Viticulture : bandes enherbées

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Désherbage Les viticulteurs se mettent au vert (CR J.Cassagnes) Les viticulteurs ont changé leur manière de voir. Auparavant, une vigne bien entretenue, jugée «propre » était une vigne sans herbe. Aujourd’hui, de l’herbe dans les vignes, c’est signe d’un travail plus propre… Pas forcément d’un point de vue esthétique, mais environnemental... Ils sont en effet de plus en plus nombreux à avoir recours à l’enherbement de leurs parcelles associé (ou non) au désherbage mécanique, également remis au goût du jour : désormais, 20% des surfaces de nos vignobles* ne reçoivent plus aucun désherbant chimique…. Contre 10% quatre ans plus tôt ! Une part qui a donc fortement progressé en quatre ans (et qui peut encore s’accroître !). Quand les conditions pédoclimatiques s’y prêtent, l’enherbement de l’inter-rang, et même désormais, du rang de vigne, présente en effet de multiples avantages pour le viticulteur. Le premier est celui de permettre une meilleure maîtrise de la vigueur des vignes trop « poussantes ». En la diminuant, on baisse leur

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Les viticulteurs ont changé leur manière de voir. Auparavant, une vigne bien entretenue, jugée «propre » était une vigne sans herbe. Aujourd’hui, de l’herbe dans les vignes, c’est signe d’un travail plus propre… Pas forcément d’un point de vue esthétique, mais environnemental… Ils sont en effet de plus en plus nombreux à avoir recours à l’enherbement de leurs parcelles associé (ou non) au désherbage mécanique, également remis au goût du jour : désormais, 20% des surfaces de nos vignobles* ne reçoivent plus aucun désherbant chimique…. Contre 10% quatre ans plus tôt ! Une part qui a donc fortement progressé en quatre ans (et qui peut encore s’accroître !).

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DésherbageLes viticulteurs se mettent au vert

(CR J.Cassagnes)

Les viticulteurs ont changé leur manière de voir. Auparavant, une vigne bien entretenue, jugée «propre » était une vigne sans herbe. Aujourd’hui, de l’herbe dans les vignes, c’est signe d’un travail plus propre… Pas forcément d’un point de vue esthétique, mais environnemental...Ils sont en effet de plus en plus nombreux à avoir recours à l’enherbement de leurs parcelles associé (ou non) au désherbage mécanique, également remis au goût du jour : désormais, 20% des surfaces de nos vignobles* ne reçoivent plus aucun désherbant chimique…. Contre 10% quatre ans plus tôt ! Une part qui a donc fortement progressé en quatre ans (et qui peut encore s’accroître !).

Quand les conditions pédoclimatiques s’y prêtent, l’enherbement de l’inter-rang, et même désormais, du rang de vigne, présente en effet de multiples avantages pour le viticulteur. Le premier est celui de permettre une meilleure maîtrise de la vigueur des vignes trop « poussantes ». En la diminuant, on baisse leur rendement et on augmente le potentiel qualitatif de la vendange.

Parallèlement, l’enherbement a un impact positif sur les maladies fongiques : oïdium, mildiou ou botrytis, en limitant leur développement. Car qui dit moins de végétation, dit prophylaxie, avec moins de champignons, donc de fongicides utilisés. Contre le mildiou, la présence d’herbe implique aussi une augmentation de l’évaporation en zone de mouillères ce qui a un effet « écran » et évite les contaminations primaires par « splashing ».

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L’intérêt des bandes enherbées se trouve également dans leur rôle bénéfique sur la structuration du sol. Elles améliorent ses propriétés physiques, grâce à un effet décompactant du tissu racinaire, sa stabilité structurale, grâce à l’apport de matière organique, sa porosité et sa perméabilité. Elles contribuent par ailleurs à lutter contre l’érosion et confèrent une meilleure portance pour le passage des engins après les pluies. Elles favorisent aussi la vie microbienne notamment rhizosphérique. En effet, les végétaux nourrissent les micro-organismes (bactéries rhizosphérique ou mycorhizes) grâce notamment aux exsudats racinaires riches en carbo-hydrates.

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L’enherbement des vignes a aussi bien sûr un impact positif sur l’environnement. D’abord parce qu’il permet la suppression des désherbants, dans un contexte de baisse drastique du nombre de matières actives autorisées sur le marché. Ensuite, parce que la présence d’herbe permet de capter une partie des produits phytosanitaires tombés au sol, le risque de transfert dans les eaux souterraines ou de surface étant alors amoindri. Enfin, parce qu’il contribue à favoriser la biodiversité, grâce à l’installation et le développement d’auxiliaires des cultures, selon les espèces présentes dans le couvert végétal. L’enherbement temporaire, avec destruction du couvert au printemps pour limiter le risque de concurrence avec la vigne, joue aussi un rôle « d’engrais vert », et présente donc un intérêt vis-à-vis de la fertilisation…. Une technique qui connaît un intérêt grandissant auprès des viticulteurs.

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Mais attention : l’implantation de bandes enherbées nécessite une bonne connaissance préalable de ses parcelles, de leur aptitude à être enherbées. Une mise en œuvre progressive permettra de « tester » les retombées sur l’alimentation hydrique et minérale de la vigne, et sur la teneur en azote assimilable des moûts. Dans les vignobles aux climats chauds et secs, où le risque de concurrence hydrique est élevé, des adaptations techniques restent aussi possibles : par exemple en « jouant » sur le choix de l’espèce à semer , la largeur de bande, en enherbant un rang sur deux, sur trois, de façon temporaire… voire même, si l’on veut aller plus loin, en enherbant le rang et en désherbant mécaniquement l’inter-rang ! Attention enfin aux parcelles en forte pente ou en dévers, avec le risque de perte d’adhérence de certains engins par temps humide, ainsi qu’au risque accru de gel de printemps, en fonction de la hauteur de l’herbe.

*Enquête Agreste primeur – octobre 2012 – Pratiques phytosanitaires dans la viticulture en 2010.

JC

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