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BASES MOLÉCULAIRES ET CELLULAIRES DES PATHOLOGIES – Maladies des canaux ioniques 27/10/2015 BARTHOLOMEI Laura L2 CR : Orianne Dodier BMCP Pr Guieu 10 pages Maladies des canaux ioniques A. Rappels sur les différents canaux ioniques I. Les canaux sodiques (Na + ) Les cellules excitables vont maintenir un potentiel transmembranaire (ex muscles, nerf..). Dans une cellule excitable au repos (muscle, neurone..), le potentiel membranaire est négatif à l'intérieur de la cellule et il sera positif à l'extérieur , cela est dû à un gradient ionique (maintenu par les différents canaux ioniques). En effet, il y a dans le milieu extérieur une forte concentration de sodium et une faible concentration de potassium (c'est l'inverse à l'intérieur de la cellule). Quand les canaux ioniques sont fermés, ils sont imperméables à ces ions. Ce système de déséquilibre va être maintenu par un système enzymatique Na + /K + -ATPase qui va faire rentrer des ions potassiques K + de l'extérieur vers l'intérieur et qui va au contraire faire sortir les ions Na + vers l'extérieur de la cellule . Ce pompage est très coûteux en énergie, car 50% de l'ATP utilisé quotidiennement sert à alimenter la pompe Na + /K + -ATPase. Il y a donc une énergie importante qui est dépensée pour maintenir un potentiel de repos dans les cellules excitables (neurones, muscles...). La transmission synaptique au niveau d'un neurone : On note qu'autour de l'axone se trouve une gaine de myéline . Cette gaine a pour rôle d' isoler l'axone du milieu extracellulaire. Il es à noter aussi que cette gaine n'est pas présente partout. Elle est formée de cellules spécialisées qu'on nomme cellules de Schwann. Comme le neurone est une cellule excitable, quand il est au repos, on aura comme dit précédemment des charges négatives à l'intérieur et des charges positives à l'extérieur, à cause du gradient sodé très en faveur d'une concentration importante de sodium à l'extérieur de la cellule (et de potassium à l'intérieur). Le sodium étant l'ion majoritaire dans l'équilibre électrolytique des organismes supérieurs, il va donc guider cette polarité de part échange de charges entre l'extérieur et l'intérieur. 1/10 Plan A. Rappels sur les différents canaux ioniques I. Les canaux sodiques (Na+) II. Les canaux potassiques (K+) III. Les canaux calciques (Ca 2+) B. Canalopathies (pathologies des canaux ioniques) I. Mucoviscidose II. Syndrome de Brugada III. Hyperthermie maligne IV. Anomalies de la perception de la douleur V. Conclusion

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BASES MOLÉCULAIRES ET CELLULAIRES DES PATHOLOGIES – Maladies des canaux ioniques

27/10/2015BARTHOLOMEI Laura L2CR : Orianne DodierBMCPPr Guieu10 pages

Maladies des canaux ioniques

A. Rappels sur les différents canaux ioniques

I. Les canaux sodiques (Na+)

Les cellules excitables vont maintenir un potentiel transmembranaire (ex muscles, nerf..). Dans une cellule excitable au repos (muscle, neurone..), le potentiel membranaire est négatif à l'intérieur de la cellule et il sera positif à l'extérieur, cela est dû à un gradient ionique (maintenu par les différents canaux ioniques). En effet, il y a dans le milieu extérieur une forte concentration de sodium et une faible concentration de potassium (c'est l'inverse à l'intérieur de la cellule). Quand les canaux ioniques sont fermés, ils sont imperméables à ces ions.

Ce système de déséquilibre va être maintenu par un système enzymatique Na+/K+-ATPase qui va faire rentrer des ions potassiques K+ de l'extérieur vers l'intérieur et qui va au contraire faire sortir les ions Na+ vers l'extérieur de la cellule . Ce pompage est très coûteux en énergie, car 50% de l'ATP utilisé quotidiennement sert à alimenter la pompe Na+/K+-ATPase. Il y a donc une énergie importante qui est dépensée pour maintenir un potentiel de repos dans les cellules excitables (neurones, muscles...).

La transmission synaptique au niveau d'un neurone :

On note qu'autour de l'axone se trouve une gaine de myéline . Cette gaine a pour rôle d'isoler l'axone du milieu extracellulaire. Il es à noter aussi que cette gaine n'est pas présente partout. Elle est formée de cellules spécialisées qu'on nomme cellules de Schwann.

Comme le neurone est une cellule excitable, quand il est au repos, on aura comme dit précédemment des charges négatives à l'intérieur et des charges positives à l'extérieur, à cause du gradient sodé très en faveur d'une concentration importante de sodium à l'extérieur de la cellule (et de potassium à l'intérieur). Le sodium étant l'ion majoritaire dans l'équilibre électrolytique des organismes supérieurs, il va donc guider cette polarité de part échange de charges entre l'extérieur et l'intérieur.

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Plan

A. Rappels sur les différents canaux ioniques I. Les canaux sodiques (Na+) II. Les canaux potassiques (K+) III. Les canaux calciques (Ca 2+)

B. Canalopathies (pathologies des canaux ioniques) I. Mucoviscidose II. Syndrome de Brugada III. Hyperthermie maligne IV. Anomalies de la perception de la douleur V. Conclusion

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Quand une onde de dépolarisation arrive (commandée par la motricité d'un muscle, la sensibilité, le tact, la proprioception...), il va y avoir une dépolarisation de la membrane excitable assurée par un groupe de protéines spécialisées appelées canaux sodium voltage dépendants qui sont situés là où il n'y a pas de myéline.

À l'état de repos, ces canaux sont fermés mais quand une onde de dépolarisation arrive ils vont s'ouvrir en fonction du voltage surtout quand des charges positives en excès arrivent au niveau du canal ce qui provoque des mouvements au niveau de la sous unité alpha (le sodium rentre dans la cellule). Cela induit l'arrivée de charges +.Il y a alors inversement de polarité avec entrée de charges positives ce qui va ouvrir un autre canal sodium voltage dépendant et ce qui va aussi favoriser l'entrée de charges positives et ainsi de suite on a la transmission de l'influx nerveux jusqu'à l'extrémité présynaptique du neurone.

Au niveau de cette terminaison, des neurotransmetteurs vont être stockés sous forme de vésicule, et il y a aussi des canaux ioniques calcium voltage dépendants. Quand l'onde de dépolarisation arrive à la terminaison, il va y avoir une entrée massive de calcium (dans le milieu extracellulaire il y a une concentration égale à 2 millimolaires de calcium alors que dans le milieu intracellulaire elle est de 10 nanomolaires, il y a donc un gradient très marqué). Cette augmentation de calcium va alors provoquer la neurotransmission, qu'on qualifie de calcium dépendante.

Le neurotransmetteur est censé activer un récepteur post-synaptique. Si ce récepteur commande la contraction musculaire on aura alors une contraction musculaire, si c'est une fibre proprioceptive, l'influx sensitif ira jusqu'au cerveau par exemple...On peut aussi avoir une autre possibilité (rare) qui est d'activer des récepteurs pré-synaptiques.Les récepteurs aux neutrotransmetteurs vont être de 3 types (qu'ils soient pré ou post synaptiques) :

• ionotropique : quand il est activé, il filtrera des ions (laisse passer des ions).• métabotropique : en général, ce type de récepteur est couplé à une protéine G.• pour les stéroïdes : ce type de récepteur va directement cibler l'ADN des noyaux de la cellule cible.

En enregistrant les différences de potentiel sur un axone de calamar géant, on voit qu'il existe une relation importante entre les différents canaux. Au départ le potentiel est négatif à l'intérieur de l'axone, ensuite pendant la dépolarisation on note un inversement de polarité (avec irruption massive de sodium à l'intérieur de l'axone) mais cette ouverture des canaux voltage dépendant est très rapide (elle dure 10 millisecondes) puis les canaux sodium vont se fermer mais entre temps les canaux potassium vont s'ouvrir pour remettre en place la polarité de la cellule au repos.

Il existe donc trois groupes de canaux ioniques :• sodium voltage dépendant : pour la transmission de l'influx nerveux.• calcium voltage dépendant : au niveau présynaptique pour contrôler et moduler la libération du

neurotransmetteur quand elle est calcium dépendante.• potassium voltage dépendant : pour repolariser très vite la cellule excitable (il faut que ce soit rapide

car une prolongation de la dépolarisation entraînerait une entrée de calcium trop importante ce qui aboutirait à la mort cellulaire par apoptose).

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Les canaux sodium sont des protéines transmembranaires formées de 3 sous-unités : une α, fonctionnelle, qui permet l'entrée de sodium ; et deux β qui font des ponts disulfures avec la sous-unité α pour la stabiliser à la surface de la membrane et éviter qu'elle bouge.

CR : Il y a des charges positives en intracellulaire, qui vont être déplacées par force électrostatique quand le sodium va s'approcher, ce qui va modifier la conformation du canal et le rendre perméable au sodium. On dit que ces charges positives sont des senseurs du sodium.

Applications thérapeutiques des canaux :

Prenons l'exemple d'une piqûre de scorpion. Les scorpions de l'ancien monde possèdent dans leur venin des petits peptides qui ont pour propriété de venir soit bloquer soit activer en permanence ces canaux sodium : ainsi lors d'un mouvement de dépolarisation normale d'un canal sodium la repolarisation se fait normalement rapidement mais quand on note la présence de la toxine du scorpion, la repolarisation se fait lentement et mal. Cela a pour conséquence une accentuation des mouvements de calcium dans la membrane présynaptique et une accentuation de la libération des neurotransmetteurs (par exemple libération d''adrénaline : on note de l'hypertension et de la sueur) .

Avec les scorpions du nouveau monde l'effet général est quasi identique mais on note une déstabilisation du complexe α-β avec dépolarisation-repolarisation-dépolarisation... (spike). Cela a pour conséquence une accentuation massive de la concentration de calcium dans la membrane présynaptique.

Pour finir sur les canaux sodiques, on peut prendre un exemple en pharmacologie et sur les blattes :Les anesthésiques locaux bloquent les canaux sodium il n'y a donc pas de transmission de l'influx nerveux de la douleur (effet antalgique). En ce qui concerne les blattes, pour les chasser on utilise du baygon (un dérivé phénolique) qui se fixe sur un endroit particulier du système nerveux de la blatte qui bloque ses canaux sodium : ce produit est efficace sur les insectes mais pas sur les humains.

II. Les canaux potassiques (K+)

Ils sont classés en fonction du nombre de segments qu'ils possèdent (ils peuvent être polymérisés) :

• Les canaux à 6 segments (6hélices TM) :

- Les canaux voltage dépendants sont des canaux potassiques impliqués dans la repolarisation extrêmement rapide des cellules excitables, ils ont un gros débit, leur large ouverture permet un flux important de potassium vers l'extérieur de la cellule :

→ Canaux de type A et Canaux de type Kv

- Les canaux activés par le calcium (activés par les mouvements calciques) :→ les BK (big conductance), les SK (small conductance) et les IK (intermediate conductance) affinent la repolarisation de manière beaucoup plus sensible et spécifique, ils agissent plus tardivement. Ils sont la cibles de l'apamine, venin reçu par les piqûres d'abeille.→ Canaux KQT qui sont impliqués dans les troubles du rythme cardiaque.→ Canaux éther à gogo.

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• Les canaux à 4 segments : essentiellement présents chez les animaux, quasi-inexistants chez l'Homme.

• Les canaux à 2 segments :

- Les canaux rectifiants entrants – KIR :

Ils sont surtout en post-synaptique et leur rôle est, quand ils sont activés, de s'ouvrir. Comme il y a une forte concentration de potassium à l'intérieur il y aura une sortie de potassium et ils vont alors rendre la synapse réfractaire. Ils regulent a la fois des flux sortants et entrants de K+ grace a la presence d'un atome de Mg2+ qui change de position (si le Mg2+ est assez loin de la membrane, les ions potassium entrent ; et inversement, si le Mg2+ est trop pres, les ions potassium sortent de la cellule). Ces canaux sont importants pour certains medicaments comme la morphine qui les active, entrainant une hyperpolarisation membranaire qui bloque la conduction de l'influx (effet antalgique).

- Les canaux K-ATP :

Ils jouent un role dans la regulation de la glycemie chez l'Homme : ce sont eux qui commandent la liberation d'insuline par les cellules β des ilots de Langerhans du pancreas. Lors de la glycolyse, il y a transformation de l'ADP en ATP, et celui-ci inhibe les canaux K-ATP sensibles. Ces canaux se ferment alors, ce qui induit la depolarisation de la membrane et donc l'ouverture de canaux calcium voltage-dependants : un flux de calcium fait irruption dans les cellules β des ilots de Langerhans, entrainant ainsi une liberation d'insuline par exocytose. Le glucose reste stocke dans les cellules (effet hypoglycemiant de l'insuline). On y trouve donc un interet dans les therapies anti-diabetiques.

III. Canaux calciques (Ca2+)

Ces canaux sont répertoriés par des grandes lettres L, N etc.. Ils fonctionnent un peu comme les canaux sodium avec quelques particularités.

Au niveau du cerveau, on note les canaux calciques de type M et L qui sont des complexes protéiques multimériques avec une sous-unité α1, une sous-unité α2, des sous-unités β, γ, δ. Le complexe δ-α2 est relié par des liaisons de type ponts disulfures. La principale sous-unité est l'α transmembranaire car elle contient les senseurs de potentiels de charges positives, qui sont des acides aminés basiques chargés positivement à pH physiologique (étagés au niveau du système transmembranaire) qui vont détecter les charges positives et déclencher donc les mouvements allostériques provoquant l'ouverture du canal.

Au niveau du myocarde, il existe un système particulier appelé calcium induced calcium release ; les canaux calciques contrôlent l'entrée de calcium de l'extérieur vers l'intérieur mais il faut savoir que dans les cellules excitables il existe des sites de stockage de calcium dans le REL, à la surface duquel il existe des canaux qui vont également commander l'entrée et la sortie de calcium. L'entrée massive de calcium dans la membrane présynaptique (entrée provenant de l'extérieur) va provoquer la sortie du calcium du REL. Voilà ce qu'on appelle le calcium induced calcium release (entrée de calcium qui induit la libération de calcium). Cela a un effet synergique : l'augmentation de calcium intracytoplasmique provoque la contraction musculaire.

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Des toxines peuvent interferer avec les canaux calcium :

Une araignee de la famille des veuves noires (la malmignatte, reconnaissable grâce à ses 13 tâches rouges sur l'abdomen) secrete un venin contenant une toxine qui maintient les canaux Ca2+ voltage-dependants ouverts, entrainant une liberation massive et permanente de neurotransmetteurs (type catecholamine, ce qui peut engendrer de l'hypertension). En fait, une protéine va se mettre n'importe où sur la membrane (surtout au niveau de la membrane présynaptique) et créer un néo canal calcium ce qui provoque de la fièvre, une contraction musculaire... Ce venin est puissant mais est injecte en faible quantite, il n'entraine donc pas la mort chez l'etre humain, sauf en cas de choc anaphylactique par mécanisme immunoallergique. En revanche si l'araignée attaque un insecte de sa taille, elle le tuera.

Le cone marin est un mollusque/coquillage du Pacifique sud, chassant les poissons par harponnage. Il est capable d'injecter un venin contenant des conotoxines, qui bloquent les canaux calcium et entrainent une paralysie musculaire. Le deces survient au bout d'une vingtaine de minutes, par arret respiratoire, du fait de l'absence de contractions du muscle diaphragme (il n'y a pas d'antidote). On y trouve neanmoins un interet therapeutique, à petite dose on remarque un effet antalgique car cette toxine bloque les influx nerveux utilisé par exemple en soins palliatifs avec une injection intraveineuse ou intra-thécale. En raison de l'index thérapeutique très étroit, il faut faire attention à ne pas se tromper de dose.

Il existe 2 types de transmission :• Rapide par les canaux ionotropiques (qui fait appel à

des canaux ioniques, des neuro-transmetteurs...).• Lente qui fait appel à un récepteur post-synaptique

souvent métabotropique (fait intervenir à part entière un neurotransmetteur et pas un ion, par exemple l'acétylcholine, les catécholamines..). L'activation de ce récepteur post-synaptique engendre l'activation d'un second messager qui est souvent l'AMPcyclique (son niveau de concentration est le témoin de l'activité métabolique de la cellule excitable). Ce dernier va avoir un impact sur les PKA (protéines kinases AMPc dépendantes) qui vont phosphoryler des effecteurs (canal ionique, pompe ionique Na/K-ATPase, facteurs de transcription qui iront agir sur le noyau pour moduler l'expression des gènes).

En resume, la depolarisation induite par l'entree de sodium dans l'axone, via les canaux sodium voltage- dependants situes dans les secteurs intermyeliniques, se transmet dans le sens orthodromique. Au niveau pre- synaptique, il y a ouverture de canaux calcium voltage-dependants ce qui va induire la liberation de neurotransmetteurs dans la fente synaptique, et donc l'apparition des consequences des differentes toxines (au niveau musculaire, sensoriel etc.).

Enfin, quelques derniers exemples d'application thérapeutique :• Les digitaliques sont des inhibiteur de la Na/K-ATPase, ils ralentissent le rythme cardiaque et modulent

l'activité de la membrane excitable.• Il existe aussi des inhibiteurs des canaux calciques utilisés contre l'hypertension artérielle qui agissent

dans les fibres lisses des parois des gros vaisseaux, provoquant une vasodilatation et une hypotension.• Le fugu (poisson utilisé dans la cuisine japonaise) possède une toxine qui bloque les canaux sodiques.

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B. Canalopathies

Plus d'une centaine de maladies génétiques avec canalopathies existent. Ces canalopathies vont altérer la fonction des membranes excitables mais aussi des cellules épithéliales c'est à dire les sécrétions exocrines et endocrines.

I. Mucoviscidose

Cette maladie résulte d'une anomalie dans la protéine CFTR (canal ionique), ou Cystic Fibrosis Transmembrane conductance Regulator.C'est une grosse protéine de 1480 acides aminés, et de poids moléculaire égal à 168 kDa. Elle est codée par un gène de 27 exons qui s'étend sur 250 kilobases au niveau du bras long du chromosome 7. La découverte de ce gène a été faite en 1989 grâce à un clonage en génétique inverse par le groupe Collins.

Cette protéine contient deux motifs de 6 segments TM. Les deux extrémités C-ter et N-ter sont intracytoplasmiques. La portion intracellulaire contient aussi 2 sites de fixation pour l'ATP notamment : NBF1 et NBF2 (sites de régulations par les nucléotides) ; et un site de régulation R.

Cette protéine se situe au pôle apical des cellules épithéliales. Elle va réguler le passage de chlore dans les cellules épithéliales mais aussi la concentration en sodium, le pH intracellulaire et le fonctionnement de certains KIR dans la cellule épithéliale.

Cette protéine est très importante pour la viscosité du mucus des sécrétions exocrines.

La maladie a ete decrite en 1936 par Guido Fanconi et a ete decrite au depart comme une fibrose kystique du pancreas. Elle touche en effet toutes les glandes exocrines.

Cette maladie est une maladie génétique autosomique de transmission récessive qui se manifeste par une atteinte pulmonaire, respiratoire et digestive. Ce caractère héréditaire a été décrit en 1945 par D. Anderson.Le dysfonctionnement de la paroi provoque une augmentation de la viscosité du mucus surtout dans les sécrétions respiratoires et digestives.

Diagnostic biologique de première intention :Il repose sur le test à la sueur, surtout chez le nouveau né. Ainsi, on place deux électrodes sur la face antéro-latérale de l'avant bras , l'une des deux étant imbibée de pilocarpine (qui favorise la sudation). On passe un courant électrique et au bout de 20minutes on récupère la sueur par capillarité et on mesure le taux de chlore :

• Supérieur à 70mmol/L : suspicion très forte de la mucoviscidose.• Aux environs de 60mmol/L : on va refaire le test.• Inférieur à 50mmol/L : pas de suspicion de la mucoviscidose.

Attention, il ne faut pas oublier les risques de faux positifs et de faux négatifs !

Le pronostic s'est nettement amélioré car l'espérance de vie est passée de 7-8ans il y a 50ans à maintenant plus

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de 45ans. Cela est aussi largement fonction de l'expression de la maladie, car cela peut aller de la forme très grave dès la naissance avec des surinfections bronchiques.. jusqu'à l'adulte ayant une broncho-pneumopathie à qui on détecte une mucoviscisdose à 50ans. Il y a donc une pénétrance maximale (100%) mais une expressivité variable.Le diagnostic devient systématique dès qu'une personne a eu une greffe de poumon ou de cœur, c'est pourquoi des personnes se font dépister en étant adulte.

Épidémiologie : C'est une maladie très fréquente, c'est en fait la maladie génétique autosomique récessive la plus fréquente :

• L'incidence des hétérozygotes est de 1 personne sur 25.• La fréquence des patient atteints représente 1 malade sur 2500.

Il existe énormément de mutations de la protéine CFTR, la plus fréquente étant une élimination d'une phénylalanine en 508 (80% des mutations et entre 50 et 90% des cas des mucoviscidoses).Cette maladie dans les populations asiatiques et africaines.Comme dit précédemment il y a une pénétrance de 100% mais une expressivité variable :

• soit la protéine n'est pas du tout synthétisée ;• soit elle est synthétisée mais non exportée à la membrane ;• soit elle est synthétisée, exportée mais elle est tronquée.

Les mutations peuvent concerner les sites de régulation (rare), les sites de fixations pour nucléotides, mais le plus souvent il y a un mauvais fonctionnement du canal chlore.

Les manifestations cliniques sont :• épaississement du mucus bronchique et pulmonaire.• surinfections en particulier à staphylocoques et à pyocyaniques. • insuffisance respiratoire.

Chez le nouveau né, on constate une perte de poids, une toux, et l'absence des premières selles voire une occlusion intestinale ou bien une insuffisance pancréatique exocrine et une atteinte hépatobiliaire.

On retrouve differentes classes de la maladie :

Classe 1 : correspondant a un defaut de production = absence de la proteine CFTR ;

Classe 2 : correspondant a un defaut de maturation = proteine presente mais non fonctionnelle ;

Classe 3 : correspondant a un defaut de regulation = proteine mal exprimee a la membrane ;

Classe 4 : correspondant a un defaut de conduction = proteine bien presente a la membrane mais inefficace du fait de mutations

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Les anomalies des canaux

+ Convulsions fébriles infantiles

II. Syndrôme de Brugada

Cette maladie touche la rythmicité cardiaque. C'est une maladie autosomique dominante. Il y a une mutation dans seulement 30% des cas sur le chromosome 3 : SCN5A (dans les autres cas, il s'agirait d'une mutation dont on ignore la localisation). Au départ, on note des troubles de polarisation et dépolarisation du ventricule droit mais cela va se transmettre à tout le myocarde avec un risque important de fibrillation ventriculaire. On utilise alors un pacemaker pour soigner les patients.

III. Hyperthermie maligne

C'est une maladie génétique qui se transmet sur le mode autosomique dominant, c'est la ''terreur des anesthésistes'' car c'est une complication rare de l'anesthésie générale. Le phénomène d'hyperthermie est déclenchée par un agent halogéné (anesthésiant) et se traduit par un hypermétabolisme musculaire .

Cette maladie est connue depuis les années 60 pour son caractère génétique et c'est dans les années 70 qu'on comprend que c'est le muscle qui est mis en cause avec la mise en place de test de contracture à l'halotane et à la caféine.

En 1982, on découvre l'efficacité surprenante du Dantrolène dans la crise de l'hyperthermie maligne (HM). Il y a donc eu des progrès liés essentiellement à la génétique moléculaire.

La forme fulminante de cette maladie touche 1/250 000 anesthésies. Le nombre de nouveaux cas par an en France est de 20 à 40. Avant l'usage de Dantrolène la forme fulminante provoquait 80 à 90% de décès alors que depuis son utilisation le risque de décès est de 5%.

(Forme fulminante : évolue très très rapidement et de forme très grave).

Manifestations cliniques : Cette contraction musculaire provoque une augmentation de la température et une lyse musculaire (rhabdomyolyse aiguë) et globalement une défaillance multiviscérale.

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Physiopathologie : • Trouble de l'homeostasie calcique dans la cellule musculaire ;• Dysfonctionnement des canaux calciques (notamment du recepteur a la ryanodine RYR1 et aussi du

recepteur aux dihydropyridines) ;• Element initial : elevation du calcium libre myoplasmique qui entraine une cascade de destruction

dans la cellule musculaire

Genetique :La maladie est causee par des mutations sur le bras long du chromosome 19 (plus d'une trentaine sont decrites : les plus graves concernent les sites qui sont dans l'activité de l'ouverture du canal calcique) affectant surtout la partie N- terminale de la proteine RYR1. Cette mutation est accompagnee d'anomalies concernant des sites commandant l'ouverture du canal (sous-unite α). Actuellement, un seul autre gene associe au trait HMS a ete identifie. Les mutations HMS vont affecter des domaines de la proteine qui seront impliques principalement dans la régulation de l'activité d'ouverture du canal calcique.Les mutations de la partie C-term de RYR1 sont associées à la myopathie à « central core ». La fréquence des mutations dépend de l'origine géographique des patients.À noter qu'une concentration trop élevée en calcium n'est pas bonne car cela induit l'apoptose des cellules et c'est ce qui se produit dans le syndrome de l'hyperthermie maligne dans sa forme fulminante.

En ce qui concerne les agents déclenchants de l'HM, on peut dire que ce sont tous les agents halogénés mais avec une vitesse d'apparition plus lente avec le desflurane et le sévoflurane par rapport à l'halothane. L'utilisation de succinycholine avec des halogénés va aussi accélérer la survenue la crise.Il est donc très important de comprendre la notion d'urgence et de stress de l'HM. À retenir aussi, un sujet HMS peut avoir déjà eu plusieurs anesthésies générales avec agents déclenchants sans développer la crise.La forme typique de la crise se traduit pat des signes d'hypermétabolisme musculaire et des signes biologiques. Les signes plus tardifs seront une augmentation de la température rectale (augmentation d'1°C par 5min jusqu'à 43-44°C dans les formes fulminantes).

Conséquences de la crise : • Rigidité musculaire : précoce (localisée aux muscles des masséters ou des membres inférieurs), et plus

tardive (généralisée gênant la ventilation mécanique).• Rhabdomyolyse.• Élévation des CPK (x100 par rapport à la normale) (CR : CPK signifie créatine phospokinase).• Myoglobinémie, myoglobinurie.• Hyperkaliméie.• Cytolyse hépatique.• Acidose respiratoire : trouble du rythme cardiaque, insuffisance rénale oligoanurique, troubles de

l'hémostase.C'est donc une urgence thérapeutique qui nécessite un arrêt des agents halogénés, une hyperventilation en oxygène pur et enfin une administration de dantrolène.Attention, le fait d'avoir une anesthésie qui s'est bien passée n'est pas forcément un garant de sécurité !

Diagnostic de la sensibilité de l'HM

• Test de contracture halothane/caféine.• Analyse génétique.• Qui dépister ? (test de contracture musculaire) : les sujet aux ATCD personnels ou familiaux d'HM, les

sujets avec élévation chronique des CPK, les personnes sujettes aux coups de chaleur d'effort, les patients atteintes de myopathie à central core, après une crise d'HM.

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IV. Anomalies de la perception de la douleur

En 2006 on décrit dans une famille de pakistanais le syndrome du fakir. Ainsi ils ne ressentent aucune douleur.En fait, ils ont une mutation située sur le bras long de chromosome 2, qui code pour la protéine SCN9A du canal sodium Nav (sous-unité 1.7 plus particulièrement) hyperexprimé sur les fibres douloureuses.Cela provoque donc chez eux une absence de la sensation de douleur mais ce n'est pas totalement un avantage parce que par exemple ils peuvent s'endormir sur un chauffage, ne pas le sentir et avoir une brûlure au troisième degré. Le mode de transmission est variable mais le plus souvent autosomique récessif.

V. Conclusion

Il faut savoir que quand ces canaux ioniques ont été découvert on a d'abord pensé que c'était un épiphénomène (c'est à dire un phénomène intéressant à étudier mais pas majeur) mais cela s'est avéré faux car ils sont très importants ! En effet, près d'une centaine de syndromes sont secondaires à une anomalie des canaux. Ce sont des cibles pharamacologiques très importantes, par exemple un des effets du doliprane passe par les canaux ioniques.

Dédicace obligée à la meilleure des coroMéotypeuses (ahah tu comprendras), t'es trop géniaaaaaale de m'avoir tenue compagnie pendant 2h et de t'être levée ! Ah oui aussi pour un certain nyl qui va s'énerver si j'écris rien pour lui même si tu mérites pas vu que t'as préféré dormir ce matin au lieu de venir !!et bien sûr un petit mot pour tout le psycardélique vous êtes les meilleurs <3

Dédicace de la CR à la ronéotypeuse : merci Laura d'avoir mis une dédicace, ça manquait depuis le début de l'année ! (Les meilleurs, c'est le PIKA ! J'vous aime mes pokémons <3)

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