Abel, Alexandre Le Grand en Syrie Et en Palestine

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Librairie LE0011--.FRR tABALDA. et C'", Éditeurs, me 90, PARIS Collection d' « >> 1bliée sous la direction du R. P. LAGRANGE,· des Frères ·Pour parahre en Novembre : . . . LE_ CANTIQUE .DES CANTIQ.UES PAR G. Prêtre de la. Missi .in. et ·-a-. GUITTON Agrégé . de _ l'Unive.'sité. olume_. in-16 185 En . : .sâhtt Paul •• _.-- · Êpître >C.printhiens: PAR Le R. :f.-_E::R ALL,(), des Frèrés P-rêcheurs,_ PrOfesseur ii l'Université de Fribourg (Suisse) fort r .- \ \ .. ' .. , . . .... ' ' . --. > \. ·:- ·: ' · r)olùmes parùs -,. ·\, ·. •• _. .C .... . •• ' •grapbiè de la P. F.-M. ABEL des Frères l1eurs, de l'Éeole bibÜque de Jérus:tlem; · · lME PREMIER : Géographie- physique et historique. in-8•_raisin de xn-515 pages, orné de 16 figures dans le texte, 17 planches hors-texte :1rtes ................. - ............................ _ ....................... : .. . '100 fr. TOME SECOND : Géographie politique. Les Villes, mintrta l'ouvm_qe, parailra eu 1936. - Introduction à l'Étude du Nouveau Testament PREMIÈRE PARTIE toire Ancienne du Canon du ·Nouveau Testa= par le R. P. M:-J. LAGRANGE. des F1:ères Prêcheurs. 1 volume in-8• raisin de 88 pages .................................................................... 30 fr. . , léal Religieux des Orècs _et l'Evangile, par le . A.·J. F'ESTUGIÈHE, des Frè'res ancien élève de l'École Normale Supéricui;e; ·n membre des Écoles françaises d'Archéologie de Rome ct ·d"Athèncs. Préface par le . l volume in-8• raisin de 340 pages ........................ 60 fr. Thérouanne (Académie franraisè). - Prix Théodore Reinach (ARsociatiOI\ des TYPOG-RAPHIE FIH.:\TIN'-OIDO'r R'r C 10 • - MRS:s'If., (F.U!Ui:). - 1934. ... /·· · .. PUÙiÉE PAR ·.,--La Nôtion du .Bonheur·dâns l'ECclésiaste ... ; . -La, Chronologie de Haz<llil et de ni, ... ..• .•• ; ••• ,·-- •• >• •. ··• _ •. .::::.-_. .• ·· ... i .•. _,., ( - des· cXXIlr-iv.- le Grand ën ·syrie,et •_ en Palestine;· :-- Les lJOuveHes decouvertes de':;ia Synagogue de ' COMTE DU MESNIL DU BUISSON. -> Sur la date des , R. P. L.-H;Jincent. '7"-.- Magog-Hiérapolis, ·R. :R. .----... ,..---....... ;;_· •• ·( •• •. -!'··--,• :. •• '. " •••• """'''"-"""lu". ---Le Sar:tctuaired'Âllat à Iraill: (suite), Ri P. M. R. SAVIGNAC. . . . / .

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Abel, Alexandre Le Grand en Syrie Et en Palestine

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Librairie LE0011--.FRR tABALDA. et C'", Éditeurs, me B()_n~p_a:rte, 90, PARIS ~·~~

Collection d' « ÉTUDES:~Bl13LIQUBS >> 1bliée sous la direction du R. P. LAGRANGE,· des Frères Pr~_chéurs.

·Pour parahre en Novembre : . . .

LE_ CANTIQUE .DES CANTIQ.UES PAR

G. POU~ET Prêtre de la. Missi .in.

et ·-a-. GUITTON Agrégé . de _ l'Unive.'sité.

olume_. in-16 dé 185 ~es.

En . prép;:~ratioti :

.sâhtt Paul •• _.--

Pr~miète · Êpître au~ >C.printhiens: PAR

Le R. :f.-_E::R ALL,(), des Frèrés P-rêcheurs,_ PrOfesseur ii l'Université de Fribourg (Suisse)

fort vo'l~me i~-8· ~aisin; r .- \ \ .. ' .. , . . .... ' ' .

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lME PREMIER : Géographie- physique et historique. in-8•_raisin de xn-515 pages, orné de 16 figures dans le texte, 17 planches hors-texte :1rtes ................. -............................ _ ....................... : .. . '100 fr.

~ TOME SECOND : Géographie politique. Les Villes, mintrta l'ouvm_qe, parailra eu 1936. -

Introduction à l'Étude du Nouveau Testament PREMIÈRE PARTIE

toire Ancienne du Canon du ·Nouveau Testa=

~nt, par le R. P. M:-J. LAGRANGE. des F1:ères Prêcheurs. 1 volume in-8• raisin de

88 pages.................................................................... 30 fr. . ,

léal Religieux des Orècs _et l'Evangile, par le . A.·J. F'ESTUGIÈHE, des Frè'res Prê~heurs, ancien élève de l'École Normale Supéricui;e; ·n membre des Écoles françaises d'Archéologie de Rome ct ·d"Athèncs. Préface par le . LAGilA~GE. l volume in-8• raisin de 340 pages........................ 60 fr.

Thérouanne (Académie franraisè). - Prix Théodore Reinach (ARsociatiOI\ des

TYPOG-RAPHIE FIH.:\TIN'-OIDO'r R'r C10• - MRS:s'If., (F.U!Ui:). - 1934.

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}}lÉLANGES

I

ALEXANDRE LE GRAND EN SYRIE ET EN PALESTINE

l. - LE l'LAN DE CAMPAGNE.

La victoire d'Issos ouvl'it à l'hellénisme les portes de l'Orient. Ce n'était plus la myriade d'aventuriees à la solde d'un prince perse qui, en novembre 333 avant notre èee, franchissait au-dessus de Uyriandos le col de l'Amanus, c'était une armée disciplinée, vic.torieuse d'un ennemi trois fois supérieur en nombre, commandée par des hommes de valeur ayant à lem tête un chef qu'on appellerait aujourd'hui un animateur incompaeable, obéissant lui-même à des aspirations gran­dioses qui grandiront encore avec les événements. Le passage des mercenaires racolés par Crrus le Jeune en 4.01, qui vaincront it Cunaxa en perdant leur général, n'a laissé, malgré le lustre que sut lui donne t' la plume de Xénophon, aucune trace au défilé cilicien ouvert sur la Syrie, tandis que de nos jours encore la ville d'Alexandrette rappelle en ces mêmes paeages le nom de eelui qui entraînait ses troupes à la domination del' Asie. Lui seul s'était senti de force à venger les cotes de Macédoine et de l'Hellade des provoeations de la puissèlncc i eani.cnnc non seulement en lib{~r·ant de son joug les populations gr'ecques ou hellènisées de l'Égée ct de l'Asie Mineure, mais aussi en déebalnanî un mouvement de reflux vers l'Est, qui portât les phalanges macédo­niennes à Suse, à Persépolis et jus qu'aux rives de l'Incl us.

Cc but éloigné ne pouvait-il êtee atteint sans retard après Issos? L'at·méc de Darius, toute disloquée, fuyait éperdument. Encore quelques jours et Alexandre, rep!'euant l'itinél'aire des Dix Mille, entrait à Babylone.

Il en alla tout autrement. Au risqne de dé!'ogeraux règles ordinaiees de la tactique et de laisse!' a.u vaincu le loisir' de se refaire une armée gràce aux ressources inépuisables de son immense empire, le vainqueur

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MI~LANGES.

résiste à la tentation de monter si tôt sur le trône des Achéménides et d'éblouit' ainsi le monde grec qui, avec des sentiments divers, suit de loin la marche triomphante du nouvel Achille. A la fougue du guerrier de l'Iliade, Alexandre unit une grande confiance en soi et dans l'avenir. Est-ce à dire qu'il fùt plus redevable à la chance, Y) •ti-;('i, qu'à la promptitude de l'intelligence, à la valeur, à l'ensemble des qualités qui élèvent un homme à la hauteur d'une grande tâche, où les philosophes voyaient la ve!'tn, -~ àps•·f;? Des histoeiens de l'antiquité ont essayé de doser la part respective de ces deux facteurs ri vaux, chance et m6rite, dans le succès de cc héros de vingt-tTois ans. Le fait est que cc ca va lie!' émérite qui charge l'ennemi avec un fol emportement, sur un coursier indompté, sans selle ni étrier suivant l'usage du temps, cette âme possédée de l'ardeur religieuse des anciens Hellènes est capable d'esprit de suite, d'habileté politique, de modéeation, de stratégie de grande envergure.

Nous en a v ons pour preuve la décision, prise au leude main de la victoire d'Issos, de ne pas s'enfoncer au cœur de l'empire du-Grand Roi avant d'avoir soumis Ja Phénicie et l'Égypte. C'était, en somme, poursuivre la réalisation, commencée par la conquête des rives ouest et sud de l'Asie Mineure, d'nn plan qui ne tendait à rien moins qu'à enlever aux Perses l'accès de la Méditerranée. De quel droit ces orien­taux de l'Iran et de la Médie naviguaient-ils sur les eaux de ce bassin d'une civilisation qui leur était ét!'angère? Darius f•r, Xerxès n'avaient­ils pas outrepassé les bornes de l'ambition en faisant transporter sm· leurs vaisseaux les bordes barbares destinées à l'asservissement de l'Hellade? Et maintenant encore la flotte de Darius Codoman croisait dans les eaux §'l'eeques pour soutenir les dernières résistances du parti anti-macédonien. A vrai dire, Ja flotte perse se cumposait de bâti­ments mis au service du Grand 1\oi, sur réquisition, par des sujets grecs, égyptiens et surtout phéniciens. En s'appropriant les bases maritimes et les ar'senaux, on isolait Ja Perse au milieu du continent asiatique de façon à rendre à peu près nulle son ingérence dans la politique des Hellènes parmi lesquels les dariques largement distri­buées avaientjusqu'ici semé la di,·ision. Quant aux vaisseaux guerroyant pour le compte de l'Achéménide, il serait toujoms temps de les recueillir quand ils l'ejoindraicnt leurs ports d'attache.

Mettre la main sur le littoral phénicien afin de ruiner la puissance n~vale de l'ennemi c'était de la honne guerre de repeésailles et, ce faisant, Alexandre remplissait avec lîdélité la mission de « stratège autocrate '' que lui avait confléc la Ligue de Corinthe, en 336. Ou même coup, à la grande satisfaction des états maritimes du monde

REVUE HII!Llf!VE 1U3i. - T. XLIII.

ltEVUE BIBLIQUE.

grec, il abaissait la redoutable concurrente à laquelle, de Chypre aux Colonnes d'Hercule, les entreprises coloniales et commerciales de l'hellénisme se heurtaient depuis des siècles.

De la Phénicie, Alexandre comptait gagner l'Égypte, la sixième satrapie de l'empire perse que le pouvoir centeal mettait sans réserve à contribution. Sept cents talents d'impôts annuels pour le tr(~sot', cent vingt mille mesmes de hlé pour l'armée d'occupation, les revenus des pècheries du lac Moeris pour la reine, autant de ressources à soustraire à Darius et à exploiter en vue de la poursuite des opérations. De petites colonies grecques se trouvaient déjà sur les bords du Nil, où elles trafiquaient ct se montraient accueillantes aux visitems. Sous .la trentième dynastie, la Sébennytique, et lors de la révolte des satrapes les mercenaires grecs jouent un rôle prépondérant. La sécurité du Delta est entre les mains de l'Athénien Chabrias, et le sort des der­niers pharaons dépend du roi de Sparte, Agésilas, devenu chef des hoplites à la solde de l'Égypte. Que ce pays, lassé de troubles sans cesse renaissants et blessé de la brutale administration d'Artaxerxès Okhos, fût tout disposé à se donner à un chef respectueux de ses usages et de sa religion, assez fort pour le détacher sans retour du corps de l'empire perse, c'est ce dont pouvaient s'apercevoir des esprits avisés. Le jour est proche où les Égyptiens acclameront Alexandre comme un sauveur. Assuré de la fidélité et de l'attachement de ce peuple chez lequel il aura fixé le centre de la culture hellénistique par la fonda­tion d'Alexandrie, le conquérant s'élancera sans hésiter à l'assaut du monde oriental dontl'oracle d'Ammon lui ama promis le sceptre avec un(} victoire indéfinie.

Entre la Phénicie proprement dite et l'Égypte Alexandre traversa nécessairement la Palestine, une fois à l'alle!', quand il fut recueillie l'héeitage des Pharaons, une seconde fois au retour lorsqu'il reprit sa mal'che contre Darius qui l'attendait avec une nouvelle année à l'est du Tigre. Le passage en Palestine n'a pas atliré l'attention des histo­riens classiques, sauf en ce qui regarde le siège de G.aza. Pour eux, du reste, la côte jusqu'à cette ville passait pour phénicienne et le pays juif, confondu ave.c la Syrie, se perdait, comme un élément infime, dans la vas~e étendue de la cinquième satrapie. Sans éclat exté1:ieur, fermé aux idées des peuples voisins, un tel canton devait être éclipsé par la proximité de régions plus fortunées, berceaux de civilisations brillantes, ayant une histoire à retentissement mondial. On a tant écrit sur la conduite du champion de l'hellénisme envers les pays qui jadis avaient été de glorieux empires ou d'insignes républiques. qu'il y a pour nous beaucoup plus d'intérêt à prendre pour étude les

MÉLANGES. 53!

rapports qu'il a pu avoir avec une petite province encore bien obscure et à tenter de saisir le peu que dissimule I:omb!'e où l'a plongée l'indifféeence de l'histoire. Le synchronisme des faitsrelatifs à l'entrée en contact de ses habitants avec« le jeune bouc venu de l'Occident))' « le roi de Yaw·an ))' et les opérations de grande envergure qui for­ment le cadre historique de ce stade resteeint de la conquête nous oblige cependant à élargir le programme de cette étude. Avant d'accompagner le héros et sa troupe du golfe d'Alexandrette à la terre de Palestine, il serait opportun de cherchee quelle connaissance pouvait avoir un Grec du pays qu'il traversait.

II. - LA CONXAISSANCE DES LŒCX.

La campagne d'Alexandre n'avait rien qui ressemblât à une inva­sion de Scythes. Le jeune généralissime à qui Aristote avait inspiré une passion pour la culture grecque et un vif intérêt pour les sciences naturelles trouvait bon de s'entourer, comme le fera plus tad Bona­parte, d'un groupe de savants et de philosophes qui lui servaient le régal de leurs entretiens et se chargeaient par leurs écrits de répan­dre sa gloire. Des lettrés, il en avait dans son état-major et même parmi ses domestiques. Si Ptolémée, le futur roi d'Égypte, s'attacha de préférence à relever les faits de guerre, Charès, le chambellan, resta dans son rôle en rédigeant une sorte d'histoire arcane. Les phi­losophes, alors tous plus ou moins naturalistes et géographes, avaient mission d'exécuter des recherches de diverse nature sur les pays que traversait l'armée et, en effet, l'expédition d'Asie fut le point de dôpart d'une remal'quable renaissance dans le domaine scientifique.

Les véritables découvertes eurent lieu surtout dans le lointain Orient, au delà de la Caspienne et du Golfe persique Le proche Orient posait cependant quelques problèmes. Ainsi la tradition ,·eut qu'un

. des compagnons d'Alexandre, Callisthène, neveu et disciple d'Aris­tote, ait trouvé la came authentique de la ct·ue dn Nil, objet pamli les Grecs de conjectures tt·ès discutables. On parle même d'une mission envoyée en Éthiopie, dans ce but, par le généralissime à la prière du Stagirite ( 1).

Les, savants de l'expédition pouvaient être déjà assez documentés sur l'Egypte, car il y avait de beaux jours que les Grecs s'intéressaient

. à ce pays si original dans ses habitudes, sa religion et son art.

(1) Aristotelis opera (éJ. Di lot), !. IV, 2!2. Puonus, lli&l. cod. 2'•!1, p. 41!; ÜALI.IS­THÈ:'!E, /'ragm. 6 à la suite. de l'Anabas) d'Arrien (éJ. Didot), p. 12 s.

HEVUE ll!BUQUE.

« Lorsque Carn b y se marcha contre l' ltgypte ( 525 a v ... 1.-C.), des Gr~ cs s'y rendirent en grand nombt·e, les uns comme rlc Jus tc pour y fau·n elu commer·ce, d'autres pour prcn(lrc part à la guerre, quelques-uns aussi pour voir le p<~ys (l). , llôr·odotc, de qui provient cdte infor-­mation. r·econnait donc avoie dé pr·écédé pae des touristes ct d('s explo~teues vr:nus de l'autre côté de la grande Yer-te. llécatéc de ~lilet étudie sous Dar·ius l"r la configuration elu pays. Au temps du peernier Artaxerxès, Héeodote séjourne dans la vallée du Nil et con­sacre à cette région tout le sccon(l li ne de ses histoires. Amateurs de lég.mdes, ethnologues, géogeaphes sont mi-> en gotît par les révélations de ce recueil. Avant 3'~0, le Milésien Aristagoras classait ses propres observations en plusieurs livres intitulés Aeg?Jptiaca, ii l'imitation de Démocrite d'Abdère, autre encyclopédiste. D'Héliopolis qu'habitaient les plus doctes des Égyptiens, Platon rayonna, entre 390 et 380, à travers le Delta, essayant de pénétrer les secrets d'une sagesse fabuleuse, tandis que son disciple, le Cnidien Eudoxe, exerçait sa curiosité autour des systèmes astronomiques et géométriques des

PrMres éo·vptiens. Tous ces précurseurs de l'école alexandrine avaient b.., ... <>

à leur disposition des interprètes, des Grecs insteuits Miginaires de Naucratis ou des (jUaf'tier) helléniques de l\lemphis, d'Abydos et de la Grande Oasis (2).

Pour être moins attractive, la Syrie n'était point srms avoir reçu la visite de que lqucs Grecs. Les savants de l'entourage d'Alexandre trou­vaient dans Hérodote et les géographes, dont on ne déplorait piis encore la peetc, des notions assez exactes sur l'isthme de Péluse à Gaza et Ascalon. Il leur était loisible de savoir que le sud de la Syrie pot'lait le nom de Palestine et qu'une espèce de la famille syrienne était dite Palestiniens. Ceux-ci, à l'instar des Phéniciens, passaient pout' avoir emprunté aux Égyptiens l'usage de la circoncision (il\. Héeodote décrit en témoin oculaire. Ne dit-il pas qu'il a YU lui­même en Sv rie PaLestine des stdcs .et des inscriptions de Sésostris? L'avidité de son esprit le met sans cesse en mouvement. « Enl~gypte,

tandis quïl sïnfOt'me du culte d'Hercule, on lui assuec qu'à Tyr il pourra tt·ou vct' des éclaiecissemcnts qui lui manquent; soudain, il frète un navire et le voilà en Phônicie (!~) ». Maintes fois aussi la

(Il IIÉHODOTI\, Ill, 13U. (2) D. MALLET, /,es rapport; des Grecs avec l'i·gypte de la. conquëte de Cambyse à

celle d·.4lexa.ndre : Mém. de l1nst. Franç. cfArch. Orien!., t. XLVIII, p. 24, Y.4, 61, 12~·1VL

(:l) lfEHO!lOTE, r, tOlo, 105; Il, 106; Ill, 5.

Î4) GIGUET, lnlrod. à la traduction des llisloircs d'Hérodote, li.

\11~LA\GE:-;.

semelle des hoplites anlÎt foulé le sable de la route d'Égypte it tra­vers la plaine de Saron cl la Séphé!a. L'at•mèe de Cambyse qui prit d'assaut Gaza avant de s'engagct' dans le di'scrt de l'isthme, comptait de geos contingents de Gr·ccs d'Asie Mineure. De 380 à 37{j. des milliers de mercenaires grecs grouill<~rent dans la place forte d'Akè, aujom­d'hui Acr·e, attendant 1<1 décision du généralissime perse Pharnahaze ct de l'Athénien 1 phicrate chargés pae Artaxerxès II d'envahir le Delta que défendaient les régiments de Xectanébo 1" également farcis de mercenaires grecs. Le fils et successeur de ce pharaon, Tachos, cul en 362 la malencontreuse idée de prendt'e l'offensive el de partir à la conquête de la Sy< ie. Les débuts de la campagne furent facilités par la connivence de la Palestine, en t'uptut'e avec le Grand Hoi. Ce pays Yit donc défi!et' les hoplites lacédémoniens sous les ordt'es du roi Agésilas, allié des Égyptiens. Dix ans plus tard, ce sont des Thébains, des Argiens et des Grecs d'A~ie qui figurent dans l'armée d'Okhos occupée à soumettre les rèbelles de Syrie avant de recon­quérie l'Égypte. L'aspect de l'armée d'Alexandre n'offrait donc rien de très nouveau aux populations de la cinquième satrapie. D'autec par·t, qui sait s'il ne se tl'ouvait pas dans cette armée des officiers qui connussent pratiquement ces régions pom• y avoir commandé des compagnies à la solde du roi de Perse? ·

Aristote paraît avoir été documenté sur la Syrie avant rexpédition d'Alexandre et quelques-unes de ses allusions étaient de nature à éveiller l'attention des savants et à stimuler leurs rechet'chcs, Les notions du Stagirite ne demandaient qu'à être complétées ou eccti­fiées. A mesure qu'ils a nmçaient vers l'Est, les Macédoniens consta­taient les erreurs et les lacunes de sa géographie. Quelle sueprisc de ne point rencontree le Caucase où le fixaicn t les desceiptions reçues, ni les extrémités de la terre au bassin de l'Indus~ Sans aller si loin n'y avait-il pas lieu de vérifiee le bien-fondé du doute é!llis par Aristote au sujet de l'c:drême densité ct de la stéeilité du lac Asphal­lite? L'existence de cc lac en Palestine n'avait-elle pas d'autre valeur que celle d'un mythe~ ; 1) Si l'on pouvait. faire fond sur le Prob/hnr;

( 1) lrletem:ol., II, 3, 39 (éd. Didot, Ill, 582) le passage commence par tl il' i:vr:", wvr.op p,v6o).oyovai ~tv<;, èv llo:).O:(G:iv·r, 70tO:~T'lJ ).if1V'1 d; i]v xTL Voir notre Géographi2 de la Palesl'ine, I, 499 s. Dans les l'r~blenwta. sect. m, n• 49 (t. IV, :l3t) et le De Plantis, u, 3, (l. IV, 33) l'appellation 'l; v<x?i< Ocil.:xav:x appartient non pas à Aristote mais aux au leur:; postérieurs qui ont repris à leur compte le fond arislolélicicn de la notice des Météoro­logiques. Le terme de Mer Morte dale tout au plus du I'" siècle de notre ère. Cf. Géogr. !, 502. Les Problèmes sont tirés non seulement des œuvres d·Aristole mais encori' d'Hip­pocrate, de Théophraste ct d'autres encore plus récents. Le traité des plan!Ps est assigné à Nicolas de Damas qui composa sous Auguste une sorte de compendium ùe la philosophie

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et le passag·e du traité des Plantes où revient le même sujet, on verrait que le philosophe ne se tient plus sur la réserve et (Iu'il s'est dépouillé de son doute.

La zoolo,')·ic syrienne n'est pas absente des lfistoires des animaur: où sont rassemblés les phénomènes réels du règne animal dont la caus~ etla finalité font l'objet de traités spéciaux. ltristote sait que les honnes ont en Syrie cinq portées diminuant graduellement d'une unité à partir de la seconde. S'il connait les héiniones qu'engendre c< la Syrie qui est au-dessus de la Phénicie », c'est qu'il a pu en voir quelques individus importés en Phrygie sous Pharnace, père de Phar­nabaze (t). A propos de la variété des espèces suivant les régions il faut citer ce passage topique : cc En Syrie les moutons ont des queues larges d'une coudée, les chèvres des oreilles longues d'une demi­coudée plus quatre doigts, certaines ayant des oreilles tombant jusqu'à terre, les bœufs comme les chameaux ont des poils sur le garrot. »Le philosophe naturaliste a, de plus, appris de ses informa­teurs que si le Pont-Euxin est pauvre en testacés; la mer Rouge abonde en énormes coquillages de toute sorte, et que l'Arabie possède des lézards qui dépassent la coudée et des muridés beaucoup plus gros que les rats des champs avec des pattes de derrière moitié plus longues que celles de devant (2). Nous avons Il le signalement du psamosaurus et de la gerboise qui vivent dans la vallée du Jourdain et le déser·t du sud.

Les Grecs connaissaient-ils mieux les habitants de ces pays que leurs curiosités naturelles? Il ne paraît pas, du moins à en juger par la rareté de la documentation qui nous reste. Hérodote se contente d'esquisser l'équipement militaire des Syriens de Palestine. c'est-à­dire des gens de la côte, unis aux Phéniciens dans l'énumération des peuples emùlés par Xerxès en 4-81 pour envahir la Grèce. Ils four­nissaient ensemble trois cents trirèmes à la flotte de ITanspor·t. Leur;; gucl'riers avaient des casques analogues à ceux des Grecs, des cui­t'asses de lin, des boucliers sans hoedure ct des épieux (3\. \lais lorsqu'il pnde des Palestiniens circoncis, il est difficile de ne pas

aristolélicienn<·. L<' traité authentique des plantes dait déjà perdu au temps d'Alexandre d'Aphrodisias. C<' l]ll<' les édilions donnent sous ce nom n'<'St qu;une rdraduct.ion d'un texte latin <lui <~l'pend à son tour de l'arabr. CumsT-Scmun, (ieschichle da qriec/1. Lilier., 1, 73ô.

(1) VI, ;lt, 2'• et. ;lG: t. Ill, t:P, 1:~~1, 133. Cf.!. IV, 76, Mirab. auscl/lt., 10. (2) Yl!l, 28 : ibid, 169. Cf. l's.-AuiSTOTE sur les varièti~s botaniques, /Je l'lant ..

1, li (7); ct t. IV, :l;>l" (rag111. spuria, description de la terre promise comme pays de cocagne czuc C<)drenns prétend tirer d'Aristote.

(:l) /list., '"• 89.

MÉLANGES. :i3'i

voir dans celte allusion du vieil historien les .Juifs dont il semble ignorer le nom. Ceux-ci étaient en gônéral englobés dans l'appella­tion de Syriens, faisant partie de la dcmée humaine que les Phéni­ciens vendaient au monde gt·ec. Joëlr·eprochc aux gens de Sidon de trafique!' des fils de .Juda et de Jérusalem sur les marchés ioniens ct Isaïe témoigne de cctk diaspora forcée quand il dépeint le retour des captifs d'Assyl'ic, d'l~gypte ct des îles de la met', c'est-à-dire des pays grecs (1). Antique négoce si entré dans les habitudes que Syros avait fini par être synonyme d'esclave. Les Perses et les Égyptiens devaient mieux connaître le .Judaïsme comme une unité ethnique ct religieuse se détachant du fond syrien. Ce concept qui n'échappait pas aux Phéniciens ne pénétra g·uère dans le milieu lettré des Grecs que vers 300 avant J.-C. suivant l'opinion commune. Il est toutefois permis de se demander s'il ne s'est pas présenté avant la conquête d'Alexandre des cas isolés de conlact entre Juifs et Grecs. A ce propos intervient le fameux passage de Cléarque de Soli sur la rencontre d'Aristote son maître avec un homme dont le caractère présentait quelque chose de merveilleux et de philosophique. Cet homme, aurait dit Aristote lui-même, était, cle naissance, un _Juif de la Cœlé-Syrie : ces .Juifs descendent des philosophes de l'Inde. Les philosophes s'appellent, /, dit-on, dans l'Inde Calanicns, et en Syrie Juifs: ils tirent ce nom du pays qu'ils habitent, la Judée. Le nom de leur ville est tout à fait bizarre : ils l'appellent Jérusa.lémé. Cet homme donc que beaucoup de gens rcce\·aient comme leur hôte, était Grec, non, seulement de langue, mais aussi d'àmc. Or il arriva que, pendant notre séjour en Asie, il aborda aux mêmes lieux, ct sc lia avec moi ct quelques antres hommes d'étude, pour éprouver notre science. :\Jais comme il avait étt\ li'' aYec un gr·and nombre de sages, il nous communi(1ua plutôt une partie de la sienne (2) ». L'authenticité de ce texte ne peut (\tre infirmée du fait de l'étonnement d'Aristote en face de l'dran()'cté du nom de .Jérusalem, ni par le rapprochement entre Juifs ct as~.,ètes brahmanes. Au contt'ait·e. Un faussaire eùt employé le mot hellénis­tique de !licrosolyma ct évité la cont'usion entre le 'Judaïsme ct le Brahmanisme. Cette association, comme la pl'éscntation des Juifs sous l'aspect d'une secte philosophique, est une de ces inexactitudes inhôrentes à la notion confuse née du premier contact d'un Grec

(Il ls., Xl, Il; Joel, J\', li. Cf. RFJ., 192i, 571.

(2) Josi·:PIIE, Contre Apion, 1, lïG-182, d'après RE!NAGII el L. llLUM, éd. Budé. Cf. Textes relatifs au .lltrlaiSIIte. p. 10·12, où est discutée la valeur de cc texte. Voir aussi li. Wn.Ln!~ll, .!aden und Gricr!ten, p. 'di ss.; M. BADIN, The Jews amonq i/Je Greelis and Romans (1(115), p. 8~.

REVUE BIBLIQUE.

lettl'é avec un g·roupcmcnt é!ra.nger (1). Lrs e!Temcnts de l'informa­tion grecque conccenant même les l~gypliens s ;JÜ eneore beaucoup plus graves. En définitive, le rappol't de Cléarque témoigne d'une connaissance assez resl!'einl e et peu profonde du milieu juif.

A cause de leur situation mal'itime, de leur activité industt·ielle et commeniale et de leur pal"tieipation aux guenes médiques et ch y­priotes, les Phéniciens daient beat1coup mieux connus des Grecs. Hérodote et Thucydide n'avaient pas peu contr-ibué à cette notoriété, l'un en faisant valoit' la grande influence qu ïls exercèl'en t sur les G!'ecs primitifs au point de vue mythes, mystè!'es, rites, écriture et sciences, l'autre au poiut de vue de la colonisation. L'excellence des Phéniciens en matière de navigation, d'astronomie et de géométri(' était préconisée par les souJ'ces de Strabon et, d'après ce géographe, ce fut d'eux qu'Homère tira sa connaissance exacte des sites de la mer Intérieure et de la mer Extérieure. Fervent lecteur de l'Ilia le et de l'Odyssee, Alexandre ne pouvait igno!'er ces habiles Sidoniens auteurs des cratères d'argent ciselés, aux lèvres de vermeil, offerts par Achille pour prix de la course ou donnés à Télémaque par Ménélas au retour d'un voyage en Phénicie, ni ces femmes Sidoniennes expeetes à broder ces voiles apportés de Sidonie à travers h mer nébuleuse. Comme il devait être curieux de voir cette Phénicie illustre, aux belles maisons, dont parlait Ulysse! O'aillems les Phéniciens du n'" siècle maintenaient leur renom de navigateurs et d'artistes. L'.entourage du jeune conquérant ser'ait à même de visiter les centres dont pro­venaient ces produits de la métallurg-ie, de l'iiJdnstrie textile, des Yerreries, cette pourpre tant vantée, ces ,·aisseaux si pratiques, répandus à travers tout le monde méditel'ranéen comme aux temps homér·iques (2). Passée du Yasselage de la Perse au service de l'hellé­nisme, la PÎ1énicie, outre qu'elle mettrait ses ressources à la disposi­tion du vainqueur, résisterait difficilement, pensait-on~ au rayonne­ment de la civili~ation que celui-ci représentait. Une certaine fusion déjà s'était opér·ée entre les mythes phénicieos et grecs et, YCI'S 400, l'art gl'ec avai't pénétré larg·emcnt dans Sidon où l'on voyait tl'cnte ans plus tard régner Stl'aton, uu ûlé philhellène (3).

(l) Les fndica de Megasthène (vers 200) se permet encore le rapprochement entre Juifs et Indous, les Juifs considérés eomme philosophes étrangers à l'Hellade, ce qui est admis par Théophraste, disciple et continuateur d"Arbtotc, mort en 28ï. Cf. Th. UE!NAC!l, Textes rda/.. au htd., 7-13. LAGHANGE, I.e J udaisme ara nt Jésus-Christ, 500.

(2) Les rapports entre Grecs et les populations maritimes de la côte syrienne font l'objet prineip<tl ùu lJrillant ouvrage de Victor BÉ!<AHD, Les Phéniciens et l'Odys.1éc. L"édit. de 19'!7 <'st mise au courant des nom!Jrcux travaux publiés autour de cette question.

(~) H~<NAN, 1lfission de Plu'nicil', revient à plusieurs reprises sur les caraetcrisli'lues

?vll~LANGES. :i3ï

La côte phénicienne n'avait plus de mystère pour les navigate:urs chypriotes et g-l'ecs, surtout pour ceux qui viva,ient avec les Phéni­ciens en sujets du Grand Roi. Avant l'expédition macédonienne, il existait une description de cette côte qu'on atteibua dans la suite au Carien Scylax, amiral au service de Darius, surtout célèbre par son p<''riple de l'océan Indien.

A la suite de la Cilicie, notait le périple méditerranéen, vivait sur la bande étroite de la côte de Syrie le peuple phénicien. On y ren­contrait Tripolis, Arados, île et port, puis une autl'e Trip,olis com­prenant trois quartiers isolés les uns des auh'es par une enceinte prop1'e et habités respectivement par des gens d'Arados, de Tyr et de Sidon. C'est de là qu·est issue la Tripoli modeene. Plus au sud, la montagne de la '' Face de Dien n, le Théouprosopon, barrait le chemin du littoral ayant à ses pieds le poet de Tl'ièrés. Serait-ce Héri au nord du Ras es-Saqqa? Non loin Yers le midi, le nom du village de JiVagh el-I_Iagar '' le Visage de pierre n rappelle avec une mitigation l'ancien nom du promontoire sacré. Le document signale ensuite Béryte, ville et port, l'énigmatique Borinos, la ville de Porphyreon dont les abords nous seront décrits plus tard par Polybe à propos de la victoire d'Antiochus III, en 218. Après la bande resserrée entre le pied du Liban et la mer depuis le Oamouras ou fleuve du Lion jusqu'à el-(~iyeh, l'ancienne Pol'phyreon, viennent Sidon, ville maritime illustre et sa colonie d'Omitilopolis, h Blt Sippuri des Assyriens, aujourd'hui Tell el-!3ou1'àq, enfîn Sarepta, ville des Tyriens et Tyr ayant un port à l'intérieur de son enceinte. La ville même est dans une ile distante de trois stades du continent (1). Ce caractère insulaire de Tyr, qui dénote pour le pét'iple une orig·ine antérieure à Alexandre, répond aux expressions bibliques d'Isaïe xxm, 2 et d'Jtzéchiel :xxn, 5 et xxvii, 32 dépeignant la ville de Sour SU!' son rocher au milieu de la mer. Il ne parait pas que des traYaux du long' siège de Nabuchodo­nosor (:585-572) il ait résulté une liaison entre l'île et le continent. On comprend toutefois que saint .Jéeôme ait été très impeessionné par la vision d'Ézéchiel où l'opération du rnonat'que chaldéen préfigure celle d'Alexandre: «Il élèvera contre toi des toms, il amoncellera des terrassements; il dressera le toit d'abri, il amènera les béliers. Tes murailles et tes tours, il les abattra avec ses machines de guerre (2) >>.

distinctives des deux civilisalions et sur la supériorité de l'art grec qui s'imposait de lui-même aux Cananéens de la côte. Voir l'index au mot Grèce (intluence de la).

(1) Geogr. Grœci minores, !, ïS. Cf. POLYBE, v, GS, DUSSAUD, Topogr. /list. de la Syrie, 41 ss.

(2) Ezech., xxvr, 8-B qui supporte le parallélisme arec Arrien u, 18, G, de telle sork

:538 ru;:vuE BWLiiJUE.

Aussi bien le geand exégète latin apen;oil-il à travers cet ot·acle Nabuchodonosoe faisant jeter des rocs dans la mer par son innom­brable armée et élever des remblais dans le détroit de fa(;on à joindre l'llc .au rivage (1 ). « Que Tyr était une île ct n'avait pas d'accès du côté de la tet·re, nous Je lisons, remarque-t-il, dans les histoires grecques, latines ct barbares. '' Si la ville est devenue une péninsule, à qui le doiHm? Pris entl'e la rigueut' de son Lexte et l'affirmation en faveur d'Alexandt·e, saint Jérôme témoigne au cours de son explica­tion du cbap. xxvr d'un certain embarras : Sed postea a Nabuchodo­nosor) Tege Clw!daeorwn vel, ut nonnuli affirmant, ab Alexandra, rege Macedonwn1 jactos esse aggeres, et oppugnatione vineisque et arietibus !ocum praeparatum, ac de insula factam esse peninsu­!am (2). Il était en effet difficile de se dérober complètement à l'évi­dence historique relative à la construction de la digue par les Macédoniens. La solution à laquelle on s'arrête en généml présente le siège de Tyr, au vr" siècle, comme un blocus de treize années qui ruina le commerce de cette ville et s'acheva par une capitulation. L'appauvrissement de ce marché fameux déserté par les plus consi­dél'ables de ses commerçants priva le vainqueur du prix de ses efforts et celui-ci dut sc dédommager sur l'Égypte, comme l'iodique Ézéchiel, X: X: IX:, 18-20.

Au moment donc où le vainqueur d'Issos s'apprête à descendre le long de la côte phénicienne, Tyr se ceoit encore invincible sur son ilot et c'est à A-lexandre qu'il reYient d'avoie modifié pour jamai<; let topographie du grand port phénicien (3).

III. - MARCIIE LE LONG DE LA Plliè"i'ICIE. - Sti~GE DE T\11.

Un simple condottiere soamis aux caprices des événements n'am·ait pas pl'is :;oin comme Alexandre d'assurer après Issos l'organisation de la Cilicie et la soumission de la capitale de la Cœlé-Syrie, Damas.

qtte des crilique,; ont pensé que le morceau 8-14, qui semble isolt\ ùc t-G+ 1a-21, avait en vue la construction de la digue par les lllacédoniens. Voir P. CIIE\IINANT, Les J11'ophéties d'E:;écliiel contre Ty1·, p. 121<. La question se trouve spécialement exposée, 103, 107, 113 note.

(!) ln Ezecfl., lib. IX, c. 29. (2) ln Ezech., lib. v ur, c. 26.

(3) Confirmant la situation de Tyr établie par le Ps.-Scylu et les historiens d'Alexandre, a notice de· Pline, !list. Nat., v, Hl débute par celle affirmation que saint Jérome nlïgnorait pas : Tyros, quondam insnla, praealto mari DCC Jlassibus divisa, nunc vero Alexandri oppugnantis opel'i!JUS continens, ...

MELANGES. èi39

Tandis que 13alacros, fils de Nicanor, un des sept gardes du col'ps, reçoit le gouvernement civil et militaire de la satrapie cilicienne pour garantir la communication entre l'Asie Mineure et la Syrie, Parménion est envoyé à Damas pour cueillir le trésor et la suite royale de Darius et subjuguer le pays dont l'administration sera confiée à Ménon, fils de Kerdimmas. Tranquille sur ses derrières et sur le flanc oriental, Alexandre descend à la tête de son armée sur la Phénicie.

Eu route, il rencontra Straton, fils du roi d'Arados, qui venait lui offrir, avec une couronne d'or, la vieille cité insulaire d'Arwad, la grande et prospère ville de Mat'ilthos, Sigon et Ma!'iammè sur le continent, bref tout ce qui dépendait du pouvoir de son père Géro­strate qui se trouvait alors en mer Égée dirigeant une flotte au service du roi de -Perse. Straton avait eu l'intelligence de présumer l'assenti­ment paternel (1 ). __

Depuis Sa/:tyoun dans la montagne à l'est de Lattaquié, le conqué~­rant foulait le sol de l'État aradien. La démonstration de Dussaud appuyée par van Berch.em ne perm-~t plus de douter que cette place­forte ne soit la Sigon des Grecs et des Byzantins avant de devenir le château franc de Sadne dans la principauté d Antioche (2). Arrivée sur la côte, l'armée traversa« les filles d'Arwad >) : Gabala (Gebleh), Paltos à l'embouchure du Nahr es-Sion, Balanée (Baniyas), Carné, l'ancien port continental des Aradiens près duquel un bloc monolithe . est appelé vulgairement « fauteuil d'Alexandre n. A quelques kilo­mètres au sud de Camé on passait en face de l'ile de Rouad dont le nom conserve mieux gue le geecArados la forme phénicienne Arwad, · Anvada des lettres d'el-Arnama. Ce banc de rocher, éloigné de 3.000 mèl res de la teree ferme, po etait les hautes maisons de la capitale des Aradiens protégée pat' une enceinte composée d'énormes blocs. Une large jetée divisait le pot'!. en deux bassins tournés vers l'est (3). en face, sur la côte, le Tell (~amqé, recOU\'l'e l'ancienne Ephydea et, à 10 kilomètres environ plus au sud, l'on pénètre dans le champ de ruines de Ann·it1 l'antique Marathos, la plus brillante des filles d'At'wad. A 50 kilomètres à vol d'oiseau à l'est de ce site,

11! An HIEN, 11, 13, 7 ss. DussAt'n, Topogr. !list or. de la Syrie, 121. (2) DussAuo, /lev. Archéol., !. XXX (l8llï), 3!G; ï'opogr .. 14\J; Syria, 1920, ï6. llf. van

lh:ncnEM, Voyage en Syrie, I, 2ï2 s. (3) Il n'y a pas lieu d'insister ici sur un >ile décrit par Henan et revu en détail par

M. Trabaud et le P. Savignac. qui on! ajouté un certain nombre de pièces intéressantes au trésor archéologique de Rouaù. Rtl., 19Hi, 51);;-;,~)2; 1U1ï, 208 ss. Supplr;m. au Dictionn.

de la /Jible, col. 507 s.

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REVUE BIBLIQUE.

Oussaud ~ découvert dans le village actuel de Mariam/n la 1\Ia­riammè qui limitait au sud-est l'État de Gérostrate. << L'impor-tance de Mariammè dans l'antiquité tenait à deux causes: elle était un centre agricole de premiel" ordre et elle sc trouvait sur Ja route qui, d'An­farad us, débouchait dans la vallée de l'Oronte en face dï~mèse et d'Aréthuse. De Marianiïn on domine la large v<;~.llée de l'Oronte depuis lê lac de l.fom~ju!:>qu'à I:Iiimii '' (1). ·

Une fois accomplie la reddition d'Arados et de son tel'ritoire, Alexandre vient camper à Maeathos qu'Ar·rien place pas très exacte­ment en face de l'île de Rouad. Mais la situation de cette ville de la -;;apcû,[a -:id~ 'Apao[uJ'I ne fait aucune difficulté. Honigmann dans le récent article Mw·athos paru dans la Realencylopadie de Paulv­\Yissowa (t930) déclare que cette ville, certainement d'une haute anti­quité, n'~t pa~ mentionnée avant l'expédition d'Alexandre. Je pense au contrrure la retrouver dans la liste C de Thoutmôsis III à Karnak no 222, transcrite par Burchardt krtmrt et par Gauthier kartamrout~ avec cette note : « Ville de la Syrie du Nord, non identifiée, dont le n?m est probablement à décomposer en Qart arnrout et peut signifiee mlle \o~ j~rdin) des palmiers (suivant Max Burchaedt) (2). ,, Attendu les hesitations qui se remarquent plus d'une fois entre k et q dans les trans~riptions égyptiennes, combien il est plus simple de retrou­vee derrière le texte hiéroglyphique !"\il:J mp, Qart Marat (3)! La forme amrout ferait même supposer une prononciation locale dont l'arabe Amrït serait l'aboutissant normal. Le campement sur les ~o~·ds du Marathias, le Nàhr AmrU) au milieu des surprenants edifices rupestres de la cité phénicienne, dut fournir à l'escorte du conquérant l'occasion de satisfaire sa curiosité des civilisations étrangères ( !~).

Cc fut à Marathos, et non à la suite de la bataille d'Issos, comme le veut Droysen, qu'eut lieu le premier échange de lettres entre Darius et Alexandre (5). An message hautain du Grand Hoi qui contestait la roya~té, de_ son ri val, celui-ci répondit qu'il revendiquait Ja qualité de ro1 d Asie et repoussait la rançon pécuniaire et le traité d'alliance

(1) Rev .. 1rchéol., t. XXX (1897), 317; Topoqr., !lï. (2) Dictionn. des noms géogr., 1. V, 19!.

(3) Les nombreuses monnaies de la ville" portent le nom de rno. (4) Toute la documentation désirable sur ce site arcbéologiqu.e·est donnée dans J'ar!.

Jllaratlws de la 1/ealencycl. cité plus haut. (5) ARRIEN, li, 14, 4; QUINTE·CUHCE, IV, 1, 2. RADET, Notes critirtues sur (flist. d'A·

le.xandre, t• série, 33.

~11~LANG ES.

ct d'amitié qui lui étaient offer[s. En terminant, il priait Darius de ne pàs fuir et de l'altendre afin de vider la querelle par un nouveau combat. Ce fut à Mar athos aussi qu'Alexandre apprit la ràfle énorme opérée à Damas par son vieux Parménion et dont Quinte-Curee a tracé un tableau si vivant: ce fut là enfin qu'il se fit envoyer les ambassadeurs des états hellènes capturés avec le trésor et toute la smalah du roi de Perse.

Refaits pat· le séjour de Marathos, les Macédoniens gagnèrent Byblos qui capitula sans retard, puis Sidon, animée d'une haine farouche contre les Perses au souvenir des rigueurs exercées contre elle par Artaxerxès III, en 351. Aussi le vainqueur, plein d'égards pour une ville qui l'accueillait en vengeur, lui restitua-t-il son ancien territoire et sa constitution, remettant le pouvoir au descendant des rois de Sidon, Abdalonyme, qui menait une vie pauvre et obscure (1). Alexandre trouvera chez les Sidoniens dans sa lutte contre Tyr une base d'opérations et un concom·s précieux.

Sur la route de Tyr le chef de l'expédition reçoit les envoyés de cette fière cité qui se disent prêts à faire ses volontés. i\Iais ils ne s'altendent pas à la prétention arrêtée d'Alexandre d'offrir un sacrifice à leur dieu nat:onal le Baal de Tyr, .Melqart, connu dans le monde méditerranéen comme Héraclès l'Archégète, dans son antique sanc­tuaire qui protège l'île des Tyeiens. Vu l'incertitude du dénouemen.t de la crise actuelle, on avait décidé que ni Perse ni Macédonien ne serait admis dans la ville insulaire jalouse de sa neutealité, parti le plus raisonnable à l'heure actuelle. Que l'étranger sacrifie tant qu'il voudea au temple d'Héraclès à Palœtyros! Concession dont le descendant d'Héraclès sent toute l'insolence. Ce n'est pas là qu'il retrouvera Je dieu dont les rois de 1Iacédoine tirent leur origine : c'est à Tyr même qu'il a fait vœu de célébrer son culte et il y tient d'autant plus que cet acte lui a été enjoint par un oracle, et un oracle, d'après Radet, de l'Apollon Pythien de Delphes (2). Cet empiète­ment sur le privilège des rois-prêtl'es de Tyr compensera le sacrilège des Carthaginois qui avaient envoyé l'Apollon de Géla à Tye où il était chargé de chaînes. Alexandre fait paetager son sentiment aux gens de guerre en leur racontant que son ancêtre Hercule lui est apparu en songe sur les remparts de la ville et que, le guidant par la main, il l'a introduit dans la citadelle (3). Il leur tient ensuite un

(1) .iRn!gN, Il, 15, 6; QL:lNTE-CUncr., IV, 1, 3-4, EISELEN, Sidon, 69.

(2) Tyr, Delphes et f'.lpotlon d" fléla dans Notes crüiq11.es s11r l'hist. d·At., 51 ss. 1_3) I,!GINTE·CuncE, 11·, 2, 17; Ann!EN, 11, 18, 1; PLl'TAI\QoE, .tlexandrc, xxn·, 2.

HEVUE BIIJLIQUE

discours tt·ès habile sur les inconvénients de laisser derrière lui une Tyr évidemment hostile et sur les avantages qu'il y avait à réduire une telle puissance (1).

Dès lors, en janvier 332, commença cc fameux siège de Tyr qui devait durer sept mois, véritable travail d'Hercule pl'Opre à frapper l'imagination des peuples. Bâtie sur un I'ocher de 576.508. mètres carrés de surface où les maisons se développaient en hauteur par de multiples étages, la ville pouvait compter une population de 45.000 habitants. Sur le pourtour de l'île régnait une muraille en grosses pierres de taille, haute de 150 pieds surmontée,. par endroit, de tours en bois d'où s'exerçaient une garde vigilante et une défense facile. Deux ports s'ouvraient l'un au nord-est de l'île, le Sidonien; l'autre au sud-est, l'Égyptien. Les rangs pressés des galères en interdisaient l'accès. Du côté de la terre ferme, la cité, pensait­on, était inattaquable. 11 y avait là un détroit de trois ou quatre stades de largeur (de 500 à 700 mètres) dont. le fond, d'abord vaseux, mesurait trois brasses de profondeur aux abords de l'île. Le vent y soulevait des vagues qui en rendaient le passage aventu­reux (2). Le défaut de flotte, au début des opérations, obligea pour­tant Alexandre à atteindre la ville récalcitrante de ce côté hérissé de difficultés sans nombre auxquelles s'ajoutèrent, en approchant <tu rempart, les projectiles des assiégés et les sorties des vaisseaux tyriens.

De sa tente plantée sur le littoral en face du port Égyptien (3), :\ lexandre surveillait les travaille urs pris dans son armée et dans les villes voisines. Pour élever le remblai (xwfL(X, moles) de deux plèthl'es (environ 60 m.) de lat'ge à travers le détroit ne fallait-il pas des myriades de bi'as? On se pourvut d'abo!'d de matériaux en démolissant la ville continentale de Palœtyros qui s'étendait sur le continent jusqu'au Tell Re.sidiyeh, traversée par l'aqueduc de Râs el- 'Aïn. Puis on s'attaqua aux flancs de la montagne pour en extraire des quartiers de roc et l'on dut chercher au Liban le bois nécessaire à la confection des radeaux, des pilotis et des toms destinées à protéger les constructeurs de la digue contre les traits de l'adversaire. Celui-ci riait des efforts des assiégeants assez imprudents pour s'en prendre à Neptune, et sa confiance s'accl'ut lorsque les marins de Tyr réussirent

\1) AIIHIEN, 111 17. (2) QLINTE-ÜURCE, IV, 2, 7-9; DIODOHE, X l'Il, 40, 1; AH HIEN, 11, 1.8. Cf, RENAN, A/ission

de Phénicie, 526 ss.; GutRIN, Galilec, IL 180-188, 223 ss.; FLI~MINt:, Tite history of Tyre, ch. vu.

(3) AR HIEN, II, 20, 9; 21., 9; 22, 1.

MÉLANGES.

à mettre le feu à la jetée au moment où celle-ci atteignait le chenal

navigable (1). . . , . Comme intermède, les historiens stgnalent de nouvelles negocia-

tions entamées pal' les envoyés de Darius. Aux concessions du Grand Roi: abandon du pays entre Hellespont et Hal ys, mariage d'Alexandre avec stat.ira, fille de Darius, traité d'alliance, le stratège grec répond par une fin de non-recevoir. Le t:oi de P~rse lu~ offrait des terr_itoires qu'il ne possédait plus et son rt~al ~rete~da_It à ;a possessiOn de Persépolis, d'Ecbatane et de tout l emp:re astattqu~ (2). .

A près a voir relevé le courage des s1ens et rem1s en tr~m la cons­truction d'une seconde jetée plus large que la première. et des machines de siège qui devaient être véhiculées sur le remblai, Alexandre se rendit à Sidon avec l'infanterie légèl'e et les: Agrian.es en vue de réunir la flotte phénicienne qui, à la nouvelle de la vic­toire d'Issos, avait quitté l'amiral perse, Autophradates. Arwad, Bvblos, Sidon, Rhodes, Chypre, joignent leur contingent naval à c~lui de Protéas qui commande aux vaisseaux de Lyeie, de Cilicie e:t de Macédoine. Les 250 unités de cette escadre auront pour mission de bloquee Tyr par mer et de forcer au besoin les galères qui forment nne barl'ière à l'entrée de ses deux havres.

Tandis qu'on arme la flotte et qu'on fabrique des engins balistiques et d'assaut, Alexandre apprend qu'une trentaine de Macédoniens ont été massacrés à l'improviste par des Arabes au Liban. D'autres ont été faits prisonniers. L'historien latin qui nous livre cette information fait partir Alexandre de Tyr pour venger la ~ort de ses soldats chargés sans doute de surveiller les coupes de bois da?s la mont~gne. Arrien donne une note plus juste en marquant à Sidon le pomt de départ cette course du roi et de ses troupes légères jusqu'à « l_'Arabie vers le mont appelé Antiliban '' où les auteurs du mauvats c-oup s'étaient sans doute repliés comme chez eux:. Les uns sont anéantiR, les autres font leur soumission (3). l\'ous trouvons là un indice de la pénétration des Ituréens, d'origine arabe, dans l'Antilihan que Strabon nommera ·dr1 'I7,~p(Xtwv bps·x~·~ et sue le ho rd de la Beqa' hov Macrcruo:v) où ils aul'ont Chalcis pour capitale (4'. ' D'après une conjecture de Clermont-Ganneau cette approche des

(!) Pour les péripéties du siege les principales sou_rces sout ARHIEN, Il, 18 eL 19, QLi!NlE-ÜUHCE, IV, 3, 0IOOOIIE de SICILE, Xlii, 41, mi>CS en œuvre dans Ja narration développée de DnoYSEN, Jlisloi1·e de lït.ellénisme, 1, 283 ss.

(2) RADET, op. cil., 34 SS. 1:l) QuiNTE-Cunes, IV, 2, 11; 3, 12: AnnJEN, u, 20, t,; l'LvrAHQUE, A lex., 2'•·

(!i\ XVI, 2, 10.

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rturéens pourrait remontel' au temps d'Hiram, contemporain de Salomon, qui s'en alla coupel' du hois de cèdre au mont Liban pour construire le toit des temples de Tyr consacrés à Héraclès et à Astarté qu'il renouvelait et fit la guerre aux [ Ituréeos J qui lui refusaient le tribut et les plaça de nouveau sous le joug. Le texte de Ménandre d'Éph~se cité par Josèphe, Antiq.) vm, 5, 3 porte 'hu:~.odo~; déformé en plusieurs variantes. Le contexte ferait en effet penser aux Ituréens plut6tqu'aux habitants d'Otique (1). On objecte cependant la difficuité d'admettre à une époque si reculée l'arrivée de cette tribu arabe dans l'Antiliban, attendu sa situation dans le voisinage des Hubé­nites au temps de David. Mais qui sait si la peuplade itutéenne ne s'était pas déja fraètionnée? Les pays où David, suivant Eupolème, aurait porté ses armes comprenaient la Phénicie et touchaient à l'Euphrate.

· Dix jours suffirent à Alexandre pour accomplir cette œuvre de pacifieation. La célérité de ces déplacements expéditionnaires est remarquable. De l' Amanus à Damas Parménion et sa troupe n'avaient pas mis plus de quatre jours. Le raid en Iturée a trouvé sa place dans le Roman d'Alexandre) mais, en esprit judicieux, Ernoul en a rectifié les données : « Entre ces deux montaignes (Liban et Antili­ban) a une valée, c'on apiele le Val Bacar (Beqa '), là où li home Alexandre alèrent en fuere (fourrager), quant il aseia Sur. Oont cil qui le Romant en fist, pour mener se rime, le noma Val de Josafas por se rime faire (2). >) ·

De retour à Sidon le généralissime monte sur un des vaisseaux de la flotte qui se dirige sur Tyr en ordre de bataille. Les Tyriens refusant le combat barrent l'entrée du port Sidonien par un rang de trir'èmes serrées l'une contre l'autre, éperon en avant. Le blocus commence avec le printemps de 332. En mnssacrant les prisonniers macédoniens sur leurs remparts au vu des assiégeants, les Tyriens ont commis l'irréparable, et le refus de secours de la part des Cartha­ginois les pousse à tenter au cours de l'été une sortie qui surprend les navires chypriotes, mais se voit réduite à néant par le génie d'Alexandre. Sur les vnisseaux et sur la digue achevée, des engins nouveaux sont créés et les ingénieurs militaires rivalisen~ en habileté avec les défenseurs de la place. nne hrèche dans le mur mél'idional est aussit6t fermée par une muraille élevée en arrière.

(t) R.IO., VIII., 151, 160; cf. IV, 253 n. 2. I Chr., ,., 1\J; Eusi-:nE, Prépar. évang., IX, 30.

(2) Fragments relatifs à la Galiü;e, MicnELANT et H.HN.\t:n, !tin. {ra11çais, 5G.

MELANGES .

Le mois d'aoùt amène l'assaut général et définitif. Les vaisseaux chargés de soldat~ et de machines abattent le 'mur méridional. On lance des ponts volants. Alexandre, remplaçant son lieutenant Admète qui vient d'être tué, occupe deux tours avec ses Macédoniens ct se rend par le chcrnin de ronde jnsqu'au palais royal. Devant l'Agéno­rion, huit mille Tyriens périssent en combattant. Les galères de Sidon, de Byblos et d'Atwad ont pénétré dans le port sud, les Chy­priotes dans le port nord, et le flot des assiégeants envahit la cité. Oes survivants de la ville conquise trente mille sont vendus comme esclaves, d'autres se réfugient sur les bâtiments des Sidoniens qui compatissent à leur infortune, d'aut!'es doivent lem vie au droit d'asile du temple d'Héraclès, entre ·autres le roi Azémilcos et des Carthaginois venus en pèlerinage au sanctuaire de Melqart. C'est là, dans cet édifice célèbre par ses deux colonnes, l'une d'or, l'autre de verre dans laquelle brillait une flamme perpétuelle, symbolisant les Colonnes d'Hercule, qu'Alexandre accornplit'son vœu eh offrant un sacrifice solennel en présence des troupes sous les armes pendant que la flotte pavoisée croisait à la hauteur de l'ile. Il y eut des jeux 0'\:mniques et des courses aux flambeaux. L'hélépole, qui enfon(:.a le o, mur, et la barque sacrée d'Héraclès fUI'ent placées dans le temple avec une inscl'iption votive. Philotas eut le gouve!'nement de Tyr devenue la place d'armes macédonienne de la côte de Phénicie.

(A suiure.)

F.-M. ABEL.

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