redaction@lequotidien.com Bégué...PHOTO DUJOUR...

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La petite fille au visage couvert de sablem’intrigue àmon premier jour au Sénégal. Au bordde la plage deNgor, à Dakar, elle se cache au fond des pirogues. Elle ressort avec un air parfoissongeur, parfois comique. Son regard se porte parfois vers les vagues, parfois vers la ville. Avecsa belle robe, ses petites couettes et ses scintillants bijoux, elle regarde vers l’avenir. —PHOTOJULIENRENAUD

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duQuébec doit plutôt travailleravec des chercheurs indépen-dants pour établir un discoursefficace qui dénonce l’idéologiefondamentaliste islamique au lieude faire peser lamenace sur tousceux et celles voulant exercer leurliberté d’expression.NormandBernierDirecteur généralSaguenéens et Jeannois pour lesdroits de la personne

Une imageM. François St-Gelais,J’ai bien aimé votre éditorial,publié samedi dernier dans LeQuotidien, au sujet de l’annoncedu retrait de la vie politiquemuni-cipale dumaire de Saguenay JeanTremblay. Une sage décision eneffet !En juin dernier, j’ai eu une conver-sation avec un Saguenéen d’uncertain âge, et je lui avait dit que,

sans doute, Jean Tremblay allaitannoncer qu’il ne demanderaitpas un autremandat. Qu’il se reti-rerait en voulant laisser une belleimage de sa personne et qu’il quit-terait ainsi, voyant aussi ses chan-ces s’amoindrir d’être à nouveauélu commemaire en 2017.Moninterlocuteur fut étonné demaprédiction.Voilà que c’est fait maintenant. Et,effectivement,M. Tremblay nousla joue à la douce, voulant nousmontrer que son héritage laisserades traces positives dans la régionet qu’il fut un bonmaire.J’ai eu l’occasion de converserdeux fois, par hasard, avecM.Tremblay, et chaque fois, j’ai eudevantmoi un homme simple,attentionné et à l’écoute. Tout àfait l’image contraire qu’on nousfait de cet homme public. Il ya toujours unemarge entre cequ’on nous dit d’un politicien etce qu’il est réellement en privé.M.Tremblay a toujours eu un côté

spectacle en lui et j’ai toujours eul’impression qu’il était en repré-sentation dans le cadre de sesfonctions comme certains autrespoliticiens d’ailleurs. On verrabien ce que retiendra l’histoire decemaire coloré que plusieurs ontsurnommée «LeMaire là là».YvanGiguèreSaguenay

Une petite erreurJe constate qu’une erreur de «quel-ques»milliers demilliards dedollars s’est glissée dansma lettreouverte, intitulée «Les bouts dechandelle», publiée la semainedernière dansLeQuotidien. À cetégard, ce n’est pas 5,3G$ (rien de«méga»),mais bien 5300G$quisont versés en subventions publi-ques aux industries pétrolières etautres.Marcel LapointeSaguenay

«Bouh, j’ai des amis qui sontpartis en Libye pour traverseren Italie.»

Mercredi, un ami du Sénégalm’a partagé cela comme si de rienn’était. Il parlait même d’une voixempreinte d’une certaine jalousie.Rapidement, je lui ai fait promettrede ne pas les imiter, de ne pas ris-quer sa vie.Pourtant, cet ami est bien

conscient des dangers de lamigra-tion. Il m’a raconté qu’il a déjà tentéde s’exiler en Espagne en piroguequand il était enfant, mais que lespassagers ont manqué de nourri-ture. À cette époque, il était frustré etvoulait quitter l’Afrique. Il avait suiviquelqu’unde sa famille.Certains sontmorts sur le bateau après quelquesjours en mer. Finalement, les survi-vants ont été retrouvés, affaiblis, prèsde la côte marocaine. Ils ont ensuiteété renvoyés au Sénégal par avion.Après notre discussion, je suis

retourné lire cet extrait dans monjournal de bord. Cet ami n’a pasété le seul à nous parler de ce désirde quitter le Sénégal.Mario avaitdonné rendez-vous à un marinrencontré la veille. L’homme lui araconté son histoire. Une histoiretriste et bouleversante. L’histoire ducapitaine d’une pirogue bondée degens désireux de s’exiler, malgré unvoyage enmer risqué.Franchir des murs couverts de

fils de fer barbelés, prendre la merdans des embarcations impropresà la navigation ou voyager clandes-tinement dans des conteneurs : leshistoires d’horreur en lien avec lamigration s’accumulent quotidien-nement. Ce sujet dégage une terri-ble odeur demort. Chaque jour, desréfugiés et des migrants risquentleur vie, dansunequêtedésespérée.Mon ami est peut-être conscient

des dangers du voyage, mais l’est-ildes conditions qui l’attendraient del’autre côté de lamer?Le rêveoccidental est bienprésent

au Sénégal. Je devraismêmedire lemirage occidental. Car le Sénégal abeau avoir un Indice de dévelop-pement humain très bas (163e rang

sur 187 pays en 2013), la pauvreté yest organisée, pour reprendre l’ex-pression de mon confrère MarioGagné. Une pauvreté organisée.Génial comme concept !À Missirah, je n’ai pas vu de cas

probants de malnutrition. Non. Jen’aipasvu lamisère.Nonplus. Jen’aipas vu la soif ni la faim. Dumoins,pas dans leurs extrêmes. Je n’ai pasvudesgens sebattrepour leur vie. Jen’ai pas vu lamaladie. Et je n’ai sur-tout pas vu l’angoisse, la tristesse, lemalheur. Non, non et encore non!Bien évidemment, je n’ai pas vu

le luxe. Je n’ai pas vu un flot tech-nologique, ni même un « all-you-can-eat » ou encore un magasin àgrande surface.Mais j’ai vu une richesse culturel-

le, une solidarité, une entraide, unerésilience et un bonheur. Un bon-heur candide et simple. Bégué!Quedu bonheur !Chers amis du Sénégal, comptez-

vous chanceux –même si cela peutparfois être difficile – d’être nés aupays de la teranga et continuez dedéfendre vos belles valeurs. Nous,nous en avonsperdu, obnubilés parnotre bonheurmatériel.La richesse culturelle est plus bel-

le que la richesse économique. Lesavoir-être est plus admirable quele savoir-faire. L’être est plus richeque l’avoir.Sachez, par ailleurs, qu’être pau-

vre au Sénégal, ce n’est pas commeêtrepauvre enOccident.Cheznous,la pauvreté est plus marginaliséeet plus cruelle. Les inégalités sontimmenses entre les pauvres et lesriches. Les moins bien nantis sontsouvent des sans-voix. Mon chez-moi n’est qu’unmirage.Le Sénégal, c’est unpays rempli de

potentiel qui a besoin de sa jeunes-se, de ses femmesetde seshommespour se développer. Se développerà l’africaine en ne négligeant ni lestraditions ni les valeurs au coeurde la richesse culturelle du pays.Se développer à l’image de chaqueSénégalaise et de chaque Sénéga-lais. Se développer à la «manièrebégué» !

Notre journalisteJulienRenauds’estenvolépour leSénégal cetétéafindeparticiper àunstagedecoopération internationaleorganisépar l’UniversitéduQuébecàChicoutimi. Il a notammentmenéunprojetd’alphabétisationfonctionnelleen français auprèsde femmesduvillagedeMissirah, enplusd’enseigner le françaisdansuneclassedusecondaire.Voici laquatrièmedecinqchroniques relatant cetteexpériencehorsducommun.

JULIENRENAUDCHRONIQUEjulien.renaud@lequotidien.com

Bégué

MARDI 13 OCTOBRE 2015 leQuotidien 13