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Vie politique Introduction Naissance de l’électeur et du parti Naissance de la IIIe République. Les radicaux dans la République Socialisme et représentation partisane des ouvriers Droites modérées et extrêmes face à la République : résignation, adhésion, refus IVe et Veme République : des bouleversements qui ne se limitent pas aux changements de régime politique Les mutations des droites françaises Les gauches Françaises depuis 1945 Les groupes d’intérêt dans la vie politique française : le syndicalisme Mobilisations, action collective et mouvements sociaux Leçon 1 : Introduction 1. Science politique et politique A. La science politique comme science sociale (1) Réflexion sur la vie politique. Cours sous point de vue de sciences politiques 1. La neutralité de la démarche de la science politique Définition : sc po est une discipline des sciences sociales dont le but est l’analyse des sciences politiques. Renvoie à 3 aspects : science politique comme science sociale : tj personnes qui réfléchissent aux phénomènes politiques (Platon, machiavel, rousseau…). Différences entre ces théoriciens de la notion actuelle est qu’ils avaient délibérément une visée normative (travail visait à définir quel était le bon régime politique, jugement de valeur) que nous allons essayer d’éviter, car dire que science politique est science sociale commence par notion de neutralité de la démarche politique (pas objectivité car pas séparation rationnelle humain/société). 2. La science politique utilise les methods des sciences socials, sur le plan empirique et théorique a. La rupture avec la « doxa » (opinion commune, sens commun) Sc po = sc sociale = méthodes empiriques et théoriques. Sc po essaie de rompre avec l’opinion commune, sens commun, la « doxa » (préjugés ordinaires, apparaissant parfois comme le bon sens ou

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Vie politique

Introduction

Naissance de l’électeur et du parti

Naissance de la IIIe République. Les radicaux dans la République

Socialisme et représentation partisane des ouvriers

Droites modérées et extrêmes face à la République : résignation, adhésion, refus

IVe et Veme République : des bouleversements qui ne se limitent pas aux changements de régime politique

Les mutations des droites françaises

Les gauches Françaises depuis 1945

Les groupes d’intérêt dans la vie politique française : le syndicalisme

Mobilisations, action collective et mouvements sociaux

Leçon 1 : Introduction1. Science politique et politiqueLa science politique comme science sociale (1)

Réflexion sur la vie politique. Cours sous point de vue de sciences politiques

1. La neutralité de la démarche de la science politique

Définition : sc po est une discipline des sciences sociales dont le but est l’analyse des sciences politiques. Renvoie à 3 aspects : science politique comme science sociale : tj personnes qui réfléchissent aux phénomènes politiques (Platon, machiavel, rousseau…). Différences entre ces théoriciens de la notion actuelle est qu’ils avaient délibérément une visée normative (travail visait à définir quel était le bon régime politique, jugement de valeur) que nous allons essayer d’éviter, car dire que science politique est science sociale commence par notion de neutralité de la démarche politique (pas objectivité car pas séparation rationnelle humain/société).

2. La science politique utilise les methods des sciences socials, sur le plan empirique et théorique

a. La rupture avec la « doxa » (opinion commune, sens commun)

Sc po = sc sociale = méthodes empiriques et théoriques. Sc po essaie de rompre avec l’opinion commune, sens commun, la « doxa » (préjugés ordinaires, apparaissant parfois comme le bon sens ou l’ethnocentrisme = tendance à juger les autres groupes sociaux à partir de son propre modèle).

b. La mise en place d’hypothèses

On n’observe jamais la réalité au hasard, on l’observe à partir de questions. On peut observer un régime politique à partir d’une idée de ce qu’est le totalitarisme ou la démocratie.

c. L’ancrage empirique.

Science empirique, suppose une démarche de vérifications, d’enquête, permettant à une autre personne de contester ses résultats. Techniques quantitatives (ie analyse de sondages, de résultats électoraux) mais aussi qualitative (méthode directe ; entretien, observations sur le terrain, refus de croire sur parole…). Conséquence de statut empirique de sc po est que les enquêtes doivent être vérifiables. Ce qu’on ne peut vérifier empiriquement n’est pas scientifique.

3. Dégager des tendances, des « lois » et au moins trouver les concepts qui permettent au mieux de décrire le monde

Sc po = sc sociale est aussi que peut essayer de dégager des tendances, voire même des lois (débat ouvert en sc po). Reste possible de dégager des régularités, comme par ex dans la façon de voter. On sait aujourd’hui que l’intérêt pour la politique augmente avec le niveau d’études. Régularité forte. D’autres chercheurs refusent l’idée selon laquelle sc po peut établir des lois, serait plutôt sc historique, n’a rien a gagner à imiter les sciences dures et que 2 objets comparables style 2 révolutions, dès que distants historiquement, difficilement rapprochables.

Lois, généralisations, observations, aspects différencient la sc politique du journalisme, de la prospective ou encore de l’activité politique. Sc po et po différents.

Le rapport de la science politique aux autres disciplines des sciences sociales et juridiques (2)

Science politique comme sc sociale. Poser cette question, suppose d’envisager le rapport de la science politique aux autres disciplines des sciences sociales et juridiques. Suffit pas de dire intellectuellement ce qu’est la SP, faut dire aussi ce qu’est la relations ac d’autres disciplines.

1. Une brève histoire de la science politique

SP est la dernière née des sc sociales du 20e sc. Nécessitait des transfos sociales :

· révolution industrielle qui change le monde, le regard,

· individualisme, valorisation de la science

· croyance en la rationalité.

Discipline commence peu à peu à se constituer au 20e sc. 1871 formation de l’école libre de la SP (ancêtre de Science Po), mais au sein de cette école libre sont rassemblée des enseignants qui ne se définissent pas comme politistes. Changement dans les années 43-56 : années pendant lesquels la SP apparait dans diplômes de droits. Juristes de droit public qui s’intéressaient aux partis politiques, éléments pas de droits qui permettaient de comprendre l’évolution de la vie politique/du jeu politique.

C’est depuis ces années que se dvpent des cursus de SP. Aussi depuis années 70 que la sociologie est utilisée de + en + au sein de la réflexion de SP.

2. Discipline « carrefour » et problème de frontières disciplinaires

SP connait une réussite et éclatement entre divers types de raisonnements, sous-disciplines (RI, analyse politiques publiques…).

Idée de discipline pas tj sens, scientifiquement. Raisonnements en SP aujourd’hui svt raisonnements de sociologie politique, moins de philo. Notion discipline a en revanche un sens socialement : se définira en tant que politique ou sociologue.

Discipline frontière à l’égard du droit d’abord. Oppose SP et droit : attention différente au formel, règles de droits (droit) et informel, non écrit (SP). SP ne peut ignorer certaines des règles.

Frontières à l’égard de l’économie : peut pas ignorer certains des grands flux financiers qui transforment jeu politique. Frontières à l’égard de la philo, de l’histoire et de la sociologie.

Résultat est que l’on parle parfois de la sc po, des sc po ou des sc sociales de la pol. Influence de + en + par la socio. Se subdivisent ensuite.

La délicate délimitation du politique (3)

Pas seulement délimiter la discipline mais aussi le politique lui-même. Délicat : qu’est-ce qu’un phénomène politique ?

1. La diversité des phénomènes politiques concrets

Existe une série de phénomènes, objets qui nous semblent politique (partis politiques, hommes politiques, idéologies, résultats d’élections...tout ceux qui exercent le pouvoir ou le veulent…), mais existe aussi d’autres phénomènes politiques mm si n’en n’ont pas l’air : caisses d’allocations familiales, service des étrangers dans une préfecture (analyse politique)…

2. Tout n’est pas politique mais tout peut le devenir

Comme le travail des enfants au 19e sc, qui n’était pas considéré comme pb politique au 19e et l’est devenu, les accidents de la route, considérés au début comme une fatalité jusqu’à ce que le pvoir politique s’en saisisse, ou encore le cancer pour les travailleurs de l’amiante, avant que asso se mobilisent. Dépend de la capacité des groupes à politiser des questions

3. C’est ce rapport de force entre les groupes qui détermine les frontières du politique

Tout est potentiellement politique dc rapport de force entre les gpes détermine frontières si un gpe minorité pas assez fort pour faire reconnaitre pb en politique, fort probable que restera un pb non politique.

2. Penser l’histoire de la vie politique française – questions de méthode0. Cinq écueils (4)

5 façons de faire qui semblent contestables

1. Le « tout évènementiel »

Histoire de la vie pol FR n’est pas catalogue d’évènements empilés dans un ordre +- chronologique. Evènements comptent, révolution, Alger… mais transformations touchant la société (mai 68 sans transfo et augmentation pop étudiant…) sont importants.

2. Le « tout institutionnel »

Autre limite très carac de la SP quand ressemble trop au droit constit. SP suppose de comprendre les règles du jeu politique, règles formelles et informelles, et parmi les règles formelles, organisation du pvoir, comme apr ex celle qui affaiblit le parlement dans la Ve rep, modes de scrutins (notamment uninominal majoritaire à 2 tours qui explique en partie le bipartisme)…

Mais cette attention nécessaire aux règles formelles peut avoir effet pervers. Attention excessive au cadre institutionnel de la vie pol oublient que droit du politique n’a pas toujours la puissance qu’on lui donne. Tte la vie pol FR n’est pas déterminé par la cosntit de la Vème Rep. Quand bien mm sait on qu’une règle relative à l’organisation des pouvoirs publiques a été violée, n’en tire pas tj les conséquences : le droit n’est pas toujours le moteur des pratiques, et s’applique inégalement aux pvoirs politiques (ex : Garde des Sceaux en 2005 qui appelle à voter une loi qui pourrait être inconstitutionnelle, bracelet électronique).

Droit ne suffit pas non plus à expliquer la puissance ou la faiblesse d’un acteur politique. Ne suffit pas de constater la prééminence du président de la rep dans la constit pr comprendre sa puissance, cette puissance est également due a la transfo des parties politiques, l’augmentation de la discipline partisane, pas uniquement liée aux instit. Dc poids des regles informelles : écrit nulle part que les hommes politiques doivent complimenter leurs adversaires mais le savent. Regles d’expression à la télé aussi, nécessité de phrases courtes, vocabulaire réduite.

3. Le jeu des « familles » politiques et le classement « par les idées »

Classer, différencier les gens par leurs idées: nécessaire mais pas suffisant. Nécessaire de savoir distinguer les hommes politiques en fction de leurs idées, évident que certaines idées st marquées a droite ou a gauche (importance Etat à droite, social à gauche), arrive que certaines idées aient plusieurs fois fait le trajet entre gauche et droite. Ainsi, nationalisme : aujourd’hui fait parti majoritairement du matériel idéo de droite, au 19e était de gauche, utilisé pour bousculer la monarchie. Bascule à droite fin 19eme. Même façon : certaines idées n’opposent pas tant gauche et droite : défense de la nationalisation se retrouve a gauche et droite. Idées sont plastiques, se transforment et bougent dans les camps.

4. L’anachronisme

Tentation d’attribuer à une époque ce qui appartient à une autre. Relire le passé avec les lunettes du présent. Peut conduire à des erreurs grossières. Catégories gauche-droite parait évidentes à un FR, mais pas la plus pertinente pour comprendre la vie pol américaine (démocrate/républicain). Aussi peut être piégé en utilisant des mots qui existaient avant et maintenant mais qui ont des sens différents d’alors, ex le terme « parti ». parle de parti politique au début 19eme pas sens organisation partisane structurée comme aujourd’hui, plutôt partisan d’un camps.

Aussi anachronique de juger acteurs d’hier à partir de ce qu’on sait aujourd’hui de partis politique ; totalitarisme de Robespierre alors que terme apparait au 20è sc pour déterminer régime Stalinien et clairement pas à l’époque pour Robespierre fin 18eme.

5. Le culturalisme

Orientation culturalisme peut sembler légitime (prêter attention à la culture que l’on observe) : culturalisme a tendance à oublier que tout n’est pas symbolique, tout n’est pas culture dans la société. Svt par paresse que explication par culture « culture de résistance au chgt » alors que paysans pas forcément due à culture que veulent pas changer mais par paresse pq pas besoin de chger.

Quelques outils d’analyse ; cinq principes, une définition de travail et ses conséquences (5)

1. L’importance de l’ancrage social du politique (principe 1)

Signifie que le politique n’est pas séparé du social, certaines oppositions politiques parfois explicables avant tout par oppositions sociables, état pas coupé de société. Certain nbre d’affrontements politiques, idéologiques (ex gauche défendant défense publique et role fctionnaire et droite libéralisation de l’économie et moins de charge pour les chefs d’entreprise) pas seulement affrontement idéo mais aussi à la composition différente des électorats de gauche et droite, on voit un attachement plus grand au secteur privé d’un coté, public de l’autre.

2. Prendre en compte le temps long et les transformations morphologiques de la société française (principe 2)

Certaines gdes transfo politiques sont dues à transfo composition population comme augmentation nveau scolarité dans population a conséquences très importantes sur critique politique, proportion de propriétaire, proportion de femmes travaillant… tendances lourdes qui transforment les façons de se comporter des politiques.

3. Essayer d’oublier que l’on se trouve à la fin de l’histoire, se souvenir que d’autres présents auraient été possibles (principe 3)

Défaut un peu inévitable quand réfléchissons à l’histoire. Parfois tentés de penser qu’on pouvait discerner au début d’un processus politique ce qui allait se passer ensuite : ex analyse échec du général Boulanger fin 19e, tendance à dire que Boulanger n’était pas véritablement quelqu’un qui aurait pu mettre en danger la république, et que son suicide montrait bien qu’il s’agissait de qqun pas sérieux. Mm façon, analyses de mai 68, tendance à dire que comme a échoué, était qu’une grande kermesse étudiante. Ne pas se placer à la fin de l’histoire donc.

4. Penser relationnellement et prendre en compte les stratégies des acteurs (principe 4)

Penser relationnellement est ne pas séparer action d’un parti politique, le discours d’un homme politique, les prises de politique d’un syndicat, ne pas séparer ces éléments des réactions de leurs concurrents, alliés ou adversaires. Positions peuvent être anticipées consciemment comme concurrence au sommet de l’état entre un ministre et un PM, ou encore ce que va faire son partenaire, son adversaire… dans les années 70 par ex, le PS fait alliance avec le Parti Communiste : méfiance et observation très serrée de ce que fait le partenaire. Penser relationnellement veut dire que jeu politique est un espace de concurrence, interdépendance.

5. Quel statut donner aux idées et croyances des acteurs si « ces derniers ne font pas ce qu’ils disent et ne disent pas ce qu’ils font » (Bourdieu)

Ne s’agit pas de verser dans le cynisme (quel statut donner aux idées et croyances si les acteurs ne font pas ce qu’ils disent et ne disent pas ce qu’ils font). Ne se rendent pas tj compte des décalages entre idéologie et pratique. Suppose de s’intéresser aux idéologies et décallages.

Veut pas dire que n’existe pas idéologies et croyances, juste que pas toujours le moteur.

6. Une définition de travail : « la vie politique englobe l’ensemble des activités, le plus souvent concurrentielles, visant à représenter des groupes sociaux, à exercer le pouvoir ou à influer sur lui, afin de participer aux décisions appliquées à la collectivité ».

Dans laquelle s’inscrit le cours. Tous les mots ont leur importance

· Ensemble des activités : les activités politiques sont variées, peut désigner protestation de José Bové, la direction du gvmt par un PM ou telle émission de télévision

· Concurrentielles : s’intéresse à ce qui encadre la concurrence, règles du jeu politique, formelles et informelles. Suppose aussi d’envisager la question d’application de décision à la collectivité, même de la part de groupe qui ne sont pas politique mais qui veulent imposer/promouvoir leur façon de voir.

· Vie politique = représentation des gpes sociaux pour participer aux décisions : question de représentation : pas « ressemble » plutôt pour laisser entendre que l’homme politique a le droit de parler au nom de son électorat. « coup de force de la représentation » (P. Bourdieu), car il y a toujours un coup de force dans la façon dont un représentant (élu, homme politique, dirigeant de syndicat) va se prévaloir d’un collectif, or ce collectif (nation, peuple, travailleur) est toujours +- une fiction (efficace sans conteste), dans lequel l’élu pourra dire qu’il est le représentant des FR et va fonder son pouvoir sur la croyance en cette fiction (fort parallèle ac phénomènes religieux). Coup de force d’autant plus efficace que l’on y croit et que l’homme politique est persuadé de parler au nom du peuple alors que parle au nom d’un nombre de représentants.

3. La vie politique française : clichés, enjeux, mémoires (6)

Comment un observateur étranger parlerait de nous, de notre vie politique ? sans doute grèves, administration, sentiment très critique ç son égard, attachement à l’égalité doublé d’une augmentation féroce des inégalités. Clichés sans doute, mais parfois tombent juste et dur de s’en abstraire, surtout pq vision de l’étranger qui par sa naïveté voit de façon aiguisée ce qui nous parait normal. Aussi par clichés que parfois apercevons ce que Norbert Élias ou Gérard noiriel qualifient d’ »habitus national » (habitus : habitude, routine, trait, structure, ensemble de façon d’être, faire penser qui se transmet dans une nation et la caractérise).

0. L’ « exceptionnalisme » de l’Etat à la française (7)

Dans ce qui renvoie à l’état que l’on souligne la particularité FR

1) Etat « fort » qui s’oppose à la faiblesse de la société civile

Oppose donc état omnipotent à des français peu aptes à s’organiser par eux-mêmes. Plusieurs auteurs (contemporains, R Boudon, Crozier ou plus anciens) soulignent cette prééminence excessive selon eu de l’état. On a pu d’ire qu’une des admins les plus importantes au monde est l’éducation nationale, qu’on a pu mettre au même plan que l’armée rouge, nbre fctionnaires en FR (etat, territorial et hospitalier) représente 5 M de personnes, soit 1 salarié sur 5. Vrai que construction de l’état s’est faite en FR en tentant d’écraser ses concurrences. A l’égard de la noblesse d’abord, royauté avait essayé de niveler une partie de la noblesse. Aussi concurrence ac Eglise, substitution de l’état à l’église dans la maitrise de la reproduction sociale (ie repro de la société ; éducation, état civil, grandes orientations). Cette puissance de l’état s’est aussi traduite par la méfiance des intermédiaires entre état et population. Un des symboles de cette méfiance est la loi Le Chapelier, promulguée en juin 1791 qui proscrit les coalitions (corporation, compagnonnage), interdit aux syndicats les grèves.

Omnipotence de l’état est cependant inégale ; n’a pas pénétré toute la société avec la même intensité : l’état social est tardif en FR, protection sociale longtemps laissé à la charité. Sur le plan pénal et militaire, l’état américain est bien plus puissant que l’état FR. Quand compare masse fctionnaire d’un état à l’autre, ne faut pas oublier que masse d’enseignants qui sont comptabilisés svt de façon différente dans d’autres pays.

Idem faiblesse de la société civile, incapacité à s’organiser doit être nuancée : les 36 000 communes françaises ont aussi été une des premières formes de sociabilité, lien entre citoyens. Enfin, dans ce pays qu’existe une des législations les plus libérales au monde en matière d’association, la loi de 1901, pres d’1M d’association de 1901 déclarées en FR et s’en créerait 70 000 chaque année : fourmillement des associations.

2) Etat « « centralisé » et « jacobin »

Jacobinisme renvoi à Révolution FR : opposition entre Girondins et Jacobins (Marat, Robespierre) de radicalité révolutionnaire, égalité obtenue grâce a état et centralisation, effective dans l’histoire de FR : centralisation du pvoir, centralisation culturelle aussi. La langue FR, qui s’impose au reste du pays est celle parlée à Paris, culture légitime souvent confondue avec la culture des élites de Paris. Aujourd’hui encore on sent fortement cette centralité de Paris dans le paysage FR. S’explique aussi par fait que unification nationale de nos voisins fait plus tard.

Cliché doit être nuancé, par l’histoire récente, décentralisation par la loi de 1982, inscription du principe d’une organisation décentralisée dans la constitution en mars 2003, quant au poids écrasant de Paris sur le territoire, doit être nuancé, la relation entre capitale et reste du pays est complexe, et lgtemps pvoir politique s’est méfié de la Capitale. Raison pour laquelle Paris pdt 1 sc n’a pas eu de maire encore aujourd’hui les pvoirs de police du maire de paris sont bien inférieurs aux pvoirs de police des maires ailleurs, explique aussi écrasement sanglant de la Commune de paris, reste clivage historique du poids de Paris dans la vie politique.

3) Le concours, l’intérêt général et le fonctionnaire à la française.

Cliché caractéristique ; idée de recrutement de fctionnaires neutres au service de l’intérêt général, recrutés par concours. Fctionnaires qui correspondraient presque à la forme bureaucratique pure telle que décrit par Max Weber.

Un aspect du rôle central donné à l’état en FR réside en cette idéologie de l’intérêt général, que l’etat incarne.

Travaux d’histoire sociale ont bien montré que le système de concours ne sert pas à sélectionner la majorité du personnel administratif, et la neutralité du fctionnaire, bute sur la réalité du pantouflage en FR (départ des diplômés des grandes écoles dans le secteur privé, dont rien ne permet de penser que sont éperdument épris de l’intérêt général).

4) L’ « impossible réforme » et les « corporatismes »

Cliché colle le plus aux FR : difficulté qu’aurait l’état FR à se réformer, la tendance qu’auraient les FR à faire d’avantage grève que leurs voisins EU. Vrai que le nombre de JINT (journées indiv nn travaillées) est extrêmement important, FR n°1 en 2001 des pays EU, et augmentation des proportions de grève dans fction publique par rapport aux grèves dans la fction privée. En 1982, près de 95% des grèves étaient dans des entreprises, en 1999, plus que 43%.

Pourtant, bien qu’importantes, la conflictualité a largement décru depuis la 2eme Guerre Mondiale, et loin d’être paradoxe entre FR pays le plus faiblement syndiqué des pays EU, et le fait que les syndics recourent le plus largement à la grève, même plutôt pq faible que grève est outil principal.

Lieux de mémoire et champs de bataille (8)

Lieux de mémoire : emprunté à l’historien Pierre Norat (près de 5000 p). « Un lieu de mémoire, dans tous les sens du mot, va de l’objet le plus matériel et concret, éventuellement géographiquement situé (un monument, un personnage important, un musée, des archives) à l’objet le plus abstrait et intellectuellement construit (un symbole, une devise, une institution) ». Projet de l’ouvrage était d’un inventaire des lieux dans lesquels la mémoire nationale s’était incarnée, lieux matériels et lieux concrets. Le projet était celui d’une histoire symbolique, au 2nd degré. Ces lieux de mémoire ne sont pas forcément des lieux consensuels. Métaphore donc qui peut se compléter par une autre, spatiale, celle des champs de bataille.

Qquns des champs de bataille qui caractérisent fortement ce que serait la politique FR.

1) Laïcité et enjeu scolaire

Aurait pu penser jusqu’à début années 80 que la querelle scolaire, affrontements relatifs à laïcité faisaient partie des affrontements purement historique, dans une société qui s’éloignait peu à peu du religieux. Pourtant on sait quelle fut la violence du combat de la jeune république contre le système du contrôle social représenté par l’église catho dans un pays ou la mémoire des affrontements dans la révolution avait contribué à l’enracinement de clivages (autours de la Vendée…). On sait que la république a scandalisé beaucoup de français en refusant que l’état reconnaisse Dieu, sans qu’elle n’ait jamais fait l’athéisme ou matérialisme vérité d’état.

QQuns des grands conflits sociaux qui se sont déroulés autours de la laïcité : au milieu des années 80, qd gouv socialiste arrive en place et envisage la mise en place d’un service public, unifié et laïque de l’enseignement, ou lors de la tentative de réforme de la loi Falloux par le gouvernement d’Edouard Balladur, ou aujourd’hui autours de la violence des polémiques relatives au port du voile.

Frappant : constater les différences qui se snt manifestés dans la querelle laïque aujourd’hui par rapport à début 1900. On a vu des féministes de gauche très divisés sur le port du voile, à l’inverse, des hommes politiques conservateurs recommander l’interdiction du port du voile car le cadre d’une analyse pertinente selon eux n’était plus le symbole religieux mais plutôt l’agressivité de la religion musulmane par rapport à leur propre religion.

2) Communautarisme (refus du)

Cette question fait partie des domaines dans lesquels les choses seraient de prime abord, claire. La FR serait ce pays qui reconnaîtrait que les citoyens égaux devant la loi, individus abstraits, dépouillés de ce qui pourraient les faire appartenir à quelque communauté que ce soit. Bien souvent on oppose ce que serait le communautarisme à l’anglo saxone au refus du communautarisme à la FR ce qui donnerait des droits à des citoyens abstrait.

Ce principe qui parait évident, que l’on rencontre encore dans certaines polémiques (façon dont l’institut national d’études démographiques avait envisagé il y a quelques années de mettre en place des statistiques à base ethnique pour comprendre la réalité des discriminations, et ce projet avait été reçu avec extrêmement de méfiance à l’égard de l’idée d’enfermer les personnes dans leur communauté.

Depuis les années 80, critique acerbe du communautarisme de la part des essayistes, refusant la ghettoïsation, ce droit à la différence que réclameraient selon eux certains groupes/assos antiracistes. Frappant que les US aient servi à ce point de modèle repoussoir alors que la FR n’a pas été tant que ça étrangère au communautarisme. Le communautarisme, ce sont toujours les autres, mais il reste que certaines politiques aujourd’hui qui, si ne s’appellent pas des politiques de discrimination positive (affirmative action), sont malgré tout des politiques qui consistent malgré tout à donner un coup de pouce à des quartiers qui concentre les inégalités et les difficultés, les ZEP sont de fait une façon d’allouer des ressources supplémentaires à des quartiers en difficulté sans qu’on appelle cela communautarisme.

3) Y a-t-il vraiment une conception française de la nation ?

Cliché : FR est patrie des droits de l’homme qui aurait fait sienne une conception volontaire de l’appartenance nationale, cette idée est souvent opposée à la conception germanique par exemple, plus basé sur le droit du sang.

Relativiser : droit du sang jamais entièrement absent de la législation FR et faut se souvenir que si conception volontaire de l’appartenance était aussi un moyen d’envoyer à la guerre une série de perso qui au moment de la conscription se prétendaient non françaises et utilisaient de manière stratégique cette appartenance nationale incertaine.

De la mm facon si FR se distinguait fin 19e de cette conception fondée sur la culture et le droit du sang est pq avait perdu l’alsace lorraine et que allemands avaient annexé l’alsace lorraine sur des raisons de proximité culturelle : on parlait une langue plus proche de l’allemand que FR fin 19e.

Oublis, non-dits, malaises dans la vie politique française (9)

1) Des femmes longtemps hors de la citoyenneté

FR finalement ce pays, un des premiers à mettre en place le suffrage universel masculin en 1848 et le pays qui, pendant la plus lgue période, exclura les femmes du suffrage universel. Encore aujourd’hui seulement 12% de femmes à l’assemblée nationale, juste devant l’IT, loin derrière série d’EU du Nord qui ont dépassé 35% de femmes à l’AN. 12% de femmes ca suit en plus une élection dont la règlementation imposait un régime paritaire mais il y avait une obligation de moyens et non de résultats ac pénalisation des partis qui ne présentaient pas 50% de femmes à l’élection, malgré tout, certains partis ont préféré payer que présenter trop de femmes.

2) Violence du colonialisme

Et retour de ce refoulé colonial dans l’histoire politique FR. Souvent aux marges plus qu’au centre qu’on observe les paradoxes ou contradictions dun régime ou tradition politique. FR pays de l’universalisme et des droits de l’homme qui donna un statut atypique a ses sujets des colonies, qui adopta en février 2005 une loi reconnaissant le rôle positif de la présence FR outre-mer, ce pays dont on voit aujourd’hui que certains affrontements politique tournent autour de la mémoire coloniale, de populations issues de l’émigration, qui se saisissent à leur tour de cette mémoire coloniale en rappelant que les immigrés d’aujourd’hui sont souvent les enfants des colonisés d’hier.

3) Antisémitisme et régime de Vichy

Question de l’antisémitisme spé FR, y en a t’il eut ? Régime de Vichy a t’il été une exception ou continuité dans l’antisémitisme de la vie pol FR ?

Antisémitisme est une idéologie extrêmement dominante dans une partie des bourgeoisies française avant mm la 2eme guerre mondiale, et si l’affaire Dreyfus confirme l’importance de l’antisémitisme en FR, on sait que se déchaine la violence verbale voire physique autours de l’antisémitisme entre 2 guerre. Certains historiens rappellent que le régime de Vichy put s’appuyer sur des esprits largement préparés. Pas jusqu’à la question âprement débattue de la continuité ou non entre les années 1930 et Vichy qui fasse aujourd’hui débat.

4) « Egalitarisme » et persistance/aggravations d‘inégalités sociales et politiques

Egalité des chances est aspect paradoxal puisque réintroduit chance quand égalité vraie devrait pas se soucier de la chance ou hasard.

Leçon 2 : suffrage universel et mise en place des organisations partisanes, 1848-1940 : naissance de l’électeur et du parti (10)

Découpage chronologique, qui ne se résume pas à un seul régime, et choisit 2e et 3e rép, Empire, et évolutions du suffrage avant 48. Propose de cours de VP est pas succession de politiques mais plutôt processus et transfos, qui ne correspond pas à la succession des régimes.

Ce qui fait l’unité de cette période 1848-1940 est la mise en place progressive d’une nvelle facon de faire de la politique qui s’est caractérisée par la mise en place du suffrage universelle et des partis politiques. Début de la professionnalisation politique.

Partie consacrée à la compréhension d’un paradoxe apparent : pourquoi est-ce avec l’apparition du suffrage universel, au moins masculin, que se développe une classe de professionnels de la politique (sens que l’activité politique du représentant, de l’élu, va représenter une activité à temps plein et dans le cadre de partis politiques).

Pq paradoxe ? pq précisément la façon dont est souvent présentée la naissance de suffrage universel est celui de l’accès de tous à la politique, hors c’est à ce moment où se fait juridiquement l’accès de tous à la politique que cette activité se trouve encadrée/régulée de manière plus forte par les pro/organisations/partis politiques. Raison = apparition du suffrage universel et dvpt de l’état moderne.

1. Suffrage universel et mobilisation des électeurs

Aspect le plus évident, le suff univ va d’abord aider à la pacification du jeu politique dans une tendance de long terme. Le suffrage est parfois perçu comme délégitimant les manifestations, comme l’illustre ce titre du journal « le temps » fin 19e : « le suffrage universel a tué les barricades ». Par ailleurs, ce suffrage, des que se déroule dans grandes unités géographiques et humaines, pas à l’échelle de cité qui permettait des démocraties directes, le suffrage universel va de pair avec la démocratie représentative, cad fondée sur le rôle du représentant. Modifie complètement la façon de faire la politique et contenu même. Cadre dans lequel l’état devient un enjeu croissant de luttes.

0. L’état comme enjeu croissant de luttes (11)

Facon même de faire de la politique va être modifiée par l’apparition de l’état moderne. Max Weber le rappelle : l’apparition d’une nvelle sorte d’homme politique est corrélative au dévpt de l’état moderne. Il y a un parallèle entre la professionnalisation politique et la formation de l’état moderne. Vrai du côté des fonctionnaires, mais aussi des représentants des diverses forces politiques représentant en lutte pour l’obtention du suffrage.

Lutte pour l’obtention du suffrage : lutte pour l’accès à l’état, au pvoir d’état, ce que Bourdieu appelle le champ du pouvoir. Précisément, la formation de l’état moderne est la construction de ce champ du pouvoir, de cet espace de concurrence pour avoir accès a l’état. La lutte politique est devenue de facon centrale une lutte pour la conquête de l’état/ orienter la fction de l’état, et de ses ressources.

De + en + de monde veut avoir accès au champ du pvoir avec 2 particularités : d’abord, la concurrence s’intensifie compte tenu de la taille du pays, nbre de perso concernées (suffrage univ), de l’importance du pouvoir généré par l’acces à l’état, d’une activité politique de plus en plus spécialisée, compliquée (connaissances juridiques, historiques…), bref activité à temps plein. Lutte + en + rude, violent, dure de faire de la politique en dilettante. Particularité combiné au fait que dans état moderne, on ne peut pas juridiquement s’approprier patrimonialement les ressources de l’état, alors mm que la difficulté de l’act politique nécessite de s’y consacrer entièrement (difficile d’exercer une activité à côté de l’activité politique). Effets considérables sur la façon de faire de la politique : cette nécessité de faire de la pol a temps plein au moment ou peut plus utiliser ressources de l’état comme ressources perso.

Aspect de état comme enjeu croissant de lutte se combine au fait qu’il va falloir se faire élire.

Etre élu/se faire élire : un travail d’intéressement à la politique (12)

2 mars 1848, suffrage univ masculin proclamé en FR, 1er état du mde à l’appliquer (constit de 1893 avait adopté ce principe mais resté sans applications). Traduction concrète les élections des 23 et 24 avril. Faut se rendre compte de ce que ca signifie : on passe de 250 000 électeurs à 9Millions d’électeurs. Apparition du suff univ ne suppose pas automatiquement l’intérêt pour la politique de ceux qui ont conquis ce droit. Du pt de vue stricte de l’homme politique, celui qui fait campagne, pas équivalent de se faire élire par 200 personnes que par plusieurs dizaines de milliers, dans un cas peut connaitre indiv chaque électeur, dans l’autre, politique autrement. Suff univ modifie donc exercice du métier politique.

1) un travail de sollicitation des électeurs

Sens de l’expression d’intéressement à la politique puisque les hommes politiques vont devoir intéresser les électeurs à la politique de façon différente.

Car que supposait le suffrage censitaire ? Sous la restauration, moins de 100 000 électeurs législatifs. Monarchie de juillet, 200 000 en 1831 à 250 000 en 1847 et un corps électoral un peu plus large pour les élections municipales.

Le cens favorisait surtout les propriétaires fonciers et notables, 84% des députés sous la monarchie de juillet étaient élus avec moins de 400 voies : politique personnalisée d’un notable aisé qui peut connaitre ses électeurs la plupart du temps aussi aisés que lui. Dans certaines petites circonscriptions, même pas de concurrence. Véritablement dans une configuration ou des électeurs avaient le sentiment d’élire l’un des leurs, d’où l’expression d’ »être élu ». Fin suff censitaire, FR bascule (GB progressivement élargie le cens), demande l’avis à des gens à qui on ne l’a jamais demandé, qu’on ne peut pas aller voir un par un parce que corps électoral a changé de taille. Commence donc ce travail d’intéressement, travail que B. Lacroix appelle sollicitation ds suffrages, convaincre que politique est importante, en justifiant son travail de représentant. Ce travail est nouveau, notables trouvent parfois vulgaire d’aller racoler des voies, avaient un sentiment de supériorité naturelle et découvrent que faut s’adapter à un peuple. 1848 suffrage non secret.

Faut donc se faire élire, plutôt qu’être élu (effort, travail alors que avant presque normal, divin). Changement très prosaïque, terre à terre. Se faire élire. Ce travail d’intéressement au vote va passer par d’autres canaux : les écoles, grâce à qui le vote va devenir un moyen d’expression légitime, dans les petites communes, fort taux de participation.

2) la transformation des biens politiques offerts

Fascicule ; schéma de type de biens pouvant être offerts (biens privés, gagés sur la fortune de l’homme pol, biens publiques, gagés sur son accès à l’appareil d’état, des biens divisibles, argent, alcool, menaces –nombre d’hommes politiques au 19e paient des coups à boire à leurs électeurs – des biens indivisibles, comme construction d’une route qui profitera a tout le village) ce qui se transforme c’est la nature des biens, qui deviendront de plus en plus spécifiquement politique : parait naturel maintenant que programme politique, que homme politique qui veut se faire élire explique ce qu’il veut faire en arrivant au pvoir, mais avant c’était plus celui qu’on connaissait bien.

A l’inverse, moins on connait ses électeurs (gdes villes, suff univ) plus on leur offre des choses abstraites, générales : politique de gauche ou droite, politique républicaine plutôt qu’un poste ou des espèces.

Une des traductions de l’arrivée de ces programmes politique est la loi Barodet 1882 (Désiré Barodet, instit, maire de Lyon) proposant une loi imposant qu’un programme, une profession de foi accompagne chaque candidature. La façon de fabriquer ces pgme va changer du fait de la nationalisation des marchés politiques et naissance des entreprises partisanes.

3) nationalisation des marchés politiques et naissance des entreprises partisanes

3 phénomènes se dvpent de façon parallèle pour concourir au type de bien offerts par les homes pol : nationalisation de l’offre politique (offre politique similaire se dvpe sur tout le territoire), l’accroissement des compétences requises pour devenir représentant et le dvp du rôle des parties politiques. Conséquences : pour couvrir le territoire pol de façon + efficace faut offrir la mm chose partout, « industrialiser » la proposition politique, l’organiser de façon rationnelle, massive avec des machines électorales (gpes permettant de faire campagne), des appareils partisans (partis politiques), ressources financières importantes, division accru des taches dans les organisation. Conséquence de l’évolution est apparition d’une offre politique à peu près unifiée sur tout le territoire. De grandes catégories (républicains, socialistes) vont s’imposer pour aider les électeurs à se repérer, proposer des choses un peu moins personnalisées.

L’apprentissage du vote (13)

1) représentations du vote et modèle du citoyen

Se traduit d’abord par une transformation des représentations du vote et de nouveau modèle du citoyen. Le vote devient quelque chose de valorisé, une obligation morale dans lequel le bon citoyen (Républicain en géné) est détaché de ses appartenances sociales, de ses dépendances sociales. On voit s’opposer très fortement comme l’étudie Yves Deloix dans son manuel d’instruction civique fin 19ème, ce que serait le modèle d’un vote individuel et individualisé chez les républicains, et l’inverse dans les milieux catholiques, vote plus communautaire, plus lié à l’appartenance religieuse. Il s’agit malgré tout de détacher le vote du social afin que chaque citoyen puisse être ce citoyen raisonnant individuellement et émettant librement son choix. Vote personnel, individuel, secret, dans lequel le moment de l’élection serait le moment de séparation des dépendances et appartenances sociales. Se traduira par une série de techniques de vote.

2) les techniques du vote comme révélateurs d’un processus de fabrication de l’ « électeur indépendant »

La bonne élection est celle qui, peu à peu, permettra d’individualiser l’électeur. L’isoloir, sera cet instrument matériel, imposé autours du 19ème s, destiné à isoler l’individu, le placer à l’abri des regards et influence, correspond donc à l’aboutissement de la démocratie qui requière un vote individuel et secret.

Cette vision des choses (vote individuel et secret) n’a pas toujours emporté l’adhésion de tous, à droite, fin 19eme, le droit de vote est perçu comme un vote collectif, en lien avec l’interaction avec la collectivité/communauté, dans laquelle les électeurs moins éclairés devraient être aidés par les notables. A l’inverse, se retrouve l’argument à l’extrême gauche, dans laquelle l’électeur ne signifie rien, serait un être politique fictif. L’idée selon laquelle la vrai opinion est celle qu’on la le courage de montrer. Les promoteurs de l’isoloir à l’époque sont les socialistes (vu comme moyen efficace de lutter contre l’emprise des prêtres sur une partie de l’électorat), centres, une partie de la droite. Dans certains débats, des politiques qualifient à l’époque l’isoloir de lieu insalubre et dangereux dans lequel les électeurs notamment populaire ne sauront se débrouiller seuls. On retrouve les mêmes ironies pour les bulletins de vote.

Malgré tout se mettent en place ces techniques qui contribuent à fabriquer l’électeur indépendant. Quelle va être la conséquence de cette transformation : nouvelle division du travail politique.

2. Une nouvelle division du travail politique

Se traduira par la professionnalisation politique, monopolisation de la compétence politique.

0. Des notables aux professionnels : les voies paradoxales de la démocratisation du personnel politique (14)

1) Transformations du personnel politique et organisations partisanes

On va observer avec l’apparition du suffrage universel une transfo du perso pol et organisation politique, apparition de compétences spécifiquement politiques avec un recul des notables. Aujourd’hui, à l’aboutissement de ce processus initié en 1848, il n’est pratiquement plus possible de faire de la politique en amateur, au sens ou plus possible de devenir député à l’assemblée nationale sans l’appui de partis, exception faite de rares qui ont une très grande fortune personnelle, mais malgré tout en général empêche d’accéder à des fonctions politiques supérieures.

Ce phénomène de recul des notables va se doubler par une transformation de la division du travail politique. C’est Roberto Michels, au début du 20ème siècle, qui analyse ce phénomène d’oligarchie au sens où la division du travail politique va aboutir à ce que les pro de la politique, au fur et à mesure qu’ils se spécialisent tentent à monopoliser un certain nombre de savoir faire, techniques politiques. Aujourd’hui être un pro de la politique suppose de maitriser un ensemble de savoir faire, techniques comme les compétences oratoires, sens de l’improvisation, adaptation, contrôle de ses émotions, des informations sur sa vie personnelle, connaissance de la société, des règles institutionnelles, règles officielles et officieuses. Suppose aussi d’utiliser un langage spécifique, manipuler un matériel idéologique. Le dvpt de ces compétences politiques aboutit presque mécaniquement à accroitre le pouvoir de celui qui en dispose. Phénomène classique de la vie sociale : la spécialisation abouti à une forme de pouvoir. Si nous devions aujourd’hui nous comporter comme des citoyens idéaux qui auraient une idée claire sur tous les domaines politiques, nous y passerions la moitié de notre temps, pas compatible avec nos vies. Cette transfo du personnel politique aboutit à ce que les notables eux-mêmes doivent apprendre à faire de la politique de manière différente et qu’à l’inverse de nouveaux entrepreneurs de la politique doivent consolider leur professionnalisation, voire se notabiliser, s’enraciner, gagner un terroir politique.

Transfo au point qu’on voit apparaitre une tension entre vivre de/vivre pour la politique.

2) « vivre de/ vivre pour » la politique : l’apparition d’intérêts propres au personnel politique

Avant la formation de l’état moderne, professionnalisation politique… faire de la politique revenait à en vivre, soit parce que tout était mélangé (fond public/privé pour roi, chef de guerre), pillage ou notable dans lequel on disposait assez de ressource pour faire de la politique, politique vue comme hobby ou passe temps réservé au plus noble. Avec apparition du suffrage universel, problème : faut-il laisser l’activité politique aux seuls qui n’ont pas besoin de travailler pour subvenir à leurs besoins. Célèbre question que soulève Max Weber quand effectue sa distinction vivre de (en avoir fait son activité principale, en tirer ses revenus) et vivre pour (s’y consacrer, en faire un engagement) la politique.

Distinction pas exclusive, toujours bénéfices, même symboliques à être engagés pour une cause, donc faut pas caricaturer l’opposition.

Ac apparition suffrage universel, que se passe-t’il si on veut vivre pour la politique, s’y consacrer à temps plein ? soit on en a les moyens et le temps, cad on est un riche oisif et donc retrouve un système ou seuls les riches oisifs peuvent faire de la politique donc problématique dans système démocratique. N’interdit pas de défendre d’autres groupes sociaux mais pas forcément le plus inné. Soit on décide que tout le monde doit avoir la possibilité d’exercer cette activité à temps plein, et dans ce cas il faut rémunérer ces personnes, rémunération sous différente formes : salaire par exemple permanent d’un parti politique, indemnité parlementaire pour les députés, donc on se donne les moyens d’éviter un recrutement ploutocratique (fondé sur l’argent). La lutte pour la conquête de l’état suppose que le métier politique devienne un métier à temps plein, ce qui ouvre de nouvelles questions : la rémunération des personnels politiques, des intérêts propres au personnel politique. Les citoyens sont souvent les premiers à se plaindre d’un député qui vote pour eux-mêmes une augmentation, ce qui est consubstantiel à l’activité politique.

3) un système encore inachevé : faiblesse des partis et poids des ressources individuelles

Système de professionnalisation politique encore inachevé.

Sous le terme de partis peuvent cohabiter des réalités très différentes selon les définissions que l’on se donne : si on adopte une définition stricte comme celle de Joseph La Palombara, un grand spécialiste de science politique des partis, avec l’idée d’une organisation durable (contrairement aux cliques, clientèles, factions), organisation complète jusqu’à l’échelon local (contrairement à un simple groupe parlementaire), la volonté délibérée des dirigeants d’exercer le pvoir ou la volonté de rechercher un soutien populaire, pas certain que les partis de la 3eme république ressemblent à cette définition.

A l’inverse, si l’on invoque une définition plus souple, celle que Michel Oferlé adopte en insistant sur deux aspects : le parti comme entreprise au sens de Max Weber qui insiste sur cette dimension de groupe organisé dont les dirigeants se comportent comme des entrepreneurs sur un marché politique, et sur un lieu de relations sociales au sein du parti.

Ce qu’on appelle parti politique au début du 20ème et jusqu’à IVème Rep ne ressemble pas beaucoup à un parti tel que l’on le connait aujourd’hui en FR, le processus de professionnalisation est enclenché mais les partis politiques sont encore des structures faibles, indisciplinés, plus proche des groupes parlementaires ou électoraux qui se généralisent chez les républicains après 1871, caractère moins permanent/structuré. Groupes électoraux qui ont des existences limitées au moment de l’élection et qui vont peu à peu se pérenniser en formations reliées entre elles au niveau national, entre groupes parlementaires. Plusieurs forces politiques se distinguent entre les entreprises politiques que M Oferlé qualifie d’intérimaire et qui reposent d’avantage sur les ressources matérielles qu’engagent les entrepreneurs avec des agents électoraux rémunérés matériellement (boulangistes, puis les ligues plus tard), on retrouve des entreprises politiques de clientèles au sens où elles reposent sur la notoriété des entrepreneurs politiques, leurs ressources personnelles, sur la détention de mandats publics (agents électoraux sont des membres de cette clientèle personnelle de ces entrepreneurs ou notabilité avec rémunération matérielle (conservateurs dont les émissaires peuvent distribuer des faveurs dans la campagne, comme le Baron de Machaux, homme politique qui traverse la moitié du 19ème, survit une succession de régimes politiques et va peu à peu professionnaliser sa façon de se faire élire, qui envoie des émissaires distribuer ses faveurs, mais aussi des républicains qui vont favoriser l’accès à l’état républicain, décorations, médailles, pour intéresser leur électorats), entreprises politiques de patronages, plus liées sur l’accès aux ressources publiques ou enfin, dernier type d’entreprise politique, les entreprises de type militant, où ce qui comptera sera le capital collectif militant, le fait que les entreprises se basent sur le dévouement de leurs militants dont la rétribution est souvent symbolique (boulangistes, ligues, radicaux, socialistes).

Il faut garder à l’esprit que le poids des ressources personnelles à l’époque reste important, notamment si l’on excepte les socialistes et les ligues. C’est ce qui explique la faible stabilité des partis de la 3ème rep, on n’est pas dans un cadre de parti discipliné, la discipline de vote à l’assemblée est rare et récent (fin IVème Rep), ce qui rend la vie politique actuelle plus prévisible et ennuyeuse.

L’activité politique, en même temps qu’elle se professionnalisé, reste encore très personnalisée, on a affaire d’un coté à des notables qui essaient de se professionnaliser et de l’autre coté à de nouvelles couches sociales comme les républicains, qui essaient de se notabiliser, plutôt qu’à une totale mainmise sur les partis. Le processus reste inachevé, mais enclenché et se manifestera par une tendance à la monopolisation de la compétence politique.

Une tendance à la monopolisation de la compétence politique (15)

Professionnalisation politique ; ne signifie pas qu’on va mieux faire de la politique, signifie seulement que le suffrage universel combiné à la division du travail politique combiné à la démocratie représentative va augmenter, durcir, la coupure entre ceux qui font de la politique à temps plein (sont élus, s’occupent de dossiers, prennent des décisions), et ceux qui en font à temps partiel (sens de s’informer, voter une fois par an). Coupure donc entre « initiés » et « profanes » de la politique. Certains auteurs vont se contenter de cette idée de coupure pour définir les démocraties représentatives au sens moderne. Pour un auteur comme Shumpeter, la démocratie au sens moderne est simplement le fait que le peuple a le droit de départager les élus qui luttent pour le pouvoir. Des début 20ème, auteurs comme Wilfredo Pareto, Roberto Michels, que l’on appelle théoriciens élitistes, mm si ne signifie pas qu’ils soient tous favorables à la domination d’une élite, ces théoriciens insistent sur cette coupure entre représentants et représentés et ses conséquences. 3 aspects du phénomène :

1) La « loi d’airain de l’oligarchie » (Roberto Michels)

Roberto Michels, sociologue IT qui avait participé au mouvement ouvrier, qui avait publié avant la 1ere guerre mondiale un ouvrage intitulé « les partis politiques » et c’est sur les tendances oligarchiques de cette démocratie. Ce qui le frappait est que même les organisations créées pour défendre le peuple, même les partis ouvriers avec la démocratie représentatives, reproduisaient la domination des peuples en leur sein, la concentration du pouvoir. Son idée est que la division du travail abouti inévitablement à l’apparition d’une classe spécialisée qui va défendre ses intérêts propres, d’où la division entre une minorité dirigeante et une majorité dirigée. Il considère que c’est un phénomène observable dans toutes les organisations, la spécialisation favorise la domination donc la spécialisation politique favorise la domination politique. Ce type d’analyse se retrouve résumé sous le terme de la loi d’airain de l’oligarchie, qui consiste à voir se reproduire les oligarchies au sein d’un régime politique. On retrouve un type d’analyse assez proche chez un autre auteur, Moisei Ostrogorski, dans « la démocratie et l’organisation des partis politiques », qui souligne que toute organisation a tendance a vouloir perdurer hors du but qui l’a fait naitre.

2) Une remise en cause de la conception classique de la démocratie

Développement de compétences spécifiquement politiques a eu pour effet de renverser la conception un peu naïve que nous nous faisons de la démocratie. C’est la thèse que soutien Joseph Schumpeter. Celui-ci rappelle que la conception classique de la démocratie supposerait que le peuple a une idée précise et spécifique sur chaque problème, et choisi les représentants qui mettront en œuvre ses idées spécifiques. C’est une idée fausse, il est rare que nous élisions nos représentants à partir d’une idée claire que nous nous faisons sur chaque problème. Rôle du peuple, ce faisant, dit Schumpeter, est peut être plus simplement de fabriquer/désigner les gouvernants qui vont vouloir à sa place. D’où l’expression de Schumpeter qui écrit que « la méthode démocratique est le système institutionnel aboutissant à des décisions politiques dans lequel des individus acquièrent le pouvoir de statuer sur ces décisions, à l’issu d’une lutte concurrentielles sur les votes du peuple.

3) L’intériorisation de leur « incompétence » par les profanes de la politique

Ce que suppose l’idée d’élection : on a tendance à faire équivaloir l’élection à la démocratie, précisément parce que nous sommes tous pénétrés de la croyance à la démocratie représentative. Mais pour Montesquieu, la méthode véritablement démocratique des dirigeants est le tirage au sort, seul moyen de créer l’égalité réelle. A l’inverse, l’idée de l’élection renvoie à une théorie du consentement à l’ordre politique, alors qu’il est possible de dire à qqun qu’on l’a tiré au sort, à partir du moment où l’on vote, on doit accepter les règles du jeu, consentir. Il y a dans l’idée d’élection une idée de supériorité de l’élue, idée de choisir les meilleurs, hiérarchiser entre les personnes qui sont proposées à notre choix, et l’idée de séparer les hommes politiques des autres, renforcer cette professionnalisation. Même s’il ne s’agit que d’une supériorité perçue, qui favorise la légitimité de l’élu et par extension celle du régime politique, de l’adhésion au régime politique. Distinction entre le profane et l’élu, celui qui aura directement accès à l’activité politique et celui qui n’aura que des contacts épisodiques avec l’activité.

Les profanes de la politique, loin de se révolter contre leur dépossession, contre le fait qu’ils n’aient pas accès d’avantage à la connaissance politique (ex en exigeant un accès généralisé et simplifié à l’info politique), finissent par revendiquer leur incompétence, s’en attribuer la faute, se considérer comme par définition en tant qu’incompétent en matière politique. Expressions style « je ne m’intéresse pas à la politique, c’est trop compliqué » choquerait les citoyens grecques, puisqu’il était de leur devoir de s’intéresser en permanence en la politique. Plusieurs auteurs ont essayé d’analyser cette auto-exclusion, c’est le travail notamment de Daniel Gaxy qui démontrait que même dans les régimes politiques démocratiques il y a une auto-exclusion du jeu démocratique très fortement liée au niveau d’études.

Leçon 3 : Naissance de la IIIème république, les radicaux dans la République

Comprendre les grandes forces politiques sous la 3eme rep est comprendre des continuités qui renvoient par exemple à l’évolution libérale du 2nd Empire, à la mémoire de 1848, suffrage universel et échec face à la question sociale, mémoire des journées de juin 1848 dans lesquelles la troupe tire sur les ouvriers, mémoire aussi du plébiscite qui mettra fin à cette république, c’est en fin comprendre le processus à travers duquel va se faire l’acceptation de la 3eme Rep, voire pour certains la résignation à la Rep.

1. Naissance de la IIIème République (16)

0. Les conditions de mise en place du régime

Le régime de la 3eme république nait dans la défaite, l’écrasement sanglant d’une potentielle révolution sociale et l’incertitude, trois aspects qu’il importe de prendre en compte pour comprendre comment vont se déployer les forces politiques sous la 3eme Rep.

1) La défaite

La défaite est celle de l’empire de Louis Napoléon Bonaparte face à la Prusse, avec capitulation de Napoléon 3 à Sedan le 2 Septembre 1870. Dès que la nouvelle est connue à paris, la foule envahit l’assemblée et les républicains modérés se dirigent vers l’hôtel de ville où ils proclament un gouvernement provisoire, et Léon Gambetta annonce la déchéance de l’Empire. C’est donc le 4 septembre 1870, dans le cadre de cette défaite militaire que nait la 3eme rep.

Quelques jours après cette proclamation, 19 sept 1870, Paris est assiégée par les troupes Prussiennes, la pénurie commence et on observe déjà des tensions au sein du pouvoir provisoire, entre les radicaux et des républicains plus modérés, entre par exemple Leon Gambetta, plus jusqu’au boutiste, plus va-en-guerre, et d’autres républicains plus modérés, plus favorables à la signature d’une armistice.

Le 18 janvier 1871, le Roi de Prusse est proclamé Empereur d’Allemagne Guillaume Premier dans la galerie des Glaces de Versailles. L’armistice est demandé et le chancelier Bismarck entend négocier avec un gouvernement légal. 1eres élections du 17 février 1871 se déroulent donc dans contexte de défaite avec 1/3 du territoire occupé par les troupes ennemies, avec une population souvent rurale, paysans, qui refusent de voter pour les républicains qui passent pour trop bellicistes, trop favorables à la guerre. C’est dans ce contexte de défaite que les royalistes obtiennent la majorité à l’assemblée nationale. C’est Adolphe Tiers, un modéré, qui est élu chef du pvoir exécutif de la République FR, chef d’une Rep très faible et sans institution réelle. Chef provisoire en attendant que soit statué sur les institutions de la FR. FR perd l’Alsace Lorraine et doit payer une indemnité de 5 milliards de Francs Or étalé sur 3 ans, autant d’éléments qui ouvrent la voie au nationalisme et au bellicisme en FR.

2) L’écrasement sanglant d’une potentielle révolution sociale

Référence faite à la Commune de Paris, grand mythe de la gauche révolutionnaire Française. Peu apres que l’AN s’installe à Versailles, dans un contexte ou Tiers se méfie de la foule, du peuple parisien, fait enlever les canons installés sur la butte de Montmartre, tout simplement pour désarmer Paris, éviter qu’éventuellement un pouvoir Parisien s’installe, et cette mesure de défiance à l’égard de Paris provoquera la révolte. Le 28 mars 1871, la Commune de Paris est proclamée, formée d’ouvriers, de journaliers, d’artisans, de journalistes. C’est un gouvernement local provisoire qui a un programme républicain, socialiste. Ce programme est celui de la séparation église/état, de la laïcisation de l’enseignement, limitation de la journée de travail à 10h, du drapeau rouge, du fédéralisme, du calendrier révolutionnaire. Une commune qui malgré tout compte de nombreuses tendances politiques diverses (gauche, extrême gauche, certaines proches des Marxistes, d’autres des Anarchistes). Le système de la commune de Paris est organisé par arrondissements. Le 21 mai, les troupes venues de Versailles appelés les Versaillais, entrent dans Paris pendant que les Communards mettent le feu aux monuments publics. Ce sera appelé la semaine sanglante, 20 à 30 000 insurgés de Paris sont fusillés jusque devant le mur du Père Lachaise, ensuite nommé le mur des fédérés, près de 30 000 personnes sont arrêtées et envoyées en Algérie ou au Bagne (nouvelle Calédonie). Le mouvement ouvrier est réduit au silence, la Commune deviendra partie intégrante du souvenir de gauche, Marx y verra l’idéal du mouvement révolutionnaire. Restera aussi dans les mémoires d’extrême gauche comme le refus de s’allier des républicains, puisque les républicains seront perçus comme des massacreurs du peuple, comme ceux qui s’afficheront suffisamment à gauche pour parvenir au pouvoir mais jamais suffisamment pour rallier le peuple ; dans la foulée de cet écrasement, c’est l’ordre moral qui s’abat sur le pays, cad ambiance de moralité austère et provinciale qui marquera les 10 premières années de la république. Retour vers les églises, pénitence, piété, contexte dans lequel est érigé la basilique du Sacré Cœur comme symbole de l’écrasement de la Commune.

3) L’incertitude et le compromis

Incertitude quant au devenir de cette jeune république, on ne sait pas si le régime va durer. Ces incertitudes expliquent les stratégies des forces politiques, notamment des opportunistes (républicains opportunistes) ; république qui semble fragile, contestée au sein même de ses institutions puisque en majorité royaliste, au sein de laquelle l’église s’oppose fermement.

Jalons institutionnels (17)

Retrouvés facilement dans les ouvrages d’histoire.

1) Affaire du drapeau, octobre 1873

Symbolique de ce qui va diviser les royalistes et va peut-être empêcher le retour des royalistes au pouvoir. Nous sommes donc face à une assemblée à majorité royaliste depuis février 1871. Paradoxalement, la république FR est dominée pdt une 10aine d’année par des monarchistes. Ces derniers hésitent, particulièrement le Comte de Chambord, héritier présupposé du trône en cas de retour de la monarchie, ce comte laissera la marque de son intransigeance car il ne veut pas renoncer au drapeau blanc, donc drapeau royaliste, puisqu’il considère qu’il s’agit de l’étendard de ses ancêtres, de Henri 4, FR 1er… et le 27 octobre 1873, le Comte refuse de manière définitive l’adoption du drapeau tricolore qui constituerait un compromis entre les royalistes et autres forces du pays, refuse donc cet élément qui aurait peut-être pu rallier les autres forces, Orléanistes et légitimistes. Alors même que la restauration monarchique semblait presque certaine, échec à cause de cette intransigeance.

2) Septennat, novembre 1873

La majorité monarchique va essayer de négocier cette situation étrange où l’héritier potentiel refuse de prendre le pouvoir car il refuse le drapeau. Suite à l’échec de la restauration monarchique, la majorité à l’assemblée décide de faire voter la loi du Septennat, 20 novembre 1873. Cette loi confie le pouvoir exécutif au Maréchal de MacMahon, royaliste, pour une durée de 7 ans. L’idée est de patienter, attendre, trouver une solution, espérer que peut être un jour le Comte acceptera ce drapeau tricolore et donc stabiliser le pvoir exécutif en laissant les clés à un proche des royalistes qui acceptera donc de s’effacer le jour où l’héritier voudra récupérer son trône, donc trône reste vacant et garde sa place au chaud.

Interprétation de la loi oppose les monarchistes, pour lesquels cette loi concerne exclusivement MacMahon, et les républicains pour lesquels ce septennat est un véritable mandat présidentiel qui pourrait être confié à tout citoyen. Cependant, au fur et à mesure que le temps passe, la majorité monarchique se disloque. De nombreux Orléanistes se rapprochent des républicains conservateurs et c’est dans ce contexte que vont être votées les lois constitutionnelles qui mettent en place la 3eme Rep. Ces lois constit de 1875, 3 (24 fev 1875 organisation du Sénat, 25 fev 1875 organisation pvoir publics et 16 juillet 1875 sur les rapports des pvoirs publics), 3 lois constit qui vont tenir lieu de constit à la FR jusqu’à juillet 1940. Ces lois mettent en place une AN, un Sénat, un président de la République.

3) Amendement Wallon et lois constitutionnelles de 1875

3 lois donc auxquelles s’ajoute un amendement, l’amendement Wallon, voté à 1 voix de majorité le 30 janvier 1875, qui reconnait l’instauration de la république puisqu’il stipule que le Président de la République est élu par le Sénat et la chambre. Par 353 voix contre 352, amendement marque l’entrée de la République dans les textes constitutionnels. On voit ici comment plus le temps passe, plus il est favorable à l’enracinement du régime, alors même que les monarchistes contrôlaient le système au début.

4) Crise du 16 mai 1877

Autre élément important à retenir, la crise du 16 mai 1877. Episode bien connu, contexte suite aux législatives de 1877, les républicains ont gagné la majorité à la chambre des députés (AN). Le président McMahon se trouve donc face à une assemblée majoritairement hostile et un Sénat qui est à peine majoritairement monarchique. McMahon essaie de diviser la gauche, de réduire l’influence du principal représentant de l’opposition, Gambetta. Pour ce faire, il nomme dans un 1er temps un 1er président du conseil, Dufort, qui forme un cabinet de centre gauche, puis Jules Simon, républicain modéré, après la démission du 1er, mais ce républicain, tout modéré qu’il soit, prend beaucoup de ses consignes auprès de Gambetta. C’est ce que lui reproche publiquement McMahon, le 16 mai 1877, en lui adressant une demande d’explication à Jules Simon, qui démissionne le jour même. McMahon le remplace par un conservateur, le Duc de Breuil. Choisir un conservateur alors que l’assemblée est majoritairement républicaine est une façon perçue par les républicains comme scandaleuse de manifester son pouvoir personnel.

Dans ce contexte, les républicains renversent le gouvernement de Breuil. Rétorsion afin de contraindre la résistance des parlementaires, McMahon décide la dissolution de la chambre puisque fait partie de ses prérogatives. Une campagne électorale agitée s’engage, McMahon prend parti en faveur de son camp, s’appuie sur les fonctionnaires, sur le clergé, face à lui Gambetta organise une campagne vive et virulente qui condamne toute tentative de restauration du totalitarisme, et ce sont les républicains dans ce contexte qui l’emportent de peu. La gauche entre dans le gouvernement, McMahon se soumet et admet que c’est un régime parlementaire qui a été établi puisque le président du conseil est désigné avec l’accord des assemblées. Cette crise marque la fin des prérogatives du président et de l’exécutif indépendant, et ceci jusqu’à 1962.

5) Constitution Grévy, devenu pendant janvier 1879

Dernier Jalon. Nom du président de la République en janvier 1879, républicain convaincu, qui, à peine désigné par les chambres comme président, s’adresse aux chambres : « soumis avec sincérité à la grande loi du régime parlementaire, je n’entrerai jamais en lutte contre la volonté nationale exprimée par ces organes constitutionnels. » la Constitution de Grévy est en fait cette coutume, doctrine non écrite limitant les pouvoirs du président de la République.

2. Les radicaux dans la République (18)

Pourquoi ce titre ? Les termes vont ensemble : radicaux, république, républicains, mais aussi parce qu’on parle de république radicale pour définir le régime entre 1898-1914, il y aurait une république modérée 89-98, la république opportuniste 79-89, des périodes pendant laquelle gouvernent certains républicains qui étaient auparavant qualifiés de modérés. Ce titre répond à des problèmes de définition et réalité historique : les notions de radicalisme et républicanisme sont sans doutes les plus difficiles à comprendre et à définir, parce que le radicalisme aujourd’hui n’est plus une force politique dominante comme il l’était fin 19ème sc, on ne voit pas bien aujourd’hui en quoi être républicain peut s’apparenter à une attitude de combat alors qu’à l’inverse, il s’agit véritablement d’une attitude de combat que d’être républicain lors de la 3ème Rep. Le radicalisme se confond donc partiellement avec le républicanisme, certaine incertitude autours de la notion de radicaux, partis politiques se mettent à peine en place, certains se définissent comme républicains avant tout, et dans la république des « Jules » (Jules Ferry, Simon, Grévy, Favre), tous ne sont pas radicaux. Jean Touchard dans son ouvrage sur la gauche en FR propose un portrait de républicains retrouvé dans le fascicule.

Avant même l’existence du parti radical (formé début 20ème), beaucoup de républicains, mais pas tous, sont considérés comme radicaux, et ce terme sera une façon de désigner certains républicains, ceux considérés comme les plus « avancés », les plus à gauche, par rapport aux républicains modérés.

Le radicalisme avant le parti radical est le courant des défenseurs des institutions républicaines, de la démocratie, de l’héritage de la révolution.

Enfin, le parti radical est fondé en 1901. De façon plus générale, c’est bien « le » parti central de la 3ème république, et il reste encore des traces de cette prééminence du parti radical dans la 3ème république, notamment dans le Sud Ouest ou encore dans l’existence encore actuel de ce parti, avec un rôle bien moins grand.

Pour comprendre ce qu’il se passe avec les républicains et radicaux au sein des républicains, il faut garder à l’esprit 2 règles de méthode : penser relaitonnellement, cad penser les relations d’opposition, de concurrence entre les radicaux et les conservateurs, entre les radicaux et les socialistes voire même au sein des républicains. Il faut ensuite aussi penser l’ancrage social du politique pour comprendre comment de nouvelles couches sociales vont se retrouver représentées en politique. En définitive, comprendre la naissance du radicalisme, c’est comprendre le passage d’un adjectif, radical (au sens de l’extrême, qui tient à l’essence d’un principe), à un substantif, le radicalisme (force politique, même quand le parti radical n’a plus rien de radical).

0. Les républicains : couches nouvelles ou nouvelles bourgeoisies ? (19)

Il faut souligner l’originalité de la culture républicaine, qui marquera la république des « Jules » (aussi appelée la république des avocats). Parler des radicaux c’est donc parler du dvpement des forces républicaines, des milieux sociaux sur lesquelles s’appuient ces forces républicaines. Un homme, Gambetta, synthétise ces dimensions, symbolise le courant radical du républicanisme.

1) Gambetta et la référence au programme de Belleville

Déjà sous l’empire de Louis Napoléon Bonaparte, le courant radical s’organise autours de Léon Gambetta et Jules Simon (auteur d’un ouvrage intitulé « la politique radicale »). Gambetta, brillant avocat et orateur s’affirme rapidement comme le leader du nouveau camp républicain. En 1869, il est candidat aux législatives, et sa campagne se fonde sur le programme de Belleville (voir fascicule). C’est un programme qui vise à élargir les libertés publiques, étendre le principe électif (il demande l’application la plus radicale du suffrage universel). Son programme défend la liberté de réunion, d’association, la suppression du budget des cultes (question de l’anticléricalisme au sein du parti républicain qui est extrêmement centrale dans le radicalisme), l’instruction primaire, gratuite, obligatoire. Ce programme devient rapidement mythique, bible des radicaux pendant 50 ans. Ce programme accorde un rôle essentiel à la forme républicaine des institutions et au suffrage universel. Gambetta est aussi l’âme de la résistance nationale face à l’occupation allemande, et le va-t-en guerre, celui qui effraie quelques peu. Il est finalement trop radical pour un certain nombre de républicains. L’importance de Gambetta se mesure aussi au fait qu’il a en quelques sorte théorisé l’ancrage social, la base sociale des républicains, au travers l’idée de « couches nouvelles ».

2) Les « couches nouvelles »

Comprendre la 3ème république est comprendre le dvpt de ces couches nouvelles. Histoire du terme « couches sociales nouvelles » : évoqué par Gambetta dans un discours de Sept 1872 à Grenoble dans lequel il désigne par couches nouvelles de nouveaux milieux sociaux qui se sont dvpés dans l’empire, amélioration de certains milieux sociaux, mais des couches nouvelles (travailleurs propriétaires, instituteurs, de classe moyenne, avocats…) dont la puissance politique est insuffisemment reconnue alors même que leur puissance économique s’est dvpée et entendent avoir leur mot à dire. Couches nouvelles auxquelles Gambetta propose, entre autre, l’instruction comme religion et l’anticléricalisme comme combat.

3) L’instruction comme religion…et l’anticléricalisme comme combat

Sonne comme un clin d’oeil à l’anticléricalisme des républicains. C’est sans doute sous cet aspect que les radicaux resteront radicaux et les républicains resteront unis, c’est l’aspect de l’opposition à la religion, plus exactement au poids/rôle social de la religion. Opposition à la religion et défense de l’instruction, et les deux sont liés car lutter contre l’influence de l’église, c’est défendre l’instruction publique, à un moment où l’église s’oppose à la république. L’instruction sert à contrer l’influence de l’église et c’est aussi le filtre élitiste du républicanisme : c’est le moyen par lequel les républicains entendent filtrer le suffrage universel, le « risque plébiscitaire » (ces plébiscites qui ont porté au pouvoir Louis Napoléon Bonaparte). Il y a cette idée de modérer le suffrage universel dans la 3ème république grâce à l’instruction, grâce à des citoyens éclairés, modérés, qui croient aux lumières, à la science. On retrouve le legs de grands républicains, comme Ferry avec sa loi de 1881 pour la gratuité de l’enseignement primaire, ou la loi de 1882 sur l’obligation scolaire de 6 à 13 ans, ou encore la laïcité de l’enseignement public.

L’instruction publique devient, avec la caserne, de franciser les « parler », d’édifier un idéal républicain de patriotisme avec un temple municipal : l’hôtel de ville. Instruction anticléricalisme, on peut citer Gambetta en 1877, « le cléricalisme, voilà l’ennemi », dans un contexte très tendu de manifestations en faveur du pouvoir du pape, contexte très tendu que la 3ème république connaitra aussi au début du 19eme siècle avec les lois contre les congrégations, la séparation église/état, la querelle scolaire d’une extrême violence ou des affrontements catholiques/républicains avec le paroxysme lors de l’affaire Dreyfus. Contexte donc où la méfiance est grande à l’égard du rôle de l’église et aussi de l’alliance église/armée. Caricatures de la fin du 19eme sont caricatures violentes sur les hommes noirs, les corbeaux, les ignorantins ou les jésuitières (termes par lesquels on désigne l’église catholique et ses représentants).

4) Focalisation sur les questions institutionnelles et défense de la petite propriété

De quelle population les républicains se veulent-il les défenseurs ? De quelle population les républicains sont-il l’expression ? cette population est celle des petits fonctionnaires, instituteurs, petits artisans, il y aurait donc un grand anachronisme à considérer les républicains à partir de nos catégories actuelles, dans lesquelles la gauche s’identifie au social. Les républicains ne sont pas forcément des républicains sociaux. Gambetta fait campagne en province et attache beaucoup d’importance à la conquête des campagnes, de la paysannerie, le fait dans un discours porteur d’ordre, en expliquant que les paysans ne peuvent que gagner de l’ordre promis par la république. La base sociale des républicains ne sont pas les ouvriers, ce sont les couches nouvelles et les campagnes, la paysannerie. Le modèle des républicains est celui d’une démocratie de petits propriétaires, attachés à l’ordre politique parce qu’ils ont un ordre social à préserver. On comprend que certains de ces républicains soient alors qualifiés d’opportunistes, à comprendre comme « attendant le moment opportun pour mettre en place des réformes », républicains prudents. Là encore Gambetta, 1881, « il faut se garder de vouloir tout tenter à la fois […] ».

Ce n’est pas méconnaitre les grandes réformes mises en places par les républicains mais cela souligne l’attachement des républicains aux questions institutionnelles : les grandes lois républicaines ne sont pas essentiellement des grandes lois sociales. Ce sont des lois en matière de liberté (réunion, presse, autorisation des syndicats) mais pas véritablement amélioration des conditions matérielles.

Le parti radical et le pouvoir(20)

A partir années 1880 nouvelle période, au cours de laquelle le terme de radical va glisser et désigner de nouveaux acteurs. Une extrême gauche radicale s’affirme en fait dès que la république est installée, avec son leader : Clémenceau. Années 1878-1879 se sont terminées par la victoire républicaine. Pour une fois, tous les pouvoirs, l’assemblée nationale, le sénat, la présidence de la république, sont dans les mains des républicains, qui peuvent se rendre compte de l’ampleur de la tache. Parmi les républicains, certains, les plus radicaux, trouvent détestable la constitution de 1875 (constit de compromis, taillée sur mesure à l’origine pour les monarchistes). Déjà talonnés par les socialistes qui émergent à cette époque, les radicaux avec à leur tête un grand orateur, Georges Clémenceau, réclament le max de république (séparation église/état, service militaire de courte durée, impôt sur le revenus, élection des juges et surtout la révision de la constitution, surtout la suppression du Sénat, qui est très conservateur). Clémenceau entend donc se débarrasser de cette empreinte monarchiste sur les institutions. Après la mort de Gambetta, Jules Ferry, leader le plus en vue des opportunistes, doit répondre aux assauts du radicalisme au moyen de grands discours, adressés à l’opinion publics. Dans son discours du Havre d’oct 1883, JF met l’accent sur le danger qui menace la jeune république, et pour lui ce danger ne provient plus des monarchistes mais du parti intransigeant et de ses succès partiels. L’opinion résumera ce grand discours par « le péril est à gauche ». On imagine que cette agressivité sera pour beaucoup dans la hargne de Clémenceau à son égard. On reproche aussi beaucoup à JF sa politique coloniale notamment au Tonquin, sera donc la cible des radicaux. On est dans un contexte donc où le radicalisme va glisser vers la gauche.

4 éléments sont nécessaires pour comprendre la relation parti radical à l’exercice du pvoir.

1) L’affaire Dreyfus et la constitution du parti radical

a. L’Affaire Dreyfus (1894-1906)

Moment de remobilisation du camps républicain, puisque suite à la condamnation du capitaine Dreyfus, on verra s’opposer 2 camps : camp d’une droite nationaliste, cléricale, militariste, antisémite, face au camp d’une gauche attachée au droits de l’homme, laicité, pacifisme et démocratie. Dans le contexte de cette affaire se mettra en place un gouvernement de défense républicaine. La situation exige un gouvernement exceptionnel. Waldeck Rousseau, républicain, conservateur, grand avocat d’affaires, va assumer la défense du régime (régime de défense républicaine) en cherchant à construire une majorité qui irait des modérés Dreyfusards jusqu’aux socialistes (ne pas oublier que tous les socialistes n’était pas mobilisés pour l’affaire Dreyfus).

b. La défense républicaine

Dans ce gvmt, pour la première fois, un socialiste va se retrouver ministre dans un gouvernement tenu par des radicaux.

c. Contexte aussi celui de la fondation de la LDH

C’est dans ce contexte aussi qu’est fondée la Ligue des Droits de l’Homme. L’objectif de Waldeck Rousseau est de ramener la discipline dans l’armée et de revenir au calme dans les institutions de la république. Waldeck Rousseau met fin à la politique de la rép modérée, il mène une politique de fermeté à l’égard des ligues, il remanie le commandement militaire en se débarrassant d’un certain nombre de responsables du commandement militaire qui avaient été liés au scandale de l’affaire Dreyfus. Il participera à la dissolution de la congrégation des assomptionnistes (congrégation religieuse des plus antisémites et hostiles au régime républicain). Contexte donc de forte mobilisation anticléricale, qui va suivre en partie l’affaire Dreyfus, on connait en 1901 les lois sur la liberté d’association, lois sur les congrégations, lois sur les séparations église/état, donc une mobilisation qui va partir de l’affaire Dreyfus.

2) L’intervention du solidarisme (21)

L’autre grande invention du parti radical dans son exercice du pouvoir est l’invention du solidarisme. Le solidarisme peut être considéré comme la doctrine quasi officielle de la 3eme rep.

a. Le traumatisme initial de 1848 et la question sociale

C’est le moyen par lequel les républicains vont essayer de marier la solidarité, les institutions républicaines et le réformisme. Il faut voir que depuis 1848, la gauche a pris conscience qu’il ne suffisait pas de faire une révolution démocratique si l’on n’arrivait pas à résoudre la question sociale. Ce souvenir reste assez vif que 1848 a été un échec sur le plan social et les républicains cherche un moyen pour empêcher leur régime de s’effondrer à cause de cet échec social. Cette façon de réagir à la question sociale est aussi motivée par le dvpt des forces socialistes qui reprochent aux républicains une politique excessivement bourgeoise, de « leur filer à bouffer du curé pour calmer leur faim », puisque les socialistes sont aussi anticléricaux mais pas ca qui nourrira les ouvriers.

b. Raison plus conjoncturelle : concurrence des socialistes et développement de la pensée sociale à droite, du fait du ralliement des catholiques

Républicains sont conscients du problème, d’autant plus que la doctrine sociale de l’église s’affirme et que dans le camp conservateur, du côté catholique, la pensée sociale est bcp plus développée que du côté des républicains. Face à cette impasse, nécessiter de faire durer la république, d’éviter qu’elle ne soit qualifiée de trop bourgeoise et soit renversée parce qu’elle aurait des ennemis à droite et à gauche, va être inventé le solidarisme.

c. Léon Bourgeois

L’inventeur de la notion de solidarisme sera Léon Bourgeois, premier président du parti radical, grand continuateur de Jules Ferry, plusieurs fois ministre, député, président du conseil, président du sénat, sera à l’origine d’une loi sur les retraites ouvrières, sera prix Nobel de la paix, conçoit le solidarisme comme une sorte d’humanisme raisonnable à dimension sociale, une contrepartie laïque de la démocratie chrétienne.

d. Contenu de cette notion : la solidarité comme « fait » et la solidarité comme « devoir » sont des contraires.

Point de départ est de rappeler que la solidarité comme « fait » et la solidarité comme « devoir » sont des contraires. En clair, c’est quand il n’y a plus assez de solidarité entre les personnes (solidarités familiales ou de village qui se transforment) qu’il faut assurer une solidarité d’un nouveau type, au travers de ce que les solidaristes appellent le quasi-contrat : idée que nous recevons un héritage de la société, et que plus on retire de la société, plus on en a bénéficié, de la société, plus on a une dette envers elle. Idée justifiera par la suite l’impôt progressif. Idée donc que l’individu n’est pas isolé dans une société, qu’au lieu de revendiquer la souveraineté, on va revendiquer la croyance dans le progrès/amélioration de la condition de tous. Cette doctrine se différencie du socialisme parce qu’elle n’a pas de dimension de collectivisation des moyens de production. A la limite, les solidaristes envisagent certaines nationalisations, mais toujours très restreinte, insistent beaucoup sur le rôle du secteur privé.

e. Grandes lois sur les assurances, débat autours de l’IR…FR : passage d’une république opportuniste et assistantielle à la république radicale et assurantielle

Par conséquent, pas dimension d’appropriation collective des moyens de production, le solidarisme sera une des justifications des grandes lois sur les assurances, et le passage d’une république opportuniste et assistantielle à une république radicale et assurantielle (basée sur le principe des assurances sociales plutôt que l’assistance.

3) Le parti radical comme machine politique (conquête de l’appareil d’Etat et mobilisation électorale) (22)

Autre dimension de la relation du parti radical au pouvoir. Machine politique, terme de machine employé à dessein.

Le parti radical doit être envisagé comme une machine politique, une machine de gouvernement, puissant. A son apogée en 1906, il compte 200 000 adhérant, près de 900 comités locaux. Chaque élection permet d’envoyer à la chambre entre 160 et 200 députés. En clair, même si le parti radical ne gouverne pas toujours sous la 3eme rep, il est toujours nécessaire à l’exercice du pouvoir. Qua