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162 – les caractéristiques du poème à travers le cycle des saisons ; – les jeux de langage en poésie : les « ani- mots » ; – l’univers d’un poète : la ville et l’amour selon Prévert. 1. Les caractéristiques d’un poème Ce premier groupement a pour thème fédéra- teur la nature, envisagée dans sa diversité à tra- vers le cycle des saisons. La contemplation de la nature et la sensibilité à sa variation au fil du temps constituent un thème poétique central auquel les poètes, d’époques ou de cultures dif- férentes, ont été sensibles. La variété des tableaux de la nature qu’ils of- frent dans leur œuvre est également mise en évidence par l’observation des formes poéti- ques et du jeu des images, ainsi que par la « mise en scène » des saisons : tableau, récit, scène dialoguée, méditation. C’est cette variété des formes, à travers des thèmes récurrents, que nous souhaitons faire découvrir aux élèves. 2. Jeux de langage en poésie : les « ani-mots » Ce groupement est centré sur l’évocation et la célébration du monde vivant. La poésie est un genre protéiforme qui se prête à la description des créatures les plus diverses, pour faire rêver ou sourire les lecteurs. De nouveau, l’unité thé- matique de la description des animaux se réali- se dans une grande variété de textes poétiques, comme si, pour représenter la diversité et la spécificité des êtres vivants, les poètes devaient employer toute la variété des ressources poéti- ques. Mais ils se saisissent également de la dimen- sion évocatoire de la poésie, de son pouvoir de nomination (poème de Nerval), de figuration CHAPITRE 8 Voir le monde en poésie Objectifs et démarche du chapitre Ce chapitre – le premier des deux consacrés à la poésie – permet de saisir la spécificité de ce genre, avant d’étudier la forme particulière des fables (chapitre 9). Nous avons fait le choix de nous adresser à la sensibilité des élèves pour leur permettre de mieux percevoir le monde qui les entoure. Aussi avons-nous évité de réduire ce genre à une som- me de techniques et de règles à maîtriser, même si, par la suite, l’écriture poétique doit être com- prise comme une écriture à contraintes. Nous avons, d’autre part, choisi de présenter une large variété d’œuvres pour permettre aux élèves de saisir la richesse du genre et la diver- sité de ses formes. Nous proposons également des poèmes de diverses périodes, d’un rondeau du XV e siècle aux textes les plus contemporains. Nous avons enfin cherché à ne pas limiter le genre poétique au seul jeu sur les mots, à sa dimension ludique : d’emblée, nous proposons un corpus qui aborde les dimensions essentiel- les de la poésie : sa musicalité, ses images, sa capacité à exprimer les sensations et les émo- tions, à s’interroger sur le monde. La cohérence du chapitre se réalise autour du thème de la célébration du monde, développée en trois mouvements : la célébration de la natu- re, du cycle du temps et des saisons, la décou- verte du monde vivant, des animaux, source d’émerveillement et de drôlerie, et enfin la beau- té plus contemporaine du monde urbain. La poésie permet, en effet, de percevoir le monde de manière intuitive, elle en livre des images es- sentielles, sans cesse renouvelées par la vision propre à chaque poète. C’est pourquoi, tout au long du chapitre, images et musicalité du texte poétique seront étudiées pour chaque texte. Dans les trois groupements de textes de ce chapitre, nous avons donc mis l’accent sur l’ar- ticulation entre le thème de la célébration du monde et la diversité de la langue poétique. Ainsi proposons-nous d’étudier :

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– les caractéristiques du poème à travers le cycle des saisons ;– les jeux de langage en poésie : les « ani-mots » ;– l’univers d’un poète : la ville et l’amour selon Prévert.

1. Les caractéristiques d’un poème

● Ce premier groupement a pour thème fédéra-teur la nature, envisagée dans sa diversité à tra-vers le cycle des saisons. La contemplation de la nature et la sensibilité à sa variation au fi l du temps constituent un thème poétique central auquel les poètes, d’époques ou de cultures dif-férentes, ont été sensibles.

● La variété des tableaux de la nature qu’ils of-frent dans leur œuvre est également mise en évidence par l’observation des formes poéti-ques et du jeu des images, ainsi que par la « mise en scène » des saisons : tableau, récit, scène dialoguée, méditation. C’est cette variété des formes, à travers des thèmes récurrents, que nous souhaitons faire découvrir aux élèves.

2. Jeux de langage en poésie : les « ani-mots »

● Ce groupement est centré sur l’évocation et la célébration du monde vivant. La poésie est un genre protéiforme qui se prête à la description des créatures les plus diverses, pour faire rêver ou sourire les lecteurs. De nouveau, l’unité thé-matique de la description des animaux se réali-se dans une grande variété de textes poétiques, comme si, pour représenter la diversité et la spécifi cité des êtres vivants, les poètes devaient employer toute la variété des ressources poéti-ques.

● Mais ils se saisissent également de la dimen-sion évocatoire de la poésie, de son pouvoir de nomination (poème de Nerval), de fi guration

CHAPITRE 8Voir le monde en poésie

Objectifs et démarche du chapitre

● Ce chapitre – le premier des deux consacrés à la poésie – permet de saisir la spécifi cité de ce genre, avant d’étudier la forme particulière des fables (➜ chapitre 9).Nous avons fait le choix de nous adresser à la sensibilité des élèves pour leur permettre de mieux percevoir le monde qui les entoure. Aussi avons-nous évité de réduire ce genre à une som-me de techniques et de règles à maîtriser, même si, par la suite, l’écriture poétique doit être com-prise comme une écriture à contraintes.Nous avons, d’autre part, choisi de présenter une large variété d’œuvres pour permettre aux élèves de saisir la richesse du genre et la diver-sité de ses formes. Nous proposons également des poèmes de diverses périodes, d’un rondeau du XVe siècle aux textes les plus contemporains. Nous avons enfi n cherché à ne pas limiter le genre poétique au seul jeu sur les mots, à sa dimension ludique : d’emblée, nous proposons un corpus qui aborde les dimensions essentiel-les de la poésie : sa musicalité, ses images, sa capacité à exprimer les sensations et les émo-tions, à s’interroger sur le monde.

● La cohérence du chapitre se réalise autour du thème de la célébration du monde, développée en trois mouvements : la célébration de la natu-re, du cycle du temps et des saisons, la décou-verte du monde vivant, des animaux, source d’émerveillement et de drôlerie, et enfi n la beau-té plus contemporaine du monde urbain. La poésie permet, en effet, de percevoir le monde de manière intuitive, elle en livre des images es-sentielles, sans cesse renouvelées par la vision propre à chaque poète. C’est pourquoi, tout au long du chapitre, images et musicalité du texte poétique seront étudiées pour chaque texte.

● Dans les trois groupements de textes de ce chapitre, nous avons donc mis l’accent sur l’ar-ticulation entre le thème de la célébration du monde et la diversité de la langue poétique. Ainsi proposons-nous d’étudier :

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– grâce aux nombreuses métaphores notam-ment. Enfi n, ils jouent de la dimension ludique du mot, de sa polysémie – tel le poème de Claude Roy –, de ses sonorités suggestives – comme le poème de Jacques Roubaud – ou de sa forme même – à la manière du calligramme de Vette de Fonclare.

3. L’univers d’un poète : la ville et l’amour selon Prévert

● Ce groupement vise à suggérer l’univers d’un poète, Jacques Prévert, à travers quelques poè-

mes d’un recueil en particulier : Paroles, dans lequel, les poèmes se lisent comme des instan-tanés du quotidien et célèbrent aussi le monde à leur manière, ici le monde moderne de la ville. Ils ne s’inscrivent plus dans le cycle des saisons mais fi xent des moments fugaces que le regard du poète sait surprendre.

● L’intérêt du groupement réside alors dans les liens qui unissent les poèmes, ce qui permet d’aborder la notion d’univers et de langage poé-tique d’un artiste, ainsi que le principe du re-cueil dont on voit alors l’unité.

Organisation du chapitre et choix des axes de lecture

1 • Les caractéristiques d’un poème

Ce groupement vise à montrer comment la célé-bration de la nature et des saisons permet une variété de visions et de formes.

Charles d’Orléans, « Le printemps » (➜ p. 196)

Pistes didactiques

Le texte s’appuie sur une personnifi cation. Il est à la fois musical et suggestif dans ses évoca-tions. Un premier axe s’attache à montrer com-ment le printemps est présenté en un véritable tableau, fondé sur les réseaux lexicaux et la mé-taphore vestimentaire. Un second axe aborde la musicalité du poème : bruit de l’eau, chants d’oiseaux, caractère cyclique des saisons ren-dus par les refrains, les rimes et les harmonies imitatives.

Proposition d’hypothèse de lecture

La personnifi cation du printemps à travers les images et la musicalité des vers.

Sandro Botticelli, Le Printemps (➜ p. 197)

Pistes didactiques

L’analyse succincte du tableau portera sur la cé-lébration de la beauté du printemps, et sur cer-tains éléments symboliques qui le représentent. On observera tout d’abord la représentation des personnages : leurs liens mythologiques avec le thème du printemps, leurs attitudes et leurs cos-tumes, les jeux d’oppositions et les transparen-ces. Puis seront étudiés les différents éléments de la nature présents dans le tableau.

Proposition d’hypothèse de lecture

La célébration du printemps dans sa représenta-tion naturelle et mythologique.

Jacques Charpentreau, « L’air en conserve » (➜ p. 198)

Pistes didactiques

Le poème se présente comme un dialogue avec le lecteur : l’étude de l’énonciation, les impéra-tifs le font tout d’abord envisager comme lieu d’échange autour d’une sensation que le poète veut faire partager. Un deuxième axe étudie la manière dont les images restituent l’été, et comment un élément concret – une boîte – peut être à l’origine d’une évocation poétique.

Proposition d’hypothèse de lecture

Comment l’écriture crée-t-elle la complicité autour d’un souvenir à partager ?

Paul Verlaine, « Chanson d’automne » (➜ p. 199)

Pistes didactiques

L’étude est abordée à partir du titre qui permet d’engager une hypothèse de lecture sur la tona-lité spécifi que du poème. Il est alors facile d’aider les élèves à saisir la relation entre les sentiments du poète et l’évocation de la nature, d’introduire la notion paysage/état d’âme de manière simple. Ces deux aspects sont renforcés par l’écriture musicale du poème : le balancement, les vers impairs, soulignent l’aspect mélancolique de la saison. De même, les assonances nasalisées, les allitérations, traduisent la tristesse du poète.

Proposition d’hypothèse de lecture

La musique des vers pour traduire une saison, miroir du poète.

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Gérard de Nerval, « Les papillons » (➜ p. 203)

Pistes didactiques

Le texte présente le papillon dans sa beauté et sa diversité. Le premier axe se propose de le découvrir par les réseaux d’images qui permet-tent de le caractériser. Avec une légèreté d’écri-ture en harmonie avec son sujet, le poète propose ensuite une description précise, utili-sant les noms spécifi ques des différents pa-pillons. Le second axe analyse l’art poétique de la nomination, son pouvoir d’évocation.

Proposition d’hypothèse de lecture

Le pouvoir poétique des noms pour évoquer la beauté de la nature.

Maurice Carême, « Le chat et le soleil » (➜ p. 204)

Pistes didactiques

Ce court poème permet d’étudier la construc-tion de la métaphore. On aborde le portrait du chat, réduit à l’élément le plus fascinant : ses yeux. L’image qui en est donnée est d’abord fon-dée sur un parallélisme dans la première stro-phe, puis sur une métaphore dans la seconde.

Proposition d’hypothèse de lecture

Comment structure et images rendent-elles compte de la beauté d’un animal ?

Claude Roy, « L’oiseau voyou » (➜ p. 205)

Pistes didactiques

On s’attache à montrer comment le texte consti-tue à lui seul un récit complet, une scène en mouvement, qui comporte action et retourne-ment de situation. La malice dont font preuve les deux animaux face à face est rendue par les nombreux jeux de mots, les rythmes et les répé-titions.

Proposition d’hypothèse de lecture

Les jeux de mots révélateurs d’un jeu de scène entre deux animaux.

Jacques Roubaud, « Ce que dit le cochon » (➜ p. 206)

Pistes didactiques

Ce poème est avant tout l’occasion de donner aux élèves le plaisir de jouer avec les mots, d’en sentir l’épaisseur, d’en faire rouler les sons avec autant de gourmandise que le cochon qui se « les fourre sous le groin ». On aborde donc le texte comme « paroles du cochon », ainsi que l’y

Victor Hugo, « En hiver la terre pleure » (➜ p. 200)

Pistes didactiquesOn présente ce poème comme une mise en scène : celle du dialogue entre une amoureuse – la terre – et son amant inconstant – le soleil. Aussi un premier axe propose-t-il de montrer la vivacité du dialogue et, par voie de conséquen-ce, la structure du texte, la souplesse rythmique des vers, le double réseau lexical de l’amour et de l’abandon. Le deuxième axe se consacre à la réalité de l’hiver, traduite par des images et des harmonies imitatives qui renforcent la morosité de la saison.

Proposition d’hypothèse de lectureUne mise en scène de la nature pour traduire une saison.

Les haïkus (➜ p. 201)

Pistes didactiques Les haïkus saisissent chaque saison à travers une impression instantanée, d’un seul trait. L’élément de la nature, sujet du haïku, n’est lui-même décrit qu’à travers un détail, saisi sur le vif. Pour rendre cet effet frappant, les haïkus tra-duisent l’instant par une image précise, parfois ponctuée d’adverbes de temps.

Proposition d’hypothèse de lectureLe haïku comme art de fi xer l’instant.

2 • Jeux de langage en poésie : les « ani-mots »

Ce groupement cherche à montrer comment le monde vivant peut être représenté en poésie. Cette poésie des « ani-mots » est également une source de jeux sur les mots, leurs sonorités et leur « forme ».

Alphonse de Lamartine, « Le papillon » (➜ p. 202)

Pistes didactiquesCe court poème de Lamartine décrit le papillon comme un être éphémère, en perpétuel mouve-ment. Dans sa fugacité, il devient alors méta-phore du désir humain. Le rythme des vers, balancé et léger, s’accorde parfaitement avec l’idée contenue dans la métaphore.

Proposition d’hypothèse de lectureUne métaphore vivante pour évoquer le destin des hommes.

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invite le titre. On étudie les mots dans leur di-mension sonore, mimétique du grognement du cochon, et aussi dans leur lien sémantique avec son univers de porc. Enfi n, on peut aborder le texte dans son rapport à la norme, lexicale, syn-taxique et orthographique pour montrer combien la familiarité, la grossièreté et les erreurs contri-buent à construire fi nalement le portrait du porc.Il est alors intéressant de conduire les élèves à une réfl exion qui dépasse le sujet même du poè-me : tout mot peut entrer dans la composition d’un poème, et tout poète se nourrit de ces mots.

Proposition d’hypothèse de lecture

Comment faire de la poésie avec des mots non poétiques ?

Vette de Fonclare, « L’autruche » (➜ p. 207)

Pistes didactiques

Le premier axe d’étude met l’accent sur l’aspect du calligramme : on observe la représentation d’un animal apparemment peu esthétique, l’autruche. On repère la forme générale du poè-me, ses différents éléments, correspondant aux parties du corps de l’oiseau, puis on met en relation le dessin et sa mise en mots. Le deuxième axe est celui de la dimension humoristique de ce texte : l’aspect caricatural de l’oiseau, et la chute, à la toute fi n du poème.

Proposition d’hypothèse de lecture

Un poème humoristique, à voir et à entendre.

3 • L’univers d’un poète : la ville et l’amour selon Prévert

Le groupement vise à saisir les principales caractéristiques de l’univers d’un poète :– ses thèmes essentiels : ici, l’amour et la ville ;– son projet poétique : rendre poétique le monde de tous les jours ; – faire accéder, pour cela, la langue populaire au statut de langue poétique.

« Déjeuner du matin » (➜ p. 208)

Pistes didactiques

On étudie tout d’abord la dimension narrative de cette scène du quotidien devenue objet poéti-

que, ainsi que la simplicité de la langue, fondée sur la répétition des mots, des rythmes, et sur la versifi cation, qui accentue cette simplicité.On dégage ensuite la dimension tragique de cette rencontre avortée, mise en évidence par l’aspect mécanique des gestes et des vers et par la chute du poème.

Proposition d’hypothèse de lecture

Automatismes et absence de communication ex-primés par la mécanique des vers.

« Le jardin » (➜ p. 209)

Pistes didactiques

On aborde, dans ce court poème, la mise en scène du baiser, proche, dans sa construction, de la technique cinématographique du zoom. On aborde, dans un deuxième temps, l’opposi-tion entre l’instant du baiser, enchâssé au mi-lieu du poème, entre l’infi ni du temps et de l’espace, et mise en valeur par le parallélisme et l’oxymore.

Proposition d’hypothèse de lecture

La valorisation de l’instant amoureux entre deux infi nis.

« Pour toi mon amour » (➜ p. 210)

Pistes didactiques

Le premier axe de l’étude fait percevoir le par-cours du poète dans les lieux de la ville, souligné par la forme répétitive de la chanson. On l’asso-cie ensuite au récit d’une quête amoureuse.Le deuxième axe aborde la dimension symboli-que des objets offerts. La rupture du rythme répétitif dans les derniers vers – absence de strophe à l’identique – traduit le refus de « l’en-chaînement » amoureux. On montre enfi n que la langue poétique se détache de la contrainte sys-tématique de la rime, réduite ici à la répétition de mots et à leur seule mise en écho.

Proposition d’hypothèse de lecture

La forme de la chanson comme rythme d’un iti-néraire urbain et amoureux.

« Paris at night » (➜ p. 211)

Pistes didactiques

On montre d’abord le poème comme mise en image d’un instant amoureux : mise en scène de la rencontre, rôle du regard, portrait de la femme fondé sur l’évocation de son visage, jeu de la lumière et de la nuit.

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Le poème se prête également à une réfl exion sur le pouvoir de la création poétique : par la poésie, le souvenir peut être réactivé, voire su-blimé.

Quel est l’objectif de la double page « Repères » ?(➜ pp. 194-195)

Proposition d’hypothèse de lecture

Tableau d’un souvenir amoureux créé par l’écri-ture poétique.

La première page de ce chapitre cherche avant tout à éviter un écueil : celui de limiter, dans l’esprit des élèves, la poésie à une série de contraintes techniques sans qu’ils en voient la fi nalité. Aussi avons-nous choisi d’associer im-médiatement le mot « poésie » à trois termes qui la caractérisent : la poésie comme musique, comme rythme, comme images. Tout naturelle-ment, la dimension musicale de la poésie est associée à la fi gure mythologique d’Orphée. Puis la notion de rythme est évoquée avec les deux vers de Lamartine, aériens et légers, qui fi gurent dans le poème « Le papillon », ainsi qu’à travers l’évocation du chardonneret, dans le poème de Pablo Neruda cité en « Plaisir de lire ». Ces mê-mes vers sont déjà riches d’images, et les trois citations qui suivent – de Victor Hugo, d’Apolli-naire et d’Eluard – ne font que mettre l’accent sur des images particulières et frappantes, tel-

les que la métaphore, la personnifi cation et la comparaison. La seconde page propose un ta-bleau de Magritte, La Carrière de granit, en rela-tion avec la citation de Victor Hugo. Le personnage du tableau est interprété comme ar-tiste et poète. Sa silhouette se dessine sur la toile sans aucune épaisseur, comme s’il était privé de matérialité et qu’il avait la faculté de se fondre dans les éléments de la nature, et de s’en imprégner. Par contraste, le ciel, les nua-ges et la lumière représentés en dehors de lui semblent pâles, comme si l’artiste ressentait le monde avec plus d’intensité, et qu’il le tradui-sait également avec plus de force. La présence de la lune et des étoiles sur un fond de ciel bleu, aussi clair qu’en plein jour, permet de relier cette image avec les vers de Victor Hugo, en particulier l’expression « front éclairé ». Le poète est celui qui rend lumineux même ce qui est obscur.

Quel est l’objectif de la page « Qu’avons-nous découvert » ? (➜ p. 216)

La page se divise en quatre parties, chacune reprenant un des aspects essentiels que ce cha-pitre a souhaité montrer aux élèves à propos de la poésie. Dans un premier temps, on rappelle que le poème se présente de manière visuelle au lecteur, par une disposition particulière, cor-respondant à une structure rythmique que l’on peut percevoir en lisant ou en récitant.La deuxième partie met en valeur une autre ca-ractéristique visuelle de la poésie : l’image, mais, cette fois, dans le sens où elle permet au poète de faire partager au lecteur sa vision de la réalité et son imaginaire. Le rôle de la métapho-re et de la comparaison y est expliqué.

La troisième partie de la page rappelle que la poésie utilise les mots dans leurs différentes dimensions – visuelle, sonore, polysémique – à des fi ns ludiques ou pour susciter une émo-tion. Enfi n, la dernière partie insiste sur la fonction de la poésie : il s’agit de ne pas limiter la créa-tion poétique à la seule dimension ludique. Elle est le lieu privilégié de l’expression des senti-ments, et elle permet aussi de fi xer des instants que l’on veut garder en mémoire. C’est un as-pect essentiel de la poésie que nous avons tenu à présenter aux élèves de sixième, afi n de déve-lopper leur sensibilité.

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Quel est l’objectif de la page « Plaisir de lire » ? (➜ p. 217)

La page « Plaisir de lire » propose trois nouveaux poèmes et peut offrir un prolongement aux grou-pements de textes.En effet, le premier est un haïku sur le thème du papillon, qu’il est aisé de mettre en relation, pour la forme avec la série des quatre haïkus sur les saisons et avec le groupement sur les papillons, dans les poèmes « ani-mots ». Le se-cond, particulièrement riche pour les images et les rythmes, est une très belle évocation d’oi-seau. De plus, il fait partie d’un recueil, inédit en France sous forme papier, consacré aux oi-seaux. Le troisième, extrait de Paroles, comme

ceux qui fi gurent dans le groupement consacré à Prévert, laisse une impression de mystère, tout en reprenant le thème du jardin et du quotidien de la ville.Les poèmes sont courts, centrés sur des uni-vers très différents, et peuvent donner lieu à des lectures à voix haute ou à des récitations. Ils se prêtent également à des lectures personnelles, intérieures et peuvent ainsi permettre une ren-contre avec les textes poétiques, au-delà de l’analyse et pour le seul plaisir des mots.

Corrigé des questionnaires et exercices

1. Les caractéristiques d’un poème

Le printemps ➜ p. 196

Premiers pas dans la lecture

1. Les deux saisons évoquées sont l’hiver et le printemps.

2. Le poète décrit davantage la saison du prin-temps (9 vers).

Analyse du poèmeDes images pour éclairer le sens

3. Les mots qui évoquent la fi n de l’hiver sont : « manteau » (v. 1), « vent », « froidure » et « pluie » (v. 2).

4. Les « broderies » dont parle le poète sont sans doute les fl eurs fraîchement écloses et les jeunes feuilles qui donnent au printemps sa pa-rure, à la manière d’un vêtement brodé.

5. a. Les mots qui se rapportent au thème du vêtement sont : « manteau » (v. 1, 7, 13), « brode-ries » (v. 3), « livrée » (v. 10), « s’habille » (v. 12).

b. C’est le temps qui fi nalement change de vête-ment d’une saison à l’autre. Ici, le temps est personnifi é. On appelle cette fi gure la personnifi -cation.

Des sonorités pour entendre le sens

6. Les animaux s’expriment tous à l’arrivée du prin temps, en particulier les oiseaux qui chan-tent.

7. Les sonorités qui dominent les vers 1 et 2 sont le son [o] et [i]. Ce sont les mêmes sonorités qui reviennent dans la strophe aux vers 3 et 4.

8. a. Dans la strophe 3, on retrouve ces sonori-tés en [i] et [o] qui font penser au bruit de l’eau et au chant des oiseaux.b. On ne trouve que deux rimes différentes dans l’ensemble du poème. Cette répétition produit une impression de refrain, comme un chant joyeux qui correspond bien au printemps.

Bilan : les images et les sons dans le langage poétique

9. Dans ce poème, on trouve des images poéti-ques, comme la personnalisation, que renfor-cent les champs lexicaux du vêtement et de la parure. On trouve également la présence de ri-mes et de sonorités choisies qui se répètent pour donner une musicalité joyeuse au texte.

Étudier l’image (➜ p. 197)

1. Dans ce tableau, on trouve neuf personna-ges.

2. Les personnages :– Zéphyr est à l’extrême droite du tableau ;– les trois Grâces sont à gauche ;– Mercure se situe à l’extrême gauche ; – Vénus se situe au centre ;– Cupidon est au centre, en haut du tableau ;– elle semble personnifi er la nature, c’est la nymphe Chloris, à droite, entre Flore et Zéphyr ;– Flore se situe à droite du centre.

3. Ce tableau dégage une impression de dou-ceur, d’harmonie, de joie. Cette impression cor-respond bien à la saison du tableau où règnent la douceur et l’harmonie.Si l’on veut entrer dans quelques détails, on peut préciser aux élèves que Vénus est entou-rée de branchages d’oranger. Quant à Mercure,

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le visage tourné vers le ciel, il retient en réalité un nuage avec son caducée : c’est une façon d’empêcher que l’orage ne vienne troubler cette scène idyllique où la nature renaît dans une cé-lébration de la vie et de la fécondité. Il faut rap-peler que ce tableau choqua certains, à l’époque, parce que toutes les fi gures féminines sont en-ceintes.

Graine de culture !

L’activité proposée vise à permettre aux élèves de se constituer une culture picturale, à partir de ce thème des saisons qui a donné lieu à de nombreuses créations célèbres. On peut notam-ment penser aux œuvres d’Arcimboldo.

L’air en conserve ➜ p. 198

Premiers pas dans la lecture

1. La saison évoquée dans le poème est l’été.

2. Le titre est fondé sur l’expression « en conser-ve ». Ce qui est gardé et enfermé ici, c’est l’air, élément qui semble diffi cilement pouvoir être en-fermé. Le titre provoque donc un étonnement qui donne envie de lire le poème.

Analyse du poèmeLa parole du poète

3. a. Le pronom « je » désigne le poète, tandis que le pronom « vous » désigne celui à qui il s’adresse, c’est-à-dire le lecteur.b. Le pronom « nous », que l’on trouve au vers 7, réunit les deux.

4. Le poète n’a pas pu réellement rapporter de « l’air » de ses vacances : on peut alors penser qu’il a pu rapporter, dans une sorte de boîte à souvenirs, des objets qui lui rappellent ses va-cances. On peut également penser que la boîte dont il parle est seulement sa tête, et que c’est dans son esprit qu’il a ramené des souvenirs de vacances.

5. La boîte dont parle le poète peut ainsi être soit un objet réel, une boîte de souvenirs comme l’on en fait parfois, ou, simplement, sa tête, (sa « boîte crânienne » !).

Le pouvoir du poème

6. Parmi les cinq sens, celui qui est le plus re-présenté dans le poème est celui de l’odorat : on trouve en effet pour le confi rmer les termes : « air » (v. 2), « respirez » (v. 5), « odeur » (v. 7), « parfum » (v. 8), « arômes » (v. 9).

7. Dans la deuxième strophe, l’expression « quelle force » évoque le pouvoir des mots. De plus, l’expression « respirez à fond » peut faire penser à l’inspiration, qui est la capacité du poè-te à créer des mots poétiques à partir de ses sensations.

8. Dans les deux derniers vers, sont évoqués le fait que la saison a changé et que le poète se rappelle l’été quand il fait déjà plus « frais ». Ainsi, on peut penser que le pouvoir de la poésie est justement de faire revivre des instants passés.

Bilan : le pouvoir d’évocation du poème

9. Les images de ce texte sont nombreuses et donnent une représentation de l’été. Nous trou-vons : « l’air de vacances » (v. 2), « l’odeur des roses » (v. 7), « le parfum puissant des écor-ces » (v. 8), « les arômes de la forêt » (v. 9).

Chanson d’automne ➜ p. 199

Premiers pas dans la lecture1. La première lecture de ce poème laisse appa-raître une impression de tristesse.

2. Le mot « chanson » met en évidence le fait que ce poème ressemble, par sa forme, à une chan-son : il est bâti sur un même rythme très balancé dans ses trois strophes. De plus, il fait référence aux « violons » (v. 2) et donc à la musique.

Analyse du poèmeUne saison qui ressemble au poète

3. Le mot « sanglots » évoque le sentiment de la tristesse.

4. Dans la dernière strophe, le poète se com-pare à la feuille morte : « pareil à la feuille mor-te » (v. 17-18). On voit bien que son sentiment de tristesse, de malheur s’associe à l’aspect mort et sombre de la feuille.

5. Dans la deuxième strophe, le poète évoque le temps qui passe : il se décrit comme « suffocant et blême » (v. 7-8), c’est-à-dire qu’il semble être dans une situation d’angoisse et d’inquiétude qui l’empêche de respirer et qui le rend pâle. Puis, il évoque ses pleurs (v. 12), et se trouve donc dans une grande tristesse.

Le rythme et la musique des vers

6. a. Le poème ne comporte que deux phrases.

b. On doit respecter à la fois la ponctuation et l’organisation des vers et, ainsi, adopter pour le lire une lecture fl uide et coulante.

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7. Le poète a sans doute choisi des vers très courts pour permettre au vers de ne pas être pesant, mais au contraire léger, comme s’il se balançait de ci de là, d’où ce rythme proche d’un air que l’on pourrait chanter et qui correspond bien au titre. En même temps, ce rythme traduit bien le mouvement léger de la feuille morte qui balance au vent, comme l’image des derniers vers le confi rme.

8. On relève des sonorités douces dans ce poè-me : le [s] et le [m] sont les allitérations les plus remarquables. Les assonances en [o/on] et en [an] sont également nombreuses.

Bilan : le poème comme expression d’une musique intérieure

9. Le poète parle de ses propres sentiments, en particulier de la tristesse, en évoquant l’autom-ne : pour cela, il utilise les rythmes de vers courts, balancés, qui semblent glisser comme une musique douce sur seulement deux phra-ses. Il mime aussi le balancement de la feuille morte. Quant aux sonorités, elles sont comme assourdies pour mieux renvoyer à la douceur et à la langueur de l’automne, avec des allitéra-tions en [s] et [m] et des assonances en [o/on] et [an].

En hiver la terre pleure ➜ p. 200

Pour préparer l’étude de ce poème, on pourra proposer une fi che d’activité s’appuyant sur une lecture expressive.

➜ Fiche d’activité, p. 176

Premiers pas dans la lecture

1. Dans les strophes 2 et 3, le soleil et la terre se parlent.

2. Le soleil et la terre sont présentés comme des êtres humains qui se parlent, s’aiment ou ne s’aiment plus.

Analyse du poèmeUne saison mise en scène

3. La terre est le soleil ont un rendez-vous amou-reux. Le terme « idylles » (v. 5) le montre bien.

4. La terre semble triste, malheureuse, comme l’évoque le vers 1 : « En hiver la terre pleure ». Pour le soleil, cette période semble ennuyeuse, comme le confi rme le mot « ennuyé » (v. 4).

5.

Paroles du personnage Identité du personnage

– Soleil ! Aimons ! terre– Essayons. Ô terre, où donc sont tes roses ?

soleil

– Astre, où donc sont tes rayons ? terre– C’est la nuit, ma belle ! soleil

La personnifi cation de la nature

6. a. Dans la strophe 2, le soleil et la terre se reprochent de ne plus être comme au moment où ils s’aimaient : la terre n’a plus de roses, le soleil n’a plus ses rayons.b. Cela renvoie bien à la saison de l’hiver où l’on ne voit plus de fl eurs et où le soleil n’est plus éclatant.

7. Dans la strophe 3, le soleil cherche à se jus-tifi er, comme le montre l’expression « il prend un prétexte » (v. 9). Les prétextes qu’il évoque pour s’en aller sont le vent, les nuages, et la nuit.

8. Dans la strophe 4, le vers « ne sachant plus que dire » (v. 15) montre que le soleil n’a plus d’arguments pour quitter la terre.

Bilan : la personnifi cation en poésie

9. L’hiver est caractérisé tout au long du poè-me : « la terre pleure » au vers 1 évoque la pluie fréquente, le soleil « froid, pâle et doux » est bien également une réalité de l’hiver. La période d’ensoleillement est courte en hiver et le vers 3 – « vient tard et part de bonne heure » –, ainsi que le vers 16 – « s’en va le plus tôt qu’il peut » – le rappellent. On voit aux vers 7 et 8 l’absence de fl eurs et de rayons de soleil, qui caractérisent également cette saison. La strophe 3 décrit le vent, les nuages (v. 10) et la nuit précoce au vers 12 « Et la fait en s’en allant ».De très nombreux éléments caractéristiques de l’hiver nous sont donc présentés.

Les haïkus ➜ p. 201

Premiers pas dans la lecture

1. Le premier haïku, en évoquant les pruniers en fl eur, décrit le printemps. Le second cite le terme d’ « été » et décrit donc cette saison. Le troisième évoque les « feuilles » soulevées par « une rafale de vent », et nous fait penser à l’automne, tandis que le dernier, en citant « le gel », montre l’hiver.

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Analyse des haïkusUne image de la nature

2. Le poète ne s’exprime pas à la première per-sonne car il veut seulement « donner à voir et à sentir », sans faire part de son impression per-sonnelle, même si cette dernière est à l’origine du haïku.

3. Le poète veut fi xer une image de la saison qu’il décrit, la plus suggestive possible. Ainsi, il décrit des éléments de la nature (les pruniers, les montagnes, la mer, les feuilles, les arbres, les moineaux) et non des événements arrivés à des personnages.

Un instant fi xé par les mots

4. Dans les haïkus 2 et 3, on voit bien que l’ins-tant que saisit le poète est bref : dans le haïku 2, le mot « soudain » nous le montre bien. Dans le haïku 3, la rafale désigne un coup de vent vio-lent et limité dans le temps, puisque ensuite les feuilles retombent à nouveau.

5. Chaque haïku ne propose qu’une seule ima-ge, comme un tableau instantané. De nos jours, on pourrait penser à l’instant fi xé par une photo-graphie, comme un « arrêt sur image ». L’effet produit est donc celui d’un saisissement devant un tableau fi xé en quelques mots par le poète.

Bilan : le haïku comme poème de la brièveté

6. Pour le poète du premier haïku, le printemps se manifeste à travers l’image des fl eurs de prunier qui semblent tomber comme une pluie.

Pour le deuxième haïku, c’est la vision de la mer rafraichissante après une marche dans les mon-tagnes en été qui est caractéristique de cette saison.Dans le troisième poème, l’image la plus carac-téristique de l’automne est ce souffl e du vent qui fait lever puis retomber les feuilles mortes.

Enfi n, dans le dernier poème, l’image centrale de l’hiver est celle des oiseaux au pied des ar-bres gelés, et qui réclament à manger.

Pour enrichir le vocabulaire des élèves, on pourra proposer une fi che d’activité autour du lexique des saisons et de la nature.

➜ Fiche d’activité, p. 177

2. Jeux de langage en poésie : les « ani-mots »

Le papillon ➜ p. 202

Premiers pas dans la lecture

1. Le papillon n’est nommé qu’au vers 7, alors que tous les vers le décrivent.

2. Le premier vers évoque la durée de vie du papillon, qui correspond à une saison.

Analyse du poèmeLa vie du papillon

3. Les mots qui montrent que le papillon est très actif sont des verbes à l’infi nitif, c’est-à-dire qui traduisent l’action à l’état pur. Ils sont très nom-breux dans les premiers vers.

4. Les mouvements du papillon sont évoqués à travers les mots « balancé » (v. 3), « secouant » (v. 5), « s’envoler » (v. 6), « jamais ne se pose » (v. 8).

5. L’expression « s’enivrer de parfums, de lu-mière et d’azur » signifi e que le papillon ne ces-se de voler ; il va du ciel éclairé aux fl eurs, et repart comme s’il voulait toujours continuer, comme quelqu’un qui ne peut s’arrêter.

6. Les images « sur l’aile du zéphyr » et « sur le sein des fl eurs » sont des métaphores. Elles s’appuient sur une ressemblance entre le souf-fl e du vent et une aile, et entre un pétale bombé de la fl eur et un sein. Leurs sonorités se carac-térisent par la présence d’allitérations en [l], en [s/z] et en [r]: ce sont des sonorités douces qui évoquent bien le printemps.

Le papillon, image de la vie humaine

7. a. Les trois derniers vers désignent encore le papillon. Il est le sujet de cette phrase : il est désigné par « il » (v. 8).

b. Le poète compare celui-ci au désir qui n’est jamais satisfait. Il utilise pour cela la comparai-son avec le verbe de sens comparatif « ressem-ble » (v. 8).

8. Le dernier vers évoque en réalité la mort du papillon. Le poète ne suggère plus ici ses mou-vements dans le ciel mais la fi n de sa vie, com-me le mot « enfi n » du vers 10 le précise. L’expression « retourner au ciel » est prise dans son sens fi guré, et non au sens propre.

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Bilan : les mots images en poésie

9. Les métaphores du poème sont : « sur l’aile du zéphyr » (v. 2), « nager » (v. 2), « sein des fl eurs » (v. 3), « s’enivrer de parfums » (v. 4), « la poudre de ses ailes » (v. 5), « voûtes éternelles » (v. 6).Les comparaisons sont : « s’envoler comme un souffl e » (v. 6), « il ressemble au désir » (v. 8).Les métaphores et les comparaisons du poème permettent d’avoir une description précise du papillon et le montrent toujours en mouvement, dans une sorte d’agitation constante durant sa courte vie. Ces traits qui caractérisent le pa-pillon peuvent également faire penser à la vie humaine et aux désirs des hommes. Multiples et incessants, ces désirs poussent les hommes à agir mais ne sont fi nalement jamais assouvis. Seule la mort semble donner à l’homme « la vo-lupté » du ciel, c’est-à-dire un plaisir défi nitif qui arrête sa course insatisfaite.

Les papillons ➜ p. 203

Premiers pas dans la lecture

1. Les papillons sont « beaux » (v. 8).

2. La ponctuation de la première strophe intro-duit un dialogue. En effet, on trouve plusieurs tirets aux vers 3, 4, 5, 7 et 8.

Analyse du poèmeL’harmonie des images

3. Le poète compare les papillons à une « fl eur sans tige » (v. 9).

4. Le poète évoque de nombreuses « belles cho-ses » : les roses, les prés, la moisson, le rossi-gnol, les beaux papillons. Ce nombre donne l’impression de la richesse et du foisonnement de la nature au printemps et en été.

5. Ces éléments sont associés à des couleurs : les roses sont, bien sûr, associées à la couleur rose, le pré est qualifi é de « vert », et la moisson est désignée comme « blondissante », c’est-à-dire d’un jaune doré.

La richesse des mots

6. Dans la troisième strophe, le poète compare le papillon à un « éventail de soie ». Cet objet convient particulièrement bien car, à la manière des ailes du papillon, il s’ouvre et se referme.

7. Le poète caractérise l’éventail par sa matière, la « soie » : ceci est également très bien choisi car les ailes du papillon ont effectivement un

aspect soyeux et brillant, fragile aussi comme la précieuse soie.

8. Dans la dernière strophe on compte sept noms précis de papillons. Ils sont rapidement décrits : – le « machaon-zèbre » qui est rayé comme un zèbre ;– le « deuil » est noir comme le confi rme l’ex-pression « habit funèbre » (v. 23) ;– le « miroir » est bleu avec de minces stries ; – « l’argus » qui ressemble à une feuille morte, est tacheté de petits points noirs ;– le « morio » a des ailes brunes bordées de jaune ;– le « grand-bleu » a le bleu comme couleur do-minante ;– le « paon-de-jour » porte une ocelle sur chaque aile, comme les plumes du paon.On voit bien que, pour beaucoup, les noms de ces papillons permettent de deviner leur as-pect.

Bilan : la magie évocatrice des mots

9. Le papillon permet au poète d’employer une langue riche – puisqu’il emploie même des noms savants de papillon – et imagée –, puisqu’il les décrit tantôt comme une fl eur, tantôt comme un éventail. Cette richesse de lexique est possible parce que les espèces de papillons sont multi-ples et que chacune présente des apparences très différentes et sont, le plus souvent, belles à regarder.

Le chat et le soleil ➜ p. 204

Premiers pas dans la lecture

1. Dans la première strophe on trouve, en début de vers, les noms « chat » (v. 1 et 3) et « soleil » (v. 2 et 4).

2. Dans cette strophe, le troisième nom présent est le nom « yeux », employé au pluriel.

Analyse du poèmeL’image en mouvement

3. a. Les vers 1-2 et 3-4 semblent se répondre. Ils sont presque identiques.b. Seuls les verbes changent. Ils sont de sens opposé: « ouvrir » / « fermer » et « entrer » / « rester ».c. On peut comparer les yeux du chat aux volets d’une fenêtre ou à la porte d’une maison que l’on ouvre le jour et que l’on ferme la nuit. Le soleil, personnifi é ici, est comme quelqu’un qui

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entrerait quand la maison est ouverte, et qui resterait quand on referme le soir. Son éclat res-plendirait alors dans le noir.

L’explication d’une réalité

4. L’expression « voilà pourquoi » sert à présen-ter la suite de la strophe comme l’explication de ce qui a précédé.

5. a. Les « deux morceaux de soleil » évoqués au vers 8 viennent donc, selon le poète, du so-leil qui est « entré » dans les yeux du chat et qui brille dès que ses yeux sont ouverts.b. À travers cette métaphore, le poète veut re-présenter l’éclat des yeux du chat qui brillent dans la nuit, comme s’ils étaient phosphores-cents.

Bilan : le poème comme métaphore

La métaphore est défi nie (➜ page 202 du ma-nuel) comme une image reliant deux éléments ayant un point commun sans l’aide d’un outil de comparaison. Dans le poème, on retrouve bien les deux éléments dans la première strophe, le soleil et les yeux du chat, mais ils sont présen-tés côte à côte et non associés. Dans la deuxiè-me strophe, au contraire, les yeux du chat sont désignés directement comme des « morceaux de soleil » ; dans ce cas, les deux éléments sont associés sans outil de comparaison, comme si l’un était l’autre.

L’oiseau voyou ➜ p. 205

Premiers pas dans la lecture

1. La scène qui se prépare sous nos yeux est celle où un chat va essayer d’attraper un oiseau.

2. Non, puisque, dans cette courte scène, le chasseur ne peut attraper sa proie : l’oiseau réussit à échapper aux griffes du chat.

Analyse du texteLe jeu de scène

3. a. Le chat veut attraper l’oiseau par surprise, comme le montre l’expression « l’air de rien » (v. 1).b. L’oiseau semble avoir compris la ruse du chat puisque le texte dit « plus futé » (v. 5).

4. Dans la dernière strophe, on comprend que l’oiseau a échappé au chat car le poète conclut en disant qu’il est « bien content » (v. 15).

Les jeux de mots

5. a. b. Le mot « air » est répété de nombreuses fois tout au long du poème. Mais il est employé dans des expressions différentes. Vers 1 : « l’air de rien » : sans montrer qu’il est intéressé ➜ le chat.Vers 2 : « vivre de l’air du temps » : vivre de tout et de rien ➜ l’oiseauVers 8 : siffl e « un petit air » : un petit refrain ➜ oiseauVers 8 : « entre deux airs » : qui ne dévoile pas clairement ses pensées ➜ oiseau.Vers 9 et 11 : « un petit air » : refrain ➜ oiseau (idem vers 8)Vers 9 : « changer d’air » : changer de lieu ➜ oiseau.Vers 13 : « n’avoir pas l’air » : faire mine de ne pas s’intéresser ➜ le chat.Vers 14 : « l’air indifférent » : une mine, un as-pect ➜ le chat.Vers 16 : « courant d’air » : ici, se déguiser en courant d’air signifi e « disparaître complète-ment » ➜ l’oiseau.

6. Le mot « lanlaire » peut se trouver dans le re-frain d’une chanson populaire, ou dans les paro-les d’un enfant malicieux qui cherche à taquiner un camarade. Ici, cela s’adapte bien à l’oiseau, plein de malice, qui réussit à déjouer le piège du chat.

Bilan : le poème, un jeu de scènes et de mots

7. On trouve, dans le poème, de nombreux jeux de mots avec l’expression « air », mais aussi des expressions fi gées et imagées comme « se mettre sous la dent » (v. 2) ou « clair comme eau de roche » (v. 7). Figurent aussi les syllabes d’un refrain populaire ou d’une chanson enfantine, avec le mot « lanlaire » (v. 5). Chacun de ces jeux de mots ou de ces expressions s’adapte bien à l’évolution de la scène et aux caractères des personnages : ainsi, le chat qui veut faire une ruse agit « l’air de rien » (v. 1) ou d’un « air indif-férent » (v. 14), tandis que l’oiseau qui vole et chante, change d’air ou siffl e « un petit air » (v. 8).

Pour enrichir le vocabulaire des élèves, on pourra proposer une fi che d’activité autour du lexique. Il s’agira de leur faire acquérir un cer-tain nombre d’expressions où fi gure le mot « air ».

➜ Fiche d’activité, p. 178

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Ce que dit le cochon ➜ p. 206

Premiers pas dans la lecture

1. Les mots cherchés dans le dictionnaire peu-vent être : glaviot (crachat), chafouin (personne à la mine rusée), mâchon (repas de cochon-naille), jujube (fruit pâteux), pechblende (minerai noir) compost (mélange de déchets utilisé com-me engrais), chouraver (voler), bouillaque (n’exis-te pas en français, on peut imaginer une sorte de bouillie), tambouille (repas médiocre).

2. Ces mots sont pour la plupart des noms.

3. Le poème comporte quatre phrases. La plu-part des vers sont composés comme des sortes de listes (v. 3 à 6 et v. 8 à 11).

Analyse du texteDes jeux avec les mots

4. Au vers 3, les mots ont en commun la conson-ne [g].

5. Dans les vers 4 et 5, on entend le son [ch] dans tous les mots.

6. Dans le vers 8, les mots utilisés sont caracté-risés comme étant « gras » (v. 7). Leur pronon-ciation ajoute à cette dimension puisqu’ils ont des consonnes répétées (comme si on devait les mastiquer en les ayant en bouche), tels ju-jube ou pépère ; l’emploi des consonnes dou-bles et même triples sont également diffi ciles à prononcer, comme, par exemple, le mot « pech-blende ».

Un poème étonnant

7. Les mots employés aux vers 9 et 10 ne se trouvent pas normalement dans des poèmes. Ils se rapportent, pour la plupart, à une nourriture grossière. Ils se trouvent donc dans le poème du porc car ils désignent ce qu’il aime.

8. Les mots employés correspondent à l’univers du cochon puisqu’on trouve des mots liés es-sentiellement à ce qu’il mange (épluchure), ou à ce qui lui est communément associé (moche, empoté, choux gras, lardon, couenne, choucrou-te), à savoir son aspect physique ou son alimen-tation. De plus, certains sont très familiers, quasiment grossiers, puisqu’au sens fi guré, ce qui est « cochon » est grossier ou inconvenant.

9. Le porc n’aime pas « arc-en-ciel » car ce mot est poétique, d’une part, et parce qu’il désigne quelque chose de céleste qui ne correspond pas du tout à son univers épais et boueux.

Bilan : le jeu sur les sonorités

10. Les mots « porqs » se caractérisent par des sonorités proches du grognement cochon, no-tamment le « g » le « r » et le « ch ». Ils désignent des réalités grossières (nourriture, lieux fami-liers du cochon) et ils sont souvent familiers, voire un peu grossiers.

L’autruche ➜ p. 207

Premiers pas dans la lecture

1. Le poème a la forme de l’autruche.

2. Le poète a représenté l’autruche avec les mots de son poème.

Analyse du poèmeLe dessin des mots

3. À partir du vers 5, le poète répète les mots « laid » et « long » car il utilise des mots de quatre lettres pour former le cou de l’autruche.

4. La queue de l’autruche est composée de mots exclamatifs.

5. Les exclamations sont drôles car il semble que l’on admire les plumes de l’autruche en les voyant dans le poème.

L’humour du poème

6. L’autruche n’est pas présentée comme un bel oiseau mais plutôt comme un grand oiseau ridicule : ainsi, son cou est décrit comme « long » et « laid », sa tête est présentée comme « mi-nuscule et aplatie » (v. 26), et ses ailes sont dé-crites comme « tristes plumeaux lamentables, inutiles » (v. 20-21).

7. Les plumeaux de l’autruche sont caractérisés de « lamentables » et d’« inutiles ». Ils ne sont pas du tout comparables à ceux d’un paon.

8. Les plumes de l’autruche servent de parures aux danseuses de cabaret qui en ornent leurs tenues de danse (sur la tête ou derrière le dos).

Bilan : le jeu sur la forme

9. Le poète joue donc dans ce poème avec le sens du texte et la longueur des mots : pour dé-signer le cou de l’oiseau, il emploie des mots très courts, pour décrire les plumes et façonner les pattes, il accumule les exclamatifs. Enfi n, le calligramme ne se contente pas de dessiner la forme extérieure de l’oiseau, il continue à le dé-crire à l’intérieur même du poème.

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3. L’univers d’un poète : la ville et l’amour selon Prévert

Déjeuner du matin ➜ p. 208

Premiers pas dans la lecture

1. La scène se passe dans un café.

2. Elle associe deux personnages : l’homme qui boit son café et le poète.

Analyse du poèmeUn drame sans parole

3. La scène comporte trois étapes essen-tielles :– l’homme boit son café ;– l’homme fume une cigarette ;– l’homme s’en va.On peut considérer qu’il y en a une quatrième si l’on compte le moment où le poète prend sa tête dans ses mains et pleure.

4. L’homme se verse du café, puis du lait, il ajoute un sucre, le tourne dans la tasse, boit son café au lait et repose la tasse ; tout cela, sans un mot. Puis il allume une cigarette, il fait des ronds de fumée, il met ses cendres dans le cendrier ; toujours sans un mot. Enfi n, il se lève, met son chapeau, son imperméable et part ; il n’a parlé à personne. Pour chaque geste, cha-que action, le comportement de l’homme est identique : il agit mécaniquement, sans parler à qui que ce soit.

5. L’homme ne dit pas au revoir au poète lorsqu’il s’en va. Ce comportement produit un effet de solitude, d’absence de communication.

La tristesse du poète

6. Entre chaque petite scène, on trouve la phra-se « sans me parler » ou/et « sans me regar-der ».

7. À la fi n du poème, le poète pleure de tristesse et de désespoir.

8. Le poète souffre de l’indifférence, du manque de communication entre les hommes, si fré-quents dans l’univers de la ville.

Bilan : le poème qui transmet un message

9. L’auteur montre les gestes quotidiens et mécaniques d’un homme qui répète les mêmes actions tous les jours et qui ne fait aucun effort pour entrer en relation avec les autres. L’écriture est brève, réduite au minimum, sans ponctua-tion, avec de courtes phrases répétitives.

Le jardin ➜ p. 209

Premiers pas dans la lecture

1. Il s’agit d’un moment amoureux, plus précisé-ment de l’instant d’un baiser (v. 5 : « Où tu m’as embrassé »).

2. Elle se situe « au parc Montsouris à Paris » (v. 8).

Analyse du poèmeUne image de cinéma

3. Les deux vers les plus émouvants sont les vers 5 et 6 : « Où tu m’as embrasséOù je t’ai embrassée. »On remarque leur simplicité, leur parfaite symé-trie, et de ce fait, leur intensité.

4. On voit du plus loin au plus près entre les vers 1 et 5/6. Puis, du vers 6 à la fi n, on va du plus près au plus loin (« astre », v. 11).

5. L’expression « une petite seconde d’éternité » semble contradictoire puisque l’éternité dure bien plus qu’une seconde. Mais, ici, l’instant du bonheur partagé est tellement intense que le temps semble comme être arrêté pour les amou-reux.

La poésie pour fi xer l’image

6. Dans les vers 1 à 4, la scène se situe dans le temps, comme l’expression « milliers et milliers d’années » (v. 1), le montre. Du vers 7 au vers 11, c’est dans l’espace que l’on se situe, com-me le justifi ent les termes « parc », « Paris », « terre », « astre ».

Bilan : le poème, un instant fi xé par les mots

7. Le poème inscrit le moment le plus intense de la rencontre entre deux infi nis : celui du temps et celui de l’espace. Il part du plus loin dans le temps et se rapproche de l’instant amou-reux comme par un effet de zoom, puis à l’in-verse, dans une sorte de zoom arrière, repart de l’image du couple pour s’éloigner jusque dans le cosmos.

Pour toi mon amour ➜ p. 210

Premiers pas dans la lecture

1. Le poème s’adresse à la femme dont le poète est amoureux, comme il l’annonce dès le titre.

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2. On retrouve le refrain « pour toi/mon amour » à trois reprises dans le poème.

Analyse du poèmeLes différents visages de l’amour

3. À la strophe 1, le poète achète des oiseaux, à la strophe 2, des fl eurs, et à la strophe 3, des chaînes. Les deux premiers cadeaux sont agréa-bles à recevoir, mais le troisième ne l’est pas.

4. En fait, à la strophe 3, le poète cherche à enchaîner celle qu’il aime, à la garder prisonniè-re en quelque sorte de son amour. Il ne cherche pas à lui faire du mal mais son amour est exclu-sif, possessif.

Le message du poète

5. Le poète n’a pas réussi à emprisonner la fem-me qu’il aime, puisque, à la strophe 4, il écrit : « Mais je ne t’ai pas trouvée ».

6. Dans la strophe 4, le poète parle du marché aux esclaves, où il n’a pas trouvé la femme qu’il aime. Il veut dire qu’il a compris un des pièges de l’amour : celui de vouloir posséder celui ou celle qu’on aime, d’en faire l’objet de sa passion en le privant de sa liberté. Il évite ainsi le danger d’un amour trop possessif.

Bilan : des lieux réels aux lieux imaginaires

7. Par ce parcours du marché aux oiseaux au marché aux esclaves, le poème montre l’évolu-tion possible d’un amour : au début, il est fait de douceur et de générosité, comme le montrent les premiers présents (les oiseaux, les fl eurs) et puis l’attachement devient plus fort, et, avec lui, l’envie de posséder la personne aimée, la peur de la voir partir. L’amour peut alors devenir une véritable chaîne qui fait de la personne aimée une sorte d’esclave qui a perdu sa liberté.

Pour prolonger le poème, on pourra proposer une fi che d’activité qui permet d’étudier une autre vision artistique de la modernité à tra-vers l’étude d’une photographie de Robert Doisneau.

➜ Fiche d’activité, p. 179

Paris at night ➜ p. 211

Premiers pas dans la lecture

1. La scène se passe la nuit.

2. C’est un moment propice pour les amoureux qui peuvent se cacher, et être ensemble plus li-brement, à l’abri des regards.

Analyse du poèmeLe langage amoureux

3. Le poète nomme le « visage » (v. 2), puis les « yeux » (v. 3), puis la « bouche » (v. 4) de la femme aimée.

4. Il évoque sa bouche en dernier car on peut penser qu’il l’embrasse juste après avoir regar-dé sa bouche, puisqu’il la serre ensuite dans ses bras.

5. Le verbe « voir » est répété trois fois, il traduit l’amour du poète pour la femme qu’il enveloppe de son regard.

La mémoire d’un instant heureux

6. Il s’agit d’une scène sans parole. Elle est fon-dée seulement sur les sens (le regard et le tou-cher).

7. a. Non, puisqu’on vient de voir qu’il s’agit d’une scène entièrement silencieuse.

b. Le poème permet d’exprimer par la suite ce que l’on ne peut dire quand on vit l’instant pré-sent, ici, à quel point ce moment était mer-veilleux.

Bilan : le souvenir des sentiments

8. Le poète évoque ce souvenir heureux en se remémorant des éléments du visage de celle qu’il aime, éclairé par la lumière fugace de trois allumettes. La répétition du verbe « voir » traduit l’aspect visuel de cette scène, et le verbe « se rappeler » insiste sur le fait qu’elle restera gra-vée dans sa mémoire.

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Fiche d’activité

Nom . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . Prénom. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 6e . . . . .

Lire un poème

1 a. Entoure les signes de ponctuation qui prouvent que des personnages se parlent.

b. Complète les pointillés avec un point d’interrogation ou d’exclamation. Sois attentif(ve) au sens et à l’organisation de la phrase.

c. Dans la dernière strophe, souligne les signes de ponctuation. Combien trouves-tu de phrases ? Coche la bon-ne réponse.

1 2 3

2 a. Surligne en bleu les vers qui racontent l’histoire et qui pourraient être lus par un narra-teur.

b. Surligne en jaune les paroles du soleil.

c. Surligne en orange les paroles de la terre.

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Lecture expressive

3 Lire à plusieurs voix.

a. Par groupe de trois, choisissez votre rôle : celui du narrateur, du soleil ou de la terre. Puis entraînez-vous à lire le texte en respectant bien la ponctuation.

b. Évaluez-vous en cochant la bonne case !

Rôle Critères d’évaluation Oui NonLa terre J’ai bien enchaîné les phrases.

J’ai monté le ton dans les phrases interrogatives.J’ai traduit des sentiments (de tristesse en particulier) dans les phrases exclamatives.

Le soleil J’ai bien enchaîné les phrases.J’ai monté le ton dans les phrases interrogatives.J’ai traduit des sentiments (d’agacement en particulier) dans les phrases exclamatives.

Le narrateur J’ai bien enchaîné mes prises de paroles.J’ai respecté la pause des virgules sans baisser le ton.J’ai baissé le ton au point.

En hiver la terre pleure

En hiver la terre pleure ; Le soleil froid, pâle et doux, Vient tard, et part de bonne heure, Ennuyé du rendez-vous.

Leurs idylles1 sont moroses2. – Soleil ........... Aimons ........... – Essayons. Ô terre, où donc sont tes roses ...........– Astre, où donc sont tes rayons ...........

Il prend un prétexte, grêle,Vent, nuage noir ou blanc, Et dit : – C’est la nuit, ma belle ........... -Et la fait en s’en allant ;

Comme un amant qui retireChaque jour son cœur du nœud3, Et, ne sachant plus que dire, S’en va le plus tôt qu’il peut.

Victor Hugo, Les Quatre Vents de l’esprit (1882)

Vocabulaire1. Idylle : aventure amoureuse2. Morose : triste3. Nœud : ici, le nœud amoureux, le lien amoureux

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Fiche d’activité

Nom . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . Prénom. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 6e . . . . .

Enrichir son vocabulaire

LES MOTS DE LA MÊME FAMILLE

1 a. Classe ces mots dans le tableau selon la famille de mots auxquels ils appartiennent :hivernal, estive, hibernation, estival, hiberner, automnal, estivant, printanière, hivernage.

Hiver Été Printemps Automne

.............................................

.............................................

.............................................

.............................................

.............................................

.............................................

.............................................

.............................................

.............................................

.............................................

.............................................

.............................................

.............................................

.............................................

.............................................

.............................................

b. Complète ces phrases en choisissant des mots du tableau ci-dessus. Tu les accorderas si nécessaire.

La saison ………...................……… est vraiment glaciale dans les Hautes-Alpes. De nombreux animaux sauvages sont en ………...................………, ils ne s’éveilleront qu’à la période ………...................……… . Quelques mois après, certains ………...................……… auront la chance de rencontrer des mères avec leurs petits.

LES ADJECTIFS DES SAISONS

2 a. Relie chaque adjectif de la colonne de gauche à un adjectif antonyme (de sens contraire) de la colonne de droite.

b. Quels adjectifs de la colonne de gauche peuvent être reliés à deux antonymes ?

.....................................................................................................................................................................................................

.....................................................................................................................................................................................................

c. Rédige deux phrases décrivant une saison. Emploie au moins trois adjectifs de l’exercice 2a. .....................................................................................................................................................................................................

.....................................................................................................................................................................................................

LES ÉLÉMENTS DE LA NATURE

3 Pour chaque verbe conjugué, imagine un groupe nominal sujet en rapport avec des éléments de la nature. Tu respecteras les accords.

1. ................................................se fendille. 5. ................................................ se balance.

2. ................................................bruissent. 6. ................................................ s’agitent.

3. ................................................a éclos. 7. ................................................ se déchaîne.

4. ................................................serpente. 8. ................................................ rugit.

4 Décris une saison en employant des verbes précis et en évitant le verbe « être » (tu peux uti-liser certains verbes de l’exercice précédent).

.................................................................................................................................................

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Vocabulaire

glacial • • chaudgigantesque • • fanédoux • • clairseméclair • • rudefrais • • torridetouffu • • minuscule • sombre

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Fiche d’activité

Nom . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . Prénom. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 6e . . . . .

Les différents sens d’un mot

1 Dans un dictionnaire, cherche les différents sens de « air ». Écris avec tes propres mots ses trois sens principaux.

Sens 1 : ...................................................................................................................................................................................

.....................................................................................................................................................................................................

Sens 2 : ...................................................................................................................................................................................

.....................................................................................................................................................................................................

Sens 3 : ...................................................................................................................................................................................

.....................................................................................................................................................................................................

2 Le poète utilise de nombreuses expressions avec le mot « air ».Relie chaque expression à sa bonne définition. Tu peux t’aider du dictionnaire.

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Vocabulaire

3 Présente chacun des deux personnages du poème L’oiseau voyou en réemployant au moins deux des expressions de l’activité 2.

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Agir l’air de rien • • Être totalement libre

Vivre de l’air du temps • • Être étourdi

Changer d’air • • Déplacement d’air, vent

Avoir l’air • • Sortir de chez soi

Prendre l’air indifférent • • Vivre de presque rien

Un courant d’air • • Se présenter d’une certaine façon

Être libre comme l’air • • Donner à penser que l’on n’est pas intéressé

Être tête en l’air • • Agir discrètement

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Fiche d’activité

Nom . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . Prénom. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 6e . . . . .

Étudier une photographie

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Lecture d’image

Pour réaliser cette fi che, observe attentivement la photocopie située à la page 210 de ton manuel.

LE TITRE

1 Quels éléments du titre retrouves-tu sur la photographie ?

.....................................................................................................................................................................................................

.....................................................................................................................................................................................................

2 Qu’est ce qui montre que les deux personnages sont « amoureux » ?

....................................................................................................................................................................................................

.....................................................................................................................................................................................................

3 a. Quels objets tiennent les amoureux ? ...........................................................................................................

b. Est-ce que « les poireaux » sont des objets qui font le plus penser à l’amour ? .................................

Selon toi, pourquoi Doisneau a-t-il alors choisi de les mettre en valeur ? ................................................

...................................................................................................................................................................................................

PORTRAIT D’AMOUREUX, PORTRAIT DE PARIS

4 a. Quels éléments ou personnages sont présents :

– au premier plan ? .............................................................................................................................................................

– au deuxième plan ? .........................................................................................................................................................

– au troisième plan ? .........................................................................................................................................................

b. Quels sont alors les centres d’intérêt de Doisneau dans cette œuvre ?

.....................................................................................................................................................................................................

.....................................................................................................................................................................................................

UNE SAISIE DE L’INSTANTANÉ

5 a. Que font les amoureux au moment de la photographie ?

.....................................................................................................................................................................................................

.....................................................................................................................................................................................................

b. Quelle est la différence entre cette photo d’amoureux et une photo de mariage par exemple ? .....................................................................................................................................................................................................

.....................................................................................................................................................................................................

c. Selon toi, pourquoi le photographe a-t-il fait le choix de prendre ce type de photographie ?

.....................................................................................................................................................................................................

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Vocabulaire : les mots et les images en poésie (➜ p. 212)

1.

Éléments de la nature

Termes pour les imaginer

Explication

Le vent Des nœuds d’hirondelles

L’air tourbillonne comme les oiseaux

Le jour Amande Le jour passe et le soleil décrit une courbe arrondie comme une amande

Le village Miel Du village monte une odeur sucrée proche de celle du miel.

Soleil Lampe Le soleil est comme une lampe suspendue dans le ciel.

2. 1. comparaison. Outil : comme – 2. compa-raison. Outil : ressemble à. – 3. Métaphore : le papillon est directement associé à la fl eur. – 4. Comparaison. Outil : comme. – 5. Métaphore : la créature est directement associée à un pouls qui bat.

3. L’exercice vise à amener les élèves à une production poétique guidée et partielle, de façon qu’ils se concentrent sur la création des images.De plus la « boîte à outils » leur permet de dispo-ser d’éléments ressources.

Oral : réciter un poème (➜ p. 213)

L’encadré vise à proposer une méthodologie qui sera ensuite utilisée dans les activités propo-sées.

1. 1. Le sujet du poème est le printemps.2. Pour les défi nitions, on peut se reporter à cel-les qui fi gurent dans la lecture analytique, page 196 du manuel. 3. On peut retenir les images de l’hiver comme un personnage couvert d’un manteau, et du prin-temps comme un personnage richement habillé de vêtements et de bijoux précieux.

4. Les sonorités en [i] et en [o] à la rime sont particulièrement repérables.La lecture du poème sera évaluée selon les cri-tères suivants :– la qualité de la récitation par cœur, sans hési-tation, sans problèmes de prononciation ;– la mise en valeur de la musicalité et de la syn-taxe du poème (rimes I/O et trois strophes pour trois phrases principales) ;– l’adaptation du ton aux « couleurs » de l’hiver et à celles du printemps.

Ateliers poésie : écrire des poèmes en image et en musique (➜ pp. 214-215)

Atelier 1 : Petit poème en forme de défi nition

1. a. Jules Renard décrit ainsi le ver luisant car il brille dans l’herbe le soir, comme la lune dans le ciel noir.b. Il utilise donc une métaphore.

2. L’activité d’écriture est présentée par étapes (trouver l’animal, sa caractéristique, chercher une métaphore), ce qui facilite le travail de l’élève.

Atelier 2 : Écrire des haïkus

1. La première proposition vise à faire produire un haïku représentant une saison, comme dans les poèmes proposés à la page 201.Pour cela, on peut aider les élèves en leur de-mandant ce qui leur vient le plus immédiatement à l’esprit quand ils imaginent une des quatre sai-sons.

2. La deuxième activité propose de créer un haïku centré sur un élément de la nature. Partir d’un arbre peut faciliter le travail : on évoque sa forme, sa couleur, sa taille, son feuillage, ce qu’il symbolise parfois.

Atelier 3 : Un poème pour parler d’un lieu

1. Les noms propres de ce poème sont le pont Mirabeau et la Seine, qui sont des lieux situés à Paris.

2. Les vers qui se répètent sont :« Vienne la nuit sonne l’heureLes jours s’en vont je demeure » et « sous le pont Mirabeau coule la Seine ».

3. On trouve ce type de répétition dans des chansons.

4. C’est l’aspect musical du poème qui est ainsi mis en valeur.

5. L’atelier de production s’appuie sur l’imita-tion du poème d’Apollinaire : par cette activité à

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contraintes, les élèves sont guidés tout au long de la composition de leur poème par : – la présence d’un refrain ;– le premier vers ;– le rythme choisi ;– une versifi cation.En revanche, aucune consigne n’est donnée sur la longueur du texte à produire, et que le profes-seur fi xera en fonction du temps qu’il accorde à cet atelier.

Atelier 4 : Calligrammes dans la nature

Cet atelier, assez ludique, propose une forme, et les élèves peuvent s’appuyer sur celle-ci pour concevoir leur texte. Là encore, l’exercice à contraintes facilite le travail de conception.De plus, l’encadré « Pour te guider » rappelle les caractéristiques du calligramme et propose des éléments pour l’écriture du poème.

Atelier 5 : Une image pour un poèmeCe dernier atelier s’appuie sur une image. Il se fonde sur le tableau de Salvador Dalí, Cygnes réfl échis en éléphants, et se prête particulière-ment à l’écriture poétique. En effet, les formes des animaux se confondent, et le tableau se prête ainsi bien aux fi gures de la comparaison et de la métaphore.

Propositions de parcours avec mise en œuvre du décloisonnement

Unité longue • Le récit du commencement

Les objectifs de ce chapitre ont été défi nis à la page 162. Nous proposons une séquence dé-taillée conçue à partir des textes de la page 202 à 207 (deuxième groupement du chapitre) du manuel de textes.

Séance 1 • Entrée dans le monde de la poésie

Dominante : lecture de l’image.Support : manuel de l’élève (➜ ouverture du chapitre, p. 195).Activité 1 : analyser l’image (➜ voir proposition d’exploitation p. 167).Activité 2 : petit débat oral : pourquoi lire de la poésie ? On pourra permettre aux élèves d’élar-gir leurs attentes : pour rêver, pour rire, pour res-sentir, pour avoir un plaisir esthétique…

Séance 2 • Saisir la diversité de la nature

Dominante : lecture analytique.Support : manuel de l’élève (➜ « Les papillons », p. 203).Activité complémentaire : oral. Lire le texte en respectant la ponctuation.

Séance 3 • La ponctuation

Dominante : grammaire.Support : Mon cahier de Français (➜ chapitre 15, p. 50).

Activité 1 : repérer la diversité des signes de ponctuation dans le poème. Activité 2 : leçon et activités dans Mon cahier de Français.

Séance 4 • La poésie pour rêver

Dominante : lecture analytique.Support : manuel de l’élève (➜ « Le chat et le soleil », p. 204).Activité complémentaire : écriture (➜ atelier poétique 1, p. 214).

Séance 5 • Comprendre et créer des images

Dominante : lexique/ écriture. Support : manuel de l’élève (➜ Vocabulaire : Les mots et les images en poésie, p. 212).

Séance 6 • Rire en poésie

Dominante : lecture analytique.Support : manuel de l’élève (➜ « L’oiseau voyou », p. 205).Activité préparatoire : travail sur le dictionnaire (➜ fi che du livre ressource, p. 178).

Activité : questionnaire du manuel de l’élève (➜ p. 205).

Séance 7 • Sens propre et sens figuré

Dominante : lexique.

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Supports : Le texte de Claude Roy regorge d’ex-pressions employant le sens propre et le sens fi guré du mot. Il constitue le support idéal pour aborder cette notion en langue (➜ « L’oiseau voyou », p. 205). Mon cahier de français (➜ cha-pitre 45, p. 144).

Séance 8 • Rire en poésie de choses non poétiques

Dominante : lecture analytique.Support : manuel de l’élève (➜ « Ce que dit le cochon », p. 206).Activité : questionnaire du manuel de l’élève (➜ p. 206).

Séance 9 • Dire des textes poétiques

Dominante : oral.Support : manuel de l’élève (➜ « Ce que dit le cochon », p. 206 et « Oral : Réciter un poème », p. 213).Activité : questionnaire du manuel de l’élève (➜ p. 213).Activité complémentaire : s’entraîner sur le poème page 206 en donnant à entendre les har-monies imitatives et la structure syntaxique à des fi ns comiques.

Séance 10 • Rire en poésie grâce au calligramme

Dominante : lecture analytique.Support : manuel de l’élève (➜ « L’autruche », p. 207).Activité : questionnaire du manuel de l’élève (➜ p. 207).

Séance 11 • Ateliers d’écriture poétique

Dominante : écriture.Support : manuel de l’élève (➜ « ateliers poé-sie », p. 215).Activité : questionnaire du manuel de l’élève (➜ ateliers 4 et 5, p. 215).

Séance 12 • Évaluation

Dominante : lecture analytique et écriture.Supports : manuel de l’élève (➜ « Le papillon », p. 202, haïku de la p. 217 et atelier 2, p. 214).Activité : questionnaire du manuel de l’élève (➜ p. 202).Activité complémentaire : écrire un haïku (➜ atelier 2, p. 214).

Unité courte 1 • Le rêve, source de poésie

Textes proposés

Tableau 1 : La Carrière de granit (➜ p. 195)Texte 2 : « L’air en conserve » (➜ p.198)Texte 3 : « Paris at night » (➜ p. 211).Texte 4 : « Dimanche » (➜ p. 217).Tableau 5 : Cygnes réfl échis en éléphants (➜ p. 215).

Objectif

Étudier des textes et des tableaux dans lesquels le rêve est le déclencheur de la vision ou dans lesquels l’artiste transfi gure le réel par l’imagi-naire et les ressources poétiques.

Problématique

Comment le rêve peut-il nourrir le texte poétique et lui permettre de restituer une vision transfi gu-rée de la réalité ?

Pistes didactiques

Tableau 1 : l’artiste, un rêveur qui accueille le monde et le transfi gure (en lien avec la citation du Hugo).Texte 2 : la poésie permet de capter et de resti-tuer une vision rêvée, comme une véritable « boî-te à images ».

Texte 3 : une vision de rêve, un souvenir éter-nel.Texte 4 : une vision transfi gurée du réel.Tableau 5 : une vision fantasmagorique du mon-de en peinture.

Mise en œuvre du décloisonnement

Lexique : on travaille sur les images, métapho-res et comparaisons, qui nourrissent l’univers du rêve (➜ p. 212).Lexique : on aborde la notion de sens propre, sens fi guré, qui déclenche également le rêve et l’échappée vers l’imaginaire (➜ Mon cahier de Français, p. 144).Oral : travail de lecture oralisée du poème (➜ p. 213).

Piste de travail d’écriture : On pourra travailler sur les ateliers poétiques, en particulier sur l’atelier 5, qui prend appui sur l’œuvre de Dalí (➜ p. 215).

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Unité courte 2 • Vision du monde, méditation sur l’homme

Texte 3 : la vision de l’automne permet une évo-cation de la mélancolie du poète.Texte 4 : la vision du pont Mirabeau développe une méditation sur le temps qui passe et les amours perdues.Texte 5 : la description du quotidien dans un café conduit à une réfl exion sur le manque de communication entre les hommes.

Mise en œuvre du décloisonnement

Grammaire : on travaillera sur l’analyse des pro-noms car ces textes, souvent lyriques, mettent en jeu l’expression de soi et l’adresse à autrui (➜ Mon cahier de Français, p. 22 et 24).Lexique : le travail sur les métaphores et com-paraisons de la page de vocabulaire pourra être réalisé (➜ p. 212).Écriture : on pourra proposer en particulier les ateliers 2 et 3 (➜ p. 214).

Textes proposés

Texte 1 : « Le papillon » (➜ p. 202) Texte 2 : « Le papillon » (➜ p. 217).Texte 3 : « Chanson d’automne » (➜ p. 199).Texte 4 : « Le pont Mirabeau » (➜ p. 202) .Texte 5 : « Déjeuner du matin » (➜ p. 208).

Objectif

Montrer comment la poésie, en parlant de la na-ture, permet une réfl exion sur l’homme.

Problématique

Comment le regard du poète, d’abord tourné vers le monde extérieur, devient une réfl exion in-térieure ?

Pistes didactiques

Textes 1 et 2 : la contemplation du papillon de-vient une réfl exion sur la fragilité et la brièveté de la vie.

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Page 23: Voir le monde en poésie - · PDF file163 – grâce aux nombreuses métaphores notam-ment. Enfi n, ils jouent de la dimension ludique du mot, de sa polysémie – tel le poème de

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Bibliographie commentée Les ouvrages sur la poésie sont innombrables. Nous proposons seulement ici quelques grands « rappels » généraux, et quelques autres, plus spécifi ques :

OUVRAGES GÉNÉRAUX

Octavio PAZ, L’Arc et la Lyre, NRF Essais, © Éditions Gallimard, 2003

Il s’agit avant tout d’une réfl exion sur le langage poétique, dont la richesse et la beauté d’écriture immergent d’emblée dans la poésie.Trois grandes parties composent cette réfl exion. La première porte sur la question suivante : Existe-t-il une spécifi cité du langage poétique, irréductible, essentielle, et peut-on l’approcher, la circonscrire ?La deuxième, découlant d’une certaine façon de la première : le langage poétique, et ce qu’il vé-hicule de singulier, peut-il se communiquer ?La troisième est une proposition, une concep-tion de la poésie qui donne le poème comme moyen d’accès au temps, et à l’être même des choses et du monde. Ce texte donne le souffl e nécessaire pour re-plonger dans la poésie avec tout l’élan et l’en-thousiasme qu’elle demande.

Jean-Pierre RICHARD, Poésie et profondeur, coll. « Points Essais », © Éditions du Seuil, 1955

Jean-Pierre RICHARD, Onze études sur la poésie moderne, coll. « Points Essais », © Éditions du Seuil, 1964

Certes, ces études critiques ne sont pas récen-tes et elles proposent essentiellement une ap-proche par auteur, mais elles sont d’une grande clarté et permettent de retrouver quelques repè-res précieux avant d’aborder d’autres analyses.

AU SUJET DES HAÏKUS

Haïku : Anthologie du poème court japonais, trad. Corinne Atlan et Zéno Bianu, NRF Poésies, © Éditions Gallimard, 2002

Cette anthologie puise dans les auteurs japo-nais les plus célèbres : Bashô, le grand maître dans le domaine des haïkus, ainsi que Buson et Issa, pour ne noter que les plus importants. Par ailleurs, cette anthologie prend soin de préciser ce qu’est l’art du haïku (une très petite synthèse

en est présentée dans le « quelques repères » de la page 201 du manuel). Cet ouvrage permet de comprendre que le haïku n’est pas seule-ment un petit poème sur la nature mais qu’il est un art de saisir l’instant de vie présent, ramassé en une image, fi xé par l’écriture.

Sherman E. LEE, Hiroshige : Carnets d’esquis-ses, © Éditions Phébus, 2002

Afi n d’avoir une première approche plus com-plète de l’art japonais, on peut mettre en paral-lèle la démarche du grand peintre Hiroshige (1797-1858), qui transpose en peinture l’art des poètes du haïku ; sa technique, qui atteint une maîtrise parfaite et une pureté de trait abso-lue, s’appelle le « libre pinceau ».

AUTOUR DE JACQUES PRÉVERT

Jacques PRÉVERT, Robert DOISNEAU, Rue Jacques Prévert, coll. « Dois », © Éditions Hœbeke, 1992

Très beau livre avec des photographies de Doisneau en rapport avec l’univers du poète.

Plus particulièrement pour la jeunesse :

Jacques PRÉVERT, À perte de vie, coll. « Folio junior théâtre », © Éditions Gallimard jeunesse, 2000

Quatre pièces comiques qui refl ètent l’inventivi-té et l’univers de Jacques Prévert.

Jacques Prévert, un poète, coll. « Folio junior Poésie », © Éditions Gallimard jeunesse, 1980

Anthologie de textes de Jacques Prévert.

Quant à Pablo Neruda, on pourrait dire que tout est à lire mais rappelons seulement que la lec-ture du Chant général donne la dimension et l’ampleur de son œuvre. En prose, on peut évo-quer le texte souvent bouleversant J’avoue que j’ai vécu. Les éditions de ces deux œuvres sont nombreuses et très courantes.

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