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    http://www.theatredu

    nord.fr/index.php?opt

    ion=com_flexicontent

    &view=items&cid=4%

    3Atheatre&id=205%3

    Ala-vie-est-un-

    reve&Itemid=3

    Docteur Vargas & mister Llosa

    Les deux visages dun mme crivain. Dun ct, tel quil apparat

    dans Les cahiers de don Rigoberto, empreint dun sourire amer et

    doux, au fil des 400 pages dune fantaisie libertine et amoureuse ;

    de lautre, la gravit terrifie quand il narre, dans Lituma dans les

    Andes, les drames qui stigmatisaient la sierra pruvienne autour

    des annes 80-90 : misre, superstitions et folie de la gurilla

    maoste.

    Don Rigoberto est un grand

    bourgeois limnien, esthte,

    rotomane et graphophane. Il

    sest spar de sa seconde pouse Lucrecia aprs quil eut appris que

    celle-ci (nouvelle Phdre, souriante et panouie) lavait tromp avec

    son jeune beau-fils. En fait, il est plus amoureux delle que jamais et

    sublime cette preuve de la sparation en se livrant corps et me aux

    dlices de rveries raffines et perverses. Puissance du fantasme : il

    en viendra affirmer, retournant le titre de la pice de Calderon de

    la Barca, La vie est un songe (pice que je suis all voir Lille ce

    vendredi 16 novembre) que le songe est la vie . Pendant ce

    temps, le beau-fils Alfonsito (un Hippolyte vraiment

    jeune et prcoce) multiplie les stratagmes (dautres

    perversions : tel pre, tel fils ?) pour que Lucrecia

    revienne au domicile conjugal.

    On comprend vite que le roman alterne compte-rendu du rel (les visites de

    Fonfon chez Lucrecia et le rapport de ses

    lucubrations autour du peintre viennois

    dcadent Egon Schiele) et les fantaisies

    gotistes que don Rigoberto consigne par crit

    dans ses cahiers secrets (pas si secrets que cela).

    Les lucubrations dAlfonsito ? Mettre en scne

    Lucrecia, Justiniana sa femme de chambre et lui-

    mme, recomposant en tableaux vivants des

    uvres choisies dEgon Schiele, peintre quil affirme tre son double.

    Les trois reproductions ci-contre vous laissent imaginer lesprit retors

    et candidement pervers de notre collgien (vous voyez le tableau :

    cest le cas de le dire !).

    Les crits de don Rigoberto ?

    Des lettres (sans doute jamais envoyes) et diatribes o il rgle des comptes avec : les cologistes,

    les fministes, les sportifs, les membres du Rotary-club, les lecteurs de Playboy, les bureaucrates,

    leur reprochant essentiellement leur moutonnerie et leur soumission au pluriel associatif etcollectiviste (don Rigoberto fuit les embrigadements, par individualisme, esthtisme et un certain

    http://www.theatredunord.fr/index.php?option=com_flexicontent&view=items&cid=4%3Atheatre&id=205%3Ala-vie-est-un-reve&Itemid=3http://www.theatredunord.fr/index.php?option=com_flexicontent&view=items&cid=4%3Atheatre&id=205%3Ala-vie-est-un-reve&Itemid=3http://www.theatredunord.fr/index.php?option=com_flexicontent&view=items&cid=4%3Atheatre&id=205%3Ala-vie-est-un-reve&Itemid=3http://www.theatredunord.fr/index.php?option=com_flexicontent&view=items&cid=4%3Atheatre&id=205%3Ala-vie-est-un-reve&Itemid=3http://www.theatredunord.fr/index.php?option=com_flexicontent&view=items&cid=4%3Atheatre&id=205%3Ala-vie-est-un-reve&Itemid=3http://www.theatredunord.fr/index.php?option=com_flexicontent&view=items&cid=4%3Atheatre&id=205%3Ala-vie-est-un-reve&Itemid=3http://www.theatredunord.fr/index.php?option=com_flexicontent&view=items&cid=4%3Atheatre&id=205%3Ala-vie-est-un-reve&Itemid=3http://www.theatredunord.fr/index.php?option=com_flexicontent&view=items&cid=4%3Atheatre&id=205%3Ala-vie-est-un-reve&Itemid=3http://www.theatredunord.fr/index.php?option=com_flexicontent&view=items&cid=4%3Atheatre&id=205%3Ala-vie-est-un-reve&Itemid=3http://www.theatredunord.fr/index.php?option=com_flexicontent&view=items&cid=4%3Atheatre&id=205%3Ala-vie-est-un-reve&Itemid=3http://www.theatredunord.fr/index.php?option=com_flexicontent&view=items&cid=4%3Atheatre&id=205%3Ala-vie-est-un-reve&Itemid=3http://www.theatredunord.fr/index.php?option=com_flexicontent&view=items&cid=4%3Atheatre&id=205%3Ala-vie-est-un-reve&Itemid=3http://www.theatredunord.fr/index.php?option=com_flexicontent&view=items&cid=4%3Atheatre&id=205%3Ala-vie-est-un-reve&Itemid=3http://www.theatredunord.fr/index.php?option=com_flexicontent&view=items&cid=4%3Atheatre&id=205%3Ala-vie-est-un-reve&Itemid=3http://www.theatredunord.fr/index.php?option=com_flexicontent&view=items&cid=4%3Atheatre&id=205%3Ala-vie-est-un-reve&Itemid=3
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    anarchisme quil naimerait gure quon qualifie de droite, puisque ce serait l le ranger dans une

    catgorie).

    Des scnarios rotiques, produits de fantasmes divers, o don Rigoberto simagine en voyeur, ou

    ftichiste (les petites culottes, les pieds, les oreilles, les genoux arrondis et, leur envers, le creux

    poplit, ainsi que les coudes sphriques) et o il imagine Lucrecia en travestie, allumeuse de

    vieillards et de jouvenceaux, saphique (par contre, lui, ne peut pas simaginer autrement quhtro et

    monogame) On se demande si ces diverses expriences ont t vcues jusqu cet aveu dans

    lpilogue, Lucrecia qui sait tre reste chaste tout le temps de

    leur sparation et qui tombe des nues : En ralit, tu as couch

    avec beaucoup de personnes toute cette anne. Scnarios

    souvent dclenchs par des souvenirs de lecture : ainsi La vie brve

    de Juan Carlos Onetti (qui met en scne un docteur Diaz Grey, avant

    quon en imagine 50 autres nuances !)

    Entre autres scnarios : un inconnu et Lucrecia,

    enduite de miel, qui jouit sous les coups de languedune porte de chatons.

    Divers souvenirs et penses, matriau dcouvert et lu par notre espigle Fonfon dont il va fabriquer

    des lettres anonymes. Au hasard, des extraits de lettres censes tre crites ici par Lucrecia :

    (Ton nom) me sduit et maffole. Rigoberto ! Je suis le petit point sur le i, la queue du g et

    la cornette du r. (sign : la ftichiste des noms)

    Jaime tes oreilles volantes et ton nez dHomme-Elphant. Oui, mon oreillette, oui, ma

    narinette, oui, mon Pipinocchio : toi, toi

    Je suis prte te plaire aussien soubrette. Macceptes-tu comme gte-saucette ? Toute

    toi, toi, ta bonnichette aux jolis petons.

    Roman gentiment rotique donc, coquin, trs crbral, clbrant le pouvoir de la vie imagine, o

    toutes les audaces sont permises. Une ode au libertinage conjugal, au marivaudage esthte et

    prcieux.

    Agaant peut-tre, irritant aussi, quelquefois. Il y a un peu de vacuit dans ce huis-clos rassemblant

    une quadra qui a la beaut des femmes mres (une MILF Mother I'd Like to Fuck ?), un Chrubin

    qui on ne donnerait pas le bon Dieu sans confession et un

    sexagnaire. Comme Vargas Llosa au moment de la sortie du livre

    en 1996 : y aurait-il une part dautobiographie dans ce romanquon peut qualifier dapprentissage ? En tout cas, il est connu

    que lauteur, paralllement sa vie publique, a men une vie

    prive en dehors des sentiers battus : en premire noce, il pouse

    sa tante (par alliance) puis se marie avec sa cousine germaine.

    Un trio qui se garde de tomber dans la vulgarit gauloise de

    cette partie carre chez les Boudin et les Bouton (et non chez les

    Boudon et les Boutin, Dieu len garde !), chante par Yvette

    Guilbert (1865 1944).

    http://www.youtube.com/watch?v=LsViv1ScR7U

    http://www.youtube.com/watch?v=LsViv1ScR7Uhttp://www.youtube.com/watch?v=LsViv1ScR7Uhttp://www.youtube.com/watch?v=LsViv1ScR7U
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    Il y a du plaisir (solitaire ?) lire ce livre comme une ode rvrencieuse la beaut fminine,

    comme pouvaient en crire les crivains libertins du XVIIIe sicle. Quelques exemples :

    Sa trs belle belle-mre, cette Lucrecia la croupe digne des anciens autels babyloniens et

    qui suscite, chez les hommes la mme adoration

    Elle laissa tomber sa robe de chambre ; la soie glissa sur

    son corps comme une caresse sifflante. Rond et

    chiffonn son peignoir couvrait ses chevilles comme

    une fleur gante.

    Quelle est belle ! pensa-t-il. Son corps aux seins

    durs et aux hanches gnreuses, aux fesses et cuisses

    bien galbes, touchait cette limite quil admirait par -

    dessus tout dans une silhouette fminine : labondance

    qui suggre, en lesquivant, lindsirable obsit.

    Il y a du plaisir encore voir dcrit, et avec quel art !, tel ou tel tableau de Schiele, Klimt, ou

    Balthus Mario Vargas Llosa applique ici les rgles de lekphrasis, genre littraire consistant

    voquer un objet ou une uvre d'art, relle ou fictive, par une description souvent e nchsse dans

    un rcit. Je signale en passant une trs belle collection sous ce nom (Ekphrasis) aux ditions Invenit

    (un diteur du Nord).

    http://www.invenit-editions.fr/index.php?option=com_virtuemart&Itemid=17

    Il y a du plaisir enfin se frotter lcriture de Mario Vargas Llosa, admirablement rendue par la

    traduction dAlbert Bensoussan. Notamment dans ces pages o, avec art, il brouille les strates

    temporelles dans une manire de narration cubiste qui est sa marque propre et quil a

    exprimente ds sa premire uvre publie (Les cads, 1959). Dans lexemple ci-dessous (p. 22-23),

    deux moments sont entremls, tous deux sans doute fantasms : il y a celui qui met en scne

    Lucrecia et un inconnu, et celui, ultrieur, ou les deux ex-poux revivent le premier moment.

    La musique baroque, au brusque diapason, provenait du mme coin do jaillet,

    imprieuse, la voix sche :

    Dshabille-toi.

    Srement pas, protesta doa Lucrecia. Moi l, avec toutes ces bestioles ? Plutt mourir, je

    les dteste.Il voulait que tu fasses lamour avec lui au milieu des chatons ?

    Don Rigoberto ne perdait une seule des volutions sur le moelleux tapis. Son cur

    commenait souvrir et la nuit de Barranco sortir de la brume et vivre.

    Imagine un peu, murmura-t-elle, sarrtant une seconde puis reprenant sa ronde. Il

    voulait me voir nue au milieu de ces chats. Alors quils me dgotent ! Jen suis toute

    hrisse ce seul souvenir.

    Don Rigoberto commena percevoir leurs silhouettes, ses oreilles purent entendre les

    faibles miaulements de la chatte.

    Viens, viens ici, ordonna lhomme dans le coin, doucement.

    En mme temps, il dut monter le volume car c lavecins et violons senflrent son oreille.

    Pergolse, reconnut don Rigoberto.

    http://www.invenit-editions.fr/index.php?option=com_virtuemart&Itemid=17http://www.invenit-editions.fr/index.php?option=com_virtuemart&Itemid=17http://www.invenit-editions.fr/index.php?option=com_virtuemart&Itemid=17
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    Mais le Vargas Llosa que je prfre, cest celui qui se rvle dans

    Lituma dans les Andes. Nous navons plus ici affaire avec la veine

    intimiste de cet auteur. Plus question de roman dalcve et de

    salon. Avec ce roman, on peut parler cette fois dun roman du

    Prou : social, historique et tnbreux.

    Social dabord. Le brigadier Lituma, n Piura sur la cte du

    Pacifique, a t mut dans la montagne (chez les ploucs,

    pourrions-nous dire). Tout pruviens quils sont lun et lautre, il

    ny a pas plus tranger un costeo quun serrano. A Lima et sur

    la cte, on est blanc ou crole. Dans la province de Junin o se

    passe le roman, on est un Indien. Mario Vargas Llosa sait de quoi il

    parle : il a pass huit ans de sa petite enfance Cochabamba, dans

    les Andes boliviennes. Une fois revenu la capitale, sur la cte

    pacifique, il sest rgulirement plaint dtre moqu par ses

    camarades de classe pour son accent serrano. Le long de locan Pacifique, on est urbain, catholique

    romain, hispanophone et extraverti. Dans la sierra, on est paysan, taciturne, de langue indigne

    (quechua, en premier lieu) et dun catholicisme syncrtique, toujours empreint du paganisme

    ancestral. La sierra, cest le travail de la mine, des dplacements interminables et hasardeux sur des

    routes, quand elles existent, pierreuses et embourbes, cest le froid des nuits glaciales, cest une

    misre qui nous renvoie au Moyen-ge, ce sont les tristes beuveries au fond de lunique gargote dun

    village sans femmes. On comprend les imprcations que Lituma lance face limmensit andine :

    Fants de pute de vrole de cul ! rugit-il alors de toutes ses forces. Montagnards de

    merde ! Superstitieux, idoltres, salauds dIndiens, fils de putain de mes deux !

    (en V.O.) Jijunagrandisimas! rugio entonces, con todas sus fuerzas. Serranos de

    mierda! Supersticiosos, idlatras, indios de mierda, hijos de la grandsimaputa!

    Roman historique ensuite quand il narre

    laventure calamiteuse de la gurilla du

    Sentier lumineux des annes 80-90. A

    quatre moments, dans le roman, Mario

    Vargas Llosa nous fait vivre lirruption

    froide et meurtrire de commandos

    terroristes : y laisseront la vie Michle etAlbert, couple de touriste (venus de

    Cognac, plein de rve : Le Prou, cest le

    Prou ! ) ; Hortense dHarcourt

    (cologiste et scientifique, cas typique de lintellectuel qui trahit son peuple , selon les critres du

    gurillero sentiriste), et dautres, plus anonymes mais non moins victimes. Terrible description que

    donne Vargas Llosa du Sendero luminoso : des hommes jeunes, des garons, des femmes, des

    enfants, quips de mitraillettes, fusils, btons, frondes). Leur chef :

    un jeune au regard dur, avec lexpression de quelquun qui a beaucoup souffert et qui a

    une grande haine.

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    El Tio : statue dun diable faonne par

    les ouvriers dune mine des Andes.

    Chaque fois la mme arrive froide, la chasse lhomme, un simulacre de procs populaire , la

    dlation exige de la part de la population, la furie cathartique qui en dcoule, les excutions par

    lapidation.

    Roman tnbreux enfin. Au sens littral du mot : Lituma, et nous

    avec lui, est contraint au fil de son enqute (trois hommes ont disparu

    du village o il est affect, lun aprs lautre) effectuer une descente

    aux enfers. Lenfer de la montagne inhumaine (avec ses tremblements

    de terre et ses huaycos, ou avalanches de pierres), celui du travail de la

    mine do vous ntes jamais sr de remonter la lumire, celui

    surtout des superstitions ancestrales. Partout rodent les mukis

    (suppts de Satan), les pishtacos (vampires qui vous vident de votre

    graisse) et les Apus (les esprits de la montagne). Dans les pages

    nombreuses o Lituma est confront de tels dmons, le roman prend

    des dimensions chtoniennes et telluriques que navaient pas Lescahiers de don Rigoberto.

    Il faut aussi ajouter cela que Mario Vargas Llosa est all puiser la

    source profonde de la mythologie grecque, rcrivant, la manire

    andine, lhistoire dAriane et de Dionysos. Le cabaretier Dionisio est un

    avatar dgrad du dieu grec, ses danseuses ont la folie des Mnades ;

    Adriana est le double abm et inquitant dAriane (souvent nomme

    Ariadna) : elle pouse dabord son Thse elle, Timoteo Fajardo, qui la

    sauve dun pishtaco, hantant les grottes de la montagne comme le

    Minotaure le Labyrinthe (je vous laisse dcouvrir quel fil dAriane Vargas

    Llosa, qui sait tre truculent, imagine) ; puis elle finit par sinstaller avec

    notre Dionisio Naccos, le village o est affect Lituma, transposition

    vidente de lle de Naxos o lAriane grecque finira ses jours. Dans la

    lgende, Dionysos offre Ariane comme diadme la couronne borale. Chez Vargas Llosa, Dionisio

    pourrait passer pour aussi gnreux, mais son cadeau est de pacotille puisque la couronne borale

    nest pas visible dans lhmisphre sud !

    La nuit du second jour, Dionisio me fit grimper une cte et me

    montra le ciel. Tu vois ce petit groupe dtoiles, l, qui forment

    une couronne ? Elles se dtachaient plus clairement que les

    autres. Oui, je les vois. Cest mon cadeau de mariage.

    Lituma dans les Andesnest pas que cela, social, historique et tnbreux. Cest aussi un roman qui

    dpeint formidablement la majest des paysages de la sierra pruvienne. Ainsi les nuits toiles :

    des milliers, des millions dtoiles, de toute taille, scintillant autour de cette jaune

    circonfrence qui ne semblait briller que pour lui. Il navait jamais vu de lune aussi pleine.Jamais il navait vu de nuit aussi toile, paisible et douce.

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    Une Piurane, comme

    Mercedes

    Et lclat du soleil aprs les orages diluviens :

    Soudain la pluie cessa et, aussitt, lextrieur sillumina dun soleil de midi. Lituma pouvait

    voir un arc-en-ciel couronnant les crtes qui entouraient le campement, au-dessus de la fort

    deucalyptus. Toute la terre, imbibe de flaques et de ruisselets qui brillaient, semblait demercure. Et voil, lhorizon de la cordillre, o les pierres et le ciel se touchaient, cette

    trange coloration, mauve ou violette, quil avait vu reproduite sur tant de jupes et d e capes

    dIndiennes, et qui tait pour lui la couleur mme des Andes, de cette sierra si mystrieuse, si

    violente.

    Une fte dans un village des Andes Un paysage de la Cordillre argentine Un projet de pochette pour ledisque (45 tours - 1970) dun ensemble auquel, jadis, jai particip (souvenir mu).

    Enfin, ce qui ne gte rien, Lituma dans les Andes est aussi un truculent

    roman damour: lamour que Tomasito, ladjoint de Lituma, porte

    Mercedes (il a tu pour elle, il a jur dtre dfinitivement monogame, il lui

    laisse ses 4000 dollars dconomie un amour quil (re)vit dans le rcit quil

    en fait, chaque nuit, son suprieur avant de sombrer dans un sommeil oil se laisse aller pleurer. Dcidment, Les costeos et Lituma en est un ne

    peuvent le comprendre : dcouvrir le grand amour 23 ans, puceau, et

    brler de cet amour de la manire la plus romantique qui soit ! Il y a de

    lenvie dans ce commentaire machiste quadresse le chef son adjoint :

    Cette femme ne te convenait pas. Elle taurait fait porter les cornes mme

    avec des curs et des tapettes. Ctait une libre, ce quil y a de plus dangereux comme

    femme. Cest une chance que tu ten sois dbarrass

    Pour tre complet (si lon peut ltre), je dois ajouter que Lituma dans les Andes peut aussi tre lu

    comme un roman policier. A Naccos, trois hommes ont disparu lun aprs lautre. Le brigadier ira

    jusquau bout de son enqute, malgr ses propres rticences et son horreur grandissante devant ce

    quil pressent tre la cl de lnigme. Pourquoi une telle obstination ?

    Par conscience professionnelle. Je suis dun naturel fort curieux, et a me dmange de savoir

    ce qui leur est arriv.

    Je ne dvoilerai pas ce que dcouvrira Lituma, me satisfaisant de reproduire ce dessin du pote

    anglais William Blake qui illustre la perfection la citation de ce mme Blake, place en exergue du

    roman, et le roman mme de Vargas Llosa.

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    Cains City built with Human Blood,

    Not Blood of Bulls and Goats

    WILLIAM BLAKE, The Ghost of Abel

    Notre bibliothque de Mosset possde ainsi par bonheur ces deux uvres de

    lcrivain pruvien Mario Vargas Llosa nous permettant de prendre la mesure des deux facettes de

    son talent : le romancier de lamour et de lintime et celui des convulsions sociales et historiques.

    - Les cahiers de don Rigoberto, ditions Gallimard 1998 pour la traduction franaise (400 p.)- Lituma dans les Andes, ditions Gallimard 1996 pour la traduction franaise (316 pages)

    NB1. Sur la personne mme de Mario Vargas Llosa, on peut entendre des avis franchement

    discordants. Ainsi celui dHoracio Ramonet, paru dans Le Monde Diplomatique. Que je vous livre :

    http://www.monde-diplomatique.fr/2010/11/RAMONET/19856

    NB2. Mario Vargas Llosa nest pas le seul crivain proposer une rcriture dun grand mythe du

    fonds lgendaire grco-latin. Dans la mme veine, je pense aux titres suivants :

    Malpertuis (roman fantastique) de l'crivain belge Jean Ray, publi en 1943.

    Le Sang des Atrides ( roman policier) de Pierre Magnan paru en 1977

    La Mort du roi Tsongor, roman de Laurent Gaud publi en 2002

    Et au cinma : OBrother (O Brother, Where Art Thou?), un road movie et comdie franco-amricano-

    britannique, ralis par Joel Coen et sorti en 2000

    Ailleurs quau Prou, le 22 janvier 2013,

    Avec mes meilleurs vux

    http://www.monde-diplomatique.fr/2010/11/RAMONET/19856http://www.monde-diplomatique.fr/2010/11/RAMONET/19856http://fr.wikipedia.org/wiki/Fantastiquehttp://fr.wikipedia.org/wiki/Culture_de_la_Belgiquehttp://fr.wikipedia.org/wiki/Jean_Rayhttp://fr.wikipedia.org/wiki/1943_en_litt%C3%A9raturehttp://fr.wikipedia.org/wiki/Roman_policierhttp://fr.wikipedia.org/wiki/Pierre_Magnanhttp://fr.wikipedia.org/wiki/1977_en_litt%C3%A9raturehttp://fr.wikipedia.org/wiki/Laurent_Gaud%C3%A9http://fr.wikipedia.org/wiki/2002_en_litt%C3%A9raturehttp://fr.wikipedia.org/wiki/Road_moviehttp://fr.wikipedia.org/wiki/Joel_et_Ethan_Coenhttp://fr.wikipedia.org/wiki/2000_au_cin%C3%A9mahttp://fr.wikipedia.org/wiki/2000_au_cin%C3%A9mahttp://fr.wikipedia.org/wiki/Joel_et_Ethan_Coenhttp://fr.wikipedia.org/wiki/Road_moviehttp://fr.wikipedia.org/wiki/2002_en_litt%C3%A9raturehttp://fr.wikipedia.org/wiki/Laurent_Gaud%C3%A9http://fr.wikipedia.org/wiki/1977_en_litt%C3%A9raturehttp://fr.wikipedia.org/wiki/Pierre_Magnanhttp://fr.wikipedia.org/wiki/Roman_policierhttp://fr.wikipedia.org/wiki/1943_en_litt%C3%A9raturehttp://fr.wikipedia.org/wiki/Jean_Rayhttp://fr.wikipedia.org/wiki/Culture_de_la_Belgiquehttp://fr.wikipedia.org/wiki/Fantastiquehttp://www.monde-diplomatique.fr/2010/11/RAMONET/19856