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Centre Régional pour la Promotion Agricole Atacora Donga (CeRPA/ AD) PLAN DE DEVELOPPEMENT DE LA FILIERE RIZ DE LA REGION ATACORA-DONGA Juillet 2012

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Centre Régional pour la Promotion Agricole Atacora Donga

(CeRPA/ AD)

PLAN DE DEVELOPPEMENT DE LA FILIERE RIZ DE LA REGION ATACORA-DONGA

Juillet 2012

PADER

INRAB

REMERCIEMENTS

Sous la supervision du Centre Régional pour la Promotion Agricole dans l’Atacora-Donga (CeRPA-AD) appuyé par le MAEP (SGM, DPP), l’accompagnement technique et financier de la Facilité d’Appui aux Filières Agricoles dans l’Atacora-Donga (FAFA-AD), et des autres partenaires technique et financier ProAgri/GIZ, AIMAEP, FAIA, PADER/PACER, ProCAD/PADA, Iles de Paix, Protos, Louvain Développement, la participation de l’ERD-AD (INRAB), et des acteurs au niveau régional des filières concernées, la présente mission d’élaboration des plans régionaux de développement des filières riz, anacarde et maraîchage a été conduite par le bureau d’étude GAI à travers les Consultants suivants :

· Paul ONIBON : Ingénieur Agronome, Chef de mission, Expert en analyse économique des marchés internationaux et nationaux, l’élaboration et l’évaluation des politiques agricoles ;

· Alain C. OFIO : Ingénieur Agronome, Expert de la filière cultures maraîchères ;

· Patricia EGBOOU : Ingénieur Agroéconomiste, Expert en organisation et appui institutionnel ;

· Alain P. TROUKOU : Ingénieur des travaux, Expert de la filière anacarde ;

· Albert ETEKA : Ingénieur Agronome, Expert de la filière riz.

La Direction de GAI ainsi que cette équipe de Consultants remercient les uns et les autres pour leur franche et sincère collaboration.

La Direction GAI

TABLE DES MATIERES

Liste des sigles et abréviations71Introduction91.1Contexte et justification91.2Objectifs et résultats attendus101.2.1Objectif général101.2.2Objectifs spécifiques111.2.3Résultats attendus111.3Méthodologie suivie112Analyse de la filière riz au niveau national132.1Cadre institutionnel au niveau national132.1.1Cadre réglementaire132.1.2Stratégie de promotion des filières142.1.3Acteurs de promotion des filières et leurs rôles152.2Production rizicole au niveau national182.2.1Enjeux et opportunités de la filière riz au Bénin182.2.2Niveau de production nationale192.2.3Comparaison de la production nationale du riz paddy et celles des pays sous-régionaux202.2.4Contribution de l’agriculture et de la riziculture à l’économie nationale212.3Transformation du riz au niveau national212.4Commercialisation du riz au niveau national222.4.1Analyse quantitative de l’offre et de la demande du riz au Bénin222.4.2Import et export du riz au Bénin232.4.3Circuit de la commercialisation du riz au Bénin242.4.4Flux physique de commercialisation du riz au Bénin252.4.5Evolution du prix du riz au Bénin273Situation du riz au niveau régional283.1Analyse de la production283.1.1Potentiel rizicole de l’Atacora et de la Donga283.1.2Système de production303.1.3Variétés utilisées313.1.4Utilisation des intrants agricoles (engrais, pesticides, herbicides)313.1.5Mode de travail du sol, main d’œuvre313.1.6Conservation du paddy et destination de la récolte323.1.7Typologie et description des riziculteurs323.1.8Niveau de la production, superficies et rendements du riz paddy dans l’Atacora et la Donga333.1.9Production du riz dans les grandes zones et communes de l’Atacora-Donga353.1.10Les principales forces, faiblesses, obstacles et menaces de la production du riz403.2Analyse de la transformation403.2.1Techniques de transformation403.2.2Normes de qualité du riz local423.2.3Typologie des acteurs de la transformation433.2.4Les principales forces, faiblesses, obstacles et menaces des acteurs de la transformation du riz453.3Analyse de la commercialisation du riz463.3.1Typologie des acteurs de la commercialisation463.3.2Analyse quantitative de l’offre et de la demande du riz dans l’Atacora et Donga463.3.3Flux physique du riz dans l’Atacora et la Donga483.3.4Marchés et la vente du riz dans l’Atacora et la Donga493.3.5Analyse des prix du riz dans l’Atacora et la Donga513.4Analyse institutionnelle et organisationnelle de la filière riz dans l’Atacora et la Donga533.4.1Point des organisations des acteurs533.4.2Analyse des capacités institutionnelles et organisationnelles des organisations d’acteurs identifiées dans la filière573.5Choix des chaines de valeurs (CVA)623.5.1Notation et sélection des CVA623.5.2Description et cartographie de la chaine de valeur riz étuvé633.5.3Contraintes des structures d’appui à la promotion de la filière riz/CVA riz étuvé693.6Analyse économique703.6.1Compte d’exploitation des producteurs de riz paddy703.6.2Compte d’exploitation des transformatrices713.6.3Compte d’exploitation des commerçantes724Le plan d’action pour la filière riz754.1Principales contraintes et défis754.2Vision et axes stratégiques d’intervention764.2.1Vision764.2.2Axes stratégiques d’intervention774.3Cohérence des axes stratégiques avec les stratégies nationales774.4Planification des actions par axe d’intervention785BUDGET ET SUIVI DU PLAN875.1Budget875.2Mise en œuvre et suivi du Plan975.2.1Dispositif de mise en œuvre975.2.2Moyens de mise en œuvre975.3Suivi985.3.1Le Conseil Régional de Suivi (CRS)985.3.2Le Conseil Communal de Suivi995.4Nécessité de prise en compte de l’environnement et des changements climatiques995.5Prise en compte du genre1006. CONCLUSION101Annexe 1 : Références bibliographiques102Annexe 2 : Production de riz paddy et superficies emblavées au Bénin de la campagne au cours des dix dernières campagnes agricoles104Annexe 1 : Estimation des besoins de production en fonction de la consommation104Annexe 4 : Calendrier agricole pour la production du riz dans l'Atacora-Donga104Annexe 5 : Effectif des riziculteurs des départements de l’Atacora et de la Donga en 2009-2010105Annexe 6 : Production du riz paddy (tonnes) dans les départements de l'Atacora et la Donga au cours des 10 dernières années106Annexe 7: Superficies de riz (ha) emblavées dans les départements de l'Atacora et la Donga au cours des 10 dernières années107Annexe 8 : Rendements du riz dans les Communes de l’Atacora et de la Donga (2000-2010)108Annexe  9 : Principales caractéristiques des grandes zones de l’Atacora et la Donga109Annexe 10 : donnees detaillees du Compte d’exploitation d’un petit producteur de riz dans l’ad110Annexe 11 : donnees detaillees du Compte d’exploitation d’un grand producteur de riz DE l’ad114Annexe 12 : donnees detaillees du Compte d’exploitation d’unE petite transformatrice de riz dans l’ad118ANNEXE 13 : donnees detaillees du Compte d’exploitation d’unE grande transformatrice de riz DE l’ad122ANNEXE 14 : donnees detaillees du Compte d’exploitation d’unE collectrice/grossiste de riz DE l’ad126ANNEXE 15 : donnees detaillees du Compte d’exploitation d’unE Detaillante de riz DE l’ad129Annexe 16 : Projets et Programmes/PTF intervenant dans la filière riz et domaines d’intervention133Annexe 17 : Prévision des aménagements de bas-fonds dans l’Atacora-Donga par PRoCAD pendant la campagne rizicole 2012-2013138Annexe 18 : Prévision des aménagements de bas-fonds dans l’Atacora-Donga par PRoCAD pendant la campagne rizicole 2013-2014140

Liste des sigles et abréviations

ABENOR

:

Agence Béninois de Normalisation et de Gestion de la Qualité

ADRAO

:

Association pour le Développement de la Riziculture en Afrique de l’Ouest

AFD

:

Agence Française de Développement

AFDI

:

Agriculteurs Français et Développement International

AGR

:

Activité Génératrice de Revenus

AIMAEP

:

Appui Institutionnel au Ministère de l’Agriculture de l’Elevage et de la Pêche

BRS

:

Banque Régionale de Solidarité

CBCE

:

Centre Béninois du Commerce Extérieur

CCIB

:

Chambre de Commerce et d’Industrie du Bénin

CCR/B

:

Conseil de Concertation des Riziculteurs du Bénin

CeCPA

:

Centre Communal pour la Promotion Agricole

CEDEAO

:

Communauté Economique des Etats de l’Afrique de l’Ouest

CeRPA

:

Centre Régional pour la Promotion Agricole

CVA

:

Chaîne de Valeur Ajoutée

DAGRI

:

Direction de l'Agriculture

DANA

:

Direction de l'Alimentation et de la Nutrition Appliquée

DPDR

:

Déclaration de Politique du Développement Rural

DPFSA

:

Direction de Promotion des Filières et Sécurité Alimentaire

DPQC

:

Direction de la promotion de la qualité et du conditionnement des produits

DRC

:

Direction de Réglementation et Contrôle

FADeC 

:

Fonds d’Appui au Développement Communal

FAFA/AD

:

Facilité d’Appui aux Filières Agricoles de l’Atacora et la Donga

FAO

:

Organisation Mondiale pour l’Alimentation et l’Agriculture

FAPAHA

:

Facilité Alimentaire par les Aménagements Hydro – Agricoles

FUPRO

:

Fédération des Unions des Producteurs du Bénin

GCVP AD

:

Groupement des Commerçants des Produits Vivriers de l’Atacora-Donga

GIZ/GTZ

:

Coopération Technique Allemande

GVPR

:

Groupement Villageois des Producteurs de Riz

GVTR

:

Groupement Villageois des Transformatrices de Riz

IFDC

:

Centre International pour la Fertilité des Sols et le Développement Agricole

IMF

:

Institution de Microfinance

INRAB

:

Institut National de Recherche Agricole du Bénin

INSAE

:

Institut National de Statistique et d’Analyse Economique

MAEP

:

Ministère de l’Agriculture de l’Elevage et de la Pêche

MICPME

:

Ministère de l’Industrie du Commerce et de Petites et Moyennes Entreprises

OMC

:

Organisation Mondiale du Commerce

ONASA

:

Office National d'Appui à la Sécurité Alimentaire

ONG

:

Organisation Non Gouvernementale

ONS

:

Office National de Stabilisation et de Soutien des prix des produits agricoles

OP

:

Organisation Paysanne

OPA

:

Organisation Professionnelle Agricole

OSC

:

Organisation de la Société Civile

OSD

:

Objectif Stratégique de Développement

PADER

:

Programme d’Appui au Développement Rural

PADME

:

Association pour la Promotion et l’Appui au Développement des Entreprises

PADSA

:

Programme d’Appui au Développement du Secteur Agricole

PAHA

:

Programme d’aménagements Hydro – Agricoles

PAMRAD

:

Projet d’Appui au Monde Rural dans les départements de l’Atacora et la Donga

PANOPA

:

Plateforme Nationale des Organisation Professionnelles Agricoles

PASA-AD

:

Programme d’Appui à la Sécurité Alimentaire dans l’Atacora-Donga

PDF

:

Plan de Développement d’une Filière

PDRN

:

Programme de Diffusion du Riz Nerica

ProCGRN

:

Programme de Conservation et de Gestion des Ressources Naturelles

PRSP

:

Programme de Relance du Secteur Privé

PSO

:

Plan Stratégique Opérationnel

PSRSA

:

Plan Stratégique de Relance du Secteur Agricole

PTF

:

Partenaire Technique et Financier

PUASA

:

Programme d’urgence d’Appui à la Sécurité Alimentaire

RCPA

:

Responsable Communal de Promotion Agricole

SCRP

:

Stratégie de Croissance pour la Réduction de la Pauvreté

SONAPRA

:

Société Nationale pour la Promotion Agricole

UCPR

:

Union Communale des Producteurs de Riz

UCTR

:

Union Communale des Transformatrices de Riz

UE

:

Union Européenne

UNACOB

:

Union Nationale des Conducteurs du Bénin

URP

:

Union Régionale des Producteurs

URPR

:

Union Régionale des Producteurs de Riz de l’Atacora et la Donga

Introduction

Contexte et justification

Le Bénin fait partie des pays les plus pauvres du monde, avec un PIB annuel par habitant de 1508 $us (2009). Il se place au 151ème rang sur les 174 pays classés selon l’index de développement humain du Programme des Nations Unies pour le développement (PNUD). Malgré un net recul de la pauvreté urbaine au cours de la dernière décade, la pauvreté en zones rurales a augmenté, passant de 25% à 33% dans la même période. De fait, les pauvres sont aujourd’hui bien plus nombreux en zones rurales qu’en zones urbaines. Le secteur agricole demeure une composante déterminante de l’économie béninoise du fait de sa forte contribution à l’alimentation des populations, à la création de la richesse globale, à la fourniture d’emplois et de revenus, et de sa part dans les exportations.

En effet, plus de 60% des actifs masculins et 35,9% des actifs féminins réellement occupés exercent une profession agricole. Ainsi, la contribution du secteur au PIB est de l’ordre de 34,3% (dont 24,1% pour la production végétal[footnoteRef:1]). Le pays dispose d’énormes potentialités physiques et socio-économiques (disponibilité de terres cultivables et de main d’œuvre, réseau hydrographique fourni, ressources pastorales, etc.) pouvant permettre d’assurer la modernisation de son agriculture, l’amélioration de la productivité et la création de la valeur ajoutée. Mais le faible taux d’utilisation d’intrants spécifiques et d’équipements agricoles adéquats, la non maîtrise de l’eau et le mauvais état des voies de dessertes rurales, confinent le secteur agricole dans son caractère traditionnel peu productif et très peu compétitif. A ceci s’ajoute la contre performance que connaît ces dernières années la filière coton, filière d’exportation dont l’économie nationale reste fortement tributaire. [1: Note d’orientation stratégique de promotion des filières agricoles au Bénin (juillet 2010)]

Face à cette situation et suite au changement de politique opéré en 2006, le Gouvernement du Bénin a opté pour la croissance de l’économie à travers la diversification et la promotion des filières agricoles. Cette option a été inscrite dans les Orientations Stratégiques de Développement (OSD, 2006 -2011) et dans la Stratégie de Croissance pour la Réduction de la Pauvreté (SCRP, 2009-2011) qui placent le secteur agricole comme levier de lutte contre la pauvreté. Le développement des filières agricoles doit assurer la sécurité alimentaire nationale et permettre la constitution de stocks stratégiques substantiels afin d’inverser les tendances à une très forte dépendance alimentaire. C’est-à-dire qu’au-delà de l’autosuffisance, l’ambition est de conquérir des parts du marché extérieur dans les filières pour lesquelles le Bénin dispose d’avantages comparatifs ou de potentialités avérées, et de s’imposer comme une puissance agricole. Ainsi, compte tenu de leur importance socio-économique et alimentaire, le Plan Stratégique de Relance du Secteur Agricole (PSRSA, 2009-2015) a retenu le développement des filières porteuses que sont : l'ananas, l'anacarde, le maïs, le manioc, le riz, le palmier à huile, le karité, les cultures maraîchères, la volaille, le lait, la crevette et le poisson.

Le Plan Stratégique de Relance du Secteur Agricole fait le diagnostic du secteur et l’identification des goulots d’étranglement à lever, ainsi que les actions nécessaires pour stimuler une croissance économique durable dans le secteur agricole et rural. Il précise la vision pour l’agriculture béninoise, les objectifs et les domaines d’intervention, et a retenu la promotion des filières agricoles comme l’axe majeur autour duquel toutes les actions du secteur doivent se mener. Ainsi, plusieurs pas ont commencé à être posés depuis lors, dont l’atelier tenu à Natitingou en août 2007 avec l’appui de la Coopération Technique Belge (CTB) sur “les enjeux de l’approche filière”, qui a fait ressortir la nécessité d’assurer la maîtrise des outils de cette approche ainsi que son ancrage institutionnel aux fins d’une stratégie de développement harmonieux des filières.

Conformément aux recommandations de cet atelier, le MAEP a organisé à travers l’appui de la GTZ en collaboration avec la CTB et la DANIDA une série d’ateliers qui se sont déroulés en trois (3) étapes entre le 22 et le 30 novembre 2007, en vue d’engager un processus de renforcement des chaînes de valeur ajoutée au Bénin. Quatre filières, à savoir l’anacarde, l’ananas, l’aviculture et le riz ont été choisies pour cette phase pilote. Les participants à ces ateliers ont appliqué l’approche ValueLinks développée par le siège de la GTZ. Quatre chaînes de Valeurs Ajoutées dont le riz blanc pour les marchés urbains et ruraux ont été dentifiées.

C’est dans cette dynamique de mise en œuvre de la stratégie de promotion des filières agricoles que s’inscrit l’intervention de la Coopération Belge dans les Départements de l’Atacora et de la Donga, notamment le projet de Facilité d’Appui aux Filières Agricoles (FAFA AD) suivant une approche régionale basée sur les potentialités agro-écologiques du milieu, au travers des structures déconcentrées du MAEP (CeRPA et CeCPA), et en partenariat avec les acteurs associatifs (URPA, URPR, URCOOPMA) et les acteurs économiques des filières riz, maraîchage et anacarde. En effet, le PSRSA, place le développement des filières agricoles dans un cadre multisectoriel, dans lequel l’Etat, les producteurs et productrices (ainsi que leurs Organisations Paysannes), les entrepreneurs privés, les élus locaux et les Partenaires Techniques et Financiers ont des rôles à jouer. Visiblement, il offre les meilleures conditions possibles de synergie pour la faisabilité d’actions concertées voire conjointes entre d’une part, les interventions du Gouvernement et les autres acteurs, et d’autre part entre les PTF (bilatéraux et multilatéraux). Ainsi, dans le cadre de l’harmonisation des interventions des PTF et les autres acteurs des filières anacarde, riz et maraîchage dans les Départements de l’Atacora et de la Donga, une réunion de concertation a été organisée en Décembre 2010. L’une des principales recommandations de celle-ci a été l’élaboration d’un Plan Régional de Développement pour les Filières anacarde, riz et maraîchage.

Ce processus d’élaboration du Plan de Développement de la Filière Riz (PDF Riz) se fait donc conjointement avec celui des filières anacarde et maraîchage. Il s’inscrit aussi dans le cadre de la mise en œuvre du projet de Facilité d’Appui aux Filières Agricoles (FAFA) financé par la CTB dans les Départements de l’Atacora et la Donga. Pour des questions d’harmonisation et de synergie d’action et de promotion des filières dans l’Atacora/Donga, ce processus est sous l’égide d’un comité de suivi dirigé par le CeRPA Atacora/Donga qui prend en compte les PTF (des deux départements) actifs dans la promotion des filières agricoles (GiZ, Protos, PACER, etc.) et les OP Filières riz (URPR), maraîchage (URCOOPMA) et anacarde (URPA).

Le projet FAFA/AD a démarré ses activités en octobre 2010.  Son objectif est énoncé comme suit : « l’amélioration de la sécurité alimentaire et les revenus de la population rurale de l’Atacora-Donga, associés aux filières agricoles riz, anacarde et maraîchage, sont améliorés de manière durable dans le cadre d’une politique nationale de promotion des filières agricoles ». Il vise spécifiquement l’amélioration de la productivité et la rentabilité des filières riz, maraîchage et anacarde dans les départements de l’Atacora-Donga.

Objectifs et résultats attendus Objectif général

Il s’agit de proposer un plan de développement à moyen terme de la filière riz de la région Atacora-Donga comportant la vision, les axes stratégiques et les actions en fonction des opportunités et contraintes de marché en lien avec les politiques/stratégies et plans d’actions du niveau national.

Objectifs spécifiques

· Faire un diagnostic sur les plans technique, organisationnel et économique afin d’identifier les potentialités et principaux goulots d’étranglement relatifs à la problématique production/ marché ; 

· Proposer pour la filière riz, une vision, des axes stratégiques d’intervention et des objectifs de manière à améliorer la liaison production / marché et à lever les goulots d’étranglement identifiés à tous les niveaux ;

· Proposer des actions et des promoteurs potentiels susceptibles de les porter selon leurs rôles dévolus ainsi qu’un planning assorti de budget pour une période de 5 ans.

Résultats attendus

· Un diagnostic sur les plans technique, organisationnel et économique est réalisé pour la filière riz avec une identification des potentialités et des principaux goulots d’étranglement relatifs à la problématique production/ marché.

· Une vision, des axes stratégiques d’intervention et des objectifs sont définis pour la filière, de manière à avoir :

· une amélioration de l’environnement socio-économique et réglementaire des filières et l’organisation des marchés ;

· une amélioration de la quantité, la qualité et de la valeur ajoutée des produits avec un impact positif sur le revenu des bénéficiaires ;

· Une amélioration de l’organisation des différents groupes d’acteurs.

· Des promoteurs potentiels susceptibles de porter les actions définies selon leurs rôles dévolus sont identifiés et un planning assorti de budget est établi pour une période de 5 ans.

Méthodologie suivie

La méthodologie suivie se décline en plusieurs points :

Réunion de recadrage de la mission le 08 août 2011 en présence de FAFA, du CeRPA et des responsables des faitières régionales des filières. Cette réunion a permis de s’harmoniser sur une compréhension commune de la mission, de définir un plan de travail consensuel et de se doter d’un canevas de rédaction du plan de développement de filière ;

Atelier de validation de la méthodologie et de programmation du déroulement de la mission : Ce fût le 12 août à la salle de réunion de FAFA AD avec la participation de FAFA AD, des OP Filières Riz, Maraichage,  Anacarde ; du CeRPA AD et du PACER ;

Revue documentaire : Elle a permis de collecter les données et de les analyser pour avoir une meilleure compréhension de la prestation et des filières maraîchères. Les données ont été collectées aussi bien auprès de FAFA AD, du URCOOPMA, de PROTOS (Programme PAHA/FAPAHA) que des ONG et bureaux d’études. Tout ceci a été complété avec les données personnelles du Consultant et autres ;

Atelier de sélection des CVA prioritaires : Il a eu lieu le 16 août 2011 à la salle de réunion de FAFA et a réuni le noyau maraîchage élargi à des informateurs clés (semenciers, équipementiers, fournisseurs d’intrants). Les travaux de l’atelier ont suivi les étapes suivantes :

· Présentation de la filière (Production et potentialités ; Produits finaux et marchés et Liste des chaines de valeurs potentielles) ;

· Identification des critères de notation des CVA potentielles et pondération ;

· Notation, priorisation et sélection des CVA à étudier ;

· Cartographie des acteurs des CVA sélectionnées (maillons, fonctions, acteurs et relations) ;

· Identification de quelques éléments de formulation de la vision.

Collecte de données sur les CVA sélectionnées : Cette collecte a été réalisée du 17 au 22 août 2011 dans les communes de Natitingou, Djougou et de Tanguiéta. Elle a consisté en l’organisation de focus-group pour la typologie des acteurs, la réalisation de l’analyse FFOM et la collecte de données pour l’établissement de comptes d’exploitations réels des CVA retenues.

Atelier de restitution du diagnostic des CVA retenues : Ces mini-ateliers ont été tenus à Tanguiéta, Kouandé et à Djougou du 6 au 8 septembre 2011 et ont permis de partager les résultats du diagnostic et surtout de les faire compléter par les acteurs présents.

Atelier de restitution du diagnostic au comité de suivi de l’étude, le 23 Septembre 2011

Rédaction du rapport de diagnostic de la filière Riz dans l’Atacora et la Donga, avec intégration des données liées à l’analyse organisationnelle et institutionnelle fournies par l’expert OP de l’équipe de consultation.

Atelier de pré-validation du diagnostic des filières riz, anacarde et maraîchage, le 03 Octobre 2011.

Atelier de trois (03) jours de validation du diagnostic et de planification du développement de la filière riz dans l’Atacora et la Donga tenu les 11, 12 et 13 Octobre 2011 à Natitingou.

Atelier de restitution et de pré-validation du plan de développement de la filière riz le 27 janvier 2012

Atelier de validation du plan de développement de la filière riz le 25 Avril 2012

Le présent document de plan de développement de la filière riz dans l’Atacora et la Donga découle de la compilation des résultats du diagnostic de la filière, des mini-ateliers de zone et ateliers régionaux organisés par le comité de suivi de l’élaboration des plans de développement des filières riz, maraîchage et anacarde dans les Départements de l’Atacora et de la Donga et des différents travaux de groupes effectués avec le noyau de la filière riz.

Analyse de la filière riz au niveau national

Cadre institutionnel au niveau national

Cadre réglementaire

Le PSRSA est mis en œuvre à travers quatre grands programmes opérationnels qui sous-tendent le budget programme et le Cadre de Dépenses à Moyens Terme (CDMT) du secteur agricole. Il s’agit des programmes (1) Développement de l’agriculture, (2) Développement de l’élevage, (3) Développement de la pêche et de l’aquaculture et (4) Administration et gestion du secteur agricole. Et, sur la base de la politique agricole régionale (ECOWAP/PDDAA) et avec l’appui des Partenaires Techniques et Financiers (PTF), le MAEP a par ailleurs initié une étude en vue de faire une analyse du schéma actuel de fonctionnement des filières et de proposer des mesures correctives, aux fins d’asseoir un cadre institutionnel, où tous les acteurs privés et publics pourront jouer efficacement leurs rôles et responsabilités. Cette initiative a abouti à l’élaboration du Programme National d’Investissement Agricole (PNIA). Le PNIA est le plan d’opérationnalisation du PSRSA qui est bien ancré dans les politiques et stratégies générales et sectorielles. Il est élaboré afin d’assurer la mise en œuvre réussie de la vision du Bénin dans le domaine agricole.

De façon spécifique, la Stratégie Nationale de Développement de la Riziculture du Bénin (SNDR) est un document d’opérationnalisation du PSRSA appliqué à la filière riz et dont l’élaboration s’est inspirée des Orientations Stratégiques de Développement (OSD), la Politique Agricole Commune de l’Union Economique et Monétaire Ouest Africaine (PAC/UEMOA), la Politique Agricole de la Communauté Economique des Etats de l’Afrique de l’Ouest (ECOWAP) et le Programme Détaillé pour le Développement de l’Agriculture Africaine du Nouveau Partenariat pour le Développement de l’Afrique (PDDAA/NEPAD).

La SNDR présente le bilan de la situation du riz au Bénin, les défis et les opportunités, la vision et la axes stratégiques pour le développement de cette filière. Il ressort de ce bilan que, deux types de riz sont produits et consommés au Bénin : le riz blanc (non étuvé) et le riz étuvé. Selon une enquête réalisée en 2003, plus de 43% de la population consomment uniquement le riz importé (riz blanc) alors que 37% se contentent du riz local. Et par rapport aux deux types de riz local (riz étuvé et riz non étuvé), 64% des personnes interrogées dans une enquête récente ont déclaré avoir une grande préférence pour le riz étuvé. Le riz étuvé est produit en particulier dans les départements du Nord Bénin.

Par rapport aux opportunités, la SNDR fait remarquer que, dans le contexte de relance du secteur agricole, le développement du Partenariat Public-Privé se concrétise sur la démarche « Chaîne de Valeur Ajoutée » avec un focus sur la promotion des filières prioritaires et sur certaines actions transversales qui y sont afférentes. La vision de la SNDR est : «A l’horizon 2018, le Bénin produit en moyenne 385 000 tonnes de riz blanc par an au moins pour satisfaire les besoins de la population et dégager éventuellement des surplus pour les échanges commerciaux». L’objectif global est d'accroître la production rizicole de 72 960 tonnes de riz paddy en 2007 à au moins 385 000 tonnes de riz blanc par an à partir de 2015. Et, plus spécifiquement il s’agira de : (i) adopter des variétés de riz mieux adaptées aux conditions locales, (ii) faciliter l’accès aux intrants de bonne qualité, (iii) appuyer les producteurs pour l'aménagement des sites rizicoles, (iv) créer en aval de la production les conditions post-récoltes requises pour assurer une plus grande présence sur nos marchés du riz local de meilleure qualité.

Ainsi, ce Plan de Développement de la Filière Riz se positionne-t-il comme une opérationnalisation de la SNDR, notamment en ce qui concerne les aspects tels que :

· La mise en marché d’un riz de bonne qualité ;

· La recherche de marchés potentiellement porteurs ;

· L’accès aux intrants (variétés, engrais, herbicides) rizicoles de qualité ;

· La politique relative, aux aménagements des sites de production.

Stratégie de promotion des filières

La Note d’orientation stratégique de promotion des filières agricoles au Bénin définit 4 stratégies que sont :

· La professionnalisation des acteurs des filières agricoles qui comprend :

· l’appui à l’amélioration de la productivité

· le renforcement des capacités techniques, organisationnelles et managériales des producteurs et des acteurs de transformation et de commercialisation des produits agricoles et denrées agroalimentaires

· Le développement du partenariat Public-Privé avec des actions prioritaires portant sur :

· l’élaboration et la mise en œuvre de la stratégie de développement du Partenariat Public-Privé dans le secteur agricole ;

· l’amélioration des mécanismes de concertation des acteurs ;

· le renforcement de la contractualisation des relations entre acteurs publics et privés ;

· la capitalisation et la diffusion des bonnes pratiques en matière de partenariat public privé ;

· l’appui à la mise en place et au fonctionnement régulier des tables filières, instances inter professionnelles regroupant les différents acteurs de chaque filière et dotées de mécanismes de bonne gouvernance au niveau de chaque filière.

· La réalisation des investissements productifs à forte mobilisation de ressources financières devant permettre d’assurer la modernisation des structures de production, de transformation et de commercialisation. Ces investissements porteront sur :

· les aménagements hydro agricoles (bas-fonds, petits et moyens périmètres irrigués) ;

· les infrastructures (stockage/conservation, pistes, ouvrages pastoraux, énergies).

· L’accès au marché (marché local, régional et international) : La mise en marché des produits agricoles et denrées agroalimentaires vise l’accès des produits sur les marchés locaux, régionaux et internationaux. Cela suppose le respect des normes selon la spécificité de chaque type de marché et la prise en compte d’une série de facteurs notamment :

· la qualité des produits,

· la demande du marché,

· la compétitivité des produits agricoles mises en marché et

· la disponibilité et la pérennité desdits produits sur les marchés demandeurs.

Dans le cas particulier de la filière riz, la Stratégie Nationale de Développement de la Riziculture du Bénin (SNDR) a défini sept (7) axes stratégiques d’interventions que sont :

· Semences de riz de qualité disponibles et accessibles ;

· Engrais, pesticides et herbicides spécifiques disponibles et accessibles ;

· Transformation et mise en marché du riz;

· Maîtrise de l’eau pour la production rizicole opérationnelle ;

· Accès aux équipements agricoles et leur entretien ;

· Accès aux innovations techniques et connaissances professionnelles ;

· Accès aux crédits et financements agricoles adaptés.

La production semencière est en pleine réorganisation pour prendre en compte la législation dans l’espace UEMOA. C’est dans ce cadre que certains organes et outils fondamentaux ont été mis en place à savoir :

· Comité National des Semences et Plants (CNSP): organe de concertation et d’organisation de la mise en œuvre de la politique semencière de l’Etat ;

· Plan National Semencier (PNS): plan directeur de la mise en œuvre de la politique nationale ;

· Service des Semences et Plants (SSP): organe de coordination, de formulation et de contrôle de l’exécution des directives gouvernementales (DAGRI);

· Laboratoire National d’Analyse et de Certification des Semences et Plants (LACS) : service officiel chargé du contrôle et de la certification des semences et des plants (DPQC) ; etc. ;

· Catalogue des Espèces et Variétés : registre officiel des variétés à vulgariser (INRAB)

Il est prévu que la mise en œuvre de ces orientations stratégiques soit exécutée dans le cadre d’une gouvernance impliquant tous les acteurs étatiques et non étatiques.

Acteurs de promotion des filières et leurs rôles

Plusieurs groupes d’acteurs interviennent dans la promotion des filières :

· L’Etat à travers ses différents ministères ;

· Les collectivités locales et territoriales ; 

· Les Organisations des Producteurs Agricoles (PNOPPA) ;

· Le Réseau des Chambres d’Agriculture du Bénin ;

· Le secteur privé (CCIB, UCIMB, Patronat, etc.) ;

· La Société Civile (ONG nationales, internationales et les plateformes) ;

· Les Partenaires Techniques et Financiers (PTF).

L’Etat : Il se concentre sur ses fonctions régaliennes relatives à la coordination, régulation, planification, contrôle, facilitation, veille à la fourniture des biens et services publics correspondants. L’administration publique dispose dans son organigramme d’institutions autonomes chargées d’assumer partiellement ou entièrement les deux séries de fonctions suivantes :

· les fonctions régaliennes se rapportant à :

· La définition de la stratégie agricole, en mettant l'accent sur la cohérence avec la politique nationale dans les domaines impactés par le développement agricole, tels que la sécurité alimentaire et nutritionnelle, la sécurité sanitaire des aliments, la croissance économique, la réduction de la pauvreté et la promotion des exportations;

· La programmation, le contrôle et le suivi-évaluation de la mise en œuvre de la stratégie agricole, et l’exécution des mesures d’accompagnement ;

· L’amélioration du cadre législatif et réglementaire du secteur, notamment par la mise en œuvre des mesures fiscales et douanières incitatives ;

· La collecte et la diffusion des données de base sur le secteur agricole ;

· Le renforcement de la concertation entre les différents acteurs et partenaires à tous les niveaux, ainsi que l’appui au renforcement de leurs capacités ; et

· La définition, programmation et mise en œuvre des mesures de protection environnementale et sociale, y compris le renforcement du contrôle de conformité des intrants chimiques (engrais, insecticides, produits vétérinaires) et des semences, la facilitation et le suivi de la mise en œuvre du code foncier, etc.

· Les fonctions partagées portent sur :

· la recherche, la vulgarisation et l’appui-conseil agricoles ;

· l’amélioration de la disponibilité et de la qualité des services de base fournis aux producteurs et entrepreneurs agricoles, notamment les trois services essentiels que sont l’eau, l’énergie et les télécommunications ;

· l’appui institutionnel à la PNOPPA pour l’organisation des filières agricoles, en facilitant leur structuration et la création des interprofessions par les acteurs eux-mêmes ;

· la prospection et l’identification des opportunités d’affaires, la mise à disposition de l’information commerciale correspondante ;

· la facilitation de l’accès au financement pour les exploitants agricoles. Il s’agit d’appuyer les opérateurs dans l’instruction de leurs dossiers de crédit auprès des banques et d’aider ces dernières à procéder aux analyses de risques inhérents à l’agriculture ; et

· le renforcement, la mise en place des infrastructures collectives marchandes et routières (pistes rurales) destinées à faciliter l’accès aux marchés des producteurs agricoles.

Les collectivités locales et territoriales : Les collectivités locales et territoriales, avec l’appui des structures déconcentrées de l’Etat et en collaboration avec les autres acteurs dont la PNOPPA, le secteur privé et les Organisations de la Société Civile, travaillent à la base pour l'élaboration et la mise en œuvre des actions locales de développement du secteur agricole. Les prérogatives conférées par la loi sur la décentralisation aux Collectivités locales constituent un atout important, notamment en ce qui concerne le développement local au cœur duquel se trouve la promotion des filières agricoles (Loi 97-029 portant sur l’organisation des communes). Les Plans de Développement Communaux (PDC) sont identifiés comme des instruments pour l’alignement des bailleurs de fonds. Aussi, le Fonds d’Appui au Développement Communal « FADeC » est un mécanisme de dotation budgétaire dont l’objectif est d’accélérer les transferts de fonds aux communes.

Les Organisations des Producteurs Agricoles (OPA) : La Déclaration de Politique de Développement Rural (DPDR) de juillet 2001 stipule que «parmi les acteurs du secteur privé, les Organisations Professionnelles Agricoles occupent une place de premier ordre ». L’organisation, le fonctionnement et la structuration des OPA sont régis par les principaux textes suivants : (i) l’ordonnance n°59/PR MDRC du 28 Décembre 1966 et son décret d’application n°516 relatif aux OPA à caractère coopératif, etc. (ii) la loi du 1er Juillet 1901 pour les OPA pour leur reconnaissance juridique ainsi que leurs statut et règlement intérieur.

Dans la dynamique de leur évolution, les OPA ont connu des avancées significatives. En effet, depuis 2006, sous le parrainage du MAEP, les OPA faitières et les réseaux d’OPA à obédience nationale ont créé la Plateforme Nationale des Organisations Paysannes et de Producteurs Agricoles du Bénin (PNOPPA-Bénin). Cette plateforme qui est un cadre de concertation plus représentatif des producteurs agricoles du Bénin est affiliée au Réseau des Organisations Paysannes et de Producteurs Agricoles de l’Afrique de l’Ouest (ROPPA), à la Plateforme Panafricaine des Producteurs Agricoles (PPPA) et à la Fédération Internationale des Producteurs Agricoles (FIPA). Le rôle des OPA comporte plusieurs axes:

· La concertation au sein de la profession agricole ;

· la mission d’organisation de leurs membres, de représentation et de proposition;

· la représentation de la profession agricole dans les interprofessions, les cadres de concertation, auprès des services étatiques, les PTF et autres ;

· la contribution à l’élaboration des politiques, des stratégies et à leur mise en œuvre ;

· le renforcement des capacités des membres à différents niveaux par l’information et la formation ;

· la prise en charge des fonctions économiques : organisation de services communs ou mutuels aux membres (approvisionnement, recherche de marchés, appui à la commercialisation, facilitation de l’accès au financement et de toutes actions destinées à améliorer la production agricole) ; et

· la défense d’intérêts des producteurs et OPA (intérêts catégoriels ou généraux).

Le Réseau des Chambres d’Agriculture : Il est appelé à jouer un rôle de représentation consulaire des métiers d’agriculture et d’interface dans les relations partenariales avec l’Etat. Les Chambres d’agriculture doivent devenir le lieu de rencontre et de concertation des différents acteurs agricoles et veiller à l’organisation des services de qualité en faveur du monde agricole et rural, que ce soit sur financement propre (parafiscal) ou par délégation de crédits publics.

Le secteur privé : Le secteur privé est chargé principalement de toutes les fonctions para agricoles de fourniture de biens et services aux autres acteurs du secteur agricole. Il peut aussi intervenir directement dans la production agricole. Par ailleurs, il peut contribuer à la fourniture de services publics en partenariat avec l’Etat par le biais de la contractualisation. Cette contractualisation se fait sur la base de la maîtrise d’œuvre, ou de la maîtrise d’ouvrage déléguée lorsque l’Etat, à des fins d’efficacité et d’efficience, juge opportun de déléguer sa responsabilité première de maître d’ouvrage. Il est prévu que les opérateurs privés s’organisent eux-mêmes par catégorie par le biais de leurs représentants au niveau des différentes branches d’activités, notamment au sein des différentes filières de production agricole. Les familles professionnelles concernées se rassemblent au sein d’interprofessions qui gouvernent le fonctionnement des filières.

La Société Civile (ONG nationales, internationales et les plateformes) : Elle joue au Bénin un rôle important en apportant ses capacités et expériences aux OPA et aux communautés rurales à la base. Elle occupe une place non négligeable au sein de l’espace né des besoins d’appui rapproché du monde rural. Elle veille à la mise en œuvre cohérente des politiques et stratégies agricoles. Si les ONG internationales ont les capacités souhaitées, les ONG nationales restent encore faibles par manque de moyens techniques et financiers.

Les Partenaires Techniques et Financiers (PTF): Ils ont pour vocation première d’accompagner les efforts du Gouvernement béninois dans le développement du secteur agricole conformément à ses orientations en matière de lutte contre la pauvreté. Dans l’esprit de la Déclaration de Paris, ils fournissent, en collaboration avec le Gouvernement, des indications sur leurs futures aides au secteur sur une base pluriannuelle pour une meilleure prévisibilité.

Production rizicole au niveau national

Enjeux et opportunités de la filière riz au Bénin

Le riz est une culture bien connue à travers le monde. Il est consommé et exporté dans le monde après le blé et le maïs. La consommation du riz entre de plus en plus dans les habitudes alimentaires au Bénin. Selon une enquête réalisée en 2003, plus de 43% de la population consomment uniquement le riz importé (riz blanc) alors que 37% se contentent du riz local. Et par rapport aux deux types de riz local (riz étuvé et riz non étuvé), 64% des personnes interrogées dans une enquête récente ont déclaré avoir une grande préférence pour le riz étuvé,  essentiellement produit dans les départements du Nord Bénin. Le riz joue le rôle d’aliment de substitution du maïs pendant les périodes de pénuries de cette denrée.

En effet, le riz qui autrefois était considéré comme un repas de fête est aujourd'hui consommé au quotidien tant en milieu rural qu’en milieu urbain. La quantité totale consommée chaque année est en pleine évolution. De 69 206 tonnes en 2003, elle passe à environ 110 800 tonnes en 2010 pour atteindre 178 000 tonnes environ en 2018 (SNDR, 2011). Les besoins en consommation du riz sont devenus élevés allant de 25 à 30 kg/hab/an, soit 175 000 à 210 000 tonnes l’an (SNDR, 2011) alors que les données de l’ONASA montrent que les quantités de riz disponibles par habitant et par an sont très faibles : 4,35 kg, 6,57 kg et 3,09 kg en 2007, 2008 et 2009 respectivement (Benin CountryStat, 2011).

La différence est régulièrement comblée par des importations. En 2007 ; 40% (soit 50 000 t de riz blanc) des besoins nationaux en riz seraient couverts par des importations et des aides internationales (notamment le Japon)[footnoteRef:2]. Or, le Bénin jouit d’atouts naturels favorables à la culture du riz, avec plus de 205 000 ha de bas-fonds, dont 45 000 ha dans l’Atacora et la Donga (soit 22% du potentiel national de bas-fonds)[footnoteRef:3]. Des efforts d’aménagements ont été faits ces derniers temps par le biais des appuis des PTF (PROTOS, GTZ/ProCGRN, CTB, FAO/PSSA, PACER/FIDA), et de l’Etat béninois à travers le PPMA, et le PUASA qui en 2008 a aménagé 1 262 ha de bas-fonds dans l’Atacora-Donga contre 11 289 ha au plan national[footnoteRef:4]. De même, on note l’appui à l’installation des mini-rizeries dans l’Atacora et la Donga qui fera désormais de cette région, une zone productrice de riz blanc, à l’instar du Mono-Couffo, des Collines et de Malanville. Cela pourrait contribuer à stimuler la production du riz dans la région et favoriser probablement à terme la réduction les quantités exportées du riz.  [2: DTF FAFA/AD (2010) P11] [3: Direction du Génie Rural/Cellule Bas-fonds (2002) cité dans le document de Synthèse des informations sur les filières riz et anacarde dans l’AD/page 18] [4: Mission d’appui à l’évaluation complémentaire des travaux d’aménagement hydroagricole réalisés par PUASA au titre de l’année 2008 et, perspectives envisageables pour 2009-2010]

Par ailleurs, la position stratégique des Départements de l’Atacora et de la Donga  à un carrefour commercial, et le dynamisme des marchés de Djougou, Natitingou et Tanguiéta, pourraient permettre, sous réserve de gain de productivité, d’accroître les possibilités de marché au niveau national et sous-régional. Et, le risque qui pèse sur la filière rizicole en termes de concurrence avec le riz importé, pourrait être à moyen et à long terme levé grâce à la volonté actuelle de l’Etat et le dynamisme du Comité de Concertation des Riziculteurs du Bénin (CCR-B) qui a demandé la création d’une cinquième bande tarifaire pour le TEC, afin d’encourager la production locale et de diminuer les importations.

Niveau de production nationale

Les riziculteurs se répartissent par écologie comme suit : 8,64% pratiquant le système irrigué, 13,97% pratiquant le système pluvial assisté par irrigation, 22,87% le système pluvial strict, 0,49% impliqué dans le système pluvial de nappe et la majorité soit 53,92% dans le système de bas-fond inondable. Or la culture du riz exige la maîtrise de l’eau. C’est pour cette raison que, depuis 1960, plusieurs périmètres rizicoles ont été aménagés au Bénin dont les plus importants sont Domè et Koussin Lélé dans le Zou, Dévé dans le Mono et Malanville dans le Borgou (Etèka et Bédiyé, 2011). Les coûts moyens de production par région ont montré que ce sont les systèmes du Centre (52F/kg) et du Sud (85F/kg) qui offrent les coûts de production le plus bas pour un coût moyen national de production qui avoisine 104F/kg de riz paddy. En comparant ces coûts moyens de production à ceux des systèmes favorables du Mali qui sont de 82F/kg on peut conclure que les systèmes de production de riz au Bénin sont favorables.

La production du riz est passée de 63 184 tonnes en 2002 à environ 219 628 tonnes en 2011, soit environ 3,5 fois plus en 10 ans. On note de même que la superficie emblavée a quasiment doublé en dix ans ; passant de 28 755 ha en 2002 à 55 797 ha en 2011. Les taux d’accroissement entre les deux dernières campagnes : 2010 à 2011 sont de 18,57% pour la superficie, et de 74,90% pour la production. Tout ceci traduit une nette amélioration des performances de la production rizicoles qui sont attribuées aux efforts du Gouvernement du Bénin dans sa politique de révolution verte et de diversification agricole avec les appuis techniques et financiers des PTF (CTB, GiZ, FIDA, BM, UE etc.).

Tableau 1: Superficies emblavées et quantités de productions rizicoles (2002-2011)

 

2002

2003

2004

2005

2006

2007

2008

2009

2010

2011

Superficies (ha)

28 755

23 428

24 749

39 412

29 064

31 205

33 763

40 865

47 057

55 797

Production (T)

63 184

54 139

65 015

83 454

72 432

74 866

105 596

112 704

125 575

219 628

Source : SS/DPP/MAEP

Figure 1: Evolution de la production de riz paddy et des superficies emblavées au Bénin (2002-2011)

Selon les informations de la SNDR (2011), les statistiques cumulées de 1997 à 2007 des superficies totales emblavées de riz placent en tête les Départements de l’Atacora (28,37%), Alibori (21%), Collines (20,3%), Borgou (10,2%) et Donga (9,2%).

Tableau 2: Rendements des productions rizicoles (kg/ha) pendant les campagnes agricoles de 2002 à 2011

Années 

2002

2003

2004

2005

2006

2007

2008

2009

2010

2011

Rdt (Kg/ha)

2 160

2 311

2 627

2 758

2 562

2 496

3 285

3 739

2 669

3 936

Source : SS/DPP/MAEP

Figure 2 : Evolution des rendements de riz paddy au Bénin (2000-2010)

Les rendements sont presque passés du simple au double en 10 ans ; 2 160 tonnes en 2002 et 3 936 tonnes en 2011. On constate une légère augmentation des rendements du riz à partir de 2004-2005 ; ces rendements sont nettement améliorés à partir de 2008. La chute observée en 2010 (Cf. Figure 2) serait due aux problèmes de qualité d’engrais distribués durant cette campagne (2009-2010). Le taux d’accroissement des rendements entre 2010 et 2011 est 47,50%. Cette évolution sensible des rendements s’explique aussi par les facilités offertes aux producteurs depuis la crise alimentaire de 2008 par l’intervention de l’Etat (via le PUASA avec les appuis des PTF) : accès aux intrants (semences et engrais). Le rendement moyen national du riz tend à se fixer à 4 tonnes à l’ha.

Comparaison de la production nationale du riz paddy et celles des pays sous-régionaux

La production de riz au Bénin paraît relativement faible au niveau sous-régional. Elle ne représente en effet que 1,5 à 2% de la production ouest africaine (entre 2006 et 2008) qui est fortement influencée par celles du Nigeria puis du Mali et du Burkina Faso (Voir Tableau 3 ci-dessous).

Au Bénin, non seulement la production nationale de riz paddy est faible, mais elle est aussi inégalement répartie sur le territoire national. Les zones de fortes productions sont situées au nord ou au centre du pays ; dans les départements de l’Alibori (bassins de Banikoara, Malanville et Karimama), des Collines (bassin de Glazoué) et de l’Atacora (Matéri, Tanguiéta, Cobly).

Tableau 3 : Production sous-régionale du riz paddy

Riz Paddy

2006

2007

2008

2009

2010

Bénin

72 432

74 866

105 596

112 704

125 575

Burkina Faso

113 724

68 916

195 102

213 584

232 861

Mali

1 053 236

1 082 384

1 624 246

1 950 805

2 305 612

Niger

6 781

6 455

32 475

20 117

29 963

Nigeria

3 334 000

3 569 255

3 371 700

ND

ND

Togo

64 449

80 419

85 540

121 295

110 109

TOTAL

4 644 622

4 882 295

5 414 659

-

-

Poids du Bénin (%)

1,5

1,5

1,9

-

-

Source : CountryStat Bénin, 2011 (et calcul du consultant)

Contribution de l’agriculture et de la riziculture à l’économie nationale

Selon l’INSAE, la contribution du secteur agricole au PIB a évolué globalement de manière croissante au cours des cinq dernières années avec une constance entre 2009 et 2010. En effet, elle est passée de 31,3% en 2007 à 32,8% en 2011 soit un accroissement de 1,047 point sur les cinq ans. Elle s’est stabilisée à 32,4% en 2009 et 2010. Les mesures prises par le Gouvernement pour résorber progressivement les effets pervers des crises de 2008 et 2009 et le relèvement de la production cotonnière ont permis d’améliorer substantiellement la contribution du secteur au PIB en 2011 (Cf. Tableau 4).

Tableau 4 : Evolution de la contribution du secteur agricole au PIB

Indicateurs

2007

2008

2009

2010

2011

PIB (en milliards de FCFA constants)

1069,1

1122,7

1152,7

1182,1

1222,7

PIB Agricole (en milliards de FCFA constants)

406,7

421,2

431,9

438,0

455,2

Contribution du secteur agricole au PIB (en %)

31,3

32,3

32,4

32,4

32,8

Source: INSAE, 2012

Les données statistiques spécifiques sur la contribution de la production du riz béninois à la formation du PIB agricole ne sont pas actualisées. Selon le MAEP (sd), la production locale du riz contribue en moyenne à moins de 2 milliards de FCFA (soit 1%) à la formation du PIB agricole[footnoteRef:5] entre 2000 à 2006. [5: PIB agricole = somme des valeurs ajoutées créées dans tous les secteurs de l’économie agricole]

En dehors de sa consommation dans les ménages, le riz joue un important rôle socio-économique dans les repas cuisinés de rue. La quantité totale consommée chaque année est en pleine évolution : environ 69 206 tonnes en 2003 et 110 812 tonnes en 2010. Le déficit alimentaire (riz) en 2006 dépasse encore la barre de 51 000 tonnes, ce qui fait appelle aux importations de riz dont les redevances fiscales seraient de 34 milliards de FCFA. Il est alors nécessaire de consentir encore d’énormes efforts pour couvrir les besoins nationaux en riz, et limiter les importations, ce qui permettra de conserver les emplois créés le long de la filière riz au Bénin. Environ, 72 400 individus (actifs agricoles et autres intermédiaires) sont employés dans la filière riz au Bénin ; soit 53 308 hommes (79%) et 15 090 femmes (21%).

Transformation du riz au niveau national

Il existe deux modes de transformation : à savoir le décorticage direct sans l’opération d’étuvage et le décorticage après étuvage. La quasi-totalité des transformateurs du Sud-Bénin (Mono, Ouémé) et du Zou fait le décorticage direct sans passer par un étuvage préalable. Par contre, dans le Nord-est (Borgou, Alibori), le Nord-ouest (Donga, Atacora) et dans une partie du Centre (Collines), l’étuvage avant le décorticage et le décorticage direct coexistent. Mais c’est l’étuvage avant décorticage qui domine. L’étuvage du riz est effectué par les femmes, tandis que le décorticage se fait par des minotiers et des usiniers qui sont généralement des hommes. En 2008, le coût de transformation d’un kg de paddy était d’environ 130 à 140 FCFA et le taux de transformation est de 52 à 55 % (Tableau 5).

Tableau 5 : Structure des coûts des systèmes de transformation

Rubrique

Région

Moyenne

étuvé

Sud (non étuvé)

Centre

Nord Est

Nord Ouest

Rendement à la transformation (%)

55

54

53

52

54

Prix d’achat du paddy (Fcfa/kg)

135

130

127

125

127,33

Eau (Fcfa/kg)

0

2,66

2,52

1,68

2,29

Bois (Fcfa/kg)

0

0,14

0,14

0,15

0,14

Transport (Fcfa/kg)

2,45

1,58

0,75

0,78

1,04

Main d’œuvre salariée (Fcfa/kg)

1,6

1,35

1,35

1,35

1,35

Décorticage (Fcfa/kg)

0,31

0,19

0,18

0,24

0,20

Total coût variable (Fcfa/kg)

144,36

129,2

131,94

129,2

130,11

Amortissement (Fcfa/kg)

0,37

0,79

1,11

1,33

1,08

taxes

1,5

1,5

1,5

1,5

1,5

Frais financier

-

-

-

-

-

Coût total de transformation (Fcfa/kg)

141,23

131,49

134,55

132,03

132,69

Source : MAEP (sd)[footnoteRef:6] [6: Compilations de données PAPA, 2003 et enquête 2008]

La transformation est un maillon en nette progression avec les appuis des PTF et les efforts du gouvernement à travers l’installation d’unités de transformation de types artisanal, 6 semi-industriels (8 tonnes/jour) et 2 industriels (150 tonnes/jour). Selon le MAEP (sd), elle constitue le maillon qui donne de la vitalité à la valorisation du riz. L’analyse des résultats du compte d’exploitation a montré que la transformation du paddy est une activité rentable dans toutes les régions. Les transformatrices et transformateurs opèrent en groupements ou en individuels dans le décorticage et l’étuvage du riz qui a un impact non seulement sur la valeur ajoutée, mais aussi sur l’emploi  par la création et la mise à contribution d’une main d’œuvre féminine. De même, les unités de type (semi-) industriels prennent en compte la chaîne d’actions allant du décorticage à l’ensachage, créant ainsi de nouveaux emplois.

Commercialisation du riz au niveau national

Analyse quantitative de l’offre et de la demande du riz au Bénin

L’offre de riz est formée par le riz local et le riz importé. Le Bénin consomme annuellement 70 000 à 80 000 tonnes de riz. Or la production annuelle actuelle oscille entre 22 000 et 24 000 tonnes, ce qui crée un déficit annuel autour de 51 000 tonnes de riz qui est comblé par les importations et les dons. L’importation de riz au Bénin est contrôlée par quelques grandes sociétés telles que DIFFEZI, SHERIKA, ABC, SONAM, et TUKIMEX. Elles adaptent leur offre à la demande qui est fortement liée au prix, c’est pourquoi les trois quarts des riz importés sont du riz longs grains non parfumés. Le riz parfumé, vendu plus cher, est moins demandé. Selon le MAEP (2010b), le Bénin sera en position d’autosuffisance alimentaire à partir de 2013 grâce à sa production nationale. A partir de 2014 le Bénin pourra constituer de stocks de sécurité pendant trois ans ; le surplus pourrait être exporté vers les pays de la sous-région à partir de 2017 (figure 3 et Annexe 3).

Figure 3: Evolution de l’Offre (production) et de la demande (besoins) de 2008 à l’horizon 2018

Source : MAEP (2010b)

Import et export du riz au Bénin

Le riz fait l’objet d’une demande en augmentation croissante et sa production au niveau national qui bien qu’étant passé de 16 545 tonnes en 1995 à 72 960 tonnes en 2007, laisse place à des importations massives (378 000 tonnes en 2005 et 350 000 tonnes en 2007) destinées à la consommation interne (60 000 tonnes environ) et aux réexportations (MAEP, 2010 ; Comité de Concertation des Riziculteurs du Bénin, 2011). Les origines du riz importé sont multiples : Selon Adégbola et Sodjinou (2003), le premier exportateur de riz sur le plan mondial (la Thaïlande) est aussi le premier fournisseur du Bénin (avec 45% en 2001). Les autres provenances du riz importé au Bénin sont le Pakistan, la Chine, l’Inde, le Japon, le Vietnam, etc. Le Bénin est classé parmi les pays importateurs nets du riz, mais les exportations du riz ne sont en réalité que des réexportations. En effet, en dehors des importations supposées être destinées à la consommation sur le territoire national, le Bénin constitue une zone de transit par excellence. En effet, un volume non négligeable du riz transite par le Bénin à destination des pays voisins (Burkina Faso, Nigeria, Niger, Togo). Selon Abiassi (2006), si les flux de réexportation vers le Nigeria ont représenté en 2001 près de 50 000 tonnes, ils sont loin des volumes réexportés au milieu des années 1990 où ils pouvaient atteindre 300 000 tonnes. La proportion de la réexportation en 2006 est de 44% du volume total du débarquement, soit 337 571 tonnes de riz. Les valeurs de l’import-export avancées par la FAO (2011) (Tableau 6) diffèrent de celles des précédents auteurs ; elles indiquent cependant la même tendance d’une balance commerciale très déficitaire pour le riz au Bénin.

La figure 4 présente les deux importants circuits de commercialisation de riz au Bénin : celui du riz importé et celui du riz local. Ce qui différencie les circuits du local de ceux du riz importé est qu’il existe des contacts entre les producteurs et consommateurs dans le premier, alors qu’au niveau du riz importé ce contact est quasiment nul.

Tableau 6: Quantité et montant du riz en import-export au Bénin de 1999 à 2008

Années

Importation

Exportation

Quantité (Tonnes)

Valeurs (1.000 $)

Valeurs (Fcfa)

Quantité (Tonnes)

Valeurs (1.000 $)

Valeurs (Fcfa)

Balance commerciale (Fcfa)

2008

170 411

110 056

55 028 000

0

0

0

-55 028 000

2007

175 000

50 500

25 250 000

0

0

0

-25 250 000

2006

191 500

49 000

24 500 000

4 871

1 975

987 500

-23 512 500

2005

376 185

100 349

50 174 500

4 994

1 589

794 500

-49 380 000

2004

206 348

53 722

26 861 000

1 193

429

214 500

-26 646 500

2003

42 776

26 723

13 361 500

0

0

0

-13 361 500

2002

103 398

19 928

9 964 000

0

0

0

-9 964 000

2001

65 191

14 432

7 216 000

0

0

0

-7 216 000

2000

33 030

20 542

10 271 000

2 000

307

153 500

-10 117 500

1999

72 279

22 205

11 102 500

0

0

0

-11 102 500

Source : Elaboré à partir de FAOSTAT (2011)

Circuit de la commercialisation du riz au Bénin

Détaillants

Collecteurs

Collecteurs-transformateurs

Détaillants

Restaurateurs

Consommateurs

Importateurs

Grossistes-transformateurs

Grossistes

Grossistes

Demi-grossistes

Producteurs

Transformateurs

Figure 4: Circuit de commercialisation de riz

Circuit le plus long et le plus important

Circuit moyen et important

Circuit court et moins important

Source : Analyse de la filière au Bénin ; Adégbola & Sodjinou (2003)

Circuit le plus long et le plus important

Circuit moyen et important

Circuit court et moins important

Le circuit de commercialisation du riz, fait ressortir deux axes plus ou moins imbriqués de commercialisation du riz au Bénin à savoir : l’axe de commercialisation du riz importé, et celui du riz local. Ces deux circuits impliquent une multitude d’acteurs allant des producteurs aux détaillants des marchés périodiques en passant par les négociants, grossistes et autres demi-grossistes, comme le montre la figure 4 ci-dessus.

Flux physique de commercialisation du riz au Bénin

On a deux principaux axes :

· L’axe de commercialisation du riz importé qui a des ramifications internationales et sous-régionales. Comme indiqué plus haut, les pays importateurs du riz au Bénin sont : le Pakistan la Chine, l’Inde, le Japon, le Vietnam, etc. en 2007, les 4/5ème environ de l’offre de riz sur le marché béninois proviennent de ces pays. Mais plus de 20% de cette offre d’importation est réexportée vers le Nigeria et les pays de l’Hinterland (Mali, Niger, Burkina Faso)[footnoteRef:7]. Le riz jaune ou riz paraboiled (étuvé) est particulièrement apprécié au Nigeria alors que le riz grain blanc est surtout recommandé suivant les habitudes alimentaires des consommateurs du Bénin, Niger, Mali et du Burkina-Faso. [7: Etude de l’offre et de la demande des produits alimentaire (2004)]

· L’axe de commercialisation du riz local qui se subdivise en deux sous-axes : celui de la commercialisation du riz paddy (brut) et celui du riz cargo (consommable) :

· L’axe de commercialisation du riz paddy est en général fortement localisé dans les grandes zones ou basins de production ; et les principaux acteurs concernés par cet axe sont surtout les producteurs, les collectrices-transformateurs et les transformateurs, organisés ou individuels. Toutefois, il existe des réseaux intenses d’échanges entre le Togo et le Bénin à travers les Départements de la Donga et de l’Atacora, entre le Burkina Faso et le Bénin à travers le Département du Borgou, et entre le Nigeria et le Bénin à travers le Départements de l’Alibori et de la Donga. Il existe donc un flux d’exportation non négligeable du riz paddy produit au Bénin vers le Togo, le Burkina-Faso et le Nigeria. Les quantités du riz paddy concernés par ces flux d’exportation ne sont pas encore maîtrisées. De même on note un flux d’importation du riz paddy du Togo vers le Bénin à travers le Département de la Donga (Ouaké) ;

· L’axe de commercialisation du riz cargo (local). Qu’il soit directement décortiqué ou étuvé-décortiqué, l’axe de commercialisation du riz cargo est fortement localisé dans les zones de production. Il part des bassins de production vers les marchés locaux de proximité et les marchés de regroupement et de distribution proches des zones de production : Malanville, Kandi, Banikoara, Natitingou, Djougou, Glazoué, Dassa, Dogbo, Covè, Bohicon, Dangbo, etc. le riz cargo local atteint faiblement les marchés terminaux comme ceux de Cotonou et de Porto-Novo[footnoteRef:8]. On note aussi un flux d’exportation du riz cargo du Bénin vers le nord-Togo, le Burkina-Faso et le Niger via Cobly, Matéri, (Atacora), Karimama et Malanville. De même, il existe un axe d’importation du riz cargo du Togo vers le Bénin notamment Ouaké. [8: Certaines indiscrétions affirment que le riz local, des périmètres de Dévé, de Coussin Lélé et de Dangbo est vendu sur les marchés de Cotonou et de Porto-Novo masqué et conditionné dans des sacs de produit de marque étrangère. ]

L’une des faiblesses de ces flux réside dans le fait que les quantités exportées ou importées de riz ne sont pas encore maîtrisées. Des structures compétentes (telles que l’ONASA) dans ce domaine devraient être mises à contribution pour réunir les informations exactes nécessaires.

Figure 5 : Flux physique de la commercialisation du riz (du sud vers le nord-ouest)

Evolution du prix du riz au Bénin

Le prix pratiqué sur les différents marchés est fonction de la qualité du riz, du taux de brisure, du conditionnement, du type de client et du mode d’achat ou de vente. Ainsi, le riz importé a souvent un prix qui varie très peu entre deux jours de marché successifs. Selon le MAEP (2010b), sur l’ensemble des marchés, la moyenne des prix du riz importé[footnoteRef:9] sur les cinq dernières années se situe autour de 390 FCFA/Kg. Ce prix a évolué de 2005 à 2007 très faiblement (moins de 5%). A la faveur de la crise alimentaire, le prix du kilogramme de riz est passé de 346 FCFA en 2007 à 444 FCFA en 2008 soit une augmentation en termes réels de 28,32%. Cet accroissement du prix est maintenu jusqu’en 2009. [9: Il s’agit du riz ordinaire. Le riz parfumé coûte plus cher, autour de 1 000 F CFA/kg ; il est acheté par une population très restreinte disposant de plus grande capacité financière]

Pour le riz local, le prix est souvent fixé par marchandage, c’est-à-dire après discussion. Les variations du prix du riz local sont expliquées à plus de 90% par les variations du prix du riz importé. Ainsi le prix obtenu par les exploitations rurales dépend du prix du riz importé. Le prix du riz a évolué en dent de scie mais on note une baisse de ce prix de 1,81% après la crise de 2008. Le MAEP (2010b), estime qu’en tenant compte des actions envisagées pour accroître la production locale, le prix moyen à l’horizon 2018 devra connaître une baisse de 10% par rapport à 2008, soit 300 FCFA le kilogramme à la consommation.

Figure 6: Evolution du prix du riz au Bénin

Source : MAEP (2010b)

Situation du riz au niveau régional

Analyse de la production

Potentiel rizicole de l’Atacora et de la Donga

Sur les 205 000 ha de bas-fonds dont dispose le Bénin, les Départements de l’Atacora et de la Donga possèdent environ 56 000 ha (soit 27%). L’Atacora et la Donga viennent en deuxième position après les Départements du Zou et des Collines. Selon les données de la SNDR, à peine 10% sont actuellement exploités à des fins rizicoles au Bénin. De même selon les données du CeRPA Atacora-Donga, environ 9500 ha de bas-fonds ont été recensés pour le moment et se présentent comme le présente le tableau 7 et la figure 7 ;

Tableau 7: Point des bas-fonds de l’Atacora-Donga recensés, cultivés et aménagés par commune

 

Superficies (ha)

Observations (Projets ou PTF ayant financé les aménagements)

Recencées

Cultivées

Aménagées

Bassila

197,2

88

6

EUNC

Boukoumbé

741

341,5

74

53 ha aménagé par le PNUD et 11 ha par le PDRA 1

Cobly

1983

411

0

 

Copargo

251

105,25

7

Aménagés par le PNUD

Djougou

239,33

114,8

13,3

8,3 ha aménagés par le PNUD et 5 ha par le KR II

Kérou

991

566

9

 

Kouandé

368

170

13

Aménagés par le PNUD

Matéri

1877,5

371

43

33 ha aménagés par le PNUD & AGEFIB et 10 ha aménagés par le PNUD

Natitingou

329,05

245

72

Aménagés par le PDRA 1

Ouaké

368,6

137,25

0

 

Péhunco

761

252

17

Aménagés par le PNUD

Tanguiéta

824

357

106,5

23 ha aménagés par le par PNUD & AGEFIB, 60 ha aménagés par GTZ/KFW, 13,5 ha aménagés par le PNUD/FENU

Toucountouna

590

168,25

160

10 ha aménagés par le par le PNUD et 150 ha aménagé par la par SONAFEL

TOTAL

9 521

3 327

521

 

Source : CeRPA AD

Figure 7: Répartition des bas-fonds de l’Atacora-Donga recensés par Commune

Le Programme Cadre d’Appui à la Diversification Agricole (ProCAD) à travers l’un de ses projets /Projet d’Appui à la Diversification Agricole (PADA) envisage 1795 ha de bas-fonds répartis comme le montre le tableau ci-dessous. Les annexes 13 et 14 renseignent sur les sites et les localisations d’aménagement des bas-fonds par ProCAD dans les communes de l’Atacora-Donga.

Tableau 8 : Prévision des bas-fonds à aménager par le ProCAD de 2012 à 2015

Communes

Année

Communes

Année

Commune

Année

 

2012-2013

 

2013-2014

 

2014-2015

Tanguiéta

100

Kérou

150

Tanguiéta

100

Natitingou

50

Péhunco

150

 

-

Toucountouna

50

Kouandé

105

Toucountouna

50

Matéri

100

Copargo

115

Matéri

150

Djougou

100

Ouaké

65

Djougou

100

Boukoumbé

100

Bassila

110

 

-

Cobly

100

 -

-

Cobly

100

TOTAL

600

695

 

500

Source : ProCAD

Aussi, le Projet d’Appui à la Filière Riz (PAFIRIZ) a démarré l’aménagement pendant cette campagne (2012-2013) l’aménagement de 103 ha de bas-fonds à Copargo, Kouandé, Boukoumbé, et Toucountouna et prévoit encore une centaine d’hectare à aménage l’année prochaine.

Système de production

Du point de vue disponibilité bas fond, la zone des Zou-Collines vient en tête (65 000 ha) suivi de l’Atacora Donga (56 500 ha) du potentiel de 205 000 ha de bas fonds auquel s’ajoute plus de 110 000 ha de terres irrigables. Seulement 8% de tout ce potentiel est affecté à la culture rizicole. Selon la classification de l’ADRAO (1994)[footnoteRef:10], on distingue par ordre décroissant, la riziculture pluviale de bas-fond, la riziculture irriguée, la riziculture pluviale stricte et la riziculture de mangrove. En considérant les principaux facteurs de production du riz évoqués ci-dessus, six (06) types de riziculture ont été identifiés dans les deux départements (Adégbola et Sodjinou, 2003 ; Adégbola et Ofio, 2005) : [10: Cité par FAO (1997)]

· Bas-fonds Aménagés avec Culture Attelée et Variété Améliorée

· Bas-fonds Aménagés avec Travail Manuel, Variété Améliorée et Engrais

· Bas-fonds Non Aménagés avec Culture Attelée et Variété Améliorée

· Bas-fonds Non Aménagés avec Travail Manuel, Variété Améliorée et Engrais

· Bas-fonds Non Aménagés avec Travail Manuel et Variété Améliorée

· Bas-fonds Non Aménagés avec Travail Manuel et Variété Locale

Le tableau 9 résume les six (06) types de riziculture et les localités où on peut les rencontrer. Les cultures ont lieu souvent dans des bas-fonds non aménagés, à fonds plats et inondés dans les périodes de pluie pendant plusieurs jours. Les plants de riz sont alimentés directement par l’eau de pluie (riziculture de bas-fonds de type pluvial) et les producteurs n’ont aucun contrôle de l’eau dans ces bas-fonds.

Tableau 9 : Système de production du riz dans les départements de l'Atacora-Donga

Ordre

Type de Bas-fond

Variété

Engrais

Pesticides

Mode de labour

Villages (communes)

1

Aménagé

Améliorée

Non

Non

Culture attelée

Korontière,Tassayota (Boukoumbé),Sépounga (Tanguiéta)

2

Aménagé

Améliorée

Oui

Non

Manuel (Houe)

Tassayota(Boukoumbé), Sepounga (Tanguiéta)

3

Non aménagé

Améliorée

Non

Non

Culture attelée

Tassayota(Boukoumbé), Sepounga (Tanguiéta)

4

Non aménagé

Améliorée

Oui

Non

Manuel (Houe)

Pélébina(Djougou), Kounadogou(Boukoumbé)

5

Non aménagé

Améliorée

Non

Non

Manuel (Houe)

Pélébina(Djougou), Kounadogou(Boukoumbé)

6

Non aménagé

Locale

Non

Non

Manuel (Houe)

Pélébina (Djougou)

Source : Adapté de Adégbola et Ofio, 2005

La quasi-totalité des riziculteurs de l’Atacora-Donga pratiquent la riziculture pluviale de bas-fond. Ce n’est que grâce à l’introduction des variétés améliorées de riz Nerica (New Rice for Africa) à partir des années 2006 que quelques producteurs ont commencé à expérimenter la culture du riz sur des plateaux (riziculture pluviale stricte). Le régime pluviométrique de l’Atacora-Donga n’est pas suffisamment favorable à l’expression complète du potentiel de production des variétés de riz pluvial strict (environ 5 t/ha) mises en place par la recherche (Africa Rice Center, 2006).

Variétés utilisées

Plusieurs variétés de riz améliorées sont actuellement cultivées par les producteurs de riz dans la région : IRI, BERIS 21, BL19, ADNI 11, NERICA 1, NERICA 2, NERICA 4, NERICAL 20, TOX 3081-36, et TOX 4008 (Adégbola et Ofio, 2005 ; Hinvi et Nonfon 2006). Quant aux variétés locales, Gambiaka est la plus cultivée à cause de son goût. Mais les producteurs préfèrent cultiver les variétés améliorées de bas-fonds (cycle plus long) à cause de leur rendement plus élevé comparativement aux variétés locales et à celles des plateaux. Au cours du diagnostic, plus de 80 % des producteurs ont signalé qu’ils préfèrent Nerical 20 (à cause de son rendement) alors que les transformatrices apprécient BL19 à cause de sa facilité au décorticage.

Environ 22% des producteurs utilisent des semences certifiées et les renouvellent souvent. Plusieurs producteurs prélèvent leurs semences de la récolte de l’année précédente ; ils estiment que les semences certifiées sont chères (400 FCFA/kg). Sur les périmètres rizicoles de Malanville et au Mono, Beris 21 est l’une des variétés appréciées des producteurs et même des commerçantes. Cette variété n’a pas reçu un écho favorable dans l’Atacora-Donga. Elle nécessiterait une attention particulière lors de sa cuisson. La tendance au niveau national est de promouvoir la vulgarisation de la variété IR 841 qui est bien apprécié tant des producteurs que des consommateurs (donc des commerçants) des grandes régions rizicoles du Bénin (Malanville, Zou-Collines, Mono-Couffo[footnoteRef:11]). [11: Communication personnelle avec les producteurs et des techniciens spécialisés CeCPA Malanville, des producteurs et encadreurs du Conseil Régional des Riziculteurs du Mono-Couffo.]

Utilisation des intrants agricoles (engrais, pesticides, herbicides)

En général, les producteurs utilisent de l’engrais communément appelé « engrais coton » (NPKSB). En effet, l’engrais spécifique riz (NPKSMgOZn de formule 15-20-15-5-3,5-1,5) préconisé par la recherche n’est pas disponible. Toutefois, le ProCGRN/GTZ a subventionné et mis à la disposition des riziculteurs qu’il appuie, de l’engrais spécifique riz acheté au Togo à 19 000 FCFA le sac de 50 kg contre l’engrais coton qui se vendait par la SONAPRA à 11 500 FCFA/sac de 50 kg. La mise sur le marché des engrais spécifiques pour vivriers par les distributeurs d’intrants est encore lente contrairement au coton. Il faut une commande d’au moins 10 000 tonnes d’engrais pour espérer une rentabilité (Onibon 2009). Mais l’utilisation des engrais minéraux n’est pas totalement intégrée dans les pratiques de production du riz des producteurs (Adéglola et Ofio, 2005). Pour le moment, les produits phytosanitaires ne sont même pas utilisés, mais on note un début d’utilisation non encore généralisée d’herbicides ; ce qui mérite une attention particulière pour éviter des problèmes environnementaux et alimentaires.

Mode de travail du sol, main d’œuvre

Les instruments rudimentaires (houe, daba, coupe-coupe) sont encore très utilisés. Le labour se fait notamment à la daba. La culture attelée est d’usage dans certains villages mais l’entretien des animaux de trait pendant la saison sèche demeure l’un des principaux goulets d’étranglement à ce mode de travail du sol. Les propriétaires n’aiment pas laisser leurs animaux labourer les rizières (bas-fonds) qui ont des sols plus lourds, donc plus difficiles. Ils préfèrent louer leur attelage pour le labour des sols des plateaux ou des terres fermes qui ne fatiguent pas les bœufs comme les bas-fonds (Etèka, 2010). Ceux qui éprouvent plus de difficulté à labourer les parcelles de riz sont les femmes qui ne disposent pas généralement d’attelage et ne sont souvent pas en mesure de faire ces travaux à la houe. Dans tous les villages enquêtés, les producteurs ont signalé que le labour des leurs parcelles est souvent en retard.

Bénéficiant tout récemment de la subvention du gouvernement du Bénin, les producteurs ont utilisé (pas sans difficulté) quelques tracteurs dans leurs bas-fonds notamment dans la région de Tanguiéta. Ils ont signalé que ces tracteurs appartiennent souvent aux producteurs de coton, et que les pièces de rechange ne sont pas souvent disponibles. Les systèmes de riziculture du Nord-est du Bénin sont relativement plus mécanisés que dans les autres régions (Adégbola et Sodjinou, 2003). La production est plus assurée par les hommes. Les chefs d’exploitation représentent plus de 80 % et la main d’œuvre salariale est la plus utilisée (Adégbola et Ofio, 2005).

Conservation du paddy et destination de la récolte

Le riz produit dans les villages ou dans les hameaux de l’Atacora-Donga est battu et mis en sacs sous forme de paddy par les producteurs et productrices. Soixante six pourcent (66%) des producteurs stockent une part importante de leur riz paddy après la récolte, le battage et le séchage du paddy. Les structures et récipients de stockage sont souvent des greniers ou des sacs en polyéthylène. Même si pour certains riziculteurs l’autoconsommation est le premier objectif de la production (Adégbola et Ofio, 2005), la proportion destinée à la vente est la plus importante (plus de 60%) (Adégbola et Sodjinou, 2003). L’approvisionnement en riz étuvé dans la région est possible de la récolte en octobre-novembre jusqu’en juillet. La pénurie commence à s’installer en août (Cf. annexe 4).

Typologie et description des riziculteurs

La présente typologie (Tableau 10) a été établie de manière participative au cours des focus-group réalisés lors des enquêtes sur le terrain et validés lors des différents ateliers organisés dans le cadre de ce processus d’élaboration du plan de développement de la filière riz.

Tableau 10 : Typologie des producteurs de riz

Type d’acteurs

Description

Localisation

Semenciers

· Les semenciers sont en amont par rapport aux producteurs de riz de consommation. Ils multiplient les semences de base mises au point par la recherche (INRAB, Africa-Rice ex-ADRAO).

· Ils sont formés par le CeRPA/AD et le Projet de Développement du Riz NERICA[footnoteRef:12] (PDRN) avec le soutien financier des PTF et autres projets ou programmes [12: NERICA : New Rice for Africa]

· La certification des semences produites par les semenciers est assurée par un service de la DPQC[footnoteRef:13] logé au sein du CeRPA/AD. Les semences déclassées par ce service sont systématiquement livrées à la consommation. [13: Direction de la Promotion de la Qualité et du Conditionnement des Produits]

· Les variétés multipliées sont le : IR 841, NERICAL 20, NERICA 4, etc.

· L’effectif des semenciers est encore mal connu. On rencontre sur le terrain de grands producteurs de semences emblavant 6, 9 voire 20 ha.

· Rendements des champs de semences de riz : 3 à 4 t/ha

· Le CCR-B encourage l’organisation des semenciers dans chaque commune ; on a pour le moment les unions communales des semenciers de Ouaké et de Tanguiéta

· Les semences de riz produites sont achetées par la SONAPRA auprès des semenciers à 350 FCFA / kg et livrées aux riziculteurs

Ils sont répartis dans toutes les communes de l’Atacora et de la Donga

Fournisseurs d’intrants (Engrais, Herbicide)

· Entreprises privées fournisseurs d’intrants (herbicide, engrais et de matériels ou équipements rizicoles (SAHEL, S2ID)

· Etablissements informels fournisseurs d’intrants agricoles (herbicides, etc.)

· Sociétés agréées de distribution d’intrants (CAI, SONAPRA, etc.)

Ces acteurs se retrouvent dans les Chefs Lieux des communes (Natitingou, Djougou, Bassila, Ouaké, Boukoumbé, Tanguiéta, Matéri, Péhunco, Kouandé, Kérou, etc.) et à Cotonou

Producteurs

· Effectif des producteurs : 16 935 (46% de femmes contre 54% d’hommes ; Cf. annexe 5) répartis en deux groupes : les petits producteurs qui sont les plus nombreux (94%) : 15 919 et les grands producteurs (6%) estimé à 1016

· Taille des exploitations rizicoles des petits producteurs : moins de 2 ha. Ils emblavent ensemble environ 9 568 ha de riz (88%).

· Taille des exploitations rizicoles des grands producteurs : plus de 2 ha. Ils emblavent ensemble environ 1 366 ha (12%)

· Le réseau GVPR-UCPR-URPR est la principale structuration qui prend en compte tous les riziculteurs de l’AD. Il est appuyé par les PTF (FAFA AD (CTB), PASA (GiZ), Protos et par les services d’encadrement : les CeCPA/CeRPA

· Quantité de paddy produit en 2010 : 36 083 t dont environ 30 618 t par les petits producteurs et environ 5 465 t par les grands producteurs (Cf. Tableau 10)

· Le paddy est vendu en 2009-2010 à 150 F/kg mais au début de la récolte il coûte environ 100 F/kg et plusieurs producteurs vendent une partie de la production à ce coût pour satisfaire des besoins

· Environ 20% de la production est autoconsommée par les producteurs, les 80% restants sont vendus aux productrices-transformatrices (de préférences épouses des producteurs pour 10% environ) et aux transformatrices (pour 90% environ).

On retrouve 7 670 (45%) de producteurs dans l’Atacora-Ouest, 3590 (21%) dans la Donga, 3252 (19%) dans l’Atacora-centre et 2423 (14% dans la zone 2KP).

Les producteurs sont nombreux surtout à Boukoumbé (3000), Cobly (2455), Ouaké (1930), Matéri (2215), et Tanguiéta (1357).

Tableau 11 : Quantité de riz obtenu et valeur en FCFA par types de producteurs dans l'Atacora-Donga campagne 2009-2010

Paramètres

Petits producteurs

Grands producteurs

Total

Nombre

15 919

1 016

16 935

Quantité paddy obtenu (T)

30 618

5 465

36 083

Prix unitaire de vente de paddy (FCFA/kg)

150

150

Valeur paddy obtenu (FCFA)

4 592 625

819 761

5 412 386

Source : Résultats du diagnostic participatif et

http://www.countrystat.org/ben/cont/pxwebquery/ma/053spd110/fr

Niveau de la production, superficies et rendements du riz paddy dans l’Atacora et la Donga

La production locale du riz dans l’Atacora et la Donga est de 36 083 tonnes en 2010 soit environ (24%) le quart de la production nationale. Et les superficies emblavées 13 720 ha font 34% des superficies nationales emblavées pour le riz. Le rendement moyen en cette même année est de 3,2 t/ha contre 3,7 tonnes au niveau national, voire 4 tonnes en 2011, ce qui démontre le fait qu’il y a encore des efforts à faire pour mieux réussir la riziculture dans l’Atacora et la Donga. A Malanville, les riziculteurs produisant dans les sites non aménagés réalisent en moyenne 4 t/ha tandis que leurs homologues du périmètre aménagé obtiennent au moins 5 t/ha et travaillent actuellement dans l’objectif de 7 t/ha en moyenne[footnoteRef:14]. Cette tendance à la hausse des rendements est confirmée par l’étude socio-économique de référence commanditée par le PAMRAD/CTB[footnoteRef:15] (Onibon, 2009). L’amélioration et la progression des productions, superficies et rendements du riz observés ces dernières campagnes agricoles (Cf. tableaux 12, 13 et 14, figures 8 et 9) sont dues surtout à « l’apprentissage de nouveaux itinéraires techniques avec semis en ligne » l’utilisation des variétés améliorées de riz et d’engrais minéraux. [14: