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1/2016 Des bovins broutent le hêtre à Montricher Arbres en ville, supports de biodiversité Les Chinois lorgnent sur le bois du Congo

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Des bovins broutent le hêtre à Montricher

Arbres en ville, supports de biodiversité

Les Chinois lorgnent sur le bois du Congo

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Revue spécialisée dans le domaine de la forêt et du bois, paraît 11 fois par an

Président: Max Binder Directeur: Markus Brunner Responsable d’édition: Urs Wehrli

Rédaction: Rosenweg 14, 4501 Soleure Tél. 032 625 88 00, fax 032 625 88 99 [email protected] Réd. en chef: Fabio Gilardi (fg), [email protected] Réd. adjoint: Alain Douard (ad), [email protected]

Administration: Rosenweg 14, 4501 Soleure, tél. 032 625 88 00, fax 032 625 88 99, www.foretsuisse.ch

Annonces: Agence d’Annonces Bienne SA, Roger Hauser, chemin du Long-Champ 135, CH-2501 Bienne T +41 32 344 83 84, F +41 32 344 83 53, M +41 79 669 92 55 [email protected]

Abonnements: Manuela Kaiser, [email protected]

Prix de vente: Abonnement annuel: Fr. 89.–. Prix spéciaux pour apprentis, étudiants, retraités et groupes. Prix à l’unité: Fr. 10.–

Tirage: 1654 ex. (REMP 22.9.2015)

Impression: Stämpfli SA, Wölflistrasse 1, 3001 Berne

La reproduction des articles est autorisée uniquement avec l’accord de la rédaction. Mention des sources obligatoire

Label de qualité du groupe presse spécialisée de l’Association de la presse suisse

ISSN 0015-7597

No 1 SOMMAIREjanvier 2016 revue fondée en 1947

Les arbres, élé-ments de biodi-versité urbaine. Lausanne, 28 décembre, floraison hiver-nale devant la cathédrale.

La prochaine édition de LA FORÊT paraîtra début février 2016.

Photo de couverture

La mortaise diagonale à l’épreuve 17Forêts du bassin du Congo, quel avenir? 18

Marché du bois Diminution ou augmentation des coûts? 21Marché des résineux: interrogations/Brèves 22Deux chênes battent le record Mise de bois en demi-teinte à Lausanne 23

Services Agenda et publication Les métiers du bois à Genève, des origines à nos jours – Histoire d’une association 24

Echos des régions VD: Miser sur le bois massif indigène

pour construireJU: Sentier forestier olympique 25 VD: La SVS à la découverte de Baulmes 26BE: Inventaire des objets naturels en forêtFR: Manque de précipitations VD: Plan directeur forestier adopté 25

Page des associations

Entrepreneurs forestiers Suisse et Asso-ciation suisse du personnel forestier: Salaires 2016, recommandations 29ForêtSuisse, ce qu’ils en disent 30L’EFS s’efface en faveur de ForêtSuisseNouvelle solution de branche ForêtPetites annonces 31

Actualité Forum WSL Suisse romande 2016 Newsletter Forêts de l’OFEV 3Succès des formations à l’encordage Suva BFH et Gabon: prolongationsCatalogue des formations en FranceSols: la forêt concernéeBostryches: temps déterminant 5proQuercus: campagne 2016 lancéeLa forêt et ses acteurs à BeaulieuPassage de témoin 6

Les conseillers s’immergent en forêt 7

Science et pratique La biodiversité en ville et ses contraintes 8A Montricher, les bovins pâturent en forêt 10La famille des coins s’allège et s’agrandit 13Un défi préoccupant pour les forestiers 14

L’année 2016 commence bien: l’éditeur de notre

revue a changé de nom et se profile toujours plus,

sous sa nouvelle appellation ForêtSuisse, comme

l’entité fédérative et incontournable de la défense

des intérêts des propriétaires forestiers en général,

de l’ensemble de leurs contributions à la popula-

tion, mais toujours sans oublier que la production

de bois demeure une tâche aussi principale que

primaire et incontournable.

Pour LA FORÊT, la charte rédactionnelle admise

et souhaitée par ForêtSuisse ne change pas et

continue, comme par le passé sous l’égide de

l’EFS, à nous offrir toute liberté dans le choix et le

traitement des sujets qui vous sont présentés. Ce

n’est pas le cas de tous les éditeurs, aussi bien au

niveau privé, associatif ou public. Collaborateurs

de la rédaction ainsi quasi libres, à la très grande

indépendance, nous apprécions cette ouverture

d’esprit, qui admet aussi de présenter des opi-

nions parfois divergentes dans l’objectif d’un

dialogue constructif qui permet à tous d’aller de

l’avant et de progresser. Progresser, c’est ce que

je vous souhaite, chères lectrices et chers lecteurs,

à toutes et à tous, avant de me réjouir de vous

retrouver, au début de chaque mois à venir. Que

l’année 2016 soit excellente, bonne lecture.

Fabio Gilardi

Bonne année 2016!

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En ligne sur www.laforet.ch et www.wvs.ch

La Forêt-Infos

Cette page reprend et adapte un choix de nouvelles parues dans la rubrique LA FORÊT-INFOS du site internet de LA FORÊT et d’Economie forestière Suisse.

La division Forêts de l’Office fédéral de l’environnement (OFEV) publie quatre fois par an un bulletin en ligne. La dernière édition de cette newsletter est parue le 17 décembre et avec une multitude d’in-formations sur le monde de la forêt, en Suisse et dans le monde. Les internautes peuvent s’abonner gratuitement à cette publication.

4e Newsletter Forêts 2015: www.bafu.admin.ch/wald/01256/11479/ 16230/index.html?lang=fr#sprungmarke1_2

NEwSLETTER

La voix de la division Forêts

représentants des propriétaires forestiers et des ONG et aux scientifiques.

Au-delà de l’information qui sera don-née sur l’influence de l’utilisation plus intensive des forêts sur la biodiversité, ce forum permettra aux participants de contribuer aux réflexions sur cette thé-matique, voire à esquisser des nouvelles

voies pour concilier exploitation forestière et biodiversité. WSL/LF

Renseignements et inscriptions:www.wsl.ch/dienstleistungen/ veranstaltungen/veranstaltungskalender/forum_romand/index_FRInscriptions ouvertes jusqu’au 15 mars

SCIENCES FORESTIèRES

Le WSL renoue avec son public romandEn organisant un Forum WSL Suisse romande 2016, l’institut renoue, le 19 avril à l’EPFL,

avec une tradition que le monde forestier romand regrettait depuis sa suppression en 2007.

Le bois-énergie sera au centre des débats du Forum WSL.

En accord avec la Stratégie énergétique 2050, la Politique fédérale de la ressource bois vise à utiliser au maximum le potentiel de production de bois des forêts suisses et à augmenter la mise en valeur du bois-énergie en forêt. En parallèle, la Politique forestière 2020 ainsi que la Stratégie bio-diversité Suisse et son plan d’action pré-voient de maintenir la biodiversité, voire de la promouvoir par des mesures ciblées. Mais comment augmenter l’exploitation forestière tout en préservant la biodiver-sité? Où se trouvent les synergies? Où se cachent d’éventuels conflits?

Le Forum wSL Suisse romande 2016 examinera ces questions dans un esprit de dialogue entre la recherche et la pratique. Il sera consacré aux interactions entre l’ex-ploitation plus intensive du bois (-énergie) et la biodiversité en forêt à différentes échelles. Son objectif est de montrer les synergies et conflits possibles et d’identi-fier des solutions. Il s’adresse aux spécia-listes de la forêt, de l’environnement et de l’énergie des secteurs publics et privés, aux

Présence renforcée en Romandie

En 2007, l’Institut fédéral de recherches sur la forêt, la neige et le paysage (wSL) ramenait son «Antenne romande» de Lausanne au rang de «Site». Nombre de représentants des milieux forestiers romands goûtèrent peu cette réorganisa-tion qui entraînait, entre autres, la dispa-rition du forum annuel de feue l’antenne. Depuis 2014, le wSL s’efforce de corriger le tir. Il a nommé Rita Bütler pour renfor-cer ses relations avec les milieux forestiers francophones (voir LA FORÊT 9/2015). Elle se charge, cette année, de relancer le Forum wSL Suisse romande, qui se dérou-lera le 19 avril sur le site de l’Ecole poly-technique fédérale (EPFL). Les exposés et discussions en français et en allemand se-ront traduits simultanément. Une dizaine d’intervenants, chercheurs, universitaires et enseignants, traiteront de différents as-pects du thème choisi pour cette journée, «Concilier bois-énergie et biodiversité en forêt – Chercher les synergies et atténuer les conflits». L’après-midi sera consacrée à des ateliers autour de cette question.

Abonnement 2016: merci de compléter!

Chers abonné(e)s,Suite à un problème informatique lors de l’envoi des factures d’abonnement 2016, le numéro de référence n’apparaît pas sur chaque bulletin de versement. En conséquence, nous vous demandons de verser le montant de votre abonnement à l’aide d’un bulletin vierge sur notre compte postal 45-600-2 (IBAN CH02 0900 0000 4500 0600 2) avec indication de vos numé-ros de client et de facture. Nous vous remer-cions par avance et vous demandons de bien vouloir nous excuser pour ces désagréments.

Service édition LA FORÊT

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Espace emploi En ligne sur www.laforet.ch

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La collaboration initiée en 2011 entre la Haute école spécialisée bernoise et le Gabon entre en 2016 dans une deuxième phase, après cinq ans de succès. De la nouvelle convention-cadre signée fin septembre 2015 découlent trois contrats de prestations passés avec le Ministère de l’éducation nationale et de l’enseignement technique du Gabon. Ils régissent les acti-vités des cinq prochaines années.

Le but est de mettre en place au Gabon un système de formation professionnelle duale basé sur le modèle suisse, et de former des professionnels qui renforce-ront l’activité économique gabonaise liée au bois.

La première phase du projet a déjà per-mis de développer quatre types de forma-tions professionnelles duales au Gabon, auxquelles participent une centaine d’ap-prentis et une soixantaine d’entreprises.

La collaboration revêt d’une grande importance à la fois pour le Gabon mais aussi pour la Haute école spécialisée bernoise, car elle constitue un exemple excellent de coopération internationale dans le domaine capital de la formation professionnelle.

Informations: https://www.ahb.bfh.ch/fr/home.html ➞ News

BFH ET GABON

On joue les prolongations

SUVA

Succès des formations à l’encordage

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uva Dans le cadre des travaux forestiers, les

risques de chute de hauteur sont accrus lorsqu’on travaille sur un terrain abrupt, qu’on escalade des arbres ou qu’on tra-vaille sur des échelles. Face à de graves accidents par chutes dans ces activités, la Suva avait mis l’accent sur le thème de l’encordage lors de la Foire forestière de 2013 à Lucerne. Depuis lors, des offres de formations supplémentaires ont été créées et suivies par de nombreux colla-boratrices et collaborateurs d’entreprises forestières assurées auprès de la Suva.

En août 2014, la Suva avait annoncé qu’elle soutiendrait les formations au travail encordé dans les entreprises fores-tières en accordant une ristourne de 80 francs par personne. De nombreuses entreprises forestières ont profité de cette action et obtenu des ristournes pour envi-ron 350 personnes, ce qui prouve que les entreprises forestières suisses mettent tout en œuvre pour prévenir les accidents graves. Cette démarche permet non seu-lement d’éviter beaucoup de souffrance mais aussi de réduire les primes. En effet, qui dit réduction du coût des accidents lors des travaux forestiers dit primes moins élevées pour les entreprises fores-tières. C’est sur ce résultat réjouissant que l’action a pu être clôturée fin 2015.

Informations: www.suva.ch

Les travaux encordés sont exigeants et requièrent une formation. Grâce au soutien de la Suva, de nombreux collaborateurs d’entreprises forestières ont pu acquérir les connaissances nécessaires.

SOLS ET CONSTRUCTIONS

La forêt concernéeCette publication de l’Office fédé-ral de l’environ-nement (OFEV) vise à actuali-ser l’état des connaissances en matière de protection des sols sur les chan-tiers. La pratique de la protection des sols sur les

chantiers est principalement issue de la protection des bonnes terres labourables du Plateau suisse. Cette brochure traite également des situations en milieux fores-tiers, alpins et montagnards, ainsi qu’en zone urbaine.

Téléchargement: www.bafu.admin.ch/publikationen/ publikation/01808/index.html?lang=fr

Des signes montrent une forte augmen-tation des attaques de bostryches dans certaines parties du Plateau et du Jura. La situation à l’échelle du pays est en revanche stable, voire à un niveau bas.

Cette progression régionale est due d’abord à la sécheresse de l’été 2015 et, ensuite, à des épisodes de vents forts, comme la tempête Niklas, qui favorisent la multiplication du bostryche. L’évolution des populations dépendra en grande par-tie des conditions météo du printemps pro-chain: un printemps pluvieux, comme en 2015, serait plutôt un frein à leur dévelop-pement, tandis qu’une sécheresse précoce affaiblirait encore plus les épicéas et serait propice à la prolifération du bostryche.

Le rapport annuel sur la protection des forêts du wSL paraîtra au printemps.

Protection de la forêt suisse:www.wsl.ch/fe/walddynamik/ waldschutz/index_FR

L’Institut français pour le développement forestier (IDF) propose des stages de for-mation continue abordant une multitude de thèmes. Si certains de ces cours sont, de par leur caractère, réservés à un public hexagonal, une partie peut intéresser des francophones d’autres pays. L’offre 2016 s’enrichit de nouveaux stages tels que:• Diagnostiquer le dépérissement du chêne

pubescent avec la méthode ARCHI• Prendre en compte le changement cli-

matique pour le choix des essences• Connaître les mousses et les fougères

de plaine, identification et diagnostic écologique

• Développer des partenariats et des paiements pour services environne-mentaux: carbone, eau, biodiversité.

Catalogue à télécharger: www.foretpriveefrancaise.com/ le-catalogue-des-formations-2016- de-l-idf-est-paru-128847.html

BOSTRyCHES

Temps déterminantFORMATION

Catalogue français

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Chêne fraîchement abattu dans les côtes de la Montagne de Boudry. Samuel Zürcher, ingénieur forestier, reprend

la direction du CSM..

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Du jeudi 14 au dimanche 17 janvier, les halles d’Expo Beaulieu Lausanne accueillent l’édition 2016 de Swiss Expo.

Au programme, le traditionnel grand concours international bovin; les stands de machines, de services et de produits du terroir attendront aussi les visiteurs. Les nouveautés, tout comme les produits et les services présentés à Swiss Expo, constituent une part non négligeable de la manifestation qui couvre l’ensemble des besoins de la branche, aussi bien sous son angle agricole que forestier.

Et justement les deux nouveaux sec-teurs introduits, ceux forestier et des

CANDIDATURES 2016

proQuercus: la campagne est lancéeLes candidats à la distinction annuelle liée à la promotion du chêne ont jusqu’au 6 mars prochain

pour soumettre leur dossier à l’association.

L’association proQuercus encourage par une distinction des personnes, des orga-nisations, des actions ou des réalisations qui contribuent à stimuler et à promouvoir les multiples valeurs et aspects du chêne en Suisse. Pour l’année 2016 aussi, cette distinction est dotée d’un montant glo-bal de 3000 francs, pouvant être partagé entre plusieurs lauréats. Dans sa mission, proQuercus est soutenue par la Parquete-rie Les Breuleux SA.

La distinction proQuercus concerne toutes les actions qui valorisent le chêne en particulier, mais aussi ses hôtes ou ses produits dans les domaines les plus divers de l’éducation, de la formation, de la recherche, de la culture, de l’archéologie, de l’histoire, de la sylviculture, du maintien de la biodiversité, de la mise en valeur des produits, du paysage. La liste n’est natu-rellement pas exhaustive.

Propositions

L’association invite toutes les personnes concernées à s’inscrire ou à proposer des candidatures pour cette distinction. Pour 2015, celles-ci sont à transmettre jusqu’au 6 mars prochain, dernier délai, à l’asso- ciation proQuercus (si possible sous forme digitale), à l’adresse suivante: [email protected] ou Marcus Ulber, c/o Pro Natura, case postale, 4018 Bâle.

Le règlement, ainsi que le formulaire de

candidature peuvent être téléchargés sur le site www.proquercus.ch.

D’éventuels compléments d’informa-tion peuvent être obtenus directement à l’adresse [email protected] ou par téléphone au numéro 061 317 91 35.

Informations:www.proquercus.ch

énergies renouvelables, permettent au premier salon de l’année de compléter son offre qui vise mieux que les résultats de 2015, avec 150 exposants sur plus de 15 000 m2 de halles.

Du reste, la branche forestière reste natu-rellement à l’honneur pour cette 5e année consécutive, et l’Association romande des entrepreneurs forestiers (AREF) fera vivre sa halle, dans un espace unique au cœur du salon, au rythme de la forêt.

Informations:www.swiss-expo.comwww.entreprises-forestieres.ch

SyLVICULTURE DE MONTAGNE

Passage de témoin

Samuel Zürcher est le nouveau respon-sable du Centre suisse de sylviculture de montagne (CSM). Ingénieur forestier EPFZ de 35 ans, il travaille depuis six ans au CSM ainsi qu’au Centre forestier de for-mation ibw de Maienfeld. Samuel Zürcher a succédé le 1er janvier 2016 à Raphael Schwitter, responsable CSM depuis 1997. Ce dernier est désormais engagé à un taux d’occupation réduit au centre durant l’année de transition 2016.

Le nouveau responsable va gérer le centre en collaboration avec Lukas Glanz-mann et reprendre l’enseignement de la sylviculture de montagne et de la plani-fication forestière dans la formation des gardes forestiers.

Informations:www.foret-de-montagne.ch

SwISS ExPO 2016

La forêt et ses acteurs à Beaulieu

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ORIENTATION PROFESSIONNELLE

Les conseillers s’immergent en forêtLes collaborateurs de l’Office cantonal neuchâtelois de l’orientation scolaire et professionnelle sont allés

dans les bois. But de la journée: apprendre à connaître en immersion les métiers de la forêt.

Mardi matin de décembre, dans le brouil-lard, au centre forestier de la Montagne de Boudry. Dans la grande salle largement éclairée, c’est le remue-ménage: sous la direction de David Vuillemez, responsable de la formation professionnelle forestière du canton de Neuchâtel, tout est mis en place afin d’accueillir dans les meilleures conditions la trentaine de conseillères et conseillers de l’Office cantonal de l’orien-tation scolaire et professionnelle (OCOSP). Le cadre idéal de ce nouveau centre fores-tier permet de mettre immédiatement les visiteurs dans l’ambiance et de les sensibi-liser «physiquement» à l’importance des forêts et des métiers qui s’y rapportent. L’impact, inconscient, est réussi: intérêt marqué dans une atmosphère détendue.

Un secteur porteur à l’avenir

La première moitié de la matinée a été consacrée à présenter la forêt neuchâte-loise, les métiers forestiers et les filières de formation, les attentes des formateurs ainsi que les critères d’entrée en appren-tissage. Prémices à cette journée de découverte en vue de faciliter l’orientation professionnelle et le renouveau du «futur personnel forestier»: l’étude présentée en juillet dernier par CODOC (Coordina-tion et documentation pour la formation forestière), qui prévoit une pénurie de col-laborateurs du secteur forestier en géné-ral dans les années à venir.

Bases légales, aspects climatiques, éco-nomie et exploitation forestière, fonctions de production d’eau et de protection de la biodiversité, agrémentés de quelques statistiques, ont permis à Pascal Junod, ingénieur forestier responsable de l’arron-dissement de Boudry, de rappeler l’impor-tance de la forêt et les enjeux auxquels elle est liée. David Vuillemez a pris le relais, en proposant un tour d’horizon des dif-férentes possibilités de formation et des filières existantes, de l’attestation de for-mation (peu conseillée ici) et du CFC de forestier-bûcheron aux filières d’ingénieur ou de master de l’Ecole polytechnique fédérale ou des hautes écoles.

Témoignage de formateur

Ce cadre une fois défini, Jean-Pierre Rau-sis, garde forestier du cantonnement Mont Racine, a apporté sa vision des choses sur

la base de son expérience personnelle riche de nombreuses années d’encadre-ment des futurs forestiers-bûcherons. «Un apprenti doit avoir les yeux ouverts et voir jour!»

Cette petite phrase en dit plus qu’une longue liste de critères d’engagement. L’homme gère 500 hectares de forêts avec deux forestiers-bûcherons et deux appren-tis. «Il faut des gars débrouilles, et l’entrée en formation n’est proposée qu’après un stage d’une semaine où le candidat est observé.» Sens technique, manière d’être, motivation, toujours dans le terrain, sont évalués. «Et le courant doit passer.» La semaine se clôt sur un test écrit: connais-sances scolaires acquises et le pourquoi du choix de ce métier de forestier.

Dernier élément, capital, celui de la proximité du domicile avec le site d’apprentissage. «Au début, tous les parents promettent de véhiculer leur enfant, mais s’arrêtent au cours des trois premiers mois. Pour cette raison, la préférence est donnée aux personnes habitant dans un rayon proche.» Une règle non écrite qui s’explique, relève David Vuillemez: «Les raisons d’échecs, au bout de trois mois d’essai, sont jus-tement les déplacements, les problèmes conjugaux dans les familles et le manque de motivation. Le métier est physique, il faut de la volonté, ne s’engager qu’un minimum ne suffira jamais.»

Goûter à des formations en immersion permet de savoir de quoi on parle de manière concrète.

Dans le terrain

La fin de la matinée et l’après-midi ont permis aux quatre groupes de conseillers en orientation de se rendre dans le terrain et de participer à autant d’ateliers. Ils et elles ont pu s’essayer à la réalité du quo-tidien du forestier-bûcheron. «Il faut déjà apprendre à marcher en forêt, à travers le sous-bois, sans piste à suivre», a remarqué une participante. «Pas évident non plus de définir un arbre dominant, à potentiel, et quels sont ses concurrents à éliminer», relève une autre qui, après la démonstra-tion d’abattage d’un chêne, souligne la pénibilité physique du travail.

Avec, à la clé, la question des femmes dans ces métiers. Gloria Locatelli, ingénieur forestière HAFL et responsable de l’arrondis-sement du Val-de-Ruz, illustre cette mino-rité dans la branche. A son avis, elles pour-raient y être plus nombreuses: «Les offres de formation et les passerelles permettent d’évoluer vers des emplois moins pénibles.»

Aux yeux de tous, la journée a été quali-fiée de réussie et pourrait être reconduite. La démarche a du reste déjà été entreprise, avant les forestiers, avec les boulangers.

Fabio Gilardi / LF

Informations: www.ne.ch/autorites/DDTE/SFFN/forets/Pages/accueil.aspx

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s c i e n c e e T P R A T i Q U e

JOuRnée suisse de L’ARbRe

La biodiversité en ville et ses contraintes La biodiversité en ville a constitué le thème central de la Journée suisse de l’arbre. Les arbres sont les piliers de la diversité des espèces. Mais pour pouvoir remplir leur fonction d’habitat, ils doivent être

plantés et entretenus dans les règles de l’art et disposer de suffisamment d’espace pour se développer. Parallèlement à la question des besoins, les intervenants ont discuté des obstacles à l’épanouissement

de la biodiversité urbaine, notamment des contraintes posées par la responsabilité civile.

Texte et photos: Ferdinand Oberer*

La question de la place de l’arbre en ville a figuré au cœur de la Journée suisse de l’arbre, qui s’est déroulée le 17 novembre au Casino de Montbenon à Lausanne.

dans un exposé consacré à la valeur écologique des arbres dans nos cités, san-dra Gloor, du bureau sWiLd – stadtöko-logie, Wildtierforschung Kommunikation, a présenté les résultats du programme national de recherche biodiverCity** et les six recommandations remises à la «ville verte» de Zurich pour les nouvelles plan-tations (voir encadré).

«La biodiversité en ville est comparable à la biodiversité en forêt. dans les deux cas, les arbres jouent un rôle déterminant: ils établissent des prolongements verticaux et agissent comme des multiplicateurs de biotopes», a expliqué la biologiste.

Les arbres âgés sont particulièrement précieux du point de vue écologique. La couronne d’un chêne centenaire offre un espace de 4000 m3 colonisable par les insectes, tandis que chez un exemplaire de 10 ans celui-ci n’est que de 40 m3.

Espèces indigènes

Le choix du chêne dans cet exemple n’est pas fortuit. en effet, comme l’a souligné sandra Gloor, un chêne adulte abrite plus de 500 espèces d’insectes, contre «seule-ment 200 pour un tilleul, et moins de dix pour un ginko».

«en principe, la diversité des espèces est plus grande chez les arbres indigènes que chez les essences introduites par l’homme, car une longue coévolution a pu se déve-lopper entre eux et les insectes», a précisé la biologiste. une coévolution s’observe aussi chez les archéophytes – autrement dit les espèces déjà importées à l’époque antique depuis les régions voisines de l’europe centrale, comme le poirier, le pommier et le châtaigner.

Mais avec les «néophytes», introduites après la découverte de l’Amérique, les insectes n’ont pas encore pu s’adapter à ces nouveaux venus (et inversement). Les essences originaires d’Amérique du nord et d’Asie de l’est sont donc difficilement accessibles aux insectes. «Par exemple, seules les abeilles mellifères et quelques bourdons peuvent utiliser les robiniers; les abeilles sauvages et les papillons sont trop faibles pour ouvrir les fleurs», a expliqué sandra Gloor, qui déconseille également les plantations de robiniers en raison des risques de propagation envahissante. Pour conclure à propos de la coévolution, elle a précisé que «la biodiversité chez les néophytes est encore très peu étudiée, il y a beaucoup de retard à rattraper dans ce domaine».

Sécheresse et chaleur

selon susanne böll, de l’institut pour la viticulture et l’horticulture du Land de

bavière (LWG), de nombreuses essences indigènes n’auront pratiquement aucune chance de survivre ces prochaines années dans certaines stations à cause du réchauf-fement climatique. «Aujourd’hui déjà, bon nombre de ces espèces se portent mal dans les sols urbains imperméabilisés et compactés – plus mal qu’en forêt.»

susanne böll travaille sur le projet de recherche «stadtgrün 21». depuis l’au-tomne 2009, le LWG teste 20 essences pour des plantations urbaines (Wald und Holz 9/15). Les essais sont menés dans trois villes de bavière très différentes les unes des autres quant à leur climat: Kempten, en zone préalpine pluvieuse, Hof, le «frigo» de la bavière, et Würz-burg, ville au climat chaud et sec où l’on a mesuré cet été des températures record de plus de 40° C.

Les essences méridionales plus résistantes «Les études menées jusqu’ici ont montré que de nombreuses essences d’europe du sud-est s’adaptaient plus facilement au climat urbain que les espèces indigènes», a relevé susanne böll. sur les 20 essences testées, 16 n’ont pas subi de dégât liés à la sécheresse et la chaleur de cet été. «seul le parrotie de Perse (Parrotia persica) a souffert à Würzburg.»

Parmi les essences méridionales, le micocoulier de Provence (Celtis australis) s’est montré sensible au gel, alors que l’érable de Montpellier (Acer monspessu-lanum) a résisté à des températures infé-rieures à –20° C à Hof.

Pour les plantations urbaines, susanne böll recommande de choisir des essences bien adaptées à la station et de privilégier des espèces pures plutôt que des varié-tés hybrides. s’agissant de l’entretien, elle conseille de peindre en blanc le tronc des arbres en ville afin de les protéger du rayonnement solaire, et de réaliser régulièrement des tailles d’entretien pour éviter d’infliger de grosses blessures de coupe aux arbres.

Sandra Gloor, biologiste suisse spécialiste de la faune sauvage.

* Ferdinand Oberer est rédacteur auprès de la revue WALD und HOLZ.

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Recommandations pour les plantations d’arbres en ville1) Conserver le plus longtemps possible

les arbres âgés et planifier assez tôt les nouvelles plantations

2) Planter des essences indigènes ou des espèces nonindigènes d’une grande valeur écologique

3) ne pas planter des espèces envahis-santes comme le robinier, l’ailante ou le sumac vinaigrier

4) Planter des espèces d’arbre sauvages et non des cultivars

5) Favoriser de manière ciblée la diversité des essences

6) entretenir les alentours des arbres dans le respect de la nature

Le libre développement face aux contraintes légales

Le jardinier paysagiste Gilles Clément quant à lui table sur l’encouragement de la succession naturelle plutôt que sur les plantations. sa stratégie fondée sur le libre développement et la création de jachères en ville avait été décrite dans un ouvrage de 2004 intitulé «Manifeste pour le tiers paysage». A Lausanne, il a présenté quelques-uns de ses projets, notamment celui du Parc Henri-Matisse à Lille.

Les autres intervenants, comme l’archi-tecte paysagiste Christophe Hüsler, du büro Hüsler & associés sàrl, ont aussi exprimé le souhait que les arbres et le bois mort puissent disposer de davantage d’espace. Mais ils constatent que souvent ce désir se heurte aux risques liés à la res-ponsabilité civile.

intervenant par vidéoconférence de Londres, Franz Werro, professeur de droit à l’université de Fribourg, a donné des explications sur la thématique de la res-ponsabilité civile en suisse en lien avec les arbres. «Les seules bases légales concer-nant la responsabilité civile en cas de dom-mages causés par des arbres figurent dans le droit des obligations et le droit privé. en outre, il n’existe pas de norme juridique, mais seulement trois lois servant de base pour la jurisprudence», a souligné Franz Werro en mentionnant à ce propos les articles 41 (Conditions de la responsabilité) et 85 (Responsabilité pour des bâtiments et autres ouvrages) du Code des obliga-tions, et l’article 679 (Responsabilités du propriétaire) du Code civil.

Ouvrage et devoir de diligencese fondant sur trois arrêts de tribunaux, il a exposé les différents cas de figure en matière de responsabilité: «un cas de responsabilité se présente lorsqu’un dommage a été causé par un arbre qui a été modifié par l’homme et a acquis ainsi la qualité d’ouvrage et que le devoir de diligence a été violé.» en outre, les arbres situés sur des ouvrages créés par l’homme (p. ex. sur une place de parc ou le long d’une route), peuvent aussi devenir des ouvrages.

Franz Werro a également donné des précisions sur le devoir de diligence, qui dépend notamment de la sécurité atten-due. «en ville, les attentes en matière de sécurité sont plus élevées qu’en forêt. Les arbres doivent donc être inspectés plus soigneusement par rapport aux risques potentiels.» en principe, plus le lieu est fréquenté, plus le propriétaire des arbres doit se montrer vigilant. Pour conclure,

Le paysagiste et ingénieur horticole français Gilles Clément partage ses impressions par rapport à son travail avec le public.

Franz Werro a rappelé que «jusqu’ici, les jugements des tribunaux suisses concer-nant des cas d’accidents liés à des arbres ont été plutôt cléments. Les contrôles visuels réguliers et bien documentés ont été jugés suffisants pour un prononcé d’acquittement.»

Informations:** biodiverCity (PnR 54):

Valeurs écologiques et sociales de la nature en ville – identification, conser-vation et promotion de la biodiversité et de son acceptation dans le processus de développement urbain www.biodiversity.ch

Dans le parc de Montbenon trône un majes-tueux séquoia, qui illustre la problématique des arbres en ville.

Le professeur Franz Werro, de l’Université de Fribourg, s’exprime par vidéoconférence sur le thème de la responsabilité liée aux arbres en ville.

Moderne, compétente et vivante

www.laforet.ch

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Depuis une dizaine d’années, les réserves forestières spéciales de Montricher (VD) sont le théâtre d’une gestion sylvicole adaptée pour favoriser des espèces cibles. Un essai de remise en pâture(1) a en particulier été lancé afin d’évaluer si la présence de bétail permet de contenir la régénération du hêtre et de conserver une forêt irrégulière dominée par le rési-neux favorable au grand tétras. Dans un autre secteur, un essai a été mené afin de suivre l’efficacité de précautions particu-lières prises pour épargner les massifs de myrtilliers au moment des coupes.

Les réserves de Montricher, instaurées en 2001, s’étendent entre 800 m et 1679 m d’altitude sur le flanc est de la chaîne juras-sienne vaudoise et du Mont Tendre. En plus des quelque 115 hectares de réserves forestières naturelles où les propriétaires renoncent à toute intervention sylvicole pour au moins 50 ans, des réserves spé-ciales ont été délimitées, couvrant envi-ron 240 hectares. Ces dernières ont pour but de contribuer à la préservation et au développement d’habitats favorables aux espèces cibles définies par secteurs.(2) Pour ces réserves, le programme de mesures spécifiquement défini est mis en œuvre sous la supervision du garde forestier.

Gestion du recrû du hêtre: bovins ou débroussailleuses?Plusieurs mesures sylvicoles sont mises en œuvre pour conserver un milieu favorable au grand tétras et à la gélinotte des bois. L’une d’entre elles a trait à la lutte contre le recrû du hêtre dont le recouvrement trop important est défavorable à ces espèces. Un dispositif de suivi a été mis en place au nord-ouest du Pré Anselme , dans une portion de forêt d’environ 16 hectares en contact avec un pâturage exploité avec des génisses, afin de comparer entre eux les moyens mécaniques et la pâture quant

* Eric Morard est biologiste au bureau d’études biologiques BEB SA à Aigle. Il est répondant du suivi scientifique auprès de la Commission des réserves forestières de Montricher. Internet: www.beb-etudes-biologiques.ch Courriel: [email protected]

à leur efficacité pour freiner la régénéra-tion du hêtre.

Après la mise en place du dispositif nécessaire à cet essai (clôture, interven-tions sylvicoles) et le relevé de l’état ini-tial entre 2001 et 2003, des relevés ont été effectués jusqu’en 2013. Ils ont porté notamment sur des paramètres bota-niques et structuraux généraux (taux de recouvrement des espèces par strates).

Des relevés plus précis ont également été menés de façon ciblée sur le hêtre et la myrtille (taux d’abroutissement, crois-sance apicale, hauteur, etc.). D’autre part, la charge en bétail a été évaluée chaque année par le garde forestier.

Remise en pâture en 2003

Après des interventions sylvicoles en 2001 afin de faciliter l’accès du bétail au sein du peuplement, la pâture par les

vaches a commencé durant l’été 2003. Elle s’est poursuivie ensuite sans interrup-tion mais avec une pression de pâture variable d’une année à l’autre.

Le projet a pu bénéficier de la pré-sence d’une exploitation existante au pré Anselme et de la participation de l’amo-diataire et du berger pour la conduite et la surveillance des génisses. Le bétail n’est en effet pas confiné dans le parc, mais celui-ci est ouvert par l’amodiataire lorsque les conditions sont favorables (la qualité et la quantité d’herbe dépendent beaucoup de la météo). Les génisses sont donc libres de passer de la forêt au pâtu-rage à leur guise.

Une nouvelle clôture a dû être installée tout comme une bossette pour l’approvi-sionnement en eau du parc. En moyenne, une pression de pâture d’environ 25 uni-tés de gros bétail (UGB) par jour/ha a pu être assurée chaque année.

Carte des réserves forestières de Montricher.

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SyLVICULTURE

A Montricher, les bovins pâturent en forêtLes réserves forestières spéciales de Montricher (VD) font l’objet de projets pilotes originaux,

à l’exemple d’une réintroduction de bétail pour contenir le hêtre ou d’un suivi de l’efficacité des précautions prises pour épargner les myrtilliers, deux essais dont il est ici question.

Texte et photos: Eric Morard*

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Impacts de la pâture

Les résultats du suivi ont permis d’obser-ver que le recrû du hêtre a pu être contenu par les génisses jusqu’en 2009, mais quelques nouveaux foyers de développe-ment ont vu le jour depuis. Il apparaît ainsi que ce mode de gestion a bel et bien un effet sur la régénération des ligneux, mais que la seule pression du bétail n’est pas suffisante pour contenir à moyen et long terme la progression du hêtre.

La topographie accidentée du terrain implique que le bétail ne peut exercer une pression uniforme sur toute la sur-face ouverte à la pâture. Il faut préciser que les génisses qui pâturent cet alpage ne sont pas de la race la plus adaptée à la pâture en terrain difficile. Il en résulte que des pieds de hêtre peuvent se maintenir et s’étendre à nouveau dès que la pression de pâture diminue localement.

Le suivi a également confirmé l’exis-tence d’une relation positive entre la croissance apicale du hêtre et la mise en lumière du sous-bois. Toutefois, il est éga-lement apparu que d’autres conditions stationnelles doivent entrer en jeu pour expliquer la dynamique du recrû du hêtre.

D’autre part, il n’a pas été constaté d’in-fluence négative du pacage sur le déve-loppement des massifs de myrtilliers, un paramètre important pour le grand tétras. Le taux de recouvrement de cette érica-cée, qui apprécie des conditions semi-ombragées, évolue principalement en fonction de la fermeture ou de l’ouverture des strates arborée et buissonnante.

Enseignements pratiques

Cet essai a démontré la faisabilité mais également les limites d’un mode de gestion par ouverture d’une portion de

forêt à la pâture. Il a également permis de mettre en évidence les conditions et contraintes qui y sont associées. La diffé-rence de coûts importante entre la ges-tion par pâture par rapport à des inter-ventions sylvicoles montre que l’option de la remise en pâture est moins rentable et qu’elle nécessite que certaines condi-tions-cadres soient assurées (exploitation agricole existante à proximité, terrain peu escarpé, aide financière pour initier le projet …). A préciser que l’évaluation des interventions qui auraient été néces-saires par des forestiers est une estimation et que les coûts indiqués (voir tableau en page suivante) doivent être considérés par rapport à la situation du cas étudié (pré-sence préalable d’un troupeau, etc.).

Préservation des myrtilliers

Dans le cadre d’une intervention de mise en lumière dans un secteur de hêtraie à sapin d’une réserve forestière spéciale, il a été décidé en 2002 de suivre l’effica-cité des précautions particulières prises pour épargner les massifs de myrtilles au moment de la coupe, afin de savoir si ces mesures se justifient vraiment.

Dans le secteur d’intervention situé à 1350 m d’altitude, onze transects perma-nents de relevé ont été implantés avant la coupe. Pour trois d’entre eux, signa-lés sur le terrain, des prescriptions par-ticulières ont été données aux forestiers visant à dégager les massifs de myrtilliers de toute végétation pouvant les étouf-fer. Il a notamment été demandé que les branches tombées sur des massifs lors de l’intervention soient mises en tas dans une zone dépourvue de myrtilles.

Le recouvrement et la hauteur maximale des myrtilles, la végétation dominante ainsi que le recouvrement des différentes

strates et du recrû ont été relevés mètre par mètre en 2002, 2005 et 2011. Le degré de changement d’ensoleillement le long des transects a également été évalué.

Evolution constatée

Globalement, on a pu constater que les interventions réalisées ont bien été béné-fiques pour le développement des myr-

A g., dans le cadre du projet, du bétail est mis à la pâture en forêt. Le résultat en fin de saison est bien visible (à d.).

Un projet pour praticiensLe projet-pilote d’une gestion écologique des forêts de Montricher est né d’une volonté commune de trois partenaires: la Commune de Montricher, l’Etat de Vaud, par sa Direction générale de l’environne-ment (DGE), et la fondation MAVA en faveur de la biodiversité. Il consiste à fa-voriser le développement des stades âgés et de laisser évoluer le plus naturellement possible la forêt; le but est de préserver ainsi les populations d’espèces rares de la région. Le grand tétras(3) en fait partie, mais également les lichens et les insectes xylophages.Ce projet-pilote a aussi été initié pour acquérir une expérience pratique rela-tive à des modes de gestion particuliers qui pourraient être transposés dans d’autres sites. Il s’agit notamment de tester en grandeur réelle des méthodes novatrices et de mesurer leurs effets sur l’écosystème forestier. Pour cela, un suivi scientifique a été associé au projet; il vise à suivre l’évolution de la structure des massifs forestiers et de la biodiversité au travers de différents indicateurs. Les résultats obtenus permettent d’aider les autorités à choisir et adapter les modes de gestion à appliquer par secteur.

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tilliers (et des éricacées en général), avec une augmentation du recouvrement et de la hauteur des plants dans les mètres carrés où la luminosité avait augmenté modérément. Aucune diminution signifi-cative de cette espèce adaptée à la mi-ombre n’a été constatée, à l’inverse, dans les surfaces plus fortement remises en lumière.

Concernant l’effet des précautions par-ticulières durant les coupes, une évolution assez similaire est observée entre les tran-sects avec et sans précautions. Une dif-férence significative n’est constatée que pour la variation de hauteur des myrtilliers entre 2002 et 2011. Ces résultats sug-gèrent au final que les précautions prises ont bien permis de favoriser le dévelop-pement des myrtilliers (meilleure vigueur, augmentation de la biomasse végétale disponible pour le grand tétras) mais que, aux endroits sans ces précautions, les myrtilliers n’ont toutefois pas été réduits dans leur étendue.

Conclusions pratiques

Le bilan après dix ans de suivi des réserves forestières de Montricher ne livre encore que peu d’indices d’évolution marquée des peuplements forestiers et des espèces associées. La mise en œuvre de mesures de gestion particulières permet toutefois déjà de tirer quelques enseignements.

Il apparaît notamment que les interven-tions sylvicoles appliquées de façon routi-nière par les forestiers dans le massif boisé de Montricher sont compatibles avec la préservation des habitats des espèces cibles visées. Elles ont l’avantage de demander moins de temps et donc d’être moins onéreuses que des interventions spécifiquement définies pour de petites zones. L’implication de longue date du garde forestier dans le projet peut toute-

fois avoir biaisé un peu les résultats du fait qu’il applique généralement déjà les prin-cipes de base d’une sylviculture proche de la nature dans son travail quotidien.

Dans le cadre de la gestion de réserves forestières spéciales, la mise en œuvre de modes de gestion particuliers et la prise en compte de précautions ciblées se justifient toutefois et peuvent apporter une plus-value écologique. Ces mesures nécessitent toutefois que différentes conditions cadres soient assurées à moyen-long terme, en particulier un financement spécifique. L’implication des différents intervenants (exploitants, forestiers, propriétaires) est aussi importante afin de trouver les syner-gies nécessaires au bon développement de ces projets. Ces derniers sont égale-ment un bon moyen de sensibiliser les différents acteurs impliqués aux «bonnes pratiques» favorisant la préservation de la biodiversité forestière(4).

Interventions avec, en haut, les précautions particulières pour épargner les myrtilliers. En bas: intervention sans précautions spéciales.

Références: (1) Neet C., Goeldlin P. et Delarze R. (2003):

Projet-pilote de gestion écologique des forêts de Montricher (Jura vaudois, Suisse). Mémoires de la Société vaudoise des sciences naturelles, vol. 20, fasc. 2.

(2) Bolliger M. (2014): Réserves forestières en Suisse. Rapport d’état fin 2012. Office fédéral de l’environnement, Berne.

(3) Sachot S. et Neet C. (2006): Gestion sylvi-cole et grand tétras: les actions du canton de Vaud (Suisse), in Natures Sciences Sociétés 14, p. 60–62, NSS Dialogues, EDP Sciences 2006, DOI: 101051./nss 2006057.

(4) Kaufmann G., Staedeli M. et Wasser B. (2010): Exigences de base d’une sylviculture proche de la nature. Rapport de projet. Office fédéral de l’environnement, Berne.

Remerciements: Nos remerciements s’adressent aux instances participant au financement du projet (la Commune de Montricher, l’Etat de Vaud, la fondation MAVA pour la nature, Prona-

tura, la fondation Ellis Elliot et aux membres de la Commission des réserves qui gère et développe ce projet. Ce dernier ne pourrait exister sans les acteurs locaux (forestiers, amodiataires, bergers, autorités publiques, naturalistes …) qui œuvrent à préserver un équilibre entre la gestion et la préservation des ressources naturelles de la région. Le suivi des mesures présentées a été réalisé en grande partie par Franco Ciardo du Ser-vice cantonal vaudois des forêts, de la faune et de la nature (actuelle Division biodiversité et paysage), avec l’aide de plusieurs autres personnes. Nous espérons que cet article permettra de rendre hommage à toutes les personnes qui ont passé des heures et des heures à relever méticuleusement les données sur le terrain.

Bilan comparatif de deux modes de gestion du recrû du hêtreParamètres Gestion par pâture Gestion par des forestiers

Travaux préalables Préparation du terrain pour faciliter l’accès du bétail dans le massif boisé

Pas nécessaires

Infrastructures nécessaires

Clôture, abreuvoir Aucune

Intervenants Participation active de l’amodiataire (conduite du troupeau, surveillance …)

Interventions nécessitant une équipe de 2 forestiers pendant 4 jours

Coûts 158.–/ha*an (sans fournitures);223.–/ha*an (tout compris)

45–68.–/ha*an

Bilan général Pression de pâture suffisante (~ 25 UGB*jours/ha) et régulière assurée sur les surfaces peu escarpées

Nécessité d’interventions sylvicoles ciblées dans les zones difficilement accessibles par les vaches (1 intervention tous les 10 ans, soit environ 8.–/ha*an pour la période de l’essai)

Interventions possibles partout, àrépéter tous les 4–5 ans

Travail relativement astreignant sur de grandes surfaces

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mATéRieL FOResTieR

La famille des coins s’allège et s’agranditUn nouveau modèle de coin mécanique, léger et de petite taille, vient compléter la famille de ces outils

dont les bûcherons ne sauraient plus se passer en forêt, en raison des avantages qu’ils procurent.

Par Roger sacher*

Le coin hydraulique ou mécanique permet d’éviter les secousses et vibrations que génèrent le merlin et le coin classiques et qui se répercutent dans l’arbre lors de l’abat-tage. La sécurité de l’opération s’en trouve améliorée: il y a moins de risque que des fragments de couronne ou de branches ne tombent en menaçant l’opérateur. Ce der-nier peut, en outre, garder l’œil rivé sur la cime de l’arbre tout en «pompant», chose impossible s’il doit manipuler un merlin. Du point de vue ergonomique, les coins hydraulique ou mécanique sollicitent beau-coup moins les articulations du bûcheron.

A cela s’ajoutent d’autres avantages. L’opérateur n’a plus à trimballer plusieurs coins traditionnels ni de merlin avec lui et le travail de frappe, pénible, passe aux oubliettes, tout comme les problèmes de comportement des coins synthétiques par grand froid. On en passe …

Un benjamin dans la famille

La famille des outils d’aide à l’abattage compte maintenant un membre supplé-mentaire avec l’arrivée du coin méca-nique TR24, petit frère compact du TR30. Ce «poids plume» de la tribu, avec ses 2,8 kilos, trouve facilement place dans un sac à dos pour être transporté sur le chantier de coupe. Certes, sa force d’écar-tement de 8 tonnes n’est pas comparable au 15 tonnes du TR30, mais elle reste suf-fisante pour la récolte des «petits bois».

* Roger sacher est enseignant chez Forêtsuisse (ancienne economie forestière suisse) à soleure.

Des coins aux petits soins

Qu’ils soient hydrauliques ou mécaniques, les coins nécessitent quelque attention pour fonctionner correctement. sur les modèles mécaniques, la pièce travaillante est en matière synthétique, suffisante vu les forces en présence. elle coulisse entre les plaques d’acier ressort sans effort exces-sif et sans exiger de graissage. Par contre, la vis doit impérativement être maintenue en bon état de propreté, car la saleté agit comme un frein, parfois jusqu’au blocage. Un graisseur permet de lubrifier le filetage interne du corps de l’outil.

sur l’appareil hydraulique, le coin en alu doit impérativement être nettoyé et graissé, au risque, sinon, de voir les plaques d’acier endommagées par le frottement. Le coin hydraulique doit être conservé et utilisé à

l’horizontale. sinon il perd de son huile et son fonctionnement s’altère. Un change-ment d’huile annuel est recommandé.

Les règles de l’art

Les coins hydraulique ou mécanique ne remplacent pas un treuil. Leur force ne s’exerce qu’au niveau du sol, en sollicitant très fortement la charnière d’abattage. Pour les arbres à couronne inclinée où dont les branches s’entremêlent avec celles des sujets voisins, un treuil ou un tire-câble, dont l’effort s’exerce en hauteur, restent indispensables.

il est de même impératif, lors de l’utilisa-tion d’un coin hydraulique ou mécanique, de sécuriser l’abattage avec un coin ordi-naire que l’on place à la main à côté de l’appareil.

Le coin hydraulique reste imbattable en raison de la force d’écarte-ment – 27 tonnes – qu’il développe.

Le coin TR30 de cette image a un «cousin», le TR24. Ce dernier ne pèse que 2,8 kg mais reste suffisant pour abattre des «petits» bois.

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Coin mécanique TR24 Coin mécanique TR30 Coin hydraulique

Pays de fabrication Allemagne Allemagne suisse

Prix (TVA incl.) 790 francs 995 francs 1590 francs

Force d’écartement max. 8 tonnes 15 tonnes 27 tonnes

Hauteur de levage max. 4 cm 5 cm 6 cm

Poids 2,8 kg 5,4 kg 10 kg

Longueur 35 cm 49,5 cm 68 cm Largeur (hors tout) 8 cm 8 cm 9 cm (12 cm avec le support de levier) Hauteur (hors tout) 7,3 cm 10 cm 19 cm

Accessoires inclus Les coins mécaniques sont Les coins hydrauliques sont livrés dans la livraison livrés avec une clé à cliquets avec levier de pompe, bouchons à allonge et mode d’emploi de transport et de purge et mode d’emploi

013_013_ScP_Coins.indd 13 30.12.15 08:21

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LE CERF EN SUISSE II/III

Un défi préoccupant pour les forestiers En novembre, LA FORÊT s’arrêtait sur la biologie du cerf, animal de zones ouvertes qui se réfugie dans

les bois quand il est dérangé. C’est si souvent le cas que la forêt est devenue son refuge permanent et donc son garde-manger. Ce qui complique tout pour les forestiers. Reportage en terres bernoises.

Texte et photos: Jacqueline Bütikofer*

En raison des dérangements, les cerfs sont souvent forcés de se réfugier en forêt. Ils y causent alors des dégâts aux peuplements. Il s’agit d’un problème rela-tivement récent et qui risque de toucher à l’avenir de nombreuses régions. L’une d’elles où les populations de cerfs et les dégâts aux forêts ont augmenté est la partie orientale de l’Oberland bernois. Les forestiers de triage et les propriétaires se trouvent confrontés ici à de nouveaux problèmes et défis.

Prise de conscience tardive

Malgré cela, le cerf passe souvent encore inaperçu. Pendant des années, non seu-lement cet animal craintif, mais aussi les dégâts qu’il cause et les frais qu’il occa-

sionne aux propriétaires forestiers n’ont pas été pris en compte. «On ne s’intéresse au cerf que quand le porte-monnaie est touché.» Mais les propriétaires forestiers, qui jusqu’ici avaient souvent assumé ces coûts bon gré mal gré, prennent désor-mais peu à peu conscience de l’étendue du problème. Tout comme les adminis-trations qui doivent à présent prendre en charge les dommages. Seules quelques organisations de protection de la nature semblent n’avoir pas encore réalisé les conséquences que des populations impor-tantes de cerf ont sur la forêt (p. ex. dis-parition à long terme du sapin blanc en tant qu’essence indigène) et ses fonctions (p. ex. fonction protectrice).

Accroissement rapide

Berne figure parmi les cantons qui enre-gistrent un accroissement très rapide des populations de cerf. Les effectifs actuels sont estimés entre 1300 et 1500 animaux,

la plupart se trouvant dans l’Oberland et dans les Préalpes.

Le nombre de cerfs augmente aussi de façon constante dans les régions où d’autres objectifs cynégétiques ont été convenus. Ainsi, dans la partie orientale de l’Oberland bernois, la Surveillance de la chasse, les chasseurs et les forestiers constatent différentes évolutions:1. En moyenne, le poids des cerfs tirés

diminue.2. La population de cerfs augmente alors

que les effectifs de chevreuils diminuent parallèlement.

3. Les dégâts aux forêts s’observent aussi à des endroits non typiques (quar-tiers d’été, peu de dérangements par l’homme, abondance de nourriture).

Il n’y a pas encore d’explication définitive à ces évolutions, mais il est probable que plusieurs causes interviennent. Le lynx pourrait jouer un rôle, et il est possible que certaines régions présentent une surpopulation de cerf.

Diverses traces laissées par les cerfs. A g., une «bauge» où les cerfs se rafraîchissent et se débarrassent de leurs ectoparasites. Au centre, peuplement d’épicéas écorcés par les animaux. A d., cet if sévèrement griffé risque bien de ne pas survivre!

* Jacqueline Bütikofer est collaboratrice scienti-fique auprès de l’EFS et chasseuse. Traduction: André Carruzzo, Genève

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s c i e n c e e T P R AT i Q U e

Un milieu typique pour les cerfs, qui ne craignent pas trop de s’approcher des habitations tout en demeurant à proximité du couvert forestier où ils vont se réfugier en cas d’alerte.

96 000 francs de dommagesCe que l’on peut constater, c’est que les dégâts aux forêts causés par le cerf aug-mentent dans le canton de Berne. Ils sont principalement de deux types.

Abroutissement Les bourgeons des jeunes arbrisseaux

sont une nourriture très appréciée non seulement par les chevreuils et les cha-mois, mais aussi par les cerfs. Cependant, comme ces derniers n’entrent pas dans la catégorie des folivores, ils peuvent par-fois brouter une surface entière de jeunes peuplements. Le problème est que les protections usuelles (manchons de treillis, tubes plastique) ne protègent que contre les chevreuils et les chamois. Le cerf, nette-ment plus grand, peut facilement atteindre les bourgeons dépassant les protections. Ce n’est que lorsque les jeunes arbres ont atteint 2 mètres de hauteur qu’ils sont à l’abri de l’abroutissement.

EcorçageLe rongement de l’écorce («écor-

çage») n’entraîne généralement pas la mort des arbres, mais les blessures qu’il cause favorisent les attaques de pourri-ture. Il s’agit d’un phénomène pernicieux car les dégâts subsistent après que les blessures sont recouvertes, même si les arbres peuvent continuer à remplir leurs fonctions (y compris dans les forêts pro-

tectrices). Ils sont toutefois affaiblis et la qualité du bois – et donc sa valeur – est sensiblement réduite. Les arbres restent très longtemps menacés par l’écorçage. Les cerfs consomment les écorces jusqu’à ce que les troncs atteignent environ 40 cm de diamètre à hauteur de poitrine (DHP). Les conséquences économiques peuvent être extrêmement graves, surtout si le cerf s’implante aussi dans des forêts produc-trices conventionnelles.

Outre l’abroutissement et l’écorçage, la frayure et l’estocade avec les bois des cerfs ainsi que le régalis (frottement après un bain dans une bauge) peuvent occa-sionner quelques pertes ponctuelles. Mais les dégâts sont minimes et en principe supportables.

Débats émotionnels et dégâts sous-estimésIl n’en demeure pas moins que les dom-mages marqués doivent être absolument déclarés. Selon les forestiers de triage de l’Oberland bernois, les propriétaires sont souvent peu sensibles à l’impact du cerf sur la forêt et ne se rendent pas compte de l’étendue des dégâts et de leurs conséquences. Dans les forêts en mains publiques, les opinions des membres des autorités concernant la chasse peuvent influencer l’approche adoptée face au

cerf. Il peut arriver ainsi que des proprié-taires, en particulier de forêts publiques, préfèrent accepter certaines pertes plutôt que défendre résolument la forêt.

Il appartient aux forestiers de triage et aux chefs d’exploitation de sensibiliser les propriétaires forestiers, de leur mon-trer les dégâts et leurs conséquences et d’apporter une certaine objectivité dans un débat très chargé émotionnellement.

Inquiétudes sur le long terme

Les dégâts causés par le cerf peuvent en effet avoir de graves conséquences qui sont souvent sous-estimées:• processus de sélection entraînant une

perte de diversité en raison de l’abrou-tissement;

• disparition des structures d’âge suite à la pâture de surfaces parfois étendues de recrû (y compris de hêtre et d’épicéa, même si quelques épicéas parviennent à se développer);

• blessures aux arbres par l’écorçage ➞ pourriture ➞ dévalorisation du bois.

Le dernier point mérite d’être relevé, car il signifie que les dégâts économiques effec-tifs occasionnés par le cerf se font non seulement ressentir aujourd’hui (mesures de protection du rajeunissement), mais qu’ils entraîneront aussi des pertes impor-tantes dans plusieurs décennies, lors de la récolte du bois.

Un défi pour les propriétaires

Ce risque à long terme pose précisément un grand défi aux propriétaires forestiers et à leurs représentants. Car les dédom-magements versés aujourd’hui pour les dégâts du gibier en forêt ne servent pas seulement à indemniser des mesures de prévention ou d’amélioration des habitats ou des dégâts d’abroutissement, bref des dépenses actuelles ou survenues ces der-nières années. L’indemnisation des dégâts d’écorçage a également des implications sur les pertes à moyen et à long terme. Cette réalité devrait être prise en compte

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Evolution de l’effectif des cerfs dans le canton de Berne, de 1990 à 2013

Source: statistiques fédérales de la chasse

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Coûteuses mesures activesSans mesures actives, il paraît difficile de pouvoir garantir à long terme l’ensemble des fonctions de la forêt. Mais ces mesures sont coûteuses et prennent beaucoup de temps, bref elles occasionnent des charges disproportionnées qui ne peuvent raisonnablement être demandées.On peut tenter de prévenir les dégâts par des mesures d’amélioration des habitats (p. ex. apports de bois blanc, clairières). Malheureusement, celles-ci n’ont souvent pas l’effet escompté, car de nombreux autres facteurs influencent le comportement du cerf, comme la pres-sion exercée par les activités de loisir et de détente, les points d’attraction du gibier tels que mangeoires ou balles d’ensilage déposées à l’intérieur ou en bordure de forêt.Les mesures de protection mécanique, comme la pose de clôtures ou de pro-tections individuelles surdimensionnées, constituent aussi une option, mais elles sont extrêmement coûteuses.Une solution qui reste est la régulation cynégétique. Mais elle n’est là non plus pas facile à mettre en œuvre et comporte de nombreux défis, difficultés et conflits potentiels.Vous en saurez-plus en lisant le prochain et dernier article de cette brève série.

dans la gestion des entreprises, ce que beaucoup de chefs d’exploitation et pro-priétaires forestiers ont manifestement de la peine à faire. Or si l’on n’agit pas main-tenant, ce sont les générations futures qui en subiront les conséquences.

Aujourd’hui déjà, l’exploitation fores-tière en régions d’altitude n’est possible que grâce aux subventions des forêts protectrices. Si à l’avenir on ne devait plus pouvoir récolter de grumes mais seule-ment du bois d’énergie en raison de l’écor-çage, la situation économique des exploi-tations se détériorerait encore davantage. Les dédommagements pour les dégâts d’écorçage devraient donc être investis et épargnés à titre de prévoyance en vue de garantir la durabilité économique des entreprises forestières.

Le cerf est un casse-tête

Outre les propriétaires forestiers, leurs conseillers – les gardes forestiers – doivent aussi se pencher sur ce nouveau problème. Car la présence du cerf exige parfois une adaptation de l’approche sylvicole. Dans les forêts protectrices notamment, où l’on travaille selon les exigences de NaiS, le développement d’un rajeunissement adapté à la station est fondamental. Or en raison de l’influence du cerf, cette condi-tion n’est généralement plus remplie.

Voici quelques nouvelles questions qui se posent dans le domaine sylvicole:• Lors des interventions d’entretien, faut-

il conserver des peuplements plutôt denses ou plutôt clairsemés?

• Combien de bois faut-il enlever lors des coupes d’éclaircies? Quels arbres faut-il éliminer ou au contraire dégager? Les-quels sont menacés par l’écorçage?

• Comment protéger les arbres d’avenir et ceux qui contribuent à la stabilité au sein du peuplement principal?

• Comment préserver le rajeunissement et le mélange d’essences?

• Dans quelle mesure des plantations complémentaires sont-elles judicieuses et prometteuses?

• Sera-t-il nécessaire d’effectuer de coû-teux clôturages?

D’une manière générale, il s’agit de savoir pendant combien de temps et dans quelles conditions la forêt sera capable de remplir ses fonctions.

Source:Le présent article est basé sur une interview des forestiers de triage Beat Zurbuchen et Stefan Buchmann (division forestière Oberland Ost) et une visite en forêt en leur compagnie.

Les cerfs abrou-tissent de grandes surfaces de jeunes feuillus, menaçant ainsi la diversité du recrû dans les forêts mixtes.

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Technique d’AbATTAge

La mortaise diagonale à l’épreuveLa technique de la mortaise diagonale est préconisée en Allemagne pour abattre les arbres de faible diamètre, très inclinés. C’est une alternative à la méthode de l’entaille profonde enseignée en Suisse

aux apprentis forestiers-bûcherons. Explications et comparaisons.

Méfiance: il ne faut pas sous-estimer les risques inhérents à l’abattage des arbres de petit diamètre! cette opération est à l’origine de beaucoup d’accidents. Les sujets sont chétifs et c’est trompeur: en réalité, leur abattage demande autant d’attention que de savoir-faire. Le faible diamètre des troncs (jusqu’à 25 cm envi-ron pour la méthode exposée) est même à l’origine de la complexité de l’opération.

en Suisse, pour abattre les arbres de faible diamètre incliné, on enseigne aux apprentis la méthode de l’entaille pro-fonde consistant à agrandir l’entaille directionnelle par des traits de tronçon-neuses successifs, au moins jusqu’au-delà du cœur.

Opérer à hauteur de hanches

en Allemagne, on recommande donc de percer une mortaise dans le tronc de l’arbre (voir dessins et photos), mortaise qui sera plus ou moins inclinée oblique-ment selon le diamètre du tronc et la profondeur de l’entaille (qui ne devrait pas dépasser 1⁄ 5e du diamètre du tronc). dans le cas extrême des très petits bois, la mortaise est percée pour former un angle de 90° par rapport à la base de l’entaille.

Mortaises et traits de coupe ne devraient pas être réalisés dans des endroits du

Mortaise percée, il ne manque qu’un trait de scie dans le bois restant (à g.) et l’arbre tombe, laissant une souche où l’on distingue la charnière et l’emplacement de la mortaise.

tronc où la direction des fibres est difficile à déterminer, à proximité de nœuds ou de l’empattements d’une grosse branche.

La mortaise est difficile à percer près du sol. On opère donc à hauteur de hanches, en inclinant la tronçonneuse pour amor-cer le perçage de la mortaise. On mini-mise ainsi le risque de rebond. Le trait de coupe d’abattage est réalisé ensuite obli-quement vers le bas, l’opérateur tenant la tronçonneuse bras tendus. La souche restante est éventuellement ramenée au ras du sol dans une phase ultérieure.

cette méthode ne convient pas lorsque l’inclinaison du sujet est due, par exemple,

à la pression d’un arbre sur la couronne car, dans un tel cas, la tension exercée sur le tronc doit pouvoir se libérer vers l’arrière.

LF

Sources:– christian Reiter (formateur en bûcheron-

nage, centre de formation forestière de Weilburg), «Fällen von stark vorhängendem Schwachholz», in Wald und Holz 1/2015

– ForêtSuisse – Formation, Soleure– La Récolte du bois 2011, classeur eFS,

Soleure.

Les + et les − de la méthode des enseignants du centre de forma-tion forestière de Weilburg (Allemagne) et des collègues d’economie forestière Suisse (eFS) ont comparé en forêt la mé-thode de la mortaise diagonale et celle de l’entaille profonde. Principal avantage de la mortaise diagonale: elle permet à l’opérateur de rester du même côté de l’arbre, puisqu’il n’a pas à parer les côtés de l’entaille. en outre, la chute de l’arbre est déclenchée par le bois restant (pas de mouvement de l’arbre en cours d’exécution). cette tech-nique est aussi plus rapide, car elle ne demande pas de traits de scie successifs. L’inconvénient essentiel découle du risque de rebond de la tronçonneuse inhérent à l’exécution de la mortaise. ce risque est encore accentué en hiver, lorsque les arbres sont gelés.

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Mortaise

Petite entaille

A g., méthode non recomman-dée. Au centre, la mortaise dia-gonale en cours d’exécution. A d., l’emplace-ment de la taille d’abattage et de la charnière.

Taille d’abattage

Charnière

Petite entaille

Taille d’abattage

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BOis TROpicAL

Forêts du bassin du Congo, quel avenir? La déforestation continue de sévir sur terre. L’Afrique est le continent le plus touché. Sous la pression

des ONG et de règlements de l’UE draconiens, l’Europe consomme de moins en moins de bois africains. Peu regardant sur les aspects environnementaux, sociaux et écologiques, les opérateurs chinois en

profitent pour s’emparer de la manne ligneuse africaine.

par Bernard Rérat*

Que restera-t-il des forêts naturelles du bassin du congo d’ici la fin de ce siècle? cette question n’a pas été posée aussi abruptement lors du Forum de l’Asso-ciation internationale des Bois Tropi-caux (ATiBT) qui se déroulait les 14 et 15 octobre 2015 à Milan (italie). Mais en filigrane des communications livrées aux 200 participants à ce raout international (21 pays représentés), c’est bien cette interrogation de fond qui se profilait.

De fait, à la vitesse actuelle de la défo-restation, les surfaces des forêts natu-relles tropicales fondent comme neige au soleil. D’après la FAO(1), la planète a perdu 129 millions d’hectares de forêts

depuis 1990. cela représente 100 fois le territoire forestier suisse. si l’organisme des Nations Unies signale que le rythme des pertes nettes se ralentit, l’hémorragie n’est cependant pas stoppée. L’Afrique est la région du monde qui paie le plus lourd tribut à cette calamité: entre 2010 et 2015, le continent noir a perdu 2,8 mil-lions d’hectares. c’est comme si l’on rayait de la carte terrestre, en à peine deux ans, tous les massifs boisés helvétiques.

Haro européen sur les bois africains Afin d’endiguer le fléau, les grandes ONG environnementalistes ont incité les consommateurs européens à délaisser les bois tropicaux, estimant que la raison prin-cipale du phénomène résultait de l’exploi-tation forestière illégale. sous la pression des associations écologistes, l’UE a durci

ses exigences de bonne gouvernance forestière vis-à-vis des pays producteurs. Dernièrement, elle a édicté le RBUE(2), un règlement qui oblige les importateurs à prouver l’origine légale des bois qu’ils entendent commercialiser au sein de l’Union européenne.

si les effets sur l’arrêt de la déforesta-tion se font encore attendre en Afrique, ils sont bien réels sur le commerce des bois tropicaux. Les participants au forum de l’ATiBT (exploitants forestiers, industriels, distributeurs, bailleurs de fonds, gouver-nements …) l’ont constaté: les parts de marchés des grumes et des sciages issus des forêts africaines ne font que se dégra-der sur les places européennes.

Alors que le marché mondial demeure stable, la chute des entrées de grumes sur les ports européens impressionne: elle est passée de 1 300 000 m3 à moins de 200 000 m3 en l’espace de dix ans (voir

Quel avenir pour les forêts du bassin du Congo?

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* Bernard Rérat, journaliste français spécialisé en foresterie, dirige l’Agence de presse Forêt-Bois à Malbuisson (France).

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tableau 1). Bien que moindre, la tendance baissière pour les sciages africains arrivant en Europe existe également (–42% sur 2004–2013).

A l’évidence, les bois tropicaux n’at-tirent plus le chaland européen. En 2004, l’UE importait 70% des produits fores-tiers sortant d’Afrique. ce ne sont plus que 30% aujourd’hui. ceux-ci représen-taient encore 35% de sa consommation domestique en 2004. Dix ans plus tard, cette part avait chuté à 22%.

La légalité des bois africains transformées en Asie mise en question

Mais la nature a horreur du vide. Alors, à qui profite ce vide économique laissé béant par l’UE? «La chine est devenue le premier importateur mondial de bois tro-picaux, toutes provenances confondues», déclare l’expert Rupert Oliver. Les chiffres qu’il a présentés au Forum de l’ATiBT parlent d’eux-mêmes (voir tableau 2): 30% des bois consommés actuellement en chine sont d’origine tropicale, soit un doublement en dix ans.

plus de la moitié des bois africains (55%) sont désormais expédiés vers l’Empire du Milieu, contre 15% seulement en 2004. En chiffre d’affaires, le total des impor-tations chinoises de produits forestiers tropicaux a triplé sur la dernière décade. La chine occupe désormais la première marche de ce marché mondial avec un tiers de sa valeur totale.

L’UE, qui pensait réduire la déforesta-tion en Afrique en moralisant les marchés des bois tropicaux, a fait choux blanc. pis, elle accepte à l’importation des pro-duits chinois à la traçabilité énigmatique et à la légalité contestable. comment, en effet, tracer un contreplaqué venant d’une grume d’okoumé achetée en Afrique puis déroulée en chine et dont

Comment suivre à la trace les bois achetés en Afrique, transformés en Asie et vendus en Europe?

Commerce des grumes de bois africain: l’effondrement en EuropeGrumes: Europe: Asie:Monde:

2004

1 288 000 2 262 0003 834 000

2013191 000

3 691 0003 927 000

Sciages :Europe: Asie:Monde:

1 586 000141 000

2 044 000

924 000688 000

1 882 000

(chiffres en m3)

Source: Bernard Rérat d’après ITTO 2015

La Chine, première destination des bois tropicauxZones:UE: chine:inde et sE-asiatiqueMonde:

2004

7 4128

20144

11,52

36

Variation– 43%

+ 187%+ 50%

– 128,5%

(Chiffres des importations en milliards de $ US actualisé 2014)

Où vont les bois africains (en part de valeur sur le total exporté)?

UE: chine:

2004

70% 15%

201430%55%

Consommation de bois tropicaux: UE à la baisse, Chine à la hausse(en part de valeur sur la consommation totale des pays)

UE: chine:

35%15%

22%30%

Source: Bernard Rérat d’après ITTO 2015

Tableau 1: la chute des ventes de grumes d’origine africaine

Tableau 2: la Chine, nouvelle destination des bois tropicaux

Les concessions certifiées, un moyen de

conserver un couvert forestier en Afrique.

les placages seront ensuite mixés et pres-sés avec d’autres essences au Vietnam ou ailleurs en Asie, et ce avant expédition en Europe? «Nous nous interrogeons sur la

légalité des bois tropicaux transformés en chine», souligne André de Boer, de la Fédération européenne du commerce des bois (ETTF).

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Au Gabon, l’exploitant suisse Precious Woods récolte 200 000 m3 de bois certifiés FSC par an.

Dans le village de sa concession forestière de Bambidie, Precious Woods scolarise les enfants de ses salariés.

Certification et marchés déloyaux

La mise sous cloche des forêts du bas-sin du congo n’est plus guère envisagée (coûts et efficacité des contrôles, manque de moyens des pays producteurs, instabi-lité politique …). Dans ces conditions de vacance de l’autorité publique, les conces-sions forestières exploitées durablement par des entreprises privées peuvent contri-buer au maintien d’un couvert forestier. Bien que ne représentant qu’à peine 2% du territoire, quelque 4,5 millions d’hec-tares de forêts sont désormais certifiées Fsc dans la région.

L’exploitant suisse precious Woods est l’une de ces sociétés revendiquant des pratiques vertueuses. Les 200 000 m3 de grumes récoltés dans sa concession de 674 000 hectares à Bambidie (Gabon), et qu’elle transforme dans son usine de déroulage de Libreville, bénéficient de la certification Fsc depuis 2009.

Mais il reste un hic. Les concessions forestières gérées durablement et inté-grant les exigences écologiques et sociales coûtent chères. Aujourd’hui, les opérateurs industriels vertueux – essen-

tiellement européens – ne sont plus com-pétitifs face à la concurrence sans foi ni loi de ceux asiatiques. Et même les ONG se mordent les doigts. «La foresterie respon-sable peut être un outil contre la défores-tation. Malheureusement, la décroissance de la demande en bois tropicaux menace la gestion durable des forêts tropicales», constate encore Mathieu Auger-schwarz-tenberg, coordinateur du Fsc dans le bas-sin du congo.(1) Food and Agriculture Organization

of the United nations(2) Règlement sur le Bois de l’UE

L’unique revue forestière de Suisse entièrement rédigée en français

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Mise de bois en demi-teinte à LausanneLa mise de feuillus de la Fédération des triages du 8e arrondissement d’Yverdon-les-Bains, de La Forestière et de la Ville de Lausanne du 16 décembre 2015 a reflété un marché morose. Une petite dizaine d’acheteurs s’est retrouvée au Boscal (dont quelques professionnels français et italiens), contre 15 un an auparavant.

Les vendeurs devaient avoir anticipé une baisse des effectifs, le catalogue de vente comportant la moitié moins de volume que celui de l’édition 2014. Avec moins d’acheteurs et moins d’offres, le marasme continue de frapper le hêtre; les meilleurs prix franchissent tout juste la barre de CHF 80.–/m3 à port de camion.

Toutefois, les vendeurs ont enregistré deux satisfactions. Le chêne reste appré-cié (jusqu’à 6 offres pour les billes les plus attractives), un seul lot ayant été retiré en raison d’une offre tarifaire jugée insuffi-sante. «Les prix du chêne sont très sou-tenus, la demande s’exprime à un niveau comparable à celui de la France», décla-

rait à l’issue des enchères un acheteur d’une scierie franc-comtoise, alors qu’un scieur suisse emportait le lot le plus cher à CHF 265.–/m3.

La bonne surprise vient également du frêne (principale essence de la vente en vo-lume). Presque tous les lots présentés ont trouvé preneurs en séance, les plus belles qualités en B sont parties sur la base de CHF 130.–/m3. «Le frêne profite d’un fort dy-namisme en Suisse, en Europe, et en Asie», indiquait le principal acheteur de la vente.

Pour 2016, aucun des professionnels présents à Lausanne ne s’attend à une amélioration notable de l’état général de la demande en bois. «Le marché risque d’être encore lourd au moins au premier semestre», note Didier Wuarchoz. Le di-recteur de La Forestière estime cependant que «par les temps qui courent, la mise de Lausanne est une relative satisfaction pour les propriétaires forestiers».

Bernard Rérat/Agence de Presse Forêt-BoisInformations: www.laforestiere.ch

VEnTE DE COLOMBIER (nE)

Deux chênes battent le recordUn volume légèrement en hausse par rapport à 2014 et un prix moyen à la baisse de 18%,

qui reste pourtant dans les moyennes de 2012–13 pour la 10e vente groupée de bois précieux de l’AFN.

Pour sa dixième édition, la vente de bois précieux de l’AFn, organisée dans l’allée des Bourbakis à Colombier, a réuni 554,63 m3 de bois en provenance des forêts publiques et privées de l’ensemble du canton de neuchâtel. Le 10 décembre, pas moins de 80 personnes, forestiers et propriétaires de forêts, se sont réunies sur le site pour fêter dignement cette 10e vente.

Invitée d’honneur

Cette année, 387 billes de bois ont été présentées. Volume en hausse par rap-port à 2014, car en 2015, l’Association fri-bourgeoise d’économie forestière (AFEF) était invitée d’honneur, et quelques pro-priétaires forestiers du canton voisin ont proposé du bois à la vente. Ceci a sen-siblement augmenté le volume pour les acheteurs. 22 essences différentes ont été réunies, soit toutes les espèces recensées dans la forêt neuchâteloise.

Par rapport à 2014, le prix moyen est en baisse de 18% pour atteindre 319 francs/m3. Cette baisse reflète les ten-dances actuelles du marché du bois. Mais les bois mis en vente à Colombier représentent un petit volume, un marché de niche, tout en étant le reflet du marché global, tant au niveau cantonal, romand, suisse ou euro-péen (Allemagne, France, Italie). Il y a eu 25 offres fermes en provenance de toutes ces régions. Le bois est une matière qui reste en vogue et donc demandée. Le monde a besoin de bois en provenance de forêts gérées durablement, la forêt et le bois suisses ont, par conséquent, de l’avenir.

Tour d’horizonParmi les 15 essences feuillues, le chêne est la plus représentée (250 m3). Mais son prix moyen est, contre toute attente, en baisse à 412 francs/m3, alors que c’est l’es-sence à la mode actuellement. Les cours de l’euro, la conjoncture en contraction et la qualité moindre de certains bois pré-sentés expliquent cette baisse, alors que d’autres billes ont touché des sommets et explosé le record.

Cette année, l’érable est l’essence de tous les extrêmes. Plusieurs érables ondés obtiennent des prix exceptionnels alors que les hêtres, sans surprise, stagnent malheureusement à des prix très bas.

En bleu, Nicolas Joss, chargé d’affaires de l’AFN, proclame l’adjudication des deux billes de châtaigniers: «487 francs le mètre cube!»

Cette essence est boudée, même si une sensible reprise est perceptible.

Grâce à une très bonne qualité présen-tée, les frênes obtiennent eux des prix en hausse, malgré une offre sur les marchés abondante suite aux coupes sanitaires dues au flétrissement de nombreuses plantes (attaque du champignon Chalara fraxi-nea). Quelques autres essences feuillues se portent bien, avec des prix intéressants cette année pour les fruitiers (noyer, pru-nier), ou encore le châtaignier, alors que tilleul et merisier ne sont plus demandés.

Pour les résineux, le prix moyen reste dans les tendances du marché, mais nicolas Joss est satisfait: «De belles billes partent à 300 francs/m3, alors que le prix payé en forêt est de 120!»

Le chêne se déchaîne!

La palme du record par essence de toutes les éditions de la vente de Colombier revient à deux billes de chêne, payées chacune au prix exceptionnel de 1391 francs/m3.

Pour nicolas Joss, «l’ouverture à d’autres propriétaires de bois amène une saine concurrence et élargit le choix pour les

acheteurs, nous en comptons deux nou-veaux». Leurs offres proviennent du can-ton (5), de Suisse (13), de France (5) et d’Allemagne (2). Ces bois issus de forêts gérées de manière durable seront ensuite usinés pour se retrouver dans la menuise-rie, l’ébénisterie, le tranchage, la tonnel-lerie ou encore dans la fabrication d’ins-truments de musique.

AFN/LFInformations: www.afn.ch

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OPTIMISATIOn RéSEAU DE CFF CARGO

Diminution ou augmentation des coûts?CFF Cargo assainit son réseau de transport en fermant des points de chargement. A fin novembre, le Conseil fédéral publiait un rapport sur les conséquences économiques et financières de la démarche

pour le transport de bois. CFF Cargo bénéficie en tout cas de l’assainissement alors que les coûts pourraient bien augmenter pour l’économie forestière.

Entre fin 2012 et 2015, CFF Cargo SA a définitivement fermé 155 des 500 points de chargement de wagons dans le cadre du «redimensionnement de son réseau» en Suisse. Du bois était chargé dans 26 d’entre eux. Aujourd’hui, CFF Cargo n’en-tretient plus que 140 «sites de service» pour le chargement de bois.

Le 15 juin 2012 déjà, le conseiller natio-nal Erich von Siebenthal, sous la forme d’un postulat, avait posé quatre questions au Conseil fédéral en rapport avec le déman-tèlement planifié des gares de chargement de bois. Le politicien souhaitait savoir quel surcoût l’économie forestière allait devoir supporter en raison de ces démantèle-ments, dans quelle mesure le transport routier allait augmenter, quelle allait être la clé de répartition des surcoûts entre le secteur public et les propriétaires forestiers et quel était le rapport de proportionna-lité entre les économies réalisées par CFF Cargo et les surcoûts pour l’économie forestière et les transporteurs de bois.

A la mi-décembre 2015, le Conseil fédéral a publié son rapport en réponse au postulat précité. L’une de ses conclu-sions surprenantes est que «une surcharge financière, telle que supposée par l’auteur du postulat, ne peut pas être confirmée de manière contraignante».

Aucune affirmation évidente

Les Sept Sages font toutefois remarquer qu’une «évaluation systématique» du trans-

fert du transport de bois du rail à la route ne serait pas possible.

n’empêche que les auteurs du rapport arrivent à quantifier de manière assez exacte à 110 000 km/année la distance supplémentaire parcourue par les camions suite à la fermeture des gares de charge-ment. Mais pour l’évaluation de la compo-sition des tarifs pour le transport routier, les déclarations demeurent assez vagues, car en fonction du rapport, les manières de calculer varient fortement entre elles. L’Office fédéral des statistiques annonce un tarif de 3 fr. 98/km, alors que d’autres études arrivent à des chiffres qui oscillent entre 5 fr. 90 et 11 francs.

Sur la base de ces informations diver-gentes, le rapport évalue le surcoût lié à la fermeture des gares de chargement entre 435 000 et 1,1 million de francs, donc avec un écart de 665 000 francs en défaveur du transport routier.

Economie ou surcharge financière?A l’inverse et selon le même rapport, CFF Cargo économise, avec la fermeture de 26 points de chargement, 800 000 francs. Les frais de transport peuvent avoir ainsi diminué de 365 000 francs; mais ils peuvent aussi avoir augmenté de 300 000 francs, en fonction des coûts réels du transport par camion. En référence au m3 de bois, l’écart évalué de la différence de coût s’échelonne entre une économie de 4 francs 39 et un surcoût de 3 francs 61 (facteur de conversion 900 kg/m3).

Alors qu’il ne ressort pas du rapport du Conseil fédéral si les propriétaires fores-tiers doivent s’attendre à des surcoûts, CFF Cargo profite en tout cas du «redi-mensionnement du réseau». Le rapport est clair à ce propos: «La diminution de points de chargement a contribué à ce que CFF Cargo améliore notablement son résultat.»

Le rapport justifie cette répartition des risques économiques et des avantages en faveur de CFF Cargo et en défaveur des propriétaires forestiers avec le fait que CFF Cargo, selon le mandat que lui a assigné le Conseil fédéral, doit agir «de manière entrepreneuriale et autofinancée».

Fermetures en vueEn fait, CFF Cargo est tenu par le Conseil fédéral et par la loi sur les transports des marchandises d’agir de manière à générer des profits. L’assainissement du réseau, c.-à.-d. la fermeture de points de char-gement, a largement participé au résul-tat financier positif de l’entreprise. Car le flux de marchandises de CFF Cargo n’est pas réparti de manière égale: en 2013, le 90% de tous les wagons ne transitait que par moins d’un tiers des points de char-gement, et la moitié d’entre eux n’était la destination que de 3% des wagons.

Afin d’optimiser son réseau de charge-ment, CFF Cargo a fixé un seuil minimal de 500 wagons de marchandises. Tous les points de chargement où moins de 500 wagons sont chargés ou déchargés, ont déjà été fermés ou le seront à l’avenir. «nous devons assainir les sites de service qui sont peu fréquentés. Parcourir avec

Moins de gares de chargement, moins de bois sur le rail, l’équation est simple.

Bois ronds: 10% par le rail!En 2013, ce sont 540 000 t, soit envi-ron 10% des 5,8 millions de tonnes de bois ronds vendus en Suisse, qui ont été transportées par le rail. 340 000 t ont été exportées, 100 000 t importées. Le transport de bois par rail à l’intérieur de la Suisse a été de 100 000 t. Suite au démantèlement des gares de char-gement, ce sont aujourd’hui 83 000 m3 (environ 91 000 t) de bois ronds en moins, chaque année, qui sont ache-minés par le rail. Ce qui représente le 1,7% de la quantité totale de bois ronds transportés en Suisse annuellement.

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BRèVES

Sapins de Noël suisses D’après IG Suisse Christbaum, les plants indigènes s’affirment, en dépit de la suppression des paiements directs et de la force du franc. Sur les 1,2 million de sapins de noël vendus cette année en Suisse, le 60% ont été importés d’Alle-magne et du Danemark. Mais un demi- million d’arbres provenaient de Suisse.

Forum Bois Les représentants de la chaîne du bois et de l’OFEV se sont retrouvés à l’occa-sion de la 14e séance du Forum Bois à fin novembre pour discuter de la situation de la branche dix mois après l’abandon du taux plancher franc-euro. La demande intérieure de bois devrait baisser de 5% et les exportations de 25%.

Projet de modélisationAu Bade-Wurtemberg, un projet de modélisation en faveur des bois ronds a démontré qu’une augmentation de la charge autorisée des 40 tonnes actuelles à 44 tonnes apporterait une diminution de la consommation de carburant par les camions de 2,1 millions de litres par année. Dans la foulée, des calculs de simulation ont permis de démontrer que les véhicules de transport de bois sollicitent moins les routes que des poids lourds standards comparables et qui sont déjà immatricu-lés aujourd’hui.

FRAnCE

Marchés des résineux: interrogations!Les prix des sciages sont orientés à la baisse, 5% en moyenne, en cette fin 2015.

En France, l’année 2015 se termine plus mal qu’elle n’avait commencé dans le secteur des résineux. Le bâtiment semble enlisé dans une crise chronique qui per-dure depuis maintenant plus de cinq ans. Les chiffres du rétropédalage impres-sionnent: en 2007, quelque 465 000 logements étaient édifiés sur le territoire français, ce sera probablement moins de 300 000 en 2015.

La construction bois avait plutôt bien résisté au marasme ambiant, mais n’est plus en mesure de faire front (14 320 mai-sons individuelles bois bâties en 2012 – der-nière année de progression – sans doute à peine 10 000 unités en 2015). Les prix des sciages s’en ressentent. Ils sont désormais franchement orientés à la baisse (–5% sur

une locomotive et deux wagons de lon-gues distances n’a aucun sens», justifie l’entreprise CFF Cargo.

Aucun bilan écologique

A quoi ressemble le bilan écologique du redimensionnement des points de charge-ment de CFF Cargo n’apparaît dans le rap-port, tout comme la question n’était pas posée au niveau du «postulat von Sieben-thal». Le rapport mentionne seulement que «l’on ne peut pas exclure une aug-mentation supplémentaire marquée de la pollution (liée au trafic) dans les centres urbains (…)».

Comment la consommation énergétique et les émissions polluantes vont évoluer avec l’abandon de points de chargement n’est ainsi pas clarifié. Sur la page inter-net de CFF Cargo, on trouve toutefois des informations concernant les émissions de CO2. Et l’on découvre là qu’un transport de marchandises de 1000 tonnes de Zurich à Gênes (Italie) produit par le rail 6,8 tonnes de CO2, contre 32 tonnes par la route …

Infos: le document PDF «Calcul de l’ensemble des coûts inhérents à la fermeture des gares de chargement – Rapport du Conseil fédé-rale en exécution du postulat 12.3595 (von Siebenthal)» est à consulter sur:www.news.admin.ch/nSBSubscriber/ message/attachments/42207.pdf

Ferdinand Oberer/WH

A propos de la fermeture des gares de chargementAvec les mesures d’assainissement dans le transport des marchandises par le rail et le démantèlement lié des gares de chargement pour les bois ronds, le réseau des possibilités de chargement a été abaissé à la portion congrue. En conséquence, dans de nombreuses régions, l’acheminement (distance entre le lieu de chargement en forêt et la gare) s’est terriblement allongé. Ce qui, pour des distances par rail inférieures à 150–200 km, ne justifie plus un trans-bordement sur wagon. Le résultat est que pour les transports intérieurs, le rail perd du terrain et qu’ainsi, le danger de fermeture d’autres «points de service» ne soient aussi démantelés par manque de fréquence de chargement.

Sans compter qu’à l’étranger aussi, pour des raisons de coûts, les poids lourds sont de plus en plus sollicités. C’est un transfert évident du rail à la route du transport des bois ronds. Cette situation chez nous est en oppo-sition crasse avec l’objectif de la Confé-dération du transfert du transport de marchandises de la route au rail comme formulé entre autres dans l’art. 1 de la loi relative à une redevance sur le trafic des poids lourds (LRPL, SR 641.81).

Hans Gerber, ForêtSuisse

un an et en moyenne pour la charpente standard sapin-épicéa). «nous assistons désormais à un glissement progressif des cours des sciages et nous nous atten-dons à une grosse bagarre sur les prix cet hiver», confie Didier Lamotte, dirigeant de la scierie Résineux du Haut-Doubs.

Jusqu’au début du printemps 2015, le marché des grumes résineuses en forêt semblait déconnecté de la réalité écono-mique. Sur pied en forêt, les sapins de 2 m3 se négociaient en moyenne 65 euros/m3 en décembre 2014. Les résultats des dernières ventes de fin d’année 2015 montrent que les cours ont chuté d’envi-ron 10%, à 58 euros/m3 en moyenne. Les invendus ont tendance à progresser (avec quelque 14% des lots). Inquiets

pour l’avenir, les scieurs sélectionnent plus sévèrement leurs achats.

En feuillus, en revanche, l’activité se maintient à un niveau très satisfaisant pour les propriétaires forestiers. Le chêne confirme ses bonnes dispositions affichées depuis trois ans. Bien que la hausse des prix commence à se tasser, la demande est toujours élevée. «Aujourd’hui, tout se vend dans le chêne», indiquait le scieur Gérald Brochet à l’adjudication publique de Courlaoux (Jura), en décembre. En frêne, le marché est très dynamique et dans le hêtre, c’est la stabilité des cours qui prévaut. Les vendeurs français de feuillus envisagent donc l’année 2016 avec une certaine dose d’optimisme.

Bernard Rérat

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S E R V I C E S

AGENDA

Cette rubrique est à votre disposition. N’hésitez pas à nous faire part d’événements (conférences, cours et autres) en rapport avec la forêt. Courriel: [email protected] C’est avec plaisir que nous les mentionnerons ici et gratuitement. Les informations doivent être transmises un mois avant la parution.

FÉVRIER

7 au 14 février, Holmenkollen Oslo (N) 48es Championnats européens de ski nordique des forestiers www.efns.ch.vu

11 février, Ribeauvillé (F) Vente publique ONF de bois feuillus façonnés www.onf.fr

13 février, Kleinandelfingen Débarder avec des chevaux, cours de formation www.igarbeitspferde.ch

19 février, Martigny Délai d’inscription au cours de formation continue Soudage des métaux, perfectionnement du 18 mars, organisé par Forêt Valais www.foretvalais.ch

26 février, Liebegg-Gränichen (AG) Délai d’inscription au cours de formation Travailler avec des chevaux (en allemand) du 18 au 22 avril www.igarbeitspferde.ch

MARS

8 mars, FribourgStratégie d’entreprises forestières, séminaire d’une nouvelle série consacrée aux entreprises forestières www.fowala.ch

10 mars, Bernwiller (F)Vente publique ONF de bois feuillus façonnés www.onf.fr

11 mars, Crançot (F)Vente publique ONF de bois feuillus sur pied www.onf.fr

15 mars, Lausanne-EPFLDélai d’inscription au Forum WSL Suisse romande du 19 avril www.wsl.ch/forum-romand

15 au 17 mars, Nancy (F)Salon Bois-Energie www.boisenergie.com

22 mars, WSL-Birmensdorf (ZH)Les modèles de croissances peuvent-ils remplacer les tables de production dans la pratique forestière? Séminaire de formation continue www.fowala.ch

10 mars, Grandvillars (F)Vente publique ONF de bois feuillus façonnés www.onf.fr

AVRIL

13 avril, Champagnole (F)Vente publique ONF de bois de résineux www.onf.fr

14 avril, Bernwiller (F)Vente publique ONF de bois feuillus façonnés www.onf.fr

14 et 15 avril, Lyon (F) 6e Forum international Bois construction www.forum-holzbau.com

15 avril, Hirschthal Assemblée générale de ProSilva Suisse www.prosilva.ch

19 avril, Lausanne-EPFLConcilier bois-énergie et biodiversité en forêt, Forum WSL Suisse romande www.wsl.ch/forum-romand

20 avril, ZollikofenNouvelles technologies: quel avenir dans la gestion forestière? Cours de formation continue www.fowala.ch

21 avril, Zollikofen Soirée d’information cursus Sciences forestières de la HAFL (18 h 30 à 19 h 30) www.hafl.bfh.ch/fr

JANVIER

12 au 16 janvier, BâleSwissbau 2016 www.swissbau.ch

14 janvier, ZollikofenSoirée d’information cursus Sciences forestières de la HAFL (18 h 30 à 19 h 30) www.hafl.bfh.ch/fr

14 au 17 janvier, LausanneSwiss Expo, expo de bétail et agrotechnique avec espaces forestier et énergies renouvelables www.swiss-expo.com

15 janvier, MartignyDélai d’inscription au cours Soudage des métaux, initiation du 19 février www.foretvalais.ch

15 janvier, Worb Franc fort, le point un an après, table ronde de la Communauté de travail pour la forêt www.afw-ctf.ch/

21 janvier, SionNouvelle solution de branche, séance d’infor-mation et de formation continue www.foretvalais.ch

23 janvier, Airolo 17e Championnat suisse de ski des forestiers www.verband-schweizer-forstpersonal.ch

28 janvier, Zurich-EPFZ Atelier Laubholz im Holzbau (Le bois de feuillus dans la construction) Inscription: [email protected]

29 janvier, Genève-Haute école de gestion Atelier Evaluation économique des services des écosystèmes forestiers (en anglais) www.hesge.ch/heg/actualites/2015/workshop-economic-valuation-forest-ecosystem-service

PUBLICATION

Les métiers du bois à Genève, des origines à nos jours – Histoire d’une associationChristophe VuilleumierLe 5 mai 1315, le vidomne rend un jugement en faveur de la corporation des charpentiers genevois. Dès lors, ce métier et les arts concernant le bois vont être organisés de manière pro-fessionnelle. Ils connaissent leur premier règlement en 1635. S’approvisionnant au port au bois de Genève, les charpentiers se spécialisent au gré du temps, devenant menuisiers, ébénistes ou encore parqueteurs.

Au XIXe siècle, ces corps de métiers forment une structure pro-fessionnelle qui commémore ses 125 ans. C’est le prétexte de ce livre qui nous conte le mode de vie, les méthodes, les outils ou encore les relations patrons-ouvriers. L’intérêt des images et du récit transgresse incontestablement les frontières cantonales.

Distribution: 136 pages, format 16,5 × 23,5 cm, prix: env. Fr. 29.– Editions Slatkine, Genève 2015, ISBN 978-2-8321-0716-4

Les employés de la fabrique de bois de fusils Barth, une photo non datée tirée du livre et provenant des archives de la commune de Meyrin.

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Le Comptoir broyard à Payerne a reçu la 11e séance plénière du Forum broyard de la forêt et du bois. Le conférencier Martial Chabloz a mis en évidence les possibilités d’utilisation du bois

massif indigène dans les constructions publiques contemporaines.

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La séance, ouverte par Vivien Pleines, ins-pecteur des forêts du 6e arrondissement vaudois, a réuni près de 40 personnes, propriétaires forestiers publics et privés, représentants d’entreprises forestières, de transformation du bois, d’associations de promotion du bois et des services fores-tiers le 12 novembre dernier à Payerne.

Dans son introduction, l’inspecteur a dressé un rapide bilan des activités de l’année depuis la visite de l’entreprise JPF-Ducret SA à Orges en octobre 2014: la commission Charte et Loisirs s’est rencon-trée à plusieurs reprises pour préparer une journée destinée aux écoles de la région (le 4 septembre 2015) et afin d’assurer la présence du Forum au Comptoir broyard.

Le traditionnel stand forestier de la halle rurale de ce comptoir vise à promouvoir l’utilisation du bois suisse sous toutes ses formes et traite de sujets d’actualité. Cette année, il présentait la menace du capricorne asiatique face aux feuillus, les produits du sciage d’un billon de bois rési-neux, ainsi que les signataires de la charte «Penser forêt – agir bois».

Afin de promouvoir l’utilisation du bois sous toutes ses formes conformément à la charte «Penser forêt – agir bois», c’est Martial Chabloz, ingénieur civil auprès de chabloz & Partenaires SA à Lausanne, qui a présenté une conférence sur le thème de l’utilisation du bois massif indigène dans les constructions publiques contem-poraines. Il a débuté son exposé avec les quatre axes de son travail en faveur de l’utilisation du bois massif, soit le déve-loppement durable, une architecture adaptée, les progrès technologiques et la dynamique de la filière bois.

Les avantages du bois

Le bois, ressource renouvelable par excel-lence, nécessitant peu d’énergie grise pour son travail et capable de stocker du CO2, est le matériau idéal dans la logique du développement durable. Son utilisa-tion en architecture nécessite toutefois d’intégrer dès la conception du projet des éléments comme le besoin en séchage ou

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Miser sur le bois massif indigène pour construire

le risque d’attaque par des champignons. Les énormes progrès techniques des der-nières années, notamment en matière d’assemblage à des coûts économiques, permettent une grande flexibilité. Les relations entre les différents partenaires de la filière forêt-bois, encore à renforcer, permettent de se confronter à la réa-lité des différentes parties et sont ainsi sources d’inspiration.

Martial Chabloz appuie son expérience sur plus de 30 ans de réalisations et chaque construction présente différentes caracté-ristiques: l’achat du bois chez le scieur pour le mettre à la disposition du charpentier (halle des FA-18 à Payerne), la sélection des sapins blancs et l’utilisation de bois secon-daire pour les planchers (CEFOR Lyss), l’uti-lisation du bois rond dans la construction du Centre de voirie Manloud (Le Mont) ou de la déchetterie à St-Prex, la mise à dis-position du bois par la commune maître d’œuvre (Le Chenit, Lausanne, Nyon), l’activation de l’ensemble de la filière forêt-bois pour le bâtiment de la police canto-nale de Fribourg. Et si la construction en bois massif nécessite du temps, il en va de même avec les procédures de décision et d’autorisation! Il faut donc profiter du temps à disposition pendant le déroule-ment des procédures pour choisir le bois et le conditionner.

Le bois massif est un matériau du futur, disponible, écologique et compatible avec toutes les utilisations. Mais il exige un effort particulier de planification, de res-pect des délais et d’acceptation d’une prise de risque calculée. La mise en valeur d’une filière du bois indigène dans la construc-tion est une démarche sur la durée. Elle nécessite une bonne collaboration entre les différents acteurs de la filière.

Suite à cette conférence très intéres-sante et instructive, Dominique Schaller, inspecteur des forêts du 5e arrondis-sement fribourgeois, a remis la charte «Penser forêt – agir bois» aux 65e, 66e et 67e signataires de la Charte, soit les com-munes de Fétigny, Gletterens et Vallon.

François Godi, GG Consulting Sàrl

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Sentier forestier olympique

Le sentier didactique réalisé par la Bour-geoisie de Delémont prend du galon. Situé dans la forêt à proximité du château du Domont, il connaît un nouveau dévelop-pement et change d’appellation.

Ce parcours met en évidence, par des illustrations et des animations intéres-santes, les fonctions de la forêt, ainsi que quelques spécimens des essences qui la composent. Cette initiative, prise en 2011 pour marquer l’Année internationale de la forêt, connaît un franc succès.

De nombreux visiteurs en ont déjà pro-fité. Cette réalisation a également permis de rendre un hommage bien mérité aux quatre médaillés olympiques jurassiens, à savoir: Eric Hänni, médaille d’argent en judo et porteur du 9e dan, Lara Gut, médaille de bronze en ski alpin, Sarah Forster, médaille de bronze en hockey sur glace, et Steve Guerdat, médaille d’or en hippisme et vainqueur de la Coupe du Monde en 2015 à Las Vegas. Ces quatre champions ont reçu chacun un arbre, symbole des vertus et des qualités qui les caractérisent.

Afin d’améliorer la visibilité de cette ins-tallation, propice aux activités de détente et de loisirs, le Conseil de Bourgeoisie de Delémont a récemment procédé à l’amé-nagement de son aire d’accueil par la pose de différents panneaux et la mise en place d’un fléchage adéquat.

Vu les différentes fonctions dévolues à ce parcours pédestre, la nouvelle appel-lation «Sentier forestier olympique» lui a été conférée, et tout un chacun est cha-leureusement invité à venir découvrir les innovations réalisées.

Christiane Boillat, présidente, Bourgeoisie de Delémont

Infos: www.boourgeoisie-delemont.ch

Le sentier olympique de Delémont.

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La SVS à la découverte de BaulmesLa Société vaudoise de sylviculture a organisé une excursion dans les forêts de Baulmes, commune

lauréate du Prix Binding pour la forêt 2015. Récit de la découverte de superbes sujets et peuplements et de problèmes moins attendus qui accompagnent une soudaine et prestigieuse reconnaissance.

Par une matinée automnale, une trentaine de membres de la Société vaudoise de syl-viculture (SVS) se sont retrouvés au refuge des Rochettes, au-dessus de Baulmes. La journée a débuté avec un café-croissant et un mot de bienvenue de la part de la secrétaire de la société, Sylvaine Jorand, sous une couche de brouillard typique de la saison et de la région. Puis l’inspecteur et le garde forestiers des lieux, Pierre-François Raymond, respectivement Joël Delacrétaz, ont accueilli les participants.

Baulmes est historiquement une com-mune forestière, qui vivait autrefois presqu’exclusivement de ses forêts. Les sapins blancs de la forêt de la Limasse sont si beaux qu’ils se vendent plus cher que les épicéas. De longue date, les forêts de Baulmes sont réputées dans le canton et au-delà pour leur richesse et leur beauté.

De nos jours, la surface communale de 2230 hectares, occupée par un millier d’habitants, est encore recouverte aux deux tiers de forêts et pâturages boisés. La commune en est le principal proprié-taire. La plupart de ces forêts sont tou-jours exploitées; la récolte annuelle atteint un volume de l’ordre de 6000 m3, dont 3500 m3 de bois de service vendus en majeure partie à des scieries françaises proches et traitant les gros bois qui ont

du mal à être valorisés du côté suisse de la frontière. Le solde est utilisé comme bois-énergie dans la chaufferie à pla-quettes communale renouvelée en 2015. Deux réserves naturelles se situent égale-ment sur le territoire communal, celle des Aiguilles et celle des Rapilles, ainsi qu’un îlot de vieux bois de quelques hectares.

Un prix pour les vieux arbres

Malgré cette exploitation soutenue, Baulmes conserve un grand nombre de vieux arbres depuis plusieurs générations de forestiers. Ainsi, la Fondation Sophie et Karl Binding, qui décerne chaque année en Suisse un prix doté de 200 000 francs à un propriétaire pour sa gestion fores-tière exemplaire, a-t-elle choisi en 2015 la commune de Baulmes, sur le thème «Les très vieux arbres, témoins du développe-ment durable».

Bien que Baulmes ne soit pas une des-tination touristique très fréquentée, l’ac-cueil du public en forêt a été considéré avec soin. Six refuges sont ouverts au public en tout temps et 12 kilomètres de sentiers pédestres à travers les forêts sont entretenus et sécurisés. Un tracé de VTT a dernièrement été créé, ainsi que deux sentiers didactiques.

Les participantes et participants à l’excur-sion d’automne de la SVS dans les forêts de Baulmes (VD).

La Société vaudoise de sylviculture Forte de quelque 360 membres provenant principalement du canton de Vaud, la Société vaudoise de sylviculture (SVS) a été fondée en 1853; elle accepte dans ses rangs toute personne portant un intérêt particulier à la forêt.Afin de diffuser ses connaissances syl-vicoles, la SVS organise, en plus de son assemblée générale, des visites et sorties de découverte et de partage de connais-sances au cours de l’année. Chaque membre y est le bienvenu. Ces sorties sont fréquentées pour le savoir qu’elles permettent de transmettre, mais aussi pour l’ambiance qui y règne.

Contact et informations:Société vaudoise de sylvicultureRoute de Pomy 31462 Yvonand (VD)Sylvaine Jorand, secrétaire, tél. 079 485 03 87www.sylviculture.ch

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En ce jour d’excursion, les hôtes de la SVS sont conduits dans les forêts de la Feurtille et de la Limasse, afin d’y appré-cier les vieux arbres remarquables qui y croissent et les aménagements effectués pour permettre au public de les admirer.

Détour en forêt de la Feurtille

Départ donc pour le sud-est du village de Baulmes où se trouve la forêt de la Feur-tille. Située à une altitude de 650 m, elle abrite notamment un parcours didactique d’une longueur de 1,8 km.

La sylviculture pratiquée ici vise à favo-riser le chêne, qui serait supplanté par le hêtre en conditions naturelles. L’avantage du chêne est que son bois est un bois d’œuvre apprécié et que cette essence est particulièrement adaptée aux chan-gements climatiques. De même, le chêne est une espèce très appréciée du pic mar, oiseau inféodé à cette essence mais qui ne niche malheureusement plus à la Feur-tille. Cette forêt a été rajeunie et les vieux chênes n’ont pas subsisté en quantité suffisante. A quelques mètre du chemin, la petite troupe rencontre le chêne Pré-sident, dont la circonférence était d’un peu plus de 4 m en 2006, pour un dia-mètre de 1,30 m et une hauteur de 35 m.

La forêt de la Limasse

Après le dîner, les membres de la SVS se dirigent vers la forêt de la Limasse, au nord-ouest du territoire communal, à environ 1200 m d’altitude. Avec une productivité moyenne annuelle de 7 m3 à l’hectare – malgré l’altitude – cette forêt fournit des résineux de bonne qua-lité, notamment grâce à un sol humide et limoneux. Néanmoins, une partie des peuplements vieillit et dépérit, car l’exploi-tation a été retenue. Des arbres imposants y demeurent et peuvent être observés depuis le «Sentier des géants» aménagé grâce à la contribution du Prix Binding. Ce

chemin de copeaux nous conduit jusqu’au sapin Président, dont la circonférence était de 4,6 m en 2006, pour un diamètre de 1,5 m et une hauteur de 48 m. Cet amé-nagement est remis en question par Pro Natura dans son journal d’octobre 2015 car jugé intrusif. Selon sa sensibilité, cha-cun considérera probablement ce sentier de manière différente …

Lors de la traversée de la forêt de la Limasse, Pierre-François Raymond explique aux visiteurs que Baulmes doit résoudre un gros dilemme: comment exploiter le bois de ses forêts tout en per-mettant un maintien maximal de la biodi-versité? Le sujet n’a pas encore obtenu de réponse satisfaisante.

Cette difficulté a été mise en lumière après l’attribution du Prix Binding pour la forêt. Des ornithologues ont jugé que la commune ne méritait pas cette récom-pense, car elle n’avait, notamment, pas conservé assez de vieux peuplements, ce qui affecterait significativement certaines espèces d’oiseaux.

Les arbres-habitats, et après?

En effet, 2700 des quelque 6000 espèces sylvicoles (oiseaux, mammifères, insectes, champignons, etc.) ont besoin de vieux et gros arbres pour se développer. Après la réception du Prix Binding pour la forêt, la commune a mandaté un forestier indé-pendant pour dresser l’inventaire des «arbres-habitats» propices au développe-ment de la biodiversité. Dans la seule Joux de la Limasse, 221 sujets ont été recensés. Néanmoins, le maintien d’«arbres-habi-tats» ne suffit pas à la conservation de la biodiversité dans son ensemble.

La journée se termine par une verrée au refuge de la Joux, au départ du «Sentier des géants». Aucun des forestiers pré-sents, même parmi les plus aguerris, n’est resté insensible aux géants de la forêt de la Limasse!

Johanna Beck

Le sapin Président des forêts de Baulmes.

Les forêts de Baulmes sont riches en arbres à haute valeur sylvicole, dendrologique et écologique.

Les très vieux arbres, témoins du développement durableLa Fondation Sophie et Karl Binding publie une plaquette sur les vieux arbres et les forêts qui ont valu le Prix Binding pour la forêt 2015 à la Commune de Baulmes.Cet opuscule contient des contributions d’auteurs et de spécialistes ayant un lien avec les forêts de Baulmes. Ils abordent, par exemple, «Les trésors biologiques des vieux arbres de Baulmes» ou «Les refuges de Baulmes», ou encore trois pro-jets à réaliser grâce au Prix Binding pour la forêt, une prospective de l’inspecteur forestier Pierre-François Raymond.

Distribution:

72 pages, format 105 × 21 cm, ISBN 978-3-9523797-4-5 Disponible auprès de: Fondation Sophie et Karl Binding, Rennweg 50, 4020 Bâle, tél. 061 317 12 39.

www.binding-stiftung.ch

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é c h o s d e s r é g i o n s

La forêt constitue un écosystème qui doit faire l’objet d’une gestion durable et dont il faut préserver la diversité. Pour y par-venir, les spécialistes doivent savoir où se trouvent les biotopes forestiers précieux. Le nouvel inventaire des objets naturels du canton de Berne, établi selon une méthode uniforme, servira désormais de base pour accroître la biodiversité en forêt, annonçait le canton dans son communi-qué de presse du 14 décembre dernier.

Quels sont les écosystèmes forestiers particulièrement précieux pour la biodi-versité du canton de Berne? Cette ques-tion a guidé le projet d’inventaire des objets naturels en forêt du canton de Berne (IONF) depuis son lancement il y a plus de 20 ans.

Aujourd’hui terminé, cet inventaire recense et décrit les biotopes et peuple-ments forestiers proches de l’état naturel importants pour la biodiversité en forêt. L’inscription des objets répond à quatre critères:• Associations forestières rares: sites secs

ou humides, forêts de gorges, pessières à asplénium.

• Structures forestières particulières: vieilles forêts de feuillus mixtes, vieux peuplements riches en feuillus, forêts mixtes d’altitude proches de l’état natu-rel, pessières subalpines.

• Espèces particulières: espèces animales et végétales particulières dans les asso-ciations forestières rares et les struc-tures forestières particulières (recense-ment ponctuel seulement).

BERNE

Inventaire des objets naturels en forêt

La forêt bernoise est un écosystème riche en biodiversité, elle doit faire l’objet d’une gestion durable.

• Eléments particuliers: sources, mares ou surfaces pionnières, mais aussi des cas particuliers comme les chablis non nettoyés.

Un témoignage de la diversité naturelleL’inventaire répertorie 2146 objets repré-sentant une surface de 36 800 hectares, soit 6% de la surface cantonale ou près de 17% de la surface forestière du canton de Berne. La plupart des objets se situent dans les stations reculées des Préalpes et des Alpes. Ils sont moins fréquents sur le Plateau. Les pâturages boisés du Jura ber-nois ne sont pas cartographiés. Globale-ment, l’inventaire témoigne de la diversité naturelle de la forêt bernoise. Il fait l’objet de deux publications: une rétrospective et une brochure grand public.

Poursuite de l’inventaire

L’IONF est destiné au personnel des ser-vices cantonaux et des bureaux de plani-fication, ainsi qu’au public intéressé par le sujet. C’est un instrument de soutien à l’exécution en matière de protection des biotopes et des espèces en forêt, qui fait partie intégrante de la planification forestière générale, mais n’est pas contrai-gnant. Il sera régulièrement réexaminé et, le cas échéant, mis à jour.

Infos: www.be.ch/publications

FRIBOURG

Manque de précipitations

La sécheresse automnale n’a eu que peu d’impact sur la forêt et la

faune aquatique.

Contrairement à la situation critique de l’été 2015, le manque de précipitations que le canton a connu cet automne a peu affecté la forêt et la faune aquatique fribourgeoises, annonçait le canton à fin novembre dans son communiqué de presse. Affaiblis par la sécheresse, les arbres ont été la cible du bostryche typo-graphe, mais dans des proportions modé-rées. Les volumes de bois endommagés totalisent pour 2015 quelque 15 900 m3. Cela représente une légère hausse par rap-port aux années précédentes (13 800 m3 en 2014, 14 200 m3 en 2013).

Comme les arbres infestés restent long-temps verts, il est difficile de déceler cet automne tous les foyers atteints par des bostryches. Il est donc possible que cer-tains foyers ne se révèlent qu’au début de l’année prochaine et se reportent sur les statistiques 2016.

Une surveillance phytosanitaire accrue des forêts d’épicéas par les propriétaires et les forestiers devra être réalisée au printemps prochain pour découvrir suffi-samment tôt les foyers de bostryches et réaliser sans tarder les travaux nécessaires (abattage des arbres colonisés, écorçage, évacuation des bois) afin d’éviter la proli-fération de ces insectes.

Concernant les poissons, le faible débit des cours d’eau est en partie compensé par une bonne oxygénation. La reproduction de la truite devrait toutefois souffrir par endroits de l’assèchement de ses frayères.

Infos: www.fr.ch/sff/fr/pub/actualites

VAUD

Plan directeur forestier adopté 21 communes et 8000 hectares de forêt sont concernés pour les 20 ans à venir.

Le Conseil d’Etat a accepté dans sa séance du 16 décembre dernier le plan directeur forestier des vallons de l’Orbe et du Nozon, lequel concerne 21 communes du district du Nord vaudois, indique le Service d’infor-mation du canton dans son communiqué.

L’établissement de ce plan s’est réalisé selon une large base participative. Il orien-

tera la gestion de quelque 8000 hectares de forêt pour les 20 ans à venir. Bien que s’appliquant au domaine boisé, ce plan directeur forestier tient également compte des aspects liés aux espaces sylvo-pastoraux, à l’aménagement du ter-ritoire, à la protection de la nature et du paysage, ainsi qu’aux évolutions à venir,

notamment relatives aux changements climatiques. Sa mise en oeuvre permet-tra par ailleurs de répondre durablement aux exigences de protection contre les dangers naturels, d’accueil du public ou encore de valorisation du bois et de pré-servation de la biodiversité.

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FUS-EFS Et ASF

Salaires 2016: recommandationsAssociation Entrepreneurs Forestiers Suisse et Association Suisse du Personnel Forestier:

complément aux dispositions relatives aux contrats de travail en économie forestière.

1. Adaptation de salairePour 2016, il y a une augmentation indi-viduelle des salaires de 0,5%.

2. Salaires de baseEn application des art. 17 + 18 des dispo-sitions relatives aux contrats de travail, les salaires de base définis entrent en vigueur au 1.1.2016. Les salaires de base doivent être adaptés dans les différents contrats en fonction de l’âge et de l’expérience du salarié.

Pour 2016, le taux horaire est calculé avec une moyenne mensuelle de 184 heures, d’après la formule suivante: 52se. × 5Jt = 260Jt/an × 8,5 h = 2210 h/an:12=184h/mois ou 52 se. × 5 Jt = 260 Jt/an:12 = 21,66 Jt/mois × 8,5h = 184h/moisPour les salaires horaires, les majorations suivantes s’appliquent: 9,7% vacances (selon art. 30, al. 1), 8,3% 13e mois, jours fériés (selon art. 31, al. 2).

3. Remboursement des frais en cas de déplacementConcernant les art. 21 + 23 des disposi-tions relatives aux contrats de travail à compter du 1.1.2016, les indemnisations minimales suivantes s’appliquent:• Fr. 16 d‘indemnité de repas (repas de

midi) en cas de déplacement sur des chantiers extérieurs. Cette indemnité n’est pas versée si le repas est offert par l’employeur.

• Fr. 0.70/km pour l’utilisation convenue à l’avance d’un véhicule privé du sala-rié, y compris une partie de l’assurance casco complète.Si des équipes se déplacent dans un

véhicule de l’entreprise à la demande de l’employeur, le temps de conduite du chauffeur doit être compté comme temps de travail (selon art. 10 des dispositions relatives aux contrats de travail).

4. Durée d’application de ce complément aux recommandationsCet avenant fait partie intégrante des dis-positions relatives aux contrats de travail. Il entre en vigueur le 1.1.2016 et demeure valable jusqu’au 31.12.2016.

Les parties contractantes:

Association Entrepreneurs Forestiers Suisse FUS-EFS, P. Wiss, président

Association Suisse du Personnel Forestier ASF, P. Piller, coprésident

Ouvrier forestier Forestier-bûcheron Spécialiste/ Contremaître Resp. d’exploitation Chef machiniste adjoint d’exploitation Classes de salaires B A Q V V/F F

en CHF/mois (× 13) 3712.– 4158.– 4721.– 5164.– 5700.– 6173.– à l’heure 20.15 22.60 25.65 28.05 31.00 33.55

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mICRO-tROttOIR

ForêtSuisse, ce qu’ils en disentAprès l’assemblée des délégués, des personnalités et des proches de l’ancienne Economie forestière

Suisse se prononcent sur le changement de nom de l’association faîtière.

Sherpa

(c/o Hanspeter et Claire Egloff)

Ouahouuu!!!

Didier Borboën, président de La Forestière

Je trouve que c’est une très bonne idée d’unifier l’identité de toutes les sections cantonales. La présentation sera plus claire pour le grand public. C’est bien aussi que le mot «économie» ne figure plus dans le nom de l’association, c’est plus consensuel; la représentation des propriétaires ne se limite pas à la thématique de l’économie. La Forestière mettra en œuvre la nouvelle iden-tité, c’est sûr, mais à une échéance qui n’est pas encore fixée.

Emile Piguet, ancien membre du comité de La Forestière et de la commission de rédaction de LA FORÊT

Je vous félicite d’avoir trouvé un nom plus proche de la réalité de la représentation des propriétaires forestiers. Lorsque je faisais partie de la commission du journal LA FORÊt, j’avais signalé la non-concordance de la désignation «Economie forestière Suisse» avec la propriété forestière. Je constate que la priorité est désormais donnée à l’intérêt géné-ral de la propriété forestière. Ce que je soutiens.

Max Binder, président d’Economie forestière Suisse devenue ForêtSuisse

Certains indices peuvent laisser croire que les actions individuelles, isolées ont plus d’effets au niveau national que celles menées ensemble par TOUTES les associations cantonales, en exploitant l’effet de groupe et les synergies qui en découlent. Il n’en est rien et je suis fermement convaincu que nous devons agir ensemble et que c’est le meilleur moyen pour obtenir des résultats tangibles. D’autres associations le démontrent de longue date. En 2013 déjà, le comité central de ForêtSuisse a posé les jalons stratégiques en vue de son évolution en direction de «ForêtSuisse 2021». En 2016, nous peaufinerons les détails de notre stratégie globale et préparerons ou renouvelleront les documents qui l’accompagnent, dans le prolongement des décisions de 2013. Je me réjouis d’être à vos côtés pour réaliser la suite du chemin entrepris avec un engagement sans failles!

Christoph Starck, directeur de Lignum

Le nouveau logo me plaît et je trouve bien que les associa-tions cantonales le reprennent, et qu’il serve de base com-mune à l’association faîtière.

Geri Kaufmann, directeur de l’Association soleuroise des bourgeoisies et des propriétaires forestiers (BWSO)

L’approbation unanime par les délégués de la nouvelle identité visuelle est une marque de confiance. Cela n’a rien d’étonnant car le projet a été bien géré à l’interne. La reprise du logo par la BWSO sera difficile, du fait que notre association représente l’ensemble des intérêts des bourgeoisies. Les discussions sont en cours …

Christian Ley, ingénieur forestier retraité de la Ville de Lucerne et ancien membre du comité d’Economie forestière Suisse

J’aurais conservé l’ancien logo.Manuel Studer, codirecteur de l’agence StuderGuldin qui a créé le logo

La présentation de ForêtSuisse apporte une identité visuelle commune à tous les propriétaires forestiers de Suisse. Le logo et son volume formé par le chevauche-ment des deux surfaces symbolise une organisation qui s’engage sur de multiples plans. Le logo dit tout ForêtSuisse en un dessin, avec le bosquet stylisé pour la forêt et la croix pour la Suisse.

Markus Ulber, expert en planification du territoire chez Pro Natura

L’ouverture thématique de l’association est un signal positif. La forêt n’est pas qu’un facteur économique. L’avenir montrera s’il est possible que nous défendions ensemble certaines positions de Pro Natura.

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Association des propriétaires forestiersForêtSuisse Rosenweg 14CH-4501 Solothurntél. +41 32 625 88 00Fax +41 32 625 88 [email protected]

SéCURIté

Nouvelle solution de branche Forêt

Nous y voilà – depuis le 1er décembre 2015, la nouvelle

solution de branche Forêt recertifiée est, dans les trois

langues nationales, à disposition de toutes les exploitations

forestières.

«L’ancienne» solution de branche (1997 jusqu’à 2014) n’est plus en vigueur. Plus de 50 exploitations forestières (état au 20 dé -cembre) ont adopté la version actuelle.

ForêtSuisse recommande à toutes les exploitations forestières de rejoindre la solution de branche Forêt en vigueur.

Inscription et informations:www.branchenloesung-forst.ch/fr

NOUvELLE IdENtIté

L’EFS s’efface en faveur de ForêtSuisse

Le changement de nom est devenu effectif au 1er janvier 2016.

depuis le 1er janvier 2016, l’association des propriétaires forestiers s’appelle «ForêtSuisse», nouvelle identité qui rem-wplace Economie forestière Suisse (EFS). Ce nouveau nom, c’est aussi tout un programme: l’association s’ouvre à de nouveaux enjeux et souhaite, à l’avenir, représenter et débattre des intérêts des propriétaires forestiers dans toutes les questions qui concernent la forêt en géné-ral. La revue LA FORÊT, dans son édition de

décembre, vous a rendu compte des déci-sions prises à l’occasion de l’assemblée des délégués et de la révision de la stratégie de l’association des propriétaires forestiers à laquelle sont affiliées 22 associations can-tonales; celles-ci vont également, dans un avenir plus ou moins proche, adapter leur identité à celle de leur association faî-tière nationale, ce qui n’était pas le cas auparavant. Au printemps enfin, la page internet, revue de fond en comble, sera, en tant que plateforme d’information développée en faveur des propriétaires, des professionnels et personnes intéres-sées par la forêt, accessible sur le domaine www.foretsuisse.ch.

ForêtSuisse demeure aussi l’éditeur des deux revues spécialisées «LA FORÊT» et «WALD und HOLZ». A ce propos, veuillez s’il vous plaît prendre note des nouvelles coordonnées et courriels de vos contacts en page Sommaire-Impressum.

PETITES ANNONCES

Homme suisse 28 ans CFC mécano agricole + forestier-bûcheron, permis camion & remorque en formation, cherche emploi chauffeur grumier ou autres. Contact: tél. 079 730 01 64 Bâtiments en rondins toutes dimensions, fustes ou poteaux-poutres selon projet. Contact: Alibert Sàrl, 1616 Attalens, tél. 079 680 05 88 A vendre bois de feu scié – hêtre – en ballot – livré ou à chercher sur place, homme aussi disponible pour divers travaux, aménagement extérieur. Contact: tél. 079 481 08 35 A vendre petite grue à fumier, fixation 3-points arrière, avec prise de force, le tout en parfait état, pour 1000 francs. Contact: tél. 079 408 61 73 A vendre JCB Fastrac, 170 cv, 4000 h, avec frein à air, plaque à neige, relevage + pdf frontaux, en très bon état. Contact: tél. 079 320 77 61 A vendre GPS, tablettes solides, PDA, solutions géomatiques, pour les forestiers. Contact: tél. 079 403 18 41

La nouvelle solution de branche Forêt peut être téléchargée en français sur le site www.branchenloesung-forst.ch/fr.

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