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Dossier de presse ATMANI Louisa Page 1
Dossier de presse dans le cadre du concours d’entrée par Convention d’Education Prioritaire à
l’IEP de Paris
Ebola, virus de la peur
Note de synthèse :
Quels sont les enjeux géopolitiques d’Ebola ?
Note de réflexion personnelle :
En quoi ce virus fait-il figure de virus de la peur ?
Corpus d’articles de presse pour la période du 4 novembre au 13 décembre 2014
ATMANI Louisa
Lycée Marc Bloch, VAL DE REUIL
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Je remercie tout d’abord Mme Leveillard, d’avoir accepté de me
guider dans mes travaux. Sa disponibilité, ses critiques, ses suggestions, ses
remarques et ses orientations pertinentes m’ont permis d’éviter bien des
écueils.
Je remercie également Maureen Grisot, correspondante de RFI et du
Monde en Côte d’Ivoire et Lucie Guimier, doctorante en géopolitique,
spécialisée dans la géopolitique de la santé, qui m’ont apporté une aide
très enrichissante.
Un grand merci à Mr Goglin qui m’a permis d’entrer en contact avec
elles et qui m’a apporté de précieux conseils. Je remercie enfin l’atelier
Sciences Po du lycée et ses professeurs dévoués qui m’ont soutenue ainsi
que mes amis et ma famille qui m’ont encouragée chaque jour.
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SOMMAIRE :
Corpus d’articles p.5 à 29
Synthèse d’articles p.30 à 33
Note de réflexion personnelle p.34 à 41
Annexes p.42 à 46
Sources p.47 à 48
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CORPUS
D’ARTICLES
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Articles : 1. Article de Courrier international ; datant du 1 décembre 2014 ; écrit par Virginie Lepetit ; intitulé « A
quand un vaccin et une vraie coopération ? »
2. Article de Libération ; datant du 12 novembre 2014, écrit par Florence Richard intitulé « Au royaume du
caoutchouc, une lutte modèle contre Ebola »
3. Article RFI, datant du 25 novembre, écrit par Stéfanie Otto intitulé « «Africa Stop Ebola»: des artistes
africains se mobilisent avec MSF » 4. Article du Quotidien du médecin , datant du 1e décembre, intitulé « Emergence d’Ebola en Afrique de
l’Ouest : histoire d’une pandémie imprévisible »
5. Article de El Pais, datant du 7 novembre, écrit par Elena G.Sevillano, intitulé « El Gobierno destina 2.5
millones al Gómez Ulla para luchar contra el Ebola »
6. Article de La presse, datant du 7 novembre, écrit par Agnès Gruda, intitulé « L’Ebola et l’hystérie
canadienne »
7. Article du Monde, datant du 13 novembre, écrit par Charlotte Bozonnet et Pierre Lepid, intitulé « Ebola :
le Maroc perd la Coupe d’Afrique des Nations »
8. Article d’Alternatives économiques, datant de novembre 2014, écrit par Guillaume Duval, intitulé « Ebola
et nous »
9. Article del País , datant du 10 novembre écrit par José Naranjo,intitulé « Cuba se vuelva en la lucha
contra el ébola en Africa » ; et sa traduction
10. Article du Monde, datant du 19 novembre, écrit par Rémi Barroux, intitulé « En Guinée forestière, un
espoir contre Ebola »
11. Article Du Monde, datant du 28 novembre, écrit par Rémis Barriux, intitulé « Ebola : trois traitements
vont être testés en Guinée et au Liberia »
12. Article des Echos , datant du 20 novembre, écrit par Joseph Stiglitz, intitulé « Retenir les leçons
d’Ebola »
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A quand un vaccin et une vraie coopération ?
Les premiers tests menés sur les vaccins contre Ebola sont concluants. Mais il faudra un an avant
d'arriver à une production de masse. Pour l'heure, on dénombre quelque 15 000 personnes
contaminées et 7 000 morts en Afrique de l'Ouest. L'épidémie poursuit son avancée, la paranoïa
aussi.
Le Mali n'enregistre plus de nouveau cas d'infection lié au virus Ebola, a annoncé, le 29 novembre à
Dakar, le président du Mali Ibrahim Boubacar Keïta, dans un discours prononcé à l'occasion de
l'ouverture officielle du 15e sommet de la Francophonie. Le pays, où l'on a enregistré à ce jour 7
décès et où 285 personnes sont sous surveillance sanitaire, s'est également concerté avec la Guinée
voisine, sévèrement touchée par Ebola, pour une gestion transfrontalière de l'épidémie, indique Mali
Actu.
Le Mali et la Guinée partagent une frontière longue de 858 km. Ils vont renforcer "le dispositif de
surveillance épidémiologique aux points d'entrée et de sortie (interdiction de déplacement à
l'intérieur comme à l'extérieur du pays, de transfert des cadavres, de transfert de malades)", indique
un communiqué commun aux deux ministres de la Santé. Ils ont également décidé la mise en place
d'un mécanisme de transfert des échantillons au laboratoire le plus proche en vue de la confirmation
rapide du diagnostic, précise Mali Actu.
Fermeture des frontières
Une stratégie de "solidarité régionale" que n'a pas suivie le Sénégal. Ce pays, déclaré aujourd'hui
libéré d'Ebola après un seul cas enregistré en août, a fermé ses frontières avec la Guinée. Une
décision sévèrement critiquée par le président de la Guinée, Alpha Condé, après le sommet de la
Francophonie, signale l'Agence de presse sénégalaise. "Quand vous fermez les frontières, ça
développe le trafic, les gens passent par des pistes", a déclaré le chef de l'Etat guinéen. "Votre
opinion est-elle que le peuple guinéen peut mourir sans que ça ne dérange personne ? Vous voulez
vous protéger contre les Guinéens, mais est-ce un crime que d'être malade ?" a-t-il lancé aux
journalistes.
De fait, l'épidémie semble reculer au Liberia et en Guinée, d'après les derniers bilans de l'OMS. La
Sierra Leone voisine est quant à elle totalement exsangue et enregistre de 400 à 500 nouveaux cas
par semaine. Au total, l'épidémie, de loin la flambée la plus meurtrière depuis la découverte du virus
Ebola, a contaminé 15 000 personnes et en a tué près de 7 000, rappelle BBC News Online.
Certes, les premiers tests avec les vaccins en développement semblent prometteurs. Le produit
développé par GlaxoSmithKline ne présente pas d'effets secondaires graves sur l'homme et provoque
une bonne réponse immunitaire, indique la revue scientifique Nature. Les résultats de ces tests
effectués sur 20 personnes aux Etats-Unis ont été publiés dans le New England Journal of Medicine.
Mais il faudra encore douze mois, en comptant les essais de phase 2 et 3, et la mise en production,
pour arriver à une production de masse.
Courrier international , Virginie Lepetit , 1 Décembre 2014
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Au royaume du caoutchouc, une lutte modèle
contre Ebola
REPORTAGE
La gigantesque entreprise Firestone, premier employeur du Liberia, a improvisé
un dispositif sanitaire et social efficace pour les employés de ses plantations
d’hévéas et leurs familles.
Une «Ebola War Room» a été créée dans une pièce adjacente au bureau du grand patron. Une pièce
de taille moyenne au centre de laquelle trois ordinateurs portables posés sur une table rectangulaire
centralisent l’intégralité des données relatives à l’épidémie. Des milliers de données sont ici
hiérarchisées, triées, mises à jour. Elles concernent exclusivement l’entreprise Firestone.
Firestone, un Etat dans l’Etat au Liberia. 80 000 personnes, employés et familles d’employés, vivent
au cœur de 80 000 hectares d’hévéas. Il s’agit de la plus grande plantation du continent africain. Et
depuis sa création en 1926, Firestone est devenu bien plus que le plus grand employeur du pays.
C’est aujourd’hui une véritable ville, située à une heure de voiture à l’est de la capitale, Monrovia.
De chaque côté de ses routes bitumées bien entretenues, on aperçoit des logements, des petits
commerces, des vendeurs de fruits, des écoles, de nombreuses églises, des cliniques et même un
hôpital moderne où les soins sont gratuits.
Ici, le premier cas d’Ebola a été diagnostiqué le 30 mars. Huit mois plus tard, grâce à la mise en
place d’un très strict plan de lutte, l’épidémie semble sous contrôle alors que dans le reste du pays,
plusieurs observateurs redoutent une nouvelle flambée de l’épidémie à l’issue de la période de
stagnation constatée depuis plusieurs semaines.
Moyens du bord. Pourtant, comme ailleurs, Firestone a été pris de court à la découverte soudaine de
la maladie sur ses terres. Ebola a déjà tué 55 personnes sur 80 cas diagnostiqués. «Un collaborateur
m’a appelé au milieu de la nuit pour me dire : "Nous avons un problème", se rappelle le président de
Firestone Liberia, Edmundo L. Garcia. La femme d’un employé qui venait d’une commune voisine
présentait tous les symptômes d’Ebola. J’ai organisé une réunion de crise en urgence. Nous étions
totalement ignorants sur cette maladie. Nous avons alors appelé le ministère libérien de la Santé
pour savoir quoi faire. Faute de réponse, nous sommes allés sur Internet chercher des
informations.»
L’entreprise s’organise rapidement avec les moyens du bord, ceux d’une société aux revenus
confortables dans ce pays très pauvre. Surtout, au sein de son usine, l’entreprise dispose déjà de
masques de protection, des gants et d’une importante quantité de chlore utilisée dans le cadre de sa
production. Mais aucune combinaison de protection spécifique à l’épidémie. «Nous avons alors
pensé aux combinaisons censées être utilisées en cas d’accidents chimiques. Elles se sont avérées
même plus protectrices que celles utilisées dans le reste du pays. Nous nous en servons toujours»,
explique le directeur, satisfait de cette trouvaille.
Immédiatement, la première malade est isolée. Elle décédera peu de temps après. Les autres
membres de sa famille, 16 personnes, sont aussi placés en confinement. Quatre se révèlent malades.
Deux succomberont quelques jours plus tard. Firestone entame dans la foulée un vaste plan de
sensibilisation et de prévention. Trois écoles (Firestone en compte 26 réparties sur l’immense
domaine) sont réquisitionnées pour accueillir les habitants placés en quarantaine sur la base du
volontariat. Afin de les encourager dans leur démarche, l’entreprise leur fournit trois repas par jour,
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une aide psychologique et médicale, des jouets pour les enfants, un soutien religieux s’ils le
souhaitent.
Les malades sont, eux, pris en charge dans un centre de traitement de 23 places construit en quelques
jours par les ingénieurs de Firestone derrière l’hôpital. Des conteneurs sont recyclés en pièces de
décontamination. «Encore une fois, nous avons dû faire preuve d’imagination», souligne Edmundo
L. Garcia. Mi-octobre, un seul malade y était encore traité. Malgré ce net fléchissement du nombre
de patients, un nouveau centre de huit places doit être prochainement construit.
Chorales. Sur les ondes de la radio The Voice of Firestone, les messages de sensibilisation
s’enchaînent, les habitants sont invités à poser leurs questions à des médecins comme le docteur
Pierre-Georges Thomas. «Nous avons dû démonter tous les fantasmes qui entouraient Ebola.
Certaines personnes pensaient que l’eau et la nourriture étaient empoisonnées dans le centre de
traitement, qu’on assassinait les malades», se rappelle-t-il. Pour enrayer les rumeurs, la vingtaine de
survivants est appelée à témoigner. Présentés comme des héros, ils sont devenus au fil des mois des
piliers de la lutte. Pour éviter leur stigmatisation, de grandes fêtes sont organisées à leur retour à la
maison. Des groupes de danse et des chorales honorent le rescapé. Levi Zeopuegav a eu droit à cette
grande fête de retour. C’est en voulant aider sa sœur malade qu’il a contracté le virus. Plusieurs
membres de sa famille sont morts. Trois de ses neveux ont aussi survécu. Levi les a adoptés. Le
trentenaire salue le travail de Firestone dans la prise en charge d’Ebola mais s’inquiète : «J’ai des
aides supplémentaires aujourd’hui. Mais après ? Quand ça s’arrêtera ? Comment vais-je faire pour
nourrir trois enfants de plus ?»
Le PDG de Firestone dit n’avoir aucune idée de la somme investie jusque-là contre le virus, ni
combien cette épidémie coûtera au total. «Nous ne comptons pas. L’important, c’est de mettre fin à
Ebola», assure-t-il. Au Liberia, Firestone tente depuis plusieurs années de redorer son image ternie
par des mouvements de grèves et des plaintes relatives aux conditions de travail des employés. Dans
ce contexte, la bataille contre Ebola ne peut être perdue.
Libération, Florence RICHARD Envoyée spéciale au Liberia, 12 novembre 2014
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«Africa Stop Ebola»: des artistes africains se
mobilisent avec MSF
Tiken Jah Fakoly.
L'Ivoirien Tiken Jah Fakoly, les Guinéens Mory Kanté et Kandia Kora, le Malien Salif Keita ou
encore le duo Amadou et Mariam. Une dizaine d'artistes africains viennent de sortir Africa Stop
Ebola, une chanson multipliant les messages de pédagogie et de prévention pour combattre
l'épidémie. Ce lundi, le collectif a lancé un partenariat avec Médecins sans frontières et l'intégralité
des bénéfices tirés des ventes sera reversée à l'ONG.
« Se laver les mains », « Voir le docteur », « Ne pas toucher les morts ». Africa Stop Ebola répète ces
messages en français, en soussou ou encore en bambara. Le Guinéen Kandia Kora a écrit la musique.
Pour lui, cette chanson sera plus efficace qu'un discours politique et fera disparaître les idées reçues
sur le virus : « Au début, pour moi, c’était de la rigolade, une manière de déstabiliser ou juste faire
de la publicité ou faire du business. Mais aujourd’hui, je crois, et c’est pourquoi d’ailleurs j’ai
participé au projet, que quand un politicien dit : " oui, Ebola existe ", on ne lui fait pas confiance.
Mais quand c’est les artistes, le message passe. »
Le chanteur Guinéen Mory Kanté voit dans la chanson, le moyen parfait de lutter contre l'épidémie :
« La tradition orale, qui est notre première source d’information, c’est ça le plus important.
D’autant plus qu’il y a une partie des gens qui ne sont pas alphabétisés. L’art et la culture c’est le
chemin le plus court vers une réalité. Il faut qu’on y aille ! Jusqu’à terminer complètement avec
Ebola ! Que ce soit un souvenir ».
L'Ivoirien Tiken Jah Fakoly demande lui qu'on arrête de pointer l'Afrique du doigt : « Les gens ont
commencé à stigmatiser, à dire : " Ebola c’est l’Afrique. " J’ai même appris que des jeunes Noires
dans les écoles américaines commençaient à se faire appeler Ebola. C’est une plaisanterie ? Donc je
pense que l’heure était grave. » Et d'ajouter : « Il y a eu un retard dans la prise de conscience de tout
le monde. Et il faut le dire, même notre chanson, elle aurait dû arriver peut-être trois mois avant.
Donc, il ne faut pas seulement accuser les politiques. Je pense qu’à tous les niveaux, il y a eu un petit
retard. »
« En Côte d’Ivoire, dès que les populations ont vu que le président de la République n’a pas salué
ses ministres, ça a fait réfléchir tout le monde, dit encore Tiken Jah Fakoly. J’ai rencontré des gens
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en Côte d’Ivoire. Quand j’ai fait ça, ils ont dit : " Non, on ne se salue pas parce qu’il y a Ebola. "
Donc je pense que c’est ce réveil collectif qu’il y a aujourd’hui, les politiques sont mobilisés.
Maintenant, nous, notre rôle en tant qu’artistes qui sommes mieux écoutés qu’eux, les politiques,
c’est de faire passer le message dans tous les petits quartiers, dans tous les petits villages, pour
qu’on puisse prendre les précautions pour stopper cette maladie. » A chaque chanson téléchargée,
20 centimes d'euros iront à MSF.
RFI, Stéfanie Otto, le 25 novembre 2014
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Émergence d’Ebola en Afrique de l’Ouest : histoire
d’une épidémie imprévisible?
La propagation du virus Ebola en Afrique de l’Ouest et au-delà soulève des questions de santé
publique, économiques mais conduit également à des enjeux autour de l’éthique collective de sa prise
en charge.
Pathogène viral classifié comme fièvre hémorragique (FVH) identifiée depuis une trentaine
d’années, la propagation d’Ebola est rapide et elle ne s’accompagne pas de solutions curatives
systématiques pour les personnes infectées. Les traitements proposés sont d’abord symptomatiques
mais quelques protocoles thérapeutiques expérimentaux (cocktail d’anticorps et/ou molécules
antivirales) ont été utilisés avec, dans certains cas, une guérison chez un petit nombre de sujets ayant
développé les signes cliniques de la maladie. Dans un tel contexte, les principes d’évaluations
scientifiques habituels sont remis en question compte tenu du risque de mortalité élevé et des critères
éthiques de l’utilisation des traitements expérimentaux.
Une lutte efficace ?
Sommes-nous efficaces et efficients dans cette politique de lutte sécuritaire et sanitaire contre la
contagion ? Les moyens mis en place actuellement en France sont conséquents, basés sur une notion
d’alerte avec la détection des cas suspects, une surveillance des signes cliniques, un isolement strict
et l’appréciation du risque en fonction du délai de retour depuis une zone épidémique. Ainsi, une
prise en charge médicale spécifique, dans un établissement de soin agréé (ESR) est automatiquement
adoptée en cas de validation d’un cas suspect par l’INVS (Institut National de Veille Sanitaire) :
seuls les résultats virologiques permettent de confirmer la contamination par Ebola. Pour autant, la
menace internationale de la pandémie oblige les pouvoirs publics à dépasser la seule logique
prescriptive des États-nations.
Outre un contexte de multilatéralisation dans lequel cette politique sanitaire prend place, le
changement d’échelle est complexifié par la coexistence de plusieurs scénarios visant à expliquer
l’émergence du virus et sa propagation. Ils s’appuient sur des argumentaires scientifiques (mutabilité
rapide du virus), environnementaux (rapport de l’homme à la nature, conséquence de la déforestation
et de la chasse intensive en brousse), économiques (pays sud-africains en voie de développement,
population de réfugiés en Guinée en quête de subsistance en foret) et sociaux (pratiques
professionnelles et manque de ressources et d’infrastructures hospitalières organisées). Cette
conjoncture a permis la sortie du virus Ebola depuis son réservoir naturel (la chauve-souris
frugivore) vers l’homme qui déforeste et chasse pour vivre.
Décloisonner les politiques ; changer d’échelle ?
Cette pluralité des causes nécessite de décloisonner les politiques sectorielles nationales au profit
d’une régulation transnationale. Pour autant, ce changement d’échelle ne peut pas tout résoudre.
L’incertitude des traitements expérimentaux en cours est irréductible à toute action publique, même
transnationale.
Au-delà des aspects inhérents au contexte d’expérimentation de nouvelles thérapeutiques, il est
difficile de trouver les mesures politiques adéquates. Les différentes logiques de prises en charge des
territoires touchés par le virus ou susceptibles de l’être nous incitent à revenir aux fondements
éthiques des politiques de santé. Quatre axes sont traditionnellement identifiés dans la littérature.
Tout d’abord, le principe de justice qui correspond à la solidarité inter-peuples. Il impose une co-
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responsabilité et une aide envers les plus vulnérables (rôle des ONG, appuis logistiques, moyens
humains et médicaux) ; il s’oppose à des logiques économiques exclusives portées par des industries
pharmaceutiques et interroge les prises de décisions en santé. Le deuxième est le principe de non-
malfaisance qui consiste à ne pas nuire aux populations. Suivant cette logique, l’OMS remplit son
rôle de protection des populations ciblées en apportant ses ressources. Les gouvernements, mettent
en place des mesures de prévention, de protection de leurs citoyens (veille sanitaire et mesures mises
en place par le ministère de la Santé). Le troisième principe est la bienveillance qui invite à respecter
autrui et à poser l’égale dignité pour chaque être humain. Il impose des actions envers ses
compatriotes (l’exemple du rapatriement avec les risques de propagation inter-pays que cela peut
engendrer) et les personnes infectées. Le quatrième principe est l’autonomie de toute personne de
disposer d’un accès aux soins lui permettant une prise en charge globale.
Une épreuve nouvelle pour l’humanité ?
La menace internationale de cette pandémie engendre une polémique autour des politiques
sécuritaires à mettre en place dans les pays du Nord. Edgar Morin nous rappelle que la conception
même de l’homme (in extenso de son humanité) ne peut être fragmentée et doit être pensée comme
un tout, y compris dans ses fondements biologiques …). Si bien que l’épidémie Ebola est une
épreuve nouvelle pour l’humanité touchée dans ses fondements biologiques (comparable à
l’émergence du VIH) et dans son rapport à la Nature, épreuve redoublée d’une inégalité économique
entre les pays du Nord et du Sud.
La mise en œuvre de ces principes est complexe à gérer par les mouvements de population contrôlés
(cas d’une personne infectée par le virus et arrivée sur le sol américain par transport aérien) et
amplifiée par l’existence de filières non identifiées (sans papiers) qui restent difficiles à détecter. Si
ces personnes en situation de précarité, familles et proches touchées par la pathologie peuvent être
prises en charge par les services d’urgences des hôpitaux publics, l’importance globale des risques
associés à ces filières ne peut pas être facilement estimée. Au-delà des actions de sensibilisation
adressées à des publics larges ou à des populations ciblées, un défi réside dans la détection précoce
de la maladie lorsque la personne est encore asymptomatique et peu contagieuse. En outre, quelle
que soit l’option choisie, la conduite de traitements expérimentaux ne peut satisfaire l’ensemble de
ces principes éthiques.
En raison de leur nombre limité, le choix peut être fait, dans un premier temps, de réserver ces
traitements aux pays qui les ont conçus afin de les évaluer dans des conditions optimales de suivi. Le
risque ici est de marquer l’inégalité d’accès entre les pays du Nord et ceux du Sud.
Inversement, il peut être décidé d’appliquer ces traitements en Afrique. L’exposition de populations
vulnérables à l’incertitude des effets de ces molécules devient la contrepartie. Cette tension éthique
est également palpable au niveau des choix individuels, sur un plan déontologique tel que le droit de
retrait du soignant ou politique comme le droit d’asile dans des situations d’alerte sanitaire. En outre,
la faiblesse des accords multilatéraux dans la prise en charge de cette pandémie en complique le
pronostic d’évolution. Si bien que l’apparition de Fièvres classifiées comme Virus Hémorragique
(Ebola, Lassa, fièvre de Marburg) est malheureusement à redouter en Afrique de l’Ouest et centrale
dans les années qui viennent.
Quotidien du médecin, Par Karine Brehaux, François Ferriere, le Pr Christophe De Champs, le
Pr Laurent Andreoletti, Virginie Tournay et Benoît Vezy, 1e décembre
Dossier de presse ATMANI Louisa Page 13
El Gobierno destina 2,5 millones al Gómez Ulla
para luchar contra el ébola
El Consejo de Ministros aprueba un crédito de 14 millones de euros para, entre otros,
convertir el hospital militar en "unidad de aislamiento hospitalario de alto nivel"
Protesta en la puerta del Hospital Carlos III de Madrid, el pasado 8 de octubre. / denis doyle (getty)
El Gobierno destinará 2,5 millones de euros a pagar la remodelación del hospital militar Gómez Ulla,
situado en Madrid, para convertir su planta número 22 en "una unidad de aislamiento hospitalario de
alto nivel". El Consejo de Ministros ha aprobado hoy un crédito extraordinario de 13,8 millones de
euros para la lucha contra el ébola en España que se destinará también a la compra de equipos de
protección individual y a financiar proyectos de prevención en los países afectados por el brote de
ébola y en sus zonas fronterizas.
Fuentes de la Comunidad de Madrid han asegurado que, una vez terminen estas obras, que
empezaron en mayo pasado, será este hospital el que atienda a los posibles pacientes de ébola, en
lugar del Carlos III, el centro que ha tratado a los tres infectados por ébola que ha tenido España
hasta la fecha.
Hace semanas que el hospital Gómez Ulla debería haber sustituido al Carlos III de Madrid como
lugar de referencia para atender a enfermos de ébola. Así al menos lo anunció el consejero de
Sanidad madrileño, Javier Rodríguez, después del fallecimiento del segundo misionero repatriado,
Manuel García Viejo, el 25 de septiembre. Entonce señaló que, de haber más casos de contagios por
el virus, se ingresarían en el hospital militar.
Rodríguez dio a entender que era su comunidad la que pagaba las obras dentro del convenio que
mantiene con el Gómez Ulla para atender a parte de su población. Sin embargo, la "zona NBQ"
(nuclear, bacteriológica y química) que se está acondicionando en un ala de la planta 22 del centro es
responsabilidad del Ministerio de Defensa. Está previsto firmar un anexo al convenio actual para que
la Comunidad de Madrid pueda enviar a este centro los casos que se le presenten en el futuro.
Dossier de presse ATMANI Louisa Page 14
Cuando se produjo el contagio de Teresa Romero, la auxiliar de enfermería que trató a García Viejo,
fallecido el 25 de septiembre, la Comunidad de Madrid volvió a recurrir al Carlos III porque, según
dijo entonces, las habitaciones especiales aún no estaban listas en el Gómez Ulla. De hecho, durante
su ingreso hizo obras de reforma en cuatro habitaciones convencionales para transformarlas en
estancias de aislamiento, con esclusas (pequeñas habitaciones en las que los trabajadores se quitan el
traje de protección) de mayor tamaño.
Durante décadas, el Carlos III fue el hospital de referencia especializado en enfermedades
infecciosas, desde la alerta por la gripe del pollo o el SARS hasta tuberculosis resistentes derivadas
del VIH o varicela en adultos. Sin embargo, con el plan llamado “de sostenibilidad” del Gobierno
autónomo para la sanidad, que incluía la privatización de la gestión de seis hospitales, su suerte
cambió a finales de 2012. En noviembre de 2013 dejó de ser un centro independiente para fundirse
con el cercano, y mucho más grande, Hospital de la Paz. Madrid lo transformó en un centro de
hospitalización de media y larga estancia.
Cuando llegaron los casos de ébola hubo que acondicionar en apenas horas las instalaciones de
aislamiento para enfermedades infecciosas que llevaban meses cerradas. El Ministerio de Sanidad no
dispone de ningún centro de referencia propio para este tipo de emergencias. Distintos altos cargos
de la Comunidad de Madrid han manifestado que, si el Gobierno central quiere que el Carlos III sea
un centro de referencia, tendrá que dotarlo económicamente.
De momento, el futuro del Carlos III no está claro. Hasta que estén listas las obras de Gómez Ulla,
sigue siendo centro de referencia en Madrid para casos de ébola. Pero cuando terminen las reformas
en el hospital militar, sera este el de referencia. En el Ministerio de Defensa explican que las
habitaciones especiales que se están acondicionando son para el Ejército, sin perjuicio de que se
pueda atender a algún civil si es necesario, informa Miguel González. En este caso, Madrid pagaría
al Gómez Ulla el coste de esa atención.
El Consejo de Ministros ha aprobado un crédito de 4,97 millones de euros para el Ministerio de
Sanidad, Servicios Sociales e Igualdad; otro de 540.511 euros para Hacienda y Administraciones
Públicas; otro de 870.000 euros para Economía y Competitividad; y un último de 7.47 millones de
euros para Defensa, ha informado el Gobierno. Además, se han aprobado 7.000.000 de euros para el
Ministerio de Asuntos Exteriores y de Cooperación destinados a financiar proyectos de prevención
en los países afectados por el brote de ébola y en sus zonas fronterizas.
El País, Elena G. Sevillano, 7 novembre
Dossier de presse ATMANI Louisa Page 15
Ebola : le Maroc perd la Coupe d’Afrique des
nations
Le Maroc, qui devait accueillir la Coupe d’Afrique des nations (CAN) du 17 janvier au 8 février 2015, ne sera
pas le pays hôte de cette 30e édition. L’annonce, rendue publique mardi, a fait l’effet d’un coup de tonnerre.
« La CAN n’aura pas lieu au Maroc » et son équipe nationale est « automatiquement disqualifiée », a tranché
le comité exécutif de la Confédération africaine de football (CAF) réuni au Caire, où se trouve son siège. La
décision de l’instance dirigeante du football africain vient clore un mois de bras de fer entre la CAF et le
royaume chérifien.
Mercredi 12 novembre au matin, les jeux d’influence et les tractations battaient leur plein au Caire pour
trouver un pays de remplacement. « Le comité exécutif a pris note de la réception de quelques candidatures
d’associations nationales confirmant leur souhait d’organiser la compétition aux dates arrêtées, a affirmé la
CAF. La décision sera finalisée dans les prochains jours. »
Sanctions financières et sportives
Depuis le 10 octobre, le Maroc demandait le report du tournoi à janvier 2016 en raison du risque de
propagation du virus Ebola, qui a fait près de 5 000 morts en Afrique de l’Ouest (principalement en Sierra
Leone, en Guinée et au Liberia). Mais on ne dicte pas ses règles à la CAF et à son puissant président, Issa
Hayatou, à la tête de l’organisation depuis 1987. M. Hayatou s’est appuyé sur un avis de l’Organisation
mondiale de la santé (OMS), non défavorable à la tenue de la compétition au Maroc. Il a sèchement rappelé
aux instances marocaines que le pays « avait accepté d’accueillir des rencontres internationales d’un pays [la
Guinée] partiellement touché par le virus Ebola » et qu’il continuait d’assurer « le transport aérien régulier
par la compagnie aérienne nationale [la RAM] vers ces pays ». Mardi 4 novembre, la CAF avait donné quatre
jours au Maroc pour qu’il accepte d’organiser la CAN aux dates prévues. En vain.
La détermination du Maroc surprend car elle va à l’encontre de la position observée jusqu’ici par le royaume
vis-à-vis du « risque Ebola ». En maintenant notamment ses vols vers les pays les plus touchés par l’épidémie,
le Maroc avait voulu envoyer un signal de « solidarité » au reste de l’Afrique. Cette décision s’inscrivait dans
la continuité de la politique de puissance développée depuis une dizaine d’années sur le continent par un
Maroc à la recherche d’opportunités économiques et de soutien politique – notamment sur la question du
Sahara occidental.
Unanime jusqu’ici à saluer cette solidarité, une partie de la presse marocaine avait ces derniers jours souligné
les contradictions de la position officielle vis-à-vis de l’épidémie d’Ebola : en quoi le risque de propagation
serait-il plus élevé dans le cadre de la CAN que du trafic aérien habituel déjà dense ? Mais le Maroc, hub
régional pour les affaires et destination touristique prisée, n’a semble-t-il pas voulu courir le risque – même
infime – de voir se déclarer un seul cas d’Ebola sur son sol.
L’impact ne sera pas indolore pour le pays. La CAF précisera prochainement les sanctions financières et
sportives imposées au Maroc. « C’est une décision de surprotection dont le coût pourrait être élevé pour le
pays, souligne Pascal Boniface, directeur de l’Institut de relations internationales et stratégiques et auteur de
Géopolitique du sport [éditions Armand Colin, 192 pages, 17,50 euros]. Outre l’exclusion de son équipe
nationale de la CAN, le Maroc va voir sa crédibilité d’organisateur de grandes compétitions sportives en
prendre un coup. » Le Maroc est notamment candidat à l’organisation d’une Coupe du monde. « En outre,
cette décision risque d’être ressentie comme un abandon par les autres pays africains et va laisser des traces
dans les relations du Maroc avec le reste du continent », poursuit M. Boniface, qui rappelle la popularité de la
CAN en Afrique.
Course contre la montre
Après l’exclusion du Maroc, deux options sont sur la table : attribuer l’organisation du tournoi à un autre pays
ou l’annuler, ce qui serait une première dans l’histoire de cette compétition, qui a vu le jour en 1957 au
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Soudan. En termes d’image et compte tenu du poids des sponsors et des droits de retransmission faramineux
détenus notamment par BeINSports, cette seconde hypothèse semble écartée : pour la CAF, la compétition
doit avoir lieu aux dates prévues.
Pour remplacer le Maroc en moins de deux mois, la Confédération doit trouver une nation déjà dotée
d’infrastructures (au moins quatre grands stades) et expérimentée dans l’organisation de grandes compétitions.
L’Afrique du Sud est d’abord apparue comme le candidat idoine. Elle a déjà pallié le forfait du Kenya en 1996
puis celui de la Libye post-Kadhafi en 2013, et a organisé le Mondial 2010. Mais Fikile Mbalula, ministre des
sports, jure pour des raisons budgétaires qu’il ne faut pas compter cette fois sur la « nation arc-en-ciel ».
« C’est non et non », assure-t-il.
Le ministre des sports du Ghana, autre pays susceptible de recevoir l’événement, lui fait écho. Le Nigeria
aurait, lui, les moyens d’organiser ce tournoi, mais l’insécurité de ses grandes mégalopoles (Lagos et Abuja)
et les attaques du groupe armé Boko Haram pèsent sur la candidature du champion d’Afrique en titre. Une
piste angolaise est également évoquée. Mais les problèmes de transports dont souffre le pays, ajoutés aux prix
exorbitants qui sont pratiqués à Luanda, sa capitale, sont des freins puissants.
La CAN 2015 pourrait aussi être organisée conjointement par deux, voire trois pays. Un ticket entre le Gabon
et la Guinée équatoriale, comme pour la CAN 2012, n’est ainsi pas à exclure. L’Egypte, enfin, serait
également un candidat sérieux. L’organisation d’une telle compétition serait l’occasion pour le pays de redorer
son image internationale, mise à mal par la politique répressive du régime actuel. La Confédération africaine
de football est lancée dans une course contre la montre : elle a moins de deux mois pour trouver un lieu de
repli à l’événement sportif le plus important du continent africain.
Le Monde, Pierre Lepidi et Charlotte Bozonnet, le 12 novembre
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L'hystérie canadienne
Quelle mouche a donc piqué le gouvernement canadien pour qu’il suspende la délivrance de visas
aux voyageurs en provenance des trois pays africains touchés par l’épidémie d’Ebola ?
Cette mesure est inefficace et contre-productive. Elle contrevient à nos engagements internationaux.
Elle est discriminatoire et contribue au climat d’hystérie collective qui freine la lutte contre ce
terrible virus.
Et ce n’est pas moi qui le dis, mais des experts médicaux, à commencer par l’Organisation mondiale
de la santé (OMS), qui a diffusé plusieurs avis contre la politique de la frontière fermée. « Nos
recommandations sont claires, nous n’encourageons aucune restriction, sauf pour les personnes
infectées et leurs proches », a réitéré hier un porte-parole de l’OMS, Tariq Jarasevic.
L’OMS a d’ailleurs demandé à Ottawa d’expliquer sa décision, qui contrevient au Règlement
sanitaire international signé par le Canada. Ironiquement, ce règlement avait été révisé dans la foulée
de l’épidémie de SRAS, qui avait durement frappé Toronto il y a 12 ans. À l’époque, l’OMS avait
brièvement placé la métropole canadienne sur la liste des villes à éviter, soulevant une tempête à
Ottawa.
Autre épidémie, autre réflexe. Vendredi dernier, Ottawa a annoncé que les voyageurs en provenance
de la Guinée, de la Sierra Leone et du Liberia ne recevraient plus de visas, à moins d’avoir séjourné
pendant au moins trois mois dans un autre pays.
Cette mesure touche les ressortissants de tous les pays qui ont besoin d’un visa pour entrer au
Canada. Mais pas les autres.
Un Français ou un Américain peut très bien s’envoler de Conakry vers Montréal. Mais pas un
Mexicain, un Turc ou un Indien – sans parler d’un Guinéen, d’un Libérien ou d’un Sierra-Léonais.
Ottawa se défend d’avoir ainsi grossi les rangs des quelques pays qui ont fermé leurs portes aux
visiteurs en provenance de « l’Eboland », dont l’Australie, le Rwanda et… la Corée du Nord.
Citoyenneté et Immigration se justifie en disant qu’il s’agit d’une simple « pause » qui laisse place à
des exceptions. Ça reste à voir.
Une des premières victimes de cette « pause » dans l’attribution des visas est la petite Ella, Sierra-
Léonaise de 17 mois adoptée par un Canadien, qui s’est heurtée à deux refus de visa, comme le
relatait le journal The Gazette mercredi. Eh bien, si ça, ce n’est pas un cas exceptionnel justifiant une
dérogation, je me demande bien ce que ça prendra.
Médecins sans frontières, qui traite les deux tiers des malades de l’Ebola, ne voit pas non plus
l’intérêt de ce genre de bouclier anti-Ebola. Sans vouloir se prononcer contre la décision du
gouvernement canadien, une porte-parole de l’ONG médicale, Claudia Blume, explique que ses
médecins et infirmières internationaux ne se font même pas imposer de quarantaine à leur retour de
mission en Afrique de l’Ouest.
Le protocole de retour prévoit simplement qu’ils prennent leur température deux fois par jour pour
déceler d’éventuels symptômes de la maladie. Le malade ne devient contagieux que trois jours après
l’apparition des premiers signes de la fièvre hémorragique. Le cas échéant, il a amplement le temps
de se placer en isolement pour protéger ses proches.
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Le gel dans la délivrance des visas ne répond donc à aucune nécessité médicale. Pire : il peut
contribuer à répandre le virus mortel. Comment ? En refoulant les voyageurs refusés vers des points
de passage non contrôlés, par exemple. En les incitant à mentir sur leurs déplacements. Ou encore, en
créant un faux sentiment de sécurité au point de relâcher toute précaution vis-à-vis des visiteurs sans
visa.
« Fermer les portes à ces pays aura un impact économique et social négatif », souligne Tariq
Jarasevic. L’économie des trois pays dévastés par l’Ebola est déjà en miettes. En les fragilisant
davantage, on ajoute une souffrance inutile. Et on met des bâtons dans les roues de ceux qui se
battent contre le virus.
Déjà, on rapporte que des malades ont fui leur lieu d’isolement simplement parce qu’ils avaient faim,
signale la présidente internationale de MSF, Joanne Liu.
Mais surtout, la décision d’Ottawa ajoute au climat de panique qui complique le recrutement de
personnel médical. Or, ce dont les trois pays touchés par la fièvre hémorragique ont le plus besoin,
c’est de médecins et d’infirmières. Car la lutte contre cette épidémie est très vorace en ressources
humaines. « Dès qu’on identifie un cas d’Ebola, il faut retracer tous ceux que le malade a
rencontrés ; parfois, c’est jusqu’à 20 contacts par jour », dit Jean-Louis Machuron, coordonnateur des
laboratoires Resaolab, où le virus a été identifié le printemps dernier.
« Nous manquons de personnel, on ne peut quand même pas cloner des gens ! », dit la présidente de
MSF.
Même cri d’alarme, hier, de la part du responsable de la lutte contre l’Ebola à l’ONU, Tony Banbury.
Des 4707 lits prêts à accueillir les malades, seulement 22 % peuvent être utilisés. La raison : pénurie
de personnel.
« Je suis fâchée de voir qu’on présente les pays africains comme des losers, comme une source
d’infection pour l’Europe ou les États-Unis », affirme Joanne Liu, indignée.
Avec sa politique de la porte fermée, le Canada contribue à cette image négative et met des bâtons
dans les roues de ceux qui combattent le fléau.
La Presse, AGNÈS GRUDA, 7novembre 2014
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EBOLA ET NOUS
Le spectre d'Ebola rôde désormais dans nos contrées. Tant que l'épidémie restait confinée en Sierra
Leone, au Liberia ou en Guinée, l'émotion suscitée en Occident demeurait limitée. Et,
corrélativement, la mobilisation pour aider ces pays très pauvres à maîtriser le fléau restait faible, les
laissant se débrouiller dans un désarroi sans nom. Mais avec les premiers cas apparus en Espagne ou
aux Etats-Unis, le branle-bas de combat est devenu général.
Cette épidémie rappelle une leçon trop oubliée : si, au sein d'une collectivité humaine, on ne fait pas
ce qu'il faut pour permettre aux pauvres d'avoir des conditions de vie décentes et pour les soigner, les
riches risquent, eux aussi, de tomber plus souvent et plus gravement malades. Certes, partout dans le
monde, riches et pauvres habitent rarement aux mêmes endroits, mais il leur arrive de se croiser. Ne
serait-ce que parce que les pauvres travaillent généralement, d'une façon ou d'une autre, pour le
compte des riches. Bref, la santé est ce que les économistes appellent un bien public qui nécessite
une action publique forte pour être préservé.
Or, dans ce cas précis, la situation en Afrique de l'Ouest a été aggravée par les politiques
d'ajustement structurel si longtemps prônées par le Fonds monétaire international et la Banque
mondiale. Dans ces pays, elles ont affaibli les services publics, et notamment les services de santé.
Lesquels souffrent également des politiques des pays riches qui, pour combler leur déficit en
personnels spécialisés, cherchent à attirer médecins et infirmières d'Afrique. Sans oublier le
contrecoup de la sévère cure d'austérité qu'a dû subir l'Organisation mondiale de la santé ces
dernières années, au nom de l'idéologie ultralibérale.
Nous en avons perdu la mémoire, mais nous avons nous aussi connu dans un passé qui n'est pas si
ancien des épisodes de ce type. Le roman de Giono Le hussard sur le toit avait ainsi pour cadre une
grave épidémie de choléra qui avait dévasté la Provence dans les années 1830. Et La peste de Camus
se déroulait sur fond d'une épidémie qui avait touché Alger et Oran en 1945, dans ce qui était encore
à l'époque "l'Algérie française". Ce n'est guère que pendant les Trente Glorieuses, avec le logement
social, le tout-à-l'égout, les différentes formes de revenu minimum et, bien sûr, l'assurance maladie,
que ces grandes épidémies avaient provisoirement disparu de notre paysage.
Mais c'était compter sans la mondialisation et ses échanges croissants. Ce qui avait longtemps été
vrai seulement au sein de sociétés localisées l'est devenu à l'échelle de la planète tout entière : si les
riches des pays riches n'acceptent pas de payer pour que les pauvres des pays pauvres aient eux aussi
des conditions de vie décentes et les moyens de se soigner, ils courent un risque sérieux de tomber
malades. Après le Sras (syndrome respiratoire aigu sévère) en 2003, l'épidémie actuelle d'Ebola le
confirme.
Bref, comme on commence enfin à le mesurer aussi à propos du changement climatique, il est plus
que temps de se rendre compte que nous sommes tous les habitants d'un seul et même village
planétaire !
Alternatives Economiques, Guillaume Duval, novembre 2014
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Cuba se vuelca en la lucha contra el ébola en África
La llegada de sanitarios extranjeros a los países afectados empieza a dar sus frutos
Una mujer se lava las manos con agua clorada, una medida de prevención ante el ébola, en Sierra Leona / AHMED
JALLANZO (EFE)
“Hemos venido a ayudar a nuestros hermanos liberianos, pero también a impedir que esto se
convierta en pandemia global”, asegura Junior Diéguez, un joven epidemiólogo cubano. Este experto
trabaja en el centro de tratamiento de ébola MOD1, en la capital liberiana. Cinco médicos cubanos de
los 53 que llegaron el pasado 22 de octubre a este país supervisan desde hace unos días la ubicación
de los tanques de agua clorada y que los protocolos de seguridad se cumplan a rajatabla. En total, el
país caribeño ha enviado a 256 profesionales sanitarios a Guinea-Conakry, Liberia y Sierra Leona
para combatir la epidemia de ébola, la mayor respuesta en personal sanitario frente a esta amenaza.
Estados Unidos y Reino Unido también han reaccionado en las últimas semanas, aunque con el
acento puesto en personal militar. Médicos chinos, suecos, alemanes y africanos empiezan a dejarse
ver. El reto ahora es conseguir que esta ayuda, “positiva, pero tardía”, según Médicos sin Fronteras,
se canalice a donde realmente hace falta.
Cuando en verano Naciones Unidas hizo un llamamiento internacional para el envío de personal
sanitario a los países golpeados por el ébola, la reacción cubana no se hizo esperar. Hasta ese
momento, eran los más de 3.300 trabajadores de MSF y los médicos y enfermeros de las estructuras
de salud locales los que, prácticamente en solitario, se enfrentaban a los estragos causados por el
virus. “Se presentaron voluntarios más de 20.000 profesionales de la salud”, asegura Carlos Dupuy,
coordinador de la Brigada Médica Cubana en Liberia. “Esto solo se explica por la política de
internacionalismo que puso en marcha en nuestro país desde el inicio del proceso revolucionario”.
Los médicos y enfermeros seleccionados, todos hombres, tenían experiencia previa en países
africanos de habla inglesa, aunque no en ébola. Por eso, han recibido una formación intensiva a cargo
de la Organización Mundial de la Salud, primero en La Habana y luego en los países donde han sido
desplegados: 53 en Liberia, 165 en Sierra Leona y 38 en Guinea-Conakry.
En Monrovia, los profesionales cubanos han sido asignados al centro de Ébola MOD1, recientemente
inaugurado y que el pasado jueves acogió a sus primeros pacientes. Allí lideran la atención médica
junto a sanitarios liberianos y de la Unión Africana (Ruanda, Uganda, Etiopía, Namibia, Angola),
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todos contratados temporalmente por la OMS. “Es un centro excelente, muy bien construido, los
americanos lo han hecho muy bien”, asegura Adrián Benítez, epidemiólogo cubano. Y es que esta
infraestructura ha sido levantada en unas pocas semanas por soldados estadounidenses como parte de
su inmenso y visible despliegue en la zona. Con una larga historia de hostilidad en el último medio
siglo, hoy cubanos y estadounidenses se enfrentan a un enemigo común en Liberia.
En total, EE UU ha enviado a 170 profesionales sanitarios a los tres países, así como un millar de
soldados solo a Liberia, país con el que mantiene enormes vínculos en materia de cooperación. Los
militares fueron desplegados para la construcción de nuevos centros y, además del MOD1, para estos
días se espera la inauguración de una unidad con 25 camas destinada a trabajadores de la salud y
situada cerca del aeropuerto, así como otro centro en el interior del país. Además de estadounidenses
y cubanos, decenas de militares y técnicos británicos trabajan también en Sierra Leona para la
construcción de seis centros, uno de los cuales acaba de ser inaugurado en Freetown donde también
trabajará personal sanitario cubano. Igualmente, los chinos empiezan a dejarse notar con la llegada
de un puñado de profesionales sobre el terreno, así como la avanzadilla de equipos suecos, alemanes
y de otros países africanos.
“Ahora sí estamos viendo una respuesta, aunque desgraciadamente ha llegado tarde”, asegura
Natacha Reyes, coordinadora médica de Médicos sin Fronteras en Liberia. Hace dos meses, los
enfermos morían en las calles de Monrovia porque no había centros suficientes, pero ahora hay
camas de sobra, sobre todo tras la acusada ralentización del ritmo de contagios. En este momento el
problema que se presenta es “ajustar la respuesta a los cambios de la epidemia y hacerlo en el
momento adecuado”, según Reyes. Es decir, que los actores que ya están en el terreno y los que
vendrán se orienten no a construir nuevas camas, sino al seguimiento de contactos, la gestión de
entierros y el trabajo con las comunidades, así como al reforzamiento de los colapsados sistemas de
salud. De hecho, la cantidad de camas para pacientes de ébola se ha multiplicado por tres en Guinea-
Conakry, Liberia y Sierra Leona desde agosto, pasando de 284 a 1.047, según cifras de la OMS. En
Liberia, en concreto, hay 600.
El dinero, por su parte, también empieza a llegar. Como grandes donantes se encuentran Estados
Unidos (240 millones de euros), la Unión Europea (200 millones) y el Banco Mundial (150
millones), aún lejos de las necesidades de 1.000 millones calculadas por Naciones Unidas y a falta de
que se concreten las promesas de muchos países que han prometido fondos.
El País, José Naranjo Monrovia, le 10 novembre
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TRADUCTION :
Cuba se dévoue dans la lutte contre Ebola en
Afrique.
L’arrivée de professionnels de la santé étrangers dans les pays affectés commence à porter ses fruits.
« Nous sommes venus aider nos frères libériens, mais aussi empêcher que la maladie devienne une
pandémie globale », assure Junior Diéguez, un jeune épidémiologiste cubain. Cet expert travaille
dans le centre de traitement d’Ebola MOD1, dans la capitale libérienne. Cinq médecins cubains
parmi les 53 qui sont arrivés le 22 octobre dernier dans ce pays, supervisent depuis quelques jours
l’emplacement des réservoirs d’eau chlorée et s’assurent que les protocoles de sécurité soient suivis
à la lettre. Au total, le pays Caribéen a envoyé 256 professionnels de santé en Guinée Conakry,
Liberia et Sierra Leone pour combattre l’épidémie de Ebola, la meilleure réponse en terme de
personnel sanitaire face à cette menace. Les Etats Unis et le Royaume Unis aussi ont réagi dans les
dernières semaines, bien que de leur côté ils aient mis l’accent sur le personnel militaire. De
médecins chinois, suédois, allemands et africains commencent à apparaitre. Le défi maintenant est
d’arriver à ce que cette aide « positive mais tardive », selon Médecins Sans Frontières, se canalisent
la où elle fait défaut.
Quand en été les Nations Unis ont fait un appel international pour l’envoi de personnel médical dans
les pays frappés par Ebola, la réaction cubaine ne s’est pas fait attendre. Jusqu’à ce moment,
c’étaient plus de 3.300 travailleurs de MSF et les médecins et infirmières des structures de santé
locales qui, pratiquement seuls, étaient confrontés aux dégâts causés par le virus. « Se sont portés
volontaires plus de 20.000 professionnels de la santé », assure Carlos Dupuy, coordinateur de la
brigade médicale cubaine au Libéria. « Cela s’explique seulement par la politique
d’internationalisme favorisant les intérêts supranationaux mise en marche dans notre pays depuis le
début du processus révolutionnaire ». Les médecins et infirmiers choisis, tous des hommes, ont eu
une expérience préalable dans les pays africains anglophones, toutefois ils n’ont aucune expérience
dans la lutte contre Ebola. C’est pourquoi, ils ont reçu une formation intensive à la charge de l’OMS,
d’abord à la Havane et ensuite dans les pays où ils ont été déployés : 53 au Libéria, 165 au Sierra
Leone et 38 en Guinée Conakry.
A Monrovia , les professionnels cubains ont été affectés au centre de Ebola MOD1, récemment
inauguré et qui a accueilli ses premiers patients jeudi dernier. Là bas, ils dirigent les soins médicaux
avec les professionnels de la santé libériens et de l’Union Africaine (Ruanda, Uganda, Ethiopie,
Namibie et Angola), tous engagés temporairement par l’OMS. « C’est un centre excellent, bien
construit, les américains l’ont très bien fait », affirme Adrian Benitez, épidémiologiste cubain. Cette
infrastructure a été construite en peu de semaines par les soldats américains. Cette construction
constitue une partie du travail et du déploiement massif et remarqué des soldats américains dans la
zone. Malgré des années d’hostilité au cours du dernier demi siècle, aujourd’hui, les cubains et les
américains sont affrontent un ennemi commun au Liberia.
Au total, les EU ont envoyé 170 professionnels de santé dans les 3 pays, et aussi un millier de
soldats uniquement au Liberia, pays avec lequel ils maintiennentt d’énormes liens en matière de
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coopération. Les soldats furent déployés pour la construction de nouveaux centres , en plus du
MOD1, nous attendons l’inauguration dans les jours qui viennent d’une unité de 25 lits destinée aux
employés du secteur médical, située près de l’aéroport, ainsi que l’inauguration d’un autre centre à
l’intérieur du pays. En plus des américains et des cubains, des dizaines de militaires et techniciens
britanniques travaillent aussi au Sierra Leone pour la construction de 6 centres, dont l’un vient d’être
inauguré à Freetown et où travaillera également du personnel de santé cubain. Les Chinois
commencent aussi a se faire remarquer avec l’arrivée d’une poignée de professionnels sur le terrain.
Apparaissent aussi des équipes suédoises, allemandes et d’autres pays africains.
« Actuellement oui, nous entrevoyons une réponse, bien qu’elle ne soit malheureusement arrivée que
tardivement » ; explique Natacha Reyes, coordinatrice médicale de Médecin sans frontière au
Libéria. Deux mois auparavant, les malades mourraient dans les rues de Monrovia, parce qu’il n’y
avait pas suffisamment de centres, mais maintenant il y a des lits en trop, surtout après le
ralentissement prononcé du rythme de contagion. En ce moment, le problème qui se présente est
« ajuster la réponse aux changements de l’épidémie et le faire au moment adéquate », selon Reyes.
Cela veut dire que les acteurs qui sont déjà sur le terrain et ceux qui viendront doivent s’orienter, non
pas vers la construction de nouveaux lits, mais plutôt au suivi des personnes en contact, la gestion
des enterrements et le travail avec la communauté, comme le renforcement des systèmes de santé
trop fragiles. En fait, la quantité de lits pour les patients d’Ebola s’est multiplié par trois en Guinée
Conakry, Liberia et Sierra Leone, depuis aout, passant de 284 à 1 047, selon les chiffres de l’OMS.
Au Liberia, il y en a précisément 600.
L’argent, quant à lui, commence également à arriver. comme grands donateurs On retrouve les EU
(240 millions d’euros), l’UE (200 millions d’euros) et la banque mondiale (150 millions d’euro).
Mais nous sommes bien loin des 1 000 millions nécessaires calculés par les Nations Unies, faute de
concrétisation des promesses de beaucoup de pays qui ont promis des fonds.
El País, José Naranjo Monrovia, le 10 novembre
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En Guinée forestière, un espoir contre Ebola
Le centre de traitement français de Macenta, en Guinée, a tout juste ouvert ses portes, mardi
18 novembre, qu’arrivent les deux premiers malades, suspectés d’être porteurs du virus Ebola. Koto,
petite fille de 7 ans, le regard inquiet, est immédiatement prise en charge par les membres de la
Croix-Rouge française, revêtus des tenues jaunes et blanches de protection personnelle, les « PPE »
qui les font ressembler à des spationautes. Son frère, plus âgé de quelques années, Bala, a l’air un
peu plus assuré. Infirmières et hygiénistes les prennent par la main pour les mener dans la zone isolée
qui accueille les « suspects ». C’est ici, au cœur de la Guinée forestière, que l’épidémie de fièvre
hémorragique s’est déclarée en mars 2014. Huit mois plus tard, le virus continue de ravager la
population. Au 16 novembre, le pays, selon le bilan des autorités, comptait 1 192 personnes mortes,
pour 1 971 cas.
Avec 657 cas et 404 décès, la préfecture de Macenta, aux portes du Liberia reste la région la plus
touchée de Guinée. L’épidémie est loin d’être sous contrôle et les humanitaires redoutent même un
nouveau pic. C’est là, dans l’épicentre d’Ebola, que la France vient de livrer son premier centre de
traitement. Construit par Médecins sans frontières (MSF), financé par le gouvernement français, il
est géré par la Croix-Rouge. Le personnel espérait une mise en service progressive pour se
familiariser avec les procédures et les lieux. Mais la fièvre hémorragique ne laisse pas de répit.
A peine l’ambulance de la petite Koto, désinfectée, est-elle repartie pour le centre de transit de
Macenta, situé derrière l’hôpital de la ville et géré par MSF, qu’une autre arrive : une maman et sa
petite fille en descendent. Le ballet des véhicules sanitaires est incessant. Mardi, en début de soirée,
une poignée d’heures après son ouverture, le tout nouveau centre de traitement d’Ebola (CTE) abrite
déjà cinq cas confirmés, cinq probables et dix suspects. Deux décès sont à dénombrer et onze
malades sont attendus dans la soirée. Quatre-vingt-dix sacs mortuaires ont été livrés. La capacité du
centre, d’une cinquantaine de lits, pourrait rapidement être portée à soixante-dix.
Urgences sanitaires
La veille, électriciens, logisticiens et ingénieurs « watsan » (chargés de l’assainissement et de l’eau)
étaient encore à pied d’œuvre pour terminer le centre. Les personnels de la Croix-Rouge et de
l’Eprus – des réservistes regroupés au sein de l’Etablissement de préparation et de réponse aux
urgences sanitaires – ne sont arrivés, pour certains, que depuis deux jours. Lundi soir, lors d’un
ultime briefing, une vingtaine de volontaires français recevait les dernières consignes de sécurité :
zéro contact, surveillance mutuelle pour éviter toute contamination. « Il faut être vraiment prudent, il
y a eu un cas récent dans le quartier Bamala, là où se trouve notre base », insiste Jérôme
Guillaumot, coordinateur des opérations pour la Croix-Rouge française. Les quelque deux cents
Guinéens, gardiens, chauffeurs, cuisinières, lavandières, hygiénistes… peuvent être contaminés à
l’extérieur du centre.
A 7 heures du matin, mardi, lors de la réunion de coordination qui réunit tous les partenaires (Croix-
Rouge guinéenne et française, MSF, OMS, Unicef, autorités locales, responsables d’associations…),
sous l’égide de la Direction préfectorale de la santé, la journée commence par un bilan : nouveaux
malades, décès, actions de désinfection. Un coup de téléphone informe de l’ouverture d’un nouveau
foyer Ebola à Momokouedou. Il y aurait un décès et deux malades sévèrement atteints. De
nombreuses personnes ont probablement été en contact avec le virus. La mauvaise nouvelle
provoque l’impatience de Michele Telaro, le responsable terrain de MSF à Macenta. « Ce foyer de
Momokouedou nous interroge sur la capacité à suivre les contacts, il faut renforcer ce travail »,
insiste-t-il. Les autorités locales annoncent 637 contacts suivis. Une statistique improbable quand on
sait qu’une partie des visites qui doivent être faites quotidiennement pour suivre la santé de chaque
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personne ayant été en contact avec le malade ou le défunt se traduit souvent par un simple coup de
téléphone.
Recul possible de l’épidémie d’ici deux à trois mois
Seule l’ouverture de nouveaux centres éclaire l’horizon. La Guinée forestière va bientôt compter
trois CTE. Celui de Guéckédou, géré par MSF, Macenta, tenu par la Croix-Rouge, et N’Zérékoré,
confié à l’organisation internationale Alima, avec l’appui du Programme alimentaire mondial
(PAM). « Tout le dispositif imaginé, lors du pic du mois d’août, se met en place concrètement ; trois
mois après, le système devient enfin fonctionnel », se réjouit Marc Poncin, coordinateur de la réponse
Ebola pour MSF en Guinée. De quoi envisager, selon lui, un recul possible de l’épidémie d’ici deux
à trois mois.
Le médecin-colonel Rémy Lamah, ministre de la santé guinéen, lui, veut croire à une fin proche.
Lors de l’inauguration officielle du centre de Macenta le 14 novembre, en présence de la secrétaire
d’Etat au développement et à la francophonie, Annick Girardin, il a remercié les autorités françaises :
« Grâce à votre soutien, nous parviendrons à bouter cette maladie hors de notre pays d’ici à la fin
de l’année. »
Malgré les récents et importants moyens financiers, matériels et humains, cet horizon paraît
inatteignable. Quand un foyer semble résorbé, un autre apparaît. La désorganisation est importante,
la coordination dans les préfectures reste imparfaite. Les temps de réponse sont souvent trop longs.
Et puis, il reste l’hostilité persistante de certaines communautés à l’égard des ONG. Des villages,
comme Passima, ont installé des barrages pour interdire les entrées et contrôler les sorties des
habitants. Pris de vitesse, le personnel du centre de traitement de Macenta n’a pu effectuer les visites
de sensibilisation nécessaires pour gagner la confiance de la population.
Rapatriement des personnels malades
Mme
Girardin, confirmant les déclarations du chef de l’Etat français le 18 septembre, a annoncé de
nouvelles initiatives. En coupant le ruban symbolique, aux portes du CTE de Macenta, elle s’est
félicitée de voir l’engagement français se concrétiser et a annoncé une aide pour la construction de
deux nouveaux centres à Kérouané et Beyla. Une unité de formation pour les personnels guinéens
doit aussi être ouverte par la sécurité civile française. Les services sanitaires de l’armée vont, eux,
gérer un centre de prise en charge et de rapatriement pour les personnels expatriés malades, à
proximité de l’aéroport de Conakry.
« Nous avions posé comme l’une des conditions à notre engagement le rapatriement le plus efficace
possible, en 72 heures maximum, des personnels malades », explique Stéphane Mantion, le directeur
général de la Croix-Rouge française. A Macenta, personne ne veut penser à l’hypothèse d’un
accident. « Le plus dur, c’est de se dire qu’à la fin de notre mission, l’épidémie sera toujours là »,
confie Valérie Tribolet, infirmière à Montauban.
Le Monde, Rémi Barroux, le 19 novembre
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Ebola : trois traitements vont être testés en Guinée et
au Liberia
A la mi-décembre, un traitement curatif contre Ebola va être expérimenté en Guinée forestière, dans
le centre de Guéckédou géré par Médecins sans frontières (MSF). C’est une équipe de l’Inserm qui
va diriger ce premier essai sur des malades infectés par le virus qui, depuis le début de l’épidémie
déclarée fin mars, a fait 5 674 morts sur 15 901 cas principalement dans trois pays d’Afrique de
l’Ouest (le Liberia, la Sierra Leone et la Guinée), selon le bilan de l’Organisation mondiale de la
santé (OMS) du 26 novembre. Il s’agit de la première des trois expérimentations de traitement
thérapeutique coordonnées par l’OMS.
A Guéckédou, l’équipe va tester le favipiravir, un médicament mis au point contre la grippe par le
laboratoire japonais Toyama Chemical, filiale de Fujifilm. Cet essai devrait être étendu à deux autres
centres de traitement, situés aussi en Guinée forestière : l’un à Macenta, ouvert par la Croix-Rouge
française le 18 novembre ; l’autre à N’Zérékoré, qui doit accueillir ses premiers malades fin
novembre, sous la responsabilité de l’ONG internationale Alima.
« L’essai principal va se faire sur soixante adultes, volontaires, arrivés au centre dans les quarante-
huit heures après les premiers symptômes, car pour être efficace, il ne faut pas que le malade soit
trop atteint », explique le docteur Xavier Anglaret, directeur de recherches Inserm, venu en Guinée
pour coordonner l’expérimentation.
Des fortes doses, largement supérieures à celles préconisées pour traiter les grippes sévères, seront
administrées sous forme de comprimés dilués dans l’eau, à raison de trois prises quotidiennes durant
les premiers jours, puis le dosage sera réduit. « Durant les dix jours du traitement, des prélèvements
de sang seront effectués afin de surveiller les fonctions hépatique, rénale, etc. Mais on en limitera le
nombre, car ces actes sont à risque avec la présence du virus dans le sang », précise le docteur
Anglaret. Des échantillons seront envoyés au laboratoire P4 de Lyon pour étudier la charge virale.
Essai délicat
Deux autres traitements vont être expérimentés. L’un à Monrovia, au Liberia, dans le centre MSF,
sous la direction d’une équipe de l’université d’Oxford avec un médicament antiviral américain, le
brincidopovir. L’autre en Guinée, dans le centre MSF de Donka, à Conakry, avec l’Institut médical
d’Anvers : il s’agira de transfuser le plasma du sang de malades guéris aux personnes infectées. Ce
dernier essai s’annonce le plus délicat. « Le sang alimente de nombreux fantasmes : transfusion,
infection… Pour de nombreux Guinéens, dans les centres de traitement, on vole le sang des patients
pour le vendre », raconte Fernanda Falero, anthropologue espagnole de MSF, en mission notamment
pour analyser les conditions de l’acceptabilité des expérimentations.
Pour ces trois tentatives, il n’est pas prévu de bithérapie, dans un premier temps. Il ne sera pas non
plus effectué de traitements placebo à des fins de comparaison, « l’urgence Ebola commande des
choses inhabituelles », reconnaît Xavier Anglaret.
La préparation de l’essai mené par l’Inserm a fait l’objet de nombreuses réunions, à Guéckédou,
entre les équipes locales de MSF, les chercheurs et les autorités locales. Car le virus continue
d’alimenter les rumeurs les plus folles : empoisonnement, expérimentation des médecins « blancs »
sur les populations africaines… Les équipes craignent également d’être débordées. « J’ai peur de
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l’engouement et le risque est réel de voir beaucoup de malades venir de toute la région, même des
pays voisins, pour essayer de rejoindre les centres où le traitement sera expérimenté », s’inquiète le
docteur Abdourahmane Batchily, le coordinateur Ebola pour la Guinée forestière. Pour le docteur
Anglaret, le succès du traitement serait un « scénario fantastique ». Le responsable de l’Inserm
redoute plutôt « l’échec et l’immense déception qui en découlerait ».
« On est pressé »
Le rôle des équipes de sensibilisation, les personnels « psychosociaux » des ONG, reste capital.
« Cela ne va pas être simple d’expliquer aux malades, à leurs familles, la prise de ces médicaments,
avec les soupçons qui entourent la maladie et sa propagation », reconnaît Fernanda Falero.
« Certains disent que les Blancs ont le médicament depuis longtemps et qu’ils attendent que
beaucoup de Noirs meurent pour le donner », raconte le docteur Batchily. L’homme, fatigué par la
bataille qu’il mène sur le terrain depuis les débuts de l’épidémie, aimerait que les choses aillent plus
vite : « Vous, les Occidentaux, il vous faut quatre ou cinq ans minimum pour tester un médicament.
Nous, en Afrique on est pressé. »
« Les traitements sur les virus sont toujours longs, regardez sur le VIH : il ne faut donc pas
s’attendre à un résultat rapide », tempère aussi à Conakry le docteur Sekou Condé, directeur des
établissements de soins, qui participe de la cellule guinéenne de riposte contre Ebola. Les premiers
résultats complets ne seront pas attendus avant le printemps, mais la mortalité, elle, pourrait baisser,
en cas de succès, plus rapidement dans les centres de traitement.
Le Monde, Rémi Barroux, le 28 novembre
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Retenir les leçons d'Ebola
La propagation d'un virus comme Ebola remet en perspective l'importance des institutions
publiques pour tenter d'enrayer l'épidémie. Même les tenants habituels de la privatisation de la
santé se tournent vers elles.
La crise Ebola nous rappelle une fois de plus cette nature à double tranchant que revêt la
mondialisation. Les aspects positifs - tels que les principes de justice sociale et d'égalité des sexes -
ne sont pas les seuls à traverser les frontières plus facilement que jamais auparavant ; c'est également
le cas d'événements défavorables, tels que l'évolution environnementale ou encore la maladie.
Cette crise nous rappelle également l'importance de la gouvernance et de la société civile. Nous ne
faisons pas appel au secteur privé lorsqu'il s'agit d'endiguer la propagation d'une maladie telle
qu'Ebola. Nous nous tournons davantage vers des institutions - CDC américains (Centers for Disease
Control and Prevention), Organisation mondiale de la santé (OMS), ainsi que Médecins sans
frontières, association remarquable de médecins et infirmiers risquant leur vie pour sauver celle des
populations les plus défavorisées de la planète.
Même les plus fervents partisans de la droite, souvent désireux de démanteler un certain nombre
d'institutions publiques, se tournent vers de telles institutions lorsqu'il s'agit de faire face à une crise
comme Ebola. Si les gouvernements ne se montrent pas toujours à la hauteur dans l'appréhension de
telles crises, l'une des raisons pour lesquelles ils trahissent parfois nos espoirs réside précisément en
ce que nous sous-finançons les agences concernées, aux niveaux national et global.
Un certain nombre d'autres enseignements peuvent être tirés de l'épisode d'Ebola. L'une des raisons
pour lesquelles la maladie s'est propagée aussi rapidement au Liberia et en Sierra Leone est liée au
fait qu'il s'agit dans les deux cas d'Etats ravagés par la guerre, au sein desquels une grande partie de
la population souffre de malnutrition et ne bénéficie que d'un système de santé dévasté.
Par ailleurs, bien que le secteur privé joue effectivement ici un rôle essentiel - dans l'élaboration de
vaccins -, il est peu incité à déployer des ressources dans la lutte contre des maladies affectant les
individus défavorisés ou les Etats les plus pauvres. C'est seulement lorsque les pays développés se
trouvent menacés qu'apparaît la motivation nécessaire pour investir dans des vaccins contre des
maladies telles qu'Ebola.
Il ne s'agit pas ici de formuler une critique à l'encontre du secteur privé ; après tout, les sociétés
pharmaceutiques ne sont pas dans les affaires de bonté de coeur, et les rendements sont faibles
lorsqu'il est question de prévenir ou de guérir les maladies des populations pauvres. La crise d'Ebola
soulève davantage la question de notre tendance à compter sur le secteur privé pour accomplir des
tâches pour lesquelles les gouvernements se révèlent pourtant plus efficaces. En effet, il apparaît
aujourd'hui que s'il y avait eu des financements publics plus élevés, un vaccin contre Ebola aurait pu
être élaboré il y a déjà plusieurs années.
Les échecs de l'Amérique à cet égard suscitent une attention particulière. Du côté de ses atouts,
l'Amérique abrite, certes, quelques-uns des plus grands hôpitaux, des meilleures universités de
recherche et des centres médicaux les plus avancés de la planète. En revanche, lorsque l'on sait que
les Etats-Unis dépensent davantage par habitant et en pourcentage de leur PIB en direction de la
santé que n'importe quel autre pays au monde, leurs résultats en la matière apparaissent
véritablement décevants.
Dossier de presse ATMANI Louisa Page 29
Au jour de leur naissance, l'espérance de vie des Américains de sexe masculin se place derrière celle
de 17 autres pays à revenu élevé.
Ce retard de la santé en Amérique s'explique par de nombreux facteurs, dans le cadre de leçons
susceptibles d'éclairer également d'autres pays. Pour commencer, l'accès à la médecine revêt une
importance essentielle. Les Etats-Unis comptant parmi les rares pays développés à ne pas reconnaître
cet accès comme un droit fondamental de l'homme et dépendant beaucoup plus que les autres du
secteur privé, rien de surprenant à ce que beaucoup d'Américains ne bénéficient pas des soins dont ils
auraient besoin. Bien que la loi sur la protection du patient et les soins abordables (Obamacare) ait
amélioré la situation, l'assurance-maladie a encore beaucoup de chemin à accomplir, la quasi-moitié
des 50 Etats américains refusant d'étendre le Medicaid, programme de financement de la santé
destiné aux Américains les plus pauvres.
Par ailleurs, l'Amérique enregistre l'un des taux de pauvreté de l'enfance parmi les plus élevés des
pays développés sachant que le manque de nutrition adaptée et de soins de santé pendant l'enfance a
des incidences tout au long de la vie de l'individu. Pendant ce temps, la législation américaine sur les
armes contribue au taux de décès violents le plus élevé des pays développés, tandis que la
dépendance du pays à l'égard de l'automobile alimente un nombre important de morts sur les routes.
Les inégalités considérables que présente l'Amérique constituent également un facteur essentiel dans
le retard du pays en matière de santé, et d'autant plus en combinaison avec les aspects précédemment
mentionnés. Etant donné toujours plus de pauvreté, de précarité dès l'enfance, d'individus privés
d'accès à la santé, à un logement décent et à l'éducation, et compte tenu d'un nombre croissant
d'individus confrontés à une insécurité alimentaire (consommant bien souvent des aliments peu
coûteux, qui contribuent à l'obésité), il n'est pas surprenant que les résultats de l'Amérique en matière
de santé soient aussi mauvais.
Les Echos, Joseph E. Stiglitz, le 20 novembre
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SYNTHESE
D’ARTICLES
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Une épidémie est la propagation rapide d'une maladie infectieuse à un grand nombre de
personnes, le plus souvent par contagion. En mars dernier, débuta le phénomène épidémique qui
ravage actuellement l’Afrique de l’ouest et plus particulièrement la Guinée, le Liberia et la Sierra
Leone : la fièvre hémorragique Ebola. La propagation d’Ebola est rapide ce qui fait de cette épidémie
« la flambée la plus meurtrière depuis la découverte du virus » il y a une trentaine d’années. En effet,
selon les chiffres arrêtés au 30 novembre, l’OMS a répertorié 17 145 cas et plus de 7000 morts. La
couverture médiatique est très importante car, au-delà du simple problème de santé régional, c’est un
problème de santé publique mondial. La gestion de cette épidémie est multilatérale et soulève des
questions économiques, politiques, sécuritaires et stratégiques. Elle reflète la place accrue des
questions sanitaires dans les relations internationales. On se demandera alors quels sont les enjeux
géopolitiques d’Ebola ? Nous verrons les mesures de lutte contre Ebola prises par les pays touchés.
Ensuite, nous aborderons les conséquences internationales de l’épidémie et sa gestion à l’échelle
mondiale par l’OMS. Enfin, nous étudierons les enjeux de la maladie pour le monde médical et la
recherche.
Pour commencer, nous parlerons des mesures politiques et sanitaires prises et des difficultés
rencontrées par les pays africains qui luttent actuellement contre l’épidémie. En effet, les ministres
de la santé des pays touchés ont déployé, bien que tardivement –l’épidémie ayant débuté en
décembre 2013- des mesures visant à endiguer la maladie. Le Mali, qui n’enregistre plus de
nouveaux cas d’infection1*, s’est concerté avec la Guinée pour « une gestion transfrontalière de
l’épidémie ». Ainsi, ces deux pays de l’Afrique de l’Ouest partageant des frontières, ont mis en place
un « dispositif de surveillance épidémiologique aux points d’entrée et de sortie » interdisant les
déplacements à l’intérieur comme à l’extérieur du pays.
Aussi, afin de rendre le diagnostic d’un malade plus rapide, les deux ministres de la santé ont
choisi de mettre en place un système visant à transférer les échantillons au laboratoire le plus proche.
On remarque alors qu’Ebola engendre des stratégies de solidarités régionales. Cependant, tous les
pays limitrophes n’y contribuent pas, comme par exemple le Sénégal. De plus, l’article « Au
Royaume du caoutchouc, une lutte modèle contre Ebola »2*, relate l’histoire de la plus importante
entreprise Libérienne, Firestone, qui a mis en place un plan de lutte très strict permettant de garder
l’épidémie sous-contrôle, dans un pays complètement dépassé par la situation.
Des artistes africains se sont notamment mobilisés en enregistrant le titre « Africa Stop
Ebola », « une chanson multipliant les messages de pédagogie et de prévention » selon Stéfanie Otto 3*. Un titre jugé « plus efficace qu’un discours politique » selon les artistes en question. Les
politiques se heurtent à des freins structurels dans leur lutte : analphabétisme, manque de moyens
économiques, ravages de la guerre et représentation de la maladie. En outre, le système de santé est
fragilisé par l’émigration du personnel. Ces difficultés sont aggravées par la réponse des autres pays
qui, en fermant leurs frontières, développent le trafic et incitent au passage par les lieux non
surveillés, des populations habituellement très mobiles.
1 * : article de courrier international, daté du 1
e décembre, intitulé « Au royaume du caoutchouc, une lutte modèle contre Ebola »
2 * : article de Libération, daté du 13 novembre 3 * : article RFI, daté du 25 novembre, intitulé « Africa Stop Ebola » : des artistes Africains se mobilisent avec MSF
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Ainsi, on a pu dire que face à cette maladie, les ministres africains tentent de mettre en place
des plans de lutte. Toutefois, dans leur combat, ils se heurtent à des difficultés de toutes sortes. Ce
virus fait peur en Afrique mais c’est seulement alors qu’Ebola vient de contaminer des pays
industrialisés, que l’Occident prend la mesure du problème.
Dans un second temps, nous étudierons les conséquences internationales de l’épidémie et sa
gestion à l’échelle mondiale par l’OMS. Avec cette maladie, on se rend compte que la mondialisation
et les échanges croissants qui l’accompagnent ne permettent plus de se prémunir des épidémies par
de simples quarantaines.
Des procédures sont mises en place au sein même des pays hors zone contaminée. Elles sont « basées
sur des notions d’alerte »4* : la détection des cas suspects, la surveillance des signes cliniques,
l’isolement strict et l’appréciation du risque. Des établissements de soins sont agréés comme en
Espagne où les pouvoirs publics ont financé la reconversion d’un hôpital militaire.5* Les contrôles
sont drastiquement renforcés dans les aéroports. Certains pays, comme le Canada, ont fermé leurs
portes à « L’Eboland ».6* Une fermeture des frontières fortement critiquée par l’OMS et l’opinion
publique : elle contribue à « répandre le virus mortel en refoulant les voyageurs refusés vers des
points de passages non contrôlés, en les incitant à mentir sur leurs déplacements ». Le Maroc, en
refusant d’accueillir la coupe d’Afrique des nations, brise à son tour la solidarité avec le reste de
l’Afrique.7*
L’Editorial « Ebola et nous » du journal Alternatives économiques dénonce le fait que « tant
que l’épidémie restait confinée en Sierra Leone, au Liberia ou en Guinée, l’émotion suscitée en
Occident restait limitée » et que « la mobilisation pour aider ces pays très pauvres restait faible ».
Toutefois, les membres de l’OMS ont mis en lumière l’importance d’un changement d’échelle, d’un
décloisonnement des politiques « au profit d’une régulation transnationale ». Les ONG et acteurs
publics de l’aide internationales comme MSF ou la Croix-Rouge et l’UNICEF doivent travailler en
collaboration et mettre en place différents programmes comme le Programme alimentaire mondial
(PAM) qui distribue des vivres ou la distribution de kits de nutrition.
Cet été, les Nations Unies ont lancé un appel international pour l’envoi de personnels
sanitaires. Mise à part MSF et des acteurs issus des systèmes de santé locaux, peu d’aide été
dépéchée sur le terrain. Le quotidien espagnol El País nous explique que la réponse cubaine face à
cet appel ne s’est pas faite attendre.8* : le pays a dépéché le plus important contingent de
professionnels de santé, l’OMS prenant en charge leur formation, et ont été affecté au centre d’Ebola
MOD1. Le président Obama a même consacré cette solidarité, dont Cuba avait déjà fait preuve lors
du tremblement de terre haïtien de 2010, de « diplomatie Ebola ».
L’OMS a engagé temporairement du personnel médical. Même si l’aide cubaine reste la plus
importante en matière de personnel, d’autres Etats ont manifesté leur soutien en agissant également
sur le terrain. Les Etats-Unis ont envoyé 170 professionnels sanitaires, un millier de soldats pour
construire de nouveaux centres. En plus des Américains et des Cubains dont ce nouvel ennemi
commun contribue au rapprochement diplomatique opéré depuis fin 2014, des dizaines de militaires
et techniciens britanniques travaillent pour la construction de centres de lutte contre Ebola. La Chine
4 * : article du Quotidien du médecin , daté du 1
e décembre, intitulé « Emergence d’Ebola en Afrique de l’Ouest : histoire d’une
pandémie imprévisible ». 5 * : article de El Pais, daté du 7 novembre, intitulé « El Gobierno destina 2.5 millones al Gómez Ulla para luchar contra el Ebola »
6* : article de La presse, daté du 7 novembre, intitulé « L’Ebola et l’hystérie canadienne ».
7 * : article du Monde, daté du 13 novembre, intitulé « Ebola : le Maroc perd la Coupe d’Afrique des Nations »
8 * : article del País daté du 10 novembre, intitulé « Cuba se vuelva en la lucha contra el ébola en Africa »
Dossier de presse ATMANI Louisa Page 33
aussi commence à envoyer des professionnels sur le terrain à l’image de la Suède, de l’Allemagne et
d’autres pays africains. L’article du Monde du 20 novembre « En Guinée forestière, un espoir contre
Ebola » relate l’élaboration du centre de traitement financé par le gouvernement français, installé par
Médecin Sans Frontière à Macenta et géré par la Croix Rouge. La sécurité civile française a
également installé une unité de formation pour les personnels guinéens.
Aussi, une aide financière commence à être apportée en particulier par les Etats-Unis, l’Union
Européenne et la banque mondiale.
Les nouveaux acteurs de cette lutte ont un rôle légèrement différent. En effet, il est nécessaire
« d’ajuster la réponse aux changements de l’épidémie ». Dans certaines zones, il y a des lits en trop ;
désormais il est nécessaire que les humanitaires s’orientent plutôt vers le suivi des contacts, le retour
des patients guéris, la gestion des enterrements et le travail avec la communauté. Quant au travail de
sensibilisation, il se fait en collaboration avec les leaders d’opinions locaux : Imam, pasteurs … car
les peuples ont davantage confiance en eux.
Ainsi on a pu voir que l’épidémie a des conséquences à l’international. Quand certains Etats
ferment leurs frontières, d’autres débloquent des fonds pour mettre en place un véritable plan de
lutte. Ce combat mondial est régi par l’OMS qui a trois priorités : combattre les idées reçues sur la
maladie, ensuite débloquer des fonds et enfin développer un vaccin au plus vite, ce qui constitue un
enjeu pour le monde médical.
L’immunologiste Jean-François Delfraissy affirme dans un article du Monde que « nous
avons énormément à apprendre » d’Ebola. En effet, le corps médical va pouvoir étudier quand et
comment les anticorps apparaissent et agissent, dans l’optique de créer un vaccin ou d’élaborer un
traitement. L’article « Trois traitements vont être testés en Guinée et au Liberia »9*, annonce qu’à la
mi-décembre un traitement curatif contre Ebola va être expérimenté : le Favipiravir. Ce médicament
a été mis au point contre la grippe par un laboratoire japonais. Deux autres traitements vont être
expérimentés. L’un d’eux consiste à transfuser le plasma du sang de malades guéris aux personnes
infectées. En plus des recherches sur un traitement potentiel, des expérimentations sur un éventuel
vaccin sont en cours comme nous le rapporte la revue scientifique Nature dans l’article « A quand un
vaccin et une vraie coopération ». Les traitements, même concluants, restent expérimentaux et
incertains. Leur nombre limité pose la question de l’évaluation et du partage. Les inégalités d’accès
aux soins pourraient être soulignées. Dans sa chronique « Retenir les leçons d’Ebola »10
*, Joseph
Stiglitz dénonce le fait qu’un vaccin aurait déjà été mis au point si l’industrie pharmaceutique y avait
vu un intérêt financier. Ceci soulève la question de la tendance actuelle à tout attendre du secteur
privé.
Pour conclure, nous pouvons rappeler que la gestion de la fièvre hémorragique Ebola est un
défi scientifique mais aussi géopolitique. Même si certains pays ont choisi de fermer leurs frontières,
d’autres participent à l’endiguement de l’épidémie. Dans la lutte contre ce fléau, la solidarité
internationale semble indispensable. Les médecins des pays industrialisés expérimentent des
traitements et un vaccin, mais ces essais sont parfois sources de controverses. Cette crise sanitaire
souligne la dépendance persistante des pays du Sud à l’égard des politiques des pays du Nord ainsi
que l’interdépendance liée à la mondialisation.
9 * : article du Monde , daté du 29 novembre
10 * : article des Echos , daté du 20 novembre
Dossier de presse ATMANI Louisa Page 34
.
NOTE DE
REFLEXION
PERSONNELLE
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Descartes disait que la peur est une passion qui, comme toutes les passions, déforme la
réalité : la peur augmente la taille du danger. Alors qu’Ebola venait de contaminer une infirmière à
Dallas, et qu’un agent de l’ONU venait de décéder à Leipzig, la peur se répandait en Occident, une
peur viscérale de cette fièvre hémorragique, et qui se propage plus vite que le virus lui-même. Et si
c’était là l’aiguillon qu’il fallait pour qu’enfin les gouvernements et les laboratoires se décident à
contrer ce virus ? Cette peur se nourrit plus de fantasmes que de réalité et il est nécessaire de
contenir, en plus de l’épidémie, toutes les idées reçues qui en découlent. Ebola n’est pas la maladie la
plus meurtrière du monde contemporain. La tuberculose (1,3 million de morts, en 2012, selon
l’OMS), le paludisme (627 000 morts durant la même période), ou même la grippe causent
infiniment plus de décès. Sans parler du sida, qui a tué 36 millions de personnes depuis 1983. Un
malade de la rougeole contamine en moyenne 18 personnes contre 4 pour un malade d’Ebola. On se
demandera alors pourquoi, dans ces conditions, Ebola suscite une telle frayeur ? En quoi ce virus
fait-il figure de virus de la peur ? Par quels mécanismes se transmet l’angoisse chez les individus ?
Dans un premier temps nous parlerons de la psychose qui règne en Occident, puis dans un second
temps nous évoquerons les peurs suscitées en Afrique. Enfin, nous verrons en quoi l’épidémie
d’Ebola alimente les théories du complot.
Pour commencer, nous pouvons dire que la peur est un sentiment normal. Mais s’il existe des
peurs salutaires, face à des risques réels, il en est d’autres, les plus nombreuses, qui n’ont qu’un
rapport très lointain avec le danger qui les provoque et dans lesquelles l’inconscient joue un rôle
prépondérant. L’inquiétude légitime causée par le réel danger sanitaire que représente Ebola entrerait
donc ainsi en écho avec une dimension inconsciente. En s’intéressant à la psychanalyse, on apprend
que l’objet qui déclenche la panique n’est en réalité que le support d’une peur inconsciente et
archaïque. Cette catastrophe qui mobilise aujourd’hui les médias cache une peur plus profonde qui
rend la menace encore plus inquiétante. Dans la presse les mots psychose et peur sont prépondérants.
On pourrait ajouter à cela un troisième terme qui serait tout autant adapté dans la description du
phénomène : l’angoisse. Cette épidémie donne lieu à un affolement général durant lequel on perd le
sens des réalités. Cette angoisse mondialisée face au virus Ebola est irrationnelle puisque les experts
s’accordent à dire qu’il y a peu de chances que l’épidémie se propage hors de l’Afrique de l’Ouest.
On remarque aussi une diversité des formes prises par la peur.
Tout d’abord, cette épidémie réveille dans l’imaginaire collectif le souvenir de certains maux.
D’une part, elle remet en mémoire ces maladies que l’on croyait éradiquées telles que la lèpre, la
peste et le choléra. La peur ancestrale d'une pandémie meurtrière reste profondément ancrée en nous,
c'est une peur immémoriale et culturelle. On sait que les maladies infectieuses sont apparues en
masse dès le début du néolithique, à partir de 10 000 av. J.-C., lorsque les hommes ont commencé à
vivre à côté de leurs déchets et que l'eau se retrouvait contaminée. La peur du phénomène contagieux
remonte aux origines de l'Homme. Considérées comme des ennemis invisibles dont aucun rempart ne
pouvait autrefois empêcher la progression, on accuse ces maladies de revenir par la fenêtre de
l’Afrique après avoir longtemps été chassées par la porte de l’Occident. Dans ce contexte, certains
ne se sont pas privés d’entrevoir dans la maladie une dimension apocalyptique. En effet, en situation
d’épidémie, la vieille peur biblique du fléau divin ressurgit régulièrement. De fait, de nombreuses
personnes comparent Ebola à la Peste, qui a tué entre 30% et 50% des Européens entre 1347 et 1352.
Pourquoi la Peste ? Parce qu'elle se transmet par contact avec les malades et les morts, s'étend
rapidement et semble incoercibles, comme Ebola aujourd'hui.
Aussi, cette peur est assimilée à une peur de l’autre. Une peur inconsciente, liée à la présence
chez nous d’une population que certains qualifient de population « à risque ». Ainsi, écarter la
menace virale reviendrait pour certains à écarter de notre territoire une partie de la population du
globe qui, en nous « envahissant », apporterait avec elle ses coutumes qualifiées d’archaïques et des
menaces sanitaires. « Le Moyen- Age culturel aussi bien que sanitaire frapperait à nos portes ! ». Ces
idées traduisent la pensée du Front National. A travers ce virus qui nous vient du continent africain,
on associe la menace virale d’Ebola à l’invasion de notre sol par des étrangers dont la simple
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proximité constituerait un danger. Ainsi, inconsciemment on assimilerait les frontières du pays à
celles de notre corps. Si nous fermions nos frontières à ces étrangers d’Afrique de l’Ouest, nous
constituerions une sorte de vaccin géographique, évitant toute contamination. Ce raisonnement est
illustré par les propos récents de Jean Marie Le Pen affirmant que « monseigneur Ebola » pourrait
régler le problème de l’immigration, ce qui constituerait une forme de « solution » (finale). On
comprend ainsi que pour certains, le danger de l’ouverture des frontières est double : il peut entraîner
une invasion des étrangers et ces étrangers peuvent apporter avec eux des pathologies qui
deviendront elles aussi invasives. Il faut alors les éradiquer. Cette peur de l’étrangeté de l’autre qui
menacerait notre intégrité est la source de toutes les haines et de tous les racismes. Pour combattre
cette stigmatisation dont souffre le peuple, une journaliste a lancé le slogan « I’m a Liberian not a
virus » qui circule abondamment sur les réseaux sociaux. L’Afrique est davantage pointée du doigt,
les gens ont tendance à dire « Ebola c’est l’Afrique » et des jeunes noirs dans des écoles américaines
commencent à être appelés Ebola. Certaines universités aux Etats-Unis refusent l’admission d’élèves
étrangers venant d’Etats potentiellement atteints par le virus.
Enfin, on peut expliquer cette peur par un sentiment irrationnel de vulnérabilité dans un
monde qui, par la mondialisation, est soudain rétréci en un village global. Dorénavant tous les points
du globe sont connectés. Les distances qui étaient vues comme protectrices sont abolies. Les médias
se chargent d’entretenir cette idée d’un danger imminent et proche.
Cette peur est attisée par des tableaux apocalyptiques qui affolent des populations. Comment
ne pas craindre un mal dont on nous décrit les ravages de la façon la plus angoissante qui soit, surtout
lorsque l’on sait qu’aucun vaccin ne peut nous en prémunir ? Les médias entretiennent une véritable
psychose de par les images alarmantes, les rapatriements d’urgence ou les visions du personnel
soignant aux allures de cosmonautes. Il semblerait en effet que semer la panique soit un business très
lucratif. La combinaison de ces soignants en scaphandre est comparée au costume des médecins qui
luttaient contre la peste. Les messages des autorités martelant qu’Ebola est mortel n’arrangent rien.
Les journaux publient des études plus affolantes les unes que les autres. Une étude britannique très
discutable fixe à 75% le risque d’importation du virus en France. Aussi, l’Université Nord 6 de
Boston nous livre une étude alarmante, voire alarmiste, car on peut y voir une volonté délibérée
d’accroître l’inquiétude en ciblant les pays potentiellement victimes de l’épidémie. Toutefois, on
peut se demander sur quels critères reposent ces éléments. On peut penser qu’ils ne servent qu’à
attiser la peur, une peur déjà largement entretenue par les médias, les chats d’Internet et même la
littérature et le cinéma. On peut citer quelques exemples : dans la série américaine «Seven Days»
(«Sept jours pour agir », 1998-2001), une souche d’Ebola tue 98 % de la population mondiale, et
dans la saison 3 de «24 heures chrono» (2003-2004) un cartel mexicain répand à Los Angeles le
virus Cordilla, inspiré d’Ebola. La plupart des Occidentaux a connu le virus par le livre de Richard
Preston The Hot Zone (Virus), publié en 1994. Cet ouvrage fait de la maladie un mal incarné, un
monstre surgit de nulle part et conduisant un village à la ruine. Il présente la maladie dans ses détails
les plus sordides comme « les larmes de sang ». En effet, les films et les livres apocalyptiques sur les
épidémies ont toujours beaucoup de succès. Existerait-t-il une sorte de fascination morbide pour les
virus ?
Toute cette psychose a poussé trois parents à retirer leurs enfants de leur école de Boulogne-
Billancourt pour les éloigner d’un écolier de retour de Guinée, ce qui semble complètement
irrationnel. Ce comportement est socialement problématique pour le sentiment de rejet qu’il crée.
Mais la faute de cette psychose ne revient pas uniquement aux médias mais également aux impairs
commis aux Etats-Unis et à des discours politiques qui apparaissent complètement incohérents.
Dans cette manifestation de la peur on retient la sur-réaction des Etats-Unis. Les différents
cas de contamination sont liés à des erreurs, des failles dans le système sanitaire et les personnes
infectées ont été en contact avec des malades. Avec tous les protocoles validés, une telle situation est
impossible en France, il n’y a donc aucune raison de paniquer. L’angoisse est accentuée par le fait
qu’aux Etats-Unis, les scientifiques les plus alarmistes occupent le devant de la scène et les médias
rivalisent de sensationnalisme. La psychose l’emporte et affecte même les marchés financiers. La
panique a gagné même les moins craintifs depuis l’épisode du « ClipBoard Man » (l’homme à la
Dossier de presse ATMANI Louisa Page 37
pochette). En effet, de nombreux médias américains ont repris la photo d’un homme sans protection
évacuant une femme atteinte du virus d’Ebola. Immédiatement #clipboardman a envahi la toile: qui
est-il ? Pourquoi n’est-il pas protégé ? Entraînant ainsi panique et confusion. Cet épisode met en
lumière les dérives des médias dont le rôle primordial dans ce type d’affaire serait d’informer, de
prendre de la distance par rapport à la polémique qui enfle, de comprendre, de questionner,
d’analyser, d’expliquer mais il ne devrait en aucun cas consister à surenchérir face à la panique
généralisée. Au lieu de rappeler à la population les modes de transmission de la maladie ou de
préciser que cet homme est en fait le directeur du protocole, les médias contribuent à la psychose.
La psychose est par conséquent à l’origine de « vraies fausses contaminations ». Par
exemple, en Alabama, un passager ayant vomi dans un avion a été exfiltré d’urgence en ambulance
avant d’être finalement déclaré sain. Un autre avion en provenance de Dubaï a été placé en
quarantaine durant deux heures lorsque cinq passagers se sont plaints de symptômes grippaux, il
s’agissait encore une fois d’une fausse alerte. Enfin, on peut également retenir le cas d’une infirmière
humanitaire qui, de retour de mission, a vu sa maison être entièrement désinfectée. Malgré cet acte,
les voisins n’en demeurent pas moins inquiets et certains ont même décidé de quitter la ville. Ces
réactions aux Etats-Unis peuvent en partie s’expliquer par les craintes suscitées par les menaces de
bioterrorisme depuis le 11 septembre 2001.
Cette psychose face à Ebola est due à l’ignorance. Les gens ignorent souvent les modes de
transmission du virus au point de remettre en doute les discours officiels. En effet, beaucoup pensent,
à tort, que le virus Ebola se transmet par voie aérienne.
Cet emballement médiatique est injustifié. Sur place, les humanitaires continuent à travailler
au rythme sur lequel ils travaillaient au début. Tout d’un coup, on a l’impression, de par les médias,
que l’on commence tout juste à surveiller les potentiels malades qui viennent d’Afrique alors que
c’est ce que l’on fait depuis des mois. Tout l’été, on a rassuré les gens et à présent, on a l’impression
que tout s’accélère et les déclarations vont bon train. Pourtant, sur le terrain on ne change pas de
scénario. Cette peur se ressent notamment par les appels au SAMU qui ont été multipliés par 10. Les
gens appellent simplement pour s’assurer qu’ils n’ont pas Ebola car ils sont allés en Afrique deux ans
auparavant. La peur n’est absolument pas justifiée car on se prépare depuis des années. Le protocole
a été remanié de très nombreuses fois et il est actuellement bien rodé. Tout phénomène épidémique
finit par s’arrêter. Il ne faut pas favoriser la psychose dans les pays comme les nôtres car cela
entraine une véritable débâcle médiatique.
Il faudrait adapter les mesures mises en place et éviter les fausses alertes. Les caméras
thermiques ne sont pas fiables et sont donc susceptibles de révéler des faux négatifs. Aussi, nous
pouvons dire qu’il serait préférable de ne pas anticiper sur des éléments pour lesquels nous n’avons
pas l’ombre d’une preuve. Il ne faut pas s’emballer sur de simples possibilités et parler d’un cas
seulement en fonction du résultat. Si le test est négatif, cela ne vaut pas la peine d’en parler car cela
risquerait d’accroître la psychose déjà à son paroxysme.
Ainsi, dans cette première partie on a montré que les Occidentaux ressentaient face à Ebola
des peurs de nature et d’origine différentes. A ces terreurs amplifiées par les médias, fondées en
partie sur la mémoire, s’ajoutent d’autres paramètres, plus insidieux. La peur résulte également des
incompréhensions séparant Européens et Africains. En effet, les populations africaines très
superstitieuses et croyant en une magie noire sont incomprises. Les Occidentaux ont peur des
« pestiférés » comme on les appelle dans l’histoire des épidémies, de leurs comportements de
panique et de leurs déplacements. Les réactions des populations ouest africaines ont provoqué du
racisme, de la peur mais aussi de l’incompréhension. Les Occidentaux s’effraient des agissements
des Africains, pourtant les réactions africaines sont des réactions universelles et légitimes, liées à la
peur. C’est ce que nous allons voir dans une deuxième partie, où nous nous intéresserons aux
conséquences de la peur chez les populations africaines.
Face à cette fièvre hémorragique, le peuple africain réagit différemment des Européens.
Pour commencer, les Africains continuent de laver rituellement leurs morts. En effet, dans cette
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région les rites funéraires sont extrêmement importants mais ils constituent le principal problème. On
garde les cadavres à l’air. Ces rites sont tout à fait respectables mais il y a un progrès à faire dans ce
domaine pour freiner la contamination. Les cercueils transparents sécurisés proposés par le manager
Cheikh Mbaye de l’ONG Waha, visant à concilier tradition et impératif sanitaire, devraient être
davantage développés car pour pouvoir rendre hommage aux morts comme elles l’entendent, les
populations cachent leurs morts. Chez les Africains, bien qu’elle soit omniprésente, la peur d’Ebola
est moins forte que la peur des ancêtres. Les chrétiens animistes doivent veiller les corps plusieurs
jours. Quant aux musulmans, la toilette funéraire est essentielle et précède un métrage très précis du
linceul, et une prière commune faite autour du mort, que chacun doit toucher pour que l’âme du
défunt repose en paix. Ainsi, la crémation actuellement pratiquée est impensable dans les mentalités
locales et il faut savoir respecter ces coutumes sans aucun jugement. Il faudrait bien intégrer les
temps précis des funérailles dans le protocole mis en place, mêler coutumes et données sécuritaires
pour se faire accepter. De plus, il est demandé aux populations d’éviter de se rendre dans les lieux
saints le vendredi ou le dimanche. Une chose encore une fois impensable pour ces populations très
croyantes qui préfèrent suivre les voix de Dieu plutôt que celle d’un médecin.
En effet, les humanitaires présents en Afrique de l’Ouest ont du mal à se faire accepter. Ce
manque d’acceptation résulte d’une peur postcoloniale. Les colons importaient au passage des
maladies. Cette peur postcoloniale se caractérise par ailleurs par la faiblesse des relations de
confiance entre colons et communautés. Cette période postcoloniale est à l’origine des rumeurs qui
se propagent. En Afrique, on raconte depuis des décennies que les étrangers volent le sang des
Africains pour le vendre ou le transformer en médicament. Les médecins coloniaux étaient accusés
de cannibalisme et on se méfiait de leurs gants, de leurs insecticides et de leurs seringues.
Aujourd’hui ces rumeurs persistent. Fréquemment des villages entiers fuient lors de l’arrivée des
institutions de recherche médicale. On peut retenir également le discours d’une femme lors d’un
rassemblement durant le marché de Kenema qui traduit la pensée d’un bon nombre d’Africains.
Ebola serait faux. Tout ce qui entoure le virus Ebola serait une question de sang et de trafic de sang.
Le gouvernement aurait besoin de beaucoup de sang pour le vendre aux pays occidentaux… Tous
ceux qui sont en train de mourir d’Ebola seraient en réalité tués pour cela. Il s’agirait là du secret.
Ces rumeurs constitueraient une forme de mémoire. Au-delà de leur portée symbolique, les
accusations renverraient également à de vrais évènements historiques, des expérimentations, des
accidents thérapeutiques, du racisme médical, voire à des projets exterminateurs comme dans le cas
de l’Afrique du sud de l’Apartheid. Il n’y a aucune confiance entre les Africains et les humanitaires
occidentaux. Ces blancs apporteraient des maladies prétendant tout à la fois leur venir en aide,
simplement pour en tirer des bénéfices. Alors, en Guinée, au Sierra Leone et au Liberia, on associe
MSF à Ebola. C’est pourquoi, des cas de centres attaqués sont nombreux dans cette région. Par
exemple, un centre de MSF a été attaqué près de Macenta au printemps dernier. Dans la même
région, un préfet et des journalistes venus faire de la prévention ont été accueillis en septembre à
coup de pierres et de machettes pour un bilan de 7 morts. D’autres théories, circulent comme celle
selon laquelle on procéderait à un vol d’organes. Il est urgent de faire admettre à la population
qu’Ebola existe vraiment, puisque ces peurs donnent lieu à des comportements mettant véritablement
la santé des Africains en danger. Les équipes d’humanitaires peinent à convaincre les malades
d’Ebola de se rendre dans les hôpitaux. Certains villageois susceptibles d’avoir contracté le virus
refusent de parler aux équipes de la Croix Rouge par exemple, et se murent dans le silence à
l’approche des équipes médicales.
Ces peurs et cette angoisse face aux humanitaires résultent en partie des actions des premières
équipes humanitaires. Le fait qu’elles débarquaient dans les villages « en tenue de cosmonaute »,
arrachaient les corps aux familles, embarquaient des malades qu’on ne revoyait jamais, pulvérisaient
un produit mystérieux, a nourri tous les fantasmes. Qui étaient ces gens ? Venaient-ils pour les
empoisonner ? Pour faire face à cette psychose, des équipes sont chargées de déconstruire les
rumeurs. Ce travail de sensibilisation se fait en collaboration avec les leaders d’opinion locaux
comme les Imams, les pasteurs ou les chefs de villages car les peuples ont davantage confiance en
eux.
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Pour que l’aide soit acceptée en Afrique, il faudrait tenter de revoir les méthodes de soins. En
effet, quand les malades réclament à boire ou à manger, on leur jette par-dessus les barrières des
sachets d’eau ou de riz. Malheureusement Ebola rend les soignants durs. L’empathie, la compassion,
le soin, toutes ces notions fondamentales sont balayées par la maladie. En partie à cause de ces
tenues sécurisées, Ebola rend le rapport au patient si spécial. En effet, comment manifester de
l’empathie avec des masques qui laissent uniquement voir les yeux ? Malheureusement, les premiers
réflexes des humanitaires sont des réflexes autoritaires. Par ces reflexes autoritaires on suscite la
défiance des populations et on ne gagne pas leur confiance. Pour échapper à l’hôpital ou aux centres
de traitement, les Africains ont souvent recours à l’automédication à l’origine de surdosages et de
troubles. L’urgence ne doit pas justifier un manque d’humanisation. Au lieu de brutaliser les
populations il faudrait les rassurer en permanence. Il est nécessaire d’expliquer aux intervenants
qu’on ne communique pas de la même façon en Afrique qu’en Europe. Il faudrait songer à saluer,
présenter des condoléances, sourire et nouer des relations personnelles avec les gens pour se faire
accepter de tous. Si les actions sont faites de façon inhumaine et anonyme, ce système ne pourra pas
fonctionner. Pour enrayer la maladie, la perte de sociabilité n'est pas nécessaire.
Une partie de ceux qui ne pensent pas qu’Ebola reste une épidémie inoculée par les Blancs
pour piller le pays, exterminer les Noirs, ou encore voler leurs organes , entourent toutefois la
maladie d’une aura maléfique. Les manifestations de la maladie sont si effrayantes, avec ses
éruptions cutanées, ses hémorragies, ses vomissements et ses diarrhées sanglantes, qu’elles
s’apparentent à de la sorcellerie. Convaincus que les médecins ne peuvent rien pour eux, ces
personnes vont s’en remettre au guérisseur, à l’oignon cru et à l’eau salée. Face à ce risque de
magie noire, il serait nécessaire de lancer un appel à la raison humaine.
Aussi, on peut dire que la quarantaine imposée par les Blancs a des effets pervers qui
repoussent les Africains. Ces effets indésirables des mesures de quarantaine peuvent susciter la
panique et pousser les individus concernés à fuir les centres de soins ou s’extirper des foyers
contaminés.
Enfin, pour ceux qui reconnaissent l’existence de la maladie, la psychose, l’angoisse et la
peur donnent lieu à des stigmatisations, des abandons à l’intérieur d’une même communauté. Les
guéris d’Ebola sont ostracisés. Certains habitants quittent leur village quand un des villageois a été
touché par le virus. Ces anciens malades sont guéris mais damnés et salués de loin. Les familles
expulsent certains de leurs membres. Un climat de panique règne, ce qui freine la lutte. A cause de
cette hystérie générale, les pays nécessiteux souffrent de pénurie de personnel médical, ce qui cause
des victimes collatérales. Les ambulances ne viennent plus. Les sages femmes, dans la crainte d’être
contaminées par les fluides corporels, n’assistent plus les accouchements laissant les femmes mourir
en couche. Les chauffeurs de bus et de taxis refusent de transporter les anciens malades, les maris
abandonnent leur femme et leurs enfants au moindre symptôme suspect. Les survivants subissent le
regard des habitants de leur quartier. Des témoins parlent même de la phase de la maladie « la plus
douloureuse ». Pour lutter contre cette mise à l’écart, les humanitaires raccompagnent désormais les
anciens malades dans leur village et leur délivrent un certificat devant toute la communauté,
montrant que cette personne a vaincu Ebola. Désormais, la moindre situation de rassemblement
suscite de la peur.
Ces diverses manifestations de la peur chez les Africains entretiennent la psychose chez les
Occidentaux. Pourtant la volonté d’enterrer ses morts ou l’urgence de fuir devant la contagion sont
des réactions universelles. On peut rappeler qu’en France la dernière flambée de variole remonte aux
années 1954-1955. Plus personne ne se souvient de l’affolement d’alors. Vannes, la ville la plus
touchée (73 cas, 16 morts), était fuie par ses habitants. A l’époque, Paris Match décrivait des
«wagons remplis de cercueils en gare de Vannes » et une variole « faucheuse de générations ».
Aussi, pendant l'épidémie de choléra qui a fait plus de 100 000 morts en 1832, les gens disaient qu'on
tuait le peuple dans les hôpitaux, des médecins ont été chassés de villages parce qu'on les croyait
infectés. Dans Le Hussard sur le toit de Jean Giono, on raconte des scènes de panique où des
familles se terrent, abandonnant leurs morts n'importe où. Ainsi, il semblerait qu'en critiquant les
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réactions Africaines face à cette épidémie, les Occidentaux oublient un peu trop rapidement que
leurs réactions ont été identiques face à de telles épidémies.
Ainsi, nous avons montré dans cette deuxième partie que la peur se faisait ressentir
également sur le sol africain. Elle résulte de divers facteurs mais dans tout les cas empêche les
humanitaires de contenir la maladie. Cette infection aussi énigmatique est le point de départ d’un
grand nombre de rumeurs. Elle suscite des réactions paranoïaques et elle est la source de théories du
complot.
Pour finir, nous pouvons dire qu’une épidémie, qui plus est mystérieuse, alimente toujours les
théories du complot ou les thèses farfelues. Ce fut le cas du sida dans les années 80, c’est aujourd’hui
le cas d’Ebola, qui sévit en Afrique de l’Ouest. Le virus Ebola, qui alimente les théories du complot
aurait été créé de toute pièce afin de réaliser divers objectifs.
D’une part, selon cette théorie, on aurait implanté Ebola en Afrique dans le but d’infliger un
coup dur au développement africain, au moment où bon nombre d’investisseurs le considèrent
comme un continent d’avenir. On y voit ici un acte bioterroriste de l’Occident pour stopper
l’émergence économique de l’Afrique.
Aussi, le virus aurait été développé dans un laboratoire pour diminuer la population mondiale
parce que le VIH n’a pas réussi à atteindre cet objectif. Le virus Ebola ferait donc figure d’arme
biologique utilisée dans le cadre d’une extermination. Cette théorie s’appuie sur divers
questionnements. Qui a créé le virus et que veut-on nous cacher? Tout n’aurait-il pas déjà été écrit?
Comment se fait il que l'on soit passé d’un film, d’une fiction (Outbreak) qui a mis en scène une
armée américaine exterminée en ayant consommé la viande d’un singe, à la réalité ? Pourquoi après
le séminaire d’un médecin américain de passage en Afrique, tous ceux qui y avaient assisté sont-ils
tombés malade?
Cette épidémie est donc une épidémie d’accusations. Un médecin libérien accuse la start-up
canadienne Tekmira d’avoir lancé les essais cliniques de son médicament contre Ebola quelques
semaines à peine avant la détection des premiers cas. Les équipes médicales, les ONG et les autorités
locales se sont vues accusées de propager le virus qu’elles essaient de combattre, dans le but de
gagner de l’argent.
Enfin, un membre de l’équipe de lutte contre Ebola nous explique que le virus serait né d’une
guerre bactériologique que se seraient livrée les géants miniers mondiaux Rio Tinto et Vale pour le
contrôle des gisements guinéens.
D’autres encore affirment qu’il s’agirait d’un acte commandité par les sionistes puis exécuté
par les Américains afin d’éradiquer tous les musulmans du monde. En effet, selon cette théorie, le
virus Ebola sera prochainement importé à la Mecque dans le but de décimer les pèlerins et répandre
le mal au sein de la communauté musulmane.
Pour conclure, nous pouvons dire que chaque épidémie donne lieu à un affolement général.
On l’a vu lors de l’apparition du VIH, du SRAS ou de la grippe H1NI, La psychose est, elle aussi,
contagieuse car elle n'épargne aucun pays. Dans le cas d’Ebola, cette panique est le fruit d'une
méconnaissance du virus et du rôle amplificateur des médias qui scénarisent le pire. Il faut répéter
qu’en Europe et aux États-Unis, compte tenu des mesures prises, si une épidémie d’Ebola arrivait,
elle serait rapidement jugulée. Les réactions du public face à une menace comme celle d’Ebola sont
formées d'un mélange de psychose, de peur et d'angoisse. Ce virus invisible, lointain et mal connu,
provenant des terres obscures, aurait réveillé la terreur ancestrale de la Peste Noire. Face aux
maladies contagieuses, l'imaginaire de la pandémie incontrôlable, dévastatrice, reprend vie. Les
grands malheurs du passé reviennent hanter le présent. Des craintes sont également ressenties en
Afrique. En effet, si la peur n'évite pas le danger, on peut affirmer toutefois qu'elle le crée. C'est bien
la peur qui fait qu'en Afrique de l'Ouest l'épidémie reste difficile à contrôler car elle mène à des
comportements qualifiés souvent de contre-productifs. Les soignants occidentaux sont confrontés à
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la grande méfiance et à l'hostilité des populations, qui voient en Ebola une invention des Blancs.
Cette défiance est entretenue par la façon dont sont pris en charge les malades. La peur est aussi liée
à la menace du bioterrorisme. Toutefois c’est grâce à cette peur que les pays Occidentaux ont
commencé à lutter contre ce virus. Ainsi, en réponse à leurs angoisses, ils cherchent à contrer la
maladie. Actuellement, deux vaccins sont à l’essai, sous la supervision de l’Organisation mondiale
de la santé (OMS), et vont conduire probablement à des campagnes de vaccination dans les pays les
plus touchés. L’OMS est aussi en train de suivre huit traitements qui sont à diverses phases
d’expérimentation. Ainsi, on s’attend à d’importantes interventions biomédicales, à grande échelle,
dans les semaines et mois à venir. Cependant, si la perte de confiance entre les communautés et les
systèmes locaux de santé perdure, ces interventions pourraient être fortement entravées. La
vaccination risque de ne pas être acceptée par tous. L’acte de vaccination nourrira davantage
l’imaginaire; on y verra là le moyen pour les Occidentaux de parvenir plus facilement à leurs fins.
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ANNEXES :
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Des soignants de Médecins sans frontières portent des tenues de protection à l'hôpital Elwa de Monrovia
(Liberia). (DOMINIQUE FAGET / AFP)
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SOURCES
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Bibliographie :
- SOUCCAR Thierry et ROBARD Isabelle, Santé, Mensonges et Propagande : Edition Seuil,
publié le 18 mai 2004
- DEBROISE Anne, Les maladies émergentes, quand les virus voyagent : Edition Larousse,
publié en novembre 2009
- MACKAY Judith, Atlas de la santé dans le monde : Edition autrement publié en juin 2000
- DELOBBE George, Les épidémies, des pestes au sida : Edition Pemf, publié en octobre 2003
- Le 1 Ebola, virus de toutes les peurs ; publié le 5 novembre 2014
- Dossier spécial dans Courrier international, semaine du 16 au 22 octobre 2014
- Dossier spécial dans Courrier international « La course contre la mort », semaine du 23 au29
octobre 2014
Filmographie :
- Reportages 66 minutes M6; Ebola, des volontaires en enfer ; émission du 18 janvier
- Alerte / Outbreak de Wolfgang Petersen (1995)
- Contagion de Steven Soderbergh (2011)
- 28 Days Later (28 jours plus tard ) de Danny Boyle (2002)
- 12 Monkeys (L'armée des douze singes) de Terry Gilliam (1995)
- Blindness de Fernando Mereilles (2008)
- The Andromeda Strain (Le mystère andromède) de Robert Wise (1971)
- Ensemble de reportages de France 24 : Actualités sur l'épidémie de virus Ebola en Afrique de
l'Ouest
Webographie :
- Site de l’OMS
- http://www.ebola.sante.gouv.fr/
- http://fr.wikipedia.org/wiki/Virus_Ebola#Sociologie
- http://msf.fr/actualite/dossiers/urgence-ebola
- http://www.unicef.org/french/emergencies/ebola/
- http://www.santenatureinnovation.com/ebola-le-mensonge-generalise/
- http://www.jeuneafrique.com/tags/134572/ebola
- http://www.atlantico.fr/decryptage/psychose-ebola-mecanismes-lesquels-se-transmet-peur-et-
comment-contenir-antoine-pelissolo-jean-paul-mialet-1801097.html