PNUD: Rapport sur le Developpement Humain 2014, Haiti

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  1. 1. Rapport sur le dveloppement humain 2014 Prenniser le progrs humain: rduire les vulnrabilits et renforcer la rsilience
  2. 2. Le Rapport sur le dveloppement humain 2014 est louvrage le plus rcent de la srie de rapports mondiaux sur le dveloppement humain publis par le PNUD depuis 1990, en tant quanalyses indpendantes et fondes sur les faits des principales questions, tendances, avances et politiques en matire de dveloppement. Des ressources supplmentaires lies au Rapport sur le dveloppement humain 2014 peuvent tre consultes en ligne l'adresse http://hdr.undp.org, notamment les ditions compltes ou les rsums du Rapport dans plus de 20langues, les tudes commandes pour le Rapport 2014, les cartes interactives et les bases de donnes des indicateurs nationaux du dveloppement humain, les explications exhaustives des sources et des mthodologies employes pour les indices de dveloppement humain du Rapport, les profils de pays et autres documents de rfrence, ainsi que les Rapports sur le Dveloppement humain prcdents l'chelle mondiale, nationale et rgionale.
  3. 3. Rapport sur le dveloppement humain 2014 Prenniser le progrs humain: rduire les vulnrabilits et renforcer la rsilience Au service des peuples et des nations Publi par le Programme des Nations Unies pour le dveloppement (PNUD)
  4. 4. Rapports sur le dveloppement humain 1990-2014 1990 Dfinir et mesurer le dveloppement humain 1991 Le financement du dveloppement humain 1992 Pour une vision nouvelle du dveloppement humain au niveau mondial 1993 La participation populaire 1994 Les nouvelles dimensions de la scurit humaine 1995 galit des sexes et dveloppement humain 1996 La croissance au service du dveloppement humain 1997 Le dveloppement humain au service de lradication de la pauvret 1998 La consommation au service du dveloppement humain 1999 Une mondialisation visage humain 2000 Droits de lhomme et dveloppement humain 2001 Mettre les nouvelles technologies au service du dveloppement humain 2002 Approfondir la dmocratie dans un monde fragment 2003Les objectifs du Millnaire pour le dveloppement: un pacte entre les pays pour vaincre la pauvret humaine 2004 La libert culturelle dans un monde diversifi 2005La coopration internationale la croise des chemins: laide, le commerce et la scurit dans un monde marqu par les ingalits 2006 Au-del de la pnurie: pouvoir, pauvret et crise mondiale de leau 2007/2008 La lutte contre le changement climatique: un impratif de solidarit humaine dans un monde divis 2009 Lever les barrires: mobilit et dveloppement humains 2010 La vraie richesse des nations: les chemins du dveloppement humain 2011 Durabilit et quit: un meilleur avenir pour tous 2013 L'essor du Sud: le progrs humain dans un monde diversifi 2014 Prenniser le progrs humain: rduire les vulnrabilits et renforcer la rsilience Rapports rgionaux sur le dveloppement humain : depuis une vingtaine dannes, des rapports sur le dveloppement humain consacrs aux principales rgions du monde en dveloppement ont galement t publis avec le soutien des bureaux rgionaux du PNUD. travers des analyses provocantes et des recommandations de politique claires, les Rapports rgionaux sur le dveloppement humain ont trait des questions cls comme lautonomisation politique des tats arabes, la scurit alimentaire en Afrique, le changement climatique en Asie, le traitement des minorits ethniques en Europe centrale et les dfis relever en matire dingalit et de scurit des personnes en Amrique latine et dans les Carabes. Rapports nationaux sur le dveloppement humain: depuis la publication du premier Rapport national sur le dveloppement humain en 1992, des rapports nationaux sont labors dans 140 pays par des quipes ditoriales locales, avec le soutien du PNUD. Ces rapports (dont environ 700 ditions sont publies ce jour) mettent en avant la perspective du dveloppement humain au sein des proccupations politiques nationales, au moyen de consultations et de recherches menes lchelle locale. Les Rapports nationaux se sont penchs sur de nombreuses questions cls lies au dveloppement, du changement climatique lemploi des jeunes en passant par les ingalits ethniques ou de genre. Copyright 2014 Programme des Nations Unies pour le dveloppement 1 UN Plaza, New York, NY 10017, USA Tous droits rservs. Il est interdit, sauf accord pralable de lditeur, de reproduire le prsent ouvrage, de le stocker dans un systme de recherche documentaire ou de le communiquer, sous quelque forme ou de quelque manire que ce soit, lectronique, mcanique, par photocopie, enregistrement ou tout autre moyen. ISBN 978-92-1-226045-7 eISBN 978-92-1-056664-3 Cet ouvrage fait lobjet dune entre au catalogue de la British Library et de la Library of Congress. Imprim aux tats-Unis par PBM Graphics, une socit RR Donnelley, sur du papier certifi par le Forest Stewardship Council et sans chlore lmentaire. Imprim avec des encres vgtales. [LE LOGO DU FSC SERA INSR ICI] dition et production: Communications Development Incorporated, Washington DC, USA Conception de l'information et affichage des donnes: Accurat s.r.l., Milan, Italie Pour une liste des erreurs ou omissions dans la prsente publication trouves aprs limpression, veuillez visiter notre site Web ladresse http://hdr.undp.org
  5. 5. quipe du Rapport sur le dveloppement humain 2014 Directeur et auteur principal Khalid Malik Directrice adjointe Eva Jespersen Recherche et statistiques Maurice Kugler (responsable de la recherche), Milorad Kovacevic (statisticien en chef), Subhra Bhattacharjee, Astra Bonini, Cecilia Calderon, Alan Fuchs, Amie Gaye, Sasa Lucic, Arthur Minsat, Shivani Nayyar, Pedro Martins, Tanni Mukhopadhyay et Jos Pineda Communication et publication William Orme (responsable de la communication), Botagoz Abreyeva, Eleonore Fournier-Tombs, Anna Ortubia, Admir Jahic, Brigitte Stark-Merklein, Samantha Wauchope et Grace Sales Rapports nationaux sur le dveloppement humain Jon Hall (chef d'quipe), Christina Hackmann et Mary Ann Mwangi Oprations et administration Sarantuya Mend (responsable des oprations), Mamaye Gebretsadik et Fe Juarez-Shanahan | iii
  6. 6. Avant-propos Le Rapport sur le dveloppement humain 2014, Prenniser le progrs humain : rduire les vulnrabilits et renforcer la rsilience, s'intresse deux concepts troitement lis et fondamentaux pour assurer les progrs en matire de dveloppement humain. Depuis l'dition du premier Rapport sur le dveloppement humain (RDH) mondial du Programme des Nations Unies pour le dveloppement(PNUD)en1990,denombreux pays ont enregistr des avances significatives dans ce domaine. Le Rapport de cette anne montre que les tendances gnrales l'chelle mondiale sont positives et que les progrs se poursuivent. Cependant, des vies sont sacrifies, et des moyens d'existence et le dveloppement sont saps par les catastrophes naturelles ou causes par l'homme, et par les crises. Ces revers ne sont toutefois pas invitables. Chaque socit est vulnrable aux risques, mais certaines souffrent beaucoup moins et se remettent des coups du sort plus vite que d'autres. Le prsent Rapport cherche comprendre pourquoi et, pour la premire fois dans un RDH mondial, la vulnrabilit et la rsilience sont examines travers le prisme du dveloppement humain. Jusqu' prsent, les recherches sur la vulnrabilit se sont intresses l'exposition des personnes des risques spcifiques, et sont souvent lies des secteurs particuliers. Le prsent Rapport adopte une approche diffrente, plus holistique. Il examine les facteurs qui contribuent aux risques pesant sur le dveloppement humain, pour ensuite aborder les moyens de renforcer la rsilience pour un groupe assez vaste de risques changeants. Dans notre monde interconnect, cette approche est particulirement importante. Les avantages de la mondialisation sont nombreux, mais elle a galement donn lieu de nouvelles inquitudes, lesquelles se manifestent parfois sous la forme de ractions locales aux retombes d'vnements loigns. Si l'on veut prparer les citoyens un avenir moins vulnrable, il convient de renforcer la rsilience intrinsque des communauts et des pays. Ce Rapport jette les bases pour y parvenir. Conformment au paradigme du dveloppement humain, le prsent Rapport adopte une approche centre sur les personnes. Il porte une attention toute particulire aux disparits au sein des pays et entre eux. Il identifie les groupes de populations structurellement vulnrables qui sont plus vulnrables que d'autres en raison de leur histoire ou des discriminations dont ils sont victimes au sein de la socit. Ces vulnrabilits ont souvent volu et persist sur de longues priodes et peuvent tre associes au sexe, l'appartenance ethnique, l'indignit ou la situation gographique, pour ne citer que les facteurs principaux. Les contraintes pesant sur la capacit de la plupart des personnes et des groupes les plus vulnrables faire face aux problmes sont nombreuses et cumules. Par exemple, ceux qui sont pauvres et appartiennent une minorit, ou les femmes qui souffrent d'un handicap, doivent affronter de nombreux obstacles susceptibles de se renforcer mutuellement de manire ngative. Grce une approche du cycle de vie, le Rapport examine la faon dont les vulnrabilits voluent tout au long de la vie. Contrairement d'autres modles statistiques, cette analyse indique que les enfants, les adolescents et les personnes ges affrontent des risques diffrents demandant des rponses cibles. Certaines priodes de la vie sont identifies comme particulirement importantes, notamment les premiers 1000jours de la vie d'un enfant, ou encore le passage de l'cole au travail ou du travail la retraite. Les obstacles rencontrs au cours de ces priodes peuvent s'avrer particulirement difficiles surmonter et provoquer des impacts long terme. En se basant sur l'analyse des preuves disponibles, le prsent Rapport met un certain nombre de recommandations pour l'instauration d'un monde en lutte contre les vulnrabilits qui construit la rsilience face aux chocs venir. Il appelle de ses vux un accs universel des services sociaux de base, en particulier dans les domaines de la sant et de l'ducation, une protection sociale plus forte, incluant assurance chmage et retraites, iv | Rapport sur le dveloppement humain 2014
  7. 7. et un engagement en faveur du plein emploi, reconnaissant que la valeur de l'emploi dpasse largement le revenu qu'il gnre. Par ailleurs, il examine l'importance de pouvoir compter sur des institutions responsables et justes, et sur une cohsion sociale accrue permettant de renforcer la rsilience au niveau communautaire et de rduire les possibilits d'clatement des conflits. Le Rapport constate que quelle que soit l'efficacit des politiques dans la rduction des vulnrabilits inhrentes, les crises ne cesseront jamais de se produire avec des consquences potentiellement destructives. Il est donc vital de renforcer les capacits pour se prparer aux catastrophes et surmonter leurs consquences, afin de permettre aux communauts de mieux grer (et surmonter) les chocs. Au niveau mondial, il faut reconnatre que les risques s'tendent au-del des frontires et exigent une action collective, c'est pourquoi le Rapport en appelle des engagements mondiaux et une meilleure gouvernance internationale. Ces recommandations sont importantes et opportunes. En effet, alors que les tats membres des Nations Unies s'apprtent conclure les ngociations relatives au programme de dveloppement pour l'aprs-2015 et fixer une srie d'objectifs de dveloppement durable, les preuves rassembles et analyses dans ce Rapport, ainsi que la perspective de dveloppement humain sur laquelle il se base, sont particulirement prcieuses. L'limination de la pauvret sera notamment l'un des objectifs centraux du nouveau programme. Mais, comme le montre le Rapport, si les personnes risquent tout moment de retomber dans la pauvret, en raison de facteurs structurels et de vulnrabilits persistantes, les progrs du dveloppement resteront prcaires. L'limination de la pauvret ne se rsume pas une pauvret zro, mais la prennit de cette conqute. L'approche adopte par le PNUD peut aider les pays atteindre non seulement l'limination de la pauvret, la rduction significative des ingalits et de l'exclusion, mais aussi promouvoir un dveloppement humain et durable. Pour ce faire, il faut approfondir les concepts de vulnrabilit et de rsilience. Tant que les vulnrabilits ne seront pas abordes de faon efficace, et tant que chaque personne ne bnficiera pas des progrs raliss en matire de dveloppement humain, ce dernier ne sera ni quitable ni durable. Le prsent Rapport a pour but d'aider les dcideurs politiques et autres acteurs du dveloppement prenniser les bnfices acquis par le biais de la mise en uvre de politiques capables de rduire la vulnrabilit et de renforcer la rsilience. Je recommande sa lecture tous ceux qui souhaitent que les progrs en matire de dveloppement soient durables, tout particulirement pour les plus vulnrables d'entre nous. Helen Clark Administratrice Programme des Nations Unies pour le dveloppement Avant-propos | v
  8. 8. Remerciements Le Rapport sur le dveloppement humain2014 est le produit d'un effort collectif de la part du Bureau du Rapport sur le dveloppement humain (BRDH) du Programme des Nations Unies pour le dveloppement (PNUD) et de nombreux conseillers et collaborateurs externes prcieux. Cependant, les rsultats, les analyses et les plaidoyers politiques du prsent Rapport, au mme titre que ceux des Rapports prcdents, proviennent des auteurs seuls et ne reprsentent en aucun cas le point de vue officiel du PNUD, ni celui de son Conseil excutif. L'Assemble gnrale de l'ONU a officiellement reconnu que le Rapport sur le dveloppement humain est le fruit dune dmarche intellectuelle indpendante qui constitue un outil important pour attirer lattention sur le dveloppement humain dans le monde.1 Nous sommes ravis d'avoir pu compter sur les contributions spciales de H.E. MmeEllen Johnson Sirleaf, Prsidente du Libria, et MM Bill Gates, Stephen Hawking, James Heckman, Rajendra Pachauri, Juan Somavia, Joseph Stiglitz et M.S. Swaminathan dans l'laboration du prsent Rapport. Nous tenons galement remercier chaleureusement les auteurs des tudes ralises pour ce Rapport2014: Connie Bayudan, Des Gasper et Oscar Gomez, Andrew Fischer, Thomas Hale, Khalil Hamdani, Abby Hardgrove, Kirrilly Pells, Jo Boyden et Paul Dornan, Naila Kabeer, Inge Kaul, William Kinsey, Samir KC, Wolfgang Lutz, Elke Loichinger, Raya Muttarak et Erich Striessnig, Rehman Sobhan, Adam Rose, Till von Wachter, Mary E. Young et Ashgar Zaidi. Durant la prparation du prsent Rapport, le BRDH a reu des indications et des conseils inestimables de notre minent Comit consultatif, compos notamment de Hanan Ashrawi, Edward Ayensu, Cristovam Ricardo Cavalcanti Buarque, Michael Elliott, Patrick Guillaumont, Ricardo Hausmann, Nanna Hvidt, Rima Khalaf, Nora Lustig, Sir James Alexander Mirrlees, Thandika Mkandawire, Jos Antonio Ocampo, Rajendra Pachauri, Samir Radwan, Rizal Ramli, Gustav Ranis, Frances Stewart, Akihiko Tanaka et RuanZongze. Nous aimerions galement remercier le comit statistique du BRDH, qui nous a fourni des conseils d'experts sur les mthodologies et les choix de donnes associes au calcul des indices de dveloppement humain du prsent Rapport : Jose Ramon Albert, Sir Anthony Atkinson, Birol Aydemir, Rachid Benmokhtar Benabdellah, Wasmalia Bivar, Grant Cameron, Nailin Feng, Enrico Giovannini, D.C.A. Gunawardena, Peter Harper, Yemi Kale, Hendrik van der Pol et Eduardo Sojo Garza-Aldape. Les indices composites et les autres ressources statistiques du prsent Rapport s'appuient sur l'expertise d'importants fournisseurs de donnes internationaux dans leurs domaines de spcialit, et nous exprimons notre gratitude pour leur collaboration collgiale continue avec le BRDH. James Foster, Stephan Klasen et Conchita DAmbrosio ont particip aux rvisions critiques des indices composites du prsent Rapport. Pour garantir l'exactitude et la clart, les analyses statistiques du prsent Rapport ont galement bnfici de la rvision externe des rsultats statistiques par Sabina Alkire, Adriana Conconi, Maria Emma Santos, Kenneth Harttgen, Hiroaki Matsuura, Claudio Montenegro, Atika Pasha et Jackie Yiptong. Les consultations tenues dans le monde entier durant la prparation du prsent Rapport ont compt sur le soutien gnreux d'institutions et de personnes en trop grand nombre pour pouvoir les mentionner. Les vnements se sont tenus entre avril2012 et fvrier2014 Addis Ababa, Almaty, Bruxelles, Genve, Islamabad, Managua, New York et Tokyo.2 Nous sommes trs reconnaissants envers les institutions partenaires, notamment les bureaux nationaux et rgionaux du PNUD, dont la liste est disponible sur http://hdr.undp. org/en/2014-report/consultations, pour le soutien qu'elles nous ont apport. De mme, la Confrence du BRDH sur la Mesure du Progrs humain nous a permis de poursuivre un dialogue systmatique avec des partenaires cls appartenant diffrentes sphres : gouvernement, acadmie et socit civile, sur nos indices et leurs amliorations. vi | Rapport sur le dveloppement humain 2014
  9. 9. La plupart de nos collgues du PNUD dans le monde entier, en tant que membres du Groupe de Lecteurs du BRDH et du Groupe de travail, ont fourni des indications inestimables lors de la prparation et de la rdaction finale du rapport. Nous aimerions remercier tout particulirement Adel Abdellatif, Pedro Conceio, Samuel Doe, George Ronald Gray Molina, Heraldo Muoz, Selim Jehan, Natalia Linou, Abdoulaye Mar Dieye, Magdy Martinez-Soliman, Stan Nkwain, Thangaval Palanivel, Jordan Ryan, Turhan Saleh, Ben Slay, Mounir Tabet, Antonio Vigilante et Mourad Wahba. Les collgues de Helpage, du Fonds des Nations Unies pour l'enfance et de l'Organisation mondiale du travail ont galement fourni des indications et des commentaires prcieux. Laurent Thomas et Neil Marsland, de l'Organisation des Nations Unies pour l'alimentation et l'agriculture, ont galement partag avec une grande gnrosit leurs comptences tendues. Un remerciements particulier aux gouvernements de la France (AFD) et de l'Allemagne (BMZ) pour leur contribution financire au Rapport, et au gouvernement du Japon (JICA) pour son soutien la consultation rgionale d'Asie de l'Est. Nous sommes encore plus redevables envers notre quipe de vrificateurs d'informations et de consultants compose de Akmal Abdurazakov, Melissa Mahoney, Agnes Zabsonre et Simona Zampino. Nos internes Caterina Alacevich, Ruijie Cheng, Bouba Housseini, Yoo Rim Lee, lise Miningou, Ji Yun Sul, Petros Tesfazion et Lin Yang mritent galement d'tre reconnus pour leur dvouement et leur contribution. Le Rapport a bnfici de l'inestimable contribution de nombreux amis du BRDH qui se sont engags totalement pour le renforcer. Nous avons tir pleinement profit des lectures critiques de l'avant-projet et des contributions textuelles associes fournies par James Heintz, Shiva Kumar, Peter Stalker et Frances Stewart. Nous remercions tout particulirement Amartya Sen et Joseph Stiglitz pour leur rvision et leurs commentaires sur le rapport. Nous aimerions notamment remercier le travail trs professionnel de nos diteurs de Communications Development Incorporated, dirigs par Bruce Ross-Larson, avec Joe Caponio, Christopher Trott et Elaine Wilson, et des concepteurs Federica Fragapane, Michele Graffieti et Gabriele Rossi de la socit Accurat Design. Et par-dessus tout, je suis comme toujours reconnaissant envers Helen Clark, Administratricedu PNUD, pour son leadership et sa vision, et toute l'quipe du BRDH pour son dvouement et son engagement dans la production d'un rapport qui vise promouvoir l'avance du dveloppement humain. Khalid Malik Directeur Bureau du Rapport sur le dveloppement humain Notes 1 Rsolution des Nations Unies 57/264, 30janvier2003. 2 La liste des participants et des remerciements est disponible sur http://hdr.undp.org/en/2014-report/consultations. Remerciements | vii
  10. 10. Contenu Avant-propos iv Remerciements vi Prsentation 1 Chapitre 1 Vulnrabilit et dveloppement humain 17 Le point de vue du dveloppement humain 19 Personnes vulnrables, monde vulnrable 21 Choix et capacits 26 Politiques et action collective 28 Chapitre 2 Situation du dveloppement humain 37 Progrs des individus 37 Menaces pesant sur le dveloppement humain lchelle mondiale 51 Chapitre 3 Personnes vulnrables, monde vulnrable 61 Capacits vitales et vulnrabilits du cycle de vie: cumul etinterdpendance62 Vulnrabilits structurelles 78 Violence de groupe et vies prcaires 86 Chapitre 4 Renforcement de la rsilience: une plus grande libert, des choix protgs 91 Prestation universelle des services sociaux de base 93 Traiter les vulnrabilits au cours du cycle de vie: limportance de la planification 100 Promotion du plein emploi 102 Renforcer la protection sociale 108 Lutte contre lexclusion sociale 112 Renforcer les capacits pour se prparer aux crises et les surmonter 119 Chapitre 5 Consolidation des progrs: biens mondiaux et action collective 125 Vulnrabilits transnationales et dnominateurs communs 125 Faire des personnes une priorit dans un contexte de mondialisation 132 Action collective pour un monde plus sr 145 Notes 151 Rfrences 157 annexe statistique Guide du lecteur 173 Lgendes des pays et des classements IDH, 2013 179 Tableaux statistiques 1. Indice de dveloppement humain et ses composantes 180 2. volution de lindice de dveloppement humain, 1980-2013 184 3. Indice de dveloppement humain ajust aux ingalits 188 4. Indice dingalit de genre 192 5. Indice de dveloppement de genre 196 6. Indice de pauvret multidimensionnelle 200 6A. Indice de pauvret multidimensionnelle: volution dans le temps pour certains pays 202 7. Sant: enfants et adolescents 204 8. Sant de ladulte et dpenses de sant 208 9. ducation212 10. Contrle et affectation des ressources 216 11. Comptences sociales 220 12. Inscurit personnelle 224 13. Intgration internationale 228 14. Environnement232 15. volution de la population 236 16. Indicateurs supplmentaires: perceptions du bien-tre 240 Rgions244 Rfrences statistiques 245 Contributions spciales Mesurer le progrs humain Bill Gates 52 Relever le Dfi Faim zro Professor M.S. Swaminathan 54 Sattaquer au changement climatique Rajendra Pachauri 58 Dveloppement humain et dveloppement de la petite enfance James Heckman 65 Reconnatre la dignit du travail Dr. Juan Somavia 74 Handicap et vulnrabilit Stephen Hawking 85 Approfondir notre rflexion sur la vulnrabilit Joseph Stiglitz 92 encadrs 1.1Vers la rsilience humaine: concepts et dfinitions 18 1.2 Chocs et menaces contre le dveloppement humain 24 1.3 Mesure de la vulnrabilit 32 2.1 Prise en compte du revenu disponible 47 2.2 Macroconomie et austrit 49 3.1 Diffrences significatives: 30millions de mots supplmentaires 68 3.2 Somalie: conflit et exclusion de la jeunesse 72 3.3Violence lgard des femmes 83 3.4 La rsilience aux catastrophes: lexprience japonaise 87 4.1 Politiques macroconomiques pour le plein emploi 105 4.2 Politiques russies en Asie de lEst 106 4.3 Rduire la vulnrabilit au moyen dinstitutions rceptives 113 5.1 Chanes de valeur mondiales: avantages et inconvnients 127 5.2 Migration internationale 128 viii | Rapport sur le dveloppement humain 2014
  11. 11. 5.3 Obstacles systmiques laction collective 131 5.4 Impasse dans la gouvernance mondiale de la scurit 132 5.5 Le principe de la Responsabilit de protger peut-il tre tendu? 135 5.6 Qui est vulnrable au changement climatique? 143 5.7 Quatre programmes mondiaux essentiels 144 Figures 1.1 Qui est vulnrable, quoi et pourquoi? 22 1.2 Politiques de rduction de la vulnrabilit et de renforcement de la rsilience 30 2.1 Alors que lensemble des rgions prsentent des amliorations de leur Indice dedveloppement humain, des signes de ralentissement se font sentir 38 2.2 Les quatre groupes de dveloppement humain ont connu un ralentissement dans la croissance de lIndice de dveloppement humain 39 2.3 Entres dans les groupes de dveloppement humain lev depuis 1990 40 2.4 La perte moyenne de lindice de dveloppement humain due aux ingalits abaiss dans la plupart des rgions 43 2.5 Le statut et les performances conomiques dun pays peuvent paratre bien moins spectaculaires lorsquest prise en compte la rpartition des revenus 45 2.6 Dans les pays o les ingalits taient leves ou en augmentation, la consommation des 40pour cent les plus pauvres de la population a moins rapidement augment que celle de lensemble de la population 46 2.7 Alors que dans de nombreux pays tant la pauvret multidimensionnelle que lapauvret de revenu ont diminu entre 2005 et 2012, le taux de progression variesensiblement48 2.8 Lempreinte cologique de la consommation lchelle mondiale est lheure actuelle plus importante que sa biocapacit totale 51 2.9 Suite la libralisation des flux de capitaux et une intgration financire plus pousse dans les annes 1980, lincidence des crises bancaires sest multiplie 52 2.10 Les prix des produits alimentaires ont fluctu considrablement et de manire inattendue depuis 2007 53 2.11 Entre 1901 et 1910, 82 catastrophes naturelles ont t recenses, et ce chiffre a dpass les 4000 entre 2003 et 2012 55 2.12 Les conflits arms internes et non tatiques reprsentent la grande majorit des conflits travers le monde 56 3.1 Les investissements prcoces dans les capacits vitales amliorent les perspectives davenir 63 3.2 Les rgions prsentant les plus grandes tranches de population denfants gs de moins de 5ans sont lAfrique subsaharienne, les tats arabes et lAsie du Sud 64 3.3 Les comptences cognitives, sociales, motionnelles et langagires sont interdpendantes, car elles sont faonnes par des expriences prcoces etcontribuent toutes la formation des capacits tout au long de la vie 65 3.4 Comme illustr par le cas de lquateur, les enfants pauvres prsentent dj un retard de vocabulaire ds lge de 6ans 67 3.5 Des politiques ducatives acclres et une croissance conomique rapide permettraient de combler lcart entre loffre et la demande de jeunes travailleurs en Asie du Sud et de le rduire en Afrique subsaharienne entre 2010 et 2050 71 3.6 En Amrique latine et dans les Carabes, le taux dhomicide chez les hommes, plus lev entre 15 et 29ans, tend diminuer avec lge, tandis que chez les femmes, il est infrieur, mais pratiquement immuable 73 3.7 Dans la plupart des pays avec des donnes disponibles, les emplois atypiques ont augment entre 2007 et 2010, alors que le taux demploi gnral a baiss 75 3.8 Dici 2050 la proportion de personnes ges de 60ans et plus dans la population mondiale devrait doubler pour atteindre 15,5pour cent. Laugmentation la plus importante se situant en Asie de lEst et Pacifique 77 3.9 Dans les pays de lOrganisation de coopration et de dveloppement conomiques, le taux de pauvret est gnralement plus lev parmi les personnes ges que pour le reste de la population, et plus important chez les femmes ges que chez les hommes du mme ge 79 3.10 Prs de 1,2milliard de personnes vivent avec moins de 1,25$ par jour et 1,5milliard vivent en situation de pauvret multidimensionnelle 80 3.11 De nombreux pays ont des lois discriminatoires lgard de femmes au sein de la famille, dans le cadre des activits conomiques, en cas de violence et dautres questions 82 3.12 En 2011, le taux de pauvret parmi les mnages de Roms tait beaucoup plus lev que parmi les non-Roms 84 4.1 De nombreux pays ont commenc mettre en uvre des mesures dassurance sociale alors que leur PIB par habitant tait infrieur celui de la plupart des pays dAsie du Sud aujourdhui 97 4.2 volution de la couverture de sant dans plusieurs pays, exprime en pourcentage de la population totale 98 4.3 Les dpenses ralises dans la sant, lducation et le bien-tre qui augmentent tout au long de la vie nalimentent pas et ne soutiennent pas le dveloppement au cours des premires annes, qui sont cruciales 100 4.4 Investir dans la petite enfance: lexemple sudois 101 4.5 Lampleur et la qualit des interactions avec les parents et les ducateurs ont un lien avec le comportement ultrieur de lenfant, ses aptitudes cognitives et son dveloppement motionnel 103 4.6 Aprs la crise conomique mondiale de 2008, les pays nordiques prsentaient un taux de chmage plus bas que le reste de lEurope 108 4.7 Les socits solidaires tendent obtenir de meilleurs rsultats que les autres 114 5.1 Il y a un dcalage entre les dfis mondiaux et les mcanismes de gouvernance mondiale 136 5.2 Les augmentations de flux de capitaux privs dans les pays en dveloppement entre 1980 et 2012 ont rendu beaucoup dconomies et de populations vulnrables 138 5.3 Ces dernires annes, les pays de toutes les rgions du monde sont devenus plus dpendants des importations et des exportations 140 carte 3.1 La proportion de jeunes dans la population totale devrait chuter dans la plupart des rgions entre 2010 et 2050 69 Tableaux 2.1 Indice de dveloppement humain et composantes, 2010 et 2013 38 2.2 Disparits positives les plus leves entre revenu national brut par habitant et classement de lindice de dveloppement humain par groupe de dveloppement humain, 2013 41 2.3 Pays prsentant des ingalits de revenus en hausse ou en baisse par rgion, 1990201243 2.4 Emplois prcaires et travailleurs pauvres, 2010 et 2012 48 3.1 Pauvret de revenu et pauvret multidimensionnelle, par rgion 81 Contenu | ix
  12. 12. Le progrs humain n'est ni automatique ni invitable... Martin Luther King, Jr.
  13. 13. Prsentation Le classique de Charles Dickens Un conte de deux villes explorait les nombreuses ralits contrastes la meilleure des poques, la pire des poques du XVIIIe sicle Paris et Londres. Mme si le monde contemporain est un lieu trs diffrent, il affiche des contrastes similaires, certains exacerbs et certains sans doute plus complexes. Comme l'ont montr les Rapports sur le dveloppement humain successifs, un grand nombre de personnes dans la plupart des pays ont ralis des progrs constants en termes de dveloppement humain. Les avances ralises en matire de technologie, d'ducation et de revenus sont encore plus prometteuses quant aux possibilits de mener des vies plus longues, plus saines et plus sres.1 Tout bien considr, la mondialisation a produit des avances importantes dans le dveloppement humain, en particulier dans de nombreux pays du Sud. Cependant, le monde actuel connat un sentiment de prcarit gnralis en ce qui concerne les moyens d'existence, la scurit personnelle, l'environnement et les politiques mondiales.2 Les grandes ralisations dans des domaines critiques du dveloppement humain, notamment la sant et la nutrition, peuvent tre rapidement mines par une catastrophe naturelle ou une crise conomique. Le vol et la violence peuvent affaiblir les personnes qui en sont victimes, tant physiquement que psychologiquement.Lacorruption,lemanquede moyens et la passivit des institutions publiques peuvent laisser ceux qui sont dans le besoin sans aucun recours. Les menaces politiques, les tensions communautaires, les conflits violents, l'abandon de la sant publique, les dommagesenvironnementaux,lacriminalitetla discrimination viennent s'ajouter au problme de vulnrabilit individuelle et communautaire. Par consquent, les progrs rels dans le domaine du dveloppement humain ne se limitent pas donner aux personnes la libert de choix et la possibilit de s'instruire, se soigner, avoir un niveau vie dcent et se sentir en scurit. Il s'agit galement de s'assurer que ces ralisations sont prennes et que les conditions runies sont suffisantes pour soutenir le dveloppement humain. Un tat des lieux du dveloppement humain serait incomplet sans une analyse et une valuation de la vulnrabilit. Le concept de vulnrabilit est traditionnellement rserv la description de l'exposition aux risques et la gestion des risques, notamment l'assurance contre les chocs et la diversification des actifs et des revenus.3 Le prsent Rapport adopte une approche plus large,enmettantenlumireleslienstroitsentre la rduction de la vulnrabilit et les progrs du dveloppement humain. Nous introduisons le concept de vulnrabilit humaine pour dcrire les probabilits d'rosion des capacits et des choix des personnes. Lorsque la vulnrabilit est envisage sous l'angle du dveloppement humain, nous attirons l'attention sur le risque de dgradation des circonstances et ralisations individuelles, communautaires et nationales, et nous proposons des politiques et d'autres mesures de prparation contre les menaces pour rendre par la suite le progrs du dveloppement humain plus solide. Nous nous concentrons en particulier sur les sources systmiques et perptuelles de vulnrabilit. Nous nous posons la question de savoir pourquoi certaines personnes s'en sortent mieux que d'autres face l'adversit. Par exemple, presque partout dans le monde, les femmes sont plus vulnrables l'inscurit personnelle que les hommes. Nous nous demandons galement quelles causes structurelles rendent certaines personnes plus vulnrables que d'autres. Les personnes connaissent des degrs d'inscurit variables et diffrents types de vulnrabilit, selon la priode de leur vie. Les enfants, les adolescents et les personnes ges sont intrinsquement vulnrables, ce qui nous conduit nous demander quels types d'investissements et d'interventions sont susceptibles de rduire la vulnrabilit pendant les priodes de transitions cls de la vie. LeprsentRapportsoutientquel'amlioration continue des capacits individuelles et sociales est indispensable pour la rduction de ces Prsentation | 1
  14. 14. L'espace politique national ddi au renforcement des capacits d'adaptation est de plus en plus rduit, alors que la mondialisation s'accrot vulnrabilits persistantes, dont la majorit ont un caractre structurel et sont lies au cycle de vie. Les progrs accomplis doivent servir stimuler la rsilience du dveloppement humain. La signification du terme rsilience fait l'objet d'un dbat anim, mais nous mettons l'accent sur la rsilience humaine, en nous assurant que les choix des personnes sont solides, aujourd'hui et l'avenir, et en leur donnant les moyens de faire face et de s'adapter aux vnements indsirables (chapitre1). Les institutions, les structures et les normes peuventrenforcer,maisaussiaffaiblirlarsilience humaine. Les politiques publiques et les rseaux de soutien communautaires peuvent permettre aux personnes de surmonter les menaces quand etoellespeuventsurgir,tandisquelesingalits horizontales risquent de rduire les capacits d'adaptation de certains groupes. Le prsent Rapport analyse les types de politiques et les rformes institutionnelles capables de construire la rsilience au cur du tissu social, en particulier pour les groupes exclus et pendant les moments critiques du cycle de vie. Il examine les mesures universelles susceptibles de remdier aux discriminations et se concentre sur le besoin d'une action collective pour liminer la vulnrabilit qui rsulte de la rigidit des institutions nationales et des dficits de la gouvernance mondiale. Pourquoi parler de la vulnrabilit maintenant? La vulnrabilit humaine n'est pas nouvelle mais elle augmente en raison de l'instabilit financire et des pressions environnementales croissantes telles que l'volution climatique, qui a un potentiel grandissant de nuire au progrs du dveloppement humain. En effet, depuis2008, on observe un ralentissement de la croissance des trois composantes de l'indice de dveloppement humain dans la plupart des rgions du monde (chapitre2). La vulnrabilit doit tre prise en compte ds maintenant, afin d'assurer les avances et d'empcher les ruptures d'une progression constante. Le monde change rapidement. La porte et l'chelle de la connectivit et des inscurits associes s'acclrent, tout comme les menaces de contagion et d'exposition aux catastrophes naturelles et aux conflits violents. L'espace politique national ddi au renforcement des capacits d'adaptation devient de plus en plus rduit, alors que la mondialisation s'accrot. Dans un monde de plus en plus interconnect, ce qui par le pass restait une question locale devient maintenant un problme souvent mondial, en raison du commerce international, des voyages et des tlcommunications. Les chanes d'approvisionnement mondialement intgres, pour ne citer qu'un exemple, ont apport des gains d'efficacit. Cependant, des perturbations un point de la chane peuvent dclencher de graves problmes locaux ailleurs dans le monde. Les types de biens publics, qu'ils soient nationaux ou mondiaux, ncessaires pour renforcer la capacit d'adaptation et la rsilience des socits sur le long terme sont insuffisants. Partout dans le monde, les personnes ont un sentiment d'inscurit. Dans la perspective du programme pour l'aprs-2015 et l'tablissement d'un ensemble d'objectifs de dveloppement durable, le temps de la rflexion est galement venu pour la communaut internationale. Elle doit saisir l'opportunit du changement et laborer de nouvelles formes de coopration mondiale. Comme l'a soulign le Secrtaire gnral des Nations Unies Ban Ki-moon dans son discours prononc en juillet2013 lors de l'Assemble gnrale des Nations Unies, le monde doit faire particulirement attention aux besoins et aux droits des plus vulnrables et des plus exclus.4 Il a demand une nouvelle vision qui puisse runir l'intgralit des aspirations humaines et garantir une vie digne pour tous. Le prsent Rapport sur la vulnrabilit informe sur le dbat mondial et fournit des recommandations sur la manire d'atteindre de nouveaux objectifs et de btir des socits plus rsilientes. Rduire la fois la pauvret et la vulnrabilit des populations tomber dans la pauvret doit rester un objectif central du programme pour l'aprs-2015. L'limination de la pauvret ne se limite pas une pauvret zro, mais la prennit de cette conqute. On peut y parvenir uniquement avec une nouvelle orientation sur la vulnrabilit et le dveloppement humain. Cela exige de s'assurer que les personnes qui sortent d'une extrme pauvret bnficient d'un soutien public continu qui renforce leur 2 | Rapport sur le dveloppement humain 2014
  15. 15. Malgr des progrs rcents dans la rduction de la pauvret, plus de 2,2milliards de personnes vivent en situation de pauvret multidimensionnelle ou en sont trs proches rsilience sociale et conomique, et rduit fortement les sources systmiques de leur vulnrabilit. Il y a galement de bonnes nouvelles. Comme le Rapport l'indique (au chapitre2), la perte moyenne de dveloppement humain due aux ingalits s'est rduite dans la plupart des rgions au cours des dernires annes, en grande partie grce aux avances importantes dans le domaine de la sant. Plusieurs rgions ont nanmoins vu les disparits de revenu s'accrotre, et les ingalits dans le domaine de l'ducation restent constantes. Il faut clbrer la rduction des ingalits, mais la compensation des disparits croissantes en matire de revenu par des avances dans le domaine de la sant n'est pas suffisante. Il est essentiel de s'attaquer la vulnrabilit, notamment parmi les groupes marginaliss, et de prenniser les ralisations rcentes, en rduisant les ingalits dans tous les domaines du dveloppement humain. moins que des groupes et des individus plus vulnrables ne reoivent l'attention des responsables politiques et les ressources ncessaires sur tous les aspects du dveloppement humain, ils risquent d'tre laisss pour compte, et ce malgr des progrs humains continus dans la plupart des pays et communauts. Sans politiques et institutions nationales et mondiales dsireuses de rduire la vulnrabilit persistante et systmique, le programme de dveloppement pour l'aprs-2015 restera inefficace pour s'attaquer la complexit et l'ampleur des futurs dfis. Qui est vulnrable et pourquoi? La plupart des personnes du monde entier est vulnrable aux chocs un certain degr (catastrophes naturelles, crises financires, conflits arms), ainsi qu'aux changements sociaux, conomiques et environnementaux long terme. Les faiblesses conomiques nuisent au contrat social mme dans les socits industrialises avances, et aucun pays au monde n'est l'abri des effets de l'volution climatique long terme. Cependant, certains individus sont bien plus vulnrables que d'autres. Et dans bien des cas, les normes sociales discriminatoires et les faiblesses institutionnelles exacerbent cette vulnrabilit laissant certains groupes sans les aides familiales, communautaires et d'tat ncessaires au renforcement de leur capacit d'adaptation. Ces groupes, ainsi que les institutions et les normes qui affaiblissent leur capacit et restreignent leurs choix, constituent l'axe principal de ce Rapport. Les personnes vivant dans une pauvret et un dnuement extrmes sont parmi les plus vulnrables. Malgr des progrs rcents dans la rduction de la pauvret, plus de 2,2milliards de personnes vivent en situation de pauvret multidimensionnelle ou en sont trs proches. Cela signifie que plus de 15pour cent de la population mondiale reste vulnrable la pauvret multidimensionnelle. Dans le mme temps, prs de 80pour cent de la population mondiale manque de protection sociale complte.5 Environ 12pour cent (842millions) souffrent de faim chronique,6 et prs de la moiti des travailleurs (plus de 1,5milliard) occupent un travail prcaire ou informel.7 Dans bien des cas, les pauvres mais aussi les femmes, les immigrants, les groupes indignes et les personnes ges, sont structurellement vulnrables. Leur inscurit a volu et persist sur de longues priodes, donnant lieu des divisions (de type sexuel, ethnique, racial, d'emploi et de statut social), difficiles surmonter. Les personnes structurellement vulnrables peuvent se rvler aussi capables que les autres, mais sont confrontes des obstacles supplmentaires pour surmonter les conditions dfavorables. Par exemple, les personnes souffrant d'un handicap manquent de facilits d'accs aux transports publics, aux bureaux gouvernementaux et d'autres espaces publics, notamment les hpitaux. Ainsi, elles prouvent beaucoup de difficults participer la vie conomique, sociale et politique, ou trouver de l'aide lorsqu'elles sont confrontes des menaces pesant sur leur bien-tre physique. La capacit de raction de nombreuses personnes est restreinte par des contraintes structurelles cumules, par exemple, les personnes qui sont pauvres et appartiennent une minorit, ou les femmes handicapes. l'chelle mondiale, trois quarts des pauvres vivent dans des zones rurales, dans lesquelles les ouvriers agricoles souffrent la prvalence de la pauvret la plus leve. Ils se retrouvent pigs dans des cycles insurmontables de faible productivit, Prsentation | 3
  16. 16. Le dfi ne consiste pas seulement viter que les populations vulnrables ne retombent dans l'extrme pauvret et la privation. L'objectif est de crer un environnement propice pour consolider les progrs continus du dveloppement humain pendant les prochaines dcennies de chmage saisonnier et de bas salaires, et sont particulirement vulnrables aux changements climatiques.Lesminoritsethniquesetreligieuses laisses pour compte sont vulnrables aux pratiques discriminatoires, ont un accs limit aux systmes de justice formels et sont victimes de leur hritage de rpression et de prjugs. Ainsi, alors que les populations autochtones reprsentent 5 pour cent de la population mondiale, elles constituent prs de 15 pour cent des pauvres dans le monde, avec un tiers se situant dans une pauvret extrme.8 l'chelle de la plante, plus de 46pour cent des personnes ges de 60ans et plus vivent avec un handicap, prouvant les pires difficults participer la socit, difficults aggraves qui plus est par des attitudes sociales discriminatoires.9 L'volution climatique prsente de grands risques pour toutes les populations et tous les pays, mais encore une fois, certains risquent de subir des pertes plus lourdes que d'autres. Entre 2000 et 2012, plus de 200millions de personnes, la plupart dans des pays en dveloppement, ont t touches chaque anne par des catastrophes naturelles, en particulier des inondations et des scheresses.10 Le Rapport sur le dveloppement humain 2011 a indiqu de quelle manire l'impossibilit chronique de ralentir le rythme du rchauffement climatique pouvait compromettre l'radication de la pauvret, car les communauts les plus pauvres au monde sont les plus vulnrables la hausse des tempratures et du niveau des mers, sans parler des autres consquences de l'volution climatique.11 La vulnrabilit du cycle de vie fait l'objet d'une attention toute particulire dans ce Rapport. Les capacits s'accumulent sur la dure de vie d'un individu et doivent tre entretenues et maintenues, sinon elles risquent de stagner, voire de dcliner. Les capacits vitales sont affectes par les investissements raliss lors des tapes prcdentes de la vie et l'exposition aux chocs court terme peut avoir des consquences long terme. Par exemple, un revers dans la petite enfance d'une personne peut avoir des rpercussions pour le restant de sa vie, notamment sur les chances de conserver un emploi, les incertitudes associes la vieillesse et la transmission de la vulnrabilit la prochaine gnration. Ce Rapport fait tat de la nature cumulative de la vulnrabilit et du besoin d'interventions politiques opportunes et continues. Une attention particulire est ncessaire aux priodes les plus sensibles: les investissements dans l'ducation de la petite enfance, les efforts en matire d'opportunits d'emploi pour les jeunes et le soutien aux personnes ges sont autant de mesures qui permettent d'amliorer les capacits vitales. Le dfi ne consiste pas seulement viter que les populations vulnrables ne retombent dans l'extrmepauvretetlaprivation.L'objectifestde crer un environnement propice pour consolider les progrs continus du dveloppement humain pendant les prochaines dcennies. Cela exige de considrer la pauvret et la privation comme un phnomne multidimensionnel ncessitant des politiques universelles pour tendre les droits et les services tous, tout en portant une attention particulire l'galit des chances, aux capacits du cycle de vie et l'accs des personnes exclues. Ces interventions qui se renforcent mutuellement peuvent btir la rsilience socitale et encourager l'agentivit humaine. Les initiatives anti-pauvret et de dveloppement humain les plus efficaces jusqu' maintenant ont adopt une approche multidimensionnelle consistant combiner le soutien au revenu et la cration d'emploi avec l'accs aux soins mdicaux, l'ducation, et d'autres interventions pour le dveloppement communautaire. Les mesures prises au niveau politique peuvent combler les carts entre les personnes et les pays, et consolider la rsilience et les capacits des personnes qui, autrement, resteraient constamment vulnrables. Les politiques destines prvenir les ravages causs par les risques naturels, encourager l'extension des avantages de la prosprit pour tous et favoriser une rsilience sociale plus large peuvent la fois protger et prenniser le progrs humain. Cependant, aucune d'elles n'est applique automatiquement. Elles sont le rsultat d'une action collective vigoureuse, de rponses institutionnelles quitables et efficaces, et d'un leadership clairvoyant l'chelle locale, nationale et mondiale. Toutes les socits tirent finalement profit d'une plus grande galit des chances. Et moins que ces vulnrabilits multidimensionnelles et croises soient reconnues et systmatiquement rduites, le progrs continu du dveloppement humain peut tre interrompu, voire invers. 4 | Rapport sur le dveloppement humain 2014
  17. 17. Scurit humaine et dveloppement humain Il y a vingt ans de cela, le Rapport sur le dveloppement humain introduisait la notion de scurit humaine en tant que partie intgrante du dveloppement humain. Ce Rapport s'inscrit dans la logique de l'approche de la scurit humaine tout en restant ax sur la vulnrabilit et sur la manire dont celle-ci menace de nuire aux progrs du dveloppement humain. Dans ce contexte, on met davantage l'accent sur les impratifs de rduction des disparits et le renforcement de la cohsion sociale, en particulier par des actions qui s'attaquent la violence sociale et la discrimination. Les conflits et le sentiment d'inscurit personnelle ont un impact ngatif profond sur le dveloppement humain et plongent des milliards de personnes dans des conditions de vie prcaires. Beaucoup de pays situs dans le tiers infrieur de l'indice de dveloppement humain sortent actuellement de longues priodes de conflit ou sont toujours confronts la violence arme. Plus de 1,5 milliard de personnes vivent dans des pays touchs par des conflits, c'est--dire prs d'un cinquime de la population mondiale.12 Par ailleurs, l'instabilit politique rcente comporte un cot humain trs important: prs de 45millions de personnes ont t forces de se dplacer suite des conflits ou des perscutions la fin de l'anne 2012 le chiffre le plus lev en 18ans plus de 15millions d'entre elles taient des rfugis.13 Dans certaines rgions d'Afrique de l'Ouest et centrale, l'anarchie et les conflits arms continuent de menacer les avances du dveloppement humain, avec des rpercussions long terme sur les progrs au niveau national. Par ailleurs, dans certains pays d'Amrique latine et des Carabes, en dpit des russites importantes dans le domaine du dveloppement humain, un grand nombre de personnes ont un sentiment d'inscurit cause d'un taux d'homicides et autres crimes violents en hausse. Les femmes du monde entier connaissent la vulnrabilit l'inscurit personnelle. La violence porte atteinte leurs droits et le sentiment d'inscurit personnelle limite leur agentivit tant dans la sphre publique que prive. Par consquent, dvelopper les liberts et la scurit humaine consiste galement soutenir des mesures impliquant des changements institutionnels et rglementaires pour rduire la violence interpersonnelle et la discrimination. L'amlioration de la scurit personnelle peut avoir de profondes rpercussions sur la vulnrabilit relle et perue des individus et des communauts, ainsi que sur leur sentiment de scurit, leur autonomisation et leur agentivit. L'augmentation des revenus seule ne suffit pas pour rduire la vulnrabilit au conflit et l'inscurit personnelle. La vulnrabilit persistante, qui ne peut gnralement s'apaiser que sur de plus longues priodes, ncessite de multiples interventions politiques et des changements rglementaires pour renforcer la tolrance et la cohsion sociale. Construire la rsilience Le bien-tre des personnes dpend en grande partie du degr de libert dont elles jouissent et de leur capacit ragir aux vnements ngatifs, qu'ils soient naturels ou causs par l'homme, et les surmonter. Toute approche visant assurer et prenniser le dveloppement humain doit tre fonde sur la rsilience. Le but essentiel de la rsilience est de veiller ce que l'tat, la communaut et les institutions mondiales uvrent autonomiser et protger les personnes. Le dveloppement humain implique la suppression des barrires qui entravent la libert des personnes agir. Le but est de permettre aux personnes dfavorises et exclues de jouir de leurs droits, d'exprimer leurs inquitudes ouvertement, de se faire entendre et de pouvoir faonner leur avenir de faon active. Toute personne doit disposer de la libert de vivre selon ses vux et de grer au mieux ses problmes. Le prsent Rapport met l'accent sur les politiques, les principes et les mesures cls indispensables la construction de la rsilience, afin de conforter les choix, tendre l'action humaine et promouvoir les comptences sociales. Il indique galement que la ralisation et la prennisation des progrs en matire de dveloppement humain dpendent souvent de l'efficacit des activits de prparation pralable et d'intervention lorsque le choc se produit. Prsentation | 5
  18. 18. S'engager l'gard de l'universalisme Un engagement commun, national et mondial, envers la prestation universelle de services sociaux, renforant la protection sociale et assurant le plein emploi, constituerait une profonde dcision socitale et politique qui jetterait les bases pour renforcer la rsilience long terme, pour les pays et leurs citoyens en tant qu'individus. Un tel engagement renforcerait la capacit des individus, des socits et des pays rsister aux revers et s'en remettre, tout en reconnaissant que certains sont plus exposs aux risques et aux menaces que d'autres et ont besoin de davantage de soutien. Prestation universelle de services sociaux. L'accs universel aux services sociaux de base (ducation, sant, approvisionnement en eau et assainissement, et scurit publique) amliore la rsilience. Cela n'est pas seulement souhaitable, c'est galement possible des stades prcoces du dveloppement. En outre, des expriences rcentes (en Chine, au Rwanda et au Viet Nam) montrent qu'elle peut tre atteinte assez rapidement (en moins d'une dcennie). La prestation universelle des services sociaux de base peut augmenter les comptences sociales et rduire la vulnrabilit structurelle. Elle peut constituer un moyen puissant de lisser les ingalits des chances et des revenus. Par exemple, un enseignement public universel de haute qualit peut attnuer les carts dans le domaine de l'ducation entre les enfants issus de foyers riches et ceux issus de foyers pauvres. La transmission d'une gnration l'autre de capacits comme l'ducation au sein des familles peut perptuer les bnfices sur le long terme. Des politiques universelles favorisent galement la solidarit sociale en vitant les inconvnients lis au ciblage: stigmatisation sociale pour les bnficiaires et segmentation de la qualit des services, ainsi que l'incapacit atteindre de nombreuses personnes vulnrables.14 L'une des ides fausses les plus rpandues veut que seuls les pays riches puissent se permettre la prestation d'une protection sociale ou des services sociaux universaux. Le prsent Rapport apporte de nombreuses preuves du contraire. La plupart des socits, l'exception de celles voues la violence et aux troubles, peuvent mettre en place des services de base et une protection sociale et beaucoup en ont fait la preuve. En outre, elles ont dcouvert que l'investissement initial, limit une petite part du PIB, est largement compens. Prenez l'allocation de soutien l'enfant en Afrique du Sud, qui a cot 0,7pour cent du PIB en 2008-2009 et a rduit le taux de pauvret des enfants de 43 34pour cent. Ou bien le programme brsilien Bolsa Famlia qui a cot 0,3pour cent du PIB en 2008-2009 et a reprsent 20 25pour cent du chiffre de rduction des ingalits.15 Les pays affichant des progrs conomiques rapides, tels que l'Asie de l'Est, ont bnfici d'une plus grande couverture et de meilleurs investissements en matire de sant, d'ducation et d'emploi. Ils y sont parvenus tout en ayant des revenus et des ressources limits leur disposition. Le bien-fond de la prestation universelle des services sociaux de base repose avant tout sur le postulat que tous les humains doivent tre autonomiss pour apprcier la vie qu'ils mnent et que l'accs certains lments de base d'une vie digne devrait tre dissoci de la capacit des gens payer. Mme si les manires de fournir ces services peuvent varier selon les circonstances et le contexte du pays, le point commun de toutes les expriences russies repose sur une seule ide: l'tat a la responsabilit premire d'tendre les services sociaux la population entire, dans un contrat social de base entre les citoyens et l'tat. Renforcer la protection sociale. La protection sociale, laquelle comprend l'assurance chmage, les programmes de retraite et la rglementation du march du travail, peut offrir une couverture contre les risques et les difficults tout au long de la vie des personnes, et surtout pendant les phases critiques. En fournissant une aide supplmentaire et prvisible, les programmes de protection sociale permettent aux mnages d'viter la vente de leurs biens, le retrait de leurs enfants de l'cole ou le report des soins mdicaux ncessaires qui se font au dtriment de leur bien-tre long terme. De plus, les rseaux de distribution et les mcanismes de gestion des programmes de protection sociale peuvent galement servir prter une aide d'urgence court terme en cas de crise, comme les catastrophes naturelles ou les inondations. Toute approche visant assurer et prenniser le dveloppement humain doit tre fonde sur la rsilience. Le but essentiel de la rsilience est de veiller ce que l'tat, la communaut et les institutions mondiales uvrent autonomiser et protger les personnes 6 | Rapport sur le dveloppement humain 2014
  19. 19. Pour les pays en dveloppement confronts aux dfis du sous-emploi, les politiques actives du march du travail ne sont pas suffisantes, compte tenu du fait que la plupart des emplois restent dans l'conomie informelle De nombreuses protections sociales ont des effets multiplicateurs positifs. L'assurance chmage optimise l'efficacit des marchs du travail en permettant aux chmeurs de choisir le travail le mieux adapt leurs comptences et leur exprience, plutt que de les obliger tout simplement accepter le premier travail qui se prsente. L'aide au revenu pour les mnages s'est avre stimulante pour la participation au march du travail, puisqu'elle fournit des ressources permettant aux personnes de rechercher de meilleures opportunits, et certains membres du foyer d'migrer pour trouver un emploi. Certains soutiennent qu'une telle aide risque de freiner la volont de retrouver un emploi. La conception de la politique joue ici un rle important. Cependant, de nombreux indices rvlent que les rglementations du march du travail prsentent un bnfice net et sont capables de rduire les ingalits. La protection sociale peut tre mise en uvre ds les premires tapes du dveloppement et comporte des avantages supplmentaires, notamment la stimulation de la consommation et la rduction de la pauvret. La protection sociale compense la volatilit de la production en rduisant les fluctuations du revenu disponible. Les politiques volontaires de protection sociale universelle n'amliorent pas seulement la rsilience individuelle, mais renforcent la rsilience de l'ensemble de l'conomie. Garantir le plein emploi. Comme le montre le prsent Rapport, la valeur sociale de l'emploi va bien au-del d'un salaire. L'accs universel des emplois dcents est un lment essentiel du renforcement de la rsilience dans une socit. Le travail est un moyen d'existence puisqu'il renforce l'agentivit humaine, fournit des liens sociaux et, plus encore, apporte de la scurit aux familles et aux communauts. Le chmage s'accompagne souvent d'une augmentation du taux de criminalit, de suicide, de violence, de toxicomanie et d'autres problmes sociaux qui peuvent renforcer l'inscurit personnelle. Les emplois favorisent la stabilit et la cohsion sociale, et un emploi digne renforce la capacit des personnes affronter les preuves et les incertitudes. Pourtant, peu de pays encore, dvelopps ou en dveloppement, considrent la politique de plein emploi comme une cl de vote socitale ou conomique. L'augmentation des emplois doit guider la politique publique. Les politiques en faveur du march du travail doivent aider les travailleurs retrouver un emploi, par exemple grce des programmes d'emploi temporaire ou par l'acquisition de comptences utiles. Les programmes de cration d'emploi peuvent s'inscrire entirement dans des objectifs politiques plus larges, tels que la construction d'infrastructures et l'augmentation de la connectivit, en faisant appel des programmes largis de travaux publics et en incorporant notamment des mesures de rmunration contre travail destines aux pauvres et aux chmeurs. Pour les pays en dveloppement confronts aux dfis du sous-emploi, les politiques actives du march du travail ne sont pas suffisantes, compte tenu du fait que la plupart des emplois restent dans l'conomie informelle, soit plus de 40pour cent dans deux tiers des 46pays mergents et en dveloppement pour lesquels des donnes sont disponibles.16 Tendre vers le plein emploi et rduire la vulnrabilit lie l'emploi dans ces pays exige des politiques qui favorisent une croissance cratrice d'emplois et qui tendent un cadre de protection sociale pour tous la fois dans les secteurs formels et informels. D'une certaine manire, une transformation structurelle de l'conomie contribue fournir davantage d'emplois, l'aide de politiques cibles qui soutiennent le dveloppement de secteurs et d'activits stratgiques. Cela peut impliquer des politiques macroconomiques qui vont au- del d'une focalisation exclusive sur la stabilit des prix et la gestion de la dette. La coopration mondiale peut galement permettre de garantir que l'intensification de la concurrence mondiale n'entrane pas de nivellement par le bas en termes de normes de travail, mais plutt un accord pour encourager le plein emploi et un emploi dcent pour tous. Des institutions ractives et des socits solidaires La ractivit des institutions est primordiale pour la construction de la rsilience humaine. Des politiques et des ressources adaptes sont ncessaires pour offrir des emplois adquats, des possibilits d'accder aux soins de sant et Prsentation | 7
  20. 20. l'ducation, en particulier pour les personnes pauvres et vulnrables. cet gard, les tats qui sont conscients des ingalits entre les groupes (appeles ingalits horizontales) et prennent des mesures pour rduire ces ingalits sont plus mme de faire respecter le principe de l'universalisme, de construire la cohsion sociale, et de prvenir et surmonter les crises. La vulnrabilit persistante est fonde sur des exclusions historiques: les femmes dans les socits patriarcales, les noirs en Afrique du Sud et aux tats-Unis et les Dalits en Inde sont confronts aux discriminations et l'exclusion en raison de pratiques culturelles et de normes sociales profondment ancres. Des institutions de gouvernance ractives et responsables sont essentielles pour combattre le sentiment d'injustice, de vulnrabilit et d'exclusion qui alimente le mcontentement social. D'autre part, l'engagement civique et la mobilisation citoyenne sont galement indispensables pour assurer la reconnaissance par les tats des intrts et des droits des personnes vulnrables. Ces mmes tats peuvent intervenir pour rduire les ingalits horizontales travers des politiques diverses. Les interventions directes, comme l'action constructive, peuvent s'avrer efficaces pour remdier immdiatement aux injustices historiques, mais leur impact est ambigu sur le long terme. De plus, elles ne sont pas toujours capables d'liminer les facteurs structurels l'origine des ingalits persistantes. Il faut des politiques efficaces court terme et capables de promouvoir l'accs aux services sociaux, l'emploi et aux protections sociales de manire durable pour les groupes vulnrables. Elles peuvent inclure des mesures d'incitation et des sanctions formelles comme une lgislation prventive. Des lois fondes sur les droits de l'homme peuvent notamment reprsenter des amliorations considrables pour les groupes vulnrables, car elles leur permettent de disposer de ressources juridiques et du contrle public lorsque les institutions ont chou. Le changement des normes pour construire la tolrance et renforcer la cohsion sociale s'avre galement ncessaire et constitue un aspect trop souvent nglig dans la construction de socits rsilientes. Plus les socits sont solidaires, mieux elles protgent les personnes contre les difficults et peuvent accepter plus facilement des politiques bases sur le principe de l'universalisme. L'absence de cohsion sociale est corrle avec les conflits et la violence, en particulier dans des situations d'accs ingal aux ressources ou aux bnfices issus des richesses naturelles, ainsi qu'avec l'incapacit d'affronter efficacement les changements conomiques et sociaux rapides ou l'impact des chocs conomiques ou climatiques. En effet, la poursuite d'objectifs gnraux en matire d'galit, d'inclusion et de justice sociale renforce les institutions sociales et la cohsion sociale. Les campagnes et les messages visant modifier la perception des gens sont indispensables pour garantir le changement social. Les lois, les politiques et les mesures ducatives et normatives sont des plus significatives lorsque les gens y adhrent et possdent les mcanismes pour responsabiliser les institutions. cet gard, la ractivit des tats exige une ouverture, une transparence et une responsabilit envers les pauvres et les exclus, ainsi que la promotion d'une dynamique positive entre les institutions de gouvernance et la participation civique. Prvention et gestion des crises Les catastrophes naturelles et causes par l'homme sont invitables, mais des efforts peuvent tre faits pour attnuer leurs effets et pour acclrer la rcupration. Des opportunits peuvent tre saisies pour reconstruire en mieux. En effet, le tsunami de 2004 a men directement au Systme d'alerte aux tsunamis dans l'ocan Indien. Mais pour prparer aux catastrophes et mettre en place les cadres de raction visant amliorer la rsilience, elles doivent tre conues partir d'une approche systmique qui s'tend au-del des menaces et des chocs pour traiter les causes sous-jacentes et les impacts long terme. En cas de catastrophes naturelles, la prvention et les cadres de raction peuvent inclure, comme prcis dans le Cadre d'action de Hyogo, l'amlioration des informations sur les risques, le renforcement et l'tablissement de systmes d'alerte prcoce, l'intgration de la rduction des risques de catastrophe dans les programmes et les politiques de dveloppement, ainsi que le renforcement des institutions et des mcanismes de rponse. La planification Des institutions de gouvernance ractives et responsables sont essentielles pour combattre le sentiment d'injustice, de vulnrabilit et d'exclusion qui alimente le mcontentement social 8 | Rapport sur le dveloppement humain 2014
  21. 21. de la prvention et de la rcupration peut tre poursuivie tous les niveaux (mondial, rgional, national et communautaire) et peut tre amliore par le partage des informations et la solidarit d'action. Cela est plus facile lorsque gouvernements et communauts sont prpars. Quand les politiques sont orientes vers une rponse d'urgence, l'attnuation est souvent nglige et les chocs peuvent rapparatre, avec des impacts et des cots de protection ultrieurs potentiellement plus importants. Les efforts de rponsed'urgencesontimportantsetncessaires, mais la rsilience exige des efforts complets pour renforcer la prvention et la ractivit. Les conflits entre tats, ainsi que les troubles civils internes, continuent d'imposer des cots exorbitants au dveloppement des pays concerns. Plusieurs causes peuvent tre identifies pour ces types de conflit. Cependant, le point commun entre ces causes, qu'il s'agisse des politiques d'exclusion, de la recherche de rente des lites ou des abus sociaux ignors, c'est qu'elles contribuent toutes au conflit social ou, tout du moins, nuisent au minimum d'harmonie et de cohsion sociale qui serait propice des rsultats rsilients en matire de dveloppement, un sujet abord de manire plus dtaille aux chapitres3 et 4. Dans les communauts et les pays vulnrables aux conflits et la violence, les programmes qui favorisent la cohsion sociale peuvent soutenir les efforts de prvention et de rcupration. Les politiques et les institutions qui luttent contre l'exclusion et la marginalisation, qui engendrent un sentiment d'appartenance, qui instaurent la confiance et des possibilits relles d'volution sociale peuvent rduire les risques de conflit. La sensibilisation accrue de la population et l'accs l'information peuvent gnrer un soutien gnral envers la paix et rduire le nombre de contentieux politiques. Le recours des intermdiaires et des mdiateurs crdibles et objectifspeuttablirunclimatdeconfianceentre les groupes opposs et polariss et permettre d'atteindre un consensus sur des problmes d'intrt national, depuis l'organisation d'lection jusqu'aux ciments d'une nouvelle constitution. Les comits locaux et les groupes de citoyens peuvent favoriser la confiance au niveau communautaire et poser les bases pour des infrastructures de paix. L'investissement dans l'emploi et les moyens de subsistance peut aider les communauts et les individus surmonter une crise court terme et augmenter la rsilience quant aux dfis des crises futures. Une action mondiale pour le monde que nous voulons Dans le contexte de la mondialisation, les pays se sont rapprochs et de nouvelles opportunits ont vu le jour. Cependant, le risque de rpercussion rapide d'vnements nfastes a galement augment. Certains vnements rcents ont rvl d'importantes lacunes dans la gestion de la mondialisation au niveau de la scurit alimentaire ou de l'accs l'nergie, de la rgulation financire ou du changement climatique. Ces dfis transfrontires devraient persister au cours des dcennies venir, avec des architectures de gouvernance mondiale dont la capacit est insuffisante pour prvenir ou minimiser les chocs. Les dcideurs et les leaders politiques pourraient tre mal prpars pour affronterlavitesseetl'chelledeceschangements. Les nouvelles menaces mergentes exigent des rponses, des ressources et un leadership l'chelle nationale, mondiale et transfrontalire. Une action collective est ncessaire pour pouvoir tablir un ordre de priorit des problmes, tendre la coopration entre les cloisonnements organiss autour des questions particulires, et runir les tats, les organisations internationales, la socit civile et le secteur priv dans un programme commun d'instauration de systmes mondiaux plus rsilients. L'action collective est notamment ncessaire, sous forme d'engagement mondial en faveur de l'universalisme, pour faciliter l'approvisionnement en biens publics mondiaux et pour rduire la probabilit et la porte des chocs transnationaux tout en traitant les faiblesses des architectures de gouvernance mondiale. Un engagement mondial l'gard de l'universalisme Les mesures nationales pour la prestation universelle de services sociaux, pour la protection sociale universelle et pour le plein emploi sont plus facilement promulgues lorsque des engagements mondiaux sont en place et qu'un soutien mondial est disponible. L'action collective est ncessaire, sous forme d'engagement mondial en faveur de l'universalisme, pour faciliter l'approvisionnement en biens publics mondiaux Prsentation | 9
  22. 22. Cet engagement doit faire partie du programme pour l'aprs-2015. L'inscription des lments d'un contrat social mondial dans l'agenda pourrait galement ouvrir un espace politique l'chelle nationale permettant aux tats de dfinir les approches adopter pour la cration d'emplois et la prestation de services et systmes deprotectionsociaux,etquifonctionnentmieux dans leurs contextes particuliers. Cependant, les accords mondiaux restent essentiels, car ils stimulent l'action et l'implication, et gnrent des aides financires et autres. Les normes politiques qui dcrivent la prestation publique de protection sociale comme un instrument positif peuvent permettre aux tats d'adopter et de mettre en uvre des politiques et des programmes qui protgent les individus l'intrieur de leurs territoires. Un ensemble de normes qui soulignent l'universalisme pourrait encourager les tats s'engager en faveur de protections universelles qui rduisent la probabilit de conditions de travail abusives tout en favorisant une protection sociale minimale l'gard des travailleurs, ainsi que pour les personnes dans l'incapacit de travailler. Aujourd'hui, seuls 20pour cent des personnes travers le monde ont une couverture de scurit sociale approprie, et plus de 50pour cent ne bnficient d'aucun type de scurit sociale.17 Les objectifs de dveloppement durable sont l'occasion pour la communaut internationale et les tats individuels de porter un regard positif sur le domaine public et de faire voluer le principe d'universalisme dans les financements publics de services sociaux, notamment un accs universel minimal aux soins de sant et l'ducation, ainsi que pour le plein emploi et les protections sociales. Ces lments sont tous essentiels pour garantir un dveloppement humain plus durable et rsilient. Une meilleure facilitation de la prestation des biens publics mondiaux De nombreux biens publics mondiaux ont une valeursocialeetpeuventrduirelavulnrabilit, mais ils sont sous-valus par les marchs. Leur insuffisance, allant du contrle des maladies transmissibles la rglementation approprie du march mondial, favorise les chocs qui ont une porte rgionale et mondiale. tant donn que l'interdpendance du monde s'tend et se renforce, la manifestation de la vulnrabilit due l'insuffisance de biens publics mondiaux s'accrot. Les efforts multilatraux pour faciliter la coopration et fournir certains de ces biens semblent faibles face aux dfis et aux vulnrabilits. Ils sont tout aussi faibles face au rythme des marchs, la vitesse de la rification et la puissance des intrts privs. Les rgles et les normes internationales refltent souvent les intrts privs plutt que de fournir des biens publics, et donner la priorit aux intrts sociaux.18 Les biens publics mondiaux et les biens communs universels qui pourraient rectifier ou complter les marchs pour garantir une croissance plus inclusive et durable sont, en grande partie, insuffisants. Les niveaux minimum de protection sociale et d'engagement envers la prestation de services sociaux sont des biens publics importants qui peuvent tre inclus dans les objectifs de dveloppement durable pour amliorer les capacits des individus rsister aux chocs dfavorables. Mais il existe galement des biens publics qui sont ncessaires pour rduire la probabilit des crises, tels que favoriser la stabilit climatique ou rduire la probabilit d'une nouvelle crise financire. Des progrs ont t faits par le pass ; citons par exemple l'radication de la variole. Il s'agit maintenant d'tendre ce type d'efforts collectifs la prestation d'autres types de biens publics rduisant la vulnrabilit. Traiter les faiblesses des architectures de gouvernance mondiale Il y a un dcalage entre les mcanismes de gouvernance, d'une part, et la vulnrabilit et la complexit des processus mondiaux, d'autre part. De nombreuses institutions et structures internationales ont t conues pour rtablir l'ordre aprs la Deuxime Guerre mondiale, et les rformes n'ont pas reflt le changement des rapports de force. Entre-temps, de nouveaux rgimes, tels que les rgimes mondiaux des droits de proprit intellectuelle, bnficient souvent aux lites de manire disproportionne. Non seulement les systmes de gouvernance ne proposent pas suffisamment de protections et ne renforcent pas les capacits, mais dans Non seulement les systmes de gouvernance ne proposent pas suffisamment de protections et ne renforcent pas les capacits, mais dans certains cas, ils produisent de nouvelles vulnrabilits 10 | Rapport sur le dveloppement humain 2014
  23. 23. Les vulnrabilits croises ou cumules rsultant des inscurits conomiques, environnementales, physiques, de sant et autres, aggravent la situation en matire de liberts et de fonctions certains cas, ils produisent de nouvelles vulnrabilits. de nombreux gards, les faiblesses des architectures de gouvernance mondiale pour rduire la vulnrabilit dcoulent de profondes asymtries de pouvoir, d'expression et d'influence. Les programmes et les politiques sous-reprsentent les intrts et les besoins des pays les moins dvelopps et des personnes les plus vulnrables comme, par exemple, les travailleurs non qualifis, les immigrants et les personnes ges. Les personnes ayant moins de capacit pour rsister aux chocs et s'adapter la vitesse du changement sont les dernires impliques dans la cration des rglementations, des normes et des objectifs de la gouvernance mondiale. La liste des dfis mondiaux est longue et, parfois, les rponses peuvent sembler hors de porte, mais nous savons que les marchs peuvent tre mieux rglements, les systmes financiers et d'changes commerciaux mieux ajusts et les menaces environnementales rduites. Certains ajustements peuvent tre faits sur diffrents domaines d'intervention mondiaux pour augmenter la probabilit que les tats agiront collectivement et garantiront la cohsion de la gouvernance mondiale. Il s'agit de changements de premier ordre qui permettront de faire davantage de progrs politiques et institutionnels sur des problmes spcifiques. Premirement, il faut s'assurer de la participation quitable des pays en dveloppement dans la gouvernance mondiale afin que les besoins des pays les plus vulnrables, notamment les pays les moins dvelopps et les petits tats insulaires en dveloppement, ne soient pas marginaliss. Deuximement, la participation peut tre tendue pour inclure des perspectivesdusecteurprivetdelasocitcivile en vue d'assurer un soutien l'action collective mondiale parmi les tats. Troisimement, l'action collective est de loin plus efficace si elle s'inscrit dans des dcisions prises au sein d'institutions reprsentatives, pas dans des groupes ad hoc tels que le Groupe des Vingt ou dans des runions slectives dans lesquelles la prise de dcisions manque de transparence. Enfin,unemeilleurecoordinationetcoopration entre les institutions de gouvernance mondiale dans diffrents domaines d'intervention peut attnuer les retombes ngatives et permettre d'harmoniser les objectifs. Le prsent Rapport met l'accent sur l'ventualit d'une action collective pour restructurer les systmes mondiaux de faon instiller de nouvelles capacits chez les personnes plutt que de gnrer de nouvelles vulnrabilits et de s'ajouter l'inscurit existante. Une vaste coopration entre les tats, les institutions internationales, le secteur priv et la socit civile est possible. Les systmes de gouvernance mondiale doivent briser le lien entre la mondialisation et la vulnrabilit, ce qui est plus mme de se produire quand les politiques mondiales et la prise de dcisions sont inclusives, responsables et coordonnes. Messages cls Le prsent Rapport cherche amliorer la comprhension et sensibiliser sur la ncessit de rduire la vulnrabilit et renforcer la rsilience pour garantir un dveloppement humain durable. De ce fait, ses arguments principaux sont les suivants: La vulnrabilit menace le dveloppement humain, et moins de s'y attaquer de faon systmatique, travers un changement des politiques et des normes sociales, les progrs ne seront jamais ni quitables ni durables. Mmesilaplupartdespaysontamliorleur niveau de dveloppement humain au cours des dernires dcennies, les avances rcentes n'ont pas t sans heurts. Le progrs a pris place dans un contexte d'incertitude croissante due des chocs plus profonds et plus frquents. Les progrs du dveloppement humain sont de plus en plus exposs des vnements indsirables : la plus grande instabilit financire, l'augmentation et la volatilit des prix des produits de base, la frquence des catastrophes naturelles et l'amplification du mcontentement social et politique. Des centaines de millions de personnes pauvres, marginalises ou bien handicapes restent exceptionnellement vulnrables aux chocs conomiques, aux violations des droits, aux catastrophes naturelles, aux maladies, aux conflits et aux risques environnementaux. moins d'tre systmatiquement identifies et rduites, ces vulnrabilits chroniques pourraient compromettre la durabilit des Prsentation | 11
  24. 24. progrs du dveloppement humain pour les dcennies venir. Les chocs et leurs causes multiples sont invitables et souvent imprvisibles, mais la vulnrabilit humaine peut tre rduite avec des tats plus ractifs, de meilleures politiques publiques et un changement des normes sociales. La vulnrabilit du cycle de vie, la vulnrabilit structurelle et la prcarit de la vie sont des sources fondamentales de privations persistantes. Pour garantir un dveloppement humain sr et des progrs durables, elles doivent tre combattues. Diffrents aspects de la vulnrabilit peuvent cumuler et renforcer les privations persistantes. La vulnrabilit du cycle de vie enfance, adolescence, ge adulte et troisime ge peut affecter la formation des capacits vitales. Des investissements inappropris lors des phases sensibles de la vie crent une vulnrabilit long terme. De mme, la vulnrabilit inhrente aux contextes sociaux gnre des comportements discriminatoires et cre des barrires structurelles empchant les personnes et les groupes d'exercer leurs droits et leurs choix, perptuant ainsi leurs privations. Et la crainte pour leur scurit physique au quotidien a des ramifications plus profondes dans la garantie ou le maintien du progrs. Les vulnrabilits croises ou cumules rsultant des inscurits conomiques, environnementales, physiques, de sant et autres, aggravent la situation en matire de liberts et de fonctions. Il est ds lors beaucoup plus difficile pour les individus et les socits de se remettre des chocs. Les voies vers la rcupration et les politiques publiques doivent incorporer des mesures qui renforcent la rsilience et les stabilisateurs permettant de rpondre et de faire face aux dfis futurs. Les mesures politiques de lutte contre la vulnrabilit doivent permettre de prvenir les menaces, promouvoir les capabilits et protger les personnes, en particulier les plus vulnrables. En raison de la marginalisation sociale, d'un manque de services publics et d'autres dfaillances politiques, la plupart des vulnrabilits restent persistantes. Une vulnrabilit persistante reflte des carences profondes dans les politiques et les institutions publiques, les normes socitales et la prestation de services publics, notamment une discrimination passe et prsente contre des groupes en fonction de leur origine ethnique, leur religion, leur sexe et d'autres identits. Cela rvle galement une incapacit ou une rticence de l'tat ou de la socit anticiper et protger les personnes vulnrables contre de graves chocs externes, dont la plupart sont prvisibles par leur nature, sinon par leur moment et leur impact prcis. Renforcer la rsilience exige donc de stimuler les capabilits des individus, des socits et des pays rpondre aux revers. Les personnes dotes de capacits gnrales limites, notamment dans les domaines de l'ducation et de la sant, ont plus de difficults exercer leur agentivit et donner un sens leur vie. De plus, leurs choix peuvent tre limits ou freins par des barrires sociales et d'autres pratiques d'exclusion, qui peuvent par ailleurs ancrer les prjugs sociaux dans les institutions et les politiques publiques. Des institutions ractives et des interventions politiques efficaces peuvent crer une dynamique durable pour soutenir les capabilits individuelles et les conditions sociales visant renforcer l'agentivit humaine, rendant ainsi les individus et les socits plus rsilientes. Toute personne devrait bnficier du droit l'ducation,auxsoinsdesantetd'autresservices de base. La mise en pratique de ce principe de l'universalisme demandera une attention et des ressources toutes particulires, surtout pour les pauvres et autres groupes vulnrables. L'universalisme doit guider tous les aspects des politiques nationales pour garantir que tous les groupes et toutes les catgories de la socit bnficient d'une galit des chances. Cela implique un traitement diffrent et cibl pour les catgories ingales ou historiquement dfavorises, qui fournisse davantage de ressources et de services proportionnels aux personnes pauvres, exclues et marginalises pour renforcer les capacits et les choix de vie de chacune d'entre elles. L'universalisme est un moyen puissant de s'attaquer la nature incertaine de la vulnrabilit. Si les politiques sociales ont un 12 | Rapport sur le dveloppement humain 2014
  25. 25. objectif universel, elles ne se contentent pas de protger les personnes vivant actuellement dans la pauvret, ayant des problmes de sant ou tant au chmage, mais aussi les individus et les foyers qui s'en sortent bien mais qui peuvent se retrouver en difficult si les choses tournent mal. De plus, elles garantissent certaines capacits gnrales de base des gnrations futures. Une protection sociale universelle forte amliore non seulement la rsilience individuelle, mais renforce galement la rsilience de l'ensemble de l'conomie. Presque tous les pays, quelle que soit l'tape de dveloppement laquelle ils se trouvent, peuvent fournir une protection sociale minimale de base. Ils peuvent progressivement s'tendre des niveaux de protection sociale plus levs en fonction de leur marge de manuvre budgtaire. Un pays plus faible revenupourraitcommencerparuneducation et des soins de sant de base pour ensuite offrir des transferts montaires et une protection du travail de base. Un pays plus haut revenu disposant de programmes d'ducation, de sant et de transferts montaires assortis de conditions de base bien tablies, pourrait tendre l'ligibilit l'assurance-chmage aux populations traditionnellement exclues, telles que les travailleurs agricoles ou domestiques, ou bien largir les politiques de congs parentaux pour y inclure les pres. Le plein emploi devrait constituer un objectif politique de toute socit, quel que soit son niveau de dveloppement. Lorsque l'emploi est soit inaccessible, soit trs peu rmunr, il reprsente une source majeuredevulnrabilitavecdesrpercussions Contribution spcialeH.E. Ellen Johnson Sirleaf, Prsidente du Libria Le programme pour l'aprs-2015: lutter contre les vulnrabilits et renforcer la rsilience deux ans de l'chance 2015, les progrs de l'Afrique par rapport aux objectifs du Millnaire pour le dveloppement sont htrognes. Des progrs remarquables ont t faits dans certains domaines, tels que la scolarisation en primaire, la parit des sexes dans l'ducation primaire, la reprsentation des femmes dans la prise de dcisions, une rduction de la pauvret, une couverture vaccinale et l'endiguement de la propagation du VIH/SIDA. Malgr ces progrs, il reste encore beaucoup faire. Certains domaines ont t ngligs mais ils auraient d tre mis en avant comme, par exemple, la lutte contre la malaria, tueur numro un d'enfants en Afrique subsaharienne et dansdenombreuxautresendroitsdumonde.Deplus,l'objectifdescolarisation n'a pas pris en compte le besoin d'une ducation de qualit. Au cours de la dernire dcennie, l'Afrique a fait de grands progrs en matire de mise en uvre de rformes politiques et conomiques, et ces progrs commencent porter leurs fruits. Ces russites futures sont, cependant, vulnrables de nombreux facteurs qui ne dpendent pas de la volont de l'Afrique mais qui peuvent tre rsolus par un engagement collectif et un nouveau partenariat de dveloppement international. Mme si certaines rgions du continent restent confrontes l'instabilit politique, c'est maintenant chose rare et ce n'est plus inluctable. Le nouveau programme de dveloppement mondial qui sera convenu en 2015 est l'occasion pour l'Afrique de prendre la mesure de ces dfis et de notre position dans le monde. La transformation conomique est une priorit toute particulire sur mon continent. Elle doit contribuer rduire notre vulnrabilit aux chocs sociaux, conomiques et environnementaux, mais elle ne constitue pas une priorit pour l'Afrique seule. Le rcent effondrement conomique qui a plong le monde dans la rcession, le foss grandissant entre les riches et les pauvres avec ses ingalits qui alimentent l'agitation sociale, le flau croissant du chmage des jeunes, ainsi que les menaces environnementales mondiales cres par des politiques conomiques ngatives, montrent clairement que la transformation est ncessaire partout dans le monde, pas seulement en Afrique. LorsquelegroupedehautniveaudesNationsUniessurleprogrammepour l'aprs-2015 s'est rencontr au Libria en janvier2013, sous le thme gnral de la transformation conomique, nous avons identifi six domaines cls qui, d'aprs nous, devaient s'inscrire dans un programme de transformation: la poursuite d'une croissance inclusive qui rduise les ingalits; la promotion de la diversification conomique et de la valeur ajoute; la cration d'un environnement stable et propice pour l'panouissement du secteur priv et de la libre entreprise; la ncessit de changer nos schmas de production et de consommation pour protger nos cosystmes; la cration et le renforcement d'institutions justes et transparentes et, enfin, la ncessit de crer une galit des chances pour tous. Nous disposons aujourd'hui d'opportunits qui peuvent rendre la transformation non seulement plausible mais trs abordable. Nous vivons dans une re dans laquelle le changement technologique rapide, favoris notamment par la rvolution de l'information, intensifie l'intgration de l'conomie mondiale, change la structure des emplois, offre de nouvelles opportunits conomiques pour tous les pays, facilite la croissance verte et permet de nombreux pays faible revenu de passer sans transition une transformation conomique. Nous avons les moyens et les capacits d'influer sur les changements. Les consultations mondiales actuelles sur le Programme de dveloppement pour l'aprs-2015 sont de bonne augure pour un monde affichant une vision commune, des opportunits et des responsabilits partages. L'Afrique contribuera dvelopper un monde dans lequel personne n'est laiss pour compte, o tout le monde a des chances gales de prosprer et o notre environnement est respect. Prsentation | 13
  26. 26. durables sur les individus, leur famille et leur communaut. Il est temps de reconnatre que l'opportunit d'avoir un emploi dcent est un aspect fondamental du renforcement des capacits humaines, tout comme il faut considrer le plein emploi comme une politique sociale intelligente et efficace. Offrir de vritables dbouchs professionnels tous les demandeurs d'emploi adultes doit devenir un objectif universel, au mme titre que l'ducation et la sant. Le plein emploi doit tre un objectif socital consensuel, pas seulement en termes de justice sociale et de productivit conomique, mais en tant qu'lment essentiel de cohsion sociale et de dignit humaine de base. Un travail dcent raisonnablement pay impliquant un contrat formel empchant tout licenciement abusif et donnant des droits la scuritsociale,peutrduire