Transcript of PNUD: Rapport sur le Developpement Humain 2014, Haiti
- 1. Rapport sur le dveloppement humain 2014 Prenniser le progrs
humain: rduire les vulnrabilits et renforcer la rsilience
- 2. Le Rapport sur le dveloppement humain 2014 est louvrage le
plus rcent de la srie de rapports mondiaux sur le dveloppement
humain publis par le PNUD depuis 1990, en tant quanalyses
indpendantes et fondes sur les faits des principales questions,
tendances, avances et politiques en matire de dveloppement. Des
ressources supplmentaires lies au Rapport sur le dveloppement
humain 2014 peuvent tre consultes en ligne l'adresse
http://hdr.undp.org, notamment les ditions compltes ou les rsums du
Rapport dans plus de 20langues, les tudes commandes pour le Rapport
2014, les cartes interactives et les bases de donnes des
indicateurs nationaux du dveloppement humain, les explications
exhaustives des sources et des mthodologies employes pour les
indices de dveloppement humain du Rapport, les profils de pays et
autres documents de rfrence, ainsi que les Rapports sur le
Dveloppement humain prcdents l'chelle mondiale, nationale et
rgionale.
- 3. Rapport sur le dveloppement humain 2014 Prenniser le progrs
humain: rduire les vulnrabilits et renforcer la rsilience Au
service des peuples et des nations Publi par le Programme des
Nations Unies pour le dveloppement (PNUD)
- 4. Rapports sur le dveloppement humain 1990-2014 1990 Dfinir et
mesurer le dveloppement humain 1991 Le financement du dveloppement
humain 1992 Pour une vision nouvelle du dveloppement humain au
niveau mondial 1993 La participation populaire 1994 Les nouvelles
dimensions de la scurit humaine 1995 galit des sexes et
dveloppement humain 1996 La croissance au service du dveloppement
humain 1997 Le dveloppement humain au service de lradication de la
pauvret 1998 La consommation au service du dveloppement humain 1999
Une mondialisation visage humain 2000 Droits de lhomme et
dveloppement humain 2001 Mettre les nouvelles technologies au
service du dveloppement humain 2002 Approfondir la dmocratie dans
un monde fragment 2003Les objectifs du Millnaire pour le
dveloppement: un pacte entre les pays pour vaincre la pauvret
humaine 2004 La libert culturelle dans un monde diversifi 2005La
coopration internationale la croise des chemins: laide, le commerce
et la scurit dans un monde marqu par les ingalits 2006 Au-del de la
pnurie: pouvoir, pauvret et crise mondiale de leau 2007/2008 La
lutte contre le changement climatique: un impratif de solidarit
humaine dans un monde divis 2009 Lever les barrires: mobilit et
dveloppement humains 2010 La vraie richesse des nations: les
chemins du dveloppement humain 2011 Durabilit et quit: un meilleur
avenir pour tous 2013 L'essor du Sud: le progrs humain dans un
monde diversifi 2014 Prenniser le progrs humain: rduire les
vulnrabilits et renforcer la rsilience Rapports rgionaux sur le
dveloppement humain : depuis une vingtaine dannes, des rapports sur
le dveloppement humain consacrs aux principales rgions du monde en
dveloppement ont galement t publis avec le soutien des bureaux
rgionaux du PNUD. travers des analyses provocantes et des
recommandations de politique claires, les Rapports rgionaux sur le
dveloppement humain ont trait des questions cls comme
lautonomisation politique des tats arabes, la scurit alimentaire en
Afrique, le changement climatique en Asie, le traitement des
minorits ethniques en Europe centrale et les dfis relever en matire
dingalit et de scurit des personnes en Amrique latine et dans les
Carabes. Rapports nationaux sur le dveloppement humain: depuis la
publication du premier Rapport national sur le dveloppement humain
en 1992, des rapports nationaux sont labors dans 140 pays par des
quipes ditoriales locales, avec le soutien du PNUD. Ces rapports
(dont environ 700 ditions sont publies ce jour) mettent en avant la
perspective du dveloppement humain au sein des proccupations
politiques nationales, au moyen de consultations et de recherches
menes lchelle locale. Les Rapports nationaux se sont penchs sur de
nombreuses questions cls lies au dveloppement, du changement
climatique lemploi des jeunes en passant par les ingalits ethniques
ou de genre. Copyright 2014 Programme des Nations Unies pour le
dveloppement 1 UN Plaza, New York, NY 10017, USA Tous droits
rservs. Il est interdit, sauf accord pralable de lditeur, de
reproduire le prsent ouvrage, de le stocker dans un systme de
recherche documentaire ou de le communiquer, sous quelque forme ou
de quelque manire que ce soit, lectronique, mcanique, par
photocopie, enregistrement ou tout autre moyen. ISBN
978-92-1-226045-7 eISBN 978-92-1-056664-3 Cet ouvrage fait lobjet
dune entre au catalogue de la British Library et de la Library of
Congress. Imprim aux tats-Unis par PBM Graphics, une socit RR
Donnelley, sur du papier certifi par le Forest Stewardship Council
et sans chlore lmentaire. Imprim avec des encres vgtales. [LE LOGO
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l'information et affichage des donnes: Accurat s.r.l., Milan,
Italie Pour une liste des erreurs ou omissions dans la prsente
publication trouves aprs limpression, veuillez visiter notre site
Web ladresse http://hdr.undp.org
- 5. quipe du Rapport sur le dveloppement humain 2014 Directeur
et auteur principal Khalid Malik Directrice adjointe Eva Jespersen
Recherche et statistiques Maurice Kugler (responsable de la
recherche), Milorad Kovacevic (statisticien en chef), Subhra
Bhattacharjee, Astra Bonini, Cecilia Calderon, Alan Fuchs, Amie
Gaye, Sasa Lucic, Arthur Minsat, Shivani Nayyar, Pedro Martins,
Tanni Mukhopadhyay et Jos Pineda Communication et publication
William Orme (responsable de la communication), Botagoz Abreyeva,
Eleonore Fournier-Tombs, Anna Ortubia, Admir Jahic, Brigitte
Stark-Merklein, Samantha Wauchope et Grace Sales Rapports nationaux
sur le dveloppement humain Jon Hall (chef d'quipe), Christina
Hackmann et Mary Ann Mwangi Oprations et administration Sarantuya
Mend (responsable des oprations), Mamaye Gebretsadik et Fe
Juarez-Shanahan | iii
- 6. Avant-propos Le Rapport sur le dveloppement humain 2014,
Prenniser le progrs humain : rduire les vulnrabilits et renforcer
la rsilience, s'intresse deux concepts troitement lis et
fondamentaux pour assurer les progrs en matire de dveloppement
humain. Depuis l'dition du premier Rapport sur le dveloppement
humain (RDH) mondial du Programme des Nations Unies pour le
dveloppement(PNUD)en1990,denombreux pays ont enregistr des avances
significatives dans ce domaine. Le Rapport de cette anne montre que
les tendances gnrales l'chelle mondiale sont positives et que les
progrs se poursuivent. Cependant, des vies sont sacrifies, et des
moyens d'existence et le dveloppement sont saps par les
catastrophes naturelles ou causes par l'homme, et par les crises.
Ces revers ne sont toutefois pas invitables. Chaque socit est
vulnrable aux risques, mais certaines souffrent beaucoup moins et
se remettent des coups du sort plus vite que d'autres. Le prsent
Rapport cherche comprendre pourquoi et, pour la premire fois dans
un RDH mondial, la vulnrabilit et la rsilience sont examines
travers le prisme du dveloppement humain. Jusqu' prsent, les
recherches sur la vulnrabilit se sont intresses l'exposition des
personnes des risques spcifiques, et sont souvent lies des secteurs
particuliers. Le prsent Rapport adopte une approche diffrente, plus
holistique. Il examine les facteurs qui contribuent aux risques
pesant sur le dveloppement humain, pour ensuite aborder les moyens
de renforcer la rsilience pour un groupe assez vaste de risques
changeants. Dans notre monde interconnect, cette approche est
particulirement importante. Les avantages de la mondialisation sont
nombreux, mais elle a galement donn lieu de nouvelles inquitudes,
lesquelles se manifestent parfois sous la forme de ractions locales
aux retombes d'vnements loigns. Si l'on veut prparer les citoyens
un avenir moins vulnrable, il convient de renforcer la rsilience
intrinsque des communauts et des pays. Ce Rapport jette les bases
pour y parvenir. Conformment au paradigme du dveloppement humain,
le prsent Rapport adopte une approche centre sur les personnes. Il
porte une attention toute particulire aux disparits au sein des
pays et entre eux. Il identifie les groupes de populations
structurellement vulnrables qui sont plus vulnrables que d'autres
en raison de leur histoire ou des discriminations dont ils sont
victimes au sein de la socit. Ces vulnrabilits ont souvent volu et
persist sur de longues priodes et peuvent tre associes au sexe,
l'appartenance ethnique, l'indignit ou la situation gographique,
pour ne citer que les facteurs principaux. Les contraintes pesant
sur la capacit de la plupart des personnes et des groupes les plus
vulnrables faire face aux problmes sont nombreuses et cumules. Par
exemple, ceux qui sont pauvres et appartiennent une minorit, ou les
femmes qui souffrent d'un handicap, doivent affronter de nombreux
obstacles susceptibles de se renforcer mutuellement de manire
ngative. Grce une approche du cycle de vie, le Rapport examine la
faon dont les vulnrabilits voluent tout au long de la vie.
Contrairement d'autres modles statistiques, cette analyse indique
que les enfants, les adolescents et les personnes ges affrontent
des risques diffrents demandant des rponses cibles. Certaines
priodes de la vie sont identifies comme particulirement
importantes, notamment les premiers 1000jours de la vie d'un
enfant, ou encore le passage de l'cole au travail ou du travail la
retraite. Les obstacles rencontrs au cours de ces priodes peuvent
s'avrer particulirement difficiles surmonter et provoquer des
impacts long terme. En se basant sur l'analyse des preuves
disponibles, le prsent Rapport met un certain nombre de
recommandations pour l'instauration d'un monde en lutte contre les
vulnrabilits qui construit la rsilience face aux chocs venir. Il
appelle de ses vux un accs universel des services sociaux de base,
en particulier dans les domaines de la sant et de l'ducation, une
protection sociale plus forte, incluant assurance chmage et
retraites, iv | Rapport sur le dveloppement humain 2014
- 7. et un engagement en faveur du plein emploi, reconnaissant
que la valeur de l'emploi dpasse largement le revenu qu'il gnre.
Par ailleurs, il examine l'importance de pouvoir compter sur des
institutions responsables et justes, et sur une cohsion sociale
accrue permettant de renforcer la rsilience au niveau communautaire
et de rduire les possibilits d'clatement des conflits. Le Rapport
constate que quelle que soit l'efficacit des politiques dans la
rduction des vulnrabilits inhrentes, les crises ne cesseront jamais
de se produire avec des consquences potentiellement destructives.
Il est donc vital de renforcer les capacits pour se prparer aux
catastrophes et surmonter leurs consquences, afin de permettre aux
communauts de mieux grer (et surmonter) les chocs. Au niveau
mondial, il faut reconnatre que les risques s'tendent au-del des
frontires et exigent une action collective, c'est pourquoi le
Rapport en appelle des engagements mondiaux et une meilleure
gouvernance internationale. Ces recommandations sont importantes et
opportunes. En effet, alors que les tats membres des Nations Unies
s'apprtent conclure les ngociations relatives au programme de
dveloppement pour l'aprs-2015 et fixer une srie d'objectifs de
dveloppement durable, les preuves rassembles et analyses dans ce
Rapport, ainsi que la perspective de dveloppement humain sur
laquelle il se base, sont particulirement prcieuses. L'limination
de la pauvret sera notamment l'un des objectifs centraux du nouveau
programme. Mais, comme le montre le Rapport, si les personnes
risquent tout moment de retomber dans la pauvret, en raison de
facteurs structurels et de vulnrabilits persistantes, les progrs du
dveloppement resteront prcaires. L'limination de la pauvret ne se
rsume pas une pauvret zro, mais la prennit de cette conqute.
L'approche adopte par le PNUD peut aider les pays atteindre non
seulement l'limination de la pauvret, la rduction significative des
ingalits et de l'exclusion, mais aussi promouvoir un dveloppement
humain et durable. Pour ce faire, il faut approfondir les concepts
de vulnrabilit et de rsilience. Tant que les vulnrabilits ne seront
pas abordes de faon efficace, et tant que chaque personne ne
bnficiera pas des progrs raliss en matire de dveloppement humain,
ce dernier ne sera ni quitable ni durable. Le prsent Rapport a pour
but d'aider les dcideurs politiques et autres acteurs du
dveloppement prenniser les bnfices acquis par le biais de la mise
en uvre de politiques capables de rduire la vulnrabilit et de
renforcer la rsilience. Je recommande sa lecture tous ceux qui
souhaitent que les progrs en matire de dveloppement soient
durables, tout particulirement pour les plus vulnrables d'entre
nous. Helen Clark Administratrice Programme des Nations Unies pour
le dveloppement Avant-propos | v
- 8. Remerciements Le Rapport sur le dveloppement humain2014 est
le produit d'un effort collectif de la part du Bureau du Rapport
sur le dveloppement humain (BRDH) du Programme des Nations Unies
pour le dveloppement (PNUD) et de nombreux conseillers et
collaborateurs externes prcieux. Cependant, les rsultats, les
analyses et les plaidoyers politiques du prsent Rapport, au mme
titre que ceux des Rapports prcdents, proviennent des auteurs seuls
et ne reprsentent en aucun cas le point de vue officiel du PNUD, ni
celui de son Conseil excutif. L'Assemble gnrale de l'ONU a
officiellement reconnu que le Rapport sur le dveloppement humain
est le fruit dune dmarche intellectuelle indpendante qui constitue
un outil important pour attirer lattention sur le dveloppement
humain dans le monde.1 Nous sommes ravis d'avoir pu compter sur les
contributions spciales de H.E. MmeEllen Johnson Sirleaf, Prsidente
du Libria, et MM Bill Gates, Stephen Hawking, James Heckman,
Rajendra Pachauri, Juan Somavia, Joseph Stiglitz et M.S.
Swaminathan dans l'laboration du prsent Rapport. Nous tenons
galement remercier chaleureusement les auteurs des tudes ralises
pour ce Rapport2014: Connie Bayudan, Des Gasper et Oscar Gomez,
Andrew Fischer, Thomas Hale, Khalil Hamdani, Abby Hardgrove,
Kirrilly Pells, Jo Boyden et Paul Dornan, Naila Kabeer, Inge Kaul,
William Kinsey, Samir KC, Wolfgang Lutz, Elke Loichinger, Raya
Muttarak et Erich Striessnig, Rehman Sobhan, Adam Rose, Till von
Wachter, Mary E. Young et Ashgar Zaidi. Durant la prparation du
prsent Rapport, le BRDH a reu des indications et des conseils
inestimables de notre minent Comit consultatif, compos notamment de
Hanan Ashrawi, Edward Ayensu, Cristovam Ricardo Cavalcanti Buarque,
Michael Elliott, Patrick Guillaumont, Ricardo Hausmann, Nanna
Hvidt, Rima Khalaf, Nora Lustig, Sir James Alexander Mirrlees,
Thandika Mkandawire, Jos Antonio Ocampo, Rajendra Pachauri, Samir
Radwan, Rizal Ramli, Gustav Ranis, Frances Stewart, Akihiko Tanaka
et RuanZongze. Nous aimerions galement remercier le comit
statistique du BRDH, qui nous a fourni des conseils d'experts sur
les mthodologies et les choix de donnes associes au calcul des
indices de dveloppement humain du prsent Rapport : Jose Ramon
Albert, Sir Anthony Atkinson, Birol Aydemir, Rachid Benmokhtar
Benabdellah, Wasmalia Bivar, Grant Cameron, Nailin Feng, Enrico
Giovannini, D.C.A. Gunawardena, Peter Harper, Yemi Kale, Hendrik
van der Pol et Eduardo Sojo Garza-Aldape. Les indices composites et
les autres ressources statistiques du prsent Rapport s'appuient sur
l'expertise d'importants fournisseurs de donnes internationaux dans
leurs domaines de spcialit, et nous exprimons notre gratitude pour
leur collaboration collgiale continue avec le BRDH. James Foster,
Stephan Klasen et Conchita DAmbrosio ont particip aux rvisions
critiques des indices composites du prsent Rapport. Pour garantir
l'exactitude et la clart, les analyses statistiques du prsent
Rapport ont galement bnfici de la rvision externe des rsultats
statistiques par Sabina Alkire, Adriana Conconi, Maria Emma Santos,
Kenneth Harttgen, Hiroaki Matsuura, Claudio Montenegro, Atika Pasha
et Jackie Yiptong. Les consultations tenues dans le monde entier
durant la prparation du prsent Rapport ont compt sur le soutien
gnreux d'institutions et de personnes en trop grand nombre pour
pouvoir les mentionner. Les vnements se sont tenus entre avril2012
et fvrier2014 Addis Ababa, Almaty, Bruxelles, Genve, Islamabad,
Managua, New York et Tokyo.2 Nous sommes trs reconnaissants envers
les institutions partenaires, notamment les bureaux nationaux et
rgionaux du PNUD, dont la liste est disponible sur http://hdr.undp.
org/en/2014-report/consultations, pour le soutien qu'elles nous ont
apport. De mme, la Confrence du BRDH sur la Mesure du Progrs humain
nous a permis de poursuivre un dialogue systmatique avec des
partenaires cls appartenant diffrentes sphres : gouvernement,
acadmie et socit civile, sur nos indices et leurs amliorations. vi
| Rapport sur le dveloppement humain 2014
- 9. La plupart de nos collgues du PNUD dans le monde entier, en
tant que membres du Groupe de Lecteurs du BRDH et du Groupe de
travail, ont fourni des indications inestimables lors de la
prparation et de la rdaction finale du rapport. Nous aimerions
remercier tout particulirement Adel Abdellatif, Pedro Conceio,
Samuel Doe, George Ronald Gray Molina, Heraldo Muoz, Selim Jehan,
Natalia Linou, Abdoulaye Mar Dieye, Magdy Martinez-Soliman, Stan
Nkwain, Thangaval Palanivel, Jordan Ryan, Turhan Saleh, Ben Slay,
Mounir Tabet, Antonio Vigilante et Mourad Wahba. Les collgues de
Helpage, du Fonds des Nations Unies pour l'enfance et de
l'Organisation mondiale du travail ont galement fourni des
indications et des commentaires prcieux. Laurent Thomas et Neil
Marsland, de l'Organisation des Nations Unies pour l'alimentation
et l'agriculture, ont galement partag avec une grande gnrosit leurs
comptences tendues. Un remerciements particulier aux gouvernements
de la France (AFD) et de l'Allemagne (BMZ) pour leur contribution
financire au Rapport, et au gouvernement du Japon (JICA) pour son
soutien la consultation rgionale d'Asie de l'Est. Nous sommes
encore plus redevables envers notre quipe de vrificateurs
d'informations et de consultants compose de Akmal Abdurazakov,
Melissa Mahoney, Agnes Zabsonre et Simona Zampino. Nos internes
Caterina Alacevich, Ruijie Cheng, Bouba Housseini, Yoo Rim Lee,
lise Miningou, Ji Yun Sul, Petros Tesfazion et Lin Yang mritent
galement d'tre reconnus pour leur dvouement et leur contribution.
Le Rapport a bnfici de l'inestimable contribution de nombreux amis
du BRDH qui se sont engags totalement pour le renforcer. Nous avons
tir pleinement profit des lectures critiques de l'avant-projet et
des contributions textuelles associes fournies par James Heintz,
Shiva Kumar, Peter Stalker et Frances Stewart. Nous remercions tout
particulirement Amartya Sen et Joseph Stiglitz pour leur rvision et
leurs commentaires sur le rapport. Nous aimerions notamment
remercier le travail trs professionnel de nos diteurs de
Communications Development Incorporated, dirigs par Bruce
Ross-Larson, avec Joe Caponio, Christopher Trott et Elaine Wilson,
et des concepteurs Federica Fragapane, Michele Graffieti et
Gabriele Rossi de la socit Accurat Design. Et par-dessus tout, je
suis comme toujours reconnaissant envers Helen Clark,
Administratricedu PNUD, pour son leadership et sa vision, et toute
l'quipe du BRDH pour son dvouement et son engagement dans la
production d'un rapport qui vise promouvoir l'avance du
dveloppement humain. Khalid Malik Directeur Bureau du Rapport sur
le dveloppement humain Notes 1 Rsolution des Nations Unies 57/264,
30janvier2003. 2 La liste des participants et des remerciements est
disponible sur http://hdr.undp.org/en/2014-report/consultations.
Remerciements | vii
- 10. Contenu Avant-propos iv Remerciements vi Prsentation 1
Chapitre 1 Vulnrabilit et dveloppement humain 17 Le point de vue du
dveloppement humain 19 Personnes vulnrables, monde vulnrable 21
Choix et capacits 26 Politiques et action collective 28 Chapitre 2
Situation du dveloppement humain 37 Progrs des individus 37 Menaces
pesant sur le dveloppement humain lchelle mondiale 51 Chapitre 3
Personnes vulnrables, monde vulnrable 61 Capacits vitales et
vulnrabilits du cycle de vie: cumul etinterdpendance62 Vulnrabilits
structurelles 78 Violence de groupe et vies prcaires 86 Chapitre 4
Renforcement de la rsilience: une plus grande libert, des choix
protgs 91 Prestation universelle des services sociaux de base 93
Traiter les vulnrabilits au cours du cycle de vie: limportance de
la planification 100 Promotion du plein emploi 102 Renforcer la
protection sociale 108 Lutte contre lexclusion sociale 112
Renforcer les capacits pour se prparer aux crises et les surmonter
119 Chapitre 5 Consolidation des progrs: biens mondiaux et action
collective 125 Vulnrabilits transnationales et dnominateurs communs
125 Faire des personnes une priorit dans un contexte de
mondialisation 132 Action collective pour un monde plus sr 145
Notes 151 Rfrences 157 annexe statistique Guide du lecteur 173
Lgendes des pays et des classements IDH, 2013 179 Tableaux
statistiques 1. Indice de dveloppement humain et ses composantes
180 2. volution de lindice de dveloppement humain, 1980-2013 184 3.
Indice de dveloppement humain ajust aux ingalits 188 4. Indice
dingalit de genre 192 5. Indice de dveloppement de genre 196 6.
Indice de pauvret multidimensionnelle 200 6A. Indice de pauvret
multidimensionnelle: volution dans le temps pour certains pays 202
7. Sant: enfants et adolescents 204 8. Sant de ladulte et dpenses
de sant 208 9. ducation212 10. Contrle et affectation des
ressources 216 11. Comptences sociales 220 12. Inscurit personnelle
224 13. Intgration internationale 228 14. Environnement232 15.
volution de la population 236 16. Indicateurs supplmentaires:
perceptions du bien-tre 240 Rgions244 Rfrences statistiques 245
Contributions spciales Mesurer le progrs humain Bill Gates 52
Relever le Dfi Faim zro Professor M.S. Swaminathan 54 Sattaquer au
changement climatique Rajendra Pachauri 58 Dveloppement humain et
dveloppement de la petite enfance James Heckman 65 Reconnatre la
dignit du travail Dr. Juan Somavia 74 Handicap et vulnrabilit
Stephen Hawking 85 Approfondir notre rflexion sur la vulnrabilit
Joseph Stiglitz 92 encadrs 1.1Vers la rsilience humaine: concepts
et dfinitions 18 1.2 Chocs et menaces contre le dveloppement humain
24 1.3 Mesure de la vulnrabilit 32 2.1 Prise en compte du revenu
disponible 47 2.2 Macroconomie et austrit 49 3.1 Diffrences
significatives: 30millions de mots supplmentaires 68 3.2 Somalie:
conflit et exclusion de la jeunesse 72 3.3Violence lgard des femmes
83 3.4 La rsilience aux catastrophes: lexprience japonaise 87 4.1
Politiques macroconomiques pour le plein emploi 105 4.2 Politiques
russies en Asie de lEst 106 4.3 Rduire la vulnrabilit au moyen
dinstitutions rceptives 113 5.1 Chanes de valeur mondiales:
avantages et inconvnients 127 5.2 Migration internationale 128 viii
| Rapport sur le dveloppement humain 2014
- 11. 5.3 Obstacles systmiques laction collective 131 5.4 Impasse
dans la gouvernance mondiale de la scurit 132 5.5 Le principe de la
Responsabilit de protger peut-il tre tendu? 135 5.6 Qui est
vulnrable au changement climatique? 143 5.7 Quatre programmes
mondiaux essentiels 144 Figures 1.1 Qui est vulnrable, quoi et
pourquoi? 22 1.2 Politiques de rduction de la vulnrabilit et de
renforcement de la rsilience 30 2.1 Alors que lensemble des rgions
prsentent des amliorations de leur Indice dedveloppement humain,
des signes de ralentissement se font sentir 38 2.2 Les quatre
groupes de dveloppement humain ont connu un ralentissement dans la
croissance de lIndice de dveloppement humain 39 2.3 Entres dans les
groupes de dveloppement humain lev depuis 1990 40 2.4 La perte
moyenne de lindice de dveloppement humain due aux ingalits abaiss
dans la plupart des rgions 43 2.5 Le statut et les performances
conomiques dun pays peuvent paratre bien moins spectaculaires
lorsquest prise en compte la rpartition des revenus 45 2.6 Dans les
pays o les ingalits taient leves ou en augmentation, la
consommation des 40pour cent les plus pauvres de la population a
moins rapidement augment que celle de lensemble de la population 46
2.7 Alors que dans de nombreux pays tant la pauvret
multidimensionnelle que lapauvret de revenu ont diminu entre 2005
et 2012, le taux de progression variesensiblement48 2.8 Lempreinte
cologique de la consommation lchelle mondiale est lheure actuelle
plus importante que sa biocapacit totale 51 2.9 Suite la
libralisation des flux de capitaux et une intgration financire plus
pousse dans les annes 1980, lincidence des crises bancaires sest
multiplie 52 2.10 Les prix des produits alimentaires ont fluctu
considrablement et de manire inattendue depuis 2007 53 2.11 Entre
1901 et 1910, 82 catastrophes naturelles ont t recenses, et ce
chiffre a dpass les 4000 entre 2003 et 2012 55 2.12 Les conflits
arms internes et non tatiques reprsentent la grande majorit des
conflits travers le monde 56 3.1 Les investissements prcoces dans
les capacits vitales amliorent les perspectives davenir 63 3.2 Les
rgions prsentant les plus grandes tranches de population denfants
gs de moins de 5ans sont lAfrique subsaharienne, les tats arabes et
lAsie du Sud 64 3.3 Les comptences cognitives, sociales,
motionnelles et langagires sont interdpendantes, car elles sont
faonnes par des expriences prcoces etcontribuent toutes la
formation des capacits tout au long de la vie 65 3.4 Comme illustr
par le cas de lquateur, les enfants pauvres prsentent dj un retard
de vocabulaire ds lge de 6ans 67 3.5 Des politiques ducatives
acclres et une croissance conomique rapide permettraient de combler
lcart entre loffre et la demande de jeunes travailleurs en Asie du
Sud et de le rduire en Afrique subsaharienne entre 2010 et 2050 71
3.6 En Amrique latine et dans les Carabes, le taux dhomicide chez
les hommes, plus lev entre 15 et 29ans, tend diminuer avec lge,
tandis que chez les femmes, il est infrieur, mais pratiquement
immuable 73 3.7 Dans la plupart des pays avec des donnes
disponibles, les emplois atypiques ont augment entre 2007 et 2010,
alors que le taux demploi gnral a baiss 75 3.8 Dici 2050 la
proportion de personnes ges de 60ans et plus dans la population
mondiale devrait doubler pour atteindre 15,5pour cent.
Laugmentation la plus importante se situant en Asie de lEst et
Pacifique 77 3.9 Dans les pays de lOrganisation de coopration et de
dveloppement conomiques, le taux de pauvret est gnralement plus lev
parmi les personnes ges que pour le reste de la population, et plus
important chez les femmes ges que chez les hommes du mme ge 79 3.10
Prs de 1,2milliard de personnes vivent avec moins de 1,25$ par jour
et 1,5milliard vivent en situation de pauvret multidimensionnelle
80 3.11 De nombreux pays ont des lois discriminatoires lgard de
femmes au sein de la famille, dans le cadre des activits
conomiques, en cas de violence et dautres questions 82 3.12 En
2011, le taux de pauvret parmi les mnages de Roms tait beaucoup
plus lev que parmi les non-Roms 84 4.1 De nombreux pays ont commenc
mettre en uvre des mesures dassurance sociale alors que leur PIB
par habitant tait infrieur celui de la plupart des pays dAsie du
Sud aujourdhui 97 4.2 volution de la couverture de sant dans
plusieurs pays, exprime en pourcentage de la population totale 98
4.3 Les dpenses ralises dans la sant, lducation et le bien-tre qui
augmentent tout au long de la vie nalimentent pas et ne soutiennent
pas le dveloppement au cours des premires annes, qui sont cruciales
100 4.4 Investir dans la petite enfance: lexemple sudois 101 4.5
Lampleur et la qualit des interactions avec les parents et les
ducateurs ont un lien avec le comportement ultrieur de lenfant, ses
aptitudes cognitives et son dveloppement motionnel 103 4.6 Aprs la
crise conomique mondiale de 2008, les pays nordiques prsentaient un
taux de chmage plus bas que le reste de lEurope 108 4.7 Les socits
solidaires tendent obtenir de meilleurs rsultats que les autres 114
5.1 Il y a un dcalage entre les dfis mondiaux et les mcanismes de
gouvernance mondiale 136 5.2 Les augmentations de flux de capitaux
privs dans les pays en dveloppement entre 1980 et 2012 ont rendu
beaucoup dconomies et de populations vulnrables 138 5.3 Ces
dernires annes, les pays de toutes les rgions du monde sont devenus
plus dpendants des importations et des exportations 140 carte 3.1
La proportion de jeunes dans la population totale devrait chuter
dans la plupart des rgions entre 2010 et 2050 69 Tableaux 2.1
Indice de dveloppement humain et composantes, 2010 et 2013 38 2.2
Disparits positives les plus leves entre revenu national brut par
habitant et classement de lindice de dveloppement humain par groupe
de dveloppement humain, 2013 41 2.3 Pays prsentant des ingalits de
revenus en hausse ou en baisse par rgion, 1990201243 2.4 Emplois
prcaires et travailleurs pauvres, 2010 et 2012 48 3.1 Pauvret de
revenu et pauvret multidimensionnelle, par rgion 81 Contenu |
ix
- 12. Le progrs humain n'est ni automatique ni invitable...
Martin Luther King, Jr.
- 13. Prsentation Le classique de Charles Dickens Un conte de
deux villes explorait les nombreuses ralits contrastes la meilleure
des poques, la pire des poques du XVIIIe sicle Paris et Londres.
Mme si le monde contemporain est un lieu trs diffrent, il affiche
des contrastes similaires, certains exacerbs et certains sans doute
plus complexes. Comme l'ont montr les Rapports sur le dveloppement
humain successifs, un grand nombre de personnes dans la plupart des
pays ont ralis des progrs constants en termes de dveloppement
humain. Les avances ralises en matire de technologie, d'ducation et
de revenus sont encore plus prometteuses quant aux possibilits de
mener des vies plus longues, plus saines et plus sres.1 Tout bien
considr, la mondialisation a produit des avances importantes dans
le dveloppement humain, en particulier dans de nombreux pays du
Sud. Cependant, le monde actuel connat un sentiment de prcarit
gnralis en ce qui concerne les moyens d'existence, la scurit
personnelle, l'environnement et les politiques mondiales.2 Les
grandes ralisations dans des domaines critiques du dveloppement
humain, notamment la sant et la nutrition, peuvent tre rapidement
mines par une catastrophe naturelle ou une crise conomique. Le vol
et la violence peuvent affaiblir les personnes qui en sont
victimes, tant physiquement que
psychologiquement.Lacorruption,lemanquede moyens et la passivit des
institutions publiques peuvent laisser ceux qui sont dans le besoin
sans aucun recours. Les menaces politiques, les tensions
communautaires, les conflits violents, l'abandon de la sant
publique, les dommagesenvironnementaux,lacriminalitetla
discrimination viennent s'ajouter au problme de vulnrabilit
individuelle et communautaire. Par consquent, les progrs rels dans
le domaine du dveloppement humain ne se limitent pas donner aux
personnes la libert de choix et la possibilit de s'instruire, se
soigner, avoir un niveau vie dcent et se sentir en scurit. Il
s'agit galement de s'assurer que ces ralisations sont prennes et
que les conditions runies sont suffisantes pour soutenir le
dveloppement humain. Un tat des lieux du dveloppement humain serait
incomplet sans une analyse et une valuation de la vulnrabilit. Le
concept de vulnrabilit est traditionnellement rserv la description
de l'exposition aux risques et la gestion des risques, notamment
l'assurance contre les chocs et la diversification des actifs et
des revenus.3 Le prsent Rapport adopte une approche plus
large,enmettantenlumireleslienstroitsentre la rduction de la
vulnrabilit et les progrs du dveloppement humain. Nous introduisons
le concept de vulnrabilit humaine pour dcrire les probabilits
d'rosion des capacits et des choix des personnes. Lorsque la
vulnrabilit est envisage sous l'angle du dveloppement humain, nous
attirons l'attention sur le risque de dgradation des circonstances
et ralisations individuelles, communautaires et nationales, et nous
proposons des politiques et d'autres mesures de prparation contre
les menaces pour rendre par la suite le progrs du dveloppement
humain plus solide. Nous nous concentrons en particulier sur les
sources systmiques et perptuelles de vulnrabilit. Nous nous posons
la question de savoir pourquoi certaines personnes s'en sortent
mieux que d'autres face l'adversit. Par exemple, presque partout
dans le monde, les femmes sont plus vulnrables l'inscurit
personnelle que les hommes. Nous nous demandons galement quelles
causes structurelles rendent certaines personnes plus vulnrables
que d'autres. Les personnes connaissent des degrs d'inscurit
variables et diffrents types de vulnrabilit, selon la priode de
leur vie. Les enfants, les adolescents et les personnes ges sont
intrinsquement vulnrables, ce qui nous conduit nous demander quels
types d'investissements et d'interventions sont susceptibles de
rduire la vulnrabilit pendant les priodes de transitions cls de la
vie. LeprsentRapportsoutientquel'amlioration continue des capacits
individuelles et sociales est indispensable pour la rduction de ces
Prsentation | 1
- 14. L'espace politique national ddi au renforcement des
capacits d'adaptation est de plus en plus rduit, alors que la
mondialisation s'accrot vulnrabilits persistantes, dont la majorit
ont un caractre structurel et sont lies au cycle de vie. Les progrs
accomplis doivent servir stimuler la rsilience du dveloppement
humain. La signification du terme rsilience fait l'objet d'un dbat
anim, mais nous mettons l'accent sur la rsilience humaine, en nous
assurant que les choix des personnes sont solides, aujourd'hui et
l'avenir, et en leur donnant les moyens de faire face et de
s'adapter aux vnements indsirables (chapitre1). Les institutions,
les structures et les normes
peuventrenforcer,maisaussiaffaiblirlarsilience humaine. Les
politiques publiques et les rseaux de soutien communautaires
peuvent permettre aux personnes de surmonter les menaces quand
etoellespeuventsurgir,tandisquelesingalits horizontales risquent de
rduire les capacits d'adaptation de certains groupes. Le prsent
Rapport analyse les types de politiques et les rformes
institutionnelles capables de construire la rsilience au cur du
tissu social, en particulier pour les groupes exclus et pendant les
moments critiques du cycle de vie. Il examine les mesures
universelles susceptibles de remdier aux discriminations et se
concentre sur le besoin d'une action collective pour liminer la
vulnrabilit qui rsulte de la rigidit des institutions nationales et
des dficits de la gouvernance mondiale. Pourquoi parler de la
vulnrabilit maintenant? La vulnrabilit humaine n'est pas nouvelle
mais elle augmente en raison de l'instabilit financire et des
pressions environnementales croissantes telles que l'volution
climatique, qui a un potentiel grandissant de nuire au progrs du
dveloppement humain. En effet, depuis2008, on observe un
ralentissement de la croissance des trois composantes de l'indice
de dveloppement humain dans la plupart des rgions du monde
(chapitre2). La vulnrabilit doit tre prise en compte ds maintenant,
afin d'assurer les avances et d'empcher les ruptures d'une
progression constante. Le monde change rapidement. La porte et
l'chelle de la connectivit et des inscurits associes s'acclrent,
tout comme les menaces de contagion et d'exposition aux
catastrophes naturelles et aux conflits violents. L'espace
politique national ddi au renforcement des capacits d'adaptation
devient de plus en plus rduit, alors que la mondialisation
s'accrot. Dans un monde de plus en plus interconnect, ce qui par le
pass restait une question locale devient maintenant un problme
souvent mondial, en raison du commerce international, des voyages
et des tlcommunications. Les chanes d'approvisionnement
mondialement intgres, pour ne citer qu'un exemple, ont apport des
gains d'efficacit. Cependant, des perturbations un point de la
chane peuvent dclencher de graves problmes locaux ailleurs dans le
monde. Les types de biens publics, qu'ils soient nationaux ou
mondiaux, ncessaires pour renforcer la capacit d'adaptation et la
rsilience des socits sur le long terme sont insuffisants. Partout
dans le monde, les personnes ont un sentiment d'inscurit. Dans la
perspective du programme pour l'aprs-2015 et l'tablissement d'un
ensemble d'objectifs de dveloppement durable, le temps de la
rflexion est galement venu pour la communaut internationale. Elle
doit saisir l'opportunit du changement et laborer de nouvelles
formes de coopration mondiale. Comme l'a soulign le Secrtaire gnral
des Nations Unies Ban Ki-moon dans son discours prononc en
juillet2013 lors de l'Assemble gnrale des Nations Unies, le monde
doit faire particulirement attention aux besoins et aux droits des
plus vulnrables et des plus exclus.4 Il a demand une nouvelle
vision qui puisse runir l'intgralit des aspirations humaines et
garantir une vie digne pour tous. Le prsent Rapport sur la
vulnrabilit informe sur le dbat mondial et fournit des
recommandations sur la manire d'atteindre de nouveaux objectifs et
de btir des socits plus rsilientes. Rduire la fois la pauvret et la
vulnrabilit des populations tomber dans la pauvret doit rester un
objectif central du programme pour l'aprs-2015. L'limination de la
pauvret ne se limite pas une pauvret zro, mais la prennit de cette
conqute. On peut y parvenir uniquement avec une nouvelle
orientation sur la vulnrabilit et le dveloppement humain. Cela
exige de s'assurer que les personnes qui sortent d'une extrme
pauvret bnficient d'un soutien public continu qui renforce leur 2 |
Rapport sur le dveloppement humain 2014
- 15. Malgr des progrs rcents dans la rduction de la pauvret,
plus de 2,2milliards de personnes vivent en situation de pauvret
multidimensionnelle ou en sont trs proches rsilience sociale et
conomique, et rduit fortement les sources systmiques de leur
vulnrabilit. Il y a galement de bonnes nouvelles. Comme le Rapport
l'indique (au chapitre2), la perte moyenne de dveloppement humain
due aux ingalits s'est rduite dans la plupart des rgions au cours
des dernires annes, en grande partie grce aux avances importantes
dans le domaine de la sant. Plusieurs rgions ont nanmoins vu les
disparits de revenu s'accrotre, et les ingalits dans le domaine de
l'ducation restent constantes. Il faut clbrer la rduction des
ingalits, mais la compensation des disparits croissantes en matire
de revenu par des avances dans le domaine de la sant n'est pas
suffisante. Il est essentiel de s'attaquer la vulnrabilit,
notamment parmi les groupes marginaliss, et de prenniser les
ralisations rcentes, en rduisant les ingalits dans tous les
domaines du dveloppement humain. moins que des groupes et des
individus plus vulnrables ne reoivent l'attention des responsables
politiques et les ressources ncessaires sur tous les aspects du
dveloppement humain, ils risquent d'tre laisss pour compte, et ce
malgr des progrs humains continus dans la plupart des pays et
communauts. Sans politiques et institutions nationales et mondiales
dsireuses de rduire la vulnrabilit persistante et systmique, le
programme de dveloppement pour l'aprs-2015 restera inefficace pour
s'attaquer la complexit et l'ampleur des futurs dfis. Qui est
vulnrable et pourquoi? La plupart des personnes du monde entier est
vulnrable aux chocs un certain degr (catastrophes naturelles,
crises financires, conflits arms), ainsi qu'aux changements
sociaux, conomiques et environnementaux long terme. Les faiblesses
conomiques nuisent au contrat social mme dans les socits
industrialises avances, et aucun pays au monde n'est l'abri des
effets de l'volution climatique long terme. Cependant, certains
individus sont bien plus vulnrables que d'autres. Et dans bien des
cas, les normes sociales discriminatoires et les faiblesses
institutionnelles exacerbent cette vulnrabilit laissant certains
groupes sans les aides familiales, communautaires et d'tat
ncessaires au renforcement de leur capacit d'adaptation. Ces
groupes, ainsi que les institutions et les normes qui affaiblissent
leur capacit et restreignent leurs choix, constituent l'axe
principal de ce Rapport. Les personnes vivant dans une pauvret et
un dnuement extrmes sont parmi les plus vulnrables. Malgr des
progrs rcents dans la rduction de la pauvret, plus de 2,2milliards
de personnes vivent en situation de pauvret multidimensionnelle ou
en sont trs proches. Cela signifie que plus de 15pour cent de la
population mondiale reste vulnrable la pauvret multidimensionnelle.
Dans le mme temps, prs de 80pour cent de la population mondiale
manque de protection sociale complte.5 Environ 12pour cent
(842millions) souffrent de faim chronique,6 et prs de la moiti des
travailleurs (plus de 1,5milliard) occupent un travail prcaire ou
informel.7 Dans bien des cas, les pauvres mais aussi les femmes,
les immigrants, les groupes indignes et les personnes ges, sont
structurellement vulnrables. Leur inscurit a volu et persist sur de
longues priodes, donnant lieu des divisions (de type sexuel,
ethnique, racial, d'emploi et de statut social), difficiles
surmonter. Les personnes structurellement vulnrables peuvent se
rvler aussi capables que les autres, mais sont confrontes des
obstacles supplmentaires pour surmonter les conditions dfavorables.
Par exemple, les personnes souffrant d'un handicap manquent de
facilits d'accs aux transports publics, aux bureaux gouvernementaux
et d'autres espaces publics, notamment les hpitaux. Ainsi, elles
prouvent beaucoup de difficults participer la vie conomique,
sociale et politique, ou trouver de l'aide lorsqu'elles sont
confrontes des menaces pesant sur leur bien-tre physique. La
capacit de raction de nombreuses personnes est restreinte par des
contraintes structurelles cumules, par exemple, les personnes qui
sont pauvres et appartiennent une minorit, ou les femmes
handicapes. l'chelle mondiale, trois quarts des pauvres vivent dans
des zones rurales, dans lesquelles les ouvriers agricoles souffrent
la prvalence de la pauvret la plus leve. Ils se retrouvent pigs
dans des cycles insurmontables de faible productivit, Prsentation |
3
- 16. Le dfi ne consiste pas seulement viter que les populations
vulnrables ne retombent dans l'extrme pauvret et la privation.
L'objectif est de crer un environnement propice pour consolider les
progrs continus du dveloppement humain pendant les prochaines
dcennies de chmage saisonnier et de bas salaires, et sont
particulirement vulnrables aux changements
climatiques.Lesminoritsethniquesetreligieuses laisses pour compte
sont vulnrables aux pratiques discriminatoires, ont un accs limit
aux systmes de justice formels et sont victimes de leur hritage de
rpression et de prjugs. Ainsi, alors que les populations
autochtones reprsentent 5 pour cent de la population mondiale,
elles constituent prs de 15 pour cent des pauvres dans le monde,
avec un tiers se situant dans une pauvret extrme.8 l'chelle de la
plante, plus de 46pour cent des personnes ges de 60ans et plus
vivent avec un handicap, prouvant les pires difficults participer
la socit, difficults aggraves qui plus est par des attitudes
sociales discriminatoires.9 L'volution climatique prsente de grands
risques pour toutes les populations et tous les pays, mais encore
une fois, certains risquent de subir des pertes plus lourdes que
d'autres. Entre 2000 et 2012, plus de 200millions de personnes, la
plupart dans des pays en dveloppement, ont t touches chaque anne
par des catastrophes naturelles, en particulier des inondations et
des scheresses.10 Le Rapport sur le dveloppement humain 2011 a
indiqu de quelle manire l'impossibilit chronique de ralentir le
rythme du rchauffement climatique pouvait compromettre l'radication
de la pauvret, car les communauts les plus pauvres au monde sont
les plus vulnrables la hausse des tempratures et du niveau des
mers, sans parler des autres consquences de l'volution
climatique.11 La vulnrabilit du cycle de vie fait l'objet d'une
attention toute particulire dans ce Rapport. Les capacits
s'accumulent sur la dure de vie d'un individu et doivent tre
entretenues et maintenues, sinon elles risquent de stagner, voire
de dcliner. Les capacits vitales sont affectes par les
investissements raliss lors des tapes prcdentes de la vie et
l'exposition aux chocs court terme peut avoir des consquences long
terme. Par exemple, un revers dans la petite enfance d'une personne
peut avoir des rpercussions pour le restant de sa vie, notamment
sur les chances de conserver un emploi, les incertitudes associes
la vieillesse et la transmission de la vulnrabilit la prochaine
gnration. Ce Rapport fait tat de la nature cumulative de la
vulnrabilit et du besoin d'interventions politiques opportunes et
continues. Une attention particulire est ncessaire aux priodes les
plus sensibles: les investissements dans l'ducation de la petite
enfance, les efforts en matire d'opportunits d'emploi pour les
jeunes et le soutien aux personnes ges sont autant de mesures qui
permettent d'amliorer les capacits vitales. Le dfi ne consiste pas
seulement viter que les populations vulnrables ne retombent dans
l'extrmepauvretetlaprivation.L'objectifestde crer un environnement
propice pour consolider les progrs continus du dveloppement humain
pendant les prochaines dcennies. Cela exige de considrer la pauvret
et la privation comme un phnomne multidimensionnel ncessitant des
politiques universelles pour tendre les droits et les services
tous, tout en portant une attention particulire l'galit des
chances, aux capacits du cycle de vie et l'accs des personnes
exclues. Ces interventions qui se renforcent mutuellement peuvent
btir la rsilience socitale et encourager l'agentivit humaine. Les
initiatives anti-pauvret et de dveloppement humain les plus
efficaces jusqu' maintenant ont adopt une approche
multidimensionnelle consistant combiner le soutien au revenu et la
cration d'emploi avec l'accs aux soins mdicaux, l'ducation, et
d'autres interventions pour le dveloppement communautaire. Les
mesures prises au niveau politique peuvent combler les carts entre
les personnes et les pays, et consolider la rsilience et les
capacits des personnes qui, autrement, resteraient constamment
vulnrables. Les politiques destines prvenir les ravages causs par
les risques naturels, encourager l'extension des avantages de la
prosprit pour tous et favoriser une rsilience sociale plus large
peuvent la fois protger et prenniser le progrs humain. Cependant,
aucune d'elles n'est applique automatiquement. Elles sont le
rsultat d'une action collective vigoureuse, de rponses
institutionnelles quitables et efficaces, et d'un leadership
clairvoyant l'chelle locale, nationale et mondiale. Toutes les
socits tirent finalement profit d'une plus grande galit des
chances. Et moins que ces vulnrabilits multidimensionnelles et
croises soient reconnues et systmatiquement rduites, le progrs
continu du dveloppement humain peut tre interrompu, voire invers. 4
| Rapport sur le dveloppement humain 2014
- 17. Scurit humaine et dveloppement humain Il y a vingt ans de
cela, le Rapport sur le dveloppement humain introduisait la notion
de scurit humaine en tant que partie intgrante du dveloppement
humain. Ce Rapport s'inscrit dans la logique de l'approche de la
scurit humaine tout en restant ax sur la vulnrabilit et sur la
manire dont celle-ci menace de nuire aux progrs du dveloppement
humain. Dans ce contexte, on met davantage l'accent sur les
impratifs de rduction des disparits et le renforcement de la
cohsion sociale, en particulier par des actions qui s'attaquent la
violence sociale et la discrimination. Les conflits et le sentiment
d'inscurit personnelle ont un impact ngatif profond sur le
dveloppement humain et plongent des milliards de personnes dans des
conditions de vie prcaires. Beaucoup de pays situs dans le tiers
infrieur de l'indice de dveloppement humain sortent actuellement de
longues priodes de conflit ou sont toujours confronts la violence
arme. Plus de 1,5 milliard de personnes vivent dans des pays touchs
par des conflits, c'est--dire prs d'un cinquime de la population
mondiale.12 Par ailleurs, l'instabilit politique rcente comporte un
cot humain trs important: prs de 45millions de personnes ont t
forces de se dplacer suite des conflits ou des perscutions la fin
de l'anne 2012 le chiffre le plus lev en 18ans plus de 15millions
d'entre elles taient des rfugis.13 Dans certaines rgions d'Afrique
de l'Ouest et centrale, l'anarchie et les conflits arms continuent
de menacer les avances du dveloppement humain, avec des
rpercussions long terme sur les progrs au niveau national. Par
ailleurs, dans certains pays d'Amrique latine et des Carabes, en
dpit des russites importantes dans le domaine du dveloppement
humain, un grand nombre de personnes ont un sentiment d'inscurit
cause d'un taux d'homicides et autres crimes violents en hausse.
Les femmes du monde entier connaissent la vulnrabilit l'inscurit
personnelle. La violence porte atteinte leurs droits et le
sentiment d'inscurit personnelle limite leur agentivit tant dans la
sphre publique que prive. Par consquent, dvelopper les liberts et
la scurit humaine consiste galement soutenir des mesures impliquant
des changements institutionnels et rglementaires pour rduire la
violence interpersonnelle et la discrimination. L'amlioration de la
scurit personnelle peut avoir de profondes rpercussions sur la
vulnrabilit relle et perue des individus et des communauts, ainsi
que sur leur sentiment de scurit, leur autonomisation et leur
agentivit. L'augmentation des revenus seule ne suffit pas pour
rduire la vulnrabilit au conflit et l'inscurit personnelle. La
vulnrabilit persistante, qui ne peut gnralement s'apaiser que sur
de plus longues priodes, ncessite de multiples interventions
politiques et des changements rglementaires pour renforcer la
tolrance et la cohsion sociale. Construire la rsilience Le bien-tre
des personnes dpend en grande partie du degr de libert dont elles
jouissent et de leur capacit ragir aux vnements ngatifs, qu'ils
soient naturels ou causs par l'homme, et les surmonter. Toute
approche visant assurer et prenniser le dveloppement humain doit
tre fonde sur la rsilience. Le but essentiel de la rsilience est de
veiller ce que l'tat, la communaut et les institutions mondiales
uvrent autonomiser et protger les personnes. Le dveloppement humain
implique la suppression des barrires qui entravent la libert des
personnes agir. Le but est de permettre aux personnes dfavorises et
exclues de jouir de leurs droits, d'exprimer leurs inquitudes
ouvertement, de se faire entendre et de pouvoir faonner leur avenir
de faon active. Toute personne doit disposer de la libert de vivre
selon ses vux et de grer au mieux ses problmes. Le prsent Rapport
met l'accent sur les politiques, les principes et les mesures cls
indispensables la construction de la rsilience, afin de conforter
les choix, tendre l'action humaine et promouvoir les comptences
sociales. Il indique galement que la ralisation et la prennisation
des progrs en matire de dveloppement humain dpendent souvent de
l'efficacit des activits de prparation pralable et d'intervention
lorsque le choc se produit. Prsentation | 5
- 18. S'engager l'gard de l'universalisme Un engagement commun,
national et mondial, envers la prestation universelle de services
sociaux, renforant la protection sociale et assurant le plein
emploi, constituerait une profonde dcision socitale et politique
qui jetterait les bases pour renforcer la rsilience long terme,
pour les pays et leurs citoyens en tant qu'individus. Un tel
engagement renforcerait la capacit des individus, des socits et des
pays rsister aux revers et s'en remettre, tout en reconnaissant que
certains sont plus exposs aux risques et aux menaces que d'autres
et ont besoin de davantage de soutien. Prestation universelle de
services sociaux. L'accs universel aux services sociaux de base
(ducation, sant, approvisionnement en eau et assainissement, et
scurit publique) amliore la rsilience. Cela n'est pas seulement
souhaitable, c'est galement possible des stades prcoces du
dveloppement. En outre, des expriences rcentes (en Chine, au Rwanda
et au Viet Nam) montrent qu'elle peut tre atteinte assez rapidement
(en moins d'une dcennie). La prestation universelle des services
sociaux de base peut augmenter les comptences sociales et rduire la
vulnrabilit structurelle. Elle peut constituer un moyen puissant de
lisser les ingalits des chances et des revenus. Par exemple, un
enseignement public universel de haute qualit peut attnuer les
carts dans le domaine de l'ducation entre les enfants issus de
foyers riches et ceux issus de foyers pauvres. La transmission
d'une gnration l'autre de capacits comme l'ducation au sein des
familles peut perptuer les bnfices sur le long terme. Des
politiques universelles favorisent galement la solidarit sociale en
vitant les inconvnients lis au ciblage: stigmatisation sociale pour
les bnficiaires et segmentation de la qualit des services, ainsi
que l'incapacit atteindre de nombreuses personnes vulnrables.14
L'une des ides fausses les plus rpandues veut que seuls les pays
riches puissent se permettre la prestation d'une protection sociale
ou des services sociaux universaux. Le prsent Rapport apporte de
nombreuses preuves du contraire. La plupart des socits, l'exception
de celles voues la violence et aux troubles, peuvent mettre en
place des services de base et une protection sociale et beaucoup en
ont fait la preuve. En outre, elles ont dcouvert que
l'investissement initial, limit une petite part du PIB, est
largement compens. Prenez l'allocation de soutien l'enfant en
Afrique du Sud, qui a cot 0,7pour cent du PIB en 2008-2009 et a
rduit le taux de pauvret des enfants de 43 34pour cent. Ou bien le
programme brsilien Bolsa Famlia qui a cot 0,3pour cent du PIB en
2008-2009 et a reprsent 20 25pour cent du chiffre de rduction des
ingalits.15 Les pays affichant des progrs conomiques rapides, tels
que l'Asie de l'Est, ont bnfici d'une plus grande couverture et de
meilleurs investissements en matire de sant, d'ducation et
d'emploi. Ils y sont parvenus tout en ayant des revenus et des
ressources limits leur disposition. Le bien-fond de la prestation
universelle des services sociaux de base repose avant tout sur le
postulat que tous les humains doivent tre autonomiss pour apprcier
la vie qu'ils mnent et que l'accs certains lments de base d'une vie
digne devrait tre dissoci de la capacit des gens payer. Mme si les
manires de fournir ces services peuvent varier selon les
circonstances et le contexte du pays, le point commun de toutes les
expriences russies repose sur une seule ide: l'tat a la
responsabilit premire d'tendre les services sociaux la population
entire, dans un contrat social de base entre les citoyens et l'tat.
Renforcer la protection sociale. La protection sociale, laquelle
comprend l'assurance chmage, les programmes de retraite et la
rglementation du march du travail, peut offrir une couverture
contre les risques et les difficults tout au long de la vie des
personnes, et surtout pendant les phases critiques. En fournissant
une aide supplmentaire et prvisible, les programmes de protection
sociale permettent aux mnages d'viter la vente de leurs biens, le
retrait de leurs enfants de l'cole ou le report des soins mdicaux
ncessaires qui se font au dtriment de leur bien-tre long terme. De
plus, les rseaux de distribution et les mcanismes de gestion des
programmes de protection sociale peuvent galement servir prter une
aide d'urgence court terme en cas de crise, comme les catastrophes
naturelles ou les inondations. Toute approche visant assurer et
prenniser le dveloppement humain doit tre fonde sur la rsilience.
Le but essentiel de la rsilience est de veiller ce que l'tat, la
communaut et les institutions mondiales uvrent autonomiser et
protger les personnes 6 | Rapport sur le dveloppement humain
2014
- 19. Pour les pays en dveloppement confronts aux dfis du
sous-emploi, les politiques actives du march du travail ne sont pas
suffisantes, compte tenu du fait que la plupart des emplois restent
dans l'conomie informelle De nombreuses protections sociales ont
des effets multiplicateurs positifs. L'assurance chmage optimise
l'efficacit des marchs du travail en permettant aux chmeurs de
choisir le travail le mieux adapt leurs comptences et leur
exprience, plutt que de les obliger tout simplement accepter le
premier travail qui se prsente. L'aide au revenu pour les mnages
s'est avre stimulante pour la participation au march du travail,
puisqu'elle fournit des ressources permettant aux personnes de
rechercher de meilleures opportunits, et certains membres du foyer
d'migrer pour trouver un emploi. Certains soutiennent qu'une telle
aide risque de freiner la volont de retrouver un emploi. La
conception de la politique joue ici un rle important. Cependant, de
nombreux indices rvlent que les rglementations du march du travail
prsentent un bnfice net et sont capables de rduire les ingalits. La
protection sociale peut tre mise en uvre ds les premires tapes du
dveloppement et comporte des avantages supplmentaires, notamment la
stimulation de la consommation et la rduction de la pauvret. La
protection sociale compense la volatilit de la production en
rduisant les fluctuations du revenu disponible. Les politiques
volontaires de protection sociale universelle n'amliorent pas
seulement la rsilience individuelle, mais renforcent la rsilience
de l'ensemble de l'conomie. Garantir le plein emploi. Comme le
montre le prsent Rapport, la valeur sociale de l'emploi va bien
au-del d'un salaire. L'accs universel des emplois dcents est un
lment essentiel du renforcement de la rsilience dans une socit. Le
travail est un moyen d'existence puisqu'il renforce l'agentivit
humaine, fournit des liens sociaux et, plus encore, apporte de la
scurit aux familles et aux communauts. Le chmage s'accompagne
souvent d'une augmentation du taux de criminalit, de suicide, de
violence, de toxicomanie et d'autres problmes sociaux qui peuvent
renforcer l'inscurit personnelle. Les emplois favorisent la
stabilit et la cohsion sociale, et un emploi digne renforce la
capacit des personnes affronter les preuves et les incertitudes.
Pourtant, peu de pays encore, dvelopps ou en dveloppement,
considrent la politique de plein emploi comme une cl de vote
socitale ou conomique. L'augmentation des emplois doit guider la
politique publique. Les politiques en faveur du march du travail
doivent aider les travailleurs retrouver un emploi, par exemple
grce des programmes d'emploi temporaire ou par l'acquisition de
comptences utiles. Les programmes de cration d'emploi peuvent
s'inscrire entirement dans des objectifs politiques plus larges,
tels que la construction d'infrastructures et l'augmentation de la
connectivit, en faisant appel des programmes largis de travaux
publics et en incorporant notamment des mesures de rmunration
contre travail destines aux pauvres et aux chmeurs. Pour les pays
en dveloppement confronts aux dfis du sous-emploi, les politiques
actives du march du travail ne sont pas suffisantes, compte tenu du
fait que la plupart des emplois restent dans l'conomie informelle,
soit plus de 40pour cent dans deux tiers des 46pays mergents et en
dveloppement pour lesquels des donnes sont disponibles.16 Tendre
vers le plein emploi et rduire la vulnrabilit lie l'emploi dans ces
pays exige des politiques qui favorisent une croissance cratrice
d'emplois et qui tendent un cadre de protection sociale pour tous
la fois dans les secteurs formels et informels. D'une certaine
manire, une transformation structurelle de l'conomie contribue
fournir davantage d'emplois, l'aide de politiques cibles qui
soutiennent le dveloppement de secteurs et d'activits stratgiques.
Cela peut impliquer des politiques macroconomiques qui vont au- del
d'une focalisation exclusive sur la stabilit des prix et la gestion
de la dette. La coopration mondiale peut galement permettre de
garantir que l'intensification de la concurrence mondiale n'entrane
pas de nivellement par le bas en termes de normes de travail, mais
plutt un accord pour encourager le plein emploi et un emploi dcent
pour tous. Des institutions ractives et des socits solidaires La
ractivit des institutions est primordiale pour la construction de
la rsilience humaine. Des politiques et des ressources adaptes sont
ncessaires pour offrir des emplois adquats, des possibilits
d'accder aux soins de sant et Prsentation | 7
- 20. l'ducation, en particulier pour les personnes pauvres et
vulnrables. cet gard, les tats qui sont conscients des ingalits
entre les groupes (appeles ingalits horizontales) et prennent des
mesures pour rduire ces ingalits sont plus mme de faire respecter
le principe de l'universalisme, de construire la cohsion sociale,
et de prvenir et surmonter les crises. La vulnrabilit persistante
est fonde sur des exclusions historiques: les femmes dans les
socits patriarcales, les noirs en Afrique du Sud et aux tats-Unis
et les Dalits en Inde sont confronts aux discriminations et
l'exclusion en raison de pratiques culturelles et de normes
sociales profondment ancres. Des institutions de gouvernance
ractives et responsables sont essentielles pour combattre le
sentiment d'injustice, de vulnrabilit et d'exclusion qui alimente
le mcontentement social. D'autre part, l'engagement civique et la
mobilisation citoyenne sont galement indispensables pour assurer la
reconnaissance par les tats des intrts et des droits des personnes
vulnrables. Ces mmes tats peuvent intervenir pour rduire les
ingalits horizontales travers des politiques diverses. Les
interventions directes, comme l'action constructive, peuvent
s'avrer efficaces pour remdier immdiatement aux injustices
historiques, mais leur impact est ambigu sur le long terme. De
plus, elles ne sont pas toujours capables d'liminer les facteurs
structurels l'origine des ingalits persistantes. Il faut des
politiques efficaces court terme et capables de promouvoir l'accs
aux services sociaux, l'emploi et aux protections sociales de
manire durable pour les groupes vulnrables. Elles peuvent inclure
des mesures d'incitation et des sanctions formelles comme une
lgislation prventive. Des lois fondes sur les droits de l'homme
peuvent notamment reprsenter des amliorations considrables pour les
groupes vulnrables, car elles leur permettent de disposer de
ressources juridiques et du contrle public lorsque les institutions
ont chou. Le changement des normes pour construire la tolrance et
renforcer la cohsion sociale s'avre galement ncessaire et constitue
un aspect trop souvent nglig dans la construction de socits
rsilientes. Plus les socits sont solidaires, mieux elles protgent
les personnes contre les difficults et peuvent accepter plus
facilement des politiques bases sur le principe de l'universalisme.
L'absence de cohsion sociale est corrle avec les conflits et la
violence, en particulier dans des situations d'accs ingal aux
ressources ou aux bnfices issus des richesses naturelles, ainsi
qu'avec l'incapacit d'affronter efficacement les changements
conomiques et sociaux rapides ou l'impact des chocs conomiques ou
climatiques. En effet, la poursuite d'objectifs gnraux en matire
d'galit, d'inclusion et de justice sociale renforce les
institutions sociales et la cohsion sociale. Les campagnes et les
messages visant modifier la perception des gens sont indispensables
pour garantir le changement social. Les lois, les politiques et les
mesures ducatives et normatives sont des plus significatives
lorsque les gens y adhrent et possdent les mcanismes pour
responsabiliser les institutions. cet gard, la ractivit des tats
exige une ouverture, une transparence et une responsabilit envers
les pauvres et les exclus, ainsi que la promotion d'une dynamique
positive entre les institutions de gouvernance et la participation
civique. Prvention et gestion des crises Les catastrophes
naturelles et causes par l'homme sont invitables, mais des efforts
peuvent tre faits pour attnuer leurs effets et pour acclrer la
rcupration. Des opportunits peuvent tre saisies pour reconstruire
en mieux. En effet, le tsunami de 2004 a men directement au Systme
d'alerte aux tsunamis dans l'ocan Indien. Mais pour prparer aux
catastrophes et mettre en place les cadres de raction visant
amliorer la rsilience, elles doivent tre conues partir d'une
approche systmique qui s'tend au-del des menaces et des chocs pour
traiter les causes sous-jacentes et les impacts long terme. En cas
de catastrophes naturelles, la prvention et les cadres de raction
peuvent inclure, comme prcis dans le Cadre d'action de Hyogo,
l'amlioration des informations sur les risques, le renforcement et
l'tablissement de systmes d'alerte prcoce, l'intgration de la
rduction des risques de catastrophe dans les programmes et les
politiques de dveloppement, ainsi que le renforcement des
institutions et des mcanismes de rponse. La planification Des
institutions de gouvernance ractives et responsables sont
essentielles pour combattre le sentiment d'injustice, de
vulnrabilit et d'exclusion qui alimente le mcontentement social 8 |
Rapport sur le dveloppement humain 2014
- 21. de la prvention et de la rcupration peut tre poursuivie
tous les niveaux (mondial, rgional, national et communautaire) et
peut tre amliore par le partage des informations et la solidarit
d'action. Cela est plus facile lorsque gouvernements et communauts
sont prpars. Quand les politiques sont orientes vers une rponse
d'urgence, l'attnuation est souvent nglige et les chocs peuvent
rapparatre, avec des impacts et des cots de protection ultrieurs
potentiellement plus importants. Les efforts de
rponsed'urgencesontimportantsetncessaires, mais la rsilience exige
des efforts complets pour renforcer la prvention et la ractivit.
Les conflits entre tats, ainsi que les troubles civils internes,
continuent d'imposer des cots exorbitants au dveloppement des pays
concerns. Plusieurs causes peuvent tre identifies pour ces types de
conflit. Cependant, le point commun entre ces causes, qu'il
s'agisse des politiques d'exclusion, de la recherche de rente des
lites ou des abus sociaux ignors, c'est qu'elles contribuent toutes
au conflit social ou, tout du moins, nuisent au minimum d'harmonie
et de cohsion sociale qui serait propice des rsultats rsilients en
matire de dveloppement, un sujet abord de manire plus dtaille aux
chapitres3 et 4. Dans les communauts et les pays vulnrables aux
conflits et la violence, les programmes qui favorisent la cohsion
sociale peuvent soutenir les efforts de prvention et de rcupration.
Les politiques et les institutions qui luttent contre l'exclusion
et la marginalisation, qui engendrent un sentiment d'appartenance,
qui instaurent la confiance et des possibilits relles d'volution
sociale peuvent rduire les risques de conflit. La sensibilisation
accrue de la population et l'accs l'information peuvent gnrer un
soutien gnral envers la paix et rduire le nombre de contentieux
politiques. Le recours des intermdiaires et des mdiateurs crdibles
et objectifspeuttablirunclimatdeconfianceentre les groupes opposs
et polariss et permettre d'atteindre un consensus sur des problmes
d'intrt national, depuis l'organisation d'lection jusqu'aux ciments
d'une nouvelle constitution. Les comits locaux et les groupes de
citoyens peuvent favoriser la confiance au niveau communautaire et
poser les bases pour des infrastructures de paix. L'investissement
dans l'emploi et les moyens de subsistance peut aider les
communauts et les individus surmonter une crise court terme et
augmenter la rsilience quant aux dfis des crises futures. Une
action mondiale pour le monde que nous voulons Dans le contexte de
la mondialisation, les pays se sont rapprochs et de nouvelles
opportunits ont vu le jour. Cependant, le risque de rpercussion
rapide d'vnements nfastes a galement augment. Certains vnements
rcents ont rvl d'importantes lacunes dans la gestion de la
mondialisation au niveau de la scurit alimentaire ou de l'accs
l'nergie, de la rgulation financire ou du changement climatique.
Ces dfis transfrontires devraient persister au cours des dcennies
venir, avec des architectures de gouvernance mondiale dont la
capacit est insuffisante pour prvenir ou minimiser les chocs. Les
dcideurs et les leaders politiques pourraient tre mal prpars pour
affronterlavitesseetl'chelledeceschangements. Les nouvelles menaces
mergentes exigent des rponses, des ressources et un leadership
l'chelle nationale, mondiale et transfrontalire. Une action
collective est ncessaire pour pouvoir tablir un ordre de priorit
des problmes, tendre la coopration entre les cloisonnements
organiss autour des questions particulires, et runir les tats, les
organisations internationales, la socit civile et le secteur priv
dans un programme commun d'instauration de systmes mondiaux plus
rsilients. L'action collective est notamment ncessaire, sous forme
d'engagement mondial en faveur de l'universalisme, pour faciliter
l'approvisionnement en biens publics mondiaux et pour rduire la
probabilit et la porte des chocs transnationaux tout en traitant
les faiblesses des architectures de gouvernance mondiale. Un
engagement mondial l'gard de l'universalisme Les mesures nationales
pour la prestation universelle de services sociaux, pour la
protection sociale universelle et pour le plein emploi sont plus
facilement promulgues lorsque des engagements mondiaux sont en
place et qu'un soutien mondial est disponible. L'action collective
est ncessaire, sous forme d'engagement mondial en faveur de
l'universalisme, pour faciliter l'approvisionnement en biens
publics mondiaux Prsentation | 9
- 22. Cet engagement doit faire partie du programme pour
l'aprs-2015. L'inscription des lments d'un contrat social mondial
dans l'agenda pourrait galement ouvrir un espace politique l'chelle
nationale permettant aux tats de dfinir les approches adopter pour
la cration d'emplois et la prestation de services et systmes
deprotectionsociaux,etquifonctionnentmieux dans leurs contextes
particuliers. Cependant, les accords mondiaux restent essentiels,
car ils stimulent l'action et l'implication, et gnrent des aides
financires et autres. Les normes politiques qui dcrivent la
prestation publique de protection sociale comme un instrument
positif peuvent permettre aux tats d'adopter et de mettre en uvre
des politiques et des programmes qui protgent les individus
l'intrieur de leurs territoires. Un ensemble de normes qui
soulignent l'universalisme pourrait encourager les tats s'engager
en faveur de protections universelles qui rduisent la probabilit de
conditions de travail abusives tout en favorisant une protection
sociale minimale l'gard des travailleurs, ainsi que pour les
personnes dans l'incapacit de travailler. Aujourd'hui, seuls 20pour
cent des personnes travers le monde ont une couverture de scurit
sociale approprie, et plus de 50pour cent ne bnficient d'aucun type
de scurit sociale.17 Les objectifs de dveloppement durable sont
l'occasion pour la communaut internationale et les tats individuels
de porter un regard positif sur le domaine public et de faire
voluer le principe d'universalisme dans les financements publics de
services sociaux, notamment un accs universel minimal aux soins de
sant et l'ducation, ainsi que pour le plein emploi et les
protections sociales. Ces lments sont tous essentiels pour garantir
un dveloppement humain plus durable et rsilient. Une meilleure
facilitation de la prestation des biens publics mondiaux De
nombreux biens publics mondiaux ont une
valeursocialeetpeuventrduirelavulnrabilit, mais ils sont sous-valus
par les marchs. Leur insuffisance, allant du contrle des maladies
transmissibles la rglementation approprie du march mondial,
favorise les chocs qui ont une porte rgionale et mondiale. tant
donn que l'interdpendance du monde s'tend et se renforce, la
manifestation de la vulnrabilit due l'insuffisance de biens publics
mondiaux s'accrot. Les efforts multilatraux pour faciliter la
coopration et fournir certains de ces biens semblent faibles face
aux dfis et aux vulnrabilits. Ils sont tout aussi faibles face au
rythme des marchs, la vitesse de la rification et la puissance des
intrts privs. Les rgles et les normes internationales refltent
souvent les intrts privs plutt que de fournir des biens publics, et
donner la priorit aux intrts sociaux.18 Les biens publics mondiaux
et les biens communs universels qui pourraient rectifier ou
complter les marchs pour garantir une croissance plus inclusive et
durable sont, en grande partie, insuffisants. Les niveaux minimum
de protection sociale et d'engagement envers la prestation de
services sociaux sont des biens publics importants qui peuvent tre
inclus dans les objectifs de dveloppement durable pour amliorer les
capacits des individus rsister aux chocs dfavorables. Mais il
existe galement des biens publics qui sont ncessaires pour rduire
la probabilit des crises, tels que favoriser la stabilit climatique
ou rduire la probabilit d'une nouvelle crise financire. Des progrs
ont t faits par le pass ; citons par exemple l'radication de la
variole. Il s'agit maintenant d'tendre ce type d'efforts collectifs
la prestation d'autres types de biens publics rduisant la
vulnrabilit. Traiter les faiblesses des architectures de
gouvernance mondiale Il y a un dcalage entre les mcanismes de
gouvernance, d'une part, et la vulnrabilit et la complexit des
processus mondiaux, d'autre part. De nombreuses institutions et
structures internationales ont t conues pour rtablir l'ordre aprs
la Deuxime Guerre mondiale, et les rformes n'ont pas reflt le
changement des rapports de force. Entre-temps, de nouveaux rgimes,
tels que les rgimes mondiaux des droits de proprit intellectuelle,
bnficient souvent aux lites de manire disproportionne. Non
seulement les systmes de gouvernance ne proposent pas suffisamment
de protections et ne renforcent pas les capacits, mais dans Non
seulement les systmes de gouvernance ne proposent pas suffisamment
de protections et ne renforcent pas les capacits, mais dans
certains cas, ils produisent de nouvelles vulnrabilits 10 | Rapport
sur le dveloppement humain 2014
- 23. Les vulnrabilits croises ou cumules rsultant des inscurits
conomiques, environnementales, physiques, de sant et autres,
aggravent la situation en matire de liberts et de fonctions
certains cas, ils produisent de nouvelles vulnrabilits. de nombreux
gards, les faiblesses des architectures de gouvernance mondiale
pour rduire la vulnrabilit dcoulent de profondes asymtries de
pouvoir, d'expression et d'influence. Les programmes et les
politiques sous-reprsentent les intrts et les besoins des pays les
moins dvelopps et des personnes les plus vulnrables comme, par
exemple, les travailleurs non qualifis, les immigrants et les
personnes ges. Les personnes ayant moins de capacit pour rsister
aux chocs et s'adapter la vitesse du changement sont les dernires
impliques dans la cration des rglementations, des normes et des
objectifs de la gouvernance mondiale. La liste des dfis mondiaux
est longue et, parfois, les rponses peuvent sembler hors de porte,
mais nous savons que les marchs peuvent tre mieux rglements, les
systmes financiers et d'changes commerciaux mieux ajusts et les
menaces environnementales rduites. Certains ajustements peuvent tre
faits sur diffrents domaines d'intervention mondiaux pour augmenter
la probabilit que les tats agiront collectivement et garantiront la
cohsion de la gouvernance mondiale. Il s'agit de changements de
premier ordre qui permettront de faire davantage de progrs
politiques et institutionnels sur des problmes spcifiques.
Premirement, il faut s'assurer de la participation quitable des
pays en dveloppement dans la gouvernance mondiale afin que les
besoins des pays les plus vulnrables, notamment les pays les moins
dvelopps et les petits tats insulaires en dveloppement, ne soient
pas marginaliss. Deuximement, la participation peut tre tendue pour
inclure des perspectivesdusecteurprivetdelasocitcivile en vue
d'assurer un soutien l'action collective mondiale parmi les tats.
Troisimement, l'action collective est de loin plus efficace si elle
s'inscrit dans des dcisions prises au sein d'institutions
reprsentatives, pas dans des groupes ad hoc tels que le Groupe des
Vingt ou dans des runions slectives dans lesquelles la prise de
dcisions manque de transparence.
Enfin,unemeilleurecoordinationetcoopration entre les institutions
de gouvernance mondiale dans diffrents domaines d'intervention peut
attnuer les retombes ngatives et permettre d'harmoniser les
objectifs. Le prsent Rapport met l'accent sur l'ventualit d'une
action collective pour restructurer les systmes mondiaux de faon
instiller de nouvelles capacits chez les personnes plutt que de
gnrer de nouvelles vulnrabilits et de s'ajouter l'inscurit
existante. Une vaste coopration entre les tats, les institutions
internationales, le secteur priv et la socit civile est possible.
Les systmes de gouvernance mondiale doivent briser le lien entre la
mondialisation et la vulnrabilit, ce qui est plus mme de se
produire quand les politiques mondiales et la prise de dcisions
sont inclusives, responsables et coordonnes. Messages cls Le prsent
Rapport cherche amliorer la comprhension et sensibiliser sur la
ncessit de rduire la vulnrabilit et renforcer la rsilience pour
garantir un dveloppement humain durable. De ce fait, ses arguments
principaux sont les suivants: La vulnrabilit menace le dveloppement
humain, et moins de s'y attaquer de faon systmatique, travers un
changement des politiques et des normes sociales, les progrs ne
seront jamais ni quitables ni durables.
Mmesilaplupartdespaysontamliorleur niveau de dveloppement humain au
cours des dernires dcennies, les avances rcentes n'ont pas t sans
heurts. Le progrs a pris place dans un contexte d'incertitude
croissante due des chocs plus profonds et plus frquents. Les progrs
du dveloppement humain sont de plus en plus exposs des vnements
indsirables : la plus grande instabilit financire, l'augmentation
et la volatilit des prix des produits de base, la frquence des
catastrophes naturelles et l'amplification du mcontentement social
et politique. Des centaines de millions de personnes pauvres,
marginalises ou bien handicapes restent exceptionnellement
vulnrables aux chocs conomiques, aux violations des droits, aux
catastrophes naturelles, aux maladies, aux conflits et aux risques
environnementaux. moins d'tre systmatiquement identifies et
rduites, ces vulnrabilits chroniques pourraient compromettre la
durabilit des Prsentation | 11
- 24. progrs du dveloppement humain pour les dcennies venir. Les
chocs et leurs causes multiples sont invitables et souvent
imprvisibles, mais la vulnrabilit humaine peut tre rduite avec des
tats plus ractifs, de meilleures politiques publiques et un
changement des normes sociales. La vulnrabilit du cycle de vie, la
vulnrabilit structurelle et la prcarit de la vie sont des sources
fondamentales de privations persistantes. Pour garantir un
dveloppement humain sr et des progrs durables, elles doivent tre
combattues. Diffrents aspects de la vulnrabilit peuvent cumuler et
renforcer les privations persistantes. La vulnrabilit du cycle de
vie enfance, adolescence, ge adulte et troisime ge peut affecter la
formation des capacits vitales. Des investissements inappropris
lors des phases sensibles de la vie crent une vulnrabilit long
terme. De mme, la vulnrabilit inhrente aux contextes sociaux gnre
des comportements discriminatoires et cre des barrires
structurelles empchant les personnes et les groupes d'exercer leurs
droits et leurs choix, perptuant ainsi leurs privations. Et la
crainte pour leur scurit physique au quotidien a des ramifications
plus profondes dans la garantie ou le maintien du progrs. Les
vulnrabilits croises ou cumules rsultant des inscurits conomiques,
environnementales, physiques, de sant et autres, aggravent la
situation en matire de liberts et de fonctions. Il est ds lors
beaucoup plus difficile pour les individus et les socits de se
remettre des chocs. Les voies vers la rcupration et les politiques
publiques doivent incorporer des mesures qui renforcent la
rsilience et les stabilisateurs permettant de rpondre et de faire
face aux dfis futurs. Les mesures politiques de lutte contre la
vulnrabilit doivent permettre de prvenir les menaces, promouvoir
les capabilits et protger les personnes, en particulier les plus
vulnrables. En raison de la marginalisation sociale, d'un manque de
services publics et d'autres dfaillances politiques, la plupart des
vulnrabilits restent persistantes. Une vulnrabilit persistante
reflte des carences profondes dans les politiques et les
institutions publiques, les normes socitales et la prestation de
services publics, notamment une discrimination passe et prsente
contre des groupes en fonction de leur origine ethnique, leur
religion, leur sexe et d'autres identits. Cela rvle galement une
incapacit ou une rticence de l'tat ou de la socit anticiper et
protger les personnes vulnrables contre de graves chocs externes,
dont la plupart sont prvisibles par leur nature, sinon par leur
moment et leur impact prcis. Renforcer la rsilience exige donc de
stimuler les capabilits des individus, des socits et des pays
rpondre aux revers. Les personnes dotes de capacits gnrales
limites, notamment dans les domaines de l'ducation et de la sant,
ont plus de difficults exercer leur agentivit et donner un sens
leur vie. De plus, leurs choix peuvent tre limits ou freins par des
barrires sociales et d'autres pratiques d'exclusion, qui peuvent
par ailleurs ancrer les prjugs sociaux dans les institutions et les
politiques publiques. Des institutions ractives et des
interventions politiques efficaces peuvent crer une dynamique
durable pour soutenir les capabilits individuelles et les
conditions sociales visant renforcer l'agentivit humaine, rendant
ainsi les individus et les socits plus rsilientes. Toute personne
devrait bnficier du droit
l'ducation,auxsoinsdesantetd'autresservices de base. La mise en
pratique de ce principe de l'universalisme demandera une attention
et des ressources toutes particulires, surtout pour les pauvres et
autres groupes vulnrables. L'universalisme doit guider tous les
aspects des politiques nationales pour garantir que tous les
groupes et toutes les catgories de la socit bnficient d'une galit
des chances. Cela implique un traitement diffrent et cibl pour les
catgories ingales ou historiquement dfavorises, qui fournisse
davantage de ressources et de services proportionnels aux personnes
pauvres, exclues et marginalises pour renforcer les capacits et les
choix de vie de chacune d'entre elles. L'universalisme est un moyen
puissant de s'attaquer la nature incertaine de la vulnrabilit. Si
les politiques sociales ont un 12 | Rapport sur le dveloppement
humain 2014
- 25. objectif universel, elles ne se contentent pas de protger
les personnes vivant actuellement dans la pauvret, ayant des
problmes de sant ou tant au chmage, mais aussi les individus et les
foyers qui s'en sortent bien mais qui peuvent se retrouver en
difficult si les choses tournent mal. De plus, elles garantissent
certaines capacits gnrales de base des gnrations futures. Une
protection sociale universelle forte amliore non seulement la
rsilience individuelle, mais renforce galement la rsilience de
l'ensemble de l'conomie. Presque tous les pays, quelle que soit
l'tape de dveloppement laquelle ils se trouvent, peuvent fournir
une protection sociale minimale de base. Ils peuvent
progressivement s'tendre des niveaux de protection sociale plus
levs en fonction de leur marge de manuvre budgtaire. Un pays plus
faible revenupourraitcommencerparuneducation et des soins de sant
de base pour ensuite offrir des transferts montaires et une
protection du travail de base. Un pays plus haut revenu disposant
de programmes d'ducation, de sant et de transferts montaires
assortis de conditions de base bien tablies, pourrait tendre
l'ligibilit l'assurance-chmage aux populations traditionnellement
exclues, telles que les travailleurs agricoles ou domestiques, ou
bien largir les politiques de congs parentaux pour y inclure les
pres. Le plein emploi devrait constituer un objectif politique de
toute socit, quel que soit son niveau de dveloppement. Lorsque
l'emploi est soit inaccessible, soit trs peu rmunr, il reprsente
une source majeuredevulnrabilitavecdesrpercussions Contribution
spcialeH.E. Ellen Johnson Sirleaf, Prsidente du Libria Le programme
pour l'aprs-2015: lutter contre les vulnrabilits et renforcer la
rsilience deux ans de l'chance 2015, les progrs de l'Afrique par
rapport aux objectifs du Millnaire pour le dveloppement sont
htrognes. Des progrs remarquables ont t faits dans certains
domaines, tels que la scolarisation en primaire, la parit des sexes
dans l'ducation primaire, la reprsentation des femmes dans la prise
de dcisions, une rduction de la pauvret, une couverture vaccinale
et l'endiguement de la propagation du VIH/SIDA. Malgr ces progrs,
il reste encore beaucoup faire. Certains domaines ont t ngligs mais
ils auraient d tre mis en avant comme, par exemple, la lutte contre
la malaria, tueur numro un d'enfants en Afrique subsaharienne et
dansdenombreuxautresendroitsdumonde.Deplus,l'objectifdescolarisation
n'a pas pris en compte le besoin d'une ducation de qualit. Au cours
de la dernire dcennie, l'Afrique a fait de grands progrs en matire
de mise en uvre de rformes politiques et conomiques, et ces progrs
commencent porter leurs fruits. Ces russites futures sont,
cependant, vulnrables de nombreux facteurs qui ne dpendent pas de
la volont de l'Afrique mais qui peuvent tre rsolus par un
engagement collectif et un nouveau partenariat de dveloppement
international. Mme si certaines rgions du continent restent
confrontes l'instabilit politique, c'est maintenant chose rare et
ce n'est plus inluctable. Le nouveau programme de dveloppement
mondial qui sera convenu en 2015 est l'occasion pour l'Afrique de
prendre la mesure de ces dfis et de notre position dans le monde.
La transformation conomique est une priorit toute particulire sur
mon continent. Elle doit contribuer rduire notre vulnrabilit aux
chocs sociaux, conomiques et environnementaux, mais elle ne
constitue pas une priorit pour l'Afrique seule. Le rcent
effondrement conomique qui a plong le monde dans la rcession, le
foss grandissant entre les riches et les pauvres avec ses ingalits
qui alimentent l'agitation sociale, le flau croissant du chmage des
jeunes, ainsi que les menaces environnementales mondiales cres par
des politiques conomiques ngatives, montrent clairement que la
transformation est ncessaire partout dans le monde, pas seulement
en Afrique.
LorsquelegroupedehautniveaudesNationsUniessurleprogrammepour
l'aprs-2015 s'est rencontr au Libria en janvier2013, sous le thme
gnral de la transformation conomique, nous avons identifi six
domaines cls qui, d'aprs nous, devaient s'inscrire dans un
programme de transformation: la poursuite d'une croissance
inclusive qui rduise les ingalits; la promotion de la
diversification conomique et de la valeur ajoute; la cration d'un
environnement stable et propice pour l'panouissement du secteur
priv et de la libre entreprise; la ncessit de changer nos schmas de
production et de consommation pour protger nos cosystmes; la
cration et le renforcement d'institutions justes et transparentes
et, enfin, la ncessit de crer une galit des chances pour tous. Nous
disposons aujourd'hui d'opportunits qui peuvent rendre la
transformation non seulement plausible mais trs abordable. Nous
vivons dans une re dans laquelle le changement technologique
rapide, favoris notamment par la rvolution de l'information,
intensifie l'intgration de l'conomie mondiale, change la structure
des emplois, offre de nouvelles opportunits conomiques pour tous
les pays, facilite la croissance verte et permet de nombreux pays
faible revenu de passer sans transition une transformation
conomique. Nous avons les moyens et les capacits d'influer sur les
changements. Les consultations mondiales actuelles sur le Programme
de dveloppement pour l'aprs-2015 sont de bonne augure pour un monde
affichant une vision commune, des opportunits et des responsabilits
partages. L'Afrique contribuera dvelopper un monde dans lequel
personne n'est laiss pour compte, o tout le monde a des chances
gales de prosprer et o notre environnement est respect. Prsentation
| 13
- 26. durables sur les individus, leur famille et leur communaut.
Il est temps de reconnatre que l'opportunit d'avoir un emploi dcent
est un aspect fondamental du renforcement des capacits humaines,
tout comme il faut considrer le plein emploi comme une politique
sociale intelligente et efficace. Offrir de vritables dbouchs
professionnels tous les demandeurs d'emploi adultes doit devenir un
objectif universel, au mme titre que l'ducation et la sant. Le
plein emploi doit tre un objectif socital consensuel, pas seulement
en termes de justice sociale et de productivit conomique, mais en
tant qu'lment essentiel de cohsion sociale et de dignit humaine de
base. Un travail dcent raisonnablement pay impliquant un contrat
formel empchant tout licenciement abusif et donnant des droits la
scuritsociale,peutrduire