Au Milieu de La Forêt

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Au milieu de la forêt Au milieu de la forêt Viennent les oiseaux sans arrêt De la coudraie fort ombrageuse, A la clairière joyeuse, Clairiere pres de l'étang Qui, aux grands roseaux ondoyants, Se balance ainsi dans Ies ondes. Pénétré dans ses eaux profondes Par la lune, par le soleil Par les oiseaux comme merveilles, Par les étoiles éternelles, Par les volées des hirondelles Par le visage de ma belle. Glose Le temps passe, Ie temps vient tout est ancien, tout est nouveau; Ce qui est mal, ce qui est bien Pèse et médite à tout propos; N'espère pas et n'aie pas peur, Ce qui est flot en flot s'en va, Si on te mande ou on te leurre. A toute chose reste froid. D'innombrables choses on voit,

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Poezii de Mihai Eminescu in limba franceza

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Au milieu de la forêt 

Au milieu de la forêtViennent les oiseaux sans arrêtDe la coudraie fort ombrageuse,A la clairière joyeuse,Clairiere pres de l'étangQui, aux grands roseaux ondoyants,Se balance ainsi dans Ies ondes.Pénétré dans ses eaux profondesPar la lune, par le soleilPar les oiseaux comme merveilles,Par les étoiles éternelles,Par les volées des hirondellesPar le visage de ma belle.

Glose 

Le temps passe, Ie temps vienttout est ancien, tout est nouveau;Ce qui est mal, ce qui est bienPèse et médite à tout propos;N'espère pas et n'aie pas peur,Ce qui est flot en flot s'en va,Si on te mande ou on te leurre.A toute chose reste froid.

D'innombrables choses on voit,On en entend sonner beaucoup,Qui pourrait retenir cela,Et qui pourrait écouter tout?. .Toi, tu dois t'asseoir d'un côté,Tc retrouvant dans ton maintien,Dans les bruits de la vanité

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Le temps passe, le temps vient.

Que ne penche pas son aiguilleLa balance du froid penseurVers l'instant léger qui oscillePour le faux masque du bonheurQui surgit de sa mort peut-êtreEt retombe dans le chaos;Pour celui qui peut le connaîtreTout est ancien, tout est nouveau.

En spectateur au grand théâtreDans ce monde imagine-toi:Sous masques tristes ou folâtresSon jeu, tu le devineras.S'il se dispute ou s'il en pleureTu dois méditer dans ton coinPour saisir dans leur art trompeurCe qui est mal. ce qui est bien.

Car l'avenir et le passéSont les doux faces de la feuille,Voit tont au bout le point d'entréeCelui qu'exerce son oeilTnut ce qui fut ou qui seraSr trouve dans les faits, les mots,Quant à leur vanite déjàPese et medite a tout propos.

Aux mêmes moyens destinésSe soumet tout ce qui existeEt depuis des milliers d'annéesLe monde est gai, le monde est tristeD'autres masques, la même pièce,D'autres voix, mais te même choeur,Même trompé, dans ta détresse

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N'espere pas et n'aie pas peur.

N'espère pas quand les salaudsPour le trionphe se battrontIls l'emporteront, les idiotsMalgré ta belle étoile au front:Ne t'en fais pas, ils vont chercherEntre eux-mêmes se ployer bas,Ne sois jamais leur associé:Ce qui est flat, en flat s'en va.

Pareil à un chant de sirène,On vous attire en guet-apens;Pour chancher les acteurs. sur scèneOn vous attrappe en vous leurrant';A côté glisse vite et sors,Ignore leurs propos flatteurs,De ton sentier en dehors.Si l'on te mande ou on te leurre.

Evite cependant leurs coups,Face aux calomnies tais-toi bien;Renonce à tes conseils surtoutSi tu connais leurs vrais moyons;lls peuvent parler à leur aise,Vive en ce monde qui vivraEt afin que rien ne te plaise,A toute chose reste froid.

A toute chose reste froid,Si l'on te mande ou on te leurre,Ce qui est flot en flot s'en va,N'espère pas et n'aie pas peur;Pese et medite à tout proposCe qui est mal, ce qui est bien,

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Tout est ancien, tout est nouveau:Le temps passe, le temps vient.

A mes critiques 

Il y a beaucoup de fleurs, mais peuD'entre elles fruits au monde portent,Frappent aux portes de la vie,Pourtant s'teffeuillent beaucoup mortes.

C'est facile à faire des versQuand on n'a rien à dire au fond,Enfilant de vides parolesQui dans les queues résonneront.

Mais quand ton coeur ardent pétritGrandes passions et vifs désires,Quand ton esprit essaie toujoursD'en écouter tout le délire,

Eu fleurs aut portes de la vie,Frappent aux portes des pensées,Tous exigent entrée au monde,Et les vêtements du parler.

Mais pour tes propres passionsEt pour ta proprc vie, hélas,Où se trouvent pourtant les juges,Les implacables yeux de glace?

Alors tu crois bien que sur toiLe ciel est en train de tomber:Où trouveras-tu les parolesQui expriment la vérité?

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O critiques dont les fleurs vainesJamais de fruits ne porteront -C'est facile à faire des versQuand on n'a rien à dire au fond.