Afrique Review cette semaine du 16 au 22 fevrier 2016

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A FRIQUE REVIEW HEBDOMADAIRE D’INFORMATIONS INDEPENDANT du 16 au 22 février 2016 N°0052 France 1,99 e - Maroc 18 DH - Afrique du Sud 20 rands - Tunisie 2.10 DT Mauritanie 800 MRO - RD Congo 2,50 s US - Ethiopie 35 birrs - USA 3, 50 s US - Canada 2,50 S CAN - Belgique 2, 20 e - Suisse 3, 30 FS - Royaume-Uni 2,10 E - Allemagne 2,40 e - Autriche 2, 40 e - Espagne 2,40 e - Grèce 2,40 e Italie 2,40 e - Portugal 2,40 e - Pays - Bas 2,40 e - Norvège 24 NK - Zone CFA 500 F CFA - ISSN 1989 Présidentielle au Bénin : pour qui roule Vincent Bolloré ? Le groupe Bolloré a pour réputation de ne jamais soutenir aucun candidat dans les élections africaines, tant l’exercice est risqué. Et peut-être aussi parce que le poids considérable qu’a désormais pris le groupe français en Afrique RÉCONCILIATION CONGO- RWANDA L’HOMME LE MIEUX PAYÉ DES ÉTATS-UNIS TOTAL FACE AUX PRIX DU PETROLE GABON JEAN PING S’ EXPLIQUE MAROC LA FEMME FORTE DU PAM M 01970 - 2032 - F : 1,50 €

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Présidentielle au Benin : pour qui roule Vincent Bolloré?

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AFRIQUE REVIEWHEBDOMADAIRE D’INFORMATIONS INDEPENDANT du 16 au 22 février 2016

N°0052

France 1,99 e - Maroc 18 DH - Afrique du Sud 20 rands - Tunisie 2.10 DT Mauritanie 800 MRO - RD Congo 2,50 s US - Ethiopie 35 birrs - USA

3, 50 s US - Canada 2,50 S CAN - Belgique 2, 20 e - Suisse 3, 30 FS - Royaume-Uni 2,10 E - Allemagne 2,40 e - Autriche 2, 40 e - Espagne 2,40

e - Grèce 2,40 e Italie 2,40 e - Portugal 2,40 e - Pays - Bas 2,40 e - Norvège 24 NK - Zone CFA 500 F CFA - ISSN 1989

Présidentielle au Bénin : pour qui roule Vincent Bolloré ? Le groupe Bolloré a pour réputation de ne jamais soutenir aucun candidat dans les élections africaines, tant l’exercice est risqué. Et peut-être aussi parce que le poids considérable qu’a désormais pris le groupe français en Afrique

RÉCONCILIATION CONGO- RWANDA

L’HOMME LE MIEUX PAYÉ DES ÉTATS-UNIS

TOTAL FACE AUX PRIX DU PETROLE

GABONJEAN PING S’ EXPLIQUE

MAROCLA FEMME FORTE DU PAM

M 01970 - 2032 - F : 1,50 €

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Editorial

La croissance en Afrique accélère

Les économies africaines ont fait preuve d’une « remarqua-ble résilience » pendant et depuis la crise de 2009 jusqu’à aujourd’hui, même si l’atonie de l’activité mondiale a touché le continent. L’Afrique a ainsi connu en 2013 une croissance de 4 % en moyenne, supérieure de 1 point à celle du monde. Son produit intérieur brut (PIB) devrait accélérer à 4,8 % en 2014 et à 5,7 % en 2015 (5,2 % hors Libye) et retrouver alors ses niveaux d’avant 2008-2009, indique le rapport sur les Perspectives économiques en Afrique 2014 rendu public lundi 19 mai.

Ce document, lancé en 2002 par la Banque Africaine de développement (BafD), le centre de développement de l’Organisation de coopération et de développement économiques (OCDE) et le Programme des Nations unies pour le développement (PNUD), concerne pour la première fois les 54 pays du continent africain. Tout en insistant sur la capacité de ce dernier à faire face aux turbulences régionales et internationales, il n’écarte pas la possibilité d’un moindre dynamisme en cas de poursuite de l’atonie de l’économie mondiale.

Il met également en lumière des divergences importantes d’un groupe de pays et d’une région à l’autre. En Afrique subsaharienne, la croissance s’est établie à 5 % en 2013 et devrait atteindre 5,8 % en 2014. Si l’on exclut de cet ensemble l’Afrique du Sud, qui vient de céder sa place de première économie africaine au Nigeria, les prévisions sont respectivement de 6,1 % en 2014 et de 6,8 % en 2015.

EXPORTATIONS DE FER ET DE MINERAI

L’Afrique de l’Est et l’Afrique de l’Ouest, avec une croissance 2013 de 6 % ou plus, continuent de faire la course en tête, tandis que les pays à faible revenu s’en sortent mieux que les pays en développement d’Afrique du Nord et d’Afrique aus-trale, la croissance ressortant à plus de 6 % dans le premier cas, contre moins de 3 % dans le second. L’Afrique de l’Ouest est la zone la plus dynamique du conti-nent avec une croissance de plus de 7 % en 2014 et 2015. La locomotive régionale est le Sierra Leone grâce à ses exporta-tions de fer et de minerai.

Le rapport note aussi qu’au Nigeria, où le secteur pétrolier représente pourtant 37 % du PIB et 20 % des recettes de l’Etat, ce sont actuellement.

l’agriculture et les services (commerce, télécommunications etc.) qui tirent l’économie. L’Afrique de l’Est affiche de belles performances avec une croissance de l’ordre de 6 % en 2014 et 2015. Dans cette région, l’Ethiopie, l’Ouganda, le Rwanda et la Tanzanie devraient même voir leur PIB progresser de 6,5 % à 7,5 % au cours de ces deux années.

La croissance ne fait pas qu’augmenter, elle se diversifie, ce qui est un élément positif de nature à permettre le passage à un véritable développement économique et social. Ces dern-ières années, le moteur principal de la croissance africaine a été la demande. La consommation s’est plutôt bien portée du fait des hausses de salaires, de l’augmentation constante des transferts monétaires en provenance des migrants mais aussi du recul de l’inflation (6,7 % en 2014 contre 9 % en 2013) dans de nombreux pays. Son fléchissement a été par-ticulièrement marqué en Ethiopie (passant de plus de 20 % en 2013 à 7 % en 2014), en Tanzanie(de 16 % à 8 %) et en Ou-ganda (de 14 % à 5,5 %), en raison notamment de la baisse des prix alimentaires et de la stabilité des prix de l’énergie.

DES INVESTISSEURS ÉTRANGERS SÉDUITS

La croissance doit aussi beaucoup à la relance de l’investisse-ment après vingt années de stagnation. « Avec la reprise de la croissance depuis dix ans et la remarquable résilience dont elle a fait preuve face aux chocs internationaux, l’Afrique sé-duit de plus en plus les investisseurs étrangers », souligne le rapport. Les investissements étrangers devraient atteindre le niveau record de 80 milliards de dollars (58 milliards d’euros) en 2014.

Côté offre, enfin, l’agriculture et les services ont été les locomotives de la croissance, très loin devant l’industrie manufacturière qui ne représente en moyenne que 10 % du PIB africain. A noter la place grandissante du tourisme dans l’économie continentale : les recettes qu’il procure ont progressé de 6% à 10 % l’an entre 2000 et 2012. L’Afrique a accueilli 53 millions de touristes en 2012. Elle devrait en accueillir 85 millions en 2030 et 134 millions en 2050, sous réserve, bien entendu, d’une certaine stabilité politique.

Dimitri Ben Béchir

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Editorial

Dimitri By Béchir

AFRIQUE REVIEW NO 52 • DU 16 AU 22 FEVRIER 2016

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ECONOMIE Total face aux prix bas du pétrole23

COOPERATION L’UE assiste financièrement la Tunisie»5

TECHNOLOGIES Batir l’économie rwandaises

PHOTOS DE COUVERTURES :ÉDITION GÉNÉRALE: PHOTOMONTAGE PAO SPRINTÉDITION AFRIQUE: © ONS ABID POUR PAO SPRINTÉDITION WEB PAO SPRINT

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5 Le gotha africain des affaires se réunit au maroc

10 LE WEEK AND D’AFRIQUE REVIEW

9 Total face aux prix bas du pétrole15 La remise des clés de 13 700 logements sociaux11 Lorsque l’afrique aspire à être bien gouvernés

10 GRAND ANGLEE

23 CPI : une semaine tendue au procès de Gbagbo

37 MAGHREB & MOYEN-ORIENT

13 Le rôle des milices en Libye8 Réconcilier le Congo-Kinshasa et le Rwanda

37 AFRIQUE SUBSAHARIENNE

6 Rwanda : nous bâtissons notre économie grâce aux technologies »15 Gabon : la remise de 13 700 logements11 Lorsque l’afrique aspire à être bien gouvernés.18 Présidentielle au Bénin : pour qui roule Vincent Bolloré ?.37 MAGHREB & MOYEN-ORIENT

20 L’Egypte fait la promotion de l’utilisation des panneaux solaires10 Partenariat pour la prise en charge directe des réparations27 le patron de Google devient le mieux payé 28 « L’UE octroie une aide à la Tunisie»

37 ECONOMIE

37 INTERNATIONAL

30 Maroc : Fatima-Zahra Mansouri, une femme forte du PAM31Procès Habré : « C’est notre stratégie, une défense de refus »32Présidentielle au Gabon - Jean Ping : explique pourquoi il se maintient?37 CULTURE

17 Hugo Broos, nouvel entraineur des Lions indomptables?12 Musique : les 7 étoiles du hip hop qui Font Vibrer l’Afriquet36 Marrakech va accueillir un musée Yves Saint Laurents

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4 Sommaire

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agricole, qui contribue à 25% du PIB (Produit intérieur brut, ndlr) africain, emploi 60% de la main d’œuvre africaine”, a lancé Zahra Maarifi, directrice générale de Maroc Export, qui co-organise l’évènement avec le groupe Attijari.

La 4e édition du Forum Afrique Développement veut faire aboutir le club “Afrique développement”, dont l’objectif est de partager les expériences entrepreneuriales des différents chefs d’entreprises du continent et leur fournir un accès à plusieurs informations utiles dans le cadre de leurs stratégies d’affaires.

Les jeunes entrepreneurs africains seront également sollicités afin qu’ils “rencontrent des investisseurs potentiels recon-nus et tissent ensemble des partenariats prometteurs”. Une manière de “faire face aux défis de l’urbanisation et à la mon-dialisation qui se digitalise et bouleverse les outils tradition-nels d’investissement”.

Des atouts qui gagneraient toutefois à être exploités

“L’Afrique est attractive pour les investisseurs africains, mais aussi internationaux. La Chine et les Emirats arabes unis, no-tamment, tablent beaucoup sur le continent. Ses prévisions de croissance, fortement liées au baril du pétrole et au gaz, sont parmi les plus élevées au monde. Sa jeunesse et sa démographie (2 milliards et demi d’Africains d’ici 2050, ndlr) y sont pour beaucoup”, a salué Mohamed El Kettani, Prési-dent-directeur général (PDG) du groupe Attijariwafa Bank.

Outre une importante démographie à venir, l’Afrique jouit de ressources naturelles “extrêmement importantes”. Autant d’atouts dont le continent a encore du mal à tirer profit: alors que 800 millions d’hectares de terres arables ne sont toujours pas exploitées, 500 millions d’Africains souffrent de malnutri-tion. Un paradoxe de taille qui n’est pas sans freiner son dével-oppement économique.

.

Ce sont là des travaux auxquels nous devons nous atteler sans plus tarder pour favoriser une croissance durable et inclusive à travers le continent, dont l’électrification et l’urbanisation doivent être la base. Le potentiel de l’Afrique est encore loin d’être réalisé” a pour sa part ajouté Mohamed El Kettani.

Source : Yannick DJANHOUN

Le gotha africain des affaires se réunit au maroc

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5 EntrepreneuriatL’Afrique soucieuse d’asseoir son tissu entre-preneurial interafricain? C’est en effet l’axe qui a été développé lors d’une conférence de presse mardi 9 février au siège d’Attijariwafa Bank dans le cadre de la présentation de la 4e édition du Forum Afrique Développement.

Un rendez-vous annuel inauguré il y a 4 ans, prévu cette année les 25 et 26 févriers prochains à Casablanca. Une myriade d’opéra-teurs économiques et financiers africains et d’acteurs politiques internationaux s’y réunira. En tout, plus de 1200 opérateurs économi-ques et institutionnels africains sont attendus à cette édition principalement tournée vers l’agriculture et l’électrification du continent.

Des entrepreneurs (et des secteurs) à sol-liciterC’est une dynamique d’entreprenariat durable qui s’impose à nous. Le secteur

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Chaque village africain devrait créer son propre Tech Hub ! ». Pour le min-istre de la jeunesse et des TIC, Jean Philbert Nsengimana, le Rwanda doit voir l’avenir en « Smart ». Dans ce petit pays d’Afrique centrale où 60 % de la population a moins de 25 ans, l’innovation technologique s’est imposée comme un secteur clé du développement. Exemple : outre le « mobile banking », les transports publics seront bientôt tous équipés de connexions wifi et la fonction publique s’apprête à digitaliser ses services.

Prés de 21 ans après le génocide, le Rwanda est en train d’émerger comme un leader technologique africain. Quel est le secret de cette transformation ?

Juste après le génocide, les autorités ont fait le choix de se concentrer sur les technologies de l’information et de la communication (TIC) qui furent jugées comme indispensables pour accélérer la reconstruction de la na-tion, mais aussi pour avoir une voix qui porte dans la mondialisation.

Bientôt, l’économie du Rwanda sera entièrement numérisée avec la généralisation du paiement mobile. A Kigali, tous les services administratifs sont déjà en cours de digitalisation. Comment ex-pliquez-vous ce train d’avance sur le reste du continent ?

La nécessité est la mère de toute in-novation. Le Rwanda est un pays en-clavé et très peuplé qui dispose de peu de ressources. Nos besoins aug-mentent constamment, ce qui nous condamne à toujours innover pour faire plus, avec moins. Nous n’avons certes pas beaucoup de ressources naturelles, mais au moins nous avons les technologies et nous bâtissons notre économie sur cet écosystème.

Le Rwanda souhaite donc devenir le Singapour de l’Afrique ?

Nous voulons nous positionner comme un hub technologique de premier plan en Afrique. Au passage, si vous regardez la carte mondiale de la connectivité Internet, l’Afrique est encore plongée dans le noir.

Combien de start-up seront financées ? Les autres pays d’Afrique pourront-ils en bénéficier ?

Nous voulons financer et soutenir 100 start-up qui pourront être rwandaises mais aussi africaines ! N’importe quelle start-up venant du monde entier peut potentiellement trou-ver des financements auprès de ce fonds, à condition bien sûr que cette entreprise vi-enne s’établir au Rwanda et qu’elle crée de la richesse sur notre territoire. Les premiers investissements débuteront à compter du printemps 2016.

4ème éditions Forum Afrique Développement, Après le franc succès de ses trois premières éditions tenues en 2010, 2012 et 2015, le groupe Attijariwafa bank co-organise avec Maroc-Export la 4ème édition du Forum International Afrique Développement les 25 et 26 Février 2016 à Casablanca.

Le Forum International Afrique Développement s’inscrit dans une démarche de promotion des investissements et du commerce Sud-Sud.

L’objectif étant de participer à l’essor de notre continent, s’inscrivant ainsi dans les orientations royales.

offrir plus de visibilité au opérateurs africains ;répertorier les projets d’investissement les plus porteurs sur le continent ;susciter la réflexion et le débat sur des thématiques liés au développement du continent africain.

Le Forum International Afrique Développement s’arti-cule autour de 3 temps forts :

Un temps de réflexion et de débat autour des enjeux et des réponses à apporter aux problématiques de dével-oppement du continent africain par l’organisation de panels thématiques.

Un temps de rencontres et d’échanges B to B.Un temps de présentations et d’échanges sur les grands projets structurants en matière de développement économique : le marché de l’investissement.

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Rwanda : nous bâtissons notre économie grâce aux technologies »

Dossier Economie

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«Des métiers qui n’existent pas ! »

L’est du Congo est une poudrière où « toutes les théories sur l’Etat, l’économie, l’éducation, la politique sont mises à l’épreuve de la réalité, qui dépasse souvent l’imagination », disent Baptiste et Séverine. Lorsqu’ils s’y sont rendus la première fois, en 2010, l’ambiance était différente, « il y avait une atmosphère de guerre, des armes partout ». A l’époque, ils sont encore étudiants. Ils se rencontrent sur les bancs de l’université américaine Columbia, à New York, et se rendent à Goma pour une mission de conseil auprès du ministère de l’environnement congolais. Ils décident d’y monter un projet. Aujourd’hui, l’air est moins électrique à Goma qu’en 2010. Le Dialogue rwando-congolais a changé son orientation après de longues conversations avec des jeunes, étudiants et activ-istes, de la région : l’économie.

Chômage, éducation, égalité homme-femme. Autant de sujets sur lesquels ont planché pendant plusieurs mois ces six Rwandais et six Congolais, autant d’hommes que de femmes, pour trouver des solutions simples et concrètes aux problèmes économiques des jeunes de la région. Au fil des discussions se dessinent, en creux, les inquiétudes de ces je-unes dont le quotidien est empoisonné par des conflits nés avant eux. « Après le génocide, il est très important de rap-procher les jeunes des deux ethnies, estime Furaha Hakizima-na, participante Rwandaise de 27 ans.

«Futurs leaders »

Car, dans la région, l’instabilité politique pèse beaucoup sur l’économie et le climat des affaires, et contribue à entretenir le paradoxe congolais : malgré une croissance de plus de 9 % en 2014, selon le FMI, et d’immenses ressources naturelles, 82 % de Congolais vivent sous le seuil de pauvreté absolue (1,25 dollar par jour et par personne), un taux parmi les plus élevés du monde.

Sur les rives du lac Kivu, douze jeunes Rwandais et Congolais se sont rassemblés fin novembre 2015 dans un but : se faire entendre par les autorités pour améliorer la situation économ-ique des jeunes au Rwanda et en République démocratique du Congo (RDC) et, à terme, tourner la page de vingt ans de guerre dans la région des Grands-Lacs.

Le lac Kivu scintille sous le soleil de Goma, malgré la saison des pluies. Ce lac, « un des plus beaux endroits du monde », selon Séverine Losembe et Baptiste Raymond. Cette Congo-laise de 23 ans et ce Français de 27 ans sont en plein Dialogue rwando-congolais, une initiative qu’ils ont créée en janvier 2015 entre Paris, New York et Goma. Avec l’intime conviction que la paix passe par les jeunes et leur intégration à l’écono-mie régionale.

Ils ont réuni douze jeunes membres de la société civile – étudiants ou militants, et souvent les deux – afin qu’ils élab-orent des recommandations sur les sujets qui les touchent le plus. Le rapport final sera remis directement aux autorités lundi 15 février.Les participants se sont réunis à Goma, la grande ville de l’Est et capitale de la province du Nord-Kivu, frontalière du Rwan-da. Une frontière poreuse, un espace d’échanges intenses dans lesquels le Rwanda voisin est omniprésent.Conflits chroniques aux relents ethniques

Ici, l’économie fleurit de part et d’autre de la frontière, Rwan-dais et Congolais la traversent tous les jours, pour voir de la famille ou faire des affaires, en dépit de tout ce qui s’est passé », décrit Séverine, qui a grandi à Kinshasa avant d’émigrer aux Etats-Unis, où elle est devenue avocate. Mais les obstacles restent réels, notamment pour les jeunes, et la pauvreté ten-ace. Car la région des Grands-Lacs – et l’est du Congo en par-ticulier, à la frontière avec le Rwanda, le Burundi et l’Ouganda – est ravagée par la guerre, la pauvreté, et de fortes tensions ethniques depuis plus de vingt ans.

Rwanda : un goupe de jeunes pour réconcilier le Congo-Kinshasa et le Rwanda

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8 Dialogue Rwanda-Congo Kinshasa

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ENTR

EPR

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9 Europe Economie

Avenir du continentTotal face aux prix bas du pétroleLCertes le bénéfice ajusté de Total a baissé de 18% en 2015, mais le français fait mieux que ses concurrents, dans un contexte difficile où le baril a chuté de 50%..

P Patrick Pouyanné, le PDG de Total, en juin 2015. “On est meilleur que tous nos concurrents, c’est la première fois dans l’histoire du groupe” a-t-il déclaré ce 11 février 2015. ERIC PIERMONT / AFP.

l’an dernier, dus essentiellement à des départs à la retraite non remplacés. Le PDG n’a rien dit sur les départs à la retraite de cette année, se contentant de communiquer sur les embauch-es (1800 postes).

Les investissements de Total qui atteignaient 26 milliards de dollars en 2014 ont fortement décru. Ils se sont élevés à 23 milliards l’an dernier et devraient atteindre 19 milliards cette année. Le pétrolier qui a démarré neuf champs l’an dernier espère cette année une hausse de production de 4% à 2,2 millions de barils/jours. Cinq projets gaziers seront lancés lors des prochains mois, dont en fin d’année le fameux champ de Kashagan au Kazakh-stan. Un gisement gigantesque qui devrait produire 370.000 barils/jours et dont Total détient 16,8%. Côté exploration, le groupe ré-duit la voilure. Il y consacrera tout de même 1,5 milliard de dollars cette année, soit 50% de plus que BP et Chevron. “La meilleure stratégie pour une entreprise pétrolière, c’est de lanc-er des projets quand les coûts sont bas”, dit le successeur de Christophe de Margerie. Car lorsque le marché va se retourner on en pro-fitera.”

Préparation pour le rebond

Le PDG de Total qui n’est “pas Madame Soleil” ignore quand le prix du brut remontera. Il s’est toutefois montré relativement optimiste car la surcapacité actuelle n’est “que” de 2 millions de baril/ jours soit 2%.

“Rien à voir avec la crise de 1985 quand il y avait 3 à 4 millions barils de trop sur un marché de 60 millions, soit 6 à 7% de surproduction.” Patrick Pouyanné estime qu’il faudra remplac-er 25 millions de barils d’ici cinq ans: 20 mil-lions provenant du déclin de la production et 5 millions pour subvenir à la hausse de la demande.

On est meilleur que tous nos concurrents, c’est la première fois dans l’histoire du groupe.” Patrick Pouyanné n’est pas homme à avoir le triomphe modeste. En présentant les résultats 2015 de Total ce matin, le PDG a insisté sur la résil-ience de son groupe dans un contexte difficile où le baril a chuté de 50%. Le bénéfice ajusté du français a chuté de 18% à 10,5 milliards de dollars quand celui des autres majors plongeait de 45%, sa génération de cash flow a baissé de 20% contre une chute de 35% pour ses rivaux, la rentabilité sur capital est à 11,5% quand le meilleur de ses concurrents (ExxonMobil) est à 10%. Enfin, sa production a cru de plus de 9,4% quand celle des majors oscillaient entre -3% et +3%

Pour Patrick Pouyanné , c’est la stratégie de modèle intégré – explorateur, producteur, transformateur, distributeur – qui explique ce bon résultat. La di-vision raffinage chimie qui a été restructurée est d’ailleurs le premier contrib-uteur au bénéfice. “Elle génère 45% du cash flow, a dit le PDG.

L’aval, c’est la bonne surprise de l’année. En 2011, on était les derniers de la classe. Aujourd’hui, on est les premiers avec une rentabilité sur capitaux de 32%.” Les deux autres raisons de la bonne tenue de Total

tiennent à la hausse de la production, due essentiellement au gain de la concession d’Abu Dhabi, et aux diminutions des dépenses qui avaient été entamées avant la crise, dès 2014. L’an dernier, les économies ont atteint 1,5 milliard de dollars, alors que l’objectif initial était d’1,2 milliard.

La baisse des coûts va se poursuivre. Total vise 2,4 milliards de dollars cette année, dont les deux tiers dans l’amont, et 3 milliards en 2017.

Les investissements en baisse

“Il n’y a pas de licenciements cachés derrière ces chiffres, a tenu à préciser Patrick Pouyanné. Les salariés de Total ne sont pas une variable d’ajustement.” Comme il l’avait annoncé, 2000 postes ont été supprimés.

m Suite à la baisse des investissements, les nou-veaux projets n’ont représenté que 500.000 barils/jour l’an dernier. Soit presque rien. On a assisté à seulement deux lancements signifi-catifs, l’un en Norvège, l’autre dans le golfe du Mexique. “A 30 dollars le baril, il n’y aura pas beaucoup plus (de lancements) cette année”, note le patron de Total. (…) millions de barils et plutôt 10 millions que 5.”

« Il n’y a pas de licenciements cachés derrière ces chiffres, a tenu à préciser Patrick Pouyan-né. Les salariés de Total ne sont pas une var-iable d’ajustement »

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Le PDG de la SAA, Nacer Saïs (à gauche), et le DG de Renault Algérie, Guil-laume Josselin (à droite)?

Partenariat pour la prise en charge directe des réparationsRenault Algérie et la Société algérienne d’assurance (SAA) ont signé une convention de partenariat qui permet une prise en charge di-recte des réparations de véhicules sinistrés du groupe Renault pour ses clients.

Avec ce contrat, les clients de ces deux entités n’auront désormais au-cune démarche à entreprendre une fois le sinistre arrivé, puisque Renault se charge des réparations dans ses ateliers et la SAA règle directement la facture de ces réparations au concessionnaire.

En effet, selon les termes de cette convention, les clients de la SAA pour-ront faire réparer leur véhicule de marques Renault et Dacia dans les at-eliers carrosserie de Renault Algérie en bénéficiant du système du tiers payant.

La prise en charge des démarches administratives au sein des ces ateliers est également prévue par ce partenariat. Cependant, seuls les clients dis-posant d’une assurance tous risques sont éligibles à ce traitement. Cette démarche représente une rupture avec les processus actuels de prise en charge des sinistres, en permettant aux clients de la SAA de se présent-er directement aux ateliers de Renault sans se soucier de toute autre démarche administrative. Elle démontre également l’intérêt porté par ces deux entreprises pour la qualité de service. Pour les deux partenaires, cet accord va contribuer à améliorer encore davantage l’image de marque des deux entreprises, qui sont, chacune de son côté, leader dans son domaine : la SAA est leader dans le marché des assurances automobile, avec 32% de parts de marché, alors que Renault détient 36% de parts du marché automobile.

«D’autres actions seront réalisées à l’avenir et notre objectif est de faire des prestations de la SAA des prestations de qualité conformes aux standards internationaux», a-t-il indiqué. Sur un autre plan, le PDG de SAA nous a révélé que le projet du système bonus-malus est bien avancé. «Nous sommes en train de finaliser un document portant sur un nouveau système d’assurance automobile», a-t-il affirmé. «Dans ce processus, qui devrait être prêt au plus tard début 2017, les deux conducteurs signent le même document pour ne pas tomber dans des déclarations contradic-toires», a-t-il souligné.

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10ILS ONT DIT

« Nous nous réunissons trop souvent, nous parlons toujo-urs trop, mais nous n’agissons pas assez et parfois pas du

tout. »IDRISS DEBY

Président Tchadien

« L’Afrique manque de compétences, Il faut les fonc-tionnaires de l’immigration, il nous faut du courage, il nous

faut travailler et oser. »

DLAMINI ZUMA,Président de la Commission

de l’UA 2015

« Dans la dynamique des changements politiques, bien souvent ces femmes pauvres et analphabètes ont joué un

rôle majeur »ELIKIA M’BOKOLO,historien congolais

« les ethnies sont en grande partie des inventions

coloniales »

JEAN LOUP AMSELLE,Ethnologue français

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plus généralement, sur l’incapacité de l’Union africaine à prendre des sanctions contre les gouvernements dont le com-portement menace la stabilité du con-tinent. Sans compter que l’attitude de l’Union dénote d’une absence totale de solidarité vis-à-vis du peuple burundais en souffrance. Ce qui, forcément, altère la confiance des autres peuples du con-tinent envers l’organisation panafricaine.

Des constats, des condamnations. Vous savez bien, pourtant, que tout cela n’a plus aucun effet sur les di-rigeants de ces pays...

Peut-être. Mais le temps est compté pour les attitudes qui consistent à se désin-téresser du sort des populations. Il n’est d’ailleurs pas exclu qu’à une échéance pas si éloignée que cela, les mouvements de la société civile finissent par prendre le pouvoir au niveau des nations, parce qu’ils inspirent davantage confiance que les dirigeants politiques..

Vous n’imaginez tout de même pas des coups d’Etat de la société civile !

De gré ou de force, l’Afrique atteindra le moment où ce sont les populations qui choisiront comment et par qui elles veu-lent être gouvernées.

Dossier Gouvernance11

Interview Jean-Baptiste Placca

Lorsque l’afrique aspire à être bien gouvernés

Rarement les peuples africains auront autant aspiré à être bien gouvernés. Et par des dirigeants qui, non seulement les respectent, mais sachent aussi les aimer un peu.

Le sommet de l’Union africaine s’est achevé, dimanche 31 janvier à Ad-dis-Abeba, sur un certain nombre de décisions qui laissent perplexes et sur quelques absences (de décisions) troublantes. Au même moment, à Ouagadougou, des organisations de la société civile, réunies dans une alli-ance dénommée « Tournons La Page », concluaient un séminaire panafricain par quelques questions pertinentes sur le respect, par les dirigeants, des engagements qu’ils ont ou qu’ils devraient avoir vis-à-vis de leurs peu-ples. En quoi Ouagadougou était-il plus intéressant qu’Addis-Abeba ?

« Tournons La Page », précisons-le, se définit comme un mouvement citoyen transcontinental. C’est une alliance de divers mouvements de la société civile, réunis pour la défense des droits hu-mains et de la démocratie sur le conti-nent. Au séminaire panafricain qui s’est tenu du 25 au 29 janvier à Ouagadougou, on dénombrait quelques mouvements emblématiques, tels « Y en a marre » du Sénégal, « Filimbi », de RDC et « Le Balai citoyen », du Burkina. « La Page », qu’il est question de tourner ici est aussi celle de certaines incongruités qui ponctuent régulièrement les sommets de l’Union af-ricaine (UA). Comme, par exemple, l’élec-tion du Burundi et de la RDC au Conseil de Paix et de Sécurité de l’UA. Un choix dénoncé comme inopportun.

En quoi est-ce inopportun ? N’est-ce pas plutôt le fonctionnement normal des institutions, qui respectent une rotation dans les responsabilités qui reviennent aux pays membres ?

Le fonctionnement normal des institu-tions implique également un certain dis-cernement. « Tournons La Page » s’étonne que l’on intègre dans un organe appelé à se prononcer sur les crises du continent des Etats dont les gouvernements ont, eux-mêmes,

« sciemment trahi leurs engagements au sein de l’Union, mettant à mal la paix et la sécurité sur leurs propres territoires ». « Tournons La Page » estime, non sans raison, qu’en refusant de respecter les limitations légales de mandats, les chefs d’Etat du Congo et du Burundi ont, vo-lontairement, piétiné les principes de la Charte africaine de la démocratie, des élections et de la gouvernance. Pour ce mouvement, le passage en force de Pierre Nkurunzinza à l’élection prési-dentielle de 2015 a initié une spirale de violence de plus en plus incontrôlable, dans laquelle la menace du génocide est désormais avérée.

Vous savez bien que le gouvernement burundais réfute toutes ces affirma-tions sur un risque de génocide. Et à Bujumbura, on explique que c’est en raison de la structuration de l’armée, de la police comme du gouverne-ment…

Il n’empêche. « Tournons La Page » sout-ient que la population burundaise subit une répression féroce, des exécutions et des arrestations arbitraires quotidiennes, dont les auteurs et commanditaires jou-issent d’une impunité totale. Si tout cela n’est pas grave, alors, oui, on peut tout relativiser ! Le mouvement évoque aus-si la République du Congo (Brazzaville), où les violences du mois d’octobre 2015 auraient attisé un climat de tension et de frustration au sein d’une population dont l’opinion est systématiquement méprisée par le pouvoir.

Autant de constats qui poussent les par-ticipants au séminaire de Ouagadougou à s’interroger sur l’absence de fermeté de l’UA face aux exactions du gouverne-ment burundais et, s

Jean-Baptiste Placca editorialiste RFI

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tôt en Afrique du Sud. Le groupe algérien Le Micro Brise Le Silence, ou simplement MBS, a également marqué la généra-tion hip-hop à partir 1993. Enfin Zara Moussa (ZM), la rappeu-se nigérienne, nous a paru indispensable tant ses textes en français, haoussa et djerma ont bouleversé le rap ouest-afric-ain. Parmi les pressentis : le Camerounais Ak-Sang Grave, les Gabonais de Movaizhaleine, les Sénégalais de Daara J et les Marocains de H-Kayne.

Si vous lisez régulièrement Jeune Afrique, vous en avez forcé-ment entendu parler, tant ils ont fait de leur art un message politique. Smockey, le rappeur burkinabè, est un représentant de poids de la société civile de son pays, quand El General a composé le morceau qui est considéré comme l’hymne de la révolution tunisienne. Lotfi Double kanon, très critique en-vers le pouvoir algérien, le collectif Bent al-Masarwa, qui lutte pour les droits des femmes en Égypte, et Sister Fa, qui a lutté contre l’excision en Afrique, font également partie de notre choix. Parmi les pressentis : les Gabonais de Movaizhaleine, le Sénégalais Didier Awadi, des Positive Black Soul, le Tunisien Weld El 15 ou encore Tata Pound, qui a affronté la censure au Mali dans les années 2000.

C’est l’une des catégories les plus difficiles, tant les jeunes rap-peurs sont nombreux sur le continent. Nous avons toutefois choisi le Burkinabès Joey le Soldat, qui nous paraît représent-er les promesses d’une génération, ainsi que le jeune Nigéri-an Wizkid, Doksy, l’étoile montante du rap ivoirien, et sa com-patriote Nash, et Stanley Enow, même s’il se considère déjà comme le roi du rap camerounais. Les pressentis : Amenem, Reekado Banks ou encore Tumi.

Au-delà de leur musique, ce sont également leur image qui font leur succès. Régulièrement salués pour leurs clips partic-ulièrement léchés, les Sud-Africains de Die Antwoord et les Nigérians de PSquare, qui auraient pu figurer dans les poids lourds, remportent la palme. Les accompagnent Ice Prince, Davido, deux autres rappeurs nigérians, et le Canado-Soma-lien K’Naan.

Il y avait foule aux portes de cette famille, pour laquelle les choix ont été difficiles. Difficile cependant d’écarter, dans les artistes d’origine africaine ayant construit leur succès à l’étranger, Skepta, qui a conquis la Grande-Bretagne, l’Améric-ain d’origine sénégalaise Akon, et les Français, Booba, chef de file, Gradur qui représente la relève, et Mokobé, présent depu-is deux décennies. Cela a été un crève-cœur de se séparer de Maître Gims, Youssoupha, Oxmo Puccino (qui s’est éloigné des terres du hip hop pour naviguer librement entre les styles), Passi, Blitz The Ambassador ou encore le petit dernier, MHD.

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Musique : les 7 étoiles du hip hop qui Font Vibrer l’Afrique

Ce n’est pas un exercice facile mais Jeune Afrique n’a pas peur d’aller au clash ! En ce début d’année 2016, nous avons voulu dresser le portrait, forcément subjectif, du rap africain. Le voi-ci, sous forme d’un jeu des sept familles, de l’Algérie à l’Afrique du Sud, en passant par le Sahel, l’Afrique de l’Ouest et l’Afrique centrale.

Que vous l’écoutiez en Europe, aux États-Unis ou sur le conti-nent, vous ne pouvez pas vous y tromper : les Africains n’ont jamais été aussi influents dans le rap game mondial. Bien sûr, les Nigérians ont sans doute un temps d’avance, tout comme les Sud-Africains, qui ont depuis de nombreuses années des liens affirmés avec les États-Unis.

Mais que dire des références sénégalaises, ivoiriennes, cam-erounaises ou maghrébines ? Elles sont nombreuses, parfois impliquées politiquement, quelques fois « bling bling », sou-vent représentatives d’une jeunesse en ébullition, connectée et ouverte aux influences extérieures sans se couper de ses racines. Car c’est bien le succès de cette scène hip-hop du continent : être à la fois africaine et mondiale.

Les artistes lours

Si leur nom ne vous dit rien, c’est que vous avez encore du chemin à faire dans le monde du rap ! Le Ghana et le Nigéria sont logiquement bien représentés, avec Sarkodie, l’un des artistes les plus riches d’Afrique, Olamide, et la seule représentante féminine, Eva Alordiah. Les accompagnent les cinq Ivoiriens de Kiff No Beat, incontournables, et la pépite sud-africaine Cassper Nyovest. Die Antwoord et PSquare au-raient sans doute mérités d’y être mais ils figurent dans une autre famille.

Parmi les pressentis : le Sud-Africain AKA, le Camerounais Jovi, dont le dernier album est une réussite incontestable, ou encore Tumi, né en Tanzanie mais sans doute encore un peu tendre, et la Mozambicaine Dama Do Bling.

Vous pourriez avoir oublié leurs noms. Mais ce serait une erreur. Ils ont marqué l’histoire du rap africain chacun à leur manière. Né à Yaoundé en 1995, Negrissim’ était incontourn-able, tout comme le duo sénégalais des Positive Black Soul formé en 1989 à Dakar et Prophets of Da City, né un an plus

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Hip-pop Musique

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Le rôle des milices en Libye : l’État face à l’économie de prédation

Intervention de M. Moncef Kartas, chercheur à l’Institut de hautes études internationales et du développement de Genève, auteur du rapport de Small Arms Survey intitulé « Sur le fil ? Le trafic et l’insécu-rité à la frontière tuniso-libyenne », au colloque “La Libye” du 26 oc-tobre 2015.

M. Boniface nous a dit que l’intervention en Libye avait été mal préparée. Je dirai que l’état de crise et le conflit armé très violent qu’on déplore aujo-urd’hui en Libye sont le résultat d’une gestion de la transition, dès avant la chute du régime Kadhafi, à la fois très naïve et basée sur une méconnais-sance des structures, de la politique sécuritaire et surtout de la Libye.

La plupart des intervenants s’accordent pour dire qu’il n’y avait pas d’État et quasiment pas d’institutions en Libye. Ce constat largement partagé au-rait dû entraîner la question : Comment intervenir dans une région, dans un espace où il n’y a pas d’État ? Qu’est-ce qui nous attend là-bas ?

En réalité, on ne peut pas parler de vide politique dans la Libye de Kadhafi. Il y avait un ordre politique incarné, comme l’a dit mon collègue, par « les hommes de la tente ». Ce qui est important pour comprendre la Libye de Kadhafi n’est pas tant le tribalisme que la « bédouinisation » de la politique libyenne. À la différence du tribalisme, le point de vue bédouin privilégie l’aspect clanique. Autre élément important, dans le tribalisme les rapports hiérarchiques sont importants alors que, dans la culture bédouine, les re-lations hiérarchiques sont au contraire beaucoup plus plates. C’est ce type de relations qu’on observait en Libye.

Avec la chute de Kadhafi, la première chose que je m’attendais à voir était l’éclatement de cet espace, de cet État à qui on avait donné une souve-raineté légale internationale bien qu’il fût complètement artificiel au mo-ment où il avait été créé. Le grand problème de Kadhafi lui-même était la maîtrise des instruments sécuritaires de son pouvoir, c’est-à-dire des insti-tutions de violence légitime dont il disposait pour contrôler la population et le territoire de la Libye. Dans le processus historique de la formation des États, l’un des facteurs clefs est la capacité de contrôle par le pouvoir de ces institutions de la violence légitime [1], des institutions sécuritaires.

En Libye, on a vu au cours du règne de Kadhafi une paramilitarisation, une fragmentation tou-jours plus importante des corps armés, des forc-es sécuritaires. Il y avait donc une multitude de groupes armés en Libye, tous légitimés par l’or-dre, même si les compétences, les hiérarchies, n’étaient pas toujours très claires surtout d’un corps à l’autre.

Il est très intéressant d’étudier la dynamique que les armes ont représentée dans ce mouvement. Au tout début de la révolution, à l’est surtout, les révolutionnaires avaient principalement des armes prélevées dans les casernes de l’armée nationale libyenne. Mais il ne faut pas s’imaginer l’armée nationale libyenne comme une grande armée bien équipée. Il y avait les brigades d’élite spécifiquement en charge de la protection du régime Kadhafi mais l’armée nationale libyenne avait été progressivement écartée de ce proces-sus à travers les décennies. Les armes que les révolutionnaires avaient accaparées les avaient obligés à gérer leurs ressources militaires, en termes d’armes, de la façon la plus efficace pos-sible. Cela avait contribué à créer un semblant de cohésion dans ce groupe révolutionnaire.

Mais, surtout après la chute de Kadhafi, à la fin du conflit, quand il y eut le moins d’engage-ments armés, on vit l’augmentation du nombre de groupes armés. En effet, la population, les dif-férents groupes, ont eu accès aux armes. Ensuite, la création d’un groupe armé, l’appartenance à un tel groupe, est devenu une façon de s’impos-er dans le futur paysage politique libyen. Si l’on considère que la seule ville de Misrata compte plus d’une centaine de groupes armés et de bri-gades, certaines très grandes, on peut imaginer le nombre de groupes armés, de tailles très dif-férentes, qui sont présents en Libye aujourd’hui. C’est l’accès à un nombre énorme d’armes qui a provoqué cette fragmentation en une multitude de groupes armés.

C’est mon inquiétude principale. Je pense qu’il faudrait maintenant avoir une réflexion qui aille au-delà de ce projet d’accord et se préoccuper beaucoup plus de la façon dont on peut agir sur le local. Il faut trouver des stratégies qui permet-tent très vite de travailler ville par ville, village par village, sur la manière de s’allier avec chaque groupe pour commencer à les aider à dével-opper les institutions de violence légitime qui permettraient progressivement le contrôle du territoire. Je préconise une reconstruction par le bas car il me semble illusoire d’espérer qu’une solution « d’en haut » se traduise « en bas ».

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Libye Crise

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La remise des clés de 13 700 logements sociaux au citoy-ens GabonaisLe Ministre Gabonais de l’urbanisme et du logement, Mon-sieur Désiré Guedon, a remis symboliquement le 5 février dernier aux premiers attributaires du programme des 13 700 logements sociaux en cours de construction la clé de leur nouveau logement. Deux semaines après s’y être engagé à l’occasion de la cérémonie d’attribution qui s’est déroulée en présence d’un huissier de justice, il aura donc tenu parole devant un parterre de bénéficiaires réjouis de l’aboutisse-ment heureux de leur démarche.

En présence du Directeur général de la Société nationale du logement social (SNLS) et des responsables de l’Agence na-tionale des grands travaux d’infrastructures (ANGTI), les futurs locataires de ces logements sociaux sont venus nombreux pour signer leur contrat de location puis visiter leur logement avant l’occupation effective de celui-ci..

« C’est donc un jour particulier pour chacun des 233 premiers bénéficiaires qui ont fait l’objet de notre invitation de ce jour, car il s’agit de la matérialisation d’un vœu cher à Monsieur le Président de la République, Chef de l’État, Son Excellence Ali BONGO ONDIMBA, celui de l’accès au logement pour tous, de l’égalité des chances », a déclaré le Ministre de l’urbanisme et du logement, Monsieur Désiré Guedon, lors de son allocution devant les bénéficiaires.

Par ailleurs un guichet unique permanent a été installé en plein cœur du lotissement Alhambra afin de simplifier les for-malités liées à l’emménagement des nouveaux locataires. Ce guichet comprend la Société nationale du logement social (SNLS), l’Agence nationale des grands travaux d’infrastruc-tures (ANGTI), la Société d’énergie et d’eau du Gabon (SEEG) et les banques.

Les futurs locataires du lotissement Alhambra profiteront également du programme de compteurs électriquessociaux, qui permet d’acquérir à un moindre prix son compteur et d’étaler son remboursement dans le temps.

ILS SONT AU SOMMET CETTE SEMAINE 15

ILS SONT EN BAISSE

IDRISS DEBYDésigné « nouveau président en exercice de l’Union Africaine samedi à Addis Abeba.M. Déby, qui occupera la présidence tour-nante de l’organisation continentale pen-dant un an.

LAURENT GBAGBOCPI « ils plaidé non coupable jeudi 28 janvi-er des faits reprochés. La Cour examinait ce vendredi matin, les détails de l’accusation. s.

AMADOU MAHTAR BADésigné « membre du groupe de travail de haut niveau de l’initiative sur l’autono-misation économique des femmes. Cette nomination est rendue publique par le secrétaire général de l’ONU, Ban Ki Moon.

ISSOTA NCHAREDésigné « Le nouveau secrétaire général de la Conférence interafricaine des marchés d’assurances (Cima), le camerou-nais Issofa Ncharé, a officiellement pris les rennes de l’instance fin janvier à Libreville, en remplacement de Jean-Claude Ngbwa

GUILLAUME SORO

débute est un exercice périlleux, même si les élections, les crises dont l’épilogue se fait attendre ou les événements sportifs et culturels mettront certainement en avant des protagonistes bien connus.

TOKYO SEXWALELa Fédération sud-africaine de football (SAFA) a demandé à son candidat Tokyo Sexwale, seul Africain à se présenter à la présidence de la Fifa, de venir s’expliquer sur la trop discrète campagne qu’il mène en vue de l’élection du 26 février, à Zurich.

PIERRE NKURUNZIZA« l’attitude du pouvoir de Bujumbura, fer-mé à toutes les voies de médiation que sur les solutions envisagées par l’institution communautaire pour régler le problème.

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Issofa Ncharé , prend officiellement fonction

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Le Belge Hugo Broos a été nommé samedi sélectionneur des Lions indomptables, l’équi-pe nationale du Cameroun de football, a an-noncé la Fédération camerounaise de football (Fécafoot) sur son site internet.

Aucune précision n’a été donnée sur la durée du contrat du Belge. « Il aura comme adjoints Sven VandenBroek, Alexandra Belinga et Al-ioum Boukar qui, lui, est chargé des gardiens de but », a souligné la Fédération.

Hugo Broos commence sa carrière au KFC Humbeek. À 18 ans, il est repéré par le RSC Anderlecht. Très vite il s’impose au cœur de la défense bruxelloise qu’il ne quittera plus pendant 12 ans. Aussi avec l’équipe nationale belge, il devient vite incontestable (24 Caps pour 31 sélections). Hugo Broos gagne trois ti-tres avec Anderlecht, ainsi que quatre coupes de Belgique et trois coupes d’Europe. En 1983, il décide de changer d’air et à la stupeur générale, il rejoint le FC Bruges avec lequel il remporte un titre et une coupe de Belgique.

À 36 ans, il raccroche les crampons et devient assistant de Paul Van Himst au RWD Molen-beek avant de passer entraîneur principal la saison suivante. Ses débuts sont difficiles et le club descend en division 2 avant de remont-er la saison suivante. En 1991, il revient au FC Bruges comme entraîneur. Il remporte deux coupes de Belgique et deux titres avec Brug-es avant de prendre congé du club en 1997. Il rejoint Mouscron avant de retourner au RSC Anderlecht en 2002.

En février 2005, il est licencié en raison de mau-vais résultats. Il remplace quelques mois plus tard René Vandereycken au KRC Genk jusqu’en février 2008 à la suite de l’accumulation de

mauvais résultats par son équipe. En juin 2009, il prend la direction de Trab-zonspor. Il est limogé le 23 novembre 2009 pour mauvais résultats. Il retrouve un employeur en octobre 2010 en signant à Zulte-Waregem.

En août 2011, Hugo Broos tente sa chance à l’Al-Jazira Club aux Émirats ara-bes unis. Il devient adjoint de son compatriote Franky Vercauteren qui avait lui-même été l’adjoint de Broos à Anderlecht quelques années auparavant5.

En juillet 2014 il devient entraîneur en chef de la js kabylie. Il démissionne 2 mois plus trad, à la suite d’un malentendu avec le président du club.

À la mi-novembre 2014, Broos devient l’entraineur d’un autre club algérien, le NA Hussein-Dey. Il est limogé du club le 15 février 2015 pour manque de résultat, le club étant avant-dernier du championnat algérien.

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Un grand flou entoure la date arrêtée pour les législatives. Prévu à l’or-dre du jour du Conseil du gouvernement du jeudi 28 janvier, le projet 2.6.69 de décret fixant date des élections de la Chambre des représentants (les législatives, donc) sus-cite les interrogations. Si nous savons qu’un décret viendra, demain jeudi, mettre fin au sus-pense entourant à

L’ÉNIGME MAROCAINE

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la date des élections lég-islatives, nous ne con-naissons toujours pas la date exacte à laquelle se-ront tenues ces élections. Contacté par le HuffPost Maroc, le porte-parole du gouvernement et ministre de la Commu-nication Mustapha El Khalfi nous a déclaré que “le décret n’est pas en-core là”. Il indique, en re-vanche, que “le Chef du gouvernement

a précédemment déclaré que les élections auront lieu durant la première semaine d’octobre.” Si la date d’octobre se confirme, Abdelilah Benkirane se sera donc conformé au texte con-stitutionnel qui, dans son article 62, dispose que “les membres de la Chambre des représent-ants sont élus pour cinq ans au suffrage universel direct.

Hugo Broos, nouvel entraineur des Lions indomptables?

Président Issa Hayatou de la CAF, Son Excellence le Président Paul Kagame de la Répub-lique du Rwanda et Gavi CEO Dr Seth Berkle k

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Présidentielle au Bénin : pour qui roule Vincent Bolloré ?

Le groupe Bolloré a pour réputation de ne jamais soutenir au-cun candidat dans les élections africaines, tant l’exercice est risqué. Et peut-être aussi parce que le poids considérable qu’a désormais pris le groupe français en Afrique, avec notamment sa présence dans une trentaine de ports, lui permet d’engag-er le dialogue après coup avec les nouveaux élus, quels qu’ils soient.

Or, depuis que le groupe Bolloré est devenu le promoteur du projet de boucle ferroviaire de 3 000 km censée relier Cotonou à Abidjan en passant par Niamey et Ouagadougou, il semble tenté par quelques exceptions à la règle qu’il s’était donnée de se tenir à distance des campagnes électorales. En partic-ulier au Niger et au Bénin, deux pays où les travaux pour la boucle ferroviaire ont commencé et qui organisent leur élec-tion présidentielle respectivement le 21 février et le 28 février

Au Niger, le président sortant Mahamadou Issoufou, qui as-pire à un second mandat, a pesé de tout son poids pour per-mettre au groupe Bolloré de commencer la construction de 143 km de rails entre Niamey et Dosso avant même d’avoir signé l’accord de concession. En retour, le groupe Bolloré a aligné le calendrier du chantier sur les échéances du prési-dent, avec une première inauguration à l’été 2015 pour la célébration de l’indépendance et une seconde le 29 janvier, pour le lancement de la campagne présidentielle de Maham-adou Issoufou. Un convoi a alors parcouru la distance entre les deux villes, saluant les populations massées sur les quais et faisant monter à bord chefs traditionnels et élus locaux.

Epine dorsale contre Blueline

Au Bénin, les enjeux du groupe français sont également très importants. Depuis novembre 2015, Bolloré est sous le coup d’un arrêt de la cour d’appel de Cotonou lui interdisant de poursuivre les travaux ferroviaires entre les deux pays. Le groupe Petrolin, du milliardaire béninois Samuel Dossou, estime en effet avoir des droits sur ce trajet. Il fait valoir une notification d’attribution de concession que son pays et le Ni-ger lui avaient accordée en 2010 à la suite d’un appel d’offres remporté par son projet, Epine dorsale.

Le groupe de Vincent Bolloré s’est pourvu en cassation, une procédure qui devrait aboutir au plus tôt au second semes-tre. Mais son destin au Bénin dépendra aussi du résultat de la présidentielle.

Trente-six candidats s’affrontent au premier tour, le 28 février, dont certains ouvertement hostiles au groupe français. D’au-tres affirment vouloir engager immédiatement, s’ils sont élus, des procédures judiciaires contre le président Thomas Boni Yayi, pour différentes affaires, y compris son retournement spectaculaire en matière ferroviaire. Durant son premier man-dat, de 2006 à 2011, Thomas Boni Yayi avait appuyé l’Epine dorsale de Samuel Dossou. Durant son second et dernier mandat, de 2011 à 2016, et en particulier depuis la fin 2013, il a fait sien le projet Blueline de Bolloré.

Dès lors, quel rôle pour Bolloré dans la campagne béninoise ? Officiellement aucun. Mais c’est l’agence Havas qu’il faut scruter, contrôlée depuis 2005 par le groupe et dont le pa-tron est Yannick Bolloré, 36 ans, fils de Vincent. En 2011, Ha-vas avait fait la campagne de Thomas Boni Yayi. En 2016, les observateurs s’attendaient à ce que le sixième groupe pub-licitaire mondial travaille pour le premier ministre Lionel Zin-sou, dauphin de Boni Yayi. De plus, sitôt nommé à la tête du gouvernement en juin 2015, Lionel Zinsou avait accéléré les procédures en vue de signer, le 13 août, les conventions de concession d’exploitation et de construction des infrastruc-tures du chemin de fer Niamey-Cotonou par le groupe Bol-loré.

Or c’est la campagne de l’homme d’affaires Sébastien Ajavon que l’agence Havas a prise en main. Cet homme de 51 ans, dix-septième fortune d’Afrique subsaharienne francophone, est à la tête du groupe Cajaf-Comon et préside le patronat béninois après avoir transformé la modeste poissonnerie de sa mère en un véritable empire agroalimentaire. Il est d’ail-leurs le candidat qui monte. Meetings politiques dans les stades, les villages ou les grands hôtels, programme déroulé en dix points, sens de la répartie, alliances politiques avec les élus du Nord, mise en narration de son parcours personnel : Sébastien Ajavon est en train de faire un sans-faute dans la campagne, sans doute grâce au savoir-faire de Havas.

Campagne par agences de pub interposées

Au siège de l’agence à Paris, on confirme le mandat pour Sébastien Ajavon, sans plus de commentaires. De fait, la main de Havas s’est fait sentir dès le premier meeting, très réussi, du candidat, le 3 janvier, qui a rempli le stade de l’Amitié de Cotonou. « Difficile d’imaginer que la décision d’Havas de faire la campagne d’Ajavon n’a pas été validée au sommet, par Vincent Bolloré en personne », commente un connaisseur du groupe.

L’impulsion donnée à la campagne Ajavon a contraint Lionel Zinsou à réagir. Fin janvier, il confiait sa propre campagne à l’agence Voodoo Communication de l’Ivoirien Fabrice Sawe-gnon, « qui a réussi treize de ses quatorze campagnes élec-torales », veut préciser un proche du premier ministre. Dont celle de Roch Marc Christian Kaboré, au Burkina Faso, fin novembre 2015 et celle d’Ibrahim Boubacar Keïta au Mali, en 2013. L’agence, sise à Abidjan, a notamment fait les deux campagnes victorieuses d’Alassane Ouattara avec, à chaque fois, un slogan qui a marqué les esprits : « ADO solutions ! » en 2010 et « Un coup K.O. » en 2015.

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L’Egypte fait la promotion de l’utilisation des panneaux solaires

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Le gouvernement a mis en place un système de rémunération en faveur des ménages qui consentent à investir dans l‘énergie solaire.

L’Egypte, la porte du Proche-Orient se situe dans la ceinture du soleil. Traduction : le pays pour-rait manquer de toutes les matières premières mais pas de l’ensoleillement. Depuis deux ans, les Egyptiens qui le souhaitent peuvent vendre leur production aux fournisseurs traditionnels d‘énergie électrique. L’objectif est de rendre le pays moins dépendant de l‘énergie pétrolière qui pèse lourd sur le budget national notam-ment en termes de subventions. Une bonne nouvelle pour les défenseurs de l’environne-ment et une opportunité à saisir pour l’ensem-ble du secteur du solaire… en commençant par les banques.

“Le problème est que nous achetons l‘équiva-lent de 25 ans d‘électricité aujourd’hui, explique Yassine Abdel Ghaffar, PDG de SolarizEgypte. Nous avons acheté l’ensemble du système. Ce que nous avons pu faire au cours de la dernière période, c’est que nous avons introduit le sec-teur bancaire pour financer les stations solaires. Il y a un avantage financier où le propriétaire paie le coût de la station sur sept ans à plusieurs reprises sans versement initial. Cela nous a aus-si permis de terminer 35 projets au cours de la dernière période.

Le marché des systèmes solaires en Egypte est dominé par de grands groupes internationaux. Difficile pour les PME locales de se faire une place dans cette jungle,

indique Khaled Gasserqui, un entrepreneur qui dirige l’Association pour le développement de l‘énergie solaire en Egypte.

“Il ne fait aucun doute qu’il y a une réussite mais nos ambitions sont beau-coup plus élevées. Le gros problème auquel nous faisons face à l’heure actu-elle c’est que l’Etat est préoccupé par un mégaprojet d‘énergie solaire. L’Etat cherche à obtenir de gros investisseurs pour faire d‘énormes investissements dans les grands projets. Mais il y a un repli des petites et moyennes entrepris-es. Les PME pourraient être en mesure de créer le changement nécessaire.”

Avoir accès à l‘énergie solaire est de plus en plus à la portée des entreprises qui s’engouffrent progressivement dans la brèche. Le gouvernement égyp-tien compte investir davantage dans les énergies renouvelables – solaire et éolienne – pour atteindre une production combinée de 4 300 Mégawatts d’ici trois ans.

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Les footballeurs congolais ont remporté le Championnat d’Afrique des nations de foot-ball pour la deuxième fois, en battant les Ma-liens 3-0 en finale, dimanche à Kigali, sous une pluie battante et dans un stade plein à craquer.

La République démocratique du Congo victo-rieuse du Chan pour la deuxième fois de son histoire. Les Léopards ont remporté dimanche 7 février à Kigali le Championnat d’Afrique des nations en battant le Mali 3-0 en finale. La RDC avait déjà remporté la première édition de ce-tte compétition réservée aux joueurs africains évoluant sur leur continent, en 2009, en Côte d’Ivoire.

Le retour des vestiaires à la seconde mi-temps a donné l’occasion à la recrue du Tout-puissant Mazembe de montrer sa suprématie. Le dou-blé de Meshack sur un crochet à la 62e minute donnait de l’assurance à l‘équipe. Les efforts du Mali n’auront malheureusement pas arrêté les léopards qui ont triplé la mise à la 76e min-ute sur un tir de Lomalisa.

Sous une pluie battante et dans un stade plein à craquer, la RDC a ouvert le score sur un but construit seul par l’ailier gauche Elia Meschak, qui a débordé sur son côté puis expédié le ballon dans la lucarne opposée (29e). Celui-ci a réussi un doublé à la 62e minute, sur une passe en profondeur de Yannick Bangala dans le dos de la défense.

Le défenseur Joyce Lomalisa a terminé le tra-vail en fixant la défense malienne pour centrer dans l’axe à destination de l’attaquant Jon-athan Bolingi, qui trompait le gardien d’une frappe à ras de terre (73e).

Plus tôt dans l’après-midi, la Côte d’Ivoire a battu la Guinée 2-1 dans le match pour la troisième place.

Dès le coup de sifflet final, une grande clameur est montée de la capitale congolaise, Kinsha-sa, avant de faire place à un concert de klax-ons et de cris de victoire, selon des correspon-dants de l’AFP.

Vers 20 h, la police anti-émeute a repoussé un groupe de près de 500 personnes en tirant plusieurs grenades lacrymogènes et quelques rafales d’armes automatiques en l’air, selon un photographe de l’AFP. La police a dispersé les supporters qui scandaient à Kinshasa des slo-gans hostiles au président Joseph Kabila.

Les aigles du Mali ont dû subir 90 minutes d’un jeu orienté et mené par les léopards qui ont remporté pour la deuxième fois le trophée, après celui de 2009 face au Ghana sur le score de 2 buts à 0.La Cote d’Ivoire termine troisième de cette édition, après avoir battu la Guinée sur le score de 2 buts à 1.

La Confédération Africaine de Football a dévoilé à l’issue du CHAN 2016, rem-porté par la RD Congo face au Mali dimanche, l’équipe type de la compétition.

On y trouve que des joueurs qui ont fait partie des équipes qui ont atteint la demi-finale de la compétition pour le onze titulaire, mais aussi des joueurs du Nigéria, de la Tunisie, et du Rwanda du coté des remplaçants.

Onze-type :

Ley Matampi (RD Congo), Abdoul Karim Danté (Mali), Joël Kimwaki (RD Con-go, Cheick Ibrahim Comara (Côte d’Ivoire), Mohamed Youla (Guinée),Ibrahi-ma Sory Sankhon (Guinée), Elia Meschack (RD Congo), N’Guessan Serge (Côte d’Ivoire), Hamidou Sinayoko (Mali), Jonathan Bolingi (RD Congo), Sékou Koïta (Mali)

Remplaçants :

Badra Ali Sangaré (Côte d’Ivoire), Djigui Diarra (Mali), Lomalisa Mutambala (RD Congo), Héritier Luvumbu (RD Congo), Daouda Camara (Guinée), Aka Essis (Côte d’Ivoire), Ernest Sugira (Rwanda), Ahmed Akaïchi (Tunisie), Elvis Chisom Chikataba (Nigeria), Christopher Katongo (Zambie)

Quelques 7.500 sont attendus dimanche sur la ligne de départ du marathon de Marrakech.

Pour la seconde fois les léopards remportent le trophée, sept ans après leur première victoire

22 Sport Kenya

AFRIQUE REVIEW NO 52 • DU 16 AU 22 FEVRIER 2016

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Une nouvelle semaine d’audience s’est achevée vendredi à la Cour pénale internationale dans le procès de l’ex-président ivoirien Laurent Gbag-bo et de son ex-bras droit Charles Blé Goudé pour crimes contre l’human-ité. Les travaux avancent lentement et dans un climat de tension, après la bourde de vendredi dernier lorsque la cour a fait fuiter par erreur les noms de plusieurs témoins protégés à cause d’un micro resté ouvert pendant un huis clos. Seuls trois témoins ont être interrogés depuis le début du procès le 28 janvier sur les 138 promis par l’accu-sation.

qui s’emporte. Des avocats qui re-viennent sans cesse sur les mêmes questions. Un président de tribunal qui demande aux parties d’accélérer le rythme. Le climat a été tendu cette semaine à La Haye. « Si ça continue comme ça, on va finir ce procès en 2050 », a même lâché lundi le juge Tarfusser visiblement excédé.

Il faut dire que pour lui la semaine débutait assez mal. Le juge a été con-traint d’adresser des excuses publiques au nom de la Cour après la fuite de vendredi dernier. Un incident encore présent dans les esprits. Pour preuve :

Première larmes Autre source de tension : l’insistance du principal avocat de Laurent Gbagbo à appeler son client « Président Gbag-bo ». Un terme jugé inapproprié par la représentante des victimes. Après réflexion, le juge lui donne raison. Ce sera donc « Monsieur Gbagbo ». Il n’y a pas de président qui tienne dans le prétoire.

Finalement, pour ramener un peu de solennité dans la Cour, il faudra les premières larmes de ce procès, jeu-di. Celles d’une victime de la marche d’Abobo du 3 mars 2011, dont la vois-ine est morte ce jour-là. Les audiences vont se poursuivre de lundi à mercredi. Puis le procès obser-vera une pause de trois semaines avant de reprendre.

Audiences tendues

« Monsieur le témoin, monsieur le témoin ! Attendez qu’il pose la ques-tion avant de répondre ! », rappelle sans relâche le président Cuno Tarfuss-er à P547.

Victime des événements lors de la manifestation

Victime des événements lors de la manifestation vers la Radio-télévision ivoirienne (RTI) le 16 décembre 2010, le témoin, qui dépose sous pseudon-yme parle vite, s’exprime en djoula, et s’adapte mal aux lenteurs de la Cour pénale internationale (CPI). Depuis l’ouverture du procès de Laurent Gbag-bo et de Charles Blé Goudé, le 28 janvi-er, les audiences sont tendues.

Interrogé par le procureur, Eric McDon-ald, ce militant du Rassemblement des républicains (RDR), le parti d’Alassane Ouattara, raconte avoir « entendu par-ler Soro Guillaume », alors chef des Forces nouvelles, la rébellion pro-Ouat-tara, sur la radio de l’ONU, appelant à marcher vers la RTI. Il fallait « montrer à Laurent Gbagbo, les mains nues, que nous, en tant qu’Ivoiriens, nous voulions qu’il reconnaisse qu’Alassane Ouattara était élu comme président. Nous avons pensé que cela ramènerait Laurent Gbagbo à la raison »

En se dirigeant vers la RTI, les mani-festants subissent « des tirs de lacry-mogènes ». CRS, gendarmes et gardes républicains empêchent les militants d’avancer. Blessé d’une balle dans une cuisse, P547 est encerclé, frappé au vis-age puis battu.

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Libye Politique

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Des pompiers portent le cercueil de Hocine Aït Ahmed, le 31 décembre 2015 à Alger. CRÉDITS : FAROUK BATICHE / AFP

En Algérie, des dizaines de milliers de personnes réunies pour les funérailles d’Aït Ahmed

Des dizaines de milliers de personnes ont accueilli, vendredi 1er janvier, le corps de l’opposant Hocine Aït Ahmed dans son village natal, à 160 kilomètres au sud-ouest de la capitale. Celui qui fut l’un des pères de l’indépendance de l’Algérie devait être inhumé en début d’après-midi.

La dépouille de Hocine Aït Ahmed, mort le 23 décembre à Lau-sanne, en Suisse, a été rapatriée jeudi à Alger, où l’ensemble du gouvernement lui a rendu hommage. Une veillée mortuaire avait été organisée dans la capitale au siège de son parti, le Front des forces socialistes (FFS), qu’il a fondé en 1963 après avoir rompu avec ses frères d’armes qui ont combattu la puissance coloniale française jusqu’à l’indépendance, en 1962.

A l’arrivée du cortège funèbre dans le village d’Aït Ahmed, l’am-bulance de la protection civile transportant son corps a été ac-cueillie aux cris, en kabyle ou en arabe, d’« aujourd’hui et demain, Hocine restera vivant ! » et « Algérie, libre et démocratique ! ». De nombreuses personnes tentaient de toucher le cercueil, envelop-pé du drapeau national.

Une figure historique de l’Algérie

Le président Abdelaziz Bouteflika, lui-même vétéran de la guerre d’indépendance, a décrété un deuil national de huit jours et des funérailles dignes de celles d’un chef d’Etat. Celles-ci étaient re-transmises en direct par la télévision nationale, ce qui tranche avec le sort de celui qui a été souvent malmené par les médias officiels pour son opposition au régime.

A la suite de la mort de Hocine Aït Ahmed, le président de l’Al-gérie avait rendu hommage à ce « grand homme », qui a « ac-compli avec abnégation et dévouement son devoir de militant et de moudjahid ». François Hollande, le président de la France, a salué « l’une des grandes figures historiques [de l’Algérie], artisan de premier plan de son indépendance, et acteur engagé de la vie politique ».

Aït Ahmed était le dernier survivant des neuf « fils de la Toussaint », les chefs qui ont déclenché la guerre d’Algérie contre la puis-sance coloniale française, le 1er novembre 1954.

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AG

END

A

Sundar Pichai est devenu le patron le mieux payé aux États-Unis. Le PDG de Google a reçu 199 millions de dollars en actions privilégiées (177 millions d’eu-ros) d’après un document remis aux au-torités américaines, mardi 9 février par Alphabet, la maison mère du moteur de recherche.

Il dépasse ainsi déjà John Hammergren, PDG de l’entreprise pharmaceutique McKesson, patron le mieux payé out-re-Atlantique en 2015 avec 131,2 mil-lions de dollars (117,2 millions d’euros).

Cet Indo-Américain de 41 ans détient dorénavant une participation dans Google qui s’élève à 600 millions de dol-lars (536 millions d’euros). Une somme importante qui fait, cependant, pâle fig-ure par rapport à la valeur du portefeu-ille en actions de Google d’Eric Schmidt, le directeur exécutif, qui s’élève à 3,2 milliards de dollars (2,8 milliards d’eu-ros).

Beaucoup moins que Tim Cook

Sundar Pichai, nommé à la tête de Google en août 2014 lors de la réorgan-isation.

27 Economie interview

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« le patron de Google devient l’homme le mieux payé des États-Unis »Alphabet, la maison mère de Google, a versé 199 millions de dollars d’actions à Sundar Pichai, le PDG du moteur de recherche. Il devient ainsi le patron le mieux payé aux États-Unis actuellement.

Ruth Porat, directrice financière débauchée l’année dernière de chez Morgan Stanley, a quant à elle récupéré l’équivalent de 38,3 millions de dollars d’actions. Elle les recevra elle aussi par tranches jusqu’en 2019, comme son PDG.

Nommé PDG en août 2015

Avec ces nouvelles actions, Sundar Pichai possède une fortune estimée à 650 millions de dollars en actions Alphabet. Ainsi, il fait partie des PDG (non-fondateurs d’une entreprise) les plus riches au monde. Mais il reste loin derrière la fortune des cofondateurs de Google. Larry Page et Segey Brin dispo-sent respectivement de l’équiavlent de 35,3 milliards de dollars et 34,5 milliards de dollars en actions, selon Forbes. Et l’ex-PDG de Google, Eric Schmidt, dé-tient près de 3 milliards de dollars en actions au cours actuel.

L’actuel PDG de Google, Sundar Pichai, est arrivé en 2004 dans l’entreprise. Il s’est hissé à la tête d’Alphabet lors de la restructuration de Google, en août 2015.

du géant de l’Internet, n’est pas le seul à avoir reçu une forte prime en actions. Diane Greene, responsable de l’activité cloud (stockage en ligne) du groupe, a obtenu 42,8 millions de dollars (38 mil-lions d’euros) et Ruth Porat, la directrice financière du groupe, arrivée l’an dern-ier, a reçu 38 millions de dollars (34 mil-lions d’euros).

Reste que tout ce beau monde est loin d’égaler les 376 millions de dollars (336 millions d’euros), en actions, reçus par Tim Cook en 2011... l’année où il est de-venu PDG d’Apple.

A 43 ans, Sundar Pichai, cet Américain originaire de l’Inde est devenu le patron le mieux payé des Etats-Unis. Alphabet, la maison mère du moteur de recherche Google lui a versé un pactole d’environ 199 millions de dollars d’actions en guise de primes.

Alphabet a gâté plusieurs autres de ses dirigeants. Diane Greene, la cofonda-trice et ancienne dirigeante de VMware qui a pris en charge les activités «cloud» de Google, a reçu l’équivalent de 42,8 millions de dollars d’actions..

© Chandan Khanna / AFP | Sundar Pichai, PDG de Google, a reçu 199 millions de dollars en actions du groupe

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« L’UE octroie une assistance financière supplémen-taire à la Tunisie»

Le président du Parlement européen, Martin Schulz, a appelé mer-credi à investir dans une Tunisie en plein marasme économique. Il insiste aussi sur l’importance pour le pays de “lutter contre la cor-ruption”.

“Ce dont on a besoin à mes yeux, c’est d’investir dans le pays. D’at-tirer des investissements extérieurs”, a déclaré Martin Schulz lors d’une conférence de presse à l’aéroport de Tunis au terme d’une visite de trois jours.

“J’ai bien entendu cet appel à un plan Marshall“, a-t-il relevé. “Plan Marshall, ça sonne toujours très prometteur. Mais la croissance ne passe pas seulement par les investissements de l’UE. On a besoin de capital extérieur (privé) qui investit”, a-t-il enchaîné.

L’allemand a ainsi défendu l’ouverture de négociation pour un Ac-cord de libre-échange complet et approfondi (Aleca) avec Bruxelles, assurant que “l’ouverture du marché tunisien” devait servir à “attirer les investissements étrangers”.

Martin Schulz, qui a rencontré en matinée le président Béji Caïd Es-sebsi, a enfin exhorté les touristes à revenir en Tunisie. Il s’est d’ail-leurs rendu mardi à Sousse, sur les lieux de l’attentat au cours duquel 38 personnes dont 30 Britanniques avaient péri en juin 2015.

Les difficultés économiques associées à la pénurie d’emplois, ont presque déclenché une deuxième révolution le mois dernier. Des émeutes sociales dans plusieurs villes avaient secoué le pays et poussé le gouvernement à imposer l‘état d’urgence qui a pris fin la semaine dernière.

Source :

500 millions d’euros d’aide seront octroyés par la Com-mission européenne à la Tunisie. Une assistance sous forme de prêt qui devrait aider le pays à surmonter ses graves difficultés économiques.

Une assistance supplémentaire (sous forme de prêt à moyen terme et à des conditions de remboursement favorables, à même de couvrir une partie des besoins de financement extérieur du pays en 2016 et 2017) qui vient compléter l’aide au développement que la Tunisie reçoit déjà de l’UE , soit un milliard d’euros de subven-tion depuis la révolution de 2011.

« L’assistance proposée aujourd’hui fait partie des efforts les plus larges de l’UE pour aider la Tunisie à surmont-er les graves difficultés économiques qui l’assaillent depuis le début du processus de transition politique et économique », a déclaré la Commission européenne dans un communiqué.

Un montant de 300 millions d’euros d’aide a été adopté par le Parlement européen et le Conseil de l’UE le 15 mai 2014. Deux premières tranches de 100 millions d’euros chacune ont déjà été décaissées en 2015. La dernière devrait être encaissée au deuxième trimestre de l’année en cours.

Cette nouvellle aide de 500 millions d’euros arrive deux jours après la visite du président du Parlement de l’UE à Tunis.

investir en Tunisie

28 Economie Opportunités

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Mais Fatima-Zahra n’est pas là pour faire de la fig-uration. Cette mère de deux enfants n’hésite pas à bousculer les convenances quand elle sent sa marge de manœuvre limitée et fait preuve d’une capacité phénoménale à gérer les crises. Ainsi est-elle aussi à l’aise en caftan sur le tapis rouge du Festival du film de Marrakech pour accueil-lir le gotha du royaume et du cinéma mondial qu’en jean et baskets dans les rues des quartiers populaires de Marrakech pour aller à la rencon-tre de ses concitoyens.

Le sens du timing

Malgré son bilan plus qu’honorable à la tête de la ville, le PAM perd la mairie de Marrakech au profit du PJD lors des communales de 2015. Mais pour elle, c’était quand même une forme de vic-toire : « Nous dirigions la ville entre 2009 et 2015 avec 17 élus communaux, aujourd’hui nous en avons 26. Et c’était un choix délibéré de rester dans l’opposition. » En tout cas, son parti, qui a tout de même décroché la présidence de la ré-gion de Marrakech, ne lui en a pas tenu rigueur. À preuve, son nouveau sacre, qui fait d’elle le numéro deux du PAM.

Alors, Fatima-Zahra Mansouri première Maro-caine à devenir chef de gouvernement ? « Je ne suis pas une femme d’ambition, mais de convic-tions, rétorque-t-elle. L’objectif est de voir une frange moderniste de la scène politique diriger un Maroc prônant l’égalité des chances et refu-sant toute forme d’obscurantisme. » Une réplique caractéristique de ces leaders politiques qui ont le sens du timing.

Élue à la tête du conseil national du Parti Authenticité et Modernité, l’ex-maire de la ville ocre confirme son statut de personnalité influente. Por-trait.

Dans la nuit du 23 janvier, les 3 500 congressistes du Parti Authenticité et Modernité (PAM), réunis en conclave à Bouznika (à 30 km de Rabat), ont élu les 850 membres de leur conseil national et son président, qui est une présidente : Fatima-Zahra Mansouri. « Un pur produit PAM », comme la décrivent ses partisans, qui, quelques heures avant le vote, ne cachaient pas leur intention de donner leur voix à « Lalla Fatima-Zahra ».

Elle aurait même pu prendre la direction du parti : Ilyas El Omari, dont Mansouri a elle-même annoncé l’élection en tant que secrétaire général, était prêt à la soutenir si elle s’était présentée à ce poste. Mais elle a préféré passer son tour et laisser la place à El Omari : « Ilyas a une ligne politique qui incarne le dynamisme, le progressisme et l’unité du parti. C’est pour cela que je crois en lui. » Mais ce n’est que partie remise, Fati-ma-Zahra Mansouri a encore une longue carrière devant elle. Même si, à 39 ans seulement, elle suscite déjà de l’admiration – ou de la jalousie, notamment chez les vieux briscards de la politique…

Ex-maire de Marrakech

Née en 1976 à Marrakech dans une famille aisée (un papa avocat, pacha de la ville, puis ambassadeur), Fatima-Zahra aurait pu faire partie de cette bourgeoisie marocaine indifférente à la chose publique. Elle mettra d’ail-leurs du temps avant de s’engager pleinement en politique. En 2007, alors avocate – elle avait repris le cabinet de son père -, elle est approchée pour créer l’antenne marrakchie du Mouvement pour tous les démocrates (MTD), créé par Fouad Ali El Himma, aujourd’hui conseiller royal.

Quand le mouvement se transforme en parti et se lance, en 2009, dans sa première bataille électorale, Fatima-Zahra est la première à défendre ses couleurs dans la ville ocre. Et le succès est au rendez-vous. Le 12 juin 2009, elle décroche son premier mandat électoral en tant qu’élue com-munale. Le soir même de l’annonce des résultats, son père rend l’âme. Une tragédie.

« Bien sûr, se souvient-elle, il n’y avait que le décès de mon père qui comp-tait ce jour-là. Mais j’ai senti le devoir d’honorer sa mémoire en perpétu-ant ses valeurs et en me mettant au service de ma ville. » Par un savant jeu d’alliances, elle est élue présidente du conseil de la ville. Et devient ainsi la deuxième femme maire du Maroc (après Asmaa Chaâbi à Essaouira).

Maroc : Fatima-Zahra Mansouri, une femme forte du PAM

30 International

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Vous voudriez voir témoigner Idriss Déby ?

Il a dit mille fois qu’il était prêt à venir. C’est une plaisanterie. Il a été convoqué à deux reprises pour un conflit avec les Chambres et il n’est pas venu. Et s’il vient, il dira ce qu’il veut. Il bénéficie de la pro-tection de la communauté internationale pour son action dans la guerre contre Boko Haram et au nord du Mali.

Dans le même temps, il refuse d’envoyer trois ou quatre personnes demandées par les CAE parce qu’il sait très bien qu’elles parleraient de sa responsabilité entre 1982 et 1990, alors qu’il était un des responsables des services de sécurité.

La cour a commis des avocats d’office et a reporté le procès de quarante-cinq jours. Quelle est votre réaction ?

En tant qu’avocats d’Hissène Habré, nous contestons cette désignation. Le prési-dent Habré a déjà des avocats.

Mais vous n’êtes pas présents dans la salle d’audience ?

C’est notre stratégie, une défense de re-fus, établie par le président Habré qui conteste la légitimité et la légalité des Chambres. Les avocats commis d’office vont être les valets de la cour dans un procès inéquitable parce que l’enquête a été inéquitable.

L’accusé va-t-il chercher à se faire ex-pulser comme à l’ouverture de son procès, le 20 juillet ?

Oui. Il a été extrait de force de sa cellule. Il a déjà traité les juges de traîtres. Il va conduire de plus en plus loin et de plus en plus fort sa stratégie du refus de com-paraître et de dénonciation des Cham-bres.

Cette défense de refus conduit l’accusé à une condamnation certaine ?Nous prenons le risque d’aller vers une condamnation prononcée par une ju-ridiction dont tous les membres, avocats commis d’office compris, sont payés par Idriss Déby. Ces CAE ne peuvent pas être considérées comme des Chambres in-dépendantes.

Politique Interview31

Christophe Châtelot

Procès Habré : « C’est notre stratégie, une défense de refus »Hissène Habré est jugé pour crimes contre l’humanité, tortures et crimes de guerre commis lorsqu’il était au pouvoir (1982-1990), par les Chambres africaines extraordinaires (CAE), un tribunal ad hoc constitué par l’Union africaine au sein des juridictions sénégalaises. Il a obtenu l’ajournement de son procès au 7 sep-tembre. Son avocat, François Serres, con-teste la légitimité du procès.

Une cour africaine juge un ancien chef d’Etat africain pour crimes contre l’humanité. Pourquoi contester le car-actère historique de ce procès ?

Ce procès est une farce, et Hissène Habré un bouc émissaire. C’est un procès poli-tique, ciblé contre un monsieur qui n’ac-ceptait pas le diktat de François Mitter-rand ou de Mouammar Kadhafi, qui se battait pour libérer son pays – en partie occupé par la Libye. On utilise cette af-faire pour montrer à la Cour pénale inter-nationale qu’on est en mesure de juger quelqu’un. Or l’Afrique n’est pas prête à juger ses chefs d’Etat pour les crimes qu’ils commettent.

Pourquoi contester la légitimité des Chambres africaines extraordinaires ?

Quel était l’enjeu de ce procès ? Pour-suivre un certain nombre de faits sur une période donnée et en trouver le ou les présumés responsables. Or, depuis le départ, les CAE ne visent qu’Hissène Habré. Il y avait donc une présomption de culpabilité à son encontre.

Il reste que le dossier d’instruction est accablant…

On nous a serinés sur un régime dicta-torial qui aurait fait 40 000 victimes. Le dossier d’accusation repose sur deux documents principaux. Le rapport de la commission d’enquête désignée par Idriss Déby au lendemain de sa prise de pouvoir [en 1990]. Cette commission n’avait pour objet que de la légitimer.

Le second rapport est celui de [l’ONG] Human Rights Watch [HRW], extrême-ment critiquable, qui n’a fonctionné que sur la base d’un accord avec les autorités tchadiennes.

Vous ne reconnaissez pas non plus le travail des juges belges ?

Non. Il est basé sur les mêmes éléments que les CAE, c’est-à-dire des auditions de témoins ciblés dès les années 2000 par HRW. Le juge belge a passé huit à dix jours au Tchad, c’est une enquête ultra-light.

Quant aux juges sénégalais, Il a été démontré par la presse que ceux qui ont conduit ces investigations ont eu des liens financiers avec le régime [tchadien]. L’administrateur des Chambres a même été obligé de rembourser des frais sur leur salaire. Quelqu’un, Idriss Déby, fi-nance un procès et se constitue dans ce procès ? Quelqu’un donne de l’argent aux juges ? Qu’est-ce qui devrait résulter de cela si ce n’est l’annulation de la procé-dure ?

Il y a pourtant tous les documents trouvés au siège de la police politique d’Habré. Vous en contestez la véracité ?

Bien sûr. Reed Brody [principal enquê-teur de HRW sur ce dossier] dit qu’il a découvert par hasard des documents à la DDS [direction de la documentation et de la sécurité]. Ces documents ont été apportés par les services tchadiens, et il a été demandé à HRW de reconstituer ces archives. C’est un processus étonnant. Est-ce que certains documents n’ont pas été retirés parce qu’ils impliquaient Idriss Déby ?

Christiane Taubira au Tribunal de grande instance de Paris, le 18 janvier 2016. (THOMAS SAMSON / AFP)

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Présidentielle au Gabon - Jean Ping : explique pourquoi il se maintient

Avec un scrutin à un seul tour, l’op-position gabonaise n’a d’autre choix que de se trouver un candidat unique pour la prochaine élection prési-dentielle qui doit avoir lieu en août ou en septembre 2016. La date du scrutin n’a pas encore été arrêtée. Mais le climat politique est déjà ten-du. Car une question obsède la classe politique : qui pour affronter le prési-dent sortant Ali Bongo ? Réunis au sein du Front uni de l’opposition pour l’alternance (Fopa), 27 membres com-prenant partis politiques et person-nalités publiques gabonaises avaient mis en place tout un processus avec primaires et enfin désignation d’un candidat unique de l’opposition. Seulement, le 5 janvier dernier, Jean Ping, ancien président de la commis-sion de l’Union africaine, a déposé sa candidature à la présidentielle et a été désigné candidat du Front le 15 janvier, lors d’un vote que contest-ent les principaux poids lourds de la plateforme. Le président en exercice de la coalition, Pierre-André Kombila, va beaucoup plus loin en qualifiant la désignation de Jean Ping d’« impos-ture ». Il est notamment reproché à l’ancien président de la commission de l’Union africaine de ne pas avoir

prennent par consensus, à défaut de consensus, on passe au vote et c’est la majorité absolue qui s’impose à tous. Les 11 autres membres qui n’ont pas pris part au vote ont opté pour la chaise vide, la majorité s’est pronon-cée et la démocratie s’est exprimée.

Voilà les conditions qui ont prévalu à ma désignation comme candidat unique du Front et non de l’opposi-tion tout entière.On dit que vous avez surpris tout le monde en déposant le premier votre candidature le 5 janvier dernier. Pourquoi avoir pris de court vos principaux soutiens ?Je n’ai surpris personne, encore moins les membres du Front qui étaient parfaitement au courant du calendrier adopté, là aussi, par la majorité des membres du Front. Je n’ai fait que matérialiser ce que j’avais déjà annoncé, c’est-à-dire ma candidature à la candida-ture unique du Front. La majorité des membres de la conférence des prési-dents du Front avait mis en place un chronogramme devant aboutir à la désignation du candidat unique du Front. Je l’ai respecté et, le 5 janvier, je suis allé déposer ma candidature qui a été examinée par le collège désigné (à la majorité) à cet effet. Voilà la

suivi les règles internes au Front. Ain-si lors du vote n’étaient présents que quatre des membres fondateurs du Fopa, sur les quatorze, une probléma-tique parmi d’autres. Une réunion de la dernière chance est proposée pour le 27 janvier prochain. Objectif : trouver un consensus pour organ-iser des primaires ouvertes à toute l’opposition et enfin désigner le can-didat unique. Si Jean Ping n’y prend pas part, il risque d’être candidat in-dépendant lors de la prochaine élec-tion. Il s’est confié au Point Afrique sur sa démarche.

Quel regard portez-vous sur les conditions de votre désignation ?

Jean Ping : J’ai été désigné candi-dat unique du Front par 16 mem-bres signataires de la charte du Front sur 27. Au Front, chaque membre a une voix, aucun membre n’a de voix prépondérante, même pas le président. Il n’existe par conséquent pas de ténors, comme vous le dites. Nous sommes tous égaux devant la charte que nous avons librement tous signée. Je vous rappelle aussi que no-tre loi commune, la charte, dispose bien que les décisions du Front se

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stricte vérité des faits.Était-ce un calcul politique de votre part ?Je n’ai fait aucun calcul politique et, pour moi, la politique n’est pas l’art du calcul.

J’appartiens à une structure, le Front, que j’ai contribué à créer ; je ne vois pas pourquoi je ferais des calculs pour le con-tourner ou pour le mettre en difficulté. On dit que certains sont guidés par des objectifs de blocage, mais avouez que les engagements que nous avons tous pris devant le peuple gabonais ne s’accom-modent pas de ce genre d’attitude. Je ne me suis pas engagé dans l’opposition pour m’amuser ou pour m’éterniser, j’ai conscience des nombreuses souffrances du peuple gabonais qui n’a que trop subi ; mon devoir est d’aller à l’essentiel pour l’aider à en sortir. Je ne fais que m’en tenir à cet engagement.

Que répondez-vous à ceux qui vous accusent en interne d’être au cœur des dissensions ?

Les quelques membres du Front qui m’ac-cuseraient en interne d’être au cœur des dissensions se trompent d’adversaire. Je n’ai rien entrepris qui aille à l’encontre des engagements que nous avons so-lennellement pris ensemble, le 19 février 2014. La charte du Front nous demande d’aller à la rencontre des Gabonaises et des Gabonais, individuellement ou col-lectivement.

C’est ce que j’ai fait en invitant mes col-lègues à venir avec moi à mes frais et voilà maintenant que ceux qui n’ont pas répondu à mon invitation m’accusent d’aller sans eux sur le terrain, avouez quand même que c’est extraordinaire ! On m’a même accusé de débaucher à coups de millions les militants de l’Union nationale qui adhèrent à ma démarche de terrain, comme si ces militants étaient des moutons de Panurge ou des objets ; quelle insulte pour « leurs » militants qui seraient leur propriété ! Vous savez, en 2009, j’observais à distance les acteurs politiques qui s’illustraient pendant la période préélectorale, je constate que ce sont pratiquement les mêmes qui ont tout fait pour qu’André Mba Obame ne soit pas le candidat unique de l’opposi-tion,

avec les mêmes méthodes ! C’est comme si l’opposition gabonaise était habitée par quelque chose de curieux qui fait qu’à chaque fois qu’elle est à la porte du pouvoir elle

internationale accompagne notre pro-cessus électoral, notamment par l’envoi d’observateurs sur une durée pertinente

Comment voyez-vous le Gabon de de-main ?

Je veux construire avec toutes les bonnes volontés et toutes les compétences dis-ponibles, sans exclusive, une Nouvelle République fondée sur une vision et des valeurs que nous avons en partage avec le reste du monde, notamment avec l’Un-ion européenne et avec la France, notre partenaire séculaire avec qui nous part-ageons une langue, une histoire, des in-térêts communs. Ma vision du Gabon de demain, c’est une République unie dans la diversité au sein d’une Afrique solidaire et ouverte sur le monde, un État de droit fondé sur la démocratie

Qu’est-ce qui vous permet de pens-er que vous allez gagner cette prési-dentielle ?

J’ai des atouts pour gagner cette élec-tion présidentielle. Et ils sont de deux ordres. Ils sont d’abord d’ordre interne : le rapport que j’ai tissé avec les Gabonais depuis bientôt deux ans a permis à ces derniers de mieux me connaître et sur-tout de mieux juger de ma sincérité pour les accompagner dans cette noble aven-ture de délivrance du pays. J’ai été dans ce régime, j’y ai passé une bonne partie de ma carrière politique, je le connais bien, je me sens donc à la fois comptable de ce qui a été mal ou pas du tout fait et à la fois capable et en mesure d’apporter des solutions et de mobiliser toutes les énergies au service de notre pays et de notre peuple. L’expérience que j’ai accu-mulée au niveau national, comme direc-teur de cabinet du président Omar Bon-go pendant six ans, puis dix ans ministre des Affaires étrangères et enfin vice-Pre-mier ministre, constitue une base solide pour prétendre briguer la magistrature suprême du pays.Mes atouts sont aussi internationaux. Pour la gouverne de vos lecteurs, j’ai dirigé l’Opep, présidé la 59e Assemblée générale des Nations unies avant la commission de l’Union africaine. Mes relations personnelles avec plusieurs chefs d’État d’Afrique et d’autres conti-nents, sans oublier celles que j’entretiens avec les principaux responsables de la Banque mondiale, de la Banque africaine de développement et de l’Union eu-ropéenne, seront utiles dans la résolution de nombreux problèmes.

trouve le moyen de le perdre. Ma détermination est, cette fois-ci, de conjurer cette malédiction et d’ouvrir la voie à l’alternance.

Craignez-vous d’autres candida-tures au sein de la plateforme ?

Je ne sais pas si ces éventuelles can-didatures vont s’exprimer au sein du Front ou pas, mais je ne suis pas dupe, encore moins naïf de croire que d’au-tres candidatures ne puissent pas s’ex-primer d’ici là. Je suis même persuadé que le pouvoir va, et c’est de bonne guerre en Afrique, susciter des can-didatures fantoches pour essayer de me gêner. Mais je crois que le peuple gabonais, qui est le seul juge, n’est pas dupe, il sait faire la part des choses et je compte beaucoup sur les Gabo-nais que j’ai côtoyés plusieurs mois durant pour que, dans cette élection qui n’est qu’à un tour, ils fassent le bon choix pour que notre pays sorte dé-finitivement du chaos. Et je crois que, si ma profonde détermination est au diapason avec celle du peuple qui en appelle à l’alternance et au change-ment, personne ne pourra nous faire barrage.

Vous semblez ne plus avoir besoin de contester le scrutin à un tour. Est-ce par résignation ?

Je crois qu’en matière politique il faut savoir être réaliste. Je n’ai jamais cru en la volonté de ce pouvoir d’accepter les règles du jeu claires que nous ré-clamons tous ensemble et qui pour-raient permettre à notre pays d’être à la hauteur des enjeux institutionnels du XXIe siècle. Et je crois que c’est aus-si le constat de la communauté inter-nationale qui a toujours tenté de faire entendre raison à ce pouvoir devenu de plus en plus autiste. Face à cette posture absurde, il n’y a que deux attitudes possibles : le boycott ou la participation. Or le boycott permet au pouvoir actuel de se pérenniser, donc sept ans encore. Ma longue pratique de la politique m’a appris à ne pas m’accommoder de la politique de la chaise vide dont on sort toujours per-dant. Donc c’est plus par réalisme que par résignation que je vais participer à cette élection à un tour.

Je ne ménagerai cependant pas mes efforts pour que la communauté

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Mais pourquoi les rumberos d’antan au-raient-ils eu à se soucier du marché occi-dental, eux qui régnaient alors en maîtres absolus sur les hit-parades de Dakar à Jo-hannesburg, eux qui, accueillis tels des chefs d’Etat, remplissaient des stades et passaient (en option) par la case palais présidentiel toucher des bonus sonnants et trébuchants ? Il est loin, ce temps, semble dire Dicap la Merveille, 39 printemps au compteur. Papa Wemba a maintenant 66 ans, Koffi 60, Wer-rason 51. Une nouvelle génération a pris le pouvoir. Une génération qui a connu la mon-dialisation dès le plus jeune âge et pour qui surfer sur Internet est aussi naturel que taper dans un ballon de foot et résider à Paris aussi simple que vivre au pays, entouré des siens et immergé dans les traditions.

Les réseaux sociaux pour entretenir le buzz

« Dès l’âge de 17 ans, je fréquentais les ki-osques de rue dans Kin pour jouer sur Nin-tendo, se rappelle Fally. Mais j’ai vraiment commencé à me servir de l’ordinateur en 2004 quand j’ai gagné un peu d’argent. » A l’instar d’un artiste français ou britannique, il se met à l’heure numérique, s’appuie sur les réseaux sociaux comme un élément ma-jeur de sa stratégie pour entretenir le buzz, « même si le Web est encore un luxe pour nous ». « J’ai ouvert un blog en 2006 à l’occa-sion de la sortie de Droit chemin. Je dispose d’une page Facebook depuis 2007. Quant à mon compte Instagram, il est le plus visité de la RD Congo, avec plus de 3 000 visites par jour ! », s’exclame-t-il fièrement.

Nouveau pas en avant en avril 2013 : il sig-ne un contrat portant sur trois albums avec la multinationale AZ/Capitol/Univer-sal. Et depuis la mi-2015, il travaille sur son prochain CD en studio à Paris, en quête de la pierre philosophale qui lui ouvrirait les portes de la gloire mondiale. Et plus ques-tion de centaines de fans se faufilant dans les couloirs de ces « temples du son », à quêter des miettes de chansons ou un mot de la ve-dette comme c’est la coutume lorsqu’un un Koffi ou un JB Mpiana grave un nouveau dis-que, mais juste le staff nécessaire… le travail à l’occidentale autrement dit !« Je veux qu’on écoute de la musique afric-aine car j’ai cette culture dans le sang, mais modulée pour les oreilles du monde entier », confie-t-il. Et très logiquement, Fally a réuni les ingrédients nécessaires à cette conquête internationale.

On le surnomme Dicap la Merveille, El Maravilloso, El Magnifico et on en passe. La marque des grands de la scène musicale congolaise. Autant de « galons » pour ce général 5 étoiles de la rumba gagnés sur ce champ de bat-aille de Kinshasa où la concurrence entre artistes est aussi impitoyable qu’aux Etats-Unis, où les groupes apparaissent et prennent fin aussi vite qu’une pluie tropicale.

Fally Ipupa va fêter cette année ses dix ans de carrière solo et celui qui fait par-tie du club très privé des stars du continent s’est donné pour objectif d’être la première vedette de son pays à conquérir le marché mondial. « J’ai fait le tour de l’Afrique, je n’ai plus rien à y prouver, affirme-t-il. Je veux aller de l’autre côté, donner du plaisir aux publics asiatiques, européens ou américains. »

Rumba survitaminée

Le jeune homme introverti né à Bandal, le quartier des musiciens de la cap-itale, après des débuts timides dans une myriade de formations, s’est mué en beau gosse ambitieux au fil des ans. En 1999, son transfert, à l’âge de 22 ans, dans le groupe Quartier Latin, la célébrissime formation du non moins célébrissime Koffi Olomidé, fit déjà couler beaucoup d’encre.

Le temps d’affiner son talent exceptionnel de chanteur et en 2006, il se lance dans une carrière solo avec son premier album Droit chemin ; du ndombolo (cette rumba survitaminée qui branche les jeunes) aux accents neufs et un succès énorme : plus d’un million d’exemplaires, pirates ou non, écoulés sur le continent et dans la diaspora (dont un disque d’or en France). Deux autres opus, Arsenal de belles mélodies (2009) et Power-Kosa Leka (2013) l’impose-ront définitivement.

« La musique congolaise a été l’histoire d’un véritable gâchis, lâche Fally Ip-upa. Mes aînés, les Tabu Ley, Kanda Bongo Man, Werrason et autres JB Mpi-ana n’ont jamais voulu s’exporter hors du continent puisqu’ils y gagnaient énormément d’argent. » A quelques nuances près toutefois : Franco avait es-quissé le grand saut vers le marché mondial avant de mourir en 1989. Papa Wemba avait, lui aussi, tenté une approche avec trois albums (Le Voyageur, Emotion et Molokaï) réalisés sous la houlette de la rock-star tiers-mondiste, Peter Gabriel, entre 1992 et 1998 ; et puis il y eut la chance exceptionnelle of-ferte à Koffi Olomidé quand les feux de l’actualité française et européenne se braquèrent sur son concert (une première pour une star africaine !) en 2000 dans la salle parisienne de Bercy archi-comble, une chance qu’il ne sut ou ne voulut pas saisir.

Le roi congolais de la rumba mondialisée

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Deux musées dédiés à l’œuvre du couturier Yves Saint Laurent ou-vriront leurs portes à l’automne 2017, à Paris et à Marrakech.

Ces deux établissements permettront à la Fondation Pierre Bergé Yves Saint Laurent, qui conserve 40 années de création du couturi-er, d’exposer plus facilement sa fabuleuse collection. La fondation dispose en effet d’un fond sans équivalent dans le monde, Yves Saint Laurent ayant pris soin d’archiver tout son travail, du croquis original au prototype, dès le lancement de sa maison de couture en 1961. La collection regroupe plus de 5.000 vêtements Haute couture, 15.000 accessoires et des dizaines de milliers de croquis, planches, photographies, articles de presse et documents divers.

Le Maroc, pays d’adoption d’Yves Saint LaurentLa création de ce musée prolonge l’histoire d’amour qui lie Yves Saint Laurent au Maroc. Né à Oran en 1936, il y a passé son en-fance et son adolescence à l’époque coloniale avant de partir à 18 ans pour Paris. «Lorsque Yves Saint Laurent découvrit Marrakech en 1966, ce fut un tel choc qu’il décida tout de suite d’y acheter une maison et d’y revenir régulièrement» précise son compagnon Pierre Bergé avant d’ajouter «c’est à Marrakech qu’il a appris la couleur». Au contact de la population, il a découvert la richesse de la culture traditionnelle, du patrimoine amazigh et de son art de vivre si éloigné du tumulte parisien. Après avoir acquis Dar El Hanch, une maison de la médina, les deux hommes tombent sous le charme du Jardin Majorelle qu’ils sauveront en 1980 d’un projet immobilier en le rachetant. Devenu une source inépuisable d’in-spiration pour le couturier, le jardin accueillera ses cendres en juin 2008. «Il est parfaitement naturel, cinquante ans après, d’y con-struire un musée consacré à son œuvre qui doit tant à ce pays» explique Pierre Bergé. D’ailleurs le bénéfice de la vente aux en-chères de leur collection d’art marocain, organisée dans la ville ocre en octobre dernier, qui s’élevait à 1,4 million d’euros soit 3,5 fois le montant estimé initialement, doit servir à financer le nou-veau musée.

Un musée qui renforce l’offre culturelle de MarrakechLe musée sera situé rue Yves-Saint-Laurent à proximité du Jardin Majorelle qui accueille avec son musée berbère près de 700.000 visiteurs par an.

C’est le cabinet d’architecture français Studio KO, formé par le duo Karl Fournier et Olivier Marty, qui est à la manœuvre. Ce n’est pas leur première collaboration avec Pierre Bergé :

ils ont déjà travaillé sur sa résidence à Tanger et dans le Jardin Majorelle. Ils ont conçu pour l’occasion un tout nouveau bâtiment d’une surface de 4.000 m2, dont la scénographie des collections permanentes a été confiée à Christophe Martin, à qui l’on doit déjà le Musée Ber-bère. En plus de l’espace d’exposition permanente et du café-restaurant, une salle d’exposition temporaire pourra accueillir des artistes locaux. Un auditorium abritera des conférences et des films sur Yves Saint Laurent tandis que la bibliothèque de recherche sera composée de quatre fonds :des livres arabo-andalous dont certains datent du XIIe siècle, des livres sur la botanique, sur l’art berbère et enfin sur Yves Saint Laurent.

L’ouverture à Marrakech coïncidera avec celle de Paris

Le musée parisien occupera la maison de couture histori-que du 5 avenue Marceau dans le 16e arrondissement. La fondation y siège depuis 2004 et a organisé dans ses murs plus d’une vingtaine d’expositions dédiées à l’art, à la mode et au design au cours des douze dernières années. Ce lieu a abrité durant près de 30 ans, de 1974 à 2002, les créations du styliste : «c’est là qu’Yves Saint Laurent a créé toute son œuvre et bâti sa carrière», indique Pierre Bergé. La superficie des espaces d’exposition sera doublée et aménagée dans l’ambiance originelle. Les anciens salons de Haute couture et le studio de création du couturier se-ront intégrés dans le parcours, permettant au visiteur de s’immerger dans l’univers du grand couturier.

Marrakech va accueillir un musée YvesSaint Laurents

Le futur musée Yves Saint Laurent à Marrakech © Studio KO

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