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W W W . U N I O N L I B R E . N E T VOLUME 6 l NUMÉRO 2 l NOVEMBRE 2009 l GRATUIT Le journal facultaire des étudiantes et étudiants en science politique et droit P. 6 LA CURE DE RAJEUNISSEMENT DE L’ Suite p. 12 Suite p. 4 Suite p. 13 Même avant le renversement du Shah d’Iran en fé- vrier 1979, la Chine et l’Iran étaient déjà des par- tenaires économiques. À l’heure où les sanctions de la communauté internationale s’accentuent, la République populaire y voit de meilleures oppor- tunités. ROBERTO MARTINEZ GUEVARA Rappelons que la communauté internationale sanc- tionne l’Iran afin de l’empêcher de se doter de l’arme nucléaire. Lors du 35 ième sommet du G8 (Italie, Gran- de-Bretagne, Allemagne, France, États-Unis, Canada, Japon, Russie) de juin 2009, en Italie, les pays mem- bres ont adopté une position « dure » contre le régime iranien. La déclaration finale du G8 était un « appel ferme à l’Iran à coopérer avec l’Agence internationale de l’énergie atomique (AIEA) et à se conformer aux résolutions du Conseil de sécurité de l’ONU ». De tous les membres, la Russie était le seul pays à qualifier la crise iranienne « d’interne » et l’approche des sanc- tions « d’erronée ». Bernard Kourchner, le ministre français des Affaires étrangères, affirmait quant à lui que la France était l’un des pays « les plus fermes » à l’égard de la crise ira- nienne. C’est paradoxal, considérant que les com- pagnies fran- çaises Peu- geot-Citroën et Renault misent sur le marché iranien pour surmon- ter la crise économique mondiale. Peugeot-Citroën a conclu récemment un accord avec Iran Khodro, l’équi- valent persan de Ford aux États-Unis, pour construire 300 000 voitures par an, soit 30 % du marché auto- mobile iranien. Quant à Renault, l’Iran constitue, aux côtés de l’Inde, « l’une des bases de [leur] reconquête du marché mondial ». La République populaire de Chine est perçue par l’Iran comme un partenaire commercial et politique idéal. Le « modèle économique chinois », une crois- sance économique phénoménale avec une absence Par-delà l’Himalaya Le tissage des relations sino-perses « L’environnement a toujours été ma passion. J’ai grandi dans une petite ville dans le sud du Brésil et j’ai eu l’occasion de vivre entourée par la nature. Je n’aurais pas pu avoir une meilleure enfance. Il faut agir afin que les générations futures aient la même opportunité. » VALÉRIE TRUDEL Si émouvant, poignant. Vous pouvez allez essuyer la larme qui coule doucement sur votre joue. Ce témoi- gnage vient nous chercher au plus profond de nos tripes, vous ne trouvez pas? L’Organisation des Nations Unies a été du même avis et il n’en fallait pas plus pour choi- sir la magnifique et pulpeuse brésilienne Gisele Bündchen comme, et rien de moins, ambassa- drice de bonne volonté des Nations Unies pour QUAND GISELE S’EN MÊLE… Sur le lit de mort de l’ADQ, il est bien tentant de lâcher nos dernières blagues et boutades sur ce parti que plusieurs d’entre nous n’avaient pas hésité à ridiculiser après la campagne de 2007. CHRISTIAN D’AMOURS En effet, le mépris qu’on peut ressentir à son égard est bien grand, ici, dans le milieu universitaire mon- tréalais… Mais, pour comprendre comment un parti de droite nationaliste, qui n’hésitait pas à adopter la ligne dure face à tout ce qui n’était pas « québécois », il faut comprendre à quel point ce conservatisme est ancré profondément dans l’histoire de la Belle Prov- ince. On ne parle généralement pas de ce genre de chose, car le Québec se doit d’être un peuple laïque, progressif, pacifiste, qui a lutté pour ses droits, et l’UQAM fera son devoir éternel de faire la lutte à tout ce qui subodore le conservatisme... Le portrait cliché ressemble à cela: la gauche ras- semble une foule de petits mouvements écolos, so- cialistes, féministes, souverainistes qui défendront jusqu’au bout les fruits de la Révolution tranquille, et la droite qui se compose de gens d’affaires, les méchants Anglos et bien sûr, le gouvernement Charest qui ne veulent que faire fructifier leurs busi- ness. À ce roman tout chaud et mielleux dont on nous gave volontiers chaque jour, il faut rajouter un autre mouvement, silencieux et cynique, dont l’ADQ était peut-être le dernier écho. On a, sans doute, fait Que voile la période de la Grande Noirceur ? Terminus Montmorency Folles de mai Superman l’anarchiste Droit de critiqué le sionnisme LOCAL INTERNATIONAL IDÉES VOIR PAGE 2 VOIR PAGE 16 VOIR PAGE 15 VOIR PAGE 6 Gisèle Bündchen, ambassadrice de l’ONU en envi- ronnement - Gisèle Bündchen - Mahmoud Ahmadinejad et Hu Jintao

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W W W . U N I O N L I B R E . N E T

V O L U M E 6 l N U M É R O 2 l N O V E M B R E 2 0 0 9 l G R A T U I T

L e j o u r n a l f a c u l t a i r e d e s é t u d i a n t e s e t é t u d i a n t s e n s c i e n c e p o l i t i q u e e t d r o i t

P. 6

LA CURE DE RAJEUNISSEMENT DE L’

Suite p. 12 Suite p. 4

Suite p. 13

Même avant le renversement du Shah d’Iran en fé-vrier 1979, la Chine et l’Iran étaient déjà des par-tenaires économiques. À l’heure où les sanctions de la communauté internationale s’accentuent, la République populaire y voit de meilleures oppor-tunités.

ROBERTO MARTINEZ GUEVARA

Rappelons que la communauté internationale sanc-tionne l’Iran afin de l’empêcher de se doter de l’arme nucléaire. Lors du 35ième sommet du G8 (Italie, Gran-de-Bretagne, Allemagne, France, États-Unis, Canada, Japon, Russie) de juin 2009, en Italie, les pays mem-bres ont adopté une position « dure » contre le régime iranien. La déclaration finale du G8 était un « appel ferme à l’Iran à coopérer avec l’Agence internationale de l’énergie atomique (AIEA) et à se conformer aux résolutions du Conseil de sécurité de l’ONU ». De tous les membres, la Russie était le seul pays à qualifier la crise iranienne « d’interne » et l’approche des sanc-tions « d’erronée ». Bernard Kourchner, le ministre français des Affaires étrangères, affirmait quant à lui que la France était l’un des pays « les plus fermes » à l’égard de la crise ira-nienne. C’est p a r a d o x a l , considérant que les com-pagnies fran-çaises Peu-geot-Citroën et Renault misent sur le marché iranien pour surmon-ter la crise économique mondiale. Peugeot-Citroën a conclu récemment un accord avec Iran Khodro, l’équi-valent persan de Ford aux États-Unis, pour construire 300 000 voitures par an, soit 30 % du marché auto-mobile iranien. Quant à Renault, l’Iran constitue, aux côtés de l’Inde, « l’une des bases de [leur] reconquête du marché mondial ».

La République populaire de Chine est perçue par l’Iran comme un partenaire commercial et politique idéal. Le « modèle économique chinois », une crois-sance économique phénoménale avec une absence

Par-delà l’HimalayaLe tissage des relations sino-perses

« L’environnement a toujours été ma passion. J’ai grandi dans une petite ville dans le sud du Brésil et j’ai eu l’occasion de vivre entourée par la nature. Je n’aurais pas pu avoir une meilleure enfance. Il faut agir afin que les générations futures aient la même opportunité. »

VALÉRIE TRUDEL

Si émouvant, poignant. Vous pouvez allez essuyer la larme qui coule doucement sur votre joue. Ce témoi-gnage vient nous chercher au plus profond de nos tripes, vous ne trouvez pas?

L’Organisation des Nations Unies a été du même avis et il n’en fallait pas plus pour choi-sir la magnifique et pulpeuse brésilienne Gisele Bündchen comme, et rien de moins, ambassa-drice de bonne volonté des Nations Unies pour

QUAND GISELE S’EN MÊLE…

Sur le lit de mort de l’ADQ, il est bien tentant de lâcher nos dernières blagues et boutades sur ce parti que plusieurs d’entre nous n’avaient pas hésité à ridiculiser après la campagne de 2007.

CHRISTIAN D’AMOURS

En effet, le mépris qu’on peut ressentir à son égard est bien grand, ici, dans le milieu universitaire mon-tréalais… Mais, pour comprendre comment un parti de droite nationaliste, qui n’hésitait pas à adopter la ligne dure face à tout ce qui n’était pas « québécois », il faut comprendre à quel point ce conservatisme est ancré profondément dans l’histoire de la Belle Prov-ince. On ne parle généralement pas de ce genre de chose, car le Québec se doit d’être un peuple laïque,

progressif, pacifiste, qui a lutté pour ses droits, et l’UQAM fera son devoir éternel de faire la lutte à tout ce qui subodore le conservatisme...

Le portrait cliché ressemble à cela: la gauche ras-semble une foule de petits mouvements écolos, so-cialistes, féministes, souverainistes qui défendront jusqu’au bout les fruits de la Révolution tranquille, et la droite qui se compose de gens d’affaires, les méchants Anglos et bien sûr, le gouvernement Charest qui ne veulent que faire fructifier leurs busi-ness. À ce roman tout chaud et mielleux dont on nous gave volontiers chaque jour, il faut rajouter un autre mouvement, silencieux et cynique, dont l’ADQ était peut-être le dernier écho. On a, sans doute, fait

Que voile la période de la Grande Noirceur ?

Terminus Montmorency Folles de mai Superman l’anarchisteDroit de critiqué le sionnisme

LOCAL INTERNATIONAL IDÉES

VOIR PAGE 2 VOIR PAGE 16VOIR PAGE 15VOIR PAGE 6

Gisèle Bündchen, ambassadrice de l’ONU en envi-ronnement

- Gisèle Bündchen -

Mahmoud Ahmadinejad et Hu Jintao

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Nul en cuisine?Pas de bile!Avalez une aspirine,Et venez sur notre île.

Celle de l’incohérenceDe l’erranceDe l’air ranceOu du gras trans

Peu importe,tant que ça s’écrit!Que ça se lit, aussiet que ça nous transporte

Vers des cieux absolutistesOu les brumes du relatif.Pour garder un esprit vif,Devenez Union-libriste!

www.unionlibre.net

GABRIEL LEGARÉ

Il y eut tout d’abord le cas de cette étudiante de l’UQAM, Bela Kosoian, qui écopa en [mois] dernier de 420$ d’amende pour n’avoir pas pris appui, de sa main, sur l’insalubre rampe noire de l’escalator. Deux imbéciles zélés en uniforme insistèrent alors pour lui passer les menottes et la séquestrer très réglemen-tairement dans une cabine, en vue de lui remettre une copie du procès-verbal. Copie qui a dû lui brûler les doigts, car imprégnée d’une logique toxique tenant de l’arrogance bureaucratique la plus crasse.

Événement isolé provoqué par deux zigotos ou pointe de l’iceberg des méfaits d’une institution étouffante?

Sans vouloir être égocentrique, je dois bien ici parler de ma propre expérience avec la gestion mentalement attardée de l’AMT. Sans avoir vécu de mésaventure coûteuse à l’instar de Mme Kosoian, les irritants dé-libérés que ce monstre administratif distribue allègre-ment méritent réflexion.

« Il règne là-bas un esprit mal-sain comme le gris asphalte qui tapissera uniformément Laval, si la tendance se maintient. »

Un jour, je débarque du métro avec ma bicyclette; je lui fais monter les escaliers, jusqu’au niveau du terminus proprement dit. Grâce à mon horaire surchargé, je n’ai pas encore soupé; je fais donc une pause-muffin au Café-Dépôt, encastré dans le terminus. Je laisse mon vélo derrière moi, pas trop loin, juste de l’autre côté de la vitre qui me sépare de la voie d’accès au métro.

« Excusez, monsieur, vous ne pouvez pas laisser votre vélo là », m’apostrophe-t-on.

« Euh »... fais-je, interloqué. « On n’a plus le droit de vélos dans le métro? » (car pour moi, « vélo dans le mé-tro » implique forcément « vélo dans la voie d’accès ») « De toute façon », ajouté-je, « je fais juste m’acheter un muffin, et... »

« Non, désolé monsieur, vous ne pouvez pas; allez at-tacher votre vélo dehors et revenez. »

Ouais, c’est clair que je vais me donner ce trouble. Un dépanneur voisin vient de se faire 50¢ de profit, plu-tôt.

« Les irritants délibérés que ce monstre administratif distribue allègrement méritent réflexion. »

L’autre fois, je dois attendre un autobus un certain temps. Ça tombe bien, j’ai mon portable, je vais avan-cer dans ma pile de travaux!... Ah, mais merde, ma batterie est à terre. Ah ben non, cool, une prise! Juste à côté des bancs de l’aire d’attente, en plus! J’extirpe donc mon ordi et son câble de mon sac, connecte le tout, démarre l’engin... « toc toc toc ». Une face d’agent à dossard me regarde de l’autre côté de la baie vitrée. Ses mains miment l’acte de libérer la prise de mon câble qui, probablement, l’étouffe ou lui soutire de manière grave, dangereuse ou disproportionnée son énergie. Je commence par répondre avec une grimace d’incompréhension, l’air de lui dire « ben pourquoi des prises là, debord?? »... Puis, évidemment, je me ré-signe... mais pas avant de constater, ô frustration, que le réseau Wi-fi « ouvert » est payant! (Et à la solde de ce même Café-Dépôt, soit dit en passant.)

Vous me direz qu’il n’y a rien de grave là-dedans. Que c’est pas forcément « super-sympa », comme ambian-ce, mais qu’il n’y a pas de quoi en faire un plat. Que Mme Kosoian avait – apparemment, du moins – refusé d’obtempérer à l’ordre du policier [de se tenir à la ram-pe]. Que l’article 14 du Règlement sur les Normes de

Il y a quelque chose qui pue au Terminus Montmorency

comportement des usagers « [interdit] d’appuyer une bicy-clette ailleurs que sur les supports prévus à cet effet [...] ». Que l’article 18 du même Règlement « [inter-dit] de manipuler un bien [une prise élec-trique?] dont l’usage est réservé exclusive-ment aux préposés [...] ». Que...

Stop. Vous êtes sûre-ment, à un niveau ou à un autre, d’accord avec moi que quelque chose tourne carré au nord d’Henri-Bou-rassa. Qu’à Longueuil, eux, ils ne paient pas plus cher pour leur billet de métro. Que l’AMT aurait pu installer un point de service d’Île-sans-fil le plus facilement du monde. Bref, qu’il y a quelque chose de profondément détestable dans cette portion de la ligne orange. (Si ce n’était que ces gros plans de pelouse boostée à l’engrais chimique, qui garnissent les parois de la station De La Concorde; ou l’omnipré-sence des casiers jaune pipi emplis de 24h...) Il règne là-bas un esprit malsain comme le gris asphalte qui

tapissera uniformément Laval dans un futur proche, si la tendance se maintient.

Tout cela tient probablement d’une espèce de menta-lité arriérée, selon laquelle l’ordre doit être maintenu au millimètre près; l’espace public, épuré au maxi-mum; et l’être humain, intrinsèquement fasciné par ce bel ensemble monochrome dans lequel il ne peut que s’intégrer, totalement apathique.

Notre photographe, Alexandre Claude, s’est vu refuser le droit de prendre davantage de photos du terminus. Une autorisation de l’AMT est nécessaire...

Antoine BilodeauPrésident Mouvement étudiant pour le français de l’UQAM

L’École des Sciences de la gestion de l’UQAM (ESG) a décidé unilatéralement, en juin dernier, de proposer à son programme sept cours uniquement en anglais avec mention : les examens peuvent être rédigés en français

La polémique a couru bien vite et par l’entremise d’un de ces membres, Jean-Claude Sylvain Guay, le Mou-vement étudiant pour le français de l’UQAM a choisi de réagir et de susciter la réaction des étudiants. Six cours parmi cette liste sont tenus uniquement en anglais: DSR6102-62 - Direction générale, ECO1300-53 - Analyse microéconomique, EUT1072-11 - Dével-oppement durable et gestion, FIN3500-30 - Gestion financière, MET1300-23 - Fondements technologiques des systèmes d’information, MKG3300-24 - Marketing et ORH1163-20 - Comportement organisationnel.

Le discours est clair! L’ESG fournit ces cours pour ac-commoder les étudiants internationaux. Il s’agit là de l’exemple concret de l’énoncé « Le temps de la concili-ation », dont faisait mention la Commission Bouchard-Taylor.

« Ridicule », disent les uns!

« Fallacieux », crient les autres!

Le Mouvement étudiant pour le français de l’UQAM s’oppose vertement à toute tenue de cours en anglais, que cela soit en gestion, droit, politique ou toute au-tre discipline. L’École des langues existe pour offrir des cours d’anglais ou de français langue seconde à ceux et celles qui le désirent. De plus, contre l’argument du lexique de gestion axé sur l’anglais, nous affirmons que l’article 6.3 de la politique linguistique de l’UQAM est clair en ce qui concerne la place laissée à d’autres langues comme l’anglais :

Conformément aux règlements institutionnels en vi-gueur, il va de soi qu’on peut utiliser une autre langue pour certaines activités d’enseignement, tels les cours de langues étrangères ou de didactique des langues, mais aussi pour divers cours ou formations offertes dans le cadre d’ententes de collaboration ou de pro-grammes conjoints avec d’autres établissements d’enseignement supérieur et avec différents organismes

internationaux, ou encore pour des cours, conférences ou séminaires spécialisés, généralement donnés par des professeures et professeurs invités, notamment au niveau des études de cycles supérieurs. Dans ce dernier cas, il est souhaitable, dans la mesure du pos-sible, qu’une activité équivalente se déroule en français ou qu’une traduction soit disponible.

Rien n’empêche donc l’ESG de recourir à la col-laboration avec les universités anglaises, comme McGill, Concordia, voire même York ou l’université d’Ottawa, pour organiser des échanges d’étudiants. À l’UQAM, l’article 6.1 est clair: « Le français est la langue d’enseignement, à tous les cycles d’études. »

« Le Mouvement étudiant pour le français de l’UQAM s’oppose fermement à tout amendement ou modification de la politique linguistique, quel qu’il soit. »

En ce qui a trait à l’équivalence en français (phrase soulignée de l’extrait), le décanat s’est refusé toute sortie publique officielle pour garantir et démontrer que cette équivalence existe bien pour les cours sus-mentionnés.

Considérant, la grogne médiatique et académique causée par cet événement, le rectorat de l’UQAM, par l’entremise du comité à la politique linguistique, a décidé de rouvrir le dossier de la langue pour étudier la viabilité de la décision de l’ESG.

Je dois vous affirmer ici que le Mouvement étudi-ant pour le français de l’UQAM s’oppose fermement à tout amendement ou modification de la politique linguistique, quel qu’il soit. L’UQAM est une uni-versité francophone qui fournit et doit continuer de fournir un enseignement de qualité en français. Rouvrir la politique linguistique pour octroyer plus de place à l’enseignement en anglais créerait un précédant qui permettrait à toutes les facultés de dispenser des cours uniquement en anglais pour des considérations débiles et futiles. Reléguer le finance-ment universitaire à une pure idée de concurrence comme le fait actuellement l’ESG revient à occulter le réel problème du financement des hautes études et à en décharger les principaux responsables.

Nous demandons donc au décanat de l’ESG de reve-nir définitivement sur leur décision d’offrir six cours en anglais, d’agir de manière responsable vis-à-vis les étudiants en les aidant à faire face aux problèmes qui accablent présentement l’enseignement universitaire. Il faut revendiquer un juste financement, c’est-à-dire un financement équitable de l’enseignement univer-sitaire en fonction de l’achalandage et de la propen-sion à fournir à la société des diplômés utiles qui exer-ceront leurs compétences au Québec. Il faut amener le Ministère de l’Éducation à financer l’enseignement de ceux et celles qui voudront exercer au Québec et à financer les établissements selon une série de critères, dont la qualité de l’enseignement, l’achalandage de l’établissement, le taux de diplômassions, ainsi que la situation financière et organisationnelle de l’établissement.

Le Mouvement étudiant pour le français de l’UQAM s’acharne avec d’autres groupes, internes et externes, à faire comprendre cette idée. Notre acharnement est d’autant plus fort puisque, le choix de l’ESG nous le dé-montre, le message ne passe pas… pas encore!

Pour réagir aux propos de cet article vous pouvez en-voyer vos commentaires à [email protected] ou au 514-987-3000 poste 2531.

La dérive du discours sur le financement universitaireAnglicisation de cours à l’UQAM

Opération Nez-Rouge est une rengaine que l’on entend chaque Noël, à l’instar des remix de « Vive le vent » et de « Papa Noël ». Ouin, si chu saoûl, m’a les appeler... dit le mononcle, ou encore l’ami de la famille... À moins que ce soit la belle-mère qui ra-conte sa mésaventure de vomi sur la banquette alors qu’elle était bénévole, une seule et malheureuse fois... Nez-Rouge est une rengaine, mais c’est aussi une organi-sation méconnue et caricaturée, profondément engagée socialement.

Fondée en 1984 par Jean-Marie De Koninck, professeur de ma-thématiques à l’Université Laval, l’organisation avait deux buts prin-cipaux: financer le Rouge et Or et contrer le fléau de l’alcool au volant dans le temps des fêtes.

Aujourd’hui, fidèle à ces principes, Nez-Rouge opère dans presque tout le Québec et s’exporte même en Europe. Chaque organisation régionale a un partenaire – à Montréal, c’est la Fondation du CÉGEP du Vieux-Montréal – qui supporte les activités de Nez-Rouge, pour bénéficier par la suite des montants des dons et des [très abondan-

tes] commandites. Ceux-ci servent à financer diverses activités sportives adressées à la jeunesse.

Quant au service de raccompagnement en tant que tel, il est entièrement gratuit. Les bénévoles, quant à eux, sont l’incar-nation même de la notion de dévouement: c’est au cœur des réjouissances des fêtes qu’ils donnent de leur temps pour que

d’autres puissent fêter plus et que des jeunes aient accès à des activités sportives le reste de l’année.

Antoine, qui travaille pour la première fois à Opération Nez-Rouge, y voit toute une leçon d’humilité; un tel engagement

social n’est pas comparable à l’implication, par exemple, dans un journal étudiant...

N’empêche; il y voit deux bonnes raisons d’y devenir béné-vole: « Pour la cause, et parce que c’est plaisant! »

Plus d’alcool, plus de sport!GABRIEL LEGARÉ

400 rue Sainte-Catherine EstLocal A-2490Montréal, Québec, H2L 2C5514-987-3000 poste [email protected]

Fondé en 2004par Simon Lavigne, Hans Heinrich et René Delvaux

Coordonnateur: Gabriel Legaré

Graphisme et montage: Philippe Cos-sette

Webmestre: Gabriel Legaré

Photographe: Alexandre Claude Comité de publication: Ahmed Ben-chekroun, Corinne Harbec, Caroline Brodeur, Marie Bernier, Roberto Israel Martínez Guevara, Philippe St-Hilaire Gravel, Leatizia Imàn Moussaid, Va-lérie Trudel, Sarah Lacasse, Christian D’Amours Collaborateurs: Hervé Viens, Marie-Christine Ladouceur Girard, Thomas Mongeau, Gopinath Jeyabalaratnam, Alexandre Maltais

Circulation : 1000 Copies

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Guillaume Raymond ne voulait pas vraiment être élu. Il ne l’a pas été, d’ailleurs. Pourtant, cet étudiant au baccalauréat en relations internationales et droit in-ternational, à l’UQAM n’est pas passé si loin du poste de Conseiller d’arrondissement du district de Pointe-aux-Prairies. À quelques jours du scrutin du 1er novembre, des sondages met-taient son parti, Projet Montréal, au coude-à-coude avec ses deux rivaux. Durant ce « flot-tement », il est passé malgré lui de « candidat spontané » à candidat sérieux. C’est durant ces jours mémorables qu’il déclara, d’une voix effarée et pleine de désarroi: « Qu’est-ce que je fais, si je suis élu??? »

Comment t’es-tu tout d’abord intéressé à Projet Montréal? Comment as-tu été mis en contact?

J’ai pris ma carte de membre au début du printemps 2009, lorsque j’ai entendu parler du fameux contrat des compteurs d’eau. Rich-ard Bergeron avait dénoncé à la police qu’il y avait quelque chose de bizarre avec la manière dont le contrat avait été attribué. J’ai alors pris connaissance du programme et j’ai trouvé qu’il y avait quelque chose de très novateur et de rassembleur dans ce que le parti proposait.

Comment as-tu abouti à la position de candidat dans Pointe-aux-Prairies? Est-ce que Projet Montréal a essayé de trouver quelqu’un avec plus d’expérience, ou te voulaient-ils toi, vraiment?

C’est un des candidats de l’arrondissement qui m’a ap-pelé. On s’est parlé un peu et il m’a dit qu’il voulait me rencontrer. Ensuite, je lui ai dit que j’avais seulement 21 ans et que j’étais encore étudiant, et il m’a dit qu’il désirait toujours me rencontrer. Donc je suis allé le voir et on a parlé. Mes idées allaient directement dans

le même sens que celles de Projet Montréal (PM). Il a trouvé que j’avais une belle énergie et que j’étais capable de bien présenter le programme, etc.

Combien de temps prévoyais-tu consacrer à la promotion de ta candidature, ou à la promotion du parti? Combien de temps y as-tu réellement passé?

On m’avait dit que je pourrais donner le temps que je voudrais. J’avais un horaire très chargé déjà avec mes cinq cours d’université et mon emploi à temps partiel. Finalement, pendant le dernier mois avant les élections, j’y ai consacré en moyenne 15 heures par semaine. Je faisais du porte-à-porte, des rencontres avec les candidats, etc.

As-tu, à un certain moment, réellement craint d’être élu? Quand? À quels «plans de rechange» as-tu alors songé, dans l’éventualité où tu serais élu?

Nous faisions du porte-à-porte et le taux de sym-pathisants était très élevé à notre égard. Mais le sond-age était biaisé puisque nous étions en même temps candidats et sondeurs. Mais nous sentions tout de

même que les gens désiraient du changement et nous croyions que Projet Montréal incarnait ce changement à tous les niveaux. [...] Je me suis dit que peu importe si j’étais élu ou non, j’accepterais la décision. Je savais que j’avais les compétences pour le poste et que j’aurais bien rempli mes fonc-tions. J’aurais fini mon baccalauréat à temps par-tiel, c’est tout.

Crois-tu que ton implication/ta présence ont eu une répercussion sur les résultats obtenus dans Pointe-aux-Prairies?

Je crois que oui. Les élections municipales, c’est surtout du travail de terrain, du porte-à-porte, etc. Je crois qu’en ayant parlé aux gens pour leur expliquer notre programme et tout ce qu’on

voulait apporter aux citoyens, j’ai pu en convaincre plusieurs. L’autre candidate et moi de PM qui nous sommes présentés dans le district Pointe-aux-Prairies [tout à l’Est de l’île] avons obtenu le meilleur score de tout l’arrondissement Rivière-des-Prairies-Pointe-aux-Trembles (24%) et donc nous sommes fiers des résultats. Que recommandes-tu à d’autres étudiants qui seraient tentés par une expérience similaire? Je leur recommande d’essayer. C’est une expérience de terrain vraiment enrichissante. C’est parfois bon de se retrouver avec le vrai monde et de voir comment le processus politique marche vraiment, au niveau de la démocratie, du contact avec le citoyen, etc. Les uni-versitaires comme nous, passons beaucoup de temps à réfléchir sur des sujets et des idéaux souvent très théoriques. Mais il ne faut pas oublier que c’est aussi important de véhiculer et de faire circuler ces idées au niveau du citoyen.

La frousse d’être éluGABRIEL LEGARÉ

Suite : Que voile la période de la Grande Noirceur?

Guillaume Raymond Photo : Alexandre Claude

des exclus lors des réformes sociales des années soix-ante. Comment peut-on modifier de fond en comble, non seulement toute une structure économique, mais aussi jeter par-dessus bord un ordre religieux et social sans qu’il y ait des oubliés de l’histoire et sans qu’on enterre, quelque peu hâtivement, une partie de notre passé?

Le règne de Maurice Duplessis jusqu’en 1959 nous révèle évidemment une large part de la réponse. Ajoutez à cela l’importance de la vie rurale et l’omniprésence de l’Église qui régnait dans toutes les sphères publiques et vous avez l’image du Canadien-français, cultivateur, bon chrétien et vacant tranquillement à ses affair-es. On n’hésite pas à nous rappeler comment on nous a sorti de la « Grande Noirceur » et comment le Québec connaîtra par la suite une grande période changement que peu de nous voudraient effacer. Mais, au-delà de ce récit « national », on ne semble pas vouloir se rap-peler que même avant l’ère Duplessis, il y avait aussi des voix bien plus sombres. Nombreuses étaient celles qui prêchaient la ligne dure face à la modernité et à « l’invasion juive ». Plusieurs journaux n’existaient qu’à cet effet et certains membres du clergé étaient claire-ment partisans de l’antisémitisme. Les camps national-istes divergeaient, mais tous répondaient à la question

juive de manière négative. Il y eut Lionel Groulx pour dire « nous ne sommes pas antisémites, mais nous sommes pour les Canadiens-français », d’autres pour lancer des appels de boycottage et même de ségré-gation, appels que le journal Le Devoir ne se priva pas

de publier. Toutefois, il serait faux d’affirmer que le Québec était seul dans cette xénophobie : le gou-vernement de Mackenzie King n’avait-il pas adopté la politique du tristement célèbre « None is too many », face aux réfugiés juifs?

Cependant, c’est au Québec que naîtra le mouve-ment le plus radical. Les partis fascistes d’Adrien Ar-

cand sont aujourd’hui refoulés dans le domaine de l’anodin. D’ailleurs, l’effectif à l’échelle du Canada ne dépassera pas 1800 personnes. Mais, dans les années trente, ce sont ses pamphlets qui fournissaient la qua-si-totalité de la lecture fasciste aux Canada et son jour-nal, le Goglu, se tirait à plus de 55 000 exemplaires. À l’aube de la Deuxième Guerre mondiale, on finit même par l’emprisonner puisqu’il disait rêver du jour où le Canada serait envahi par l’Allemagne nazie.

Tout nationalisme – ou encore l’ADQ – n’est pas le fruit d’un fascisme refoulé; ce serait absurde. Le national-isme d’antan n’a rien à voir avec celui d’aujourd’hui. Cependant, l’importance accordée aux débats sur les accommodements raisonnables et l’ampleur du vote adéquiste que cela avait amené sont peut-être les effets d’un problème qui était demeuré surgelé pendant toute l’époque dominée par la question souverainiste. A-t-on claqué la porte trop rapidement au passé pour qu’il y ait eu une véritable transition

dans les mentalités? Cette modernité ne serait-elle pas plutôt le débalancement d’un rapport de force en-tre deux visions du Québec, dont l’une aurait piétiné l’autre au nom du progrès? Il faudra bien reconnaître, un jour ou l’autre, que nous avons une relation difficile avec l’histoire et que nous l’avons réécrite un peu trop souvent.

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Selon la croyance populaire, on ne se souvient pas, non; on est des oublieux, nous. Malgré notre jolie devise nationale, à peu près tous les personnages publics en viennent à dire, un jour ou l’autre, à l’occasion d’une entrevue ou de l’écriture, occasionnelle, d’un éditorial, qu’on ne con-naît pas notre Histoire, ici.

Mais, leur dis-je, MAIS! Nous souvient-il parfois de lire sur nos billets de banque, nos emblématiques supports de valeur? Rarement, il faut l’avouer; c’est écrit en si petites lettres..

Pourtant, il faudrait bien parfois nous souvenir de le faire, car grâce à la nouvelle vocation de la Banque du Canada – qui n’est pas seulement, comme on nous l’apprend en économie, de juguler l’inflation, mais également de promouvoir l’unité nationale – on y déniche de petits tré-sors, qui sont de nature à nous remémorer notre Histoire, avec un Grand « H », et en majuscule!

On peut y apprendre, notamment, que c’est Jacques Cartier qui a décou-vert le Canada. Hourra!

Mais poussons un peu plus, et nous découvrirons – Horreur! – que la langue de ce premier Canadien, conquise et foulée aux pieds quelque part entre jadis et maintenant, continue d’être déformée de façon atro-cement risible sous la plume du Pouvoir colonial.

« Nous souvient-il parfois »...GABRIEL LEGARÉ

La cure de rajeunisement de l’AFESPEDCette année, l’AFESPED tente une cure de rajeunissement. L’association ringarde, froide ou hostile que vous croyiez connaître ne sera plus jamais la même. Après de dures années où l’AFESPED faillit être démantelée et ne survécut que pour être reléguée au second plan lors de la grève des professeurs l’hiver dernier, votre association s’apprête à se refaire une beauté!

Un Comité Charte a été institué pour redéfinir de fond en comble l’association. Il est com-posé de représentants de toutes les associations modulaires de la Faculté de science poli-tique et droit, ainsi que d’un représentant de l’exécutif de l’AFESPED et d’un président. Ses réunions sont publiques et seront annoncées à l’avance, principalement via le système de courrier-uqam.

Son but? Proposer une nouvelle Charte à l’AFESPED pour lui donner une nouvelle vie. Vous êtes tous et toutes invité-e-s à venir y mettre votre grain de sel; c’est le moment ou jamais de vous faire entendre!

AFESPED: Association facultaire étudiante de science politique et droit

Membres: tous les étudiants de la Faculté

Rôle [actuel]:

représente ses membres auprès des multiples instances internes de l’UQAM•

finance maints projets étudiants•

transmet vos griefs et les fait valoir auprès de l’administration•

gère le programme d’assurances de l’ASEQ•

contribue à l’édition de l’agenda des assos•

tente de représenter ses membres au niveau régional et national, surtout à propos des grands • enjeux politiques qui touchent l’éducation

Situation [actuelle]: fragile. Les frictions internes et les difficultés à rejoindre ses membres font de l’AFESPED une association moribonde qui doit être renouvelée.

[email protected]

Devenez adepte de l’AFESPED

sur Facebook !

CheckPoint Atarot

Il y a actuellement au Canada une campagne dé-ployant des efforts considérables pour lutter contre le racisme. Bien que toutes les formes de ra-cisme soient condamnables, on aurait pu s’atten-dre, compte tenu de la conjoncture internationale, que l’accent soit mis sur l’islamophobie, qui est en hausse au Canada selon les statistiques. Or, surpri-se, les efforts se dirigent plutôt vers la menace que poserait la recrudescence de l’antisémitisme.

Parmi les initiatives déployées pour lutter contre le fléau de l’antisémitisme, citons notamment la conférence internationale intitulée « Israel on Campus : Defending Our Universities » qui se tenait à Montréal cet été. Selon ses organisateurs, cette conférence a été mise sur pied en réaction à une montée d’antisémitisme dans les universités. L’évènement avait donc com-me objectif de « faire le focus sur la mena-ce à la liberté d’expression que représente l’antisémitisme qui se cache sous [le] cou-vert de l’antisionisme et de l’anti-israélis-me » et de développer un « conseil de dé-fense des campus » pour « se réapproprier le campus ». Un autre exemple des efforts récents à la lutte contre l’antisémitisme au Canada est la tenue d’une « commission parlementaire canadienne de lutte contre l’antisémitisme ». Faisant aussi état d’une montée de l’antisémitisme, spéciale-ment dans les universités, cette commission formée de députés invitait cet été les groupes de la société civile à lui envoyer leurs soumissions comme première

étape à une enquête laborieuse. Pourtant, compte tenu de l’allégeance avérée au sionisme de certaines personnes siégeant à la commission, les conclusions de cette enquête sont déjà connues d’avance. Pire encore, elles pourraient éventuellement servir à li-miter le droit à la liberté d’expression des défenseurs des droits humains des Palestiniens.

S’ils prétendent lutter contre l’antisémitisme dans le milieu universitaire, il ne fait aucun doute que ces ef-forts viennent conforter la campagne soutenue des organisations pro-israéliennes visant à démontrer que les groupes étudiants de défense des droits des Palestiniens qui dénoncent l’occupation israélienne

sont antisémites. Cette prétention s’appuie évidem-ment sur un fondement erroné. En effet, l’antisémi-tisme se définit comme l’hostilité à l’égard du peuple juif en tant que groupe religieux, racial ou ethnique et prend forme dans la haine individuelle, institutionnali-sée ou encore la persécution. Étant contre toute forme d’oppression, les groupes étudiants qui défendent les

droits des Palestiniens condamnent totale-ment cet antisémitisme. Toutefois, celui-ci ne peut être confondu avec la formulation de critiques publiques des politiques d’occu-pation et de colonisation de l’État d’Israël qui elles, s’inscrivent dans les droits politiques de tout citoyen dans une société libre et démocratique. Ces critiques s’apparentent, par exemple, à celles que les mêmes grou-pes étudiants font à l’égard du Canada en ce qui a trait aux peuples autochtones. Israël se prétendant un État « comme les autres », les groupes étudiants sont en droit de faire en sorte qu’il soit l’objet des mêmes critiques en matière de droits de la personne.

Depuis quelques années, la volonté d’assimi-ler ces groupes étudiants à l’antisémitisme est d’autant plus forte, étant donné l’ampleur grandissante d’une campagne citoyenne d’action politique non violente visant à faire

pression sur Israël afin qu’il se conforme au droit in-ternational: le mouvement international de boycott, désinvestissement et sanctions envers Israël (BDS). Les tentatives de délégitimation de ce mouvement, voire pour de sa criminalisation sous prétexte d’antisémi-sa criminalisation sous prétexte d’antisémi-criminalisation sous prétexte d’antisémi-

Défendre le droit de critiquer dans nos universitésMARIE-CHRISTINE LADOUCEUR-GIRARD

tisme, sont également insoutenables. Le mouvement BDS a pris naissance en Afrique du Sud pour contrer l’apartheid. Son ampleur dans la société civile internationale est en partie res-ponsable de la fin de l’apartheid sud-africain. L’appel au BDS d’Israël a été lancé par plus de 170 organismes de la société civile palestinienne compte tenu des nombreuses similitudes entre les régimes sud-africain et israélien. Les exemples sont légion: fermeture des enclaves palestiniennes en bantoustans par le mur, « checkpoints » et colonies de peuplement (en plus du blocus total de Gaza), routes d’apartheid pour Israéliens seulement, nettoyage ethnique de Jérusalem, appropriation des terres et des propriétés palestiniennes par Israël, déten-tions arbitraires, inégalité des droits civils, politiques, écono-miques et culturels entre citoyens arabes israéliens et juifs, etc. Les groupes étudiants qui utilisent l’appellation « apartheid is-raélien » ne sont pas antisémites. Ils cherchent plutôt à allier la dénonciation des violations des droits humains à l’action po-litique pour mettre fin à une situation d’occupation qui dure depuis 60 ans.

Enfin, il apparaît insoutenable que les groupes étudiants qui dénoncent les politiques d’Israël soient taxés d’antisémitisme alors qu’en Israël même, un courant de plus en plus important d’Israéliens formule des critiques d’autant plus sévères face à leur État. Lors de mon séjour en Israël en mai dernier, j’ai pu rencontrer plusieurs organismes de la société civile israélien-ne ayant appelé au mouvement de boycott, de désinvestisse-ment et de sanctions « from within », notamment les groupes féministes de gauche et les groupes pacifistes contre l’occu-pation. Les voix des étudiants québécois contre l’occupation — toutes origines et confessions confondues — se rallient à celles de ces Israéliens non pas parce qu’ils sont antisémites, mais parce qu’ils partagent une vision commune de la façon dont Israël devrait agir envers les Palestiniens.

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CAROLINE BRODEUR

Dernièrement, ils ont assiégé le métro Berri et la sor-tie de l’UQAM. Vous les avez vus, ils vous ont tracté en masse. Dotés d’une superbe pancarte à l’effigie d’un Obama arborant la moustache hitlérienne, ils annon-cent une fin atroce (et surtout imminente) pour le monde dans lequel nous vivons.

Ce serait, selon eux, une fin causée par la crise finan-cière : vous savez, celle dont tous prétendent être en rémission, celle de la dernière année? Leur gourou : Lyndon Larouche premier du nom, homme politique et polémiste américain ayant érigé un plan pour sor-tir nos voisins du Sud du marasme économique et de la politique du jeune et célèbre Obama. Selon lui, bien qu’il n’ait aucun diplôme en économie, « ceux qui n’abordent pas ce défi [- la crise économique -] comme [il le fait] ne sont pas qualifiés pour régler ces problèmes ». Puisque la démocratie permet à tous de s’exprimer, voici la totale : un joli topo du rafraîchissant projet. Et bien sûr, la crise est partout, l’état d’urgence est proclamé.

Une révolution financière attendue

À tous ceux qui croyaient que le salut du monde, ou plutôt que le futur du genre humain, reposait sur une réorientation profonde de l’économie et de la consom-mation, à tous ceux qui croyaient dur comme fer que l’écologisme, la conscience sociale et les théories com-me celles de la décroissance avaient du sens : cessez de vivre dans l’illusion!, de rétorquer les Larouchistes. C’est dans leur feuillet informatif distribué à la station de métro Berri au cours des dernières semaines que des centaines de personnes ont appris en quoi consis-tait en fait la réalité. Selon leur logique, le temps presse et manque pour se préoccuper des questions concer-nant les emplois verts ou les projets de réorientation de l’économie, autant dire de révolution écologique. Larouche de scander : « Oubliez-les! Les emplois verts tendront même à disparaître, car ils seront relayés à la périphérie de l’économie. » En fait, la réelle menace guettant l’homme avec un grand « H », c’est Obama, puisqu’il ne fait rien pour sortir le monde (principa-lement les États-Unis) de la crise, le laissant ainsi aller

au courant, les yeux bandés, vers le gouffre profond de l’apocalypse.

C’est en totalité sur les États-Unis que repose le fardeau de la crise. En tant que chef mondial, sa chute entraînera inévitablement la mort de l’économie planétaire. Des preu-ves? Non. Et si certaines économies se contentaient de se relever pour continuer comme si de rien n’était? Non! « Aucune économie ne survivra à l’effondrement des États-Unis. » D’autant plus que les autres, « dans les conditions actuelles [n’ont] pas la capacité intellectuelle pour s’en sor-tir. […] Et les Britanniques par-des-sus tous; ils n’ont rien de génies. » Ces propos récurrents dans le texte constituent une sorte de règle for-melle, un principe de base qui autori-se Lyndon Larouche, le spécialiste de l’économie physique autoproclamé, à sauver le monde avec son plan.

Les muscles des hommes, sources de force physique, seront mainte-nant transposés à la force nationale : les cols bleus constitueront notre ri-chesse à tous, puisque c’est en eux que le capital réel se trouve. « Les cols blancs et les emplois de service, eux, ne créent pas forcément de richesse réelle. » Le projet, c’est la reconstruction du système grâce à une économie de base, fondée sur les grands travaux publics et de grands projets d’infrastructure et d’agriculture. Tout cela a bien du sens, lorsqu’on pense, par exemple, à l’intention de Larouche d’« enterrer Keynes pour de bon ». Le feuillet suggère aussi de placer toutes les banques en faillite et ainsi détruire le système moné-taire afin d’instaurer un nouveau système mondial, de crédit cette fois, le monétaire étant en voie de disparition. C’est simple : « Tous les résidus de cette procédure, qui ne sont que des titres sans valeur, ne recevront aucune protection et seront livrés à eux-

Le plan LaroucheOu comment la pilosité hitlérienne inspira-t-elle Obama

mêmes ». C’est la seule solution, « soit nous faisons en sorte que [ces] recommandations soient appliquées, ou alors nous cesserons d’exister. Il n’y a aucune raison d’entrer dans d’autres types de discussion! »

Un système de santé génocidaire

La politique « larouchienne », toujours libre de confu-sion intellectuelle, se porte d’ailleurs garante de la po-pulation, question de la prévenir contre le nouveau système de santé génocidaire d’Obama qui tenterait, par la mise en place de tribunaux de la mort, d’éradi-quer les personnes âgées ainsi que les malades chroni-ques de la surface de la Terre. Tout cela sans parler de l’inspirante conclusion selon laquelle le projet de ré-forme du système de santé américain fut adopté grâce à de véreuses méthodes d’intimidation de madame Pelosi, présidente de la chambre des représentants. Il semble impossible que le sujet du suicide assisté n’ait que fait surface aux États-Unis : c’est que la méthode hitlérienne qui procède à l’élimination des faibles fe-rait sauver de l’argent à Obama qui, par sa vision de l’économie, se trouverait plus d’une affinité avec le Führer du Troisième Reich.

Faits divers : formation et militantisme

Outre les commentaires et les prédictions révoltées qui fusent de tous les fidèles pour tenter d’enfin nous former décemment sur les causes et solutions de la crise financière mondiale et/ou du génocide que pré-pare Obama, Larouche nous fournit des thèses plus que divertissantes provenant de sites Internet tous très crédibles. Vous vous demanderez alors, incrédule, pourquoi n’étiez-vous pas au courant du contrôle de la reine d’Angleterre, aussi puissante puisse-t-elle être, sur les barons colombiens de la drogue et les groupes mafieux? Si la constante rigueur méthodologique et analytique du personnage vous impressionne, vous pourrez toujours allègrement assister à une formation gratuite et ainsi commencer le premier jour du reste de votre vie en tant que militant pour le parti Solida-rité et Progrès.

Le plaisir commence au : http://www.solidariteetpro-gres.org/ (d’où proviennent chacune des citations agrémentant le texte).

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Photo : Alexandre Claude

L’info a été confirmée hier, au grand dam de tous: les tasses du Café Aquin ne sont pas en sécurité. Des génocidaires sadiques s’emploieraient à les déporter de leur habitat naturel, et ce, dans la plus totale impunité.« J’en ai retrouvé une au fond d’un sac de vidanges », se plaint cette jeune femme, travailleuse et étudiante à temps partiel. Son air désolé révèle l’ampleur du drame: c’est l’essence même de cette coopérative qui s’effrite.« Les tasses font partie de la personnalité du Café », nous révèle cet homme, plus vieux, qui paraît avoir fait sa vie sur le deuxième étage du Aquin. « Sans elles, le Café perd de sa saveur ».Malgré plusieurs appels à l’aide ou à la responsabilité, le génocide des tasses se poursuit inlassablement. Fléau de Dieu, signe des temps? Cette habituée – une professeure de plus de soixante ans – ne le croit pas. « Je ne peux pas croire que dans un milieu aussi conscientisé, aussi plongé dans les débats sur l’avenir de la société, on ne soit pas

Halte au génocide!ABDUL AL-HAZREDCorrespondant spécial outre-mer

capable de résoudre un simple problème de gaspillage »! Les tasses, en effet, sont mises à disposition des usagers pour éviter de générer des déchets avec des verres en carton. Mais à quoi cela sert-il si la population de tasse est exterminée et doit constamment être renouvelée?« C’est un non-sens! » crie cette tasse; cette phrase a été spécialement peinte pour l’occasion. Dans toute cette affaire, les moyens de contrôle sont malheureusement restreints: la création d’une Cour Pénale Inter-

locale est même envisagée par certains. À quand la mise aux fers des génocidaires?

Le MPIQ définit sa lutte pour l’indépendance du Qué-bec comme une lutte révolutionnaire. En effet, les changements draconiens auxquels mènerait l’indé-pendance ne sont rien de moins que révolutionnai-res pour la société québécoise. Toutefois, révolution ne rime pas avec violence. L’indépendance, lorsque accomplie par voie démocratique, ne vise nullement à promouvoir quelconque agissement haineux, mais vise au contraire à rassembler un peuple, le peuple québécois, dans une nation libre et sou-veraine.

Cette organisation non-partisane est donc un mouvement pacifique pour l’in-dépendance du Québec. Pacifique car il ne prône ni haine ni violence à l’encontre de qui que ce soit. Chaque membre de l’espèce humaine sera en effet accueilli par la cause à bras ouverts. La lutte pour l’indépendance du Québec, en fait, n’est pas une lutte contre des individus, mais bien une lutte contre un système. Un sys-tème de valeurs réactionnaires, un système politique au fonctionnement archaïque, un système social dans lequel la nation québécoise ne s’insère pas.

«La lutte pour l’indépendance du Québec est une lutte contre un système de valeurs réaction-naires. »

Mais l’utilisation de moyens pacifiques n’est pas nécessairement l’absence de moyens. Il existe une multitude d’options permettant de promouvoir et d’accomplir l’indépendance du Québec de façon pa-cifique. Par exemple, le MPIQ s’implique beaucoup dans la promotion d’artistes de la relève québécoise, notamment dans les milieux étudiants, ainsi qu’à plu-sieurs niveaux du secteur culturel québécois. L’indé-pendance ne se fait pas [seulement] qu’en disant que

l’on veut l’indépendance. La souveraineté d’une na-tion se prépare et s’affirme. Pour ce faire, le MPIQ, qui estime indiscutable la spécificité de la culture qué-bécoise par rapport au reste de l’Amérique, a décidé d’agir à plusieurs niveaux. En plus de la défense de la culture, la désobéissance civile, dans notre société où la concentration des médias est la plus élevée au monde, est une option que l’on ne peut écarter.

Toujours dans l’optique de l’affirmation de la nation, le MPIQ souligne qu’un pays ne se développe pas pour le passé, mais pour l’avenir. Un Québec souve-rain, ce n’est pas la concrétisation de rancœurs cen-tenaires, c’est au contraire l’ouverture sur un monde nouveau, la révolution de la société québécoise. Ain-si, il s’agit là de la construction d’un système démo-cratique à l’image des aspirations du Québec, d’un système qui représente concrètement les valeurs des québécois dans un gouvernement aux pouvoirs souverains sur son territoire. Plutôt qu’être une pro-vince parmi tant d’autres, le Québec pourrait ainsi se poser en modèle pour les aspirations d’autres pays à se former pacifiquement. L’oppression ne vient pas toujours d’un pays ou d’une majorité dominante, voire écrasante, mais vient parfois simplement d’un système mal adapté à la société dans laquelle il est implanté, trop fermé pour laisser place au bien-être

de la population et au bon fonctionnement de la so-ciété dans tous ses aspects, qu’ils soient économiques, culturels ou autres.

Le MPIQ considère que la formation d’un Québec sou-verain ne passe pas par l’exclusion, mais par l’inclusion de chacun. Un Québec indépendant n’est pas la cris-tallisation dans la société de luttes internes au Qué-bec, mais est au contraire l’affirmation d’une solidarité

nouvelle à une échelle nationale.

Tous ceux qui forment ce peuple qu’est le peuple québécois, franco-phones, anglophones, allophones et autochtones, auraient une place dans ce nouveau pays. Certes, pour le MPIQ, l’un des objectifs de l’indé-pendance est d’assurer la prédomi-nance de la langue française comme langue d’usage à l’échelle du pays. Il n’est toutefois nullement question de dicter aux citoyens quelle doit

être leur langue d’usage privé. Au contraire, les mul-tiples apports des différentes cultures qui forment le Québec et la culture québécoise dans son ensemble sont tout autant de précieux atouts qui forment la spécificité québécoise.

Le MPIQ n’estime pas que l’indépendance soit une fin, mais un moyen. Un moyen pour se sortir du marasme dans lequel est plongé le Canada et, par extension, le Québec en tant que province. Un moyen pour redon-ner espoir aux gens d’améliorer notre monde plutôt que de s’en contenter, un moyen pour faire rêver les générations à venir.

Pour toutes ces raisons, le MPIQ prône l’indépendance et sera activement partie prenante à la lutte qui mè-nera le peuple québécois vers son indépendance et sa liberté.

Pour nous joindre : [email protected]

Manifeste du Mouvement pacifique pour l’indépendance du QuébecLE CONSEIL DU MPIQ

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Puérils sont les mots. Vaine l’écriture.Effréné pourtant le désarroi du coeur.

AndréeChedidLe cérémonial de la violence

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À la veille de la Conférence de Copenhague (COP15), au Danemark, sur les changements cli-matiques où les chefs d’État et de gouvernement devraient renégocier un accord international sur le climat qui remplacera le Protocole de Kyoto pre-nant fin en 2012, plusieurs citoyens se mobilisent afin que cette conférence ne soit pas te-nue en vain.

Aux Maldives, le président (et ex-prison-nier politique) de la République Mohamed Nasheed a organisé le premier conseil des ministres sous-marin de la planète. Après deux mois d’entraînement et à six mètres sous le niveau de la mer, Nasheed et trois de ses ministres (sur quatorze) visent à alerter le monde des dangers de l’élévation du niveau de la mer pour son pays et les autres mem-bres de l’Alliance des petits États insulaires (AOSIS). Dans les médias, les Maldives sont connues pour le climat et les belles plages, mais « 60 centimètres d’augmentation du niveau de la mer suffisent pour rendre 600 îles [sur 1200] inha-bitables vers 2100 », rapporte le Groupe intergouver-nemental d’experts sur l’évolution du climat (GIEC) de l’Organisation des Nations Unies (ONU).

Ce coup politique faisait partie d’une campagne mon-diale chapeautée par 350.org, une organisation non-gouvernementale (ONG) des États-Unis fondée en 2007 par Bill McKidden, écrivain et environnementa-liste spécialisé dans les énergies renouvelables. Cette campagne, qui a culminé avec le 1er International Day of Climate Action le 24 octobre 2009, a été faite en pré-vision de la COP15 de décembre 2009. D’après la chaî-ne de télévision états-unienne CNN, « International Day of Climate Action a été la journée d’action politi-que la plus importante et répandue de l’histoire ». 350.org rapporte 5 245 actions (tel que : des formations humaine géante du chiffre 350, des marches, des dî-ners « carbone-neutre », des plantations d’arbres, etc.) dans 181 pays. Au Canada, des actions ont été orga-nisé en Colombie-Britannique, Saskatchewan, Alberta, Ontario, Nouveau-Brunswick et Nouvelle-Écosse. Au Québec, faut croire que tout le monde était davantage occupé avec leurs préparatifs d’Halloween…

Une autre ONG qui cherche également à influen-cer les agissements des politiciens pour COP15 est Greenpeace. Désirant confirmer l’exactitude de la déclaration d’Yvo De Boer, secrétaire de la Conven-tion-cadre des Nations Unies sur le changement cli-matique, qui disait n’avoir « jamais vu auparavant la

question du climat placée si haut sur l’agenda des dirigeants du monde », elle a publié un classement de 11 pays en fonctions de leurs performances en politiques environnementales. Les États (ou plutôt les chefs d’État et de gou-vernement) se voyaient attribuée une note sur 10 points. « Les 4 principaux critères du palmarès sont les objectifs de réduction des émissions de gaz à effet de serre, les financements pour faire face au dérèglement du climat, les ambitions concernant la protec-tion des forêts, la nature du cadre lé-

gal proposé et le leadership manifesté en matière de politique climatique ». Les résultats sont vrai-ment surprenants. Comme toute ONG, Greenpeace a évidemment un agenda et veut mettre de la pression sur les dirigeants politiques des pays développés, mais tout de même leurs résultats sont basés sur le rapport Stern 2006 du GIEC.

Selon Greenpeace, le classement « montre que les pays en développement font des efforts réels en ma-tière de politique climatique. Il détruit l’idée précon-çue et bien travaillée par les pays industrialisés se-lon laquelle les pays en développement empêchent les pays développés de lutter proprement contre le changement climatique ». La première place revient au premier ministre Apisai Lelemia de l’archipel de Tuvalu, État de l’océan Pacifique et membre de l’AO-SIS, avec une note de 8,7 sur 10. En deuxième et troi-sième place se situe la Chine (5,9) et l’Inde (5,3), res-pectivement. La Chine crée toute une surprise, mais d’après le site Web de la COP15, la Chine est en voie d’atteindre ses objectifs (par exemple, la réduction de 20% des émissions de gaz à effet de serre pour 2010). Néanmoins, « la part d’énergie fossile utilisée

Joindre le geste à la paroleROBERTO MARTINEZ GUEVARA

reste tout de même grande », déplore Greenpeace. Le reste du palmarès va comme suit : Brésil (5), Indoné-sie (4,2), Royaume-Uni (4,5), Allemagne (4,5), France (3,7), Pologne (3,5), Espagne (2,8) et États-Unis (0,8). Le président Obama obtient un point pour la légis-lation climatique américaine après huit ans d’inertie sous W. Bush. Les objectifs de cette législation sont toutefois faibles, d’après Greenpeace. Comme quoi Barack Obama sourit plus qu’il n’agit en matière de politiques environnementales…

D’après les scientifiques réunis depuis mars 2009 à Copenhague, « le pire des scénarios du GIEC est en train de se réaliser ». Il faut donc espérer qu’avec tous ces signaux d’alerte, les actions citoyennes et les ré-sultats des différentes politiques environnementales des États orientent les dirigeants politiques vers la bonne direction et qu’ils concluent rapidement un traité inclusif et efficace.

Toutes les actions de 350.org prises en photos sont disponibles sur leur site Web 350.org. Jusqu’à présent, il y a 22 000 photos. L’article de Zhenhua Xie intitulé « La Chine agit face aux changements climatiques » donne un meilleur aperçu des politiques environne-mentales chinoises.

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l’environnement, lors d’une cérémonie à Washington Square. J’espère que vous vous sentez rassurés en ce moment, en sentant que notre environnement est EN-FIN entre de bonnes mains parfaitement manucurées de couleur classique. L’ancienne effigie de la marque américaine de sous-vêtements Victoria’s Secret, que le directeur exécutif du Programme des Nations Unies pour l’Environnement s’est empressé de qualifier d’« environnementaliste convaincue et passionnée », occupera donc un des postes les plus significatifs et convoités en matière d’environnement sur la scène in-ternationale. Elle aura pour mission de sensibiliser la population sur les dangers du réchauffement climati-que. Créé en 1972, ce programme est la plus impor-tante autorité environnementale au sein du système des Nations Unies. Comme précisé sur le site de l’or-ganisme, « il joue le rôle de catalyseur, de défenseur, d’instructeur et de facilitateur œuvrant à promou-voir l’utilisation avisée et le développement durable de l’environnement mondial. » Une tâche capitale et complexe demandant une connaissance approfondie de domaines tels que l’écologie, la biologie ou encore la science environnementale. Bref, que peu de gens peuvent accomplir.

« Notre environnement est ENFIN entre de bonnes mains parfaitement manucurées de couleur classique. »

La question qui se pose est jusqu’où les organisations internationales sont-elles prêtes à aller pour augmen-ter leur visibilité. Effectivement, en quoi le regard de braise de la Brésilienne réussira-t-il à convaincre les non-environnementalistes de reconsidérer leurs prio-rités? Il est très difficile de croire que Gisele Bündchen ait été choisie minutieusement entre les candidatu-res pour ce poste d’ambassadrice, n’ayant pas fait ses preuves ni en politique, en diplomatie, en science, en biologie ou en économie... Il ne s’agit pas ici de douter des capacités intellectuelles de qui que ce soit; seu-lement de remettre en question et cela, de manière légitime, cette désignation à signification hautement importante et symbolique sur la scène internationale. Au nombre de scientifiques et d’environnementalistes qu’il existe aux quatre coins du monde, il serait intéres-sant d’entendre la plaidoirie des Nations Unies pour défendre ce choix. Selon le directeur du programme Achim Steiner, il se justifierait du fait que « Gisele fait partie des quelques personnes de talent et des per-sonnalités qui ont une audience véritablement mon-diale. » Talent… en quoi? Monsieur Steiner ne consi-dère pas nécessaire de nous donner plus de précisions à ce sujet.

Il est évident que certaines personnalités peuvent avoir plus d’influence que d’autres sur la scène inter-nationale et plus de capacité à se faire écouter. Cela est normal. Cependant, le choix du mannequin pour sous-vêtements Gisele dans ce contexte semble ab-surde et dérisoire, surtout pour une question actuelle aussi cruciale que celle de l’environnement. À ceux et celles qui rêvent un jour de travailler pour cette orga-nisation centrale et réputée qu’est l’ONU: rassurez-vous! Étonnamment, une collection de baccalauréats, maîtrises, doctorats et stages au bout du monde n’est pas un pré-requis. Cependant, une pratique de votre démarche et de votre regard langoureux peut tou-jours s’avérer utile…

Suite : Quand Gisele s’en mêle

Parfois, quand on observe le monde, on se désole en constatant qu’il y a plus de mauvais qui triom-phent que de bons. Ce n’est pas qu’une fausse impression, c’est malheureusement la violente ré-alité qui nous englobe. Les mauvais se succèdent [ou veux-tu parler de succès?MP] parce qu’ils sont mauvais et les bons restent dans l’ombre parce qu’il y a trop de mauvais.

La raison pourquoi il y a tant de mauvais, c’est parce qu’ils trouvent systématiquement de nouvelles fa-çons, toutes plus originales les unes que les autres, d’être mauvais. Cet essai, ce cri du cœur, se veut dén-onciateur d’un nouveau groupe de mauvais formé de voleurs… de terres.

« On a beau essayer d’avaler des centaines de kilomètres carrés de terres, mais il ne faut pas oublier qu’en fin de compte, c’est la terre qui va finir par nous avaler. »

Ces mauvais nouveau genre sont surtout présents dans la République de Colombie, troisième pays le plus peuplé de l’Amérique latine. Un pays qui, après de longues années de misères économiques, commence quelque peu à voir ses indicateurs économiques fleurir. Un pays gravement touché par un conflit armé interne qui a fait plus de 200 000 morts depuis les an-nées soixante.

Les mauvais en question sévissent dans cet État-là. Ils sont des narcotrafiquants, des hommes d’affaires, des politiciens locaux qui volent des lopins de terre ap-partenant aux paysans. Le deal est simple : «Madame vous délogez votre terre immédiatement ou bien on vous déloge de la Terre immédiatement.» Mais, Madame Yolanda Izquierdo a résisté. Ardente défen-deresse des droits humains, elle a été assassinée de plusieurs de balles, le 31 janvier 2007, dans la ville de Montería. Les mauvais avaient sévi.

En tout, plus de 55 000 km2 de terres agraires, soit un peu moins que la superficie de la République togolaise, ont été spoliés. Depuis les quelques dernières années, environ 3 millions et demi de paysans, soit deux fois l’équivalent de la population montréalaise, se sont re-trouvés sans toit du jour au lendemain, forcés de fuir leur habitat, par peur de mourir.

Les chances qu’ils retrouvent leur demeure sont min-imes, en fait, nulles. Les mauvais seront là et ils ne cè-deront pas.

Pour un paysan, la terre c’est un peu comme sa mère. Elle le nourrit, le réconforte, le soulage. Elle partage avec lui plusieurs souvenirs doux, des anecdotes co-casses. Quand rien ne va plus, il peut toujours compt-er sur elle. Elle sera là pour lui. Elle sera là comme son dernier recours matériel ou financier.

Alors pourquoi donc tous ces pillages? C’est simple, les narcotrafiquants veulent établir leurs proches sur ces terres pour faciliter la contrebande de la cocaïne. Les entrepreneurs veulent faire de l’agriculture com-merciale, souvent à l’étranger. Et les chefs politiques les épaulent. Par ailleurs, plusieurs des propriétés volées ont été «légalement» transférées aux noms des mauvais par le biais de contrats frauduleux.

Pour un paysan, c’est sa plus grande richesse et l’histoire de sa génération qui partent avec sa terre. Ce sont les longues heures de labeur sous un soleil bouillant, l’investissement de sa sueur et de son sang qui partent avec sa terre.

Les mauvais, ils ne savent pas ça. En fait, non. Ils le savent très bien, mais ils n’ont rien à cirer du bien-être de ceux qui ne sont pas comme eux, armés et imbéciles.

Les mauvais, ils ont un cerveau, mais ils oublient con-stamment de l’oxygéner. Dans le cas contraire, ils sauraient qu’il faut vivre en harmonie avec les autres êtres humains.

« Environ 3 millions et demi de paysans se sont retrouvés sans toit du jour au lendemain, forcés de fuir leur habitat, par peur de mourir. »

On a beau essayer d’avaler des centaines de kilo-mètres carrés de terres, mais il ne faut pas oublier qu’en fin de compte, c’est la terre qui va finir par nous avaler. Tout cru! Soudain, les centaines de kilomètres carrés de terres qu’on possédait se voient réduits à un petit rectangle de six pieds par quatre.

Un jour, on va trouver la cure pour le cancer, le vac-cin pour le sida, et une alternative écologique au pé-trole. Mais tout d’abord, il faut trouver le remède à l’égoïsme et l’antidote contre la cupidité.

L’humain doit s’humaniser. Il y a déjà assez d’animaux sur Terre pour agir en bêtes.

La terre de la Terre des HumainsGOPINATH JEYABALARATNAM

(quasi totale) de réformes politiques, est ce qui retient beaucoup l’attention des dirigeants iraniens.

Le premier ministre chinois, Wen Jiabao, a récemment déclaré vouloir maintenir une « coopération proche » avec la République islamique. Déjà, lors des sanctions économiques imposées par Bill Clinton, le président états-unien de l’époque, en 1995, Beijing en a profité pour renforcer ses liens avec Téhéran.

«L’Iran serait le marché étranger le plus important pour la Chine en termes de grands projets et d’exporta-tion de main-d’œuvre.»

Par exemple, la Chine est le principal investisseur dans la construction du métro de Téhéran. Ce projet de mé-tro n’est pas nouveau. L’invitation iranienne à la Chine pour la participation à ce projet est annoncée en 1991 lors de la visite de Yang Shangkun, président de l’épo-que, à Téhéran. La signature du contrat entre les deux pays (d’une valeur de 293 millions de dollars) remonte

à 1995. En février 2000, le ministre chinois des Affai-res étrangères s’est rendu à Téhéran pour l’inaugu-ration de la première branche du métro. Les inves-tissements dans le champ des énergies fossiles aussi sont importants. Le développement des champs de pétrole et de gaz naturel à Yadavaran, dans l’ouest du pays, est fait par la compagnie chinoise Sinopec, qui détient 51% des actions de ce projet. L’Iran serait, d’après The Middle East Review of International Affairs (MERIA), le marché étranger le plus important pour la Chine en termes de grands projets et d’exportation de main-d’œuvre. « Environ 120 projets impliquant des sociétés chinoises, pour un total de 6 milliards de dollars, sont actuellement en cours en Iran, alors que des centaines d’autres, portant sur des dizaines de milliards de dollars, seraient en discussion. »

D’après MERIA, la situation actuelle de l’Iran avan-tage la Chine. Le fait que des pays occidentaux tels que les États-Unis refusent d’entretenir des relations économiques avec l’Iran ou encore la France qui le « déconseille » font que la Chine profite de toutes les opportunités de s’immiscer dans l’économie irani-enne. Actuellement, les exportations de pétrole vers

la Chine comptent pour environ la moitié des rev-enus iraniens et la République populaire est le deux-ième fournisseur en armes de l’Iran… loin derrière la Russie.

Cela dit, les échanges Beijing-Téhéran ne sont pas aussi volumineux que les échanges entre la Chine et l’Union européenne (174 milliards d’euros en 2004), la Chine et les États-Unis (170 milliards de dollars en 2004) ou encore la Chine et le Japon (168 milliards de dollars en 2004). « Beijing est aujourd’hui plus important pour Téhéran que Téhéran ne l’est pour Beijing ». Par contre, l’importance des exportations iraniennes vers la Chine renforcera leurs relations, augmentant la capacité du régime iranien à obtenir le soutien de la Chine, « non seulement en matière diplomatique, mais aussi peut-être dans les domaines dits sensibles ».

«Les exportations de pétrole vers la Chine comptent pour environ la moitié des reve-nus iraniens.»

Suite : Par delà l’Himalaya

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Marie Bernier

Chaque jeudi, depuis 1977, des femmes coiffées de fou-lards blancs envahissent la place de Mai à Buenos Aires, devant le palais présidentiel. En silence, elles tournent autour du monument à la mémoire de l’indépendance de l’Argentine. Si pour les citadins leur ronde fait par-tie du paysage, elle est observée avec curiosité par les touristes. La procession a en effet de quoi étonner; les Mères de la Place de Mai ont à présent entre 70 et 90 ans. Malgré leur âge avancé, elles arpentent la place, inlassablement, tous les jeudis; la raison de leur marche est inscrite au fer rouge dans leur chair.

La junte militaire, dirigée par le Général Videla, prend le pouvoir en Argen-tine en 1976. Dès son arrivée, la dictature procède à une nouvelle méthode de répres-sion : l’enlèvement des éléments subversifs de la société argentine. Qui sont les subversifs ? Le Général Videla répon-dra : «Quiconque se dresse contre le mode de vie argentin». Des personnes sont donc kidnappées pour des raisons aussi diverses que d’avoir critiqué le régime, de participer à une association pour les droits de l’homme ou d’être juif. Leur sort est similaire : torture, puis assassinat et disparition des corps, qui sont soit largués au-dessus du Rio de la Plata, soit enterrés clandestinement. Les preuves se trouvant supprimées, la junte évite les er-reurs de Pinochet au Chili et échappe aux critiques de la communauté internationale. L’anonymat des en-lèvements contribue également à intensifier le climat de terreur parmi la population. À la fin de la dictature en 1983, le bilan se chiffre à 30 000 disparitions.

Au début des enlèvements, les mères des disparus affluent dans les commissariats et les ministères, ten-tant de savoir ce qui est arrivé à leur enfant. C’est ainsi qu’elles prennent conscience que d’autres femmes vi-vent le même drame qu’elles. Les mères des disparus décident de protester ensemble contre le silence des autorités sur les disparitions. Puisque les manifesta-tions sont interdites, 14 d’entre elles marchent sans bruit sur la place de Mai, le 30 avril 1977. Toutes por-tent un lange de bébé sur la tête, sur lequel elles ont

brodé le nom de l’enfant perdu. Les policiers les trait-ent de folles, et elles s’approprient le qualificatif. Les mères reviennent à la charge toutes les semaines, à chaque fois plus nombreuses : en 1980, elles sont 2 000 à marcher pour qu’on leur redonne leur enfant. L’armée réagit et quelques mères disparaissent à leur tour, mais les Folles de Mai persistent. Un nouveau mouvement se joint à elles : les Grands-mères de la place de Mai, qui réclament que le bébé de leur fille, enceinte lors de l’enlèvement, leur soit rendu. Les Mères de la place de Mai obtiennent une visibilité internationale lorsque des journalistes, venus pour couvrir la Coupe du monde de soccer en 1978, racon-tent leur histoire.

Les batailles des Mères de la place de Mai

Le retour de la démocratie ne met pas fin aux marches hebdomadaires des Folles de Mai. Le nouveau président Raul Alfonsin prétexte la ré-conciliation nationale pour ne pas punir les dirigeants de l’armée qui ont organisé les disparitions systéma-tiques. Des procès ont quand

même lieu en 1985 pour neuf membres de la junte. Alfonsin s’ingère alors dans le processus juridique en faisant voter une

loi pour que les militaires soient jugés par d’autres militaires. Il se prononce aussi en faveur de peines allégées, invoquant le principe d’obéissance due. Les tribunaux condamnent cinq des neuf accusés, un verdict que les Mères trouvent trop clément et qui contribue à radicaliser le mouvement. Lorsque prend effet la loi du Punto final, qui stipule que les poursuites contre des membres des forces armées ne seront plus reçues au-delà des soixante jours suivant l’entrée en vigueur de la loi, les Mères de la place de Mai se mobilisent et déposent 300 demandes avant le jour J. Un total de 160 officiers sont poursuivis grâce à elles.

La lutte se poursuit avec le président suivant, Carlos Menem, qui accorde son pardon à ceux qui ont été condamnés, le Général Videla inclus. Les Folles de Mai finissent par trouver un allié politique dans la personne de Néstor Kirchner. Le président Kirchner met fin à la politique de l’impunité en annulant la loi

du Punto final, ce qui permet l’arrestation de plusieurs ex-officiers de l’armée. Kirchner transforme l’École Su-périeure de Mécanique de la Marine, où des milliers de personnes ont été torturées, en musée de la mémoire. Lors de l’inauguration du musée en 2004, Kirchner déclare «Je viens demander pardon au nom de l’État pour la honte d’avoir tu durant vingt ans de démocrat-ies tant d’atrocités.» Après tant d’années, les Mères obtiennent du gouvernement une reconnaissance officielle des crimes commis contre leurs enfants. Le deuil peut finalement commencer.

Les Folles de Mai aujourd’hui

Les Folles de Mai sont toujours actives. Elles continu-ent de rappeler ce qui s’est produit sous la dictature et à exiger que les coupables soient punis, mais elles sont aussi de toutes les luttes sociales. Elles ont ouvert une université populaire qui accueille 1 500 étudiants et appuient les chômeurs dans leurs revendications. Les Grands-mères de la place de Mai, elles, ont réussi à ce jour à identifier et à retrouver 82 enfants nés en détention grâce à des tests d’ADN.

Les Mères se retrouvent maintenant dans deux as-sociations : les Mères de la place de Mai et la Ligne fondatrice. La scission a eu lieu en 1986, lorsque des membres qui jugeaient que l’association devenait trop politique ont formé la Ligne fondatrice. Les Mères de la place de Mai ont effectué leur dernière marche en 2006. Quant aux Mères de la Ligne fondatrice, elles marchent toujours.

Elles se souviennentLes mères de la place de Mai

Des Mères de la place de Mai montrant des pho-tos de disparus à l’ancien président de l’Argentine, Néstor Kirchner.

CORINNE HARBEC LACHAPELLE

We Report, You Decide, Fair and Balanced, The Most Powerful Name in News. Voici le slogan d’une des plus influentes chaînes d’informations des États-Unis. Elle a été fondée en 1996 à New York par le riche homme d’affaires australien Rupert Mur-doch, propriétaire de Fox Entertainment dont fait partie la chaîne Fox News. Murdoch est le PDG de News Corporation, grand groupe médiatique mon-dial et héritage familial, fondé en 1979. Depuis sa création, Fox News est accusé de plusieurs torts dont celui de mener une guerre médiatique contre les démocrates. Le climat s’est envenimé depuis l’arrivée d’Obama au pouvoir. La chaîne Fox News agit-elle à titre d’aile communicationnelle du Parti républicain ou comme une chaîne d’information de droite?

Bien que nous sachions tous qu’une élite possède pr-esque l’ensemble des biens de la planète, Murdoch s’est implanté de façon massive dans le domaine de l’information à travers le monde. News Corp. possède l’ensemble des filières de Fox rassemblées sous le nom de Fox Entertainment. L’entreprise possède égale-ment de nombreux journaux américains dont le New York Post, le Wall Street Journal ainsi que The Times au Royaume-Uni. Murdoch est aussi propriétaire des sites internet Askmen et Rotten Tomatoes en plus du site de réseautage communautaire My Space. La réussite de Fox News dépend aussi de Roger Ailes, producteur et ancien conseiller politique républicain sous Nixon, Reagan et Bush père. Il est aujourd’hui président de Fox News Channel et du Fox Television Stations Group. C’est avec son aide que Murdoch a créé la chaîne de télévision pouvant défier les plus grands du milieu tels que CNN, NBC, CBC et ABC.

« Sa principale mission est de protéger la droite contre les éli-tes gauchistes de Californie, de New-York et de Washington. »

Le mandat et les lignes directrices de cette chaîne sem-blent préoccupants en raison des propos choquants tenus par certains de leurs animateurs vedettes tels Bill O’Reilly et Glenn Beck. Bien que la chaîne n’ait jamais caché ses orientations politiques et ses motivations, il reste que Fox News se caractérise par ses pratiques journalistes souvent étiquetées comme douteuses et inexactes. Depuis sa naissance en 1996, Fox News a été un défenseur des républicains et plus particulière-ment celui de la famille Bush. Sa principale mission est de protéger la droite contre les élites gauchistes de Californie, de New-York et de Washington. Son seul mandat, celui de « réparer l’injustice commise par le parti pris «libéral» («de gauche» au sens américain) des médias en général et de l’information télévisée en particulier » (LeMonde.fr, 5 nov 2009). Contrairement à l’opinion populaire, la chaîne ne se considère pas de droite ou conservatrice. Ses dirigeants affirment prati-quer du journalisme juste et nuancé et ce, contraire-ment à la perception des chaînes concurrentes dites de gauche.

Combat contre l’administration Obama

Durant l’ère Bush, Murdoch et la Maison Blanche mè-nent un mariage parfait. Ils partagent les mêmes idé-aux et permettent la mise en place de nouvelles poli-tiques gouvernementales puisque Fox News en étale les bienfaits à l’Amérique entière. Agissant comme porte-parole et fonctionnant comme une unité de re-cherche républicaine, Fox News est partisan et défen-seur des politiques républicaines comme la peine de mort, le port d’arme et la guerre en Irak. Elle opte pour

de multiples formules de « one-man-show » qui font appel au public pour discuter de sujets chauds. La chaîne défend l’utilisation de cette formule en affir-mant qu’il s’agit d’un moyen comme les autres de combler la plage-horaire. Il est facile de constater la popularité de ce genre de formule qui accrédite et projette une notoriété pour bon nombre des figures emblématiques de la chaîne.

« Le but premier de l’infor-mation est écarté pour faire place à l’utilisation de la peur et de jugements d’opinions permettant l’immobilisation, la crainte et même la paraly-sie dans l’esprit des Améri-cains. »

Depuis l’arrivée d’Obama au pouvoir, Fox News mène une campagne négative contre le personnage politique et ses projets, dont celui de la réforme de santé. C’est avec ce projet – sûrement l’un des plus risqué qu’un président puisse entamer – que Beck et son équipe s’adonnent à une campagne de salissage. Fox News agit de front pour rallier les mouvements ultraconservateurs du pays. Glenn Beck, animateur et polémiste active le débat en affirmant la défaite d’Obama, celui-ci n’ayant pas pu réaliser ses promess-es de changement et de transformation. La chaîne d’« information » permet à Beck d’attaquer le prési-dent en insinuant que celui-ci est « raciste » puisqu’il éprouve une haine envers les Blancs tout en étant socialiste et même communiste. Ce genre de propos suscite des questionnements puisqu’ils transforment la nouvelle en un divertissement tout en constituant un affront à la pensée rationnelle. Le but premier de l’information est écarté pour faire place à l’utilisation de la peur et de jugements d’opinions permettant l’immobilisation, la crainte et même la paralysie dans l’esprit des Américains. Bien que Beck affirme ne pas se prendre au sérieux et qu’il demande à son public d’en faire autant, il reste que ses tactiques servent à

bon escient sa mission : contourner les faits et projeter une idéologie précise.

« Ils partagent les mêmes idéaux et permettent la mise en place de nouvelles po-litiques gouvernementales puisque Fox News en étale les bienfaits à l’Amérique entière. »

De son côté, la Maison Blanche dit ne pas considérer Fox News comme une chaîne d’information. Elle af-firme être victime d’une couverture médiatique subjec-tive où l’on manipule son image. Le président Obama résiste au mouvement de non-transparence média-tique en évitant de se rendre sur les plateaux de Fox News. Quant à la chaîne, elle exprime un désarroi face au manque d’autodérision de la Maison-Blanche qui ne semble pas ouverte à la critique. Fox News défend son attitude en invoquant que ses rôles sont ceux de former le contre-pouvoir et de susciter des débats.

Critique

À titre de téléspectateur, il est désolant de voir que des réseaux soient prêts à tout, y compris à l’utilisation de la surenchère du sensationnalisme pour attirer un auditoire. Toutefois, même si plusieurs de ces moyens semblent exagérés, il reste que depuis son combat contre la Maison-Blanche, Fox News a réussi à aug-menter son nombre d’auditeurs en exploitant une im-age de victime. « Depuis l’affrontement, son audience est en hausse de près de 12% en octobre, alors que sa concurrente de gauche MSNBC stagne et que CNN baisse dangereusement (Le Figaro.fr, 4 nov 2009) ». La propagande n’est pas un phénomène nouveau et bon nombre des médias influents sont reconnus comme étant d’une couleur partisane puisqu’ils favorisent la couverture médiatique de certains politiciens. Ce-pendant, un problème survient lorsque l’on tente de faire passer des faussetés, des jugements d’opinion et des propos racistes comme étant de l’information. De ce fait, Fox News peut se conformer à ses idées de li-bre expression et de non-censure, mais il ne doit pas s’éloigner de son but premier, celui de partager l’in-formation tout en respectant l’éthique journalistique. Il reste à établir si la chaîne représente réellement une menace contre la gauche et s’il s’agit de journalisme d’opinion traité comme du journalisme d’information. Il faut tenir compte de la rapidité d’exécution de l’in-formation et du consentement de l’audience qui re-garde ces émissions sensationnalistes. Dénoncer les faiblesses d’Obama ne veut pas nécessairement dire haïr et vouloir détruire l’image de l’homme politique. Les concurrents devraient simplement accepter le constat suivant : une partie de leur pays, l’Amérique puritaine, ne se sent pas interpellée et ne veut pas agir en faveur du « Yes, we can » d’Obama

Fox News : Les limites de la désinformationImplantation journalistique dans la gouvernance américaine

INTERNATIONAL

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Un mouvement féministe ? Bien que l’association des Mères de la place de Mai soit composée uniquement de femmes, son caractère féministe est contestable. Il est vrai que ces femmes ont investi un monde masculin, la po-litique. Or, leur lutte n’est pas orientée dans une logique de genre: les Mères ne militent pas pour l’avancement de la cause des femmes. Si elles se sont opposées à des hommes, c’était pour leur lien avec les enlèvements, et non pour leur genre en soi. En outre, venant toutes de milieux différents, les Folles de Mai ne partagent qu’un point com-mun : la maternité. Lorsqu’elles manifestent pour les disparus, elles le font en tant que mères, et res-pectent en ce sens le rôle traditionnel de la fem-me. Les Folles de Mai sont donc un mouvement totalement féminin, mais pas féministe.

Nathalie Elgrably

«Que ça plaise ou non, le ca-pitalisme est le seul système économique qui permet l’enri-chissement, la liberté d’expres-sion et la créativité.»

Ils ont dit...

Cette semaine dans :

«Facebook terroriste» : La nouvelle arme de l’armée étasunienne

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Également dans la même édition : La fausse mort de Micheal Jackson Les FARC : Modèle de la Gauche Nouvelle Pinocchio : métaphore du capitalisme sauvageDistribué gratuitement au

Café Aquin

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IDÉES

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IDÉES

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Est-il vraiment surprenant que la très grande ma-jorité des rapports entre locaux et touristes soient directement reliés à la logique commerciale? Que ces relations soient souvent basées sur une question presque purement économique?

Il me semble que c’est la suite logique du développement du tourisme internation-al, orienté bien souvent des pays riches vers les pays pauvres. En effet, les classes supérieures des pays riches et une partie aussi des classes moyennes réussissent à accumuler suffisamment de capital et de temps libre pour voyager dans le monde. Bénéficiant de taux de change avanta-geux et du coût de la vie dérisoire des pays du tiers-monde, ils peuvent voyager pour de longues périodes continues.

Relation touristes-locaux

Pour les populations locales du tiers-monde, il est probablement très attrayant au premier abord de voir arriver des tour-istes les poches bien gonflées. Il est donc tout à fait normal et naturel qu’ils essaient d’en tirer profit. En tant que touristes, nous profitons des différ-entes richesses naturelles de l’endroit, des infrastruc-tures, bien que rudimentaires parfois, et des bas prix d’hébergement et de restauration, mais qu’avons-nous à offrir en échange sinon notre argent? Et bien que cela n’en déplaise à nombre de touristes, moi le premier, qui désireraient davantage avoir des relations « vraies » ou « authentiques » avec les populations visi-tées, il est logique que ces rapports s’orientent sur un axe commercial, où les locaux dépendent en fait de la volonté de dépenser du visiteur.

Dynamique de dépendance

Il est vrai par ailleurs que le tourisme introduit de l’argent nouveau dans des endroits qui en ont véritablement besoin et il est facile de constater les dif-férences de développement, dans la qualité des infrastruc-tures par exemple, entre les en-droits pénétrés par le tourisme et les endroits qui ne l’ont pas été. Mais ce rapport commercial entre locaux et touristes induit à plus long terme une dynamique perfide de dépendance. Ainsi, plutôt que de continuer à mettre des efforts dans la construction d’une économie locale et d’une communauté solidaire mini-malement indépendante et au-to-suffisante, bien des locaux se lancent dans la ruée vers l’or du tourisme. La compétition pour s’arracher les touristes est féroce, les kiosques et restaurants en tout genre se multiplient. Bientôt cependant, la seule perspective de développement pour les locaux passe par le tourisme et amène des communautés entières à dépendre du comportement des classes aisées internationales. Il suffit d’une catas-trophe naturelle, d’une situation politique « instable », d’un ralentissement ou de la chute de l’économie mondiale pour que des millions de personnes à travers le globe soient à nouveau plongés dans la pau-vreté extrême, alors qu’ils auraient pu orienter leur développement vers une forme d’économie locale,

l’agriculture par exemple, qui leur aurait donné au moins l’avantage d’être en partie auto-suffisants et

indépendants de conjonctures totalement hors de leur contrôle.

Conséquences à long terme

Par ailleurs, outre cette dynamique de dépendance, le développement du tourisme international a d’autres conséquences défavorables à long terme. Première-ment, la montée en popularité d’un site touristique amène souvent la construction de gros hôtels par des investisseurs étrangers qui donnent d’un côté du travail pour une minorité de locaux, mais qui ré-cupèrent de l’autre côté la majorité des retombées

touristiques et restreignent aussi parfois l’accès pour les locaux au site touristique en question, comme il est possible de l’observer sur des milliers de plages dans le monde. Dans un deuxième temps, alors que peu de retombés touristiques profitent aux popula-tions locales, l’achalandage touristique provoque une hausse du coût de la vie importante pour les locaux à long terme. Ainsi, de nombreuses familles doivent quitter pour la grande ville et espérer y trouver du travail. Cependant, ces familles aboutissent souvent

dans des bidonvilles. Celles restantes s’attaquent aux touristes comme elles le peuvent pour essayer d’en

tirer quelques bénéfices, souvent en compétition l’une contre l’autre, plutôt que de mettre leurs efforts en commun pour construire une économie locale du-rable. Cette attitude, logique du point de vue strictement individuel, amplifie alors leur situation commune de dépendance envers les classes aisées du monde et leur vulnérabilité face à des éléments de con-jonctures totalement hors de contrôle.

Voyager différemment

Le tourisme est-il ainsi une mauvaise chose?

Il me semble que le voyage est plutôt une bonne chose en soi: c’est un moyen de découvrir d’autres réalités, de s’ouvrir l’esprit sur des cultures, des valeurs et des idées nouvelles, de construire des soli-darités avec les peuples du tiers-monde et c’est aussi un cheminement de con-struction et de découverte personnelle.

Seulement, il s’agit de s’efforcer, même lorsque l’on voyage avec un budget restreint, à inve-stir la majorité de nos dépenses dans les poches des locaux. Cela peut se faire en choisissant des auberges appartenant à des locaux, en allant manger dans des restaurants de la rue, ou du moins des restaurants lo-caux, en évitant autant que possible les McDonald’s (même si c’est siiiii bon lorsque vous vous ennuyez sérieusement de la nourriture de maman), en achetant de l’artisanat local, etc. Bref, il ne s’agit pas d’arrêter de voyager, mais bien de repenser sa façon de voyager pour que les contributions du voyage aident réelle-

ment les populations visitées et que le voyage devienne un vé-ritable échange plutôt qu’une relation bénéfique à une seule partie.

Tourisme international, une nouvelle perspective

Espérons seulement qu’un jour, la possibilité de voyager et de découvrir le monde vaste, pluri-el et méconnu ne soit pas ex-clusive aux classes bourgeoises et petite-bourgeoises interna-tionales, mais bien qu’elle soit également partagée entre les populations du monde. Que l’on puisse voir des gens de Tanzanie et d’Ouzbékistan faire la fête à Montréal serait particu-lièrement bien!

Mais soyons honnête, ceci n’ar-rivera jamais sans une redistri-bution importante et massive des richesses à l’échelle plané-taire et une répartition équita-ble du temps de travail. Ce qui,

par ailleurs, ne verra jamais le jour au sein du système de propriété et de production ca-pitaliste international dominé par l’idée du profit in-dividuel, de la compétition et du chacun pour soi et propagé au premier plan par l’impérialisme militaire, économique et culturel étasunien, appuyé par une panoplie d’organisations internationales comme la Banque mondiale, le FMI et l’OMC. Bref, humaniser le tourisme et le rendre accessible pour tous ne peut se concevoir sans une réforme substantielle de l’ordre économique mondial.

Tourisme et développementHERVÉ VIENS

En direct de l’île de Bornéo, MalaisieAprès la disparition proclamée de l’État-nation clas-sique, concept dépassé pour certains, on continue aux quatre coins du monde à se réclamer d’une na-tion quelconque: Québec, Catalogne, Écosse, Wal-lonie, Pays basque. Pourtant, ces nations oubliées, laissées pour compte, ces orphelines dépourvues d’État sont encore assez nombreuses pour porter un nom; les nations sans État, simplement. Mais dans un contexte de mondialisation, où le « pays » est soi-disant dépassé, quel est l’avenir réservé à ces nations?

Les nations ne sont plus à la mode : au mieux, le na-tionalisme est ringard. Au pire, c’est dangereux, ça fa-vorise les chicanes, les conflits, la guerre. Au Québec, les fédéralistes répliquent aux souverainistes que faire l’indépendance aujourd’hui, c’est aller à contre-cou-rant. « Regardez l’Europe, les pays se rassemblent; il faut s’unir, et non pas se séparer! » Après tout, un pays, à quoi ça sert au juste?

Maintenant, clarifions ce qu’est une nation sans État. En faisant une synthèse des écrits des auteurs s’étant intéressés à la question, je décrirais le concept comme un ensemble de personnes qui partagent une culture commune et une volonté d’avoir un avenir commun, mais qui ne reconnaissent pas comme légitime l’État dans lequel elles vivent. S’ensuit généralement une demande, appuyée sur le droit à l’autodétermination, d’autonomie plus ou moins importante ou alors une requête d’indépendance. En pratique, les membres des nations sans État sont souvent concentrés dans une région, une province; bref un territoire défini ju-ridiquement. Parfois, la nation dispose d’un État, sans que celui-ci ne soit complètement souverain; c’est le cas du Québec et de la Catalogne.

La Catalogne et son combat pour l’autonomie

L’Espagne est formée par 17 communautés autono-mes, dont l’une de celles-ci, la Catalogne est consi-dérée comme une nation sans État. D’abord, les sept millions de Catalans qui habitent la région partagent une certaine culture commune, qui date de plusieurs

siècles et qui comprend une langue commune: le ca-talan. Cependant, la communauté autonome porte plutôt mal son nom. En fait, la Catalogne dispose de beaucoup moins d’autonomie que le Québec. Depuis la fin du régime de Franco et l’instauration de la nou-velle constitution espagnole de 1978, les Catalans ont toujours demandé plus d’autonomie envers l’État central. Pendant 23 ans, les Catalans ont porté au pouvoir les nationalistes de Convergència i Unió, avec à sa tête le charismatique Jordi Pujol. Depuis 2003, loin de renier leurs ambitions autonomistes, les Cata-lans ont choisi d’élire un gouvernement de coalition formé de trois partis de gauche nationalistes dont un est indépendantiste. Des séparatistes? Eh oui, l’Es-querra Republicana de Catalunya forme aujourd’hui la troisième formation politique en importance au Par-lement catalan. Mais alors, les Catalans ont-ils perdu la tête? Ne savent-ils pas que l’exemple européen nous démontre la nécessité « d’unir » les nations?

«La Catalogne veut avoir son mot à dire dans la construction de l’Europe. »

L’ex-président Pujol croyait que la reconnaissance des Catalans comme formant une nation incluait le droit de pouvoir jouir de droits particuliers, dont ce-lui d’avoir une représentation propre sur la scène in-ternationale. Une voix propre à l’international? N’est-ce pas justement ce que les Québécois, et même récemment leur premier ministre fédéraliste Jean Charest, réclament depuis la Révolution Tranquille? En fait, les nations sans États comme le Québec et la Catalogne ressentent souvent le besoin de se proje-ter sur la scène internationale pour faire état de leurs différences de point de vue face à l’État illégitime qui les représentent. Le Québec ne fait pas exception. En vue de la Conférence de Copenhague sur les chan-gements climatiques, le gouvernement québécois aurait préféré pouvoir prendre la parole à la Confé-rence pour signifier sa dissidence par rapport à la position canadienne au lieu d’encaisser le refus ca-

La cinématographie moderne est marquée depuis quelques années d’un phénomène révélateur, mais dont la portée passe inaperçue aux yeux de la majorité : les «su-per-héros». En effet, de Superman à Batman, l’imagination dans le monde du cinéma ne cesse de donner naissance à de nouveaux justiciers des temps modernes. En plus du fait que ces réalisations connaissent toujours de grands succès auprès du public, elles re-flètent dans un silence bruyant le désir inconscient des collectivi-tés. L’imaginaire collectif serait-il à la fois séduit et avide face à ces personnages pour combler un

vide social dans lequel on vit?

Si tel est le cas, le vide serait probablement un vide de justice au sens propre du terme donc un vide de bonheur social. Serait-ce le rejet des forces de l’ordre, plus précisément de l’autorité policière qui est exprimé lorsque Spiderman défie la police et va sauver une demoiselle en péril devenant ainsi l’ennemi Numéro.1 de la police de New York ?

Il s’agirait certainement d’une remise en question de la légitimité et de l’efficacité de la police, puisqu’elle est représentée comme étant complètement inutile et incapable de

tégorique du gouvernement fédéral. Contrairement à la croyance populaire, il semble que la mondialisa-tion rend inévitable la décentralisation des pouvoirs en matière internationale au niveau étatique. En fait, la mondialisation favorise la projection des nationalis-mes à l’international et par conséquent, encourage le processus de construction nationale.

Deux nations, deux destins distincts

Il n’y a certainement pas un avenir unique pour les nations sans État, ce qui ne signifie pas pour autant qu’il y a absence d’avenir. En fait, la question posée devrait être: quels avenirs pour les nations sans État? À l’évidence, les nationalismes ne sont pas des phéno-mènes en perdition. Bien que l’objectif final découlant du droit à l’autodétermination diffère selon les nations sans État, il reste que l’aboutissement des combats nationaux québécois et catalan demeure incertain. Bien sûr, la Catalogne veut avoir son mot à dire dans la construction de l’Europe et n’acceptera plus d’être sans voix pendant les négociations des prochains ac-cords. À cet égard, il semble qu’un certain consensus autonomiste se dessine auprès de la population cata-lane. De son côté, le Québec, face à la mondialisation, devra prendre position de plus en plus régulièrement en participant activement aux forums internationaux relatifs à l’éducation, à l’environnement, à la culture, etc. Il est clair que le Québec devra toujours faire en quelque sorte la preuve de la légitimité de sa présence lors de grands évènements internationaux. Les ten-sions entre Québec et Ottawa devraient s’intensifier à mesure que les intérêts et ambitions contraires se dessineront: pensons notamment aux dossiers de la lutte aux changements climatiques, la protection de la langue française, la préservation et la diffusion de la culture, etc. Il n’en demeure pas moins que, quoiqu’en disent ou pensent les fédéralistes québécois, Jean Charest n’aurait pas de permission à demander à qui-conque pour prendre la parole à Copenhague si le Québec était un État indépendant.

sauver la population d’un mal éminent. En rejetant les forces de l’ordre et leur légitimité, qui ne représentent d’ailleurs que «le monopole de la vio-lence légitime» tel que cité par le grand Weber, c’est l’État qui est remis en cause.

Parmi les nombreuses responsabilités d’un État, l’obligation de protéger ses citoyens est au centre. La nécessité de l’existence de Superman dans l’imaginaire collectif implique que l’État manque, en partie ou en totalité, à cette obligation. La création d’un héros justicier est une façon de combler ce manquement à la justice et une révélation du rejet implicite de l’autorité suprême décrite comme inutile : l’État.

Malgré le fait que ces personnages soient fictifs, l’imagination ex-tériorise souvent certains aspects d’un sous-moi commun à une société consciente de l’injustice qui la malmènerait, avide de liberté, mais surtout créatrice de sa propre «justice».

Fait encore plus révélateur : la police est illustrée comme étant le principal obstacle à la réalisation de la justice dans ces films. Serait-ce la conception que les citoyens s’en font en réalité?

Le rejet de l’autorité étatique, l’affirmation de la capacité d’auto-défense sociale à travers l’existence de quelques Supermans et l’illustration du bon-heur social apporté par ces derniers…On y voit là des cris pour une société libérée de l’autorité contraignante de l’État ; serait-ce la belle anarchie?

Superman, l’anarchisteLEATIZIA IMÀN MOUSSAID

Quel avenir pour les nations sans État?ALEXANDRE MALTAIS

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Ceux qui s’intéressent à la politique internationale, aux droits de l’homme ou encore à la présence des organisa-tions internationales dans les conflits au Moyen-Orient se doivent d’écouter le film iranien Kandahar, du réalisateur Mohsen Makhmalbaf.

Il s’agit de l’histoire d’une jeune femme qui doit se rendre le plus rapidement possible à Kandahar, ancien bastion des talibans, pour tenter d’empêcher sa sœur de se suicider, elle qui lui a annoncé dans une lettre qu’elle voulait mettre fin à ses jours. Puisqu’elle est journaliste, elle doit traverser clandestinement à pied la frontière entre l’Afghanistan et l’Iran. Nous suivons donc son périlleux voyage, découvrant en même temps quelle est la condition de ces gens pau-vres, désespérés et seuls qui veulent entrer dans leur pays mais restent coincés à la frontière. Les trop grands dangers qu’ils risquent les gardent dans un état d’alerte, forçant la plupart à rebrousser chemin. Kandahar démontre par le fait même la faible présence onusienne porteuse d’espoir, ainsi que le rôle de la Croix-Rouge et l’aide qu’elle tente tant bien que mal d’apporter.

Sur une musique envoûtante qui nous emporte rapide-ment vers cette région du Moyen-Orient, on ne voit pas le temps passer en suivant le périple de cette femme vers la frontière. Ce qui marque le plus dans ce film aux images impressionnantes, mais surtout bouleversantes, c’est ce vertige que l’on ne peut s’empêcher de ressentir en réal-isant le contraste des conditions de vie des populations vivant sur la même planète. On a beau l’étudier, le com-prendre, l’analyser, le voir procure toujours cette même onde de choc, cette sensation d’irréalisme, qui est pour-tant tout ce qu’il y a de plus réel. Kandahar, réalisé en 2001, reçut neuf récompenses sur la scène internationale, dont le prix Œcuménique de Cannes et la médaille Frederico Fellini de l’UNESCO. Il est définitivement une œuvre ciné-matographique qui mérite d’être vue et appréciée.

Bouleversant voyage

Ce long-métrage irano-irakien a été réalisé par Bahman Ghobadi, en 2003. L’histoire se situe à la veille de l’invasion américaine en Irak, dans un vil-lage du Kurdistan irakien, à la frontière de l’Iran et de la Turquie. Les habitants du village cherchent désespérément à savoir ce qui se passe dans l’ac-tualité internationale pour pouvoir prévoir se pro-téger lorsque la guerre éclatera, en cherchant une antenne parabolique pour capter les nouvelles par satellite. Un jeune garçon prendra les devant et de-viendra en quelque sorte le leader du village.

La réussite de ce long-métrage fut une agréable surprise. Le premier de Ghobadi avait été inté-ressant, mais comportait quelques longueurs. À l’inverse, Les tortues volent aussi nous transporte rapidement dans cette région dévastée du monde et nous fait réaliser en quoi cela doit être pénible de vivre dans une contrée déjà pauvre et dévastée, en ne sachant jamais quand une guerre sera dé-clarée. C’est ce sentiment d’impuissance ressenti quotidiennement quant aux destins de ces villa-geois qui nous est présenté de manière percutan-te. Ce film ne pourra faire autre chose que de venir vous sensibiliser aux conséquences des politiques étrangères des grandes puissances – dans ce cas de celle des États-Unis.

Les tortues volent aussi

IDÉES

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Les critiques de Valérie Trudel

Le philosophe allemand Johann Caspar Schmidt (1806-1856), mieux connu sous le pseudonyme de Max Stirner, nous offre une critique dissidente du libéralisme avec son œuvre majeure, L’Unique et sa Propriété. L’axiome de l’œuvre est simple : chacun étant unique, aucune loi ne peut nous posséder.

Considéré par plusieurs comme père spirituel du nihilisme et de l’existentialisme, Stirner critique sa société libérale (une Allemagne fort peu démocra-tique), comme une idée à abattre. Il est toutefois des critiques qui portent plus loin que leur contexte historique, et par-delà le libéralisme de la révolution industrielle allemande, c’est à tout l’édifice social de la révolution française et bourgeoise que Stirner s’attaque. Certains de ses arguments sollicitent une réflexion à propos de notre démocratie.

« La pensée de Stirner fustige toute forme de contrat social. »

Pour le libéral, le contrat social est fondé sur l’idée de l’homme universel, du citoyen engagé. Seule la société de droits reconnaît le citoyen. Ainsi, l’espace public s’articule autour de la reconnaissance mutu-elle des droits et devoirs. Seul l’idéal humain peut mesurer la valeur d’un individu: « Si quelqu’un voit en nous autre chose que des hommes, nous ne le regardons pas non plus comme tel, mais comme un monstre et le traitons pareillement ». Tant que la communauté s’agrège à travers un idéal citoyen, « l’homme véritable, c’est la Nation – et l’individu toujours un égoïste ». Bref, les humains se forment citoyens à travers le cadre social libéral. S’ils se mesurent à une autre auge, ils se donneront une valeur autre que celle de l’humanisme; l’aristocratie et l’esclavage se mesuraient au sang.

Pour Stirner, l’État est propriétaire des citoyens qui le constituent, car l’État ne considère pas ces der-niers comme supérieurs à sa raison mais comme sujets de sa législation. Le contrat social protège ainsi la loi, l’ordre. La liberté politique, si chère aux libéraux, est une farce dans la pensée du nihiliste; pour l’État, seul est libre le citoyen qui se soumet au régime de la loi et entreprend, à l’instar de Kant, de la réformer tout en y obéissant. L’implication dans le système politique permet à l’humain de se réformer en citoyen libre, c’est-à-dire titulaire de droits et de-voirs sociaux. Seul l’homme militant et méritant est libre. Bref, « être libre, c’est servir » l’ordre social. « La Révolution [bourgeoise] ne fut pas dirigée contre l’État des choses, mais contre cet état des choses […] elle renversa ce tyran, et non pas le tyran » – le tyran étant fondamentalement le contrat social.

« L’État repose sur l’es-clavage du travail. Si le travail devient libre, l’État est perdu. »

La raison du système bourgeois, à l’époque et selon Stirner, veut un monde en progrès, toujours plus ra-tionnel et efficace. Sauf que la raison n’admet pas la dissidence lorsqu’elle est en quête d’efficacité: « là où règne la raison, la personne est perdue ». Et les libéraux sont les zélateurs de la raison. Pour le phi-losophe, l’ordre social imposé par l’industrialisation et sa morale du bon citoyen dépouillent l’individu de ses particularités en lui ravissant son libre arbi-tre. Bien que libre en tant que membre du contrat

Le libéralisme, dictature socialePHILIPPE SAINT-HILAIRE GRAVEL

social, l’individu n’a pas l’arbitraire de ses ex-pressions, car « il ne s’agit que de liberté par rapport aux inter-médiaires ». Le seul choix laissé est celui de faire un choix. L’apolitique est emprisonné par la poli-tique. Le libéralisme est, pour Stirner, un obstacle à l’égoïsme et l’individualisme. Cette critique pourrait très bien s’appliquer à la pensée techniciste de la démocratie.

Selon Stirner, l’une des plus grandes hypocrisies du libéralisme réside dans le concept de libre concur-rence. En ob-servateur lucide des inégalités de son époque, il conclut que seule la liberté de posséder son prochain émerge de la concurrence, que la loi protège le capitalisme, non pas l’individu qui produit la richesse. La valeur du tra-vail ne se cal-cule pas en mérite, mesure uni-verselle de la réussite, mais en exploitation. Le mérite n’est pas un ordre social libre, il est la propriété légale du travail organ-isé. C’est-à dire que le travail dénature l’humain en le transformant en produit social, en instrument de pro-duction de son État. « L’État repose sur l’esclavage du travail. Si le travail devient libre, l’État est perdu. »

Stirner s’attaque à la définition citoyenne de l’humain par les philosophes libéraux comme Locke. La création de l’ordre social par les individus emmène ceux-ci à se nier et se sacrifier pour un idéal qui au fond, n’est rien. C’est là l’essence du nihilisme social qui, non content de s’en prendre au dogme, s’en prend à la raison com-me génératrice des dogmes. L’accomplissement de l’humain se trouve, selon lui, au-delà de la raison so-ciale. « Je cesse par là-même de n’être qu’un homme libre pour devenir un moi propre. » La pensée de Stir-ner fustige toute forme de contrat social.

Au final, la lecture de L’Unique et sa Propriété laisse un sentiment mitigé car, bien sûr, il ne s’agit pas d’un livre à réponses. Les critiques sont acerbes et pertinentes, le ton parfois pompeux, mais il s’agit d’un ouvrage du dix-neuvième siècle allemand; il respire l’air de son temps. L’ouvrage agace parfois par la répétition, les axiomes étant souvent répétés, voir même martelés. À lire de façon critique et à nuancer si vous vous intéres-sez à ce type de littérature.

Ce matin encore il fait nuit

Je me suis encore, de mes rêves, mal nourri

Et je me lève d’une tranquillité traîtresse pour pleurer un jeune révolté que l’on vient de tuer,

Lieu de l’impardonnable : appartement du courage, Rue de la Colère, voilà c’est fait...

L’appel sanglant du Pouvoir

Rassemblant ses légions sataniques sous sa force noire

Sombre, fratricide et implacable.

Je regrette l’âme de cet ingénu et l’esprit de cette cy-ber-fable

Le dilemme du révolté épouse l’hésitation du Con-testataire

Stupide dissident qu’il fait,

de son sang le Mal nourrira la Terre,

et fera pleurer le ciel de ses méfaits.

La Fatalité guette, au loin,

La révolte est le cri de l’amour vrai, c’est du moins

ce qu’il me fut donné d’entendre quand sonna le glas de l’inertie originelle.

Superbe compagnon de notre révolte, je pleure ton antique joie sur la tombe enfantine de ton sourire ver-meil.

Que de rage dans ton âme,

N’oublie pas de hurler à la lune la gloire de ta plume et de ta flamme,

qui autrefois sublimait ta candeur et intimidait leurs lames,

reflet du visage de l’ennemi hideux et infâme.

Mère Révolte réclame ses enfants,

les nomme un à un, crient en chœur un chant,

Clamant à l’Éternel l’ultime pardon avant la guerre fi-nale

Allant au devant d’une mort certaine pour haïr l’Ani-mal.

Chalmers Larose,Professeur à l’UQAM

Michael Moore

«L’ONU est un escargot bien intentionné.»

Ils ont dit...

«The press likes to talk about me, not the movie.» [Capitalism: A Love Story]

RévolteAhmed Benchekroun

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Ce film du réalisateur Jim Brown documente une vie des plus méconnues de l’histoire de la musique américaine: celle de Pete Seeger. Architecte du folk revival, mouvement emblématique du renouveau culturel américain des années 60 (1963-1969), ses initiatives permirent l’émergence d’artistes comme Joan Baez ou Bob Dylan. Ses chansons furent des emblèmes du mouvement contre la guerre du Viet-nam, et Seeger continue encore et toujours à chant-er et à militer.

Longtemps censuré pour ses convictions, Pete Seeger fut banni des ondes commerciales pour 17 ans, dans les années cinquante et soixante. Membre d’organisations communistes dans les années 40 et 50, il connut la RedScare; se retrouva sur la black-list de McCarthy, subit la persécution et les procès politiques. Cet artiste fut de toutes les contestations sociales de son époque. Il chanta dans les mouve-ments étudiants des années 30 et pour les syndicats dans les années 50. Il s’impliqua dans le mouvement

des civils rights dans les années 60 qui lui doit, notam-ment, sa chanson emblématique, We shall overcome. Sa vie n’est pas seulement le témoignage d’un musicien, mais celui d’un artiste profondément engagé dans les mouvances sociales de son époque, qu’il influença con-sidérablement.

«Seeger continue encore et toujours à chanter et à militer. »

Musicalement, ce documentaire nous fait découvrir la progression de la musique folk aux États-Unis; politique-ment c’est un voyage à travers une gauche américaine trop souvent ignorée. Pete Seeger voyait la musique comme un vecteur du changement social, un moyen de rassembler une communauté autour d’idées socialement utiles. À voir, ne serait-ce que pour les leçons d’histoire et d’implication sociale.

IDÉES

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Pete Seeger, The Power of SongPHILIPPE SAINT-HILAIRE GRAVEL

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Jeff Fillion, avant les élections municipales: «Je le sais, que M. Labeaume va gagner. J’ai été l’un de ses plus fidèles partisans. Je veux juste mettre mon grain de sel. [...] C’est quelqu’un que j’aime beaucoup et je crois qu’il va faire un bon maire, je le vois même sur la scène politique comme premier ministre du Québec.»

Jeff Fillion, après:«On est peut-être dû pour une dictature douce. En tout cas, ça va y ressembler pas mal. Et ça, ce n’est pas sain.»

Jeff Fillion s’était présenté au poste de maire de Québec et a recueilli 16 393 voix le 1er novembre, soit 8,5% des voix.

Pendant ce temps, dans le plus grand village de la province...