Journée d’études du LCPI (axe 2. ERC)

Vendredi 29 novembre 2013Salle OBM1 (derrière la maison de la recherche)

Entrée libre

Comment les savoirs d'une époque affectent-ils les subjectivités ? (psychanalyse, psychologie, philosophie, économie, anthropologie)

Matin 

9h : Ouverture du colloque : Marie-Jean SAURET (Pr Psychologie Clinique et Psychopathologie. Co-directeur LCPI) Sujet/Subjectivité/discours. Position du problème.

9.20 : Ania Beaumatin (Pr Psychologie du développement. PCPS)La fabrication de l'enfant par les experts : quelle place pour le travail de subjectivation?Les conceptions actuelles de l'enfant, de ses besoins et de son développement, traversées par les idéologies dominantes, sont marquées par l'individualisation, l'injonction à l'autonomie et au contrôle. Ces conceptions, portées par les discours scientifiques dominants (notamment les théories cognitives), irriguent très largement le champ social jusqu'à générer un phénomène de normalisation de la pensée et des pratiques en direction des enfants. Les parents et, dans une certaine mesure, les professionnels de l'enfance se trouvent dépossédés de leurs savoirs et de leurs expériences au profit de discours experts peu contestés. Dans ce contexte de totalisation, en l'absence de la confrontation des savoirs, quelles peuvent être les marges de manoeuvre, les conflits, les manques à partir desquels s'opère le processus de subjectivation chez l'enfant ?

9.40 : Laurent Combres (Docteur en psychologie. LCPI). Déréliction, réification et maladie d’AlzheimerSi la référence aux quelques remarques que Freud put faire à propos de l’impossibilité d’une cure chez les personnes trop avancées en âge est toujours amplement citée lorsqu’il s’agit d’aborder le problème de la clinique chez des personnes âgées, peu de travaux questionnent de façon rigoureuse l’observation de Freud qui centrait le problème sur le retrait de toute valeur accordée à la santé nerveuse. Depuis Freud, puis Karl Abraham, Sandor Ferenczi et Anna Segal qui ont ouvert la voie d’une clinique chez l’âgé, et jusqu’à Lacan qui soulevait le problème du devenir de la vieillesse dans notre civilisation, nous nous intéresserons à ce que la psychanalyse peut nous permettre de dire à propos de la maladie d’Alzheimer et des élaborations de sa clinique dans un contexte où déréliction et réification  dominent la subjectivité qui y est en jeu.

10h : Discussion

10.20 pause

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10.40 : Mireille Bruyère (MCF Economie, CERTOP)Le travail du sujet en régime néolibéral Le projet anthropologique néolibéral cherche à transformer les sujets en individus agissant seulement en fonction de leur propre intérêt économique, l'intérêt étant ici synonyme de satisfaction de "besoins" que l'on suppose illimités. C'est la méthode pour y parvenir, celle de la concurrence, qui fait la caractéristique du néolibéralisme. Il s’agira d’éclairer les effets de cette généralisation de la concurrence dans le champ du travail et de son organisation. D'une confrontation collective à la nature et à ses contraintes dans le capitalisme industriel, il semble que nous sommes maintenant passés à une confrontation solitaire aux autres, appréhendés comme menace, pendant que notre rapport à la nature se dématérialise.

11.00 : Patricia ROSSI-NEVES (MCF Psychologie sociale)Subjectivité et rapport au savoir Le syntagme « rapport au savoir » est utilisé par Lacan en 1960 et il le présente comme « une médiation aisée pour situer le sujet ». La position de sujet le rapporte au savoir. Une distance se marque alors entre le sujet et le savoir qui lui est extérieur. Le rapport au savoir inscrit le sujet dans la dimension du symbolique comme sujet du signifiant, c’est-à-dire divisé par le signifiant, et donc entraine la question du désir. Nous tenterons dans notre intervention de discuter de cette question en prenant en considération les effets du savoir scientifique contemporain.

11.20 : Discussion sur les deux exposés et discussion sur la matinée

12.00 : Pause

Après-midi

14.00 : Guillaume SIBERTIN-BLANC (MCF-HDR- Philosophie)Sujet archivé, sujet encrypté, sujet fuyant : figures des savoirs mineursSeront interrogés des figures de la subjectivité, ou des "effets-sujet", hétérogènes dans les "savoirs mineurs", ou "contre-savoirs", qui traversent aussi bien l'historiographie critique, qu'une certaine anthropologie post-structuraliste, ou encore la philosophie "française" (Foucault, Derrida, Deleuze, puis Rancière).

14.20 : Bernard VICTORIA (doctorant LCPI). Sujet et subjectivité : au croisement de la structure et de l’histoire.Lorsque l’on s’intéresse à la question du sujet dans son articulation à l’époque ou à la culture dans laquelle il s’inscrit, tout un travail peut être fait à partir de la forme du gouvernement. Forme du gouvernement qui renvoie à la question des discours. Mais cette approche comporte une limite qui est celle de toute approche structurale, cette limite c'est celle de l'histoire. Comment articuler la structure et l'histoire. C'est une vieille question... Car on a du mal à imaginer que quatre ou cinq formes de pouvoir suffiraient à définir la diversité des époques que l'humanité a traversées. Car comme le dit Foucault pour autre chose : “L'exercice du pouvoir n'est pas un fait brut, ni une structure qui se maintient ou se brise : il s'élabore.” Et Lacan de rajouter “il n'y a pas de structure sans référence à l'histoire.”Autrement dit, il y a d'un côté la forme du gouvernement du sujet, le discours, la structure qui domine une époque, et il y a d'un autre côté le savoir qui s'y articule. Car le propre des discours que Lacan établit pour rendre compte de la structure du lien social, c'est que les éléments qui fondent le rapport de l'humain au langage vont s'y articuler, et notamment, bien sûr, ce que l'on peut appeler, le savoir. C'est donc à travers la structure du lien social que le sujet sera en rapport au savoir. Oui mais quel

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savoir ? C'est sur ce versant du savoir que je vais insister aujourd'hui en essayant de dégager par là une articulation entre la structure et l’histoire permettant de penser le sujet dans son époque. Pour ce faire, nous esquisserons une lecture lacanienne de Cornélius Castoriadis et de Jean-Pierre Vernant. Ceci nous mènera à conclure sur le statut particulier du savoir dans le discours analytique (savoir inconscient en position de vérité) ainsi qu’au rapport de la cure analytique à la structure du lien social et aux énoncés culturels de son époque.

14.40 : Discussion et pause

15.00 : Marine CARRIN (Directrice de recherche émérite au CNRS. LISST Centre d'Anthropologie). Décoloniser les esprits pour redécouvrir  le savoir des ancêtres, un exemple indien.En Inde , à l'époque coloniale, la découverte de la science occidentale  suscita des passions: les adeptes de cette nouvelle science défendirent ardemment cette " raison" qui venait d'ailleurs tandis que d'autres, inspirés par le nationalisme et la pensée de Gandhi, voulurent continuer à penser selon la tradition indienne. Aujourd'hui, on assiste en Inde à la globalisation des savoirs et l'Inde multiplie la création d'universités et d'instituts de recherche, tout en assurant la promotion de ses anciennes sciences l'astrologie et la médecine ayurvédique. Si tel est le schéma au niveau national, nous verrons que parmi les populations subalternes de l'Inde, et notamment chez les "tribus" les nouveaux savoirs ont parfois été perçus comme oppressifs. Je prendrai, à titre d'exemple, des entretiens faits avec des enfants et des jeunes en Inde centrale, pour montrer comment ces derniers opposent le savoir des ancêtres "qui vous rejoint après la mort" au savoir du gouvernement qui est un savoir qu'on ne peut partager puisqu'il est imposé. Ce refus a conduit ces populations à promouvoir un savoir et une sensibilité  inspirés par les luttes sociales et une conscience des enjeux liés à l'environnement.

15.20 : Pascale Macary-Garipuy (Pr. Psychologie Clinique. LCPI). Le sujet divisé par les discours : René Descartes.Dans la biographie de Descartes faite par A. Baillet en 1691, sont consignés trois rêves que le philosophe fit en 1619, alors qu’il avait 23 ans. Ces rêves surviennent lors du parcours que fit Descartes en Europe afin d’éprouver le savoir reçu de ses maîtres à l’Université, voyage qui aboutit à une remise en question de tout le savoir scolastique dont cette nuit marque l’acmé. Nous sommes là au début de ce défilage du savoir qui aboutira en 1637 au fameux Discours de la méthode  d’où Lacan extraira que Descartes est le premier à avoir donné ses coordonnées au sujet de la science. C’est cette crise subjective de 1619 que nous examinerons, trouvant là matière à avancer que l’inconscient – qui se manifeste de façon patente en ces trois rêves – est lui-même affecté par le rapport du sujet au savoir et par là-même aux discours de son temps.

15.40 : Discussion sur les deux exposés et sur l’après-midi

16.00 Pause

16.20 : Conclusion.

Renseignements auprès des organisateurs :

Pascale Macary-Garipuy : pascale.macary-garipuy@univ-tlse2.fr

Laurent Combres : lcombres@gmail.com

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Patricia Rossi-Neves : rossi@univ-tlse2.fr

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