Le journal trimestriel de Franche-Comté nature environnement Printemps 2009 numéro 14 2,50 €
EMPREINTESEMPREINTES
Un électricien jurassien
et biotique !
Athenas : un centre de soins pour les animaux sauvages
LES vERgERS dE FRANchE-coMTé, UN PATRIMoINE à cRoqUER !
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édITo
EMPREINTES n°14 - Printemps 2009
n février dernier, Bouygues Telecom (à Versailles et en appel), puis SFR (à Carpentras) et Orange (à Angers) étaient condamnées à démonter une antenne de téléphonie portable ou à ne pas en monter, « l’incertitude » étant retenue comme suffisante concernant le risque sanitaire. Las, début mars, après intervention de Martin Bouygues, puis du premier ministre lui-même devant elle, l’Académie de médecine affirme que les antennes sont inoffensives et que la Cour d’appel de Versailles a commis « une erreur scientifique ». Le risque commercial était trop élevé : il fallait faire taire au plus vite ces empêcheurs de réaliser des bénéfices aux actionnaires des opérateurs de téléphonie mobile. Et tant pis pour la santé humaine et du vivant ! Soyons rassurés, lorsque le risque sanitaire des ondes électromagnétiques sera démontré scientifiquement, il n’y aura plus de Français, ni d’humain sans portable... Mais nous n’aurons plus que nos yeux pour pleurer.
A l’image de cette affaire (1), révélatrice, c’est tout notre mode de fonctionnement sociétal qui peut être remis en question : quel que soit le sujet, l’urgence est toujours à la recherche maladive de profits, et sans aucune prise en compte responsable des risques pris, le plus souvent par quelques uns et supportés par le plus grand nombre, et donc nos concitoyens souvent les plus fragiles. Les sujets de risques sont nombreux et ces risques sont malheureusement aussi pris pour les générations à venir :
- financiers et on en parle beaucoup actuellement, puisqu’il est clair que la crise socio-économique actuelle en est le résultat direct,
- sanitaires, avec par exemple, le nucléaire, les pesticides, des médicaments, etc. : nous, l’ensemble des vivants, sommes les cobayes de ces expérimentations à grande échelle,
- climatiques, etc. C’est donc toute cette logique qu’il faut remettre à plat, déconstruire
au plus profond de notre mental, pour reconstruire une société solide, s’appuyant sur des relations humaines renouvelées, des solidarités intra et inter générationnelles, une redistribution des ressources et énergies, afin de répondre aux besoins réels de tous. Et donc redéployer une fonction publique, comme rempart aux inégalités, face aux risques, avec des emplois :
- pour garantir la qualité de l’air, de l’eau, des aliments, - pour assurer une éducation osant affronter les enjeux du 21e
siècle, - pour lancer et faire vivre les chantiers de la recherche scientifique
pour répondre aux besoins de demain : sans la prétention de toujours franchir les limites du réel ou du vivant, il y a déjà tant à découvrir !
- comme soutien de la solidarité, outil de paix sociale et de bonheur individuel.
Ré-former, mot à mot, transformer pour aller vers un mieux, ce devrait être l’objectif de nos politiques publiques, c’est-à-dire, en l’occurrence, réduire le risque à assumer par chacun. Et pour cela, oser dire la nécessité de payer des impôts sur le revenu, véritable outil de redistribution équitable.
Un changement fondamental de culture, d’éthique, d’objectifs, bref de paradigme, que chacun, sans exception, doit comprendre et accepter ; et c’est là notre rôle d’association environnementaliste, de donneur d’alerte : participer à l’émergence, à la construction de cette citoyenneté de demain, avec comme depuis quelques décennies, l’objectif du penser global et de l’agir local. Et en tout optimisme !
Gilles Sené,président de Franche-Comté Nature Environnement
(1) Canard enchaîné du 11 mars 2009.
EMPREINTES n°14Trimestriel - printemps 2009
Franche-Comté Nature EnvironnementMEFC - 7 rue voirin - 25000 BesançonTél. 03 81 80 92 98 / [email protected]
Directeur de la publication : G. SenéComité de rédaction : E. Bunod, L. Grandemange, M. Landry, E. Leboucher, Q. Le Tallec, G. Sené.Rédacteurs : E. Bunod, M. Georges, L. Grandemange, M. Landry, Q. Le Tallec, G. Sené.Illustrations et photos : M. Landry (p1, p5, p6, p10) Athenas (p1, p9) D. Biichlé (p1, p8) E. Bunod (p3, p4) E. Leboucher (p4) Q. Le Tallec (p4, 12) Croqueurs de Pommes (p7) F. Olliet (p8) T. Bout (p10) M. Vincent (p11) livre La fabuleuse histoire du papier (p11), C. Nardin (p12) L. Bettinelli (p12)
Conception graphique et mise en page : E. BunodDépôt légal avril 2009 / ISSN : 1779-871XImpression : Imprimerie Simon - BP 75 - 25290 OrnansImprimé sur papier recyclé.
édITo SoMMAIRE
hérisson qui rit p.4Au sommet de mon arbre hérisson qui pleure p.4
Eco-emballages et ses placements... dynamiques !
doSSIER p.5 / 6 / 7Les vergers de Franche-Comté, un patrimoine à croquer !
Les écogestes au quotidien p.8Un électricien jurassien et biotique !
Nature en Franche-comté p.9SOS Athenas
Actualité en brèves p.3
ESociété multirisques...
La parole aux associations p.10Interview de Jean-Guy Henckel, directeur du réseau des jardins de Cocagne
carte blanche p.11- La chronique historique de Lucie : parlons chiffons !- Rencontre avec «l’homme au zéro déchet»
L’AcTUALITé EN BRÈvESL’AcTUALITé EN BRÈvES
EMPREINTES n°14 - Printemps 2009 �
EN FRANchE-coMTE
Les méfaits du chocolat…On croyait des domaines préservés, où tout citoyen soucieux de l’éthique pouvait donner libre
cours à sa gourmandise. Cruelle désillusion, le chocolat, refuge de plaisir
dans ce monde brutal, n’en fait pas partie. Une ONG suisse, La déclaration de Berne, mène une campagne contre le travail des enfants dans les plantations de cacao. Ils sont 250 000 à travailler dans des conditions inhumaines en Afrique de l’Ouest, manipulant des outils dangereux et des pesticides sans protection. 60 % ont moins de 14 ans, 40 % sont des filles. La Côte d’Ivoire qui produit 40 % du cacao mondial est particulièrement touchée par ce problème.L’industrie du chocolat, sous pression américaine, a signé en 2001 un protocole pour réduire les formes les plus sévères d’exploitation et mettre en place des standards de certification pour 2005 ; délai repoussé à 2008 puis 2010. Malgré quelques petites avancées, la situation est toujours la même. Plus d’informations et pétition sur www.ladb.ch/chocolat
dANS LE MoNdEEN FRANcE
Des couches lavables livrées à domicilePour ceux que les couches lavables rebutaient à cause des nombreuses lessives, Stéphane Piette a trouvé la solution. Depuis l’automne dernier, il propose aux Strasbourgeois un service de livraison et nettoyage de couches lavables. Chaque semaine, avec sa bicyclette et sa remorque, il passe chez ses clients récupérer les couches déjà utilisées et en déposer de nouvelles. Puis les couches sont lavées avec des lessives 100 % biodégradables et non allergisantes. Il faut compter entre 15 et 20 euros par semaine, soit le prix de couches jetables haut de gamme. Stéphane Piette étend aujourd’hui sa zone de livraison
et propose un système de « taxi-couches » dans les villages avoisinants : il suffit de trouver un voisin ou un ami qui vient au moins une fois par semaine à Strasbourg et qui accepte de faire le taxi-couches ! Il faut savoir qu’un bébé utilise 1,5 tonne de couches jetables. On peut espérer que ce système fasse des petits et arrive pourquoi pas en Franche-Comté…Renseignements sur www.couches-ecoservices.com
Obsnatu la baseLa LPO Franche-Comté vient d’inaugurer son nouveau site Internet http://franche-comte.lpo.fr qui comporte une base de données en ligne appelée Obsnatu la base. En vous inscrivant sur ce site Internet, vous avez la possibilité de saisir et de gérer toutes vos observations d’oiseaux. Ces observations ont pour objectif d’améliorer au quotidien les connaissances et sont valorisées par la LPO Franche-Comté à des fins de protection de la nature. Des restitutions cartographiques sont mises à jour continuellement et vous avez même la possibilité de savoir quelles espèces d’oiseaux peuplent votre commune. Grâce à cette base de données, il est également possible de se tenir au courant des actualités ornithologiques de la région. Vous avez observé votre première hirondelle rustique dans votre village ? Vous pouvez transmettre votre observation par l’intermédiaire du site Internet et consulter la carte de répartition de l’hirondelle rustique en 2009. Début 2010, vous pourrez également ajouter des observations de mammifères, d’amphibiens et de reptiles !
Véranda… rêveLes entreprises aussi peuvent s’investir pour un avenir durable. Exemple avec l’entreprise artisanale Vérandarêve qui vient d’inaugurer le 14 mars dernier ses nouveaux locaux à Etalans dans le Doubs. Elle en a profité pour présenter son nouveau bâtiment, construit en bois écocertifié, isolé en panneaux de laine de chanvre ou de fibres de bois et aux bureaux tempérés par un puits canadien. L’entreprise entend être ambitieuse sur les économies d’énergies. Approche qu’elle proposera également à ses clients
grâce au concept de véranda solaire ou bioclimatique. Bien exposée, couplée à des murs intérieurs étudiés pour restituer l’énergie solaire en période froide, cette pièce lumineuse permet de réels gains énergétiques, tout en restant tempérée l’été grâce aux protections solaires (stores, volets) et à une circulation d’air contrôlée. Vérandarêve diversifiera prochainement son activité avec l’isolation par l’extérieur des bâtiments existants, toujours avec des
matériaux naturels. « Le bois doit être utilisé pour construire et isoler avant d’être utilisé pour chauffer » confie le dirigeant de Vérandarêve.
190 000 Vous avez dit combien ?
euros, c’est la somme d’argent publique que va débourser le ministre de l’environnement en pleine
crise économique pour aider les chasseurs du Pas-de-Calais à s’offrir… treize huttes de chasse ! Ils comptent sur les collectivités pour réunir le reste de la somme qui permettra de les construire dans la Réserve naturelle du Platier d’Oye. Les défenseurs de la nature qui entendent bien que la Réserve soit un havre de tranquillité pour la faune sauvage et notamment les oiseaux en migration, se battent depuis une vingtaine d’années contre cette pratique pourtant illégale sur un Domaine public maritime protégé. Mais la chasse y est autorisée de début août au 10 février, de jour comme de nuit. Alors que la directive de Bruxelles depuis 1994 protégeait les oiseaux en migration en interdisant notamment la chasse de ces oiseaux pendant leur trajet de retour vers leurs lieux de nidification, les chasseurs ne cessent de vouloir tout contrôler : plan de gestion et contrôle des prélèvements, et la France de les encourager. Le gouvernement leur a même octroyé de jolies étrennes : une loi du 31 décembre 2008 permet aux fédérations de chasse d’être éligibles à l’agrément protection de la nature…
techniques acquises, les participants se rendent sur un arbre commun pour observer l’environnement proche. Les hamacs sont la récompense de la grimpe dans lesquels chacun pourra se laisser emporter par ses sensations auditives, visuelles, olfactives et par ses rêveries. Benoît Grosjean précise que « d’un point de vue naturaliste, nous sommes dans la sphère secrète des oiseaux. Lorsque le groupe est calme, nous nous retrouvons sur leurs lieux de passage. Nous échappons au flair des mammifères et il arrive de les observer lorsqu’ils passent au pied des arbres. »
Autre expérience inédite : passer une nuit dans les hamacs suspendus aux arbres. Tout en sécurité et assurés par un baudrier, les veilleurs se rendent compte de la vie nocturne de la forêt et des nombreux mouvements animaux. Puis ils s’endorment, bercés par le balancement des arbres...
Quentin Le Tallec
Eco-Emballages est une entreprise privée française, créée par des industriels de la grande distribution et agréée par les pouvoirs publics, qui réalise un chiffre d’affaires annuel de 400 millions d’euros. Elle perçoit une redevance de 0.011 centime d’euro pour chaque emballage mis sur le marché estampillé du logo à flèche verte (95 % des produits) et redistribue ensuite 94 % de ces contributions aux collectivités pour organiser la collecte, le tri et le recyclage
des déchets.Mais en décembre 2008 éclate le scandale : depuis 1999, Eco-emballages
place une part importante de sa trésorerie sur des fonds spéculatifs, en Suisse, aux îles Caïmans… En raison de la crise financière, une partie de ces fonds n’est plus récupérable. La perte annoncée est de 22 millions d’euros mais elle pourrait atteindre 55 millions ! Soit l’équivalent de la contribution par les industriels et les consommateurs de 5 milliards de bouteilles d’eau !
Ces placements, dits placements dynamiques, dont le rendement moyen est de 4,3 %, par rapport à 3,9 % pour un placement sécurisé, sont à risque
mais de nombreuses entreprises et collectivités se sont laissées séduire. On en connaît le résultat…Le directeur général d’Eco-emballages, Bernard Hérodin, a aussitôt été licencié. A-t-il berné le conseil d’administration et le représentant de l’Etat y siégeant ? Des actions en justice sont envisagées, un audit commandé. Et que dire de M. Kraslandes, Néerlandais résidant en Irlande, qui a perdu son statut d’intermédiaire en 2002 mais a néanmoins perçu jusqu’à aujourd’hui entre 3,6 et 5 millions d’euros de commission ?« Un monde plus beau est entre nos mains » proclame Eco-Emballages sur son site internet. Certes, mais certaines de ces mains étaient peu recommandables et n’ont certainement pas contribué à faire le monde plus beau…
Michel Georges, Haute-Saône nature environnementEMPREINTES n°14 - Printemps 2009
L’association Pic et Perches propose des animations pour immerger le public dans la nature grâce à une approche unique en Franche-Comté : la grimpe encadrée dans les arbres. Un code déontologique strict vise à minimiser son impact sur l’environnement car elle nécessite l’installation de cordes et de hamacs éphémères. « Nous considérons qu’avant d’être des supports, les arbres sont des êtres vivants fragiles qui doivent être respectés » insiste Benoît Grosjean, animateur environnement de l’association. La grimpe d’arbre est plus un moyen d’aborder différents thèmes
environnementaux qu’une activité sportive. C’est une activité d’immersion et d’observation de la nature. La hauteur de grimpe varie en fonction de la volonté de chaque participant. « Le point de vue sur la forêt est exceptionnel. Il apporte un dépaysement total et un réel temps de pause avec son quotidien. L’expérience est émotionnellement forte et laisse une trace dans la mémoire. Aimer la nature est aussi important que de la connaître. » Le public est accueilli par groupe de huit personnes maximum pour assurer la sécurité, minimiser l’impact sur l’environnement et atteindre les objectifs pédagogiques. La grimpe d’arbre peut s’adapter à chaque type de public : enfants, adultes, personnes handicapées. Chacun peut s’épanouir avec ses limites. La séance d’animation débute par une initiation aux règles de sécurité. Ensuite, assuré par un baudrier, chacun prend ses repères en grimpant à un arbre le long d’une corde. Une fois les
Au sommet de mon arbre…
héRISSoN qUI RIThéRISSoN qUI PLEURE
Eco-emballages et ses placements… dynamiques !
Journées forêt ouverte le samedi 18 et dimanche 19 avril à Pupillin, près d’Arbois (39). Pour fêter le printemps, seront prévues des activités d’initiations aux techniques de grimpe d’arbre et un concert d’oiseaux perchés (première partie, «les mésanges des bois» accompagnés du percussionniste Fou Pic Epeiche ; seconde partie, « les pinsons des arbres » en tournée dans toute la forêt) !
Contact : Tél. 06 34 69 58 66
Courriel : [email protected] Site Internet : www.picetperches.fr
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La Franche-Comté voit peu à peu disparaître ses nombreux vergers et les variétés fruitières qu’ils accueillent. Malgré l’oubli dont souffre ce patrimoine, il existe toujours des zones avec une culture d’arbres importante. Petit retour en arrière pour comprendre l’histoire de nos vergers et pourquoi il est important de les préserver.
Quentin Le TallecMartine Landry
Un peu d’histoire…La Franche-Comté possédait autrefois un patrimoine fruitier riche. Jusqu’au début du 20e siècle, les vergers occupaient une partie importante du sol. Quelques régions sont restées très liées à cette culture. Les cerises de FougerollesSituée au nord de la Haute-Saône, la Vôge est une petite zone qui comporte peu de communes mais compte plus de 30 000 cerisiers. Le sous-sol constitué de grès bigarré apporte une saveur particulière aux guignes, ces cerises à chair molle, juteuses et très parfumées qui donnent une liqueur bien connue : le kirsch de Fougerolles. Elles peuvent être également utilisées pour les confitures et mises en bocaux. Des textes du 17e siècle relatent déjà la distillation des cerises en eau de vie dans cette région où elles font partie intégrante de l’économie locale. Aujourd’hui encore, de nombreuses petites exploitations agricoles cultivent la cerise pour compléter leur revenu. L’histoire particulière de MontbéliardLe pays de Montbéliard est moins spécialisé que la Vôge. Le climat relativement froid de la région n’étant pas propice à la culture de la vigne, énormément d’arbres fruitiers ont été cultivés et subsistent en partie à l’heure actuelle : cerisiers, pommiers, pruniers, poiriers…La présence de vergers dans le territoire de l’ancienne principauté de Montbéliard tient à une histoire particulière : rattachée
au duché de Wurtemberg, Montbéliard, a eu, dès la Renaissance, beaucoup d’échanges avec ce duché allemand qui était passionné de botanique. Les habitants de la principauté se sont donc mis à greffer des arbres, aidés plus tard en cela par les anabaptistes, venus de Suisse pour fuir les persécutions, qui détenaient un niveau avancé de techniques culturales. Ceux-ci introduisirent dans le pays, outre la célèbre vache Montbéliarde, de nombreux greffons. La mort de nombreux paysans pendant la première guerre mondiale et l’exode rural entraînent une perte de main d’œuvre et de savoir, les vergers sont donc moins entretenus. Après la deuxième guerre mondiale, la mécanisation et la spécialisation des parcelles agricoles accélèrent encore le déclin des vergers. Mais l’explosion de l’industrie dans le pays de Montbéliard aura un impact encore plus fort que la mutation agricole et des milliers d’arbres disparaissent en moins de 25 ans. En 1978, quelques personnes réagissent à cette hécatombe et créent la première
association de protection des arbres fruitiers : les Croqueurs de Pommes. Sur les 25 000 arbres inventoriés à ce jour dans le pays de Montbéliard, seul un tiers d’entre eux est relativement en bon état. Des cerises aussi dans la haute vallée de la LoueDans le secteur de la haute vallée de la Loue, vignobles et cerisiers se côtoyaient, les plantations de cerisiers se multipliant pendant la première moitié du 19e pour la production de kirsch destiné au marché national et suisse. La vigne est complètement détruite à la fin du 19e siècle par le phylloxéra mais de nombreux vergers subsistent, situés au soleil sur les coteaux où se trouvait la vigne.Et dans la montagne…Dans le Haut-Doubs existent des variétés particulières de pommiers adaptées au climat et à la floraison tardive, subissant moins l’effet des gelées de printemps. Les poiriers, plus fragiles, poussaient le long des façades des fermes exposées au soleil. Ils ont en partie disparu mais un
LES VErgErS DE FrAnChE-COMTé, Un PATrIMOInE à CrOQUEr !
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regain d’intérêt amène des amateurs à en replanter ou à entretenir les survivants, ne serait-ce que pour leur esthétique singulière en grands espaliers muraux.
Le catalogue français des espèces et des variétésEn France, il existe un catalogue officiel qui a été créé à l’origine pour protéger les consommateurs des producteurs de graines ou de fruits peu consciencieux qui auraient pu vendre sous un nom un fruit mal défini. Mais au cours du temps, la liste des fruits autorisés à la vente s’est dangereusement amoindrie et le catalogue constitue dorénavant un frein pour la préservation de la biodiversité fruitière. Un professionnel qui souhaiterait par exemple commercialiser une Belle-Fille de Salins n’en aurait pas le droit car elle est inscrite uniquement sur la récente liste du catalogue dédiée aux variétés d’amateur.La démarche d’inscription, longue et coûteuse, exige énormément de mesures : rendement, comportement, stabilité de la variété, homogénéité des fruits… L’agro-industrie ne demande pas aux fruits d’être bons ou d’avoir des qualités nutritionnelles particulières (sels minéraux, vitamines...). Ils doivent être calibrés, supporter l’arboriculture intensive, le transport et la chambre froide. Ces critères industriels mais aussi des caractéristiques de résistance aux maladies ont influencé les choix des fruits listés dans le catalogue officiel par l’INRA.
De la menace à la sauvegardeUne autre menace pèse sur le patrimoine fruitier : la concurrence au niveau des pourtours de villages entre les vergers et les nouveaux lotissements : les zones ensoleillées idéales pour les vergers le sont aussi pour les maisons. La population a également perdu l’habitude d’entretenir, de récolter et même d’utiliser les fruits, elle ne va pas s’intéresser à un verger qui en produit des tonnes. Pourtant, selon les variétés, les fruits mûrissent à des périodes différentes et certains se conservent durant des mois, ce q u i permet d’en profiter toute l’année. Il faut donc réapprendre à utiliser les fruits. Nombreuses en sont les utilisations : pâtisseries, conserves, boissons... La fabrication de jus de pomme ou de cidre n’est pas forcément difficile d’autant plus que des associations comme la Clé de tonneau à Liesle, La pommée à Amancey et Vergers
De la Belle-Fille de Salins à la comtesse de Paris...
La Franche-Comté, comme les autres régions, est riche de variétés locales aux noms évocateurs. Les fruits des vergers sont aussi impressionnants par leur diversité de caractères, de couleurs, de saveurs… Tour d’horizon !
La Belle-Fille de Salins est devenue emblématique de la région. C’est une petite pomme rouge striée de jaune, à croquer, très juteuse, avec un
agréable et léger parfum d’amande amère. Elle a été obtenue par un pépiniériste jurassien, Pierre Baron, au début du 20e siècle et depuis, s’est largement répandue en Franche-Comté, en Suisse, dans les Vosges et en Alsace. Sur Besançon, on cultive beaucoup la Reinette
de Savoie, jaune, légèrement rosée du côté de l’insolation, très juteuse, bonne pomme à jus, à confiture ou à croquer. Les pommiers dont elles sont
issues commencent à fleurir quand les autres ont déjà fait leurs feuilles, elles sont donc peu sujettes aux gelées. D’autres pommes sont très anciennes comme la Court-pendu gris, citée dans des textes vers 1 400 sous le nom de Capendu. D’autres variétés sont plus locales telles que la Violette de Montbéliard, la Trouvée de Desandans, originaire du village du même nom, la Grebeussot en Haute-Saône, la Croque dans la Bresse jurassienne et la Reinette de Servin dans le Doubs. On trouve du côté de Belfort et en Alsace une petite pomme rouge, la Saint-Nicolas. Elle était attachée dans le sapin à la Saint-Nicolas car frottée avec un chiffon de laine, elle brille comme une boule de Noël.Les pommes d’amateur sont souvent anciennes et quasiment toutes issues d’un semi de hasard*. La Belle de Grand-Combe est ainsi née d’une trouvaille sur le bord de la route par monsieur Albert Cuenot à Grand’Combe-Châteleu dans les années 1950. Il a greffé cette variété qu’il trouvait intéressante et qui a, par la suite, été distribuée dans la région.
Les cerises les plus connues sont les guignes de Fougerolles, noires, comme la chapendu mais aussi rouges comme la Tinette ou la Marie-Jean Diaude. Une autre guigne plus caractéristique des vergers de Mouthier-Haute-Pierre, la Marsotte, a donné son nom à l’association locale des bouilleurs de cru. On peut citer aussi la Longue queue de Rancenay, une guigne montée sur une queue extrêmement longue, noire, et probablement originaire de la région de Besançon.
Concernant les prunes, on ne peut passer à côté de la mirabelle de Miserey (ou mirabelle d’Amagney). Beaucoup plus petite que celle de Nancy, elle est extrêmement sucrée, parfumée et cultivée depuis fort longtemps en
Franche-Comté. La Damas est une autre prune particulière qui aurait été ramenée de Syrie par les croisés d’où l’expression « Y aller pour des prunes ! ». Elle est encore cultivée dans le pays de Montbéliard mais aussi vers Fougerolles où elle est distillée pour en faire une eau de vie proche de celle de la prunelle. Une autre prune répandue dans le nord de la Franche-Comté et l’ouest de la Suisse, où elle a fait récemment l’objet d’un projet de mise en AOC, est la Damassine, une petite prune rose qui donne par distillation un alcool très parfumé.
Du côté des poires, la sept-en-bouche qui mûrit fin juin est tellement petite qu’on en mettrait d’un coup sept dans la bouche ! Très ancienne, cette variété est mentionnée dans des textes du 14e siècle. Elle reste anecdotique mais fort intéressante car mûrissant à une époque où il n’y a pas grand-chose d’autre. La Fauvanelle est une petite poire originaire de Haute-Saône qui était envoyée dans le sud de la France pour la confection de pâtes de fruit.
Cette variété rare est à sauvegarder. La Beurré d’Apremont a été découverte dans la forêt d’Apremont en Haute-Saône vers les années 1830 puis énormément cultivée en Italie, en Suisse, en Belgique, en Europe Centrale et même en Amérique. Elle n’a été autorisée en France qu’en 1996, date de son inscription au
catalogue officiel.
* Semi de hasard : fruitier issu d’un pépin, non d’une greffe. Ils sont trouvés le plus souvent sur le bord des chemins ou des routes, provenant généralement d’un trognon jeté.
La saviez-vous ?Les poires et les pommes n’ont pas le même genre de noms. La pomme était le fruit du peuple et la poire celui de la noblesse ce qui explique des noms à consonances plus aris-tocratiques pour les poires : comtesse de Paris, duchesse d’Angoulême, etc.
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Vivants sur les secteurs de Dole, Besançon et Montbéliard permettent de louer une remorque contenant un pressoir hydraulique et un système de pasteurisation.La sauvegarde du patrimoine fruitier concerne tout le monde. Chacun peut planter un petit arbre greffé par soi-même plutôt que d’aller à la jardinerie acheter quelque chose qui se retrouve dans tous les jardins. Il s’agit de cultiver la biodiversité. Les associations de sauvegarde peuvent aider à connaître les variétés proches de chez soi. Lorsque certaines vieillissent et risquent de disparaître, il faut greffer les méritantes ! Les arbres fruitiers ont de plus un bel aspect paysager, surtout au printemps. Ils peuvent facilement se substituer à de nombreux arbres ou arbustes d’ornementation lors des aménagements
aux abords des communes.
L’intérêt écologique des vergersLes vergers ont un autre atout : ils offrent un habitat intéressant à de
nombreuses espèces animales. Beaucoup d’oiseaux sont typiques des
vergers tels que le rouge-queue à front blanc. Les oiseaux cavernicoles nichent dans les arbres creux, notamment la chouette chevêche, surtout si le verger est pâturé. Il est donc important de conserver les vieux arbres, même biscornus. Les oiseaux sont de plus des auxiliaires très utiles : pour nourrir sa nichée, une mésange amène une chenille toutes les minutes pendant une période d’une quinzaine
de jours. Pour lutter contre les chenilles défo l ia t r ices ,
l’installation de nichoirs dans
les vergers permettra aux oiseaux de contribuer à la
protection sanitaire.Les chauves-souris gîtent également dans les creux ou les fentes d’arbres. Auxiliaires efficaces, les petites espèces
mangent notamment le carpocapse, papillon qui donne naissance au ver de la pomme. Dossier réalisé d’après un entretien avec Pascale Guinchard, phyto-écologue au bureau d’étude « Etude Environnement » à Villars-Saint-Georges (25) et auteur du livre « Patrimoine fruitier de Franche-Comté » édité par l’Observatoire régional de l’environnement de Franche-Comté.
Pressage de pommes chez un particulier.
Des exemples d’actions pour les vergers francs-comtoisNée en 2006, Vergers Vivants est une association dont l’objectif est de préserver et valoriser le patrimoine fruitier. Elle souhaite pour cela développer les synergies entre les différents acteurs existants (Croqueurs, bouilleurs de crus, CPIE, naturalistes...). L’essentiel de ses activités se concentre à ce jour sur le Nord Franche-Comté. Outre la réalisation d’inventaires, elle y développe des services concrets à destination des propriétaires de vergers : équipe d’entretien, conseils, formations. La dimension sociale n’est pas oubliée : l’équipe d’entretien des vergers est composée de personnes en insertion par l’activité. Cette année, l’association va proposer son propre jus de pomme pour financer une partie de ses actions. Vergers Vivants accompagne également les communes qui souhaitent créer des vergers pédagogiques.
Le CPIE de la Vallée de l’Ognon, en Haute-Saône, développe des activités liées aux jardins et aux vergers depuis une vingtaine d’années. Il a réalisé dans ce domaine de très nombreuses actions telles que la mise en place d’un verger pédagogique à la maison de la nature de Brussey utilisé pour des séances de sensibilisation à la greffe, à la taille et aux soins des arbres fruitiers. Il coordonne un programme régional « à l’école du verger » en direction des classes primaires sur l’ensemble de la Franche-Comté. Ce programme, mené par l’ensemble des 4 CPIE, permet d’aborder le thème du verger dans sa globalité : l’arbre
fruitier dans le paysage, la plantation d’un verger, la taille et la greffe, la protection biologique du verger, l’utilisation des fruits, la biodiversité au verger...
EMPREINTES n°14 - Printemps 2009
COnTACTSLe livre Patrimoine fruitier de Franche-Comté peut s’acheter auprès des associations citées ci-dessous et être consulté à la maison de l’environnement de Franche-Comté. De nombreux événements sont organisés dans la région : expositions de fruits, bourses aux greffons, cours de taille, de greffe, de plantation.> Les Croqueurs de PommesAssociation nationale des Croqueurs de PommesMaison des Associations - B.P. 80043 90001 Belfort cedexLes Croqueurs de Pommes sont présents
à travers toute la France. Voici les sections locales en Franche-Comté : « Franche-Comté Nord » à Bourg-sous-Châtelet (90), « Val de Verboté » à Evette-Salbert (90), « Haute-Saône – la griotte » à Roye (70), « Pays graylois – Bas-Salon » à Champlitte (70), « Doubs » à Fesches-le-Châtel (25), « Association du verger conservatoire A. Chiarel » à Baume-les-Dames (25), « Jura - massif de la Serre » à Dole (39), « Jura - Petite montagne » à Arinthod (39), « Jura - Val d’or » à Andelot-en-Montagne (39). Toutes les coordonnées sur www.croqueurs-de-pommes.asso.fr> Vergers Vivants29 rue des Damas 25230 VandoncourtTel: 03 81 37 82 26 [email protected]> CPIE de la Vallée de l’Ognon70150 Brusseywww.cpie-brussey.com> Association Bisontine de PomologieMaison de quartier de Rosemont / Saint-FerjeuxPlace de la Commune libre25000 Besançonhttp://abpomologie.free.fr/
1 Belle-Fille de SalinsViolette de MontbéliardBigarreau MoreauDamassineFauvanelle
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EMPREINTES n°14 - Printemps 2009
hervé gentas est un électricien peu commun. Il installe de l’électricité biotique aussi appelée biocompatible. Petit tour d’horizon de cette activité innovante…
Quentin Le Tallec
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électricité biocompatible est applicable dans tous types de bâtiments (maisons, magasins, bâtiments agricoles ou industriels...). Il s’agit de concevoir les installations électriques en ayant le souci de préserver les occupants des champs électromagnétiques. « En réfléchissant à la rénovation de ma propre maison, je me suis documenté sur les matériaux écologiques et, électricien de formation, j’ai été sensible aux problèmes engendrés par les champs électromagnétiques. » raconte Hervé Gentas. Cet électricien propose ce type d’installation depuis la création de son entreprise Electrovac, basée à Cesancey dans le Jura, cette approche correspondant à une demande de plus en plus forte dans le milieu « écolo ».
Quelques notions de physique…Lorsqu’un appareil est branché et éteint, un champ électrique est présent. Il est généré par la présence de charges électriques et se mesure en volts par mètre (V/m). Plus la tension d’alimentation d’un appareil est grande, plus le champ électrique qui en résulte est intense.Lorsque un appareil est allumé, c’est-à-dire lorsque le courant passe dans le câble d’alimentation, il existe à la fois un champ électrique et un champ magnétique. Le champ magnétique est lié au passage du courant (c’est-à-dire le mouvement des électrons) à travers le fil électrique.
Mode d’emploiMieux vaut contacter un électricien spécialiste de la biocompatibilité qui dispose d’appareils de contrôle des champs électromagnétiques. L’installation peut se faire seul si on possède les connaissances de base en électricité. Pour se protéger des champs électriques, les fils de phase ou les
câbles sont blindés, le blindage étant relié à la terre. « L’installation d’interrupteurs automatiques de champs (IAC) sert à déconnecter l’ensemble d’un circuit en 220 V à partir du moment où aucun appareil n’est en fonction dans une pièce déterminée » explique Hervé Gentas. Seul l’éloignement permet de se préserver des champs électromagnétiques sur lesquels le particulier n’a pas de moyen d’agir, comme les antennes relais ou les lignes à haute tension par exemple.Les fils et câbles blindés sont globalement de 25 à 30 % plus chers. Sur n’importe quelle installation électrique, la plus grosse part du coût est représentée par la main d’œuvre, un peu plus importante lors d’une approche biocompatible. Le matériel se trouve essentiellement dans des magasins de matériaux écologiques ou chez les électriciens biocompatibles.
PréventionIl existe des gestes simples à appliquer chez soi pour se préserver des champs électromagnétiques. « Il faut vérifier que les interrupteurs de vos appareils coupent bien le fil de phase, non le neutre. Dans les lieux de repos, évitez d’être à moins d’un mètre d’une source électromagnétique. Eloignez également le radio réveil de votre lit » conseille Hervé Gentas. Attention, le bois est un conducteur des champs électriques. Une installation électrique mal adaptée génèrera des champs plus importants dans un chalet que dans une maison traditionnelle en béton. Pour se protéger des champs électro-magnétiques extérieurs, il existe des rideaux métalliques et des peintures au graphite.
SantéJusqu’à présent, les résultats des études sur les risques sanitaires sont contradictoires même si elles sont nombreuses. Le rapport Bioinitiative, publié en août 2007, fait la synthèse des différentes études menées sur la question. Il montre qu’une exposition à long terme aux ondes électromagnétiques, à des niveaux de puissance inférieurs aux limites en vigueur, entraîne une augmentation des risques de tumeurs cérébrales. Diverses gènes peuvent apparaître : maux de tête, troubles de sommeil, concentration perturbée, pertes de mémoire…Si ces études concernent essentiellement les hautes fréquences (stations de radio, TV, téléphone, téléphones mobiles), les fréquences extrêmement basses (courant électrique fourni par le secteur, appareils électriques) ont été classées par le CIRC (Centre International de Recherche sur le Cancer) en 2001 comme cancérogène possible pour leur potentielle implication dans les leucémies de l’enfant. L’association de la recherche thérapeutique anti-cancéreuse travaille actuellement sur la description du syndrome d’intolérance aux champs électromagnétiques. L’électrosensibilité est reconnue en Suède et considérée comme un «handicap».
Pour en savoir plus : Guide de l’électricité biocompatible : pollutions électromagnétiques de Claude Bossard aux éditions Des dessins et des Mots, consultable et empruntable au centre de documentation de la maison de l’environnement de Franche-Comté, à Besançon.
Un éLECTrICIEn jurassien et BIOTIQUE !
LES écogESTES AU qUoTIdIENLES écogESTES AU qUoTIdIEN
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Contact :Hervé Gentas Electrovac78 rue Cour du loup 39570 Cesancey 06 11 36 32 63
câbles blindés
illes Moyne, directeur du centre Athenas, bénévole puis salarié de l’association, recueille, soigne, rééduque depuis plus de vingt ans les animaux qui arrivent au centre. « Les missions d’Athenas se déclinent en trois points essentiels : soigner et relâcher, dans un but de sauvegarde des espèces, identifier les causes de blessures, pour pouvoir agir sur ces causes en intervenant auprès des décideurs et sensibiliser le grand public ». L’aire d’intervention est large : Franche-Comté et Bourgogne Est pour les oiseaux et petits mammifères, du Nord de l’Alsace aux Hautes Alpes lorsqu’il s’agit de lynx ou de chats forestiers, la spécia-lité de l’association car c’est le seul centre en France habilité à les recevoir.
Des animaux blessés recueillis« D’une centaine d’accueils annuels, nous sommes passés aujourd’hui à 1 200 environ. Les animaux sont recueillis et acheminés par des bénévoles que nous avons formés. Ils identifient l’espèce, le type de blessure et sa gravité, donnent les premiers soins et nous font parvenir l’animal. » Le diagnostic final est réalisé au centre, où un vétérinaire est appelé si une chirurgie est nécessaire. Après les soins, débute la convalescence, en espace confiné pour réduire le stress qui est cause d’aggravation des blessures, puis la rééducation et la reprise de distance vis-à-vis des soigneurs, nécessaire pour un
retour réussi en milieu naturel. 55% des blessures des pensionnaires d’Athenas sont dues aux activités humaines : électrocutions, collisions, tirs… « On constate aussi une recrudescence de l’appropriation illégale d’espèces, due à la mode des NAC (nouveaux animaux de compagnie). Les gens n’arrivant pas à s’en occuper, ces espèces, buses féroces, tortues d’Hermann, etc., finissent chez nous. » confie Gilles Moyne.
Quelques conseils« Les conseils que l’on peut donner aux gens qui trouvent des animaux sont de deux ordres. Tout d’abord, pour les jeunes qui semblent abandonnés : ne pas se précipiter, ils sont très souvent récupérés ou nourris par leur famille, il suffit généralement de les mettre à l’abri des prédateurs. Pour les blessés : ne pas trop en faire, ne pas les nourrir ni les abreuver, juste les mettre à l’abri du stress dans un carton puis appeler le centre qui trouvera le correspondant le plus proche, celui-ci viendra rapidement récupérer l’animal. » explique le directeur d’Athenas.
Public sensibiliséUne autre vocation du centre est la sensibilisation du public : des animations, des campagnes et des journées portes ouvertes sont maintenant organisées lors desquelles les visiteurs découvrent le centre par petits groupes. Il propose aussi une journée de formation pour devenir correspondant où on peut apprendre les rudiments des premiers soins animaliers, en théorie et en pratique.La campagne « busard cendré 2009 » permet à toute personne intéressée par la protection des rapaces de participer à des opérations de surveillance et de protection : observation des parades nuptiales, des passages de proies, localisation des nids, surveillance de l’envol des jeunes, participation aux sauvetages des nids, durant les mois de mai, juin, juillet…Outre le soutien de plusieurs collectivités, le centre vit de la générosité
de ses 500 adhérents, qui représente 20 % de son budget. Or en 2008, « la crise » a touché également Athenas : « ce qui veut dire moins de médicaments, moins de nourriture… Nous lançons donc un appel à la générosité du public ! »
SOS AThEnAS !Centre de soins pour la faune sauvage créé en 1987, Athenas est situé à l’Etoile, près de Lons-le-Saunier. Il accueille les éclopés en tout genre, oiseaux ou mammifères, souvent victimes des activités humaines, ou jeunes orphelins qu’il faudra nourrir et soigner avant de les remettre dans leur milieu naturel.Martine Landry
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Contact :Le centre Athenas est ouvert de 8h30 à 12h et de 14h à 18h. 366 chemin de Montceau - 39 570 l’Etoile. Tél. : 03 84 24 66 05 > www.athenas.fr
NATURE EN FRANchE-coMTéNATURE EN FRANchE-coMTé
Alimentation d’une hirondelle
Crécerelle relâchée après avoir été soignée.
Capture d’un lynx blessé
Qu’est-ce qu’un jardin de Cocagne type ?Le jardin type est une exploitation maraîchère d’environ 4 hectares qui fonctionne en agriculture biologique et qui fait travailler environ 25 personnes en insertion, que nous préférons appeler « jardiniers », présentes en moyenne durant un an. S’y ajoutent un dirigeant, un ou deux encadrants techniques professionnels du maraîchage, un travailleur social et une petite équipe administrative. Environ 200 familles d’adhérents consommateurs prennent l’engagement à l’année de payer pour un panier de légumes qui leur sera livré une fois par semaine.
Quelle a été la genèse du premier jardin de Cocagne qui fut créé à Chalezeule près de Besançon ?Au début des années 1990, l’association Julienne Javel de Chalezeule a décidé de créer une activité d’insertion associée au métier de l’agriculture car on avait constaté que de plus en plus d’agriculteurs se trouvaient en difficultés. Quand le jardin a démarré, nous nous sommes aperçus qu’il y avait autant de personnes urbaines en difficulté intéressées. Le travail de la terre est un magnifique reconstituant physique et psychologique. Pour des gens déracinés, reprendre quelques racines et quelques forces dans un jardin procure beaucoup de bien.
Cette initiative a été très médiatisée…Je pense qu’elle touchait au cœur du développement durable. Elle avait
de manière conjointe une démarche économique, sociale et environnementale. Il existe une sorte de convergence d’intérêts dans les jardins. Les gens en difficulté retrouvent pied pour essayer de reconstruire un projet d’avenir. L’adhérent consommateur est très content car sa famille peut consommer des légumes biologiques. Le maire du village de Chalezeule était satisfait que sa commune retrouve une activité agricole. Le jardin opère une sorte
de réconciliation entre des personnes qui généralement se fréquentent peu ou ne trouvent pas grand-chose à se dire. Il y a en réalité beaucoup plus que des légumes qui s’échangent.
Le contact avec des personnes en difficultés doit apporter son lot d’émotions.Il faut avoir le cœur bien accroché. Ces hommes et ces femmes rencontrent d’énormes
problèmes, pour l’illustrer dans le livre j’ai raconté quelques histoires. Quand on lit qu’une femme alcoolisée quasiment à la rue travaille au jardin et retrouve des forces, redevient pimpante, rigolote et reprend goût à se lever le matin, cela parle aux gens.
Qu’est-ce que le réseau des jardins de Cocagne en chiffres ?Au printemps ouvrira le centième jardin de Cocagne. Bientôt, il en existera au moins un par région. Nous ne décidons pas depuis Besançon l’installation de jardin à tel ou tel endroit. Nous nous mettons au service de porteurs de projet. En tout, 3 000 personnes retrouvent une activité et derrière les 16 000 adhérents consommateurs, 30 à 35 000 personnes consomment des légumes bio.
Quelle est la marge de liberté donnée à chaque jardin ?Nous avons fixé une charte qui oblige l’embauche et l’accompagnement de
Quentin a interviewé Jean-guy henckel, fondateur du réseau des jardins de Cocagne, à l’occasion de la sortie du livre Dans un pays de Cocagne, paru aux éditions rue de l’échiquier.
personnes en difficulté, la pratique de l’agriculture biologique et le système des adhérents consommateurs en tant que méthode commerciale principale. Nous attachons beaucoup d’importance à travailler avec le secteur agricole pour ne pas être en concurrence déloyale et participer activement au développement de l’agriculture biologique. Sur ces quatre principes, nous sommes intransigeants. Après, il y a une vraie liberté locale sur la taille du jardin, à faire du marché, à accueillir des enfants en jardin pédagogique…
L’objectif strict de placer un pourcentage déterminé de personnes sur le marché de l’emploi peut avoir l’effet pervers de les sélectionner en amont selon des critères d’efficacité.Un tiers des personnes retrouvera un emploi à la sortie et 20 % suivront des formations. Pour les autres, ce sont soit des femmes seules avec des enfants, soit des personnes trop âgées, soit des personnes devant régler des problèmes de santé, d’addiction, d’accès à des logements, de mobilité ou encore de surendettement. Cet échantillon montre toute l’importance du travail social. Les pouvoirs publics acceptent que les jardins de Cocagne s’implantent sur un territoire parce qu’ils ont compris que nous pouvions nous occuper des personnes les plus perturbées. Il y a très peu de sélection à l’entrée d’un jardin. Nous travaillons sur la constitution de groupes cohérents, nous essayons qu’ils ressemblent à la société. Il y a donc des hommes et des femmes, des jeunes et des moins jeunes et toutes sortes de problématiques. Quand nous mélangeons, le fonctionnement est correct.
Ecoutez l’interview dans son intégralité, réalisée par FCNE pour l’émission Eco-attitude sur Radio Bip (www.radiobip.fr), sur www.maison-environnement-franchecomte.fr
LA PARoLE AUX ASSocIATIoNSLA PARoLE AUX ASSocIATIoNS
« Il y a en réalité beaucoup plus que des légumes qui s’échangent », InTErVIEw de Jean-guy henckel
EMPREINTES n°14 - Printemps 200910
Jardin de Cocagne à Chalezeule
(25), premier jardin créé
en 1991. On en compte
aujourd’hui une centaine en
France.
EMPREINTES n°14 - Printemps 2009
cARTE BLANchE
rencontre avec... « l’homme au zéro déchet »
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cARTE BLANchE
La consommation croissante de papier génère de nombreuses pollutions depuis l’époque industrielle où la cellulose du bois a remplacé les fibres des vieux chiffons. Jusque-là, les techniques de production restaient artisanales et le recyclage d’usage : d’abord les parchemins en cuir au Moyen Age puis les feuilles de papier, résultat de plusieurs opérations menées à partir du vieux linge de corps usagés en lin et en chanvre. Le besoin de papier toujours croissant de l’administration laïque et ecclésiastique ainsi que l’invention de l’imprimerie vers 1440 ont permis un essor. Il se fait sentir en Franche-Comté dès le milieu du XVe siècle notamment dans la vallée du Cusancin. La première papeterie de Franche-Comté a été fondée en 1390, à Besançon, dans le quartier de Tarragnoz, à l’initiative des chanoines du Chapitre. A la Révolution Française on en comptait 32. Des marchands spécialisés, les pattiers ou chiffonniers, ramassaient et débarrassaient les maisons de leurs vieilles guenilles et vendaient le tout aux papetiers, installés au bord des rivières, dans des moulins. L’eau, en tant qu’élément de fabrication, devait être pure ; elle apportait aussi la force hydraulique
permettant à la roue et aux pilons de brasser, laver et broyer. Au préalable, des femmes faisaient le tri puis lacéraient les chiffons en petits morceaux : la papeterie construite aux Graviers à Montbéliard exigeait, en 1588, 18 kilos de chiffons par semaine. Au final, après avoir été transformées en bouillie dans l’eau, les fibres libérées étaient levées dans un tamis, séchées, placées dans un bain de colle puis polies. Pendant la Révolution, la pénurie de papier-chiffon
obligea les pouvoirs publics à recycler le papier écrit. Cette tentative de recyclage du papier-chiffon fut prise de court par la nouvelle technologie du papier-bois, qui sera lui aussi recyclé suite à un accord en 1983. Lucie GrandemangeSource : Bibliothèque d’Etude et de Conservation de Besançon.
La chronique historique de Lucie : Parlons chiffon !
« Il y a en réalité beaucoup plus que des légumes qui s’échangent », InTErVIEw de Jean-guy henckel
Marc Vincent est un objecteur de croissance, un vrai. Vivant sobrement depuis toujours, à Liesle en vallée de la Loue dans le Doubs, il se déplace à vélo ou en transports en commun, ne possède ni télévision ni ordinateur ni réfrigérateur. Il consomme annuellement 100 Kw d’électricité, 10 m3 d’eau, 3 stères de bois et met un point d’honneur, par conviction, à produire le moins possible de déchets. « Je ne veux pas participer à l’incurie générale, dit-il, je considère que c’est un devoir de ne pas polluer ni gaspiller quoi que ce soit ». Les déchets d’origine végétale sont compostés, le carton et le papier brûlés dans le fourneau, « mais uniquement pour l’allumage du poêle », les métaux donnés aux récupérateurs professionnels et « les emballages et plastiques laissés ou redonnés aux magasins où je m’approvisionne ». N’utilisant donc pas les services de collecte des ordures ménagères, Marc Vincent demande à la mairie de Liesle d’être exonéré de la redevance, ce qu’elle lui accorde au vu de ses arguments par délibération du conseil municipal le 15 décembre 2000. Mais, transfert de compétences oblige, c’est la communauté de communes du pays de Quingey à qui revient la charge de la collecte des déchets et là, un long combat commence. Elle refuse en effet sa demande d’exonération en écrivant « encore faudrait-il que vous apportiez la preuve du non recours au service public des déchets. » Ce qu’il tente de faire, en produisant diverses attestations, des textes de loi et jurisprudences estimant que la redevance ne peut être exigée que des usagers effectifs du service. Mais la communauté de communes reste inflexible, même après l’intervention du médiateur de la république et l’avis du préfet, et indique même : « tous les
citoyens paient l’impôt pour entretenir les prisons, même s’ils n’y vont pas » ! C’est finalement le tribunal de grande instance de Besançon qui devra trancher, les autres juridictions s’étant déclarées incompétentes.Malgré l’intervention d’un huissier, compte bancaire bloqué, Marc Vincent n’abandonne pas sa lutte, qui est philosophique et non pas dictée par une logique financière : « contrôler ma production de déchets est une préoccupation permanente et je renierais mes principes en acceptant de payer avec, à la longue, le risque de se laisser aller à remplir des poubelles qui seront toujours trop petites. C’est une affaire d’éthique ». Martine Landry
Le saviez-vous ? Le savant Réaumur est l’inventeur de notre papier-bois, le quatrième support de l’écriture. Il en aurait eut l’idée en observant des frelons triturant le bois de sa fenêtre pour fabriquer le papier de leur nid. L’idée était née : faire du papier avec du bois broyé comme font les frelons. C’était vers 1720. Il fallut attendre plus d’un siècle pour voir se développer la production industrielle du papier-bois.
Marc Vincent, dans sa maison, en agréable compagnie avec ses amies les
hirondelles...
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