur. La
fonction nécessitait de nombreux déplacements dans
toute la France. Ainsi durant plusieurs années mes jour-
nées commençaient souvent en prenant place dans l’un
des premiers vols quotidiens d’Air Inter à Orly pour y
revenir tard ou en empruntant une voiture du parc le
matin pour la ramener moi-même le soir. Par consé-
quent je profitais de toute accalmie dans mon calendrier
pour laisser du temps au temps, selon l’expression de
notre Président, tout simplement en prenant le train.
Cinq heures de trajet en Mistral, cela donnait le temps
de peaufiner une publication ou d’en lire quelques
autres de collègues… Et à l’heure du déjeuner cela me
permettait de satisfaire cette obligation naturelle, sans
quitter ma confortable place.
Je parlerai peu de cuisine, donnant la préférence
à l’anecdote.
La cuisine néanmoins ? Menus classiques sou-
vent d’un voyage à l’autre ; le « Veau Marengo » me
semblait ainsi devenir inévitable ; j'entends encore cer-
tains de mes voisins de table un peu rouspéteurs mau-
gréer à ce propos. Pourtant avec un verre de Bourgogne,
dans le Mistral, ce plat me parut toujours d’une qualité
supérieure au même - à peu près - de ma cantine habi-
tuelle. Le service était toutefois remarquable : achever
la préparation des repas dans un espace exigu conti-
nuellement tressautant et les servir dans la même in-
commodité, sans que les clients en pâtissent et pour leur
satisfaction dans ce moment de détente, me parut tou-
jours exemplaire
Je connus auparavant, un appelé effectuant son
service militaire come serveur dans le mess du CEV de
Brétigny. Entre jeunes ingénieurs récemment libérés de
ce service ou près d’y être invités, la distanciation hié-
rarchique était inexistante ; on parlait de choses et
d’autres, de nos métiers dans lesquels on pénétrait. Ce
4 Mauvais calembour, soit ! Je n’en suis pas l’auteur et je
jeune homme était employé comme serveur par la
CIWL et ce qu’il nous raconta de son entraînement me
permit de comprendre bien des années après pourquoi
le « Veau Marengo » arrivait toujours scrupuleusement
pile dans mon assiette et non pas sur mon pantalon alors
que nous passion sur des aiguillages…
Reste une anecdote culinaire avant les autres qui
le seront moins…
Un jour, dans le Mistral, une option du menu
proposa des brochettes d’escargots.
Eh ! Eh ! Qu’est-ce donc ?
Je choisis cette proposition et je dégustai de vé-
ritables escargots rôtis sur de fines brochettes et non pas
mijotés dans leurs coquilles, baignant en compagnie de
quelques échalotes dans un beurre aillé et persillé. Ce
fut délicieux. Bien des semaines plus tard, je question-
nai le maître d‘hôtel, celui qui m’avait servi ces bro-
chettes.
« Servez -vous toujours de ces si bonnes bro-
chettes d’escargots ? »
« Hélas non, monsieur, nous avons reçu trop de
protestations ».
Le monde est bizarre, je lui exprimai ce senti-
ment et mon désappointement devant ce retrait. Il sourit
et me remercia.
Demain ou après, anecdotes plus ou moins rigo-
lotes.
19 septembre 2020
…
Blablas en TEE
Le wagon restaurant permet entre collègues
voyageant ensemble de ne plus parler « boutique » et
digresser sur des futilités; il offre en outre l’avantage de
réunir des personnes ne s’étant jamais rencontrées au-
paravant. Ce qui se passe alors appartient généralement
aux petites histoires ; elles appartiennent toutefois à
notre quotidien ; c’est ainsi que nous vivons et j’aime
le raconter. Quel mal à cela ? Ceux qui aiment les his-
toriettes les lisent, ceux qu’elles indiffèrent les igno-
rent…
Je vous préviens, ce ne sont que de petits riens
dans le quotidien, à des années-lumière de savantes
exégèses sur notre mode de vie contemporain. Je me
plais à penser que ces minuscules écrits, facilement et
vite lus distrairont éventuellement de futurs descen-
dants…
Dans le Capitole.
De 18h à 24h, approximativement, six heures de
trajet de Paris à Toulouse, même horaire dans l’autre
sens. Arrivé à Toulouse, une nuit dans un hôtel en sor-
tant de la gare, juste en face et le lendemain on est d’at-
taque pour une journée, parfois deux de travail. Retour
l’entendis maintes fois… Rabelais aurait peut-être aimé.
36
aussi direct, mais mieux
valait avoir laissé sa voi-
ture dans le parc de la gare
d’Austerlitz, car à minuit,
attendre longuement un
rare train de banlieue, cela
n’avait rien d’enthousias-
mant !
Le 11 décembre
1974 mon adjoint M. R. et
moi embarquions dans la
gare de Toulouse Matabiau
à bord du TEE76. Pleins
d’allégresse les deux com-
pères ! Le T1600 de Télé-
mécanique destiné à pilo-
ter 24h sur 24 les essais du
laboratoire de mécanique
des sols, était reconnu apte à assurer cette fonction. La
satisfaction était si générale qu’un délégué syndical
avait gentiment avisé son patron qu’il n’était plus ques-
tion de demander à un laborantin d’effectuer des nuits
de veille ou de gâcher des jours de repos pour relever
des mesures. Les sols se tassent si lentement sous une
charge que les simulations en laboratoire pour con-
naître leur comportement imposaient jusqu’alors au
personnel de telles sujétions.
Pleins d’allégresse donc, nous décidâmes de fê-
ter cela au retour, en dînant dans le train ; mon adjoint,
originaire du Sud-Ouest suggéra une bouteille de « Ca-
hors » pour le festin. Folie des grandeurs car, à coup
sûr, nos « per diem » de l’administration ne seraient pas
de hauteur suffisante pour cette petite célébration.
La bouteille arriva sur notre table alors que le
convoi freinait pour son arrêt en gare de Brive la Gail-
larde. Service impeccable… Mon compère, fin con-
naisseur à qui je laissai cette lourde responsabilité,
agita, huma, agita encore un petit coup, huma derechef
et déclara :
« Hum ! Ce vin sent le bouchon ! »
Le service étant à la hauteur de la situation, le
serveur huma à son tour, ne sembla pas convaincu mais
néanmoins :
« Désolé monsieur, je reviens avec une autre
bouteille… »
Il revint alors que
nous quittions Brive ; mon
compère reprit son sacer-
doce.
« Hum ! Cela sent
encore le bouchon ! »
J’étais un peu gêné
or le serveur, toujours
digne et impeccable mais
bien moins convaincu,
s’enquit :
« Seriez-vous de la région,
Monsieur pour être si fin
connaisseur ? »
« Oui, je suis de Montcuq !
» …
Montcuq est une charmante localité de la région
de Cahors. Ici j’aurais dû omettre de placer la dernière
lettre en la nommant car on ne l’entendit pas dans la
réponse de mon collègue, oubliant la prononciation lo-
cale !
Stupeur du serveur qui s’en fût, vexé. Bof ! la
suite n’en souffrit pas. Tout de même, deux adultes et
néanmoins si gamins !
À bientôt, entre Lyon et Paris.
20 septembre 2020
Adieu cousine !
Mes sincères condoléances à tous les descen-
dants du Gérôme de Ravon , ancêtre de son défunt
époux ; notre Ravon, Gérôme avec un "G" insistait Ma-
rie Paule. Gérôme cousin de mon Jérosme à moi égale-
ment de Ravon, avec un "J" insistais-je. On en riait
d'autant plus facilement que tout cela avait le flou in-
certain des vieux papiers...
Fichtre ! Le temps passe vite.
Je serai à Thaon jeudi soir de la semaine pro-
chaine, trop tard je pense pour assister à ses obsèques.
Elle sera dans mes pensées émues.
7 octobre 2020
29 5 janvier 2011. 25 janvier 2011,Les "Babouches", Place de l'Âtre, Épinal. Marie
Paule, Charly et Mme., Serge.
30 : Durandgo - Silverstone Express.
37
Fig31 : Voyage dans les Rocheuses et dans le passé.
38
Confinement de nouveau
Alors grand air et « bonne bouffe » en train.
Plusieurs jours sans parler de mes expériences
culinaires en chemin de fer. Aucune solennité en l’oc-
currence, seulement une amusette.
Janvier 1995. Je m’étais accordé presque deux
semaines de congés dans l’Ouest américain à la suite
d’un séjour de travail dans un laboratoire situé » à Al-
buquerque au Nouveau Mexique.
Je me baladai gré de ma fantaisie et consacrai en
particulier une journée à une balade ferroviaire dans la
montagne. Point de départ et de retour : une petite ville,
Durango, avec tout son caractère miraculeusement con-
servé de cité de pionniers du XIXe siècle. La ligne : une
voie de montagne étroite quittant Durango pour monter
vers un col et redescendre vers son terminus, la cité mi-
nière de Silverstone. Le train : du matériel abandonné
avec la ligne et ses installations, après la fin de la der-
nière guerre mondiale mais récupéré, restauré et ex-
ploité par des amoureux du rail.
Par habitude, en vacances, je déjeune copieuse-
ment tôt le matin ce qui me permet de consacrer toute
la journée à la promenade, évitant l’interruption du re-
pas de midi. Dans le cas présent, ce fut un parcours ma-
tinal dans la montagne en plein hiver, jusqu’au col.
L’enneigement ne permettant pas d’aller plus loin, le
convoi manœuvra pour rebrousser chemin et redes-
cendre vers Durango.
Le paysage et le train « rétro » en valaient la
peine…
Bien évidemment un contrôleur contrôla les pas-
sagers, agrémentant son devoir en dialoguant avec cha-
cun. Ce faisant, tout content d’avoir identifié un Fran-
çais dans son train, grâce à mon parler inimitable, il me
conta l’histoire de « sa ligne », car il en fut l’employé.
Il m’entraîna vers la queue du train pour me faire visiter
sa « voiture-salon-restaurant », fermée ordinairement
car réservée pour les « grandes occasions ».
Pittoresque wagon. Mais il était midi cela éveilla
en moi le regret d’avoir pris mon petit déjeuner fort tôt
et d’être parti sans en-cas ! Or dans mon wagon banal
je voisinai avec un couple dont la silhouette attestait in-
dubitablement son amour de la « bonne bouffe ».
S’étant tout simplement joints à moi lors de l’invitation
du contrôleur, ils admirèrent en ma compagnie la
superbe « voiture-salon-restaurant » ; cela éveilla cer-
tainement en eux la même fringale que je ressentais.
Alors, assis de nouveau à nos places, ils débal-
lèrent leurs victuailles. Fichtre il y avait de quoi nourrir
tout le train ! J’exagère bien entendu mais remarquant
ma détresse, ils m’invitèrent gentiment et j’en profitai
sans vergogne.
Preuve que l’on peut se passer du wagon-restau-
rant en jouant le pique-assiette ferroviaire…
28 octobre 2020
Pique-assiette confiné !
Je voyageai fréquemment autrefois et parcourus
le réseau de la SNCF en tous sens ; j’en conserve donc
mains souvenirs culinaires en tous genres, y compris
celui d’une triste frustration. Si triste que j’en retiens la
date : le 16 mars 2001 !
Je revenais d’un séjour de deux jours à Pau, con-
sacré à une recherche généalogique dans les Archives
Départementales. Une archiviste efficace avec qui
j’étais entré en relation m’avait signalé la présence de
ma belle-mère biologique dans un registre d’écrou de
la prison de Bayonne. Pour des raisons que j’ignore je
ne pus obtenir aucune copie de pages de ce document
m’intéressant ; alors je fis l’aller-retour pour en effec-
tuer une copie manuscrite, ce qui me fut permis, photo-
graphie strictement interdite, allez savoir pourquoi… Je
ne protestai pas, content de recueillir quelques informa-
tions qui nous avaient toujours été cachées par la seule
personne qui pouvait les détenir : l’assistante sociale
qui administra l’existence de mon épouse, confiée à un
orphelinat à Garches, durant sa jeune enfance. De cette
personne nous retenions le témoignage que ma belle-
mère était partie volontairement en Allemagne, pour,
hélas, y être tuée lors du tragique bombardement de
Dresde en 1945.
La consultation du registre d’écrou et la copie
aussi fidèle que possible des informations recherchées
et trouvées durèrent un temps dont nous avons perdu
l’habitude avec le « tout numérique » actuel !
Des gendarmes français arrêtèrent ma belle-
mère à Anglet, l’emprisonnèrent à Bayonne d’où elle
fut livrée aux Allemands puis envoyée autoritairement
en Allemagne pour y travailler comme beaucoup de nos
concitoyens de l’époque. Pourquoi ces mensonges et
32 : Voiture salon-restaurant.
33 : 16 mars 2001, Gare de Pau.
39
mystères de l’assistante sociale et de quelques autres
personnes l’ayant connue ? Je cherche encore… J’étais
cependant heureux de pouvoir rapporter à mon épouse
le fait que sa mère n’avait point collaboré, comporte-
ment qui avait de l’importance pour toute personne
ayant vécu l’occupation de l’ennemi.
En outre nos cousins germains sont gens méti-
culeux et je trouvai dans le registre un bout de papier
en langue allemande résumant un interrogatoire d’iden-
tité effectué par la police germanique, vraisemblable-
ment transmis à la police française l’ayant négligé !
Bien évidemment date et lieu de naissance et profession
y étaient indiqués.
Chargé de ces informations c’est fort satisfait
que je retournai vers Paris ; tout de même quatre heures
de TGV, alors à midi, visite du bar pour me restaurer.
Lesté d’un minable « jambon-beurre », d’une vague tar-
telette et d’un « can » d’une sorte de « pisse d’âne »
baptisée bière, j’attaquai dans un coin de la voiture-bar
mon exemplaire de cette nouvelle mode de restauration
ferroviaire de très grande rapidité.
Bof ! Mieux que rien…
J’étais presque seul, hormis le restaurateur am-
bulant. Soudain une bande d’au moins une douzaine de
solides gaillards volubiles et rigolards envahit l’espace.
L’un portait un énorme sac. En sortirent des boules de
pain, des bocaux et des bouteilles ; tête du restaurateur
ambulant à qui rien ne fut demandé et qui ne pipa mot
dans ce déferlement, le gabarit des visiteurs lui inspi-
rant sans doute le respect.
Les boules de pain sentaient bon alors que dé-
coupées en tranches et bien mieux encore lorsque le «
popotier » ouvrit les bocaux pour y étaler ce qui indu-
bitablement était du foie gras. Ah ! Que cela sentait bon
! Les bouteilles émergèrent : visiblement du jurançon ;
c’était écrit dessus…
Propos tonitruants à propos d’une prochaine
rencontre de « ru-gue-by, pour imiter l’accent », rires
de joyeux compères, bruits de mandibules, glouglous et
chocs de timbales, enfin et surtout l’odeur, l’odeur d’un
certainement délicieux foie gras et il y en avait plu-
sieurs… De l’ambiance ! Moi, j’étais dans mon coin,
quidam ignoré… Insupportable supplice… Je regagnai
mon compartiment, l’estomac frustré.
31 octobre 2020
« Grand Charles »
J’ai aperçu notre « Grand Charles » deux fois
dans mon existence.
La première, c’était chez mon oncle et ma tante
à Épinal, rue d’Alsace, ou route de Remiremont, je con-
fonds toujours. De Gaulle visitait les Vosges, particu-
lièrement Épinal le 29 septembre 1946 ; il prononça un
discours que je n’entendis pas et dont je ne retins rien,
j’étais un gamin, 13 ans depuis fort peu de temps… Il
arpenta la ville et passa sous nos fenêtres. Je me sou-
viens bien de la liesse populaire, du monde à toutes les
fenêtres et le long de la rue sur les trottoirs. Mon oncle
était revenu de captivité l’année précédente alors nos
joyeux vivats se joignirent aux autres pour saluer ce Gé-
néral, symbole de la France Libre et libérée. La bonne
moitié de la ville était encore au ras des trottoirs en
1946 ; être en paix et libre avait un sens aigu, chacun
sortant d’un confinement autrement bien plus contrai-
gnant et dangereux que l’actuel ; cet homme personni-
fiait cela.
26 ans, treize ans de plus, « sous-bite », j’étais à
Alger, assez tôt le matin, juste devant le Palais d’été,
remontant le boulevard vers le quartier où se situait
l’E.-M. de la 5e R.A. Le factionnaire en grande tenue,
en gandourah de Saharien, rectifia subitement sa posi-
tion. Devant moi mais certainement pas pour moi figé
par la curiosité sur le trottoir d’en face : quoi, qui,
qu’est-ce ? Bousculade rapide de questions…
La porte s’ouvrit, une voiture en sortit lente-
ment, sans escorte. Je me figeai un peu plus mais par
profond respect et saluai, j’avais eu tout le temps suffi-
sant pour trouver une réponse : le « Grand Charles »
dans la voiture. Aucun vivat, mais j’étais seul, très ému,
de sincères vivats dans ma tête.
11 novembre 2020
Années confinées
Message de Josiane…
J'ai bien pu visionner le dossier de Marie-Paule.
Une petite remarque, plus générale, concernant
les dates des messages : il y a toujours le jour et le
mois, même l'heure de dépôt du message... mais jamais
l'année, pourquoi ? Cela pourrait être utile, non ?
Ces lacunes sont effectivement gênantes pour
ordonner chronologiquement les messages. Je pense y
être parvenu en utilisant mes archives personnelles,
ayant enregistré certains d'entre eux me concernant et
je note toujours les dates ; l'interpole ensuite pour les
autres.
Le dossier est indexé. Dans la bande de fonc-
tions figure à gauche une icône discrète : quelques traits
symbolisant sans doute une liste. en cliquant sur cette
icône ou ouvre effectivement à gauche de l'écran une
liste. Apparaissent ainsi des années. Une tête de flèche
précède la plupart. En cliquant sur une telle année on
fait apparaître les mois. De même on fait ensuite appa-
raître des quantièmes. Chaque quantième indexe un
message dont j'ai retrouvé la date complète. En cliquant
sur un quantième on ouvre le message correspondant.
L'indexation est laborieuse. Actuellement le
dossier comporte encore beaucoup d'erreurs et je
compte un peu sur vous tous pour me les signaler.
Le texte d'accueil doit être repris en totalité.
Hélas ! Je ne peux pas tout faire en une seule
fois! J'ai toujours ma généalogie à compléter, un ou
deux articles en chantier et, hors confinement si je suis
à Thaon, le rangement de mon grenier. J'y retrouve en-
core des documents de Louis Victor, certains apparte-
nant en droit aux AD88 ; 87 ans ! Je dois m'activer...
15 novembre 2020
40
Sorte de post-scriptum…
Hier soir je corrigeai et complétai le dossier de
Marie Paule. Après ma réponse ici à Josiane, j’ai actua-
lisé le dossier sur mon site.
Si vous le consultez à nouveau vous constaterez
que j’ai indexé des messages de 2014. Ils concernent
les années 44-45.
Lisez ! Pour ceux qui ne connurent pas cette
époque : vous comprendrez ce qu’était un confinement
dans une cave à la Bresse… et la Bresse ne fut pas un
cas isolé.
Ces souvenirs de Marie Paule, les miens et
quelques autres me font dire aujourd’hui avec brutalité
et beaucoup de vulgarité, méritées je pense : ceux qui
pleurent de la crise actuelle sont des « couilles molles
». Bon ! D'accord ! C'est ce qui fait vivre journalistes,
politologues, philosophes et psychologues... En ai-je
oubliés ?
Destructions, morts, estropiés pour la vie, éco-
nomie anéantie le pays vivant au seuil de la misère gé-
nérale… Les générations d’alors se retroussèrent les
manches et replacèrent le pays sur ses rails, de vrais
cheminots pas grévistes ! Et je râle car lorsque j’entends
les rouspétances ici, je pense à ce passé et en outre à
nos militaires, ailleurs, qui ne rouspètent pas et font leur
boulot.
Même date
41
Confiner Que signifie ?
Nous vivons des moments passionnants.
Une pandémie frappe la planète sur laquelle
nous sommes confinés. Notre espèce animale
fixée sur ce piège doit agir en conséquence, sa
seule arme pour se perpétuer étant sa capacité
d’adaptation.
Circonstance évidente : la fragmenta-
tion de l’espèce face au danger, en collectivités
plus ou moins distinctes, de tailles et de struc-
tures diverses. Ici en France, nous sommes en
démocratie, forme de société à laquelle nous te-
nons mais fragile ; à l’autre extrémité du con-
tinent une nation dirigée autoritairement. Vi-
siblement nos comportements collectifs ten-
dent vers le même but : contrer la pandémie ;
non moins visiblement nos démarches diffè-
rent.
Il faut avoir la culture adéquate et maîtriser la connaissance des événements pour apprécier
ce qui se passe. Ce n’est pas mon cas, cela relève de la compétence de tous ces gens sachant soigner
les corps et les esprits, médecins et sociologues auxquels il faut joindre les politologues.
Personnellement je n’accepte pas la passivité. Comprendre ? Espoir improbable ! Observer ?
Oui ! Je suis un petit capteur, intégré comme il convient dans la masse, à sa place assignée par le
sort. Élément infinitésimal de l’ensemble je ressens, j ’observe et je note à ma façon car je n’en ai
pas d’autre. De grandes et savantes synthèses de cet événement mondial seront produites tôt ou tard
par les spécialistes ad hoc ; je me borne à laisser à ma progéniture le témoignage de ce que j’en
ressens.
J’observe ainsi mon état de citoyen confiné. Mais que signifie : confiné ? Bêtement, c’est ce
que je vis en ce moment. L’acception du mot réside dans les faits présents. Holà ! Rapide et suspect
ce point de vue ; les faits ici et en ce moment diffèrent probablement des faits ailleurs et en n’importe
quel autre moment…
Chercheur patenté, je pense immédiatement à une prospection bibliographique… Holà ! De
nouveau, je suis un « octo » retraité confirmé. Donc, tout doux…
Classiquement et bien facilement que disait donc ce vieux Furetière, incontournable lors d’un
début ? Il ne cite que deux verbes. Voyez ce qu’il en dit (fig.34)…
34 : Verbes "confiner"
ix, p.452.
42
35 : Le Mur de la Peste
43
Assigné à résidence
Confiné naguère… car pas Français.
Papa était un ancien combattant. Enfant de
boyard, son éducation l’envoya immédiatement le len-
demain de son seizième anniversaire, en 1916, dans un
régiment de génie de Sa Majesté, avec le grade d’en-
seigne.
Sur la ligne de front russe, la vie était aussi
rude que du côté occidental ; elle le fut plus encore du-
rant la révolution, lors de la campagne de Crimée me-
née par le Général Wrangel contre les bolcheviks. Sa
santé en fut profondément altérée et ensuite son métier
de soudeur à l’arc en 1939 continua insidieusement à
détruire ses poumons.
De nombreux Russes, considérés comme apa-
trides s’engagèrent en 1939 dans la Légion Étrangère ;
La guerre déclarée, Papa fut convoqué devant un con-
seil de révision lequel, étant donné sa santé, le réforma
immédiatement.
Par conséquent, toujours civil mais apatride, il
fut raflé un beau matin de 1941. par la police alle-
mande, assistée par la police française. Sa spécialité,
alors que notre pays était démuni par la guerre d’une
forte partie de sa main d’œuvre qualifiée, lui permit
d’être relaxé rapidement quoique de manière inatten-
due ; il eut néanmoins à subir avant de sortir de sa geôle
un examen moralement éprouvant, garantissant sa con-
formité à l’idéologie des envahisseurs.
Mais, sait-on jamais, « französiche Schwein-
kopf » ou pas, ne nous perdons pas dans les détails, il
pouvait être dangereux ! Donc : à surveiller, interdic-
tion de quitter Épinal, obligation de se présenter chaque
samedi matin au commissariat de police français pour
tamponner une sorte de « Ausweiss ».
Une façon, parmi des paquets d’autres, de con-
finer le peuple ! Cependant avec notre occupant
intransigeant sur tout, pas question de chipoter sur quoi
que ce soit pour obvier le règlement, pardon, le « Dik-
tat ». Étant garçonnet je ne posais guère de questions
sur le comportement des adultes, non pas par indiffé-
rence, mais simplement par ce que cela était incorrect ;
alors je n’ai jamais cherché comment ce qui suit fut pos-
sible.
Des peccadilles dirions-nous aujourd’hui mais
lourdes de conséquences à cette époque si l’on se faisait
prendre.
Tout d’abord le confiné devait aller à son travail
tous les jours à Golbey, parfois ailleurs ; Golbey et ail-
leurs ne sont pas Épinal, lieu assigné de résidence ; les
dérogations existaient peut-être déjà. Rien donc de nou-
veau à ce sujet en 2020 !
Et surtout, le confiné devait régulièrement ac-
compagner sa petite famille pour notre ravitaillement
occulte à Raon au Bois, ma mère sur sa vieille bicyclette
et moi juché sur une sellette fixée sur le cadre de celle
de mon père. Promenades étrangères au travail, donc
seulement possibles les jours fériés, généralement les
dimanches ou les samedis après la visite au commissa-
riat ; promenades d’une dizaine de kilomètres via la
37: Confinement politique
36 : Confinement dans le Hoggar
44
petite route d’Archette : peu probable de subir un con-
trôle.
Or, lors de l’une de ces expéditions, sortis d'Épi-
nal, nous nous trouvâmes subitement mêlés à des
« vert-de-gris », armes aux poings, en file le long de la
petite route et face à la lisière du bois. Pourquoi ? Ou,
pour qui ? Nous ne le sûmes jamais. Nous ne les inté-
ressions certainement pas, cependant nous n’en me-
nions pas large… La vie de confiné on en rit, mais le
plus souvent après !
22 mars 2020.
Confinement seul
Simple élément de la masse confinée, je m’obs-
tine à juger détestable le fait de subir docilement, pas-
sivement, les consignes qui me sont imposées. Se re-
beller ? Certes non ! Tout simplement en raison de
l’importance de la discipline dans une situation dange-
reuse. Beaucoup d’entre vous ignorent jusqu’à l’exis-
tence du règlement militaire concernant l’obéissance,
applicable en toutes circonstances. Dommage ! Alors je
résume à ma façon :
Obéir sans discuter, en bons franchouillards
que nous sommes rouspéter mais seulement après
avoir obéi aux ordres et que les effets de l’obéissance
aient été constatés…
Nous sommes en démocratie, l’autorité qui nous
gouverne fut mise en place démocratiquement en dépit
des divergences de notre nation de râleurs ; en consé-
quence, de mon point de vue, obéir est le seul compor-
tement possible. Or l’obéissance aujourd’hui est atten-
due de toute la nation et ce que je viens de condenser
un peu ironiquement en une phrase paraît bien difficile
à observer. Ainsi en particulier, comment le petit élé-
ment que je suis peut-il agir utilement dans un moment
où justement l’autorité lui impose de se tenir tran-
quille ? Paradoxal !
Néanmoins je me souviens avoir dit : je suis un
capteur. Alors noyé dans la masse, vieillissant donc far-
deau possible, je capte et je note. C’est à peu près tout
ce que je peux faire. Utile, inutile ? On ne sait jamais
ce qui adviendra… J’oublie : si des jeunes appellent un
coup de pouce en math, ou en physique, mais pitié pas
en chimie car je suis nul, internet fonctionne et ma tête
aussi ; mes petits-enfants ont tout de suite pigé…
Pour clore cette petite confidence un souvenir
remonte ; je me remémore ce témoignage que j’eus la
chance d’admirer, celui du confinement unique et vo-
lontaire d’un homme livré à lui-même seul au milieu
d’une immensité : le Père de Foucault.
Cette diapositive, vieillie et retouchée, incite en-
core à réfléchir…
27 mars 2020
Confinement petitement collectif
Confinement petitement collectif
Sorte d’exercice de style, j’essaie de trouver
dans mes souvenirs des mises en situation de mon indi-
vidu, qualifiables de confinement ; en voici une…
J’étais jeune officier subalterne dans l’Armée de
l’Air, un « sous-bite » pour parler clair. Avantage
énorme : affecté à l’État-Major de notre Arme, en Al-
gérie, hors du service, je redevenais un civil comme
n’importe quel autre.
L’ambiance bureaucratique de l’É.-M. ne me
convenait guère. Alors je fus vite repéré par ma hiérar-
chie en raison de ma manie de saisir voracement tous
prétextes me permettant d’aller en l’air… Or un État-
Major c’est plein de réservistes planqués pas du tout
pressés de se faire envoyer en l’air ; nous étions seule-
ment quelques-uns, trois, quatre, guère plus, à avoir
ainsi la bougeotte : les "morphaloux". Peu de concur-
rence donc pour les services aériens commandés, les
SAC dans notre jargon ; notre hiérarchie, en majorité
des rescapés de la seconde guerre mondiale, nous chou-
choutait à ce propos.
Situation tout de même peu ordinaire car, con-
trairement à nos collègues en formation, on ne savait
jamais très bien où la prochaine mission nous condui-
rait, dans un but le plus souvent connu seulement à la
réception de l’ordre, à son affichage dans le tableau
quotidien de service. C’est ainsi qu’un Capitaine avec
qui je me suis lié d’amitié, se débrouilla pour m'offrir
une surprise : m’envoyer apprendre à piloter des pla-
neurs dans le Constantinois ; même pour cela, peu
d'amateurs se manifestaient… Je m'envolai de suite
pour Oum Settas, très exactement, dans les monts du
Constantinois où existe toujours une école de vol à
voile.
Je débarquai donc, un matin de fin octobre 1959,
dans un carré de barbelés sommairement équipé pour la
vie quotidienne et la pratique du vol à voile de pente ;
j'y demeurai tout le mois de septembre. Nous fûmes une
trentaine, arrivés le même jour et accueillis par le mo-
niteur en chef de ce centre, un civil content de récupérer
38 : Confinement dans le Constantinois
45
régulièrement des militaires acceptant de séjourner
dans son carré à peu près vide de civils; le carré était en
effet découpé dans une zone déclarée interdite, enclave
en plein milieu d'une zone hostile ; petite population
militaire venant d’un peu partout, donc obligation de
désigner réglementairement un chef ! Élection ? Non
mais alors, où croyez-vous donc être ? Le sort voulut
que, plus ancien dans le grade le plus élevé, je me re-
trouvai ipso facto, et quoique simple « sous-bite » le
plus jeune commandant de base aérienne en Algérie.
Fermez le ban !
Je découvris rapidement la ky-
rielle de droits et devoirs d’un grand
chef à la tête d’une équipe paumée
dans les monts du Constantinois, au
milieu d’un population clairsemée,
certes, mais un tantinet hostile…
Je vous raconterai de temps en
temps. J’ai tout mon temps !
27 mars 2020
Militaires confinés.
L’Algérie dispose d’une épine
dorsale ferroviaire de prime impor-
tance économique, reliant l’est et
l’ouest du pays. En particulier, le tron-
çon de quelques centaines de kilo-
mètres entre Alger et Constantine, par-
ticulièrement vulnérable durant la
guerre, devint un équipement étroite-
ment surveillé. En de multiples en-
droits propices aux agressions en rai-
son de l’isolement ou du relief, l’Ar-
mée installa des postes de guet occu-
pés par des groupes de fantassins cons-
titués généralement de quelques
hommes commandés par un Sous-Of-
ficier.
Il s’agissait le plus souvent
d’appelés du contingent, durant la du-
rée de leur service ou maintenus au-
delà de cette durée ou encore rappelés.
Les séjours jusqu’à la relève,
dans de tels postes fortifiés pouvaient
être longs. Le service ordinaire étant la
surveillance locale d’un équipement,
les hommes ne s’éloignaient donc pra-
tiquement jamais de leur poste. Ils
étaient ravitaillés en nourriture et bois-
son, équipés d’armes individuelles ou collectives, enfin
disposaient d’une liaison radio avec l’unité dont ils
étaient issus. De tout cela je conserve quelques anec-
dotes que je vous distillerai petit à petit…
Leur existence étant ainsi sommairement évo-
quée, on pourrait conclure : cela aurait pu être pire ! ce
que semble confirmer l’image que j’en donne, prise du
train qui me ramenait du Constantinois à Alger, seul
voyage terrestre que je fis en Algérie, tous les autres
ayant été aériens.
Néanmoins le sentiment d’isolement que me
procure l’image est fort, en dépit de la proximité de la
voie ferrée. N’importe lequel d’entre nous ayant servi
en Algérie à cette époque remarquera l’espace dégagé
entourant le fortin, sans angle mort, excluant toute ap-
proche cachée, en outre le peu d’ouvertures afin d’évi-
ter des tirs directs vers l’intérieur. Résumons : un inté-
rieur, triste espace fermé pour abriter la vie quotidienne,
une terrasse, indispensable pour le guet, très chaude en
été, très froide en hiver, mais permettant toutefois
d’échapper à l’oppressant confinement
des étages inférieurs…
En dépit d’un cantonnement to-
talement différent, je ne vécus cela que
durant un mois et dans des conditions
tout à fait supportables ; néanmoins,
j’accorde indiscutablement ma préfé-
rence à mon confinement actuel. Bien
évidemment je n’ai pour l’instant pour
me plaindre aucune de ces raisons que
subissent de nombreux concitoyens ; je
raconte ce que je vois, ce que j’ai vu et
je compare éventuellement, sans plus.
28 mars 2020
Confinement d’antan
Je suis confiné à Vincennes,
chez ma compagne depuis le 8 mars.
C’est en effet une conséquence de ma
dernière visite chez le chirurgien qui
s’occupa de ma carcasse à trois re-
prises pour un ultime contrôle post-
opératoire. L’homme de l’Art me con-
seilla fermement de ne pas rentrer chez
moi, à Thaon, mais de rester là où
j’étais et de n’en pas bouger, quarante-
huit heures avant le discours de notre
Président.
Cela me laisse supposer que le
monde médical, au moins celui mili-
taire que je fréquentais en raison de
mes impedimenta, sentait venir l’épi-
démie dans tout sa splendeur et s’y
préparait. La « transparence » dans
l’action gouvernementale dont nous
parla le Président ne me paraît donc
pas bénéficier de la limpidité du mot.
Je pense au contraire que cela désigne
une qualité incontournable et univer-
selle des discours des Princes manipu-
lant leurs sujets.
Comprendre un tel mécanisme est malaisé. Or je
veux être un capteur honnête. Je dois donc me perfec-
tionner en la matière. Une démarche possible : me re-
mettre à lire Tchakotine, celui qui écrivit le « Viol des
foules ». Le confinement me donne le temps de m’obs-
tiner dans cette déraison. Je vous en reparlerai : cela
vous barbera mais un forum est un lieu de liberté.
Pour le moment il me revient que hier, je vous
40 : Poste de guet, Algérie
40 : Confinement d'antan, Oum Settas
46
présentai un site où, durant de longues semaines, se
morfondirent quelques jeunes gens accomplissant leur
service militaire. Cette nuit, il me revint à l’esprit - je
dors peu – que ce confinement militaire n’avait rien
d’exceptionnel car omniprésent dans l’histoire de notre
humanité.
Je vous parlai il y a peu du carré de barbelés
d’Oum Settas dans le Constantinois. À une heure de
marche, de l’autre côté du cirque de petites montagnes,
existent toujours les ruines d’un fortin construit là, il y
a deux mille ans, plus ou moins quelques bricoles, par
les Romains, à ce que me racontèrent des civils fami-
liers du lieu ; mais je n’ai pas vérifié ; Il s’agissait de
contrôler la voie reliant des cités de l’est du Maghreb à
d’autres dans l’ouest. Ce furent de grandes cités, j’en
ai survolé plusieurs en Algérie.
La forme de la tour visible à Oum Settas rappelle
étrangement celle de sa moderne cadette vue le long de
la voie ferrée. Mais quelle pouvait être l’existence des
légionnaires du petit contingent posté là ?
29 mars 2020
Confinement ? Pas toujours et pas partout
pareil !
La « base aérienne » d’Oum Settas était aupara-
vant centre de vol à voile. L’armé de l’Air ne l’occupait
que pour la formation de son personnel au vol à voile.
Une présence militaire permanente étant nécessaire par
sécurité, cette mission fut dévolue à l’Armée de Terre.
C’est ainsi que j’y côtoyai durant mon séjour comme
élève pilote une petite unité d’artilleurs, un Sous-Offi-
cier et quelques hommes, organisation peu banale dont
je n’ai jamais compris les raisons, en fait je n’ai jamais
cherché à les connaître : une bizarrerie de plus de l’Ar-
mée, il y en avait tellement aux yeux des appelés, alors
pourquoi se fatiguer à essayer de comprendre.
Toutefois j’étais le pacha de ce petit univers mi-
litaire. En dépit de mon souci permanent, comme
simple élève, d’être présent lorsqu’arrivait mon tour de
poser mes fesses dans un planeur, je devais assurer ma
haute et inattendue fonction de grand chef. J’en plai-
sante aujourd’hui mais pas à l’époque ; notre carré de
barbelés, la piste d’envol, les deux ou trois masures ha-
bitées pas trop loin et la route nous reliant à la localité
la plus proche, le Khroubs, tout cela était enclavé en
zone interdite. Je pris donc connaissance des consignes
de sécurité dès mon intronisation. Cela nécessita en par-
ticulier un aller-retour vers la « vraie » base aérienne
dont nous dépendions à Oued Hamimine dans la ban-
lieue de Constantine, aller-retour dans un tas de rouille
ressemblant à une 2CV lorsque regardé de près, réformé
de surcroît durant mon séjour.
Nous les « aviateurs » avions le privilège de
nous balader dans la zone interdite mais au-dessus, en
volant. Les artilleurs devaient rester dans notre carré,
leur poste. J’eus donc connaissance de leurs consignes
car j’étais responsable de leur bonne exécution. En par-
ticulier, la nuit, un homme du tour de garde devait
joindre par radio l’unité d’artillerie afin que qui de droit
sache que nous étions en bonne santé. En cas de man-
quement on m’affirma qu’un tir d’artillerie pour arroser
la zone autour de notre carré serait déclenché. La radio
était alimentée, non pas par une batterie mais par une
dynamo remplaçant une roue de bicyclette sur laquelle
l’homme de garde devait pédaler. Il y avait bien
d’autres consignes, pour l’eau, uniquement sanitaire et
assez rare, l’hygiène, l’armement, l’alimentation,
etc. En fait tout était simple ; la sécurité en vols était
l’affaire du moniteur en chef et nous nous entendions
bien.
J’ai attaché de l’importance à la radio. Bon, au
début j’avais un peu l’angoisse que, l’homme de garde
s’assoupissant, quelques dragées arrivent inopinément
dans le carré, sait-on jamais avec les artilleurs pas tous
émérites ; En fait j’en parle à cause d’un coup de sirocco
inopportun…
Eh oui ! Vers la fin de septembre, cette cochon-
nerie se mit à souffler ! Pour combien de jours ? Nul ne
savait. Cependant on savait que le vol de pente devenait
ainsi impossible. Cloués au sol ! Il faisait chaud et
l’énervement gagnait mes hommes. Il leur fallait de
l’exercice remplaçant celui interdit par le mauvais vent
; pour ceux l’ignorant, le vol à voile est un sport collec-
tif nécessitant du mouvement. Alors, du mouvement,
j’en ordonnai en décidant une patrouille dans la mon-
tagne vers ce vieux fort qui m’intriguait. Par consé-
quent, c’était la consigne, appel radio pour signaler
notre sortie inhabituelle au ras du sol, les artilleurs res-
tant à la maison bien au chaud.
Même date
Sauts temporels
De nouveau Oum Settas.
Intéressant notre confinement : au sol peu de
place et entassement dans le carré de barbelés de l’équi-
pement, des gens et des chiens de garde, en l’air tout
l’espace souhaité et dispersion des gens chacun dans
son fragile oiseau. Situation peu courante et souvenir
inaltérable ! Par comparaison, qu’en était-il pour les mi-
litaires - que j’affirme sans raison avoir été des légion-
naires romains -, postés dans ce djebel il y a plusieurs
siècles, de l’autre côté du cirque montagneux ?
J.-B. C., le moniteur avec qui je m’entendais
41 : Survivance du passé récent, Oum Settas
47
bien, m’invita un après-midi dans son coucou motorisé
pour une longue balade au-dessus de cette partie du
Constantinois. Tout en surveillant ma manière de pilo-
ter, en râlant de temps en temps pour justifier sa répu-
tation injustifiée de teigneux, il me racontait ce pays
qu’il connaissait bien car c’était son pays.
L’image qu’il me donna du djebel Oum Settas,
particulièrement du cirque, pierreux, archi-sec, quasi-
ment désertique, différait totalement de celle que je
connaissais. Je faisais là, tous les jours, des ronds en
l’air en compagnie des vautours avec le souci perma-
nent de repérer où me poser si nécessaire. Alors le sol
pierreux, archi -sec, quasiment désertique, c’était ma
certitude car réalité quotidienne et je n’imaginais abso-
lument pas qu’il pût en être autrement autrefois
Tout faux !
Dans un passé récent, avant 1954, une exploita-
tion agricole existait dans ce site ; elle disparut rapide-
ment lorsque l’insécurité régna. En restait une grande
bâtisse en voie délabrement, ceinte de champs retour-
nant à l’état de jachères, dans lesquelles les nombreux
sangliers se repaissaient tranquillement, les cultures
s’obstinant à se perpétuer sauvagement (fig.41). En res-
taient quelques masures occupées par de pauvres gens
sans travail. En restait enfin un puit, sans margelle donc
piège pour les petits animaux s’y noyant, puit néan-
moins fournisseur de notre eau que j’ose à peine quali-
fier de sanitaire…
Dans un passé plus ancien poussaient ici des oli-
viers, beaucoup d’oliviers. J.-B. C. m’en précisa une
preuve : les vestiges en pierre d’un pressoir à huile ; j’ai
effectivement vu ces vestiges. Toute une population vi-
vait ici. Avant 1954 les vélivolistes, souhaitant disposer
d’eau courante dans leur centre sportif, demandèrent à
des hydrologues de déterminer où en trouver ; ils trou-
vèrent rapidement, exécutèrent un forage pile là où de
lointains prédécesseurs avaient installé un captage sou-
terrain, bassin maçonné dans la nappe phréatique, cou-
vert d’une belle voûte et plein d’une belle eau claire ;
j'eus la chance d’admirer la construction grâce au puit
moderne ajouté. Hélas ! Coopération entre générations
éteinte en 1954…
Enfin, impossible d’ignorer les nombreux dol-
mens parsemant le site, preuves d’une importante et
longue présence humaine à une époque antique (fig.43
).
Existait vraisemblablement là une sorte d’Eden,
aujourd’hui disparu (fig.43 ) ; revirement : les « légion-
naires romains » ne devaient guère s’y sentir confinés !
Telle fut ma nouvelle certitude, maintenue après mon
départ…
Certitude ? Se méfier des certitudes
30 mars 2020
Certitudes
Les certitudes du moment.
Allant ici ou là, cherchant à exhumer du passé
des souvenirs de confinements, éventuellement vécus
par votre serviteur, j’en suis venu à parler de certitude.
Étais-je raisonnable de considérer que les supposés lé-
gionnaires romains était confinés dans ce fortin perché
sur sa barre rocheuse, à une heure de marche du carré
de barbelés où je fus confiné moi-même bien des siècles
plus tard ?
Question oiseuse due à ma fringale de noircir du
papier - virtuel - compensant mon inaction de confiné
sanitaire…
Est-on capable d’une quelconque certitude dans
nos actes, quels qu’ils soient ? J’en suis bien incertain.
Cependant, écoutant les blablas dont on nous abreuve
sur les ondes sur l’inépuisable sujet du confinement,
j’entends bien évidemment les commentaires d’audi-
teurs intervenant en direct.
Le nécessaire confinement, inévitablement dé-
crété dans l’urgence, rabote évidemment tous les détails
des situations particulières… aussi nombreuses que les
citoyens. On entend donc essentiellement des citoyens
désemparés exposant leurs cas ; le registre de leurs
questions éclate, il s’étale de la bêtise pitoyable à la per-
tinence incontestable. Cependant on entend en outre
d’autres citoyens, pas du tout désemparés, sans ques-
tions mais parfaitement inendiguables, exposant leurs
certitudes, généralement des fouillis d’idées parfois in-
compréhensibles.
S’inspirer de ces idées ? Ce serait éventuelle-
ment le cas dans une démocratie directe réclamée par
les gilets « jonquilles » ; « jonquille », c’est plus joli
que « jaune » et c’est printanier donc d’époque. Bon, de
telle avalanches seraient fâcheuses ; j’use du condition-
nel, certain de l’incertitude d’une telle chute… Bon
43 : Passé de plus en plus lointain, Oum Settas.
43 : Passé lointain.
48
bref, vous comprenez ce que je veux dire… Heu… Pas-
sons à autre chose…
Il reste, pour résumer, que les ondes dispersent
à profusion du bon grain et beaucoup d’ivraie. Faut trier
comme on peut ! Toutefois c'est préférable au virus qui
se disperse tout seul…
31 mars 2020
Nietzche chez un confiné
Du calme ! Je n’ai reçu aucun coup de bambou
sur la tête ; serait-ce mon quart d’heure favori de dérai-
son ? Non, il ne s’agit pas de cela ! Simplement et bê-
tement je fus avant hier un tantinet désœuvré.
J’effectue de nombreux aller-retour entre Thaon
et Vincennes : sentimentaux, avoue-je, mais aussi en
outre, depuis plus d’un an, médicaux. Ainsi, le 8 mars
dernier, je consultai un chirurgien de l’hôpital Begin,
lequel me conseilla fermement d’éviter de retourner à
Thaon. Conseil confirmé non plus fermement mais
autoritairement et à plusieurs reprises, peu de jours
après, par notre Président et notre Premier Ministre…
Piégé ! Du calme encore ! Je connus pire sort !
Néanmoins piégé à Vincennes et mes bouquins
à Thaon. Certains m’accompagnent toutefois dans mes
aller-retours ; ils vont et viennent avec leur propriétaire
selon ses besoins et bénéficient d’une petite biblio-
thèque à Vincennes pour se reposer. Ceux, ainsi pré-
sents récemment, subirent le sort commun : confinés
sur place ! J’avais donc de la lecture, toutefois vite in-
suffisante, avec un choix subitement figé dans sa der-
nière composition par le confinement. Du connu donc
sans attrait à ce moment-là… Petite disette vite soignée
: ma compagne est également bibliophile ; nonobstant,
Agrégée des Lettre, sa bibliothèque bien fournie n’a
évidemment pas la coloration de celle d’un matheux.
Qu’importe ! L’œcuménisme livresque balaya ma frin-
gale : un peu de littérature me fera le plus grand bien,
pensai-je alors, mêlons donc « philo » et « math ».
En conséquence, je plongeai résolument dans la
bibliothèque de ma compagne que je me contentais su-
perficiellement de côtoyer ordinairement. Folle impru-
dence ! J’en émergeai étourdiment avec le « Bien et le
mal » de Nietzche (xvi). Brave homme que je fréquen-
tai à l’époque du Bac, programme oblige, et dont je
m’écartai aussi vite que possible, l’urticaire me gagnant
; j’avais oublié cela… Or le brave homme, déjà difficile
à lire dans son style continûment orné de fioritures ex-
cessives, confond son lecteur par l’ampleur de ses cri-
tiques acerbes sur autrui ; je suis direct : en « prépa »,
classe de mathématique spéciale nous rangions de tels
discours dans la catégorie des « masturbations men-
tales .
Malvenu ce bouquin ! Désœuvré, étais-je ; alors,
courage ! J’ouvris, je feuilletai… Oups ! Que lis-je page
32 ? Ceci :
" Il y a encore des observateurs assez naïfs
pour croire qu’il existe des « certitudes immé-
diates », …"
Oh ! Oh ! Je parlai de cela hier… Serais-je donc
un émule de l’illustre mais barbant Nietzche ?
Certitude de mes incertitudes ou incertitude de
mes certitudes ? Je conclus : seulement certain avec in-
certitude du mal de tête qui me gagne ! Pas peu fier ce-
pendant de découvrir un effet pervers et inattendu du
confinement sur un confiné, pire que le virus : le mener
à des lectures calamiteuses.
1er avril 2020
Nietzsche derechef !
J’ajoute un « s » dans le nom ainsi que l’éditeur
l’intercala entre le « z » et le « c », ce dont je m’aper-
çois en rédigeant la notice catalographique destinée à
mes notes de lecture. Mais pourquoi citer de nouveau
ce contempteur de notre société ?
Un livre, c’est un auteur, ou plusieurs ; simpli-
fions, c’est un homme avec ses idées et prenant la peine
de les communiquer. L’important, avant de juger le
contenu, est de considérer le travail qu’il représente.
Certains auteurs possèdent le don de bien écrire facile-
ment et rapidement ; ce fut, paraît-il le cas de Victor
Hugo qui ciselait notre langue selon les nuances de ses
idées ; de la musique ! Nombreux sont les autres ayant
moins de facilité ou des difficultés en écrivant. Dans
tous les cas c’est du travail méritant le respect, quel que
soit le contenu, du meilleur au pire.
Le respect ici consiste à ne pas fermer l’ouvrage
en abandonnant prématurément sa lecture. Je persévérai
donc dans la lecture de « Le bien et le mal ». Le respect
de l’auteur m’apporte une récompense ; je trouve page
214 (xvi) une exclamation en aparté de l’auteur :
"- y a-t-il encore aujourd’hui des psycho-
logues ailleurs qu’en France ? -"
Nietzsche en devient presque sympathique. J’ai
oublié où avoir lu l’affirmation de la primauté incontes-
table de notre pays dans la production de psycho-
logues ; obviant cet oubli, conséquence notoire : la pré-
sence rapide et systématique d’au moins une cellule
psychologique lors de n’importe quel événement, là où
il advint.
Bonté divine ! Ce fichu virus et le confinement
qui en résulte perturbent bien du monde autre que celui
44 : Léproserie, Remiremont.
49
effectivement atteint par la maladie… Alors, Monsieur
notre Président, quid des cellules de psychologues ?
Elles devraient être présentes dans chaque rue ! Hélas !
Elles sont confinées… Doit-on rire ou pleurer ? On en
parle peu, en toute transparence.
Même date
Viol des foules
Tchakhotine, Professeur d’Université acquit la
notoriété en étudiant les comportements collectifs des
espèces animales ainsi que les techniques pour les con-
trôler. Lorsqu’il publia l’ouvrage auquel je me réfère
aujourd’hui : « Le viol des foules (xxi) », en 1952, j’étu-
diais la mathématique et son usage particulièrement en
thermodynamique et mécanique des fluides, disciplines
bien distinctes des sciences de l’homme, domaine du
Professeur ; j’en ignorais pratiquement tout.
Vint l’époque de mon service militaire. Mécani-
cien affecté à l’armement je découvris la pratique de
sujets que j’avais étudiés théoriquement en école. Je me
souviens en particulier des manières de régler avec une
précision d’horloger, l’explosion d’une bombe, d’une
mine, etc., ou pas drôle du tout, de les désamorcer.
Dans cet itinéraire, mon ignorance des travaux
du Professeur Tchakhotine restait toujours totale. Et
puis, un lundi matin, le tableau de service averti l’aspi-
rant que j’étais alors d’assister avec deux copains à une
suite d’heures de cours… de psychologie !
Ah ! C’était nouveau ! Le jeune professeur, un
appelé maintenu, ancien élève de l’ENS, était Agrégé
de Philosophie, perpétuellement simple soldat à ma
connaissance car un tantinet objecteur. Nos cours pri-
rent vite le ton de discussions entre camarades univer-
sitaires. Dès la première discussion, le camarade
Agrégé nous précisa sa mission : nous inculquer des ru-
diments d’action psychologique avant notre départ en
Algérie… À caser dans une paire de semaines ! Reçu ?
Exécution ! Les "mili" ne doutent de rien !
J'étais curieux de tout et je le suis toujours. Je
découvris ainsi, sans les digérer toutefois, ne rêvons
pas, les travaux de Tchakhotine dont notre nouvel ami
avait peut-être été l’élève et certainement un admira-
teur ; je fus impressionné. Les années passèrent et au
fil du temps, les événements sociaux plus ou moins agi-
tés qui secouèrent notre pays me donnèrent l’envie de
me replonger dans cette œuvre ; ce que je fis et continue
de faire, mais par petites doses…
C’est en effet une œuvre difficile nécessitant à
mon avis, avant de l’aborder, une bonne culture psycho-
logique que je ne possède pas. J’ai donc bien du mal à
suivre l’auteur dans ses raisonnements. Petit à petit j’en
retire toutefois l’impression que tous les gouverne-
ments, quels qu’ils soient pratiquent une opacité plus ou
moins forte dans leurs actes. Ce n’est qu’une opinion
mais j’imagine que nos dirigeants sont mieux avertis
que dans leurs affirmations, surtout en ce qui concerne
notre situation actuelle, en particulier la durée du con-
finement et ensuite la relance de notre économie.
À suivre.
Même date
Question d’échelle
Dans cette crise mondiale, individu confiné, je
ne suis qu’un élément d’une suite de collectivités diver-
sement confinées, successivement imbriquées chacune
dans la suivante, comme des poupées russes : mon quar-
tier, ma ville, mon pays… etc., in fine la terre tout en-
tière ; ne voyez avec cette dernière citation aucune exa-
gération farceuse de ma part et je ne peux pas monter
plus haut car elle constitue notre ultime prison, pandé-
mie ou pas. Parallèlement dans la crise que nous subis-
sons, mon comportement est ainsi un élément des com-
portements de ces collectivités, chacun intégré dans le
suivant.
Cette situation exceptionnelle suscite la curio-
sité. Je connais forcément mon comportement indivi-
duel sans toutefois être capable de l’analyser finement
pour le comprendre ; il faudrait pour cela que je sois
biologiste ou psychologue ou mieux, les deux conjoin-
tement. Or je suis ignare dans ces disciplines et par con-
séquent incapable d’apprécier correctement ces com-
portements collectifs ; je suis néanmoins immergé pas-
sivement de proche en proche dans chacun.
Tout comportement collectif résulte des com-
portements individuels qu’il intègre, aussi nombreux et
divers que les individus ; réciproquement il se répercute
sur ces éléments le composant. L’étude de ces interac-
tions appartient à la sociologie. À mon âge et de sur-
croît, en l’absence de toute formation antérieure en so-
ciologie, espérer pénétrer les arcanes de cette discipline
n’est qu’un pur rêve. Mais la curiosité m’obsède, alors
je me résous à explorer et grapiller les informations qui
passent à ma portée.
Voilà qui explique mon retour particulier vers le
livre de Thakothine que je possède depuis longtemps ;
je vous ai raconté comment je découvris cet auteur il y
a soixante ans, anecdote dans mon existence, à l’époque
de mes grandes vacances au frais du gouvernement.
Chance dans ma quête, Tchakothine fut un chercheur
réputé dans sa famille de sociologues, disparus ou con-
temporains ; il en existe bien d’autres et Tchakhotine
cite souvent quelques-uns d’entre eux qu’il connut, par-
ticulièrement un Français : Le Bon. Le temps possible
qui me reste pour les étudier sérieusement est vraiment
45 : Ermitage du Frère Joseph, Ventron.
50
trop court. Je me limite donc à l’essentiel du peu que je
récupère.
Chaque collectivité possède des dirigeants ; ils
détiennent en propre des moyens de connaissance et
d’action généralement hors de portée des individus.
Tout dirigeant possède ainsi un pouvoir de contrôle sur
le comportement de la collectivité qu’il a en charge ;
inévitablement son contrôle du comportement collectif
induit des réactions des comportements individuels. La
boucle ainsi formée, par sa complexité, défie générale-
ment l’entendement de la masse dirigée ; il est bien pos-
sible en outre qu’elle échappe parfois à l’entendement
des dirigeants, en dépit des moyens de connaissance
dont ils disposent. L’incertitude d’installe…
Confiné dans l’ignorance, l’incertitude, pour le
simple citoyen réside, dans ce qu’il imagine de la qua-
lité des actions de la classe dirigeante. Imagination sou-
vent dénuée d’éloges pour ces actions et pour cause,
l’histoire rapportant qu’il en fut de bien mauvaises et il
en est encore de telles. En dépit des inévitables polé-
miques, détestables dans les accusations qu’elles col-
portent, j’ai personnellement le sentiment fort que notre
démocratie, en dépit de sa fragilité, nous protège de ces
calamités. Cependant même en l’absence de toute in-
tention maligne, nous ne sommes pas à l’abri des er-
reurs d’appréciation et de décision dans les actions de
nos dirigeants et consécutivement en retour dans nos
réactions.
Or dans une collectivité, l’incertitude génère la
crainte et la crainte, mauvaise conseillère, génère sou-
vent des excès. Les dirigeants craignent à leur niveau
l’émergence de cette crainte avec comme conséquence
une prudente opacité dans leur communication. De là
mon scepticisme quand j’entends des promesses de
transparence.
Mais, mais, craintes partout… Comment répar-
tir raison et déraison entre transparence et opacité dans
la gestion de la crise qui nous frappe ?
Bon, petit déjeuner… l’opacité du café me ré-
jouit.
2 avril 202
Léproserie
Un triste lieu de confinement : la Léproserie13 de
Remiremont (44, iv).
3 avril 2020
Mini confinement
Il existe très probablement des êtres humains
isolés dans quelques endroits de la planète, ignorant le
confinement quasi général imposé à notre humanité ; en
dépit de cette minuscule réserve, immense est la masse
de tous ceux qui ne peuvent plus vivre exactement
comme à l’accoutumée ; parler de confinements tou-
chant de petits groupes semble alors totalement incon-
gru. Or dans mes nombreux moments actuels d’inac-
tion, je m’amuse à rechercher dans le passé de tels cas,
éventuellement pour comparer. Cette manie me prend
surtout le matin, de bonne heure dans la nuit finissante ;
je note vite, avant les pilules, la chute de tension et la
bouillie pour chat concomitante emplissant ma tête.
J’ai déjà cité deux cas d’ermites ; n’ayant jamais
eu l’idée d’une telle existence, ne l’ayant donc jamais
vécue, je me contente de retrouver quelques images, re-
marquant ce faisant la beauté des sites, splendeur bru-
tale ou douceur, où se retirèrent ces confinés de leurs
propres volontés.
L’image présente n’offre évidemment pas la vi-
sion d’un ermite se rapprochant du ciel. Simplement un
pilote en 1959 effectuant son travail, piloter, au-dessus
d’une région curieuse, certes, mais sans attrait, telle-
ment vue et revue. Derrière le pilote, l’observateur ne
faisant pas son travail juste à ce moment-là, puisqu’il
photographiait ; mais, mais, un fantaisiste ! Remarque
en passant qui devrait vous rappeler quelqu’un…
Deux individus donc, seuls, en l’air ; leur isole-
ment, radio exceptée, est complet. Rien à attendre de la
collectivité, on ne peut compter que sur le collègue de-
vant et réciproquement. Sensation de confinement ?
Non, pas du tout, plutôt le contraire ! Sensation de li-
berté dans le ciel ? Même pas, le bruit, les secousses, le
« pépin » incommode sous les fesses tout confirme con-
tinûment qu’on est dans une boîte, pas comme des sar-
dines mais bien dans une boîte. Cependant tout va
bien… Comme d’habitude.
Sauf exception, pas ce jour-là et dans un autre
taxi, moins serrés. Paf ! Le moteur qui défaille soudain,
perdant son huile sur le pare-brise, pulvérisée par le
souffle de l’hélice en aérosol continu ! À une heure de
vol du havre, au-dessus d’une zone hostile ! Sacré mo-
teur, tiendra-t-il jusqu’au bout ? Je vécus cette situation
avec le collègue ; on se sent subitement seuls, rien à at-
tendre d’autrui. Reste l’esprit militaire, la discipline in-
hibe toute sensation de confinement. Circonstance ex-
ceptionnelle ? Le règlement commande de faire son
boulot, faire tout le possible pour ramener l’appareil et
ce qu’il contient à bon port. Alors, le premier et court
instant de surprise passé, on s’adapte immédiatement
aux nouvelles données du vol. Sensation de confine-
ment ? toujours inexistante ! C’est le souvenir que j’en
garde.
Une heure plus trad, ouf ! Posés. On n’y pense
plus. Enfin presque, toujours ce règlement qui com-
mande : le rapport, la paperasse…
Quand j’y repense, bien des années après c’est-
46 : Confinement en T6, Sétif.
51
à-dire aujourd’hui, ce fut néanmoins un beau confine-
ment. Le simple respect des consignes nous le fit ou-
blier, ce qui souligne l’efficacité de l’entrainement su-
bit auparavant ; ce qu’il pouvait être barbant !
Néanmoins, toute réflexions faites quiètement
ce matin, mon confinement actuel me paraît énormé-
ment plus confortable. Eh oui ! Jusqu’à y compris l’ab-
sence de parachute sous les fesses, sorte de coussin
rempli de noix mal foutues !
9 avril 2020
Ermitage
Autre mode de confinement. Ermitage du Frère
Joseph, Ventron (45).
4avril 2020
Pourvu que cela dure !
Relisant la définition du verbe confiner, donnée
par Furetière, je prends conscience de mon inattention
lorsque je la dénichai pour la lire rapidement dans son
dictionnaire. Furetière précise en effet l’exiguïté du lieu
de confinement. Je dois cette vérification à mon souci
de ne pas exagérer en présentant ce matin, photographie
à l’appui, l’habitacle d’un vieux T6 comme lieux de
confinement.
Vrai ! Les méfaits de la mondialisation sont bien
réels. L’humanité tout entière, confinée sur toute la
Terre entière, c’est bien ce dont on parle aujourd’hui,
contredit Furetière ; bon, bien, si je considère que notre
Terre n’est qu’une poussière minuscule dans l’univers,
j’admets qu’il n’existe plus de contradiction, seulement
une simple actualisation.
Petite mise au point embarrassante ! L’exiguïté
n’étant plus une condition maîtresse, qu’en est-il du
confinement ? Pour tout individu, dirais-je, avec ses ha-
bitudes, ses droits, éventuellement ses devoirs, le con-
finement survient dès lors qu’on taille dans ce qui pré-
cède, l’espace n’étant plus qu’un détail…
Fichtre ! Cela risque de me mener loin et vous
5 Salch, 1987, Saint Geniez ô Merle, pp.1030/1031.
avec, dans ma prospection des confinements passés, ac-
tuels et, pourquoi pas, futurs. Pourvu que notre confi-
nement dure, que je puisse continuer autant que néces-
saire…
Qu’entends-je ? Des rouspétances ?
Même date
Les Tours de Merle
Je suis passé là en juillet 1971, suivant une petite
route mal entretenue, sinueuse au travers d’un bois as-
sez dense ; soudain la surprise : sur la crête d’un petit
éperon rocheux raide et étroit se dressent les ruines d’un
groupe de quelques tours, serrées les unes contre les
autres. J’en connaissais l’existence, ayant lu attentive-
ment leur mention discrète dans le guide que j’avais en
mains ; néanmoins en dépit de leur élévation, elles
étaient bien cachées, visibles seulement après un der-
nier virage, de l’autre côté de l’étroit et profond vallon
en méandre, subitement en travers de ma route, me sé-
parant d’elles.
Il semble que ce site soit mieux mis en valeur
aujourd’hui. Cependant, en 1971, tel que je m’en sou-
viens, il illustrait parfaitement le mot : confinement.
L’exiguïté du site apparaît là incontestablement,
accentué par ces sévères bâtisses fortes s’élevant cha-
cune en un seul jet, la place pour les occuper ne pouvant
exister que dans la hauteur. Quelques familles seigneu-
riales, plus ou moins alliées, se partagèrent ainsi cet em-
placement en des siècles reculés. La documentation
consultée signale en outre la présence de vestiges de
masures blotties tout autour, accrochées aux parois de
l’éperon, aux pieds des tours : elles abritaient une petite
population de manants cherchant protection.
Curieux vestige5 ! Ce n’est pas une petite ville
fortifiée, loin de cet aspect, ni même un village ceint de
murailles. Ce n’est pas non plus un château en raison du
nombre inhabituel de détenteurs se partageant, serrés,
la crête rocheuse étroite. Toutefois c’est assurément un
lieu fortifié de refuge. Contre quels risques ? Certaine-
ment celui permanent de troupes guerrières, celui des
47 : Tours de Merle, Saint Geniez ô Merle. 48 : Tour de guet, Colorado.
52
Anglais à proximité ou encore celui de bandes de bri-
gands… Peut-être aussi celui de la Peste, si redoutée
autrefois…
Résumons : Isolement et sécurité mais quel in-
confort !
10 avril 2020
Watchtower
Le guet contribue à la sécu-
rité d’un territoire par sa surveil-
lance. Cette fonction dépend évi-
demment de multiples conditions,
fastidieuses à examiner ici ; toute-
fois elle nécessite fréquemment
l’usage d’un édifice conçu pour son
exercice et l’existence du ou des
guetteurs ; il existe en grand
nombre, de toutes époques, en tous
lieux et le promeneur attentif peut en
contempler souvent des exemplaires
le long de son chemin, admirer aussi
car parfois ce peut être une construc-
tion très soignée.
En janvier 1995, je photogra-
phiai cette belle tour de guet située
près de la route longeant la rive sud
du Colorado. Elle fut construite il y
a plusieurs siècles par le peuple
Anasazi, pour surveiller dans le dé-
sert proche de leur territoire, d’éven-
tuels mouvements d’inconnus. Je
précise que cette construction fut
soigneusement restaurée.
Une poignée d’hommes observant jour après
jour un horizon désertique, depuis cette tour érigée dans
un site magnifique ; magnifique mais apparemment peu
hospitalier. Ces hommes, se sentaient-ils confinés ? Ce
concept avait-il seulement un sens dans leur peuple,
existait-il un mot dans leur langue pour l’exprimer ?
En tous cas, notre confinement est loin de cet
exemple.
11 avril 2020
Qui confine qui ?
La grande Muraille de Chine fut l’œuvre de plu-
sieurs générations peuplant différents royaumes ;
royaumes assemblés progressivement au fil d’une his-
toire marquée par les rivalités de leurs belliqueux sou-
verains. Certains, nombreux, décidaient d’abriter leurs
biens, leurs royaumes, par des murailles. La muraille :
protection d’une peuplade contre les incursions d’une
autre peuplade. Mais alors, chinoiserie, laquelle des
deux peuplades était confinée ? Celle à l’abri mais dont
tout ou partie des activités se trouvaient détournées par
le souverain au profit de l’ouvrage ? Celle de l’extérieur
tenues éloignée d’une source espérée de richesses ?
Confinées toutes deux en raison de l’obstacle à leurs
habitudes de se déplacer ?
Du travail pour les sinologues spécialistes de ces
questions et la conviction pour moi que le concept de
confinement dépasse de loin en complexité l’idée ré-
ductrice que nous en donna Furetière.
La photographie date de 1987. Elle montre un
petit bout de la Grande Muraille proche de Pékin, à une
soixantaine de kilomètres ; déjà en 1987 les visiteurs
étaient nombreux. Autrefois les con-
finés-constructeurs étaient à droite
de ce que l’on voit, à l’est. Les pas-
constructeurs-confinés étaient donc,
néanmoins confinés malgré eux, de
l’autre côté, à l’ouest (49).
Le confinement à l’ouest per-
sista longtemps sous diverses formes
; j’en parle en connaissance de cause
car jusqu’en 1986 n’allait pas en
Chine qui le voulait et ne s’y dépla-
çait pas comme il le voulait. À l’est
les constructeurs confinés furent
quasiment des esclaves ; confine-
ment en évanescence ensuite ; j’en
parle également en connaissance de
cause car après 1986 j’eus très long-
temps le sentiment que leur lieu de
confinement s’était déplacé dans nos
Galeries Lafayette… Bon, je plai-
sante.
12 avril 2020
51 : « Jail », Calico.
49 : Petit bout de mur, Badaling.
50: « Jail », San Diego.
53
Ouest américain
Indubitablement, les pionniers de l’Ouest Amé-
ricain pratiquaient sérieusement le confinement. Visi-
blement le confiné dans ces habitacles était à la merci
de toute sortes de bestioles y compris notre cher virus,
détail ignoré à l’époque.
La première de ces cages est exposée dans la
Vieille Ville (Old Town) de San Diego en Californie ;
À l’endroit considéré comme le premier site de la ville,
d’anciennes bâtisses rescapées du XIXe siècle, démon-
tées, réhabilités, remontées autour d’un rectangle de
verdure, rappellent ce qu’était le pays à l’arrivée des
premiers européens. « The Court House » et son an-
nexe, présentée ci-contre, témoignent de leur soif de
justice. Hum ! Hum ! Le confiné, là-dedans, devait ef-
fectivement ressentir de la soif…
À une paire de journées de cheval de San Diego,
peut-être plus, Calico, une ville fantôme au milieu d’un
quasi désert mais bien entretenue pour les touristes,
possède également une cage bien aérée en annexe de
son « Sheriff Office ». Bien aérée, heureusement, car le
soleil chauffe là-bas !
12 avril 2020
Wuhan
Allant de Canton à Pékin, en chemin de fer, je
passai à Wuhan, en 1984. Long trajet d’une journée en-
cadrée par deux nuits dans un confortable comparti-
ment, alors comme beaucoup d’autres voyageurs, je
profitai des quelques arrêts d’une dizaine de minutes
pour m’aérer et me dégourdir les jambes sur les quais
des gares. Je peux donc affirmer que je me suis ainsi
promené à Wuhan. La gare juste quittée, le convoi tra-
verse le Fleuve Bleu, passage dont je conserve cette
image. L’atmosphère était bien brumeuse ce qui rend
difficile de reconnaître dans ce paysage les images de
Wuhan faciles à récupérer aujourd’hui dans l’Internet.
Ma photographie date de trente-cinq ans, la Chine sor-
tie depuis peu de sa Révolution Culturelle a bien changé
depuis ; il s’agit bien toutefois d’une image de Wuhan
; là, le train traverse le fleuve à l’intérieur d’une énorme
poutre en treillis métallique, sous la chaussée pour la
circulation ; l’ouvrage est connu et les éléments de
membrure en travers de l’image correspondent bien à
ce que l’on peut voir sur des photographies modernes.
Wuhan est à l’origine de l‘épidémie nous con-
traignant au confinement ; néanmoins je ne ramenai au-
cun virus de cette visite, depuis 1984 je m’en serais
rendu compte ; une autre raison m’a poussé à exhumer
ce banal souvenir.
Durant mon activité au L.C.P.C., j’entretenais
de fort bonne relation de travail avec des Chinois fré-
quentant le même établissement. En général c’étaient
des étudiants, toujours de très bon niveau, séjournant en
France pour parfaire leurs études. Toute une génération
de cadres ayant été envoyée dans les rizières durant la
Révolution Culturelle, la Chine avait un énorme besoin
de techniciens et scientifiques ; les jeunes gens à nous
confiés, inventifs, intelligents étaient de surcroît de vé-
ritables boulimiques de travail… Le résultat, au-
jourd’hui est spectaculaire.
Il advint en outre, que jour après jour, lorsque je
prenais le métro pour me rendre à mon travail, je ren-
contrais souvent un ingénieur Chinois, un plus âgé que
moi. Matinaux tous deux, nos rencontres se multipliè-
rent et nous prîmes l’habitude de converser. Monsieur
L. était cadre supérieur dans son pays, dirigeant d’un
grand équipement de production d’électricité. Il était
envoyé dans notre pays par son pays pour y préparer
une thèse de doctorat. Nos entretiens dans le métro se
transformèrent vite en déjeuner en commun à la can-
tine ; je reçus ce collègue chez moi et je peux affirmer
qu’il appréciait le vin d’Alsace et la choucroute. Il
m’assista beaucoup dans ma préparation des deux mis-
sions que j’effectuai dans son pays. Je pense parfois
que cette amitié ne passa pas inaperçue et facilita mon
envoi dans un Institut de Pékin pour enseigner.
Néanmoins en dépit d’une amitié partagée, j’eus
toujours le sentiment d’une barrière entre nous. Nos
conversations professionnelles furent toujours libres,
sans réserve. Mais dès que nos propos, surtout à table,
dérivaient vers la famille, nos modes de vie, les événe-
ments, je sentais rapidement un frein dans nos
échanges, une sorte de gêne.
Ne tournons pas en rond… Nous étions confinés
idéologiquement, chacun de notre côté quoique l’un à
côté de l’autre. J’y pense aujourd’hui car à force de pio-
cher dans mes archives et de regarder autour de moi
pour dénicher des exemples de confinement, j’en dé-
couvre soudain un, essentiellement abstrait mais effec-
tif. Une muraille conceptuelle…
Confinement affirmé ensuite lors de mes deux
séjours en Chine ; intégré pour le travail j’étais tenu à
l’écart dans la vie courante, repas, visites de sites ex-
traordinaires, etc. toujours accompagné d'un guide. Je
rappelle : en 1984.
Lorsque L. retourna dans son pays, nous
n’eûmes plus de nouvelles de sa part. Curieux… Plu-
sieurs mois plus tard, la secrétaire de notre Service In-
ternational me glissa avoir reçu quelques nouvelles de
notre collègue ; il avait retrouvé son poste après
quelques vacances pour rééducation dans un
52 : Wuhan.
54
établissement adéquat ; son long séjour en France
l’avait quelque peu écarté, semble-t-il d’une norme so-
ciale incompréhensible pour le béotien que je suis.
Tous ces souvenirs sont nimbés de flou ; L.
m’avait invité chez lui à Wuhan ; je ne suis jamais re-
tourné dans cette région et je n’ai jamais revu mon ami.
Alors, confinement,
oui, non ?
12 avril 2020
Sous-marin
Le monde sous-ma-
rin m’émerveille, depuis
mon adolescence lorsque je
découvris cet univers grâce à
tout ce que le Commandant
Cousteau et son équipe rap-
portaient de leurs expédi-
tions. Par la suite, je saisis
toujours avec enthousiasme
chaque possibilité de visiter
un aquarium ou d’observer
ce milieu depuis le fond
d’une embarcation équipée à
cet effet. Je regrette de
n’avoir jamais pratiqué la
plongée mais il est impossible de tout expérimenter
dans une existence.
Cela étant, je parle beaucoup, et je ne suis pas
seul, des manières de confiner un être humain ou une
collectivité. Il me semble avoir déjà remarqué que l’es-
pèce humaine entière, à quelques exceptions près, de-
meure confinée sur sa planète. Son milieu aquatique
confine également d’innombrables espèces vivantes. Le
confinement est un mode d’existence dont une forme en
particulier nous est imposée aujourd’hui, ce qui pro-
voque nos réflexions. Cependant ses nombreuses
formes possibles se manifestent continuellement n’im-
porte où, n’importe quand, infiniment variées. Nous en
sommes affectés mais toutes les espèces vivantes peu-
vent être affectées ainsi ; notre égoïsme humain nous
fait oublier l’universalité de ce fait. Il faudrait y pen-
ser…
Fichtre, il me semble avoir entendu hier une
charmante dame, je crois Présidente de notre Union Eu-
ropéenne si mon éducation civique est à jour, affirmer
l’opportunité de prolonger le confinement des « vieil-
lasses, » dont je suis, jusqu’à… Ouille ! je n’ose pas ré-
péter ce que je crûs entendre… J’ose néanmoins susur-
rer que cela me laisse le temps de pen-
ser à ce qu’il faudrait penser.
Je bavarde, je bavarde… Et ce
matin je souhaitais seulement signaler
un mode de confinement requérant un
solide équilibre chez ceux qui le subis-
sent. Voici…
Ce sous-marin d’origine sovié-
tique est amarré dans le musée naval de
San Diego. Ouvert il est conseillé au vi-
siteur, avant de pénétrer, de vérifier à
l’aide d’un gabarit sa propre capacité
de traverser avec souplesse les écou-
tilles à l’intérieur. Heu ! Je suis resté
hors des entrailles ! Fait encore récent,
la « vieillasse » que je suis constata
qu’elle n’avait plus la souplesse re-
quise.
13 avril 2020
Bagne
54 : Sous-marin.
53 : Cellule.
56 : Un quartier du bagne. 56 : Bagne, dortoir.
55
Notre pays possédait également et jusqu’à une
date relativement récente, ses moyens d’appliquer les
décisions de justice en Amérique : les bagnes de
Guyane ; moyens d’une dimension moindrement mes-
quine qu’une simple cage dans l’Ouest Américain.
La Guyane avait la réputation d’être entièrement
dévolue au confinement des criminels. Pire ! Succédant
à leur déportation la relégation obligeaient de nom-
breux bagnards à rester en Guyane, leurs peines pur-
gées. Le confinement ici pouvait donc présenter des ca-
ractères très différents, allant de l’emprisonnement
dans d’étroites cellules jusqu’à une forme de liberté re-
trouvée en restant obligatoirement dans ce territoire.
Je séjournai à plusieurs reprises dans la base mi-
litaire NEMO situé à Saint Jean du Maroni, à l’origine
une annexe du bagne de Saint Laurent du Maroni. Le
camp NEMO, aujourd’hui une base militaire fort bien
aménagée, conserve de nombreux souvenirs de son an-
cienne destination ; subsiste ainsi le triste cimetière où
furent inhumés tous les enfants de fonctionnaires de
l’Administration Pénitentiaire, décédés dans cette con-
trée rude pour la santé. Force est d’admettre que les
condamnés n’étaient pas seuls à subir un confinement ;
leurs gardiens et leurs familles ressentaient vraisembla-
blement un dol de leur séjour, évidemment autrement
supportable que ce qui af-
fligeait les bagnards ;
néanmoins nos aînés là-
bas devaient le supporter.
Le bagne de Saint
Laurent du Maroni, en
bordure de l’estuaire du
fleuve, recevait les ba-
gnards à leur débarque-
ment ; certains étaient ré-
partis ailleurs dans la
Guyane. Toutefois le
bagne de Saint Laurent
constituait une véritable
cité. Ce que j’en montre
6 Nonobstant les deux extraits de la collection de stéréofilms
de la Grande Guerre sont plus réalistes.
témoigne de la dureté de
ce mode de confine-
ment, mot extrêmement
riche de nuances.
13 avril 2020
Homme- 40, Chevaux-
8
Qui se souvient
bien de nos gares entre
Nancy et Épinal ? La
SNCf modifia profondé-
ment leur aspect. Je ne
reconnais plus celle de
Thaon. Tout ce qu’elle
fut dans ma jeunesse a été raboté et reconstruit dans le
goût, non les nécessités de l’époque actuelle. Tout ?
Non ! Il reste, oublié, un petit bout du quai militaire…
J’ignore si toutes les gares de France possédaient
un quai militaire. Toutefois dans l’Est, la plupart en
possédait. L’Est, région située en face de notre ennemi
héréditaire, devait être organisé en vue d’une prochaine
« Der des Der » ; comprenez, jeunes collègues : en vue
de la prochaine et dernière guerre. Les gares des che-
mins de fer furent donc équipées en conséquence d’une
voie de garage, de longueur suffisante pour recevoir
tout un convoi et le charger, essentiellement le déchar-
ger sans gêner le trafic. L’Armée devait évidemment
pouvoir choisir la ou les gares proches des zones où l’on
se battait d'où la fréquence de cette disposition.
La Gare de l’Est à Paris possède une magnifique
fresque montrant le départ d’un train comblé par la
troupe envoyée au combat6. L’efficacité commandait de
bien charger de tels trains. La fresque « Le Départ » de
la Gare de l’Est présente un convoi formé de wagons de
voyageurs classiques : un départ chargé d’émotions de
garçons allant guerroyer le « Fleur au fusil ». Or on uti-
lisa beaucoup des wagons de marchandise, disponibles
en grand nombre mais nettement moins confortables
57 : Boîte de confinement.
58 :Confinement ferroviaire.
59 : Déconfinement.
56
que la « IIIe classe », pour de tels mouvements denses
et parfois dans l’urgence. L’essentiel du « fret » guer-
rier étant composé d’hommes et de chevaux, chaque
compagnie, la SNCF n’existant pas encore, indiquait
scrupuleusement sur ses wagons leur capacité en pleine
charge. Celui exposé aujourd’hui Dans le Musée du
Train à Mulhouse indique ainsi 40 hommes ayant la li-
berté de se disposer à leur guise mais en discipline ou 8
chevaux à la condition de bien les ranger…
Exemple de confinement oublié d’hommes
transformés par les nécessités du moment en guerriers
voyageurs. Six heures au minimum d’inconfort entre
Paris et Nancy, beaucoup plus en général pour un trajet
quelconque. Pensez aux hommes quittant l’Aquitaine,
entre autres possibilités, pour un séjour dans nos
Vosges ou ailleurs dans ce qui est devenu le Grand Est ;
nombreux n’en revinrent pas. Une pensée également
pour les chevaux autant confinés sans ménagement que
leurs cavaliers…
14 avril 2020
Confinements en cascades
Tout un quartier dévolu au Droit entoure au-
jourd’hui l’École Lormont dans laquelle étudient désor-
mais de futurs juristes. De ce que je connus naguère,
seules quelques vieilles constructions subsistent :
l’École elle-même, le bâtiment central du Palais de Jus-
tice, quelques anciennes maisons particulières. L’an-
cienne Halle et la vieille bâtisse la jouxtant occupées
par la caserne des pompiers et l’asile de nuit, la vieille
prison, le poste de transformation d’électricité, le préau
de l’École, les tilleuls, la fontaine, rien ne reste de tout
cela, rasé et remplacé par les extensions modernes du
Palais de justice et l’inévitable parc à voitures7.
Ma mémoire conservant encore des images du
passé, je les couchai rapidement sur le papier avant
qu’elles s’estompassent définitivement ; en résultèrent
trois croquis rapides, évidemment imprécis mais rappe-
lant approximativement ce que fut ce quartier.
Le premier (60) montre la façade principale de
l’École et sa cour masquée ordinairement par la Halle
dont le contour seul est esquissé au sol pour marquer sa
présence. La petite excroissance à peine visible au bas
de l’École protégeait l’entrée de l’abri public. En 1940
deux obus tombèrent sur l’École. L’un ébrécha le toit
juste au-dessus de l’angle en pan coupé au premier
plan ; l’autre explosa entre l’escalier de l’entrée princi-
pale et l’entrée de l’abri, tuant plusieurs hommes des
pompiers s’aérant durant ce qu’il leur semblait être un
répit dans les combats de rue, si la mémoire de tout ce
j’entendis ensuite entre adultes est fidèle ; il blessa sé-
rieusement au genou mon copain R.F., handicap qu’il
supporta durant quatre ans.
7 La rue Lormont rejoint la rue de l’Abbé Friezenhauser en
passant devant l’École. Un mur à son extrémité, bordé de quatre til-leuls, la fermait et la séparait de la rue de l’Abbé Friezenhauser, la
transformant ainsi en une grande cour. Le mur précité laissait un
Le deuxième (61) représente très approximati-
vement l’ancienne prison, le préau dans le haut de la rue
Lormont transformée en cour d’École, affaissé à son ex-
trémité par un troisième obus, l’entrée d’un second abri
passage pour les piétons contre l’École. Durant la guerre, les voitures
étaient rarissimes, aujourd’hui, le règne de l’auto est particulièrement bien affirmé à cet endroit transformé en parc.
60 : École Lormont et sa grande cour, 1940.
61 : Vieille prison, 1940.
62 : École Lormont, abri, 1940.
57
dans le sous-sol de la prison, enfin la silhouette du poste
de transformation8.
Le troisième figure (62) montre une extrémité
de l’abri sous l’École, là où je patientai durant le bom-
bardement du 11 mai 1944.
J’ai déjà montré tout cela dans de précédents
blablas. Je reprends néanmoins ces petits dessins pour
illustrer le déferlement de confinements larvés plus ou
moins ressentis affectant ces lieux de 1940 à 1944, et
même 1945. Tout d’abord durant les années de guerre
cet ensemble fut essentiellement mon seul univers dont
je sortais peu souvent. L’insécurité générale confinait
les uns et les autres sur son lieu habituel de vie ; donc
pour moi, enfant, l’École Lormont fut une habitation,
une école, un lieu de jeux avec sa cour ou dans son
grand grenier lors des intempéries ; je n’en que sortais
rarement pour les rares courses chez l’épicier ou le bou-
langer, quelques montées au Château sans oublier les
chasses obligatoires aux doryphores dans les champs de
pommes de terre voisin ; une existence fort sédentaire
ponctuée par quelques aller-retours vers Thaon ou
Raon aux Bois et trois ou quatre expéditions chez des
amis plus éloignés à la campagne.
Outre ce train-train, on se confinait par sécurité
dans l’un ou l’autre des deux abris, sous l’école ou la
prison, en toutes saisons, la nuit ou le jour, lors des
alertes aériennes ou autre événements dangereux.
Des allemands cantonnèrent dans l’École, cer-
tains se logèrent dans notre appartement, nos libéra-
teurs y cantonnèrent également, très peu de temps il est
vrai ; dans tous les cas il fallait se serrer…
À l’issue d’un bombardement, des Postiers sans
leur Poste privée de toit s’installèrent dans l’École :
leur Receveur et son épouse privés de leur logement de
fonction également sans toit, se retrouvèrent confinés
pour l’ordinaires dans deux galetas à notre étage ; dé-
munis et devenus nos voisins ils partagèrent vite notre
existence ; liberté retrouvée fin 1944, avec les visites de
quelques-parents de nos voisins cherchant à renouer les
liens familiaux, on se serra encore un peu plus…
À la rentrée de 1944, suivant de près à Épinal la
Libération, filles et garçons durent se partager en alter-
nance l’école de filles voisine, la mixité étant encore
hors de question. Etc., etc… Enfin n’oublions pas : la
moitié de la ville était ramenée au ras des trottoirs, le
commerce sinistré et l’administration malade.
Alors on s’adaptait au jour le jour, dans l’étroi-
tesse de ce qui restait debout, usant des pauvres équipe-
ments rescapés, supportant une pénurie d’à peu près
tout. Confinement mal défini, pagailleux, insidieux,
évolutif selon les circonstances du moment, confine-
ment contré par la « débrouille ». Rien de comparable
avec le confinement actuel, parfaitement maîtrisé par
nos chefs et par leurs administrés… Heu ? Sont-ce des
toux que j’ouïs ?
8 Les silhouettes de l’École et de la Caserne sont esquissées.
Trois tilleuls étaient plantés dans le prolongement du préau. La gar-
dienne de l’asile de nuit disposait là d’un petit espace pour un jardinet
14 avril 2020
Atavisme.
Le confinement sanitaire pour lutter contre le
Coronavirus, nous impose de rester chez soi ; plus
qu’un fait usuel simplement constaté il s’agit d’une di-
rective avec sanctions pour les cas de désobéissances.
Curieux de comparaisons et ainsi toujours à la
recherche de confinements passés, je reviens aux an-
nées de guerre. Durant ces années les civils se dépla-
çaient peu ou s’ils avaient été déplacés ils restaient là
où on les avait transportés. De multiples raisons à cela
: les restrictions en particulier l’impécuniosité, les inter-
dictions, etc., et surtout les risques. Curieusement, je ne
me souviens pas que le sédentarisme ait été qualifié de
confinement ; vraiment, le succès du mot avec son ac-
ception actuelle me laisse perplexe. A l’époque j’étais
un garçonnet et ce statut ne m’autorisait absolument pas
de participer aux conversations des adultes ; néanmoins
j’avais des oreilles et j’écoutais… Les déplacements
posaient problèmes alimentant les conversations et
leurs difficultés provoquaient réellement des confine-
ments de population : on n’en parlait pas de cette ma-
nière ou si peu que je ne l’ai pas retenu.
Étudiant la généalogie de ma famille, je suis de-
puis plus de vingt ans un familier des registres parois-
siaux et d’état-civil vosgiens du piedmont romarimon-
tain. Je farfouille évidemment ailleurs mais je cite cette
région car j’y vécus une notable partie de mon exis-
tence ; j’acquis ainsi une connaissance pratique de ses
gens confortant celle livresque issue des grimoires.
Jusqu’à l’orée de la seconde guerre mondiale,
ces gens - en grand nombre aïeux, cousins, collatéraux
- furent semble-t-il remarquablement sédentaires. L’ar-
gument majeur en faveur de cette remarque est la con-
sanguinité fréquemment constatée dans les unions et
dans ce qui en résultait. Le contre argument réside évi-
demment dans la découverte de nouveaux venus ou
et deux ou trois volailles, poules et canards.
63 : Confinement patrimonial.
58
l’ignorance tenace du devenir de certains natifs des
lieux, faits liés généralement à des mouvements écono-
miques, religieux, politiques militaires et j’en
passe… Je ne livre ici qu’une impression, vraisembla-
blement d’autres la partagent. Je suppose que des
études existent sur ce sujet ; hélas je n’ai jamais cherché
à les connaitre par manque de temps ou paresse. On ne
peut pas tout faire…
Petites histoires, j’ai dans ma famille deux
exemples ; ils ne prouvent évidemment rien mais illus-
trent l’impression que je viens de livrer.
Ma grand-mère maria sa fille aînée à un immigré
venu de la lointaine Russie, laquelle fille, institutrice,
obtint un poste dans la région parisienne pour rejoindre
son époux. Ce sont mes parents ; j’arrivai ensuite dans
les délais habituels, à Vaux sur Seine dans l’ancienne
Seine et Oise, loin des Vosges donc ! Elle maria sa ca-
dette à un jeune officier en garnison à Metz. Ma cousine
germaine y naquit ; moins loin donc ! Grands bonheurs
pour mon aïeule qui, méprisant les dangers des
voyages, courut vers ses petits-enfants. Pensez-donc :
nus, les deux bébés attendaient impatiemment pour se
couvrir la layette que leur chère grand-mère tricotta des
semaines durant ! Elle abandonna ainsi Thaon pour
quelques jours ; Thaon sa résidence distante déjà d’une
douzaine de kilomètres de son lieu de naissance, Raon
aux Bois caché dans la forêt au-dessus de Remiremont.
Elle récidiva néanmoins : troisième expédition malha-
bile, l’exode qui la conduisit tout de même hors de ses
Vosges jusqu’à Saint Loup sur Semouze… Ce furent
dans toute son existence ses seules fantaisies en terres
lointaines…
Toute l’existence de mon grand-oncle, Auguste
G. né à Saulxures, se déroula dans la vallée de la Mo-
selotte, puis en aval dans celle de la Moselle et dans
quelques communes voisines accrochées au-dessus,
comme – encore - Raon au Bois ; Toutefois, Toul où la
conscription l’avait entraîné fut sa plus lointaine desti-
nation dans sa descente longue d’une vie des vallées
vosgiennes…
Voilà mes deux petites histoires, elles confortent
mon impression : mes aïeux vosgiens furent des pay-
sans attachés à leur terre ; existences travailleuses, peu
de loisirs, peu de raisons d’aller ailleurs, sans plus.
Aïeux sédentaires par atavisme. Quelques contradic-
tions : dans mes écrits généalogiques, je présentai le cas
d’un aïeul natif de Plombières qui, tailleur de pierres,
s’en alla en tailler à Raon aux Bois, difficile d’éviter
cette paroisse dans ma famille ! Y trouvant femme à son
goût il s’y maria après avoir construit une ferme qui
existe toujours (63) ; je pourrais parler aussi des gars de
Hadol venant séduire les filles de Raon aux Bois ou
l’inverse… Petites histoires et quelques autres sem-
blables, toujours dans les mêmes lieux, égratignant l’af-
firmation de sédentarisme… Mais si peu !
Alors confinés mes Vosgespattes ? Le mot
semble convenir.
À suivre, pour cause de confinement en petite
sieste incontournable !
16 avril 2020
…
Bougeotte.
Je ne conserve aucun souvenir du Front Popu-
laire en 1936 et des Congés Payés en résultant ; mes
oreilles de bambin proche de son troisième anniversaire
entendaient déjà bien les conversations des grandes per-
sonnes mais le bambin ne saisissait certainement pas à
sa juste valeur le contenu de chaque propos. En re-
vanche je peux affirmer que dès 1936 ou peut-être l’an-
née suivante mes parents eurent la bougeotte comme
beaucoup de contemporains découvrant les vacances.
Je découvris Ventron et l’Ermitage du Frère Jo-
seph, but d’une promenade au cours de laquelle j’eus
conscience que le monde était vaste, en admirant la
crête des montagnes proches. J’ai déjà raconté cela mais
c’est un bon souvenir alors je recommence :
« Dis, Papa, c’est où la Russie ? »
Il m’en parlait si souvent que je savais que ce
pays existait avant de savoir lire… Alors me montrant
la ligne de crête :
« C’est loin là-bas … »
Pour mes petites jambes ces promenades étaient
bien longues et la ligne de crête, sur laquelle je ne suis
monté que plusieurs années après, me paraissait mar-
quer le bout de notre monde de tous les jours. Hé ! Ces
apparences me firent donc localiser quelques temps la
Russie en Alsace…
Mes petits enfants ayant tous traversé les océans
dans leurs primes jeunesses, deux étant en outre nés de
l’autre côté de l’Atlantique, n’eurent jamais de telles
billevesées en tête.
Revenons dans les Vosges. Deux années passè-
rent et la guerre nous tomba dessus, véritable mur
opaque entre les comportements d’avant et d’après. Car
maintenant, congés payés ou autrement, la France
bouge en tous sens dès que quelques jours chômés se
pointent bien alignés avec ponts ou sans. Alors les con-
finés des grands ensembles se transforment en confinés
des plages ou des champs de neige selon la saison.
Bigre ! Si je continue ainsi, je crains qu’à la fin de mon
confinement, certainement après le 11 mai prochain à
ce qu’on m’a dit, lorsque je cesserai de fouiner dans les
histoires de confinement, je n’y comprendrai plus rien.
Bof ! C’est déjà le cas…
Même date.
Années quarante : voyages et confinement
Écartons immédiatement le transport aérien. Il
existait mais seulement pour un monde de privilégiés,
hors de portée de tous ces braves gens nommés les «
congés payés » ; impensable en temps de guerre, alors
personne n’y pensait, sauf dans les romans. Restaient :
la marche et la bicyclette sa récente associée, la voiture,
le train.
Marche, bicyclette : hormis les tristes infirmités
malheureusement multipliées en temps de guerre, notre
59
humanité est naturellement bipède ; cependant excepté
le monde des enfants, vieillards et quelques autres peu
présents dans les statistiques de vendeurs de bicy-
clettes, de nombreux bipèdes se pourvurent d’un vélo
durant l’entre-deux guerres.
Pauvres vélos ! Lourds, inélégants, ils évoluè-
rent vite durant les hostilités vers l’état de pauvres bé-
canes souffrant de la rouille, rafistolées à la va-vite,
blessures de pneus et chambres à air colmatées tant bien
que mal. Il y eut vite deux manières fondamentales de
les utiliser, comme monture en pédalant, comme por-
teur de lourdes charges en marchant à côté, les deux
parfois en alternance selon la pente, l’état de la chaus-
sée, etc.
Les deux vélos de mes parents, bien entretenus
par mon père, mécanicien fort habile, survécurent aux
quatre années de guerre et même un peu plus. Je dispo-
sais au début de l’occupation d’une petite selle et d’ap-
puis-pieds montés sur le cadre du vélo de mon père ; je
chevauchai ainsi le vélo paternel comme passager, lors
es expéditions ravitailleuses à Raon au Bois ; facilité
que je perdis en gagnant en taille et en poids. Souvenirs
liables, ces expéditions : allègre aller à vide, rude retour
chargé et attention aux œufs !
Passons à la voiture. Impossible d’en parler en
oubliant l’omniprésence de la traction animale, la plus
souvent bovine, sur nos routes et chemins des Vosges.
Je pense encore avec un brin de nostalgie aux retours
de fenaison, les gosses sur le foin en haut de la charrette
; une pensée également pour le chargement de bois que
le cousin et ses bœufs nous apportaient en automne
dans la cour de l’École de la rue Lormont ; après le pas-
sage du scieur et de ses inénarrables mécaniques, il fal-
lait monter les bûches dans le grenier, corvée
nécessitant des jambes et des bras, dont les
miens… Cet usage partagé de la route conserva son im-
portance plusieurs années après la Libération ; devenu
conducteur je conserve de cet immédiat après-guerre le
souvenir de longs trajets, coincé derrière un engin agri-
cole monopolisant la chaussée et pire, la crainte de ces
petites choses pointues quittant les sabots des animaux
pour reprendre place dans les pneumatiques des voi-
tures, dont la CV familiale qui en pâtit trop souvent à
mon gré.
Durant les années noires, les voitures roulaient
essentiellement entre les mains de « verts de gris » ; ma
mère détestant l’autobus, mes voyages motorisés se
comptent avec les doigts d’une seule main. L’un en par-
ticulier faillit finir tragiquement lors d’une attaque aé-
rienne sur une route au sortir de Saint Loup sur Se-
mouze ; un autre se prolongea trois ou quatre heures
d’affilées pour aller d’Épinal à Lamarche, dans un vé-
hicule toussotant son pauvre combustible et crachant la
fumée de son usine à gaz brinquebalante suspendue à
l’arrière. C’est à peu près tout.
Restait le train. Entre Épinal et Thaon, cela était
préférable à la marche à pieds avec ou sans bicyclette.
Cependant, ceux qui eurent l’occasion de fréquenter les
gares de Blainville et d’Épinal en fin de guerre convien-
dront que ce moyen présentait des risques, mal perçus
mais néanmoins meurtriers pour les malheureux se
trouvant subitement au mauvais endroit au mauvais mo-
ment.
Voilà, il s’agit surtout des souvenirs personnels
n’ayant rien d’exceptionnel toutefois. Alors les voyages
jusqu’à la fin des années quarante, difficile de penser
qu’ils pussent modifier le train-train coutumier. On se
considérait casaniers par habitude car l’atavismes cela
existe ; vraisemblablement la conscience d’être confiné
ne doit venir qu’après avoir eu la liberté de vivre autre-
ment, sans les entraves rompues, doucement d’abord
64 : Anti-confinement, après 40-45, la 4CV.
65 : Anti-confinement d’avant 40-44, le vélo
60
grâce au vélo (659), par le train, puis la voiture (6410),
enfin l’avion…
17 avril 2020
…
Hier, j'ai oublié la conclusion de mes blablas !
Finalement, jusqu'au triste intermède de la dernière
guerre, on confinait sans le savoir ; maintenant on le
sait.
18 avril 2020
Île du Diable
Devant cette vision de lieu de confinement on
voudrait disposer d’un superlatif. Confinement est évi-
demment inapproprié, incarcération serait plus adéquat
mais faible également. Le Capitaine Dreyfuss fut incar-
céré dans cette geôle, située dans l’île du Diable, au
large de Cayenne. Plusieurs années, ignoblement et in-
justement condamné.
L’île de forme allongée présente l’une de ses ex-
trémités face au rivage de l’île Royale très proche. On
n’accède néanmoins à cette île, l’île du Diable, que
difficilement en raison de courants perpétuellement
violents, j’ignore même comment aujourd’hui on y
débarque, l’hélicoptère me semblant être la seule pos-
sibilité ; le pilote du petit bâtiment nous affirma, en
passant entre les deux îles, qu’un système de câbles
avait été installé là, de l’une à l’autre, permettant le
transport des personnes et du nécessaire pour l’exis-
tence apporté du continent, nourriture et eau.
À l’époque de l’incarcération du Capitaine
Dreyfuss seule une maigre végétation couvrait le sol.
Sa prison était ou battue sans protection par les intem-
péries ou écrasée de soleil. Notre France justicière
craignait de notre ennemi héréditaire la volonté de
communiquer depuis le large avec le Capitaine, con-
damné pour trahison ; il lui fut donc interdit de se
9 Vélo du grand-père, familier des localités vosgiennes :
Thaon, Épinal, Raon aux Bois, Sercoeur, etc. ; usager peut-être des
pavés de Metz après un voyage dans le fourgon des bagages… L’en-gin, acquis bien avant 1939, au début du XXe siècle sans certitude,
roula évidemment dans les Vosges et dans le Grand Est à portée de
promener dans l’île et il ne pouvait sortir que dans la
petite cour construite à son intention avec des murs in-
terdisant de voir au loin.
Le jugement de la Cour de Cassation annulant la
condamnation du Capitaine fut exécutoire dès que
connu en Guyane ; l’Administration Pénitentiaire libéra
donc immédiatement le prisonnier et le traita selon son
grade ; fortement éprouvé par cette incarcération inhu-
maine, considérablement amaigri, les geôliers eurent du
mal, paraît-il, à le revêtir d’un uniforme adéquat rede-
venu son habit normal d’Officier.
Exemple extrême de confinement si ce mot est
utilisable ici, extrême mais pas exceptionnel, hélas, car
notre époque est fertile en cas douloureux.
Mais quelle est la vrai et bonne acception de
confiner ? Ici, je la trouve largement en dessous de la
réalité ! Toujours perplexe le greffier d’occasion…
19 avril 2020
Confinement de penseur
Les penseurs aiment se confiner pour penser,
ses roues.
10 La 4CV : Après 1945, plus que le Grand Est, la France en-
tière s’approcha à portée de roues. Déconfinement assuré pour des confinés, disons… héréditaires.
67 : Geôle du Capitaine Dreyfuss.
66 : Oppidum des Caisses de Jean.
61
évidemment à l’abri de toutes distractions inoppor-
tunes, ou pour se reposer de penser. C’est ce qu’affir-
ment certains d’entre eux, en particulier Alphonse Dau-
det, parlant de son moulin à Fontvieille.
Le choix de ce moulin (iii) sur une éminence ga-
rantit l’isolement ; néanmoins son environnement pour
un esprit curieux, cas de Daudet peut-on supposer, me
paraît contrarier le confinement. Les environs appellent
la promenade par la gentillesse des paysages et leurs
richesses archéologiques. À ce propos, à proximité au-
dessus de Mouriès, dans les premières pentes des
11 Confinement intellectuel
12 p.s. : pan sur ma plume, non sur le clavier, Le site fut classé
Alpilles, je recommanderais pour un bon confinement
les vestiges de l’oppidum des Caisses de Jean, site aus-
tère offrant suffisamment de pierres sèches pour bâtir
une borie propice à l’isolement donc à la réflexion.
Restons à Fonvieille. Alphonse Daudet dans son
ermitage lut, imagina, écrivit (viii)… Il lut ce qui lui
donna des idées qu’il emprunta (xvii). Entre artistes on
pratique la so-
lidarité ;
s’agissant du
Curé de Cucu-
gnan qui
n’était même
pas de Cucu-
gnan, cela lui
valut une ini-
mitié en sor-
tant de son
confinement
provençal11 et
une assigna-
tion en justice
pour plagiat.
On en parle
encore, modé-
rément, mais
avec « Inter-
net » plus de
petites « cas-
seroles »
confinées,
tout se sait désormais, enfin, presque…
21 avril 2020
Confinement en oppidum
La défense contre l’agression physique motiva
le confinement depuis que l’humanité existe. Confine-
ment physique dont une forme ancestrale consiste à
élever des murailles pour s’abriter. La morphologie du
sol provençal permit de concevoir toutes sortes de so-
lutions primitives à cet effet. À proximité de la petite
ville de Mouriès, au pied des Alpilles existe un cas
simple d’utilisation du relief pour une telle défense.
Deux crêtes rocheuses raides, dessinant un angle al-
longé s’ouvrant d’est en ouest approximativement, of-
frit deux murs naturels prêts à l’emploi à une peuplade
passant par là. Une muraille de pierres sèches, élevée
en travers de l’ouverture à l’ouest, compléta en le fer-
mant un habitat fort.
Aujourd’hui le site est classé monument histo-
rique (ii, 70). Je le visitai en 1975 avec ma petite fa-
mille bien avant sa classification12, ayant rangé ma ca-
ravane dans un camping très confortable voisin. Très
voisin : dix minutes de promenade conseillée par le
le 2 février 1937, décret déniché aux Archives Nationales, via Inter-net, il y a quelques minutes, notre confinement me conduit véritable-
ment à fureter dans les coins...
68 : Moulin de Daudet.
70 : Décret du 2 février 1937.
69 : Muraille de la peste.
62
propriétaire du camping, accompagné de l’épouse, des
deux enfants et de la chienne heureuse de gambader
dans la rocaille. Il fallait beaucoup d’attention pour
apercevoir sous la folle végétation rampante les pier-
railles plus ou moins alignées au ras du sol, vestiges
dessinant vaguement les traces de cabanes ou abris
dressés là avant notre ère (xiv, xviii).
L’imagination, elle, allait bon train… Confiné
pour se protéger… Évident ! Mais la nourriture, l’eau ?
Surtout l’eau présente, certes, la végétation le prouve,
mais invisible ! Des archéologues se sont certainement
penchés sur ces questions mais j’ignore leurs avis.
22 avril 2020
Muraille de la peste
Nos aïeux ignoraient l’existence des virus mais
certainement pas leurs méfaits. Ils redoutaient en parti-
culier la Peste. En 1720 une cargaison venant du Moyen
Orient introduisit le virus à Marseille, lequel se propa-
gea en Provence (Gaffarel, ix).
Les virus sont des tueurs mais des tueurs éven-
tuellement suicidaires car ils doivent s’évader de leur
victime pour lui survivre. Tout en ignorant ce proces-
sus, nos aïeux en avaient pragmatiquement trouvé la pa-
rade : confiner radicalement les victimes. En effet, la
population de virus restant confinée avec la population
de ses victimes disparait avec elle, radical ! Toutefois
l’efficacité de cette réaction dépendait énormément de
la rapidité de sa mise en œuvre.
L’épidémie de 1720 provoqua des ravages en
Provence, rapidement en raison de nombreux déplace-
ments de journaliers à l’époque des vendanges. Le
Royaume de France et le Comtat Venaissin, possession
de la Papauté, s’allièrent pour enrayer la propagation du
virus. S’appuyant sur les barrières naturelles offertes
par le Rhône et le relief du pays, ils convinrent d’endi-
guer la progression en complétant les barrières natu-
relles avec un mur. Ils en construisirent donc un, de près
de trente kilomètres en pierres sèches ponctué d’abris
pour les soldats devant en assurer la garde.
Ce mur est encore visible partiellement de nos
jours.
Question de vocabulaire… Qui était confiné ?
Étaient-ce toutes les populations encore saines
interdites subitement d’accès à une riche contrée, leur
partenaire économique ? Étaient-ce les malheureux re-
légués du mauvais côté du mur sans qu’on leur deman-
dât leur avis et abandonnés à leur sort ?
Confinements de part et d’autre mais inégali-
taires. L’étude de 1911 de Paul Gaffarel détaille ce
drame. La construction de la muraille y est mentionnée
par la citation d’une lettre d’un protagoniste, le Comte
de Medavy à l’Évêque de Carpentras (x, p.630). Cette
protection y apparaît comme un choix judicieux mais
de construction handicapée par des rivalités de per-
sonnes.
23 avril 2020
Roi confiné
Le roi Richard Cœur de Lion possédait une per-
sonnalité étonnante. Peu présent dans son royaume
d’Angleterre il établit sa réputation de chevalier com-
batif hors et dans ses possessions continentales, en Mé-
diterranée, Chypre et Crêt, enfin en Terre Sainte. Ses
comportements souvent excessifs expliquent les ami-
tiés et inimitiés erratiques le liant aux grands ses con-
temporains.
L’histoire de la troisième croisade rapporte qu’il
insulta l’un ses alliés, le Duc Léopold V d’Autriche le-
quel se vengea de l’affront reçu, en capturant Richard
qui traversait imprudemment l’Autriche pour regagner
son royaume. N’ayons pas peur des mots, le commerce
entre souverains cela existe : Léopold vendit Richard à
l’Empereur d’Allemagne Henri. Richard négocia sa li-
berté avec ce dernier. Il revint à ses sujets de réunir la
somme convenue et Richard rejoignit finalement son
royaume.
Cette mésaventure royale ne fut qu’un épisode
dans l’existence de Richard Cœur de Lion, succession
échevelée de faits entremêlant bravoure et couardise,
71 : Lettre à l’Évêque de Carpentras, extrait.
72 : Château de Dürnstein.
63
générosité et cruauté, honnêteté et scélératesse, bref
tous comportements nobles et leurs contraires ; mieux
vaut être un historien chevronné spécialiste de cette
époque pour s’y retrouver. Durant les siècles suivants
de nombreux auteurs sensibles au merveilleux, complé-
tèrent l’histoire pure et dure mais vraie avec leurs ap-
ports plus ou moins fantaisistes. Depuis les chansons de
troubadours jusqu’aux productions télévisuelles, tous
les supports d’interprétations romanesques trouvèrent
dans cette vie extraordinaire de quoi captiver le public
en ajoutant leurs broderies.
Pour mon travail ou mes loisirs, je séjournai à
diverses reprises en Autriche, pays de paysages admi-
rables. Je vous conduis aujourd’hui dans le Wachau que
traverse le Danube. En dépit de la déception de ne trou-
ver aucune nuance bleue dans les eaux du fleuve, la vi-
site vaut le détour comme le suggère un guide connu ;
on y visite en particulier la petite ville de Dürnstein,
serrée entre le fleuve et la pente abrupte de la montagne.
Un château ruiné coiffe la première crête à l’aplomb de
la ville. L’histoire raconte que Léopold emprisonna Ri-
chard dans ce château.
Capture signifie prison, prison signifie confine-
ment. Léopold V confina donc Richard. De tout ce
qu’on peut lire de ce séjour il est difficile d’imaginer ce
que put être le séjour de Richard. Ce n’était certaine-
ment pas au fond d’un cul de basse fosse car on raconte
que le prisonnier pouvait organiser de petites fêtes…
Alors… Confinement oui ou non ? J’hésite mais le
spectacle de la ruine me plût tellement naguère que je
le rapporte ici.
24 avril 202
Mesa Verde
Je vous ai quitté dans le Wachau, Autriche, Je
vous retrouve en Colorado, dans la Mesa Verde.
De nombreux canyons découpent la Mesa
Verde, large plateau au sein des Montagnes Rocheuses.
Les canyons présentent des rives le plus souvent verti-
cales et érodées de « caves ». Diverses peuplades se
succédèrent là, en particulier les Anasazis (vii), à mi-
parcours de notre millénaire. Ils parsemèrent la mesa
Verde de constructions, pueblos, lieux cultuels et autres
édifices, sur le plateau et beaucoup nichées dans les
caves. À cette époque de guerres tribales fréquentes la
sécurité explique le choix des caves à cet effet, souvent
difficiles d’accès, presque inaccessibles parfois. Rude
visite pour les touristes !
Je passai là en janvier 1995, il gelait à pierre
fendre en plein midi ! Ayant fréquenté le Colorado en
toutes saisons, j’atteste que la chaleur y est aussi diffi-
cile à supporter que le froid. En l’absence de docu-
ments écrits, grande est la difficulté pour les historiens
de reconstituer l’histoire de ce peuple ; n’étant pas his-
torien je m’abstiens de tout propos sur ce sujet hormis
que, pour leur vie quotidienne, les familles Anasazis
étaient confinées dans les anfractuosités de la roche,
culture, chasse, éventuellement pêche, se pratiquant ail-
leurs.
Des vestiges de ce genre existent également en
Arizona, Nouveau Mexique et Utah.
Alors, regardant ces ruines, je me contente de rê-
ver, confiné comme tous j’en ai le temps !
25 avril 2020
Post confinement
Hi !
Les recommandations pour vulgariser le port
du masque abondent. Le motif est clair : dans une
conversation, c’est une protection contre l’inhalation de
postillons virulents par celui qui écoute, c’est surtout
une barrière freinant l'éjection de postillons baladeurs
et éventuellement virulents, par celui qui jacte… Il est
permis d’extrapoler et d’imaginer d’autres situations
sur ce modèle de base.
Hé ! Ho ! je possède encore suffisamment de
neurones pour retenir les leçons. La pandémie étant
toujours bien présente, ces simples arguments me
convainquent mais je comprends mal la nécessité de
leur répétition sempiternelle sur les ondes : dans ma
petite tête :
« Bon ! Bon ! On a compris, pas la peine de
rabâcher… »
Toutefois, cela m’ennuie car, octogénaire du
mauvais côté de la décade, mon souffle devient
rapidement court et le port de ce masque m’enquiquine.
Mais j’obéis strictement dès que je sors de la maison ou
alors lorsqu’on me visite… Bof ! Dans tous les cas, cela
reste moins déplaisant que ces exercices lorsque j’étais
gosse de descentes dans les abris avec le « groin sur le
nez, sentant le mauvais caoutchouc et laissant passer
l’air avec parcimonie…
Vous connaissez ma manie d’écrire, je
m’occupe ainsi ; durant le confinement ce fut mon
passe-temps. J’ai également la manie, ce-faisant de
laisser la télévision débiter sons et images sans y prêter
attention. Pourquoi ? Je n’en sais rien.
Il m’arrive toutefois de lever le nez et la plume
du clavier… Or récemment, le 15 de ce mois, un
individu tonitrua bruyamment sur les ondes…
« J’ai le droit constitutionnel de ne pas porter
73 : Mesa Verde
64
le masque ! »
Une table ronde animait l’écran ; des gens
souvent vus dans le fenestron, des journalistes,
politiciens certainement connus mais, hélas, si j’ai une
bonne mémoire visuelle des visages celle des noms me
fait défaut. Je devins soudain plus attentif car la
discussion concernait le laisser-aller s’amplifiant, dans
le respect des consignes de prudence et la nécessité de
convertir le conseil en obligation pour le bien public.
Le monsieur à la tête bien connue - zut et zut,
qui peut-il bien être ? - demandant que l’on respecte
son droit, semblait très fâché et insistait…
« Les gens qui veulent se protéger en
obéissant qu’ils le fassent, moi j’ai le droit
constitutionnel de désobéir à cette atteinte à
ma liberté ! »
On peut polémiquer indéfiniment sur l’utilité
du masque, surtout entre personnes comme moi ayant
une grande inculture médicale ; or dès l’instant où ceux
qui nous gouvernent décrètent des mesures dans
l’intérêt général, il convient de respecter la primauté de
l’intérêt général en appliquant les décisions ; c’est mon
opinion mais je suis un grand naïf…
Il reste le droit d’exprimer son opinion, même
contraire avec force. Cependant quand on est connu et
qu’on s’exprime devant une large audience, je pense
que la prudence s’impose car nous formons une
démocratie de grands râleurs, facilitant la
désobéissance au nom des sacro-saintes libertés
individuelles… Parfois constitutionnelles, faudrait-pas
oublier !
Alors quand une grande gueule connue parle,
chic ! Imitons la grande gueule ! Désolé de ma
vulgarité, j’aurais dû parler d’un grand tribun.
Bon, bientôt "Août Musical" à Deauville,
toujours d'excellents concerts. Juré! Je porterai mon
masque anticonstitutionnellement (adverbe pas
nécessaire mais j'avais envie de le placer car c'est peu
évident habituellement) ; les instruments à vent ne sont
pas masqués eux, alors gaffe aux postillons amplifiés !
By!
Vous avez remarqué : Hi ! By ! Le reste en
français, j'aime le risque.
17 juillet 2020
Monet
L'impression ressentie par le peintre fut toute
autre… Ma caméra et son manipulateur, hélas pour
vous, ne sont pas poètes ! Là où le peintre ressentit une
lumière apaisante, des couleurs douces, des ombres
voilées, je ne vis qu'un soleil brutal, des couleurs
fermes et de forts contrastes ! Ma caméra itou, voire
pire ! Néanmoins l'avantage de la caméra est sa légèreté
comparée à un chevalet, une toile et une boîte de cou-
leurs.Tous regrets mis à part, ce fut une belle prome-
nade, une belle pièce d'eau couverte de nénuphars, bor-
dée d'arbustes désordonnés, de l'ombre en quantité suf-
fisante sous des arbres majestueux. J'ajoute, peu de vi-
siteurs, le maître des lieux, Notre Seigneur Virus impo-
sant un parcimonieux filtrage à l'entrée *.
23 juillet 2020
Musique déconfinée
Deauville nous accueille de nouveau pour son
charmant Août Musical. En début d'année, le festival de
Pâques, celui du printemps, de la renaissance de la
nature, fut bâillonné par le virus, hélas ! Profitons de
74 : Giverny, chez C. Monet
75 : Orchestre sans masque.
76 : Public masqué.
65
cette résurrection d'été, vrai plaisir d’autant mieux
ressenti que dans notre langue slave ce mot désigne la
fête chrétienne de la renaissance, du printemps comme
de la résurrection. Musiciens et public ressentirent ainsi
l'ouverture du festival d’Août, en dépit de sa situation
tardive dans le calendrier !
Les concerts, huit en deux semaines, prennent
place dans la salle Élie de Brignac ; salle confortable
particulièrement pour les artistes habituels de l’endroit
disposant de nombreuses loges ad hoc : les chevaux
! C’est en effet tout simplement une salle de ventes,
bien conçue pour présenter aux amateurs des coureurs
attendus dans les meilleurs hippodromes du monde
entier et soigner l’écoute des enchères… Spectacles
certainement remarquables que ces ventes, à la
condition de posséder un viatique suffisant pour avoir
la permission de s’assoir et de contribuer ! Or la
musique de chambre étant le motif du festival de
Pâques et de celui d’Août à Deauville, l’acoustique de
la salle se prête judicieusement à l’audition de ce genre
de musique et permet en outre de contempler les
musiciens de toutes ses places en hémicycle, sans
exigence de viatique.
Plaisir renaissant donc d’écouter des mélodies
autrement qu’en conserve, auquel s’ajoute visiblement
le plaisir des artistes de renouer enfin avec le public.
Deux bémols cependant…
Salle à demi vide, mètre de séparation oblige,
vide dont je ne ressentis aucun effet acoustique, comme
un accroissement de réverbération, mais certainement
cruel pour les artistes !
Les artistes ne sont pas muselés,
heureusement, surtout les chanteurs ; la musique de
chambre permet d'ignorer cette consigne de prudence,
la taille des formations permettant de respecter la
distanciation ; toutefois les auditeurs le sont
obligatoirement. Le premier soir, le préfet du Calvados
assurait par sa présence le respect absolu de la règle, ah
mais ! Je suppose qu’il apprécia non seulement la
sagesse des auditeurs mais aussi la qualité des
morceaux signés Brahms, Mahler, Schubert.
L'image date du deuxième concert, un quatuor
de Beethoven suivi d'un quatuor de Chostakovitch, sans
entre-acte, bar fermé, prudence oblige !
Béat, je fus et je suis pour la suite, néanmoins…
3 août 2020
Souvenir fort
Dès 1939, toute la population avait appris à con-
naître le hurlement des sirènes. Lorsqu’elles hurlaient,
on descendait dans les abris avec les masques à gaz.
Enfin, la descente dans les abris n’était possible que si
l’abri existait, à défaut on se contentait d'une cave quel-
conque ou d'une tranchée dans le jardin ; à défaut de
tout cela ou par lassitude on restait calfeutré. Pas de dis-
cussion possible, la désobéissance était sanctionnée. Je
n’étais qu’un bambin et je me souviens beaucoup plus
du désagréable masque à gaz que des sanctions à l’en-
contre des mauvais citoyens se promenant dehors du-
rant l’alerte. Je résume : désobéissance impensable !
C’était le civisme durant cette triste époque.
Cela dura peu. Nos cousins germains nous enva-
hirent et nous imposèrent leurs règles. Considérées à
travers mes souvenirs de bambin, à un détail près ce fu-
rent les mêmes : seul le masque n’était plus requis. Tout
le monde savait, y compris les allemands, que les ma-
niaques du gaz moutarde furent les allemands en 14-18
et pas les autres… Donc, seule la descente dans les abris
était requise.
La pratique de cette sorte de confinement im-
promptu dura quels semaines… Lorsque l’impromptu
se produisait en pleine nuit d’hiver, cela n’avait rien de
rigolo pour ceux qui devaient traverser la rue en tenue
forcément légère pour se ruer dans l’abri le plus proche.
Pour ma famille il suffisait de descendre les deux étages
de l’école où nous habitions pour s’y réfugier, alors on
obéit un peu plus longtemps. Néanmoins l’incivisme se
généralisa, y compris dans ma famille. Honteux ! Mais
j’avoue, nous en étions tous réjouis, les avions ne fai-
sant que passer :
« Hé, hé ! les Boches, qu’est-ce qu’ils vont dé-
guster ! »
Contents de narguer non seulement le destin
mais surtout l'autorité, on se confortait dans notre inci-
visme en continuant à déjeuner, à taper le carton, à dor-
mir, à s’adonner dans l'instant à n’importe quoi d’autre
du quotidien. Mais un bel après-midi de mai 44…
Boum ! 350 morts en quelques minutes, beaucoup je
pense donc, par incivisme : simplement restés chez eux,
se demandant pourquoi on les confinait alors que rien
n’advenait. Tout cela n’est qu’un amas vague – « s’cu-
sez, un cluster » - dans ma mémoire.
Sautons quatre-vingts années ou presque. Hier
j’affrontai les 35° (« s’cusez derechef, Celsius, pas
Farenheit ») ou plus pour aller de Deauville à Villers et
y admirer quelques fossiles dans le musée local. Prome-
nade en voiture de quelques kilomètres le long du litto-
ral… Promenade dans son environnement habituel de
bel après-midi d’été normand : une foule d’estivants se
pressant le long de la route pour s’entasser sur un lopin
de sable encore libre de la plage, sans masque. En fin
de journée, dîner avec ma compagne dans un bon res-
taurant de Deauville, à cinq cents mètres de notre pied-
à terre : dans la rue, petite foule de fin de chaude jour-
née, mais une douzaine de masques seulement dont les
deux nôtres…
D’accord, on n’est plus en 40. Néanmoins notre
vocabulaire ne possède qu’un mot pour décrire ce com-
portement : incivisme. D’accord, le virus ce n’est pas
une bombe de 500 livres, évident n’est-ce pas ? Mais il
tue de même, non moins évidemment, sans trop préve-
nir. Attention ! Il est chinois donc de bonne qualité,
meilleure que celle des bombes de fabrication anglaise
que l’on retrouve encore de temps à autre intactes dans
le sol continental.
Qu’en penser ?
66
Moi, plus rien, octogénaire tous les risques sont
de même niveau et après le point final à cette diatribe,
j'écrirai sur un autre sujet, donc je conclus :
« Je men tamponne », etc..."
Toutefois, je continue à sortir masqué et à rous-
péter.
1 0 août 2020
Forum désert
Ben oui ! Moi, pour prendre la photo ! À peu de
kilomètres, les indigènes ont construit un théâtre :
l'Opéra du désert ! Chaque année le spectacle à l'af-
fiche, joué par des artistes de renommée mondiale, at-
tire une foule de spectateurs ! Certains arrivent en avion
et se serrent dans le minuscule hôtel fermé tout le reste
de l'année. Les autres placent leurs caravanes ou cam-
ping-cars tout autour, n'importe comment...
Je pose une question...
Tous les zozos qui se concentrent là par sno-
bisme dans l'inconfort, sont-ils confinés ? La folie en
foule est-elle une forme de confinement ?
Vous avez deux heures pour rédiger votre copie
!
By !
18 août 202
Visages confinés
Dans ma jeunesse, réserve et pudeur im-
prégnaient l’éducation sentimentale des adoles-
cents ; quand j’écris : sentimentale, je pense plus
loin mais je me tais car je suis pudique… Dans la
jeunesse de mes parents, donc la génération
d’avant la mienne, ce fut pire semble-t-il. Difficile
à préciser, toujours par pudeur.
Dans ma jeunesse encore la nature indiffé-
rente à la réserve et la pudeur parentales se mani-
festait toujours tôt ou tard… L’adolescent s’édu-
quait en surprenant des conversations qu’il ne de-
vait pas entendre, en discutant avec les copains,
surtout avec ceux s’estimant avertis des choses de
la vie, en folâtrant avec la meilleure amie de la
mère pour les plus chanceux, enfin dans mon cas
en chipant les bouquins un tantinet libertins déni-
chés par hasard dans un bout de rayon de la volu-
mineuse bibliothèque familiale, pas loin d’une
Bible éventuellement; le rôle des bouquins fut im-
portant…
Tout ce laïus pour avouer que je lus un
livre, fort bien écrit par un auteur dont j’ai oublié le
nom, dans les années vingt ou trente, années tolérant le
bas des robes vers les genoux et le maillot complet
d’une seule pièce pour les bains de mer. Cet auteur fut
jeune et dans sa jeunesse, précisa-t-il, le bas des robes
était bien plus sagement au niveau des mollets.
Alors, tenez-vous bien, ce brave homme, ex-
plique en un savoureux paragraphe que la vêture de ses
contemporaines, estimée indiscrète, ne permettait plus
d’ignorer leur plastique ; aucune découverte ne pouvait
donc plus agrémenter la conclusion d’une conquête dif-
ficile, tout étant connu d’avance … Je me souviens
même d’une expression surprenante dans un texte par-
faitement écrit : « … dans ce monde à poil ». Hé, ho !
Les amis, enfin ceux de mon âge, vous souvenez-vous
d’un monde « à poil » dans les années trente ? Moi :
non. Il insiste bien au contraire : la mode féminine,
dans son passé à lui, offrait au conquérant le plaisir dé-
licat de fantasmer jusqu’au moment de la victoire !
Quelle lecture ! J’aimerais retrouver ce bouquin
dans un coin de mon grenier, une curiosité de biblio-
thèque. Remarquez, Guy de Maupassant, dans ses nou-
velles, exprime à sa manière, belle également, des idées
semblables. Quant à Pierre Louÿs son roman « Aphro-
dite » est un chef d’œuvre sur le fantasme.
Allez, hop ! Vite, revenons au temps présent !
Les petites merveilles bien ciselées de l'érotisme d'au-
trefois sont désormais balayées par le "porno"
78 : Parc Calouste-Gulbenkian.
77 : En TGV aujourd'hui, 20 août 2020
67
numérique. Cependant nous sommes vraiment devenus
proches du « à poil » intégral surtout avec le réchauffe-
ment climatique. Et pas seulement sur la plage ; parfois
dans une rue de Deauville, me propulsant à l’allure d’un
sénateur que je ne suis pas, je suis souvent doublé par
de jeunes personnes me donnant envie de crier : « haut
les mains ! », paillard que je suis resté, pour jouir du
spectacle
Or les circonstances nous obligent à certains
confinements. En particulier le masque sur le visage ;
en dépit de l’incivisme conquérant, certaines dames le
portent tout en étant parfaitement visibles pour le reste,
en deux pièces , le haut parfois perdu, évanescentes…
Je pense alors à mon auteur oublié et je fantasme devant
ces anatomies généreusement dévoilées : quelle beauté
derrière le masque ?
Totalement idiot, le mec (moi)…
Que voulez-vous, après tous mes coups de
vieux, il faut que je prenne des coups de jeune avant de
rejoindre à Nîmes la semaine prochaine, le Légionnaire
de retour d’Afrique et sa petite famille que je n’ai pas
vus depuis plus d’un an. Après, si Monsieur Trump –
ou quelqu’un d’autre lui succédant – le permet, j’irai à
San Diego.
Faut bien que vieillesse se passe… C’est mon
avis et je le partage !
J’oublie ma contribution à la météo : il com-
mence à faire chaud mais je ne peux pas ajouter que
tout est sec puisque de mon balcon j’ai vue sur la Ma-
rina.
11 août 2020
Mélomane confirmé confiné
Hier, chaud après- midi, 7h…
Habituellement depuis une semaine, le moment
de se préparer pour le concert de la journée ; au pro-
gramme trois auteurs que je n’apprécie guère, surtout le
premier : Berg, Debussy, Stravinsky, suivis heureuse-
ment par une petite pièce de Brahms. Courage, on y va !
Et soudain…
Nous sommes à une époque nécessitant de faire
très attention à ce qu’on écrit. Un mot inopportun de
trop et, hop ! L’imprudent scribouillard se fait traîner et
se fait condamner qui plus est par un juge courageux :
racisme, harcèlement, machisme, et j’en oublie toutes
ces choses que l’on doit désormais bannir de notre so-
ciété pour la civiliser. J’implore donc notre société et
sollicite sa mansuétude, son pardon, en m’exprimant de
la manière innocente de ma jeunesse pour placer dans
ce forum les quelques informations météorologique ré-
sultant de mes observations du moment :
« … il fait aussi noir que dans le chose d’un
nègre… »
Fernandel ne se serait pas exprimé autrement et
je crois bien que c’est de lui que je retins cette façon de
parler. Heureuse époque où je pouvais imaginer sim-
plement le goût et l’odeur d’un bon chocolat chaud en
survolant une publicité de « Banania » dans le journal
de Mickey, sans penser à la noirceur des ignobles
publicistes affairistes, esclavagistes, colonialistes, etc.,
avides de connaître le contenu de ma tirelire…
Bref, l’orage arrivait…
Arriva et s'obstina une paire d’heures durant, si-
non plus. Il tonna, foudroya, dégringola de la flotte
comme vache lorraine - pas normande car on a sa fierté
- qui pisse, et venta furieusement toute la fin de journée,
Un temps à rester calfeutrés, non : confinés, car nous
sommes deux. Ma compagne aimant Debussy râla, moi
non, bien au contraire, espèce de « macho » égocentriste
que je suis !
"Sacré Soleil", sur "La 2" avec un rond rouge
pour ceux qui ne savent pas lire les chiffres, et la suite
remplacèrent le concert. Guère mieux. J'ai un article en
cours, alors, hop ! "Au clavier" ! "À la plume" est plus
classique mais vieillotte.
Quant à la pluie de météores, un par minute,
dixit "La2" : bernique !
Toujours incapable de dire si le temps est sec :
l'eau est en suspension dans l'air normand alors pas
d'observation météorologique possible, on ne voit rien
dans la purée de pois matinale.
Complètement givré !
13 août 2020
Sans masque !
Ici permission d'ôter le masque quand on est
seul. Subtile la réglementation !
Petite promenade hier, museau à l'air ce qui est
tout de même commode lorsque les poumons
79 : Désert américain
80 : En route.
68
vieillissent. Le parc fut aménagé pour le plaisir d'un Ar-
ménien, né Turc quand ce n'était pas considéré comme
un avantage, devenu ensuite résident en France ou
Français, je suis incertain, mais richissime, je suis cer-
tain. Il s'agit du sieur Calouste-Gulbenkian, décédé en
dépit du bon air à 86 ans; je déteste ouïr cela... Et je ne
vous dirai pas pourquoi, j'ai bien le droit d'avoir mes
petits secrets !
Promenade écourtée par des grondements loin-
tains mais semblant se rapprocher !
Et ce matin, pissements drus et prolongés de
vaches lorraines ! Usuellement l'eau étant ici simple-
ment en suspension dans l'air ou dans l'océan, les in-
digènes, bipèdes, chevaux et vaches de la région, en
sont bien contrits, le commerce, les courses et la crème
en souffrent
14 août 2020
TGV déconfiné
Les trains circulent de nouveau. Alors, en route
pour Bunuel, vieux bourg dans la banlieue de Nîmes ;
Oleg et sa petite famille s’y sont fixés, je pense défi-
nitivement.
Précédant le plaisir de découvrir leur nouvelle
demeure, vient le moment de rejoindre mon fauteuil
réservé comme il se doit dans le TGV à destination de
Valence et Nîmes – Pont du Gard, nom de la nouvelle
gare construite « au milieu de nulle part ». La gare de
Lyon a ceci de particulier : l’ancienne gare est doublée
d’une nouvelle, la tête des quais dans cette dernière
étant approximativement un peu avant le bout de ceux
de la précédente. Je me méfie et demande au chauffeur
de notre taxi de rejoindre la « dépose minute » en des-
sous de la nouvelle gare. Heureuse idée car étant dans
la voiture 12, il me faut longer pédestrement la pre-
mière rame, c’est-à-dire une motrice, les voitures 01 à
08, une seconde motrice, puis la queue de la seconde
rame c’est-à-dire une autre motrice, puis la voiture 11,
et aboutir enfin à la porte de la 12 ; bien noter que la
numérotation des éléments du TGV est en sens inverse
de la marche du train à l’aller vers Nîmes et dans le
même sens au retour, sauf fantaisie de la SNCF, ce qui
arrive parfois mais j’ignore pourquoi… Une rigolade
quand on a vingt ans, Mais quand on approche les 87,
avec des jambes devenues peu alertes et un souffle dé-
finitivement court, quand en outre le tout n’arrive le
long du quai ouvert en tête que seulement vingt mi-
nutes avant le départ, quand le port du masque est obli-
gatoire, alors le chargement du bonhomme devient
difficilement sportif !
Et j’oublie : en dépit de ma demande, mon fau-
teuil est dans la partie haute de la voiture, donc petit
escalier raide pour conclure la marche.
Bon ! Assis confortablement, cinq minutes de
plus et en route pour un peu moins de trois heures de
trajet ! Là, rien à rouspéter, c’est tout bon. Les enfants
attendent à l’arrivée, retrouvailles après une bonne an-
née, le virus ayant bousculé tous nos projets.
Déconfinement mais masqué en TGV
Blablas sans parole (fig.77)…
82 : Éros, 1.
82 : Éros 2.
69
20 août 2020
Déconfinement nîmois
Je séjourne dans une ville, Nîmes, mais ne le ré-
pétez-pas, qui se déconfine...
Pas le droit de quitter le masque dans le mu-
sée ! Néanmoins les bonhommes et les dames dans les
fresques font ce qu'ils veulent : sans masque !
Mauvais exemple ! Mauvais citoyens ! Et ils ont l'air de
s'amuser, sans masque, triste mentalité, sans masque...
Je frémis, navré, devant l'incivisme de ces déconfinés
intégraux !
Cela étant, je deviens "beulou", car l'érotisme
n'a rien d'évident là dessus...
26 août 2020
…
Pour les "beulous" qui n'auraient pas vu et sur-
tout compris comment s'y prendre pour déconfiner, je
dédie cette fresque plus pédagogique de mon point de
vue, c'est à dire 10-10e avec léger strabisme, j'avoue.
Vive la culture sans confinement mais avec
masque sauf là où il faut...
Je m'égare...
Même date
Déconfinement SNCF
Une consœur pleure : je suis absent de notre fo-
rum depuis au moins deux jours ! Calme ! Rétorque
Marie-Jo, Serge est certainement en vadrouille… Vraie
Pipelette, Marie-Jo car…
Effectivement, hier, j'étais à bord du TGV2548,
voiture12, place 51, départ de Nancy 18h11, arrivée à
Paris à 19h50.
Vous savez tout, enfin l'essentiel.
J'oublie...
Déconfinement "sénécéfique" oblige, j'étais
masqué. Quand on est devenu une vieillasse au souffle
court c'est pas drôle ! Impossible de courir un 100m
avec ce truc sur le nez. Bon, d'accord, à l'intérieur d'une
voiture de TGV, pas besoin de courir.
Néanmoins je râle car je suis Français et en plus
du gilet jaune que je n'ai pas j'ai une bonne raison.
Un quidam plus jeune que moi mais plus ventri-
potent occupait la place 52, en vis à vis. Il se rendit au
bar et en revint avec son dîner dans un sac; c'est la règle
annoncée désormais au début de tout trajet : obligation
de consommer à sa place !
Or, pour ce faire, il faut se démasquer, ce qu'il
fit et resta durant tout le trajet, le sac sur la tablette et
ses bruits de déglutition et de mâchoire prouvant qu'il
consommait.
Où est l'égalité républicaine ? Moi, obligé régle-
mentairement d'être masqué, lui obligé gastronomique-
ment d'être démasqué.
On se moque du Peuple Souverain !
15 septembre 2020
Déconfinements musicaux
Petit plaisir parisien… Petit rien de quartier dont
on parle peu ou pas du tout dans les journaux. Il contri-
bue à meubler notre quotidien, surtout en fin de semaine
; c’est une sorte de survivance de la manière dont on ses
distrayait autrefois avec de la musique de chambre…
La télévision et la radio abrutissantes n’exis-
taient pas autrefois ; on se réunissait simplement entre
amis pour chanter ou jouer de la musique ou danser, re-
garder et écouter pour les moins habiles. Aujourd’hui,
plus savants, nous éprouvons le besoin de former des
associations pour ce faire ; ayant fonctionné longtemps
comme trésorier de certaines, j’en parle en toute con-
naissance : en fait, si le trésorier est habile, cela permet
de récupérer quelques subsides de nos administrations
tutélaires; petites mendicités devenues incontournables
parfois pour continuer à paraître dans une société avide
de « Showbiz » gesticulant et tonitruant.
Tout évolue… Mais certains résistent…
Je connais encore de petites associations.
L’une, très petite, pratique musique et poésie.
Une de ses animatrices, féministe convaincue, se pas-
sionne pour l’histoire de ses consœurs ayant beaucoup
œuvré comme poétesse ou musicienne. Pour cette dame
inconnue du public mais à la voix mélodieuse, existe un
matrimoine artistique qu’il convient de sortir de
l’ombre portée par le patrimoine, pas plus artistique
83 : Musique de quartier.
70
selon elle, créé par les hommes.
Pour nous en convaincre, accompagnée d’une
amie munie de sa viole de gambe, elle récita et chanta
des œuvres de dames du XVII au XXe siècle. Un régal
dans le modeste kiosque à musique d’autrefois au mi-
lieu du non moins modeste square Gardette du XIe ar-
rondissement parisien. Petit carré de verdure au milieu
des constructions empli d’une population s’aèrant, ré-
glementairement masquée excepté les enfants ; ceux-là
courent en tous sens, jusque dans les jambes des mélo-
manes auditeurs et piaillent à qui mieux mieux sans res-
pect pour la musique. Petit problème : le soleil chauffait
la viole, d’où nécessité de se redistribuer dans l’espace
afin d’offrir de l’ombre au vieil instrument.
Ensuite quelques habitants des immeubles tout
autour, visibles en partie sur mes images, renouèrent en
public dans la même atmosphère bon enfant avec leur
passion de choristes perturbée par ces animalcules, dé-
sormais trop fameux dans notre existence. Choristes pas
masqués mais réglementairement distanciés !
De la vraie et bonne musique populaire. Un bon
après-midi dominical.
21 septembre 2020
71
Blablas numériques
84 : Internet au service du confinement.
72
85 : Masque.
73
Alerte
Des personnalités compétentes entourent le Pré-
sident, le conseillant pour le contrôle de la pandémie…
Contrôle ? Point n’ai dit : maîtrise ! Contrôler signifie
connaître l’événement, autant que faire se peut, et agir
autant que faire se peut pour infléchir son évolution fa-
vorablement pour notre santé. Souhaitons-nous bonne
chance ! Forme de contrôle d’un processus ainsi vite
résumée par le spectateur que je suis, absolument pas-
sif.
Nonobstant le contrôle de processus devint ma
spécialité naguère au point que je fusse chargé de l’en-
seigner à de futurs ingénieurs des travaux publics, autre
domaine évidemment que celui monopolisant l’atten-
tion aujourd’hui ; mais cela m’intrigue : existe-t-il des
similitudes entre ce qui fut mon passé et la lutte contre
cette invasion qui me concerne à l’instar de toute la pla-
nète ?
Il ne s’agit pas d’une question farfelue. Au-
jourd’hui lorsqu’on truffe avec un équipement informa-
tique une structure naturelle ou édifiée, présentant un
risque pour la collectivité, c’est pour la connaître à tout
instant et le cas échéant réagir en conséquence de l’ob-
servation : lancer une alerte, activer des actions salva-
trices, etc.
Des chaînes décisionnelles sont ainsi conçues.
Elles comportent les moyens nécessaires d’acquisition
de l’information caractérisant le processus, de sa con-
servation, de son traitement, de réaction directe éven-
tuelle sur le processus, enfin toujours de mise à la dis-
position d’experts compétents, d’éléments issus de ce
qui précède et nécessaires à l’exercice de leur contrôle
et de leur rôle décisionnel.
Particularité peu apparente de ces chaînes : l’in-
terdisciplinarité devenue incontournable avec le déve-
loppement de ce genre d’équipements et l’apport essen-
tiel de l’informatique. Dans l’élaboration d’un tel sys-
tème, par exemple la surveillance d’une falaise sus-
pecte d’instabilité au-dessus d’une zone habitée, peu-
vent intervenir aussi bien l’informaticien, sachant pro-
grammer un microprocesseur, que le préfet devant ex-
ploiter ultérieurement les données acquises et traitées
en temps réel, sans même éventuellement que ces deux
personnes se rencontrent !
L’intéressant dans la pandémie actuelle est la
collecte de l’information et son traitement à l’échelle
mondiale. Peut-être en reparlerons-nous…
24 mars 2020
Lazaret
Avant de commencer à me lire, révisez je vous
prie votre table de multiplication par 7 ; j’y viendrai en
fin de causerie. La science des nombres est la plus belle,
disent les puristes ; j’ajoute : surtout utile lorsque
j’aborderai la durée de notre confinement…
Confiné comme tous, je suis plus attentif qu’à
l’ordinaire aux flots de parlotes, émis à jet continu par
l’un ou l’autre des récepteurs, radio ou télévision,
oubliés sous tension quelque part à portée d’oreilles.
Les parlotes détaillent en tous sens, comme à l’accou-
tumée, le sinistre sanitaire majeur que subit notre so-
ciété : propos de commentateurs rabâchant leurs infor-
mations, surenchérissant à qui mieux mieux, obnubilés
qu’ils sont par l’idée d’être moins écoutés que leurs
confrères. De cette inondation sonore écoutée distraite-
ment émergent parfois les voix d’auditeurs intervenant
en ligne. En dépit du sentiment de saturation me ga-
gnant insidieusement, certaines voix, j’ignore pour-
quoi, éveillent subitement mon intérêt, ou mon étonne-
ment, voire ma curiosité.
Ainsi aujourd’hui j’entendis à plusieurs reprises
toutes sortes de discussions sur la durée du confinement
: dépassera-t-elle quinze jours et pourquoi six semaines,
et pourquoi pas moins ou plus, etc. Je retiens le nombre
de six, intrigant, voire inquiétant les auditeurs partici-
pant à l’émission, questionnant, voire conseillant sans
complexe les experts invités. C’est vrai enfin ! De quels
cerveaux, malades ou géniaux ou normaux mais farfe-
lus et j’en passe, une telle idée peut-elle sortir ?
Désolé, je suis absolument incapable d’exprimer
un avis pertinent sur le sujet. Néanmoins j’ai vague-
ment le sentiment que, face à une menace de contagion
de maladies infectieuses, le confinement de six se-
maines d’individus suspects d’être atteints, me semble
une solution pragmatique, usuelle depuis belle lurette.
Les épidémies, peste, choléras et d’autres encore
empoisonnent notre humanité depuis plus que belle lu-
rette. Au fil du temps, les populations menacées imagi-
nèrent de se défendre en plaçant des obstacles sur les
voies de communication menant aux portes de leurs ter-
ritoires. En particulier, en France, dans nos ports exis-
taient des lazarets, sortes de caravansérails, plus ou
moins confortables permettant d’isoler le temps jugé
nécessaire, les voyageurs provenant de contrées infec-
tées.
Quarantaine est le mot français désignant autre-
fois le confinement dans ces auberges obligées. Prête-
t-on suffisamment attention à ceci : le mot existe tou-
jours, il est couramment utilisé de nos jours, toutefois
avec des acceptions parfois éloignées du sens ancien.
Or, comptez… Quarantaine, c’est quasiment six se-
maines, chacune de sept jours ! Cette unité de compte
mensuel semble avoir la vie dure ; elle survécut de plus
au calendrier révolutionnaire, poison des généalogistes
! Est-ce seulement une coïncidence ? Toutefois bien des
gens et choses ont changé depuis l’époque encore ré-
cente des lazarets. Je dis : gens et choses, car les épidé-
mies, je n’en sais fichtre rien… Probablement respec-
tent-elles obstinément leurs habitudes ancestrales ja-
lousement masquées aux yeux des experts s’évertuant
à les étudier. Dans l’incertitude mieux vaut ne pas chan-
ger les nôtres ; alors vivent les quarantaines de quarante
jours, six semaines donc, à deux jours près…
Ou plus éventuellement ! Ben oui : c’est un bail
renouvelable, c’est écrit nulle part mais c’est ainsi…
Reste à faire avaler ce genre de pilule à la popu-
lation. Alors… Blablas, noyons le poisson…
Ah ! La transparence de la communication…
74
À tantôt.
26 mars 2020
Se confiner
Simple élément de la masse confinée, je m’obs-
tine à juger détestable le fait de subir docilement, pas-
sivement, les consignes qui me sont imposées. Se re-
beller ? Certes non ! Tout simplement en raison de
l’importance de la discipline dans une situation dange-
reuse. Beaucoup d’entre vous ignorent jusqu’à l’exis-
tence du règlement militaire concernant l’obéissance,
applicable en toutes circonstances. Dommage ! Alors je
résume à ma façon :
Obéir sans discuter, en bons franchouillards
que nous sommes rouspéter mais seulement après avoir
obéi aux ordres et que les effets de l’obéissance aient
été constatés…
Nous sommes en démocratie, l’autorité qui nous
gouverne fut mise en place démocratiquement en dépit
des divergences de notre nation de râleurs ; en consé-
quence, de mon point de vue, obéir est le seul compor-
tement possible. Or l’obéissance aujourd’hui est atten-
due de toute la nation et ce que je viens de condenser
un peu ironiquement en une phrase paraît bien difficile
à observer. Ainsi en particulier, comment le petit élé-
ment que je suis peut-il agir utilement dans un moment
où justement l’autorité lui impose de se tenir tran-
quille ? Paradoxal !
Néanmoins je me souviens avoir dit : je suis un
capteur. Alors noyé dans la masse, vieillissant donc far-
deau possible, je capte et je note. C’est à peu près tout
ce que je peux faire. Utile, inutile ? On ne sait jamais
ce qui adviendra… J’oublie : si des jeunes appellent un
coup de pouce en math, ou en physique, mais pitié pas
en chimie car je suis nul, internet fonctionne et ma tête
aussi ; mes petits-enfants ont tout de suite pigé…
Pour clore cette petite confidence un souvenir
remonte ; je me remémore ce témoignage que j’eus la
chance d’admirer, celui du confinement unique et vo-
lontaire d’un homme livré à lui-même seul au milieu
d’une immensité : le Père de Foucault.
Cette diapositive, vieillie et retouchée, incite en-
core à réfléchir…
27 mars 2020
Calculs toujours
Un petit mot, encore.
Nous vivons des moments intéressants. Peu ras-
surants mais intéressants. Capteur, je note et je ne sais
plus vers quoi diriger ma plume, les faits se bousculant
jour après jour.
Hier, dans la soirée, j’écoutai notre premier mi-
nistre annoncer la prolongation de notre confinement
jusqu’au 15 avril. "Au moins", crûs-je ouïr… Il ne
s’agit donc pas d’un renouvellement de bail, le terme
de la quarantaine n’étant pas encore atteint.
En effet, je parlai il y a peu de cette quarantaine
; arithmétique simplissime, c’est presque six (se-
maines) multiplié par sept (jours). Vieille, très vieille
recette de santé collective certainement présente dans
l’esprit de tout expert épidémiologiste. Pilule amère,
difficile à faire avaler par la population en dépit d’ab-
sence d’autres remèdes prouvés. Alors, mesdames,
messieurs les experts, un peu en retrait, nous vous en
prions, c’est le rôle de nos politiciens élus d’administrer
le remède, par petites doses, bien enrobé avec habileté
dans les excipients dont ils ont le secret. Vive la poli-
tique devrais-je ajouter si j'en étais convaincu !
À propos, Monsieur le Président, il me semble
vous avoir entendu affirmer : transparence…
Ce serait tout de même rigolo que notre confine-
ment cesse pile dans quarante-deux jours après son dé-
but. J’ai la flemme de prendre un calendrier pour poin-
ter où cela nous mène. Ma compagne, chez qui je me
trouve coincé, mais je ne m’en plains pas, vient de
m’annoncer l’annulation du festival de musique de
Pâques, à Deauville. Je ressens un peu de vague à l’âme
de ne pas écouter de jeunes artistes débutants et enthou-
siastes, cependant je n’en suis pas surpris, 42 c’est 42
avec le festival pile dedans ! Qu’on se le répète, mais
en se souvenant que tout calcul encourt le risque d’er-
reur…
N.B. Mardi prochain je dois consulter mon car-
diologue, "ma" car c'est une charmante jeune femme ;
point n’ai-je besoin de certificat dérogatoire pour me
rendre à cette visite, mon immeuble abrite son cabinet,
l’escalier juste à côté du mien ; il me suffit de passer
par le sous-sol, une vingtaine de mètres ; dehors, sur le
trottoir dont nous sommes riverains, ce pourrait être
dangereux : sans le papier qu’il me barbe d’imprimer le
risque est vite chiffré : €135 !
28 mars 2020
Numériser le confinement…
Totale déraison ? Voire…
Je dors peu, pas du tout insomniaque, depuis des
décades, quatre ou cinq heures de sommeil me suffi-
sent. Christophe le Facteur, chaque jour, est habituelle-
ment le premier présent ici ; naguère, Marie-Paule, Oi-
seau de Nuit détenait ce privilège. Moi, Pépère, suis le
premier à lire mais cela se remarque moins.
Introduction au fait, inhabituel mais pas inat-
tendu, que je m’éveille après un long sommeil de près
de huit heures. Cela m’arrive… Pourquoi ? Je n’en sais
rien, je ne cherche pas à savoir. Mais c’est toujours lors
de mon éveil après un long sommeil que mes idées sur-
gissant immédiatement atteignent les sommets du far-
felu.
Ainsi…
Vrai confinement, le sommeil… Un de plus !
Pas le même que celui imposé par Macron… Plusieurs
confinements… Tien… Tiens… Imbriqués ? Superpo-
sés ? Hiérarchisés ? Contradictoires ? Ouaaaaa… (bâil-
lement)… C’est un truc pour le « tout numérique »,
cela…
Totalement idiot, vite debout et café fort.
75
Dont actes.
Imbibé de caféine donc lucide, je reprends.
Mais il y a du vrai dans mon élucubration mati-
nale. Il semble bien exister des familles de confine-
ments. Cramponnez-vous : la mathématique m’im-
prègne et lorsque je parle de famille, il s’agit de famille
topologique. Expliquer n’a pas sa place ici mais je peux
fournir des références aux amateurs. Je suis « in » ainsi
: la mathématique c’est bien le support du « tout numé-
rique » !
Je conçois par exemple une famille de confine-
ments physiques, proche de celle comportant l’empri-
sonnement. S’y trouve ma carcasse : je n’ai jamais de-
mandé d’y entrer, présentement je ne peux pas en sortir,
enfin certainement j’en sortirai sans que mon avis soit
pris en compte, excepté le cas d’un coup de folie de ma
part. Voyez-vous une erreur si j’affirme qu’il s’agit
d’un confinement ? Et puis existe l’appartement dans
lequel je me trouve, incluant ma carcasse, avec à peu de
choses près les mêmes spécifications : entré, inclus, ul-
térieurement sorti, mon avis à ce sujet en ce moment
comptant pour de la roustissure… Etc. Enfin, notre pla-
nète Terre. Vous riez ? Eh bien ! Essayez d’en sortir…
J’imagine aisément une autre famille : morale ;
allez, à la louche : ma conscience, les usages familiaux,
les coutumes locales, le Droit français… Indiscutable-
ment une famille d‘éléments imbriqués et hiérarchisés,
confinant tous mes comportements quotidiens ! Famille
dont au moins un élément, le droit, croise au moins un
élément de la famille précédente, l’appartement. Idiot ?
Réfléchissez…
Bien loin, ce matin du confinement des légion-
naires Romains postés dans le fortin en ruine où j’en-
trainai ma petite troupe désœuvrée, il y a plus de
soixante ans. Et dont je souhaite parler.
Mais ce sera tout pour ce matin.
Libre à vous d’ajouter avec moi : ouf !
30 mars 2020
Le « Numérique » et la connaissance
Je souhaite vous rapporter deux anecdotes ; en
dépit de leur banalité je pense qu’elles vous convain-
cront dans la suite que je ne batifole pas dans mon quart
d’heure favori de déraison.
La première date des années 70. Oui, le temps
passe… La recommandation de mon premier em-
ployeur civil, un I.P.C.G. G pour Général tout de
même, me propulsa le 16 septembre 1970 à la tête du
service d‘informatique du Laboratoire Central des
Ponts et Chaussées, service créé la veille ! À cette date,
l’informatique, comparée à ce que nous en connaissons
maintenant en était encore à balbutier. Nos grands chefs
balbutiaient et les informaticiens, presque tous auto-
proclamés et dont j’étais, balbutiaient de même.
La téléinformatique existait depuis peu pour le
public. La politique des constructeurs d’ordinateurs
consista lors de l’apparition de cette nouveauté, à pro-
duire des réseaux formés d’équipements homogènes :
un ordinateur central puissant et ses satellites,
efficacement protégés contre l’intrusion d’équipements
étrangers. Deux compagnies se partageaient ainsi le
marché des deux ministères de l’Équipement et des
Transports, choix d’abord politique à haut niveau,
ayant quelque peu ignoré la nature des travaux poten-
tiels. Heureusement, pour ce qui était considéré comme
essentiel à l’époque, on pouvait travailler en dépit de
cette division. Cependant émergèrent dans le même
temps d’autres besoins prenant rapidement de l’impor-
tance…
Le réseau des Laboratoires des P. et C., près de
deux douzaines d’établissements répartis sur tout le ter-
ritoire, est chargés de recueillir là où elle est créée, l’in-
formation indispensable à la bonne connaissance de
l’état des infrastructures publiques de transport et à leur
usage. Très rapidement le réseau innova dans cette ac-
tivité traditionnelle, y introduisant l’informatique.
Petit problème, néanmoins fondamental : les
équipements d’acquisition d’information sont conçus
selon les nécessités de l’équipement routier contrôlé,
généralement là où se trouve cet équipement, c’est-à-
dire n’importe où. Il faut donc expédier l’information
acquise vers les ordinateurs destinés à la gestion et son
exploitation. Cette tâche de communication incomba au
service que je dirigeai.
Très vite la mauvaise volonté, voire le refus de
coopérer, se manifesta chez les deux fournisseurs men-
tionnés ci-dessus, catégoriquement chez celui venu
d’outre-Atlantique. Nous n’étions pas encore à l’ère de
l’internet ouvert à tous ! Cette opposition était si fla-
grante que je reçus, discrètement, le budget nécessaire
pour, toujours discrètement, littéralement pirater les
messages échangés dans ces réseaux, décortiquer leurs
structures et connecter nos équipements que cela plaise
ou non à nos fournisseurs ; cela se passa à peu près
comme je viens de le dire, la réalité vécue étant toujours
plus complexe que ce que l’on en raconte bien des an-
nées après.
Ce que je retiens de cette anecdote est qu’une
toute petite équipe d’ingénieurs, pas très bien dotée
budgétairement donc chichement équipée au minimum,
réussit à briser ce qu’une grande compagnie mondiale
était déterminée à conserver secret. Près de cinquante
ans plus tard, je suis convaincu qu’un gouvernement ou
un grand organisme de presse a la possibilité de se doter
de tels moyens humains et matériels adéquats de pira-
tage. L’efficacité n’est pas toujours au rendez-vous
dans ce genre d’affaires mais toutefois, je suis con-
vaincu que gouvernement ou organisme de presse ne
lâchent, de ce qu’ils connaissent de leurs affaires et de
celles des autres qu’ils arrivent à connaître, que ce
qu’ils jugent opportun de lâcher.
Moralité : on est loin de tout savoir. Et c’est
peut-être bien ainsi.
Bien, bien, c’est l’heure de déguster une petite
bricole liquide et ambrée… À votre santé. La suite, …
ensuite…
5 avril 2020
76
Virus dans l’Internet
J’ai le sentiment, mais ce n’est qu’une impres-
sion m’effleurant, une sorte de vague à l'âme mais sans
balalaïka, qu’un bruit sournois que je n’aurais pas en-
core entendu, avec l’âge je deviens dur d’oreille au
point que même ce qui tonitrue m’indiffère, ou alors le
confinement me sape tant le moral que mes sanglots
qu’aucun « psy » ne vient éponger noient les recom-
mandations me submergeant…
Zut, alors, où en suis-je ?
Ah ! Oui ! Le virus-machin qui « épidémise »
est filtré par les serveurs d’internet grâce au savoir-faire
de nos « Start-up ».
Il ne tombera donc pas de vos écrans sur vos cla-
viers
Donc la fréquentation du forum est sans dan-
ger…
Qu’on se le répète.
6 avril 2020
Seconde anecdote
Ma seconde anecdote n’est en fait qu’un tout pe-
tit événement, archi banal dans mon existence ; toute-
fois, extrait de ce contexte, il incite à réfléchir sur les
conséquences dans nos existences de l’énorme déve-
loppement de l’informatique, a fortiori dans les circons-
tances exceptionnelles que nous vivons.
Hier ou avant-hier j’ai placé ici une carte postale
ancienne de la Léproserie de Remiremont ; souvenir
d’un confinement ressemblant à de la prison pour les
malades, afin de protéger la collectivité de la contagion.
Familier de ce piedmont vosgien, pays d’une partie de
ma parenté, j’aurais aimé ajouter quelques fragments
d’histoire de ce petit monument bien connu des roma-
rimontains13. Honte ! Le vide ! Dans ma tête d’abord,
mais je vieillis, et dans mes notes qui s’effilochent ;
pour parfaire ce vide, le confinement m’interdit l’accès
à ma bibliothèque.
Pas de panique ! Petite navigation dans l’Inter-
net, je trouve un bouquin (iv) ; quelques modestes euros
et je recevrai ce que je cherche en fin de mois, toujours
à cause de ce fichu confinement. Temps passé pour
combler cette lacune ? À peine une petite heure. Dans
le passé - cinquante ans environ -, la chronologie eut été
différente ; par exemple : aller en métro, promenade pé-
destre rue de Richelieu, B.N., catalogue, demandes de
consultation, attente, enfin consultation car pas de con-
finement… Néanmoins au moins une demi-journée.
Progrès indubitable pour un documentaliste
mais l’essentiel est autre.
La petite heure précitée m’occupa,
13 Bammert, 1971. En l’absence de pagination, quatre pages
du chapitre 12 : Le Palais Abbatial, sont consacrées à la Léproserie
de la Magdelaine. L’article décrit l’administration de l’établissement,
havre de confinement plus que de soins. Il conte la cérémonie d’ac-cueil de deux malheureuses condamnées par leur maladie à rester
confinées dans la léproserie jusqu’à la fin de leurs jours. En
documentaliste amateur muni de ma petite expérience,
muni de mon « pc » banal doté de son non moins banal
logiciel de base mais le tout connecté à l’Internet. Ima-
ginons maintenant une équipe de documentalistes ex-
périmentés munis d’un ordinateur doté de logiciels
d’analyses de données bien pensés, également connecté
à l’Internet. Par expérience, l’idée de la masse d’infor-
mation que cette équipe peut en ce moment obtenir en
très peu de temps et du gain de connaissance qu’elle
peut en retirer donne le tournis.
Or gouvernements et organismes de presses bé-
néficient de tels moyen. Ce qu’ils en obtiennent au sujet
de l’épidémie est certainement considérable, difficile-
ment concevable pour un simple citoyen. Diffuser en
toute transparence leurs résultats est irréaliste et si tel
était le cas qu’en ferions-nous ? Analyser, interpréter,
décider enfin des actions à mener sont affaires de spé-
cialistes. La transparence pour tout cela est-elle seule-
ment possible ? Opportune ? Indispensable ?
N’ayant de la sociologie que quelques idées ap-
proximatives, je suis incapable de répondre à de telles
interrogations mêlant science et politique. J’ajoute, em-
barrassé : qui, y compris parmi nos décideurs possède
cette capacité de répondre, quelle que soit l’élévation
de son information ?
Je tais mes convictions. Elles sont floues et le
seront vraisemblablement toujours.
Et puis j'ai une contrariété : ainsi qu'hier, j'émets
l'opinion de l'opportunité d'un certain liquide, ambré,
etc. Halte ! Entends-je, ce qui stoppe mon rêve. Hier
c'était dimanche et cela suffit !
Oups ! Je ressens soudain physiquement le con-
finement… Bar personnel confiné, opaque et ce n'est
pas la faute du Président.
Dur est le temps présent.
Même date
respectant certaines règles vestimentaires d’hygiène et de comporte-ment, elles pouvaient sortir pour mendier…. La chapelle reste le seul
témoin de l’établissement.
77
Archives déconfinées
Le papier, support de l’écrit, ou toutes ces
choses dont on usait autrefois alors que le papier n’exis-
tait pas encore, y compris dans les idées des scribes les
plus inventifs, constituèrent les premières archives ; à
la condition toutefois que nos aïeux scribes songeassent
à préserver en lieu propice leurs travaux et que les sup-
ports utilisés résistassent au temps et aux prédateurs.
Près d’Albuquerque, au Nouveau Mexique, le
Rio Grande suit le bord d’une immense coulée magma-
tique, bord en pente raide d’une cinquantaine de mètres
de hauteur parsemée de débris rocheux. Des Amérin-
diens gravèrent sur ces débris dans un passé indéter-
miné des dessins dont il est permis de supposer qu’il
s’agissait de messages. Messages indéchiffrables au-
jourd’hui au grand désespoir des historiens locaux mais
dont l’ensemble forme indubitablement un dépôt d’ar-
chives confiné là le temps que la nature accomplisse
son œuvre destructrice.
On trouve des gravures pariétales, ou des des-
sins, dans le monde entier, à l’air libre, dans des ca-
vernes, inondées… Ce sont les premières archives de
l’humanité, confinées à jamais là où elles furent pro-
duites. On objectera qu’existe la possibilité d’en
prendre copie, ce qui fut réalisé pour Lascaux, dépôt
magnifique d’archives, issu du passé. Des chipoteurs
insisteront en soulignant l’absence d’intérêt de telles ar-
chives pour les généalogistes ; là je contre car en l’ab-
sence d’interprétation il est impossible d’exprimer un
avis catégorique à ce sujet.
J’ajoute que la généalogie n’est pas qu’affaire
humaine Tout amateur de vieilleries autres qu’hu-
maines se soucie souvent des filiations possibles entre
les objets qu’il affectionne ; toujours dans le domaine
des archives, c’est le cas des manuscrits. Cela m’amène
à la plus ancienne table connue de logarithmes ! Elle ne
comporte que quatre valeurs mais cela suffit pour ad-
mettre qu’il s’agit d’un ancêtre des tables scientifiques,
vieux de six mille ans environ. Son écriture cunéiforme
gravé sur une tablette d’argile fut miraculeusement pré-
servée confinée à l’intérieur d’un tell au Moyen-Orient.
Elle fut déconfinée par un archéologue et expédiée pour
être confinée de nouveau dans la bibliothèque de l’Uni-
versité de Yale (xv, xx), numérisée et accessible via In-
ternet.
Considérons immédiatement que la photogra-
phie et désormais son allié l’enregistrement numérique
sont d’ores et déjà des outils de déconfinement des ar-
chives précitées.
30 avril 2020
…
Parlons d’archives généalogiques.
Classiquement on pense aux registres parois-
siaux ou d’état-civil rangés dans nos archives départe-
mentales. Battons le rappel ! On peut en trouver ail-
leurs : dans des églises, des monastères, des chartriers
familiaux, non seulement en France mais encore à
l’étranger ; certains régiments russes possédaient une
église donc ses registres régimentaires bien difficiles à
dénicher aujourd’hui… En outre n’oublions pas tous
ces documents conservant bien cachées des traces de
parentés : les actes notariaux, judiciaires, etc. Et puis
les listes : recensement, élection, conscription,
88 : Vieille archive confinée au bord du Rio Grande.
86 : Lascaux déconfiné.
87 : Transportée, numérisée, déconfinée.
78
alimentation, santé, incarcération, etc.
Lancé dans la généalogie à l’aube
de ma retraite donc depuis plus de vingt
ans, je plongeai dans la prospection au
sein de ces vieux papiers. Papiers bien
confinés là où ils furent créés ou oubliés.
Pour consulter, il était donc nécessaire
de se rendre là où ils étaient déposés et
où ils sont toujours, en principe.
Bien évidemment je fréquentai
les AD88 et quelques autres dans
d’autres départements, par exemple les
Pyrénées Atlantique pour y consulter…
le registre d’écrou de la prison de
Bayonne très fréquentée à l’époque des
tentatives de passages clandestins en Es-
pagne. De ce voyage je rapportai entre
autres informations la date et le lieu de
naissance, 30 mai 1918 à Beyrouth de
ma belle-mère, sa profession, interprète,
l’identité de son père, Auguste Bernard. Les occupants
allemands étaient des gens méticuleux.
En ce qui concerne les registres paroissiaux et
d’état-civil, je découvris immédiatement une première
forme de déconfinement : le microfilm. L’Église des
Saints des Derniers Jours, autrement dit, Les Mormons,
avait réuni dans son Centre de Documentation parisien
la quasi-totalité de ses microfilms réalisés en France.
Déconfinement transformant des confinements disper-
sés en France en un nouveau confinement dans le IXe
arrondissement de Paris. Un progrès cependant pour un
banlieusard ! Je procédai alors à un déconfinement par-
tiel des registres paroissiaux de Raon aux Bois en les
enregistrant numériquement avec un petit dispositif
adéquat peu coûteux placé sur la caméra ; petit progrès
me permettant ensuite de les explorer à domicile où je
confinai cette petite base numérique. C’est ainsi : un
confinement semble toujours succéder à un déconfine-
ment !
Les visites aux AD88 restaient indispensables
pour les archives notariales. J’en numérisai donc sur
place une ou deux ; guère plus car plus long, le dispo-
sitif utilisé pour les microfilms étant inutilisables pour
les vieux papiers.
En revanche il me fallait aller à Francfort ou à
Salt Lake pour les microfilms de registres des églises
russes. Je me déconfinai en personne à Salt Lake.
Peu d’années passèrent et, une à une, nos ar-
chives départementales numérisèrent leurs documents
généalogiques pour les déconfiner radicalement grâce à
l’Internet. Énorme progrès !
1er mai 2020
Information déconfinée
En résumé la consultation classique d’un docu-
ment archivé implique l’une ou l’autre de ces trois pos-
sibilités :
Consultation dans le dépôt d’archives,
Envoi physique du document à domicile (ex-
ceptionnel !),
Envoi d’une copie.
Indéniablement l’informatique permet désor-
mais le déconfinement de tout document par sa numé-
risation et sa télétransmission, la troisième des possibi-
lités précitées devenant banale. La numérisation d’ar-
chives représente un long travail d’investissement et
appelle une indispensable organisation, permettant en-
suite de gérer et de mettre en ligne, à disposition du pu-
blic, les énormes quantités d’enregistrements produits ;
il est remarquable de constater, d’année en année, une
continuelle progression en quantités, des documents
rendus aisément disponibles.
90 : Microfilm numérisé par un amateur.
89 : Déconfiné par numérisation.
79
L’information nécessite un support pour son ex-
pression et sa communication. Or, jusqu’à présent il n’a
été question que de supports dans les activités exami-
nées ; l’information elle-même demeure confinée dans
les documents quels que soient leurs sorts. Dans tous
14 Archives Départementales des Vosges.
les cas, il reste à lire ou observer et interpréter tout do-
cument pour en libérer l’information recherchée dans
un but déterminé ; ces fonctions produisent évidem-
ment une nouvelle expression de l’information, éven-
tuellement de l’information nouvelle, avec un nouveau
support, donc un nouveau document, etc. Un maillon
de la chaîne d’enrichissement du patrimoine d’informa-
tion.
De tous temps cet achèvement du déconfine-
ment de l’information fut l’affaire de l’intelligence hu-
maine, travail essentiellement intellectuel. Par analogie
au machinisme mécanique destiné à assister le travail
manuel on œuvra de tous temps afin de développer un
machinisme intellectuel destiné à assister ce travail in-
tellectuel, voire s’y substituer. Tentatives pauvres en
résultats convaincants. De ces recherches naquirent
néanmoins les robots. Avec l’informatique ces re-
cherches acquirent rapidement une toute autre dimen-
sion. Cet essor actuel constitue l’intelligence artificielle
avec déjà des résultats époustouflants dont on ne saisit
pas encore cependant toutes les possibilités mais aussi
ses limites.
Quel que sera ce futur, dans tous les cas en ce
qui concerne l’exploitation des archives, l’intelligence
artificielle doit développer et assurer entre autres une
fonction incontournable : la reconnaissance par la ma-
chine des caractères écrits ; il y a encore fort à faire
mais c’est un point de passage obligé dans l’innovation
du déconfinement de l’information de ses supports. La
page extraite, en fac-similé numérique, des archives de
Maître Jacotel14 montre la difficulté de lire naturelle-
ment ce genre de document et ce n’est pas le pire ;
91 : Déconfinement de l'information.
92 : Une machine peut-elle lire cela ?
80
j’ignore s’il existe aujourd’hui une possibilité de recon-
naissance automatique des caractères dans un tel docu-
ment !
De ces réflexions naît une constatation irritante.
La volonté de libéraliser l’information en sup-
primant les corsets la confinant, guide la plupart des tra-
vaux actuels de modernisation de gestion et de traite-
ment de l’information. Opérations de déconfinement
disons-nous. Ce faisant toute information quitte le mi-
lieu la confinant avec ses règles structurelles, pour in-
tégrer un nouveau milieu, plus libéral pensons-nous
mais inévitablement doté de nouvelles règles structu-
relles : des normes, ose-je rappeler, qui confinent
comme toutes normes les objets pour lesquels elles sont
conçues.
Nous sommes donc persuadés de déconfiner
l’information en la pliant aux normes nécessaires à
l’universalité de sa gestion et de sa communication ; ne
serait-ce pas seulement une fausse impression d’ab-
sence de contraintes liée à l’efficacité de nos nouveaux
outils de travail ? Ne serait-ce pas, au contraire, un
transfert dans un autre confinement, discret car conçu
uniquement pour cohérer les machines utilisées ? Peut-
on alors parler de déconfinement, mot inexistant dans
le dictionnaire ? Les techniques évoluant que sera cette
impression dans le futur ?
Déconfiner ou confiner ? Telle est la question.
Revenons à nos soucis présents : le 11 mai pro-
chain, serons-nous en déconfinement ou adopterons-
nous un autre mode de confinement ?
1 mai 2020
Confiné !
S’cusez le lapsus !
M’est avis qu’un guguss m’assimile au lapsus !
Deux raisons d’y croire… D’abord et d’une, les
fonctionnaires du fisc ont un droit acquis : ne plus tenir
compte des centimes, c’est trop fatigant ! Deuzio : j’ai
déjà reçu un tel avis, sans centime.
Je me trompe peut-être ; dans ce cas, pas de
panique, le fisc a pris l’habitude d’aller et venir dans
mon compte-courant sans ce genre de paperasse.
L’ennui est que tels messages se multiplient
alors, par inadvertance lors d’un nettoyage de boîte aux
lettres, il est possible de se faire harponner ou
inversement effacer un courrier honnête.
Mais où va-t-on ? Pire : dans quel monde
numérisé sommes-nous arrivés ?
11 mai 2020
Ferrites confinées
Je copie ici certains de mes dépôts dans un
forum d’amis vosgiens, lesquels sont atteints en ce
moment de « flemmingite » aigüe pour écrire…
Effectivement, le vide emplit notre forum cette
semaine. J’ai horreur du vide alors je me suis contenté
de placer mes blablas dans mes deux sites personnels,
l‘un étant dûment référencé dans mon profil dans ce
forum, pour celles ou ceux que cela intéresserait…
Tenez… En dépit du confinement j’ai déniché la thèse
de Doctorat de Louis Couffignal soutenue en 1938,
néanmoins introuvable, y compris à la BN. Ah !
J’oublie… Qui est Couffignal ? Quelles sont ses
chansons ? Oups ! Je m’égare… Mais savez-vous ?
Non? Alors je dois digresser de nouveau… Ce forum
dans lequel je vous noie dans mes déraisons, il faut
toutes sorte de logiciels pour en disposer. Louis
Couffignal, peu connu, fut en 1938, avec von
93 : Confini ?
81
Neumann, mieux connu car anglo-saxon donc à la
mode et Conrad Zuse, allemand donc aux oubliettes,
l’un de ceux qui ouvrirent la voie à suivre vers
l’informatique, voie qui permet de brasser toutes
informations, calculs, chansonnettes ainsi que nos
spécialités, le climat d'aujourd'hui et nos cousinages.
Nous devons à ces personnages absolument moins
connus que Brel ou "Le Taulier" ou Piaf, etc., cette
facilité de communiquer : en leur absence, le logiciel
n'existerait pas. Aucune déclaration possible sur
l'internet : le temps qu'il fait, le sentiment qu'on a pour
sa dulcinée, ses revenus. Ces "vieilles ferrites" dorment
dans l'oubli.
Toujours ma déraison : j’ai enregistré la thèse de
Couffignal, ancêtre de l’informatique, et l’ai placée
dans mon site personnel, libre d’accès, et introuvable
chez « Gallica ». Curieux car en 1938, les thèses
devaient être imprimées autrement que par l'Université
qui n'en avait pas l'outillage ; le dépôt légal était donc
incontournable.
Quelle idée de raconter cela ! Hélas, oui ! Mais
je n’y puis rien, confiné que je suis dans mes
déraisons.
Nous venons de traverser quelques semaines
exceptionnelles. Les media sont pleins de grands
discours généraux sur ces événements avec toutes
sortes d’avis sur ce qui aurait été opportun de faire mais
qui ne l’a pas été et sur ce qu’il faudrait faire maintenant
alors qu’on fait autrement. De la bonne vieille
polémique dans le style hérité des parlotes de Café du
Commerce, excepté ce qui concerne la partie de belote,
les jeux de la « téloche » ayant désormais la préférence.
En revanche peu de choses de ce qui se passe à
notre niveau, au ras des trottoirs où traînent désormais
les masques devenus inutilisables, à l’égal des paquets
de cigarettes vides, évidemment.
Or nous sommes les témoins…
Alors ? On se tait ? Rien à raconter ?
5 juin 2020
L’Internet pas confiné
La pollution empoisonne l’Internet.
Nous soulignons souvent dans ce forum les
messages promettant monts et merveilles mais qui ne
sont parfois qu’œuvres d’escrocs maîtres ès arnaques.
Ces voyous pratiquent habilement l’art d’imiter des
documents officiels afin de piéger les naïfs ; je lis
souvent de commentaires sur ces pratiques affublant les
auteurs de ces faux, du titre : petit génie…
Fichtre ! Ayant enseigné l’informatique
industrielle en Grande École, je pense pouvoir affirmer
qu’un jeune ingénieur ayant étudié sérieusement dans
ce genre de discipline est capable d’un tel travail.
Nonobstant, beaucoup exercent honnêtement leur
métier sans se faire remarquer par ce genre de
production. Malheureusement dans toute collectivité
existent toujours inévitablement quelques brebis
galeuses, parfois aussi de petits plaisantins, tous
capables d’utiliser ce qu’on leur a enseigné à des fins
frauduleuses ; ceux-là on les remarque, on les admire
parfois et on s’émerveille en dépit du ressentiment
qu’ils suscitent.
Ce ne sont donc que des gens possédant bien une
technique, exactement comme un perceur de coffre-fort
est un bon serrurier… Alors méprisons, d’autant mieux
qu’en regardant de près leurs produits on y décèle
souvent les marques d’une forte inculture : d’énormes
fautes d’orthographe ou de grammaire.
8 juillet 2020
Données déconfinées
Je folâtre dans les messages de Marie Paule…
Toute expérience est bonne pour découvrir et, ce
faisant, je découvre quelques petits problèmes…
Mon idée est la suivante :
Notre Forum permet de récupérer ce qui existe
encore des messages que chacun de nous y plaça. Je
procède donc actuellement en deux temps.
En premier j’ai copié les neufs pages de mes-
sages de Marie Paule, simples « copiés-collés » en fi-
chiers « .doc » (Word, MS). C’est rapide et je conserve
ainsi désormais une sauvegarde des envois de notre
94 : Couffignal, Thèse
82
défunte consœur et cousine en ce qui me concerne :
neuf fichiers nommés « MPx.doc », x= 1 à 9.
Ignorant tout de la gestion des données par le
site gérant notre Forum, j’apporte immédiatement un
minimum de structure à ces fichiers « .doc » : je place
systématiquement un « saut de page » entre chaque
message et son suivant. C’est facile mais long.
En second, travail actuel, j’utilise une fonction
de Word pour transposer chaque « MPx.doc » en «
MPx.pdf ». Le format « .pdf » est désormais un stan-
dard de fait que la plupart des grands sites brassant de
l’information utilisent consensuellement, par exemples
la BN, la Smithsonian, le Fisc, etc.
J’insère immédiatement chaque « MPx.pdf »
ainsi produit dans un fichier « Marie Paule.pdf ». À
chaque insertion je complète l’indexation de ce fichier
: définir les signets permettent d’accéder directement à
chaque message ajouté. Ce travail est assez long et sur-
tout minutieux mais j’ai tout mon temps puisque je con-
serve la base intacte des neufs fichiers « MPx.doc ».
Actuellement j’ai ainsi exploité les fichiers 1 à 5
et je me heurte soudain à une difficulté inattendue que
je cherche à éliminer.
Chaque message conservé dans notre Forum est
accompagné d’un pavé indiquant le jour de la semaine,
le quantième, le mois mais pas l’année. Partant du prin-
cipe que le Forum présente nos messages dans l’ordre
chronologique décroissant, récupérer l’année n’offre en
principe aucune difficulté. Or, dans le travail en cours,
je m’aperçois à parti de x=5 que l’ordre chronologique
n’est pas strictement respecté. D’où provient ce défaut
? J’ignore…
Pour avancer, j’ai choisi ce matin de continuer à
construire le fichier « Marie Paule.pdf » sans l’indexer,
ce qui pourra être fait ultérieurement.
Autre inconvénient moindre : je m’aperçois que
le fichier que je vous ai transmis dans son état actuel est
transformé par l’opérateur de messagerie « Orange »
que j’utilise ou par un autre intervenant, ce n’est pas
clair. Je trouverai une solution à cela mais pour le mo-
ment ce que je vous ai transmis est d’utilisation incom-
mode. J’ai beaucoup travaillé autrefois sur la question
de la « portabilité » des applications, sujet important en
raison des facilités de transport offertes par l’Inter-
net. Manifestement il reste encore des progrès à ac-
complir.
À 87 ans replonger dans les petits tracas du mé-
tier, je me dis que c’est un signe de jeunesse ; néan-
moins, en l’occurrence, ce serait être masochiste de
souhaiter « que cela dure ! ».
Bon, en attendant, je suis à Thaon, et je dois con-
tinuer à ranger mon grenier. Tout le monde me dit que
je suis cinglé de m’obstiner.
Heu… « C’est p’têt’ bin vrai mes bassotes, mais
j’y von, neum don ! ».
octobre 2020
Déconfinement de mémoire
Pour le lecteur qui serait interloqué par mes
propos, mes « Blablas » collationnent mes envois dans
un Forum de généalogistes amateurs vosgiens.
Notre Doyenne, Marie Paule décéda il y a peu
et j’entrepris de réunir ses messages dans un fichier
« pdf ». Cela motiva quelques petites parlottes…
Cousinage
Étienne Couroye et son épouse Jeannette vécu-
rent à Rupt sur Moselle au XVIIe siècle. Je ne les con-
nais que par les actes de naissances de leurs en-
fants. Cette lignée contribua largement à la démogra-
phie de la région ; pour résumer j’en ai dix-neuf pages
en format « A4 paysage », pdf directement lisibles.
de cette étude, établissant notre cousinage. J’en
parle car il est bien possible que se rattachent à cette
descendance d’autres habitués de notre Forum.
Bien évidemment j’apporte les réserves habi-
tuelles : laborieux travail antérieur à l’Internet, dans la
salle de lecture des archives départementales à Épinal
pour Marie-Paule, dans celle de lecture de microfilms
des Mormons à Paris pour son cousin Serge. Existent
éventuellement des erreurs car travail fut peu vérifié…
À toutes fins utiles toutefois.
Le cousinage avec son époux résulte de l'inter-
prétation approximative d'un acte notarié. Il faudrait in-
sister. Il faudrait "éplucher" ces grimoires de notaires et
tabellions, horribles en lecture ! J'en ai photocopié
quelques pages puis survinrent quelques impedimenta
dans ma famille me détournant de ce travail que je n'ai
pas repris...
Quelques pages...
10 octobre 2020
J'ai fait un essai de récupération des messages de
Marie Paule. Elle agrémentait ses envois de beaucoup
de fantaisie ce qui ne facilite pas les choses. Néanmoins
voici mon avis.
J'ai récupéré la plus ancienne page des mes-
sages de Marie Paule encore disponibles dans ce forum.
Je peux la présenter en ".doc" (Word de MS sous
Widows10) ou en ".pdf'" d'Adobe.
2) Chacun de ces deux fichiers a une taille infé-
rieure à 1Mo. Ils sont donc transmissibles en p.j. de
courriel. Peux-tu envoyer un message, même vide, dans
ma boîte :
je récupérerai ainsi ton adresse et pourrai t'expé-
dier ces deux documents ; tu pourras me dire si cela
convient.
3) La présentation est sommaire. Ce n'est pas
publiable, ce n'est qu'un travail de sauvegarde mais
propre.
4) Il existe neuf pages de disponibles, J'ai con-
sacré trois heures pour cette récupération, je ne pourrai
pas récupérer tout le reste dans la foulée donc en pra-
tique la patience s'imposera pour la suite.
83
4) Il sera toujours possible d'apporter des amé-
liorations ultérieurement mais plus on en demandera,
plus ce sera long.
7 août 2020
Récupération et…
Pierre, merci, bien reçu également les deux cap-
tures d’écran.
Marie-Jo, tu ne m’as pas bien compris.
J’ai commencé à récupérer les messages de Ma-
rie Paule dans notre forum. Je les range dans des fi-
chiers « doc » de « Word » et mieux dans un seul fichier
« pdf ». C’est un travail de copie lent pour un résultat
fidèle aux originaux mais tout de même sommaire. J’ai
déjà récupéré 20% des messages de Marie Paule, textes
et images. Je souhaite simplement vérifier que cela te
convient car je ne tiens pas à tout recommencer autre-
ment dans le cas contraire.
Le fichier « pdf » (1Mo actuellement) est facile-
ment transmissible en p.j. de courriel.
Peux-tu à cet effet m’envoyer un message même
vide à :
« [email protected] »,
ce qui me permet de connaître ton adresse et de
t’envoyer ce que j’ai déjà récupéré pour vérification.
Merci.
19 octobre 2020
Récupérations
Je folâtre dans les messages de Marie Paule…
Toute expérience est bonne pour découvrir et, ce
faisant, je découvre quelques petits problèmes…
Mon idée est la suivante :
Notre Forum permet de récupérer ce qui existe
encore des messages que chacun de nous y plaça. Je
procède donc actuellement en deux temps.
En premier j’ai copié les neufs pages de mes-
sages de Marie Paule, simples « copiés-collés » en fi-
chiers « .doc » (Word, MS). C’est rapide et je conserve
ainsi désormais une sauvegarde des envois de notre dé-
funte consœur et cousine en ce qui me concerne : neuf
fichiers nommés « MPx.doc », x= 1 à 9.
Ignorant tout de la gestion des données par le
site gérant notre Forum, j’apporte immédiatement un
minimum de structure à ces fichiers « .doc » : je place
systématiquement un « saut de page » entre chaque
message et son suivant. C’est facile mais long.
En second, travail actuel, j’utilise une fonction de Word
pour transposer chaque « MPx.doc » en « MPx.pdf ».
Le format « .pdf » est désormais un standard de fait que
la plupart des grands sites brassant de l’information uti-
lisent consensuellement, par exemples la BN, la Smith-
sonian, le Fisc, etc.
J’insère immédiatement chaque « MPx.pdf »
ainsi produit dans un fichier « Marie Paule.pdf ». À
chaque insertion je complète l’indexation de ce fichier
: définir les signets permettent d’accéder directement à
chaque message ajouté. Ce travail est assez long et
surtout minutieux mais j’ai tout mon temps puisque je
conserve la base intacte des neufs fichiers « MPx.doc
».
Actuellement j’ai ainsi exploité les fichiers 1 à 5
et je me heurte soudain à une difficulté inattendue que
je cherche à éliminer.
Chaque message conservé dans notre Forum est
accompagné d’un pavé indiquant le jour de la semaine,
le quantième, le mois mais pas l’année. Partant du prin-
cipe que le Forum présente nos messages dans l’ordre
chronologique décroissant, récupérer l’année n’offre en
principe aucune difficulté. Or, dans le travail en cours,
je m’aperçois à parti de x=5 que l’ordre chronologique
n’est pas strictement respecté. D’où provient ce défaut
? J’ignore…
Pour avancer, j’ai choisi ce matin de continuer à
construire le fichier « Marie Paule.pdf » sans l’indexer,
ce qui pourra être fait ultérieurement.
Autre inconvénient moindre : je m’aperçois que
le fichier que je vous ai transmis dans son état actuel est
transformé par l’opérateur de messagerie « Orange »
que j’utilise ou par un autre intervenant, ce n’est pas
clair. Je trouverai une solution à cela mais pour le mo-
ment ce que je vous ai transmis est d’utilisation incom-
mode. J’ai beaucoup travaillé autrefois sur la question
de la « portabilité » des applications, sujet important en
raison des facilités de transport offertes par l’Inter-
net. Manifestement il reste encore des progrès à ac-
complir.
À 87 ans replonger dans les petits tracas du mé-
tier, je me dis que c’est un signe de jeunesse ; néan-
moins, en l’occurrence, ce serait être masochiste de
souhaiter « que cela dure ! ».
Bon, en attendant, je suis à Thaon, et je dois con-
tinuer à ranger mon grenier. Tout le monde me dit que
je suis cinglé de m’obstiner.
Heu… « C’est p’têtre bin vrai mes bassotes,
mais j’y von, neum don ! ».
20 octobre 2020
Récupérations termibées
J'ai terminé la récupération des messages de Ma-
rie Paule dans ce forum. Ils sont assemblés, tels que pu-
bliés par notre cousine, dans un fichier "pdf". Ils sont
classés dans l'ordre chronologique décroissant et in-
dexés par dates.
Il y a de nombreuses lacunes. Mais c'est une co-
pie en "pdf" de ce que j'ai récupéré dans ce forum. Je
pense avoir dans mes archives quelques copies du pré-
cédent forum.
Le fichier "brut de décoffrage" est volumineux :
18Mo. Je l'enregistrerai sur mon site où il sera directe-
ment accessible
21 octobre 2020
« Pages-perso » confinées
Ce matin, grosses difficultés pour placer les
messages de Marie Paule dans ma « page-perso » chez
Orange. Assistance technique que je ne qualifie pas de
84
nulle car elle est inexistante, difficile de qualifier
l’inexistant ! Je me suis débrouillé.
Je suis évidemment dans la liste des membres de
ce forum. Dans cette liste et dans la ligne me concernant
existe tout à fait à droite une icône marquant le lien vers
mon site « WEB ». Vous cliquez et ouvrez mon site.
Tout en bas de la page d’accueil vous trouvez le lien
pour ouvrir le fichier « pdf » dans lequel j’ai réuni tous
les messages de Marie Paule. Lorsque ce fichier est ou-
vert, en haut à gauche, quatre petites lignes forment
l’icône permettant d’ouvrir l’index.
Des améliorations sont à apporter : il s'agit là
d'une collection réunie et indexée rapidement.
Même date
Appel
Notre Forum de Vosgiens dont ces « Blablas »
sont les échos, se transforme lentement mai inexora-
blement en désert… J’ironise, faute de mieux…
Il faudrait être une pierre pour ne pas se sentir
seul ici...
Amitiés à toute pierre roulant éventuellement
par ici !
Cela étant toute pierre de passage, lisant un peu
plus haut, pourra remarquer qu'un fichier "pdf" rassem-
blant les messages de notre "Oiseau de nuit" est dispo-
nible. Mon adresse également si vous en détenez
d'autres. Évidemment cela nécessite un petit effort...
23 octobre 2020
…
Si quelqu'un passe…
Même date
…
Du caillou ?
J'ai !
Et du cultivé !
Mais faut être Japonais de père en fils sur plu-
sieurs générations pour réussir une telle culture...
L'image de ce matin, tôt, ce n'était qu'un caillou
qui cogna notre terre et s'évapora ce faisant, quel
étourdi !
Même date
…
Vous connaissez mon mauvais esprit ! Il y a
peu, j’affichai ici l’image d’un caillou pour marquer ma
sensation d’isolement dans ce forum, lequel se vide len-
tement mais surement… En fait ce caillou gît dans un
lieu fréquenté du Sahara, à la sortie de Ouargla, si mes
souvenirs sont exacts à côté de la route vers Ghardaïa…
Un recadrage me permit de tricher avec la réalité.
Pardon !
Vous pouvez admirer les cailloux « cultivés » à
Kyoto, il en existe beaucoup d’autres dans cette ville
merveilleuse, rien de désertique.
95 : Forum numériquement désert.
96 : Vide…
97: Moins vide et cultivé.
85
…
Vous connaissez mon mauvais esprit ! Il y a
peu, j’affichai ici l’image d’un caillou
pour marquer ma sensation d’isolement
dans ce forum, lequel se vide lentement
mais surement… En fait ce caillou gît
dans un lieu fréquenté du Sahara, à la sor-
tie de Ouargla, si mes souvenirs sont
exacts à côté de la route vers Ghardaïa…
Un recadrage me permit de tricher avec la
réalité.
Pardon !
ous pouvez admirer les cailloux «
cultivés » à Kyoto, il en existe beaucoup
d’autres dans cette ville merveilleuse,
rien de désertique.
Maintenant, je ne triche plus, je
place une image qui, je l’espère, redevien-
dra vite représentative de la multitude de
ce forum : la moraine, au-dessus de
Granges sur Vologne ; je suppose que tout
le monde « Vosgespattes » connait.
Heu… Je reste incertain de la localisation
administrative exacte de cette curiosité
géologique.
C’était mon quart d’heure de vous savez quoi.
Lendemain de même date
Quelqu’un me questionne…
Qui fut le premier maire de Raon aux bois après
la Révolution ?
Je ne connais pas l'identité du premier maire.
L'état civil est en ligne et il faudrait commencer par le
consulter. Le premier maire de Raon, comme Officier
d'État-civil a vraisemblablement signé quelques actes.
Ce n'est pas une certitude, une simple présomption,
mais avant toute autre recherche il me semble raison-
nable de commencer en consultant ces documents dé-
sormais facilement accessibles. Je fouillerai néanmoins
dans ce que je possède mais tout est à Thaon et aujour-
d'hui je retourne à Vincennes. La coeur a ses raisons,
au propre, pas au figuré car si effectivement une jolie
dame m'attend, il s'agit de mon cardiologue. Vous allez
rire, mais à chaque consultation j'ai remarqué que ma
tension et mon rythme cardiaque montaient un tantinet.
Vieux grigou, pensez-vous ?
Ben oui ! Vous pensez juste !
26 octobre 2020
…
Le premier Officier "public", signataire des
actes de naissance à Raon aux bois après la Révolution,
se nommait Laheurte.
C'est ce qui ressort d'une lecture rapide de ce que
j'ai archivé. Rien ne prouve que ce soit la réponse
exacte à ta question : nom du premier maire.
27 octobre 2020
…
Petite incursion dans nos Archives 88.
Laheurte signa le premier acte de naissance et
d'autres ensuite..
Cela étant, excepté le sieur Laheurte, les parents,
le bébé, le témoin et la sage-femme sont de ma parenté.
Même date
…
Je reviens sur le cas du sieur Laheurte.
La population de Raon aux Bois m’est familière,
au sens propre pratiquement, jusqu’au milieu du siècle
dernier. La sédentarité bien plus générale que de nos
jours et d’autres facteurs comme le souci de préserver
un patrimoine favorisèrent longtemps le cousinage.
Bref, en vous communiquant hier l’acte de naissance de
Marguerite Valentin, j’acceptai de constater comme
une évidence ma parenté avec les personnes impli-
quées, excepté le sieur Laheurte.
Ce matin, piqué par la curiosité, je lus quelques
autres actes à la suite. Laheurte, toujours présent, con-
tinue à se distinguer par la même singularité : nous ne
99 : Horreur du vide.
98 : 1er acte de naissance.
86
sommes pas parents, sauf oubli de ma part, les autres
personnes, oui, toutes ou presque toutes.
À cette constatation s’ajoute l’élégance de sa si-
gnature tranchant avec la rusticité des autres signatures
ou paraphes sommaires, donc une personne cultivée,
qualité encore peu répandue juste au lendemain de la
Révolution. N’oublions pas en effet que pour un paysan
de l’endroit, s’occuper d’autre chose que de rentrer le
foin quant il est sec sans attendre la prochaine pluie est
impensable ; bon, je plaisante mais ayant connu
quelques anciens, les travaux de la ferme me semblaient
toujours prévaloir sur le reste.
Suggestion : le sieur Laheurte aurait-il été im-
porté, vite fait bien fait ? Le temps de mettre en place
une administration civile et populaire en substitution de
celle, essentiellement cléricale contrôlée en outre ici
dans ce qui fut la Seigneurie Saint Pierre par les nobles
Dames de Remiremont.
Ce n’est qu’une hypothèse de ma part. Existe-t-
il des études sur ce sujet : la mise en place de toute une
administration territoriale dans le vide laissé par l’éli-
mination pure et simple de celle de l’Ancien régime.
Par comparaison, approximative, les Comités de Libé-
ration fonctionnèrent ainsi une paire d’années avec bien
des difficultés… Pour Thaon, par exemple, c’est ce qui
apparaît dans les papiers de Louis Victor que j’ai remis
aux AD88.
Ce qui me navre est l’impossibilité de tout creu-
ser…
28 octobre 2020
87
Blablas de correspondants
Christophe
Aujourd'hui changement à la Poste pour les fac-
teurs, en principe cette semaine 4 jours de travail / 6 et
la semaine prochaine 3j/ 6, sans perte de salaire, mais
je ne sais pas quels jours.
24 mars 2020
Pas de maques, mais des gants en vinyle (mais
pas agréable pour manipuler les lettres) et le virus se
fixe pareil que sur les mains nues !
Même date
Du nouveau à la poste, mais pas en bien pour le
métier de Facteur ; sous la pression de la population, La
Poste va faire distribuer la presse le lundi et peut être le
mardi par de la sous-traitance qui devra utiliser son
propre véhicule et une rémunération comme si elle dis-
tribuait de la pub en boite.
La Poste elle reste fermée 4 jours sur 7 faisant
ainsi des économies structurelles.
2 avril2020
Petit journal perso en ces temps difficiles.
Le mercredi est l’événement de la semaine, jour
de sortie quelle chance, je me mets sur mon 31 direction
le super marché à 3 mn en voiture. Je n’aurais jamais
cru qu’un jour je me réjouirais tant à l’idée d’aller ache-
ter des fruits et des légumes frais … asperges et fraises
des fermes voisines entre autres, mangeons français. Il
y a beaucoup d’agriculture autour de Bordeaux.
Depuis 2 semaines en vieux jeans et T-shirt je
prends l’air en travaillant mollo dans ma jungle. Il fait
beau et très doux profitons-en.
J’ai obtenu aujourd’hui mon permis de conduire
catégorie « BROUETTE ». Je sais même faire marche
arrière et je maitrise le dérapage contrôlé sur une roue
!! Comme quoi le confinement améliore nos capacités
insoupçonnées.
avril 202
Pierre
Bonsoir,
Oui, aller pancher de l'eau, c'est une manière pu-
dique en patois de dire que l'on va se soulager.
Raon-l'Étape est un autre Rawo, prononcé na-
guère Raouo, par nos anciens patoisants.
J'en ignore l'étymologie, mais la terminaison -
on, m'interpelle, car elle est presque systématiquement
la marque qu'il s'y trouve de l'eau.
Le gaulois onna qui signifie eau ne doit pas être
loin comme dans Essonne, Augronne, Chalaronne et
autres noms de rivières.
Amicalement
…e
Neum do : "n'eusse me" n'est-ce mie pour n'est-
ce pas
C'est la forme familière qui s'adresse à un
proche.
Nomi est la forme distante de la même expres-
sion, s'adressant à quelqu'un que l'on connaît moins
Au schlof au lit (cf schlafen, dormir) est l'un des
rares mots d'alsacien qui ait réussi à filtrer à travers la
frontière linguistique quasi étanche entre l'alsacien et le
patois roman.
A ajouter au brandvie mot qui fait concurrence
à lai gotte, la goutte, pour l'eau-de-vie et au tringuelte
(drinkgeld calque de notre pour boire en permutant les
termes°
Ces mots ont filtré à travers le langage du bû-
cheron dans lequel se retrouvent un pic d'éléments pris
à l'alsacien, comme je l'ai montré dans un article que
j'ai signé dans la revue Dialogues Transvosgiens qui a
cessé de paraître cela fait plus de dix ans. "De l'apport
du germanique dans le langage du bûcheron" dont vous
trouverez trace en tapant ce titre dans Google.
Bonne nuit.
Amitiés.
5 septembre 2020
3septembre 2020
89
100 : Table ( ?), confinée
90
101 : Au début du déconfinement
91
Bibliographie
i [Anonyme]. [Collection de stéréofilms, Guerre de 1914-
1918]. (Coll. Pers.)
ii [Anonyme]. Décret PA00081387_IMH_1937. Ministère de l’Instruction Publique et des Beaux Arts, Paris, 2 fé-
vrier 197. 1p.
iii [Archives Nationales]. Moulins dits moulins de Rome et d'Alphonse Daudet. Patrimoine (Mérimée), notice
n°PA00081268. Monuments historiques, 1992. 2p. (Base
Mérimée) iv Bammert (Jacques Joseph). Les Nobles Dames de Remi-
remont, 620-1791. L’histoire du Chapitre des Nobles
Dames de Remiremont, prix Erckmann-Chatrian. Impri-merie Lalloz-Perrin, Remiremont, 1971. 20 brochures,
chacune contenant un chapitre :
Chapitre 1 : Les Temps Premiers. Chapitre 2 : Le Monastère sur la montagne.
Chapitre 3 : Les Translations dans la Vallée.
Chapitre 4 : Une Royauté Féminine. Chapitre 5 : Madame l’Abbesse Princesse d’Empire.
Chapitre 6 : Les Hauts Dignitaires.
Chapitre 7 : Les Dames Officères. Chapitre 8 : Les Dames Chanoinesses.
Chapitre 9 : La Vie des Chanoinesses.
Chapitre 10 : Petites Histoires d’une Noble Abbaye. Chapitre 11 : L’Administration Temporelle.
Chapitre 12 : Le Palais Abbatial.
Chapitre 13 : Le Serment de la Franche Pierre. Chapitre 14 : L’Église Abbatiale Saint Pierre.
Chapitre 15 : Les kyriolés.
Chapitre 16 : Malheurs, Guerres et Catastrophes. Chapitre 17 : L’Organisation Judiciaire.
Chapitre 18 : La Contestation et la Discorde.
Chapitre 19 : Les Institutions Municipales. Chapitre 20 : La Fin.
v Blanchot de Brénas (Louis André Auguste). Avec mon
ami Félix, XI. in : La France, littéraire, scientifique, artis-tique. 3e Année, n°44, Lyon, 30 juillet 1859. pp.691/694.
vi Bui (Doan), Cieslinski (Charlotte), Guichoux (Marie),
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mars-1er avril 2020. L’Obs, Paris, 2020. pp.46/48.
vii Brody (Jerry J.). Les Anasazis. Les premiers Indiens du Sud-Ouest américain. Corpus précolombien. Trad. Hélène
Seyrès. Édisud, Aix-en-Provence, 1990. 240p. ISBN 2-
857744-686-1. viii Daudet (Alphonse). Lettres de mon moulin. Par… Illus-
trations en couleurs de A.-E. Marty. J. Dumoulin, Paris, 1938. 242p., Édition numérotée. Exemplaire n°3831.
ix Furetière (Antoine). Dictionnaire universel contenant gé-
néralement tous les mots françois tant vieux que mo-dernes, & les termes des sciences et des arts. Tome I, A -
H. Seconde édition. Arnoud et Reigneir Leer, La Haye,
Roterdam, 1701. n.p., 1116p. (Gallica)
x Gaffarel (Paul), Duranty (Mlle de). La peste de 1720 à Marseille & en France, d’après des documents inédits.
Ouvrage orné de gravures. viiip., 632p. Paris, Perrin,
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ments d'Archéologie Méridionale, vol. 15, 1992. Espaces
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1914, p. 668-671. (Gallica)
xviii Rochetin (L.). Tericiae, une des stations de la voie Auré-lienne dans la haute Provence. in : Mémoires de l’Acadé-
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Seguin, imprimeur-éditeur, 1895. pp.18/34. (Gallica) xix Salch (Ch.-L.). Atlas des villes et villages fortifiés en
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xx Savoysky (Derge, Dr ès Sc.). Tables scientifiques. La ré-
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xxi Tchakhotine (Serge, D. ès Sc.). Le viol des foules par la propagande politique. Problèmes et documents. Nouvelle
édition revue et augmentée. NRF. Gallimard, sl., 1952.
606p. xxii [Wikipedia]. Mur de la peste. 6p.
xxiii Zweig (Stefan). Les monde d’hier. Souvenir d’un Euro-péen. Le Livre de Poche. Librairie Générale Française, Pa-
ris, 2020. 510p. ISBN : 978-2-253-14040-5.
93
Illustrations
1 : Accélérateur de blablas en vrac.......................................................................................................................... 5 2 : Épidémie, vieille histoire ! ................................................................................................................................. 6 3 : Dur confinement .............................................................................................................................................. 10 4 : Vincennes, confiné ........................................................................................................................................... 10 5 : Muguet tardif ................................................................................................................................................... 12 6 : Jardin déconfiné ............................................................................................................................................... 13 7 : Anniversaire, 11 mai 2020. .............................................................................................................................. 14 9 : Club Sainte Marthe. ......................................................................................................................................... 15 9 : Carpe Diem ! .................................................................................................................................................... 15 10 : Service astreignant. ........................................................................................................................................ 16 11 : La Koutoubia ................................................................................................................................................. 17 13 : By Marseille! ................................................................................................................................................. 17 13 : Gibraltar. ........................................................................................................................................................ 17 14 : Au large de l’Espagne. ................................................................................................................................... 18 15 : Tanger, camelots. ........................................................................................................................................... 18 16 : Quelques pas au Maroc. ................................................................................................................................. 20 17 : Exit ! Retournez chez vous ! .......................................................................................................................... 21 18 : Confinement à Casa. ...................................................................................................................................... 21 19 : Toulouse Francazal ........................................................................................................................................ 22 20 : Gaillon, colonnade ......................................................................................................................................... 26 21 : Gaillon, Château. ........................................................................................................................................... 26 22 : ½ €, Littuanie. ................................................................................................................................................ 27 23 : 15 août............................................................................................................................................................ 28 24 : Écrivez! .......................................................................................................................................................... 29 25 : Ravon ............................................................................................................................................................. 30 26 : Ferme Meix le Saint. ...................................................................................................................................... 31 27: Bourbonne les Bains, Gare. ............................................................................................................................. 33 28 : TEE. ............................................................................................................................................................... 34 29 5 janvier 2011................................................................................................................................................... 36 30 : Durandgo - Silverstone Express. .................................................................................................................... 36 Fig31 : Voyage dans les Rocheuses et dans le passé............................................................................................. 37 32 : Voiture salon-restaurant. ................................................................................................................................ 38 33 : 16 mars 2001, Gare de Pau. ........................................................................................................................... 38 34 : Verbes "confiner" ........................................................................................................................................... 41 35 : Le Mur de la Peste ......................................................................................................................................... 42 36 : Confinement dans le Hoggar .......................................................................................................................... 43 37: Confinement politique.................................................................................................................................... 43 38 : Confinement dans le Constantinois ................................................................................................................ 44 40 : Poste de guet, Algérie .................................................................................................................................... 45 40 : Confinement d'antan, Oum Settas .................................................................................................................. 45 41 : Survivance du passé récent, Oum Settas ........................................................................................................ 46 43 : Passé de plus en plus lointain, Oum Settas. ................................................................................................... 47 43 : Passé lointain. ................................................................................................................................................ 47 44 : Léproserie, Remiremont................................................................................................................................. 48 45 : Ermitage du Frère Joseph, Ventron. ............................................................................................................... 49 46 : Confinement en T6, Sétif. .............................................................................................................................. 50 47 : Tours de Merle, Saint Geniez ô Merle. .......................................................................................................... 51 48 : Tour de guet, Colorado. ................................................................................................................................. 51 49 : Petit bout de mur, Badaling. ........................................................................................................................... 52 50: « Jail », San Diego. ......................................................................................................................................... 52 51 : « Jail », Calico................................................................................................................................................ 52 52 : Wuhan. ........................................................................................................................................................... 53
94
53 : Cellule. ........................................................................................................................................................... 54 54 : Sous-marin. .................................................................................................................................................... 54 56 : Un quartier du bagne. ..................................................................................................................................... 54 56 : Bagne, dortoir. ............................................................................................................................................... 54 57 : Boîte de confinement. .................................................................................................................................... 55 58 :Confinement ferroviaire. ................................................................................................................................. 55 59 : Déconfinement. .............................................................................................................................................. 55 60 : École Lormont et sa grande cour, 1940. ........................................................................................................ 56 61 : Vieille prison, 1940. ....................................................................................................................................... 56 62 : École Lormont, abri, 1940. ............................................................................................................................ 56 63 : Confinement patrimonial. .............................................................................................................................. 57 64 : Anti-confinement, après 40-45, la 4CV. ........................................................................................................ 59 65 : Anti-confinement d’avant 40-44, le vélo ....................................................................................................... 59 66 : Oppidum des Caisses de Jean. ...................................................................................................................... 60 67 : Geôle du Capitaine Dreyfuss. ........................................................................................................................ 60 68 : Moulin de Daudet. ......................................................................................................................................... 61 69 : Muraille de la peste. ....................................................................................................................................... 61 70 : Décret du 2 février 1937. ............................................................................................................................... 61 71 : Lettre à l’Évêque de Carpentras, extrait. ........................................................................................................ 62 72 : Château de Dürnstein. .................................................................................................................................... 62 73 : Mesa Verde .................................................................................................................................................... 63 74 : Giverny, chez C. Monet ................................................................................................................................. 64 75 : Orchestre sans masque. .................................................................................................................................. 64 76 : Public masqué. ............................................................................................................................................... 64 77 : En TGV aujourd'hui, 20 août 2020 ................................................................................................................ 66 78 : Parc Calouste-Gulbenkian.............................................................................................................................. 66 79 : Désert américain ............................................................................................................................................ 67 80 : En route. ......................................................................................................................................................... 67 82 : Éros, 1. ........................................................................................................................................................... 68 82 : Éros 2. ............................................................................................................................................................ 68 83 : Musique de quartier. ...................................................................................................................................... 69 84 : Internet au service du confinement. ............................................................................................................... 71 85 : Masque. .......................................................................................................................................................... 72 86 : Lascaux déconfiné. ........................................................................................................................................ 77 87 : Transportée, numérisée, déconfinée. .............................................................................................................. 77 88 : Vieille archive confinée au bord du Rio Grande. ........................................................................................... 77 89 : Déconfiné par numérisation. .......................................................................................................................... 78 90 : Microfilm numérisé par un amateur. .............................................................................................................. 78 91 : Déconfinement de l'information. .................................................................................................................... 79 92 : Une machine peut-elle lire cela ? ................................................................................................................... 79 93 : Confini ? ........................................................................................................................................................ 80 94 : Couffignal, Thèse ........................................................................................................................................... 81 95 : Forum numériquement désert. ....................................................................................................................... 84 96 : Vide… ............................................................................................................................................................ 84 97: Moins vide et cultivé. ...................................................................................................................................... 84 98 : 1er acte de naissance. ..................................................................................................................................... 85 99 : Horreur du vide. ............................................................................................................................................. 85 100 : Table ( ?), confinée ...................................................................................................................................... 89 101 : Au début du déconfinement ......................................................................................................................... 90
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Index
Année.
1939. ..................................................................... 7, 43
1941. ......................................................................... 43
1959. ................................................................... 44, 45
Début de notre ère. .................................................. 46
Auteur.
Blanchot de Brénas (Louis André Auguste). ............. 11
Christophe. ................................................................. 8
Couffignal (Louis). ..................................................... 81
Daudet (Alphonse).............................................. 11, 61
Furetière (Antoine). .................................................. 41
La Fontaine (Jean de). ................................................. 8
Nietsche (Frédéric). .................................................. 48
Tchakhotine (Serge, D ès Sc) .................................... 49
Château.
France.
Gaillon.................................................................. 25
Tours de Merle, Saint Geniez. .............................. 51
Confinement.
Lieu.
Badaling, Chine. ................................................... 52
Base aérienne. ..................................................... 44
Ermitage, Ventron. .............................................. 51
Fonvieille. ............................................................ 61
Hoggar. .......................................................... 44, 74
Île du Diable, Guyane. .......................................... 60
Léproserie, Remiremont. ............................... 50, 76
San Diego, U.S.A. ................................................. 53
Tours de Merle, Saint Geniez. .............................. 51
Watchtower, Colorado. ....................................... 52
Motif.
Coronavirus. ........................................................ 71
Décret. ................................................................. 71
Idéologie. ............................................................. 54
Justice. ..................................................... 53, 55, 60
Lèpre. ............................................................. 50, 76
Littérature. ........................................................... 61
Militaire. ...................................... 44, 45, 50, 54, 55
Peste. ..................................................................... 8
Politique............................................................... 62
Religion. ................................................... 44, 51, 74
Sécurité. ............................................. 51, 52, 62, 63
Moyen.
Avion. ................................................................... 50
Bagne. .................................................................. 55
Château. .............................................................. 62
Ermitage, Ventron. .............................................. 51
Lazaret. ................................................................ 73
Léproserie, Remiremont. ............................... 50, 76
Moulin. ................................................................ 61
Mur. ..................................................................... 52
Oppidum. ............................................................. 62
Prison. .................................................................. 53
Pueblo. ................................................................ 63
Sous-marin. ......................................................... 54
Tour. .............................................................. 51, 52
Wagon. ................................................................ 55
Confinement.Moyen.
Bagne. ...................................................................... 60
Foucault (Père de). .................................................. 44, 74
Lieu.
Algérie.
Hoggar. ................................................................ 44
Oum Settas, Constantinois. ................................. 44
Autriche.
Dürnstein. ............................................................ 62
Chine.
Badaling. .............................................................. 52
Wuhan. ................................................................ 54
France.
Bayonne. ............................................................. 38
Bénerville. ........................................................... 67
Deauville. ............................................................. 66
Épinal. .................................................................. 43
Fontvieille. ........................................................... 61
Gaillon. ................................................................ 25
Giverny ................................................................ 64
Île du Diable, Guyane. ......................................... 60
Mouriès. .............................................................. 62
Nîmes. ................................................................. 29
Pau. ..................................................................... 38
Remiremont, Vosges. .................................... 50, 76
Saint Geniez, Corrèze. ......................................... 51
Saint Laurent du Maroni, Guyane. ...................... 55
Ventron, Vosges. ................................................. 51
Vincennes. ........................................................... 10
U.S.A.
Calico, Californie. ................................................. 53
Colorado. ............................................................. 52
Durango, Colorado. ............................................. 38
Mesa Verde, Colorado. ........................................ 63
San Diego, Californie. .................................... 53, 54
Masque.
Gaz. ............................................................................ 7
Site archéologique.
Algérie.
Oum Settas, Constantinois .................................. 47
France.
Caisses de Jean Jean, Mouriès. ............................ 61
Site culturel.
France.
Jardins, Monet, Giverny. ..................................... 64
Parc Calouste-Gulberkian., Bénerville. ................ 67
U.S.A.
Musée naval, San Diego, Californie. .................... 54
Site historique.
96
Algérie.
Oum Settas, Constantinois .................................. 47
Autriche.
Château, Dürnstein. ............................................. 62
Chine.
Grande Muraille, Badaling. .................................. 52
France.
Bagne, Saint Laurent, Guyane. ............................. 55
Ermitage, Ventron. .............................................. 51
Léproserie, Remiremont. ............................... 50, 76
Tours de Merle, Saint Geniez. ............................. 51
U.S.A.
Calico, Californie. ................................................. 53
Durango-Silverstone Express, Colorado. ............. 38
Mesa Verde, Colorado. ........................................ 63
San Diego, Californie. .......................................... 53
Warchtower, Colorado. ....................................... 52
Site militaire.
Algérie.
Oum Settas, Constantinois .................................. 47
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Table des matières
Blablas en vrac ! 5 Confiné 7 Masque 7 Polémiquons 7 L’art de noter 8 Vive le rire ! 8 Chinoiseries 8 Liberté chérie ! Devenue virtuelle… 9 Chef malade 9 Dur ! Le confinement… 10 Mais que signifie : confiné ? 10 À la maison ! 10 Confinement intellectuel 11 Confinement parisien 11 Confinement matinal difficile 11 Vous savez quoi ? 12 Le vide 12 Fisc confineur 12 Pédagogie confinée 12 Vers quel confinement ? 13 « Stat. » confinée 13 Muguet confiné. 14 Pleurnicheries… 14 Déconfiné ! 14 ? 14 Confiné en mer ou à terre… 15 Au soleil… 15 13 mai 1958 16 Fin du confinement. Marseillais 16 Embarquement. 18 Confiné en mer 19 Déconfinement à Tanger. 19 Marché déconfiné à Tanger 19 Confinement à Casa. 21 Confinement ferroviaire. 22 Confinement absolu 23 Déconfiné 24 Mots déconfinés 24 Confinement de déconfinement 25 Révolution 25 Monnaie pas confinée 25 Foyers confinés, oubliés 27 Confinement rédactionnel 27 Foyer confiné 27 Fleur sans confinement 28 Forum presque vide 28 Jactance déconfinée 29 Arbres déconfinés 29 Déconfiner l’écriture 29 Déconfinement du patois 30 Senade 31 Patois en déconfinement 31 Schnaps ist frei 31 Ouceketutébeugné ? 32 Chemins de fer déconfinés 32 « Fromton’ » déconfiné 34 Déconfinements en TEE 34 Blablas en TEE 35 Adieu cousine ! 36 Confinement de nouveau 38 Pique-assiette confiné ! 38
Confiner 41 Que signifie ? 41 Assigné à résidence 43 Confinement seul 44 Confinement petitement collectif 44 Militaires confinés. 45 Confinement d’antan 45
Confinement ? Pas toujours et pas partout pareil ! 46 Sauts temporels 46 Certitudes 47 Nietzche chez un confiné 48 Nietzsche derechef ! 48 Viol des foules 49 Question d’échelle 49 Léproserie 50 Mini confinement 50 Ermitage 51 Pourvu que cela dure ! 51 Les Tours de Merle 51 Watchtower 52 Qui confine qui ? 52 Ouest américain 53 Wuhan 53 Sous-marin 54 Bagne 54 Homme- 40, Chevaux- 8 55 Confinements en cascades 56 Atavisme. 57 Bougeotte. 58 Années quarante : voyages et confinement 58 Île du Diable 60 Confinement de penseur 60 Confinement en oppidum 61 Muraille de la peste 62 Roi confiné 62 Mesa Verde 63 Post confinement 63 Monet 64 Musique déconfinée 64 Souvenir fort 65 Forum désert 66 Visages confinés 66 Mélomane confirmé confiné 67 Sans masque ! 67 TGV déconfiné 68 Déconfinement mais masqué en TGV 68 Déconfinement nîmois 69 Déconfinement SNCF 69 Déconfinements musicaux 69
Blablas numériques 71 Alerte 73 Lazaret 73 Se confiner 74 Calculs toujours 74 Numériser le confinement… 74 Le « Numérique » et la connaissance 75 Virus dans l’Internet 76 Seconde anecdote 76 Archives déconfinées 77 Parlons d’archives généalogiques. 77 Information déconfinée 78 Confiné ! 80 Ferrites confinées 80 L’Internet pas confiné 81 Données déconfinées 81 Déconfinement de mémoire 82 Quelqu’un me questionne… 85
Blablas de correspondants 87 Christophe 87 Pierre 87
Tables 89 Bibliographie 91 Illustrations 93 Index 95
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Table des matières 97