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Chapitre 5 Mobilité sociale et égalité des chances Ce que dit le programme Comment rendre compte de la mobilité sociale ? INDICATIONS COMPLÉMENTAIRES : Après avoir distingué la mobilité sociale intergénérationnelle d’autres formes de mobilité (géographique, professionnelle), on se posera le problème de sa mesure à partir de l’étude des tables de mobilité sociale dont on soulignera à la fois l’intérêt et les limites. On distinguera la mobilité observée et la fluidité sociale et on mettra en évidence l’existence de flux de mobilité verticale (ascendante et descendante) et horizontale. On étudiera différents déterminants de la mobilité et de la reproduction sociale : l’évolution de la structure socioprofessionnelle, le rôle de l’école et de la famille. NOTIONS : Mobilité intergénérationnelle/intra-générationnelle, mobilité observée, fluidité sociale, déclassement, capital culturel, paradoxe d’Anderson. Acquis de première : groupe d’appartenance, groupe de référence ; socialisation anticipatrice, capital social DEFINITIONS DES NOTIONS A CONNAITRE POUR CE CHAPITRE Notions du programme de terminale Capital culturel (à l’état incorporé) : ensemble des valeurs, des normes, des pratiques, des goûts, mais aussi des aptitudes relatives au savoir, qui sont transmis dans l’environnement social (notamment la famille) et sont en adéquation avec la culture légitime. Capital culturel (à l’état institutionnalisé) : ensemble des titres scolaires (diplômes) possédés par un individu et qui détermine la position sociale occupée. Déclassement : incapacité d’un individu à maintenir une position sociale, soit par rapport à ses parents, soit par rapport à son niveau de qualification, soit par rapport à sa situation antérieure. Fluidité sociale : Situation dans laquelle l’accès aux différentes positions sociales est indépendant de l’origine sociale des individus.

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Chapitre 5 Mobilité sociale et égalité des chances

Ce que dit le programme

Comment rendre compte de la mobilité sociale ?

INDICATIONS COMPLÉMENTAIRES : Après avoir distingué la mobilité sociale intergénérationnelle d’autres formes de mobilité

(géographique, professionnelle), on se posera le problème de sa mesure à partir de l’étude des tables de mobilité sociale dont on

soulignera à la fois l’intérêt et les limites. On distinguera la mobilité observée et la fluidité sociale et on mettra en évidence l’existence de flux de

mobilité verticale (ascendante et descendante) et horizontale. On étudiera différents déterminants de la mobilité et de la reproduction sociale : l’évolution de la

structure socioprofessionnelle, le rôle de l’école et de la famille.

NOTIONS : Mobilité intergénérationnelle/intra-générationnelle, mobilité observée, fluidité sociale, déclassement, capital culturel, paradoxe d’Anderson.

Acquis de première : groupe d’appartenance, groupe de référence ; socialisation anticipatrice, capital social

DEFINITIONS DES NOTIONS A CONNAITRE POUR CE CHAPITRE

Notions du programme de terminale Capital culturel (à l’état incorporé) : ensemble des valeurs, des normes, des pratiques, des goûts, mais aussi des aptitudes relatives au savoir, qui sont transmis dans l’environnement social (notamment la famille) et sont en adéquation avec la culture légitime.

Capital culturel (à l’état institutionnalisé) : ensemble des titres scolaires (diplômes) possédés par un individu et qui détermine la position sociale occupée.

Déclassement : incapacité d’un individu à maintenir une position sociale, soit par rapport à ses parents, soit par rapport à son niveau de qualification, soit par rapport à sa situation antérieure.

Fluidité sociale : Situation dans laquelle l’accès aux différentes positions sociales est indépendant de l’origine sociale des individus.

Mobilité intergénérationnelle : Fait d’occuper une position sociale différente de celle de ses parents.

Mobilité intragénérationnelle : Fait de changer de position sociale au cours de sa vie.

Mobilité observée : Mobilité sociale mesurée par les taux absolus de mobilité des tables de mobilité.

Paradoxe d’Anderson : Constat statistique qui démontre qu’on peut avoir un niveau de diplôme supérieur à ses parents sans nécessairement occuper une position sociale supérieure à la leur.

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Acquis de première :

Capital social : Ensemble des relations socialement utiles.

Groupe d’appartenance : Groupe social auquel appartient un individu.

Groupe de référence : Groupe social auquel souhaiterait appartenir un individu. L’individu cherche alors consciemment ou inconsciemment à en acquérir les normes et les valeurs.

Socialisation anticipatrice : forme de socialisation d’un individu souhaitant intégrer un groupe de référence qui n’est pas son groupe d’appartenance par intériorisation des normes et valeurs de ce groupe.

Notions complémentaires :

Hérédité sociale : Fait que la position sociale occupée par les individus soit fortement déterminée par leur origine sociale.

Méritocratie : système d’attribution des places sociales au mérite.

Mobilité géographique : changement de lieu d'habitation qui peut être éventuellement lié à une mobilité professionnelle, mais pas nécessairement.

Mobilité intergénérationnelle verticale (ascendante, descendante) : Fait d’occuper une position sociale supérieure (ascendante) ou inférieure (descendante) à celle de ses parents.

Mobilité intergénérationnelle horizontale : Fait de changer de position sociale par rapport à ses parents mais sans que la place dans la hiérarchie sociale ne soit modifiée.

Mobilité nette : Mobilité sociale qui ne s’explique pas par l’évolution de la structure socioprofessionnelle et qui peut être considérée comme une mesure de la fluidité sociale.

Mobilité professionnelle : Changement de situation face à l’emploi (emploi, chômage, inactivité) ou de profession. Peut s’accompagner d’une mobilité sociale, mais pas nécessairement.

Mobilité structurelle : Mobilité sociale contrainte par l’évolution de la structure socioprofessionnelle entre la génération des pères et celle des fils.

Origine sociale : Milieu social dont est issu un individu ; dans les tables de mobilité, elle est mesurée par le groupe socioprofessionnel du père.

Reproduction sociale : Fait d’occuper un statut social identique à celui de ses parents.

Structure socioprofessionnelle : Poids représenté par les différents groupes socioprofessionnels dans le total des actifs.

Trajectoire sociale : Différentes positions sociales occupées par un individu au cours de sa vie ou par rapport aux générations précédentes au sein de sa famille.

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Sujets de bac possibles :

Dissertation → L'école favorise-t-elle la mobilité sociale ?→ Quel rôle joue la famille dans la mobilité sociale ?→ Quels sont les déterminants de la mobilité sociale en France ?

Epreuve composée Partie 1→ Montrez que le paradoxe d'Anderson peut mettre en évidence une forme de déclassement.→ Distinguez la mobilité observée de la fluidité sociale.→ Quelle relation peut-on établir entre déclassement et paradoxe d'Anderson ?→ Montrez qu'une partie de la mobilité sociale peut s'expliquer par l'évolution de la structure socio-

professionnelle.→ Distinguez, en les illustrant, la mobilité intergénérationnelle de la mobilité intragénérationnelle.→ En quoi le capital culturel peut-il être un frein à la mobilité sociale ?

Epreuve composée partie 2 → Vous présenterez le document puis montrerez comment évolue la fréquentation des musées.→ Vous présenterez le document puis vous comparerez la répartition des étudiants dans les différentes

filières selon l'origine sociale.

Epreuve composée Partie 3 → Montrez les effets de l'évolution de la structure par catégories socioprofessionnelles sur la mobilité

sociale.→ Vous démontrerez que la famille peut constituer un frein à la mobilité sociale des individus.→ Vous montrerez que l'école ne parvient pas toujours à assurer une mobilité sociale.

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Introduction : l’importance de l’analyse de la mobilité sociale dans une société démocratique

Nous avons vu dans le chapitre 4 que les inégalités économiques et sociales forgent les contours de groupes sociaux, voire de classes sociales. Autrement dit, la société est hiérarchisée : certains groupes sont en haut de la hiérarchie, d’autres en bas. Dans ce chapitre, on va s’interroger sur les possibilités de déplacement au sein de cette hiérarchie sociale : est-il possible de « monter » facilement ou de « descendre » facilement ? Les statuts sont-ils assignés ou acquis ? Peut-on parler d’une réelle égalité des chances ? Comment peut-on expliquer que ces déplacements dans l'échelle sociale, ou au contraire les phénomènes de reproduction des statuts hérités de la génération précédente ? Le niveau de la mobilité observée ne dépend-il pas principalement de l’évolution de la structure socio-professionnelle. ?Ces questions sont liées au phénomène que l’on nomme la mobilité sociale.

Deux raisons essentielles pour étudier la mobilité sociale.

1. « La mobilité (ou son contraire) est essentielle pour juger de la pertinence de la notion de classe sociale puisque l’immobilité sociale est une dimension essentielle de l’identité temporelle. Une autre façon de considérer le même problème consiste à dire que, plus un système de classe est fortement constitué, plus il doit exister de résistance aux échanges entre classes, notamment d’une génération à l’autre : une société aux frontières de classe étanches est une société où la classe sociale assigne le destin des générations futures. » Louis Chauvel, sociologue, 2001. Donc le premier intérêt à analyser la mobilité sociale est d’enrichir le débat sur l’existence ou la disparition des classes sociales.

2. Les sociétés contemporaines sont caractérisées par ce qu'on pourrait appeler un idéal démocratique : il n'y a pas d'inégalités de droit, et les inégalités existantes doivent être le fruit d'une juste compétition. Dit autrement : les sociétés contemporaines ont pour valeur l'égalité des chances. L’idée est que les inégalités seraient tolérables si l’accès de chacun aux positions sociales les plus valorisées relève du mérite et non de l’origine sociale (statuts acquis et non assignés).

Il s’agira alors, avant d’observer ce phénomène en France dans les 50 dernières années, de cerner ses enjeux, de définir ses formes et de s'interroger sur sa mesure : de quels instruments dispose-t-on pour observer la mobilité ? On se familiarisera alors avec les tables de mobilité et on mettra en évidence leurs limites pour mesurer le phénomène de mobilité sociale.Il s’agira dans un deuxième temps de savoir si la mobilité existe dans la société française aujourd'hui, et si elle est plutôt ascendante ou descendante : on cherchera alors à savoir si le sentiment, éprouvé par certains individus ou groupes sociaux, que les possibilités d'ascension sociale sont bloquées, est aujourd'hui vérifié.Enfin, on s'intéressera aux facteurs qui favorisent ou empêchent la mobilité sociale, et notamment à l'interaction entre la socialisation familiale et la socialisation scolaire.

Commençons par préciser l’étude de quelle forme de mobilité sociale nous allons privilégier dans ce chapitre.

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Exercice polycopié n°11) Remplissez le schéma ci-dessous avec les expressions suivantes en vous aidant du document 4 p.211.Mobilité sociale – mobilité intragénérationnelle– mobilité verticale – ascendante – mobilité horizontale – mobilité intergénérationnelle2) A votre avis, quelle est la forme de mobilité qui sera étudiée en priorité dans ce chapitre ? Pour quelle raison ?

1)

2) Mobilité intergénérationnelle verticale. C’est celle qui a le plus d’enjeux politiques car elle renvoie à la question de l’égalité des chances dans une société démocratique. En effet, même si les autres formes de mobilité sont intéressantes, il y a un enjeu majeur à évaluer la part des individus qui ont changé de catégorie sociale par rapport à leurs parents, et la part qui a changé pour s'élever dans la hiérarchie sociale.

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Exercice polycopié n°2Mobilité

géographiqueMobilité

professionnelle ou intra-

générationnelle

Mobilité intergénéra

tionnelle

Mobilité horizontale

Mobilité verticale

Mobilité ascendante

Mobilité descendante

Une femme active connaît une promotion dans son entreprise et elle doit déménager de Province à Paris

x x ? ?

Une fille d’ouvrière devient caissière x xUn homme actif décroche son premier CDI dans l’informatique après y avoir longtemps travaillé en intérimUn paysan sans terre du Portugal vient s’installer en France pour y être maçon à son compte

x x x x

Suite à un licenciement économique, un actif de 45 ans, directeur d’agence bancaire, est contraint d’accepter un emploi de chef de rayon dans un supermarché

x x x

Un fils d’employé devient professeur x x xUn fils de professeur devient professeurUn homme au foyer dont la femme avait dû déménager dans une autre ville il y a un an pour raisons professionnelles et qui va la rejoindre pour s’installer avec elle avec les enfants

x

Un ingénieur se reconvertit comme professeur de mathématiques x x

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1. Les tables de mobilité : un outil pour analyser la réalité de l’égalité des chances

Voir TD pour les techniques d’analyse des tables de mobilité sociale.

TD sur l’interprétation des tables de mobilité sociale

I) Construction et lecture des tables de mobilité

Les tables de mobilité sont construites à partir de l’enquête Formation et qualification professionnelle (FQP) de l’Insee. Deux questions de cette enquête sont utilisées pour construire les tables. Elles concernent des hommes âgés de 40 à 59 ans. Les voici :

Quelle est votre situation professionnelle ? Quelle était la situation professionnelle de votre père lorsque vous aviez 20 ans ?

On peut alors croiser dans un tableau à double entrée la position sociale du fils et celle de son père ; ce tableau est appelé « table de mobilité sociale ».

Dominique Goux et Eric Maurin proposent un découpage de la structure sociale en trois groupes : les catégories supérieures comprennent les cadres et professions intellectuelles supérieures ; les catégories intermédiaires regroupent les artisans, commerçants, chefs d'entreprise et les professions intermédiaires ; les catégories populaires représentent les agriculteurs, les employés et les ouvriers.

Tableau 1En milliers Catégorie socioprofessionnelle du pèreCatégorie socioprofessionnelle

du filsCatégories

supérieuresCatégories

intermédiairesCatégories populaires

Ensemble

Catégories supérieures 310 455 553 1 318Catégories intermédiaires 189 710 1 410 2 309Catégories populaires 505 2 824Ensemble 1 670 4 787

D’après les données de l’Insee, 2003.

1) A partir de la table de mobilité en données brutes (document 3 p.213 du manuel), complétez le tableau ci-dessus.

En milliers Catégories socioprofessionnelles du pèreCatégorie socioprofessionnelle du fils

Catégories supérieures

Catégories intermédiaires

Catégories populaires

Ensemble

Catégories supérieures 310 455 553 1 318Catégories intermédiaires 189 710 1 410 2 309Catégories populaires 91 505 2 824 3 420Ensemble 590 1 670 4 787 7 047

D’après des données de l’Insee, 2003.

2) Faites une phrase avec chacune des données soulignées.

D’après l’Insee, en France, en 2003, on comptait 455 000 hommes âgés de 40 à 59 ans issus des catégories intermédiaires et qui sont devenus membres des catégories supérieures.D’après l’Insee, en France, en 2003, on comptait 1 670 000 hommes âgés de 40 à 59 ans issus des catégories intermédiaires.D’après l’Insee, en France, en 2003, on comptait 2 824 000 hommes âgés de 40 à 59 ans issus des catégories populaires et qui sont restés membres des catégories populaires.D’après l’Insee, en France, en 2003, on comptait 1 318 000 hommes âgés de 40 à 59 membres des catégories supérieures.

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3) Où figurent les individus immobiles, les individus connaissant une mobilité ascendante et les individus connaissant une mobilité descendante ? (Utilisez trois surligneurs de couleur différente).

Immobiles : dans la diagonale : 310 + 710 + 2 824 = 3 844 000En mobilité ascendante : 455 + 1410 + 2 824 = 4 689 000En mobilité descendante : 189 + 91 + 505 = 785 000

4) Parmi les fils issus des catégories supérieures, quelle proportion d’entre eux sont membres des catégories supérieures (calculez la proportion) ? Parmi les individus membres des catégories supérieures, quelle proportion d’entre eux avaient un père dans les catégories supérieures (calculez la proportion) ?

310/590 = 52,5% (destinée)310/1318 = 23,5% (recrutement)

Les tables de mobilité sont des instruments, construits par les sociologues, qui servent à mesurer le degré de mobilité ou d’immobilité sociale. A partir de la table de mobilité en données brutes que l’on vient d’étudier, deux types de tables sont construits :

Les tables de recrutement ou d’origine.→ Il s’agit dans cette table de connaître, dans une catégorie sociale actuelle, l’origine socioprofessionnelle des

individus qui la composent (cette origine socioprofessionnelle est souvent donnée par le groupe socio-professionnel du père).

→ On se pose donc la question : « d’où viennent les individus qui composent une certaine catégorie sociale ? » . On se demande quel est le recrutement social dans une catégorie donnée. Quel est l’origine sociale des individus qui la composent ?

→ Par exemple, on dira : « 88% des agriculteurs sont fils d’agriculteurs, 2% sont fils d’artisans-commerçants-chefs d’entreprise, 1% sont fils de cadre, etc. ».

Les tables de destinée.→ Il s’agit alors de savoir ce que sont devenus les enfants issus de certaines catégories socioprofessionnelles. → On se pose donc la question : « que sont devenus les individus qui proviennent d’une certaine catégorie

sociale ? ». On se demande quel est leur destin social.→ Par exemple, on dira : « 22% des fils d’agriculteurs sont devenus agriculteurs, 6% sont devenus artisans,

commerçants, chefs d’entreprise, 9% sont devenus cadres, 17% occupent une profession intermédiaire, etc.

5) A partir du tableau 1 et en vous aidant de votre réponse à la question 4, construisez la table de destinée et la table de recrutement. Commencez par placer les 100% qui indiqueront le sens de lecture de votre table.

Tableau 2TABLE DE DESTINEE SOCIALE

en % Catégories socioprofessionnelles du père

Catégorie socioprofessionnelle du fils

Catégories supérieures

Catégories intermédiaires

Catégories populaires

Ensemble

Catégories supérieures 52,5 27,2 11,6 18,7Catégories intermédiaires 32,0 42,5 29,4 32,8Catégories populaires 15,4 30,2 59,0 48,5Ensemble 100 100 100 100

D’après les données de l’insee, 2003.Tableau 3

TABLE DE RECRUTEMENT

en % Catégories socioprofessionnelles du père

Catégorie socioprofessionnelle du fils

Catégories supérieures

Catégories intermédiaires

Catégories populaires

Ensemble

Catégories supérieures 23,5 34,5 41,0 100Catégories intermédiaires 8,2 30,8 61,0 100Catégories populaires 2,7 14,8 82,5 100Ensemble 8,4 23,7 67,9 100

D’après les données de l’insee, 2003.

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6) Faites une phrase avec chacune des données des cases grisées de la table de destinée.

D’après l’insee, en France, en 2003, 15,4% des hommes âgés de 40 à 59 ans issus des catégories supérieures sont membres des catégories populaires.D’après l’insee, en France, en 2003, 32,8% des hommes âgés de 40 à 59 ans sont membres des catégories intermédiaires.

7) Faites une phrase avec chacune des données des cases grisées de la table de recrutement.

D’après l’insee, en France, en 2003, 8,4% des hommes âgés de 40 à 59 ans sont issus des catégories supérieures.D’après l’insee, en France, en 2003, 41% des hommes âgés de 40 à 59 ans membres des catégories supérieures sont issus des catégories populaires.

II) Analyse de la mobilité sociale à partir des tablesPour caractériser le degré de mobilité dans notre société, nous allons nous poser plusieurs questions :

1. Les individus ont-ils tendance à reproduire la position sociale de leur père ou ont-ils tendance à en occuper une différente ?

2. Si mobilité il y a, on va se demander si elle doit s’interpréter vraiment comme une progression de la fluidité sociale (situation dans laquelle l’accès aux différentes positions sociales est indépendant de l’origine sociale des individus).

Nous étudierons les deux façons d’aborder cette question : Quelle est la part de cette mobilité observée qui est due à la mobilité structurelle et celle qui est due à la mobilité nette

(mesure de la fluidité sociale) ? Une autre manière d'appréhender la fluidité sociale consiste à se demander si les individus issus de différentes catégories

ont des chances d’accès égales aux catégories les plus valorisées ?

3. L’analyse d’une table de recrutement nous permet-elle de conclure à une réelle égalité des chances (notions de sous-représentation et surreprésentation) ?

Première question : Les individus ont-ils tendance à reproduire la position sociale de leur père ou ont-ils tendance à en occuper une différente ?

8) A partir du tableau 1, déterminez combien il y a d’immobiles.

3 844 000 immobiles. DIAGONALE !!!

9) Déduisez de votre réponse à la question 8, le nombre de mobiles.

7 047 000 – 3 844 000 = 3 203 000 mobiles

10) Calculez la proportion que représentent les immobiles dans le total d’hommes de 40 à 59 ans. En déduire la proportion de mobiles ?

Proportion d’immobiles dans le total des hommes de 40 à 59 ans = 3 844 / 7 047 = 54,5%Proportion de mobiles dans le total des hommes de 40 à 59 ans = 3 203 / 7 047 = 45,5%

11) Quelle est la proportion d’individus connaissant une mobilité ascendante parmi l’ensemble des individus ? Quelle est la proportion d’individus connaissant une mobilité descendante parmi l’ensemble des individus ?

455 + 1 410 + 553 = 2 418 000 hommes de 40 à 59 ans en mobilité ascendante. 34,3% des hommes.785 000 hommes en mobilité descendante. 11,1% des hommes.

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Deuxième question : La mobilité doit-elle s’interpréter comme une progression de la fluidité sociale ? Analyse d’une table de destinée opposant mobilité observée et mobilité nette.

Tableau 4

En milliersEffectif dans la génération des

pères (1)

Effectif dans la génération des

fils (2)

Ecarts positifs (1) – (2)Attention, n’indiquez que les écarts positifs !!!!

Catégories supérieures 590 1 318 -Catégories intermédiaires

1 670 2 309 -

Catégories populaires 4 787 3 420 1 367

12) Remplissez le tableau 4 en raisonnant sur les données du tableau 1 (table en données brutes).

13) Dans le tableau 1, combien y a-t-il d’individus issus des catégories populaires qui sont mobiles (mobilité observée) ?

1 410 + 553 = 1 993 000 hommes issus des catégories populaires sont mobiles.

14) En quoi le tableau 4 permet d'expliquer une grande partie de la mobilité observée dans la question précédente ?

La diminution du nombre de membres des catégories populaires réduit le nombre de places disponibles. Certains fils issus des catégories populaires devront donc nécessairement occuper d’autres positions sociales, d’où leur mobilité. Leur mobilité s’explique donc par un changement de la structure sociale entre la génération des pères et la génération des fils. MOBILITE STRUCTURELLE.

Remarque : Si la structure socio-professionnelle était restée strictement identique d’une génération à l’autre, on devrait avoir autant de mobiles ascendants que de mobiles descendants.

Voir power point « animation mobilité structurelle » diapos 1 à 5.

15) Complétez la phrase suivante avec les données chiffrées qui conviennent : « En 2003, les transformations de la structure sociale ont donc nécessité 1 367 000 changements de position entre la génération des pères et celle des fils (voir tableau 4). Cette mobilité est appelée mobilité structurelle. Or, la table de 2003 comptait 3 203 000 mobiles (voir question 9). On en déduit la mobilité nette = Mobilité totale - mobilité structurelle = 1 836 000 »

Mobilité nette : mobilité qui serait observée s'il n'y avait aucune modification de la structure de la population active entre la génération des pères et celle des fils ; c’est une mesure possible de la fluidité sociale. Plus elle est forte, plus on se rapproche de l’égalité des chances.

16) Résumez vos résultats dans le tableau ci-dessous.Tableau 5

Nombre en milliers Part en %

IMMOBILES 3 844 000 54,5%

MOBILES 3 203 000 45,5%

Dont mobilité structurelle parmi l’ensemble des individus 1 367 000 19,4%

Dont mobilité nette parmi l’ensemble des individus 1 836 000 26,1%

ENSEMBLE 7 047 000 100

Si vous avez les marges d’une table de destinée, vous pouvez analyser la mobilité structurelle. Prendre l’exemple des agriculteurs et des ouvriers. La mobilité structurelle explique principalement la mobilité des catégories en déclin (celles dont les effectifs ont baissé).

Si vous avez une table de destinée sans ces marges, rien ne vous empêche de parler de la mobilité structurelle en expliquant le principe, même si vous n’aurez pas de données chiffrées pour le faire.

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Troisième question : La mobilité doit-elle s’interpréter comme une progression de la fluidité sociale ? Analyse d’une table de destinée en se demandant si l’accès aux différentes positions sociales est indépendant de l’origine sociale des individus ?

Pour les questions 17 à 20, vous devez vous servir du tableau 2 :

17) Quelles sont les chances pour un individu pris au hasard d’être membre des catégories supérieures ?

18,7%.

18) Même question pour un individu issu des catégories supérieures.

52,5%.Les enfants issus de catégories supérieures ont donc plus de chances d’être membres des catégories supérieures qu’ils ne devraient en avoir si on était dans une situation dans laquelle règne l’égalité des chances.

19) Statistiquement parlant, une situation de fluidité sociale parfaite (égalité des chances) signifie que la position sociale occupée par un individu est totalement indépendante de son origine sociale. Quelle serait la probabilité pour un fils issu des catégories populaires d’être membre des catégories supérieures si l’égalité des chances était parfaite ?

Si la distribution était strictement indépendante de l’origine sociale, la probabilité de devenir membres des « catégories supérieures » par exemple devrait être identique quelle que soit l’origine sociale. Celle-ci devrait être de 18,7% puisque 18,7% des fils sont membres des « catégories supérieures ». C’est-à-dire que 18,7% des fils issus des « catégories populaires » deviendraient membres des « catégories supérieures » (or la table nous donne un chiffre de 11,6%).

20) Complétez la phrase suivante : « un fils issu des catégories supérieures a 5 fois plus de chances d’être lui-même membres des catégories supérieures qu’un fils issu des catégories populaires. »

Quatrième question : analyse de la réalité de la fluidité sociale à partir d’une table de recrutement (voir tableau 3)

21) Quelle est la proportion de fils issus des catégories supérieures ?

8,4%.

Ils sont surreprésentés.

22) Quelle est la proportion de fils issus des catégories supérieures parmi les membres de catégories supérieures ? Pourquoi peut-on parler de surreprésentation ?

23,5%.Les fils issus de catégories supérieures sont donc surreprésentés parmi les membres actuels des catégories supérieures.

23) Quelle devrait être la proportion de fils issus des catégories populaires parmi les membres des catégories supérieures si la fluidité sociale était totale ?

Si la distribution était strictement indépendante de l’origine sociale, on devrait trouver la même proportion de fils issus de catégories populaires dans toutes les catégories. Ainsi, parmi les catégories supérieures, on devrait retrouver 67,9% de fils issus de catégories populaires puisque 67,9% des individus sont issus de catégories populaires ; or la table nous indique un chiffre de 41%. Dans tous les groupes, on devrait retrouver 67,9% de fils issus de catégories populaires, or ce n’est pas le cas. Ils sont sous-représentés.

Remarque : fort autorecrutement dans les catégories en déclin. Faible autorecrutement dans les catégories en expansion.

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Exercice polycopié n°3 A partir de la table de mobilité du manuel (documents 3 et 4 p.213)

1) Les chiffres de la ligne (22 - 0,7 - 0,3…) représentent-ils la table de destinée ou la table de recrutement ?

Destinée.

2) Faites une phrase avec les deux données entourées.

22% des fils d’agriculteurs sont devenus agriculteurs.88% des agriculteurs sont fils d’agriculteurs.

3) Calculez la proportion d’individus mobiles à partir du document 3.

(7045 – 1373 – 108 – 263 – 310 – 182 - 252) / 7045 = 64,7%

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4) Calculez la proportion que représente la mobilité structurelle parmi l’ensemble des hommes à partir du document 3.

(1143 – 285) + (870 – 619) + (2998 – 2364) / 7045 = 23,3%

5) En déduire la proportion que représente la mobilité nette dans le total des hommes.

Proportion que représente la mobilité observée = 35,3%Donc proportion que représente la mobilité nette = 35,3 – 23,3 = 12%

6) Comment pourrait-on faire apparaître la mobilité structurelle pour les agriculteurs à partir du document 4 ? Justifiez rigoureusement par des données chiffrées.

En comparant les marges du tableau. Les agriculteurs représentaient 16,2% des pères et ne représentent plus que 4% des fils. Donc 12% des fils d’agriculteurs ont mécaniquement dû changer de position sociale par rapport à leur père en raison de l’évolution de la structure socioprofessionnelle (mobilité structurelle).

7) Que nous indique la diagonale dans la table de destinée ? et dans la table de recrutement ?

Destinée : reproduction sociale.Recrutement : autorecrutement.

8) Remplissez le tableau suivant. Pour déterminer les cas d'ascension, de démotion (mobilité descendante) et de mobilité horizontale, on considérera qu'il y a 3 positions dans la hiérarchie sociale :HAUT = CPISMILIEU = professions intermédiaires-artisans-commerçants-chefs d'entrepriseBAS = ouvriers-employés

En % Fils d’Ouvriers … Fils d’employés... Fils de pères membres des PI

Fils de pères membres des CPIS

… restés dans la même catégorie que leur père = Reproduction sociale

45,8 16,7 32,9 52,5

… devenus autre chose que leur père = mobilité sociale 54,2 83,3 67,1 47,5

Dont ascension sociale 41 56,9 33,3 -Dont démotion sociale - - 26,3 41,2 ou +Dont mobilité « horizontale » 13,2 26,7 7,5 ?

Pour les employés, cette mobilité s’explique notamment par l’entrée des femmes sur le marché du travail. Celles-ci ont occupé massivement les postes d’employés, donc les hommes ont dû « migrer » vers d’autres catégories (c’est une forme de mobilité structurelle).Remarque sur les professions intermédiaires : c’est la catégorie qui connait les flux les plus importants de mobilité verticale. En gros, 1/3 restent membres des PI, 1/3 deviennent cadres, 1/3 deviennent membres des classes populaires.

9) Les trajectoires de mobilité se font-elles sur des trajectoires longues (on gravit plusieurs échelons d’un coup ou on chute de plusieurs échelons) ou sur des trajectoires courtes (on gravit un seul échelon ou on chute d’un seul échelon) ? Justifiez par des exemples et données chiffrées pertinents.

Trajectoires courtes. Les 55% de fils d’ouvriers qui connaissent une mobilité connaissent soit une mobilité horizontale (12,5% deviennent employés), soit une mobilité ascendante courte (23,4% deviennent membres des professions intermédiaires). Ceux qui connaissent une mobilité ascendante longue sont minoritaires (10%).De même, les 48% qui connaissent une mobilité descendante parmi les fils de cadres deviennent plus souvent membres des professions intermédiaires (32,9%) que membres des classes populaires (15,1%).

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10) Analyse de la table de recrutement. Quelles sont les 2 P.C.S. qui recrutent le plus leurs propres fils ? Les 4 qui recrutent en-dehors ? pourquoi ?

Les 2 P.C.S. qui recrutent le plus leurs propres fils

%Les 4 qui recrutent

le plus « en-dehors »

%

Agriculteurs 88 PI 15,6Ouvriers 58,1 Employés 14

Artisans... 29,4CPIS 23,5

Autorecrutement plus élevé dans les catégories en déclin numérique.Le recrutement est relativement ouvert dans les catégories en expansion (table de recrutement). 20% des CPIS, sont fils de membres des professions intermédiaires, 11% fils d’employés et 23% fils d’ouvriers.

Pour les questions 11 à 14, vous devez vous servir de la table de destinée :

11) Quelles sont les chances pour un individu pris au hasard d’être membre des CPIS ?

19%.

12) Même question pour un individu issu d'un père membre des CPIS.

52%

13) Statistiquement parlant, une situation de fluidité sociale parfaite (égalité des chances) signifie que la position sociale occupée par un individu est totalement indépendante de son origine sociale. Quelle serait la probabilité pour un fils d'ouvrier d’être membre des CPIS si l’égalité des chances était parfaite ?

19%

14) Complétez la phrase suivante : « un fils issu d'un père membre des CPIS a 5,2 fois plus de chances d’être lui-même membre des CPIS qu’un fils d'ouvrier. »

Pour les questions 15 à 17, vous devez vous servir de la table de recrutement :

15) Quelle est la proportion de fils issus des CPIS ?

8%

16) Quelle est la proportion de fils issus des CPIS parmi les membres des CPIS ? Pourquoi peut-on parler de surreprésentation ?

24%

17) Quelle devrait être la proportion de fils d'ouvriers parmi les membres des CPIS si la fluidité sociale était totale ?

43%

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LES LIMITES DES TABLES DE MOBILITE

1. Où sont les femmes ?!

La mobilité sociale des femmes est mal aisée à mesurer et trop peu prise en compte. On dispose surtout d’instruments de mesure de la mobilité des pères et des fils, ce qui est en partie dû à la hausse du taux d’activité féminine : jusqu’à peu, il était difficile de comparer la destinée des filles à la profession de leur mère dans la mesure où beaucoup plus de mères étaient inactives.Pour régler cette difficulté, on peut comparer la profession des filles à celle de leur père, mais on se heurte alors à la grande divergence de la structure des emplois masculins à celle des emplois féminins. En effet, une fille de Cadre, parce qu’elle est une femme, a, statistiquement, moins de chance d’être Cadre comme son père que son frère (ex : sur la génération qui avait entre 40 et 59 ans en 1993, 53% des fils de cadres sont devenus cadres, contre 34% des filles de cadres). Il y a là un biais qui tend à minimiser la mobilité ascendante des filles. Pour voir les tables de mobilité féminines. http://www.insee.fr/fr/themes/detail.asp?ref_id=ir-fqp03&page=irweb/FQP03/dd/fqp03_ir3.htm

Mais on peut supposer qu'avec la féminisation de l'emploi et la réduction des inégalités, ces observations sont amenées à être modifiées en ce qui concerne les plus jeunes générations de femmes.

Par ailleurs, les études sociologiques montrent que le rôle de la mère est central dans l’ascension sociale des enfants (en moyenne, plus la mère est diplômée, meilleure est la réussite scolaire des enfants et donc cela facilite l’ascension sociale). Le diplôme de la mère compte ici plus que celui du père car, compte tenu de l’inégale répartition des tâches domestiques, ce sont surtout les femmes qui s’occupent de la scolarité des enfants. Les tables de mobilité des fils gagneraient donc à intégrer la profession (ou le niveau de diplôme) des mères et pas seulement la profession des pères.

2. L’analyse des tables ne décrit pas la situation des générations les plus récentes Les tables de mobilité comparent les enfants à leurs parents aux mêmes âges et à un âge tardif (40-59 ans) car, en début de carrière professionnelle, la position sociale est encore souvent provisoire. Cette convention empêche cependant de mesurer les évolutions récentes de la mobilité sociale des jeunes générations. Par exemple, la prochaine enquête FQP de l’INSEE devrait sortir en 2013 et elle ne décrira la mobilité sociale que des générations d’actifs aujourd’hui âgés de 40 à 59 ans, c’est-à-dire des générations nées entre 1954 et 1973. Quid de la mobilité sociale des jeunes générations d’actifs d’aujourd’hui ? Avec cette convention sur l’âge, il faudra attendre les tables de 2023 pour connaître la mobilité sociale des jeunes aujourd’hui âgés de 30 ans !

3. Le problème de l’hétérogénéité des différents groupes socioprofessionnels (renvoie aux limites des PCS)

Au sein d’une même P.C.S. les statuts sociaux peuvent être très différents (prestige, revenu, capital culturel) ; un individu qui change de profession tout en restant dans la même P.C.S. apparaîtra comme immobile alors qu’il peut être en ascension ou démotion sociale par rapport à son père (par exemple un fils d’enseignant qui devient médecin, deux professions de la P.C.S. 3). De même, des individus peuvent apparaître comme mobiles parce qu’ils changent de P.C.S. mais sont en fait immobiles en termes de statut : c’est par exemple le cas d’un fils d’Agriculteur qui devient chauffeur routier ou d’une fille d’Ouvrier qui devient Employés.

La P.C.S. seule mesure mal la position sociale puisqu’elle ne distingue pas les types de contrat de plus en plus hétérogènes (intérim, CDD, contrats aidés, apprentissage…). Par exemple, un technicien intérimaire (PCS 4) fils de technicien en CDI connaît de fait une démotion sociale (déclassement) alors que la lecture de la table le considère comme immobile.

4. L’évolution du prestige des différentes PCS au cours du temps fausse l’analyse de la mobilité

Par exemple, être cadre aujourd’hui n’a pas le même prestige qu’il y a 20 ou 30 ans à mesure que le nombre de cadres augmente. Donc accéder à ce statut pour un fils dont le père occupait une profession intermédiaire apparaît comme une mobilité ascendante alors que ce n’est pas nécessairement le cas en termes de prestige social.Dans le même ordre d’idée, le statut d’Ouvrier est aujourd’hui moins enviable qu’il ne l’était dans les années 1970 . Or, dans les tables, un Ouvrier fils d’Ouvrier est considéré comme immobile alors que symboliquement cela correspond à une démotion sociale.

5. Le nombre de catégories utilisées détermine la mobilité constatée

Les tables de mobilité peuvent être établies à des niveaux de décomposition différents : on peut ainsi soit retenir les 6 P.C.S. traditionnelles ou à seulement 3 niveaux : classes populaires, moyennes, supérieures. Dans le premier cas, un fils d’Agriculteur devenant Ouvrier ou Employé est mobile ; dans le second, il ne l’est pas. Donc plus il y a de groupes, plus la mobilité sociale est élevée.

6. Les tables ne permettent pas les comparaisons internationales

Comme les P.C.S. sont un outil exclusivement français qui n’a pas d’équivalent dans d’autres pays, les comparaisons des tables françaises avec celles des autres pays est impossible. C’est pourquoi on peut aussi mesurer la mobilité intergénérationnelle en comparant les revenus des enfants à ceux de leurs parents. Voir diapo 6.

Malgré cela, un outil utile pour analyser la réalité de l’égalité des chances

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Donc on dispose d'un instrument imparfait (comme tous les instruments statistiques), mais qui permet de réaliser des comparaisons dans le temps, et notamment d'essayer de savoir si l'égalité des chances a progressé dans les faits.

2. Le spectre du déclassement

Peut-on affirmer que le risque de déclassement s’accroît dans la société française ? Assiste-t-on à un phénomène d’inflation scolaire qui dévaloriserait les diplômes ?

2.1. L’évolution de la fluidité sociale au cours des cinquante dernières années

Fluidité sociale : Situation dans laquelle l’accès aux différentes positions sociales est indépendant de l’origine sociale des individus.

C’est une mesure de l’égalité des chances. Plus la fluidité sociale est importante, plus on se rapproche d’une situation d’égalité des chances.

Rappel : deux manières d'appréhender la fluidité sociale : → Mobilité nette une fois que l’on a retiré de la mobilité totale (ou observée) l’effet de la mobilité

structurelle.→ Comparer la probabilité d’accès aux positions les plus valorisées des individus d’origine favorisée et

des individus d’origine populaire.

Deux erreurs à éviter sur la fluidité sociale : Croire que fluidité sociale et mobilité sociale sont synonymes : il peut y avoir mobilité sociale et

inégalités d'accès aux positions sociales, notamment lorsque cette mobilité est principalement due à l'évolution de la structure sociale.

Croire que fluidité sociale et déclassement s'opposent (par exemple l'augmentation de la fluidité sociale entre ouvriers et « cadres » de 1993 à 2003 provient d'une tendance au déclassement des fils de « cadre »).

Document 2 p.216 Bordas % 1953 1977 1993 2003

Proportion de fils appartenant à la même P.C.S. que leur père (reproduction sociale, diagonale)

69 43 35 35

Proportion de fils ayant une position sociale différente de celle de leur père (mobilité sociale observée ou brute)

31 57 65 65

dont mobilité structurelle 8 20 22 25dont mobilité nette 23 37 43 40

Insee.1. Faites une phrase avec la donnée entourée.

En 1953, en France, selon les enquêtes FQP de l’INSEE, sur 100 hommes actifs ayant un emploi ou anciens actifs ayant eu un emploi, 69 en moyenne sont « immobiles », c’est-à-dire ont une position sociale identique à celle de leur père.

2. Comment peut-on caractériser l’évolution de la mobilité sociale en France entre 1953 et 2003 ?

On constate une augmentation de la mobilité sociale observée qui passe entre 1953 et 2003, pour les hommes ayant une position sociale différente de celle de leur père, de 31 à 65 %.Remarque : elle ne progresse plus à partir de 1993.

3. Comment peut-on expliquer cette évolution ?

Une partie de cette évolution est le résultat des changements de la structure sociale entre la génération des pères et celle des fils, mais l’essentiel est dû à la mobilité nette qui a globalement augmenté depuis 1953.

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Remarque : la mobilité nette a baissé signe que la société est moins fluide en 2003 qu’en 1993. Important car une enquête célèbre de Louis-André Vallet avait démontré que la fluidité sociale augmentait légèrement, mais régulièrement jusqu’en 1993.Document polycopié n°1

Source : http://www.insee.fr/fr/ffc/docs_ffc/DONSOC06ym.PDF

1) Que nous dit ce graphique sur l’évolution de l’inégalité des chances ?

La majorité des hommes occupe une position sociale différente de celle de leur père. Pourtant, l’accès aux positions supérieures est inégal. En considérant deux hommes pris au hasard, l’un issu d’une famille de cadre, l’autre d’origine ouvrière, le premier a huit chances sur dix d’occuper une position sociale supérieure ou égale à celle du second. Cet avantage du fils de cadre est supérieur à ce qu’il était il y a dix ans ou vingt-cinq ans . Inversement, l’homme dont le père est ouvrier a deux chances sur dix d’atteindre un statut supérieur à celui dont le père est cadre. L’accès à la catégorie des cadres n’est guère plus facile pour les fils d’employés ou de personnes exerçant une profession intermédiaire. En 25 ans, l’avantage relatif des fils de cadre sur les fils d’ouvrier, d’employé ou de personnes exerçant une profession intermédiaire s’est accentué . Au final, les changements structurels liés au contexte économique ont joué en faveur d’une augmentation de la mobilité sociale. En revanche, la mobilité nette des évolutions du marché de l’emploi ne s’est pas accrue.

Bilan global : Fluidité mesurée par la mobilité nette a nettement progressé entre 1953 et 1977, puis modérément

ensuite avec même une baisse sur la période récente. Fluidité mesurée par ce qu'on appelle les odds ratio aurait progressé de 0,5% par an de 1945 à 1993. L'écart de probabilité d'accès aux positions les plus valorisées semble avoir augmenté entre 1977 et

2003 (notamment de 1993 à 2003), signe que l'inégalité des chances augmente. Il semble difficile d'affirmer qu'on a progressé de manière conséquente vers davantage de fluidité

sociale au cours des 50 dernières années. Tout au plus, une légère progression, mais qui semble s'inverser sur la dernière période.

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2.2. Déclassement et valeur des diplômes

Qu’en est-il du sens de la mobilité sociale, les cas d’ascension sociale sont-ils plus ou moins fréquents que les cas de démotion ?

Document polycopié n°2 - Poids des ascendants et des descendants (fils et filles, France, %)

http://www.insee.fr/fr/ffc/docs_ffc/Ecostat410B.pdf

1) Comment évoluent la proportion d’ascendants et la proportion de descendants ?

La proportion d’ascendants a baissé de 5 points en 20 ans pendant que la proportion de descendants a augmenté de 7 points.

2) Quels sont les flux de mobilité verticale qui restent dominants ?

Les flux d’ascendants demeurent dominants signe que les flux de mobilité structurelle demeurent importants.

Nous avons vu que depuis 1993, la fluidité sociale avait décru alors qu’elle avait progressé lentement depuis les années 1950. De nombreux sociologues ont dans les années 1990 jusqu’à aujourd’hui commencé à s’intéresser à la problématique du déclassement.

Document polycopié n°3 Interview de Louis ChauvelQuestion : On parle de "déclassement social". Mais peut-on s'entendre sur la définition que l'on donne à ce

terme : est-ce que l'on parle de la situation des enfants par rapport à celle de leurs parents ? Est-ce que l'on parle d'un changement d'emploi, d'une perte d'emploi ?

Louis Chauvel : En fait, "déclassement", c'est comme "classe moyenne", ce n'est pas une appellation d'origine contrôlée, donc on peut entendre beaucoup de choses très différentes sous le même nom. Déclassement, il y a trois façons différentes de le voir.

Le cas n°1, c'est lorsqu'on se retrouve dans une classe sociale inférieure à celle de ses parents. Camille Peugny travaille par exemple sur les gens qui étaient enfants des classes moyennes et qui se retrouvent dans les catégories populaires. C'est le déclassement social intergénérationnel. Le deuxième cas de figure, c'est quand on perd son emploi et qu'on se retrouve dans une catégorie plus basse. C'est le déclassement intragénérationnel. Il y a un troisième sens au déclassement, c'est le déclassement scolaire : le fait d'avoir un emploi inférieur à ce que le diplôme aurait donné quelques années plus tôt. En 1960, le baccalauréat était la clé d'entrée dans les classes moyennes intermédiaires pour 60 % de la population des bacheliers. Aujourd'hui, c'est 75 % qui feront partie de la catégorie employés ou ouvriers, ou éventuellement chômeurs. On mesure en France un très fort déclassement scolaire, en particulier pour les diplômes bac, bac +2.

Louis Chauvel, « La valeur des diplômes a très fortement décliné en trente ans », Le Monde, 7 octobre 2009,http://www.lemonde.fr/societe/article/2009/10/07/c-est-au-tour-des-categories-intermediaires-de-se-porter-de-plus-en-plus-

mal_1250781_3224.html

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1) Cochez la bonne case pour chacun des 4 cas ci-dessous. Il est possible de cocher plusieurs cases pour un même cas.

Déclassement intergénérationnel

Déclassement intragénérationnel

Déclassement scolaire

Un individu titulaire d’un bac+3 occupe un emploi d’employé. xUn fils issu des CPIS est membre des professions intermédiaires xUn membre des professions intermédiaires perd son emploi et retrouve un emploi d’employé

x

Un fils de cadre titulaire d’un bac + 5 perd son emploi de cadre et retrouve un emploi qui se classe parmi les professions intermédiaires

x x x

Déclassement intergénérationnel : il s’agit en fait de mobilité sociale intergénérationnelle descendante.

Déclassement intragénérationnel : mobilité sociale intragénérationnelle descendante. Scolaire : on atteint un niveau de diplôme qui garantissait dans les générations précédentes l'accès à

une catégorie sociale plutôt valorisée et il ne le permet plus en raison du fait que les emplois qualifiés n'ont pas augmenté au même rythme que le nombre de diplômés.

Document polycopié n°4 L’ascenseur social redescend-il ?Si l'ascenseur social monte, il peut aussi descendre. Et dans les générations nées à partir des années 1960,

ils sont de plus en plus nombreux à occuper une position moins élevée que celle de leurs parents, assure le sociologue Camille Peugny. Ces "mobiles descendants" représentent aujourd'hui 25% des 35-39 ans, contre 18% il y a vingt ans. En cause : l'évolution de la structure des emplois qui n'a pas suivi celle des diplômes, marquée par la massification de l'enseignement supérieur. Nombre d'entre eux sont donc victimes d'un double déclassement : scolaire, car ils ont un niveau de formation supérieur à celui requis pour l'emploi qu'ils occupent, et social, car ils n'ont pas maintenu la position de leurs parents, quand bien même ils ont un cursus scolaire plus brillant. […]

Source : Alternatives Economiques n° 278 - mars 2009 http://www.alternatives-economiques.fr/le-declassement-par-camille-peugny_fr_art_822_42195.html

1) Comment évolue le déclassement d’après l’auteur ?

De plus en plus d’individus issus des catégories supérieures connaissent une mobilité descendante (déclassement intergénérationnel et parfois scolaire) et de moins en moins de fils des catégories populaires connaissent une mobilité ascendante (déclassement scolaire).

En France, on a une masse de jeunes qui sont membres des classes moyennes du point de vue du diplôme, mais qui ne sont pas véritablement membres des classes moyennes du point de vue des emplois qu'ils obtiennent. Beaucoup restent aux crochets de leurs parents jusqu'à des âges vénérables. C'est en raison d'une correspondance décroissante entre les titres et les positions réelles dans la société.

Ce déclassement s’est accru à partir des générations nées dans les années 60 et donc entrées sur le marché du travail au milieu des années 1980, période où le chômage a commencé à fortement augmenter et durant laquelle les créations de postes de CPIS et PI se sont ralenties.Ratio mobiles ascendants/mobiles descendants est passé de 2,2 pour les hommes de 40 ans au début des années 1980 à 1,3 au début des années 2000.

REMARQUES : → La majorité des enfants de CPIS à connaître le déclassement vienne de famille ayant peu d’ancienneté

dans ce rang social. Le déclassement des enfants venant interrompre l’ascension récente de leurs parents.

→ Le nombre d’emplois qualifiés continue néanmoins d’augmenter donc le déclassement a une ampleur limitée. Il est d’ailleurs contesté par certains auteurs (Eric Maurin) qui considèrent que l’on se trouve plus dans une situation où progresse la peur du déclassement plutôt que le déclassement lui-même.

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Document 2 p.218 Bordas

1. 53 %. Donc 47% n'occupent pas une position supérieure alors même qu'ils sont plus diplômés. C’est le paradoxe d’Anderson.

2. Ceux qui améliorent leur position vis-à-vis de celle de leur père sont, davantage que la moyenne, ceux dont les niveaux d’études sont supérieurs.

3. Paradoxe d’Anderson : Constat statistique qui démontre qu’on peut avoir un niveau de diplôme supérieur à ses parents sans nécessairement occuper une position sociale supérieure à la leur. Ainsi 40% des fils ayant un diplôme supérieur à leur père occupent pourtant une position égale. 7% occupent même une position inférieure.

4. Un raisonnement rationnel conduit tous ceux qui ne souhaitent pas descendre l’échelle sociale à faire des études plus poussées que celles de leurs parents. Comme tous prennent la même décision, il en résulte un effet d’agrégation pervers qui consiste en une diminution du rendement social du diplôme (avec le même diplôme, on accède à des positions inférieures par rapport aux générations précédentes). Un même titre scolaire étant détenu par davantage d’agents, il perd de son efficacité relative.L'élévation générale du niveau de diplôme, permise par la démocratisation de l'école, ne s'est pas toujours accompagnée d'une élévation du niveau de qualification des emplois.Particulièrement dans la période récente, le niveau de diplôme s'est très fortement élevé (69% des dernières générations obtiennent le baccalauréat), et la part des cadres et PI n'a pas augmenté d'autant (37% des actifs). Le bac ne peut donc plus assurer l’accès au statut de cadre comme c’était le cas dans les années 1950 où 5% d’une classe d’âge obtenait le bac.En 1970, 60% des 30-34 ans titulaire d’un bac devenaient cadres ou membres des professions intermédiaires contre 25% en 2003. Voir diapo 7.

Lien à faire entre déclassement et paradoxe d'Anderson : surtout lien avec déclassement scolaire !

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Document polycopié n°5 Le diplôme, l’arme des faiblesMais même en se limitant à la rentabilité professionnelle des diplômes qu’ils visent, les enfants des classes

populaires n’ont-ils pas de bonnes raisons de prolonger leurs études ?Si la progression des situations de déclassement est bien sûr en elle-même assez préoccupante, il faut

toutefois rappeler que, trois ans après la fin de leurs études, les deux tiers des jeunes sortis de l’enseignement supérieur en 2001 avec un diplôme de premier cycle, tout comme les quatre cinquièmes des diplômés d’un second cycle, occupent des positions de cadres ou de professions intermédiaires, tandis que la quasi-totalité des diplômés d’un troisième cycle sont cadres, d’après les données du Centre d’études et de recherches sur les qualifications (Cereq ).

À l’inverse, les possibilités d’accéder à ce salariat intermédiaire se raréfient pour les jeunes n’ayant pas continué leurs études au-delà du bac : les CAP et les BEP, mais aussi les bacs professionnels et technologiques destinent de plus en plus massivement aux emplois d’exécution en début de carrière.

Les diplômes les plus élevés constituent ainsi la meilleure protection contre le déclassement. De moins en moins suffisants pour obtenir un emploi, ils restent toutefois de plus en plus nécessaires. (…)

Quels que soient leurs diplômes, les enfants d’ouvriers deviennent toujours plus souvent ouvriers ou employés que les enfants de cadres, notamment parce qu’ils ne trouvent pas dans leurs familles les ressources et les relations qui permettent de décrocher les emplois les plus prisés. Quels autres atouts peuvent-ils dès lors faire valoir sur le marché du travail, si ce n’est leur formation scolaire ? (…)

Précisément, cet effet de rappel de l’origine sociale sur les destins professionnels se révèle d’autant plus faible que les diplômes sont élevés : enfants de cadres ou enfants d’ouvriers, 90 % des titulaires d’un diplôme de niveau au moins égal à bac + 3 deviennent cadres ou professions intermédiaires dans les cinq ans qui suivent la fin de leurs études.

Tristan Poullaouec, Libération, 6 mars 2006.

1) Montrez que la dévalorisation des diplômes doit être nuancée.

65% des titulaires d’un bac +2 sont CPIS ou PI.80% des titulaires d’un bac + 3 ou davantage sont CPIS ou PI.95% des titulaires d’un bac +5 sont CPIS ou PI.

A l’inverse, cet accès est très difficile pour ceux qui ont un diplôme inférieur ou égal au bac.

2) En vous aidant de son contenu, expliquez le titre du document.

Les diplômes ont un rendement différentiel selon l’origine sociale. Donc la seule arme pour les individus issus de milieux populaires (les faibles) demeure l'obtention du diplôme le plus élevé possible. Et cette arme est relativement efficace puisque 90% des enfants de milieux populaires titulaires d’un bac + 3 ou davantage deviennent CPIS ou PI.

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3. L’influence de l’interaction entre la famille et l’école sur la mobilité sociale

3.1. L’école : entre démocratisation quantitative et persistance de l’inégalité sociale des chances scolaires

Document polycopié n°6 Proportion d'enfants obtenant le baccalauréat (général, technologique ou professionnel) selon l'origine sociale et la génération

Source : Ministère de l'Education Nationale, « l'Etat de l'Ecole 2010 », pour une analyse statistique détailléevoir le site de Pierre Mercklé : http://pierremerckle.fr/2012/06/les-inegalites-scolaires-ont-elles-diminue/

1) Quel est le double constat que l’on peut faire à partir de ce graphique ?

→ Démocratisation quantitative : la proportion d’une génération obtenant le bac augmente dans toutes les catégories sociales. Les portes du lycée se sont ouvertes.

→ Les écarts demeurent importants entre enfants de cadres et d’ouvriers. Persistance de l’inégalité des chances scolaires.

Voir aussi diapo 8.

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Document polycopié n°7

1) Le sociologue Pierre Merle a parlé de démocratisation ségrégative. Illustrez ce concept à partir du tableau (vous pouvez comparer la situation des enfants de membres des CPIS et les enfants d’ouvriers).

La massification permet un accès de plus en plus d’élèves au niveau du baccalauréat (démocratisation quantitative). Mais on voit que la ventilation des élèves dans les différentes filières est fortement liée à leur origine sociale.

→ 77% des enfants de CPIS qui obtiennent le bac, obtiennent un bac général et seuls 9 % d’entre eux obtiennent un bac professionnel.

→ 35% des enfants d’ouvriers qui obtiennent le bac obtiennent un bac professionnel et 41% d’entre eux obtiennent un bac général.

Cette ségrégation scolaire s’est accrue.

Ce type de constat se retrouve également à un niveau plus fin, celui des séries du bac général. Pierre Merle note un embourgeoisement du bac S et une prolétarisation du bac STG (aujourd’hui STMG).

Document polycopié n°8

Document qui illustre l’inégalité de réussite scolaire en fonction de l’origine sociale.

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Document polycopié n°9

1) Qu’apprend-on en mettant en parallèle le diagramme circulaire de gauche et celui de droite ? Utilisez les notions de surreprésentation et de sous-représentation et illustrez votre raisonnement par des données chiffrées rigoureusement présentées.

On peut supposer que les fils de cadres représentent environ 15,5% des individus et ils représentent 60,4% des admis à l’ENA. Ils sont donc surreprésentés.Les fils d’ouvriers représentent 22,8% des individus et ils ne représentent que 2,9% des admis à l’ENA. Ils sont sous-représentés.

Tendance à la fermeture des grandes écoles par rapport aux années 80.

Document polycopié n°10 La scolarité des jeunes issus de l’immigration récente

Document polycopié n°11Une partie importante des élèves est aujourd’hui issue de l’immigration : 10% des élèves du panel 1995 (date de leur entrée en 6ème) sont des enfants d’immigrés et 5% d’entre eux appartiennent à une famille mixte où un seul des parents est immigré. Or, les enfants d’immigrés appartiennent aussi pour les trois-quarts à une famille dont la personne responsable est ouvrière, employée de service ou inactive, [quand] seulement un tiers des jeunes qui n’ont pas de parents immigrés sont dans cette situation. Leurs parents sont aussi plus souvent peu diplômés : seuls 12% des pères et 14% des mères immigrés possèdent au moins le baccalauréat. Or, si leurs caractéristiques à l’entrée en sixième étaient comparables, les enfants d’immigrés auraient des chances de devenir bacheliers égales ou supérieures à celle des autres jeunes.

« Les bacheliers du panel 1995 : évolution et analyse de parcours », note d’information du ministère de l’éducation nationale, septembre 2010.

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Document polycopié n°12

Source : Yaël Brinbaum et Annick Kieffer, « D’une génération à l’autre, les aspirations éducatives des familles immigrées : ambition et persévérance », Education et formations n°72, 2005 ftp://trf.education.gouv.fr/pub/edutel/dpd/revue72/article3.pdf

1) Quel constat peut-on tirer du tableau sur la réussite des enfants d’immigrés ?

Echec plus fréquent : 1/3 sort sans diplôme.Une réussite moins fréquente que pour les élèves non immigrés, ce qui ne signifie pas « absence de réussite » : près d’un enfant sur 5 issu d’une famille maghrébine obtient le bac et 15% obtiennent un bac+2.

2) D’après le texte, ce constat s’explique-t-il par le fait que les parents soient immigrés ?

Non effet de structure. Si les enfants issus de l’immigration récente ont une réussite scolaire moins fréquente, c’est parce que les fils d’ouvriers sont surreprésentés parmi eux.A milieu social identique, ils réussissent même mieux, notamment les filles.

Remarque : lorsque l'on cherche à étudier les parcours d'agents sociaux liés à l'immigration qu'ils soient de première ou de deuxième génération, le grand sociologue Abdelmalek Sayad a montré qu'il faut toujours envisager leurs parcours comme une émigration-immigration. Cela signifie qu'il est important de connaître la situation de l'individu ou de sa famille dans le pays d'origine. Cette situation peut avoir une influence déterminante sur ce parcours.Par exemple, l'explication de la plus grande réussite scolaire des enfants issus de l'immigration asiatique par rapport aux enfants issus de l'immigration maghrébine est parfois expliquée par des raisons culturalistes (une culture asiatique qui serait mieux adaptée à l'école). La sociologie montre qu'en fait les parents asiatiques qui émigrent vers la France occupaient dans le pays d'origine des positions plus élevées que les parents originaires de pays du Maghreb. Ce sont donc ici les caractéristiques sociales qui constituent l'explication décisive mais pas une pseudo culture asiatique plus favorable.

3) En quoi le graphique donne une explication au constat fait dans la dernière phrase du texte ?

La dernière phrase affirme qu’à statut social égal des parents, les enfants d’immigrés réussissent aussi bien et même davantage que les enfants issus de parents non immigrés.Cela peut s’expliquer notamment par l’espoir que les familles immigrées mettent dans l’école et leur croyance en la possibilité d’ascension sociale par l’école. Cet espoir est plus grand dans les familles de milieux populaires issues de l’immigration que dans les familles de milieux populaires qui n’en sont pas issues. Certains sociologues expliquent cela par le fait que les parents non issus de l’immigration ont souvent connu eux-mêmes l’échec scolaire et donc transmettent à leurs enfants un rapport à l’école moins favorable.Il faudrait distinguer aussi le devenir en fonction du genre. Les filles issues de l’immigration réussissent beaucoup mieux que les garçons.

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3.2. Les explications de l’inégalité des chances scolaires

Nous avons constaté que l’inégalité sociale des chances scolaires demeure dans notre pays. Il nous reste à l’expliquer.

L’inégalité des chances scolaires s’explique-t-elle principalement par l’influence des capitaux transmis par la famille (notamment le capital culturel, mais aussi le capital économique et le capital social) ou par le comportement stratégique des élèves et de leur famille ?

3.2.1. L’explication en termes de capital culturel (Bourdieu)

Document polycopié n°13 Une lycéenne de Coutances (Manche) de 18 ans, Laurence Boivin, a obtenu lundi son baccalauréat en

Sciences économiques et sociales avec une moyenne de 20,27, grâce à ses options qui lui ont donné des points supplémentaires.

"Je ne m'attendais pas du tout à un tel résultat", a-t-elle confié au téléphone à l'AFP. "La mention très bien oui, mais pas cette note là", a-t elle précisé en ajoutant, modeste, que la chance y était aussi pour quelque chose. Passionnée de piano et de tennis, la jeune lycéenne, a toutefois reconnu n'avoir fait aucune impasse.

Laurence a obtenu 20 en mathématiques et à l'oral de français, 19 en sciences économiques, histoire-géographie et anglais (LV1), 18 en philosophie, sciences et vie de la terre et allemand (LV2) et un petit 15 en éducation physique et sportive.

Mais c'est grâce à ses trois options, latin (20), histoire en langue anglaise (19) et travaux personnels encadrés (TPE, 19) qu'elle a pu engranger 57 points supplémentaires et obtenir ainsi un score de 750 points sur 740.

Scolarisée jusqu'à présent au lycée privé Germain de Coutances, Laurence se destine à une carrière au sein des cabinets ministériels et vise ainsi dans un premier temps Sciences-Po Paris puis l'ENA.Son père, professeur d'histoire contemporaine à l'université de Caen et sa mère, professeur de français au collège de Coutances sont, selon elle, "ravis et très fiers". Une satisfaction qu'ils ont déjà connue lorsque leurs deux autres filles, âgées de 20 et 22 ans, ont obtenu leur baccalauréat avec mention très bien.

CHERBOURG (AFP), juillet 2007.

1) Que peut-on tirer de ce document concernant les facteurs déterminants la réussite scolaire ?

Parents enseignants, donc capital culturel, pratiques culturelles légitimes. Adéquation entre la culture familiale et la culture scolaire.

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Document polycopié n°14« COURT CIRCUIT A SCIENCES PO », Virginie LINHART, Tourné de septembre 2001 à février 2002

VOIX OFF « Sciences po, 8 heures du matin. La rentrée. Dans ce vieil hôtel particulier du centre de Paris, s’installent le premier jour, sans aucune émotion, des élèves tous habitués à se retrouver entre eux. Tous ? Non. Pas cette année. Parmi les enfants de cadres, de chefs d’entreprises, d’enseignants ou de professions libérales, Alexandre, Aurélia, Tarek, Julien et Ana viennent d’un autre milieu social ».TAREK « Sciences po., c’était l’école par où est passé le Président, par où est passé le Premier ministre. Donc c’était un mythe, un autre monde pour moi… Et puis quand on m’a dit : voilà y’a une possibilité que tu rentres à sciences po. … Pourquoi pas ? »AURELIA « C’est même pas une idée qui m’avait effleurée quoi, j’aurai jamais cru qu’un jour je me retrouverai ici. Jamais… »ANA « Moi je me suis dis : si je suis pas prise à Sciences po., ce sera le plus gros échec de ma vie ».JULIEN « J’étais heureux, j’étais très content. C’est après, quand je suis arrivé ici, que je m’suis un peu posé des questions ».VOIX OFF « Révolution annoncée dans l’école qui forme depuis le 19ème siècle les futurs décideurs de France. Tout a commencé lorsque le directeur, Richard Descoing a décidé l’admission sans concours de 17 bacheliers de lycées des zones prioritaires. Objectif : élargir le cercle d’une élite qui ne se renouvelle qu’entre elle. Contrairement aux dires de la presse, les « ZEP » sélectionnés à l’oral par un jury de Sciences po. sont d’excellents élèves ; qui n’auraient pourtant pas surmonté les épreuves d’entrée de cette école très fermée. Pour être un « produit sciences po », il leur manque une autre chose qu’un bagage scolaire. Ici règne une connivence culturelle devenue invisible.»AURELIA « Les élèves qui arrivent ici, la plupart du temps c’est …, ils ont été élevés dans l’optique d’être futur élève de Sciences po ., j’crois. Nous, on arrive ici sans avoir fait tout ce qui y’a à faire. Donc d’un coté, eux ils finissent et nous on commence ». « Quand on arrive à sciences po, j’crois que la première chose qu’on vous met en tête c’est que vous y êtes et que vous devez être formaté par Sciences po. Moi, j’crois que j’serais jamais une vraie élève de Sciences po dans c’cas là…Parce que je resterai toujours moi-même. J’pourrai pas être comme tous les autres. Quand on voit un élève de Sciences po., on les voit presque tous, quoi ».ANA « Y’a un soir où j’me rappelle parfaitement, j’me suis dit : mais dans quel guêpier je me suis fourrée quoi. Mais qu’est-ce que je viens faire là ? Et je me suis dis… vraiment j’vais pas y arriver, quoi. Parce qu’on est handicapé au début… parce qu’on n’a pas l’habitude. Mais j’pense que ça va pas durer. »EXTRAIT Cours de méthode réservé aux « ZEP » Résumé : ce sont les méthodes de travail qui manquent aux « ZEP » : normes du temps de travail nécessaire pour réussir, avoir un plan de travail et s’y tenir, savoir planifier, avoir fini son travail au moins une semaine à l’avance. C’est ce que leur explique le professeur de méthodologie.EXTRAIT Visite du Conseil d’Etat réservée aux « ZEP » Résumé : le guide qui fait beaucoup d’allusions « Vous avez sûrement entendu parler de l’arrêt du Conseil d’Etat sur le foulard islamique… c’est dans cette salle que […] »EXTRAIT Un tuteur pour chacun des 17 élèves de ZEP.EXTRAIT En séminaire d’histoire : contraste entre le ton de l’exposé d’Ana, elle manque d’assurance, ne se souvient plus de la référence bibliographique d’un des livres qu’elle a utilisé, elle dit « je sais que c’est un livre vert ». Aisance à l’oral d’un « héritier », d’ailleurs relevée par le prof qui dit même qu’il en abuse (l’élève a fait référence aux hémorroïdes de Napoléon qui ne pouvait plus monter à cheval à la fin de sa vie).TAREK « Ce qui me frustre c’est qu’y’en a, j’ai l’impression qu’ils travaillent pas du tout et qu’ils réussissent énormément… Enfin, j’sais bien qu’ils doivent travailler quand même parce qu’on ne peut pas réussir comme ça sans travailler… mais leur façon d’être… tout çà… ils sont tellement sûrs d’eux… Je me demande comment ils font ».EXTRAIT Soirée d’intégration. Ana et Julien se préparent dans une salle de bain, ils rigolent… Julien aide Ana à mettre une perruque. Elle dit « si ça se trouve nous on va se looker et tout le monde va venir en jeans ! » Voix off interroge : « Peut-on changer de milieu comme on change de look ?»EXTRAIT Tutorat d’Aurélia. Sa tutrice relie sa note de synthèse et insiste sur le manque de précision du vocabulaire… Elle lui a fait des photocopies : « Guerre et paix », livre de 1500 pages, elle dit « lisez ça ce soir pour vous détendre, c’est merveilleux ». Puis elle lui donne à lire des nouvelles, l’incite à (re)lire le « Horla » de Maupassant…EXTRAIT Au Bureau des élèves (BDE), Ana lit un tract d’une association d’élèves de sciences po. contre le recrutement spécifique des « ZEP » et pour la défense du concours unique, du mérite et l’égalité de chance.EXTRAIT Vacances de décembre. Les élèves de ZEP retournent dans leur lycée d’origine pour faire la promo de sciences po. Discussion avec des lycéens, les « ZEP » soulignent la quantité de travail et la satisfaction à le faire (Aurélia s’étonne elle-même de la satisfaction intellectuelle que lui procure tout son travail). Aurélia explique qu’en fait, via les exposés, les étudiants de sciences po. sont amenés à faire leurs cours eux-mêmes…AURELIA (de retour à sciences po) « J’trouve que c’est pas exceptionnel. J’pensais qu’ils avaient des méthodes spéciales. Enfin, j’pense que ça doit quand même porter ses fruits au bout de 5 ans… Mais là, concrètement, on n’voit pas c’que ça change en gros. Bon, on fait beaucoup d’interventions à l’oral et ça on n’avait pas l’habitude… Et ça on aura sûrement une aisance que d’autres n’ont pas à l’oral… Mais à part ça, je vois pas trop bien leurs méthodes. J’pensais qu’ils avaient des méthodes miracles pour apprendre mais en fait c’est pas du tout ça, quoi ».ANA « Avec les gens que j’ai appris à connaître à sciences po. c’est pas pareil. J’sais pas comment eux me perçoivent, donc du coup ça me freine un peu. J’me dis que c’est quand même des gens très différents de moi. Ils ont l’air vachement à l’aise, c’est à dire que, j’sais pas… ils sont dedans… mais j’ai l’impression beaucoup plus que moi… C’est à dire…, j’ai l’impression qu’ils sont tellement dedans que finalement ils sont arrivés à une sérénité que moi j’ai pas ». TAREK « Ben, en fait, au début, quand je voyais les autres élèves, et ben je me disais : ben voilà ils sont comme moi. A la limite rien n’a changé. Et au bout d’un certain temps, j’voyais qu’il y avait un décalage qui se créé entre les autres et notre groupe de… conventionnés ! On les appelle comme on veut, enfin… ZEP… conventionnés… J’ai l’impression qu’on travaillait plus et que les résultats n’arrivaient pas. Puis maintenant je me rends compte qu’y a plus ce décalage. Donc si au bout d’un moment je me disais : mais qu’est-ce que je fous là, maintenant je suis là et j’aime bien ce que je fais ».EXTRAIT Tutorat de Tarek. Son tuteur visionne avec lui la vidéo d’un exposé oral de Tarek. Ils commentent ensemble. Son tuteur relève les défauts sur la forme, en fait sur l’allure, la tenue et la prestance de Tarek à l’oral. Il souligne qu’on décèle l’émotion de Tarek, il lui dit qu’il faut s’affirmer davantage. Il relève les petits mots inutiles et nombreux qui ponctuent l’exposé de Tarek : « en fait »… Il dit à Tarek qu’il ne faut pas craindre les silences, au contraire ils permettent de s’affirmer, de montrer qu’on est réfléchi, qu’on a confiance en soi. Ainsi, implicitement, le tuteur souligne le « mauvais » (inapproprié) oral de Tarek, il faut éviter de dire « à c’t’époque là »... Enfin, il indique à Tarek qu’il faut se redresser, qu’il est parfois trop voûté et qu’il pourrait ainsi gagner en prestance.AURELIA « Pour moi, sciences po. c’est mon bahut. C’est pas une façon de penser sciences po….. J’penserais jamais comme sciences po. J’aurais jamais la prétention de dire ouais j’suis à sciences po., j’suis l’élite de la nation, c’est moi qui vous dirigerez dans 10 ans… Et c’est un peu cette idée qu’ils donnent : le prestige, on essaye de faire ça ».EXTRAIT Le dîner de conférence : au restaurant, les élèves autour du prof d’histoire qui interroge sur ce que chacun souhaite faire après. On note une différence dans les souhaits. Les « héritiers » affirment avec beaucoup moins de gène et de complexes qu’ils envisagent de présenter l’ENA.EXTRAIT Paul (un « héritier », « fils à papa », se voit dans son hexis corporelle). Le prof d’histoire, en aparté dans un couloir, lui reproche d’avoir fait un plan détaillé trop long (13 pages) (« vous en faîtes trop, vous faîtes trop bien, combien de fois vous l’ai-je déjà dit ?! » ). Avec beaucoup d’aplomb et de suffisance, l’élève lui dit « oui mais vous allez adorer ce que j’ai écrit. Je vais vous expliquer un truc, l’empire colonial c’est un sujet super important […] Je l’ai fait pour les autres élèves […] »EXTRAIT Février Examens semi semestriels. Un garçon « héritier » dit qu’il n’a pas de stress pour l’épreuve orale , qu’il lui faut minimum 4 points (il fanfaronne). Une fille « héritière » s’auto-congratule publiquement devant Ana d’avoir « trop bien réussi ». Elle demande à Ana, pour la forme et en même temps avec un ton désolé « et toi ? » comme si elle était sûre qu’Ana avait échoué… Ana dit à Julien en sortant de son oral « j’me suis chiée d’ssus ».VOIX OFF Réussite des ZEP aux examens semi-semestriels.EPILOGUE Trois filles ZEP au resto (dont Aurélia), elles font le bilan du premier semestre écoulé. Aurélia dit « c’est bon, maintenant j’ai compris comment il faut faire… il ne faut pas prendre le retard du début ». Elle souligne que les filles qui sont passées avant elle à l’oral sont « trop auch », «trop bonnes» = trop sûres d’elles. Une autre dit : « ouais on rit à Sciences po. Mais entre nous, pas avec les autres, les autres c’est pas pareil, c’est pas la même chose ».

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1) Relevez dans le document des passages (que vous intégrerez au tableau ci-dessous) qui démontrent le relatif décalage entre les étudiants de Science-Po issus de ZEP et les autres.

« ZEP » “Non ZEP”

Organisation du travail

Cours de méthode réservé aux « ZEP » Résumé : ce sont les méthodes de travail qui manquent aux « ZEP » : normes du temps de travail nécessaire pour réussir, avoir un plan de travail et s’y tenir, savoir planifier, avoir fini son travail au moins une semaine à l’avance. C’est ce que leur explique le professeur de méthodologie

Ambition scolaire

ils ont été élevés dans l’optique d’être futur élève de Sciences poLes « héritiers » affirment avec beaucoup moins de gène et de complexes qu’ils envisagent de présenter l’ENA

Aisance à l’oral

ton de l’exposé d’Ana, elle manque d’assurance, ne se souvient plus de la référence bibliographique d’un des livres qu’elle a utilisédéfauts sur la forme, en fait sur l’allure, la tenue et la prestance de Tarek à l’oral.Enfin, il indique à Tarek qu’il faut se redresser, qu’il est parfois trop voûté et qu’il pourrait ainsi gagner en prestanceAna dit à Julien en sortant de son oral « j’me suis chiée d’ssus ».

Aisance à l’oral d’un « héritier », leur façon d’être… tout çà… ils sont tellement sûrs d’eux… Je me demande comment ils fontUn garçon « héritier » dit qu’il n’a pas de stress pour l’épreuve orale

Culture libre (non apprise à l’école) manque de précision du vocabulaire

le guide qui fait beaucoup d’allusions Vous avez sûrement entendu parler de l’arrêt du Conseil d’EtatCe qui me frustre c’est qu’y’en a, j’ai l’impression qu’ils travaillent pas du tout et qu’ils réussissent énormément

Confiance en soi et sentiment de légitimité d’être à Science-Po

Mais qu’est-ce que je viens faire là ? Et je me suis dis… vraiment j’vais pas y arriver, quoi.

J’me dis que c’est quand même des gens très différents de moi. Ils ont l’air vachement à l’aise, c’est à dire que, j’sais pas… ils sont dedans… mais j’ai l’impression beaucoup plus que moi… C’est à dire…, j’ai l’impression qu’ils sont tellement dedans que finalement ils sont arrivés à une sérénité que moi j’ai pasl’élève lui dit « oui mais vous allez adorer ce que j’ai écrit. Je vais vous expliquer un truc, l’empire colonial c’est un sujet super important […] Je l’ai fait pour les autres élèves […] »

Remarque : Précisez qu’ils ont finalement réussi leurs examens. Donc une faible dotation en capital culturel n’est pas irrémédiable. A force de travail et aussi grâce à l’encadrement spécifique qui leur est réservé, ces élèves rattrapent peu à peu leur retard initial et s’adaptent aux exigences.

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Document polycopié n°15 Le rôle déterminant de l’entrée dans la culture écriteOn sait aussi désormais que l'appropriation de la culture écrite scolaire est au cœur des premiers problèmes

rencontrés et des processus d'échec scolaire. Or, les familles dotées de ressources culturelles livrent à l'école des enfants déjà porteurs de formes bien constituées d'habileté langagière, de connaissances culturelles diversifiées et même de compétences scolaires non négligeables. Par exemple, nombre d'enfants apprennent aujourd'hui à entrer dans l'écrit autant chez eux qu'à l'école ; ils apprennent cela, pourrait-on dire, «au biberon», dans les interactions précoces, ordinaires et fréquentes autour de l'écrit - produit ou lu - qui impose sa présence et son évidence culturelle au sein du foyer. Pour eux, l'école élémentaire a quelque chose de «familial». Ils y respirent un air auquel ils sont habitués depuis leur naissance. En revanche, pour les familles les plus dépourvues de ressources et d'expériences scolaires, seule l'école est en mesure de faire ce qui ailleurs a été partiellement, voire parfois totalement, fait dans l'intimité du foyer. L'école a donc une responsabilité pédagogique et politique considérable vis-à-vis de ces enfants qui n'ont bien souvent que le temps passé entre les murs de l'école pour entrer dans la culture scolaire et se l'approprier. Or, il faut beaucoup de temps - des milliers d'interactions plutôt que quelques dizaines - pour faire acquérir certaines habitudes corporelles ou langagières, certains modes de raisonnement ou certaines techniques manuelles comme intellectuelles. Traiter de façon parfaitement égale des enfants inégalement dotés culturellement du fait des processus de socialisation familiale socialement différenciés, c'est contribuer en définitive à reproduire l'ordre inégal des choses.

Source : Bernard Lahire, « La transmission familiale de l’ordre inégal des choses », Septembre 2011, ENS-LSH, http://ses.ens-lyon.fr/la-transmission-familiale-de-l-ordre-inegal-des-choses-132108.kjsp

1) Montrez que la socialisation familiale peut faciliter la réussite scolaire. Illustrez votre propos par des exemples.

Certains élèves reçoivent dans leur environnement familial des dispositions très favorables à l’entrée dans l’écrit.

→ Manière de s’exprimer des parents. Les parents à fort niveau de diplôme maîtrisent les usages légitimes de la langue (comme disait Bourdieu). Ils ont donc tendance à s’exprimer à l’oral en respectant les formes grammaticales utilisées à l’écrit. Par exemple, accorder le participe passé avec le COD qui le précède quand on utilise l’auxiliaire avoir. Les chaussettes que tu as prises. L’enfant va intérioriser sans s’en rendre compte certaines formes importantes à l’écrit. Ici, il ne sera pas surpris lorsqu’il découvrira qu’à l’écrit il faut écrire « prises ». Un autre enfant entendra, lui, les parents utiliser des formes langagières assez éloignées de la culture écrite. « La robe à ta sœur. », « faut qu’je voye ». Pour celui-ci, les demandes de l’école apparaîtront moins familières.

→ Les parents reprennent leurs enfants. On peut prendre un exemple pour éclairer le propos : quand un enfant dit chez lui « j'avais tombé pendant la récréation », il fait bien sûr une faute de français, mais tout le monde comprend ce qu'il veut dire (ce qui est quand même l'essentiel) ; si sa mère est professeur, il y a toutes les chances pour qu'elle réponde : « on dit « j'étais tombé », tu t'es fait mal ? » ; si elle est sans activité avec un mari ouvrier, il y a plus de chance qu'elle se contente de dire « t'as eu mal ? ». L’essentiel n’est pas ici qu’on lui fasse entendre la bonne manière de prononcer, mais le fait qu’on lui inculque qu’il est important de respecter les règles de grammaire (l’enfant sait très bien que sa mère l’a compris, donc cette intervention lui montre que le respect des règles est important). De plus, la demande de l’école sera identique, il n’y a pas de décalage.

→ Lire des histoires avant que l’enfant ne sache lire, l’emmener à la bibliothèque . L’enfant comprend alors tout ce que l’écrit peut apporter.

→ Voir ses parents lire eux-mêmes.→ Utiliser l’écrit dans l’univers familial : par exemple écrire des lettres aux cousins ou aux grands-

parents dictées par l’enfant ou écrites par lui quand il va commencer à apprendre.→ Jeux éducatifs qui aident à l’apprentissage de la lecture.

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2) Expliquez pourquoi l’interaction famille/école produit de l’inégalité scolaire.

On vient de voir que les enfants de milieux favorisés, vont acquérir plus facilement un français proche de celui demandé à l'école, ils connaîtront certaines formes grammaticales grammaire sans les avoir apprises, auront du vocabulaire et disposeront d’une relative avance sur les autres. Finalement, la réussite scolaire va surtout récompenser ces enfants qui ont une sorte d'avance avant même de commencer.

LA LANGUE UTILISÉE PAR L'ÉCOLE N'EST LA LANGUE MATERNELLE QUE DES CLASSES CULTIVÉES !

On traite également des enfants qui sont inégalement préparés dans l’univers familial à entrer dans la culture écrite. Les pédagogies ont plutôt tendance à considérer un certain nombre de dispositions, d’attitudes, comme des pré-requis aux apprentissages. La pédagogie est donc plus adaptée aux enfants des classes moyennes ou favorisées qu’aux enfants de milieux populaires.

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Document polycopié n°16La réussite scolaire dépend du degré d'adéquation de la culture acquise dans le milieu familial avec celle

que diffuse le système scolaire. Pour rendre compte du processus qui lie le milieu social et la réussite scolaire, P. Bourdieu et J.-C. Passeron ont construit la notion d' « héritage culturel ». Élaborée à partir de bases empiriques, enquêtes et observations, leur théorie est que l'école reproduit les inégalités sociales sous forme d'inégalités scolaires résultant des différences d'héritage culturel.

Dans Les Héritiers [1964] puis dans La Reproduction [1970], P. Bourdieu et J.-C. Passeron ont montré par quels processus le système scolaire exerçait un rôle de sélection sociale aux dépens des classes populaires. Les étudiants issus des classes aisées bénéficient de privilèges sociaux qui favorisent leur réussite. Ce sont surtout les aspects culturels de cet « héritage » qui sont les plus déterminants. (…)

Ces privilèges culturels peuvent se traduire (…) par un niveau inégal d'information sur l'école et son fonctionnement (informations d'autant plus nécessaires que les principes de différenciation de la scolarisation sont plus flous), et par des inégalités liées aux lieux de résidence qui procurent des avantages culturels et des stimulations différentes. Cet « héritage culturel » dont bénéficient les élèves issus des classes dominantes est constitué de savoirs, mais également de manières, de savoir-faire, de goûts, de rapport à l'école et à la culture, c'est-à-dire d'un ensemble d'attitudes que le sens commun met au compte d'aptitudes naturelles et de dons. Les enfants des classes dominantes ont pu acquérir dans leur famille une familiarité avec la culture (y compris avec la culture qui n'est pas enseignée à l'école) et une aptitude au maniement de la langue reconnue par l'école. Bourdieu a pu dire, en s'appuyant notamment sur les travaux de Basil Bernstein, que la langue utilisée par l'école n'est la langue maternelle que des classes cultivées. Pour systématiser ces analyses, Bourdieu a proposé le concept de « capital culturel » en le décomposant en trois dimensions :- le capital culturel peut exister « à l'état incorporé », c'est-à-dire sous forme de « dispositions durables

de l'organisme », tels la présentation de soi, les manières, le langage, le rapport à l'école et à la culture ;- à l'état objectivé sous la forme de biens culturels, tableau, livres, dictionnaires, instruments, mais il ne

suffit pas de transmettre ces biens, il faut aussi transmettre la manière de s'en servir ;- enfin, le capital culturel a une « forme institutionnalisée », c’est-à-dire garantie par l'institution scolaire

sous forme de diplômes. Cette forme de capital culturel est directement convertible en capital économique par le biais du marché du travail. Mais, là encore, la détention d'un titre scolaire ne garantit pas l'accès à une position déterminée, il faut aussi savoir en faire bon usage, savoir le placer. L’explosion scolaire et le chômage, en accentuant la concurrence entre détenteurs de titres scolaires, rendent d'autant plus nécessaire le recours à d'autres formes de capital culturel (mais aussi social et économique).

Françoise Oeuvrard, Marlaine Cacouault, Sociologie de l’éducation, La Découverte, 2003.

1) Expliquez la thèse de Bourdieu concernant l’origine des inégalités sociales de réussite scolaire. Donnez des exemples pertinents montrant comme la socialisation familiale explique ces inégalités.

Inégalités de dotation en capital culturel incorporé. La culture familiale des classes dominantes les prépare mieux à répondre aux exigences de l’école que celle des classes dominées ; en effet la culture de ces dernières est plus éloignée de la culture scolaire (distance culturelle plus forte). Il y a une adéquation entre socialisation familiale et socialisation scolaire dans les classes dominantes. Le chemin à parcourir pour répondre aux exigences scolaires est plus difficile pour les élèves de milieux populaires.

→ Culture générale ou culture « libre » qui ne s’apprend pas à l’école, mais est utile à la réussite. Elle s’obtient par la fréquentation des musées, des théâtres, la lecture… dont la pratique est fortement déterminée par le milieu social (les enfants de milieux favorisés ont des pratiques culturelles légitimes plus nombreuses, ils lisent plus et regardent moins la télévision). Loisirs sérieux. La familiarisation avec cette culture libre est également facilitée lorsque la famille possède un fort capital culturel objectivé (objets culturels avec lesquels l’enfant pourra âtre en contact et qu’il pourra utiliser).

→ Aide aux devoirs de la part des parents (voir diapo 9).

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→ Rapport à l’école. Bernard Lahire met en évidence un deuxième type de difficultés pour les élèves de milieux populaires : l’acquisition de la culture scolaire à l’école n’a aucune valeur au sein de la famille. Il est en train d’acquérir une culture qui est très éloignée de celle de son milieu familial ; il n’en tirera donc aucun bénéfice dans ses relations au sein de sa famille. Pas de discussion possible autour de ce qu’il apprend à l’école… Plus de la moitié des enfants de cadres parlent quotidiennement de leurs études avec leurs parents, contre à peine un quart des enfants d’ouvriers.

→ Ambition scolaire. Les parents des catégories dominantes ont eux-mêmes fait des études longues. L’élève de milieu favorisé fréquente dans son quartier, au cours de ses loisirs, des élèves qui ont de plus fortes ambitions. Pour l’élève cela parait « naturel » de suivre cette voie. Mais cela n’a rien de naturel justement ! Tout cela est construit socialement. Tout se passe comme si les élèves développaient des attentes vis-à-vis du système scolaire plus ou moins déterminées par leur chance réelle de réussite, en tant qu’ils appartiennent à un groupe social déterminé . Par exemple, l’adolescent d’une famille ouvrière voit que parmi ses camarades un peu plus âgés que lui et appartenant au même milieu, aucun ou presque n’a atteint le niveau universitaire. L’adolescent se comportera donc de manière à réaliser ce qu’il perçoit comme une donnée de fait : quand on appartient à un milieu défavorisé, on ne peut entrer à l’Université. Cette hypothèse une fois posée, on en déduit que les statistiques relatives à l’inégalité des chances devant l’enseignement ne peuvent se modifier dans le temps, puisque les individus se comportent en définitive de manière que les statistiques précédentes restent vraies. Prophéties auto-réalisatrices.

→ Manières d’être à l’école et rapport avec les enseignants. Dispositions à se comporter de manière conforme à ce que l’école exige. Moins de chahuts chez les enfants des classes supérieures. Le contact avec l’enseignant, souvent issu des classes moyennes, est favorisé par le partage de normes et valeurs proches de celles de l’enseignant. Docilité au sens d’aptitude à se laisser instruire.

→ Le niveau d’information sur le système scolaire. Choisir les bonnes filières, les bonnes options, le bon établissement (détournement de la carte scolaire). Se repérer dans le dédale des filières… Savoir s’opposer aux jugements de l’institution par exemple un redoublement. Capacité à entrer en contact avec les professeurs (les cadres prennent plus souvent l’initiative de rencontrer les enseignants). Tout cela avantage les enfants de milieux favorisés. Pas capital culturel au sens strict, mais avantages tout de même pour ces élèves.

Cette transmission du capital culturel s’opère, pour l’essentiel, en dehors de toute volonté explicite de la transmettre, par l’effet éducatif qu’exerce le capital culturel objectivé intégré à l’environnement familial et par toutes les formes de transmissions implicites liée à l’usage de la langue, qui contribuent à la construction sociale des habitus. Cette transmission du capital culturel s’accomplit au moins pour partie, à l’insu du donateur et du donataire, par osmose en quelque sorte.

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2) Remplissez le schéma ci-dessous avec les mots ou expressions suivants : inégalités d’accès aux statuts sociaux valorisés, inégalités de dotation en capital économique et en capital social, inégalités de capital culturel institutionnalisé, inégalités de réussite sociale, inégalités de dotation en capitaux culturel objectivé et incorporé, reproduction sociale, origine sociale.

3) Expliquez chacune des trois flèches en pointillés. Pour l'effet du capital économique, vous pouvez vous inspirer du document polycopié n°17 ci-dessous.

Document polycopié n°17 L'argent et l'écoleL'auteur est un enseignant de SES qui enseigne dans un lycée bourgeois de la banlieue parisienne

Au fil des mois, je découvre des élèves qui suivent des cours particuliers à la première mauvaise note, ont des coaches, préparent Sciences Po le samedi dans des écoles privées ou suivent ses stages de maths pendant les petites vacances. Après le bac, ils enchaînent avec une école d'ingénieurs, en prépa, mais aussi dans les universités canadiennes ou anglaises. Tout ceci a un coût". (…)

Une offre privée diverse et efficace a explosé ces dernières années, en réponse à la dégradation du service public à court d'argent et à une demande sociale très forte, nourrie par la volonté désespérée des parents de faire entrer leurs enfants dans l'ascenseur social ou, au moins, de leur éviter le chômage. (…)

Cette nouvelle donne creuse de nouvelles inégalités. (…) La sélection par l'argent affecte de nouveaux groupes sociaux. Certes, les classes populaires pâtissent des nouvelles règles du jeu autant que des anciennes, mais les classes moyennes instruites sont désormais également touchées. (…) Misant sur l'école, elles découvrent la hausse vertigineuse de son coût, qui a déplacé la compétition scolaire sur un terrain qui n'est pas le leur. (…) Dans ce contexte, chaque avantage mobilisable compte : qualité de l'école, coaching, soutien scolaire. La massification a multiplié les effets sur la carrière de petits écarts de niveau de diplôme, qui incitent à inversir de manière parfois folle - il arrive par exemple qu'un étudiant reçu à l'ESCP Europe redouble pour avoir HEC, par exemple. Une minorité dispose de moyens financiers importants et met cette ressource au service de la réussite de sa progéniture. Cette disposition à payer est compréhensible : comment refuser à son enfant l'inscription dans l'école de son choix ou des cours supplémentaires l'aidant à réussir ?

Arnaud Parienty, School Business, Comment l'argent dynamite le système éducatif, La Découverte, 2015.

La réussite scolaire n’est pas non plus indépendante du capital économique de la famille : taille du logement qui offre un environnement plus ou moins propice au travail scolaire, lieu de résidence qui détermine l’établissement fréquenté (lycées de centre-ville ou ZEP), coût des études supérieures, voyages linguistiques, soutien scolaire, accès à des écoles privées (y compris à l'étranger si nécessaire)…

Le capital social peut aussi être mobilisé pour rentrer dans tel ou tel établissement, telle ou telle filière ou pour avoir de l’information sur les bonnes filières, etc.

Le capital économique et le capital social jouent également un rôle sur le rendement des diplômes, à savoir leur efficacité pour accéder aux positions sociales désirées. Par exemple, on peut imaginer que la mobilisation du capital économique soit mobilisé pour un projet de création d’entreprise. Le capital social permet d’obtenir des informations sur les places disponibles, mais aussi d’accéder directement à un stage dans une entreprise qui sera un tremplin vers un emploi en CDD ou CDI par la suite.

Inégalités de dotation en capital économique et en capital social

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Le capital culturel incorporé joue également sur le rendement des diplômes : capacités à faire bonne impression dans les entretiens d’embauche ou à se faire bien voir par ses supérieurs hiérarchiques car on possède les codes.

A retenir que le rendement des diplômes est inégal selon l’origine sociale en raison de la dotation en capitaux économique, social et culturel.

Quelques pistes pour réduire l’inégalité des chances scolaires :→ Réduction importante de la taille des classes en ZEP. Etude de Thomas Piketty.→ Adopter une pédagogie rationnelle limitant au maximum l’implicite. Ne jamais exiger quelque chose

qui n’a pas été enseigné à l’école. Donc alléger les programmes pour donner du temps aux enseignants de travailler les méthodes.

→ Donner une place conséquente à la réflexion sur les causes de l’inégalité scolaire dans la formation des enseignants. On pourrait imaginer qu’une épreuve au concours soit commune à l’ensemble des enseignants du primaire au secondaire et concerne la sociologie des inégalités scolaires.

→ Revoir la carte scolaire pour assurer une vraie mixité sociale. Cette carte scolaire pourrait être appliquée également au privé pour éviter les stratégies d’évitement et d’entre-soi.

Enfin, ne pas oublier que l’on ne peut réfléchir aux inégalités à l’école sans mener une réflexion sur les inégalités dans la société dans son ensemble.Les pays dans lesquels les inégalités scolaires sont plus faibles sont aussi les moins inégalitaires dans bien d’autres domaines.

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3.2.2. Les réussites paradoxales ne le sont pas

Document polycopié n°18 Les réussites paradoxales ne le sont pas !Dans cet ouvrage, Bernard Lahire présente une enquête par entretien auprès de parents de milieux défavorisés. Le sociologue a choisi les familles en fonction des résultats de leur enfant à l’évaluation nationale de français et mathématiques de CE1 afin de mettre en évidence les causes familiales de la réussite scolaire au sein de familles dépourvues d’une longue expérience ou culture scolaire.Imane est entrée tôt à l’école maternelle (2 ans et 5 mois). On remarque immédiatement chez elle le soin qu’elle porte à son travail. Elle est l’un des deux meilleurs élèves de CE2 de la classe […] Quelles sont, dans ce dernier portrait, les raisons de la « réussite » scolaire de l’enfant ? Le père est ouvrier qualifié (niveau 6ème) et la mère sans emploi (elle ne lit et n’écrit que l’arabe) […] C’est dans la trajectoire du père que l’on trouve la clef principale de compréhension des dispositions familiales extrêmement favorables à la scolarité des enfants. Tout d’abord, le style de discours de M. M. tranche avec celui de nombreux autres enquêtés. Très cordial, cet homme a incorporé un ensemble d’attitudes en harmonie avec l’école : politesse, langage explicite, construit, correct, précis, ton posé, douceur et calme dans la voix, gestes accompagnant son discours... Il développe ses réponses sans jamais perdre de vue les questions. […] Ces modalités de l’expression verbale et corporelle sont sans doute liées […] au passé militant de M. M. qui a acquis l’habitude du discours formel, explicite (à travers la participation à de nombreuses réunions où il s’agissait d’argumenter, ou la rédaction fréquente de textes) […] Sa femme, elle, semble plus éloignée des questions scolaires et culturelles. Elle est, en revanche, très présente dans la gestion du quotidien domestique […]. De manière inhabituelle dans le cadre de la division sexuelle traditionnelle des tâches domestiques, mais pour des raisons de compétences, c’est donc M. M. qui se charge des papiers. Il rédige les lettres aux administrations, remplit la feuille d’impôts, les chèques pour les factures familiales, écrit les mots pour l’école et classe avec méthode les documents familiaux […] II inscrit aussi des choses sur un calepin ou des rendez-vous sur le calendrier pour se les rappeler, et prend des notes au téléphone […] Les enfants ont donc l’image d’un père qui gère les affaires familiales, mais ils participent eux aussi aux écritures domestiques et intègrent l’écrit dans de nombreuses activités plus ou moins ludiques. Ils laissent à leur père des mots pour qu’il signe des cahiers quand il rentre tard le soir du travail, tiennent à jour les albums de photos et y portent de petits commentaires […] Ils adressent aussi des lettres à leurs cousins et Imane en envoie pendant les périodes de fêtes […] Imane rédige des histoires ou des poésies quand elle est malade ou qu’elle s’ennuie, essaie d’en recopier sur les livres et joue avec ses frères à se laisser des petits messages : « Pour s’amuser, on écrit pour pas se déplacer. Par exemple, moi j’écris un mot et j’le donne à mon frère pour qu’il l’emmène à l’autre. » C’est toujours M. M. qui s’occupe de la scolarité des enfants. Il suit les notes d’Imane régulièrement […] II parle souvent d’école avec ses enfants ; « Souvent, d’ailleurs, c’est la première question que je pose moi, en se mettant à table : "Alors qu’est-ce que vous avez fait ce matin ?" » […] M. M. est par ailleurs très vigilant sur les temps consacrés aux devoirs et aux jeux. Lorsqu’ils rentrent de l’école, ses enfants prennent leur goûter, redescendent « s’amuser un peu pour oublier un peu, pendant une demi-heure, trois quarts d’heure », puis remontent faire leurs devoirs. […] C’est encore lui qui amène ses enfants à la bibliothèque tous les quinze jours. Il voit d’ailleurs souvent sa fille lire (« Elle lit beaucoup. Quand je la vois au lit, je la vois avec un livre. Avant de dormir, elle a son livre ») et se souvient que, avec sa femme, ils lui racontaient des histoires « pour s’endormir » lorsqu’elle était petite. Outre cela, les rythmes familiaux sont très réguliers (à 21 h « maximum » les enfants sont couchés) et le père donne même à ses enfants des conseils sur la manière d’organiser leur travail, de le planifier : « Des contrôles, des interros, des leçons à apprendre, pour quel jour dans la semaine, tenir l’emploi du temps. Des fois, oui, des petits conseils, bien sûr : "Faut pas attendre le jour même pour apprendre sa leçon, pour la réviser." […] Par ses explications […], M. M. développe un rapport au temps qui est indissociablement rapport à l’avenir et rapport au présent : il faut prévoir les choses et donc mettre en œuvre une éthique du travail quotidien, régulier, permettant de ne pas, comme on dit, se laisser prendre par le temps […]. En dehors du père qui est la figure centrale dans l’orientation des comportements scolaires adéquats, il faut aussi évoquer la complicité qui s’est nouée entre Imane et sa cousine plus âgée (étudiante en 3ème année de Droit). Là encore, Imane est en relation avec une personne qui, dans ses manières de parler, dans ses goûts..., peut contribuer à constituer chez elle des dispositions scolairement adéquates. Notons tout de même, pour conclure, que la situation si favorable ne tient qu’à une division sexuelle des tâches domestiques tout à fait atypique. C’est sans doute parce qu’il y a eu « échec » du militantisme du père que celui-ci s’est mis à investir l’éducation de ses enfants. Imane pourrait très bien avoir, dans une tout autre configuration, un père préoccupé par ses activités militantes et sa vie professionnelle et déléguant à sa femme le soin d’assurer, avec ses propres ressources (beaucoup plus faibles scolairement), le suivi scolaire et culturel des enfants.

Source : Bernard LAHIRE, « Tableaux de familles : heurs et malheurs scolaires en milieux populaires », Seuil, 1995, pp.264-269.http://www.cahiers-pedagogiques.com/spip.php?article6020

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1) Listez toutes les incitations parentales favorables à la réussite scolaire d’Imane.

Rapport à l’écrit o Un rapport régulier et ludique à l'écrit (utilisé comme instrument de communication familiale,

mais aussi de création -écriture d'histoires-) ;o Utilisation méthodique de l’écrit dans le cadre familial par le père.o Pratique de lecture régulière (bibliothèque)o Le père lui lisait des histoires avant qu’elle ne sache lire. o Pratiques langagières du père. Capacités d’argumentation proches de la langue écrite.

un rapport au temps qui prépare à l'école : organisation des journées, anticipation, travail régulier. Rapport à l’école : le père suit les notes d’Imane régulièrement, lui demande systématiquement ce

qu’elle a appris à l’école.

2) Montrez que l’impact de la socialisation familiale ne peut se résumer au seul niveau de diplôme des parents.

Rôle du militantisme du père qui lui a fourni un rapport au discours, à l'argumentation orale et écrite qu'il n'avait pas acquis dans un cadre scolaire.Divison « atypique » des tâches entre parents : suivi de la scolarité assuré par le père, qui est le mieux doté dans ce cas. Il aurait suffi que le père soit moins présent dans l’éducation de ses enfants et que cette tâche soit prise en charge par la mère pour qu’Imane ait des dispositions beaucoup moins favorables.Présence d'autres membres de la famille qui entretiennent un rapport positif à l'école. Imane est par ailleurs très complice avec sa cousine en 3ème année de droit et qui donc lui transmet des dispositions favorables à la réussite scolaire.

A retenir : → Certes, il est beaucoup plus probable de trouver un cadre familial favorable à la réussite scolaire

lorsque le capital culturel des parents est élevé.→ MAIS tout ne peut se résumer au niveau de diplôme des parents. Sinon, la réussite serait seulement

exceptionnelle dans les milieux populaires, ce qui n’est pas le cas. Les réussites qui apparaissent paradoxales ne le sont pas car on peut trouver des explications sociologiques à cette réussite dans le contexte familial. Certaines mobilisations familiales en milieux populaires permettent la réussite scolaire même lorsque la famille est faiblement dotée en capital culturel.

Documents 2 et 3 p.247 Belin socio de l’école Lahire-merle

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3.2.3. L’explication en termes de stratégies familiales (Boudon)

Document polycopié n°19 Les choix d’orientation et l’origine socialeLa seconde théorie qui tente de rendre compte de l'inégalité des chances est celle de la demande d'éducation. À réussite

scolaire égale, l'orientation dépend de l'origine sociale : plus le milieu dont on est issu est favorisé, plus les voies scolaires vers lesquelles on est orienté sont intéressantes.

Dans une enquête effectuée en Suisse à la fin des années soixante, on étudiait l'orientation des élèves à la fin du CM2 en fonction de l'origine sociale. Deux grandes options leur étaient ouvertes : abandonner les études proprement dites pour entrer en apprentissage, ou bien entrer dans le secondaire et poursuivre un enseignement général.

Voici les données obtenues pour ce qui concerne l'orientation vers le secondaire (voir tableau ci-dessous).

Origine sociale Ouvriers Cadres supérieursNiveau scolaire Bons Moyens Faibles Bons Moyens FaiblesOrientation vers le secondaire 80% 50% 10% 95% 90% 70%

On voit que parmi les enfants de cadres supérieurs ayant des résultats faibles, 70 % sont orientés vers le secondaire, alors que parmi les enfants d'ouvriers ayant le même niveau de résultats, 10 % seulement sont orientés vers le secondaire. Cette inégalité ne peut s'expliquer par la théorie du désavantage culturel des enfants de milieux populaires, puisqu'on raisonne à réussite scolaire égale. Elle peut en revanche s'expliquer par une demande d'éducation différente suivant le milieu social. Quand un élève est issu d'un milieu aisé, il vise à atteindre un statut social au moins équivalent à celui de ses parents. Dans ce but, il lui faut continuer ses études aussi longtemps que possible, même si ses résultats scolaires ne sont pas très bons. Ses parents le pousseront eux aussi d'autant plus aux études que pour eux le coût de ces études ne représente qu'une dépense relativement faible. Quand un élève est issu d'un milieu populaire, en revanche, il atteint rapidement un niveau scolaire qui lui permet d'accéder à un statut social équivalent à celui de ses parents. Il risque de perdre assez vite sa motivation. Comme en outre le coût de ses études pèse sur le budget modeste de ses parents, ces derniers ne consentiront à les lui laisser poursuivre que si ses résultats sont vraiment prometteurs. Si ses résultats sont médiocres ou même seulement moyens, ils risquent de renoncer rapidement à lui faire continuer ses études. La demande d'éducation des familles de milieu modeste est donc faible, alors qu'elle est forte pour les familles aisées.1. La première théorie est ta théorie de la reproduction appelée ici « théorie du désavantage culturel ».

Bernard Valade, Introduction aux sciences sociales, © PUF, 1996.

1) Pourquoi peut-on dire que les inégalités scolaires ne s’expliquent pas seulement par les inégalités de dotation en capital culturel ?

L’approche de Boudon permet de montrer que les inégalités scolaires sont dues également aux choix opérés par les familles et les élèves au cours des différents paliers d’orientation.

2) Illustrez les passages soulignés par des niveaux de diplôme nécessaires aux uns et aux autres.

Si un élève de milieu aisé veut atteindre le niveau social de ses parents, il doit être diplômé de l’enseignement supérieur long pour s’insérer directement dans les CSP du groupe CPIS.

Par contre, si un élève de catégorie populaire veut dépasser le niveau social de ses parents, il peut croire suffisant de s’arrêter au niveau de diplôme immédiatement supérieur à celui de ses parents, par exemple un bachelier choisira un BTS pour devenir technicien.

3) Déduisez-en le premier facteur expliquant les différences de demande d’éducation selon le milieu social.

A priori, il n’est pas nécessaire, pour les enfants de catégories populaires, de faire des études supérieures pour dépasser le niveau social de leurs parents. Le bénéfice anticipé de la poursuite d’études à chaque niveau d’orientation sera minimisé par les élèves de milieux populaires et maximisé par les élèves de milieux favorisés.

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4) Quel est le second facteur explicatif de ces différences d’après l’auteur ?

Le second facteur explicatif est le coût anticipé des études relativement au revenu de la famille, d’autant plus difficile à supporter pour la famille quand les résultats de l’étudiant sont médiocres. Le coût anticipé de la poursuite d’études est plus élevé pour un élève de milieux populaires que pour un élève d’un milieu favorisé.Le coût des études pèsera d’autant plus pour une famille aux revenus modestes. Elle devra consacrer une part plus importante de son budget à l’éducation si l’élève décide de poursuivre ses études. Une année d’étude supplémentaire « coûte plus » à une famille aux revenus modestes. Les sacrifices financiers sont plus élevés.

5) Montrez que, selon cette étude, les choix individuels concourent à déterminer la destinée sociale.

Les élèves et leurs familles réalisent donc un calcul coût/avantage. Ce calcul pousse les élèves de milieux favorisés à poursuivre leurs études le plus longtemps possible et les élèves de milieux populaires à choisir des études plus courtes.

Dans l’appréciation du risque interviennent des éléments tels que l’âge (avance, retard scolaire) ou la réussite scolaire.Les chances de réussite étant en partie déterminées par l’origine sociale (Boudon ne nie pas l’influence des structures), les familles de milieux populaires vont intégrer cela dans leur choix, ce qui va les rendre plus réticentes à engager leurs enfants dans une poursuite d’études.

Milieux populaires Milieux favorisésBénéfices anticipés - +Coûts anticipés + -Risques + -

RESUME Surestiment les coûts et les risques et sous-estiment les bénéfices

Sous-estiment les coûts et les risques et surestiment les bénéfices

CHOIX D’ORIENTATION Etudes courtes Etudes longues

Les choix d’orientation sont marqués par une auto-sélection inégale selon les milieux sociaux : quand l’élève est très bon, ou très faible, les vœux des familles sont uniformément ambitieux, ou au contraire modestes ; mais une forte diversité caractérise les vœux des élèves plus moyens, structurée avant tout par l’origine sociale. Mis en évidence dans les années 80, ces phénomènes s’avèrent très stables : en fin de 3ème, une étude récente du Ministère de l’Education Nationale montre qu’avec moins de 9 de moyenne au contrôle continu du Brevet, 66% des familles de cadres, contre 18% des familles ouvrières, demandent une orientation en second cycle long. A l’inverse, on remarque l’uniformité des demandes chez les bons élèves, quel que soit le milieu social.

Ou encore, avec une moyenne comprise entre 10 et 12 au brevet, 83,4% des parents cadres souhaitent que leur enfant se dirige vers une seconde générale ou technologique, contre 30,6% les parents ouvriers ou employés.

Les classes préparatoires aux grandes écoles, à valeur scolaire identique, sont nettement plus souvent choisies par les jeunes de milieu favorisé.

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Conclusion : rôle de la famille sur la mobilité sociale et méritocratie

La famille transmet des capitaux (économique, culturel et social) qui vont déterminer en grande partie le destin social des individus issus des différentes catégories sociales, d’où la reproduction sociale.

La famille agit sur trois dimensions de la position sociale :– l'obtention d'un diplôme, liée à la transmission de capital culturel qui conditionne en grande partie l'obtention d'un emploi et la position sociale occupée. Au niveau macrosociologique, l’influence de la famille en interaction avec les exigences de l’école est un facteur d’inégalités scolaires.– la construction d'un réseau de relations, d'un capital social dans la terminologie de Bourdieu, qui est également un élément déterminant dans l'obtention d'un emploi et d’une position sociale élevée (rendement du diplôme) ;– le capital économique : la famille est un lieu d'héritage, de donation, de transmission monétaire, ce qui détermine l'aisance financière, ainsi que la position professionnelle (notamment dans le cas des indépendants). Joue également sur le rendement du diplôme et dans une moindre mesure sur le niveau de diplôme obtenu.

En ce sens, les discours sur la méritocratie perdent tout fondement puisque le destin social des individus est fortement déterminé par leur origine sociale. On ne peut donc considérer qu’il y a égalité des chances et que les individus doivent leur position sociale au mérite. Il serait plus judicieux de parler de mythe méritocratique.Cette conclusion a une forte portée politique car c’est le principal instrument de légitimation des inégalités dans notre société qui s’effondre ici.

En revanche, ne pas perdre de vue que la mobilité sociale est loin d’être inexistante. Au niveau microsociologique (au niveau des trajectoires individuelles de mobilité sociale), l’effet de la famille est plus ambigu : elle conduit à la reproduction sociale dans un bon nombre de familles fortement dotées culturellement (mais pas toutes : il y a aussi des héritiers en échec !) et dans un bon nombre de familles faiblement dotés. Mais elle peut aussi assurer un contexte favorable à la réussite dans les milieux populaires qui permettra une mobilité ascendante.

Enfin, il faut éviter de tenir un discours trop noir sur l’école. Le fait que les positions sociales soient déterminées principalement par le niveau de diplôme permet une certaine fluidité sociale.

Une société vraiment fluide repose sur deux conditions : Des positions fortement corrélées au niveau de diplôme obtenu. L’obtention des niveaux de diplôme doit être indépendante de l’origine sociale.

Pour les questions 11 à 14, vous devez vous servir de la table de destinée :

11) Quelles sont les chances pour un individu pris au hasard d’être membre des CPIS ?12) Même question pour un individu issu d'un père membre des CPIS.13) Statistiquement parlant, une situation de fluidité sociale parfaite (égalité des chances) signifie que la position sociale occupée par un individu est totalement indépendante de son origine sociale. Quelle serait la probabilité pour un fils d'ouvrier d’être membre des CPIS si l’égalité des chances était parfaite ? 14) Complétez la phrase suivante : « un fils issu d'un père membre des CPIS a …... fois plus de chances d’être lui-même membre des CPIS qu’un fils d'ouvrier. »

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Pour les questions 15 à 17, vous devez vous servir de la table de recrutement :

15) Quelle est la proportion de fils issus des CPIS ?16) Quelle est la proportion de fils issus des CPIS parmi les membres des CPIS ? Pourquoi peut-on parler de surreprésentation ?17) Quelle devrait être la proportion de fils d'ouvriers parmi les membres des CPIS si la fluidité sociale était totale ?