Palestine n°63

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TRIMESTRIEL N°63 – JANVIER/FÉVRIER/MARS 2015 – DÉPÔT BRUXELLES X – AGRÉATION P401130 palestine BULLETIN DE L’ASSOCIATION BELGO-PALESTINIENNE / WALLONIE-BRUXELLES ASBL Belgique/België P.P. Bruxelles X 1/1624 « Je n’ai jamais pensé voir ma vie en dehors de la réalité, terne, sombre, sombre et si incertaine. C’était jusqu’à l’achat de mon appareil photo... À partir de ce moment, j’ai pu créer ma propre réalité à travers une lentille. Tout d’un coup, cette vie était pleine de couleurs nouvelles... La vie avait un sens différent. Mon nom est Mahmoud Jamal Elkourd. Aujourd’hui, je vois un tout nouveau monde avec mon appareil photo. Un monde où je suis libre d’exprimer mon être, où l’espoir se trouve dans des endroits sans espoir, où la beauté existe partout et en tout. J’ai une vision; un objectif. Une personne avec une vision ne tombe jamais dans la vie, parce qu’elle voit au-delà des obstacles, elle voit son but… » SOMMAIRE DOSSIER ÉLECTIONS EN ISRAËL > 3 Acharnement contre Gaza > 10 Cafouillages de l’UE > 16 Adhésion à la CPI > 18 Festival Eye on Palestine > 22

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Trimestriel de l'Association Belgo-Palestinienne janvier-février- mars 2015

Transcript of Palestine n°63

TRIMESTRIEL N°63 – JANVIER/FÉVRIER/MARS 2015 – DÉPÔT BRUXELLES X – AGRÉATION P401130

palestineBULLETIN DE L’ASSOCIATION BELGO-PALESTINIENNE / WALLONIE-BRUXELLES ASBL

Belgique/BelgiëP.P.

Bruxelles X1/1624

«Je n’ai jamais pensé voir ma vie en dehors de la réalité, terne, sombre, sombre et si incertaine. C’était jusqu’à l’achat demon appareil photo... À partir de ce moment, j’ai pu créer ma propre réalité à travers une lentille. Tout d’un coup, cette vieétait pleine de couleurs nouvelles... La vie avait un sens différent. Mon nom est Mahmoud Jamal Elkourd. Aujourd’hui, je vois un tout nouveau monde avec mon appareil photo. Un monde où je suis libre d’exprimer mon être, où l’espoir se trouve dans des endroits sans espoir, où la beauté existe partout et en tout. J’ai une vision; un objectif. Une personne avec une vision ne tombe jamais dans la vie, parce qu’elle voit au-delà des obstacles, elle voit son but… »

SOMMAIREDOSSIER ÉLECTIONS EN ISRAËL > 3Acharnement contre Gaza > 10Cafouillages de l’UE > 16Adhésion à la CPI > 18Festival Eye on Palestine > 22

Ce sont des militants des droits de l’Homme qui nous aler-tent le plus souvent sur les violations graves des droits hu-mains des civils palestiniens, perpétrées par Israël dans lesterritoires occupés.

Qu’il s’agisse de l’arrestation d’enfants ou de leur kidnapping, deleur mise à la torture via notamment leur enfermement dans descages, qu’il s’agisse de nouvelles confiscations de terre comme cefut le cas récemment à Hébron ou des conséquences dramatiquesdu blocus permanent contre la population de Gaza, il est rare queles grands médias occidentaux y fassent écho. Pour s’en justifier,les rédactions invoquent à la fois leur caractère répétitif et leurmanque d’intérêt aux yeux de leur lectorat.

Il en va tout autrement lorsque des Palestiniens ripostent par desactes de résistance individuels ou collectifs. L’écho ne se fait alorspas attendre : les gouvernements occidentaux réagissent immé-diatement par la condamnation et il se trouve toujours des médiaspour y réserver largement leurs colonnes. Et gare à ceux qui témoigneraient d’une quelconque forme de compréhension voired’empathie à l’égard des auteurs de ces actes aussitôt qualifiés deterroristes par la partie israélienne occupante : ils seront illico taxésd’antisémites.

Et c’est ainsi que Mr Netanyahou et ses ministres peuvent venir parader en toute quiétude aux côtés du président français etdénoncer en France ce qu’ils permettent à leur armée, à leur policeet à leurs colons dans les territoires occupés de Palestine.

Parmi ces militants courageux, je veux rendre particulièrement hom-mage à la professeure Nurit Peled-Elhanan, semeuse infatigabled’alertes à la conscience tant de ses concitoyens que de nombreuxréseaux de par le monde. Leila Shahid et elle s’associèrent à feu KenCoats, président de la Fondation Russell pour lancer le premierappel en faveur du Tribunal Russell sur la Palestine et dénoncer lesresponsables politiques et économiques complices de la souffranceinfligée par Israël aux Palestiniens.

Notre association tout entière tient à les remercier pour leur engage-ment sans faille et hors norme dans la défense des droits inaliénablesdu peuple de Palestine.

Pour nous, au moment où Leila quitte la Belgique, c’est nonseulement l’ambassadeur de Palestine qui s’en va mais aussi

une amie proche. Leila n’est pas seulement une combattante pa-lestinienne, c’est également une femme de grand talent sur laquelle nous avons pu compter pour la défense de cette cause quinous est chère.

Mais par-dessus tout, ce qui aura marqué son passage en Belgique,c’est sa détermination et son énergie déployées à faire sans relâchedécouvrir la richesse culturelle, la créativité et l’intelligence du peu-ple palestinien en résistance depuis plus de soixante ans contreson envahisseur, l’État d’Israël.

Elle nous a aidés à comprendre, notamment grâce au festivalMasarat, que sa culture était la sève et la force qui permettent aupeuple palestinien de rester debout, digne et toujours capable d’as-sumer son Histoire tragique. C’est sa culture vivante qui constituele levier grâce auquel le peuple palestinien peut affirmer en perma-nence son exigence de respect de ses droits fondamentaux.

Au revoir, Leila, et merci.

palestine no 63Comité de rédaction Marianne Blume, Ouardia Derriche,Nadia Farkh, Pierre Galand, Katarzyna Lemanska, Julien Masri,Christiane Schomblond, Gabrielle Lefèvre, Hocine Ouazraf et Nathalie Janne d’Othée / A contribué Henri Wajnblum / Relecture Ouardia DerricheAssociation belgo-palestinienne Wallonie-Bruxelles asblSiège social rue Stévin 115 à 1000 Bruxelles Secrétariat quai du Commerce 9 à 1000 Bruxelles tél. 02 223 07 56 / fax 02 250 12 63 / [email protected]

www.association-belgo-palestinienne.be IBAN BE30 0012 6039 9711 / Tout don de plus de 40 euros vousdonnera droit à une exonération fiscale. Graphisme Dominique Hambye & Élise DebounyAvec le soutien de la Fédération Wallonie-Bruxelles

Leila, Nurit DEUX LANCEUSES

D’ALERTESpar Pierre Galand, Président

palestine 02 ÉDITO

palestine 03 DOSSIER ÉLECTIONS EN ISRAËL

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Les élections du 17 mars prochain en Israël s’annoncentsous haute tension. La coalition gouvernementale précédente est

tombée notamment sur sa politique d’intensification de la colonisationet son projet de loi sur le caractère juif de l’État. Si le scrutin se profile

très serré entre l’ultra-droite et la coalition prétendument de centre-gauche(menée par Tzipi Livni, ex-membre du Likoud), la campagne, focalisée sur la

défense du sionisme, ne présage rien de bon pour les Palestiniens (pages 4 et 5).Entre pied-de-nez à la politique iranienne d’Obama et appels répétés à l’aliyah des Juifs

européens, les échos de la campagne de Netanyahou débordent par ailleurs la scène moyen-orientale (pages 6 et 7). En outre, après les attentats de Paris, Netanyahou se pose en défenseur

de la liberté d’expression, posture des plus hypocrites dénoncée dans notre article page 8.

DOSSIER

Électionsen Israël

ce qui lui a valu cette réplique du Meretz, parti de centre gauchecrédité de 5 sièges aux prochaines élections: «À notre grand regret,le Camp sioniste a rejoint le chœur strident des politiciens de droitevoulant exclure Zoabi. Haneen Zoabi repousse les limites de la liberté d’expression avec des positions problématiques, et pourtant,le procureur général a conclu que de telles déclarations ne consti-tuent pas un soutien au terrorisme et qu’il ne peut par conséquentsoutenir sa disqualification». Cela n’a pas empêché la Commissionélectorale, composée de parlementaires de tous les partis, unecommission exclusivement politique donc, de voter son exclusionpar 27 voix contre 6 en raison de ses prises de position pro-pales-tiniennes. Le seul recours possible pour Haneen Zoabi est l’appeldevant la Cour suprême qui malheureusement a renoncé depuislongtemps à la neutralité qui la caractérisait auparavant. Exclusiondonc de Zoabi pour délit d’opinion… Mais n’était-ce pas le triumviratNetanyahou-Lieberman-Bennett qui était venu défendre la libertéd’expression le 11 janvier dernier à Paris? Fais ce que je te dis, pasce que je fais… Ils en sont heureusement pour leurs frais, la Coursuprême israélienne a finalement invalidé cette décision, et HaneenZoabi sera bien présente aux prochaines élections.

QUEL SIONISME ?Mais revenons-en au fameux Camp sioniste que la presse, tant israélienne qu’occidentale, persiste à qualifier de centre gauchealors que c’est – au mieux – une alliance de centre droit. De quelsionisme s’agit-il donc là? D’un sionisme de gauche qui serait favorable à la création d’un État palestinien sur les frontières de1967? Certainement pas puisque Livni était au gouvernement durant l’été 2014 et que personne ne l’a entendue s’élever contrel’agression et le massacre à Gaza, pas plus qu’elle ne s’est élevéecontre la colonisation de la Cisjordanie. Peut-être la composantetravailliste de la nouvelle alliance alors ? Jugez-en plutôt… la seule

Élections israéliennes…

C’EST À QUI SERA LE PLUS«SIONISTE» par Henri Wajnblum

Ce n’est d’ailleurs pas la seule… Étant donné qu’aucun des partisarabes représentés à la Knesset n’avait obtenu 3,25% aux électionsde 2013, le parti d’Avigdor Lieberman, Israel Beiteinu (Israël notremaison), avait fait passer une loi remontant le seuil de représenta-tion à ce niveau. Le but de la manœuvre était limpide: évincer lesArabes de toute représentation dans la prochaine Knesset ! Résul-tat des courses, les partis arabes qui n’ont pourtant pas grand-chose en commun sur le plan idéologique ont dû se résigner à faireune liste commune incluant Balad, Raam Taal et le mouvement is-lamique auxquels est venu s’ajouter le parti d’extrême gauchejudéo-arabe Hadash qui vient d’enregistrer l’adhésion d’AvrahamBurg, ancien président de la Knesset et auteur de Vaincre Hitler.Cette alliance est aujourd’hui créditée de 13 sièges, un de moinsque HaBayt HaYehudi, le parti d’extrême droite de Naftali Bennett.Mais les sondages laissent entendre que la prévision pourrait êtrerevue à la hausse.

L’offensive contre les partis arabes n’est cependant pas près decesser… HaBayt HaYehudi, le Likoud et le Shas (parti ultra-ortho-doxe) ont en effet signé une pétition visant à rendre inéligible la députée de Balad Haneen Zoabi «qui passe son temps à s’exprimercontre l’armée et Israël, et qui soutient les plus grands ennemis de l’État d’Israël » ! Haneen Zoabi, une opposante radicale à la politique coloniale israélienne et à la prétention d’Israël d’être l’État-nation exclusif du peuple juif, s’était attirée une première fois lesfoudres de la Knesset en 2010 après avoir participé à la flottille pourGaza à bord du Mavi Marmara. Plus récemment, elle s’était vue interdite de parole à la Knesset pendant six mois en raison de sesattaques contre l’offensive israélienne à Gaza.

Mais il y a mieux… Le Camp sioniste de Herzog et Livni vient égale-ment d’annoncer qu’il se joignait à la pétition visant à exclure Zoabi,

palestine 04 DOSSIER ÉLECTIONS EN ISRAËL

C’est le 17 mars prochain que les Israéliens seront invités à se rendre aux urnes pour élire les 120 députés de la Knesset. La campagne bat actuellement son plein et les sondages vont et viennent. Le dernier en date publié le 9 février et commandité par la chaine de télévision Aroutz 10 donne 23 sièges au Likoudde Benjamin Netanyahou ainsi qu’au Camp sioniste issu de l’alliance entre le parti travailliste de Yitzhak Herzog et Hatnoua, le mouvement de Tzipi Livni. Je reviendrai plus loin sur cette nouvelle alliance.

Moshé Kahlon est un ancien proche de Benjamin Netanyahou. Celane l’a pas empêché de qualifier la situation d’Israël de «blocus poli-tique», ajoutant que « le vrai Likoud savait comment faire la paix,comment renoncer à des territoires». Évoquant le traité de paixentre l’Égypte et Israël signé par le fondateur du Likoud, MenahemBegin, Moshé Kahlon insiste : «Lorsque nous avons dû faire la paixavec le plus grand des pays arabes, nous l’avons faite. Lorsquenous avons dû faire des concessions, nous les avons faites».Moshé Kahlon serait-il devenu antisioniste ? Au contraire, nous dit-il, « je suis un pur produit du Likoud». C’est donc Netanyahou quiserait un imposteur et un traître au sionisme… C’est à n’y plus riencomprendre. En 1998, Denis Charbit publiait un ouvrage monu-mental intitulé Sionismes, au pluriel. Je crains fort qu’il ne doive yajouter un chapitre.

Si je pouvais donner un conseil aux électeurs israéliens qui sontengagés contre l’occupation et la colonisation ainsi que contre leslois liberticides qui fleurissent aujourd’hui en Israël comme desfigues de Barbarie, ce serait de voter sans états d’âme pour la listearabe unie… Ce serait le seul vote qui aurait un sens dans cetteperspective.

Une dernière chose… au cours d’une soirée électorale à Jérusalemdevant quelques centaines de francophones, Netanyahou n’a pashésité à lancer : «De même que je suis allé à Paris, j’irai partout oùje serai invité à présenter la position d’Israël face à ceux qui veulentnous détruire. Je le ferai non pas en tant que Premier ministre de l’État d’Israël mais comme représentant du peuple juif dans son ensemble ». Là, je nage en pleine confusion… Moi qui pensaissincèrement faire partie du peuple juif, voilà que Netanyahou m’enexclut sans autre forme de procès.

chose qu’elle ait trouvé à dire durant sa campagne, c’est que « (…)dans l’état d’isolement diplomatique dans lequel il se trouve, Neta-nyahou ne pourra pas défendre efficacement les soldats israéliens,après la demande d’adhésion à la Cour pénale internationale (CPI)de l’Autorité palestinienne» ! Ce n’est donc pas l’agression contreGaza qui lui pose problème mais la défense des soldats israéliensqui l’ont commise… et celle des responsables politiques qui la leuron fait commettre, pas plus que ne lui pose problème la colonisationque les travaillistes ont été les premiers à mettre en œuvre dèsaprès la guerre de juin 1967.

Si c’est cela être sioniste aujourd’hui, alors l’antisionisme revendiquépar un certain nombre d’Israéliens et de Juifs de la diaspora ne peutplus être assimilé à un terme obscène puisque cela reviendrait à direque la revendication de la fin de l’occupation et de la colonisation,ainsi que la volonté de voir Israël être l’État de tous ses citoyens relèveraient elles aussi de l’obscénité…

État de tous ses citoyens ? Par sa seule appellation, la nouvelle al-liance exclut de facto les citoyens palestino-israéliens car, commele dit très lucidement Uri Avnery, «pour les Arabes, le sionisme estpartout le synonyme du mal. Le sionisme leur a enlevé leur pays, lesionisme a expulsé les Palestiniens arabes et a produit la Nakba, le sionisme pratique aujourd’hui une discrimination à l’égard descitoyens arabes d’Israël dans toutes les sphères de la vie».

Dans le sondage dont je parlais plus haut, Yesh Atid (Il y a un avenir)de Yair Lapid et Kulanu (Nous tous) de Moshe Kahlon sont créditésrespectivement de 11 (contre 19 dans l’actuelle Knesset) et de 10sièges. Kulanu est un nouveau venu sur la scène politique, fondétrès récemment par l’ancien ministre des Télécommunications,Moshé Kahlon.

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Pendant que la campagne bat son pleinen Israël, ses échos parviennent jusqu’en

Europe et aux États-Unis. Profitant de ses prérogatives de Premier ministre, Benjamin

Netanyahou s’adresse régulièrement à un auditoireinternational afin de renforcer sa position électorale interne.

Ces adresses récurrentes du Premier ministre israélien aux Juifsd’Europe ne passent donc pas inaperçues et ont tendance à pro-voquer des réactions quelque peu indignées. Lorsque Netanyahoua encore lancé un deuxième appel aux Juifs de France après la profanation d’un cimetière juif le 19 février, Manuel Valls cible bienla justification fondamentale de ces appels en déclarant : «Unecampagne électorale ne veut pas dire s’autoriser à n’importe quelledéclaration ».

Outre ces appels à l’aliyah des Juifs d’Europe qui se multiplient,c’est tout un budget que le gouvernement de Netanyahou a allouéà sa promotion : 180 millions de shekels (40,7 millions d’euros) sontainsi destinés à favoriser « l’absorption des immigrants venant deFrance, de Belgique et d’Ukraine». Les premiers signes de cet in-vestissement se font déjà sentir, avec un salon de l’aliyah organisépour la première fois le 1er mars à Bruxelles ou encore la vidéo mon-trant un Juif qui se promène et se fait insulter dans les rues de Paris.À propos de cette vidéo, les Inrocks ont révélé que Zvika Klein, lejournaliste israélien qui a réalisé l’expérience, travaille pour des organes de presse de Sheldon Adelson, le principal bailleur de fondsdu parti républicain… et de Benjamin Netanyahou (« Qui est derrière“10 hours walking in Paris as a Jew” », les Inrocks, 17 février).

En appelant à l’aliyah des Juifs européens, Netanyahou montre demanière concrète comment il entend préserver le caractère juif del’État d’Israël. Une stratégie qui peut s’avérer payante dans unecampagne qui met le sionisme et sa défense au cœur du débatélectoral, mais qui peut coûter cher à Israël en matière de soutieninternational.

ISRAËL ET LES ÉTATS-UNIS : INGÉRENCES RÉCIPROQUESLes États-Unis ne sont pas non plus exempts des retombées de lacampagne électorale israélienne. Ces derniers mois, les relationsentre la Maison Blanche et le gouvernement israélien ne sont plus

Mais la teneur de ses propos commence à dépasser les limites del’acceptable et cela, pour de plus en plus de monde. Il existe en hébreu un mot qui résume bien son attitude, chutzpah, qui comme lementionne Wikipédia désigne «quelqu’un qui a dépassé outrageu-sement et sans vergogne les bornes du comportement acceptable ».

EN EUROPE : SUR FOND D’ATTENTATS, DES APPELS À L’ALIYAHLes attentats perpétrés à Paris contre Charlie Hebdo et contre un supermarché casher ont été la première occasion saisie parBenjamin Netanyahou pour adresser un message à son électoraten instrumentant la situation internationale. Sans y avoir été invité,le Premier ministre israélien annonce tout d’abord sa venue à la manifestation du 10 janvier. Les autorités françaises lui avaientpourtant signifié qu’il serait préférable qu’il ne vienne pas afin de ne pas altérer le message de la manifestation. Faisant fi de leur opposition, Netanyahou s’est non seulement invité à Paris maiss’est également fendu d’un tweet adressé aux Juifs de France : « Àtous les Juifs de France, tous les Juifs d’Europe, je vous dis: Israëln’est pas seulement le lieu vers lequel vous vous tournez pour prier,l’État d’Israël est votre foyer ». Un appel clair à l’aliyah – émigrationvers Israël – des Juifs de France, auquel Manuel Valls, pourtant favorable à Israël, a répondu en insistant sur le fait que la France neserait plus ce qu’elle est sans les Juifs de France.

Un mois plus tard, Copenhague est le théâtre de nouveaux attentatset voilà que, sans aucune gêne, Netanyahou en remet une coucheen s’adressant aux Juifs d’Europe en ces termes: « Israël est votremaison. Nous nous préparons et appelons à l’absorption d’une im-migration massive venant d’Europe ». Ce à quoi un représentant dela communauté juive danoise lui a – très justement – répondu:«Nous sommes très reconnaissants de la sollicitude de BenjaminNetanyahou mais, cela étant dit, nous sommes danois, noussommes des juifs danois mais nous sommes danois, et ce n’estpas la terreur qui nous fera partir pour Israël ».

La chutzpah de Netanyahou

LES ÉCHOS INTERNATIONAUX D’UNE CAMPAGNE »par Nathalie Janne d’Othée

palestine 06 DOSSIER ÉLECTIONS EN ISRAËL

d’un. Plus fondamentalement, la majorité des Juifs américains privi-légient une solution à deux États au Moyen-Orient. Pour cela, ilss’opposent à la politique de colonisation menée par le gouverne-ment de Benjamin Netanyahou. Nombreux sont également ceux quisoutiennent la politique iranienne d’Obama. Jusqu’à présent, raresétaient donc ceux qui osaient s’opposer publiquement à la politiqueisraélienne. Mais la manœuvre de Netanyahou pour s’imposer devant le Congrès, et cela en méprisant ouvertement la volonté del’administration d’Obama, peut changer la donne. Cette attitude peutdonc lui coûter le soutien – ou en tous cas la neutralité – d’unegrande partie de la communauté juive américaine.

LES ÉTATS-UNIS RESTENT NÉANMOINS UN ALLIÉNetanyahou peut donc se faire du souci quant au soutien des États-Unis au futur gouvernement israélien s’il remporte les élections.Néanmoins rien d’inquiétant dans un avenir proche pour les rela-tions entre Israël et les États-Unis, au vu du climat des relationsentre les États-Unis et l’Autorité palestinienne. Premièrement, l’Au-torité palestinienne a déposé une résolution devant le Conseil desécurité de l’ONU contre la volonté américaine (voir article en pages18-19 ). Deuxièmement, Mahmoud Abbas a ratifié le Statut de Romeet cela, à nouveau sans tenir compte des mises en garde améri-caines. Les États-Unis menacent désormais de cesser le versementde 400 millions de dollars d’aide annuelle à l’AP, ce qui représenteune grande part du budget nécessaire à son fonctionnement. LesÉtats-Unis restent donc fondamentalement des alliés d’Israël, maisil faudra que Netanyahou les ménage davantage s’il veut préserverle caractère inconditionnel de leur soutien.

Netanyahou s’invite donc sans aucune gêne dans l’actualité euro-péenne et américaine. Sa chutzpah frôle souvent l’inacceptable etil risque ainsi de se mettre à dos des alliés importants. Ces risques,il les connait pourtant très certainement. C’est dire l’enjeu que repré-sente pour lui le scrutin du 17 mars.

au beau fixe. Les efforts engagés par John Kerry pour relancer leprocessus de paix ont été mis à mal par la poursuite de la colonisa-tion du gouvernement israélien. Par ailleurs Netanyahou entretientdes liens naturellement meilleurs avec le parti républicain. Il a apportéouvertement son soutien au candidat républicain Mitt Romney lorsdes dernières présidentielles américaines. Or le parti républicainvient de gagner les élections législatives de mi-mandat en novembre dernier, atteignant des scores inédits depuis les élections de 1929.

À l’annonce de la tenue d’élections anticipées en Israël, un mot d’ordre très clair a été lancé par la Maison Blanche pour qu’il n’y aitpas de préférence exprimée pour l’un ou l’autre camp. Et voilà quesans consulter la Maison Blanche, Netanyahou accepte pour sapart une invitation des républicains à venir s’exprimer devant leCongrès le 3 mars à propos de la politique étrangère américaine.Comme le souligne le journal Haaretz, il s’agit en effet d’une ma-nœuvre gagnant-gagnant à la fois pour les républicains et pour lePremier ministre israélien. Les premiers feront entendre un plai-doyer contre la politique de négociation d’Obama avec l’Iran. Lesecond bénéficie d’une tribune d’une demi-heure dans le Parlementde la première puissance mondiale, une opportunité en or pourconvaincre les électeurs israéliens qu’il est l’homme de la situation.

La démarche a été fort critiquée par le camp démocrate. La MaisonBlanche a déclaré qu’elle ne recevrait pas Mr Netanyahou lors deson passage à Washington, chose assez rare lorsqu’un dirigeantse déplace jusque-là. Netanyahou aurait-il donc joué une mauvaisecarte? D’après un sondage mené par CNN, 63% des Américainsdésapprouvent l’initiative du dirigeant israélien (Haaretz, 18 février).Mais plus inquiétant encore pour Netanyahou, il semble égalements’être mis à dos l’opinion juive américaine. Comme le souligneBenjy Cannon dans Haaretz (« American Jews, speak out againstNetanyahu’s policies » dans Haaretz, 18 février), les Juifs américainsont toujours été majoritairement démocrates. Le fait que Netanya-hou s’affiche ouvertement pro-républicain en dérange donc plus

© Le soir, 17 février 2015

UNE LOI « ANTI-WOLINSKI » En Israël, la liberté d’expression est muselée par quelques lois li-berticides. Ainsi, une loi punit « l’offense aux sensibilités religieuses».Résultat, un magazine comme Charlie Hebdo ne pourrait pas voirle jour dans notre pays, écrit le dessinateur israélien Ido Amin (voirCourrier international du 13 janvier 2015).

« Mais si Wolinski (dont la mère était juive) était venu en Israël etavait publié un Charlie Hebdo ici, il aurait eu un problème », écrit IdoAmin dans Haaretz. « En France, la liberté d'expression est consi-dérée comme un droit universel. Mais en Israël, un hebdomadaire(comme Charlie Hebdo) ne pourrait pas exister, parce qu'une loi interdit d'offenser les sensibilités religieuses ». Il ne s’agit pas ici deloi contre la diffamation, l'obscénité ou le racisme, précise le dessi-nateur. « Il s'agit d'une loi bien précise, draconienne, une vraie loi anti-Wolinski. Elle interdit de représenter Moïse, Jésus ou Mahomet d'unefaçon qui risque de heurter les croyants. »

Rappelons aussi qu’en 2011, le parlement israélien a voté la légis-lation anti-boycott qui cible toute personne ou organisation appelantpubliquement au boycott contre Israël ou contre toute région sousson contrôle. À ce propos, dans un éditorial, Haaretz a affirmé quela législation anti-boycott était « une loi politiquement opportunisteet antidémocratique, la dernière d’une série outrageusement dis-criminatoire et poussant à l’exclusion adoptée au cours de la der-nière année, et qu’elle accélérait le processus de transformation ducode juridique d’Israël en un document dictatorial inquiétant. Ellejette l’ombre menaçante du délit sur chaque boycott, pétition etmême opinion exprimée dans la presse. Très vite, tout débat poli-tique va être réduit au silence ».

Quant au boycott international d’Israël, le professeur François Dubuisson, de l’ULB, rappelle le principe de base : « On peut penserce qu’on veut du mouvement BDS, mais sur le plan du principe,cela relève de la liberté d’expression. Cela ne devrait pas êtrecondamné sur le plan pénal. Sur le plan moral et éthique, chacunpeut en penser ce qu’il veut ».

IsraëlCHANTRE DE LA LIBERTÉ DE PRESSE ET D’EXPRESSION ?par Gabrielle Lefèvre

Image également choquante car Israël est un des États les plus répressifs en matière d’expression citoyenne et de liberté de lapresse dès lors qu’il s’agit de Palestine ou de sécurité de l’État. Lapresse palestinienne a payé un lourd tribut lors des bombardementsisraéliens meurtriers de l’été 2014 sur Gaza: en effet, 17 journalistespalestiniens y ont perdu la vie. Les reportages diffusés sur les plusgrandes chaînes de radio et de télévision et dans les meilleurs jour-naux n’ont pu empêcher l’hécatombe: 2300 morts. Mais ce travailde témoin a rempli sa mission journalistique: informer les opinionspubliques.

En plus des 17 journalistes tués, des 19 blessés, de la douzained’entre eux qui ont perdu leurs logements, 11 médias palestiniensont été directement visés par les bombes : « Un crime horrible et lapreuve irréfutable que le gouvernement israélien a délibérémentvoulu viser les médias et les journalistes palestiniens», c’est leconstat des membres d’une délégation de la Fédération internatio-nale des journalistes (FIJ), du Syndicat des journalistes palestiniens(PJS) et de quelques journalistes égyptiens réputés lors d’une mis-sion organisée par la Fédération des journalistes arabes (FAJ) justeaprès le cessez-le-feu du 26 août 2014.

« Il est temps de rendre Israël responsable de ses actes car il a étédémontré que le pays a violé la loi internationale et la résolution duConseil de sécurité sur la protection des journalistes en zones deconflit », ont-ils fermement rappelé.

Des journalistes palestiniens, israéliens et d’autres nationalités ontpartagé les mêmes conditions de vie, de pénurie, de risque que lapopulation de la bande de Gaza. Ils ont publié leurs témoignagesdans leurs médias respectifs et ont poursuivi leur travail d’informa-tion devant le Tribunal Russell sur la Palestine (TRP) qui a tenu unesession extraordinaire sur Gaza, le 24 septembre 2014 à Bruxelles.

palestine 08 DOSSIER ÉLECTIONS EN ISRAËL

L’image était pathétique : Benjamin Netanyahou, Premier ministre d’Israël,s’imposant dans la manifestation gigantesque pour la liberté d’expression organisée à Paris.

Les nombreux liens de la Belgique avec l’occupation israélienne sont exposés en détail et au grand jour par la chercheuse Katarzyna Lemanskadans son rapport commandité par onze organisations1. Il a été présenté le 28 janvier dernier à l’UPJB. C’est un rapport très fouillé qui suggère en outre de nombreuses pistes d’action.

En ce qui concerne l’importation de produits des colonies sur lemarché belge, l’Union européenne a émis une directive pour queles États membres mettent en place un étiquetage distinctif de cesproduits. Premièrement, une telle mesure rencontre une difficulté,celle de la traçabilité des produits, en particulier des produits agri-coles. La plupart des responsables de supermarchés qui souhai-tent exclure les produits des colonies de leurs rayons sont, dans lasituation actuelle, obligés de faire confiance à leurs fournisseurs israéliens. Une solution à cette difficulté est d’exclure de leurs four-nisseurs toute entreprise qui serait d’une manière ou d’une autreimpliquée dans la poursuite de l’occupation et non uniquement lesseuls produits de ces mêmes entreprises qui proviendraient descolonies. Par ailleurs, un étiquetage distinctif n’est pas la démarchequi répond valablement aux obligations de la Belgique en matièrede droit international. En effet, dans un rapport établi par le profes-seur François Dubuisson, il est souligné que le droit internationalimpose d’interdire purement et simplement la commercialisation deces produits sur le sol belge. La mesure est par ailleurs facilementapplicable puisque l’UE l’a mise en place cet été pour la Crimée:elle n’importe plus dorénavant de Crimée que les produits certifiéspar les autorités ukrainiennes.

Nous n’avons fait qu’ébaucher quelques pistes d’action, par ailleursdûment développées dans le rapport. Celui-ci constitue une res-source unique pour chaque association, chaque militant de lacause palestinienne : c’est en effet un outil précieux pour pouvoir ef-ficacement faire pression sur nos autorités afin qu’elles mettentenfin en œuvre les mesures concrètes qui permettront que la si-tuation des Palestiniens s’améliore.

Le rapport est disponible sur le site de l’ABP : http://www.associa-tion-belgo-palestinienne.be/infos/breves/publication-dun-rapport-sur-les-liens-de-la-belgique-avec-loccupation-israelienne/

1/ Les organisations suivantes ont financé le rapport : 11.11.11, Association belgo-palestinienne Wallonie-Bruxelles, ABVV-FGTB, ABVV Algemene Centrale-FGTB Cen-trale Générale, CGSP Wallonie, CNCD-11.11.11, Broederlijk Delen, FOS, Pax ChristiVlaanderen, Solidarité Socialiste, Tribunal Russell sur la Palestine.

La Belgique et l’UE ont l’obligation de ne pas porter assistance auxviolations du droit international commises par Israël. Le rapport secentre sur les domaines de compétences dans lesquels les autoritéspubliques belges ont un pouvoir d’initiative : les relations diplo-matiques, commerciales, militaires et la politique de recherchescientifique ou encore le tourisme. Les possibilités de liens s’avèrentmultiples et les pistes d’actions pour les dénouer le sont tout autant. Quelques mesures prises récemment par l’UE montrent une réellevolonté de ne plus porter aide ou assistance à la colonisation israé-lienne. Elles vont dans le bon sens mais restent trop peu nombreuseset sont souvent insuffisantes.

Dans la même veine, les Conclusions du Conseil des Affairesétrangères de l’UE en décembre 2012 ont pour la première foisdécidé d’insérer dans tous les futurs accords conclus avec Israëlune clause territoriale qui stipulerait que l’accord n’aurait de validitéqu’à l’intérieur des frontières de 1967. Rien de tel n’est par contrementionné pour ce qui concerne les accords passés antérieurement.Quelques mois plus tard, en juillet 2013, les Lignes directricespoussent la même logique un peu plus loin en excluant de tout financement, subventions ou prêts européens les projets situésdans les colonies. Par contre, elles ne visent que la localisation duprojet en question et non l’éventuelle implication de l’organisme dansla colonisation ou l’occupation. Les Messages communs de juillet2014 mettent bien en garde, quant à eux, les entreprises belges désireuses d’investir dans les colonies mais manquent de précisionsur les risques encourus et ne sont guère contraignants. Il faudra doncanalyser la manière dont les agences de promotion du commerce extérieur intégreront ultérieurement ces mesures.

Sans doute «à l’insu de leur plein gré», il arrive que des universitésaient collaboré ou collaborent à des projets avec des sociétés israéliennes fortement impliquées dans le maintien de l’occupationcomme Elbit Systems ou Israel Aerospace Industries. Plaider pourl’intégration d’une charte éthique commune qui puisse encadrer laparticipation des universités à des projets de recherche internatio-naux paraît une bonne piste.

LIENS ENTRE LA BELGIQUE ET L’OCCUPATION

ISRAÉLIENNE :

pistes d’actionpar Nathalie Janne d’Othée

Depuis le cessez-le-feu qui a suivi lasanglante agression contre Gaza durant l’été

2014, la situation de la population va en empirant au point que l’UNRWA a déclaré que Gaza était au bord

de l’effondrement.

(N. Chomsky, Ceasefires in which violations never cease. What’snext for Israel, Hamas, Gaza ?, 09/09/2014).

Le problème réside dans l’inaction de l’Europe, des USA et despays arabes: si toutes les « bonnes âmes » pleurent sur le désastre«made in Israël» dans la bande de Gaza, aucune sanction ni aucune pression sérieuse ne sont exercées pour y remédier.

L’ÉGYPTE ET GAZAAprès un mois de respect de la trêve, des discussions devaientavoir lieu entre les négociateurs israéliens et palestiniens surl’ouverture des points de passage aux biens et aux personnes,l’élargissement de la zone de pêche à 12 milles marins, la suppres-sion de la zone tampon, la libération des prisonniers, la constructionéventuelle d’un port et d’un aéroport et ce, sous le contrôle desforces de police de l’Autorité palestinienne (et non du Hamas donc).Théoriquement, l’Égypte, qui avait accueilli les pourparlers en vued’un cessez-le-feu, devait organiser la réunion. Or il est évident,depuis la prise de pouvoir par Sissi, que l’Égypte procède elle aussià un blocus de Gaza, accusant – sans preuve– le Hamas d’être àl’origine des troubles et des attentats dans le Sinaï. Dès lors, aprèsune réunion en septembre destinée à établir un calendrier et aprèsdes incidents dans le Sinaï, l’Égypte a remis à une date ultérieurela poursuite des discussions. Rien n’a avancé depuis sauf que Netanyahou a déclaré que les discussions porteraient uniquementsur la sécurité et que l’Autorité palestinienne ne semble pas avoir faitpression pour finaliser l’accord de cessez-le-feu.

Mais l’Égypte ne se contente pas de traîner les pieds, elle prenddes mesures concrètes contre la bande de Gaza et sa population.Tout d’abord, contrairement à ses promesses, la frontière avec Gaza(Rafah) est fermée de manière aléatoire et pour de longues périodes: ouverte 30 jours en septembre 2014, 19 jours en octobre,3 jours en novembre, 4 jours en décembre. Sur toute l’année 2014,le passage a été fermé 207 jours. Vu la quasi-impossibilité de passerpar Israël, des malades, des étudiants, des familles sont bloqués

ISRAËL ET GAZAL’accord de cessez-le-feu signé en août 2014 stipulait l’allègementimmédiat du blocus qui frappe Gaza depuis 2007: ouverture despoints de passages pour l’aide humanitaire et d’urgence, élargis-sement de la zone de pêche à 6 milles marins, réduction de la zonetampon à 100 mètres. Dans les faits, comme le dénonce HumanRights Watch, Israël n’a en rien changé ses procédures ni suppriméles restrictions au mouvement des biens et des personnes. Rienque l’approbation de projets humanitaires prend au moins 9 moisquand il n’y a pas tout simplement renvoi des projets aux calendesgrecques. Par ailleurs, Israël ne permet l’importation des biens quepar un seul point de passage qui est mal équipé (Kerem Shalom)contrairement à ceux qui étaient en fonction avant le blocus : dèslors, selon l’ONU, même si Israël permettait à ce point de passagecommercial de fonctionner au maximum, il faudrait vingt ans pourpourvoir aux besoins de reconstruction de la population (Gaza: Donors, UN should press Israel blockade, 12/11/2014, HumanRights Watch). Et ceci ne concerne que la reconstruction !

Par ailleurs, sur mer, la marine israélienne continue à restreindre lazone de pêche (5 milles maximum). Depuis la signature de la trêve,on dénombre: deux pêcheurs blessés, quarante pêcheurs kidnappéset relâchés sauf trois toujours en prison, cinq bateaux de pêche détruits et vingt autres confisqués.

Pour ce qui est de la zone tampon et donc des terres en bordure defrontière, l’armée continue de tirer sur les fermiers qui y vivent etmême à y faire des incursions pour détruire des champs. Depuisaoût 2014, un civil a été tué et une vingtaine d’autres ont été blessés.D’août à décembre 2014, on comptait déjà 94 violations du cessez-le-feu par Israël (94 Israeli Ceasefire Violations Since August,http://www.imemc.org/article/70072).

Comme l’analyse Noam Chomsky, Israël a l’habitude de promettrela levée du blocus de Gaza (voir en 2005, Accord sur la circulationet l’accès) et de ne jamais tenir parole : cela lui permet de gagnerdu temps et de poursuivre tranquillement sa politique coloniale

ACHARNEMENT

contre la bandede Gaza »par Marianne Blume

palestine 10 ACHARNEMENT CONTRE GAZA

destinataire. Or, depuis juin 2014, un gouvernement d’union natio-nale palestinien, composé de technocrates et d’aucun membre duHamas, a été mis sur pied. Et rejeté aussitôt par Israël.

Néanmoins, sa mise en place à Gaza est loin d’être effective. Pourdifférentes raisons dont un différend sur le payement des salairesdes fonctionnaires. En effet, alors que le Hamas demande que lesfonctionnaires qu’il a engagés depuis 2007 soient dorénavant payéspar le nouveau gouvernement, le Fatah, lui, exige la réintégrationdes anciens fonctionnaires dont l’Autorité palestinienne a versé et continue à verser les salaires alors qu’elle leur avait interdit detravailler avec le Hamas. Jusqu’à présent, les salaires des fonction-naires engagés après 2007 n’ont pas été payés. La situation estplus que tendue et les grèves se sont succédé dans les hôpitauxcomme dans les écoles ou les ministères. Il semble actuellementqu’une solution soit en vue.

L’autre point de discorde est le sort des forces de sécurité. Le Hamasn’est pas prêt à s’en remettre sans condition aux forces d’Abbas quin’est pas décidé à faire des concessions dans ce domaine. Bref, uneunion mal unie qui complique encore la vie des Gazaouis. Car c’esttoujours à Ramallah que les fonds d’aide sont versés (en dehorsdes agences de l’ONU) et c’est donc Ramallah qui décide de leurattribution. Or le Hamas prétend de manière récurrente que labande de Gaza n’en bénéficie pas comme elle le devrait. Parailleurs, maintenant que la Palestine a demandé son adhésion à laCour pénale internationale, Israël a riposté en retenant le montantdes taxes dues à l’Autorité palestinienne. La mauvaise situation financière du gouvernement palestinien est donc aggravée et lepayement des salaires retardé.

EN BREF…Nous assistons à Gaza à un génocide, lent, comme le décrivait IlanPappé. Dans l’inaction générale. Même les promesses d’aides financières humanitaires n’ont pas été tenues…(voir article page 12sur la reconstruction de Gaza).

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dans Gaza ou hors de Gaza, risquant leur santé et perdant parfoisleur emploi ou leur bourse d’études.

Par ailleurs, le gouvernement de Sissi a décidé, à l’instar d’Israël, dedétruire la partie égyptienne de Rafah pour créer une zone tamponqui aurait jusqu’à 6,4 km de profondeur. Cela signifie la destructionde milliers de maisons et l’évacuation de près de 75000 habitantsdont beaucoup sont des réfugiés palestiniens. (H. Sallon, «L’arméeégyptienne va raser Rafah pour isoler Gaza», Le Monde, 10/01/2015)Israël a dû donner son feu vert au déploiement de troupes dans leSinaï et à la frontière si bien qu’en Égypte comme en Palestine, onparle de collusion entre les deux gouvernements.

Cette zone tampon vise bien sûr à isoler Gaza et à consolider leblocus imposé par Israël : les rares tunnels encore en activité nepourront plus fonctionner du tout. Ce qui a deux conséquences: pénurie de biens –y compris de médicaments– pour la population etmanque à gagner pour le gouvernement du Hamas qui percevait desimpôts sur les tunnels.

Enfin, en février, le gouvernement égyptien a placé la branche arméedu Hamas sur la liste des organisations terroristes, contribuant ainsiencore un peu plus à la diabolisation du Hamas et donc à sa dis-qualification. Cette attitude de l’Égypte remet profondément en ques-tion sa qualité de médiateur. Il n’en reste pas moins qu’Israël, les USAet, dans une certaine mesure, le Fatah privilégient cet intermédiaire.

LES PARTIS PALESTINIENS ET GAZA Le cessez-le-feu avait été négocié via les Égyptiens entre Israël etune représentation palestinienne composée de membres du Fatah,du Hamas et d’autres partis. La levée totale du blocus devait se fairesous les auspices des forces de police de l’Autorité palestinienne,les Israéliens (tout comme les Égyptiens) exigeant leur présenceaux points de passage. Les Israéliens mettaient l’accent sur la démilitarisation de la bande de Gaza et le contrôle strict du matérielentrant et des aides financières afin que le Hamas n’en soit pas le

pratiquement rien n’est arrivé à Gaza. C’est lamentable et inaccep-table ». Apprenant l’arrêt de l’aide versée par l’UNRWA, plusieurscentaines de Palestiniens se sont réunis pour manifester leur colère,mercredi devant les locaux des Nations Unies à Gaza, avant d’êtredispersés par la police du Hamas.

En vue de la conférence des donateurs, l’ONU avait préparé un pland’urgence de 15 pages intitulé « Réponse stratégique aux hostilitésà Gaza » qui préconisait de donner la priorité à la reconstruction deslogements et des locaux de l’UNRWA détruits ou endommagés parles bombardements. Il se prononçait aussi pour une améliorationrapide des conditions médicales et sanitaires, notamment pour uneremise en état du réseau de distribution d’eau potable. L’Autorité pa-lestinienne, de son côté, avait présenté un document de 75 pages,évaluant à 4 milliards de dollars le montant de l’aide attendue. La ma-jeure partie de cette somme devait être affectée à la reconstruction ouconstruction de logements. La remise en état de l’unique centralethermique du territoire était également prévue. Faute de carburant,elle ne fournit actuellement que 6 heures d’électricité par jour.

Lire la suite sur le site de : http://blogs.mediapart.fr/blog/rene-backmann/300115/recons-truction-de-gaza-l-argent-promis-n-est-pas-arrive

LA CRISE À GAZA CONTINUE – 177000 Palestiniens sur la liste d’attente pour sortir de Gaza, dont des malades– 100 000 Palestiniens environ toujours déplacés– Plus de 300 000 Palestiniens sans ou avec accès réduit à l’approvisionnement en eau et aux services d’assainissement de l’eau– 95% de l’eau du robinet impropre à la consommation humaine– 1 800 000 personnes souffrent de coupures d’électricité allant jusqu’à 18 heures par jour

Reconstructionde Gaza :

L’ARGENT PROMIS N’ESTPAS ARRIVÉ30 janvier 2015 | par René Backmann

Cinq mois après la fin des combats de l’opération Bordure protec-trice lancée par Israël contre la bande de Gaza, la quasi-totalité desfonds promis par les donateurs de la communauté internationalepour reconstruire les habitations détruites n’a toujours pas été versée. Directeur de l’Agence des Nations Unies pour l’aide auxréfugiés palestiniens (UNRWA), Robert Turner a indiqué mardi qu’ilavait été contraint de suspendre le versement à des dizaines de milliers de Palestiniens sans abri des fonds destinés aux réparationsdes quelque 100000 immeubles endommagés ou détruits par lesfrappes israéliennes.

Près de 66000 familles sinistrées recevaient jusque-là l’aide del’UNRWA. Elle leur avait permis de réparer leur habitation ou de louerun logement provisoire. Mais 12000 autres Palestiniens déplacéssont toujours hébergés dans des écoles ou des locaux de l’ONU etplusieurs milliers sont retournés vivre dans les immeubles bombar-dés en utilisant des bâches en plastique pour se protéger du froidet de la pluie. (…)

Dans un territoire ravagé par 4 opérations militaires en six ans, oùl’activité économique est pratiquement réduite à néant par le blocusisraélien – et les mesures sécuritaires égyptiennes – et où 45% dela population active sont au chômage, les économies de la plupartdes familles sont taries depuis longtemps. Et l’aide des agences del’ONU est vitale.

Sur les 635 millions d’euros requis pour cette mission, 120 millionsseulement ont été versés. Alors que des crédits sont encore disponi-bles pour financer la reconstruction des bâtiments totalement détruits,l’UNRWA a déjà dépensé tout le budget affecté au financement desréparations ou au paiement des loyers des Palestiniens provisoire-ment relogés. « À ce jour, 68 millions d’euros ont été distribués pourpayer les réparations et les loyers des logements provisoires, a indiqué Robert Turner. C’est un résultat remarquable. C’est aussitrès nettement insuffisant. Nous ne devons pas perdre de vue quece sont plusieurs milliers de familles qui continuent à affronter l’hiverdans des abris précaires. Ces gens dorment dans les décombres,des enfants sont morts d’hypothermie. Sur les 5, 4 milliards de dollarspromis lors de la conférence des donateurs, en octobre, au Caire,

palestine 12 RECONSTRUCTION DE GAZA

Hossam Al-Madhoun, Gaza, 09/01/2015Rien ne se passe à Gaza, rien

«Cher Jonathan, que dire? Les choses en sont arrivées à un telpoint que nous sentons qu’en parler est inutile. Ils nous mènent au désespoir. Rien ne se passe, rien du tout. Rien de bon, rien demauvais. Rien ne bouge, rien ne s’arrête, rien ne s’améliore, rienn’empire, rien. La seule chose qui arrive c’est... rien. Ce « rien» esttuant. Moins d’électricité, c’est un détail. Pas de reconstruction, c’estun détail. Les enfants qui meurent brûlés à cause d’une bougie,c’est un détail. Plus de 10000 personnes qui vivent toujours dansdes écoles qui leur servent d’abri, c’est un détail. Le Conseil de sécurité de l’ONU qui rejette la proposition palestinienne d’un État,c’est un détail. Des centaines de milliers de gens sans travail, c’estun détail. Peine de mort pour un vol, c’est un détail. Le Hamas quirefuse de rendre le pouvoir au gouvernement d’unité nationale,c’est un détail. Le Fatah qui refuse de payer les salaires des fonc-tionnaires des services publics, c’est un détail. Les malades quimeurent faute d’avoir pu voyager pour se faire soigner, c’est un dé-tail. Les étudiants qui perdent leur chance de continuer leurs étudesvu la fermeture de Rafah, c’est un détail. Les gens qui meurentnoyés dans la mer alors qu’ils cherchent à avoir une vie hors deGaza, c’est un détail. Ma fille, Salma, qui passe deux semaines devacances scolaires à la maison puisqu’il n’y a nulle part où aller etpasser ses loisirs, c’est un détail. Les maisons qui sombrent dansla tempête, c’est un détail. Rien ne se passe, rien.Et ce « rien» nous tue.Gaza n’est pas une prison. Comme quelqu’un l’a dit, dans une pri-son, la nourriture est assurée. En prison, la sécurité est au moinsgarantie. En prison, l’éclairage est assuré. En prison, les visites dela famille qui vient de l’extérieur sont assurées.À Gaza, nous vivons la guerre, et entre des guerres. Rien ne sepasse, on attend la prochaine guerre.Tu sais ce qui est pire dans ce « rien»??? Dans le rien tu ne peuxt’attendre à rien et peut-on vivre sans perspectives?! Ils nous met-tent dans la position d’attendre la venue de la mort, de vivre sansespoir, de perdre le sens d’être vivant, dans quel but??? Les gensont même perdu la capacité de se révolter, même de se plaindreou de s’exprimer. Si tu es à Gaza, aujourd’hui, 90% des gens parlent de: électricité ou pas d’électricité ; 6 heures, non 8 heures,non moins que 5 heures. Quel sujet de conversation!!! Rien, moncher, rien ne se passe.»

Mohammed Musallam, Gaza, 30/01/2015Notre vie à Gaza : “ brève”

EAU: 2 heures par semaine, non potableGAZ: une demi-bonbonne tous les deux moisÉLÉCTRICITÉ: 6 heures par jourFRONTIÈRE: tous les deux mois, ouverte «seulement pour les malades, les étudiants et les étrangers»ESPOIR: chaque seconde, chaque minute, chaque heure

Ayman Abu El Tarabish, Gaza, 07/01/2015 Lieu: rue Al JalaaUn homme jeune, dans les 40 ans. Il met ses chaussures et sa vestedans un sac. Il crie de toutes ses forces: «À vendre, à vendre!». Iln’a pas assez d’argent pour lui et ses enfants. Les gens se sont ras-semblés… je le jure… Il marchait pieds nus.

Marwa Abou Labn, Gaza, 30/01/2015L’avenir de la jeunesse à Gaza (écrit en français)

Nous sommes des jeunes, nous sommes palestiniens et nous bâtirons les rêves dont nous sommes remplis, des plus concretsaux plus incroyables ou aux plus simples : continuer ses études,avoir un emploi en Palestine ou ailleurs et vivre en sécurité sont nospriorités actuelles.

Si nous ne trouvons pas une façon de canaliser cette dynamique etcette énergie qui grandit en nous quotidiennement en quelquechose d’utile afin de nous donner l’espoir sur cette terre, il est sûrque l’impatience nous détruira.

Nous sommes très attachés à la vie et nous voulons vivre commetout individu qui peut aspirer au minimum où qu’il soit dans le res-pect de sa dignité et de ses droits humains.

palestine 13 TÉMOIGNAGES DE GAZA

Ilstémoignent

née du texte final afin de parvenir à un compromis entre groupes politiques. Les personnes n’ont que deux voies de sortie de Gaza :le point de passage d’Eretz vers Israël et celui de Rafah, à la fron-tière avec l’Égypte. Mais Sourani remarque que, depuis la fin de laguerre, ces passages sont pour l’essentiel non fonctionnels. Eretzn’a jamais vu passer qu’un petit nombre de personnes et Rafah aété fermé la plupart du temps depuis le cessez-le-feu du moisd’août – il s’agit de la plus longue période de fermeture enregistrée.

LE GOUVERNEMENTLa résolution finale de l’UE mentionne « le soutien au gouvernementpalestinien de consensus » et souligne l’importance de « consoliderson autorité dans la bande de Gaza ». Le langage témoigne dufait que les deux principales factions politiques – le Hamas, qui

gouverne Gaza, et le Fatah, qui contrôle la Cisjordanie – se sont efforcées, depuis son lancement en avril, de faire fonctionner leurgouvernement d’union. Mais, pour Sourani, la prudence de langagede l’UE montre une faible compréhension de la rupture politiquesur le terrain. Là où pour les députés européens, il est question de«consolider l’autorité», pour Sourani, il s’agit de fawda ce qui signifie « chaos total » en arabe.

Il observe qu’Israël a encore fait empirer la situation avec son dernier assaut en encourageant le soutien populaire aux groupesradicaux. Il ajoute que le « chaos » sert les faucons israéliens en affaiblissant le Hamas et le Fatah en Palestine et sur la scène inter-nationale. «Alors que de nombreux Palestiniens se sentaient déjà abandonnés par les deux factions politiques, le conflit offre unenouvelle vie aux groupes et partis les plus radicaux », dit-il.

LES FRONTIÈRES« Dites-moi, où sont vos frontières? » demande-t-il en s’adressantconjointement à l’UE et à Israël. La résolution du Parlement européenparle des « frontières de 1967, avec Jérusalem comme capitale des

LA RECONSTRUCTIONIl remarque que la résolution finale du Parlement européen ne reprend pas le terme «blocus» à propos de Gaza. Selon lui, le «blocus» ou «siège» israélien doit être assoupli pour permettre lareconstruction d’après-guerre et la reprise économique. Cinq moisaprès la fin de la guerre, la reconstruction n’a pas encore démarré.« Malheureusement, dit-il, la reconstruction est un mirage, elle ne sefait pas ». Il analyse le « désastre économique » comme une créa-tion entièrement « politique » ; il fait remarquer qu’il y a 10 ans déjà,Gaza avait découvert en mer des champs gaziers qui lui auraientpermis de devenir autonome sur le plan énergétique, si Israël lui enavait laissé la moindre chance.

Il met aussi en garde contre le fait que l’ONU est en train de devenirl’exécuteur des ordres de la puissance occupante. C’est RobertSerry, le coordinateur spécial des Nations Unies pour le Moyen-Orient, qui a négocié les termes du mécanisme international de re-construction de Gaza. L’accord dit «de Serry» a scellé dans lemarbre le rôle de l’ONU dans la « course au ciment » – contrôlant,dans Gaza, qui reçoit quoi en matière de matériaux de construction,recherchant les articles susceptibles de « double emploi » [civil ETmilitaire], en collaboration avec Cogat, l’institution israélienne quicontrôle les mouvements de biens à l’entrée et à la sortie du terri-toire. L’institutionnalisation de l’accords Serry, dit Sourani, risquede faire trainer la reconstruction de Gaza pendant 40 ans.

LA LIBERTÉ DE MOUVEMENTSelon lui, l’impossibilité pour les Palestiniens d’exercer leur droit à laliberté de mouvement est aussi au centre du conflit. « Jusqu’à quanddevrons-nous être les « bonnes victimes » privées de dignité? » de-mande-t-il. D’anciens projets de résolution du Parlement européenfont mention de la possibilité de « réactiver et étendre » la portée dedeux missions européennes – Eubam Rafah (qui contrôle le mouve-ment des personnes) et Eupol Copps (qui contrôle l’état de droit).Cependant, comme en ce qui concerne le blocus, l’idée a été élimi-

LA RECONNAISSANCE DE LA PALESTINE PAR L’UE :

qu’en attendre de bon?Interview de Raji Sourani

palestine 14 RECONNAISSANCE DE LA PALESTINE

LES PROCÉDURES ABUSIVESSourani observe que les procédures israéliennes sont conçuespour empêcher les Palestiniens d’accéder à la justice. Il cite enexemple le fait que les Palestiniens, parmi les plus pauvres duMoyen-Orient, doivent verser une « taxe de garantie » pour déposerun dossier devant les tribunaux israéliens. Dans le cas « Soumani »remontant à Plomb durci, les forces israéliennes ont tué 27 per-sonnes d’une même famille ; Israël a exigé que ce cas soit traitécomme 27 plaintes séparées, augmentant ainsi le montant de lataxe jusqu’à plus de 100000 $.

Les avocats du PCHR, les plaignants et les témoins sont souventempêchés de se rendre aux audiences à cause des restrictions à laliberté de mouvement ; ainsi, les délais imposés pour le dépôt deplaintes ont pour résultat que 95% des plaignants sont dans l’inca-pacité de respecter les dates limites.

Sourani met aussi en garde contre le nouvel amendement législa-tif israélien, connu sous l’appellation d’« amendement numéro 8 »,susceptible de créer un nouvel obstacle. Cet amendement stipuleque « si Israël déclare l’état de guerre, personne n’a le droit de tenirson armée ou ses gouvernants pour légalement responsables deleurs actes ».

L’avocat remarque que si l’UE critique régulièrement Israël pour sesmeurtres de civils, elle ne prend pas en considération son méprisquotidien du droit des personnes. « Ceci est aussi un encourage-ment à l’extrémisme. Les gens sont désespérés. Ils ne voient pas dejustice. Ils ne voient pas d’espoir. Il n’est pas nécessaire de sacrifierl’état de droit pour assurer la sécurité d’Israël ».

Source : Interview de Raji Sourani par Gaja Pellegrini-Bettolidans EU Observer, Bruxelles, 6 janvier 2015.Le chapeau a été rédigé par la rédaction du Palestine.

deux États, un État d’Israël en sécurité et un État palestinien indé-pendant, démocratique, continu et viable, coexistant côte à côte dansla paix et la sécurité ».

Pour Sourani, cette déclaration avait un sens en 1967 ou, au plustard, en 1994, quand les accords dits d’Oslo essayaient de mettreen route le processus de paix. Mais il observe que l’accélération actuelle de l’expansion des colonies signifie qu’Israël est de facto entrain de redessiner les frontières « plus vite que [le temps qu’il faut]à l’encre des déclarations internationales pour sécher ». Selon lui,les communiqués de l’UE qui ne fixent pas de frontières précises et réalistes font pis que mieux en créant un cadre fictif pour la résolution du conflit. « L’Europe a des responsabilités : personnene veut d’un État « palestinien » virtuel ».

LES DROITS HUMAINSL’avocat sexagénaire réserve sa critique la plus acerbe à ce qu’ilappelle le mépris israélien pour l’état de droit. Selon lui, si ce conflitdoit connaître une fin un jour, il doit être gouverné par le droit et nonpar la loi de la jungle.

L’ONG de Sourani, le PCHR, a déposé 225 dossiers auprès del’avocat général de l’armée israélienne sur des allégations decrimes de guerre pendant la dernière année du conflit à Gaza. Il adéposé 1060 dossiers de demande de réparation/compensationauprès du ministre israélien de la défense. Mais, au vu du bilan is-raélien, Sourani n’est pas très optimiste pour la suite. Considérantla précédente incursion israélienne – l’opération Plomb durcide 2008/2009, qui a coûté 1400 vies – il constate que seulement5 des 492 cas soumis ont rencontré une issue positive. Les 5 « condamnations » prononcées à l’encontre de soldats des forcesisraéliennes de défense – qui ont tué une Palestinienne désarméeet sa fille agitant toutes deux un drapeau blanc – ont consisté à lessuspendre pour 6 mois.

Le 5 février, le Parlement belge a adopté une résolution très insatisfaisante sur la reconnaissance de l’État palestinien et cela, malgré le vote négatif

de l’opposition et les nombreuses interventions de la société civile. Le 17 décembredernier, le Parlement européen avait lui aussi voté une résolution tout aussi insatisfaisante

sur la reconnaissance de l’État palestinien. Dans une entrevue avec le EU Observer, Raji Sourani, co-fondateur et directeur du Palestinian Center for Human Rights (PCHR)

basé à Gaza, analyse le texte adopté au prisme de cinq problématiques qu’il estime indispensable de prendre en considération pour avancer vers la paix. Selon lui, la résolution du Parlement européen

ne s’attaque pas aux véritables obstacles à la paix et court le risque de perpétuer le statu quo.

Conseil européen a en effet adopté une position ferme sur la non-reconnaissance de l’annexion de la Crimée et a chargé la Commis-sion de se pencher sur l’élaboration d’une politique exhaustive denon-reconnaissance. C’est ainsi que l’UE a interdit l’importation desproduits originaires de Crimée (sauf s’ils sont accompagnés d’uncertificat d’exportation émis par les autorités ukrainiennes) et des investissements dans des secteurs spécifiques. Or des juristes ontétabli depuis longtemps que l’UE et ses États membres sont soumisà l’obligation de non-reconnaissance de la colonisation israélienneet de l’annexion de Jérusalem-Est et du Golan. Le parallèle avec lasituation de la Palestine et l’écart entre les réponses apportées dansles deux cas est flagrant. En ce qui concerne les produits des colonies, les 28 «menacent» Israël de proposer une labellisation(facultative) aux détaillants nationaux. Une mesure non seulementinsuffisante pour s’assurer de la mise en conformité de l’UE et deses États membres avec le droit international (comme le met en évidence la campagne Made in illegality à laquelle l’ABP participe)mais de plus indécente au regard de la gravité des conséquencesde la colonisation.

GAZA À propos de Gaza, le silence de l’UE est assourdissant : pas decondamnation ferme de l’opération Bordure protectrice. Les Euro-péens se sont par ailleurs abstenus lors du vote, le 23 juillet dernier,de la résolution qui a mandaté la mission d’établissement des faitschargée d’enquêter sur l’opération militaire israélienne Bordure protectrice, jugeant le texte de la résolution déséquilibré. Parallèle-ment, l’UE paie pour une reconstruction probablement vouée à ladestruction au vu de la constance et de la fréquence des attaques israéliennes et soutient le redéploiement de l’Autorité palestiniennedans la bande de Gaza. L’organisation d’élections est reportée auxcalendes grecques. Les appels à lever le blocus lancés en direction

L’ADOPTION DE MESURES POUR RIPOSTER À LA COLONISATION? Les 28 États membres de l’Union européenne ont à nouveau ma-nifesté leur incapacité à s’accorder sur des mesures qui pourraientcontrecarrer les violations des droits de l’Homme qui découlent dela politique israélienne. La presse israélienne très (voire trop) bieninformée a publié, en marge du Conseil des ministres européen denovembre 2014, un document confidentiel, préparé par le groupede travail chargé du Moyen Orient, reprenant des sanctions ciblées.On y retrouve notamment des «actions vis-à-vis des entreprisesopérant dans les colonies» ou encore vis-à-vis des colons (commerefuser les contacts avec des organisations de colons ou des co-lons, y compris des officiels).

Pour être adoptées, ces sanctions doivent être entérinées au niveauministériel, à l’unanimité. Or ce consensus, en ce qui concerne Israël,n’a jamais été rencontré. Certains États ont d’ailleurs émis l’idéed’avancer par «blocs» afin de contourner l’immobilisme qui nait de la difficulté à obtenir l’aval des 28. Reste à voir si cette réflexionaboutira à des initiatives concrètes.

Même des mesures qui ne devraient pas soulever d’oppositionpeinent à être prises : l’UE n’a par exemple pas encore réussi às’accorder sur la conduite à tenir en cas de destruction par Israëlde projets financés en Cisjordanie par l’argent du contribuable européen. Jusqu’à présent, en cas de destruction, il n’y a pas deprocédure établie pour demander des compensations. En somme,l’UE paie, Israël détruit, l’UE paie encore. Il est incompréhensibleque la Commission européenne, saisie de la question depuis aumoins 3 ans, n’ait pas encore finalisé de proposition là-dessus.

Enfin, l’observation de la politique de l’UE initiée en réponse à l’an-nexion de la Crimée par la Russie illustre parfaitement les doublesstandards dans l’appréciation politique dont font preuve les 28. Le

palestine 16 CAFOUILLAGES DE L’UE

L’UE cafouilleISRAËL CONSTRUIT, DÉTRUIT,BOMBARDE par Katarzyna Lemanska

matière de politique étrangère. Peu expérimentée, la Britannique aeu du mal à donner le ton, se cantonnant à suivre le rythme donnépar les Américains. Coordonner ses interventions avec Hilary Clintonn’était certainement pas la meilleure méthode pour insuffler une dynamique européenne dans des négociations avortées depuis. La Haute représentante a également oublié qu’elle avait aussi unecasquette de vice-présidente de la Commission, ce qui lui donnaitla possibilité non seulement d’intervenir dans des dossiers commecelui sur la participation d’Israël dans le programme de rechercheeuropéen ou la labellisation, mais également de prendre des initia-tives concrètes et peser réellement dans ces domaines. Elle n’adonc pas su tirer profit du volet technique de sa double fonction,s’enlisant dans le volet politique. La sociale-démocrate FedericaMogherini, qui a brièvement occupé le poste de ministre des Affairesétrangères en Italie, lui succède. Choisie précisément car peu ex-périmentée, elle affiche des positions prudentes. Aucune évolutionconstatée, par rapport à Ashton, en ce qui concerne l’ancrage deces déclarations dans le droit international. Cependant, le fait queson premier voyage hors de l’UE l’ait conduite en Israël/Palestinen’est pas anodin. Et lorsqu’elle a déclaré: « l’important, pour moi,n’est pas que d’autres États, européens ou non, reconnaissent laPalestine. Je serais heureuse si, au terme de mon mandat, l’Étatpalestinien existait », on peut espérer qu’elle sous-entend que re-connaitre des bantoustans n’a d’autre valeur que symbolique et quel’avènement réel de l’État palestinien exige la fin de l’occupation.Seul l’avenir nous dira ce qu’il en est réellement. Ceux et celles quitravaillent ou militent sur cette question sont (et se doivent d’être)d’éternels optimistes.

d’Israël sont devenus, à force d’être réitérés, une musique de fond àlaquelle les dirigeants israéliens ne prêtent plus aucune attention.

NOUVEAU ROUND DE NÉGOCIATIONS ? Par ailleurs, si l’UE met autant de temps à prendre des décisionsopérationnelles, alors que la colonisation continue à un rythmesoutenu, et s’abstient de hausser le ton lorsqu’Israël déploie toutesa puissance de feu contre Gaza, il n’y a aucune chance que lesmesures en demi-teinte discutées aient une quelconque portéepour renverser le cours de la politique israélienne. De plus, il sembleque cette initiative de sanctions soit reportée après les prochainesélections israéliennes et soumise à l’engagement de la future coalition à entamer des négociations avec les Palestiniens, ce quipeut demander des mois. Il n’est pas à exclure que le nouveau gouvernement israélien accepte d’entrer dans une nouvelle phasede négociations-mascarade. Il faut également garder à l’esprit que le mandat d’Obama arrive à son terme l’année prochaine, lescartes seront alors redistribuées. Enfin, lors de la récente visite deMahmoud Abbas à Bruxelles, l’UE a déclaré que des négociationsdirectes devaient reprendre le plus rapidement possible et qu’elleétait prête à jouer un rôle actif dans le processus. Au vu des élec-tions israéliennes telles qu’elles se profilent, et alors que John Kerrya échoué à y parvenir, une telle déclaration, venant de surcroît d’unpoids plume diplomatique sur la question, est au mieux fantaisiste.Pour une Union européenne dominée par la droite, toutes les occasions de temporiser sont bonnes à prendre.

MOGHERINI, UN SOUFFLE NOUVEAU ? Catherine Ashton avait la charge difficile d’enfiler pour la premièrefois le costume de Haute représentante de l’UE pour les affairesétrangères et la politique de sécurité. La tâche n’était pas facile, lesÉtats membres étant peu enclins à partager leurs prérogatives en

exercées sur elle par les États-Unis ainsi que par l’Union euro-péenne. Un tel refus d’une résolution dont la légitimité parait si peucontestable lui offrait le prétexte idéal pour franchir le pas. MahmoudAbbas savait très bien que la résolution avait peu de chances depasser au Conseil de sécurité. Selon Kattan, il était en outre dansl’intérêt de l’Autorité palestinienne que le véto des États-Unis n’ap-paraisse pas comme l’unique justification du rejet. En effet, s’il avaitvoulu isoler les États-Unis, il lui suffisait d’attendre le 1er janvier 2015et le remplacement de l’Australie, de la Corée du Sud et du Rwandapar le Venezuela, la Malaisie et l’Angola, plus favorables aux initia-tives palestiniennes.

ISRAËL AU-DESSUS DES LOISLes représailles israéliennes à l’adhésion de la Palestine à la CPI nese sont pas fait attendre. Comme il l’avait déjà fait après le vote de2012 à l’Assemblée générale des Nations Unies reconnaissant laPalestine comme État observateur non-membre, Israël a aussitôtdécidé de ne pas rétrocéder les taxes dues à l’Autorité palestinienneet cela, en violation totale des dispositions du Protocole de Paris,l’accord économique parallèle aux accords d’Oslo. Israël a doncgelé le versement de 123 millions de dollars, ce qui représente lesdeux tiers du budget de l’Autorité palestinienne. Et de ce budgetdépend notamment le paiement des salaires de quelque 150000fonctionnaires. La mesure est donc lourde de conséquences pourune grande partie de la population palestinienne.

Dans ce qui ressemble plus à une tentative de contrecarrerd’éventuelles poursuites au niveau supranational, divers incidentsintervenus lors de l’opération militaire contre Gaza ont fait l’objetde poursuites en Israël. Selon le principe de complémentarité, nepeuvent en effet être poursuivis devant la CPI que des crimes internationaux qui ne l’ont pas été devant les juridictions nationales.Néanmoins, s’il s’avérait que ces enquêtes judiciaires israéliennesétaient essentiellement destinées à faire échapper les auteurs decrimes à toute forme de responsabilité, la Cour pourrait y trouverun motif d’exercer malgré tout sa compétence.

Le 30 décembre dernier, la Jordanie déposait une proposition de résolution devant le Conseil de sécurité au nom de l’Autorité pales-tinienne, demandant la fin de l’occupation pour 2017. La propositionn’a pas obtenu les neufs votes nécessaires à la suite d’un revire-ment de dernière minute du Nigéria. Ce dernier aurait subi de fortespressions des États-Unis, portant notamment sur l’aide américainedans son combat contre la secte de Boko Haram et cela, jusquepeu avant le vote. Le vote négatif des États-Unis n’est donc pas apparu pour une fois comme un véto. La France avait quant à elledécidé de voter en faveur de la résolution et cela, en dépit des pres-sions des Américains.

Dès le lendemain du vote, la Palestine annonçait qu’elle allait adhé-rer à la CPI ainsi qu’à 13 autres traités internationaux, ce qu’elle afait le 2 janvier. Le 6 janvier, Ban Ki Moon confirmait que le Statut deRome entrerait en vigueur à l’égard de la Palestine au 1er avril.

La Palestine avait par ailleurs déposé une déclaration de recon-naissance de compétence de la Cour remontant au 13 juin 2014. Ilsemble donc que le gouvernement palestinien vise en priorité à traduire devant la Cour les responsables de l’opération militaire israélienne contre Gaza, dont le bilan humain s’élève à quelque2200 Palestiniens tués. Et le 16 janvier, sur la base de la recon-naissance de la Palestine de la juridiction de la Cour, le bureau duProcureur a décidé l’ouverture d’un examen préliminaire. Cet exa-men préliminaire vise à vérifier que toutes les conditions de com-pétence et de recevabilité sont réunies.

STRATÉGIE PALESTINIENNE Le juriste Victor Kattan identifie, derrière l’échec enregistré par laPalestine au Conseil de sécurité des Nations Unies, une stratégiedélibérée et réfléchie chez Mahmoud Abbas pour disposer ainsid’un motif légitime à sa demande d’adhésion à la CPI (Palestineand the ICC: what's next? in Juris.org, 14 janvier). L’Autorité pales-tinienne avait déjà maintes fois menacé de ratifier le Statut de Rome,mais ne s’y était pas encore résolue du fait des lourdes pressions

palestine 18 ADHÉSION DE LA PALESTINE À LA CPI

Ils l’ont fait !par Nathalie Janne d’Othée

Ils menaçaient de le faire depuis longtemps, sans jamais oser franchir le pas.Et ça y est, ils l’ont fait : les Palestiniens ont adhéré au Statut de Rome et sont donc

désormais partie à la Cour pénale internationale. Dans quelles circonstances celas’est-il produit ? Quelles en sont aujourd’hui les conséquences pour les Palestiniens?

Quelles sont les suites prévisibles de leur stratégie ? Tentons ensemble de déchiffrer les tenants et aboutissants de cette initiative.

QUELLES SUITES ? En mars prochain, les yeux seront rivés sur les résultats de la Com-mission d’enquête des Nations Unies sur l’assaut d’Israël de 2014contre Gaza. Ceux-ci nourriront certainement les travaux de la CPI.Son président, le Canadien William Schabas, a récemment étécontraint de démissionner pour cause d’un possible conflit d’inté-rêt, puisqu’il est apparu qu’il avait effectué un travail de consultancepour le compte de l’OLP. Il a donc été remplacé par l’AméricaineMary Mc Gowan-Davis. Espérons que ce changement ne porterapas préjudice au travail d’enquête de la Commission. En tous cas,les rapports des organisations telles que Human Rights Watch, Amnesty et B’tselem vont tous dans le même sens et concluent que des crimes de guerre et des crimes contre l’humanité ont étécommis par Israël cet été à Gaza. Leur travail d’enquête étant rigou-reusement et minutieusement mené, il pourrait également apporterles preuves nécessaires à la constitution de dossiers de la CPI.

En sus des événements meurtriers de Gaza, la question de la colo-nisation pourrait également faire l’objet d’investigations de la part dela CPI puisqu’elle relève elle aussi du crime de guerre. De récentesdéclarations d’officiels palestiniens confirmeraient cette hypothèse.

Espérons donc que les pressions politiques ne finiront pas par avoirraison du travail indispensable de la CPI. Cela aurait en effet desconséquences très néfastes tant sur la position de l’Autorité pales-tinienne que sur le statut de la CPI. La première pourrait en effetalors être tentée de remettre son tablier, de mettre fin à sa coopé-ration sécuritaire avec Israël, pour lui laisser l’entière responsabilité del’occupation. Quant à la CPI, elle y perdrait encore de sa crédibilitépuisqu’elle se révélerait n’être qu’une Cour au service des intérêtsdes grandes puissances.

Il va également de soi que les Israéliens ne feront rien pour faciliter– mais plutôt feront tout pour compliquer – le travail d’enquête dela CPI. Celle-ci devra donc trouver les moyens de contourner cesdifficultés afin de rassembler des preuves, ce qui sera loin d’êtresimple. Et si elle finit par lancer un mandat d’arrêt contre un res-ponsable israélien, il semble peu probable que celui-ci se pré-sentera devant elle.

Le gouvernement israélien fait en outre pression sur la Cour pénaleinternationale elle-même. Israël a ainsi tenté de jeter le discrédit surelle. Le ministre israélien des Affaires étrangères Avigdor Liebermana déclaré sur les ondes d’une radio israélienne que la CPI ne représentait personne, n’était qu’une institution politique et quel’existence de cet organe n’avait aucune justification. Dans la foulée,il a demandé à ses alliés canadiens, australiens et allemands de neplus financer la CPI, ce à quoi aucun d’entre eux n’a heureusementconsenti à obéir. Et sans aucune crainte du ridicule, le même Lie-berman a encore confié à un quotidien russe qu’Israël allait tenterd’obtenir la dissolution de la Cour! Et chose inhabituelle chez cesalliés indéfectibles d’Israël, un responsable allemand a été jusqu’àdéclarer que cette campagne israélienne de délégitimation de laCPI était contre-productive (Middle East Monitor, 21 janvier).

Les États-Unis semblent davantage perméables aux pressions deleur allié israélien. Ils ont en effet déclaré qu’ils mettraient fin au ver-sement annuel de 400 millions de dollars à l’Autorité palestiniennesi cette dernière déposait une plainte auprès de la CPI. En tant quemembre du Conseil de sécurité, les États-Unis pourraient égale-ment introduire une résolution en vue de suspendre d’éventuellespoursuites de responsables israéliens devant la CPI. Cette mesureest en effet possible si elle est justifiée par des intérêts supérieurs,autrement dit des négociations de paix. L’Autorité palestinienne devrait alors s’assurer qu’une telle proposition ne recueillerait pas lamajorité des voix nécessaires, ou qu’un autre membre permanentserait prêt à y opposer son véto.

Si 2014 fut une année riche en victoires pour le mouvement BDS,

celles de 2015 s’annoncent déjà nombreuses.

News du BDS

Belgique LA PLATEFORME BDS S’ÉLARGITDepuis l’opération Bordure protectrice lancée par Israël contre Gazacet été, le soutien au mouvement Boycott Désinvestissement Sanc-tions s’intensifie en Belgique! La plateforme BDS Belgium compteaujourd’hui près de 60 associations, mouvements de jeunesse etONG. Parmi les signataires francophones: la CNAPD, la Fédérationdes étudiants francophones, Ecolo J, les Jeunesses socialistes, leComac, l’ABP et bien d’autres encore. Pour les 10 ans du mouve-ment, la plateforme organisera prochainement une conférence surles opportunités du boycott. À suivre. http://bds-campaign.be

France STOP AU PARTENARIAT ENTRE SODASTREAMET LE FESTIVAL D’ANGOULÊMELe festival international de la bande dessinée d’Angoulême est lerassemblement incontournable des passionnés de la BD du mondefrancophone. Depuis quelques années, son principal sponsor n’étaitautre que la célèbre marque d’appareils à faire des bulles israé-lienne, Sodastream. Cette année, 110 dessinateurs, parmi lesquelsTardi, Willem (rescapé de la tuerie de Charlie Hebdo), Schuiten ouencore Baeken ont demandé la suppression du partenariat entre lefestival et Sodastream. «Ces horribles actes de violence (CharlieHebdo) nous incitent à agir encore plus urgemment pour un mondeoù la dignité, la liberté et l’égalité de toutes les personnes sont res-pectées et promues. Nous réaffirmons que le mouvement de boycottpalestinien est une étape importante de cette vision, et nous espé-rons que vous continuerez à nos côtés dans ce mouvement. »

palestine 20 NEWS DU BDS

Royaume-UniPRÈS D’UN MILLIER D’ARTISTES

BRITANNIQUES APPELLENT AU BOYCOTTCULTUREL D’ISRAËL À l’initiative d’Artists for Palestine UK, près de 1000 artistes britan-niques, dont Brian Eno, Mike Leigh et Ken Loach, déclarent vouloirmettre un terme à leurs relations culturelles et professionnellesavec Israël. Les artistes rappellent leur détermination à «soutenir lecombat mené par le peuple palestinien pour la liberté, la justice etl’égalité ». L’association britannique présente son action commeun «geste non violent» pour apporter son «soutien aux Palestinienspiégés à Gaza».

Et aussi… BRÉSIL L’État brésilien du Rio Grande do Sul met fin à son contrat de col-laboration avec Elbit Systems, société d’armement israélienne, à la suite des protestations contre l’implication de la firme dans l’op-pression des Palestiniens.

USA – Les travailleurs étudiants de l’Université de Californie ont voté àune majorité écrasante le soutien à la campagne BDS, devenantainsi le premier syndicat américain à soutenir la campagne BDS.

– 29 professeurs de l’université californienne de Stanford ont signéune lettre demandant de «stopper les investissements de l’univer-sité dans des compagnies qui profitent de l’occupation israéliennedes territoires palestiniens».

– Durham (Caroline du Nord) est devenue la première municipalitéaméricaine à boycotter G4S, une entreprise de service de sécurité, enraison de son implication dans l’occupation et la colonisation. Elle amis fin à un contrat d’un montant d’un million de dollars avec la firme.

EUROPELes États-Unis conditionnent l’accord de libre échange avec l’Unioneuropéenne (TTIP ou TAFTA) au rejet des campagnes BDS en Europe… À ce rythme-là, nous pourrons peut-être bientôt voterpour les prochaines présidentielles américaines. Si vous cherchiezencore une raison supplémentaire de vous opposer au TTIP, envoilà une! https://stop-ttip.org/fr/

palestine 21 LIVRES

Julien Salingue est docteur en sciencepolitique, enseignant à l’université ParisOuest Nanterre, spécialiste de la questionpalestinienne. Il est l’auteur de plusieurslivres sur le sujet.

Le 13 septembre 1993, les représentantsde l’Organisation de libération de la Palestine (OLP) et le gouvernement israélien signent, sur la pelouse de laMaison Blanche, une Déclaration de principes, mieux connue sous le nomd’accords d’Oslo, qui aurait dû aboutir àla création d’un État palestinien viable etindépendant, avant 5 ans. Vingt et un ansplus tard, le constat est amer : il n’y a pasd’État palestinien, il n’y a même jamais eu de processus de paix. La domination israélienne sur les territoiresoccupés n’a jamais été aussi forte, la colonisation se poursuit à grande vitesseet les Palestiniens continuent à être spoliés de leurs biens et mis en prison. Et que dire de Gaza ?

Dans ce nouveau livre, Julien Salingueanalyse de façon critique les raisons del’échec des accords d’Oslo.

C.S.

livresLA PALESTINED’OSLOJulien Salingue, Éditions L’Harmattan,2014

Richard Falk est professeur émérite dedroit international de l’université de Princeton; pendant 6 ans, jusqu’en avril2014, il a été le Rapporteur spécial desNations Unies pour les Droits de l’Hommeen Palestine occupée.

Ce livre présente une extraordinaire col-lection de notes, regroupées par thèmes,que l’auteur a confiées à son blog entre2010 et 2013, en préparation de ses rapports semestriels. Pour Phyllis Bennis,elle aussi grande spécialiste du MoyenOrient, [ces notes] « fournissent tous lesoutils pour se frayer un chemin dans unfatras de mensonges, de propagande etde cruauté qui masquent les fondementsdes droits des Palestiniens, c’est-à-dire le droit international, les droits humains et l’égalité pour tous.» La société civile globale apporte un soutien croissant aux Palestiniens dansleurs luttes pour la reconnaissance etl’exercice de leurs droits et pour plus dejustice; elle exprime sa solidarité au traversde mouvements comme le BDS; le remar-quable travail de Richard Falk met au défiles gouvernements de faire aussi bien.

C.S.

PALESTINE : THE LEGITIMACYOF HOPE PALESTINE : LA LÉGITIMITÉ DE L’ESPOIRRichard Falk, Édition Just World Books,Charlottesville, Virginia, octobre 2014

Mazin Qumsiyeh est chercheur en génétique, professeur aux universités deBethléem et de Birzeit après avoir ensei-gné aux USA. Il prend une part active dansl’organisation de la résistance populaire.

Trop souvent, les médias occidentaux décrivent la résistance palestiniennecontre l’occupation israélienne comme exclusivement violente : résistance armée,attentats suicides, tirs de roquettes, prisesd’otages, etc. Or dans la réalité, affirmel’auteur, si ces formes de résistance existent aussi, elles sont l’exception ausein d’un vaste mouvement de résistancepacifique et non violente, voire innovante.Dans ce livre, étude et synthèse la pluscomplète sur le sujet, Mazin Qumsiyehdonne des centaines d’exemples de lacréativité de la résistance civile depuisplus d’un siècle. L’auteur analyse également les réussites, les échecs, lesoccasions manquées et les défis que doi-vent surmonter les Palestiniens ordinairesdans leur lutte pour la liberté dans desconditions extrêmement difficiles.Les histoires humaines racontées ici pourraient utilement inspirer tous ceux qui recherchent une voix mieux informéepour un avenir de paix et de justice.

C.S.

UNE HISTOIRE POPULAIRE DE LA RÉSISTANCE PALESTINIENNEMazin Qumsiyeh, traduit de l’anglais par Jean-Marie Flémal,préface de Michel Warschawski, Éditions Demi-Lune, 2013

dent de s’affranchir de la dépendance d’Israël en produisant leurspropres produits laitiers. Avec 18 superbes vaches, sans expériencemais avec enthousiasme, ils arrivent à produire du lait pour toute lacommunauté, ce qui n’est pas du goût de l’armée israélienne.

THE PRISONER Remah Jabr 22:00 – KVS TOPDans The Prisoner, l’écrivaine et metteure en scène Remah Jabr semet dans la peau d’un prisonnier palestinien qui, dans une celluled’isolement, raconte son histoire à un magnétophone. L’auteurs’éloigne peu à peu de la réalité, jusqu’au moment où la seulecertitude est que rien n’est certain.

31 marsTHIS IS MY LAND Tamara Erde20:00 – KVS BOL / Documentaire, 90′, sous-titrage FRComment les systèmes d’enseignement palestinien et israélienabordent-ils chacun l’histoire de leur nation ? Le film suit, pendanttoute une année scolaire, des enseignants palestiniens et israé-liens, conscients du rôle que joue l’histoire dans la construction del’identité individuelle et nationale.

L’IMPOSSIBLE NEUTRALITE Raven Ruëll22:00 – KVS TOP / Conférence/performance, 60′Pour L’Impossible Neutralité, l’élément déclencheur pour RavenRuëll a été la photo d’une famille israélienne heureuse qui, tout enpiqueniquant, regarde une famille palestinienne se faire expulserde sa maison. Il n’arrive pas à s’en détacher, dévore des montagnesde documentation, se traine de Tribunal Russell en d’autres lectureset perd en chemin sa capacité à rester neutre.

1er avrilPOETIC PILGRIMAGEKVS TOP / Slam après la projection La soirée sera animée par deux rappeuses du collectif Poetic Pil-grimage Rashida aka Muneera et Noor Sukina Abdul. Toutes deuxoriginaires de Bristol, elles sont MCs et poètes, prêtes à conquérirle monde avec leur musique, leurs textes et leur charisme.

CONCERNING VIOLENCE Göran Olsson20:00 – KVS BOL / Documentaire, 85′, en anglaisBasé sur des archives, Concerning Violence est un documentairesur les moments les plus audacieux des luttes de libération dans le

28 marsTHE DO-GOODERS Chloé Ruthven17:00 – Théâtre Marni / Film, 52’ Le film explore l’impact de décennies d’aide internationale appor-tée aux Palestiniens. Cet altruisme occidental ne contribue-t-il pasplutôt au maintien du statu quo et de l’occupation? Dans un styleroad movie à la Thelma et Louise, c’est un voyage du côté sombrede l’aide internationale. Chloé Ruthven enquête sur la question.Après la projection, débat organisé par l’ABP sur l’aide et la présence internationales en Palestine. Qu’apportent ces nouveauxacteurs à la lutte pour l’autodétermination du peuple palestinien ?Ne participent-ils pas plutôt à la mise sous perfusion d’un systèmeéconomique déjà à l’agonie du fait de l’occupation israélienne ?

47 SOUL 20:30 – Théâtre Marni / Concert 47 Soul, un groupe palestinien créé en 2013 autour de 4 jeunesartistes solo originaires de différentes régions de Palestine et deJordanie. Carrefour entre musique moderne et traditionnelle, leurunivers musical mélange des influences arabes, du reggae, du hip-hop derrière des sons empruntés au raï, à la dabkeh et à l’AfrobeatGroove, à travers des textes aux messages forts.

29 mars 20:00 – CC Jacques FrankNATION ESTATE Larissa Sansour Court métrage, sous-titrage FRNation Estate est un court film de science-fiction. Il présente avechumour une solution verticale pour l’État palestinien, sous la formed’un gratte-ciel dans lequel chaque ville palestinienne occuperaitson propre étage.

OPEN BETHLEHEM Leila SansourFilm, 75’, sous-titrage FRLe film suit la cinéaste dans Bethléem pendant 10 ans. Armée d’unecaméra et d’une voiture familiale, qui tombe régulièrement en panne,Leila Sansour dresse un portrait intime d’une ville historique réduiteà la misère. Basé sur près de 700 heures de tournage et quelquesrares images d’archives, le film dresse le portrait d’une petite ville àtravers le regard d’une des plus anciennes familles chrétiennes.

30 marsTHE WANTED 18 Amer Shomali et Paul Cowan20:00 – KVS BOL / Documentaire, 75′anglais & arabe, sous-titrage FR-NLC’est l’histoire du quartier palestinien Beit Sahour durant la premièreIntifada. Un groupe de militants, d’intellectuels et d’étudiants déci-

Durant 7 jours, Eye on Palestine met à l’honneur des films, concerts et autres créations scéniques passionnantes en lien avec la Palestine. Le festival permet à des artistes, jeunes ou

expérimentés de partager avec le public leurs regards personnels sur la réalité palestinienne.

FESTIVAL

Eye on Palestine

palestine 22 EYE ON PALESTINE

doctorat dans les années 60, puis abandonne sa carrière acadé-mique pour retourner à Beyrouth et rejoindre l’OLP clandestine. Ily militera jusqu’en 1983, année où il part à Damas où il survitcomme exilé dans une ville ravagée par la guerre.

4 avrilDÉCRIS-RAVAGE Adeline Rosenstein14:00 – KVS BOl / Théâtre, en français, 150′(4 parties de 30′, entrée libre pendant la pause)Dans Décris-Ravage, Adeline Rosenstein mobilise toutes ses forcespour expliquer, en six chapitres, la naissance de la situation Israël/Palestine. Rosenstein et ses cinq comparses cherchent constam-ment comment nous entraîner dans leur recherche d’une vérité éva-nescente. Quatre chapitres ont été réalisés jusqu’à présent, chacund’une demi-heure, séparés chaque fois par 10 minutes de pause.Ils peuvent être vus chacun séparément, mais il est préférable de lesvoir tous.

QUEL REGARD SUR LA PALESTINE ?avec Remah Jabr, Bashar Murkus, Adeline Rosenstein, Raven Ruëll17:00 – KVS BOL / Débat, en anglaisLa représentation de la Palestine et du conflit israélo-palestinienest une zone de guerre en soi et pour soi. Les créateurs des performances et des films présentés dans le cadre du festival Eyeon Palestine, dans ou à travers leur travail, sont tous en butte à ladifficulté de représenter le conflit.

NEW MIDDLE EAST Khashabi Ensemble & Oyoun Theatre / 20:30 – KVS BOX (voir 3 avril)

5 avrilON THE BRIDE’S SIDE Antonio Augluliaro20:00 – CC Jacques FranckQuand Del Grande et El Nassiry rencontrent à Milan un groupe deSyriens et de Palestiniens qui ont fui la guerre en Syrie par Lampe-dusa, il leur vient l’idée de les accompagner jusqu’en Suède… sousle prétexte d’un mariage. Avec une amie palestinienne en robe demariée et une dizaine d’amis italiens et syriens jouant les invités, ilsentreprennent ce voyage de plus de 3000 kilomètres. Au cours dupériple, on découvre l’histoire et l’errance de chacun d’entre euxainsi que les cadenas et les brèches de la forteresse Europe.

tiers monde. En s’inspirant de l’œuvre de Frantz Fanon Les Damnésde la terre (1961), il développe les mécanismes de la décolonisa-tion. Cette ouvrage reste toujours d’actualité pour comprendre leprocessus néocolonial et les (violentes) réactions qu’il entraîne.Après la projection, débat avec deux spécialistes, Nadia Fadil etKoen Bogaert sur les sens et non-sens de la violence et de sonusage (il)légitime en Palestine/Israël, ainsi que des doubles standardsdans les discours tenus sur le conflit.

2 avrilON REPRESENTATION OF THE CONFLICT IN CINEMA François Dubuisson20:00 – KVS BOL / Conférence, en français, 90′Professeur de droit international à l’Université libre de Bruxelles(ULB), François Dubuisson a publié de nombreux articles sur lesaspects juridiques du conflit israélo-palestinien. Également passionnéde cinéma, dans le cadre d’un colloque « droit international & ci-néma », il a étudié la manière dont le conflit israélo-palestinien estreprésenté à l’écran. Il tachera d’expliquer le contexte de productiondes films et leur portée politique et idéologique. La conférence seraillustrée par la projection de nombreuses séquences.

EMPTY HEAD Solo de Yazan Eweidat22:00 – KVS TOP / Danse, 15′

3 avrilNEW MIDDLE EASTKhashabi Ensemble & Oyoun Theatre20:30 – KVS BOX / Théâtre, en arabe, surtitré en néerlandais et en français, 60′New Middle East est le produit d’une collaboration entre BasharMurkus, jeune metteur en scène palestinien de Haifa et le ThéâtreOyoun, du Golan, partie de la Syrie occupée depuis 1967 par Israël.La pièce, créée en 2013, est une image de la guerre (civile) enSyrie qui s’étend aussi sur le Golan.

TRIP ALONG EXODUS Hind Shoufani22:00 – KVS BOL / Documentaire, sous-tirage EN, 120′Le film revient sur 70 ans de politique palestinienne à travers la viedu Docteur Elias Shoufani, l’un des leaders de l’OLP, universitaire etintellectuel de gauche. Le film retrace son histoire depuis l’occupa-tion en 1948, son départ pour les USA (Princeton), où il obtient son

Plus d’informations sur wwww.eyeonpalestine.be

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