Thierry Lancien, Le Programme Ecrans 2008-2012

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Présentation des résultats du programme de recherche mené par Thierry Lancien, au sein du MICA, Bordeaux 3. Journée d'études "Ecrans & Médias" 16 novembre 2012

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Thierry Lancien

MICA

Universités de Genève, Manchester, Ouarzazate

Université Michel de Montaigne. Bordeaux 3

http://.intermedialite.blogspot.com

Le programme « Ecrans »

Cours de licence

Manifestations

« Suivez l’écran »

Les séminaires

• Genève (Mai 08), Ouarzazate (09, 10, 11)

Manchester (mars 09)

° Bordeaux 3: Scheinfeigel, Blanchet, Amato

° Bordeaux: Séminaire avec professionnels des écrans

Multiplication des écrans, images et postures spectatorielles in

MEI 34

En quoi la multiplication des écrans affecte-t-elle les images et en quoi modifie-t-elle les

postures spectatorielles?

Ecrans, images et spectateurs

• Interactions entre des dispositifs techniques, des contenus, des spectateurs/acteurs

• Migrations, déplacements, mouvements, hybridations, voire métamorphoses des images?

• Permanences ou changements des postures spectatorielles?

L ’objet écran

Associations: notions

• Représentation, perception, flux, passage, transparence

• Hybridation, mutations

• Médiation, automédiation, médiatisation

• Action, interaction, interactivité

• Enonciation, co-énonciation

• Intermédialité, intermédiatique

Associations: notions

• Virtuel• Actualisation• Dématérialisation• Immersion• Simulation• Cyberespace

Types d’écrans retenus

• Ecran de cinéma

• Ecran de télévision

• Ecran d’ordinateur

• Ecran de mobile

Théories de l’écran

Archéologie de l’écran (Manovich)

• L ’écran classique du tableau à l’ordinateur:– Surface plate, rectangulaire, conçue pour une

vision frontale vs panorama– Agit comme une fenêtre donnant sur un autre

espace– Cet espace de représentation est à une autre

échelle que le nôtre

Archéologie de l’écran 2

• L ’écran dynamique cinéma, vidéo, tv:– Mêmes propriétés mais permet de visualiser des

images en mouvement– Cinéma vise forte identification avec oubli du

cadre – Ecran sépare, cadre, capte et rend non existant

ce qui se situe hors de lui avec une échelle du cinéma à l’ordinateur

Archéologie 3

• Ecrans virtuels:– Rupture avec l’écran d ’ordinateur: affichages,

possibilité d’observer plusieurs images– Interfaces à rapprocher du design graphique– Les images deviennent données (textes, images,

graphismes)– Avec virtuel: l’écran disparaît. Le spectateur se

trouve totalement à l’intérieur de cet espace vs écran d’ordinateur: rétablit écran

Archéologie 4

• Disparition de l’écran dynamique?– Interface des fenêtres et réalité virtuelle

changent l’organisation de la vision – Ecran dynamique=catégorie culturelle dont on

peut retracer l’histoire– Spectacles de distraction populaire: lanterne

magique, fantasmagorie, panorama, diaporama

Archéologie 5

• L ’écran du temps réel:– Ecran d’ordinateur: histoire différente– Pas lignée d’un divertissement mais surveillance

militaire– L ’image y change en temps réel réfléchissant le

changement des référents• Position d’un objet ds l’espace (radar), modification de la

réalité visible (vidéo directe) transformation des données situées ds la mémoire de l’ordinateur

Recherches sur les écrans

• -80 Chambat, Ehrenberg: écrans, nouveau continuum comparable à l’imprimé?– -thèse d’une coexistence complémentaire

° -2000 Mongin, n° d’Esprit– Multiplication des écrans=effacement de leurs

identités ou consultations spécifiques?

Perspective intermédiale

• Gaudreault, Marion, Altman (2000, 2006), Delavaud, Lancien (2006)– Crise intermédiale: identité des médias en

suspens– Médias contemporains: tendance à la

dissémination– Répartition entre médias ayant tendance à

s’hybriser et médias gardant leur identitié forte

Les « Cinq écrans »

• L ’écran de « représentation »– Re-présentation; qui n’est pas là. Différ(a)nce

• L ’écran de « transmission ». Logique de flux– Différé mais introduit le direct

• L ’écran « d’action ». Logique de stock– Affichage, intervention. Temps de l’action

– Direct d’Internet

Cinq écrans 2

• Ecran de simulation. Hors logique spectatorielle et de représentation– Permet de plonger dans l’image– Stade de l’action, de la performance

• Ecran de contact: téléphones mobiles– Tantôt un lieu fonctionnel (consultations, services,

commandes), tantôt un lieu d'attention plus flottante qui aurait surtout une valeur de contact.

Télévision

•« L’écran de télévision est une vitrine, on est passé de la représentation à la présentation » Serge Daney

Circulation des images

Images nomades

Images hybrides

Images évolutives

Images nomades

• Images identiques sur différents écrans: exemple du cinéma

• Exemple du magnétoscope:lecture magnétoscopée, plasticise, augmente la dimension figurative

• Dvd: morcellement (chapitrage) logique de l’extrait

Images nomades 2

• Ordinateur: fenètrage, taille de l’image, cohabitation avec d’autres images:– Images utilitaires: icônes, pictogrammes– Images privées– Images de travail

Images nomades 3

• Donc images nomades affectées par le passage d’un écran à un autre

• Après identité stable (pendant une certaine période) identité de la peinture, de la photo, du cinéma– Déstabilisation dans les modes d’apparition, de

perception, les régimes de visibilité

Images hybrides médias

• Multimédia, numérique= nouvelles combinaisons images, son, texte

• Sites de médias sur Internet

Images hybrides en art

• Pas nouveau. Caractéristique de l’art du 20e

• Voir par exemple Jeff Wall: références, emprunts au cinéma, à la peinture, à la publicité

• Collages, photomontages

Images hybrides 2

• Images issues d’un dispositif de filmage qui viennent hybrider d’autres dispositifs

• « Redacted »: images d’Internet, de caméscope privé, de tv de surveillance, de documentaire tv

• « Cinéma repassé second dans l’ordre des images »

Images hybrides 3

• Eclatement des sources, disparition d’un centre d’émission

• « Images zéro faites par tout le monde et par personne »

• Question « auctoriale »

• Voir aussi pratiques de réalisation, de détournement, de pastiche: « Youtube »

« Redacted »Brian de Palma

• Le cinéma est repassé second dans l’ordre des images

• Il organise leur distribution mais aucune ne lui appartient

• Le cinéma ne fabrique plus d’images en son nom propre, il les tire dun stock

Du côté du spectateur

Les relations culturelles aux écrans

De l’expérience à la relation

L ’expérience cinématographique

• Expérience au sens ontologique (Merleau-Ponty)• S’inscrit dans une histoire du spectacle, suppose

un certain rapport à la culture• Forme de socialisation, de pratique culturelle avec

ses rites, ses habitudes, ses conventions, ses détournements

La fréquentation télévisuelle

• Pratique de réception moins engageante

• Accès à domicile, absence éventuelle de programmes, zapping, pratique « tapisserie »

• Donc=Fréquentation, « exposition » plus que participation

L ’activité réseaux

• Ecran d’ordinateur=terminal de programmes et de documents divers mélange univers du travail, du spectacle, du fonctionnel

• Spectateur se déplace vers l’acteur

• Logique du « pull » et non plus du « push »

La relation mobile

• Relation parce que primauté du contact

• Relation interpersonnelle

• Forte dimension phatique qui influencerait la réception de contenus médiatiques

Les relations aux images

Permanences, coexistences, transformations

Questionnement

• Peut-on considérer que les relations que le spectateur entretient avec les images se transforment selon les types d’écrans considérés?

Permanences

• « Ce n’est pas la multiplicité croissante des situations spectatorielles qui détermine la multiplicité des postures spectatorielles. Le même spectateur développe la même pluralité d’horizons d’attente à l’égard de chaque dispositif quelle que soit la technologie utilisée »

• Leblanc, Médiamorphoses, 18

Transformations 1

• Rupture dans la tradition figurative– Dévoilement du monde en le mimant grâce aux

vertus imitatives de l’image– Vs images comme données; écran comme table

d’informations– Résultat:

• Mise en contact plutôt que vérité du sens

• Passage de la représentation à la simulation

Transformations 2

• Ecran et multimedia– Ecran comme lieu de représentation devenant

lieu d’action– Représentation classique vs déconstruction

(voir cdroms d’art)– Ecran mosaique (Couchot)– Filiations avec la page plutôt qu’avec le cadre

pictural ou la photo ou le cinéma

Transformations 3

• Régime de la communication: médias=partager un sens qui préexiste

• Régime de la commutation:systèmes dialogiques=sens qui s’établit autour de l’échange

• S’interroger sur les notions de: co-auteur, co-énonciateur, spect-acteur

Pour les images nomades

• Pas de modification en termes de contrats (fictionnalisant,documentarisant)?

• Mais plus au niveau discursif, textuel?– Le film de fiction en passant de l’écran de

cinéma à l’ordinateur?– Mode du récit classique doit cohabiter avec les

modalités de l’extrait, du fragment– Logique délinéarisante

Pour les images hybrides

• Images qui se jouent des supports

• L ’identité de chaque média peut en être affectée de même que la relation spectatorielle entretenue avec lui

• Question de la fin de …?

• Voir plutôt nouvelle intermédialité (échanges, hybridations, redéfinitions)

Images « nouvelles »

• Univers de l’action et/ou de la simulation

• Performance mise en avant: notions d’acteur, de spect-acteur

• Vrai dans les domaines artistiques

• Voir aussi nouvelles pratiques (Youtube):

-Spectateur devenant co-auteur, co-énonciateur

Relations au temps: du temps contraint au temps choisi

• Cinéma– Temps de la projection; temps de la diégèse=temps

contraints

• Télévision– Flux ininterrompu; sérialité; multiplicité des temps de

diégèse– Temporalités de l’auto-programmation

Relations au temps 2

• Magnétoscopes, DVD– Temps de la diégèse peut devenir temps choisi:

temps arrété (pauses), retours, avancées– Le temps de l’œuvre subit des modifications

spectatorielles– C’était ss doute déjà en partie le cas mais sans

interventions physiques, mécaniques

Régimes du voir télévisuel

• Périodisation ou coexistences?

Le voir télévisuel

• Image-profondeur: contrat reposant sur une objectivité du voir, du monde montré, sur la crédibilité des images

• Esthétique fondée sur une morale du voir• Il y a un réel saisissable par l’image tv• Mise en scène de l’émotion du vrai• « 5 Colonnes »: le monde lointain se donne à

découvrir• Innocence des images et du TS

Le voir télévisuel 2

• L ’image surface: contrat de visibilité prenant le monde comme spectacle

• Monde vu comme déjà mis en scène• Catégorie du vraisemblable et plus du vrai• Réel saisi directement sans médiations ni

médiateurs• Campagne de 65• Retransmission sportive qui modifie le sport

Le voir télévisuel 3

• L ’image-fragment: contrat de visibilité visant l’intensité, la pure sensation

• Le monde=flux d’images éclatées et aléatoires• Pour TS le monde=collage d’images, combinatoire

d’intensités visuelles• Profusion, dispersion, multiplication de la

circulation des images; Evanouissement du référent• Le clip: image fragment par excellence

Passages

• Figuration comme: Imitation, dévoilement du monde

• Puis mise en contact plutôt que vérité du sens

• Puis passage à l’information: images comme données

• Passage de la représentation à la simulation

Relations intermédiales

• Intérêt pour le contexte autant que pour le texte (Moine)

• Films concerts et conscience de la fabrication des images en amont et en aval

• Pratiques de manipulations technologiques• Deux pôles de réception: sensation

physique/expérimentation technique, expérience ludique

• Films qui traitent eux mêmes du rapport à la technologie

Réception paradoxale

• Identification/distanciation

• Fusion/distanciation

• Distanciation: citation, pastiche, parodie, humour

• Détournement:style exhibé, écriture exhibée

Questionnements 1

• Ecran et « cinéma postmoderne »: nouvelles relations à l’image de cinéma. Jullier

• Cinéma d’ambiance, de sentiments et de sensations plus que de sens

• Spectateur mis au cœur de l’image (son, pas trace, travelling avant)

• Technologie du son à mettre en lien avec cinéma du bain de sensations

• Passage de la communication (deux pôles séparés) à la fusion (ne passant ni par le verbal ni par l’identification secondaire)?

Cinéma postmoderne

• Induire des « conduites de vertige »: montage fluide, effet-clip, travellings euphorisants avec déploiement technologique: écrans géants et hauts-parleurs surpuissants

• « Ces écrans ne faisant plus écrans suscitent une façon de vertige spéculaire. Le sujet perd sa qualité de spectateur dans une indétermination qui l’engloutit »Mondzain

Questionnements 2

• Ecran et multimédia• Ecran: lieu de représentation devenant lieu

d’action?• Représentation classique, déconstruction?• Ecran « mosaique » (Couchot)• Filiations avec la page plutôt qu’avec le

cadre pictural, la photo, le cinéma • Notions de mises en page

Questionnements 2bis

• Ecran et numérique/multimédia

• Régime de la communication: médias– Partager un sens qui préexiste

• Régime de la commutation: systèmes dialogiques– Sens qui s’établit au cours de l’échange

Questionnements 2 ter

• Régime figuratif de la représentation optique

• Régime de la figuration numérique

Ecran et expérience spectatorielle

• Dispositif cinématographique: obscurité, vision frontale, convention de la représentation plane du volume

• Dispositif psychanalytique

• Rituel, cérémonie, spectacle

Déplacements: cassette, dvd, installation

De la cassette au DVD

• Modifications du rapport du spectateur au film?• Cassette=appropriation chez soi mais garde la

contrainte linéaire (Bergala)• Cassette=« lecture magnétoscopée » Paini• =possibilités d’accélérer, de ralentir, de stopper, de

revenir en arrière=décuplent la dimension figurative du film

Cassette et histoire du cinéma

• Histoire esthétique du cinéma rendue possible par la cassette comme l’histoire de l’art grâce à la photographie (Malraux)

• Le magnétoscope (Paini): plasticise• Rapports avec la création: Sauve qui peut la

vie de Godard (1980)• Arrêts sur images, mouvements décomposés

des corps, scènes ralenties, esthétisées

Cassette et histoire du cinéma2

• Voir prolongements dans l’esthétique d’Histoire(s) du cinéma

• Pour Paini: « Détaillant, synthétisant, disloquant, analysant » le magnétoscope serait l’outil dialectique d’une histoire de l’art du film

• L ’attention des cinémathèques pour les « hautes époques » du cinéma coincide avec utilisation cinéphilique du magnétoscope

Le DVD comme nouvelle expérience spectatorielle

• Linéarité pulvérisée

• Nouveau rapport au corps du film, plus segmentaire. Attaque du corps du film devenue plus labile (par ex s’approprier un photogramme sur son ordinateur)

• Effets du dvd sur les communautés de spectateurs: nouvelle cinéphilie

Proximités avec la création

• Godard allant voir des « morceaux » de films

• Godard vs Truffaut, Chabrol a tt de suite été dans le tabulaire

• Tabulaire à l’intérieur d’une image et au sein du film

• Godard esthétiquement en avance a compris ensuite l’importance du digital

L ’extrait

• Accession aux connaissances à travers l’extrait

• Numérique amplifie ce mouvement, voir Internet

• Dvd encourage cela d’où nouveaux modes de visionnement: extraire le film de sa temporalité propre pour l’inscrire dans d’autres temporalités: contextuelles, personnelles, collectives

Un néo-spectateur?

• Marqué par les usages des dispositifs technologiques mais aussi par les sollicitations des cinéastes comme Godard, Marker, Varda, Kiarostami qui déplacent les postures de réception

• Expositions/installations de Godard, Kiarostami, Erice, Varda

Du temps à l’espace

• Installation: passage du temps à l’espace: rompt avec la logique de succession du montage cinématographique dominant

• Logiques nouvelles de la simultanéité qui permet des comparaisons, des rapprochements et une mis d’accent sur la figuration, la dimension plastique

La tabularité de l’installation

• Expo classique=linéarité maintenue (Almodovar)

• Installation Kiarostami/Erice: disposition circulaire qui permet d’entrer en tout lieu, d’établir des correspondances

• A travers l’installation, l’expo devient tabulaire

Le temps exposé

• Nouveau rapport à la durée: dans Sleepers pas de coupe mas on peut entrer et sortir quand on veut

• Erice et tableaux d’Antonio Lopez: temps d’un éclairage, mise en scène du temps du regard du spectateur, travail sur le hors champ de la vision

Dispositif(s)

• Le dispositif de l’installation est en phase avec les préoccupations des artistes

• La série, la mise en rapport, la répétition sont déjà présentes dans les œuvres

• Godard propose dans son exposition des points de vue, des déplacements déjà présents dans ses oeuvres

La place du spectateur

• A travers des images à plat, verticales, grandes et petites, Godard repense la place du spectateur

• Ce sont donc les œuvres elles mêmes, mais aussi les technologies (dvd) qui font que le cinéma est en phase avec l’installation

• C’est le spectateur de dvd que l’on retrouve dans l’espace de l’exposition