belgiman69.free.frbelgiman69.free.fr/1A/Viepolitique/Viepolitique20092010.docx · Web viewOn ne...

61
On ne peut pas comprendre la 5 ème République sans avoir un aperçu de l’histoire politique de ce régime car il y a une continuité des phénomènes qui expliquent les mouvements politiques d’aujourd’hui. IL y a eu 8 élections présidentielles qui ont été organisées depuis 1945 au suffrage universel direct, 7 Présidents de la République: Charles De Gaulle (1958- 1969), Alain Poher président d’intérim, Pompidou (1969-1974), Giscard (1974-1981), Mitterrand (1981-1995), Chirac (1995-2007) et Sarkozy depuis 2007. Chapitre 1: Les élections du 5 et 19 décembre 1965. Section 1 le contexte politique: Le contexte général est important: cette élection, non pas inédite puisque déjà sous la 2 ème République le Président était déjà élu par le peuple, mais la 3 ème et la 4 ème nous avais habitué à une élection présidentielle par les parlementaires. On ne sait pas comment cela va fonctionner, et la campagne va être conduite de manière originale. Cette élection va permettre une restructuration de notre vie politique, les partis politiques vont comprendre que c’est une élection mère et que si on veut la remporter il faut changer les habitudes, imaginer des nouveaux modes de fonctionnement notamment avec une personnalisation accrue, la recherche du candidat idéal, devenant alors une sorte de priorité et d’enjeu, y compris interne puisque les partis politiques vont être conduits à dégager le meilleur candidat. Le contexte politique au sens strict : Paragraphe 1: De Gaulle et la majorité. Cette question est délicate parce que la majorité est différente de celle de 1958, elle va se dégager en 1962. En 1958 quand il revient au pouvoir De Gaulle a le consensus autour de lui, seuls les communistes ne sont pas avec lui. Le consensus est la guerre d’Algérie. Quand De Gaulle revient au pouvoir, la guerre d’Algérie n’est pas finie et on imagine mal quelle est l’issue. De Gaulle a toujours su s’adapter aux circonstances, il a des principes, mais il n’a pas de certitudes. Une grande partie de l’opinion publique, quand elle fait appel à lui, elle pense qu’il est pour l’Algérie française, et donc c’est le sauveur de la République, c’est le sauveur de Page 1 sur 61

Transcript of belgiman69.free.frbelgiman69.free.fr/1A/Viepolitique/Viepolitique20092010.docx · Web viewOn ne...

Page 1: belgiman69.free.frbelgiman69.free.fr/1A/Viepolitique/Viepolitique20092010.docx · Web viewOn ne peut pas comprendre la 5ème République sans avoir un aperçu de l’histoire politique

On ne peut pas comprendre la 5ème République sans avoir un aperçu de l’histoire politique de ce régime car il y a une continuité des phénomènes qui expliquent les mouvements politiques d’aujourd’hui. IL y a eu 8 élections présidentielles qui ont été organisées depuis 1945 au suffrage universel direct, 7 Présidents de la République: Charles De Gaulle (1958-1969), Alain Poher président d’intérim, Pompidou (1969-1974), Giscard (1974-1981), Mitterrand (1981-1995), Chirac (1995-2007) et Sarkozy depuis 2007.

Chapitre 1: Les élections du 5 et 19 décembre 1965.

Section 1 le contexte politique:

Le contexte général est important: cette élection, non pas inédite puisque déjà sous la 2ème République le Président était déjà élu par le peuple, mais la 3ème et la 4ème nous avais habitué à une élection présidentielle par les parlementaires. On ne sait pas comment cela va fonctionner, et la campagne va être conduite de manière originale. Cette élection va permettre une restructuration de notre vie politique, les partis politiques vont comprendre que c’est une élection mère et que si on veut la remporter il faut changer les habitudes, imaginer des nouveaux modes de fonctionnement notamment avec une personnalisation accrue, la recherche du candidat idéal, devenant alors une sorte de priorité et d’enjeu, y compris interne puisque les partis politiques vont être conduits à dégager le meilleur candidat.

Le contexte politique au sens strict :

Paragraphe 1: De Gaulle et la majorité.

Cette question est délicate parce que la majorité est différente de celle de 1958, elle va se dégager en 1962. En 1958 quand il revient au pouvoir De Gaulle a le consensus autour de lui, seuls les communistes ne sont pas avec lui. Le consensus est la guerre d’Algérie. Quand De Gaulle revient au pouvoir, la guerre d’Algérie n’est pas finie et on imagine mal quelle est l’issue. De Gaulle a toujours su s’adapter aux circonstances, il a des principes, mais il n’a pas de certitudes. Une grande partie de l’opinion publique, quand elle fait appel à lui, elle pense qu’il est pour l’Algérie française, et donc c’est le sauveur de la République, c’est le sauveur de l’Algérie pour la France. Pendant sa traversée du désert on a jamais eu d’explications, mais il est sûr qu’il y a une part de culpabilité. Il est à Alger le 4 Juin et il fait un discours qu’il commence par: « Je vous ai compris ». La foule est dupe, mais cette phrase ne veut rien dire. Cela ne veut pas dire que parce qu’il a compris il va leur donner raison. Cette phrase va être la confirmation que De Gaulle a compris que ceux devant lui souhaitaient que l’Algérie reste française. Sa culpabilité est relative car il ne fait qu’exprimer son doute. A la fin du discours, il dit aussi: « Vive l’Algérie française ». C’est le seul dérapage, c’est la seule fois qu’il va prononcer ces mots. Pour les pieds noirs, le message n’a plus d’ambiguïté. Rapidement, De Gaulle va évoluer, déterminer l’autodétermination des algériens et penser que la seule issue est l’indépendance algérienne. Le 19 Mars 1962 sont signés les Accords d’Evian, une partie de l’opinion française se sent trahie. Cela va avoir un effet sur l’émergence d’une extrême droite hostile à De Gaulle et sera prête à la violence par des actes terroristes: c’est l’époque de l’OAS qui va faire un Coup d’Etat en Algérie. Globalement, DG est soutenu sur sa majorité, mais on a le sentiment que DG a fait le sale boulot qu’il devait faire: la guerre d’Algérie est terminée, il doit partir.

Page 1 sur 37

Page 2: belgiman69.free.frbelgiman69.free.fr/1A/Viepolitique/Viepolitique20092010.docx · Web viewOn ne peut pas comprendre la 5ème République sans avoir un aperçu de l’histoire politique

Alors, la crise va venir du Parlement et va avoir comme première victime un homme politique qu’à l’époque personne ne connaît, c’est Georges Pompidou. Il suit DG et va le quitter pour les affaires: la Rotschild, mais il va continuer à jouer un rôle discret, c’est lui qui sera un des principaux acteurs de la négociation des accords d’Evian, et comme personne ne le connaît c’est difficile de passer inaperçu. Quand en 1962 Michel Debré démissionne parce qu’il est hostile à la solution de l’indépendance de l’Algérie: Debré ne devait pas être mêlé aux négociations, et le jour où la guerre est terminée, Debré s’en va, c’était les conditions. Le jour où Debré s’en va, les français découvrent que le nouveau premier ministre est Pompidou, alors inconnu. Les premières interventions de Pompidou sont un désastre, il ne connaît pas le mode de fonctionnement, mais il va devenir un très grand orateur. Quand il arrive, il va être confronté à une crise interne à la majorité, crise à l’occasion du projet de la révision de la Constitution qui vise à instaurer l’élection du Président de la République au suffrage universel direct. En Août 1962, DG est victime d’un attentat, au Petit Clamart qui est une petite commune de banlieue, la route est une nationale qui traverse la commune du Petit Clamart, l’opération va presque réussir, mais personne n’a été blessé à part les poules. En tout cas, DG réalise qu’il est mortel. Ils ont prévu pour le président de la République des pouvoirs importants mais sa légitimité n’est pas à la hauteur de ses pouvoirs: qui le fait Roi le président? Ce n’est pas le peuple, c’est une poignée de notables: conseillers généraux, maires, ce n’est pas suffisant pour conférer au Président une légitimité suffisante pour pouvoir exercer ses fonctions. Il pense qu’il a une légitimité historique et veut donner une légitimité démocratique à son successeur et pour lui la seule façon de le faire c’est de faire élire le Président par le peuple. Une fois qu’il a posé cela, il se demande comment faire pour instaurer le SUD? On ne va pas réviser la Constitution car la procédure de révision prévue à l’Article 89 implique l’accord du Sénat, or il ne voit pas l’ombre d’un doute que le Sénat ne donne pas son accord. Pour deux raisons: une raison conjoncturelle car le Sénat est dans l’opposition à De Gaulle, et la 2 ème

c’est que le Sénat est une pépinière de présidents de la République. Ainsi il trouve une autre solution: c’est l’Article 11 qui est de poser directement la question au peuple. C’est une violation de la Constitution, le problème c’est que sa décisions d’organiser un référendum direct va susciter une crise politico-juridique comme la 5ème n’en connaîtra plus. Les politiques ont compris qu’ils tenaient le moyen de se débarrasser de DG étant donné le fait qu’il viole la Constitution. Mitterrand parlera plus tard du Coup d’Etat permanent. On tape aussi sur le maillon faible qui est Pompidou. Le 5 Octobre 1962, l’AN vote une motion de censure contre Pompidou à une large majorité, c’est donc la fin de la majorité de 1958, c’est évidemment la fin du consensus politique. DG est donc confronté à une crise du régime parlementaire, le gouvernement de Pompidou démissionne et DG prendra deux décisions: il prend acte de la démission et il prononce la dissolution de l’AN. Au mois d’octobre, on a plus de gouvernement, on a plus d’Assemblée et un référendum en préparation, et bien sûr les élections législatives anticipées. Pour le référendum, DG place la barre très haute, pour lui c’est un moyen de vérifier qu’il a toujours la confiance des français et donc le processus est toujours le même: DG lie son propre destin au référendum, si le OUI l’emporte il continue, si le NON l’emporte il démissionne. Il a déjà appliqué cela en 1961 pour l’autodétermination et en 1962 avec les Accords d’Evian. Là où il va plus loin c’est qu’il dit que s’il n’a qu’une petite majorité il démissionnera quand même. Le référendum a lieu le 28 octobre 1962, le OUI l’emporte à 62% mais lorsqu’on rapporte le pourcentage de OUI au nombre d’inscrits, cela fait moins de 50% des électeurs inscrits, tous les partis politiques avaient appelés à voter NON. DG prêchait souvent le faux pour savoir le vrai. Les élections législatives ont lieu le 18 et 25 novembre, c’est un triomphe car tout le monde l’a lâché. Il obtient 35 ou 36% et remporte 233 sièges sur 492. Ce n’est pas la majorité, mais un home va sauver cette majorité, c’est Valérie Giscard d’Estaing. En 1962, VGE appartient au centre national des indépendants, les paysans, c’était le parti d’Antoine Pinay, la droite traditionnelle, il n’est pas d’accord avec la position de son parti, donc il fait scission et il soutient la majorité gaulliste avec 35 députés, ce qui fait la majorité à l’AN. Ce sera la majorité présente en 1965: UNR (Union pour la Nouvelle République), les Républicains Indépendants, les Giscardiens, le parti gaulliste, L’opposition c’est le cartel des non: c’est ceux qui ont appelé à voter NON: c’est la droite, le centre, les radicaux, les socialistes et les communistes.

Il va y avoir 2 oppositions. On a réussi à faire tomber Pompidou mais on a pas gagné les législatives donc la prochaine échéance c’est en 1965, et même ceux qui ne voulaient pas être candidats à la base comme par exemple Mitterrand ne vont pas hésiter à se présenter.

Page 2 sur 37

Page 3: belgiman69.free.frbelgiman69.free.fr/1A/Viepolitique/Viepolitique20092010.docx · Web viewOn ne peut pas comprendre la 5ème République sans avoir un aperçu de l’histoire politique

Paragraphe 2: La composition de l’opposition.

La gauche: Les communistes et les socialistes qui se trouvent dans des conditions différentes puisque le parti dominant est le parti communiste qui représente autour de 23% du corps électoral qui ne se traduit pas en sièges puisqu’ils n’ont pas d’alliés, la SFIO tourne autour de 15%, elle se trouve dans une situation délicate, le centre ont aussi aux alentours de 15%. La SFIO ne veut pas faire alliance avec les communistes, la solution c’est de faire alliance avec les radicaux. Au centre, il y a les radicaux, mais il y a aussi le MRP (démocratie chrétienne qui n’ose pas porter son nom car nous sommes dans un pays laïc). Le problème c’est: isoler le parti communiste, isoler les gaullistes. L’occasion de le faire, c’est la présidentielle. C’est l’épopée de Monsieur X. En 1963, l’Express lance la campagne de Monsieur X, c’est le candidat idéal. C’est la tentative la plus poussée sous la 5ème

pour créer une alliance entre la gauche non communiste et le centre. La question que l’on se pose, c’est qui est Monsieur X? C’est Gaston Defferre, maire de Marseille, il est plus jeune que DG, cela a été un résistant, il est maire depuis plusieurs années et surtout il est à la tête d’une municipalité où cohabitent la gauche et le centre. Son défaut est qu’il a une élocution difficile. Une fois qu’il s’est déclaré candidat, membre de la SFIO, Defferre va essayer d’élaborer un programme avec les centristes. Quelque chose ne va pas, la SFIO notamment Mollet, n’ont pas beaucoup d’affection pour lui. Ils veulent boycotter sa candidature en utilisant la laïcité: en effet Defferre est en train de négocier une Fédération qui regrouperait les deux formations ainsi que les radicaux. Déjà on s’est battu sur le cigle, on ne sait pas comment appeler la Fédération. La SFIO exige qu’il y ait une référence à l’Etat laïc, les démocrates chrétiens proches de l’Eglise, ne veulent pas inscrire cela dans un programme qu’ils vont signer. En Juin 64, c’est l’échec de la Fédération de Defferre, il retire sa candidature. Il n’y a plus de candidat, plus de programme, plus d’alliance, il faut trouver quelqu’un: ce sera Mitterrand qui est anti communiste, n’est pas issu à la SFIO, il sera plus acceptable que Mollet qui est le chef de la SFIO pour les communistes. L’opposition est donc en position de faiblesse.

Section 2: les candidats.

Marcel Barbu: Il monte une petite entreprise et un peu par hasard il est député en 1946 à l’Assemblée Constituante. Il est à la tête d’une association de mal logés, et son combat c’est le logement social. Il n’a rien à dire, ne représente rien mais va nous donner un grand moment de télévision.

Marcilhacy: C’est un sénateur qui incarne plutôt la droite traditionnelle-même s’il finira sa vie auprès de Mitterrand puisque celui-ci va le nommer au Conseil Constitutionnel.

Jean Louis Tixier Vignancour: C’est un pétainiste convaincu, défenseur du régime de Vichy, c’est l’extrême droite. Il a été député et va être contre DG, il est avec l’OAS. Il commencera sa campagne assez tôt. Il fait la tournée des plages pour faire sa campagne en été 65. Marianne regardait un miroir dans lequel il voyait DG, le miroir se brisait, c’était 7 ans de malheur, voilà le film qu’il avait fait.

Jean Le Canuet: il a 45 ans à l’époque, c’est le plus jeune des candidats, et depuis 1963 il est président du MRP, c’est-à-dire des centristes.

Mitterrand: Il a commencé à l’extrême droite, il était dans les ligues, on le voit dans une manifestation contre les étudiants étrangers. Cela va le conduire à Vichy dans un service chargé des prisonniers de guerre mais qui en réalité est un service d’information, mais il ne basculera pas, il va quitter Vichy et s’engager dans la résistance même s’il a conservé des amitiés sulfureuses jusqu’à la fin notamment avec Papon. Ataly va avouer un jour que Mitterrand. Sous la 4ème, il sera 11 fois Ministres notamment le Ministre de l’Intérieur, ce qui lui donnera l’occasion de prononcer en Algérie la phrase: « L’Algérie, c’est la France ». Il n’appartient pas à la SFIO, il

Page 3 sur 37

Page 4: belgiman69.free.frbelgiman69.free.fr/1A/Viepolitique/Viepolitique20092010.docx · Web viewOn ne peut pas comprendre la 5ème République sans avoir un aperçu de l’histoire politique

appartient sous la 4ème à l’UDSR (Union des Démocrates Sociaux Républicains), qui permettait de faire les majorités. En 1958, Mitterrand va sceller son destin en s’opposant à DG. La seule chose que l’on sait c’est que Mitterrand a rencontré DG à Londres dans les années 40 et cela s‘est mal passé, leurs relations sont un mystère. En 1958, Mitterrand devient avec PMF notamment le principal leader de l’opposition à DG. En 1964, il va écrire un ouvrage marquant: Le Coup d’Etat permanent, dans lequel il explique que DG est revenu au pouvoir par un Coup d’Etat et que depuis il se perpétue dans la pratique des institutions.

Mitterrand va obtenir le soutien de la gauche, des radicaux et surtout des communistes. Les communistes ont l’impression que l’élection ne leur convient pas, qu’ils ne gagneraient rien à avoir un candidat communiste, ils auraient eu beaucoup de peine à se rallier aux socialistes. Mitterrand lui a crée la Convention des Institutions Républicaines et même si encore une fois les communistes connaissent son anti communisme, ils le préfèrent à Mollet. Cette candidature d’union ne s’accompagne d’aucun programme commun, il n’y a même pas d’engagement à gouverner ensemble, symboliquement c’est une nouvelle alliance, c’est la 1 ère fois depuis la 2ème

GM que les socialistes s’allient aux communistes.

DG, ce qui est original c’est sa façon de se présenter comme candidat. En fait, il va se présenter mais en disant : « J’y vais parce qu’il le faut mais comprenez que je n’en ai pas envie ». Il va entretenir le suspense, les journalistes vont même aller chez les grands couturiers pour savoir si la femme DG a commandé les robes de soirée. DG dit: je répondrai à cette question le 4 novembre, c’est la Saint Charles. A l’époque il n’y a pas de studio TV à l’Elysée, il se fait enregistrer le matin mais comme il ne veut pas que l’on sache s’il est candidat ou pas, il retient prisonnier les journalistes jusqu’à 20 heures. A 20 heures, DG dit: «  J’ai bien réfléchi, ce que je crains c’est que si je ne me représente pas les partis de la 4ème retrouvent le dessus et que ce soit de nouveau la pagaille » les journalistes l’ont traduit par: « Moi ou le chaos ».

Section 3: La campagne et les résultats.

La campagne de 1965 est marquée par les interventions télévisées des candidats, ce qui constitue une 1ère dans l'histoire politique française et cela intervient où le nombre de français ayant la télévision commence à devenir important. Donc la campagne télévisée va avoir une portée considérable du fait même de cette nouveauté technologique. De plus, jusque là les français n'avaient pas eu l'occasion d'entendre l'opposition: l'information radio était contrôlée et les responsables de l'opposition avaient du mal à intervenir. DG est déjà rodé pour la télévision, par contre les autres, y compris Mitterrand, sont mal à l'aises. Celui qui va être le plus mauvais c'est Barbu, parce qu'il n'a pas d'expérience télévisuelle et il n'a pas de charisme, mais il va laisser une trace particulière parce qu'il va dire: « Mon Général, je voudrais tant échapper au sort du Maréchal Pétain » et il éclate en sanglots alors qu'il est en campagne électorale. Marcilhacy c'est encore pire puisqu'il n'a rien à dire sinon que s'il était élu il n'exercerait pas les fonctions du Président, il voulait un retour à la IVème République, ce qui n'est pas le meilleur message. Tixier Vignancour est un bon orateur mais ses positions extrêmistes (extrême droite) rendent son discours peu crédible. Il ne fait pas une mauvaise campagne mais elle est un peu simpliste. Le Canuet fait la meilleure campagne car son look est le meilleur, les femmes sont sensibles à son charme, et il apporte dans sa campagne une conception moderne de la communication politique et son modèle de communication c'est Kennedy, son discours est modéré puisqu'il ne veut ni de DG ni de la gauche, c'est le candidat qui va faire la meilleure campagne et profiter le plus de la campagne. Mitterrand est un avocat habitué à parler dans des petits lieux, c'est l'un des meilleurs parlementaires français, et lorsqu'il intervient à l'Assemblée Nationale on l'écoute avec beaucoup de charisme mais là il est mauvais, son discours est géné par le fait qu'il est l'unique candidat de la gauche, donc le contenu même de ce qu'il va dire est assez embrouillé parce qu'il ne veut pas se couper des commmunistes mais il ne veut pas non plus adopter leurs valeurs. DG lui n'intervient qu'une fois, puis il renonce à son temps de parole ce qui est une erreur politique majeure. Il dira « Est-ce que vous me voyez parler avant ou après Barbu? ». Il se demande pourquoi il interviendrait à la TV, il préfère laisser les autres s'exprimer car le peuple le connaît déjà bien. De manière curieuse et maladroite, la TV française va être obligée de compenser l'absence de DG: si DG a 10 minutes, son créneau doit être utilisé. Ce qu'ils ont alors

Page 4 sur 37

Page 5: belgiman69.free.frbelgiman69.free.fr/1A/Viepolitique/Viepolitique20092010.docx · Web viewOn ne peut pas comprendre la 5ème République sans avoir un aperçu de l’histoire politique

imaginé, c'est que durant ce temps il y a une fontaine qui déverse de l'eau en continu. Le symbole c'est que « Parler pour parler cela ne sert à rien ». DG va utiliser son dernier créneau juste avant le premier tour, mais visiblement cette absence physique de DG va déplaire aux français. En effet, ils aiment se faire courtiser. De plus tous les autres sont contre lui: tout l'espace est occupé par des opposants à DG. Les sondages laissent entendre que DG peut être mis en ballotage, c'est quelque chose qui peut paraître comme anodin, mais DG est persuadé qu'il va être réélu au premier tour et que la perspective de ballotage qu'on lui présente lui semble inenvisageable. C'est bien un ballotage qu'on apprend au premier tour: 44.6% pour DG, Mitterrand fait 31.7%, Le Canuet 15.5%, Tixier 5.2%, Marcilhacy 1.7% et Barbu 1.15%. Le taux d'abstention est très bas, il n'est que de 15%. Si on regarde bien les résultats des 3 premiers candidats, Mitterrand n'a pas fait un très bon score: ce n'est pas le total communiste et socialites, certains électeurs ont voté pour DG. L'électorat de DG est composite, il comprend des électeurs de gauche venus de la Résistance et qui saluent l'homme du 18 Juin. DG, avec nos critères d'aujourd'hui, cela ferait fantasmer les candidats, mais pour DG c'est l'effondrement complet, tous les témoins sont là pour le dire, il dit qu'il est prêt à ne pas se présenter au Second tour. Cependant, ce n'est pas possible car si ce sont les deux autres candidats ce serait le retour à la 4ème et on a utilisé pour DG le même argument: Vous ne pouvez pas démissionner, il est certain que vous allez être réélus. Du coup il va se présenter face à Mitterrand. Le seul qui ait fait un très bon score c'est Le Canuet. C'est DG face à tout le monde, parce que tous les autres candidats appellent à voter pour Mitterrand. Ce ralliement va d'ailleurs changer un changement de titre à Mitterrand: il n'est plus candidat unique de la gauche, il est le candidat unique des républicains (c'est ce que l'on dit de lui). Seul Le Canuet a une position plus ambigüe, il n'appelle pas à voter Mitterrand tout en condamnant DG. La campagne du second tour va être extraordinaire, Mitterrand va entrer dans la cour d'un futur président de la République et DG comme challenger. DG va alors comprendre qu'il a commis une erreur de communication majeure et il ne va plus jamais la faire: il va utiliser tous ses créneaux d'antenne, il va utiliser une méthode nouvelle, qui est la discussion avec un journaliste tout comme Mitterrand. DG lui va surprendre les français. C'est lors de ses émissions qu'il va fustiger les pro européens. Par ailleurs, il compare la France à une maison: « Avec la ménagère qui veut avoir un aspirateur, elle veut avoir un frigidaire, une machine à laver et même si c'est possible une auto ». Il y a un dessin du Figaro où l'on voit Marianne assise sur les genoux de DG qui le regarde et lui dit « Ah, si tu m'avais parlé la première fois ». Finalement, le résultat va être sans surprise: DG est élu à 55% et 45% pour Mitterrand avec 15%.

Section 4: Les conséquences.

La majorité: DG a mal vécu cette élection, c'est le début de sa fin. En tout cas, il a compris qu'il avait perdu de son prestige et la première décision qu'il va prendre c'est de nommer un premier ministre. Pompidou étant ministre depuis 1962, on aurait pu qu'il le renvoit, DG l'envisage mais il ne veut pas le faire tout de suite, il se réserve cette posibilité pour 1967, donc il pense procéder: On conserve Pompidou mais par contre on vire celui qui est responsable du ballotage: d'Estaing, qui était ministre de l'économie et des finances. Il l'a accusé de l'avoir mis en balottage, c'est la manière trop rigoureuse de sa façon de gérer l'économie qu'il pense que ça lui a fait perdre des voies. Il y a donc un nouveau gouvernement où Michel Debré remplace d'Estaing. Cette mise à l'écart va avoir deux conséquences: il va habilement exploiter la situation en pratiquant une politique que lon va résumer comme ceci: « Oui, mais ». Oui je soutiens le gouvernement mais je suis libre de le critiquer  et c'est cette politique qu'il va mettre en place à partir de cette éviction du gouvernement. C'est la guerre entre Pompidou et Giscard qui va être résumée en utilisant une chanson de Jacques Dutronc: « Le cactus » en disant à d4estaing que dans sa politique il y a des cactus. En tout cas, c'est une guerre souterraine mais visible parfois entre Giscard et la majorité gaulliste. Si on regarde l'état de la majorité après 1965, on se rend compte que la majorité n'est pas au beau fixe, mais il est vrai qu'aucune majorité n'a connu une période longue de beau fixe. C'est sûr que ce n'est pas la meilleure situation avant d'autres élections importantes.

Page 5 sur 37

Page 6: belgiman69.free.frbelgiman69.free.fr/1A/Viepolitique/Viepolitique20092010.docx · Web viewOn ne peut pas comprendre la 5ème République sans avoir un aperçu de l’histoire politique

La gauche: elle est dans un état ambigü. On a définitivement fermé la porte aux centristes. On a conscience qu'il n'est pas possible de construire un programme commun avec les communistes: on peut se mettre d'accord sur des points mais il est hors de question de construire un programme communiste, ce qui est un handicap pour les élections législatives de 1967. Ils vont quand même passer un accord, mais ils ne savent pas s'ils vont gouverner ensemble. Cette situation les place de manière favorable mais difficile au niveau politique parce qu'ils ne veulent pas un programme commun. Mitterrand de plus n'est ni socialiste ni communiste, donc il n'est pas dans les appareils. Le seul élément qui puisse bouger c'est de fédérer la gauche non communiste, c'est à dire les socialistes, les radicaux et les clubs. Autrement dit, on va essayer de rassembler toutes les formations politiques qui se réclament de la gauche sans être communistes. C'est alors la mise en place de la Fédération de la Gauche Démocrate et Socialiste (FGDS) que l'on appelera la petite fédération, et Mitterrand va prendre la tête de celui-ci.

Le centre: Toute leur difficulté c'est de trouver une place entre une gauche qui commence à s'unifier et des gaullistes alliés à une partie des centristes. Ils demandent à quoi leurs 15% va leur servir.

Chapitre 2: L'élection présidentielle les 1 et 15 Juin 1969.

Section 1: Le contexte politique.

La démission de DG va entraîner une élection présidentielle anticipée.

Paragraphe 1: La majorité.

Elle va être ballottée, secouée par les années terribles de 1967 à 1969 puis par la dispute DG/Pompidou et par le référendum perdu de DG.

I) Les années 67-68

En 1967, il y a des élections législatives en Mars 1967. Cette échéance, la majorité l'aborde dans un ordre discordant: la querelle entre gaullistes et giscardiens et Giscard mine la majorité de l'intérieur même s'ils vont aborder les élections en harmonie. La majorité est de plus secouée par un certain nombre d'initiatives prises par DG comme une annonce en 1966 qui retire la France du commandement armé de l'OTAN (attention pas de l'OTAN!). C'est l'époque aussi où la France prend ses distances avec les USA notamment sur le Vitenam; DG se rapproche pour des raisons économiques de l'URSS. C'est aussi l'affaire de Benbarka: c'est la disparition du Numéro 1 du Maroc. Il y a donc un climat difficile et DG est de plus en plus contesté notamment sur son âge, on commence à dire qu'il ne sait plus ce qu'il fait. C'est dans ce climat que les élections législatives interviennent dont le premier tour a toutes les raisons de retrouver le sourire: la majorité gaullo-giscardienne fait 39% des voies ce qui est mieux qu'en 1962. Cela laisse augurer un succès. Cette élection va rester comme une référence dans l'histoire dans les élections française, relativisée par 2007: un premier tour triomphal pour la majorité sortante et qui est assez corrigée lors du second tour. En 1967, c'est l'effet d'une douche froide, on compte à l'unité près parce que la majorité ne conserve la majorité que de deux sièges, qui va disparaître d'ailleurs le jour du décès d'un des députés de la majorité. Au deuxième tour en effet la majorité est effondrée car cela ne correspondait pas à ce qu'elle pouvait espérer. Par ailleurs, face à elle il n'y a pas une opposition unie, ce n'est pas camp contre camp. La défaite la plus cruelle, même si on ne comprend pas pourquoi elle a lieu, c'est la

Page 6 sur 37

Page 7: belgiman69.free.frbelgiman69.free.fr/1A/Viepolitique/Viepolitique20092010.docx · Web viewOn ne peut pas comprendre la 5ème République sans avoir un aperçu de l’histoire politique

défaite de Courve de Murville: il était Ministre des Affaires Etrangères de DG et elle est grave pour lui. DG avait décidé de se débarrasser de Pompidou en 67 et avait choisi son successeur: Courve de Murville notamment. Difficile de nommer premier ministre quand il est battu à la députation pour battre Pompidou. Du coup, l'opération remplacement de Pompidou va échouer. C'est donc un coup dur pour DG. On a le sentiment que les élections ne sont pas finies: on parle de dissolution, d'élections anticipées, de crise parlementaire. On dira de DG que la « France s'ennuie ».

Les évènements de Mai sont diffiicles à résumer. Ils commencent en Mars, c'est le mouvement qui commence à Nanterre. Ce campus date, il est sale, désagréable. Comme on a peur des étudiants, on les a éloignés de toute vie urbaine. Ce mouvement va éclater pour diverses raisons qui sont essentiellement d'ailleurs des raisons liées à la liberté, le mouvement de 68 n'est pas un mouvement social, c'est un mouvement bourgeois qui intervient au coeur d'une société plutôt riche. C'est tout de même un peu un mouvement de luxe: on réclame la liberté sexuelle. A la tête du mouvement il y a Cohn Bendit. Mars-Avril vont se passer par des occupations, des grèves, des manifestations mais tout cela à Nanterre. Il faut attendre vraiment le mois de Mai pour que la contestation se propage à Paris et puis sur l'ensemble du territoire français. Il y a une occupation de la Sorbonne et un mouvement pratique du pouvoir qui ne sait pas comment faire. Il faut dire que personne n'a vu venir la crise, parce que c'est une crise de générations, que les slogans utilisés on ne les connaît pas, et puis que ce soit la droite ou la gauche on a toujours pensé que les étudiants sont des grands enfants, que leurs revendications ne pouvaient être sérieuses. Le pouvoir va répondre de manière désorganisée et les divergences Pompidou / DG vont éclater. Pompidou est en voyage officiel en Iran quand cela se produit. Il y a une conférence à Paris pour négociation entre Vietnam et USA. Ce qui va mettre le feu aux poudres c'est l'arrivée des étudiants à la Sorbonne et l'évacuation des étudiants à la Sorbonne par les policiers. Quand Pompidou revient à Paris, une fois que tous les meneurs sont arrêtés, il annonce le soir même des décisions qui sont des décisions d'apaisement. Il dit: « J'ai décidé » ce qui déplaît à DG: il veut relâcher les étudiants, rouvrir la Sorbonne. La conséquence est que la Sorbonne est réoccupée par les étudiants, ce qui ne calme rien parce que le 1er Mai Paris connaît ses première barricades. Ce qui devient plus grave c'est qu'à ce moment là, les organisations syndicales commencent à s'intéresser au problème, surtout les grèves sauvages commencent à éclater, la première est une occupation d'usines qu'on avait pas vu depuis 1936. Pendant ce temps là, DG est en Roumanie. On glisse du mouvement étudiant à une succession de crises, des slogans apparaissent comme: « 1958-1968, 10 ans ça suffit ». Quand DG revient, il est fou de rage contre Pompidou, il le convoque et à la suite de ce rendez vous houleux, Pompidou va résumer ce qu'a dit DG: « Les réformes oui, la chienlit non ». Les grèves se multiplient: il n'y a plus de TV, plus rien. Et DG va alors imaginer une sortie de crise.

Le 24 Mai, DG intervient devant les étudiants mais il est mauvais. Sa solution était un référendum sur la participation où il met sa responsabilité en jeu. Le 25 Mai, s'ouvrent les Accords de Grenelle pour trouver une solution. On aurait du se réunir à Matignon mais on ne voulait pas car les Accords Matignon c'était le Front Populaire en 1936 après les grèves. Quand la conférence s'ouvre, les syndicats parlent du SMIG et ils vont proposer un SMIG augmenté de 50%. Le patronat sera d'accord sans discussion. On s'est mis vite d'accord, même si cela va durer 2 jours pour négocier. Les conséquences de l'accord sont que la CGT et les communistes veulent que cela s'arrête parce que c'est des fils de riche qui défilent dans la rue, ils ont aussi une peur physique des trotskistes. Ils préfèrent savuer DG car il s'entend bien avec l'URSS à ce moment là donc DG, la CGT et les communistes sont complices mais quand Seguy va parler aux ouvriers de DG, il va présenter l'accord mais la base ouvrière ne veut pas de cet accord. La CGT ne contrôle plus rien, on est le 27 Mai, alors va apparaître Mitterrand, qui donne une conférence qui va être un désastre. Il convoque la presse et intervient pour la 1ère fois car l'opposition n'a pas dit grand chose, elle ne sait pas comment gérer cette question. Mitterrand part de l'idée que DG va organiser un referendum qu'il va perdre, que DG va démissionner, il va y avoir des élections présidentielles anticipées et il dit d'or et déjà qu'il est candidat. Surtout, ce que dit Mitterrand,c'est qu'en attendant les élections, c'est qu'il faudra former un gouvernement dont le premier ministre sera PMF. Il oublie que si le président démissionne il y a un intérim et cela n'engage pas la démission du premier ministre. Donc il pense que Gaston Doumerville va nommer PMF à titre prévisoire, car c'est le président du Sénat, donc tout cela

Page 7 sur 37

Page 8: belgiman69.free.frbelgiman69.free.fr/1A/Viepolitique/Viepolitique20092010.docx · Web viewOn ne peut pas comprendre la 5ème République sans avoir un aperçu de l’histoire politique

est virtuel. Mitterrand fait donc une sorte Coup d'Etat. Dans l'opinion cela va passer mal va on a l'impression qu'il n'a rien compris à la crise. Le calcul de Mitterrand est simple: PMF a laissé un nom, une autorité morale, mais il oublie que les communistes font plus de 20 % des voies, or ils ne peuvent pas accepter que l'on avance le nom de PMF. Au stade Charletty à Paris, un nombre de syndicats et d'organisation d'extrême gauche, vont défiler et dans les tribunes du stade comme spectateur il y a PMF. Les communistes diront qu'on ne peut pas accepter cet homme parce qu'il a été assisté a des meeting d'extrême gauche, or ils ne veulent pas cohabiter avec l'extrême gauche, donc la complicité même passive de PMF avec ce défilé le rend innacceptable. Mitterrand va alors se trouver dans une situation politique difficile, il va avoir une popularité amoindrie, l'union de la gauche va voler en éclat parce que les communistes soupçonnent Mitterrand et la gauche non communiste de pactiser avec l'extrême gauche communiste.

Le 27 Mai tout est bloqué: l'opposition est en panne, le social aussi, les étudiants continuent à manifester, le 30 Mai on annonce que DG va enfin dire ce qu'il va faire. Tout le monde est persuadé qu'il va annoncer sa démission. Mais la veille,un événement va se produire, c'est sa disparition. Il a quitté Paris pour aller à Colombey pour préparer son intervention, il décide de reporter le Conseil des Ministres et alors qu'il se rend pour y aller en hélicoptère il disparaît, on ne voit plus l'hélicoptère n'est plus sur les radars. La première hypothèse c'est qu'il s'est écrasé. Pompidou en gardera une rancune tenace car lui-même ne sait pas ce qu'il s'est passé. Ce que craint Pompidou c'est que ne soit pas un accident, que DG ait fuit le territoire français. Il est d'autant plus inquiet qu'il a le souvenir d'une conversation la veille où le général a raccroché en lui disant « Je vous embrasse ». Pompidou ne comprend pas cet acte d'affection, et il est persuadé que c'était le baiser d'adieu de DG. Pompidou ne sait pas ce qu'il doit faire, il va demander à la TV de faire une allocution et plus tard il dira: « Quand j'ai demandé le créneau de 20 heures, je ne savais pas ce que j'allais dire ». Mais finalement quelques heures après l'hélicoptère de DG a atterri à Colombey, et on sait qu'il avait été à Baden Baden où il est allé rencontrer le général Massu. Cette escapade allemande restera tout de même un mystère. Les gaullistes pensaient à deux interprétations: une portée symbolique (le choc psychologique pour faire peur aux français), et politique (pour s'assurer que l'armée est toujours avec lui). Donc les français vont peut être se dire que s'il revient tout va changer que tout ira mieux. C'est la vision optimiste. Une autre interprétation est celle de Massu: quand DG arrive à Baden Baden, Massu est fatigué, il a fait la sieste, et on vient lui dire en catastrophe qu'il y a DG. DG lui dit « Tout est foutu, je m'en vais ». Massu a paniqué car dans l'hélicoptère il y avait Madame DG, le genre et toutes les valises, il a dit que c'était curieux. Il lui a donc expliqué qu'il ne fallait pas faire cela, et donc qu'il a réussi à le convaincre. La vérité est sans doute comme toujours entre les deux. Cette vision apparaît vite comme stupide.

Le 30 Mai, il revient de Colombey, fait son élocution. Avant d'intervenir, il va recevoir Pompidou et Pompidou va lui dire une nouvelle fois: « Cette fois c'en est trop, je démissionne ». Alors il lui dit qu'il reste à deux conditions: qu'il renonce au référendum et qu'il prononce la dissolution de l'AN. DG a accepté, il a repris son discours et a ajouté ces phrases. DG intervient à la radio avec une image fixe à la télévision: on dit que DG ne voulait pas d'une coupure d'image pendant le discours. L'autre raison est une portée symbolique: Le discours fondateur de DG est celui du 18 juin, radio télévisé. C'est un discours terrible: il fait un discours très bref, il dénonce Mitterrand et PMF qui veulent détruire la République et ses intentions sont: « Je ne démissionne pas dans les circonstances présentes, je ne change pas le Premier Ministre, je lui demande de procéder à un renouvellement du gouvernement, je dissoud l'AN et le référendum ne sera pas organisé tout de suite. » Ce jour là c'est un coup de Poker, il y a une manifestation pro gaulliste, tous les témoins racontent que les proches de DG étaient à l'Elysée, on se rapproche des fenêtres pour essayer d'entendre s'il y a du bruit: 1 million de français défilent. C'est un paradoxe: le 30 Mai c'est la plus grosse manifestation que la France ait connu depuis la libération et c'est une manifestation pro gaulliste. Alors tout a basculé: les communistes ont tout intérêt à sauver le régime, on est à une époque où on est persuadé qu'il y a une révolution, c'est le retour des sens. A partir de là, le cadre ne revient pas tout de suite mais progressivement et surtout les élections législatives qui ont lieu le 23 et 30 Juin sont un triomphe pour la majorité gaulliste. On disait à l'époque que n'importe qui aurait pu se présenter comme gaulliste et qu'il se serait fait élire. Le parti s'appelle alors l'UDR, il obtient la majorité absolue à l'AN à

Page 8 sur 37

Page 9: belgiman69.free.frbelgiman69.free.fr/1A/Viepolitique/Viepolitique20092010.docx · Web viewOn ne peut pas comprendre la 5ème République sans avoir un aperçu de l’histoire politique

lui tout seul, c'est la première fois que cela arrive. Au premier tour, la majorité fait presque 40% des voies, c'est un désastre pour les socialistes qui se retrouvent avec moins de 60 sièges, les communistes sont toujours autour de 20%. La seule question que l'on peut se poser c'est: est-ce un triomphe pour DG ou pour Pompidou? En fait, c'est le triomphe de Pompidou mais on ne le saura que plus tard en analysant. Ce triomphe pourtan Pompidou n'en tirera pas les fruits puisque le 10 Juillet 1968 un nouveau premier ministre va être nommé: Maurice Courve de Murville, celui que DG souhaitait depuis 1967. Pompidou a fait savoir avant qu'il ne voulait pas être reconduit dans ses fonctions de premier ministre.

Ces années 68 se terminent dans un triomphe absolu: Mitterrand est mort, il n'y a pas de perspective d'alternance, et pourtant c'est la fin politique de DG parce que derrière lui il y a Pompidou et que c'est lui que les français ont choisi pour lui succéder. D'où l'importance des relations qu'il y a eu entre eux.

II/ Les relations entre Pompidou et DG.

Leur désaccord n'est pas nouveau. En effet, depuis le ballotage de 1965, leurs relations se sont dégradées. Les évènements de 68 vont encore accentuer la fracture parce que DG est agacé par un Pompidou trop actif et Pompidou est agacé par un DG trop passif. DG va avoir le sentiment que Pompidou veut prendre sa place. Par ailleurs, Maurice Courve de Murville n'aime pas Pompidou, et des gaullistes de gauche qui vont entrer dans le gouvernement est les gaullistes de gauche ont un ennemi de classe qui est Pompidou, qui représente pour eux la droite traditionnelle. Le plus virulent est René Capitent qui est Garde des Sceaux. La querelle entre les deux hommes aurait pu rester politique, elle va déraper sur un fait divers. Ce fait divers, c'est l'affaire Markovic. C'est le secrétaire garde du corps d'Alain Delon. Les Pompidou étaient très liés avec Alain Delon. Des rumeurs se répandent sur la femme de Pompidou en évoquant des partouses auxquelles elle aurait participé avec les Delon. Des photos vont circuler, ce sont des fausses photos. Bref, Pompidou doit témoigner dans l'affaire Markovic. Pompidou pense que c'est très méchant car il pense que DG est au courant du fait de son garde des sceaux, il a laissé faire même s'il n'a rien fait. A partir de ce moment, Pompidou ne le pardonnera jamais à DG.

DG invite Pompidou à dîner à l'Elysée, le couple pense qu'ils seront seuls avec DG alors qu'il y a le couple Debré, donc Pompidou dit qu'ils ne pourra pas s'exprimer et il déçu. C'est la dernière fois qu'ils se verront.

A Genève le 13 Juillet 69, Pompidou va dire « Je n'ai pas d'avenir politique, j'ai un passé politique.  J'aurais peut être un jour si Dieu le veut un destin national ». Quelques jours après il va dire: « Le moment venu, je serai candidat à la présidence de la république ». Cela met DG dans une fureur incroyable qui le conduit à publier un communiqué suite à un Conseil des Ministres: « J'ai été élu président de la République en 1965, j'ai l'intention d'accomplir mon mandat jusqu'à son terme ». On a compris que la rupture est là mais aussi que le combat est à mort. C'est DG qui va lui donner l'occasion de donner le combat, il va faire remonter à la surface son référendum qu'il avait remisé provisoirement en Mai 68.

III/ Le référendum et la démission de DG.

En Mars 1969, DG annonce à Quimper qu'il va organiser un référendum sur la création d'une nouvelle collectivité territoriale qui est la région, elle existait mais jusque là elle n'était qu'une circonscription administration. Il va compléter son projet et proposer de transformer le Sénat en une grande chambre socio professionnelle selon le modèle Yougoslave. « Je ne voulais pas que l'on assassine le Sénat dans l'ombre blafarde d'un référendum » dira Poher. On a vite le sentiment que sur la région cela peut se faire mais pas sur le Sénat. Les collaborateurs essaient de le persuader de poser deux questions, une sur le Sénat et l'autre sur la région, ils essayent de lui dire de ne pas mettre son mandat en jeu. IL faut dire que la situation est difficile: Giscard annonce avec « regret et certitude » qu'il votera non au référendum, donc qu'il assume la conséquence de la victoire du NON. Pompidou quant à lui ne dit rien. Alors les proches de DG essayent de le convaincre: ils lui demandent d'intervenir à la TV et que si le non l'emporte et que DG démissionne il ne sera pas candidat à la

Page 9 sur 37

Page 10: belgiman69.free.frbelgiman69.free.fr/1A/Viepolitique/Viepolitique20092010.docx · Web viewOn ne peut pas comprendre la 5ème République sans avoir un aperçu de l’histoire politique

présidentielle. En effet, si Pompidou dit qu'il ne sera pas candidat beaucoup de français voteront pour DG. Pompidou va décliner cette proposition, on va le supplier de dire qu'il va voter oui. Mais c'est dit de manière désinvolte. Le dimanche soir, les estimations sont: 53% pour le NON. Après minuit, DG publie un communiqué: « Je cesse d'exercer mes fonctions ». Le 28 à midi DG n'était plus candidat!

Paragraphe 2   : L’opposition

Dans l'extrême gauche on compte le PSU avec Michel Rocard. A côté il y a des organisations d'extrême gauche non trotskiste. Mais l'extrême gauche n'a pas beaucoup de poids.

La gauche non communiste: Elle est à bout de souffle, va disparaître avec le scrutin parce que son représentant va faire 5% qui est le pire score des socialistes depuis leur origine. La gauche souffre aussi du discrédit de Mitterrand: il est faché avec les socialistes et on a le sentiment que sa carrière politique est terminée. Quant au parti comuniste, il est dans une situation difficile, pour des raisons externes. Depuis quelques années, les partis communistes occidentaux notamment l'italien tentent de donner un nouveau visage au communisme, ce que l'on appelle le socialisme a visage humain. On a le sentiment que les partis communistes européens veulent se réformer. Le parti communiste n'en est pas là, mais il a connu des changements puisque sa direction a quelques problèmes: Valdeck Rocher va avoir des problèmes psychiatriques, donc il va céder la place à George Marchais. Ses problèmes psychologiques sont liés à l'invasion de la Tché en Août 1968.: les troupes du pacte de Varsovie mettent un terme au Printemps de Prague qui est le Mai 68 des Tchèques. La comparaison est quand même déplacée car ils avaient plus de risques physiques: les dirigeants du Printemps seront emprisonnés, exécutés. Cela va porter un coup dur aux communistes car on va découvrir dans l'opinion européenne que le stalinisme n'est pas mort, que les méthodes sont toujours les mêmes, donc la gauche n'a plus de sens, elle est impossible.

Donc on a une gauche en lambeau, en plein doute.

Le centre quant à lui est éclaté en deux groupes: Un sous Jacques Le Canuet alors qu'une partie est sous Duhamel qui se rapproche de la majorité.

Les giscardiens sont dans la majorité officiellement, mais pas tous, car ils ont appelé à voter non pour le référendum. Ils ne sont pas non plus dans l'opposition. Giscard hésite car il ne sait pas s'il va être candidat ou non: s'il y a une élection présidentielle anticipée, suis-je candidat? (la réponse est plutôt non, c'est trop tôt), la deuxième question c'est : si je ne suis pas candidat, est-ce que je vais soutenir un candidat de la majorité ou de l'opposition? C'est un vrai débat, donc dans ce contexte politique il y a l'équation qu'a connu Giscard. C'est vrai que le jeu n'est pas simple. La seule force stable qui va émerger c'est Pompidou. C'est dans ce contexte qu'intervient donc l'élection.

Section 2: les candidats.

Ils sont 7:

- Georges Pompidou

- Alain Poher

- Duclos

Page 10 sur 37

Page 11: belgiman69.free.frbelgiman69.free.fr/1A/Viepolitique/Viepolitique20092010.docx · Web viewOn ne peut pas comprendre la 5ème République sans avoir un aperçu de l’histoire politique

- Gaston Defferre pour la SFIO

sous les drapeaux.

Ducatel a calculé le prix de plusieurs heures de télévision pendant le prime time et il s'est rendu compte que s'il était candidat il aurait ce temps de parole gratuite et comme il est entrepreneur de travaux publics il veut passer à la TV pour qu'on le connaisse.

Rocard est atypique, bourgeois, énarque, où il a été condisciple de Chirac. C'est lui qui a persuadé Chirac de vendre l'Humanité à la sortie de Science Po. Il militera chez les socialistes, puis il va quitter la Sfio et va créer le PSA qui va donner le PSU dont il deviendra le leader. Sa grande idée, c'est l'autogestion à la Yougoslave.

Defferre c'est Monsieur X de 62, c'est le candidat d'une confédération socialiao centriste, c'est le patron de la SFIO des Bouches du Rhône, c'est depuis la fin de la guerre le maire de Marseille qui a occupé plusieurs mandats de sénateurs, il a été ministre sous la Vème, c'est une personnalité nationale incontestable. C'est un avocat de formation. Il sera célèbre pour le caractère excécrable de ses interventions orales.

Jacques Duclos: C'est un cas. Il est candidat pour le PC, il a travaillé dans l'équipe de Thorez et on peut dire sans polémiquer qu'il a été nourri au lait de Staline. Au début de la guerre en 40 il va indifféremment attaquer Pétain et DG sans se prononcer clairement sur les allemands à cause du pacte germano soviétique, et ensuite il va diriger le PC clandestni, il va se manifester par le refus de participer à la destalinisation, il refusera de remettre en cause cela, et c'est ce candidat qui va donner au PC lors des élections présidentielles le meilleur score que le PC n'est jamais fait, c'est il fait une très bonne campagne, c'est un personnage rassurant, à peu de chose près il aura été deuxième.

Alain Poher, c'est un inconnu, centriste, puis centre démocrate, qui devient en Octobre 1968 Président du Sénat, président rêvé pour DG, calme, serein, il n'y a pas de risque avec lui, d'où le projet de réforme du Sénat de 1969. evidemment il y a quelques responsabilités ministérielles sous la Ivè, mais seuleemnt secrétaire d'Etat. Il va jouer un rôle décisif dans la défaite de DG. C'est lui qui a persuadé de voter non au référendum. Il va arriver à l'Elysée dans des conditions difficiles, on va l'humilier, quand il sera président par intérim on ne lui donnt pas tout de suite le code pour l'arme nucléaire. Il n'osera même pas occuper le bureau de DG. Il promet même qu'il viendra le moins possible à l'Elysée. Cet homme hésitant, apeuré va quand même réaliser un exploit: pour quelques jours, la France va être fascinée par la Pohermania: les médias, l'opinion vont se déchaîner en couvrant d'éloges cet homme présidentiel.

Pompidou: C'est un des premiers à n'avoir pas eu de lien avec la Résistance.Depuis la guerre, les hommes politiques ont été résistants. Cela ne veut pas dire qu'il ait été collabo non plus. Pendant la guerre, Pompidou a vécu. Il est or du commun, normalien, agrégé, il a fait la connaissance de Sanghor à l'ENS. En 1946, DG dit à quelqu'un: « Trouvez moi un agrégé sachant écrire ». Il va être nommé au Conseil d'Etat, devenir directeur de la Rothschild jusqu'en 1958. Quand DG revient au pouvoir il va le rappeler pour qu'il soit son directeur de cabinet.

La campagne de 1969 est une campagne très rapide puisqu’il s’agit d’élections présidentielles anticipées, elle a marquée l’histoire politique de la Vème car elle est l’occasion d’une redistribution politique, tout d’abord du coté de la majorité qui va s’élargir au centre, ce qui va faire glisser une partie du centre vers la majorité gaulliste.

Cette campagne n’est pas si simple même s’il n’y a pas de difficultés majeures.

Pour pompidou le rpoblème c’est qu’il a toujours été considéré comme le Dauphin de De Gaulle, mais il doit construire sa victoire sur une défaite de De Gaulle, il est le réprésentant du gaullisme alors que le gaullissme vient de connaitre une défaite car son représentant a été battu. Dans ses conditions il ne peut pas se présenter

Page 11 sur 37

Page 12: belgiman69.free.frbelgiman69.free.fr/1A/Viepolitique/Viepolitique20092010.docx · Web viewOn ne peut pas comprendre la 5ème République sans avoir un aperçu de l’histoire politique

comme le fils de De Gaulle, il est pour certians gaullistes une sorte de traitre, il a contribué à la défaite du Général et s’il se présente comme l’héritier de De Gaulle, il ne prend pas en compte le référendum de 69. Depuis 67 une partie des centristes se montrait hésitante, ce qui lui a permis de se rapprocher du gaullisme, c’est cette voix médiane qu’il va choisir avec un slogan « la continuité dans le changement », c’est-à-dire que c’est la continuité de De Gaulle, mais c’est aussi l’ouverture, au centre, mais aussi sur l’Europe. Pompidou va clairement se distinguer du Général sur la politique européenne, il ne va pas imposer comme dogme le maintien du statu quo, et il va réfléchir sur les institutions, les organes européens. Ceci va permettre de faire un bond vers les centristes, car ce qui les caractérise, c’est leur attachement viscéral à l’Europe, les cabris. Il va les trouver notamment autour de Jacques Duhamel. Visiblement il y a une fiscure au centre, le centre démocrate reste dans l’opposition alors que Jacques Duhamel et le PDM sont enclin à se rapprocher à la condition que Pompidou vise clairement à relancer la politique européenne de la France. Mais Pompidou va se confronter à la candidature d’un centriste, ce qu’il n’avait pas imaginé, et comme VGE dit que la France se gouverne au centre, Pompidou n’est pas très rassuré, il se demande si le centre ne va pas se rallier autour de Alain Poher. D’abord VGE va hésiter entre Pompidou et Poher, mais il va très vite juger l’un et l’autre, et VGE comprend très bien que Poher n’a pas la dimension d’être président, donc il va choisir Pompidou. Quant aux centristes, la division entre eux va perdurer et Jacques Duhamel va choisir la candidature de Pompidou. Pompidou et Duhamel vont se retrouver lors d’un débat sur Europe 1 et il est convenu que c’est à l’issu du débat que Duhamel devra dire quel candidat il soutient, Duhamel va interroger Pompidou, les questions portent essentiellement sur l’Europe et Pompidou va rassurer son interlocuteur, en disant qu’il ne s’opposera plus à l’entrée de la Grande-Bretagne, etc. cette campagne peut s’engager dans ces conditions. On a des conditions politiques très différentes de celles que connaissaient DG, donc Pompidou va à la bataille. Pompidou fait une campagne à l’américaine, avion, meetings, rencontres, campagne très réussie, on est au cœur d’un phénomène majeur, le candidat élu à la présidence est celui qui a fait la meilleure campagne, la campagne a eu pour la seule fois un réel impact. Si on s’était arrêté en début de campagne, Poher aurait été élu avec 56% des voix, Defferre aurait fait 25% et Pompidou aurait été battu, or Pompidou gagne, et Defferre fait 5%.

La campagne de Poher est une très mauvaise campagne, qui va gâcher toutes ses chances, cet homme rassurait beaucoup, après la grandeur Gaullienne, ses fracas, on se disait Poher ce serait reposant. Mais ce n’est pas comme cela que se construit un destin présidentiel. En plus le candidat est mauvais, il parle mal, il ne sait pas trop ce qu’il dit, par exemple on lui demande avec qui il veut gouverner ? Il répond pas, Vous allez garder l’AN de 68 à majorité gaulliste ? Il ne répond pas. De plus Poher va être influencé, il va rappeler que le couple Pompidou n’est pas si clair que ça. Donc on comprend qu’au 15 mai 69 Poher dans les sondages à 36% au premier tour, et 56% contre Pompidou au 2ème. En 15 jours il perd toute son avance.

La deuxième bonne campagne c’est celle de Duclos, le stalinien, non tolérant, mais qui a une grandeur, un accent savoureux, il a un petit coté terroir qui lui aussi rassure, dans le fond ce communiste a l’air plutôt sympathique, c’est un bon grand-père. Ce n’est pas du tout ça mais peu importe. En tout cas après celle de Pompidou, la meilleure campagne c’est la sienne.

La plus mauvaise c’est celle de Defferre, il fait partie de la SFIO c’est un potentiel de voix de 15 à 20%, mais à la mi mai il va finir à 5% à cause d’une campagne désastreuse. Il n’arrive pas à s’exprimer, on ne comprend pas ce qu’il dit, mais surtout il va commettre une erreur majeur, ce qui montre que l’électeur n’est pas totalement dépourvu de connaissance institutionnel. Un jour on va voir Defferre accompagné de Mendès-France, ce qui est déjà une erreur, car c’est l’épouvantail agité devant les communistes, mais surtout l’erreur est institutionnelle, car il dit que s’il est élu président ce sera son Président, or cela ne marche pas car cela donne une sorte de légitimité partagée entre les deux personnages, donc c’est très facile de montrer que Defferre n’a rien compris aux institutions etc.

En 69 pour Rocard le taux d’audience n’est pas très intéressant.

Page 12 sur 37

Page 13: belgiman69.free.frbelgiman69.free.fr/1A/Viepolitique/Viepolitique20092010.docx · Web viewOn ne peut pas comprendre la 5ème République sans avoir un aperçu de l’histoire politique

Les résultats du 1er tour, Pompidou arrive en tête avec 44% des voix, le score de Poher est un désastre 23,3% des voix, quand on sait que Poher avait l’espoir d’être élu au premier tour, on voit que l’espoir disparait. Duclos le talonne avec 21% des voix, un score très fort, c’est l’excellent score de sa campagne, pas celle du PC. 5,5% pour Defferre c’est une humiliation pour la SFIO, ce n’est pas rassurant pour Poher. Les électeurs socialistes ont fuit en se disant que Poher était mauvais, et que donc il valait mieux voter Poher, mais cela ne suffit pas.

Le second tour est un second tour singulier, la gauche est absente, c’est centre-droit contre centre. Donc il n’est pas facile de qualifier ce combat, c’est Pompidou-Poher. Cette situation va poser un problème pour les ralliements, pour Defferre il n’y a pas de problème il faut voter Poher, mais il ne pèse rien, le ralliement c’est les pieds dans l’eau, car ce n’est un secret pour personne que la SFIO s’est déjà rallier à Poher au 1er tour. Reste Duclos, et c’est là que le sens de la communication de Duclos va encore réussir, pour lui Pompidou et Poher c’est « blanc bonnet, bonnet blanc », donc je ne choisis, mais évidemment qu’il a choisit car il y en a un qui est plus blanc que l’autre. En réalité il demande que les électeurs communistes n’aillent pas voter, mais quand on a un candidat à 45% et un autre à 23%, le vote blanc profite à celui qui à 45% l’autre n’aillant que l’espoir de voir les communistes voter pour lui. Donc le choix de Duclos il est clair c’est Pompidou. L’ambassadeur de l’union soviétique va rendre visite à Pompidou et non à Poher, donc c’est évident, car Poher est otantiste, alors que Pompidou c’est l’héritier de DG qui correspond très bien à l’union soviétique. Au deuxième tour, il y a plus d’abstention (22 au premier, 31 au deuxième), mais les jeux sont faits, 58% pour Pompidou, 42% pour Poher. La boucle est bouclée, étrange séquence politique qui commence par une défaite du gaullisme et qui se termine par une défaite du gaullisme.

Section 4 – Les conséquences immédiates

L’accession de Pompidou à l’Elysée est un vrai tournant. Il devient député qu’en 67, donc carrière politique fulgurante, avant personne ne le connaissait. Puis surtout Pompidou c’est la réussite absolue d’un homme qui n’est pas un résistant, il ne peut pas se prévaloir de la France libre. Durant la deuxième guerre mondiale il a juste vécu, il a écrit. Donc on comprend qu’on est loin du style gaullien. Même les conférences de presse sont différentes, si on veut comprendre le style Pompidou, il faut se référer à la conférence de presse qu’il donne en septembre 69, il y a une affaire qui agite beaucoup, celle de Gabrielle Russier, une enseignante de 30 ans, qui va avoir une relation avec un jeune de 15 ans. Elle va subir les représailles des parents, elle est poursuivie, condamnée, emprisonnée et elle se suicide quelques temps plus tard. A la fin de la conférence de presse, un journaliste demande l’autorisation de poser une question qui n’est pas politique, il parle de cette affaire Russier, il demande à Pompidou ce qu’il en pense, et c’est environ 40 secondes de silence, puis il dit « Je ne vous dirai tout ce que j’ai pensé sur cette affaire, ni même d’ailleurs ce que j’ai fait  ». il s’arrête et reprend « Quant à ce que j’ai ressenti, comme beaucoup, comprenne qui voudra, moi ma » cet extrait est révélateur de ce qu’était Pompidou, c’est un littéraire. Il va faire redécorer l’Elysée en mobilier contemporain, c’est pas très beau, ses successeurs l’enlèveront. En même temps c’est un homme apatique, de son temps, quand il va inogurer une portion d’autoroute, il va conduire une citroen maserati.

Paragraphe 1   : Les conséquences sur la majorité

Elle s’est élargit, d’abord on a un retour au bercail avec VGE qui revient à la maison. Et puis surtout il y a les centristes de Jacques Duhamel. Les centristes vont être le réconfort de Pompidou durant son quinquennat, car Pompidou va beaucoup souffrir entre les Giscardiens et les Gaullistes. Durant le mandat de Pompidou, les querelles internes au parti gaulliste étaient telles que des fois on sifflait Pompidou. Puis VGE était là pour jouer le coup d’après, qui viendra plus tôt que prévue. La majorité va quand même être très difficile à gérer car le noyau dur n’a plus son ciment, DG, qui n’était plus là, même physiquement. L’attitude de DG au moment de l’élection, le simple communiqué disant sèchement qu’il votait pour Pompidou, ce n’était pas rassurant. DG va mourir en novembre 1970. Majorité élargie et nouveau Premier Ministre, Chaban Delmas, les raisons sont que

Page 13 sur 37

Page 14: belgiman69.free.frbelgiman69.free.fr/1A/Viepolitique/Viepolitique20092010.docx · Web viewOn ne peut pas comprendre la 5ème République sans avoir un aperçu de l’histoire politique

c’est un gaulliste accepté par les centristes, qui d’ailleurs vont faire leur entrée au gouvernement, notamment Duhamel,  quant à VGE il va retrouver son portefeuille ministériel favori, Ministre de l’économie et des finances, il n’occupera que ce portefeuille, il refusera tous les autres. Ce gouvernement va prendre une première mesure, il va décider la dévaluation du franc, que DG aurait du décider en 68 mais que pour des raisons de fierté nationale, il a refusé in extremis de faire. En novembre 68, la situation française est devenue difficile, il est évident qu’il faut dévaluer le franc, et on a même prévu un conseil des ministres extraordinaire un samedi car la bourse est fermée, mais à la surprise générale à la fin DG dit que dévaluer le franc, c’est dévaluer la France donc c’est non. Ceci aussi car Raymond Barre, un économiste important, a dit à DG que ce n’était pas utile, c’est d’ailleurs pour cela qu’il est devenu premier ministre. Donc c’est la première mesure de ce gouvernement, et le grand discours de septembre 69.

Paragraphe 2   : les conséquences sur l’opposition

La gauche est dans une situation très difficile, bien sûr si on s’intéresse aux communistes on pense qu’ils sont dans une situation de force, sauf qu’en réalité, on revient à la case départ, évidemment ils font 23%, mais où sont leurs alliés ? la gauche est tombée dans les oubliettes, puis l’invasion de la tchécoslovaquie a fait resurgir l’ombre du communisme, donc le communisme n’est pas dans une situation très favorable.

La gauche est en lambeau, la SFIO est morte. Mitterrand semble complètement hors du jeu, son positionnement pendant les évènements de mai 68 l’a discrédité à la fois vis-à-vis du PC mais aussi de l’opinion publique, car celle-ci habilement manipulée par une information bien tenue par Poher elle a cru qu’il faisait un coup d’état, ce qui n’était pas le cas mais bon. D’ailleurs Mitterrand est fâché avec la moitié des gens de la gauche, notamment Defferre. On appelle cela le tour des banlieux, on organise des congrès de rénovation dans les banlieux de toutes les villes de la région parisienne. On va trouver un leader très peu charismatique, Alain Savary, pendant 2 ans, on va essayer de faire renaitre la SFIO de ses cendres, ce qui marchera en 71 avec la résurecction de Mitterrand. Mais le paysage politique de 69 pour la gauche est désastreux.

Le centre est divisé, entre Lecalmey et Duhamel, entre majorité et opposition, donc il y a désormais deux centres. On a bien conscience que cette situation ne pourra pas perdurer. L’alliance à gauche n’a plus de sens, on pressent très bien que tôt ou tard, Lecanet et ses troupes vont rejoindre la majorité, il faudra attendre 4 ou 5 ans.

Chapitre 3 l’élection présidentielle

des 5 et 19 mai 1974De toutes les élections présidentielles sous la Vème c’est peut-être la plus passionnante, c’est celle où il y a le plus de rebondissements, de coup de théâtre. C’est un roman.

Section 1 – Le contexte politique

Paragraphe 1 La majorité

On ne revient pas sur son élargissement mais cette période, à partir des deux premiers ministres qui vont se succéder, la période Chaban 69-72 et la période Mesmer 72-74

Page 14 sur 37

Page 15: belgiman69.free.frbelgiman69.free.fr/1A/Viepolitique/Viepolitique20092010.docx · Web viewOn ne peut pas comprendre la 5ème République sans avoir un aperçu de l’histoire politique

I/ le gouvernement Chaban

Ce gouvernement qui est déjà un gouvernement d’ouverture, incarne parfaitement le slogan de la campagne de Pompidou, c’est la continuité et le changement. Il va débuter en fanfare par le fameux discours que Chaban va prononcer à l’AN au mois de septembre 69, le Discours sur la Nouvelle société. C’est un discours qui est dans la suite logique des évènements de mai 68, Chaban entend bien tirer les conséquences de ces évènements qui pour lui ne sont pas un épiphénomène. Bien sûr ils ne signifient pas un changement de société, une révolution, mais ces évènements doivent engendrer une nouvelle société. Notamment au plan social,où les relations sociales seraient fondées sur des contrats, sur des négociations. C’est un beau discours, mais ce n’est pas un discours de premier ministre, c’est un discours programme d’un candidat à la présidentielle, et cela Chaban ne l’a pas compirs. Or il y a un décalage entre (2h avant et parce qu’on lui a demandé). Ce discours est très bien perçu par l’opposition mais pas par la majorité, même si ça en change rien au niveau des voix. La majorité pense que c’est un discours trop gauchisant. Pour la gauche, « je ne peux que vous admirez, car j’adhère à ce que vous dites, mais quand je regarde votre majorité, je ne peux que vous plaindre, car cela ne passera jamais ». donc ça commence mal, et surtout ça commence à entretenir un climat très malsain entre le Président de la république et son premier ministre, et surtout entre leurs entourages, c’est l’Elysée contre Matignon, Balladur contre Delors. Les conseillers de l’un et l’autre s’opposent. Tout cela est aggravé par le fait que la majorité elle-même est très indocile, non pas les centristes qui sont sages, gentils, mais avec les gaullistes et les giscardiens. Une partie des gaullistes ne se reconnait pas dans Pompidou, car dans le fond Pompidou c’est DG qui l’a fait, il n’a pas de légitimité propre, il n’est même pas résistant, et puis en 69 il a contribué à la mort du père, ce n’est pas hônnete ce qu’il a fait. Donc on va jouer Chaban contre Pompidou. D’autres jouent Pompidou contre Chaban, donc cette majorité est fissurée de toute part. Les giscardiens, Giscard n’attaque pas directement, il délègue, il dénonce la république des copains et des coquins, et quand on ajoute une querelle interne entre Giscard et Chaban, ils vont se battre à mort, car c’est le coup d’après, Chaban se considère naturellement comme l’héritier de Pompidou, et Giscard pense que son tour est venu, il a laissé passé en 69 car c’était trop tôt mais en 76 ce sera son tour, car c’est normalement l’échéance. Alors la guerre Chaban Giscard va empoisonner la vie du gouvernement.

La fin de l’année 70 et début de l’année 71 est très difficile pour Chaban car c’est une série de scandales. Puis un jour le Canard enchaîné publie un document intéressant, la feuille d’imposition du premier ministre avec comme total à payer zero. Donc c’est bizarre, les feuilles d’impôts des personnalités importantes sont gardées dans une chambre spéciale au ministère de l’économie et des finances. Or c’est Giscard le ministre. Donc le Premier ministre ne paye pas d’impôts car il a fraudé, donc Chaban répond qu’il ne paye pas d’impôts car légalement il n’en a pas à payer. Donc VGE va voler à son secours, en disant qu’il est ministre de l’économie et des finances et il va expliquer aux français que le Premier ministre n’a pas fraudé, il va expliquer pourquoi il ne paye pas d’impôts. Donc il a demandé un tableau, il veut faire une démonstration, et le voilà parti dans une explication dont personne ne comprend rien, donc à la fin on ne sait plus du tout si le premier ministre a oui ou non fraudé. Personne n’est dupe, VGE a voulu enfoncé Chaban. Donc il faut les réconcilier, mais ils sont irréconcialiables, donc il faut montrer au peuple que finalement ils sont redevenus amis. Donc on choisit une station de ski, on organise une rencontre au sommet d’une piste. Donc VGE se retrouve en haut d’une piste, il s’arrête pour souffler, et il voit arriver Chaban. Cela a fait la une, « Mon Cher Jacques, Mon Cher Valéry », c’est la une Du Monde. Pour Chaban ce n’est pas la fête ses relations avec Pompidou se dégradent, et Pompidou a l’impression d’être dans une impasse. La solution qui va lui venir à l’esprit c’est comme DG c’est un référendum, lors d’une conférence de presse en 72 quand personne ne s’y attend, il annonce qu’il va lancer un référendum sur l’élargissement des communautés européennes à la Grande Bretagne et l’Irlande. Le titre de l’éditorial du Monde le lendemain c’est Bien Joué, car Pompidou semble avoir trouvé le moyen de réconcilier les gaullistes, les giscardiens et d’anéantir la gauche. Les gaullistes disaient que Pompidou n’était pas dans la tradition de DG donc il fait un référendum, pour les centristes bien joué car le thème c’est l’Europe, non seulement on l’élargit mais en plus on fait un référendum dessus. Quand à la gauche elle est embarrassée, les communistes sont contre l’Europe, et les socialistes sont pro européens, donc ils ne peuvent pas s’y opposer, mais s’ils ne s’y opposent pas ils vont montrer que l’alliance avec les communistes est impossible qui eux vont appeler à voter non.

Page 15 sur 37

Page 16: belgiman69.free.frbelgiman69.free.fr/1A/Viepolitique/Viepolitique20092010.docx · Web viewOn ne peut pas comprendre la 5ème République sans avoir un aperçu de l’histoire politique

Sur le papier c’est très bien, mais sur la chose, ce n’est pas bien, c’est le sujet qui ne convient pas, c’est un traitre. Pour la Gauche, Mitterrand ne veut pas appeler à voter non, mais pas non plus à voter oui, car sinon c’est dire oui à l’Europe mais aussi à Pompidou. Donc il demande à ses électeurs de ne pas choisir, s’abstenir ou voter blanc, cela est très habile, Mitterrand a bien compris que ce référendum n’intéressait personne. Finalement cette belle idée va se retourner contre le Président, qui va se retoruver empêtrer dans ce référendum avec une majorité qui rechigne, et un premier ministre qui n’a apparemment aucune envie de faire du zèle sur ce sujet. Résultat le référendum a lieu le 23 avril, le oui l’emporte avec 68% mais il y a 39% d’abstention et 11% de bulletins blancs ou nuls, donc près de la moitié des français n’a pas voté. Donc c’est un demi échec ou un demi succès, en tout cas il ne sert à rien, Pompidou voulait l’utiliser pour relancer son action, mais finalement beaucoup de bruit pour rien, ce référendum n’a pas été une réussite. Donc la seule solution c’est changer de Premier ministre. Il faut dire que Chaban va nourrir le baton pour se faire battre, au début de 72, il sent très bien que son sort est en balance alors il a une idée, dans le fond nous sommes dans un régime parlementaire, c’est vrai que je suis critiqué, très bien, alors je vais faire trancher le conflit par l’AN, par une question de confiance, je vais poser la question de confiance à l’AN si elle me la refuse je m’en vais, sinon je fais taire toutes les critiques. Nous sommes en mai 72, la Constitution exige que la question de confiance puisse être posée par le Premier ministre après délibération en Conseil des ministres. C’est ce qui se fait, mais visiblement Pompidou est agacé, car il a très bien compris que c’est une situation de retour à la IVème avec le Parlement contre le Président. Donc le communiqué publié à l’issu du conseil, est un avertissement, le Président a pris la parole pour dire au Premier ministre qu’il pouvait, s’il le désirait, utiliser cette procédure. Donc on est dans un langage codé, il dit attention il ne faut pas le faire, ou alors il en prendra toutes les conséquences. Chaban fait mine de ne pas comprendre, il pose la question de confiance et à ce moment là c’est la majorité la plus forte à une question de confiance, car on a peur d’une dissolution. Du coup au mois de mai 72, Chaban est convaincu que le Président ne peut plus lui demander de partir, mais il n’a pas bien compris le régime parlementaire de la Vème, quand Pompidou le convoque en Juillet pour lui demander de partir, il aurait du refuser à cause de la question de l’AN. Mais que fait Chaban ? Il fait de la provocation mais face au Président il recule, cela n’est pas cohérent. Juridiquement toutes les armes étaient entre les mains du Premier ministre. Alors effectivement le 5 juillet 72, la démission de Chaban est annoncée, puis le nom de son successeur c’est Pierre Messmer.

II/ le gouvernement Messmer

Cet homme est un gaulliste historique, il a été combattant, dans la légion. Il a été ministre de la défense du Général DG. Ça a été un des ministres indétronables de DG. Pourquoi il est choisit  ? Parce que en temps que parlementaire, il va être dans un groupe qui milite pour le retour aux fondamentaux du gaulliste. il estime que le gouvernement est en train de tourner le dos aux principes du gaullisme, et il y a un reproche à Pompidou, il dit que c’est gentil de donner des gages aux ministres d’ouverture, et nous ? N’utilisez pas les centristes qui nous servent à rien, revenez au bercail du gaullisme. Donc la nomination de Messmer c’est l’ouverture c’est finie, les gages aux centristes c’est fini. La nomination de Messmer va être perçue par les gaullistes par le fait qu’enfin Pompidou revient aux sources du gaullisme. Le gouvernement de Messmer va d’ailleurs bien faire cela, avec de nombreux ministres gaullistes. Ce gouvernement doit affronter cette épreuve qui n'est pas facile. Il va alors réélire l'assemblée qui avait été déjà élue en 1973. La majorité sait qu'elle va perdre au moins une centaine de sièges. Donc Pierre Messmer doit faire en sorte que l'électorat gaulliste qui estimait qu'on avait trop donné au centre, doit récupérer l'électorat gaulliste. L'opération sera plutôt réussie puisqu'en Mars 1973 lors des élections législatives, car la majorité est reconduite avec une avance assez confortable, il est moins défavorable que ce qu'on pensait. CE qu'il faut retenir plus que le résultat c'est l'évènement de l'entre deux tours qui est très important pour la suite. Le premier tour a lieu le 4 mars, au soir du 4 mars certes la majroité fait du score honorable de 37% mais il y a un risque au centre qui obtient aux alentours de 13%, or il y a des composantes très différentes dans ce centre, évidemment Jen Le Canuet qui est dans l'opposition et des autres encore plus dans l'oposition. Et dans plusieurs circonscriptions plusieurs candidats du centre peuvent rester en lice en faisant des

Page 16 sur 37

Page 17: belgiman69.free.frbelgiman69.free.fr/1A/Viepolitique/Viepolitique20092010.docx · Web viewOn ne peut pas comprendre la 5ème République sans avoir un aperçu de l’histoire politique

triangulaires avec trois candidats nqui restent en lice, ce qui va défavoriser la majorité car des électeurs du centre qui auraient pu reporter sur la majorité restent sur leurs candidats. Donc l'enjeu du 2ème tour c'est les triangulaires, une grande radio avait organisé une émission en direct pour savoir ou non s'il y avait des triangulaires, c'était la nuit des triangulaires. Ce genre d'émission n'a pas été refait depuis, et en réalité il hy a eu très peu de triangulaires, pourquoi? Dans l'entre deux tours, il y a eu une rencontre discrète entre Le Canuet et Messmer pour savoir si ou ou non les candidats du centre devaient se présenter. Ce qui va sauver la majorité c'est que le centre va décider de retirer ses candidats sans entrer dans la majorité. Il voulait seulement éviter que la gauche remporte les élections et deviennent la nouvelle majorité, donc la majorité sortante va être assez facilement reoconduite au second tour. Le gouvernement qui va être reconduit au lendemain des élections est toujours dirigé par Messmer et il est tourné à droit avec des personnalités très à droite. Duhaml, malade, un centriste, est remplacé par Dumont qui est très à droite. Debré est remplacé par Kovaloski un des proches de VGE, un gaulliste. C'est en réalité déjà un gouvernement de combat car Pompidou sait qu'il est atteint d'une maladie incurable, mais il n'a pas l'idée qu'il va mourir en cours de mandat, mais il veut proposer une révision de la constitution qui ramènera le mandat de 7 à 5 ans, et il veut se l'appliquer à lui même en démissionnant. Dans ces conditions le gouvernement qui est mis en place est destiné à atteindre cet objectif.

Cette majorité semble donc être discutée face à une gauche qui retrouve sa solidité: on a le sentiment que la majorité est au bout du rouleau et que les prochaines élections vont changer les choses.

Paragraphe 2: L'opposition.

I/ La gauche.

La gauche c'est le big bang, expression de Michel Rocard.

Les socialistes.

Après le terrible échec de 69, après l'éclatement de la fédération de la gauche socialiste, après les déboirtes de Mitterrand et son impopularité croissante, la gauche a du mal à se recomposer, son leader Sauvary manque de charisme. Il faut attendre juin 71 pour que le PS se régénère, et assez paradoxalement sous l'impulsion de Mitterrand revigoré. Le 26 Juin 1971 se tient à Epinay le Congrès fondateur du PS. On a décidé de créer le PS et d'abandonner l'expression NPS et la question se pose des alliances et du leader. Mitterrand n'est pas membre du PS, il n'achètera sa carte d'adhérent que le jour dub Congrès. Il va se constituer une majorité hétéroclite, composée de la fédération du Nord avec Mauroy, la fédération des Bouches du Rhône avec Defferre, et puis une alliance inattendue avec Jean Pierre Chevènement qui à l'époque constituait l'extrême gauche du PS. Cela conduit Mitterrand à présenter un discours à gauche. C'est aussi l'union de la gauche avec le PC. Mitterrand expliquera bien pourquoi il va opter pour cette stratégie: il estime que c'est la seule qui peut conduire la gauche au pouvoir. Il veut donc à terme détruire le PC, et ne s'en cache pas. Mais les communistes ne le croient pas parce qu'ils ont l'impression que cela n'a aucune réalité, et pourtant c'est ce qui va se passer. En tout cas en 1971 le PS est en ordre et il s'engage dans cette stratégie d'union dans la perspective des élections de 1973. Le PS devient aussi attractif: la SFIO était devenu un parti de vieux, le PS va devenir un parti de jeunes cadres, les couches les plus actives de la population. C'est l'époque où les cadres basculent plutôt vers le socialisme.

Cette volonté d'union avec le PC va se manifester en Juin avec l'évènement de la signature entre les communistes, les radicaux de gauche, le parti socialiste du programme commun de la gauche. C'est la première fois que socialistes et communistes se mettent d'accord sur un programme commun de gouvernement. Celui-ci a un but: c'est la victoire en 1973 et donc la constitution d'une majorité et d'un gouvernement qui pouvait mettre en oeuvre le programme arrêté dans ce texte.

Page 17 sur 37

Page 18: belgiman69.free.frbelgiman69.free.fr/1A/Viepolitique/Viepolitique20092010.docx · Web viewOn ne peut pas comprendre la 5ème République sans avoir un aperçu de l’histoire politique

Les radicaux.

Aujourd'hui encore il existe la distinction entre les radicaux de droite et les radicaux de gauche. Les radicaux de droite sont aujourd'hui les radicaux socialistes, ils font partie de la majorité. Les radicaux sont au parti radical de gauche. C'est la scission du parti radical en 2. Les radicaux de gauche qui à l'époque sont gouvernés par Fabre, c'est lui qui va être l'un des signataires du programme commun et à l'époque on dira même que c'est lui qui apporte la touche libérale.

II/ Le centre.

C'est d'abord le centre démocrate de Jean Lecanuet. Il est dans l'opposition mais il va revoir cette position après la signature du programme commun de la gauche. Les centristes de Jean Lecanuet sont confrontés à un dilemme assez fort: soit ils restent indépendants, ni droite ni gauche, soit ils rallient la majorité mais alors ils perdent leur âme. Mais dans les deux cas c'est pour eux une mauvaise chose.

Les radicaux: En 1970 ils font savoir qu'ils sont à la recherche d'un secrétaire d'Etat ou d'un chef. Ils trouvent qu'ils n'ont pas une personnalité susceptible d'attirer les foules parmi eux. Alors il y a un candidat à ce poste: Jean Jacques Saban Schreber. C'est le chef de l'Express, toujours orienté au ce ntre gauche et il a écrit après 1968 un essai politique consacré à la réforme. L'idée c 'est qu'entre les conservateurs et les révolutionnaires il y a la réforme (la troisième voie). Influencé par le modèle américain, il dit qu'il faut s'inspirer de ce pays et de mettre en place un système de la réforme. Il va être président du parti radical en 1971. Cette présidence va engendrer rapidement une rupture au sein du parti radical parce qu'il ne correspond pas au profil de l'élu radical type: c'est tout le contraire d'un notable. Et surtout, il est trop libéral. Les radicaux ne sont pas des marxistes, mais ils sont radicaux socialistes, ils ne peuvent pas entendre un discours trop libéral. Par ailleurs ils trouvent qu'il est trop éloigné des valeurs radicales. Schreber c'est la majorité: en 1970 lors de l'élection législative partielle à Nancy, il se présente et il est élu à la surprise générale. A partir de là, il se voit déjà premier ministre voire président de la république. Mais en 1971 il va commettre une erreur. Chaban est toujours premier ministre et il lui arrive un accident de la circulation: son suppléant se tue dans un accident de voiture. Le siège est donc vacant, donc Chaban doit se représenter pour être élu député dans sa circonscription de Bordeaux, et Schreber dit qu'il veut battre Chaban alors qu'il est déjà élu à Nancy. Il dit qu'il est le meilleur. Le problème c'est que Chaban va être réélu triomphalement au premier tour. Beaucoup de radicaux ne supportent pas être gouvernés par lui et donc le parti va faire scission: d'un côté les radicaux qui restent derrière Schreber qui sont les radicaux de droite; et ceux du parti de gauche ridigés par Robert Fabre. Schreber va même aller plus loin : il a l'intention de réunifier le centre et l'opposition: il va proposer à Lecanuet de constituer avec les radicaux une confédération qui est l'ancien UDF, confédération dans laquelle il y aura les centristes et les radicaux. On va l'appeler le mouvement réformateur. Le mouvement réformateur n'est pas un parti politique, c'est une confédération dans lesquelles on trouve les radicaux et les centristes d'opposition. Cette idée de recomposer le centre va être prise plus tard par VGE dans ce qui s'appelera l'UDF. Depuis 1968, les ligues ont donc beaucoup bougées: la majorité s'est ouverte au centre, la gauche non communiste s'est reconstituée avec un PS neuf, l'appairition de radicaux de gauche, le centre aussi. C'est dans ce contexte compliqué que va surgir la mort de Pompidou.

Paragraphe 3: la maladie et la mort de Georges Pompidou.

Les premiers symptômes sont apparus en 68. C'est une sorte de cancer, une maladie rare et incurable. Médicalement, elle est à évolution lente. Il est vraisemblable qu'on lui ai révél sa maladie avant sa présidence, mais les médecins ne pensaient pas qu'il aurait pu mourir pendant son mandat. C'est oublier que chaque être humain est différent et que le rythme de vie d'un chef d'Etat n'est pas de tout repos. C'est en 72 qu'on sait qu'il est condamné à court terme. Il a compris qu'il ne pourrait pas aller jusqu'à la fin du mandat, non pas qu'il va mourir,

Page 18 sur 37

Page 19: belgiman69.free.frbelgiman69.free.fr/1A/Viepolitique/Viepolitique20092010.docx · Web viewOn ne peut pas comprendre la 5ème République sans avoir un aperçu de l’histoire politique

il ne pense pas mourir avant la fin du mandat, mais le sentimen d'ariver épuisé à la fin du mandat. Donc il a une idée: c'est de proposer une révision de la Constitution visant à instaurer le quinquennat. Une fois cette révision adoptée, Pompidou dira qu'il l'applique à lui même et donc qu'en 74 il quitte son fauteuil. C'est une manière élégante de dire qu'il écourte son mandat sans dire que c'est à cause de la maladie. Il est obligé de dire qu'il n'est pas malade. Tout le monde regarde l'évolution de sa maladie, mais personne ne sait ce qu'il a. Il y a de l'acharnement, les prétendants se mettent en place dans la majorité, mais aussi dans l'opposition on critique qu'il soit encore au pouvoir. Alors cette révision de la Constitution apparaît comme une sortie digne, mais elle ne va pas aboutir. Pompidou se disait qu'elle allait passer car la majorité allait passer mais la gauche aussi car dans le programme commun il était dit qu'il devaient instaurer la majorité. Tout le monde va refuser le texte: Les opposants car ce n'est pas leur quinquennat, et les gaullistes car dans la Constitution il y a 7 ans, on ne doit pas y toucher. Alors Pompidou l'entame dans la voie parlementaire, le texte n'est pas voté par le Congrès. Alors en 73 il va dire qu'il suspend la réforme parce qu'il y a la guerre du Kipour (aucun rapport). Cet échec en Octobre 73 montre bien que Pompidou a perdu la main. Il va essayer de la reprendre quelques semaines avant de mourir. Au début de 1974, on sait qu'il souffre d'une maladie grave parce que par exemple à deux reprises il va annuler les réceptions qui sont faites pour le camp diplomatique. La rivalité Chaban Giscard va alors se révéler encore plus fortement: l'enjeu est de taille. Les deux protagonistes ont le sentiment que le mandat de Pompidou va être écourté et qu'il va y avoir une élection anticipée. Chaban pense encore être le dauphin de Pompidou. Giscard estime que Pompidou ne pouvant plus supporter Chaban c'est vers lui que se porterait son choix. Depuis plusieurs mois à l'Elysée, un petit groupe se réunit, il est composé de 3 personnes et son seul but c'est « Comment empêcher Chaban de devenir président? » dont fait partie Chirac. Il estime que Pompidou est son second père, il a un lien très fort avec lui et l'opération anti Chaban pour Chirac c'est respecter la volonté du père. Le problème c'est que ces réunions constituent une cellule secrète et peu reluisante. Quand à Giscard il a le sentiment qu'il est le vrai dauphin, que Pompidou ne s'en cache plus. Le président au début de l'année reçoit les parlementaires, il reçoit les giscardiens et l'un des parlementaires présent enregistre les propos de Pompidou, et effectivement il y a un éloge de Giscard mais c'est présenté même à la presse comme un discours important, c'est relayé notamment dans l'Express, on espère qu'il va partir. Et c'est là qu'intervient le dernier coup d'éclat de Pompidou. Le 1er mars, une dépèche annonce la démission de Messmer. 15 minutes plus tard, on dit qu'il est nommé Premier ministre. Il y a aussi un changement capital: c'est le poste de l'agriculture. Jusque là Chirac était ministre de l'agriculture, mais là il devient ministre de l'intérieur; donc qu'il va organiser les nouvelles élections présidentielles. Donc c'est le but que Chaban soit déchu. Pompidou n'a plus qu'un mois à vivre, il fait savoir qu'il ne présidera pas un Conseil des ministres à la fin du mois de mars mais le 2 avril il meurt. La Constitution dit qu'en cas de vacance de la présidence, l'élection présidentielle doit avoir lieu dans une fourchette, Chirac choisit le délai le plus long parce qu'il a compris que plus la campagne serait longue et plus Chaban serait destabilisé, il a d'ailleurs vu juste.

Section 2: les candidats.

Ils sont nombreux, ils sont 12 et c'est pour cela que le CC va décider d'augmenter le nombre de parrainages de 100 à 500 pour les élections présidentielles. Il y a Mitterrand, Giscard, Chaban (ces trois candidats vont faire des scores à 2 chiffres, le 4ème va faire 3%), Royer, Laguiller, René Dumont, Le Pen, Emile Muller, Alain Krivine, Bertrand Renouvain, Jean Claude Segade, Guy Héraud.

Guy Héraud est candidat du parti fédéraliste européen, dont il est pour l'Etat fédéral.

Jean Claude Sebagne: Aixois, enseignant à l'IEP d'Aix. Il est candidat au mouvement à parti fédéraliste européen. Il obtiendra 42 000 voix.

Page 19 sur 37

Page 20: belgiman69.free.frbelgiman69.free.fr/1A/Viepolitique/Viepolitique20092010.docx · Web viewOn ne peut pas comprendre la 5ème République sans avoir un aperçu de l’histoire politique

Renouveain: Il est candidat de la nouvelle action royaliste. Il soutiendra Mitterrand au second tour en disant qu'il est plus royaliste que Giscard.

Krivine: Candidat au front communiste révolutionnaire.

Muller: Maire de Mulhouse, démocrate socialiste. Il était membre du parti socialiste mais quand le parti a fait alliance avec les communistes il a fait scission.

Le Pen: il appartient au FN. Il fait 0.74% des voies.

René Dumont: C'est le pionnier de l'écologie, c'est le premier candidat écologiste.

Laguiller: Lutte ouvrière qui fera 2%.

Royer: Il est ministre du commerce et de l'artisanat dans le gouvernement sortant, mais il est surtout maire de Tours et sa caractéristique principale c'est qu'il mène une croisade contre la pornographie.

Mitterrand: c'est le candidat de l'union de la gauche, et assez curieusement ce n'est pas une façade, c'est sans doute la seule élection où l'union de la gauche s'est exprimée de manière honnête.

Giscard et Chaban sont deux candidats de la majorité.

La campagne de Chaban va être un modèle de genre de ce qu'il ne faut pas faire. Le premier faux pas de Chaban intervient le 4 avril 74. C'est assez étonnant, il tombe dans un piège, VGE et ses amis font courir le bruit que VGE va annoncer sa candidature dans la journée ce n'est pas une journée ordinaire, c'est le jour où l'AN va annoncer l'éloge funèbre de Pompidou, donc VGE ne veut pas du tout annoncer sa candidature. Mais Chaban tombe dans le piège à 16h00 un communiqué de Chaban annonce qu'il est candidat alors que l'éloge a commencé à 16h donc VGE dit que c'est indigue, que c'est un homme pas net, que la femme de Chaban est morte dans un accident de voiture avec le chauffeur et qu'il s'est remarié un mois après. Cela a beaucoup porté dans l'électorat. Le problème c'est que le 5 avril, un autre membre de la majorité va aussi se déclarer candidat: c'est Edgar Faure. Un deuxième piège se renferme sur Chaban: un certain nombre de la majorité vont dire qu'il y a trop de candidats de la majorité. La solution c'est que Messmer se présente, et comme il est premier ministre de Pompidou il dit qu'il est le candidat unique de la majorité. Le piège fonctionne bien et Pierre Messmer déclare qu'il est candidat à une condition: que les autres candidats de la majorité se retirent. Edgar Faure est d'accord de se retirer. Giscard dit qu'il veut bien se retirer si Chaban se retire aussi. La vitesse a été favorable, comme Giscard dit ça avant Chaban, car comme c'est le dernier il incombe à Chaban de dire oui ou non, or comme il ne dira jamais non Giscard va dire que c'est lui le méchant, moi je voulais me retirer mais lui il dit non. Chaan dit à la presse avec une grande solennité qu'il va apporter sa réponse à Messmer sa réponse. Les journalistes attendent donc le jour même Chaban. Cela va très vite, aussitôt rentré aussitôt sorti, le monde va relater avec un certain humour l'entretien. Le journaliste va durer la durée exacte de l'entretien: 2 minutes et 50 secondes. Finalement Messmer va se retirer donc on retrouve nos Chaban, Giscard et Royer.

Ceux qui soutiennent Giscard: il est soutenu par les giscardiens mais aussi par le centre démocrate de Jean Lecanuet.

Ceux qui soutiennent Chaban: une partie du parti gaulliste, par les centristes qui s'étaient ralliés à Pompidou. Le problème c'est que le soutien des gaullistes n'est pas sincère. Chirac ne veut pas supporter Chaban. Il ne peut pas dire qu'il soutient Giscard, il va créer un groupe, 43 parlementaires et membres du gouvernement qui sont des centristes. Giscard est soutenu de manière souterraine par une partie des gaullistes. Pourtant, ce n'est pas gagné, la campagne va être très rude et les résultats serrés.

Page 20 sur 37

Page 21: belgiman69.free.frbelgiman69.free.fr/1A/Viepolitique/Viepolitique20092010.docx · Web viewOn ne peut pas comprendre la 5ème République sans avoir un aperçu de l’histoire politique

Section 3: La campagne et les résultats.

Cette campagne va être marquée aussi par les candidats qui veulent être farfelus. Cette fois-ci c'est Royer. Royer avait loué un train pour y faire ses meetings. On dit « Royer puceau »! Finalement c'est lui le coquin!

La campagne de Mitterrand est relativement simple: il a le terrain dégagé, il n'a pas d'adversaire à gauche, il est tout seul hormis l'extrême gauche. Au tout début de la campagne, il veut atteindre un objectif qui paraît autant infranchissable, c'est l'élection au premier tour. Dans certains sondages il est à 46% environ. Surtout que son calcul est: il estime qu'il n'a pas de réserve à gauche et que finalement il ne pourra être élu que si toute la gauche vote pour lui et il va en cours de campagne affiner son analyse. Il va comprendre qu'il n'aura pas de majorité absolue, il va dire que si il a moins de 45% il ne sera pas élu au second tour car il n'a pas de réserve suffisante et c'est ce qui va se passer. C'est une campagne très à gauche sur la continuité d'Epinay, du programme commun même s'il ne reprend pas à son compte le programme commun. Mais ce n'est pas la campagne qui va lui permettre de gagner. L'enjeu est le suivant: qui de Giscard ou de Chaban va être numéro 2 car personne n'envisage qu'ils soient numéro 1. Mais la question c'est: quel est le meilleur candidat pour battre Mitterrand au deuxième tour? Toute la campagne de Giscard c'est de montrer que Chaban est un mauvais candidat et que lui seul est capable de l'emporter, ce qui va parfaitement fonctionner. Les premiers sondages les donnent au coude à coude, mais brusquement Chaban va s'effondrer: il va passer au dessous de 20 et Giscard au dessus de 30. En effet Chaban fait une campagne nulle: son rythme est trop effréné, il commence la campagne aussi avec des habits décontractés, donc au bout de 15 jours les français vont se demander qui est Chaban? Il est trop instable, on se demande s'il y a un Chaban ou plusieurs? Chaban vient accompagné de Malraux, le jour où il passe à la télévision il est défoncé et il est littéralement tordu par les tics. Surtout il part dans un discours extraordinaire dans une vision de futur: il dit que dans 20 ans on se demandera à quoi servent les profs, on aura des machines qui nous permettront d'apprendre, on aura des moyens techniques qui nous permettront de chez soi d'apprendre. Chaban est dépité. Quand on regarde les sondages qui vont suivre, c'est la chute brutale. On dira d'ailleurs que chaque fois que Malraux finira une phrase, Chaban perdra 100 000 voies.

Campagne VGE très moderne, ton donné dès le début. Chaban est fragile, y compris dans sa personnalité, et est attaqué sur une vie que l'on présente comme mouvementée. A l'inverse, Giscard se présente comme un bon père de famille, on e voit poser avec sa femme et ses enfants. On s'aperçoit que les jeunes vont voter Giscard, qui semble rajeunir l'image politique.

La deuxième campagne est celle de Mitterrand. Il est à l'aise, il n'a pas de concurrence à gauche, puisqu'il est le candidat unique du PS, du PC et des radicaux de gauche. La campagne de Mitterrand sera marquée à gauche, même si cela ne correspond à sa conscience profonde idéologique: il a un discours virulent sur le capitalisme qui ne correspond pas du tout à ce qu'il pense.

L'écart entre Giscard et Chaban aux résultats sont sans équivoques: Giscard fait 32% alors que Chaban fera 15%. Mitterrand obtient 43% des voies, avec un pourcentage d'abstention faible de 15.5%. Le candidat qui arrive en 4ème position est 4% et c'est Royer. Ce premier tour est donc un désastre pour Chaban, et donc un désastre aussi pour les gaullistes. En effet, même si Chaban n'était pas le candidat voulu par tous les gaullistes, officiellement c'est lui qui représente le parti gaulliste. On s'aperçoit que ces 15% est le score le plus bas des gaullistes depuis le parti gaulliste. Cela va grandement perturber le septennat de Giscard, une cassure inattendue chez les gaullistes.

Le deuxième tour s'annonce serré même si Mitterrand n'a pas atteint le seuil qu'il s'était fixé: il avait dit que s'il n'obtenait pas 45%, il ne serait pas élu au second tour. Seuls Laguillet et Krivine pouvaient apporter un peu de voies mais même à eux 2 ils n'atteignent pas 1%. La campagne va être marquée par le débat du second tour. C'est la première fois dans l'histoire de la présidentielle que l'on organise un débat entre les deux candidats du second tour, débat inspiré de la campagne américaine. Mitterrand attaque durement Giscard en disant qu'il fait la politique des riches, qu'il ne pense pas aux pauvres, et Giscard l'arrête pour lui dire: « Monsieur Mitterrand, vous

Page 21 sur 37

Page 22: belgiman69.free.frbelgiman69.free.fr/1A/Viepolitique/Viepolitique20092010.docx · Web viewOn ne peut pas comprendre la 5ème République sans avoir un aperçu de l’histoire politique

n'avez pas le monopole du coeur ». C'est vrai qu'elle tombe bien, elle est perçue comme ayant un fond de sincérité. En tout cas, jusqu'au dernier jour, les sondages publiés montrent que l'écart qui était en faveur de Mitterrand se rétrécit, et même jusqu'à la veille on donne 50/50. Le président de la république par intérim (Poher) intervient par le directeur général du Figaro pour ne pas publier ce sondage. Aujourd'hui, on ne peut pas publier de sondage 24 heures avant le tour électoral. Mais avant cela était pendant 1 semaine, c'était Poher qui avait mis en place cela. Les sondages ont vu juste puisque le score va être très serré, à tel point qu'Europe 1 à 20 heures ne sait pas dire qui va être président de la République. Il faut attendre 21 heures pour que Giscard l'emporte avec 51%. C'est une victoire à l'arrachée, mais un peu inattendue. En effet, par rapport au début de la campagne, quand Pompidou meurt, et qu'on annonce une élection anticipée, on est en faveur de Mitterrand. Il est vrai qu'on a l'impression que la gauche a laissé passé une chance incroyable, parce qu'elle est unie autour de ses électeurs, et on dira par la suite que la gauche n'a jamais été aussi unie. Il y a donc une amertume, accentuée par le résultat de 78. On commence à penser que la gauche porte la poisse. L'explication est que la France est plutôt conservatrice, donc la victoire de la gauche est plus difficile à obtenir.

Section 4: Les conséquences de l'élection.

C'est un nouveau style de président qui arrive à l'Elysée, par rapport aux républiques précédentes et aux deux présidents de la Ve. D'ailleurs, Giscard dira qu'une page nouvelle s'ouvre avec cette élection. Il insiste sur la nouveauté, mais il en fait trop: dans la gestuelle, la musique, la symbolique. Dans la symbolique, c'est l'image du Président. Dans les mairies on a la photo des présidents, ils étaient habillés avec le cordon de la légion d'honneur... Giscard innove: la photo est horizontale et non verticale, et il est en costume de ville, et sans le cordon. Dans le geste, lorsqu'un nouveau président de la République prend fonction, il arrive à l'Elysée en voiture, puis il y a la cérémonie d'investiture, puis la cérémonie d'installation, et il remonte les champs Elysées dans une voiture et salue la foule. Giscard lui, arrive à pieds, et remonte les Champs à pieds. C'est important, mais là par contre tous les autres ne feront pas la même chose que lui! Autre exemple: le défilé du 14 Juillet. Normalement, il a lieu sur les Champs, de l'Arc jusqu'à la Concorde. Lui il décide que ce sera de la Bastille à la République. C'est presque révolutionnaire! Puis la musique: normalement, c'est la Marseillaise. Il ne va pas changer la musique mais ralentir le rythme, ça non plus ça n'a pas de succès... Il fait aussi changer la couleur du drapeau. Ce n'est pas le même bleu, il est plus clair, « moins agressif », dit-il, que l'autre. C'est la première fois qu'un président fait cela. Et puis il a des idées étranges: il va aller voir les français, donc il va demander aux français de l'inviter à dîner, mais il va y aller avec sa propre vaisselle, ses propres plats (décidés par l'Elysée). Il arrêtera vite parce que ça fait un peu monarchique. Il y aura des initiatives involontaires plus malheureuses: il va déjeuner avec les éboueurs: rentrant à l'Elysée, il a eu un accident avec un camion poubelle. Cela a traumatisé les éboueurs, et en compensation Giscard les a invité.

Il y a quand même des choses importantes: la majorité à 18 ans. C'est aussi des réformes sociétales: la simplification du divorce, on débarrasse le Code Civil et Pénal de toutes les dispositions machistes. C'est la loi sur l'IVG. Il y a donc une série de mesures très novatrices. La loi sur l'IVG va porter préjudice à Giscard, car une partie de son électorat va refuser cela. Il y a aussi une série d'initiatives en matière européenne: c'est Giscard qui a crée le Conseil Européen, c'est lui qui a crée le système monétaire européen (ancêtre de l'Euro), qui a permis l'élection directe du parlement européen par les citoyens européens. Le bilan est loin d'être négatif. Le problème c'est qu'il n'a pas su privilégier le fond par rapport à la forme. Ca démarre plutôt bien et plutôt vite.

La deuxième conséquence, c'est la formation d'un gouvernement dont le PM va être Chirac. Ils ne se connaissent pas, mais Chirac a tout fait pour empêcher l'élection de Chaban. Ce gouvernement, c'est un gouvernement de coalition. En effet, il va comporter des gaullistes, des républicains indépendants et puis des centristes qui vont se réunifier avec l'élection de VGE. Les gaullistes ont perdus l'Elysée pour la première fois depuis 58. En 1974, ce sont eux qui sont la majorité de la majorité parlementaire, donc il va de soit que le PM doit être gaulliste, il va de soi aussi qu'il ait plutôt soutenu VGE. Comme il y a une volonté de rajeunir l'exécutif, Chirac apparaît comme le

Page 22 sur 37

Page 23: belgiman69.free.frbelgiman69.free.fr/1A/Viepolitique/Viepolitique20092010.docx · Web viewOn ne peut pas comprendre la 5ème République sans avoir un aperçu de l’histoire politique

candidat parfait. VGE va sous estimer Chirac. Les giscardiens occupent des postes importants, notamment le numéro 2: le ministre de l'intérieur.

Les centristes, c'est intéressant: il y avait deux catégories de centristes. Ceux qui avaient rejoint Duhamel, et ceux restés dans l'opposition dans le cadre du mouvement réformateur, avec Lecanuet, qui devient ministre de la justice, donc numéro 3. Un autre réformateur important fait son entrée, c'est JJ Schreber. Il a une attitude curieuse pendant la campagne électorale, puisqu'il va attendre le second tour pour se prononcer pour VGE. Il sera renvoyé quelques semaines plus tard pour des propos qu'il va tenir sur les expériences nucléaires. Giroux, directrice de l'Express, plutôt à gauche, va être nommée secrétaire d'Etat à la condition féminine.

La troisième conséquence, c'est l'élargissement de la majorité: le centre est réunit autour de la majorité, et finalement la prophétie de VGE que la France veut être gouvernée au Centre semble trouver sa réalisation. Reste la gauche, dans une situation paradoxale: jamais elle n'a été aussi aussi, mais jamais elle n'a eu aussi peu de perspectives d'avenir.

Chapitre 4: Les élections du 26 avril et 10 mai 1981.

Section 1: Le contexte politique .

Il y a une désunion totale, à droite comme à gauche. La majorité est recomposée avec les centristes. Il est vrai que ce ralliement de l'ensemble des centristes à la majorité va se faire au détriment du centre qui avait rejoint la majorité en 1969. Les amis de Duhamel ne vont pas trouver leur place dans le gouvernement parce qu'ils ont soutenus Chaban. Ils vont le suivre jusqu'au bout, et ils vont payer le prix par une absence au gouvernement. Cette présence du centre va poser la question de son unité complète. L'idée est la suivante: Giscard a une obsession, c'est de faire du centre la première force politique du pays, en tout cas en faire une force suffisamment puissante pour équilibrer la puissance du parti gaulliste. Mais le problème est qu'il ne faut pas heurter le parti gaulliste, et surtout, qu'est-ce que c'est le centre? Ou place-t-on les giscardiens? Donc s'il veut composer un centre à sa main, il faut qu'il réunisse les giscardiens, le mouvement réformateur. Il y parviendra en 1978 avec la création de l'UDF, mais dans des conditions politiques difficiles pour lui. Les gaullistes sont dans une situation délicate: une fois de plus, ils sont divisés. Dans toute l'histoire du gaullisme, il n'y a jamais eu un parti monopolistique, il y a toujours eu une scission. Ici la fracture est plus sévère parce qu'ils n'ont plus la présidence de la république et parce que Chirac est considéré comme un traître: c'est oublier que Chirac n'est pas un gaulliste, c'est un radical. Donc il y a un malaise profond, qui rapidement va engendrer un conflit politique majeur à l'intérieur de la majorité.

Et puis dans la majorité, il y a ce couple, Giscard-Chirac. Si on veut comprendre ce contexte politique, il faut distinguer la période du gouvernement Chirac et la période du gouvernement Barre.

I/ Le gouvernement Chirac, 1974-1976.

C'est comme une histoire d'amour. Il y a eu un coup de foudre: Giscard trouve Chirac très dynamique. Chirac est attiré par le côté brillant de VGE. En Décembre 1974, il prend la tête du parti gaulliste, à l'époque VGE est à l'étranger, il pense que Chirac a fait ça pour lui, donc il le remercie. Puis vient le temps des disputes, qui vont être nourries par les difficultés que connaît le couple politique. Ainsi, en Mars 76, la majorité va perdre les

Page 23 sur 37

Page 24: belgiman69.free.frbelgiman69.free.fr/1A/Viepolitique/Viepolitique20092010.docx · Web viewOn ne peut pas comprendre la 5ème République sans avoir un aperçu de l’histoire politique

élections cantonales. Cela va entraîner une réaction inattendue du Président le soir même des cantonales: il va apparaître en costume sombre pour dire que c'est une catastrophe, et va demander à Chirac d'être le coordinateur. En réalité, depuis longtemps Chirac proteste. Et puis il a une demande très précise: Chirac pense que si on attend, on va perdre, donc il faut dissoudre. Cela va très loin puisque les militants se préparent. Mais VGE dit non sur ce principe: ne jamais bousculer le calendrier électorale. Ce refus sera la goutte d'eau qui va conduire à la démission de Chirac. La démission se fait en deux temps: la première fois il veut la faire en Juillet 1976, mais VGE ne veut pas parce qu'il préfère que ce soit Chirac qui aille au Japon à sa place. Donc il va rester un mois de plus. Et il va démissionner le 25 Août 1976. Cela va créer un buzz parce que Chirac va dévoiler toutes les raisons pour laquelle il veut démissionner, notamment le fait qu'on ne lui a pas donné les moyens politiques.

II/ Le gouvernement Barre: 1976-1981.

Raymond Barre est un tout nouveau ministre puisque c'est dans un remaniement que Barre va faire son entrée comme ministre du commerce extérieur, entrée discrète pour un homme politique plutôt connu. C'est une nomination inattendue. On pense que c'est un autre PM qui va être nommé. Raymond Barre explique dans un ouvrage qu'il ne savait pas qu'il allait devenir PM. Pourquoi lui? Parce qu'il n'est ni gaulliste, ni centriste. De ce point de vue là, il apparaît la personne qui peut satisfaire les deux camps. En 1968, c'est lui qui dit aux gaullistes de ne pas dévaluer. Le gouvernement Barre va être constitué à partir du fait qu'il n'est pas chef de parti, donc il va être encadré par les centristes, les républicains indépendants et les gaullistes. Cela va être pour Barre que ce sera un calvaire. Les gaullistes n'ont plus non plus Matignon, donc ils perdent encore une marche du pouvoir. Surtout, Chirac redevient libre. On va assister à une sorte de front renversé: vont entrer aux gouvernements ceux qu'on avait écarté parce qu'ils avaient soutenus Chaban, et vont quitter le gouvernement ceux qui étaient trop près de Chirac. Donc les gaullistes sont de nouveau divisés mais de manière contraire au début du septennat.

La première secousse est en décembre 1976 avec la création du RPR dont Chirac prend la présidence. Le RPR est un parti renouvelé, il se présente d'entrée comme un instrument de combat. C'est une machine de guerre. VGE comprend le danger parce qu'il n'a pas d'équivalent, que le parti gaulliste est normalement des militants, alors que les giscardiens sont un parti de cadres. Donc la mise sur orbite présidentielle de Chirac constitue un danger pour Giscard, c'est un pb pour Giscard.

La deuxième secousse, c'est la bataille de Paris. L'une des réformes de VGE concerne la ville de Paris. Jusqu'à 1976, elle n'avait pas de maire, ce n'est pas une commune comme les autres: c'est la méfiance du pouvoir central contre Paris, on a l'impression que le maire peut être une force politique assez forte pr contrebalancer le pouvoir. En 1976, la commune de Paris va avoir un maire, élu par le Conseil de Paris. Jusqu'à présent, il y avait un Conseil de Paris, mais pas de maire, juste un président du Conseil. Parenthèse, le maire de Paris n'a pas tous les pouvoirs d'un maire normal, notamment pas le pouvoir de police, c'est le préfet de police qui a ce pouvoir. Donc, il va y avoir en 1977 (prochaine élection municipale) un maire de Paris. La bataille commence dans l'indifférence la plus complète. On se dit que le plus simple serait de porter à la mairie de Paris le président du Conseil de Paris. Mais c'est difficile parce qu'il a une dimension politique. Les gaullistes disent: comme le président du Conseil est un gaulliste, il faut qu'il soit gaulliste. VGE comprend le piège, et il se dit qu'il faut entamer le combat. Il va l'entamer dans les pires conditions: un jour, à l'Elysée, sort de l'Elysée en disant que le président du Conseil lui a demandé d'être candidat unique. Cela déclenche la fureur de Chirac, qui décide d'être candidat à la mairie de Paris. On a donc l'affrontement direct entre VGE et Chirac. En Mars 77, c'est un triomphe pour Chirac, terrible pour VGE parce que face aux listes Chirac, il y a des listes soutenues par VGE, battues partout. C'est un raz de marée en faveur de Chirac, dans un contexte politique terrible, car la droite connaît une défaite historique dans les élections municipales. Dans le désastre, le deuxième désastre, c'est que Chirac sort vainqueur. Ces élections de 77 vont d'ailleurs avoir un effet étrange: le lendemain du second tour, l'Elysée publiera un communiqué qui indiquera que le PM a présenté la démission du gouvernement au Président. C'est une première, mais pas la dernière, puisque 6 ans plus tard Mauroy fera la même chose. La démission de Barre n'est pas destinée à remplacer Barre. Elle sert à débarrasser certains ministres du gouvernement, il y a trop de

Page 24 sur 37

Page 25: belgiman69.free.frbelgiman69.free.fr/1A/Viepolitique/Viepolitique20092010.docx · Web viewOn ne peut pas comprendre la 5ème République sans avoir un aperçu de l’histoire politique

gouvernements. Le choix présenté à VGE est: soit je pars définitivement, soit on vire les ministres d'Etat. Barre démissionne donc et quelques temps après il est renommé. Cela ne calme pas la majorité, ils vont tous continuer à se disputer et Chirac va multiplier les attaques, qui atteindront leur paroxysme en 1979 à l'occasion des élections européennes: c'est le cas de Cochin. Chirac va être hospitalisé pour quelques semaines, et c'est de son lit d'hôpital qu'il va lancer un appel, et le fait qu'on a vendu la France au parti de l'Etanger. C'est déjà la campagne qui est entamée, cet appel de Cochin est maladroit, brutal, mais pas totalement dû à la plume de Chirac. Pour la gauche c'est encore pire.

Paragraphe 2: la gauche.

Rapidement, le PC va prendre conscience qu'il court un danger. A force de laisser la place à Mitterrand, au PS, est-ce que finalement ce qu'a dit Mitterrand, n'est-ce pas en train d'arriver? On dit que cet homme a fait 49.9% au second tour, il a réussi à unir la gauche autour de lui, il a un PS rajeuni, renouvelé. C'est donc un vrai danger. Il faut donc faire en sorte d'arrêter ce mouvement d'union. Pour cela, ils ont la « personne ressource »: c'est George Marchais. Il va s'imposer dans les médias, et il va devenir la star politique des plateaux de télévision, on va l'inviter toutes les semaines. Le PC a décidé coûte que coûte de perdre les élections de 78, et de faire perdre la gauche, parce qu'il a le sentiment que si la gauche gagne les élections de 78, Mitterrand va devenir PM et qu'on va retrouver ce qu'on a déjà retrouvé: un gouvernement socialiste avec un PC qui part au bout de qq temps. En 77, tous les sondages donnent la gauche triomphante. Comment inverser la tendance? Le programme de la gauche date de 1972, pour les élections de 73. Mais depuis, il y a eu la crise pétrolière, le chômage atteint des sommets, donc on veut pas garder le programme commun tel qu'il était il y a quelques années. Donc on va le réactualiser, au début de l'automne 77. Cela commence tranquillement: pendant l'été, des experts se réunissent pour travailler sur le texte. Chez les socialistes, on commence à avoir des doutes. Du côté communiste, on comprend qu'il faut aller plus loin, et c'est Marchais qui raconte cela à sa manière: il est en vacances en Roumanie. Et là, Marchais dit: « Mais qu'est ce qui se passe? ». Il rentre à la maison pour tout casser. La rupture a lieu en Septembre. La première réunion a lieu le 21 septembre au siège du PC. On assiste là à la mise en scène méiatique la plus extraordinaire qu'on ait connu depuis longtemps. Il faut rompre, mais devant tout le monde: il faut que les français comprennent que l'on ne s'entend pas. On pousse les radicaux, ce qui est difficile. On leur propose plus de nationalisations. On se dit qu'il faut reprendre les réunions: 23 septembre, cette fois ci c'est les socialistes claquent la porte. Marchais se lance dans une campagne médiatique terrible: sur le fond, il va menacer les socialistes de ne pas appliquer la décision républicaine: c'est la règle selon lequel le candidat de gauche le moins bien placé se désiste en faveur du mieux placé. Marchais dit: on n'est pas sûr de gagner. La désunion à gauche est encore plus forte que la désunion à droite. Il est évident que c'est cette désunion plus forte à gauche qu'à droite qui va entraîner la défaite électorale des gauchistes lors des élections législatives de mars 1978.

Paragraphe 3: les élections législatives du 12 et 19 mars 1978.

Elles se présentent dans un contexte de désunion absolue: la gauche va au combat désuni, la droite aussi, d'autant qu'en 1978, avec l'aide de Barre, VGE est parvenu à rassembler les Giscardiens, les centristes, les réformateurs, dans une confédération qui s'appelle l'UDF (union pour la démocratie française). Elle ne disparaîtra en en 2002. Pourquoi ce nom? Parce que VGE a écrit un ouvrage qui s'appelle démocratie française. Donc aux élections de 78, la droite se présente divisée en deux: d'une part le RPR, d'autre part l'UDF, configuration que l'on va connaître pendant des années. Ce sera le temps de répi pour VGE: Chirac va intervenir dans la campagne, càd qu'à plusieurs reprises VGE va s'adresser aux français pour soutenir sa majorité. Le discours qui restera le plus célèbre sera un discours prononcé dans une petite commune (Verdun sur le doux) qui restera célèbre sous le nom de discours du bon choix. Il faut reconnaître que le discours aura une certaine portée, et VGE disait qu'il y aurait peut être une cohabitation. VGE va dire: « Si vous votez pr la gauche, je nommerai une personne pr la gauche, et elle appliquera le programme de gauche ». On sait l'intention de VGE: il avait décider de quitter l'Elysée pour se réfugier à Vincennes en cas de cohabitation.

Page 25 sur 37

Page 26: belgiman69.free.frbelgiman69.free.fr/1A/Viepolitique/Viepolitique20092010.docx · Web viewOn ne peut pas comprendre la 5ème République sans avoir un aperçu de l’histoire politique

Tous les sondages vont être démentis et la droite va gagner. Au premier tour, la droite va très bien (elle fait 46%), la gauche fait aussi 46%, et pour la première fois les socialistes arrivent devant les socialistes. Le PC vers 22h, le visage sombre, fermé, est à la TV. Les report de voix seront désastreux. Au deuxième tour, la droite conserve 100 sièges, le RPR passe devant l'UDF. A ce point, on pense que VGE est invincible pour les élections de 81, ce qui ne sera pas le cas.

Section 2: Les candidats

Hugette Beauchardau: elle est candidate du PSUnifié, ancien parti de Michel Rocard. Elle a fait 1.1%, mais elle sera ministre. Elle sera candidate à l'AN mais elle va quitter la politique pour écrire des livres d'enfants.

Marie France Garau, c'était l'égérie de Chirac, elle qui à l'Elysée sous Pompidou avec Pierre Juillet travaillait à empêcher l'élection de Chaban. C'est une gaulliste très antieuropéenne, elle incarne plus une droite dure que le gaullisme classique, bien qu'elle ait réussi à faire élire VGE.

Michel Debré, c'est plus dramatique: cela a été le premier 1er ministre de la Ve République. Il est candidat du gaullisme, il fera 1.6% des voix. A l'évidence, c'est une candidature qui n'est pas totalement condamnée, et destinée à diminuer le poids de la candidature de Chirac.

Michel Debrau: Il est radical de gauche, il était maire de la Rochelle. C'est lui l'inventeur des vélo libres. Il sera aussi ministre. Mais il aura une fin tragique: il sera victime d'une crise cardiaque dans l'hémicyle de l'AN. Cela donnera l'occasion d'un geste républicain: un homme se précipite pour l'aider, c'est Blasy.

Arlette Laguiller.

Brice Lalombe: c'est un écolo, c'est un vert bleu. Il est plutôt du centre, il rejoindra la majorité présidentielle en 1988, en tant que ministre d'ouverture.

George Marchais, pour le PC, Chirac pour le RPR, Mitterrand pour le PS et VGE pour l'UDF.

Coluche: pendant l'année 1980, il va laisser dire qu'il souhaite être candidat. Est-ce qu'il a été poussé à bouts pour ne pas être candidat? « Jusqu'à présent on a dit que la France était coupée en 2, moi je la ferai plier en 4  ». Dans l'année 80, on parle beaucoup de sa candidature. C'est outrancier, il fait un faux mariage avec un homme. On pense plutôt qu'il ne pensait pas aller jusqu'au bout, et il n'aurait sûrement pas eu un score significatif des français. « J'invite (…) toujt ce qui ne compte pas pour les hommes politiques ».

VGE: Candidat de l'UDF. Il se présente à l'élection en 81 comme le favori du scrutin. La plupart des sondages dans le courant de 80 jusqu'à la fin pratiquement le donnent vainqueur. Cela semble que c'est une formalité, donc il va faire une mauvaise campagne. Il est éclaboussé par l'affaire des diamants de Baucassain (empereur de centrafrique). Il avait pour habitude de distribuer à ses visiteurs des diamants de mauvaise qualité. Honnêtement, cela ne changeait rien à la fortune de VGE. Un ouvrage récent d'un Canard Enchaîné dit que c'était une affaire montée de toute pièce. La gauche a dit qu'il exploitait tout cela. Alors il décide de passer à la télévision avec sa femme. On assiste à une scène ridicule, où VGE assis à côté de son épouse, Anémone, et il va très mal se défendre en prenant à parti sa femme notamment. De plus, sa femme passe très mal à la télévision, elle est mal perçue dans l'opinion. Cela va empoisonner sa campagne. Cette position de favori de VGE se transforme et il va vite devenir le challenger, même s'il ne s'en rend pas compte.

Mitterrand: C'est la troisième fois qu'il se présente. Il a d'ailleurs failli ne pas se présenter. En effet, sa candidature ne va pas de soi: Mitterrand a eu face à lui un concurrent au sein du PS, redoutable: Michel Rocard. Rocard avait parler de l'archaïsme lors de la défaite des législatives. A partir de là, Rocard a un boulevard

Page 26 sur 37

Page 27: belgiman69.free.frbelgiman69.free.fr/1A/Viepolitique/Viepolitique20092010.docx · Web viewOn ne peut pas comprendre la 5ème République sans avoir un aperçu de l’histoire politique

politique qui s'ouvre devant lui. En effet, les socialistes commencent à penser que Mitterrand est un boulet: il est temps qu'il passe la main. Cela donne lieu à des pétitions de socialistes qui demandent à Mitterrand de quitter la scène politique. Le problème de Rocard, c'est Rocard. C'est à dire qu'il n'arrive jamais à conclure. En politique c'est un problème, parce qu'il a vraiment l'intention de devenir candidat: arrivé à la dernière étape, il arrête, alors que Mitterrand tient la distance. Rocard va laisser entendre qu'il sera candidat, il va même dire qu'il sera candidat même si Mitterrand l'est aussi. Il aurait dû rester sur cette voix, car il n'en fallait pas beaucoup pour le faire tomber. De plus, il était un mauvais communiquant. D'ailleurs, son annonce de pré candidature en octobre 88 va être appelée l'appel de Conflan Saint? ». C'est une commune dont Rocard était maire. Il dit qu'il va faire une déclaration solennelle. C'est vrai qu'à 19 heures, il s'adresse aux français, pour leur dire qu'il est candidat à la candidature du PS. La salle où il fait sa déclaration donne sur la rue où il y a beaucoup de voitures. Alors sa déclaration solennelle tombe à l'eau. Donc c'est raté. Surtout, Mitterrand a compris que Rocard n'irait pas jusqu'au bout. Mitterrand va accélérer le pas, Mitterrand va dire qu'il est candidat et Rocard va donc se retirer. Cela ne lui rapportera pas grand chose: Il sera ministre d'Etat( du plan), ministère qui n'a aucun pouvoir.

Chirac: Il est candidat depuis longtemps, depuis le moment où il a quitté Matignon. La fondation du RPR en 1976 est destinée à le promouvoir aux présidentielles. Le RPR a vécu uniquement pour construire la candidature de Chirac. En 81, il est impossible pour lui de renoncer. Qui soutient Chirac? Le RPR, c'est vrai et c'est faux: il n'a pas derrière lui tout le mouvement gaulliste. Par un curieux retour des choses, il y a eu une scission du mouvement gaulliste qui s'est faite après le départ de Chirac, à rebours de ce qui s'était passé en 74. En 74, Chirac est premier ministre. Donc les anti chiraquiens étaient anti giscardiens. Quand il quitte Matignon, c'est un retournement: les antigiscards entrent au gouvernement. Ainsi, en 81, il ne pourra pas compter sur leur soutien.

George Marchais: C'est le secrétaire général du PCF. Ce candidat est médiatique, et là encore il y a division. La stratégie de Marchais est subtile mais elle a un but évident: empêcher l'élection de François Mitterrand. Comment? En obtenant un score tel qu'il va peser sur la candidature de Mitterrand au second tour et qui va faire peur: peur aux électeurs du centre, des élections indécis qui ne voteront pas Mitterrand parce qu'ils auront un PC très fort, mais pas un parti gentil. Cela donne un ton assez particulier à sa campagne.

Section 3: La campagne et les résultats.

Celui qui gagne l'élection est celui qui a fait la meilleure campagne. Celui qui a fait la meilleure campagne, c'est Mitterrand, ensuite Chirac.

La campagne de VGE est un ratage absolu. Il y a deux sortes de campagne à éviter (celle de VGE et celle de Jospin): les affiches tout d'abord. Le slogan de VGE est: « Il faut un président à la France ». S'il milite qu'il faut un président, c'est qu'il était un mauvais président? Son deuxième slogan est: « Je me bats pour la paix », alors que le problème c'est le chômage... Deuxième type d'erreur: c'est la posture. Il est schizophrène un peu: il veut être président et candidat à la fois. Parfois, il veut être président en vertu des ordres de la république, et de l'autre côté je serai candidat. Cette posture est absurde. On a la chance d'être président, d'intervenir quand on veut à la télévision, donc il faut être uniquement président. Le problème c'est qu'il va accompagner cette décision, il va vider la substance de la moitié de son gouvernement, pour qu'ils soient dans son équipe de campagne. Equipe de campagne d'ailleurs très désorganisée. L'ambiance de cette campagne est folle, on ne comprend rien. Un jour, VGE reçoit l'Allemand Schmitt et on va signer une convention entre la France et l'Allemagne. Normalement, on doit signer en tant que candidat. VGE signe la convention au QG de campagne.... Il n'a, à aucun moment, qu'il va perdre: il pense que les français l'aiment.

Mitterrand: sa campagne est plus simple, même s'il a les communistes contre lui. Il a compris qu'il faut faire des promesses que l'on ne tiendra jamais. Ce sera les 110 propositions de Mitterrand (il n'en tiendra pas 10!). De

Page 27 sur 37

Page 28: belgiman69.free.frbelgiman69.free.fr/1A/Viepolitique/Viepolitique20092010.docx · Web viewOn ne peut pas comprendre la 5ème République sans avoir un aperçu de l’histoire politique

plus, il joue sur un registre émotionnel: il veut changer la vie. Les affiches de Mitterrand: elles sont remarquables: on voit Mitterrand, et derrière une Eglise dont on a enlevé la croix. Son autre slogan, c'est aussi la force tranquille. Cela ne veut rien dire mais ça marche. Et puis il y a tout le discours contre les riches, le capital, il parle du chômage...

Chirac: Il fait toujours de bonnes campagnes. Des grandes tapes dans le dos, des meetings (sens de la mise en scène). Mais c'est classique, ce n'est pas une campagne exaltante mais elle fonctionne. On s'est même demandé si finalement c'est pas Chirac qui arriverait juste derrière Mitterrand. Son discours, c'est qu'on ne peut pas élire Mitterrand, mais en même temps VGE non plus: il n'est pas assez libéral, il s'éloigne des valeurs gaullistes, il fait trop d'Europe. L'essentiel, c'est de ne pas élire VGE. Il a le secret envie de faire élire Mitterrand.

Marchais dit: Je suis le candidat anti Mitterrand. Toute sa campagne est construite pour détruire Mitterrand: c'est un menteur, un homme de droite, un menteur. Cette campagne ne va pas être efficace, parce que c'est le vote utile qui va l'emporter. Ce qu'il n'avait pas compris, c'est qu'un certain nombre d'électeurs qui votaient communistes vont dès le premier tour porter leurs voix sur Mitterrand.

Les résultats du premier tour vont sonner comme un coup de tonnerre. C'est la première fois qu'il y a une certaine agitation, on annonce une grande surprise. C'est plus une surprise, c'est un tournant politique: le score de Marchais. Giscard arrive en tête, avec un peu plus de 28%. Mitterrand arrive ensuite avec presque 26%. Chirac arrive avec 18%. La surprise, c'est les 15% de Marchais. Les estimations à 20 heures sont fausses: personne ne pense que le PC est à moins de 20%. Tous les sondages vont donner un PC à 20%. S'il avait été à 20%, il aurait été devant Chirac et au coude à coude avec Mitterrand. Les sondages n'ont pas intégré le fait qu'il pouvait y avoir un vote utile, parce qu'on pouvait laisser entendre que ce serait Chirac et VGE. C'est un résultat commun, aujourd'hui le PC le ferait dans ses rêves les plus fous. Cela veut dire que le PC ne va plus peser sur Mitterrand: cela ne fait plus peur à personne. Surtout que Mitterrand a toujours dit qu'il ne prendrait pas de ministres communistes au gouvernement dans un premier temps. Alors les stratégies de deuxième tour vont devenir compliquées. Potentiellement, VGE a plus de réserves que Mitterrand, la droite est majoritaire, potentiellement. Mais ce n'est que théorique: si on ajoute toutes les voix, on a plus de voies pour Giscard que pour Mitterrand. Evidemment, les reports de voix vont être importants, et surtout la manière dont les candidats éliminés vont se prononcer. Marchais n'a pas beaucoup de choix. En réalité, il aurait souhaité pouvoir menacer Mitterrand. Donc dès le soir du premier tour, il annonce la ligne de défaite, il déchante, agressif, et il va appeler à voter VGE! Le problème c'est qu'en même temps, on envoie aux militants du cadre du PC une note sur le vote révolutionnaire. Qu'est ce que c'est que le vote révolutionnaire? C'est le vote VGE. On explique aux cadres qu'il faut voter VGE. Parce qu'il est tellement antisocial qu'il va entraîner la révolte du peuple, et enfin les communistes pourront arriver au pouvoir. Evidemment c'est une blague, mais c'est comme ça qu'ils essaient de convaincre. C'est tellement absurde que cela ne marchera pas. Mais le PC va tout faire pour faire élire VGE.

Chirac: pour lui, le vote révolutionnaire, c'est Mitterrand. Il appelle à voter VGE. On va assister à un exercice de style où Chirac va expliquer aux français qui ont votés pour lui, qu'à titre personnel il voterait VGE, donc il ne dit rien collectivement.

Le débat de l'entre deux tour a failli ne pas avoir lieu: Mitterrand a peur de VGE, et il se dit qu'il est dans un mouvement ascendant où il ne faut pas bouger, il n'organise presque pas de meeting. Il a peur que VGE l'ait sur la communication. Donc il va mettre un nombre de conditions tels qu'il va refuser: je veux choisir le jour, le

Page 28 sur 37

Page 29: belgiman69.free.frbelgiman69.free.fr/1A/Viepolitique/Viepolitique20092010.docx · Web viewOn ne peut pas comprendre la 5ème République sans avoir un aperçu de l’histoire politique

costume, les journalistes... Et VGE va dire oui partout. Il va le manger tout cru d'ailleurs. Le débat de l'entre deux tours va être marqué par deux grands mots: Mitterrand dit à VGE: il y a 7 ans, vous m'avez dit que j'étais l'homme du passé, vous en 7 ans vous êtes devenus l'homme du passif. VGE est persuadé que Mitterrand est nul en économie (ce qui est vrai), mais il a bien appris sa leçon. VGE , très professoral, commence à faire passer un examen à Mitterrand: il lui demande quel est le cours du Deutschmark. Mitterrand dit: vous n'êtes pas mon professeur, je ne suis pas votre élève. Mais Mitterrand avait sa petite fiche, donc VGE s'est tapé la honte.

A 20 heures, dans des rédactions tétanisés, dès 19 heures c'est l'ambiance du grand deuil dans les grandes stations de télévision. Mitterrand a été élu avec 52% des voix. Alors commence une soirée. Le soir du 10 mai, les socialistes ont pressenti la victoire alors ils vont préparer une grande fête. Mais il pleut. Le premier à arriver à la Bastille, c'est Rocard. Il est viré, on le considère comme un traître. El Cabash arrive ensuite, il a failli se faire lyncher. Et puis c'est la grande fête. Lang dit: « Nous sommes passés aujourd'hui de l'ombre à la lumière ». A l'occasion des 10 ans de Mitterrand fait un film qui s'appelle : les danseurs de la Bastille. La première scène, c'est un homme qui danse avec un petit garçon sur les épaules. 10 ans après, Fabius dit: « Quand je regarde ce danseur, je me dit qu'aujourd'hui ce danseur est chômeur ». C'est terrible, parce que c'est le symbole de celui qui croyait que tout allait changer, alors que rien n'a changé. En tout cas, cela commence dans la festivité, les gens ont l'impression que leur vie va changer tout de suite.

Section 4: Les conséquences.

La première conséquence, c'est l'alternance: c'est la première fois depuis 58 que la gauche arrive au pouvoir. On va assister à deux mises en scènes, aussi ridicules l'une que l'autre. La mise en scène giscardienne et la mise en scène mitterrandienne. Celle de VGE est celle du fameux: « Au revoir ». VGE va quitter l'Elysée, il va quitter les français. Donc, la veille du jour où Mitterrand prend la présidence de la République (le 21 mai), VGE s'adresse aux français. Il y a derrière lui un mur, avec deux portes, à droite et à gauche. VGE s'adresse aux français, et puis cela se termine par: « Au revoir ». Là, stupéfaction, il se lève, et d'un pas lent, il tourne sur lui-même et se dirige vers la porte de droite, il disparaît du champ de la caméra. Reste un bureau vide, pendant bien 2 minutes. On se dit que c'est extraordinaire! C'est la symbolique ressentie. Cela sera tellement perçu que VGE dira que le type de la caméra a oublié d'éteindre la caméra. C'est ridicule! Plus ridicule, la mise en scène Mitterrand, Mohati, Lang: la cérémonie de passation des pouvoirs. Cela commence à l'Elysée: VGE est entré à l'Elysée à pied, il en ressortira à pieds! Donc après 40 minutes d'entretien avec Mitterrand,il lui a délivré 3 informations secrètes (une doit concerner l'affaire d'espionnage). VGE sort à pieds, et là il se fait insulter, bousculer... Mais il l'a un peu cherché. Puis a lieu la cérémonie, la légion d'honneur etc., le repas. Alors, il y a la cérémonie Panthéon. Cela commence Rue Souffleau, qui mène au Panthéon. Il pleut, encore. Mitterrand arrive avec deux roses. Devant le Panthéon, un orchestre se tient là. Presque arrivé au niveau de l'orchestre, la troupe s'arrête, Mitterrand marche seul, et là, on voit qu'il entre seul dans le Panthéon. Qu'elle idée saugrenue de commencer un mandat présidentiel en entrant dans une tombe, déjà! C'est là que va se produire le miracle! Il met une rose sur la tombe de Jaurès, … Et il en met une troisième! Il a multiplié les roses! Mais comment a-t-il fait? Mohati va avoir un remord, il dévoile le mystère de la rose: en fait, quand on voit l'image officielle, on voit Mitterrand entrer seul et on ne voit que l'allée centrale. Mais quand la caméra se tourne, on voit qu'il y a derrière lui un gardien républicain qui tend la rose au PR... C'est à la fois grotesque et fascinant.

Le 21 Mai, il y a la nomination de Pierre Mauroy. Il n'était pas proche de Mitterrand, mais il est consensuel. Il est accepté par la plupart des courants, donc sa nomination est raisonnable. Il n'a pas beaucoup d'expérience. Ce gouvernement ne sera composé que de socialistes: Defferre, Chevènement, Rocard, le ministre des affaires étrangères s'appellera comme sous la révolution le ministre des affaires extérieures. Il y aura même le ministère du temps libre. Et puis, deuxième acte politique: la dissolution de l'AN. Mitterrand l'avait annoncé: si je suis élu, je dissoudrai l'AN car je ne peux pas gouverner avec une AN de droite.

Page 29 sur 37

Page 30: belgiman69.free.frbelgiman69.free.fr/1A/Viepolitique/Viepolitique20092010.docx · Web viewOn ne peut pas comprendre la 5ème République sans avoir un aperçu de l’histoire politique

Le PC doit faire avec, en essayant de négocier, on le verra, aux gouvernements futurs, car ils seront dans le deuxième gouvernement (après les législatives). La droite est désemparée, sauf que finalement, elle est dans une situation plus difficile. VGE va être abandonné par tout le monde, dont l'UDF, qui était pourtant la distance de VGE. Ils vont aller vers Chirac, qui devient presque naturellement le chef de l'opposition. Cela semble même intériorisé par Mitterrand. La tradition veut que le président de la République aille rendre visite à Paris, et il va voir Chirac. Il va y avoir une sorte de complicité... Le seul but c'est de gagner, de ne pas perdre les élections législatives. Les élections de 81 donneront la majorité absolue des sièges au PS. Les communistes vont être dans la majorité (pendant 3 ans), ils vont entrer dans le gouvernement, celui de Pierre Mauroy, il y aura 4 ministres communistes.

Chapitre 5   : Les élections présidentielles de 1988

Section 1/ Le contexte politique

La nomination de Chirac en 86. Elle va s’ouvrir dans des conditions assez difficiles, le premier conseil des ministres du gouvernement Chirac, il ya une photo des ministres réunis dans la salle du conseil où visiblement l’ambiance n’est pas spécialement chaleureuse entre le président de la république et son gouvernement. D’ailleurs Mitterrand ne veut pas de la traditionnelle photo dite de famille que tous les nouveaux gouvernements fournissent à l’issu du premier conseil des ministres. D’habitude c’est sur le clairon de l’Elysée côté jardin. Mitterrand en 86 refuse cela. Le fond du problème c’est les doubles, d’abord il y a l’équilibre des forces qui rend difficile la cohabitation, car si la droite a nettement triomphé, le parti socialiste est resté à un niveau élevé et au plan parlementaire le groupe socialiste est le plus fort de l’AN. Du coup la résistance de l’opposition va être plus forte que prévue et va durcir la cohabitation et faire envisage à Mitterrand un second mandat. Donc à partir de 86 le président sait qu’il sera candidat en 86. Donc la cohabitation se présente comme une partie de fer entre le président qui sera candidat et son premier ministre qui sera son principal concurrent. La cohabitation personne ne l’avait pratiqué jusque là, donc on ne savait pas vraiment comment procéder, et Mitterrand a le sentiment qu’il doit mesurer jusqu’où ira la patience du pm. Les hostilités sont ouvertes dès le mois de juillet, car durant son discours du 14 juillet, Mitterrand dit aux français qu’il ne signera pas 3 ordonnances, celle sur la privatisation, le découpage électoral et l’aménagement du temps de travail. En réalité cela n’a pas vraiment d’importance, les ordonnances sont faites par le gouvernement dans le domaine de la loi avec l’autorisation du parlement, donc le gouvernement peut toujours les transformer en projet de loi. Donc ce qui compte c’est l’acte politique, Mitterrand tente un coup de bluff. Deux hypothèses, soit Chirac laisse faire et Mitterrand gagne, soit Chirac se raidit et profite de l’occasion pour critiquer le président et cela peut entraîner une crise avec une dissolution et une possible démission du chef de l’état. Chirac va finalement accepter la position du président de la république même s’il la conteste, et ce refus ne sera pas accompagné d’un acte spectaculaire du premier ministre, il fera juste voter ces textes par le parlement. Ce refus est le premier évènement majeur.

Le deuxième évènement c’est la contestation des étudiants en novembre/décembre 86. A la fin du mois de novembre le gouvernement Chirac propose un projet de réformes de l’université, et de l’enseignement supérieur en général, c’est une réforme modeste, mais il y a un semblant de sélection pour certaines filières. Il y a un accompagnement politique derrière cette contestation, mais en tout cas immédiatement ce projet suscite des manifestations très violentes notamment à Paris, barricades, voitures brulées, ce qui rappelle un peu mai 68. La crise atteint son paroxysme le 6 décembre où lors d’une manifestation un étudiant meurt après un assaut de la police, car il était cardiaque (Malik Oussekine), et son nom va devenir un symbole de martyr de la réforme Devaquet. Sa mort est un véritable choc, même en mai 68 il n’y en avait pas eu, et évidemment cela va entraîner une réaction du premier ministre et du président, mais cela va avoir d’énormes conséquences sur la suite de la coahbitation. Mitterrand va se rendre au domicile des parents, c’est un acte apparemment émotif mais en fait très calculé, le geste est évident, le gouvernement a très mal agit, Mitterrand est là pour panser les plaies. Chirac n’a

Page 30 sur 37

Page 31: belgiman69.free.frbelgiman69.free.fr/1A/Viepolitique/Viepolitique20092010.docx · Web viewOn ne peut pas comprendre la 5ème République sans avoir un aperçu de l’histoire politique

plus le choix, il annonce le retrait du projet de réformes, et la démission du ministre des universités Devaquet. Cet évènement est sans doute le tournant de la cohabitation, c’est à partir de là que Chirac va perdre beaucoup de sympathie dans l’opinion publique et notamment chez les jeunes, ce qui lui coutera cher en 88.

Par la suite en 87, Mitterrand profitera de tous les évènements pour dire son mécontentement, notamment lors d’une grève de la SNCF où il va réconforter les cheminots grèvistes, pour les protéger de ce gouvernement antisocial. Tout cela fonctionne très bien, Mitterrand se reconstruit une image, qui était largement déteriorée avant 86. Et toute cette cohabitation va fonctionner par acoups, avec la perspective du duel final.

Section 2   : les candidats

Elle va opposer 9 candidats : Pierre Boussel, Arlette Laguillier, Juqiune, Waechter, Lajagui, Le Pen, Barre, Chirac et Mitterrand.

Broussel : trotskiste de service pour le parti travailleurs, 0,3% des voix.

Laguillier : deuxième trotskiste

Jouquin : c’était quelqu’un d’important dans le PCF et puis après 81 il est devenu un communiste rénovateur, en réalité un communiste dissident, soutenu par la ligue communiste révolutionnaire. A eux trois ils ne feront pas 5% des voix.

Waechter : écologiste, mais plutôt de centre droit que de centre gauche.

Lajuagui : candidat du Parti Communiste

Le Pen : c’est intéressant en soi déjà, deux éléments : Le Pen a déjà été candidat en 74 (0,74%) des voix, et là il est en 4ème position après les trois leaders les plus importants.

Barre : il est candidat pour l’UDF. En 1988 au premier tour, il n’y aura pas de candidature unique de la majorité et la candidature de Barre est intéressante car elle est véritablement anti Chirac, ce n’est pas un autre éclairage de la majorité, c’est un candidat qui résolument se place contre Chirac, et d’ailleurs Mitterrand utilisera cela. Les raisons véritables de cette candidature, c’est qu’en 86 il y a une divergence politique majeure entre Chirac et Barre. Barre est anti cohabitationniste, il estime qu’en cas de victoire de la droite aux élections de 86, il ne faut pas que la droite gouverne, il faut refuser de gouverner tant que le président n’a pas démissionner. Chirac pense comme la majorité de la droite le contraire. Et de plus il y a la volonté de l’UDF de s’autonomiser par rapport au RPR. En 88 l’UDF veut montrer qu’elle peut avoir sa propre place et le meilleur moyen de le montrer c’est d’avoir un candidat propre à l’élection présidentielle. D’autant que dans les sondages, Barre parait en mesure de distancer Chirac. Barre a été premier ministre sous VGE et il a l’image d’un homme modéré, sage, contrairement à Chirac qui à l’époque apparait beaucoup plus dur, plus agité et donc Barre a de vrais atouts pour affronter l’élection présidentielle, le problème c’est qu’il ne sait pas faire une campagne.

Duel au sommet entre Chirac et Mitterrand, duel inédit avec une possibilité d’avoir face à face premier ministre et président sortants.

Section 3   : La campagne et les résultats

On trouve l’idée que lors d’une élection présidentielle est celui qui fait la meilleure campagne.

Laguiller est immuable, c’est toujours la même, elle sera identique du début à la fin.

Jouquin, il va jeter un discours un peu confus.

Page 31 sur 37

Page 32: belgiman69.free.frbelgiman69.free.fr/1A/Viepolitique/Viepolitique20092010.docx · Web viewOn ne peut pas comprendre la 5ème République sans avoir un aperçu de l’histoire politique

Lajouagui, il est candidat d’un parti communiste en pleine décadence, et en termes de communication on ne peut pas dire que ce soit un grand communiquant, on se demande pourquoi il a été choisi pour incarner ce candidat à la présidentielle.

Le Pen est en pleine ascension car depuis 1984 il a trouvé une place tout à fait importante dans le paysage politique français, et le changement dans le mode de scrutin opéré en 85 pour les législatives lui a permis d’obtenir 35 députés à l’AN, lui-même étant chef du groupe FN. Donc il avait une stature politique nouvelle, un discours très dur sur l’immigration, en tout cas il est évident qu’il va jouer un rôle clé dans cette élection. Chirac ne peut gagner, ou Barre que si au deuxième tour il recueille les voix du FN, mais l’équation est terrible car il n’est pas question de faire la moindre alliance ou le moindre appel au FN, donc c’est d’autant plus compliqué que le principal objectif de Le Pen est d’empêcher l’élection de Chirac. Les deux hommes se haïssent, « Chirac a éprouvé une répulsion physique à l’égard de Le Pen », et c’est assez partagé. Si on veut une des clés qui expliquent la vie politique de cette période c’est cette volonté de Le Pen de contrer Chirac, c’est son ennemi numéro un. Le but de Le Pen c’est de détruire Chirac et ce dernier sait très bien que sans les voix de Le Pen il ne sera pas élu.

La campagne de Barre est sans doute la plus mauvaise. Les meetings de l’élection présidentielle doivent toujours commencer à 19h afin de passer dans le journal de 20h. En effet un meeting ne sert absolument à rien, à part s’il est répercuté dans les médias. Ceci était prévu pour Barre mais systématiquement il commençait avec 1h30 de retard, donc il passait au journal de 23h que personne ne regarde jamais. Le directeur de campagne de Barre avait répondu à Ghevontian que Barre n’avait pas une heure trente de retard, mais trois mois de retard. Anecdote à Lyon, qui est sa ville, les jeunes envoyaient des ballons, ce qui est normal c’est un meeting, mais Barre cela l’agaçait donc il les crevait. Donc sa campagne n’est pas bonne, en plus car au fond Barre a une position ambiguë, qui est liée à la campagne de Mitterrand. Avant 86 Barre dit on ne pactise pas avec l’ennemi, alors qu’en 88, Barre dit que si Mitterrand est réélu et qu’il nomme Rocard premier ministre, on pourrait peut-être s’arranger, et constituer une nouvelle majorité de centre gauche style 4ème république. Donc le discours est un peu obscur, cela va décourager un certain nombre d’électeurs, qui vont penser qu’en votant Barre, ils encourageront une nouvelle majorité qu’ils ne veulent pas.

La campagne de Jacques Chirac est une bonne campagne, Chirac il a une stratégie de campagne très bien rodée, il a une mise en scène, une émotion, un spectacle durant ses meetings. C’est une campagne classique, qui est d’abord destinée à éliminer Mitterrand mais qui ne veut pas perdre du regard Barre, car il faut le distancer.

La meilleure campagne c’est celle de Mitterrand, cela va être le chant du cygne car ce sera peut-être le dernier succès politique de Mitterrand, en tout cas en politique intérieure. D’abord il a réussi à éliminer encore une fois Michel Rocard. Car lui était tonitruant, il disait je suis candidat même si Mitterrand l’est aussi. Tout s’est réglé durant un petit déjeuner, Mitterrand a dit à Rocard, retirez vous et vous serez premier ministre si je suis élu. Donc Mitterrand a le champ libre devant lui, et il va s’engager dans une campagne étonnante. D’abord il va faire durer le suspens jusqu’aux presque derniers jours de la campagne, jusqu’au mois de mars. En gros le message de Mitterrand c’est « Franchement je n’ai pas envi d’y aller, d’ailleurs je n’irai pas, sauf si vraiment je considère que l’unité de la France est menacée, mais actuellement je ne vois pas de menace ». Ceci va embarrasser le PS car il ne peut pas faire de pré campagne de Mitterrand. Comment parler de Mitterrand sans être certain qu’il soit candidat ? Donc on a trouvé un slogan, « génération Mitterrand ». Cela peut servir à tout le monde, et c’est ce thème qui va être décliné jusqu’à l’annonce de candidature qui va être un chef d’œuvre. Lors du journal de 20h, au mois de mars, le présentateur du JT dit « il m’incombe de vous poser la question comme tous les français, est-ce que vous êtes candidat à l’élection Mr. Mitterrand ? », et là Mitterrand laisse un long silence, il fait comme s’il réfléchissait encore, et puis dans une sorte de soupir, il dit oui !! Je suis candidat pour éviter à la France les gangsters. Et à partir de là Mitterrand va développer une idée, c’est la France unie, c’est pas la France heureuse, ce n’est pas comme il avait dit lors de sa prise de fonction en 81 le camp contre camp, là c’est la France unie, donc cela veut dire que le « problème en France ce n’est pas la droite et la gauche, ce sont les bons et les méchants, il y a des bons, spontanément ils sont plutôt à gauche, mais il y a aussi des gentils à droite, et puis il y a des méchants qui sont souvent à droite, mais aussi un peu à gauche, alors moi je suis bon donc je vais faire le tri ». Le parti socialiste va être soigneusement mis à l’écart. La campagne de Mitterrand est au dessus des partis,

Page 32 sur 37

Page 33: belgiman69.free.frbelgiman69.free.fr/1A/Viepolitique/Viepolitique20092010.docx · Web viewOn ne peut pas comprendre la 5ème République sans avoir un aperçu de l’histoire politique

avec la volonté d’avoir une assise politique très large, et sans doute l’idée que l’avenir n’est plus avec le parti communiste et la gauche mais au centre. La manière dont Mitterrand va s’adresser au français  : il va leur adresser une lettre, cette lettre curieusement il va l’adresser par l’intermédiaire de journaux quotidiens, sauf aux quotidiens du groupe persan, étrange dans une conception de France unie, mais sans doute il estimait que ce groupe appartenait aux méchants. Dans cette lettre il y a une théorie, celle du « ni, ni », ni nationalisation, ni privatisation. On peut résumer toute la lettre autour de ces deux mots, ni la droite ni la gauche, l’idée étant toujours qu’il faut prévoir un rassemblement tel qu’il pourra déboucher sur un changement de majorité. Et puis il y a les meetings, pas beaucoup mais toujours présentés de la même manière, avec un fond de scène avec des drapeaux tricolores agités par un vent artificiel, un long tapis rouge, côté monarchique, et puis première partie avec un chanteur Charles Trenet, qui chante Douce France. Donc la campagne elle est « désidéologisée niniste consensuelle, rassembleuse autour du thème rassurant de la France unie », on n’est plus à l’époque du changement, non on rassure, le résultat est tout de même très en faveur de Mitterrand, puisqu’il arrive en tête avec 34% des voix, Chirac est presque à 20%, Barre à 16,5% et Le Pen à 14,3. Premier problème c’est pour le second tour, c’est pour Chirac d’abord le rassemblement de la droite modérée, comment Barre va-t-il soutenir Chirac ? Il le fera assez rapidement mais dans des conditions ambigües, il va indiquer qu’il appelle à voter Chirac et qu’il souhaite sa victoire, mais en même temps il leur indique en disant qu’il espère que la victoire de Chirac permettra la mise en place d’un état impartial. Or Mitterrand attaque Chirac avec cela en disant qu’il a la mainmise sur l’état qui n’est plus impartial. Le soutien de Barre n’est pas non plus très chaleureux. Reste Le Pen qui évidemment n’appelle pas à voter Chirac, mais qui finalement laisse ses électeurs libres de leur choix, ce qui veut dire qu’il les laisse pratiquement voter pour Mitterrand, en ayant toujours en tête que pour Le Pen Chirac est plus dangereux que Mitterrand. Pour Mitterrand les choses sont plus simples, il a le soutient du parti communiste, quant aux trotskistes ils ne disent rien pas plus que le vert. Potentiellement si on ajoute les voix de Chirac et de Le Pen cela fait une majorité. Mais le débat, le duel d’entre deux tours entre Mitterrand et Chirac, va être brouillé par deux évènements. D’abord entre les deux tours on apprend la libération de trois otages français enlevés au Liban, prisonniers depuis près de 4 ans. Et évidemment cette libération très médiatisée, Chirac va accueillir les otages au Bourget, va être présenté par la majorité comme un grand succès, et par le PS comme une manipulation simplement destinée à assurer la victoire de Chirac. Deuxième élément en Nouvelle Calédonie, pendant cette période il y a des évènements très graves, une prise d’otage par le parti indépendantiste calédonien, de gendarmes français retenus prisonniers dans une grotte à Ouvéa. Et il est vrai qu’à quelques jours du second tour, le gouvernement va prendre une décision très dure, une opération brutale, et très sanglante avec de nombreux morts. Bien sûr Mitterrand ne critiquera pas directement cette affaire, car il dira même qu’il a été consulté, ce qui est vrai, mais non il sera plus subtil, il dira que finalement c’est un échec de la méthode Chirac car celui-ci ne négocie pas, donc ce n’est pas la méthode de libération qui est contestée, mais la prise d’otage. Donc ces évènements vont jouer contre Chirac. Et puis il y a donc ce débat, dont on surestime toujours l’impact, ce débat de l’entre deux tours, marqué par une phrase et un moment, la phrase c’est un mot d’acteur, de théâtre, cela ne va pas très loin. Le débat commence et Chirac appelle Mitterrand « Mr Mitterrand », car ils ne sont pas là en tant que premier ministre et président, et Mitterrand répond « c’est comme vous voulez monsieur le premier ministre ». le débat devient plus dramatique quand on parle de l’anti terrorisme, Chirac accuse Mitterrand d’avoir été trop laxiste avec l’action directe à cause de libération, et Mitterrand répond «  mais quel culot, vous me dites cela à moi alors que vous êtes venu dans mon bureau en me demandant la libération d’un iranien suspecté d’avoir participé à des actes terroristes », et Chirac dit que cela est faux, qu’il n’a jamais demandé cela, et il dit est-ce que les yeux dans les yeux vous pouvez confirmer ce que vous venez de dire, mais il y a une règle que les deux candidats ont prises, c’est que les caméras ne peuvent pas filmer les deux candidats les yeux dans les yeux, donc le spectacle n’est pas là, et Mitterrand répond « les yeux dans les yeux je vous le confirme », donc on a un mensonge d’état en direct. L’un des deux est menteur, mais lequel ? Ce qui est important c’est qu’il y a une haine terrible qui va s’installer entre les deux personnes, et cela va impressionner les français. ce n’est pas un débat où Mitterrand a écrasé Chirac. Les jeux sont faits, le 8 mai au 2ème tour Mitterrand est réélu avec 54% des voix, c’est sans doute son plus grand succès politique, mais c’ets aussi le champ du cygne, car c’est à partir de là que les ennuis vont commencer.

Section 4   : les conséquences

Page 33 sur 37

Page 34: belgiman69.free.frbelgiman69.free.fr/1A/Viepolitique/Viepolitique20092010.docx · Web viewOn ne peut pas comprendre la 5ème République sans avoir un aperçu de l’histoire politique

On a un tournant dans la Vème, avant l’élection, Mitterrand avait laissé entendre qu’il pourrait élargir sa majorité, faire une nouvelle majorité socialo-centriste. D’ailleurs des négociations ont été engagées avec le centre. Les centristes vont mettre deux conditions, la première c’est la nomination de Rocard, ils estiment que parmi les socialistes c’est le plus proche des centristes, la deuxième exigence c’est la non dissolution de l’Assemblée Nationale. D’ailleurs pendant la campagne électorale, Mitterrand se gardera bien de dire qu’il va dissoudre l’Assemblée. Les centristes font remarquer que la majorité de droite de l’AN est composée du RPR et de l’UDF et que si Rocard est nommé premier ministre, les centristes s’engagent à ne pas voter contre ce gouvernement. Pas de dissolution car les centristes savent très bien que pour être réélus il leur faut des voix des électeurs de droite. Dans un premier temps, Mitterrand est assez d’accord et des négociations sont engagées pour que des centristes fassent parti du gouvernement, notamment Barre. La première condition est remplie rapidement, le 12 mai Rocard est nommé premier ministre, mais dans des conditions étranges, en nommant Rocard afin de montrer qu’il n’est pas capable de gouverner. Reste la deuxième condition, et là il y a quelque chose d’assez incompréhensible, Mitterrand prononce la dissolution de l’AN, ce qui met un terme brutal aux négociations avec les centristes. Les élections législatives sont fixées au 12 juin, et là encore il va se passer quelque chose d’assez curieux. D’abord il est absolument évident que la perspective d’une majorité socialo centriste est abandonnée. Donc quelle majorité ? Le PS est seul, les communistes ne veulent pas participer à une majorité avec les socialistes, donc l’objectif des socialistes est d’obtenir la majorité absolue des sièges à l’AN comme en 81. De manière étonnante lors d’un discours de la campagne électorale législative, Mitterrand dit «  il n’est pas bon qu’un seul parti obtienne la majorité des sièges à l’AN », en gros on dit aux électeurs n’y allez pas trop fort. Finalement il n’a peut-être pas abandonné l’idée de faire une nouvelle majorité, car en 88 Mitterrand ne supporte plus les socialistes. Le premier tour de 88 semble donné une bonne perspective pour le PS d’obtenir la majorité absolue des sièges, mais il y a le discours de Mitterrand, donc deuxième tour sueur froide, la droite a failli conserver la majorité, 258 députés socialistes, 240 députés de droite. Cela veut dire que le PS n’a pas de majorité absolue, mais seulement relative, et si tous les autres députés se réunissent, l’opposition est majoritaire. Donc cette assemblée est assez unique, cette assemblée va être composée d’une majorité qui n’est que relative, ce qui va expliqué aussi les énormes difficultés politiques que va rencontrer la majorité, et ce qui va la conduira au désastre de 93 où le PS va se retrouver avec 50 députés. En juin 88, Rocard est à nouveau nommé premier ministre dans un gouvernement d’ouverture, car il y aura des ministres qui viennent de l’UDF mais des seconds couteaux. Les leaders centristes ne participent pas à ce gouvernement. Evidemment l’opération constitution d’une nouvelle majorité a échoué, ce qui va posé un problème majeur pour le PS jusqu’à aujourd’hui. Quelques semaines après avoir été triomphalement réélu, Mitterrand va subir une humiliation politique, le sujet n’est pas compliqué, il s’agit de remplacer Jospin à la tête du PS, car il est ministre dans le gouvernement Rocard, donc il faut lui trouver un successeur. Pour Mitterrand, c’est simple c’est lui qui choisit le successeur, comme c’était lui qui avait choisi Jospin en 81, et pour Mitterrand c’est Laurent Fabius. Mais cela ne plait pas du tout au PS, ils vont lui faire payer la campagne de 88, les déclarations des législatives, et puis tout le monde sait qu’il n’y aura pas de troisième mandat, donc c’est le commencement de la fin, donc le poids politique de Mitterrand est affaibli, on ne veut pas de Fabius pas à cause de Fabius mais parce qu’il est choisi par Mitterrand, donc on prend Pierre Mauroy, celui là même auquel avait succédé Fabius à Matignon. Et pour la première fois depuis la création du PS en 71, Mitterrand n’a plus la main sur le parti. Alors finalement ce début de second règne commence fort mal, et tout ce septennat sera d’ailleurs un septennat terrible, horrible, désastreux, y compris physiquement pour le PS.

Chapitre 6   : Les élections présidentielles de 1995

Section 1   : le contexte

Paragraphe 1 er   : La majorité

La majorité c’est le parti socialiste, PS dont Mitterrand n’est plus le leader incontesté, et même on entend au sein du PS les premières critiques, qui d’ailleurs vont aller crescendo, et se porter plus tard sur le passé de Mitterrand,

Page 34 sur 37

Page 35: belgiman69.free.frbelgiman69.free.fr/1A/Viepolitique/Viepolitique20092010.docx · Web viewOn ne peut pas comprendre la 5ème République sans avoir un aperçu de l’histoire politique

ce qui conduira certains d’entres eux à manifester leur doute à l’égard de Mitterrand, notamment Jospin. Tout d’abord Mitterrand a des problèmes avec son premier ministre, Rocard est plus coriace que prévu, et il n’est pas si mauvais que ça, il est bien vu par l’opinion, et en plus il réussit à résoudre des problèmes qui paraissaient insolvables, notamment le problème néo calédonien. Il fait les accords de Matignon qui ont conduit à revoir le statut des Néo Calédoniens, régulièrement consultés pour savoir s’ils veulent rester français. C’est le plus grand succès de Rocard. D’où en 88 le référendum sur l’avenir de la Nouvelle-Calédonie, mais qui n’aura pas de succès. Donc dans la majorité il y a des problèmes, notamment des problèmes de relation au sein de l’exécutif. Durant cette période le PS va vivre des moments très difficiles, c’est la période où éclatent les premiers scandales de corruption en matière de financement des partis. 88-89-90, c’est la période où les scandales de financement commencent à éclater, pourquoi d’abord à gauche ? A l’époque on a dit que c’était à cause de la méthode, centralisée pour la gauche, décentralisée pour la droite, donc plus difficile à trouver. On a trouvé un carnet dans lequel tout était noté pour le PS. Donc non seulement c’est centralisé au plan de la décision mais il y a aussi un document où on dit tout. Donc perquisition rue Solferino au siège du PS. Et puis il y a le congrès de Rennes en 1990, qui est le pire congrès que les socialistes ont connu. On voit des socialistes montés sur les tables en train de s’insulter, de se frapper, c’est clan contre clan, on insulte Mitterrand, c’est le pugilat intégral pendant deux jours. C’est le congrès de la faillite, et le congrès se termine sans qu’il y ait une motion adoptée. C’est un désastre absolu, c’est encore une fois le signe que le PS a perdu son pilote et que tous les problèmes internes commencent à avoir des conséquences majeures.

A côté du PS dans l’opposition parlementaire, le PC ne veut pas du tout travailler avec le PS et surtout pas avec Rocard.

Paragraphe 2   : L’opposition.

RPR et UDF. Du côté de l’UDF, il n’y a pas de position claire. Chirac est dans la position que Mitterrand avait connu après la Présidentiel pour les Législative. On a l’impression que la carrière de Chirac est finie. On lance des rumeurs sur le suicide de sa fille.L’alliance Séguin/Pasqua est inattendue et défie Chirac pour la direction du RPR et en février 1990, lors d’une réunion du RPR, la ligue Pasqua Séguin prend 30% des voies des militants. On a le sentiment que Chirac n’est plus maitre à bord mais se profile rapidement la question décisive pour Chirac de l’Europe et de Maastricht. Ce traité de Maastricht permet à Chirac de remonter sur son cheval et de conquérir le pouvoir. Ceux qui le contestent ne sont pas ceux qui vont le défier véritablement. Édouard Balladur paraît fidèle et loyal. L’UDF est très embarrassée, elle n’a plus de leader. VGE est mal aimé, personne n’en peut plus. L’UDF n’est pas capable de présenter un candidat aux Présidentielles de 1995. A l’intérieur du RPR, l’UDF trouve sa tête en la personne d’Édouard Balladur. En ce qui concerne le traité de Maastricht, Mitterrand annonce qu’il va faire un référendum et il y a alors une cassure : la gauche et la droite se déchirent sur la question de Maastricht avec un RPR particulièrement divisé, notamment sous la pression de Séguin et Pasqua. ON attend beaucoup la position de Chirac sur le référendum concernant le traité de Maastricht. Jusqu’en 1992, il est vers le scepticisme (et non le souverainisme), ce n’est pas un fervent défenseur de l’Europe. Mais il comprend que la décision va largement influencer sa carrière politique. Ou il appelle à voter non, ou oui et fait campagne pour le oui, ou bien il laisse faire et ne prend pas position. La troisième position est la pire et révèle l’incapacité à avoir des positions claires. Il comprend vite qu’en appellant à voter non, sa carrière sera finie. Vis-à-vis de nos partenaires européens, la prise de position de Chirac le place à la marge, tel un leader politique dangereux. Il fait alors le choix de la raison et, à partir de là, le choix de Chirac ne bougera plus. Il appellera à voter oui pour le RPR, même s’il y a des non minoritaires au RPR. Si le référendum l’a emporté, c’est grâce au soutien de Chirac, comme l’a reconnu Mitterrand.

Chirac retrouve alors sa position de leader et marginalise Pasqua et Séguin. Cela s’éclaire par la deuxième cohabitation (1993-1995), qui semble redistribuer les cartes alors que ce n’est pas le cas.

Paragraphe 3   : la deuxième cohabitation (1993-1995)

Page 35 sur 37

Page 36: belgiman69.free.frbelgiman69.free.fr/1A/Viepolitique/Viepolitique20092010.docx · Web viewOn ne peut pas comprendre la 5ème République sans avoir un aperçu de l’histoire politique

La gauche est ternie de scandale et de conflits internes mis à jour au Congrès de Rennes en 1992. Michel Rocard est chef de gouvernement populaire mais son départ en 1991 a entrainé une multitude de gouvernements (Édith Cresson). Personne à Paris ne parierait sur la victoire du PS.

La droite envisage la future cohabitation dans la même optique que la dernière, en vu de l’échéance des prochaines Présidentielles.

Édouard Balladur demande « pourquoi avons-nous perdu en 1988 ? » Car le PM en exercice était aussi le candidat à la Présidentielle. Le prochain candidat ne doit donc pas être PM et comme on prévoit de choisir Chirac, on ne le place pas Premier Ministre. Si la droite l’emporte en 1993, naturellement, il ne sera pas PM. Balladur est aimé de l’UDF, qui sent bien que l’amitié indéfectible Chirac-Balladur ne durera pas toujours. L’ampleur du désastre de la gauche est déjà manifeste au 1er tour. Il est encore amplifié avec seulement 52 sièges et 5 apparentés (57 députés soit à peine le 10e de l’AN). Comme l’avait prophétisé Mitterrand, le successeur sera RPR. La victoire de la droite nette en 1993 entraîne la nomination de Édouard Balladur comme PM, avec un gouvernement à sa main, où l’UDF est surreprésenté. Officiellement, Balladur n’a aucune intention d’être candidat aux Présidentielles. Mitterrand n’est pas candidat. Cette deuxième cohabitation est marquée par le crépuscule qui s’abat sur Mitterrand. Un de ses proches est mis en cause dans une affaire de corruption et il y a un mort à l’Élysée : conseiller occulte de Mitterrand qui s’occuper officiellement des chasses présidentielles. En réalité, il est le protecteur de la deuxième famille, Mazarine et sa mère, logées dans une annexe de l’Élysée.

Le 1er mai 1993 marque aussi le suicide de Pierre Bérégovoy. Bérégovoy est un homme très simple, monté dans la hiérarchie du parti. Pour ces élections, Mitterrand avoue son passé Vichyssois. Le PS ne remonte pas la pente pendant les périodes de cohabitation. Rocard prend la direction du parti et apparaît comme le candidat naturel du PS. Mais il commet une bourde : les élections européennes sont un échec pour le parti, la liste du PS arrive presque aussi bas que celle de Bernard Tapis (radicaux de gauche).

Section 2   : les candidats

Candidat % Suffrages

Lionel Jospin (Parti socialiste, soutenu par le Parti radical de gauche) 23,30 % 7 098 191

Jacques Chirac (Rassemblement pour la République) 20,84% 6 348 696

Édouard Balladur (dissident du Rassemblement pour la République, investi par l'Union pour la démocratie française)

18,58 % 5 658 996

Jean-Marie Le Pen (Front national) 15,00 % 4 571 138

Robert Hue (Parti communiste français) 08,64 % 2 632 936

Arlette Laguiller (Lutte ouvrière) 05,30% 1 615 653

Philippe de Villiers (Mouvement pour la France) 04,74 % 1 443 235

Dominique Voynet (Les Verts) 03,32 % 1 010 738

Jacques Cheminade (Parti ouvrier européen) 00,28% 84 969

L’UDF n’a pas de leader donc on trouve un candidat susceptible de rassembler les voies des centristes autour de Jacques Delors, candidat du PS. Il faut que Delors soit d’accord. Les socialistes disent que Delors sera leur candidat alors qu’il n’a rien dit ou confirmé. Il fait durer le suspens jusqu’en novembre 1994. Jusqu’au 11 décembre, Jacques Delors dit qu’il donnera sa réponse. Le PS le supplie de dire oui. Il soupçonne le PS de ne pas le soutenir. L’élection présidentielle a lieu en avril et le PS n’a plus aucun candidat. Jack Lang s’autoproclame hors ce n’est pas envisageable. Henri Emmanuelli et Lionel Jospin sont alors en vue. Jospin sera finalement candidat et arrivera au 2nd tour contre toute attente. Chirac se présente pour le RPR. Chirac et Mitterrand auront

Page 36 sur 37

Page 37: belgiman69.free.frbelgiman69.free.fr/1A/Viepolitique/Viepolitique20092010.docx · Web viewOn ne peut pas comprendre la 5ème République sans avoir un aperçu de l’histoire politique

un lien fort, pour des raisons politiques. Jospin aura les pires difficultés à obtenir une conversation téléphonique avec Mitterrand, même si Danielle Mitterrand l’aidera un peu. Balladur est candidat dissident du RPR et se présente comme Président. Sa trahison n’est pas une trahison.

Chirac et Mitterrand entretiennent des liens très forts pour des raisons politiques. La trahison de Balladur lorsqu’il se présente à son tour n’est pas vraiment une trahison. Philippe Seguin, qui soutient Chirac, comprend la faille lors d’un meeting : « mais qu’est-ce que vous faites là ? » demande-t-il au public. Balladur en campagne tombe en panne et fait de l’autostop, pris en charge par une brave dame, comme par hasard la cousine germaine d’un membre de son cabinet. Personne n’est dupe et on sait que cela a été organisé, c’est pire.

La campagne de Chirac sera un succès comme d’habitude. Les producteurs de pomme lui voueront une gratitude éternelle. L’emblème de la campagne est une pomme, c’est rassurant. La campagne commence par un élément fruitier avec la campagne autour de la pomme. Le thème de la fracture sociale donne du contenu à la campagne de Chirac.

Les résultats sont surprenants et pas surprenants : Jospin est en tête, ce qui est surprenant, mais le reste est assez serré. Chirac repasse brusquement devant Balladur. Vers 16h, les sondages sont du même ordre, et Chirac devrait passer. Chirac a battu Balladur. François Mitterrand avait dit à Mitterrand le 8 mai 1995, au lendemain des Présidentielles : « j’aurai à ma main le nouveau PR ». Mitterrand et Chirac sont deux Présidents côte à côte. Mitterrand est content que ce soit Chirac à ses côtés.

Section 3   : Les conséquences

Nouveau gouvernement dirigé par Alain Juppé. François Mitterrand aimait bien Juppé, ancien MAE. Une AN à 90% de droite, un PR facilement élu. C’est aussi sans doute une des explications de la dissolution de 1997. La majorité est ambiguë des avis de Chirac. Chirac ne montrera aucun signe de réconciliation. Cela le durcie et il ne veut plus entendre parle du petit Sarkozy.

Page 37 sur 37