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Document proposé par Mme Delphine DONSON, professeure certifiée de Lettres Classiques, enseignant au collège Mignet à Aix-en-Provence. Parcours 2 : « La chute de Troie : récits de vaincus, récits de vainqueurs » Ouverture : Le groupe du Laocoon, et le texte de traduit de Virgile Textes supports : VIRGILE, Enéide, chant II v.234 à 249 : le cheval entre dans la ville v. 270- 279 : apparition d’Hector à Enée v. 289 à 297 : Hector confie une mission à Enée v. 604 à 623 : Vénus dévoile à Enée les dieux détruisant Troie Source des textes : http://www.thelatinlibrary.com/ http://www.thelatinlibrary.com/vergil/aen2.shtml Les traductions proposées ici sont de Danielle Carlès http://fonsbandusiae.fr/spip.php?rubrique3 HOMERE, L’Odyssée, chant VIII, v. 487 à 520 Source des textes http://remacle.org/bloodwolf/poetes/homere/odyssee/livre8gr.htm traduction de Philippe Jacottet, éditions La Découverte, 1982 A partir de ce corpus, mise en place de trois objets d’études : Le cheval de Troie Pour les vaincus : une machine de mort « fatalis machina » Pour les vainqueurs : un piège digne d’être célébré « kosmos » Une défaite inéluctable L’apparition d’Hector en vaincu pitoyable « maestissimus Hector » Les dieux eux-mêmes se mêlent de la bataille « nubem eripiam »

Transcript of Web viewLe groupe du Laocoon, ... des soldats grecs sortent du cheval et incendient Troie. ......

Parcours 2: La chute de Troie: rcits de vaincus, rcits de vainqueurs

Ouverture: Le groupe du Laocoon, et le texte de traduit de Virgile

Textes supports:

VIRGILE, Enide, chant II

v.234 249: le cheval entre dans la ville

v. 270- 279: apparition dHector Ene

v. 289 297: Hector confie une mission Ene

v. 604 623: Vnus dvoile Ene les dieux dtruisant Troie

Source des textes:

http://www.thelatinlibrary.com/

http://www.thelatinlibrary.com/vergil/aen2.shtml

Les traductions proposes ici sont de Danielle Carls

http://fonsbandusiae.fr/spip.php?rubrique3

HOMERE, LOdysse, chant VIII, v. 487 520

Source des textes

http://remacle.org/bloodwolf/poetes/homere/odyssee/livre8gr.htm

traduction de Philippe Jacottet, ditions La Dcouverte, 1982

A partir de ce corpus, mise en place de trois objets dtudes:

Le cheval de Troie

Pour les vaincus: une machine de mort fatalis machina

Pour les vainqueurs: un pige digne dtre clbr kosmos

Une dfaite inluctable

Lapparition dHector en vaincu pitoyable maestissimus Hector

Les dieux eux-mmes se mlent de la bataille nubem eripiam

La fuite ncessaire la survie troyenne

Conseille par la vision dHector Fuge nate dea

Conseille par Vnus eripe, nate, fugam

OUVERTURE:

(Le groupe de Laocoon: 1er sicle avant J.CH : 2,42m l : 1,60mMuse du Vatican, Rome)

LE GROUPE DE LAOCOON

1- La dcouverte et lidentification de la statue

Cette sculpture antique est dcouverte Rome en 1506, en prsence de Michel-Ange, un clbre artiste de cette priode. Elle a t identifie grce aux crits de Pline lAncien, un auteur de lAntiquit romaine : le groupe de Laocoon serait luvre de trois sculpteurs de la cit de Rhodes, au Ier sicle avant J.-C.

2- Des origines mythologiques

Cette statue reprsente une scne dcrite dans lEnide, pope latine. Aprs dix ans de sige, Ulysse imagine une ruse pour que les Grecs puissent entrer dans Troie : faire semblant dabandonner la guerre et laisser derrire eux un gigantesque cheval de bois. Les Troyens hsitent ramener ce cheval dans leur ville pour loffrir aux dieux. Laocoon, prtre de Troie, suspecte un pige et veut le brler. Soudain, deux serpents se jettent sur le prtre et ses fils pour les touffer. Les Troyens y voient un signe des dieux et font entrer la statue dans la ville. La nuit venue, des soldats grecs sortent du cheval et incendient Troie.

3- Analyse

Le groupe de Laocoon et ses fils est une sculpture en ronde-bosse, cest--dire une uvre sculpte en trois dimensions et dont on peut faire le tour. Sculpte dans le marbre, luvre tmoigne de la grande matrise technique des artistes. Les sculpteurs reprsentent linstant ultime de la lutte des personnages avec les serpents ; conscients quils vont mourir, ils se dbattent dans un dernier sursaut.

Lintensit dramatique est accentue par lanimation des attitudes et lexpressivit des regards : le pre et ses fils ont conscience quils vont mourir et que rien ne pourra lempcher. Les regards de Laocoon et de ses fils sont dsesprs et horrifis, les corps tendus dans un dernier effort. Leurs visages sont marqus par la douleur et la souffrance.

EXTRAIT du texte de lEnide, de Virgile

Lors, en tte d'une importante troupe qui l'escorte,

Laocoon dvale, tout excit, du sommet de la citadelle, et de loin s'crie :

Malheureux, quelle est cette immense folie, mes amis ?

Croyez-vous les ennemis partis ? Pensez-vous que des Danaens

un seul prsent soit exempt de piges ? Ne connaissez-vous pas Ulysse ?

Ou bien des Achens sont enferms et cachs dans ce cheval de bois,

ou bien cette machine a t fabrique pour franchir nos murs,

observer nos maisons, et s'abattre de toute sa hauteur sur la ville,

ou bien elle recle un autre pige : Troyens, ne vous fiez pas au cheval.

De toute faon, je crains les Danaens, mme porteurs de prsents.

Et cela dit, de toutes ses forces il fait tournoyer une longue pique

vers le flanc du monstre

[]

Laocoon, que le sort avait dsign comme prtre de Neptune,

immolait solennellement un norme taureau sur les autels.

Or voici que de Tndos, sur des flots paisibles, deux serpents

aux orbes immenses, (je frmis en faisant ce rcit),

glissent sur la mer, et cte cte gagnent le rivage.

Poitrines dresses sur les flots, avec leurs crtes rouge sang,

ils dominent les ondes; leur partie postrieure pouse les vagues,

et fait onduler en spirales leurs chines dmesures.

L'tendue sale cume et rsonne ; dj ils touchaient la terre ferme,

leurs yeux brillants taient teints de sang et de feu,

et, d'une langue tremblante, ils lchaient leurs gueules qui sifflaient.

cette vue, nous fuyons, livides. Eux, d'une allure assure,

foncent sur Laocoon. D'abord, ce sont les deux corps

de ses jeunes fils qu'treignent les deux serpents, les enlaant,

les mordant et se repaissant de leurs pauvres membres.

Laocoon alors, arme en main, se porte leur secours. Les serpents dj

le saisissent et le serrent de leurs normes anneaux. Deux fois,

ils lui ont entour la taille, deux fois autour du cou, ils ont enroul

leurs chines cailleuses, le dominant de la tte, la nuque dresse.

Aussitt de ses mains, le prtre tente de dfaire leurs noeuds,

ses bandelettes souilles de bave et de noir venin.

En mme temps il fait monter vers le ciel des cris horrifis :

on dirait le mugissement d'un taureau bless fuyant l'autel,

et secouant la hache mal enfonce dans sa nuque.

Mais les deux dragons en un glissement fuient vers les temples,

sur la hauteur, gagnant la citadelle de la cruelle Tritonienne,

o ils s'abritent aux pieds de la desse, sous l'orbe de son bouclier.

Alors en nos curs s'insinue une terreur inconnue,

qui nous fait tous trembler; Laocoon a mrit, dit-on,

d'expier son crime : son arme a outrag le chne sacr,

il a lanc sur l'chine du cheval son pe criminelle.

On crie en chur qu'il faut transporter la statue sa place,

et implorer la toute puissance de la desse !

Virgile, chant II, 40-51, 200-234

Vocabulaire

Timeo Danaos et dona ferentes avec analyse de la phrase

Timeo [Danaos et dona ferentes]=

Je me mfie [des Danaens, mme porteurs de cadeaux]

Danaens = les Grecs

Dona: pluriel > les dons

Angues: les serpents

Document propos par Mme Delphine DONSON, professeure certifie de Lettres Classiques,

enseignant au collge Mignet Aix-en-Provence.

Objet dtude n1: Le cheval de Troie, machine de mort ou ruse glorifier?

VIRGILE, Enide, chant II, v.234 249

HOMERE, LOdysse, chant VIII, v. 487 510

Virgile, un pote latin du Ier sicle avant J.C., a crit une pope dans laquelle il met en scne un prince troyen, Ene, fils de la desse Vnus. Ce hros, aprs avoir survcu aux combats de la guerre de Troie, a quitt les rivages de lAsie Mineure et cherche une terre pour fonder une ville.

Dans lextrait qui suit, il fait le rcit des dernires heures de la cit troyenne et dcrit lentre du cheval dans la ville

Texte latin intgral

Traduction

dividimus muros et moenia pandimus urbis.

accingunt omnes operi pedibusque rotarum 235

subiciunt lapsus, et stuppea vincula collo

intendunt; scandit fatalis machina muros

feta armis. pueri circum innuptaeque puellae

sacra canunt funemque manu contingere gaudent;

illa subit mediaeque minans inlabitur urbi. 240

o patria, o divum domus Ilium et incluta bello

moenia Dardanidum ! quater ipso in limine portae

substitit atque utero sonitum quater arma dedere;

instamus tamen immemores caecique furore

et monstrum infelix sacrata sistimus arce. 245

tunc etiam fatis aperit Cassandra futuris

ora dei iussu non umquam credita Teucris.

nos delubra deum miseri, quibus ultimus esset

ille dies, festa velamus fronde per urbem.

Nous dmolissons les murs, nous ouvrons une brche dans les remparts de la ville.

Tout le monde se met luvre, sous les pieds, on dispose

des roues pour la faire glisser, on tend une corde de chanvre

attache au cou. La machine de mort monte vers les murs,

avec sa porte darmes. Tout autour, jeunes garons et jeunes filles non maries

entonnent des chants sacrs et posent en riant leurs mains sur le cble.

Elle avance et elle senfonce, menaante, au centre de la ville.

patrie, Ilion, rsidence des dieux et remparts illustres

par les guerres des Dardanides, quatre fois sur le seuil mme de la porte

elle buta et quatre fois le ventre rsonna du bruit des armes !

Pourtant nous insistons, oublieux et aveugls par notre folie,

et nous installons ce monstre de malheur dans la citadelle consacre.

L, il y a encore Cassandre pour prter au destin qui sannonce

une voix que jamais, par sentence du dieu, les Troyens nont crue.

Ctait notre dernier jour, et nous, malheureux, aux sanctuaires des dieux

nous mettons, pour le fter, des voiles de feuillages dans toute la ville.

, .487 , , , , 490 . , , . 495 , , .

, , , 500 , ,, . , 505 , , , , 510

Dmodocos, entre tous les mortels je te salue!

La Muse, enfant de Zeus, a d tinstruire, ou Apollon: