Vidocq-Memoires de Vidocq - Tome III

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    Mmoires de Vidocq - Tome III

    Eugne-Franois Vidocq

    ublication:1828

    atgorie(s): Non-Fiction, Biographie & Autobiographie, Fiction, Policiers

    Mystres, Histoire

    ource:http://www.ebooksgratuits.com

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    A Propos Vidocq:

    Aventurier, voleur, bagnard, puis indicateur de police,evient chef de la brigade de la Sret parisienne e811. En 1827, Vidocq dmissionne de ses fonctions dhef de la Sret. Il s'installe Saint-Mand, prs de Pari

    t cre une petite usine de papier. Il invente le papinfalsifiable. En 1828, il publie des Mmoires qonnaissent un grand succs, et qui inspirent notamment

    Honor de Balzac son personnage de Vautrin. Ruin pon affaire d'usine de papier, il occupe nouveau dura

    ept mois le poste de chef de la sret en 1832, puis quitfinitivement le service public et fonde en 1833 le Bureae renseignements pour le commerce, la premire agence dtective prive, qui fournit aux commerant

    moyennant finance, des services de renseignement et durveillance conomique, ainsi que des informations s

    es conjoints volages.

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    Mmoires de Vidocq - Tome I(1828)

    Mmoires de Vidocq - Tome II(1828)Mmoires de Vidocq - Tome IV(1828)

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    Que lon naccuse pas ces pages dtre licencieuses,

    ce ne sont pas l ces rcits de Ptrone, qui portent le

    feu dans limagination, et font des proslytes

    limpuret. Je dcris les mauvaises murs, non pour

    les propager, mais pour les faire har. Qui pourrait nepas les prendre en horreur, puisquelles produisent le

    dernier degr de labrutissement ?

    Mmoires, tome III.

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    CHAPITRE XXXII.

    M. de Sartines et M. Lenoir. Les filous avant lavolution. Le divertissement dun lieutenant-gnral d

    police. Jadis et aujourdhui. Les muets de labbSicard et les coupeurs de bourse. La mort de

    Cartouche. Premiers voleurs agents de la Police. Lenrlements volontaires et les bataillons coloniaux. Le

    bossus aligns et les boiteux mis au pas. Le fameuxFlambard et la belle Isralite. Histoire dun chauffeur

    devenu mouchard ; son avancement dans la gardenationale parisienne. On peut tre patriote et grinchir.

    Je donne un croc-en-jambe Gaffr. Les meilleurs

    amis du monde. Je me mfie. Deux heures SaintRoch. Je nai pas les yeux dans ma poche. Le

    vieillard dans lembarras. Les dpouilles des fidles. Filou et mouchard, deux mtiers de trop. Le danger dpasser devant un corps de garde. Nouveau croc-en-

    jambe Gaffr. Goupil me prend pour un dentiste. Une attitude.Je ne sais quelle espce dindividus MM. de Sartines

    enoir employaient pour faire la police des voleurs, mae que je sais bien, cest que sous leur administration leous taient privilgis, et quil y en avait bon nomb

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    ans Paris. Monsieur le lieutenant-gnral se souciait pee les rduire linaction, ce ntait pas l son affaireeulement il ntait pas fch de les connatre, et de tempautre, quand il les savait habiles, il les faisait servir soivertissement.

    Un tranger de marque venait-il visiter la Capitale, viM. le lieutenant-gnral mettait ses trousses la fleur de

    ous, et une rcompense honnte tait promise celentre eux qui serait assez adroit pour lui voler sa montu quelque autre bijou de grand prix.Le vol consomm, M. le lieutenant-gnral en ta

    ussitt averti, et quand ltranger se prsentait poclamer, il tait merveill ; car peine avait-il signaobjet, que dj il lui tait rendu.

    M. de Sartines, dont on a tant parl et dont on parle tancore tort et travers, ne sy prenait pas autrement po

    rouver que la police de France tait la premire police dmonde. De mme que ses prdcesseurs, il avait uningulire prdilection pour les filous, et tous ceux dontvait une fois distingu ladresse, taient bien certains dmpunit. Souvent il leur portait des dfis ; il les mandalors dans son cabinet, et lorsquils taient en sa prsencMessieurs, leur disait-il, il sagit de soutenir lhonneur deous de Paris ; on prtend que vous ne ferez pas tel vol

    a personne est sur ses ardes, ainsi prenez vorcautions et songez bien que jai rpondu du succs. Dans ces temps dheureuse mmoire, M. le lieutenan

    nral de police ne tirait pas moins vanit de ladresse des filous, que feu labb Sicard de lintelligence de se

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    ravit dun magistrat, quelque svre quil ft, ne tenaas contre une espiglerie de coquin, pour peu quelle fomique ou bien combine : ds quon avait tonn ou fare, on tait pardonn. Nos anctres taient indulgents eaucoup plus faciles gayer que nous ; ils taient aus

    eaucoup plus simples et beaucoup plus candides : voians doute pourquoi ils faisaient tant de cas de ce qtait ni la simplicit, ni la candeur leurs yeux, un routait le nec plus ultra, de ladmirable ; ils le flicitaient, exaltaient, ils aimaient conter ses prouesses et se leaire conter. Ce pauvre Cartouche, quand on le conduisit a Grve, toutes les dames de la cour fondaient en larmestait une dsolation.Sous lancien rgime, la police navait pas devin tout

    arti que lon peut tirer des voleurs : elle ne les regardaue comme moyen de rcration, et ce na t que plu

    ard quelle imagina de remettre entre leurs mains unortion de la vigilance qui doit sexercer pour la sreommune. Naturellement, elle dut donner la prfrence aoleurs les plus fameux, parce quil tait probable qutaient les plus intelligents. Elle en choisit quelques-unont elle fit ses agents secrets : ceux-ci ne renonaient pafaire du vol leur principal moyen dexistence, mais

    engageaient dnoncer les camarades qui leeconderaient dans leurs expditions : ce prix, evaient rester possesseurs de tout le butin quils feraienans que lon pt les rechercher jamais pour les crime

    uxquels ils auraient particip. Telles taient les conditione leur pacte avec la police ; quant au salaire, ils ne

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    ecevaient point, ctait dj une assez grande faveur que pouvoir se livrer la rapine impunment. Cette impuniexpirait quavec le flagrant dlit, lorsque lautori

    udiciaire intervenait, ce qui tait assez rare.Long-temps on navait admis dans la police de sre

    ue des voleurs non encore condamns ou librs : Vean VI de la Rpublique, on y fit entrer des forats vadui briguaient les emplois dagents secrets, afin de s

    maintenir sur le pav de Paris. Ctait l des instrumenort dangereux, aussi ne sen servait-t-on quavec unxtrme dfiance, et ds linstant quils cessaient dttiles, on se htait de sen dbarrasser. Dordinaire, on lecochait quelque nouvel agent secret qui, en lentranant dans une fausse dmarche, les compromettait ournissait ainsi le prtexte de leur arrestation. LeRichard, les Cliquet, les Mouille-Farine, les Beaumont,

    eaucoup dautres qui avaient t des limiers de la policurent tous reconduits au bagne, o ils ont termin learrire, accabls des mauvais traitements que lerodiguaient danciens compagnons quils avaient trahislors ctait lusage, les agents faisaient la guerre augents, et le champ restait aux plus astucieux.Une centaine de ces individus que jai dj cits, le

    Compre, les Csar Viocque, les Longueville, les Simoes Bouthey, les Goupil, les Coco-Lacour, les Henri Lames Dore, les Guillet, dit Bombance, les Cadet Pomm, leMingot, les Dalisson, les douard Goreau, les Isaac, le

    Mayer, les Cavin, les Bernard Lazarre, les Lanlaire, le

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    Florentin,les Cadet Herries, les Gaffr, les Manigant, leNazon, les Levesque, les Bordarie, faisaient en quelquorte la navette dans les prisons, o ils senvoyaient les u

    es autres, saccusant mutuellement, et certes, ce ntaas faux ; car tous volaient, et il fallait bien quils fusse

    outumiers du fait : sans le vol comment auraient-ils vcuisque la police ne sinquitait pas de pourvoir leubsistance ?Dans lorigine, les voleurs qui voulurent avoir deu

    ordes leur arc, furent en trs petit nombre : laccueil qu

    ans les prisons lon faisait aux faux-frres ntait guropre les multiplier. Imaginer quils taient retenus pne sorte de loyaut, ce serait mal connatre les voleurs ;

    a plupart dentre eux ne dnonaient pas, cest quraignaient dtre assassins. Mais bientt il en fut dette crainte comme de lapprhension de tout pril qu

    st indispensable daffronter, elle saffaiblit graduellemenlus tard, le besoin dchapper larbitraire dont la polictait arme, contribua propager parmi les voleuhabitude de la dlation.

    Lorsque, sans autre forme de procs, et seulemearce que ctait le bon plaisir de la police, olaquemurait jusqu nouvel ordre les individus rputoleurs incorrigibles(dnomination absurde dans un pay lon na jamais rien fait pour leur amendemenlusieurs de ces malheureux, fatigus dune dtention dos nentrevoyaient pas le terme, savisrent dun singuli

    xpdient pour obtenir leur libert. Les voleurs dput

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    ncorrigiblestaient aussi, dans leur genre, une espce duspects: rduits envier le sort des condamns, puisquu moins ces derniers taient largis lexpiration de leeine, afin dtre jugs, ils imaginrent de se fainoncer pour de petits vols, que souvent ils navaient pa

    ommis ; quelquefois mme le dlit pour lequel siraient tre traduits, leur avait t cd, moyennant un

    gre rtribution, par le dnonciateur leur compre ; bieeureux alors ceux qui avaient des crimes revendre ! idaient plus dun broc dans la cantine, la sant d

    acqureur de leur mfait. Ctait un beau jour pour nonc volontaire, que celui o il tait extrait de Bictour tre conduit la Force, moins beau pourtant que cel, amen devant ses juges, il entendait prononcer unentence en vertu de laquelle il ne serait plus enferm quuelques mois. Ce laps de temps coul, sa sortie, qu

    ttendait avec tant dimpatience, lui tait enfin annoncemais, entre les deux guichets, des estaffiers venaient saisir de sa personne ; et il retombait comme auparavaous la juridiction du prfet de police, qui le faisait croue nouveau Bictre, o il restait indfiniment.Les femmes ntaient pas mieux traites, et la prison d

    Saint-Lazare regorgeait de ces infortunes que degueurs illgales rduisaient au dsespoir.Le prfet ne se lassait pas de ces incarcrations ; mavint un moment o, faute despace, il dt songer

    blayer les cachots ; ceux, du moins, o les homme

    taient entasss. Il fit, en consquence, suggrer certendus incorri ibles uil d endait deux de mettre fin

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    eur captivit, et que lon dlivrerait sur champ des feuillee route tous ceux qui demanderaient prendre dervice dans les bataillons coloniaux. Aussitt il y eut unoule denrls volontaires. Tous taient persuads quoes laisserait rejoindre librement ; on le leur avait promis

    mais quelle ne fut pas leur surprise, quand la gendarmerint semparer deux pour les traner de brigade en brigad

    usqu leur destination ? Ds-lors les prisonniers ne durelus tre trs empresss dendosser luniforme ; le prfeapercevant que leur zle stait tout coup refroid

    rescrivit au gelier de les solliciter de sengager, et siefusaient, ce singulier recruteur avait ordre de les ontraindre force de mauvais traitements. On peut tr quun gelier, en pareil cas, fait toujours plus quoexige de lui. Celui de Bictre sollicitait non-seulement lerisonniers valides, mais encore ceux qui ne ltaient pas

    oint dinfirmit, quelque grave quelle ft, qui pt tre seeux un motif dexemption : tout lui convenait, les bossu

    es borgnes, les boiteux et jusques aux vieillards. En vaclamaient-ils : le prfet avait dcid quils seraieoldats, et, bon gr, mal gr, on les transportait dans le

    es dOlron ou de R, o des chefs, choisis parmi ce quavait de plus brutal dans larme, les traitaient commes ngres [1]. Latrocit de cette mesure fut cause qulusieurs jeunes gens qui ne se souciaient pas dtoumis un semblable rgime, offrirent la police devenir ses auxiliaires ; Coco-Lacour fut un des premiers

    enter cette voie de salut, la seule qui fut ouverte. On abord uel ues difficults de ladmettre mais la fi

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    uil lui faut, et cet effet il prsente une requte au granuge, afin de faire dcider cette question, si leffractioprs le vol consomm constitue une circonstancggravante ?M. Amar provoquait une dcision affirmative, et elle f

    endue telle quil la dsirait. Sur ces entrefaites, les voleuont laudace avait allum la bile du criminaliste, furecouverts et arrts. Ils avaient t trouvs nantis, il let t difficile de nier ; mais ils souponnrent un ancieonfrre de les avoir dnoncs : ctait le nomm Bonne

    gent secret ; ils le signalrent comme leur complice, onnet, quoiquinnocent, fut ainsi queux condamn ouze ans de fers.Plus tard deux autres agents secrets, Cadet Herris

    edran, son beau-frre, ayant vol des malles, et les ayaides pour sen adjuger le contenu, les entreposrent cheeux de leurs collgues, Tormelpre et fils, qui, signalnsuite par eux la perquisition, furent atteints onvaincus dun larcin dont les dnonciateurs seuls avaieu les profits. Soit Bictre, soit la Force, il ne sassait pas de jour que je ne visse arriver quelques-uns d

    es messieurs, et que je ne les entendisse se reprochciproquement leur turpitude. Du matin au soir, cemouchards surnumraires taient se quereller, et curent leurs ignobles dbats qui me rvlrent combien mtier que jallais embrasser tait prilleux. Cependant e dsesprais pas dchapper aux dangers de rofession, et toutes les msaventures dont jtais

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    moin taient autant dexpriences daprs lesquelles me prescrivais des rgles de conduite, qui devaient rendmon sort moins prcaire que celui de mes devanciers.

    Dans le second volume de ces Mmoires jai parl duif Gaffr, sous les ordres de qui je fus en quelque sor

    lac au moment de mon entre la police. Gaffr talors le seul agent secret salari. Je ne lui fus pas plutdjoint, quil eut la fantaisie de se dfaire de moi ; je feigne ne pas pressentir son intention, et, sil me proposait d

    me perdre, de mon ct je mditais de djouer ses projetavais faire forte partie ; Gaffr tait retors. Quand je onnus, on le citait comme le doyen des voleurs ; il avaommenc huit ans, et dix-huit il avait t fouett

    marqu sur la place du Vieux-March, Rouen. Sa mrui tait la matresse du fameux Flambard, chef de olice de cette ville, avait dabord tent de le sauver ; ma

    uoiquelle ft lune des plus belles isralites de son tempes magistrats naccordrent rien ses charmes : Gafftait trop maron (coupable) ; Vnus en personne nauraas eu la puissance de flchir ses juges. Il fut bannoutefois, il ne sortit pas de France ; et lorsque volution et clat, il ne tarda pas reprendre le cours des exploits dans une bande de chauffeurs, parmi lesquefigura sous le nom de Caille.Ainsi que la plupart des voleurs, Gaffr avaerfectionn son ducation dans les prisons ; il y taevenu universel, cest--dire quil ny avait point de gen

    e grinchirdans lequel il ne ft pass matre. Aussi, cont

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    usage, nadopta-t-il aucune spcialit ; il tassentiellement lhomme de loccasion ; tout lui convenaepuis lescarpejusqu la tire(depuis lassassinat jusqu

    a filouterie). Cette aptitude gnrale, cette varit dmoyens lavaient conduit samasser un petit pcule.

    vait, comme on dit, du foin dans ses bottes, et il aurait pvre sans travailler ;mais les gens de la caste de Gaffont laborieux, et bien quil ft assez largement rtribu pa police, il ne cessait pas dajouter ses appointements roduit de quelques aubaines illicites, ce qui n

    empchait pas dtre fort considr dans son quartialors le quartier Martin) o, ainsi que son accolyFrancfort, autre juif, il avait t nomm capitaine de arde nationale.Gaffr craignait que je ne le supplantasse ; mais le vieu

    enard ntait pas assez habile pour me cacher se

    pprhensions : je lobservai, et ne tardai pas dcouvuil manuvrait pour me faire tomber dans un pigeeus lair dy donner tte baisse, et il jouissait dntrieurement de sa victoire ; lorsque, voulant me montn coup que je devinai, il fut pris dans ses propres filets, e

    ar suite de lvnement, enferm pendant huit mois apt.Je ne fis jamais connatre Gaffr que java

    ouponn sa perfidie ; quant lui, il continua dissimuler la haine quil me portait, si bien quepparence nous tions les meilleurs amis du monde. Il e

    tait de mme de plusieurs voleurs agents secrets, ave

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    esquels je me liai pendant ma dtention. Ces derniers mtestaient cordialement, et quoique nous nous fissiononne mine, ils pouvaient se flatter dtre pays de retou

    Goupil, le Saint-Georges de la savatte, taient du nombe ceux qui me poursuivaient de leur intimit

    onstamment attach ma personne, il remplissait lofficu tentateur, mais il ne fut ni plus heureux ni plus adroit qu

    Gaffr. Les Compre, les Manigant, les Corvet, leBouthey, les Leloutre, essayrent aussi de jeter le grapur moi ; je fus invulnrable, grce aux conseils d

    M. Henry.Gaffr ayant recouvr sa libert, ne renona pas soessein de me compromettre : avec Manigant et Compr

    complota de me fairepayer (condamner) ; maersuad que pour avoir chou une premire fois, il n

    aisserait pas de revenir la charge, jtais sans cesse s

    a dfiance. Je lattendais donc de pied ferme, lorsquuour quune solennit religieuse devait attirer beaucoup dmonde Saint-Roch, il mannona quil avait reu lorde sy rendre avec moi. Jemmne aussi, me dit-il, lemis Compre et Manigant ; comme on est inform qu

    ans ce moment il existe Paris beaucoup de voleutrangers, ils nous signaleront ceux qui pourraient tre deur connaissance. Emmenez qui vous voudrez, lpondis-je, et nous partmes. Quand nous arrivmes, ivait une affluence considrable ; le service exigeait quous ne fussions pas tous runis sur un mme point

    Manigant et Gaffr allaient en avant. Tout--coup, dan

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    endroit o ils sont, je remarque que lon sert un vieillarress contre un pilier, le brave homme ne sait plus oonner de la tte, il ne crie pas, par respect pour le saieu, cependant toute sa figure est bouleverse, serruque est en dsarroi ; il a perdu terre ; son chapea

    uil suit des yeux avec une notable anxit, rebondpaules en paules, tantt sloignant, tantt sapprochant, mais roulant toujours. Messieurs, je vous erie sont les seuls mots quil prononce dun ton piteuje vous en prie ; et tenant dune main sa canne

    omme dor, de lautre sa tabatire et son mouchoir, gite en lair deux bras quil voudrait bien pouvoir ramenhauteur de sa ceinture. Je comprends quon lui soulv

    a montre ; mais que puis-je y faire ? je suis trop loignu vieillard ; dailleurs lavis que je donnerais serait tardt puis Gaffr nest-il pas tmoin et acteur de cette scne

    il ne dit rien, sans doute quil a ses motifs pour se taire prie le parti le plus sage, je gardai le silence, afin de voenir ; et dans lespace de deux heures que dura rmonie, jeus loccasion dobserver cinq ou six de ceresses factices dans lesquelles japercevais toujou

    Gaffr et Manigant. Ce dernier, qui est aujourdhui aagne de Brest, o il subit une condamnation douznnes de fers, tait cette poque un des plus rusous de la capitale ; il excellait faire passer largent de oche des autres dans la sienne ; pour lui, la transmutatioes mtaux se rduisait un simple dplacement qu

    prait avec une incroyable agilit.La petite sance quil fit dans lglise de Saint-Roch n

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    ut pas des plus productives ; cependant, sans compter montre du vieillard, elle avait fait entrer dans son gousseux bourses et quelques autres objets de peu de valeur.La crmonie termine, nous allmes dner chez u

    aiteur ; les fidles faisaient les frais de ce repas, rien n

    ut pargn. On but copieusement, et au dessert on me mans la confidence de ce quil eut t impossible de macher : dabord il ne fut question que des bourses, dan

    esquelles on trouva cent soixante-quinze francs, espceonnantes. La carte paye, il restait cent francs, et lo

    men donna vingt pour ma part, en me recommandant iscrtion : comme largent na pas de nom, je crus quil nvait pas dinconvnient accepter. Les convives s

    montrrent enchants de mavoir affranchi, et deux flacone Beaune furent vids pour clbrer mon initiation. On narla pas de la montre ; je nen dis rien non plus pour n

    as paratre plus instruit que lon voulait que je ne le fussmais jtais tout yeux et tout oreilles et je ne tardai pas cqurir la certitude que la montre tait au pouvoir d

    Gaffr. Alors je me mis contrefaire lhomme ivre, rtextant un besoin, je priai le garon de service de monner lindication qui mtait ncessaire. Il me conduist ds que je fus seul, jcrivis au crayon un billet ainonu : Gaffr et Manigant viennent de voler une montre dan

    glise Saint Roch ; dans une heure, moins quils nhangent dide, ils passeront au march Saint-Jea

    Gaffr est porteur de lobjet. Je descendis en toute hte, et tandis que Gaffr et se

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    Quand nous passmes, ils vinrent nous, et nous prenaoliment par le bras, ils nous invitrent entrer au post

    Gaffr ne pouvait simaginer ce que cela signifiait ; upposait que les soldats taient dans lerreur. Il voulrgumenter, on le somma dobir, et bientt aprs il fall

    e soumettre la fouille. Ce fut par moi que loommena, lon ne trouva rien ; vint ensuite le tour d

    Gaffr, il ntait pas son aise ; enfin la fatale montre soe son gousset ; il est un peu dconcert, mais au mome on lexamine, et surtout lorsquil entend le commissai

    ire son secrtaire, crivez : une montre entoure drillants, il plit et me regarde. Avait-il quelque soupon de qui stait pass ? je ne le pense pas ; car il taonvaincu que jignorais le vol de la montre, et, de plus,tait certain que, mme en tant instruit, puisque je navais pas quitt, je naurais pu manger le morceau.

    Gaffr, interrog, prtendit avoir achet la montre : on fersuad quil mentait ; mais la personne vole ne staas prsente pour rclamer, il ne fut pas possible de ondamner. On le retint nanmoins administrativement, prs un assez long sjour Bictre, il fut envoy e

    urveillance Tours, do il revint plus tard Paris. Cclrat y est mort en 1822.Dans ce temps, la police avait si peu de confiance e

    es agents, quil ntait sorte dexpdients auxquels elle necourt pour les prouver. Un jour on me dtacha Goupui vint me faire une singulire proposition.

    Tu sais bien, me dit-il, Franois le cabaretier.

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    Oui, quest-ce quil y a ? Si tu veux, nous lui arracherons une dent. Et comment cela ? Voil dj plusieurs fois quil sadresse

    rfecture pour obtenir la permission de rester ouvert un

    artie de la nuit, on lui a toujours refus, et je lui ai donnntendre quil ne dpendrait que de toi de lui faire accorde quil demande. Tu as eu tort ; car je ne puis rien. Tu ne peux rien : belle nouvelle ! certainement tu n

    eux rien, mais tu peux toujours le bercer de lespoir que ui feras obtenir.

    Cest vrai, mais que lui en reviendra-t-il ? Dis plutt que nous en reviendra-t-il ? Franois, si

    y prends bien, est un messirequi financera. Il est dverti que tu fais la pluie et le beau temps dan

    administration ; il a bonne opinion de toi, ainsi, pas doute, il jouera du pouce la premire rquisition. Tu penses quil lchera la monnaie ? Si je le pense, mon ami, il se f autant de six cen

    ancs comme dun liard ; nous empoignerons les enjeuxest le point essentiel, aprs on le promne. la bonne heure ; mais sil se fche ? Eh bien ! on lenvoie promener ; au surplus, n

    nquite pas, je me charge de tout. Pas de brodercrit), par exemple, tu connais le proverbe, les crits soes mles, et les paroles sont des femelles.

    Cest , autant en emporte le vent ; point de reu,

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    mpochons. Et mille zieux ! oui, arrive qui plante, cest des chou

    n en est quitte pour nier. En attendant, je vais battomptoir, et il faudra bien quil aboule. Goupil me prenlors la main, et me la serrant dans la sienne, il continue

    Je me rends de ce pas chez Franois, je tannoncerour ce soir, je serai cens tavoir donn rendez-vous pouit heures, et tu ne viendras qu onze, parce que, soisant, tu auras t retard ; minuit, on nous dira dortir, alors tu feras semblant de ten formaliser,

    ranois saisira loccasion pour te pousser la botte. Tu en homme destoque, le reste va sans dire. Au revoir. Au revoir, rpondis-je ; nous nous sparmes. Mapeine tions-nous dos--dos, que Goupil revint sur se

    as. Ah a ! me dit-il, tu sais qu des fois la plume va

    mieux que le pigeon, il me faut de la plume, ou sinon oudain prenant une attitude disloque, ouvrant unouche norme, balanant ses mains six pouces du soomme sil et voulu raser le pav, il complta la menacar une retraite de corps et par un avanc de jambes dan

    equel la mobilit de ses pieds ntait pas ce quil y avae moins grotesque. Cest bien, dis-je Goupil, tu ne mavaleras pa

    Nous partagerons, cest convenu. Foi de grinche? Oui, sois tranquille.

    Goupil pris aussitt le chemin de la Courtille, o il alla

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    ssez frquemment, et moi celui de la prfecture de polic jinstruisis M. Henry de la proposition que lon mavaaite. Jespre, me dit ce chef, que vous ne vous prtereas cette intrigue. Je lui protestai que je ny taullement dispos, et il tmoigna quil me savait bon gr d

    avoir averti. Actuellement, ajouta-t-il, je vais vous donnne preuve de lintrt que je vous porte, et il se leva porendre dans son casier un carton quil ouvrit : Vouoyez quil est plein ; ce sont des rapports contre vous ;en manque pas, et pourtant je vous emploie, cest que e crois pas un mot de ce quils disent. Ces rapportaient luvre des inspecteurs et des officiers de paui, par esprit de jalousie, maccusaient de volontinuellement : ctait l leur refrain, ctait aussi celes voleurs que javais fait prendre en flagrant dlit ; ils mnonaient comme leur complice, mais quand de toute

    arts de dfavorables prventions me rendaieccessible, je dfiais la calomnie, je bravais ses atteintet ses traits venaient se briser contre le rempart dairaune vrit qui, force dalibi incontestables oimpossibilits dun autre genre, devenait resplendissanvidence. Accus chaque jour pendant seize ans, jama

    e ne fus traduit ; une seule fois je fus interrog pM. Vigny, juge dinstruction ; la plainte qui mavait amenevant lui offrait quelques probabilits, je neus quaratre, elles svanouirent, et je fus renvoy sur le champ

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    CHAPITRE XXXIII.

    Un enfonceur enfonc. La provocation. Les loups

    les agneaux et les voleurs. Ma profession de foi. La

    ande Vidocq et le Vieux de la Montagne. Il ny a plude morale dans la Police. Mes agents calomnis. I

    nest si bon matou, qui attrape une souris avec des

    mitaines. Linstrument du pch. Mettez des gants.

    Desplanques, ou lamour de lindpendance ; o diableva-t-il se nicher ? Le rglement et MM. Delaveau et

    Duplessis. Les roulettes ambulantes et les trop

    philantropes. Les bonnes murs, les bonnes lettres,

    les bonnes tudes. Les jsuites de robe longue et de

    robe courte. Lempire du cotillon. Duret des voleurui se croient corrigs. Coco-Lacour et un ancien ami.

    Castigat ridendo mores.Gaffr et Goupil ayant chou dans leurs manuvre

    our me compromettre, Corvet voulu son tour essayer e ne succomberais pas. Un matin ayant besoin de mrocurer divers renseignements, je me rendis chez cgent dont la femme tait aussi attache la police. Jouvai les deux poux dans leur logement, et quoique je n

    es connusse que pour avoir coopr avec eux quelque

    couvertes de peu dimportance, ils mirent tant de bonn

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    rce me donner les renseignements que je demandauen homme qui a le savoir vivre des gens avec lesquelse trouve en rapport, je leur fis loffre de les rgaler dunouteille de vin au plus prochain cabaret : Corvet seccepta, et nous allmes ensemble nous installer dans u

    abinet particulier.Le vin tait excellent ; nous en bmes une bouteille, pu

    eux, puis trois. Un cabinet particulier et trois bouteilles din, il nen faut pas tant pour disposer la confidenc

    Depuis une heure environ, je croyais mapercevoir quCorvet avait quelque ouverture me faire ; enfin, tant ueu lanc, coute Vidocq, me dit-il, en posaruyamment son verre sur la table, tes un bon enfant, maes pas franc avec les amis ; nous savons bien que ravailles,mais tes une lime sourde(un dissimul) : sana nous pourrions faire de bonnes affaires.

    Jeus dabord lair de ne pas comprendre. Tiens, reprit-il, tas beau battre, on ne men conte pamoi ; je nai pas vu de ton urine, mais je sais de quoi q

    etourne. Je vais te parler comme si ttais mon frrprs a je pense que tu nauras plus de dtours. Ceon de servir la police, cest juste ; mais aussi on ne gagnas le diable : un petit cu cest pas sitt chang que ceen du tout. Vois-tu, si tu veux tre discret, il y a deux oois affaires quejereluque, nous les ferons ensemble, ous empchera pas par aprs denfoncer les amis. Comment, lui dis-je, tu veux abuser de la confianc

    ue lon a en toi ? ce nest pas brave, et je te jure que si oe savait la bouti ue on ne se nerait as o

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    envoyer passer deux ou trois ans Bictre. Ah ! te voil comme les autres, reprit Corvet ? a a-t-il pas bien de faire le dlicat ? tes dlicat, toi ! laissonc : on te connat pas pttre. Je lui tmoignai mon tonnement de ce quil me tenait u

    areil langage, et jajoutai que jtais bien persuad quavait que lintention de mprouver, ou peut-tre de mendre un pige.

    Un pige ! scria-t-il, un pige ! moi vouloir te faire da peine ! plutt tre gerb vioque(jug vie) : faut t

    ien mzire (nigaud) pour le supposer. Je vas pas puatre chemins ; quand je dis quelque chose, cest quest a : avec moi il y a pas de porte de derrire ; et reuve que cest pas comme tu crois, cest que je vais onfier que pas plus tard qu ce soir je fais un chopin.Jj prpar tout mon bataclan, les fausses cls ont ssayes ; si tu veux venir avec moi, tu verras comme

    marrange. Je men doute ; ou tu as perdu la tte, ou tu ne seraas fch de mentortiller. Allons donc, est-ce que jaurais assez peu d

    entiment pour a ? (Haussant la voix). Puisque je te due tu ne mettras pas la main la pte. Que te faut-il done plus ? Je ferai laffaire avec ma femme, cest pas remire fois que je lemmne ; mais il ne tient qu toi que soit la dernire. deux hommes il y a toujours plus dessource. Pour ce qui est daujourdhui, a te regard

    as ; tu nous attendras dans un caf, au coin de la rue de

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    abletterie. Cest presque en face de la maison o nouerons grinchir, et sitt que tu nous verras sortir, tu nouuivras, nous irons vendre les objets, et tauras ta pa

    Aprs tu seras matre de ne plus te mfier de nous. Cesta parler ?

    Il y avait une telle apparence de sincrit dans ciscours, que vritablement je ne savais plus quoi meenir sur le compte de Corvet. Cherchait-il un associ, oe proposait-il de me perdre ? Je nai encore que deoutes cet gard, mais dans un cas comme dans lautrmtait manifeste que Corvet tait un coquin. De so

    ropre aveu, sa femme et lui commettaient des vols. Svait dit vrai, il tait de mon devoir de faire en sorte de vrer la justice ; si au contraire il avait menti dans le sespoir de mentraner une action criminelle pour mnoncer, il tait bon de pousser lintrigue vers so

    nouement, afin de montrer lautorit qu vouloir menter, ctait perdre son temps.

    Javais essay de dtourner Corvet du dessein dontmentretenait, lorsque je vis quil persistait, je feignis dmtre laiss sduire.

    Allons, lui dis-je, puisque cest un parti pris, jaccepon offre. Aussitt il membrasse, et le rendez-vous est donn pouatre heures, chez un marchand de vin. Corvet retournhez lui, et ds quil meut quitt, jcrivis M. Allemaiommissaire de police, rue du Cimetire-Saint-Nicola

    our linformer du vol qui devait se commettre dans oire ; je lui donnai en mme temps toutes les instruction

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    ui lui taient ncessaires pour parvenir saisir leoupables en flagrant dlit. lheure convenue jtais au poste : Corvet et sa femme tardrent pas venir ; je consommai avec eux le demetier de rigueur, et quand ils eurent pris c

    ncouragement, ils sacheminrent vers la besogne. Unstant aprs je les vis entrer dans une alle de la rue de Haumerie. Le commissaire avait si bien pris ses mesureuil arrta les deux poux au moment o, chargs dutin, ils sortaient de la chambre quils avaient dvalis

    Ce couple, si intressant, fut condamn dix ans de fers.Pendant les dbats, Corvet et sa digne compagnrtendirent que javais jou auprs deux le rle drovocateur. Certainement, dans la conduite que javaenue, il ny avait pas lombre de ce qui peut caractriser rovocation : dailleurs, en matire de vol, je ne pense pa

    uil y ait de provocation possible. Un homme est honnu il ne lest pas ; sil est honnte, aucune considration nera assez puissante pour le dterminer commettre urime : sil ne lest pas, il ne lui manque que loccasion, est-il pas vident quelle soffrira tt ou tard ? Et si cetccasion fait une victime ! le voleur ne peut-il pas devenssassin ? Sans doute celui qui travaillerait dmoralisn tre faible et lui inculquer des principes pernicieuour se mnager latroce plaisir de le livrer ensuite aourreau, serait le plus infme des sclrats. Mais quann individu est perverti ? quand il sest dclar en t

    hostilit contre ses semblables, lattirer dans un pigallcher ar la roie uil convoite, mais uil ne our

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    aisir, lui donner enfin flairer lappt auquel il doit srendre, nest-ce pas rendre un vritable service ocit ? Ce nest pas la brebis que lon montre au louui cre son instinct dprdateur. Il en est de mme denchant au vol ; il est prexistant laction, et lactio

    accomplira infailliblement ; car, dans un temps ou danautre, le voleur sera porte de laccomplir. Ce qui emportant, cest quil entreprenne de nuire dans deonditions telles quil y ait commencement dexcutioans prjudice pour personne ; ainsi le fait est constat,

    a socit par un attentat surveill, est prserve dunoule dattentats, dont lauteur, long-temps ignor, auraeut-tre joui dune impunit fatale. En dfinitive, on ne mersuadera jamais que ce soit un mal de jeter la vipre

    ambeau dtoffe sur lequel doit spuiser son venin.Dans une grande ville comme Paris, il ne manque pa

    e curs gangrens, dmes profondment criminellesmais chacun des brigands que renferme cette cit, na paur le front un signe patibulaire. Il en est dassez adroour fournir une longue carrire de crimes avant dtcouverts. Ceux-l sont coupables ; il ne sagit plus que les atteindre et de les convaincre, cest--dire de lerendre la main dans le sac. Eh bien ! lorsque de

    ndividus de cette espce mtaient signals, soit parcue leurs relations et leurs allures les rendaient suspectoit parce quils menaient joyeuse vie sans quon leonnt de moyens dexistence, pour couper court leu

    xploits, ctait moi qui leur tendais le sac ; et, je lavouans honte, e ne men faisais as scru ule. Les voleu

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    uartier o il devait oprer, au lieu de le dnoncer rfecture. En suivant cette marche, jtais assur que svait t mis en avant, on le dsavouerait, et que la justicurait son cours.Si jai insist sur le fait de la provocation dans cet

    ffaire, cest que ctait l le grand moyen de dfense de lupart des accuss que javais fait prendre en flagralit. On verra, dans le chapitre suivant, que lide decourir une si pitoyable excuse, leur fut souveuggre par mes ennemis. Le rcit dun complot ourdi p

    uatre des agents de ma brigade, les nomms UtineChrestien, Decostardet Coco-Lacour, montrera quoi sduisent les imputations les plus fortes diriges cont

    moi.Je ne rpterai pas ici ce que jai dit ailleurs sur

    rovocation des attentats politiques. Le mcontentemen

    gitime ou non, lexaltation, lexaspration, le fanatismmme, ne constituent pas un tat de perversit ; mais euvent produire une sorte daveuglement momentanous linfluence duquel lhomme le plus probe, le citoyen lus vertueux sera facilement gar. Des raisonnemen

    aptieux, des combinaisons perfides, une intrigue dontaperoit pas les fils, peuvent le conduire dans labmatan vient et le transporte sur la montagne do il lui facouvrir les royaumes de la terre ; il lui montre tout ursenal de chimres, des armes, des canons, deoldats, les peuples prts se soulever cont

    oppression. Il le sduit par des impossibilits, et pour dem ossibilits il le salue du titre de librateur et

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    n peu plus compter sur nous que sur eux. Notre adresse otre exprience les tuaient dans lopinion des magistratsussi, lorsquil leur fut dmontr que tous leurs efforts poaire prononcer mon renvoi taient inutiles, changrent-e batteries ; ils ne mattaqurent plus directement, ma

    s attaqurent mes agents, et tous les moyens de leendre odieux lautorit leur semblrent bons. Staitommis un vol, soit lentre dun thtre, soit lintrieuite ils rdigeaient un rapport, et les membres de la terribrigade taient dsigns comme les auteurs prsums.n tait de mme chaque fois que dans Paris il y avait drands rassemblements ; messieurs les officiers de pae laissaient pas chapper une seule de ces occasions daire le procs la brigade ; il ne se perdait pas un chuon ne lui reprocht de lavoir vol.Fatigu la fin de ces perptuelles inculpations,

    solus dy mettre un terme. Pour rduire au silencmessieurs les officiers de paix, je ne pouvais pas coupes bras mes agents, ils en avaient besoin ; mais afin dout concilier, je leur signifiai qu lavenir ils eussent orter constamment des gants de peau de daim, et je leclarai que le premier dentre eux que je rencontreraehors sans tre gant serait expuls immdiatement.Cette mesure dconcerta tout--fait la malveillance

    sormais il tait impossible de reprocher mes agene travaillerdans la foule. Messieurs les officiers de paui nignoraient pas quil nest point de main adroite, si e

    est compltement nue, restrent bouche close, avaient le roverbe : il nest si bon matou ui attra e un

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    ouris avec des mitaines. Ce fut le matin lordre que s connatre aux agents lexpdient que javais trouv poaire cesser toutes les clabauderies auxquelles ils taien butte. Messieurs, leur dis-je, on ne veut pas plus croire

    otre probit quon ne croit la chastet des prtres. Eien ! pour donner tort aux incrdules, jai pens quil nvait rien de si naturel, dans un cas comme dans lautrue de paralyser le membre qui peut tre linstrument dch ; chez vous, messieurs, ce sont les mains : je sa

    ue vous tes incapables den faire un mauvais usagmais pour viter tout prtexte au soupon, jexige quornavant vous ne sortiez quavec des gants. Cette prcaution, je dois le dire, ntait pas command

    ar la conduite de mes agents, puisquaucun des voleuu forats que jai employs ne sest compromis aus

    ong-temps quil a fait partie de la brigade ; quelques-unont retombs dans le crime, mais sils sont devenuoupables, ce na t quaprs avoir t renvoys. Vu lentcdents et la position de ces hommes, le pouvoir quexerais sur eux tait en quelque sorte arbitraire ; pour le

    maintenir dans le devoir, il fallait une volont de fer et unsolution plus forte encore. Mon ascendant sur eurovenait surtout de ce quils ne mavaient pas connu ava

    mon entre dans la police : plusieurs mavaient vu soit orce, soit Bictre ; mais je navais jamais t que leamarade de dtention, et je pouvais les mettre au dfi d

    iter une affaire laquelle jeusse particip, soit aveautres soit avec eux.

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    Il est remarquer que la plupart de mes agents taiees librs, que javais moi-mme arrts lpoque o taient brouills avec la justice. lexpiration de leeine, ils venaient me prier de les enrler, et lorsque je leeconnaissais de lintelligence, je les utilisais pour

    ervice de sret : une fois admis dans la brigade, amendaient momentanment, mais sous un seul rappors ne volaient plus : quant au reste, ils taient toujours detres perdus de dbauche, adonns au vin, aux femmes urtout au jeu ; plusieurs dentre eux y allaient perdre leu

    ppointements du mois, au lieu de payer le traiteur ou ailleur qui leur donnait des vtements. En vain faisais-je eorte de leur laisser le moins de loisirs possibles, ils eouvaient toujours assez pour sentretenir dans dicieuses habitudes. Obligs de consacrer dix-huit heurear jour la police, ils se dpravaient moins que s

    ussent t des sincuristes ; mais toujours est-il que demps autre ils se permettaient des incartades ; et quanlles taient lgres, ordinairement je les leur pardonnaour les traiter avec moins dindulgence, il aurait fallu qu

    e ne connusse pas ce vieil adage qui dit quil e

    mpossible dempcher la rivire de couler. Tant que leuorts ntaient que de linconduite, je devais me borner primande ; souvent les mercuriales que je leur adressataient autant de coups dpe dans leau, mauelquefois aussi, suivant les caractres, elleroduisaient de leffet. Dailleurs tous les agents sous me

    rdres taient persuads quils taient de ma part lobj

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    une continuelle surveillance, et ils ne se trompaient pasar javais mes mouches, et par elles jtais instruit de toe quils faisaient : enfin, de loin comme de prs, je ne leerdais jamais de vue, et toute infraction au rglement qaait leurs obligations [2]

    PRFECTURE DE. POLICE.Rglement pour la brigade particulire de sret.Art. I. : La brigade particulire de sret se divise euatre escouades. Chacun des agents commandant unscouade reoit ses instructions de son chef de brigade, elui-ci reoit les notes de surveillance et de recherches dhef de la deuxime division de la prfecture de policvec lequel il doit se concerter tous les jours, et autant dois quil sera ncessaire pour le maintien de l'ordre et da sret des personnes et des proprits. Il lui rendompte, tous les matins, du rsultat de la surveillanc

    xerce la veille et pendant la nuit par cette brigadhaque chef d'escouade devant lui faire son rappoarticulier.II. Les agents particuliers exerceront une surveillanc

    vre et active pour prvenir les dlits ; ils arrteront, taur la voie publique que dans les cabarets et autres lieuemblables, les individus vads des fers et des prisons

    es forats librs qui ne pourront leur justifier d'avobtenu la permission de rsider Paris ; ceux qui ont envoys de la capitale dans leurs foyers pour y rester soua surveillance de l'autorit locale, conformment au Cod

    nal, et qui seraient revenus Paris sans autorisatioinsi que ceux qu'ils surprendraient en flagrant dlit.

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    XII. Le chef de la brigade est spcialement charg deiller l'excution du prsent rglement. Cette excutiost aussi particulirement recommande aux che'escouades qui reoivent ses ordres, et doivent lui rendompte, chaque jour, de l'excution de ceux qu'ils auro

    eus de lui, comme de ceux qu'ils auront t porte donner eux-mmes aux agents qu'ils dirigent.Fait la Prfecture de police, le 1818.Le Ministre d'tat, Prfet de Police,Sign, Comte ANGLES.Par Son Excellence,Le Secrtaire-gnral de la Prfecture,Sign FORTIS.Sous Mr Delaveau, je voulus ajouter quelques articles

    ette charte de la brigade ; mais le dvot prfet qui couvrae ses roulettes ambulantes Paris et la banlieue, refusa d

    onner sa sanction un rglement dans lequel les jeutaient anathmatiss. J'avais aussi class parmi lettributions de mes agents, le droit de pourchasser sur

    Quai de lcole, aux Champs-lyses, et dans tous leeux publics, cette foule de misrables, de tout rang et dout ge, qui s'abandonnent ou se prostituent un goonteux qui semblait avoir migr avec les jsuites. Jollicitai souvent la rpression de ces dsordre

    messieurs Delaveau et Duplessis firent constamment ourde oreille ; enfin il me fut impossible de leur faiomprendre : que la loi qui punit les attentats aux mu

    st applicable messieurs les trop-philanthropes, toutees fois qu'ils ne vont pas chercher les tnbres int

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    muros. Je n'ai pas encore pu m'expliquer pourquoi de ideuses dpravations taient en quelque sorrivilgies : peut-tre existait-il une secte qui, pour stacher du monde au moins par un ct, et se soustraila plus douce des influences, avait jur haine la plu

    elle moiti de l'humaine espce ; peut-tre qu' l'instar da socit des bonnes lettres et de celle des bonnetudes, il s'tait form une socit des bonnes murs : le

    murs jsuitiques. Je n'en sais rien, mais en peu d'annee mal a fait tant de progrs, que je conseille nos dame'y prendre garde ; si cela continue, adieu l'empire dotillon ; de robe courte ou longue, les jsuites n'aimeue la leur.] tait aussitt rprime. Ce qui paraturprenant, cest que, dans toutes les circonstances o ervice lexigeait, ces hommes, indisciplinables tagards, se pliaient ma volont, lors mme quil y ava

    u pril le faire. Nul autre que moi, jose le dire, nebtenu deux un pareil dvouement.En gnral, jai reconnu que parmi les membre

    omposant la brigade, ceux qui prenaient ce quon appelu cur louvrage, finissaient par devenir des sujeupportables ; cest--dire que sortis dune ornire pontrer dans une autre, ils y marchaient sans se dranger d

    eur chemin. Ceux, au contraire, que rebutait le travaetombaient dans une irrgularit dont les suites letaient toujours funestes. Jeus notamment loccasion daire une observation de ce genre sur un nomm

    Desplanques, qui remplissait dans mon bureau leonctions de secrtaire.

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    Ce Desplanques tait un jeune homme bien lev ;vait de lesprit, une rdaction facile, une belle criture, uelques autres talents qui auraient pu le mettre mme prendre un rang honorable dans le mond

    Malheureusement il tait possd de la manie du vol, e

    our comble de disgrce, il tait paresseux au plus haegr. Ctait un voleur qui avait le temprament descrocs, ce qui revient dire quil ntait propre rien de qui ncessite de lassiduit et de lnergie. Commetait pas exact et sacquittait fort mal de sa besogne,

    marrivait assez frquemment de le gronder. Vous voulaignez sans cesse de ma ngligence, me rpondait-vec vous il faudrait tre esclave ; ma foi, je ne suis paccoutum tre tenu. Desplanques sortait du bagne, oavait pass six ans.En ladmettant dans la brigade, javais cru faire un

    xcellente acquisition, mais je ne tardai pas monvaincre quil tait incorrigible, et je me vis contraint d

    e renvoyer. Sans ressource alors, il recourut au seul moyeexistence qui, dans une telle situation, puisse se concilivec lamour de loisivet. Un soir passant dans la rue dac, devant la boutique dun changeur, il brise un carreanlve une sbille pleine dor et se sauve. Au mme instan entend crier au voleur, et lon se met sa poursuite. es mots arrtez, arrtez, officieusement rpts de loin e

    oin, Desplanques redouble de vitesse, bientt il sera hoatteinte ; mais au dtour dune rue, il se jette dans le

    ras de deux agents ses anciens camarades : la renconttait fatale. Il veut scha er, inutiles efforts ; les a en

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    entranent et le conduisent chez le commissaire, o agrant dlit est aussitt constat. Desplanques tait etat de rcidive : on le condamna aux travaux forcs erptuit ; il est aujourdhui Toulon, o il subit sa peineDes gens qui veulent juger de tout sans avoir t

    mme de sclairer par les faits, ont prtendu que degents sortis de la caste des voleurs, devaiecessairement entretenir avec eux des intelligences, ou moins les mnager aussi long-temps quils taiessez adroits pour ne pas venir se brler la chandelle. J

    uis attester que les voleurs nont pas de plus cruennemis que les librs qui se sont rallis la bannire da police ; et que ces derniers lexemple de tous leansfuges ne dploient jamais plus de zle que quandagit de servir un ami, cest--dire darrter un eamarade. En gnral, un voleur qui se croit corrig e

    ans piti pour ses anciens confrres : plus il aura ntrpide dans son temps, plus il se montrera implacableeur gard.

    Un jour les nomms Cerf, Macolein et Dorl, somens au bureau comme prvenus de vols ; en le

    oyant, Coco-Lacour, long-temps leur compagnon et lentime, est comme transport dindignation, il se lve postrophe Dorl en ces termes : LACOUR. Eh bien ! monsieur le drle, vous ne voule

    onc pas vous corriger ? DORL. Je ne vous comprends pas M. Coco, de

    morale !

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    LACOUR, furieux. Quappelez-vous Coco ? Sacheue ce nom nest pas le mien, je me nomme Lacour ; oacour, entendez-vous ? DORL. Ah ! mon dieu, je ne le sais que trop, vou

    tes Lacour ; mais vous navez sans doute pas oubli qu

    orsque nous tions camarades, vous ne vouliez paautre nom que Coco, et tous les amisne vous ont jamappel autrement. Dis donc Cerf, as-tu dj vu un coce cette force ? CERF, haussant les paules. Il ny a plus denfant

    out le monde sen mle ; monsieur Lacour ! ! ! LACOUR. Cest bon, cest bon, autres temps, autremurs ; castigat ridendo mores ; je sais que dans meunesse jai pu avoir des garements ; mais

    Lacour essaya darranger quelques phrases danesquelles il fit entrer le mot honneur ; mais Dorl qui nta

    as dhumeur couter sa remontrance, lui ferma ouche en lui rappelant toutes les occasions dan

    esquelles ils avaient travaill ensemble. Maintes foacour a prouv des dsagrments de ce genre : lrrivait-il de reprocher des voleurs leur tnacit a

    mtier, ctait toujours par des impertinences quil tacompens de ses bonnes intentions.

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    CHAPITRE XXXIV.

    Dieu vous bnisse ! Les conciliabules. LhritagedAlexandre. Les cancans et les prophties. Le saluen spirale. Grande conjuration. Rvlations au sujedun Monseigneur le dauphin. Je suis innocent. La

    fable souvent reproduite. Les Plutarque du pilierlittraire et limprimeur Tiger. Lhistoire admirable et

    ourtant vridique du fameux Vidocq. Sa mort, en 187Une fois parvenu au poste de chef de la police de sret

    e neus plus me garantir des piges dans lesquels ovait si souvent cherch mattirer. Le temps de

    preuves tait pass ; mais il fallut me tenir en gardontre la basse jalousie de quelques-uns de meubordonns qui convoitaient mon emploi, et mettaient ton uvre afin de parvenir me supplanter. Coco-Laco

    ut notamment lun de ceux qui se donnrent le plus de maour me caresser et me nuire tout ensemble. Au mome ce patelin se dtournait de cinquante pas, et auraenvers toutes les chaises dune glise pour venir maluer dun mielleux Dieu vous bnisse ! lorsque, pasard, il mavait entendu ternuer, jtais bien sr quil vait anguille sous roche. Personne moins que moi ne s

    mprenait sur ces petites attentions dun homme qui srosterne quand peine il est besoin de sincliner. Mai

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    omme javais la conscience que je faisais mon devoir,mimportait peu que ces dmonstrations dune politessutre fussent vraies ou fausses. Il ne se passait gure d

    ours que mes mouches ne vinssent mavertir que Lacotait lme de certains conciliabules o se tenaient tou

    spce de propos sur mon compte ; il projetait, disait-oe me faire tomber ; et il stait form un parti qonspirait avec lui : jtais le tyran quil fallait abattr

    Dabord, les conjurs se contentrent de clabauder ; omme ils avaient sans cesse ma chute en perspectivour se faire mutuellement plaisir, il se la prdisaient envi, et chacun deux se partageait davance lhritagAlexandre. Jignore si cet hritage est chu au pluigne; mais ce que je sais bien, cest que mon successee se fit pas faute de menes plus ou moins adroites poussir se le faire adjuger avant mon abdication.

    Des clabauderies et des cancans, Lacour et ses affidassrent des trames plus relles ; et lapproche dessises, pendant lesquelles devaient tre jugs leomms Peyrois, Leblanc, Berthelet et Lefeburrvenus de vol avec effraction, laide dune pince o

    monseigneurle dauphin, ils rpandirent le bruit que jtala veille dune catastrophe, et que vraisemblablement e men tirerais pas les chausses nettes.Cette prophtie, lance chez tous les marchands de v

    es environs du Palais de Justice, me fut promptemeapporte ; mais je ne men inquitais pas plus que de ta

    autres qui ne staient pas ralises ; seulement, je cru

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    mapercevoir que Lacour redoublait mon gard douplesse et de petits soins ; il me saluait pluespectueusement et plus affectueusement encore que doutume ; ses yeux, la faveur de ce mouvement epirale quil imprime sa tte, lorsquil vise se donner le

    rces de lhomme comme il faut, vitaient de plus en plua rencontre des miens. la mme poque, je remarquahez trois autres de mes agents, Chrestien, Utinet

    Decostard, un redoublement dardeur pour le service et domplaisance qui mtonnait. Jtais instruit que ce

    messieurs avaient de frquentes confrences aveacour ; moi-mme, sans songer le moins du monde pier leurs dmarches, dans mon intrt personnel, je levais surpris chuchotant et sentretenant de moi. Un sontrautres, en passant dans la cour de la Sainte-Chapecar ils complotaient jusque dans le sanctuaire), java

    ntendu lun deux se rjouir de ce queje ne parerais paa botte quon allait me porter. Quelle tait cette botte ? e men faisais pas une ide, lorsque Peyois et ses cccuss ayant t traduits, les dbats judiciaires mvlrent une machination atroce, tendant tablir qu

    tais linstigateur du crime qui les avait amens sur leancs. Peyois prtendait que stant adress moi, pome demander si je connaissais un recruteur qui eut uemplaant fournir, je lui avais propos de voler po

    mon compte, et que mme je lui avais donn trois francour acheter la pince avec laquelle il avait t pris faisaffraction chez le sieur Labatty. Berthelet et Lefebu

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    onfirmaient le dire de Peyois, et un marchand de vinomm Leblanc, qui, impliqu comme eux, paraissait avot le vritable bailleur de fonds pour lacquisition dnstrument, les encourageait persvrer dans uystme de dfense qui, sil tait admis, devait avo

    cessairement pour effet de le faire absoudre. Levocats qui plaidrent dans cette cause ne manqureas de tirer tout le parti possible de la prtendu

    nstigation qui mtait impute ; et comme ils parlaieaprs leur conviction, sils ne dterminrent pas le jury endre une dcision favorable leurs clients, du moinarvinrent-ils jeter dans lesprit des juges et du public derribles prventions contre moi. Ds lors, je crus quil targent de me disculper et certain de mon innocence, riai M. le prfet de police de vouloir bien ordonner unnqute, dans le but de constater la vrit.

    Peyois, Berthelet et Lefebure venaient dtondamns ; jimaginais que nayant plus dsormais aucuntrt soutenir le mensonge, ils confesseraient qumavaient calomni ; je prsumais, en outre, que dans as o leur conduite aurait t le rsultat dune suggestios ne feraient plus difficult de donner les conseillers dmposture quils avaient audacieusement soutenue deva

    a justice. Le prfet ordonna lenqute que je sollicitai, et amoment o il confiait le soin de la diriger M. Fleuriaiommissaire de police pour le quartier de la cit, uremier document, sur lequel je navais pas compt

    rluda ma justification : ctait une lettre de Berthelet amarchand de vins Leblanc, qui avait t dclar no

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    ecrttement BERTHELET. Et plus bas: japrouve Lecriture ci desus. Suivant lusage, cette lettre, qui devait passer

    ecrtement, fut remise au gelier qui, en ayant pronnaissance, la fit aussitt parvenir la prfecture d

    olice. Leblanc nayant pu, par consquent, ni rpondre enir au secours de Berthelet, ce dernier perdit patienct, en excution des menaces quil avait faites, il mcrive la Conciergerie, une autre lettre ainsi conue :

    Ce 29 septembre 182 Monsieur Daprs les debats de la cours dassise Et le rsum

    u prsident qui porte a charge Daprs la De claration dNomm Peyois qui par une Fosse de claration faite par lu tribunal dun Ecul de 3 fr. que vous lui aviez donns pochet linstrument qui a Casss la porte Monsie

    abbaty Moi Berthelet En prsence des autorites veux fai

    Reconnatre la vrite Et votre innoncence je dclare avoir ou la peince a et achete 2 de la maison do elst sorty 3 et le nom de celui qui la fourny avec vrite

    BERTHELET.Et plus bas: japprouve Lecriture ci Desus. Plus bas encore, le sceau de la maison de justice,

    ette mention de la main du chef des employs de Conciergerie lecriture cidessus et la signature eelle de Berthelet.

    GLY.

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    Berthelet, interrog par M. Fleuriais, dclara que la pincvait cot quarante-cinq sous ; quelle avait t achetu faubourg du Temple, chez un marchand fripier, et queblanc, instruit de lusage quon devait en faire, avavanc largent pour la payer. Le march concl

    oursuivit Berthelet, Leblanc, qui tait rest un peu errire, me dit : Si on te demande ce que tu veux faire d

    a pince, tu diras que tu es tailleur de cristaux, et que n as besoin pour serrer la roue de ton mtier. Si on emande tes papiers, tu me feras venir et je dirai que

    s mon apprenti. Jallai le rejoindre ayant la pince main, et il me dit de la lui donner, pour la mettre sous sedingotte ; dans la crainte que je ne fusse rencontr pes agents. Leblanc me conduisit de suite chez lui. Errivant, son premier soin fut de descendre sa cave, podposer la pince. Je remontai au premier o je trouv

    efebure, qui je dis que javais achet la pince. Le somme, aprs avoir bu jusqu dix heures, Lefebure, Peyot moi, nous allmes rotonde du Temple, dans une petitue dont je ne sais pas le nom ; Peyois, tandis quefebure et moi nous faisions le guet, pratiqua trente-tro

    ous au moyen dune vrille, dans le volet dune marchandngre. Le couteau dont se servait Peyois pour coupentre deux des trous, ayant cass, et notre coup aya

    manqu, nous nous retirmes ; nous allmes ensuite alle, contre la pointe Saint-Eustache, o Peyois, servant de la pince dont jai parl, essaya de faire sauter

    orte dun mercier. Quelquun de lintrieur ayant demand

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    e quon voulait, nous prmes la fuite ; il tait alors deueures et demie du matin. Nous allmes tous les trois htel dAngleterre, o Peyois remit la bourgeoise de

    maison, quil connaissait, un parapluie quil avait avec lui. Avant dy entrer, Peyois avait remis une marchand

    e caf qui tait en plein air, prs le Palais-Royal, la pincui tait enveloppe dans un sac. Nous sortmes de lhtAngleterre prs de cinq heures du matin, et Peyoeprit la marchande de caf la pince quil lui avait donn

    garder. Je dois dire que cette femme ignorait ce qutait. Peyois sen alla chez Leblanc, son bourgeois, mporta la pince avec lui. Lefebure et moi ne nouuittmes plus, et nous retournmes chez Leblanc cineures du soir, o nous restmes jusqu dix. Leblanc memit un briquet phosphorique pour nous servir au besoiinsi quun bout de chandelle. Je mtais mme amus

    vec la pointe dun couteau tracer sur ce briquet, qui tan plomb, la lettre L qui commence le nom de Leblaneyois, Lefebure et moi, nous sortmes ensemble. Peyoyant pris sur lui la pince, la passa la barrire et nous emit aprs. Il sarrta en chemin, pour aller dans un

    maison garnie avec Victoire Bigan, et Lefebure et mous allmes commettre chez Labbaty le vol par suiuquel nous avons t arrts. La pince et une partie deffets qui avaient t vols, furent ports par Lefebure cheeblanc. Leblanc, qui a t mis en jugement avec nou

    mavait engag ne pas le charger et ne pas dmenPe ois ui devait dire ue ctait M. Vidoc ui lui ava

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    onn trois francs pour acheter la pince ; et il mavaromis de me donner une somme dargent, si je voulaoutenir la mme chose ; jy avais consenti, craignauen disant la vrit mon affaire ne devint plu

    mauvaise. (Dclaration du 3 octobre 1823.)Lefebure, qui comparut ensuite, sans avoir p

    ommuniquer avec Berthelet, confirma la dclaration de cernier, en ce qui concernait Leblanc. Si je nai pas djouta-t-il, que cest lui qui a fourni Berthelet largent pocheter la pince, cest que Peyois mavait engag a di

    ue ctait lui Peyois qui lavait achete. Peyois taompromis dans ce vol, navait pas voulu charger Leblanui lui faisait du bien et qui pouvait lui en faire davantagar la suite. Un sieur gly, chef des employs de la Conciergerie,

    es nommsLecomte

    etVermont,

    dtenus dans cetmaison, ayant t entendus par M. Fleuriais, rapportrelusieurs conversations dans lesquelles Bertheleefebure et Peyois taient convenus devant eux qu

    mavaient inculp tort. Dans leur tmoignage, tous leondamns saccordaient dire que je les ava

    onstamment dtourns de faire le mal. Vermont racontn outre, quun jour les ayant blms de ce quils mavaieompromis sans motif, ils lui rpondirent : Bah ! nouous f bien de cela, nous aurions compromis le Pternel, pour nous sauver ; mais a a mal russi.

    Peyois, qui tait le plus jeune des condamns, mit moine franchise dans ses rponses ; son amiti pour Leblan

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    e porta dabord cacher une partie de la vrit ependant il ne put sempcher de reconnatre que jtatranger lachat de la pince. Pendant, dit-il, toute linstruction qui a prcd m

    mise en jugement, et devant la cour dassises, jai affirm

    t soutenu que ctait M. Vidocq qui mavait donn troancs, pour acheter la pince laide de laquelle a ommis le vol qui ma fait arrter, ainsi que Bertheleeblanc, Lefebure et autres. Jai persist dire toujours

    mme chose, esprant que cela pourrait ou diminuer ollger ma peine. Javais pens ce moyen, parce ques prisonniers mavaient dit quil pourrait me servir. Jois la vrit de dclarer aujourdhui que M. Vidocq n

    ma point donn largent en question pour acheter la pinceue cest moi qui lai achete de mon argent : cette pinc

    me cota quarante-huit sous, et je lai achete chez u

    errailleur en boutique, qui demeure dans la premire rueroite en entrant dans la rue des Arcis, du ct du poNotre-Dame. Je ne connais pas le nom de ce ferrailleumais je pourrais facilement faire connatre sa boutique, quu surplus, est la deuxime droite, en descendant danette rue. Cest le huit ou le neuf mars dernier que jen fachat ; le ferrailleur et sa femme taient dans la boutiquetait la premire fois que jachetais quelque chose cheux. Trois jours aprs, Peyois ayant t transfr Bictr

    crivit au chef de la deuxime division de la prfecture d

    olice une lettre dans laquelle il confessait quil en avaonstamment impos la justice, et tmoignait le dsir d

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    aire des rvlations sincres : cette fois, la vrit tountire allait tre connue. Utinet, Chrestien, Decostar

    Coco-Lacour,qui taient venus laudience dposer dane sens de limposture, furent tout coup dvoils : il devivident que Chrestien avait fait jouer les ressorts d

    ntrigue qui devait amener mon expulsion de la policUne dclaration que reut le maire de Gentilly, mit au granour toute linfamie de cette machination, [3]

    DCLARATIONSDes nomms Peyois et Lefebure, relatives au sie

    Vidocq faussement accus d'avoir fourni de l'argent pocheter une pince, l'aide de laquelle un vol s'est commis(Deuxime division Premier bureau N 70,466.) Aujourd'hui treize octobre mil huit cent vingt-trois, d

    eures du matin, nous Guillaume Recodre, maire de ommune de Gentilly, d'aprs les ordres de M. le conseill

    'tat prfet de police, nous sommes transport en maison centrale de dtention de Bictre, o tant, avonait comparatre par-devant nous, au greffe de ladite prisoAndr Peyois, dtenu par suite d'un jugement qui ondamne la peine des fers, auquel, aprs avorsent une lettre adresse au chef de la deuximivision de la prfecture de police, commenant par ce

    mots : pardonnez la libert, et finissant par ceux-ci : doma mre m'a donn l'avertit, ladite lettre date du dix dourant et signe Peyois, avons fait invitation de nous diil la reconnaissait pour avoir t par lui souscrite

    igne, et s'il en avouait tout le contenu. A r ondu, u'il connat arfaitement cette lettre o

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    tre la mme que celle qu'il a adresse M. Parisot, che la deuxime division la prfecture de police, elle eigne par lui. Le corps de cette lettre n'a pas t crit p

    ui, il ne sait pas assez bien crire pour cela, mais cu'elle contient a t dict l'crivain (le nomm Lemaitr

    tenu en cette mme prison), par lui dclarant, et poreuve de ce qu'il avance, il est dispos nous dclarralement tous les faits et circonstances contenus en icellans qu'il soit besoin de notre part de les rappeler s

    mmoire, par la lecture de son contenu ; en consquenc

    dclare que lors de l'instruction de l'affaire qui lamenu banc des accuss, et la suite de laquelle il fondamn la peine des fers, quand il soutiubliquement que le sieur Vidocq lui avait donn unomme de trois francs pour acheter la pince l'aide d

    aquelle il avait commis le vol, cause de sa condamnatio

    dit un fait non-seulement inexact, mais tout--fait faux camais pareille avance et pour pareil motif ne lui fut faiar ce fonctionnaire, et jamais encore, dans cetirconstance comme dans toute autre, il n'a reu de lucun secours en argent ; s'il avana cette fausset elein tribunal, il le fit la suite de mauvais conseils qui l

    urent donns par les nomms Utinet et Chrestien, qui lersuadrent que par ce moyen seulement son affairendrait une tournure favorable, et qu'il ne serait paondamn, d'autant mieux que s'il les faisait appeler l'un autre comme tmoins de ce qu'il avanait,

    outiendraient son assertion, et qu'ils dposeraient dans mme sens ue lui, et ue mme ils diraient u'ils avaie

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    u donner la somme de trois francs ; ils allrent mme pluoin, ils lui persuadrent quils avaient leur disposition urotecteur puissant, dont l'influence devait garantir lclarant, de toute espce de condamnation, ou si cetondamnation devenait invitable, devait lui servir utileme

    our faire casser son jugement. Ce fut encore par le conseil de ces deux individus, qu

    t appeler l'audience les nomms Lacour et Decostarui dposrent les mmes faits imputs par lui, dclaranu sieur Vidocq, quoiqu'ils fussent absolument faux.

    Aprs sa condamnation, ces mmes individuxigrent de lui qu'il se mit en appel, en lui promettant dui fournir leurs frais un dfenseur, et de payer tout ce quet appel occasionnerait de dpens. Sur cette derniirconstance, on pourra entendre la mre, lui dclaranui reut de la part de Lacour et Decostard les mme

    romesses et les mmes avances ; elles lui furent faitehez un marchand de vin, place du Palais de Justice, quoppelle M. Bazile. Sa mre demeure avec son mari, rue d

    aubourg Saint-Denis, n 143, chez M. Restaureropritaire. Ainsi, il doit, pour la satisfaction de sa conscience,

    our rendre hommage la justice et la vrit, dsavoue qu'il a dit en plein tribunal, au dsavantage du sie

    Vidocq, contre sa moralit et contre son honneur ; il eemande humblement pardon. Pour corroborer la dclaration qu'il vient de faire,

    ous invite entendre le nomm Lefebure, son co-accust condamn comme lui dans la mme affaire, ui est dan

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    ette prison, lequel doit savoir par qui, et avec quel argeut achete la pince que j'avais dit avoir t paye dargent de M. Vidocq.

    Lecture lui faite de sa dclaration, a dit qu'elle contierit, qu'il y persiste, et a sign.

    Sign PETOIS.Ensuite, avons fait appeler le nomm Lefebure, c

    essus dsign et dtenu en cette maison, auquel nouvons demand s'il savait comment le nomm Peyotait procur la pince l'aide de laquelle le vol qui

    motiv leur condamnation commune, fut commis.A rpondu que deux ou trois jours avant que le vol ne fommis, il avait vu cet instrument entre les mains dudeyois, qui, avant l'instruction de son affaire, lui ava

    oujours dit que c'tait lui qui l'avait achete trois francsmais jamais il ne dit que c'tait M. Vidocq qui lui ava

    onn l'argent. Ce fut au tribunal, et pendant linstruction deur affaire, qu'il sut pour la premire fois que c'taM. Vidocq qui lui avait fourni les moyens de l'acheter.

    Qui est tout ce qu'a dit savoir, lecture lui faite de sclaration, dit qu'elle contient vrit, qu'il y persiste, et ign.Sign LEFEBUREDont et de tout quoi il a t rdig le prsent proc

    erbal, pour tre celui transmis M. le conseiller d'trfet de police, dont acte, les jours, mois et an quessus.

    Sign RECODRE] dont Lacour, Chrestien, Decostat Utinet staient romis le succs le lus com le

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    Les deux agents ne se bornent pas ces conseils ; potre certains, tout vnement, que Peyois ne stractera pas, ils lui disent quils ont leur disposition urotecteur puissant, dont linfluence le prservera de touspce de condamnation, et qui, si par hasard un

    ondamnation tait invitable, aurait encore les bras asseongs pour faire casser le jugement.

    Les dbats ouverts, Utinet, Chrestien, LacourDecostardsempressent de venir attester les faits qui mont imputs par Peyois. Cependant, ce jeune homme,

    ui ils ont promis limpunit, est frapp par le verdict ; alorpprhendant quenfin clair sur sa position, il ne leasse repentir de lavoir tromp, en dvoilant leuerfidies, ils se htent de ranimer son espoir, et noeulement ils exigent de lui quil se pourvoie en cassatio

    mais encore ils offrent de lui donner un dfenseur leu

    ais et sengagent payer tous les dpens que cet appccasionnera. La mre de Peyois est galement obsdar ces intrigants ; ils lui font les mmes offres de servict les mmes promesses ; Lacour, Decostard et Chrestieentranent chez le sieur Bazile, marchand de vin, place d

    alais de Justice ; et l, en prsence dune bouteille de vt de la femme Leblanc, ils dploient toute leur loquencour dmontrer la mre Peyois que si elle les seconde ue son fils soit docile leurs avis, il leur sera facile de auver ; soyez tranquille, lui dit Chrestien, nous ferons toe quil faudra faire.Telles furent les lumires que produisit lenqute ;

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    evint vident pour les magistrats que lincident de la pincournie par Vidocq tait une invention de mes agents ; epuis lon a brod sur ce fonds une foule de rcits plus o

    moins bizarres, que les Plutarque du Pilier littraire nmanqueront pas de donner pour authentiques, si jamais

    rend fantaisie limprimeur Tiger ou son successeajouter la collection de livres forains, lHistoidmirable et pourtant vridique des faits, gestes ventures mmorables, extraordinaires ou surprenanteu clbre Vidocq, avec le portrait de ce gran

    mouchard, reprsent en personne naturelle et vivantel quil tait avant sa mort, arrive sans accident le joe son dcs, en sa maison de Saint-Mand, lheure d

    minuit, le 22 uillet de lan de rce 1875.

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    CHAPITRE XXXV

    Les nouvellistes de malheur. Lcho de la rue deJrusalem et lieux circonvoisins. Toujours Vidocq.

    Feu les Athniens et dfunt Aristide. Lostracisme et lecoquilles. La patte du chat. Je fais des voleurs Ledeux Guillotin. Le cloaque Desnoyers. Le chaos et lcration. Monsieur Double-Croche et la cage poulet

    Une mise dcente. Le suprme bon ton. Guerre aumodernes. Le cadran bleu de la Canaille. Une socibien compose. Les Orientalistes et les Argonautes.

    Les gigots des prs sals. La queue du chat. Lespruneaux et la chahut. Riboulet et Manon la Blonde.

    Entre triomphale. Le petit pre noir. Deux ballade Lhospitalit. Lami de collge. Les Enfants du

    Soleil.Je demande pardon au lecteur de lavoir entretenu

    onguement de mes tribulations, et des petites malices dmes agents : jaurais bien dsir lui pargner lennui duhapitre qui nintresse que ma rputation ; mais, avaaller plus loin, javais cur de montrer quil nest pa

    oujours bon, bien quon ne prte quaux riches, dajoutoi aux sornettes que dbitent mes ennemis. Que nont pa

    magin les mouchards, les voleurs et les escrocs, q

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    prouvaient pas moins les uns que les autres le besoe me voir vinc de la police ? Un tel est enfonc, racontait un ami sa femm

    orsque le matin ou le soir il revenait au gte. Pas possible !

    Eh ! mon Dieu ! comme je te dis. Par qui donc ? Faut-il le demander ? par ce gueux de Vidocq. Deux de ces faiseurs daffaires, qui sont nombreux sur

    av de Paris, se rencontraient-ils :

    Tu ne sais pas la nouvelle ? ce pauvre Harrisson est a Force. Tu plaisantes. Je voudrais plaisanter ; il tait en train de traitune partie de marchandises, jaurais eu mon droit dommission ; eh bien ! mon cher, le diable sen est ml

    n prenant livraison il a t arrt. Et par qui ? Par Vidocq. Le misrable ! Une capture dune haute importance tait-elle annonc

    ans les bureaux de la prfecture ; avais-je saisi quelqurand criminel, dont les plus fins matois dentre les agenvaient cent fois perdu la piste, tout aussitt les mouchee bourdonner : Cest encore ce maudit Vidocq qui mpoign celui-l. Ctaient dans la gent moucharde decriminations nen plus finir : tout le long des rues d

    rusalem et de Sainte-Anne, de cabaret en cabare

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    cho rptait avec laccent du dpit, encore Vidocqoujours Vidocq ! et ce nom rsonnait plusagrablement aux oreilles de la cabale, qu celles d

    eu les Athniens le surnom de Juste, qui leur avait farendre en grippe dfunt Aristide.

    Quel bonheur pour la clique des voleurs, des escrocs es mouchards, si, tout exprs pour leur offrir un moyen de dlivrer de moi, on avait ressuscit en leur faveur la le lOstracisme ! Comme alors ils auraient rejoint leu

    oquilles! Mais, sauf les conspirations du genre de celle

    ont M. Coco et ses complices se promettaient un ortun dnouement, que pouvaient-ils faire ? Dans uche, on imposait silence aux frelons. Voyez Vidoceur disaient les chefs ; prenez exemple sur lui ; quelctivit il dploie ! toujours sur pied, jour et nuit, il ne doas ; avec quatre hommes comme lui, on rpondrait de

    ret de la capitale. Ces loges irritaient les endormis, mais ils ne le

    entaient pas ; se rveillaient-ils, ce ntait jamais que erre la main ; et au lieu de se rendre tire-daile o leppelait le devoir, ils se formaient en petit comit,

    amusaient me travailler le casaquin, quon me passexpression, elle nest pas de moi. Non, il nest pas possible, disait lun ; pour prend

    insi maronsles voleurs, il faut quil sentende avec eux. Parbleu ! reprenait un autre, cest lui qui les met e

    uvre ; il se sert de la patte du chat

    Oh ! cest un malin singe, ajoutait un troisime.

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    Puis un quatrime, brochant sur le tout, scriait dun toententieux : Quand il na pas de voleurs, il en fait. Or, voici comment je faisais des voleurs.Je ne pense pas que parmi les lecteurs de ce

    Mmoires, il sen trouve un seul qui, mme par cas fortu

    it mis les pieds chez Guillotin. Eh ! quoi, me dira-t-oGuillotin !

    Ce savant mdecin,Que lamour du prochain

    Fit mourir de chagrin.

    Vous ny tes pas ; il sagit bien ici du fameux docteui Le Guillotin dont je parle est tout simplement umodeste frelateur de vins, dont ltablissement, fort connes voleurs du plus bas tage, est situ en face de cloaque Desnoyers, que les riboteurs de la barrippellent le grand salon de la Courtille. Un ouvrier pencore tre honnte jusqu un certain point, et se risquen passant, chez lepapa Desnoyers. Sil na pas froid aueux et quau bton ainsi qu la savatte, il sentende

    moucher les malins, il se pourra, les gendarmes aidanuil en soit quitte pour quelques horions, et nait pay

    autre cot que le sien. Chez Guillotin, il ne sen tirera pasi bon march, surtout sil y est venu proprement couvet avec le gousset passablement garni.Que lon se figure une salle carre assez vaste, dont le

    murs, jadis blancs, ont t noircis par des exhalaisons doute espce : tel est, dans toute sa simplicit, laspeun temple consacr au culte de Bachus et d

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    Terpsychore ; dabord, par une illusion doptique asseaturelle, on nest frapp que de lexigut du local, mail venant percer lpaisse atmosphre de milapeurs qui ne sont pas inodores, ltendue se manifesar les dtails qui schappent du chaos. Cest linstant d

    a cration, tout sclaircit, le brouillard se dissipe, il seuple, il sanime, des formes apparaissent, on se meun sagite, ce ne sont pas des ombres vaines, cest aontraire de la matire qui se croise et sentrelace danous les sens. Que de batitudes ! quelle joyeuse vie

    amais pour des picuriens, tant de flicits ne fureassembles, ceux qui aiment se vautrer y ont la main, da fange partout : plusieurs ranges de tables, sesquelles, sans quon les essuie jamais, se renouvelleent fois le jour les plus dgotantes libations, encadrent uspace rserv ce quon appelle les danseurs. Au fon

    e cet antre infect, slve, supporte par quatre pieuermoulus, une sorte destrade construite avec des dbre bateaux, que dissimule le grossier assemblage de deuu trois lambeaux de vieille tapisserie. Cest sur cette cagpoulets quest juche la musique : deux clarinettes, u

    rincrin, le trombone retentissant, et lassourdissanrosse caisse, cinq instruments dont les mouvemenadencs de la bquille de monsieur Double-Croche, peoiteux qui prend le titre de chef dorchestre, rgularise leerribles accords. Ici, tout est en harmonie, les visages, leostumes, les mets que lon prpare : une mise dcen

    st de rigueur ; il ny a pas de bureau o lon dpose le

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    annes, les parapluies et les manteaux : lon peut entrvec son crochet, mais lon est pri de laisser soquipage la porte (le mannequin) ; les femmes sooiffes en chiencest--dire les cheveux volont, et

    mouchoir perch au sommet de la tte, o par un nu

    orm en avant, ses coins dessinent une rosette, ou si vouaimez mieux une cocarde qui menace lil la manie celle des mulets provenaux. Pour les hommes, cest este avec accompagnement de casquette et col rabattanils ont une chemise, qui est la tenue oblige : la culotest pas ncessaire ; le suprme bon ton serait le bonne police dun canonnier, le dolman dun hussard, antalon dun lancier, les bottes dun chasseur, enfin froque suranne de trois ou quatre rgiments ou arde-robe dun champ de bataille, pas de fanfan ainostum qui ne soit la coqueluche de ces dames, tant elle

    dorent la cavalerie, et ont un got prononc pour leabills de toutes les rformes ; mais rien ne leur plaomme des moustaches et le charivari rouge, orn de souir.Dans cette runion, le chapeau de feutre, moins qu

    e soit dfonc ou priv de ses bords, napparat que doin en loin ; on ne se souvient pas dy avoir vu un habit, uiconque oserait sy montrer en redingote, moins dtn habitu serait bien sr de sen aller en gilet rond. Eain demanderait-il grce pour ces pans dont soffusque

    es regards de la noble assemble ; trop heureux si apr

    voir t bafou et trait de moderne lunanimit, il neaisse uun seul entre les mains de cette belle euness

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    ui, dans ses rages de gaiet, hurle plutt quelle ne chanes paroles si caractristiques :

    Laissez-moi donc, jveux men allerTout dbin z la Courtille ;

    Laissez-moi donc, jveux men allerTout dbin chez Desnoyers

    Desnoyers est le Cadran bleu de la Canaille, mavant de franchir le seuil du cabaret de Guillotin, la canaillle-mme y regarde deux fois, de telle sorte que dans cceptacle on ne voit que des filles publiques avec leu

    outeneurs, des filous de tous genres, quelques escrocs dernier ordre, et bon nombre de perturbateurs nocturnentrpides faubouriens, qui font deux parts de lexistence, lune consacre au tapage, lautre, au vol. On soute bien que largot est la seule langue que lon parans cette aimable socit ; cest presque toujours danais, mais tellement dtourn de sa significatiorimitive, quil nest pas un membre de lillustre compagnes quarantequi pt se flatter dy comprendre goutte ; ourtant les abonns de Guillotin ont aussi leurs puristeseux-l prtendent que largot a pris naissance Lorient,

    ans croire quon puisse leur contester la qualiOrientalistes, ils se lappliquent sans plus de faoomme aussi celle dArgonautes, lorsquil leur est arrivachever leurs tudes sous la direction des argousins, e

    aisant dans le port de Toulon, la navigation dormanteord dun vaisseau ras. Si les notes taient de mon go

    e pourrais saisir aux cheveux loccasion den fai

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    uelques-unes de trs savantes, peut-tre irais-je jusqua dissertation, mais je suis en train de peindre le parades faiseurs dorgies, les couleurs sont broyes, achevon

    e tableau.Si lon boit chez Guillotin, on y mange galement, et le

    mystres de la cuisine de ce lieu de dlices valent bien eine dtre dvoils. Le petit pre Guillotin na pas doucher, mais il a son quarrisseur ; et dans seasseroles de cuivre, dont le vert-de-gris nempoisonnas, le cheval fourbu se transforme en buf la mode, leuisses du caniche mis mort dans la rue Gunegaueviennent des gigots des prs sals, et la magie dunauce raffermissante donne au veau mort-n de la laitiapptissant coup dil du Pontoise. La chre assure-t-oest exquise en hiver, quand il tombe du verglas ; et sou

    M. Delaveau, si parfois dans lt le pain tait hors de pr

    urant le massacre des innocents, on tait certain douver du mouton bon compte.Dans ce pays des mtamorphoses, le livre neut jama

    e droit de bourgeoisie, il a cd sa place au lapin, et apin que les rats sont heureux ! oh fortunati nimium si

    orint cest le magister de Saint-Mand qui me prte itation ; on me dit que cest du latin, peut-tre est-ce drec ou de lhbreu, nimporte, je mabandonne, adviennue pourra, la volont de Dieu ; mais toujours est-il que

    es rats avaient pu voir ce que jai vu, moins que dtne race ingrate et perverse, ils auraient ouvert un

    ouscription pour riger une statue au librateurpetit p

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    Guillotin.Un soir, press par ce besoin quun bon Franais n

    atisfait jamais seul, je me lve pour chercher une issue ; ousse une porte, elle cde ; la fracheur de lair, econnais que je suis dans une cour ; lendroit est propic

    e mavance ttons, tout coup je fais un faux pas, ovait vraisemblablement drang quelques pavs, je tend

    es bras pour me retenir, et tandis que de lun je saisis uoteau, de lautre jempoigne quelque chose de fort doux e fort long. Jtais dans les tnbres, il me semble voriller quelques tincelles, et au toucher, je croeconnatre certain appendice velu de la colonne vertbraun quadrupde ; jen tiens une botte, je tire dessus, et

    me reste la main un paquet de dpouilles avec lequel entre dans la salle, au moment mme o M. Doubl

    Croche, dsignant les figures aux danseurs, sgosille

    rier la queue du chat.Il ne faut pas demander si lon saisit l propos ; il se

    ans lassemble un miaulement gnral, mais ce ntau plus quune plaisanterie, les amateurs de gibelot

    miaulrent comme les autres, et aprs avoir enfonc leu

    asquettes, allons, dirent-ils en se lchant les doigts, aetit bonheur ! Coiff de chat, nourri de mme, nous nmanquerons pas de sitt ; la mre des matous nest pamorte.

    Les pratiques du papa Guillotin consomment dordinailus en huile quen coton, cependant je puis affirmer qu

    e mon temps, il sest fait dans son cabaret quelqueailles ui distraction faite des li uides neussent a

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    ot davantage au caf Riche ou chez Grignon. Il mouvient de six individus, les nomms Driancourt, Vilatte

    Pitroux et trois autres, qui trouvrent le moyen dpenser 166 francs dans une soire. la vrit, chacueux avait amen sa particulire. Le bourgeois les avaans doute quelque peu corchs, mais ils ne selaignaient pas, et ce quart dheure que Rabelais trouve ur passer, ne leur arracha pas la moindre objection ; iayrent grandement, sans oublier le pourboire du garoe les fis arrter pendant quils acquittaient le montant de

    arte, quils navaient pas mme pris la peine dexaminees voleurs sont gnreux quand ils ont rencontr unonne veine. Ceux-l venaient de commettre plusieurs voonsidrables, quils expient aujourdhui dans les bagnee France.On a peine croire quau centre de la civilisation,

    uisse exister un repaire si hideux que lantre Guillotinaut comme moi lavoir vu. Hommes ou femmes, tout monde y fumait en dansant, la pipe passait de bouche eouche, et la plus aimable galanterie que lon pt faire auymphes qui venaient ce rendez-vous, taler leurs grce

    ans les postures et attitudes de lindcente chahut, tae leur offrir le pruneau, cest--dire, la chiquentimentale, ou le tabac roul, soumis ou non suivant egr de familiarit, lpreuve dune premi

    mastication.Les officiers de paix et les inspecteurs taient de tro

    rands seigneurs pour se lancer au milieu dun pub

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    areil, ils sen tenaient au contraire soigneusement cart, vitant un contact qui leur rpugnait ; moi austais dgot, mais en mme temps jtais persuad quour dcouvrir et atteindre les malfaiteurs, il ne fallait pattendre quils vinssent se jeter dans nos bras ; je m

    cidai donc aller les chercher, et pour ne pas faire dexplorations sans rsultat, je mattachai surtout connat

    es endroits quils frquentaient par prdilection, ensuiomme le pcheur qui a rencontr un vi