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2/2016 Le WSL se penche sur le châtaignier Evolène investit pour son développement Le b.a.-ba de l’annélation

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Le WSL se penche sur le châtaignier

Evolène investit pour son développement

Le b.a.-ba de l’annélation

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Revue spécialisée dans le domaine de la forêt et du bois, paraît 11 fois par an

Président: Max Binder Directeur: Markus Brunner Responsable d’édition: Urs Wehrli

Rédaction: Rosenweg 14, 4501 Soleure Tél. 032 625 88 00, fax 032 625 88 99 [email protected] Réd. en chef: Fabio Gilardi (fg), [email protected] Réd. adjoint: Alain Douard (ad), [email protected]

Administration: Rosenweg 14, 4501 Soleure, tél. 032 625 88 00, fax 032 625 88 99, www.foretsuisse.ch

Annonces: Gassmann Media SA, Roger Hauser, chemin du Long-Champ 135, CH-2501 Bienne T +41 32 344 83 83, M +41 79 669 92 55 [email protected]

Abonnements: Manuela Kaiser, [email protected]

Prix de vente: Abonnement annuel: Fr. 89.–. Prix spéciaux pour apprentis, étudiants, retraités et groupes. Prix à l’unité: Fr. 10.–

Tirage: 1654 ex. (REMP 22.9.2015)

Impression: Stämpfli SA, Wölflistrasse 1, 3001 Berne

La reproduction des articles est autorisée uniquement avec l’accord de la rédaction. Mention des sources obligatoire

Label de qualité du groupe presse spécialisée de l’Association de la presse suisse

ISSN 0015-7597

No 2 SOMMAIREfévrier 2016 revue fondée en 1947

Le triage d’Evo-lène s’est doté d’un nouveau centre forestier que l’édition de février de LA FORÊT vous invite à visiter.

La prochaine édition de LA FORÊT paraîtra début mars 2016.

Photo de couverture

Annélation: les conditions de la réussite 19

Marché du bois Une année après le choc monétaire 23Commission du marché du bois: le franc fort met sous pression les acteurs de l’économie forestière et du boisVente par adjudication à Lausanne 24

Services Agenda Petite annonce 25

Echos des régions VS: Evolène, hommes et machines à couvert 26 Climat et forêt analysés Forêt Valais a 20 ans 27

NE: La forêt est aussi source d’énergie 28

Pages ForêtSuisse

ForêtSuisse: procédures de consultation Nouvelle solution de branche Forêt 30Directeur et colonelForêtShop 2016, catalogue disponible 31

Actualité Forum WSL romand 2016: inscriptions Casque à vélo sorti du bois France: forêts «patraques» Logements en bois pour réfugiés 5EPFZ: relève académique forêt et paysage CEPF: une Suédoise à la barre Manuel de gestion de l’ailante Annuaire: La forêt et le bois 2015 6

Salon de l’auto: rendez-vous à PalexpoPêche Chasse Tir: quand la nature s’invite en villeL’Agrimesse pour la montagne à Thoune Nancy: de la forêt à la flamme 8

Science et pratique Panorama sur la «dent» des ongulés (I/II) 10Le cerf en Suisse: aux Grisons, toujours pas de solution miracle (III/III) 13 Châtaignier: le cynips favorise le chancre de l’écorce 16

En cette fin janvier, l’ambiance est déjà printa -

nière et nous projette vers les différents et nom-

breux événements qui vont marquer les mois

à venir. Dans le désordre, le Forum WSL Suisse

romande renoue avec une tradition sur le campus

universitaire lausannois en avril, pour traiter du

thème brûlant de comment concilier bois-énergie

et biodiversité en forêt. Berne nous attend quant

à elle avec la 12e édition de Pêche Chasse Tir du

18 au 21 février déjà, puis ce sera l’Agrimesse, à

Thoune, du 3 au 6 mars, avant de mettre le cap

sur Genève pour le 86e Salon de l’auto à Palexpo.

Ces manifestations ne s’adressent certes pas au

monde forestier directement, mais toutes nous

réservent des découvertes qui peuvent, avec un

produit nouveau, une idée, un contact ou un pro-

cédé que nous allons peut-être y trouver, amélio-

rer notre quotidien.

Cette édition de LA FORÊT vous réserve encore

deux importants articles sur le gibier. Le premier

sur l’influence de la pression qu’exercent les ongu-

lés sur la forêt. Le second est le dernier volet de

la trilogie consacrée au cerf et à sa gestion, ici

avec l’exemple des Grisons. Les problèmes du

châtaignier et la technique de l’annélation com-

plètent les grands thèmes abordés ce mois dans

votre revue. Bonne lecture,

Fabio Gilardi

De nombreux événements …

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Espace emploi En ligne sur www.laforet.ch

Cours concept de sécurité pour entreprise de

moins de 10 collaborateursL’AREF organise, en collaboration avec l’école de Lyss, un cours à l’atten-tion des entreprises forestières de moins de 10 employés qui satisfait aux exigences légales. Le cours comprends 1 jour de formation et 2 heures de coaching personnalisé en entreprise et la remise d’un classeur complet.

Date et lieu: mardi 15 mars 2016, au Centre Patronal, Route du Lac 2, 1094 Paudex

Prix du cours: Fr. 1000.00 par participant membre de l’AREFFr. 1800.00 par participant non membre de l’AREF

Délai d’inscription: 5 mars 2016

Renseignements et inscription: tél 058 796 33 78

Organisateur: AREF – Association Romande des Entrepreneurs Forestiers, Paudex

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En ligne sur www.laforet.ch et www.wvs.ch

La Forêt-Infos

Cette page reprend et adapte un choix de nouvelles parues dans la rubrique LA FORÊT-INFOS du site internet de LA FORÊT et de ForêtSuisse.

La direction du «Plan d’action Bois» de l’Office fédéral de l’environnement (OFEV) a fait parvenir, mi-janvier, un courrier à l’Office fédéral des constructions et de la logistique (OFCL) ainsi qu’aux services can-tonaux des migrations et aux communes. Il rappelle les avantages du bois et l’existence de modules qui permettraient de loger décemment des réfugiés à long terme, en constituant une alternative à l’héberge-ment dans des bâtiments réaménagés.

«Plan d’action Bois»: www.bafu.admin.ch/aktionsplan-holz/index.html?lang=fr

COURRIER AUX COMMUNES

Logements en bois pour réfugiés

La société Cellutech, une startup suédoise, a développé un prototype de casque de cycliste dont les matières premières sont toutes issues de la forêt. Les lanières de maintien sont constituées d’un papier extrarésistant, la coque extérieure est en placage et le matériau antichoc remplaçant le «Styropor» est composé d’une mousse dense à base de cellulose de bois, du «Cel-lufoam», marque déposée par la société.

Cette mousse a été mise au point par des chercheurs du KTH Royal Institute of

Technology. Elle est obtenue par traite-ment à l’eau et à l’air de fibres de cellulose et présente des propriétés très semblables à celles des mousses synthétiques.

La création de ce casque et de la mousse s’inscrit dans le cadre du projet visionnaire Ekoportal 2035 en faveur des biomaté-riaux, soutenu notamment par la filière forêt-bois suédoise.

Informations (en anglais):www.cellutech.se/helmet.html

FORUM WSL SUISSE ROMANDE

Inscriptions jusqu’au 15 mars

FRANCE

Forêts «patraques»

Des modules en bois, analogues à cette construction préfabriquée par Weyag SA, pourraient héberger des réfugiés, estime la direction du «Plan d’action Bois».

Rappel: le 19 avril a lieu à l’Ecole poly-technique fédérale de Lausanne (EPFL) le Forum WSL Suisse romande 2016, sur le thème «Concilier bois-énergie et biodiver-sité en forêt».

Comment augmenter l’exploitation forestière tout en préservant la biodiver-sité? Où se trouvent les synergies? Où se cachent d’éventuels conflits?

Le Forum WSL Suisse romande 2016 examinera ces questions dans un esprit de dialogue entre la recherche et la pratique. Il sera consacré aux interactions entre l’ex-ploitation plus intensive du bois (-énergie) et la biodiversité en forêt à différentes échelles. Son objectif est de montrer les synergies et conflits possibles et d’identi-fier des solutions. Il s’adresse aux spécia-listes de la forêt, de l’environnement et de l’énergie des secteurs publics et privés, aux représentants des propriétaires forestiers et des ONG et aux scientifiques.

Au-delà de l’information qui sera donnée sur l’influence de l’utilisation plus intensive des forêts sur la biodiversité, ce forum permettra aux participants de contribuer aux réflexions sur cette thématique, voire à esquisser des nouvelles voies pour conci-lier exploitation forestière et biodiversité.

Renseignements et inscriptions:www.wsl.ch/dienstleistungen/ veranstaltungen/veranstaltungskalender/forum_romand/index_FR

La lettre du Département de la santé des forêts (DSF, dépendant du Ministère fran-çais de l’agriculture) est une publication bisannuelle. Le numéro de décembre 2015 note qu’en France «l’année 2015 a été mar-quée par la canicule et surtout la sécheresse qui ont régné depuis la fin du printemps jusqu’à la fin du mois de juillet».

Elle rappelle d’autres grands événements, la maladie des bandes rouges a des niveaux d’intensité jamais égalés, les pullulations de hannetons en Alsace et en Picardie, ou la chalarose qui a encore progressé, marquant durement les paysages forestiers dans le nord du pays.

Lettre du DSF:http://agriculture.gouv.fr/sites/minagri/ files/lettre_dsf50.pdf

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A g., l’intérieur du casque et ses éléments en mousse. A d., l’objet sur la tête d’un cycliste.

TECHNOLOGIE

Casque à vélo sorti du bois «Les têtes intelligentes», comme le clamait le célèbre slogan,

pourraient un jour se protéger sous une coque en bois.

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Des 85 lauréates et lauréats en sciences de l’environnement de l’an dernier, 23 ont choisi l’option gestion de la forêt et du paysage. C’est, de loin, l’option la plus appréciée des six branches de master en sciences de l’environnement, puisqu’elle réunit 27% des étudiantes et étudiants. Rappelons que ce master est le diplôme

qui a succédé au titre d’ingénieur fores-tier EPFZ lors de la réorganisation des études supérieures.

Informations (en allemand):www.wvs.ch/fileadmin/user_upload/WuH_Nachrichten_LFO_Infos/LF-Infos_ab_2016/ETH-Absolvierende2015_SZF-Artikel.pdf

De g. à d., Lea Bernath, Mirjam Bader, Ueli Schmid, Iris Wehrli, Christine Moos, Jessica Käser, Mitgel Noldin, Priska Ineichen, Valery Knoll, Lea Grass, Luzia Götz, Aline Clalüna, Julian Helfenstein, Andreas Kaeser, Eva Bianchi, Mohammed Ibrahim, Attilio Benini, Andrea Zumbühl, Manuela Schmutz, le pro-fesseur Harald Bugmann et le chef du dépar-tement Thomas Peter (absents: Simeon Crest, Maria Vorkauf, Philipp Näf, Susanna Etter).

NÉOPHYTES

Manuel de gestion de l’ailante

L’Office fédéral de l’environnement (OFEV) publie le «Manuel de gestion de l’ailante» (Ailanthus altissima). Cet ouvrage n’est disponible qu’en ligne. Il s’agit d’une aide à l’exécution proposée par l’office en sa qualité d’autorité de surveillance. Il s’adresse aux responsables des services cantonaux compétents en matière de protection de l’environne-ment, des forêts et phytosanitaires. Du fait de la complexité des causes propres à la problématique de l’ailante, une colla-boration coordonnée entre les différents services est indispensable.

Téléchargement: www.bafu.admin.ch/publikationen/ publikation/01832/index.html?lang= fr&show_kat=/publikationen

Tous les aspects de la filière forêt-bois sont passés en revue dans «L’Annuaire La forêt et le bois 2015» rédigé et publié par l’Office fédéral de l’environnement (OFEV) et le WSL. Il donne des informations détail-lées sur les ressources forestières, la récolte de bois, les prestations et les produits de la forêt, la certification, la transformation du bois ainsi que le commerce de bois et de produits en bois de la Suisse. La plupart des données proviennent de relevés de l’Office fédéral de la statistique (OFS) et de l’OFEV.

L’annuaire est disponible en ligne en ver-sion digitale. La version imprimée peut être commandée à l’OFCL, tél. 058 465 50 50.

Téléchargement:www.bafu.admin.ch/publikationen/ publikation/01833/index.html?lang=fr

La Suédoise Emma Berglund va succéder, le 1er mars prochain, à l’Allemand Aljoscha Requardt au poste de secrétaire général de la Confédération européenne des pro-priétaires forestiers (CEPF) à Bruxelles. Après cinq ans à son poste, Aljoscha Requardt rejoindra le Ministère allemand de l’agriculture.

La Confédération européenne des pro-priétaires forestiers regroupe les associa-tions nationales de propriétaires forestiers de la plupart des pays européens, Suisse comprise. Elle représente notamment leur position auprès des autorités de l’Union européenne. Emma Berglund est actuel-lement rapporteur politique au secrétariat central de la CEPF.

Site de la CEPF:www.cepf-eu.org/welcome.cfm

ANNUAIRE

La forêt et le bois 2015

CEPF

Suédoise à la barre

EPFZ

Relève académique en forêt et paysage

A la fin de l’an dernier, 23 étudiantes et étudiants ont obtenu un master en sciences de l’environnement, orientation gestion de la forêt et du paysage, à l’Ecole polytechnique fédérale de Zurich.

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Du 18 au 21 février 2016, le parc d’ex-position de BERNEXPO accueillera la 12e édition de l’exposition internationale PÊCHE CHASSE TIR. Durant quatre jours, pêcheurs, chasseurs, tireurs, amateurs de nature et d’extérieur se rendront en ville. Sur une surface plus grande que trois terrains de football, plus de 200 expo-sants nationaux et internationaux feront découvrir des présentations instructives, des paysages naturels et des délices culi-naires. Les partenaires de patronage ont concocté un programme fascinant, spé-cialement pour les écoles les jeudi 18 et vendredi 19 février. Les élèves en appren-dront plus sur l’habitat des poissons, le quotidien des pêcheurs professionnels et la diversité des espèces. Ils apprendront aussi comment ils peuvent participer eux-mêmes à la biodiversité et découvriront

Genève reçoit du 3 au 13 mars à venir le 86e Salon de l’automobile; les 106 000 m² de surface d’exposition disponibles sont entièrement occupés, une demi-douzaine d’exposants nouveaux ou de retour après plusieurs années d’absence se présente-ront sous les feux de la rampe. Tous les grands constructeurs seront présents, mais au niveau des 4x4 utilitaires appré-ciés dans le monde de la foresterie, le Defender de Land Rover sera le grand absent après la décision d’arrêter sa pro-duction. Quelle surprise réserve l’impor-tateur comme remplaçant de ce véhicule mythique?

Nombre de manufacturiers de voitures de sports et de designers renommés ont annoncé des conférences pour dévoiler

leurs dernières créations. Pour les visiteurs du salon, ils sont 700 000 à être atten-dus, il est possible, depuis le 1er décembre, d’acheter des billets d’entrée en ligne, directement sur le site de la manifestation.

A noter encore que les week-ends sont les jours d’affluence et qu’une visite en semaine est fortement conseillée (avec un rabais de 50% dès 16h00). Un bon tuyau avec moins de visiteurs: passez les jeudi 3 mars, lundi matin 7 mars et mardi 8 mars toute la journée. Les CFF mettent en circulation plusieurs trains spéciaux à destination et au départ de Genève-Aéro-port et proposent un billet combiné.

Informations:www.salon-auto.ch.

la tradition du tir sportif. Encadré par des spécialistes des associations participantes, ce programme s’adresse essentiellement aux classes supérieures, mais les niveaux inférieurs peuvent tout à fait y trouver leur compte. L’inscription est obligatoire.

Informations et inscription:[email protected]

BOIS ÉNERGIE NANCY

De la forêt à la flamme

C’est à Thoune du jeudi 3 au dimanche 6 mars que se tiendra l’Agrimesse 2016. Les 190 exposants de la manifestation y proposent un ensemble de services, d’offres et d’équipements plus spéciale-ment destinés à l’agriculture et à l’écono-mie de l’espace montagnard où les outils forestiers occupent une place de choix.

Les quatre journées de début mars accueilleront également des démons-trations et des expositions spéciales, de bétail, sur le travail du bois ou encore les machines anciennes.

Informations:www.agrimesse.ch

PÊCHE CHASSE TIR

Quand la nature s’invite en ville

SALON DE L’AUTO 2016

Rendez-vous à Palexpo THOUNE

L’Agrimesse pour la montagne

Le Salon Bois Energie rassemble du 15 au 17 mars 2016 à Nancy la gamme la plus complète d’équipements de chauffage au bois, de types de biocombustibles et de filières d’approvisionnement de France. Plus de 350 exposants de 20 pays y dévoilent quelque 700 équipements de chauffage au bois, dont une large qua-rantaine et autant de machines de pro-duction de combustibles bois en fonction-nement. Le salon, qui attend la présence de quelque 8000 professionnels, couvre une surface de 28 000 m² bruts et de 12 000 m² nets de stands.

Que ce soit pour chauffer sa maison, son entreprise ou une collectivité locale, les meilleurs talents d’Europe seront là pour mettre à disposition des visiteurs leur expertise, leur expérience et leurs équipe-ments modernes de chauffage au bois.

Le salon est également reconnu en tant que plateforme de lancement des inno-vations les plus récentes, se focalisant le plus souvent sur l’efficacité énergétique, la propreté de la combustion, l’améliora-tion du design et de l’ergonomie – tout ce qui fait du bois-énergie un choix de vie particulièrement judicieux aujourd’hui sur les plans économiques et environnemen-taux, et tout simplement la façon la plus agréable de rester au chaud pendant les longs mois d’hiver!

Informations:www.boisenergie.com

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FORÊTS ET GIBIER

Panorama sur la «dent» des ongulés (I/II)Le groupe «Forêt et faune sauvage» de la Société forestière suisse a dressé une vue d’ensemble de

l’influence du chevreuil, du chamois et du cerf sur la forêt suisse. Cet article aborde l’évaluation de cette pression sur la régénération. Le second volet traitera des relevés du taux d’abroutissement.

Par Michiel Fehr, Maurus Frei, Sandro Krättli, Olivier Schneider, Markus Huber, Andrea D. Kupferschmid*

Les discussions à propos des «dégâts du gibier» échauffent les esprits depuis plusieurs générations de chasseurs et de forestiers. Du fait de la recolonisation du cerf dans de nombreuses parties de la Suisse, ce thème revient sur le devant de la scène. Qu’en est-il précisément de l’influence du chevreuil, du chamois et du cerf sur la forêt suisse? Cette ques-tion a été approfondie par le groupe de travail «Forêt et faune sauvage» de la Société forestière suisse (SFS). Une vue d’ensemble nationale a été établie en se basant sur les relevés effectués dans 25 cantons, ainsi que sur les données du 4e Inventaire forestier national (IFN, 2009–2013).

Les jeunes pousses et les bourgeons des petits arbres figurent depuis tou-jours dans le régime alimentaire des chevreuils, des chamois et des cerfs. Ces animaux sont dépendants de ces sources de nourriture et peuvent ainsi influencer négativement le rajeunissement naturel des forêts. C’est pourquoi les cantons ainsi que l’IFN procèdent régulièrement à des relevés de l’influence de l’abroutis-sement, respectivement du taux d’abrou-tissement dans nos forêts. Celles exer-çant une protection contre les chutes de pierres, les avalanches ou les glisse-ments de terrain sont particulièrement sensibles; un ralentissement de la régé-nération ou même la perte de certaines essences peuvent y provoquer de gros problèmes et nécessiter la réalisation de coûteuses mesures (techniques) de rem-placement. Si le choix des essences est limité par la nature, comme par exemple en forêt de montagne, la perte d’une essence est d’autant plus dommageable.

Base de discussion objectiveMais les dégâts du gibier prennent une importance croissante dans l’ensemble des forêts. Les propriétaires subissent une limitation des options sylvicoles et les chercheurs rappellent l’importance d’une

large palette d’essences pour la biodiver-sité, la stabilité et la capacité d’adapta-tion de nos forêts face aux changements climatiques. Ces discussions sont encore attisées par la recolonisation, par le cerf, de plusieurs régions de Suisse.

Fig. 1: Vue d’ensemble des données disponibles pour le rapport. Présentation selon les méthodes et l’année de l’évaluation respectivement de la publication.

* Michiel Fehr, Maurus Frei, Sandro Krättli et Andrea D. Kupferschmid sont membres du groupe de travail «Forêt et faune sauvage» de la Société forestière suisse(SFS). Olivier Schneider est membre du comité de la SFS. Markus Huber et Andrea D. Kupferschmid sont col-laborateurs scientifiques à l’Institut fédéral de re-cherches sur la forêt, la neige et le paysage (WSL). Traduction: François Bossel, Bulle (FR), et Olivier Schneider

Une vue d’ensemble nationale est-elle possible?Le grand défi de la réalisation d’une vue d’ensemble nationale consiste à établir une synthèse de bases de données très différentes. En fonction des structures et des inté-rêts existants, chaque canton a développé sa propre méthode pour évaluer les effets du gibier sur le rajeunissement de la forêt. Les différentes méthodes ont été utilisées à des années différentes et avec des standards de qualité différents (fig. 1). La plupart des cantons ont réalisé des relevés par taxation d’expert de l’influence du gibier, en se basant sur des estimations grossières ou des listes de contrôle, des enclos témoins, des surfaces indicatrices ou d’autres moyens. Quelques cantons basent leur évaluation sur des relevés systématiques du taux d’abroutissement dans des surfaces indicatrices ou sur un réseau couvrant de placettes. L’influence de l’abroutissement peut cependant varier très fortement à l’échelle locale (fig. 4). Les évaluations sur de grands territoires cachent des situations d’abroutissement évaluées comme graves localement. Même si toutes les données compilées ne répondent pas à un standard scientifique, elles constituent une base pour les négociations dans le domaine forêt-gibier dans les divers cantons. Ainsi, elles ont également leur place dans une vue d’ensemble nationale.

© geodonnées OFSGeostat/Office topographique fédéral 2015

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S C I E N C E E T P R A T I Q U E

Fig. 2: Taxation d’expert de l’influence du gibier sur le rajeunissement des forêts en Suisse. Sur 35% de la surface forestière, l’évaluation n’est pas réalisée par taxation d’expert et se base sur des surfaces indica-trices, des inventaires couvrants par échan-tillonnage ou l’IFN (fig. 1). Pour les surfaces quadrillées, les données sont antérieures à 2009 et doivent être interprétées avec pru-dence par rapport à la vue d’ensemble de la situation actuelle (tab. 1).

Avec la vue d’ensemble nationale pré-sentée ici, le groupe de travail «Forêt et faune sauvage» de la SFS veut apporter une base de discussion objective sur cette thématique forêt-gibier et fournir des impulsions pour de futurs points forts de développement dans le domaine sylvicole.

Le gibier peut exercer des influences très diverses sur la forêt. La vue d’en-semble se limite cependant à l’aspect de l’abroutissement, tout en reconnaissant l’importance des dégâts de frayure et d’écorçage.

L’abroutissement évalué par les forestiersL’influence de l’abroutissement a été éva-luée au moyen de l’expertise effectuée par les gardes forestiers sur 65% de la surface forestière suisse, répartis dans 17 cantons (fig. 1 et 2). La qualité de ces relevés est très variable, allant d’une éva-luation purement estimative par les fores-tiers jusqu’à une taxation systématique

selon des directives claires, parfois en combinaison avec des placettes d’inven-taire et des expérimentations basées sur des enclos témoins (fig. 4).

En général, les surfaces sont réparties dans l’une des trois catégories suivantes, selon le système des «feux de signalisation»:

• Classe d’influence 1 (en vert) influence de l’abroutissement inexis-tante ou faible

• Classe d’influence 2* (en jaune) selon le canton: influence de l’abrou-tissement peu claire, tolérable du point de vue sylvicole, voire disparition d’une essence

• Classe d’influence 3 (en rouge) influence de l’abroutissement élevée ou intolérable du point de vue sylvi-cole.

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Fig. 3: Expertise des dégâts du gibier 2013 du canton de Berne. Evaluation de l’influence du gibier dans 18 zones de gestion du gibier selon les classes «tolérable» (en vert, le but de rajeunissement peut être atteint), «critique» (en orange, l’atteinte du but de rajeunisse-ment est incertaine), et «intolérable» (en rouge, le but de rajeunissement ne peut pas être atteint). Des valeurs moyennes pour tout un canton ne reflètent que partiellement la situation de l’abroutissement.

n Pas de taxation d’expert (autre méthode d’évaluation)

n Classe 1: influence faible

n Classe 2: critique/peu clair, voire disparition d’une essence

n Classe 3: influence élevée

Expertise des dégâts du gibier du canton de Berne* «Regroupement» de classes avec des limites

différentes selon les cantons. Dans les cantons qui ne distinguent que deux classes, la classe supérieure a été attribuée de manière prudente à cette classe d’influence 2.

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Fig. 4: Enclos témoin avec un rajeunissement abondant. Des petites surfaces clôturées per-mettent de bien démontrer le potentiel de régénération d’une station et sont utiles pour la taxation d’expert.

Ce que prescrit la loiLa Loi fédérale sur les forêts de 1991 (art. 27, al. 2) précise: «Ils [les cantons] édictent des prescriptions visant à prévenir une prolifération nuisible du gibier; ces prescriptions doivent permettre de garantir la conservation des forêts, en particulier leur régénération naturelle par des essences adaptées à la station, sans qu’il soit nécessaire de prendre des mesures pour protéger les arbres. Lorsque cela n’est pas possible, les cantons prennent des mesures pour éviter les dommages causés par le gibier.»Si, malgré une régulation de base des effectifs d’ongulés, les valeurs cibles de rajeunis-sement ne peuvent pas être atteintes sur plus de 25% de l’aire forestière sans recourir à des mesures de prévention des dégâts dus au gibier, l’Aide à l’exécution Forêt et gibier prescrit l’élaboration d’une stratégie forêt-gibier incluant un plan de mesures concrètes.

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S C I E N C E E T P R A T I Q U E

D’après cette classification, 68% des sur-faces forestières évaluées par taxation d’expert en Suisse se trouvent dans la classe 1, 27% dans la classe 2 et 5% dans la classe 3 (fig. 2 et tab. 1).

Différences intercantonales

De grandes différences apparaissent entre les cantons (tab. 1). Sur Genève par exemple, 70% de la surface forestière est dans la classe d’influence 2 et 30% dans la classe d’influence 3. A l’inverse, dans le canton du Jura, l’influence du gibier est faible (100% en classe d’influence 1). Dans 10 des 17 cantons avec une taxa-tion d’expert, plus de 25% de la surface des forêts est attribuée aux classes d’in-fluence 2 et 3. Il faut cependant relever que la classe 2 ne possède pas les mêmes caractéristiques dans tous les cantons.

Là où des données sont disponibles pour de plus petites entités comme des zones de gestion du gibier ou des arron-dissements forestiers, on voit apparaître les différences régionales à l’intérieur même des cantons. Plus les entités sont petites, plus les différences sont impor-

tantes. Exemple dans le canton de Berne: 11% de la surface forestière se trouve en classe d’influence 3 (tab. 1). Dans 3 des 18 zones de gestion du gibier, cette part varie entre 30 et 50% (fig. 3). Le seuil stratégique selon l’Aide à l’exécution Forêt et gibier (OFEV 2010; voir encadré) est dépassé dans six zones de gestion du gibier (correspondance du canton de Berne).

(à suivre)

Source principale de cet article:Andrea D. Kupferschmid et al., «Einfluss wildlebender Huftiere auf die Waldver-jüngung: ein Überblick für die Schweiz». Journal forestier suisse, novembre/décembre 2015, vol. 166, No 6, pp. 420–431.

Tab. 1: Taxation d’expert de l’influence du gibier sur 65% de la forêt suisse répartis dans 17 can-tons. (a) % de chasses affermées au lieu de %

de la surface; b) année de publication et non de taxation [différence jusqu’à env. 10 ans]).

Canton Année de taxation

Surface forestière en % selon les classes d’influence

Surface forestière taxée (ha)

1 2 3

AG 2013 25 68 7 48 956

BE 2013 53 36 11 166 592

BS/BL 2012 55 a 44 a 1 a 20 883

GE 2013 0 70 30 3005

GL 2011 59 41 – 10 331

GR 2003–2013 b 82 17 1 187 590

JU 2013 100 0 0 39 130

LU 2013 79 18 3 41 013

NW 2013 90 10 0 7758

OW 2011 91 9 – 19 547

SH 2011 62 29 9 28 122

SO 2013 57 31 12 31 486

SZ 2012 80 20 – 27 112

UR 2011 71 29 0 16 066

VS 2013 85 15 – 109 009

ZG 2009 69 30 1 6424

ZH 2014 49 38 13 49 700

Total 68 27 5 812 724

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LE CERF EN SUISSE III/III

Grisons: toujours pas de solution miracleDepuis 110 ans, le cerf est (à nouveau) chassé dans les Grisons, qui ont donc des décennies, voire un siècle d’avance sur le sujet. Le système de patente fonctionne bien et les chasseurs s’engagent pour

garantir une chasse fructueuse. Cependant, les problèmes se font de plus en plus nombreux.

Par Jacqueline Bütikofer*

La raison réside dans l’accroissement continu des populations de cerfs. En 2015, celles-ci ont atteint un niveau record de 16 000 animaux. Or le chep-tel supportable par les habitats naturels des Grisons est estimé entre 13 000 et 14 000 cerfs.

Les populations présentent un carac-tère très naturel et ne rencontrent pra-tiquement pas d’obstacles dans leurs déplacements, ce qui explique ce nombre élevé. Les animaux parcourent des dis-tances parfois considérables lors de leurs migrations des régions d’estivage vers les quartiers d’hiver. Leur domaine vital est ainsi quatre fois plus étendu que dans d’autres régions de Suisse.

A noter aussi que de nombreux cerfs ne séjournent que pendant la saison froide dans les Grisons. Cette région attire des animaux des huit cantons, arrondissements et pays voisins, car elle se trouve dans une zone sèche protégée par les Alpes, où les hivers sont en prin-cipe moins rigoureux et moins enneigés que par exemple dans le nord du Tessin.

Menace pour le sapin

Les étés prodigues et les hivers cléments de ces dernières années ont assuré une offre de nourriture abondante qui a favo-risé la vitalité des cerfs. Le taux de repro-duction élevé et la mortalité réduite qui en résultent expliquent le niveau actuel extrêmement élevé des populations.

Cette hausse du cheptel de cerfs com-porte toutefois certains risques. Ainsi, dans les Grisons, les animaux en grand nombre présentent une menace pour le rajeunissement naturel de la forêt. En divers endroits, certaines essences, comme le sapin, sont tellement brou-tées par le gibier qu’elles ne parviennent plus à se développer. Cette situation est extrêmement préoccupante, en particu-lier dans les forêts protectrices, qui ne peuvent plus assurer leur fonction.

En 2015, un cinquième de la surface de

forêts protectrices du canton a ainsi été délimitée comme surface problématique du point de vue de la faune. Ce qui signi-fie que plus de 23 500 hectares de forêt ne présentent plus un équilibre durable entre forêt et gibier.

Les Grisons, un canton précurseurIl appartient donc à la chasse de réguler les populations afin que les effectifs ne dépassent pas la capacité naturelle des habitats, sachant cependant qu’il est pos-sible d’augmenter cette capacité par des

mesures sylvicoles et d’autres natures. En Suisse, la régulation se fait de différentes manières, qui dépendent beaucoup des conditions naturelles (paysage, climat, constitution des populations de cerfs, etc.) et du régime de chasse en vigueur au niveau du canton. En l’occurrence, on distingue deux systèmes: la chasse affer-mée, et la chasse à patente; le canton de Genève est un cas particulier puisque la chasse individuelle y est interdite (voir encadrés). Le canton des Grisons pos-sède une vaste et précieuse expérience dans la chasse au cerf selon le système de patente.

Livio Conrad, chasseur dans le val Müstair (GR), avec un mâle qu’il vient de tuer.

* Jacqueline Bütikofer est collaboratrice scientifique auprès de ForêtSuisse et chasseuse. Traduction: André Carruzzo, Genève

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S C I E N C E E T P R A T I Q U E

Le nombre de biches, un facteur déterminant

Dans les Grisons, la pratique de la chasse a connu plusieurs changements au cours des cent dernières années, car il s’agissait de garder sous contrôle les populations croissantes de cerfs. Au début, seuls les mâles pouvaient être abattus. Sont venus s’ajouter ensuite les biches, au milieu du XXe siècle, puis les jeunes animaux au début des années 1970.

Ces deux mesures visaient à stabiliser les populations, sachant que la répartition entre les sexes et la structure des classes d’âge sont des facteurs déterminants pour l’évolution des effectifs. La forma-tion des populations dépend toujours du nombre de femelles, car leur reproduction est limitée (en principe une biche ne met au monde qu’un seul petit, alors qu’un mâle peut engendrer des douzaines de faons). Le facteur décisif est donc moins le nombre de cerfs mâles présents dans une région donnée, que celui des biches aptes

à la reproduction. D’où l’importance, pour obtenir l’effet voulu (accroissement, stabi-lisation ou réduction), de suivre des stra-tégies de chasse adaptées à la population existante.

Pour maintenir des cheptels en bonne santé, il faut aussi veiller à ce que les cerfs ne soient pas trop perturbés, y compris par la chasse. Dans les Grisons, la philoso-phie appliquée en la matière est une cam-pagne «courte mais intense». En outre, les mères et les jeunes animaux ne sont pas tirés pendant la chasse haute, afin qu’ils se sentent en sécurité et puissent s’alimenter en terrain découvert avant l’hiver.

Le canton des Grisons dispose d’autre part de l’instrument des sites de protec-tion de la faune, où les cerfs peuvent se retirer et constituer des réserves de graisse suffisantes pour l’hiver. Lors de la délimita-tion de ces zones, il est important de faire en sorte qu’elles soient judicieusement réparties sur le territoire et suffisamment vastes pour protéger le gibier sans entraî-ner de regroupement excessif de cerfs.

Chasse spéciale, clé du succès?

Vers la fin des années 1980, le canton a introduit la chasse spéciale. En l’espace de cinq ans, celle-ci a permis de réduire de quelque 5000 animaux (environ un tiers de l’effectif de l’époque) la population de cerfs, qui était depuis des années excessive.

Egalement appelée «chasse complé-mentaire», la chasse spéciale a lieu entre début novembre et mi-décembre et dure au maximum dix demi-journées. Elle est planifiée selon les besoins régionaux (atteinte des objectifs de tir) et peut être autorisée de façon flexible en fonction des conditions météorologiques et des déplacements du gibier.

La chasse spéciale est limitée tant au niveau de la durée que de la région et du contingentement. Elle vise avant tout les non-boisés (faons et biches encore proté-gés pendant la chasse haute), et n’est auto-risée qu’aux chasseurs inscrits à l’avance pour une région donnée. Cette solution permet de maintenir la pression cynégé-

Genève: Pas de chasse individuelleA la suite d’une ini-tiative populaire, la chasse «récréative» a été interdite en 1974 dans le canton de Genève. Depuis lors, seul le sanglier est chassé par les gardes-faune. Bien qu’on dénombre 300 à 400 cerfs sur le territoire du canton, ceux-ci ne sont pas gérés par la chasse. Leur régulation est assurée par les chasseurs en France voisine et dans le canton de Vaud.Comme la population de cerfs a aug-menté ces dernières années et que les animaux occupent déjà un quartier d’hi-ver, en plaine, durant l’été, de premières études ont été entreprises pour déter-miner l’impact du cerf sur la forêt (en particulier sur les chênes). Une stratégie et un plan de mesures doivent être éla-borés. Le canton mise sur la prévention.Cependant, il n’est pas exclu que des tirs individuels de cerfs soient autorisés au cas où les mesures préventives n’au-raient pas les effets souhaités. On part du principe que cette régulation ponc-tuelle pourra être assurée par les gardes-faune du canton, sans qu’il en résulte de charges supplémentaires notables.

Renseignements fournis par Gottlieb Dandliker, inspecteur cantonalde la faune

Saint-Gall: Chasse afferméeSaint-Gall compte le quatrième plus impor-tant cheptel de cerfs en Suisse. Comme les populations sont généralement stables (et devraient le rester), la légère progression enregistrée dans les zones de basse altitude est acceptée. En revanche, dans la région de Werdenberg, le canton s’efforce depuis des années de réduire les effectifs. Aujourd’hui, les pre-miers résultats se font sentir, la population s’est stabilisée. La chasse au cerf commence le 15 août et dure quatre mois; les cerfs couronnés portant des bois des deux côtés ne peuvent pas être chassés, et les prescriptions de tir pour le rapport entre mâles et femelles varient de 1:2 à 1:4 (♂:♀) selon la région. Il reste que, dans de nombreuses régions, la part des femelles demeure trop élevée, notamment parce que les chasseurs sont plus intéressés par les mâles (trophées). Selon le Service cantonal de la chasse, il y a encore beaucoup à faire dans ce domaine. Mais il n’est pas prévu de faciliter la chasse par l’utilisation de moyens techniques ou une prolongation de la période d’ouverture.

Renseignements fournis par Dominik Thiel, directeur de la chasse à l’Office cantonal de la nature, de la chasse et de la pêche

Uri: Chasse à patenteDans ce canton de Suisse centrale, les effectifs de cerfs ont constamment aug-menté au cours des dernières années et atteignent un niveau qui doit être stabilisé ou même être réduit en certain lieux. La régulation s’appuie sur une chasse à deux niveaux: pendant la chasse haute de deux semaines en septembre, les chasseurs peuvent tirer des mâles, des bichettes, des daguets et des biches non allaitantes. Si les objectifs de tir fixés ne sont pas atteints, une chasse spéciale aux non-boisés (biches et faons) a lieu dans les régions concernées. Elle débute au plus tôt en novembre et dure en prin-cipe quelques jours.L’ouverture de la chasse spéciale est défi-nie à court terme pour chaque région et dépend des migrations de cerfs des quartiers d’été aux quartiers d’hiver. Malgré cette flexibilité, les conditions météorologiques restent le principal défi: des épisodes de foehn ou de pré-cipitations, et plus tard les chutes de neige peuvent fortement influencer le résultat de la chasse, voire interrompre cette dernière.

Renseignements fournis par Josef Walker, administrateur de la chasse, Office canto-nal des forêts et de la chasse

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tique sous contrôle et de prévoir des assou-plissements, par exemple dans la réglemen-tation de l’utilisation des véhicules.

L’introduction de la chasse spéciale avait pour but de tenir compte de la biologie et du comportement du cerf en période de chasse. Ainsi, la chasse haute «nor-male» sert à la régulation grossière des effectifs, la chasse complémentaire à la gestion fine. Ces deux formules, ajoutées à un vaste réseau de sites de protection de la faune, permettent de maintenir une population de cerf saine.

Alliance contre nature

La chasse au cerf reste un défi. D’une part elle dépend de la météo, d’autre part elle se heurte à l’hostilité croissante de la popu-lation et d’une partie des chasseurs. Il se forme ainsi une alliance contre nature entre opposants à la chasse et chasseurs, qui luttent en particulier contre la chasse spé-ciale mais qui ne proposent guère d’alter-natives susceptibles d’être appliquées. Bien que la chasse soit profondément enracinée dans les Grisons, où environ 3% de la popu-lation s’y adonne, ses détracteurs gagnent

du terrain, et seule une information et sen-sibilisation continues permettront de lutter contre cette tendance.

Nouvelles solutions en vue

Le régime de la chasse a besoin d’être régulièrement adapté. Les modifications les plus récentes ont été introduites lors de la saison 2015 sous forme d’un test pro-visoire. Désormais, les sites de protection

de la faune sont partiellement ouverts à la chasse selon quatre modèles différents. A quoi s’ajoutent d’autres adaptations:• les cerfs couronnés avec des bois d’un

seul côté voient leur protection diminuer• le contingent journalier de la chasse

spéciale est augmenté à quatre pièces• la chasse spéciale est prolongée

jusqu’au 20 décembre• les téléphones mobiles peuvent être

utilisés librement pour la chasse. Comme on le voit, même des systèmes et stratégies qui ont fait leur preuve doivent être régulièrement adaptés à l’évolution du contexte et des effectifs. Le cerf repré-sente et restera un défi aussi bien pour la forêt que pour la chasse.

Remerciements: A Hannes Jenny, biologiste à l’Office canto-nal grison de la chasse et de la pêche, pour sa précieuse collaboration.

Informations:Documents en allemand et en italien sous www.gr.ch/DE/institutionen/verwaltung/bvfd/ajf/dokumentation/jagd/Seiten/Publika-tionen.aspx

La chasse au cerf en montagne est une activité très exigeante.

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* Joana Beatrice Meyer, chercheuse postdoctorale, et Simone Prospero, phytopathologue, travaillent tous deux dans l’unité de recherche Biodiversité et écologie de la conservation à l’Institut fédéral de recherches sur la forêt, la neige et le paysage (WSL) à Birmensdorf.

duits. Les arbres n’ont pas encore déve-loppé de mécanismes de défense contre ces ennemis inconnus, ce qui accroît leur vulnérabilité. Les organismes nuisibles s’en prennent souvent à une même essence et s’influencent ainsi mutuelle-ment. L’exemple du cynips et du chancre de l’écorce du châtaignier illustre les conséquences de cette interaction pour les châtaigneraies en Suisse.

Victime de deux organismes nuisibles introduitsLe chancre de l’écorce du châtaignier est causé par Cryphonectria parasitica, cham-pignon originaire de l’est de l’Asie. Il pro-voque des tumeurs typiques, ou chancres, sur l’écorce du tronc et des branches

Le nombre d’organismes nuisibles qui menacent les forêts suisses a fortement augmenté depuis quelques années. Les interactions entre ces organismes peuvent gravement affecter les écosystèmes qu’ils ont commencé à coloniser, comme l’il-lustre le cas du châtaignier.

L’intensification du commerce global et les changements climatiques contribuent à exposer les arbres suisses indigènes aux organismes nuisibles récemment intro-

(figures en page suivante). Dès qu’un de ces chancres a entouré totalement une branche ou un tronc, l’arbre dépérit au-dessus de la partie atteinte (Rigling et al. 2014).

Les premières observations en Suisse remontent à 1948, au Tessin. En dépit des mesures de quarantaine, la maladie a pro-gressé pour atteindre le versant nord des Alpes dans les années 1980. Au sud des Alpes, la mortalité du châtaignier était éle-vée au début de l’épidémie, mais à la fin des années 1950, de nombreux chancres ont guéri de manière inattendue. Ces guérisons ont été dues à un virus nommé hypovirus Cryphonectria, qui infecte le champignon et l’affaiblit au point que le châtaignier parvient à lui résister. L’arbre ne forme alors que des chancres superficiels, «passifs», qui ne sont pas mortels pour lui.

Châtaigneraie en production à Veytaux (VD). En médaillon, femelle de Dryocosmus kuriphilus, le cynips du châtaignier, lors de la ponte.Ph

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CHÂTAIGNIER

Le cynips favorise le chancre de l’écorceEn observant et en analysant des galles du cynips du châtaignier dans des peuplements du Chablais et du Tessin, des chercheurs du WSL ont découvert que la présence de ce ravageur pouvait dans certaines

conditions favoriser la recrudescence de la forme agressive du chancre de l’écorce.

Par Joana Beatrice Meyer, Simone Prospero*

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SLGrâce à ce virus, la survie du châtaignier n’est aujourd’hui plus menacée au Tessin et dans les vallées méridionales des Grisons. Sur le versant nord des Alpes, la forme agressive du champignon, non affaiblie par le virus, était la seule présente (Pros-pero et Rigling 2010). C’est pourquoi l’Ins-titut fédéral de recherches sur la forêt, la neige et le paysage (WSL) s’emploie depuis plus de dix ans, en collaboration avec plu-sieurs cantons producteurs de châtaignes, à propager le virus dans les principaux peuplements de châtaignier, en traitant les chancres avec des souches de champi-gnons infectés par le virus.

Le cynips du châtaignier (Dryocosmus kuriphilus), une guêpe minuscule ori-ginaire de Chine, est considéré dans le monde entier comme un des principaux ennemis du châtaignier. Le développe-ment des œufs dans les bourgeons sti-mule la formation de galles vert clair ou roses sur les jeunes rameaux, les feuilles et les pétioles (figure ci-contre). Le cycle de développement complet des larves s’ef-fectue dans ces galles; après l’envol des adultes en été, elles se dessèchent et se colorent en brun foncé avant de tomber au bout de deux ou trois ans. Une attaque de cynips n’entraîne pas forcément la mort de son hôte, mais la croissance de l’arbre et sa production de fruits peuvent être fortement réduites.

Le premier cas de cynips en Europe a été signalé en 2002 dans le nord de l’Italie, d’où l’insecte s’est rapidement propagé. Il a atteint le sud du Tessin en 2009 et a colonisé toute l’aire de répartition du châ-taignier en quatre ans dans ce canton. Au nord des Alpes, il est apparu pour la pre-

mière fois en 2010 au bord du lac de Zoug, à Walchwil. Un an plus tard, le cynips a également été observé dans le Chablais vaudois et valaisan. A l’heure actuelle, seules les peuplements dans la région du lac de Walenstadt (SG) sont encore indemnes de cet organisme nuisible.

Les galles, nouvelles portes d’entrée pour le chancre? A l’été 2010, des chercheurs du WSL ont repéré un dépérissement des rameaux suspect dans une selve sévèrement atteinte par le cynips près de Stabio, au Tessin (Meier et al. 2012). Un examen plus approfondi des rameaux dépérissants porteurs de galles vides, c’est-à-dire aban-données par le cynips lors de l’envol des

jeunes adultes, a révélé dans de nombreux cas des symptômes qui laissaient présa-ger une infection par C. parasitica. Par contraste, les jeunes rameaux sans galles étaient sains. Ces observations semblaient indiquer que le champignon, qui s’intro-duit dans son hôte par des blessures de l’écorce, utilise désormais les galles vides comme nouvelle porte d’entrée.

Enquête dans le Chablais et au Tessin En 2014, afin de mieux comprendre la présence du chancre sur les galles du cynips, les chercheurs du WSL ont collecté environ 2000 galles vides dans le canton du Tessin (quatre peuplements) et dans le Chablais (quatre peuplements). En labora-toire, ils ont isolé et identifié les champi-gnons présents dans les galles.

Ces analyses ont montré que 3 à 19% des galles vides étaient porteuses de C. parasitica dans le canton du Tessin, et seulement 1 à 3% dans le Chablais. Dans leur grande majorité (89,4%), les galles infectées par C. parasitica provenaient du versant sud des Alpes. Dans cette région, tous les arbres examinés portaient des galles vides avec C. parasitica. Seuls 10,6% des galles colonisées par C. para-sitica ont été trouvées dans le Chablais.

La différence marquante entre les deux régions d’étude peut s’expliquer de diverses manières. Tout d’abord, elle peut résulter d’une pression plus forte du chancre au Tessin, où les châtaigne-raies sont très étendues, alors que dans le Chablais elles sont relativement petites et ne se touchent pas. Par ailleurs, les cher-cheurs ont constaté la plus forte propor-tion de galles colonisées par C. parasitica dans les deux châtaigneraies (Stabio et Robasacco) dans lesquelles D. kuriphilus était présent depuis le plus longtemps

A g., forme agressive du chancre du châtaignier (Cryphonectria parasitica) sur un jeune arbre. A d., chancre guéri après un traitement réussi avec une souche de C. parasitica infectée par le virus.

Galles du cynips sur des feuilles de châtaignier.

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(plus de trois ans). Il n’est donc pas exclu que la présence de C. parasitica sur les galles augmente avec l’âge des galles, dans le Chablais également.

Le cynips favorise la forme agressive du chancreLes chercheurs ont été surpris de constater qu’à quelques exceptions près, toutes les galles vides sur lesquelles C. parasitica a pu être isolé contenaient la forme agressive (= non infectée par le virus) du champi-gnon. Ce constat est d’autant plus éton-nant que, dans les huit châtaigneraies étu-diées, 30 à 85% des chancres sur des arbres vivants étaient infectés par le virus. Cette situation indique que les galles vides sont surtout infectées par les spores sexuelles de C. parasitica, qui sont dispersées par le vent et toujours exemptes du virus.

Conséquences pratiques

L’étude du WSL montre que les galles vides du cynips du châtaignier peuvent être colonisées par le chancre de l’écorce du châtaignier. Le champignon profite donc indirectement de la présence d’un nouvel organisme nuisible envahissant et utilise les galles vides comme porte d’entrée.

Quelles sont désormais les consé-quences de la colonisation des galles par C. parasitica? D’une part, les galles vides hébergent presque uniquement la forme agressive du champignon. Si C. parasitica

se reproduit sur les galles et produit des spores, celles-ci transmettent également la forme agressive. Cette situation pour-rait augmenter la pression infectieuse et donc la forme agressive du chancre, y compris dans les peuplements où la forme hypovirulente est bien établie. Tou-tefois, seule une faible proportion (max. 20%) des galles vides semble colonisée par le chancre. Le service forestier tessi-nois a observé une diminution marquée du nombre de galles depuis l’arrivée de Torymus sinensis, une microguêpe para-sitoïde, ennemie naturelle du cynips.

On peut donc présumer que le nombre de galles colonisées par C. parasitica bais-sera lui aussi et qu’on observera tout au plus une faible augmentation du chancre du châtaignier. Cette hypothèse devra cependant être vérifiée sur le terrain par une répétition de cette étude après l’éta-blissement de T. sinensis.

Références: Meier F, Engesser R, Forster B, Odermatt O, Angst A. 2012. Protection des forêts. Vue d’ensemble 2011. PBMD-Bulletin 2012.Prospero S, Rigling D. 2010. Le chancre de l’écorce du châtaignier au nord des Alpes: la maladie est-elle contrôlable? La Forêt 14: 14–17.Rigling D, Schütz-Bryner S, Heiniger U, Prospero S. 2014. Le chancre de l’écorce du châtaignier. Symptômes, biologie et mesures pour le combattre. Not. prat. 54: 8 pp.Welten M, Sutter R. 1982. Atlas de distribu-tion des ptéridophytes et des phanérogames de la Suisse. 2 vol. Birkhäuser, Bâle. 716 et 698 pp.

Le châtaignier en SuisseCastanea sativa est un arbre de la famille des Fagacées. Originaire de l’Europe du Sud-Est et d’Asie mineure, il a été intro-duit en Europe par les Romains. Il était – et reste – très apprécié pour ses fruits comestibles, parfois appelés à tort «mar-rons» dans le commerce, et pour son bois, très durable et d’excellente qualité, qui est utilisé par exemple en aménagement exté-rieur, en horticulture et en menuiserie ou pour la fabrication de parquets. C’est une essence exigeante. Ses besoins en cha-leur sont élevés mais elle supporte aussi des températures hivernales relativement basses. Elle aime les sols acides et fertiles (pH 3,5 à 5,5) et croît assez mal sur des sols compactés, saturés en eau, et au pH basique. En Suisse, son aire de répartition principale se situe au sud des Alpes (Tessin et vallées méridionales des Grisons), avec des peuplements fermés jusqu’à 900 ou 1000 mètres d’altitude. Au nord des Alpes, on trouve aussi de belles châtaigneraies au bord des lacs ou dans les vallées à foehn.

Principales zones de répartition du châtaignier (Castanea sativa) en Suisse.

Lac de Walenstadtet vallée du Rhin

Sud des AlpesChablais

et vallée du Rhône

Région lémanique

Placettes d’échantillonnage de l’Inventaire forestier national avec présence de châtaignier

Abondant (Welten et Sutter 1982)

Rare (Welten et Sutter 1982)

Haut-Valais

Suisse centrale

Rameau de châtaignier près de Sonogno (TI), porteur de galles et présentant des symp-tômes d’infection par Cryphonectria parasitica (lésions orange et fructifications).

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* Jacques Doutaz, ingénieur forestier EPFZ, est ensei-gnant en sylviculture au Centre forestier de forma-tion (CEFOR) de Lyss. Courriel: [email protected]

de 5 à 10 cm de hauteur afin de faire dépérir l’arbre sur pied. Concrètement, l’intervention interrompt la circulation de la sève élaborée (descendante). En consé-quence, les parties de l’arbre en dessous de la blessure (par exemple les racines) ne sont plus nourries. La production de nouvelles cellules – donc leur renouvel-lement – y devient impossible, ce qui conduit à la mort de l’arbre dans un délai de deux à cinq ans après son annélation, suivant l’essence. La vigueur de l’arbre s’amenuise peu à peu: ses feuilles se font d’année en année plus rares et plus menues jusqu’à ce que le sujet finisse par ne plus débourrer au printemps.

L’annélation ne connaît aucune demi-mesure: elle est réussie ou ratée, tou-jours pleinement jamais partiellement. En effet, si elle n’interrompt pas totale-ment la circulation de la sève élaborée, l’arbre blessé survit, souvent même sans signes clairs d’affaiblissement. La clé du

L’annélation (ou annelage) connaît un regain d’intérêt depuis quelques années. Certains voient dans cette méthode extensive un moyen intéressant pour réduire les coûts des soins à la jeune forêt. D’autres, en revanche, ne manquent pas de relever les désavantages, avérés ou potentiels, de ce type d’intervention. Loin des controverses, le présent article propose quelques réflexions sur le sujet, en élargissant le débat non pas aux seuls aspects techniques de l’annélation, mais également à la bonne compréhension des enjeux et des buts poursuivis par cette méthode.

L’annélation consiste à éliminer, sur le pourtour du fût, une bande d’écorce

succès réside donc dans l’élimination soigneuse et intégrale du cambium, ce tissu invisible situé entre l’écorce et le bois et responsable de la production de nouvelles cellules. Si son élimination est incomplète, une cicatrisation progressive de la blessure reste possible. Or, un seul «pont» de liber – oublié ou régénéré par le cambium – suffit à garantir l’approvi-sionnement des racines par la couronne, rendant l’annélation inopérante. Un tra-vail minutieux est donc requis!

Idées fausses à réviser

Contrairement à une idée reçue et mal-heureusement encore enseignée, entail-ler l’aubier pour augmenter la profondeur de la blessure n’améliore en rien le taux de réussite d’une annélation, puisque la circulation de la sève descendante – seule cible visée – se cantonne exclusivement au liber. L’expérience montre qu’une

L’annélation est plutôt rapide, l’opérateur garde le dos droit. Ici un agent de l’Office national des forêts français, lors d’un exercice en Franche-Comté voisine.

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SYLVICULTURE

Annélation: les conditions de la réussitePour être probante, une méthode doit non seulement s’avérer efficace, mais encore être exécutée

correctement et utilisée à bon escient. Cet article explique le fonctionnement de l’annélation, les clés de son succès et son champ d’application.

Texte et photos: Jacques Doutaz*

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L’annélation est surtout intéressante en phase de qualification (à g.), tant que l’élagage natu-rel de la bille de pied (6−8 m) est inachevé. Au-delà, mieux vaut abattre les concurrents: les branches basses doivent rester vertes et l’expansion de la couronne doit être possible sans retard.

annélation trop profonde s’avère même contreproductive: elle accélère le pour-rissement du fût en endommageant les barrières naturelles que constituent les cernes annuels. La probabilité augmente alors de voir l’arbre se briser avant son démantèlement progressif sur pied, avec des risques accrus de dégâts au peuple-ment restant.

On encourt les mêmes risques en appliquant la technique – à déconseiller absolument – qui préconise de former une «coupelle» d’écorce (décollée, mais solidaire du tronc) à la base de la bles-sure pour que l’eau y stagne. En matière d’annélation, le mot d’ordre est clair: on cherche à faire sécher l’arbre sur pied, pas à le faire pourrir ni à le faire tomber prématurément! Toute méthode allant à l’encontre à cet objectif est à bannir.

Rééquilibrage recherché

Les soins habituels, par abattage des concurrents à la serpe ou à la tronçon-neuse, et les soins par annélation ne poursuivent pas le même objectif: les premiers cherchent à éliminer la concur-rence, les seconds à rééquilibrer les forces en présence. La nuance peut paraître infime, elle est toutefois décisive comme le montre l’exemple ci-dessous.

Imaginons un jeune chêne «noyé» dans un fourré de hêtres. A ce stade, l’élagage naturel de la bille de pied (6−8 m) n’est pas encore terminé. En abattant les hêtres qui menacent le jeune chêne, on permet certes à cette essence peu concurrentielle de se maintenir dans le mélange. Mais on supprime par la même occasion les concurrents qui travaillaient à son élagage naturel. Celui-ci ne reprendra que lorsque la compression latérale par les arbres voi-sins sera à nouveau suffisante, c’est-à-dire peu avant que le besoin d’une nouvelle intervention ne se fasse ressentir.

Que se passe-t-il, maintenant, si les hêtres concurrents du jeune chêne se font anneler et non abattre? Ils perdent peu à peu en vigueur. Bien qu’apparte-nant à l’essence dominante, leur compé-titivité se trouve amoindrie et en fait des concurrents de moins en moins agressifs. Ils continuent toutefois, jusqu’à leur mort, à gainer le jeune chêne, sans interrup-tion de son élagage naturel. De plus, le jeune chêne ne se trouve pas brutale-ment dépourvu de ses appuis latéraux. Le transfert entre stabilité collective (appui réciproque des tiges) et stabilité individuelle du jeune chêne s’effectue progressivement, comme ce serait le cas par mortalité naturelle des arbres ayant perdu la course à la lumière.

En d’autres termes, l’annélation permet d’éviter l’éviction naturelle des essences

peu concurrentielles (démélange) tout en préservant, autant que faire se peut, les bénéfices de l’éducation collective.

Champ d’application

Travailler par annélation n’a de sens que lorsqu’un dépérissement progressif des tiges à éliminer constitue un avan-tage significatif. C’est le cas notamment tant que l’élagage de la bille de pied des candidats n’est pas terminé (on parle de «phase de qualification»). Dans un tel cas de figure, l’intervention sylvicole devrait chercher à rééquilibrer les forces et non à réduire la densité des tiges, puisque cette

dernière travaille en faveur de la qualité. Lorsque, en revanche, les premiers 6 à 8 mètres du fût sont libres de branches, le seul objectif est de permettre l’expan-sion de la couronne et d’éviter que ses branches inférieures ne viennent à sécher. L’annélation, aux effets trop lents, est alors à déconseiller. Un détourage par abattage des concurrents est plus adapté.

L’annélation est également appropriée pour éliminer peu à peu les «parasols» (préexistants, arbres de sous-étage) maintenus initialement dans une surface de coupe pour endiguer l’explosion de la végétation concurrente (par exemple la ronce), mais devenus ensuite gênants

A g., une tige juste après annélation. Remarquez les traces de brossage. Au centre, une tige un an après intervention. On constate déjà une différence de diamètre de part et d’autre de la blessure. La circulation de la sève élaborée étant interrompue, l’approvisionnement en dessous de la blessure est compromis. A droite, un arbre mort par annélation (flèche). Le fût reste debout, alors que les branches sont déjà tombées par étapes (des plus petites aux plus grandes). L’axe principal se délabre lui aussi progressivement, pour autant que l’annélation ait éliminé l’écorce et le cambium, sans entailler le bois.

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pour le recrû installé dans leur ombre. Tra-vailler par abattage soumettrait le rajeu-nissement à un changement brutal des conditions lumineuses. Cela peut s’avé-rer néfaste, par exemple pour le sapin blanc connu pour former des aiguilles d’ombre et de lumière très différentes, ce qui conduit bien souvent à un choc problématique en cas de dégagement trop abrupt. L’annélation des «parasols» laisse, au contraire, un précieux temps d’adaptation aux jeunes tiges dégagées, tout en leur garantissant un apport de lumière croissant, à mesure que se dévi-talise l’arbre annelé.

Sort des tiges annelées

Les détracteurs de l’annélation craignent que, lors de leur chute, les tiges annelées n’occasionnent des dégâts importants au peuplement restant. La mortalité natu-relle des tiges ayant perdu la course à la lumière nous offre de précieux enseigne-ments à ce sujet. Un arbre qui sèche sur pied se démantèle généralement peu à peu, en perdant tout d’abord ses ramilles, ses branches fines, puis ultérieurement ses branches plus grossières. Lorsqu’il

vient à tomber, il ne reste de lui plus que l’axe principal, voire même une chandelle. De plus, le bois est souvent déjà partiel-lement décomposé, de manière à ce qu’il se fragmente au contact du sol. Dans un peuplement non traité, les dégâts engen-drés par la chute des tiges sèches sont minimes. Il est loisible de penser que, si l’annélation est pratiquée correctement, c’est-à-dire sans entamer le bois, le mode de démantèlement ne se distingue pas de celui qui prévaut en cas de mortalité natu-relle. Cette observation est confirmée par nos collègues français et allemands des régions de l’Alsace, de la Sarre et de la Rhénanie-Palatinat qui utilisent cette méthode depuis plusieurs années déjà.

Les atouts de l’annélation

Pour autant qu’ils soient pratiqués correc-tement et à bon escient, les soins par anné-lation présentent les avantages suivants:• Le peuplement restant ne subit aucun

choc dû à l’intervention, car la dispari-tion des arbres annelés est progressive, comme serait la mortalité naturelle due à la concurrence. L’intervention «imite» mieux la nature que des abattages.

Outillage, période d’exécution et méticulosité sont les clés du succès de l’opérationEliminer méticuleusement liber et cambium, garder intact le bois tels sont les secrets de l’annélation. Il est dès lors évident qu’opérer à la tronçonneuse donne des résultats insatisfaisants: la forme du plateau oblige à tailler dans le bois et, à la jonction de ces entailles, le risque est grand de voir subsister des ponts de cambium, voire même d’écorce. L’outillage le plus approprié est le suivant:• une serpe ou une plane (couteau à deux manches) pour éliminer

l’écorce;• une brosse métallique pour brosser le cambium après écorçage;• une griffe (rénette) d’inventaire ou un couteau à greffer pour

traiter les cannelures du fût inatteignables avec la serpe ou la plane (par exemple chez le charme).

La tentation est grande, après l’écorçage à la serpe ou à la plane, de renoncer au brossage, car la blessure paraît suffisamment propre et les résidus de liber (et, sous-jacents, de cambium) sont à peine décelables. De cette étape dépendent toutefois les chances de suc-cès de l’annélation, puisque le moindre «pont» de cellules cambiales traversant la blessure rend l’annélation inefficace. Le temps gagné en omettant cette étape fait perdre le temps investi dans l’écorçage.De manière imagée, on peut dire que les réserves d’un arbre «migrent» au fil de l’année. En hiver, elles se situent majoritaire-ment dans ses racines. Au printemps, elles sont mobilisées pour le débourrement et la croissance des rameaux dans la couronne. Durant l’été, les feuilles produisent de nouvelles réserves qui s’accu-mulent peu à peu dans les racines en prévision de l’année suivante.L’annélation interrompt la circulation de la sève descendante. Son effet est donc maximal si elle permet de bloquer les réserves dans le houppier en interdisant un nouvel approvisionnement des racines. Ce «piégeage» des ressources dans les parties aériennes limite le développement de rejets en dessous de la blessure (débourrement de bourgeons dormants). En outre, l’écorçage est évidemment beaucoup plus aisé lorsque l’arbre est en sève. Pour toutes ces

raisons, la période idéale pour l’annélation correspond aux mois de juillet et d’août.

• La transition entre stabilité collective (soutien mutuel des tiges) et stabilité individuelle (rabaissement du coefficient d’élancement) est progressive; les appuis latéraux de la tige dégagée disparaissent peu à peu, alors que son diamètre aug-mente grâce à l’amenuisement de la concurrence.

• Les arbres annelés contribuent encore durant quelques années à l’éducation de la tige dégagée (élagage naturel par ombrage des branches basses, frotte-ment sur les branches mortes, etc.).

• La méthode peut être appliquée en période de nidification, car les arbres annelés restent debout et les perturba-tions sonores sont nulles.

• Le travail se déroule sans machine (pas de bruit, de gaz d’échappement), sans équipement de sécurité (confort des exécutants en période estivale) et en gardant le dos droit.

Les risques de l’annélation

Une intervention par annélation sera source de déconvenue dans les cas suivants:• Une mauvaise technique d’annélation

conduit à une pourriture rapide du fût

Outillage conseillé pour l’annélation: plane pour l’écorçage, brosse métallique pour l’élimination du cambium dans la blessure et cou-teau à greffer pour traiter les cannelures du fût inatteignables avec la plane. En bas, des fabricants ont développé des outils combinant plane et brosse.

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et à la chute précoce de l’arbre entier. Dans un tel cas, l’effet recherché est perdu (disparition brutale et non pro-gressive de la tige annelée); de plus, des dégâts sont à craindre dans le peu-plement restant, puisque la direction de chute est aléatoire et que l’arbre tombe avant son démantèlement.

• Une mauvaise technique d’annélation ne permet pas une élimination com-plète du cambium: les arbres cica-trisent et l’intervention est inutile. Le risque est grand, alors, d’attribuer injustement à la méthode un défaut imputable uniquement à sa mauvaise exécution.

• La situation exige une suppression rapide des concurrents: dans ce cas, l’effet différé de l’annélation (délai de dépérissement de 2 à 5 ans) ne répond pas aux objectifs poursuivis.

• La prochaine intervention qui, dans un jeune peuplement, permettra la pre-mière récolte des produits est proche. Dans un tel cas, il n’est pas judicieux d’enrichir le peuplement en bois mort sur pied, car celui-ci pourra poser des problèmes de sécurité ou des entraves lors du prochain détourage des arbres de place.

• La forêt est fortement parcourue par le public. Certains «esprits expérimen-tateurs» pourraient être tentés de

s’adonner, par imitation, à des anné-lations sauvages occasionnant des dégâts aux tiges méritantes.

ConclusionL’annélation suscite déjà – et suscitera sans doute encore – des discussions parmi les sylviculteurs. Constitue-t-elle une alternative sérieuse aux soins habi-tuels par abattage? Pour quels avantages ou quels inconvénients? Comme toujours, on se prend à rêver d’une réponse simple, catégorique, sans appel. Tant que la sylvi-culture interviendra dans un écosystème aussi complexe que la forêt, tant qu’elle sera multifonctionnelle et qu’elle cher-chera à optimiser ses effets en fonction du contexte, une telle réponse n’existera pas. Cela ne signifie pas pour autant qu’il soit impossible de définir des modes d’exécu-tion et des champs d’application clairs, bien qu’évolutifs au fil des expériences. Car comme toute autre méthode, l’anné-lation n’est probante qu’exécutée correc-tement et utilisée à bon escient.

Informations: www.waldbau-sylviculture.ch ➞ Publications:– Doutaz, J., 2014/2015, Placette

d’observation sylvicole «La Chaudanne», Rossinière (VD)

– Doutaz, J., 2014/2015, Placette d’observation sylvicole «Hinterberg», Hinterkappelen (BE)

– Doutaz, J., 2014, Méthode de l’annélation. Notice pratique n° 1.2

– Doutaz, J., 2014, Notions sylvicoles de base. Notice pratique n° 1.0

Les lambeaux de liber et, sous-jacents, de cambium (flèches rouges) demeurant après l’écor-çage à la plane doivent être éliminés par brossage pour empêcher toute cicatrisation. A g., juste après l’annélation. A d., peu d’années après (cicatrisation partielle). Par chance, les lambeaux n’étaient pas traversants.

Une méthode à éprouver et à documenterDans le but de suivre annuellement l’évolution de peuplements traités par annélation, l’auteur a mis en place, en août 2014, deux placettes d’observation à Hinterkappelen (BE) et à Rossinière (VD), la première en forêt productrice à faible déclivité, la seconde en forêt protectrice relativement escarpée. Toutes les tiges dégagées ou annelées y ont été mesurées et numérotées afin de documenter leur réaction respective. Les premiers résultats obtenus un an après l’intervention sont résumés dans le tableau ci-dessous. Il est réjouissant de constater qu’écorçage et brossage confondus ne coûtent guère que deux à trois minutes par tige traitée. L’investissement en temps est donc très raisonnable. Evidemment, cette durée augmente avec le diamètre des tiges à traiter.Un an après l’intervention, aucune des tiges annelées ne présente de résidus de liber ou de tissu cicatriciel autorisant la circulation de sève élaborée. Le taux de succès, en termes de qualité d’exécution, est donc de 100%.Enfin, il est surprenant qu’après un si court laps de temps, une part si élevée de tiges annelées soient déjà mortes (13%, respectivement 18%). La canicule de l’été 2015, associée à la chalarose, ne sont vraisemblablement pas étrangères à cette réaction.

La poursuite des o b s e r v a t i o n s dans ces placettes devrait livrer d’inté-ressantes informa-tions sur la vitesse de dépérissement et sur le démantè-lement des arbres secs au fil des ans.

Résultats à un an sur deux placettes d’observationHinterkappelen (BE) Rossinière (VD)

Altitude (m) 550–570 1000–1045

Station Hêtraie à Gouet Hêtraie à Cardamine

Nombre de tiges dégagées 8 15

Nombre de tiges annelées 22 48

DHP ø des tiges annelées (cm) 10,8 6,2

Durée de l’annélation (min/tige) 3 2

Taux de cicatrisation après un an (%) 0 0

Taux de mortalité après un an (%) 18 13

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TABLE RONDE DE LA COMMUNAUTÉ DE TRAVAIL POUR LA FORÊT

Une année après le choc monétaire Le franc fort, une année après. Des représentants de l’économie forestière, de l’industrie du bois et un économiste ont livré leur point de vue sur la situation de la filière bois à l'occasion d'une table ronde.

Le 15 janvier 2016, une année précisément après l’abolition par la Banque nationale suisse (BNS) du cours-plancher à CHF 1.20 par euro, des représentants de l’écono-mie forestière et de l’industrie du bois se sont réunis à Worb, auprès de l'entreprise Otto Lädrach AG, pour une «table ronde forestière» organisée par la Communauté de travail pour la forêt. Au centre des dis-cussions figuraient les répercussions de la subite envolée du franc suisse sur les entreprises du secteur du bois.

Martin Eichler, économiste en chef à l’institut de recherches conjoncturelles et de conseil aux entreprises BAKBASEL, a donné des explications sur le «choc du franc», ses implications et conséquences pour l’économie publique. Ensuite, des dirigeants du secteur de l’économie fores-tière et de l’industrie de transformation du bois ont fait part de leur expérience dans leurs domaines respectifs.

Une situation économique plus favorable qu’en 2011Selon Martin Eichler, le moment choisi par la BNS pour l’abolition du cours plancher était judicieux: «La conjoncture mondiale au début de 2015 était plus favorable qu’en 2011, lorsque la BNS a introduit le cours minimal de l’euro. Et le franc n’était

pas aussi surévalué qu’en 2011 par rapport aux principales devises comme le dollar et la livre anglaise.» Le fait que dans un premier temps le franc ait atteint la parité avec l’euro était donc plutôt dû à la faiblesse de l’euro qu’à la cherté du franc. Et contrairement à ce que l’on pouvait craindre, la valeur réelle des exportations n’a pratiquement pas reculé par rapport aux années précédentes.

Martin Eichler admet toutefois que «si l’on considère les exportations séparément par secteur économique, les entreprises qui se positionnent par la qualité de leur produit, comme dans l’industrie pharma-ceutique, n’ont pratiquement pas subi de pertes à l’exportation. Alors que pour les branches dont les produits doivent s’impo-ser par leurs prix sur les marchés de l’espace européen, 2015 a été une année difficile.» Or les entreprises de la filière bois font mal-heureusement partie de ces dernières.

Pression de l’étranger

Cependant, plus que le recul des exporta-tions, ce sont surtout les importations de l’espace européen qui ont posé des pro-blèmes à la filière bois. Elles ont entraîné une baisse de 10% des prix nationaux à la production et à l’importation au niveau de l’économie globale. Les prix à importation des produits en bois ont chuté de 12%.

Martin Eichler a rappelé que selon une analyse input-output de BAKBASEL, la demande indigène joue un rôle détermi-nant pour les exploitations forestières et les scieries, qui vendent 45% de leur mar-chandise au secteur de la construction et 30% à des entreprises de transformation de l’économie du bois.

Les voix de la branche

Lors des interventions des représentants de la branche, Stefan Flückiger, chef de l’ex-ploitation forestière de la Bourgeoisie de Berne, a expliqué qu’après avoir été informé le 15 janvier de la décision de la BNS, il avait tout de suite su ce quoi faire: suspendre la production et réévaluer le marché, tout en veillant à ce que les partenaires stratégiques et le personnel de l’entreprise aient suffi-samment de travail. «A peine une semaine auparavant, nous avions envisagé ce scéna-rio au sein de l’entreprise.» Il estime que «le fait de prévoir ce qui paraissait impossible nous a permis d’éviter de nous retrouver dans le rouge».

Valentin Stäheli, responsable des achats à Schilliger Holz AG, a livré un autre point de vue: «En 2015, malgré le choc moné-taire, nous n’avons transformé que 5% de bois brut en moins que les années précé-dentes. Si certaines entreprises forestières

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COMMISSION DU MARCHÉ DU BOIS

Le franc fort met sous pression l’économie forestière et du bois.

Face à la persistance d'un marché dur, la CMB reconduit les recommandations de prix d'août 2015. L’abandon du taux plan-

Après sa séance du 19 janvier dernier, la CMB pense se réunir le 14 juin pro-chain pour indiquer ses recomman-dations de prix.

cher euro/franc en janvier 2015 met l’éco-nomie forestière et du bois suisse encore plus sous pression et les produits d’impor-

tation (planches, poutres, matériaux dérivés du bois – panneaux) ont baissé uniquement en fonction du taux de change.

Si les scieries suisses ont pu amorcer la saison hivernale avec d'importantes réserves de résineux, la demande en bois frais se maintient, spécialement en ce qui concerne les bonnes qualités. Dans la mesure du possible, les transformateurs locaux sont à approvisionner en fonction des besoins.

CMB/LFRecommandations de prix de la CMB1) du 19 janvier 2016 (en francs par m3 p, bois non écorcé, à port de camion, hors TVA)

Prix indicatifs août 2015 Econ. forestière

Industrie du bois

Prix indicatifs janvier 2016 Econ. forestière

Industrie du bois

Assortiment EFS IBS ForêtSuisse IBS

Epicéa L1, 2b, BEpicéa L1, 4, BEpicéa L1, 3, CEpicéa L1, 5, CEpicéa L3, 3, BEpicéa L3, 3, C

104.–107.–86.–79.–107.–86.–

98.–102.–75.–70.–102.–78.–

104.–107.–86.–79.–107.–86.–

98.–102.–75.–70.–102.–78.–

Sapin réduc. 10% 10.– à 13.– 10% 10.– à 13.–

Hêtre, 4, BHêtre, 4, C

95.–65.– à 75.–

75.–60.–

95.–65.– à 75.–

75.–60.–

1) Ce communiqué est publié sous la responsabilité des associations Industrie du bois Suisse (IBS) et ForêtSuisse.

du canton de Berne n’avaient pas signalé leur intention de stopper leurs coupes de bois, notre débitage serait resté au niveau habituel.»

Comme Martin Eichler, Markus Lädrach, directeur de l’entreprise Otto Lädrach AG, a évoqué la dévalorisation des prix des sciages sous la pression des impor-tations européennes: «Si nous avons pu nous en sortir, c’est parce que nous avons diversifié nos affaires et pratiquons aussi le négoce de bois parallèlement à la scierie et à la raboterie.»

Des effets à long terme

Markus Lädrach estime que ce n’est que dans un ou deux ans que les effets du franc fort se feront véritablement res-sentir. Martin Eichler confirme: «Selon nos prévisions, l’économie suisse devrait s’être remise en grande partie du choc du franc d’ici 2017, mais la filière bois doit s’attendre à des temps difficiles.» Elle devrait certes renouer d’ici là avec la croissance grâce à la reprise de l’économie globale, mais avec le ralentissement de la conjoncture du bâtiment, la demande du principal acheteur de produits en bois sera modérée ces prochaines années.

Délocaliser à l’étranger?

Martin Eichler a présenté aux participants une enquête menée par BAKBASEL et SWISSMEN auprès d’entreprises de l'indus-trie suisse des machines, des équipements

électriques et des métaux (MEM), secteur qui souffre aussi de la pression sur les prix. Les résultats montrent que si le cours du change actuel devait durablement se main-tenir à ce niveau (env. CHF 1.06 / EUR), une entreprise sur dix de cette branche se ver-rait contrainte de cesser son activité. Par ail-leurs, plus de 10% des sociétés interrogées délocaliseraient l’ensemble de leurs activi-tés à l’étranger, plus de 20% leur recherche et plus de 30% leur production dès 2016.

Pour le secteur du bois, partir à l’étran-ger ne serait pas une option selon Markus Lädrach: «Impossible de délocaliser notre production, nous sommes liés à notre région du fait de notre infrastructure coû-teuse et parce que nous avons besoin de la matière première de nos forêts.»

Pius Wiss, président de l’Association suisse des entrepreneurs forestiers et lui même actif, a toutefois relevé que quelques entrepreneurs travaillaient déjà régulière-ment dans nos pays voisins. Ils y gagnent moins d’argent par m3 plein qu’en Suisse, mais peuvent exécuter des mandats plus importants. La charge de travail et les coûts unitaires sont réduits par rapport aux coupes en Suisse, où le volume de récolte moyen par coupe est de 400 m3p. «Mais les démarche de rationalisation manquent dans les entreprises forestières.»

Développer la collaboration

Stefan Flückiger a expliqué comment il négociait avec un entrepreneur forestier avec lequel il collabore régulièrement:

«Pour qu’il réduise de 20% ses tarifs, sa réponse est claire: plusieurs semaines de travail garanti et une concentration des mandats de récolte sur une région fores-tière.» Le chef d’exploitation reconnaît qu’avec leurs structures morcelées, les entreprises forestières suisses remplissent rarement ces conditions. Cependant, il estime qu’une collaboration étroite entre entreprises partenaires pourrait se révéler très prometteuse.

Markus Lädrach a également appelé à davantage de solidarité et de coopération au sein de la branche, par exemple entre menuisiers/charpentiers et scieries.

Cette collaboration doit aussi intégrer la communication envers l’opinion publique et les milieux politiques. «Si elle veut se faire entendre, la filière bois doit se montrer soli-daire.» Or pour atteindre le grand public, il faut sensibiliser les citoyens au rôle joué par l’industrie du bois dans le développe-ment durable et l’économie régionale. «La politique devrait accorder un statut spécial à l’industrie du bois suisse, afin qu’elle soit mieux protégée de la concurrence étran-gère», estime l’entrepreneur.

En revanche, Markus Lädrach n’attend pas beaucoup des efforts de promotion de «Swissness» dans la commercialisation de produits des scieries: «C’est sur la base du prix que le bois scié est évalué.»

F. Oberer/Wald und Holz

Informations: www.afw-ctf.ch

BRÈVE

Lausanne: vente par adjudicationLa Forestière, avec le Service des forêts de Lausanne et la Fédération des triages du 8e arrondissement vaudois, organise une vente de feuillus par adjudication le mer-credi 16 mars à 14 h au Boscal.

Informations: www.laforestiere.ch

M A R C H É D U B O I S

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S E R V I C E S

AGENDA

Cette rubrique est à votre disposition. N’hésitez pas à nous faire part d’événements (conférences, cours et autres) en rapport avec la forêt. Courriel: [email protected] C’est avec plaisir que nous les mentionnerons ici et gratuitement. Les informations doivent être transmises un mois avant la parution.

11 mars, Crançot (F)Vente publique ONF de bois feuillus sur pied www.onf.fr

15 mars, Lausanne-EPFLDélai d’inscription au Forum WSL Suisse romande du 19 avril www.wsl.ch/forum-romand

15 au 17 mars, Nancy (F)Salon Bois-Energie www.boisenergie.com

16 mars, LausanneMise de bois de feuillus de printemps www.laforestiere.ch

22 mars, WSL-BirmensdorfLes modèles de croissances peuvent-ils remplacer les tables de production dans la pratique forestière? Séminaire de formation continue www.fowala.ch

22 mars, Grandvillars (F)Vente publique ONF de bois feuillus façonnés www.onf.fr

30 mars, Landquart et ZollikofenDélai d’inscription au cours de formation continue Forêt-Gibier (en allemand) des 17 et 18 août www.forstverein.ch

AVRIL

1er au 3 avril, San Antonio (Texas-USA)Championnats du monde des arboristes 2016 www.itcc-isa.com/events/itcc/itcc.aspx

8 au 10 avril, Offenbourg (D)Exposition Forstlive 2016 www.forst-live.de

13 avril, Champagnole (F)Vente publique ONF de bois de résineux www.onf.fr

14 avril, Bernwiller (F)Vente publique ONF de bois feuillus façonnés www.onf.fr

14 et 15 avril, Lyon (F) 6e Forum international Bois construction www.forum-holzbau.com

15 avril, Hirschthal Assemblée générale de ProSilvaSuisse www.prosilva.ch

17 avril, AubonneFête des cerisiers (Hanami) du Cercle Suisse-Japon à l’Arboretum national www.arboretum.ch

18 au 22 avril, Liebegg-GränichenCours de formation continue Travailler avec des chevaux (en allemand) www.igarbeitspferde.ch

19 avril, Lausanne-EPFLConcilier bois-énergie et biodiversité en forêt, Forum WSL Suisse romande www.wsl.ch/forum-romand

20 avril, ZollikofenNouvelles technologies: quel avenir dans la gestion forestière? Cours de formation continue www.fowala.ch

21 avril, Zollikofen Soirée d’information cursus Sciences forestières de la HAFL (18 h 30 à 19 h 30) www.hafl.bfh.ch/fr

27 et 28 avril, Bad Wörishofen (D) 4e Journées internationales de la construction de ponts en bois www.forum-holzbau.com

MAI

12 mai, BienneJournée de la construction bois www.ahb.bfh.ch

12 mai, VaulruzLes filières régionales forêt-bois: état des lieux et potentiels, séminaire de formation continue www.fowala.ch

17 mai, BirmensdorfConférence (WSL Distinguished Lectures) Bio-énergie en rotations courtes (en anglais) www.wsl.ch/dienstleistungen/veranstaltungen

20 mai, UnterentfeldenCours ProSilvaSuisse, Soins en forêt jeune et rationalisation biologique dans des surfaces détruites par la tempête www.prosilva.ch

JUIN

2 au 4 juin, Bursa (Turquie)Forest harvesting and roading in environmentally sensitive areas, 1st International symposium of forest engineering and technologies (FETEC) http://fetec2016.btu.edu.tr

3 juin, LyssConservation et utilisation des ressources génétiques en forêt à l’exemple du chêne, cours de formation continue www.fowala.ch

9 juin, Munster (F)Vente publique ONF de bois de feuillus et résineux www.onf.fr

10 juin, Crançot (F)Vente publique ONF de bois feuillus sur pied www.onf.fr

15 au 17 juin, Mimizan (F) Forexpo 2016, salon forestier d’Europe du Sud www.forexpo.fr

FÉVRIER

7 au 14 février, Holmenkollen Oslo (N) 48es Championnats européens de ski nordique des forestiers www.efns.ch.vu

11 février, Ribeauvillé (F) Vente publique ONF de bois de feuillus façonnés www.onf.fr

13 février, KleinandelfingenDébarder avec des chevaux, cours de formation www.igarbeitspferde.ch

18 au 21 février, BerneSalon Pêche-Chasse-Tir www.fischen-jagen-schiessen.ch/fr/

19 février, MartignyDélai d’inscription au cours de formation continue Soudage des métaux, perfectionne-ment du 18 mars, organisé par Forêt Valais www.foretvalais.ch

26 février, Liebegg-GränichenDélai d’inscription au cours de formation Travailler avec des chevaux (en allemand) du 18 au 22 avril www.igarbeitspferde.ch

MARS

1er mars, BienneJournée d’information Bois pour futurs étudiants à la Haute école spécialisée bernoise, département Architecture, bois et génie civil https://www.ahb.bfh.ch/fr/home.html

2 mars, ZollikofenAtelier Métiers forestiers, mais où sont les femmes?https://www.hafl.bfh.ch/fr/accueil.html

3 au 6 mars, ThouneAgrimesse, foire pour l’agriculture et la foresterie de montagne www.agrimesse.ch

5 mars, BienneJournée d’information Bois pour futurs étudiants à la Haute école spécialisée bernoise, départe-ment Architecture, bois et génie civil https://www.ahb.bfh.ch/fr/home.html

5 mars, BâleJournée dendrologique de la Société suisse de dendrologie, Crète, sa flore et sa végétation www.dendrologie.ch/fr

8 mars, FribourgStratégie d’entreprises forestières, séminaire d’une nouvelle série consacrée aux entreprises forestières www.fowala.ch

10 mars, Bernwiller (F)Vente publique ONF de bois feuillus façonnés www.onf.fr

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É C H O S D E S R É G I O N S

VALAIS

Evolène: hommes et machines à couvertAu terme de plusieurs années de préparatifs, le triage d’Evolène s’est doté à son tour d’un nouveau

toit. Ce centre forestier offre un meilleur confort aux huit collaborateurs du triage et des perspectives nouvelles à l’entreprise. Visite guidée, bilan et perspectives avec Frédéric Pralong, garde forestier.

Au lieu-dit «Planchet», avant les premiers toits d’Evolène à la montée du val d’Hérens, deux bâtiments se dressent à droite de la route. De la partie ouverte du plus impo-sant d’entre eux – 30 mètres par 11 de surface au sol – émerge le «nez» jaune et vert d’un combiné Welte. La destination de l’édifice ne fait pas de doutes: c’est le centre forestier que le triage d’Evolène a inauguré l’automne 2015 et qu’il occupe depuis le mitan de l’année. A l’extrémité du replat, une remise en rondins disloqués émerge des premiers tas de neige de la saison.

«Avant, nous partagions un petit local avec la voirie dans le village et nous avions cette remise pour quelques outils et nous abriter de la pluie quand nous travaillions ici sur notre place à bois. Ces conditions de travail n’était pas idéales.» L’euphémisme est de Frédéric Pralong, garde forestier et gérant du triage depuis 1996, qui invite à un tour du propriétaire dans la partie fermée du nouveau centre tout en mélèze récolté sur place.

Bas de laine et subventions

Il a coûté 1,5 million de francs, financé pour 40% par des subventions du canton et de la Confédération. Le solde est cou-vert pour moitié environ par un emprunt. Les quelque 450 000 francs restants sont des fonds propres épargnés au fil des ans.

L’entreprise n’a pas de visées expansion-nistes démesurées et l’effectif de ses colla-borateurs – le garde, six forestiers-bûche-rons, un apprenti – devrait rester stable. Par contre, la partie abritée du centre, l’atelier fermé, l’outillage et les machines rassemblés en un lieu unique: ces carac-téristiques lui ouvrent de nouvelles pers-pectives opérationnelles et commerciales.

«Un temps, nous avons été jusqu’à douze personnes dans l’équipe, dont plu-sieurs saisonniers, relate Frédéric Pralong.

En septembre, l’équipe du triage, Patrick Beytrison, Bastien Gaspoz, Christophe Chevalley, Denis Bracci, Frédéric Pralong (responsable), Yannick Favre, Yvan Maistre et Jean Métrailler (de g. à d.), inaugurait son nouveau bâtiment. En janvier, le couvert à machines démontre son utilité!

Nous avons préféré stabiliser l’effectif et fidéliser les collaborateurs qui sont main-tenant tous engagés à l’année». Le nou-veau centre leur permet de disposer de vestiaires, de sanitaires et d’un réfectoire chauffés, mais aussi de quoi abriter des activités de première transformation du bois pour assurer une répartition plus régulière du volume de travail sur l’en-semble des saisons.

Mises en valeur locales

Sous le couvert pour les machines, Frédé-ric Pralong montre du doigt des planches de mélèze. «Nous avons remporté un appel d’offre pour la fourniture de matériel en vue de construire une arène pour les combats de reines. Ce type de marchés nous permet de mieux valori-ser notre production», calcule le gérant. Grâce à sa nouvelle infrastructure, le triage compte augmenter ses ventes. Au prix actuel du bois brut, toute plus-value est la bienvenue.

Le sciage peut encore compter sur les prestations de deux scieries dans la vallée, à Praz-Jean et Evolène. «Tant qu’il restera une scie à proximité, nous ne nous débi-terons pas nous-mêmes», explique notre interlocuteur. Il préfère maintenir et déve-lopper d’autres prestations pour compléter celles de foresterie proprement dites. Tra-vaux de stabilisation biologique, de génie forestier, de prévention des dangers natu-rels figurent déjà au catalogue du triage.

Au-delà de la forêt …

Le bois-énergie constitue une autre filière prometteuse. «Nous préparons déjà entre 800 et 1000 stères de bois bûché par an, mais surtout du hêtre en grande partie acheté en plaine.» Des projets de chauf-feries sont à l’étude sur la commune, qui pourraient brûler une partie du bois résineux local. Elles contribueraient à résoudre le paradoxe que connaissent les Evolénards, à l’instar d’autres triages de montagne. L’équipe de forestiers-bûche-rons laisse en effet d’importants volumes couchés dans les forêts de protection qu’elle entretient. Une partie demeure pour des raisons écologiques ou struc-turelles (protection des jeunes plants et contre les éboulements et avalanches, ou

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Faits et chiffres Le triage occupe huit personnes à plein temps (un garde, six forestiers-bûche-rons, un apprenti).

Son emprise s’étend aux forêts bour-geoisiales et privées d’Evolène (Evolène, Les Haudères, Arolla, La Sage, etc.), soit 2500 hectares. S’y ajoute un mandat d’exploitation sur les 1800 hectares de forêts de Saint-Martin.

L’ensemble des surfaces sont des forêts de protection.La récolte annuelle atteint environ 4000 m3 de bois d’œuvre (+ bois laissé sur place), à raison de 55% d’épicéa, de 43% de mélèze.Le potentiel de récolte serait de quelque 8000 m3 (+ le bois laissé sur place).

Volumes câblés ou héliportés: 80%.L’entreprise dispose d’un débusqueur HSM loué à Saint-Martin, d’un porteur-débardeur Welte et d’un transporter Reform avec grue, ainsi que de trois pick-up 4x4. Du matériel pour la préparation du bois de feu complète ces équipements.

Le chiffre d’affaires annuel forestier oscille entre 1,3 et 1,4 million de francs. Plus les mandats externes.

L’équipe fabrique elle-même meubles d’extérieur et bassins en bois massif.

Elle commercialise divers produits de sa propre fabrication ou élaborés en collaboration avec des triages tels que: – perches, poteaux, chénaux, etc. – 800 à 1000 stères/an de bois de feu de feuillus

Informations:www.commune-evolene.ch/ dl.php/fr/0da20-u25lcs/tarifstriage.pdfCourriel: [email protected]

éloignement par rapport aux dessertes), mais un volume non négligeable est aban-donné faute de débouchés rentables, alors qu’il pourrait être débardé.

Le groupement des forestiers du Valais central permet déjà au triage de bénéfi-cier de rabais sur des achats communs de fournitures et d’effectuer des échanges de produits en bois transformés à commer-cialiser. Disposant désormais de locaux couverts ou même chauffés, l’équipe d’Evolène va pouvoir augmenter sa propre production de meubles, de bassins, voire d’autres articles élaborés à commerciali-ser en direct ou à troquer avec les triages voisins. En ce sens, le centre contribuera aussi à renforcer la position qu’occupe le triage dans l’économie locale.

Alain Douard

Climat et forêt analysésL’étude «Forêt valaisanne et changement climatique» évalue

l’avenir des différents étages de la forêt valaisanne et propose des recommandations aux forestiers.

Téléchargeable en français et en allemand, une étude de 24 pages élaborée par le Ser-vice cantonal des forêts et du paysage exa-mine les conséquences du réchauffement climatique sur la forêt valaisanne. Est-elle menacée par endroits, va-t-elle se dévelop-per dans d’autres? La réponse est «oui».

Le réchauffement climatique devrait combiner une hausse des températures de l’ordre de 2 degrés, ainsi qu’une baisse des précipitations estivales. Une prévision peu favorable aux forêts de basse altitude des rives droite et gauche du Rhône qui évoluent déjà dans des conditions relati-vement sèches. La steppe pourrait alors gagner du terrain au détriment des forêts protectrices. La répétition des périodes de sécheresse accroîtra logiquement le risque d’incendie mais aussi l’expansion de parasites et de plantes invasives.

Par chance, les forêts de basse altitude du canton abritent déjà plusieurs espèces d’arbres très résistantes qui se développent

mieux dans des conditions difficiles. Afin d’anticiper au mieux les changements attendus pour cette fin de siècle, il s’agira de favoriser une grande variété d’essences, prioritairement par le biais d’un rajeunis-sement naturel, notent les auteurs du document. Des plantations ciblées seront également pratiquées en cas de besoin. En veillant à assurer un bon équilibre faune-flore, toutes ces essences devraient pou-voir se rajeunir sans être abrouties.

Les forêts de haute altitude devraient être impactées positivement par le réchauffement climatique attendu. Leur limite aura en effet tendance à remonter, ce qui leur permettra de remplir mieux encore leur rôle de protection. Les forêts de moyenne altitude pourraient souffrir d’attaques renforcées du bostryche.

Informations et téléchargement: www.vs.ch/fr/web/sfp

Forêt Valais a 20 ansForêt Valais commémore son vingtième anniversaire. L’association propose cette année au public de se pencher sur les prestations de

la forêt valaisanne en compagnie de marraines et parrains.

L’association des propriétaires forestiers vient donc de publier un premier commu-niqué pour sensibiliser la population sur les thématiques liées à la forêt.

«La forêt valaisanne te protège des ava-lanches … si tu la protège aussi», clame le slogan associé à ce texte didactique. La forêt retient la neige par deux actions, rap-pelle le document. «D’une part, les troncs des arbres ancrent le manteau neigeux l’empêchant ainsi de glisser. D’autre part, lorsqu’il neige, les couronnes des arbres évitent la création de couches régulières de neige: la neige se dépose plus intensé-ment autour des couronnes des arbres. Ces couches irrégulières sont autant d’aspérités qui empêchent une couche de glisser sur l’autre et permettent d’éviter ainsi des cou-lées de neige ou des avalanches. Le travail des forestiers favorise ce phénomène natu-rel en créant des petits groupes d’arbres aux longues couronnes.»

La marraine de cette première opéra-tion est Catherine Mabillard (autoportrait

ci-contre), skieuse-alpiniste et qua-druple vainqueur de la Patrouille des glaciers. La sportive se fait pédagogue: «[…] il est impor-tant de respecter le balisage pour sa propre sécurité et les ‹zones de tran-quillité› par respect pour la faune et la forêt.»

Déranger la faune augmente ses besoins énergétiques que, faute à une offre alimen-taire restreinte en hiver, elle recherchera en abîmant les arbres. Si le gibier n’a plus que des endroits restreints à disposition, les dégâts concentrés sont si importants qu’ils peuvent entraîner la disparition de la forêt ou en empêcher le rajeunissement.

Informations: www.foretvalais.ch

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NEUCHÂTEL

La forêt est aussi source d’énergieUne classe d’écoliers de Cernier découvre comment pousse la forêt et pourquoi couper du bois.

Ils apprennent ensuite comment se chauffer avec ce combustible indigène.

Novembre et sa météo … Les bancs de brouillard s’étirent en langues grises dans la lumière blafarde de l’aube qui se lève sur le Bois d’Yez. Pourtant, derrière la piscine d’Engollon, l’animation est, elle, à son comble et tranche avec la saison au point que l’on se croirait en été: les élèves de la classe de Laure Galley, en terminale primaire au collège de la Fontenelle à Cernier (8e Harmos), ne tiennent plus en place à l’idée de passer leur journée en forêt. Dans leur aventure du jour, Gloria Locatelli et François Vuillemez, respecti-vement garde forestière et forestier de cantonnement de l’arrondissement du Val-de-Ruz, ainsi que Viviane Vienat, chargée de mission éducation et culture à Parc Chasseral, vont les accompagner.

Projet découverte

Les objectifs de ce mardi sont, dans le cadre du projet «Graines de chercheurs» lancé par le parc régional Chasseral, la découverte des différentes formes et uti-lisations de l’énergie, et peut-être des défis qui attendent ces adultes de demain.

Mais aujourd’hui, les jeunes ado-lescents vont avant tout apprendre ce qu’est une forêt, quelles essences la composent, comment le forestier va favoriser plutôt un arbre qu’un autre et pourquoi. «Les enfants participent acti-vement, pour acquérir des connaissances directes sur le terrain, par expérimenta-tion», souligne Gloria Locatelli qui, dans une fonction professionnelle précédente, apprenait aux forestiers-bûcherons et aux enseignants à animer des sorties de classes en forêt.

Grande émotion

Le «camp de jour» installé, les affaires et la nourriture à l’abri du crachin et les premières généralités expliquées, «c’est l’heure des dix-heures», appelle l’ensei-gnante Laure Galley. La journée est froide, il fait cru et tous se réunissent autour du feu allumé plus tôt par François. Les vic-tuailles tirées du sac sont englouties pour aider le corps à maintenir sa température. C’est qu’à cet âge, la surface de la peau est proportionnellement plus importante

Choisir quel arbre favoriser et quel arbre abattre n’est pas un exercice facile.

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qu’à l’âge adulte, et le refroidissement périphérique ainsi engendré plus rapide. «Il faut compenser», rappelle Laure en versant à tous un thé fumant apprécié.

Le «plein» fait, la volonté de découverte reprend le dessus. François réunit la classe pour se déplacer auprès du forestier-bûcheron Akim Di Cianni. «Ce sera le pre-mier moment vraiment fort de la journée: nous allons abattre un épicéa! Vous savez pourquoi?» Il explique le cycle de la vie d’un arbre, comment le choisir en fonction de son âge, de son diamètre pour la scie-rie, le besoin de faire de la lumière pour que les jeunes pousses puissent à leur tour grandir. Un élève résume: «Abattre des arbres, c’est pour que la forêt continue de pousser éternellement!»

Le moment crucial approche. Mainte-nant, discipline et sécurité sont de mise. L’autorité naturelle de François fait mer-

François Vuillemez dévoile aux élèves réunis les bases de la technique d’abattage d’un arbre.

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veille, les élèves suivent ses consignes à la lettre. Direction de chute, distance, posi-tion sont expliquées. Akim fait pétarader sa tronçonneuse et les téléphones por-tables sortent des poches pour immor-taliser l’événement. En fin de journée, tous admettront avoir été impressionnés et adhéreront unanimement à l’idée que «c’est le moment de la journée que je ne vais jamais oublier.»

Apprentissage actif

Rapidement ensuite, des groupes d’élèves sont formés et, une fois que chacun a trouvé sa place, les activités démarrent avec les nouveaux enseignants du jour. Les trois ateliers organisés permettent de découvrir l’anatomie et la croissance du bois avec Gloria, le travail du forestier-bûcheron avec François et l’histoire du bois et du bois-énergie avec Viviane.

Gloria leur apprend à calculer l’âge d’un arbre «où la rondelle est un livre d’his-toire»; les élèves peuvent, à l’aide d’exer-cices et d’exemples, s’imaginer la quantité de bois qui pousse pendant leur journée passée en forêt, comprennent la photo-synthèse, et savent maintenant estimer la hauteur d’un arbre.

Les adolescents aident François à choisir et à favoriser les arbres dominants, jus-tifient leur choix, participent à l’élagage à la scie à main en apprenant à tenir cet outil. Ils comprennent aussi l’importance de l’espace à offrir pour permettre à la couronne de se développer et à l’arbre choisi de grandir.

Viviane les met en compétition: «Qui est capable d’allumer un feu?» Elle leur propose différentes options, en frottant deux bois ou des silex pour provoquer des étincelles, avec un briquet mécanique ou encore avec l’arc à feu. Certains optent pour ce qu’ils croient être la voie de la faci-lité et préfèrent le papier et les allumettes.

Puis nos graines de chercheurs affinent leurs techniques, recherchent l’efficacité avec des aides externes telles que des brindilles, des copeaux ou du bois sec, protègent leur foyer, en diminuent le pourtour ou y ajoutent des pierres pour l’agrandir. La constatation est unanime: «C’est pas facile de faire du feu!» En conclusion, Viviane leur rappelle «que le bois est la seule source d’énergie qui pousse en Suisse et qui produit directe-ment de la chaleur».

La forêt découverte

Malgré la fatigue accumulée et le froid, les élèves ont participé avec enthousiasme à la journée. Ils se sont pris au jeu, uti-lisent un vocabulaire nouveau. Ils veulent

emmener un souvenir concret de cet enseignement en plein air: «François, je peux avoir une rondelle de notre épicéa?» Certains ont caressé le tronc fraîchement abattu, reniflé l’odeur du résineux, décou-vert la chaîne de production forestière et la beauté du bois. Un des garçons se sent même appelé vers le métier de forestier.

Sourire de François: il sait transmettre sa passion, fixer les règles avec calme et fermeté pour guider vers la découverte et la compréhension synthétique du sens des choses de la forêt et des arbres qui la peuplent.

Fabio Gilardi/LA FORÊT

Infos: www.parcchasseral.ch/agir/ecoles/graine-de-chercheur

De nombreuses techniques ont été mises en œuvre pour allumer un feu (les deux images du haut); les cernes d’un épicéa et d’un peuplier démontrent que toutes les essences ne poussent pas du tout à la même vitesse (ci-dessous); découvrir et reconnaître une essence à son tronc, sentir la différence de densité entre les bois avec des pièces de même taille et de même diamètre et savoir calculer l’âge de arbres ont été au programme de la journée en forêt des «graines de chercheurs».

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«Sobra»: plus de 100 inscrits

Depuis deux mois, les exploitations forestières peuvent rejoindre la nou-velle solution de branche (Sobra)Forêt. Par le biais du site internet www.branchenloesung-forst.ch, plus de 100 exploitations forestières ont déjà adopté cette nouvelle solution de branche Forêt à l’heure de la clô-ture ré dactionnelle de cette édition de février 2016. ForêtSuisse recommande aux exploi-tations forestières d’adopter la nouvelle solution de branche actuelle.

PROCÉDURES DE CONSULTATION

Propriétaires forestiers trop souvent oubliés

La révision de la Loi sur les forêts implique celle de l’ordonnance correspondante. ForêtSuisse, avec les associations forestières

cantonales, a pris position lors de la procédure de consultation.

Les propositions d’adaptation de l’ordon-nance sur les forêts répondent dans le fond aux intérêts des propriétaires fores-tiers. Mais ForêtSuisse est d’avis que cer-tains articles doivent être revus. A ce titre, les organisations de propriétaires fores-tiers doivent être liées plus étroitement aux divers procédés. Plus particulièrement, notre association faîtière estime que les textes concernant la sécurité au travail et celui à propos de la vente et de l’utilisa-tion de bois produit de manière durable doivent être revus.

Comme la nouvelle loi fédérale sur les forêts n’est pas encore définitivement acceptée (procédure d’élimination des différences entre les Conseils national et des Etats à propos des articles 21a Sécu-rité au travail, 34 a/b Utilisation de bois suisse, respectivement de bois dans les constructions financées par des fonds publics, 38a Soutien aux dessertes fores-tières en dehors des forêts de protection), il a fallu prendre position par rapport à des réserves sous forme de variantes. Forêt-Suisse souhaite, par le biais des concréti-sations proposées dans l’ordonnance en ce qui concerne les articles incriminés, que quelques voix critiques aient pu être rassu-rées. N’empêche que dans les mois à venir, un travail de persuasion politico-factuel et de contenu devra être accompli.

Sols acidifiés et responsabilité

En sus, d’autres exigences ne peuvent être traitées dans le cadre de cette ordon-nance dans la mesure où la base légale de la loi forestière manque pour l’instant. ForêtSuisse l’a consignée encore une fois par écrit dans sa lettre d’accompagne-ment à la prise de position. Ceci concerne les effets fondamentalement négatifs pour la forêt, respectivement pour le propriétaire et l’exploitant forestiers en raison des activités humaines, à l’instar de la problématique de l’acidification du

sol due aux immissions intenses d’azote provenant du monde extérieur à la forêt (trafic, agriculture). Demeurent aussi des questions de responsabilité qui ne sont pas réglées de manière satisfaisante du point de vue du propriétaire forestier. Des dangers normaux inhérents directement à la forêt devraient pouvoir être exclus, comme l’exige le conseiller national Erich von Siebenthal. Ce n’est pas possible que d’une part la loi (art. 699 CSS) garantisse le libre accès aux forêts et que d’autre part, les risques éventuels liés à la responsabilité ne soient pas encore réglés aujourd’hui, respectivement qu’ils ne le soient pas de manière satisfaisante pour les proprié-taires forestiers. L’augmentation de la part de bois mort, en partie exigée (arbres habitat, réserves forestières), apporte de nouvelles questions qu’il faudra résoudre.

Rail et éoliennes

ForêtSuisse a encore formulé d’autres prises de position quant à l’adaptation des ordonnances du Concept global du trans-port des marchandises sur le territoire, ainsi que du Concept d’énergie éolienne pour la Suisse. L’association des proprié-taires forestiers salue le principe de ces concepts. Mais dans le cadre de l’ordon-nance sur le transport des marchandises, ForêtSuisse exige de la part des autorités et de la politique de prendre connaissance de la discrépance entre l’augmentation pla-nifiée de la RPLP (redevance poids lourds liée aux prestations) pour 2017 et de l’amaigrissement inexorable du réseau de gares de chargement pour bois, et donc de prendre les mesures qui s’imposent (p. ex. allègement pour les marchandises de la production primaire). Une révision est aussi nécessaire pour le Concept d’énergie éolienne; là, il s’agit avant tout d’accentuer davantage le statut protégé de la forêt.

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