Memoires concernant les chinoise 6

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Mémoires concernant l'histoire, les sciences, les arts, les moeurs, les usages, ,c. des Chinois / par les missionnaires [...] Source gallica.bnf.fr / Bibliothèque nationale de France

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Livro 6 do jesuíta Joseph Marie Amiot, missionário na China do século XVIII

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Page 1: Memoires concernant les chinoise 6

Mémoires concernantl'histoire, les sciences,

les arts, les moeurs, lesusages, ,c. des Chinois/ par les missionnaires

[...]

Source gallica.bnf.fr / Bibliothèque nationale de France

Page 2: Memoires concernant les chinoise 6

Amiot, Joseph (1718-1793),Bourgeois, François (S. J., Le P.),Poirot, Aloys de (S J Le P). Mémoires concernant l'histoire, les sciences, les arts, les moeurs, les usages, ,c. des

Chinois / par les missionnaires de Pe-kin. 1776-1814.

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Page 3: Memoires concernant les chinoise 6

f%4IH

aVj 1)1 &-? 8-i S

~s- ~;i-.I Y k' ..a ~`a -çe, s!~ k.

CONCERNA N T

L'HISTOIRE, LESSCIENCES,

LES ARTS LES MŒiURS LES USAGES tv.

.~i_~ C' F'.1: H .t-

~I" T ,t~~3~ 111'SDES

CHINOIS, r~,

PAR LES MISSIONNAIRES DE PE-KIN.

T O M E S I X ï E M E.

la P A II I S y

Chez N v oni'uïnô Libraire rue du Jardine; vi--n-\ ;, i~ ruo

Mignon, près c:c 1 imprimeur éluPuriemenr,,

M, D CC. a I X X X.,

- '-rL C A V F KO V AT l 0 A i. T l1 11 J L - .- >V ''

Page 4: Memoires concernant les chinoise 6

AVERTI S S E M E N T.

CE fixierne Volume des Mémoires concernant

l '1" rd, b .ci 0

('les Chinais préfente d'abord un Ouvrage confidé-

rable fur la Mujîque des Chinois tant anciens que

modernes par M. Amiot Millionnaire hPc-kin,

connu depuis long-tems en Europe par fes correspon-dances & les travaux Littéraires. D'après les éloges que

sc' <Zr C1 CIce Savant fait des rares & profondes connoilTances

de M. l'Abbé Rouflîer, en fait de Mufiquc ( Foye-

pag. jj & fiuv. ) il eût defiré (ans doute que Ion

Ouvrage fut revu, par cet habile Théoricien, M. l'Abbé

Rouffier a fait pi us il s'efi; non-feulement charge d'en

faire l'édition mais il l'a accompagnée de notes &de differtations favanres il en a vermé les calculs il

en a réduit les planches dont il a aufiî rédigé les

explications il ya ajouré une table raifonnee en

un mot, il en a rait un Ouvrage fondamental, où

les principes de cet Art, qui iont efiennellemcntt 1 0

lest'

invariables & les mîmespar-tout,

fontapprofondis

& développés.

A ce grand Mémoire on a ajouté un Eîlai fur le:-7) 1 1 0 1 1\

1

Pierres fonorcs qui s'emploientdans la

Musiquechi-

noiie. Ce morceau n'eiipoint

de M. Amiot maisc

nciie. Ce morceau n'eitpoint

de M. Arr.iot n-sais

d'un autre Millionnaire de Pe-kin. i\î. l'Abbo

Roufîier en a iuivi auiii l'imprcfiion.& v a

ajouteJ 3

~les ilotes l cet¡"

.;I.les notes dont cet ciîaî pouvoit avoir befoin.

On trouvera eniuue ci;:férens extraits d'une het-

îretrès-longue

de iM.Amiot, où, à l'occanon d'un

Page 5: Memoires concernant les chinoise 6

A V E R T I S S E M E N T.

Livre intitule* Recherches Philofophiques fur les

£o-} yiicfit & les Chinois F Auteur éclairât piuueurs

points importantrelatifs à l'étal & aux mœurs de

la Chine. Après avoir porté (on jugement en géné-

rai fur le cara clerc de cetOuvrage

& i'efpriî qui

y règne,il réfute ce qui y cM dit concernant la Popu-

lation & les Roc nus del 'Empire

de la Chine, la

Polygamiedes Chinois leur Aflronomie leurs Eunu-

ques l' Infanticide qu'on leur reproche leur Gouver-

iienieni l ordre de fiiccejjion à F Empire & le climat

du P ctchcly enrin il donne des détails j7/r la mort &

les funérailles dei Impératrice mère de 'l'Empereur s

arrivée en 1777. On a jette à la nn du Volume le

dénombrement: des habitans de la Chine par pro-

vincetraduit

liftérciiernenî d'aprèsle tableau ori-

ginaldu Tribunal des Fermes de îa Chine qui

a

cîé envoyécette année en caractères chinois

comme pièce authentique.

On a été obligé de rendre ce volume moins

fort que les précedens pour ne point faire deux

nrix vu le nombre considérable des gravures dont

:1 a [allu accompagner

celui-ci.

MÉMOIRES

Page 6: Memoires concernant les chinoise 6

Tome Vh A

1

MEMOIRES

CONCERNANT

LES CHINOIS.

DE LA MUSIQUE DES CHINOIS,

TANT ANCIENS QUE MODERNES;

Par M. AMIOT, MiJJîonnalrc a Vihln.

DISCOURS PRÉLIMINAIRE.

TJ_* E premier de mes foins en arrivant a la Chine fut

d'étudier lalangue & les mœurs de ceux qui l'habitera afin

de pouvoir leur annoncer avec quelque eipérancede fv.ee es

les vérités de notre lainte Religion. Sachant que de tous les

moyens qu'on peut employer pour s'en faire écouter les

Sciences éc les Arts font les plus efficaces fur-tout dans h

Page 7: Memoires concernant les chinoise 6

DE LA MUSIQUE

Capitale & à la Cour, où je me rendis par ordre de mes Supé-

rieurs; je crus que je ne devois négliger aucune des avances

que je pouvois avoir dans plufieurs parties des Mathématiques,

dans celles fur-toutqui

font lepins

augoût

des Chinois.

Je favois paffahlement la Mufique je jouois de la flûte

iravcrf.ere & du clavecin; j'employai tous ces petits talens

pour me faire accueillir.

Dans les différentes occafions que j'eus d'en faire ufage

pendant les premières années de mon féjour à Péking je

n'oubliai rien pour tacher de convaincre ceux quim'écou-

toient, que notre Mufique l'emportoit de beaucoup fur celle du

Pays. Au furplus c'étoient des perfonnes inftmltes en état de

comparer & de juger; des pcrfollues du premier rang qui,hono

r;mt les MillionnairesFrançois

de leurbienveillance,

venoient

fouvent dans leur maifon pour s'entretenir avec eux de quel-

ques objets concernant les Iciences ou les arts cultivés en Chine

Les Sauvages les Cyclopes (a) les plus belles fonates les

airs de flûte les plus mélodieux & les plus brillans du Recueil.

de Blavet rien de tout cela ne faifoit impreffion fur les Chi-

nois. Je ne voyois fur leurs phyfionoiiiies qu'un air froid &

diiîxait qui m'annonçoit que je ne les avois rien moins qu'émus.

Je leur demandai un jour comment ils trouvoient notre Mufique, s

& les priai de me dire naturellement ce qu'ils en penfoient.

Ils me répondirent le plus poliment qu'il leur fut poffible “

queNos airs

nciant point faits pour leurs ore'dles^ni leurs oreilles

ros & celles qui font mar-

quées par des aftérifques font

des portions du texte rejeî-

îées en notes pour plus de préci-

fion dans le difeours. Enfin, toutes

celles qui font marquées par des

leurc; ont etc ajoutées par M,

i'AL'bc îlouiîier,

(<•)Pièces de clavecin & de

caractère du ccic&re Rameau.

AvirtiljenuTiî.Les notes de ce

Dii'-ours Préliminaire l'ont de M.

l'Al>hé Rouff.ev. le corps

dei'Duvra^e celles qui iont jnt;r-

<i^:cc-: \)dV des cKîrfCi font du P.

ri'otj fous leurs mCiïiCG .;ii:r;<

Page 8: Memoires concernant les chinoise 6

DES CHINOIS.

A i« Il

pour nos airs, il n étoit pas furprenam qu'ils n'en fentijfent pasles beautés comme ils fentoient celles des leurs. Les airs de

notre Mufique ajouta un Do£ïeur du nombre de ceuxqu'on

appelle Han-lïn & qui etoit pour lors de fervice auprès de

Sa Majeftéles airs de notre Mufique paffent, de C oreille juf

qu'au cœur, & du cœur jufquà l'ame. No '.s les [entons nous les

comprenons ceux que vous vene^ de jouer ne font pas fur nous

cet effet- Les airs de notre ancienneMufique

etoient bien autre

ckofe encore, il fuffifoit de les entendre pour être ravi, Tous nos

Livres en font un éloge des plus pompeux mais ils nous appren-

nent en même tems que nous avons beaucoup perdu de l'excel-

lente méthodequ' 'employaient nos Anciens pour opérer de f mer-

veilleux ejfets 5 &c.

De femblables difeours répétés plus d'une fois & par

plus d'une perfonne me firent naître l'envie de connoître la

Mufique Chinoiie & de m'inflruire à fond, û je le pouvois

de toutes les règles qui en conftituent la théorie. Le P. Gaubil,

qui étoit très-verle dans plufieurs parties de la Littérature des

Chinois m'excita à mettre la main à l'œuvre s'engageant à

me fournir tous les fecours qui dépendraient de lui. Je deman-

dai à quelques Lettrés de ma connoiffance un catalogue des

Livres dans iefquels je pourrois puifer les connoiffances que je

voulois acquérir. J'en parcourus quelques-uns, à l'aide de mon

Maître de Langue mais comme ce Maître tout habile Lettré

qu'il étoit, n'avoit aucune teinture de Muiique il le trouvoir

encore plus embarraffé que moi quand il etoit queiHon de

calcul ou de quelques termes de l'art, & de certaines exprei-

fions confacrées qui ne font connues que de ceux qui font

verfés dans laMufique,

Les difficultés que je rencontrais pour ainu dire à chaque

pas, m'auraient infailliblement rebuté fi je ne m'etois apper-

eu qu'à l'occaiion de la Mufique je pouvois .me former une

Page 9: Memoires concernant les chinoise 6

DE LA MUSIQUE

idée de la plupart des Sciences que les Chinois cultivent Se

nfinltruire fur-tout de leur ancienne manière de pratiquerles

cérémonies reiigieufes & civiles fur lefquelles ils ont appuyé

là plus grande partie du vafre édifice de leur gouvernement.

Je continuai donc lire & à méditer fur ce que je lifois. Je

ne fusuns îoiipr-tems fans

m'appercevoir& fans être convaincu

que de tems immémorial la Mufique avoit été cultivée en

Chine & qu'elle avoit fait l'un des principaux objets de l'at-

tention des Magiftrats & des Souverains; qu'érigée en feience

dès les commencemens mêmes de la Monarchie elle avoit

jotfi chez les anciens Chinois, du double avantage de pouvoir

charmer les cœurs par les différentes impreffionsdont elle les

affecloit & faire en même tems les délices de l'eiprit par l'evi-

dence des dcmunilrations, exactement déduites de principes

qui pofent fur Tinconteftable vérité.

IL ne me fuffiibitpoint

d'être convaincu de tout cela il me

falloir quelque choie de plus. J'aurois fouhaité que parmi les

anciens Sages, qui avoient pris la Mufique pour le fujet de

leurs méditations les plus profondes, & en avoient fait l'objet

de leurs plus îérieul'es occupations, il s'en fut trouvé quelques-

uns qui euffent parlé clairement dans leurs ecrits du principe

fur lequel ils fondoient toute la théorie d'une fcience qu'ils

regardent comme la Science univerfelle comme la Science

des feiences en un mot comme celle au moyen de laquelle

on peut expliquer toutes les autres fciences, à laquelle fe

rapportent toutes les autres Sciences, & de laquelle, comme

d'une fourec des plus fécondes, découlent toutes les autres

fciences. J'aurois voulu trouver desrègles détaillées & une

méthode pour faire l'application de ces règles. 11 ne rne fut pas

poflible de me procurer alors cette fatisfaclion.

Cependant à la periuafion du P. Gaubi! je me déterminai,

à traduire un ouvrage fort eftimé qui a pour titreKou-yc-

Page 10: Memoires concernant les chinoise 6

DES CHINOIS.

king-tc/wuen c'eft-à-dire Commentaires fur le Livre dafjuyue

touchant la Mujiquedes Anciens par Ly-koar.g-ty Miniitre

d'Etat, & membre du premierTribunal des Lettrés. C'eir. en

effet celui de tous les ouvrages fur la Mufique qui. fuivant le

peu de lumières que j'avois alors me parut mériter le plus

d'attention. Ma traduction finie je l'en, oyai au P. De Latour

Procureur de la Million françoife de Chine, avec promeffe

de lui envoyer chaque année autant de fupplémens qu'ii juge-

roit à propos, fi ces matières etoient de fon goût & lui paroif-

foient pouvoir être de quelque utilité. Je le priai en même tems

de vouloir bien remettre mon manuferit à -M. de Bougam-

viile (£)» alors Secrétaire de l'Académie des Infcriptions 8c

Belles-Lettres & auquel jJeus l'honneur d'écrire pour lui recom-

mander ce fruit de mon travail.

Ce que j'adreflai directement au P. De Latour à diverfes

repriies, arriva en France mais M. de Bougainville n'etoit

déjà plus lors de mon dernier envoi & le P. De Latour en

1763 interrompit toute communication avec nous. Ainfi

n'ayant pu favoir quel avoit eté le fort de mes écrits fur la Mufi-

que Chinoife je ne m'en occupai plus, & je dirigeai mon

travail vers des objets que je crus n'êtrepas

tout-à-faitindignes

de l'attention des favans & qui même pouvoient en être bien

reçus parce qu'ils n'avoient point encore été traités par aucun

des Millionnaires mes prédécefîeurs.

L'année derniere ( 1774 ) M. Bignon Bibliothéquaire du

Roi qui neû. pas moifts zelé peur tout ce qui peut avoir quel-

que rapport au progrès des feiences que ne l'ont été lesilluitres

perfonnages de ton nom, qui depuis près de deux ficelés ont

rendu iucoeflivement des fervices fiimponans

à lurépublique

(/•)Ce il en

17^4 quece Ma-

nuienî a ihc renab à M. de Bou-

gainville félon une note de B.a-

m eau- dans fon Code <!:Muflqui

page 1S9,

Page 11: Memoires concernant les chinoise 6

DE LA MUSIQUE

des Lettres eut la bonté de m envoyer un Livre que ] avois

demandé à feu M. Bignon ion Père. Il ajouta à ion envoi uu

autre Livre que je n'avois point demandé, mais qu'il jugea

pouvoir m'ètre ici de quelque utilité à railbn du fujet qu'il

traite & des matériaux qui y l'ont ii judicicuiement employés.

C'eil le Mémoire de M. l'Abbé Rouffur fur la Mujl.jucdes

Anciens.

Cet ouvragel'un des meilleurs & des plus folides à mon

avis qu'on puifTctaire en ce genre m'a éclairé fur une foule

d'objets, même chinois, que je ne f'aiibis qu'entrevoir aupa-

ravant, &: que je n'eut revoy ois qu'à travers les plus épais nua-

ges. Il mefembloit., en le liiant, que j'étois devena l'un des

dilciples du fameux Pythngore ou l'un des initiés dans le

Collège des Pi eues d'Egypte. Quel dommage, diibis-je en

moi-même que M. l'Abbé Roufficr n'ait pas pu fouiller dans les

antiquitésdes Chinois, comme il l'a fait dans celles des Egyp~

tiens & des Grecs En remontant julqu'à la fource primitive

d'un ivilème de Mufique connu à la Chine depuis plus de

quatremille ans en approfondifTant

lesprincipes fur lefquels

ce iyirême s'appuie; en développant fes rapports avec les autres

feiences; en déchirant ce voile épais qui nous a caché jufqu'icila majeftueuie iîmplicité de fa marche, ce Savant eût pénétré

peut-être jufque dans le ian&uaire de la nature pour y décou-

vrir cetre harmonie univerielle qui foumet tout à fes immuables

loix. Tout au moins, il fut parvenu iufqu'au terme de ce tems

heureux où les premiersInftituteurs du

genre humain ont fait

en tout genreles découvertes, qui de la partie orientale du

globe quenous habitons, le répandant de proche en proche

dans le refle de l'Univers, font enfin arrivées non fans beau*-

coupde peine jufque dans nos climats occidentaux.

En réunifiant les lambeauxépars

des archives dumonde,

ceux fur-tout des plus anciennes archives qui exiftentaujour-

Page 12: Memoires concernant les chinoise 6

DES CHINOIS.

d'hui fur la terre parmiles nations qui l'habitent il eût décou-

vert qu'avant Pythagore qu'avant l'établifieincnt des Prêtres

d'Eoypte qu'avantMercure lui-même on connoiffoit en

Chine la diviiion de l'oftave en douze demi-tons, qu'on appel-

loit les clause lu queces douze lu, distribués en deux clafi.es 7

y étoient distingués en parfaits & en w. tarfaus fous les noms

&yan<r-lu&

A'y/i-lu qu'on yconnoiffoit la nécefîité de cette

ciiftinftion j & qu'enfin la formation de chacun de ces douze

lu & de tous les intervalles muficaux qui en dépendent, n'etoir.

dans le Syfteme QU'ON Y AVOIT inventé qu'un (impie réi'ul-

tat de la pr ogre filon, triple de douze termes depuis l'unité

jusqu'au nombre 177147 inclusivement (c).

Pouffant fes découvertes plus loin, M. l'Abbé Roufïîer eût

trouve fans doute les véritables raifbns qui ont engagé les Clii-

nois de hi plushaute antiquité, à ne faire mention dans leur

échelle muucale quedes cinq tons koung c/iang klo tché

yu qui répondent h fa tjol, la ut re tandisqu'ils

avoient

dans ce qu'ils appelloient le picn-koung, répondant notre mi& le pïen-tché o'dfï,

dequoi completter

leurgamme, & rem-

plirles prétendues lacunes cjiu paroijfait au premier coup-

d'œil, attendre dansleur j'y 'jtime toujours quelques nouveaux

fons ( d).Il fe feroit peut-être

convaincu par 'lui-même que lesrap-

ports que les Egyptiensont aiîlgnés

entre les fons de laMuiique

& les planètesentre les mêmes fons & les douze figues du

zodiaqueles vingt-quatre heures du jour, les fept jours de ta

iernaine & autres objets ( c ) ne font qu'une copie informe

ci-après noteb c!e la troint:

Partie.

(>.) IbU, An, 10 5c 1 1 pag. 71i

£v iuiy,

H.v~ IL", f'

(f) Voyezle Mémoire far la

;M>i!ic;He des Anciens art. 9, p. sy.

(.)iVicm.

fur la Mufique clés

Ane, art. ) § 59 p;i«. 33 &

ijotî 16,$ 6y? p-ig. ^y. Voyez

Page 13: Memoires concernant les chinoise 6

DE L A M U S T Q U E

de ce tiui aveit été fait par les Cliinois bien des ficelés avant

que les Egyptiens euiîcnt une diviium du zodiaque en douze

iîgnes avant qu'ils euilent les noms de Saoanth (/') de Satur-

ne èv' tous les antres nomsqui pouvoient déiigner

ies cliilorens

objets de ces rapports.

Frappéde l'attention fcrupuleuie des premiers Cliinois

dans leur.opérations

iur les ions <Scplus

encore clc leur conf-

tance à ne vouloiropérer

iur ces mêmes ionsqu'an moyen

des

inlhumens à vent, M. l'Abbé Rouiiier eût conclu fans doute

qu'ils etoient les Inventeurs de leur méthode. Peut-être eût-

il conclu encore que l'heptacorde des Grecs anciens que la

Lyre de Pythagore que ion inverfion des tétracordes diatoni-

ques, cV la formation de ion grand fyftème (g), font autant

de larcins faits aux Cliinois du premier âge auxquels on ne

peutcontefter l'invention de deux anciens initrumens le Khi

£v le Chc (]i) qui réunifient eux feuls tous les fyfrêmes imagi-

nables de Muiique. Ilfe feroit apperçu que les Egyptiens les

Grecs Se Pythagore lui-même n'avoient fuitqu'appliquer

aux cordes ce que les Chinois dil oient avant eux en parlant

des tuyaux.

En examinant de près les différentes méthodes employées

parces anciens Chinois pour fixer le lu générateur, &:

le ton fondamental de ce lu, M. l'Abbé Rouilïer fe fût con-

vaincu encore que pour avoir ce point fixe cetteregle authen-

tique & infaillible que la nature affigne elle-même les Chinois

n'avoient pascraint de fe livrer aux opérations les plus péni-

bles de la géométrie aux calculs les plus longs & les plus

rebutans de la feience des nombres & à une infinité de

(/") Mém. fur la MuGq. des Anc.

pag. 94note c.

(Y) ïbid. Art. 3 &4, pag. i<57

1 7 ÔC iuiv.

(lï) Voyez ci-apres la Première

Partie, art. fixiemc1 touchant le

Km & le Clu,

minutieux

Page 14: Memoires concernant les chinoise 6

DES C H I N O ï S.

Tome VL B_

fciîuutieux détails en tout genreau moyen defquels ils ont.

enfin obtenu finon les vraies dimenfions dechaque ton la

-vraie mefure des intervalles qui les confirment & les limitent,

3a légitimitéde leur génération réciproque & les chfférens

rapports qu'ilsont néceiTuirement entre eux; du moins ces

approximationsfatisfaifantes qui fe confondent, en quelque

forte avec le vrai. Alors je n'en doute point M. l'Abbé

Rouffier plein d'eftime pourles anciens Chinois leur eût

transféré fans peineles éloges dont il gratifie les fages Egyp~

tiens & n'eût pas hérité à leur faire honneur du fyftême très-

étendu qu'il attribue à ces derniers ou à tout autre Peuple-

plusancien que les Grecs & les Chinois (z).

Son ouvrage fur la Mufique des Anciens nous eut peut-

être fait connoître à fond le plusancien lyitême de Mufique

quiait eu cours dans l'univers & en l'expofant avec cette

clarté cette préciiioncette méthode qui

ne laiffent pour

ainfi dire rien à délirer il eût fervi comme de flambeau

pouréclairer tout-à-la-fois & les gens de Lettres & les

Harmonift.es les premiers,dans la recherche des

ufages anti-

ques& les derniers dans

celle du fecret merveilleux de

rendre à leur art l'efpece de toute-puiffance dont il jouiiToiî

autrefois &qu'il

a malheureufement perdue depuis.

On fait bien en Europe que l'Egypte a eu fonMercure

( j) Mérn. fur la des Ane.

note 16 pag. 129.On verra par les notes & les

obfervations que j'ai jointes à ce

Mémoire non-feulement que ]ee

penfe avec le P. Amiot, queles

vraies dimenfions de chaque ton

leur génération réciproque en un

mot que les vraies proportions

Kiulicaîes celles qu'adoptoit Py-

fhagore font réellement dues aux

anciens Chinois mais que les

approximations dont parle ici ce

l'avant Millionnaire lont l'ouvra-

ge des Chinois modernes, c'eli-

à-dire la luite des erreurs dans

kfquelles les Chinois paroiffentêtre depuis deux ou trois ficelé» ¡;

avant l'Ere chrétienne. Vovcz la

première &la

quatrième obiervu-

îion j à la fin de ce Mémoire,

Page 15: Memoires concernant les chinoise 6

DE LA MUSIQUE

fon trois fois grand ( Trifmégifte ) 'qui par la douceur de fort

chant acheva de civilifer les hommes; l'on fait que la Grece a.

eu ton Orphée & fon Amphion qui, par les fons mélodieux

de leurs Lyres pouv oient fufpendre le cours des ruiffeaux, fe

faire fuivre par les rochers enchaîner Cerbere lui-même dans

les Enfers; mais l'on ignore les merveilles étonnantes qui ont

été opérées a la Chine par les Lyng-lun par les Kouci &

par les Pin-mou-kia. Non moins habiles & aufli puilTans que

les Mercures, les Orphées & les Amphions, les Muficiens-

Philofophes de la Chine en accordant leur Kin & leur Chê

à l'uniffon du King (k) par la méthode infaillible de leurs

Lu en tiroient des fons qui pouvoient apprivoifer les bêtes

les plus féroces, & adoucir les mœurs des hommes fouvent

plus féroces que les bêtes.

Quand je fais réformer les pierres fonores qui conzpofert mon.

JR-iNC, les animaux viennent fe ranger autour de moi, &

tref aillent d'aije difoit à Chun l'inimitable Kouei plus de

mille ans avant l'exiilence du fameux Chantre de la Thrace, s

& environ huit fîecles avant que parût le célèbre filsd'Antiope.

L'ancienne Mufique difent les plus diflingués d'entre les

Auteurs Chinois de tous les âges pouvait faire défendre du

ciel fur la terre lesEjpnts fupérieurs

elle pouvoit évoquer les

ombres des Ancêtres Ole. elle injpiroit aux hommes F amour

de la venu & les portoit à la pratique de leurs devoirs, &C

Veut-on f avoir difent encore les mêmes Auteurs (î un

Royaume eflbien

gouverné files mœurs de ceux qui l'habitent,

font bonnes ou mauvaifes ? Qu'on examine laMujîqite qui y

a cours.

C'ci!r ('

le C fiCcll fur-tout à quoi faifoit attention le grave Confucins ?

en parcourant les différenspetits Royaumes qui compofoient

(j/c)Cet infiniment eu. compofé

•i*uh aïlortiment de pierres fono-

res. Voyez ci-après l'article 3 dela premiere Partie.

Page 16: Memoires concernant les chinoise 6

DES CHINOIS.

Bij J>

alors l'Empire de la Chine. Les traces de l'ancienne Mufique

n'etoient pas encore entièrement effacées de ton tems. ïl etoit

convaincu, par fa propre expérience, de l'effetprodigieux

que des fons bien ménagés peuvent produire fur l'amc &: fur

toute la conftitution de la machine qu'elle anime. Arrivé dans

les Etats de Tfi nous difent les Hiftoriens de fa vie on lui fit

entendre un morceau de laMufique Chao c'eft-à-dire de

cette Mufique que Kouei compofa par ordre de Chun &

pendant plus de trois mois il ne lui fut pas poffible de penfer à

autre chofe. Les mets les plus exquis & le plus délicatement

apprêtés ne furent pas capables de réveiller fon goût ni d'exclu

ter fon appétit &c. &c.

Encore une fois quel dommage que M. l'Abbé Rouflîer &

les autres Savans d'Europe ne puiffent pas puifer par eux-

mêmes dans les fources Chinoises, comme ils puifent dans les

fources Egyptiennes & Grecques Que de belles chofes ils

découvriroient J'ai bien fait tous mes efforts autrefois pour y

fuppléer en quelque forte, par la traduction de l'ouvrage de

Ly-koci7ig-ty dont j'ai parlé ci-deffus & à laquelle j'avoisjoint tout ce que j'avois puifé moi-même dans divers Auteurs

Chinois touchant la feience des fons. Mais, à juger par les

lambeaux epars qu'ona produits de cette traduction j'ai tout

lieu de croire que mes ecrits ayant patte par plusieurs mains

ont fouffert quantité d'altérations qui les ont défigurés. Rameau

lui-même, qui n'auroit dû prendre pour lui que ce qui concernele fyftême Chinois, me fait parler d'un incendie arrivé, h ce quïl

fait entendre, 22.77 ans avant Jefus-Chrift tandis que l'incen-

die dont je parle, ou pour mieux dire dont parle l'Editeur

de l'ouvrage que je traduifois n'eft qu'un incendie particu-

lier, un incendie qui confuma la maiion de l'Auteur, dont

les ecrits devinrent la proie des flammes; en un mot un

incendie arrivé, pourainii

dire ?de nos

jours.Sa date cil de

Page 17: Memoires concernant les chinoise 6

DE LA MUSIQUE

l'année y-ycou vingt-deuxièmedu Cycle des Chinois, & ia

quarante-troifieme du règne de Kang-hy c'efl-à-dire fuivant

notre manière de compter, l'an 1705 (/). Du refte, je n'ai

pas lu l'ouvrage dans lequel Rameau me fait parler de cet

incendie. Je n'en fuis inftruit que par la citation de M. l'Abbé

Rouflier, note 18 page 135 de ion Mémoire fur la Mufîque

des Anciens (m).

Les poffeffeurs de mon manuferit pourront fe convaincre de

cet énorme anachronifme de Rameau je les invite à lire feule-

ment la premiere page de la Préface du Livre que j'ai tra-

duit (n). Si ceux qui ont publié ce que j'ai dit dans le même

(/) Lecycle

dont parle le P.

Amiot, eft le (bixante-qnatorzie-

.rne il a commencé en 1684 par

conséquent la vingt-deuxième,ïtnnée de ce cycle à compter

depuis 1684, tombe en 1705.

(ot) Le Manuferit de M. Bertin

ajoute Je fuppofe <jus M. l'Abbé

Rtmffîcr qui cjï tris-exactdans tout

et qu'il dit n'aura point oublié fon

exactitude dans cette citation. Je dois

donc affurer ici le P. Amiot que

cette citation eft exactement con-

forme à l'énoncé de Rameau. Je

viens de la vérifier fur Ion Code

iliMufique

d'où elle eft tirée ( pag.

i 8 9 a ia note). Jeremarque même

que le mot- F 'cking dans ma cita-

tion efi:ortographié Pékin à la

manière de Rameau.

(n) Comme l'erreur de Rameau,

touchant l'incendie dont il s'agitir:'a fait propofer dans mon Mé-

moire, une conjeûure qui ne petitiubi'iftfr aujourd'hui c'eft une

rai Ton de plus de rapporter ici ce

qui concerne ik. cetincendie,

&

l'ouvrageracine ùï

Ly-koang-ty

d'après le Manuîcrit du P. Amiot

cahier A page 30 où commence

la Préface dont il vient de parler,Cette Préface efî de TJîng-tchêfils de Ly-koang-ty Editeur de

l'ouvrage de fon père c'eft de

Ly-koang-ty qu'il parle.« II fit un recueil de tout ce qu'il

» avoit pu trouver fur l'ancienne

» Mufique dans les livres les plus» eitimés & les plus authentiques;» il le mit en ordre & le diviia en

» huit parties dont voici les

» titres i°. Théorie de laMufique

» en général; %°. Effets delaMufi-

»-que 30. Explication des diffé--

» rentes efpeces de Mufique;4Q. dus

» règles de la.Mufique 50. des

» inilrumens dont on fe fervoit

» anciennement dans l'exécution

» de la Mufique 6°. de la MufU

» que vocale 70. de la Mufique» qu'on employoit anciennement

» pour les danfes & la comédie î,.» 8°, de l'ufage de chaque efpece» de mufique en particulier.

l

» L'ouvrage achevé ajoute

» TJîng-tché le feu prit à notre

Page 18: Memoires concernant les chinoise 6

DES CHINOIS,

ouvrage,fur les anciennes cérémonies, tant reiigieufes que

civiles, & particulièrementfur les Danfes qui les accompa-

gnoient,m'ont fait parler

à proportion comme l'a fait Rameau

fur l'incendie je prieles Savans de regarder comme fabuleux

& fuppofétout ce qu'on aura pu avancer à cet égard..

J'ai une autre raifon qui m'engage à leur faire cette prière

elle me paroît affez, importante la voici. Dans le tems que

j'ai écritfur l'ancienne Mufiquc des Chinois n'ayant ni les

lumières que je puis, avoir aujourd'hui fur cet objet, ni les

connoiffances que j'ai acquifes depuis fur les mœurs les ufages

& les Livres du Pays, ni les fecours en tout genre que j'ai ea

occafion de me procurer je ne puis qu'avoir fait une infinité

de fautes dans mes premiers écrits dans ceux fur-tout où je

me fuis expliqué fur un fujet que très-peu de Lettrés entendent

& dont par conféquent ils n'ont pu me donner alors que des

explications fautives ou peu exactes. Ainfi je lerépete l'on

ne doit point compter fur mon manufcrit, i'eût-on fans aucune,

altération &tel qu'il eft forti de mes mains (o). Ceci néanmoins.

M maifon & confuma dans un

» inftant le fruit d'un travail im-

»>•menfe. Ce fâcheux accident arri-

» va l'année du cycle y-yeou.» L'année Ou-tjïe ( 1708 ) mon

? père eut réparé en partie la

t> perte qu'il avoit faite. Ii chercha

» de nouveau dans les fources où

» il avoit pvdlé auparavant mais

n comme il ne les eut pas toutes

» fous fa main &C qu'il avoit

t> perdu la mémoire de bien des

» chofes il racourcit ton pre-» nùer deffein & le rédtiifit à des

« bornes plus étroites.

( Page 32). » Enfin l'année T'"S~»-ovc: ( 1727), l'ouvrage fut misj> çalre Içs mains des Impriœeiirs

Mlefquels

enpeu de mois en eurent

» achevé lapremière édition ».

(o)Le P. Amiot veut parler ici

des Préliminairesqu'il

aajoutés à

fa traduction de l'ouvrage de L\~

koung-ty dans Iefquels en lui-

vant les explications des Lettrés

quil'ont aidé dans ton travail il

a expofé quelques objets d'une

manière différente de cequ'il éta-

blit aujourd'hui dans ce Mémoire.

Mais ces objets font en bienpetit

nombre, & l'on trouve dans fes

Préliminaires quantité de très-

bonnes choies. Al'égard de fa

traduction même je croisqu'elle

rend essftemenfle iens de Ly w

kbang-ty mais il faut obferyer

Page 19: Memoires concernant les chinoise 6

DE LA MUSIQUE

ne doit s'entendre que de ce qui regarde directement la Mim-

que car pour ce qai efl des cérémonies & des autres objets

dont il y eft fait mention on peut s'en tenir à ce que j'en ai

dit. Les Lettrés Chinois dont je me fervois alors etoient très

en état de me fournir des lumieres à cet égard.

Cependant comme la Mufique Chinoife ou pour mieux

dire comme le fyflême mufical des Chinois eft, à ce que jecrois, plus ancien qu'aucun autre de tous ceux qu'on nous a

fait connoître jufqu'à préfent il me paroît à propos & même

de quelque importance pour les amateurs de la vénérable

antiquité d'en donner une connoiffance auffi exafte qu'il

pourra fe faire, afin qu'on puiffe le compareravec celui de*

Egyptiens & celui des Grecs.

M. l'Abbé Roufiier a très-bien prouvé que ces trois fyftêmes

ne différent entre eux que comme les différentes parties, prifes

féparément, different de leur tout; i mais il n'a pas auffi bien

prouvé,ce me femble, que le tronc du fyftême général de

ce grand fyftême dont les fyftêmes particuliers des Grecs &

des Chinois ne font que les branches eût fa racine autre part

quedans la Grece ou la Chine.

Comme ces fortes defaits ne fe devinent pas (p) Se qu'il n'a

eu entre les mains aucun monument qui pût lui fervir d'appui

que cet Auteur, outre qu'il a rai

femblé dans fon ouvrage divers

textes de doftrines contraires

s'eft trompé encore lui-même quel-

quefoisdans les explications qu'il

joint à ces textes. Cependant cet

ouvrage de Ly-koang-ty n'en eft

pasmoins précieux pour cela.

Parmi les textes qu'il renferme

il y en a plufieurs quinous tranf-

snettent l'ancienne doctrine des

Chinois. Je me fuisappuyé de

quelques-uns dans les obiervations

quifont à la fin de ce Mémoire

mais en abandonnant l'explication

de Ly-koang-ty lorfqu'elle m'a

paru fauffe ouerronnée. Onpourra

juger par la pureté de doftrine

énoncée dans les textesque j'ai

rapportés qu'en général la tra-

dudnon du P. Amiot eft exacte

&que fon Manufcrit ne fera pas

inutile à ceux qui 'aurontprendre

le vrai où il fe trouve.

(/>) M cm. fur la Mufiq. des Ane.

pag. 61,

Page 20: Memoires concernant les chinoise 6

DES CHINOIS.

pourune affertion dans les formes, il n'en parle que comme

d'une chofe quilui paroît très-probable. En affurant donc que

le fyftêmetrès-étendu d'où dérivent tous les fyftêmes parti-

culiers a prisfon origine che\ les Egyptiens ou

cher tel autre

Peuple quon voudra, pourvu qu'il fut plus ancienque les

Grecs & les Chinois (q°)il ne veut nous donner que fes cou-

jeéturesou nous préfenter des conféquences déduites des

principes qu'il établit il nous laiffe libres de penfer ou de ne

penfer pas comme lui»

Il feroit heureux pour moi & je crois dequelque utilité

pour la république des Lettres fi je pouvois fournir à M. l'Abbé

Rouffier ou à quelqu'autre Savant dans fon genre de quoi

confeater que les Chinois font auteurs du fyftême de Mufîque

qui a cours chez eux que ce fyftêmedate du commencement

même de leur Monarchie, c'eft-à-dire au moins 2637 ans

avant l'Ere Chrétienne & que s'il a été altéré outronqué

dans des fiecles poftérieursc'eit que les principes fur

lefquels

il eft fondé n'ont pas toujours été connus ou que fe trouvant

mêlés avec des Sciences vaines & abfurdes telles que la

Divination par les nombres & l'Aitrologie judiciaire les

vrais Savans les ont négligés. Une autre fource del'altération

ou peut-êtrede la corruption de ces principes c'eft

que les

Chinois ayant eu de tout tems un fyftême universel, lié dans

toutes fes parties & auquel ils rapportent tout tant dans le

politique que dans le phyfique & le moral, ils ont voulu, de

quelque manière que ce fût faire quadrer toutes les règles &

îous les détails qui ont rapport à la Science des fons avec les

détails & les règles qui concernent leurs autres feiences &

quiont lieu pour tous leurs ufages religieux & civils.

Si l'on vouloit donner feulement un abrégé de ce qu'ils ont

(%q) Ibld, Note 16, pag. 119 & art. 5 § 60 261,

Page 21: Memoires concernant les chinoise 6

DE LA MUSIQUE

compris

écrit fur ce fyftême qu'ils prétendent être fondé fur les ïoix

immuables de l'harmonie univerfelle il faudroit, à leur exem-

ple, compofer un grand nombre de volumes; mais comme

ce n'eft pas ici mon objet, je me contenterai de rapporter les

principaux traits quicara&érifent leur Mufique & ces traits

'je lesemprunterai des monumens les plus authentiques

de la

Nation. J'en conclurai, & j'efpere que nos Savans le concluront

avec moi, que les Egyptiens n'ayant pu communiquer aux

Chinois un fyftême de Mufique antérieur 4e plufieurs fîecles

à la Lyre de Mercure {/) & ce fyftême étant lié avec les

autres connoiffances qui donnent à une nation fon exHlence

morale & politique, il s'enfuit néceffairement que les Chinois

font cette nation ancienne,' chej laluelle 7:p/Z-/t;K/e/7!ë/Zt l~s

Grecs mais la nation Egyptienne elle-même, ont puifé-les dé-

mens des Sciences & des Arts qui ont été tranfinis enfuite aux

peuples barbares de l'Occident.

Cette conféquence placée à la fuite de celle que j'ai déjà 1

tirée dans ma differtation fur l'antiquité des Chinois, prouvée

par les monumens {s) fera la dernière par laquelle j'appuie-rai mon opinion. Je fens bien

qu'unefoule de vérités Chinoises

quimefont démontrées, pourront

ne paffer que pour des para-

doxes auprèsde ceux qui

ne voient qu'à travers leurs pré-

jugés. yNe pouvant leur donner ce coup-d'œil ceta£l? cette

maniere d'envifager, de fentir & de juger, qui ne s'acquierent

qu'à la longue, avec beaucoup de peine, & dans le pays

même je leur préfenterai du moins les principaux monumens

d'après lefquels ils pourront exercer leur fagacité & faire

ufage de leur critique.

S'il eft des écrits, qui, pour être goûtés & pouvoir être

(V) Mcm. fur la Mufique des

Anc. art. i pag. 1 1 & troifieme

pbfcrvation § 60 pag. 33.

(Y) Voyez le fécond volume

de ces Mémoires pag. 6.

Page 22: Memoires concernant les chinoise 6

DES CHINOIS.

Tome VL Ç

compris, comme ils doivent l'être exigent de la part de ceux

qui les lisent une attention toujours fuivie ce font en particu-lier ces fortes d'ouvrages, qu'on regarde comme peuïntéref-

Iàns en eux-mêmes, & qui ne roulent que fur des vérités

feches dont les détails n'offrent rien d'?mufantpour l'imagi-

nation. Ceque j'ai

à dire dans ce Mémoi. e fera ibuvent de ce

genre;1

ydes matières

quidemandent de l'attention, de La

patience&

quelquefoisune certaine contention

d'efprit.11

faut, enparticulier

fe faire aux idées desChinois

fe mettre

pour ainfi dire à leur ton(t on veut les entendre.

Qu'on ne s'effraiepoint

à la vue dugrand

nombre defigu-

res que préfement les planches & dont j'ai cru devoir accom-

pagner ce Mémoire. Elles m'ont paru néceffaires pour faciliter

l'intelligence de ce qu'on n'aurait peut-être pas compris fans

leur fecours.

Quant à cette multitude de noms & de mots etrangers à

notre langue qu'on trouvera pour ainfi dire à chaque pas

dans ce Mémoire, il ne m'a pas été poffible de leur fubftituer

des mots franc ois qui exprimaffent la même chofe. J'ai eu foin

cependant de donner toujours l'explication des termes Chinois, 5

lorfque cette explication m'a paru néceffaire pour l'intelligence

de ce que j'avois à dire.

Dans l'incertitude de l'ufage qu'on pourra faire de ce

Mémoire je me fuis déterminé à en envoyer deux exemplai-

res écrits l'un & l'autre de ma propre main, l'un à M. Bignon

pour la Bibliothèque du Roi & l'autre à M. Bertin, Mimftre

& Secrétaire d'Etat protecteur non moins éclairé que zélé >

des différons objets de la Littérature Chinoife. J'ai joint à

chaque exemplaire deux cahiers de Planches l'un écrit en

carafteres Chinois l'autre enFrançois.

Encomparant

celui-ci

aupremier,

on verraque

lesfigures

font exactement dans le

eoftumechinois,

&que

je n'ai faitque

tranferire enFrançois 3

Page 23: Memoires concernant les chinoise 6

DE LA MUSIQUE

ce que les Chinois expriment fur ces mêmes figures par

leurs caractères.

Comme l'exemplaire que j'adrefîe à M. Bertin efl le der-

nier que j'ai ecrit j'ai fait quelques petites corrections & un

petit nombre d'additions qui n'intéreffent en rien le fond ni

l'efîentiel de l'ouvrage on pourra y avoir égard fi l'on veut (t).

Cet exemplaire augmentera le nombre des curiofités Chinoi-

fes qui font dépofées dans le cabinet de ce Miniftre & afin

qu'il puifle avoir place dans ce cabinet, à titre de curiofité? 3

je l'accompagne de quelques inftrumens de Mufique des plus

anciennement inventés.

Le premier efl un Km à fept cordes non tel que ceux

d'aujourd'hui, mais comme les Km du tems de C/um, de

Yao de Hoang-ty & de Fou-ki lui-même. Il eft fait d'une feule

pièce de bois. J'en ai donné la tablature dans le cours du

Mémoire (u).

Le fécond inftrument eft un K'mg ifolé, c'eft-à-dire une

feule pierre fonore du nombre de celles qui etoient placées

en-dehors de la falle, & qui ne fervoient que pour avertir

foit les Danfeurs foit les Muficiens, quand ils dévoient com-

mencer ou finir, les uns quelque évolution les autres quelque

partie d'un Hymne d'un Chant &c. foit enfin pour donner

d'autres fignaux femblables.

Le troifieme des anciens inftrumens que j'envoie }eCtcelui

qu'on appelle Cheng. On en trouvera la defcription à l'arti-

cle 9 de la premiere Partie de cet Ouvrage fur chaque tuyau

de rinrtrumenî j'ai écrit le nom du ton qu'il donne.

A ces curiofités antiques j'ajoute une pièce moderne, non

moins digne d'occuper une place dans le cabinet de M,

(/) C'efî l'exemplaire de M,

Bertin qu'on a huviprincipale-

ment dans cette édition,

{h) Voyez l'article 4 de la troï-;

fieme Partie,

Page 24: Memoires concernant les chinoise 6

DES CHINOIS.

Ci]

Bertin à qui je l'envoie. C'eft un Diapafon fait au com-

mencement de ce fiecle par l'un des Fils de l'Empereur

Kar>v-hi. Ce Prince etoit à la tête des tribunaux de la Littéra-

ture 6k des cérémonies de l'Empire, lorfqu'il fit lui-même,

ou qu'il fit faire fous fes yeux le Diapafon dont je parle t

c'eft un bâton d'un peu plus de deux pieds & demi & d'en-

vironquinze lignes de diamètre fur lequel on a gravé les

dhneniîons des principaux inftrumens de la Mufique Chinoife “

& leurs divifions réciproques pour leur faire rendre avec

jufleffe les fons qu'on en veut obtenir. Ce Diapafon ou bâton

harmonique., eft une efpece d'abrégé de tout le fyftême muii-

cal. On conçoit comment un grand Prince qui avoit fous fes

ordres les Savans les plus diftingués de l'Empire & tous les

Ofliciers qui préndent aux Rits & à la Mufique a pu faire

lui-même un modèle de proportionsun bâton harmonique s

qui renfermât en fubftance tous les principes fur lefquels on

fonde la fcience des tons.

On voit par-là combien les Sciences & les Arts doivent être

en honneur dans ce vafte Empire puifque les plus grands

Princes & les Souverains eux-mêmes ne dédaignent pas de

s'en occuper férieufement (x).

J'ai donné fur un tableau à part l'explication françoife de

tout ce qui eft marqué en Chinois fur le bâton harmonique

& afin qu'on pût avoir les dimenfions juftes des inftrumens qui

y font défignés j'ai tracé à côté de cette explication le pied

(.r) On peut ajouter à cette

réflexion du P. Amiot que les

deux Auteurs qu'il a fuivis par-ticulièrement dans fon Mémoire

{Voyez l'article i de la premiere

Partie ) font le Prince Tfai-yude la famille Impériale des Ming&

Ly-koang-ty Minifire d'Etat &

membre du premier Tribunal des

Lettrés de l'Empire auxquels on

peut joindre le Prince Houi-nan-

ifu cité affez fouvent dans le

cours de cet Ouvrage. Voyezla

note s de la feconde Partie & le

texte auquel ferapporte

cette

note» art, 5.

Page 25: Memoires concernant les chinoise 6

DE LA MUSIQUE

fur lequel elles ont été prifes. Ce pied eft calqué exactement

fur l'étalon clépofé dans [es Tribunaux.

Si ceux qui liront ce Mémoire fans préjugé & avec l'atten-

tionrequife ne fe forment pas une idée brillante du fyftême

deMufique des Chinois, ils fe convaincront du moins que

c'eft un fyftême qui leureft-

propre.Si dans îa manière dont

je l'ai préfenté ils trouvent des détails inutiles des répétitions

tandis que j'omets peut-être despoints effentiels,ou que je n'infiile

pasaffez fur le fond & les

preuvesdu

fyiîêmeils doivent m'ex-

eufer en faveur des monumensque je

leur tranfmets,monu-

mensuniques

& del'antiquité

laplus

reculéequ'on

connoiïle.

D'ailleurs j c'eft ici un Mémoire, & non un Traité en forme fur

laMufique

Chinoife. Dans cette extrémité du monde oùje

ne faurois acquérir les connoiflances néceffairesni me

procu*

rer les fecours dont j'aurois befoinpour pouvoir compofer

un

ouvrage complet, j'ai cru que c'etoit bien affez pour moi que

de fournir des matériaux aux Savans d'Europe qui font en etat

d'en tirer parti.

Ce que j'ai eu principalement en vue en travaillant fur un

fujet iî peu connu jufqu'ici, a été de fournir des objets de

comparaifon entre les Chinois & les autres Peuples & fur-

tout entre ces mêmes Chinois & les Egyptiens, afin que s'il fe

trouve entre ces deux Peuples des refîemblances qui puiffent

faire conclure raifonnablement que l'un a eté formé par l'autre P

on ne prive pas de l'honneur de la primauté celui à qui il appar=

rient inconteftablement.

AMIOT Millionnaire à Péking l'an de

J.C. 1776, du règne de Kien-longla quarante-unième année.

Je mets ici le Catalogue des Livres Si autresouvrages où

(e trouvent les matériaux qui om fervi à compofer ce Mémoire,

Page 26: Memoires concernant les chinoise 6

DES CHINOIS.

C'cit moins pourla iatisfachon des Savans a'Europe que

pour celle des Miffionnaires à venir qui pourr oient être tentés

de traiter lemême fujet.

Ce fera leurépargner

la moitié de la

peine quede leur

incliquerles fources où ils

peuvent puifer.

Tout extraie de cet ouvrage qui ne fera pas exacleiner.t

conforme à l'exemplairede M. Bertin ou à celui de la Biblio-

thèque du Roi, doit être regardé comme n'ayant pas été fait

fur mon Mémoire. Je prie ceux qui voudront en faire ufage f

de fe conformer fcrupuleufement à h manière dont j'écris les

mots chinois. Je les écris comme on les prononce à la Cour

& dans la Capitale, Ceux qui les écrivent d'après les Diction-

nairesfaits dans les Provinces font à-peu-près

comme ferok

un Gaiconqui

ecriroit les motsfrançois

de la manière don;:

on les prononcedans fon

pays.

CATALOGUE

JDes Ouvragesou fe trouvent les matériaux qui ont

fervi h lacompofîtion

duMémoire fur

la Mufiauc

des Chinois,

s3 ï je donne ici la lifte desprincipaux Ouvrages où Ton peut

trouver les matériauxqui

ont fervi à lacompofîtion

de ce

Mémoire } ce n'eu,pas feulement pour

faire voirque j'ai puifé

dans de bonnes iources; c'eft encore pour épargnera ceux

qui voudront travailler fur le même fujet la peine qu'ils fc

clonneroient de chercher ailleurs. Je n'écris que les {impies

îitres en termesoriginaux, & je

lesdiftingue par

des chiffres

correfpondansà ceux

que j'ai ajoutés aux titres écrits en

caractères chinois, Tous ces Livres ont été recueillis avec foin

Page 27: Memoires concernant les chinoise 6

DE LA MUSIQUE

fous la Dynaftie des Ming. Us ont eté abrégés & donnés au

Public fous lerègne de Ouan-ly. Cette

compilation eft intitu-

lée Lu tfou tfan kao c'eft-à-dire Examen critique des Livres

de Mujique.

§. L

Livres faits par ordre desEmpereurs & dans lefquels on n'a,

employé que ce qu'il y avoit de plus authentique dans les

ouvrages jur laIdujzque.

i. Ta-ming ki ly.

z. Ta-ming hoei tien.

3. Tilng pan ou King,fee-chou ta tfiuen.

4. Tfing pan fîng ly ta tfiuen chou.

5. Tinig pan iy tay toung kien tfoan yao.

6. Tfing pan ly tay ming tchen tfeou y.

S- H.

Livres qui traitent en même tems des Danfes & de laMujîqufr

7. Tcheng tfou yu tché hiuen kiao yo tchang pou.

8. Che tfoung yu tché hiuen kiaoyo tchang pou.

9. Tien ty, tan, ta fee yo tchang pou.

10. Tay-miao ou fiang yo tchang pou.

1 1. Ouang fou kia miao yo tchang pou.

1 2. Ouang fou leang tan yo tchang pou.

1 3. Sien ché miao y tien ly tou.

1 4. Koung miao pao tfoung ly yo tou.

15. Ta tcheng yo ou pou.

\6. Tay tchang tfoung lanpou.

17. Hing tao tchang pou.

18. Pou hiu tfee pou.

Page 28: Memoires concernant les chinoise 6

DES CHINOIS.

î9- Ou koungou pou.

20. Ouen tê ou pou.

§. IIL

Livres qui contiennent ce qu'il y a de plus effamei à favoir fur

l'ancienne Mujîque& un examen c, itique dz tout ce qu'en

ont écrit les différens Auteurs fous chaque Dynajiie,

H l, 1 1 e-2.1.

Hoang minglei tchao

mingtchen tfcou

y.

2.2. Hoang ming ming tchen king ki lou,

23. Kieou joui ta hio yen y pou.

24. Hia yen teng {y pou tfeou y.

25. Lieou king tou choue.

2.6. Tchang ngao tfm lu tou choue,

27. Lu jan clic yo tou pou.

28. Nio tao nan lun ko ché.

29. Ouang cheou jin lun ko ché,

30. Ouang ting fianglu-Iu lun,

31. Ki.

pen yolu tfoan

yao.

32. Ki pen lu-lu pié chou.

33. Ho tang yo lu koan kien,

34. Hoang tfouo yo tien.

35. Han pangki tché yo.

36. Han pang ki lu-lu tché kié^

37. Ly ouen ly lu-lu yuen cheng.

38. Hoang ki tfîng yo lu koang kien,

39. Tchang ou lu-lu fin choue kié,

40. Ly ouen tcha lu chou pou tchoUo

41. Ly ouen tcha hing yo yao lun,

42.. Ly ouen tcha kou yo tfien ty.

43. Ly ouen tcha tfing koung yo tiao,

44. Lieou lienyo king yuen y.

Page 29: Memoires concernant les chinoise 6

DE LA MUSIQUE

S. Vï,

45- Lieou lien kieou tai yo tchang.

46. Chao koung tchou kou yo y.

Z~7'< g/2 '[" a'c y1

Km .c r GhcLivres qui traitent enparticulier

de l'iifage du Kîil & du CKc »

depuis l'antiquité la plus reculée jufquaux tems où ces

Livres ont été écrits.

47. Heng fou kao tang ouang chê pou.

48.Lieou

yunchê

pou.

49. Kou tchouen kin pou.

l) o. Chen ki mi pou.

ij 1 Tay-kou y yn.

5 2.. Kin joan ki mong.

53. Sien ko yao tché.

54. Tchoung ho fa jen.

55.Y fa kin pou.

56. Tchan tchou kin pou.

57. Hoangfîen kin pou.

58. Siao loan kin pou»

Uvres quitraitent en particulier de la

Mujîque employée pendant

les cérémonies de l'exercice de la flèche dufejlin folent*

nel ? &c

ffîj. Tchan jo chouicheng hio ko ou

toung.

60. Tchan jo choui eulh ly king tchoan tfê.

61. Tchan jo chouiting yen chê ly y.

<d£. Hanyo koang fîang chê ly y kié.

63. Tcheou fou toung chan chou yuen y kié.

§. IV.

S- v.

Page 30: Memoires concernant les chinoise 6

DES CHINOIS.

Tome VI. D

S. VI.

Livres qui traitent du calcul du diamètre & de lacirconférence.

64. Kou yng fiang tsê yuen liai kin£ fen Iei y chou.

6j. Tang chun tchê hou ché keou kou joung fang yuen lun,

66. Sing yun lou, hou ché keou kou ko yueafoan fa.

S- VIL

Livres qui traitent des mefures employées pour la conjîrucdion

des Lu, & en général de toutes fortes de mefures

67. Ta-ming y toung tché.

68. Kocheng toung tché ki fou tcheou fien tché.

6y. Ko cheng fiang ché lou yo lu tcheng tsê.

Outre les Ouvrages mentionnés dans ce Catalogue on a

encore mis à contribution les treize King ( che-fan king ) les

vingt-une hiftoires ( Eulh che y che ) c'eft-à-dire toute

l'hilloire depuis Fou-hi jufqu'à la Dynaftie des Ming. D'où il

faut inférer qu'on n'avance rien fur la Mufique des Chinois

quine foit pris de leurs meilleurs Auteurs & des Ouvrages

les plus authentiques de la Nation.

*{ Iciejl placé

dans les deux JAanufcnts 9 le même Catalo-

gue écrit en caractères Chinois & contenant les G<) Titres de

Livres dont on vient de voir l énumération.

Page 31: Memoires concernant les chinoise 6

DE LA MUSIQUE,&c.

AVE R TISS EMENT.

§ ,E Manufcrit du P. Amiot contient cent

dix-huit planches chaque figure y forme une

planche & le plus fouvent l'explication de la figure

efl fur la planche même. Pour ne pas fùrchargerce

Volume d'un fi grand nombre de plancheson a

d'abord imprimé à part toutes les explications “

afin de pouvoir réunir plufieurs figures dans une

même planche. Ces explications forment un corps

à la fuite du Mémoire, & précedent immédiatement

les planches. En fécond lieu on a fupprimé celles

des figures qui n'etoient que la reprétentation d'un

même objet fous des grandeurs différentes, ou la

continuation d'un même fujet dont la premiere

figure (uffit pour donner l'idée., Mais l'on a confervé

à chaque figure le même numéro qu'elle porte dans

le Manufcrit, fous le titre de planche. On a feule-

ment changé, dans cette édition le mot de planche

en celui de figure, à caufe de la réunion de plufieurs

figures dans une même planche. Ainfi ce qu'on

appelle ici figure t figure z &c. foit dans lecorps

de l'Ouvrage foit dans les explications, répond à

planche i planche z &c. du Manufcrit du P,

Amio t, >

Page 32: Memoires concernant les chinoise 6

Dij

MÉMOIRESUR LA MUSIQUE

DES CHINOIS,TANT ANCIENS QUE MODERNES;

Par M. A M I O T Miffionnaire à Pékin.

PREMIERE PARTIE.

A R T I C L E P R E M I E R.

D v Son en général.

DE tous les tems les Chinois ont regardé le fon comme un

bruit ifolé qui a un éclat plus ou moins fort, plus ou moins

clair de plus ou de moins de durée conformément à la na-

ture du corps qui le tranfmet mais qui n'étant point encore

fournis à la mefure & aux regles qui condiment le ton, n'a

befoin, pour devenir tel, que d'être circonfcrit dans les limites

Page 33: Memoires concernant les chinoise 6

DE LA MUSIQUE

qui font fixées par les loix immuables de ce qu'ils appcllem

~u ( y ).

(i) J'expliquerai en fon lieu ce

que c'eft que Lu («).En atten-

dant, ceux qui 1 lient peur s'mi-

tniire, peuvent ne prendre d'abord

qu'une îimple idée de cet Ouvrage,& referver leur attention pourune féconde ledure qui leur

développera ce qu'ils n'auront vu

que fuperfkiellement dans la pre-

mière. Au refte on ne doit pas

perdre de vue en lifant ce Mé-

moire que mon principal objet

étant de faire connoître un iyftême

purement chinois j'ai dûen

empruntant les idées & le langagemême des Chinois nvenoncer

ibuvent comme le feroit un Chi-

noisqui expliquerait

lui -même

fonfyltème.

(.;) Comme cette explication

dépond de la lecture attentive de

plusieurs articles de la féconde

Partie de cet Ouvrage j'ai cru

devoir prélenter ici une idée des

Lu. Je commence par l'interpréta-tion du mot Lu d'après le maiiuf-

crit fur laMulique que

le P.

.Amiot avoit autrefois envoyé en

France 8c dont il eil parlé à la

page 5 du Diicours Préliminaire.

« Le mot ou la lettre Lu prisit en lui-même & dans toute fa

si lignification veut dire Prin-

jt clpc Origine Loi Mefurg Rc-

»gL-,&cc."y> Traduction :de l'Ou-

vrage de Ly-Koang-ty Prélimi-

naires, cahier^ page i^.Les Chinois admettent douze

Lu comme on le verra à l'arti-

cle i de Sa féconde Partie. Ces

douze Lu furl'application deï-

quels les Auteurs Chinois ont

beaucoup varié ne font autre

chofe dans le i'ens primitif de

leur inititution qu'une lérie de

douze fois fondamentaux gardantentr'eux la même proportion,comme feroit une férie de Quar-

tes de Quintes ou de Dou^jtmzs y

car il n'y a que ces intervalles

confonans qui puiflent être des

Principes des Loix des mefures

du fort. Ainfi la férie des confo-

nances fi mi la rc Sic. ou fa,

ut fol rc &c. conçues comme

Quartes ou commeQuintes

ou

comme Douzièmesfort en mon-

tant, l'oit en defeendant » eft une

féne de Lit.

Cette férié pouffée jufqifaunombre de douze Lu, comme ,fi?

mi la re ,Jol ut ,ja ,Jl c mi \>

la b rc fol \i ou fa ut fol

re lu mi fl, fa ut fol

k% la ->? forme cette règle inva-

riable du Ion ce modele, & pouramfi dire, cette mafurc qui doit le

constituer ton muiïcal.

Les t"yaux qu'on fuppofe ren-

dre ces fons ainfi détermines 9"

font également appelles Lie; ainfi.

le Ion re par exemple conçu

dans certaines proportions, rela-

tivement à la férie de confonances

dont il fait partie ou bien le

tuyau qui rend ce même n font

l'un & l'autre la régie le /.?/,

le modèle d'intonationpour

tous

les requ'on peut former foit ci la

voix ioit fur des inïtmmens. Il ca

Page 34: Memoires concernant les chinoise 6

DES CHINOIS.

De tout tems encore ces mêmes Chinois ont diftinguc huit

efpeces différentes de fons & ont penlé que, pour les pro-

duire, la nature avoit formé huit fortes de corps fonores fous

lefquellestous les autres pouvoicnt fe claffer. Ces huit fortes

de corps fonores font la peau tannée des animaux la pierre

le métal, la terre cuite la foie, le bois le bambou & la calc-

baffe. Cette divifion difent les Chinois, n'eft point arbitraire;

on la trouve dans la nature quand on veut fe donner la peine

de l'étudier. Elle découle comme naturellement ajoutent-

ils, de la doctrine des trigrammes de Fou-iù (£). Ainfi que

ces trigrammeselle a ion principe

dans le nombre 3 qui défigne

ici les trois principaux règnes de la nature l'animal le végé-

tal & le minéral & elle eft limitée par le nombre 8 nombre

qui Gompofe aufîi la totalité des trigrammes. Comme tout ce

qui eft dans la nature difent encore les Chinois tient aux

trigrammesde même chacune des huit efpeces de fons eft

engendrée par un trigramme particulier & eft analogue à

tout ce que ce trigramme repréfente. Voye^ dans les Planches

la figure1 & fon explication,

C'eft ainfi qu'en voulant tout rapporter aux trigrammes &

tout expliquer par leur moyen les Chinois plus modernes

ont tellement obfcurci les principes de la Muiique, qu'il feroit

difficile d'en retrouver les traces fi une certaine claffe de

Lettrés, par un attachement inviolable pour tout ce qui venoit

des anciens ne nous eût confervé ces mêmes principes fous

leur premiere forme.

eft de même des autres Lit quifont toujours le type des intona-

tions précilesde

chaque intervalle

muiical ibit ton loit demi-ton

lbit tierce &c.

(Z>) Ces trigrammesfont com-

poiéscomme leur nom le

porte

de trois caraôeres ou fignes quine confiaient qu'en de {impies bar-

res, fou entières comme –

i'oit coupées 3 dont on

verra l'uiage dans la i'ecende Par-

tie de cet Ouvrage,

Page 35: Memoires concernant les chinoise 6

DE LA MUSIQUE

Le défordre général que firent naître dans 1 Empire les guer-

res prefque continuelles dont il fut agité pendant près de quatre

fîecles après l'extinftion des Han les mœurs des Tartares

que ces mêmes guerres introduifîrent dans les Provinces les plus

voulues de ces Peuples, & la préférence qu'on y donnoit aux

armes fur les Lettres firent négliger l'étude des anciens prin-

cipes de laMufique. Mais dans lesProvinces méridionales quel-

ques Lettrés du premier rang s'attacherent à conferver les an-

ciens ufages dans toute leur pureté & comme IaMufique tenoit

à la plupart de ces ufages, ils la conferverent pareillement telle

qu'ils l'avoient reçue de leurs ancêtres. Ils ne changerent rien

aux Inftrumens ils s'appliquerent au contraire à développer

la méthode fuivant laquelle ils etoient conftruits & en les

comparant avec ce qui en efl dit dans les Livres les plus au-

thentiques, avec les descriptions faites dans les premiers tems j.

& avec ce qu'une tradition non interrompue leur afluroit avoir

eté déterminé par Hoang-ty lui même ils fe convainquirent

qu'en fait de Mufique comme en toute autre chofe ce qui

leur venoit des anciens etoit préférable à ce qu'introduifoient

chaque jour les modernes. Si en fouillant dans les Livres &

dans les Mémoires particuliers qui traitoient des lu ils n'y

découvrirent point encore ce principe qui en eft la bafe & fur

lequel les premiers inventeurs avoient appuyé tout l'édifice

mufical, ils mirent du moins par leurs écrits ceux qui de-

voient venir après eux dans la voie qui pouvoit les conduire

à cette découverte.

Après l'extinction de toutes ces petites dynafties qui régne-

rent depuis l'an de Jefus-Chrifl 265 jufqu'à l'an 61 8 l'Empire

réuni fous la domination d'un feul Souverain fembla vouloir

reprendrefon ancienne fplendeur. Les illuftres Princes de

la race des Tang en accordant aux Lettres une proteclio^

Page 36: Memoires concernant les chinoise 6

DES CHINOIS.

dont elles avoient été privées pendant les quatre fîecles pré-

cédens, les firent renaître pour ainfi dire en les tirant de

cette efpeced'oubli dans lequel elles etoient comme ensevelies.

Parmi les Lettrés qui s'appliquèrent à débrouiller le chaos de

l'antiquitédeux favans, Sou-fieou-fun 8c

Tchang-ouen-cheou

s'occupèrentde Mufique. Ils donnèrent par extrait ce qu'il y

avoit de pluseffentiel dans les ouvrages des Auteurs qui les

avoient précédés & en particulier deKing-fang qui floriffoit

vers l'an 48 de l'ère chrétienne, & de Lin.-tchcou-k.Uou con-

temporain & ami de Confucius.

Sous les cinq petites dynafties poftérieures qui gouvernerent

l'Empire après les Tang c'efl-à-dire depuis l'an 907 jufqu'àl'an 960 la Chine redevint guerriere & la Mufique fe cor-

rompit ainfi que les moeurs.

Vinrent enfuite les Soung. Sous les Empereurs de cette illuftre

race les fciences reprirent une nouvelle vigueur. On ecrivit

fur tous les genres ?mais félon les faux

principes qu'on s'étoit

faits. La. plupartdes Lettrés rejetterent tout ce qu'ils n'ente n-

doient pas,ou dédaignèrent ce qui leur parohToit trop iimple

parmiles découvertes & les travaux des anciens. Pour faire

parade d'érudition quelques Auteurs parlerent avec emphafe

de divers Inilrumens des anciens mais fans toucher à rien qui

eût trait aux principesfur lefquels ces Inïîrumens avoient été

conftruits. D'autres ont décrit fort au long les dimenfions des

divers lu mais tout ce qu'ils en ont dit ne fauroit faire con-

noître le principe de ces dimenfions le principe des lu. Auffi

ont ils paiTé fous filence ce qui concerne le fon conhdéré

comme ton muucal comme circonfcrit dans telles ou telles

limites par leprincipe des lu.

Laiffant à part ce principe ce tronc du grand fyftême je

veux dire la progreflion triple pouffée jufqu'à douze ter-

Page 37: Memoires concernant les chinoise 6

DE LA MUSIQUE

rhiitoire

mes (c) ils ne s'attachèrent qu'à des petites branches fépa-

rées, à des fyftêmes particuliers & même à des parties de

fyitêmes parce qu'ils pouvoient en déduire avec plus de faci-

lité tous les rapports qu'ils croyoient devoir fe trouver entre

les trigrammesde Fou-hï & tout ce qui eft dans la nature. C'eft

ainfi qu'en voulant faire honneur aux anciens de leurs propres

idées, ils travaillèrent, fans le favoir., à leur ravir la gloire

d'avoir trouvé le vrai fyftême de la Mufïque.

Quelques Lettrés fe préferverent de la contagion & laif-

fant aux anciens leurs combinaifons leurs allégories, non feu-

lement ils ne leur en fuppoferent pas de nouvelles mais ils

prouvèrent que celles dont les anciens avoient fait ufage

n'etoient, à l'égard des principes, que des acceffoires & des

objets de furérogation. C'eft à ce petit nombre de Savans que

la poftérïté eft redevable de plufieurs monumens antiques qui

ont été confervés fans altération tels font en particulier quel-

ques Livres fur la Mufique qu'ils ont arrachés à la faulx du

tems, en les faifant réimprimer tels qu'ils etoient fans vouloir

s'en faire.accroire en les interprétant à leur maniere.

C'eft dans ces fources, ainfï que dans les Livres claffiques &

dans les Mémoires qui ont fervi pour la compofition de

(c) La progreffion triple pouf-

fée jufqu'à douze termes, comme

i 3 9 27 &c. eft l'exprefllon

numériqued'une férie de confon-

nances, appellées Douzièmes dont

la Quinte & la Quarte font l'image.

Voyez ci-devant note a. Ainfi l'on

peut dire quela regle d'une férie

de douze termes en progreffion

triple la règle des Lu, ou la regled'une fuite de fons à la quarte à

la quinte ou à la douzième l'un de

l'autre font une feule & même

règle un feul & même principe

fous des formes différentes. Or, 9ce principe pour achever de le

bien faire connoître dès à préfent,n'efl jamais autre chofe, de quel-

que manierequ'on le repréfente

qu'un affemblage de confonnances

de même genre de même nature& d'une

égalité inaltérable de

proportions. C'eft-là. la bafe du

•fyftême des anciens Chinois qu'ilfaut bien diflinguer dans ce Mé-

moire, des principes, ou pourmieux dire des erreurs des Chi-

nois modernes,

Page 38: Memoires concernant les chinoise 6

DES CHINOIS.

Tome VL E

l'hifloire des trois premières dynaitics, que Filimlre Prince Tfai-

yu, de la famille Impériale des Ming; aidé des plus habiles Let-

très de ton tems, puifale vrai fyftême de l'ancienne Mufique

Chinoife qu'il a développé dans unouvrage fur les lu ( z )“

C'eft de ces mêmes fources que le célèbreLy-koang-ty a

tiré les lumières qui l'ont éclairé dans la composition de l'ou-

vrage qui fut publié, fous le règne de Kang-hi fur le même

fujet (d)i & c'eft dans les écrits de ces deux favans Auteurs

que j'ai pris moi-même une partie des matériaux dont j'ai

compofé ce Mémoire. Je n'ai pas vérifié leurs citations, parce

qu'il m'eût fallu recourir à des Livres qui ne fe trouvent guere

que dans laBibliothèque Impériale mais on peut s'en rap-

porter à la fidélité & à l'exactitude de ces deux Auteurs.

J'ai trouvé dans leurs ouvrages & dans tous ceux qui parlent

de Mufique que du tems même de Yao & de Chun on diftin-

guoit huit fortes de fons, produits par autant de corps fonores

différens & qu'on avoit des Inftrumens particuliers défîmes

à faire entendre ces huit fortes de fons. J'y ai trouvé encore

que dès ce même tems on avoit fait des recherches pour obte-

nir le ton propre de chacun de ces huit corps fonores afin

de pouvoir en tirer ces modulations ravivantes feules capa-

bles de charmer tout-à-la-fois & l'oreille & le coeur.

( x ) Cet Ouvrage en: intitulé

Lu-lu-tfng-y c'eft-à-dire expli-

cation claire fur ce qui concerne les

Lu. Le Prince Tfai-yu le préfei-itaà l'Empereur Ouan-ly à la troi-

iieme lune de l'année P'mg-chentrente-troifieme du cycle & la

vingt-quatrième durègne de cet

Empereur c'eft-à-dire Fan 1 596.

(<i) L'Ouvrage de Ly-koang-tya paru en 1717. Voyez note n du

Difcours Préliminaire, page 1 2. Le

manufcrit qui contient la traduc-

tion de cet Ouvrage faite par le

P. Amiot, m'a etc confié en 1770,

J'en ai cité divers partages dans

une Lettre touchant la divilion du

Zodiaque, inférée dans le Journal

des Beaux-Arts & des Sciences

par M. l'Abbé Aubert mois de

Novembre 1770. Voyez cette mê-

me Lettre imprimée à part p. 7

oupag. 103 du Journal.

Page 39: Memoires concernant les chinoise 6

DE LA MUSIQUE

Les Chinois font peifuadésen

général que, quoiqu'on puifie

tirer de chaque corps fonore tous les tons de la Muiîque il

eil cependant pour chaque corps particulier un ton plus

analogue aux parties qui le compofent, un ton propre que la

nature dans la diftribution des chofes pour le concours de

l'harmonie univerfelle lui a affigné elle-même en combinant

ces parties.

Cependant, comme les fentirnens font partagés fur la fixa-

tion de ce ton "propre je n'entrerai point ici dans une difcuf-

tion néceffaircment longue & qui ne me conduiroit à rien

d'utile pour l'objet que je me propofe.îl me fufilt d'observer

que l'ordre le plus anciennement affigné aux huit corps fonores

qui rendent les huit fortes de fons eil i v. le métal 2°. la.

pierre, 3°. la foie, 40. le bambou, j°. la calebafîe, 6°. la

terre cuite, 70. la peau tannée des animaux, 8°. le bois. Cet

ordre a eté renverfé dans la fuite des tems par ceux d'entre

les Lettrés qui ont voulu faire accorder à leur manière les huit

trigrammes de Fou-hi avec les huit fortes de fons mais cet

arrangement ne remonte pas plus haut que les Soung (e).

Les anciens comme je l'ai dit avoient des liiflrumeils

particuliers qui faifoient entendre le fon propre de chaque

corps fonore. Je vais énoncer ici ces Inftrumens en préfen-

tant l'ordre plus moderne que les Chinois donnent aux huit

fortes de fons.

i°. Le fon de la peau etoit rendu par les tambours; i°. le

fon de la pierre par les klng 3°. celui du métal, par les clo-

ches 40. celui de la terre cuite, par les hiuen; 50. celui de la

foie par les kin & les ché 6°. celui du bois, par les yu & les

te hou 70. celui du bambou par les différentes flûtes & les

(e) La Dynaftie des S mm aa

commencé en 960 & a fini en

1 179 félon une remarque du P.

Amiot, dans fa traduftion de

l'Ouvrage de Ly-koang-ty Cahier

B ? n°, 14 page 41 note 124,

Page 40: Memoires concernant les chinoise 6

DES CHINOIS.

E ij

koan; 8°. celui de la calebafle par les cheng. Tel eft l'ordre

repréfentéà la première figure de la Planche I & c'eft cet

ordre que je vais fuivre dans autant d'articlesparticuliers oui

termineront cette premiere Partie. Voyez figure 1.

ARTICLE SECOND.

Du SON DE LA PEAU.

JL^és les premiers tems de la Monarchie Chinoife avec la

peau tannée de quelques quadrupèdes on conftruiibit divers

Inftruraens que je ne faurois déligner en François que

par le nom général de tambour. Ces Infïrumens etoient de

piufïeurs efpeces & différaient les uns des autres tant par

leur forme que par leurs dimensions.

Le plus ancien tambour qu'on connoifïe cit le tou-kou de

chen-noung. On l'appelloit tou-kou qui lignifie tambour ds

terre parce que ce qui en formoit la caiiTe etoit en effet de

terre cuite, 6c l'on tendoit fur fes deux extrémités la peau dont

on devoit tirer le ion.

Un Infiniment aufli fragile etoit encore néceffairenient lourd

& difficile à manier pour peu qu'il 'fût gros. Aufli ne tarda-

t-on pas de fubftituer le bois à la terre cuite. L'on conftruiiit

des tambours dont on varia la groffeur & la forme fuivani

les différensufages auxquels on les deftinoit.

Les anciens n'ont rien laiffé par écrit iur l'efpece de bois

qu'on employoitdans les premiers

tems pour la conftruftion

destambours mais on fait

par tradition quedans les Pro-

vinces du Midi, le cèdre, le fandal &c tous les bois odoriférante

etoient choiiîs de préférence à tous les autres, & quedans les

Provinces du Nord on failbit ufage du mûrier ou de quelque

autre bois fembiabie.

Page 41: Memoires concernant les chinoise 6

DE LA MUSIQUE

Comme on ne trouve aucun monument authentique tou-

chant la forme des premiers tambours je ne parlerai ici que

de ceux qui ont cté employés foit dans la Muflque foit dans

les cérémonies, fous les trois premières dynafties depuis Yu

le grand jufqu'aux Tckeou inclurivement c'eil-à-dire depuis

le règne de Pharaon Apophis dans la baffe Egypte jufque

vers le tems où les Héraclides s'établirent à Lacédémone &

dans le Péloponefe ou fi fon veut depuis le tems du Patriar-

che Jacob, jufqu'à l'établiffement des Rois Saiil & Davido L'un

des objets que je me fuis propofé en compofant ce Mémoire

étant de prouver que les Chinois n'ont emprunté leurs feiences

& leurs arts d'aucun autre Peuple je dois quand l'occaiîon

s'en préfente les rapprocher des plus anciens Peuples connus, 9

afin qu'on puiffe comparer les uns & les autres entre eux &

ne pas refufer l'honneur de l'invention à ceux qui le méritent

à jufte titre. Je n'avancerai rien dont je ne puiffe fournir les

preuves & ces preuves je les tirerai des Livres Chinois les

plus authentiques & dont l'autorité ne fauroit être révoquée

en doute.

Comme le Chou-king, le Ché-king, le Ly-ki & autres anciens

Livres claffiques ne font aucune mention des tambours des pre=

miers fiecles je me bornerai comme je l'ai déjà annoncé

à ne parler ici que des tambours en ufage fous les trois dynaf-

ties Hia Chang & Tcheou les feuls dont parlent ces Livres

claffiques.

On compte huit efpeces de ces tambours ou pour mieux.

dire on donnoit huit noms différens à des tambours conftruits

à peu près de méine mais qui différoient en quelque chofe

foit dans leurs formes particulières, toit dans leurs dimenfions.

Ceux du tems des Hia, dont le fondateur fut affocié à l'Em-

pire par Chun l'an avant Jefus-Chriir. 2224 etoient appellés

Tfou-kouk leur forme etoit à peu près femblable à. celle de

Page 42: Memoires concernant les chinoise 6

DES CHINOIS.

nos barils. Une piece de bois ayant un pied fait en forme de

croix fans aucun ornement, traverfoit, par le milieu, le corps

de l'Inftrument pour le foutenir. Voyez figure 2.

Cette forte de tambour portoit encore le nom de pen-kou

comme qui diroit tambour lourd & c'eft fous cette dénomi-

nation qu'il en eft parlé dans le Ché-k'ng.

Aprèsl'extinction de la dynaftie des Hia, c'eft- à-dire vers

ce tems où le Peuple de Dieu tombé dans l'anarchie pour la

troifieme fois fut de nouveau réduit en fervitude fous les

Moabites, l'an 1756 avant l'ère chrétienne, fuivant le P. Pezron 5

la dynaftie des Chano monta fur le trône de la Chine. Cette

dynaflie fit quelques changemens aux cérémonies Si comme

les tambours fervoient dans les cérémonies, elle changea auffi

quelque chofe à leur forme. On les appella Yn-kou & on ne

parla plus des Tf&u-kou fous cette dynaftie.

h'yn-kou etoit, comme le tfou-kou traverfé par une piece

de bois equarrie mais cette piece de bois etoit fans pied j

on Fenfonçoit dans la terre affez, profondément pour que le

tambour ne pût vaciller lorfqu'on le frappoit. Cette forte de

tambour portoit encore le nom de kao-kou, &: c'eil fous cette

dénomination qu'il en eft parlé dans le Ché-king. Voyez fig. 3.

L'an 11 22 avant l'ère chrétienne Ou-ouang fe trouva 3

par la mort de Tcheou-Jîn feul maître de l'Empire & fonda

ia troifieme dynaftie dite des Tcheou. Il laiffa fubfifter l'ufage

de Y yn-kou mais le tambour employé dans les cérémonies

particulieres de fa dynaiie fut le hiuen-kou fa forme etoit à

peu près la même que celle du tfou-kou des Hia on y avoit

joint deux petits tambours fufpendus à fes côtés. Voyez fig. 4,

Ces deux petits tambours avoient des noms différens fuivant

qu'ils etoient placés à l'eft ou à l'oueft c'eff-à-dire à la droite

ou à la gauche de celui qui devoit en tirer le ion. Les uns

s'appelloient cho-yng les autres eulh-pi s mais ils etoient com-

Page 43: Memoires concernant les chinoise 6

DE LA MUSIQUE

pris fous le nom du kiuen-kou dont ils formoientl'accompa-

gnement.

Le kin-kou à peu près femblable au tfou-kou avoit diffé-

rens noms il s'appelloit kien-kou quand il etoit fans aucun

ornement extérieur & on lui donnoit les noms de lei-kou

de linçr-kou & de lou-kou félon ce que repréfentoient les

peintures quidécoroient fa circonférence. Voyez fig. 6.

Le tao-kou etoit diftinguéen

grand & petit. Voyez fig. 7.

Le grand tao-kou fervoit à donner le fignal pour commencer

le chant; & le petit tao-kou etoit pour avertir quand une ftance

une ftrophe ou une partie de la piece qu'on chantoit étoit

finie.

Le ya-kcu & lepo-fou

l'un fait en forme de baril l'autre

fait en cylindre voyez les figures 1 o & 11, avoient cela de

particulier qu'ils etoient remplis de ton de ri^'c'eft-à-dire de

cette enveloppe que quitte le riz quand on le monde. La peau

tendue fur ces tambours devoit non feulement être tannée

mais il falloit encore qu'on, l'eût fait bouillir dans une eau fans

mélange. Le fon de ces deux Inftrumens etoit doux. Uya-kou

etoit placéhors de la faile des cérémonies & celui qui en

jouoit fe tenoit debout. Au lieu que le po-fou devoit être dans

la falle même il fervok à accompagner les voix, & celuiqui

en jouoit étoit afïïs tenant le po fou fur tes genoux. Il le

remettoit enfuite fur la table qui fervoit de fupport à cet Inf-

trument, lorfque la mufique etoit finie. Le nom de po fou

donné à cette forte de tambour défigne plutôt la maniere

dont on le frappoit, que le tambour lui-même il s'appelloit

po lorfqu onle frappoit de droite à gauche & fou quand on

le frappoitde gauche à droite ou fi l'on veut po c'étoit le

frapper de la main droite & fou de la gauche.

Au refle ce qu'ona avancé clans quelques ouvrages tou-

chant: les tambours à quatre fix & huit faces, ne mérite pas

Page 44: Memoires concernant les chinoise 6

DES CHINOIS.

qu'on yfafîe attention. Il n'y a jamais eu de tambours à plus

de deux faces. Voici ce que penfeà ce fujet un excellent

Auteur dont j'ai actuellement l'ouvrage fous lesyeux Quand,

à l'occafiondes tambours il cfl parié dans les anciens mo-

numais de quatre, fixoïl huit j 'aces, c.lci fignifie feulement quil

yavoit quatre, fix,

ou huit tambours de même efpece fur une

même face cejl-à-dire fur un mêmerang.

C'eft-là à peu près tout ce que je trouve de plus elTentielà

dire fur les Infrrumens construits pour faire entendre le fon

propre de la peau.

Si les détails danslefquels je viens d'entrer paroifïent trop

minutieux on doit faire attentioncrue

ce n'eftque par ces

«détails même que je puis mettre fous les yeux du Lecleur

lesoccupations

des hommes dans ces tems heureux où la race

humaine étoit pourainfi dire encore dans fon enfance. Or

cette enfance, loin d'avoir rien de puérile pour les Philofo-

phes fera pour eux un fujet de réflexions.

ARTICLE TROISIEME.

Du SON DE LA_PI£JIRE.

'a*

J_/ a s. T de faire fervir les pierresmême à l'ufage de la

Mufique eft je penie, un art particulier aux Chinois du

moins je n'ai lu nulle part que les Grecs, les Egyptiens, les

Chaldccns, les Arabes ni aucun des anciens Peuples connus

l'aient pratiqué ou en aient eu feulement l'idée. Il falloit

pour l'inventer un peuple naturellement pbuloiophe fi je

puis parler ainfi un peuple curieux de connoître les produc-

tions de la nature accoutumé à les contempler & aiTez in-

rlu&ieux pour en tirer parti. Tel a été cet ancien peuple qui

Page 45: Memoires concernant les chinoise 6

DE LA MUSIQUE

Sous

dès les premiers fiecles du monde vint habiter la Chine.

Nous liions dans le Chou-king que du tems même d'Yao &

de Chun les Chinois avoient déjà obfervé que parmi les

différentes fortes de pierres il s'en trouvoit qui rendoient un

fon propre à la mélodie que ce fon tenoit un milieu entre le

fon du métal & celui du bois qu'il etoit moins fec & moins

aigre que le premier, plus eclatant que le fecond plus bril-

lant & plus doux que l'un & l'autre; que déjà ils avoient taillé

ces pierres fuivant les règles des lu pour leur faire rendre de

véritables tons & en avoient fait des Inftrumens qu'ils appel-

loient kieou & auxquels on donne aujourd'hui le nom de

king. Voyez fig. 13.

Nous trouvons encore dans le Chou-king que vers ce même

tems d' Ya o & de Chun, c'eft-à-dire plus de 2200 ans avant

l'ère chrétienne les différentes pierres fonores propres à faire

les king, font fpéciiîées parmi les tributs qu'Yu le grand avoit

déterminés pour chaque Province. Celle de Su-tcheou devoit

fournir les pierres dont on feroit les fou-king (*). La Province

de Yu-tcheou celle pour les king-tfouo, c'eft-à-dire, ces king

de grandeur indéterminée, grands ou petits, fuivant le ton fur

lequel on devoit les mettre. Enfin la Province de Leang-tcheou

devoit fournir les pierres nommées de Yzc dont on faifoit les

nio-king ( ).

(* )Ces pierres fonores fe trou-

vent fur la fuperficie de la terre

prèsdes bords de la riviere Sic.

Les PhyficiensChinois

quiont

interprété le Chou-king difent

queces pierres expofées au foleil &

a toutes les variations de l'air, acquiè-

rent une dureté qui fait qu'elles ren-

dent un Jon plus clair plus net 6"

plus terminé.C'efl pourquoi ajou-

lent-lls j o?i leur donnait lapréfé-

rence fur les autres pierres fonores qui

fe trouvent dans lefein de la terre ou

dans le fond des eaux fait qu'elles

y /oient ifolécs ou qu' 'elles foient erz

bloc, ou par couches dans les carrie-

res. ( Extrait du texte du P. Amiot, )

(**) H fautremarquer

dit L'm-

chl que iorfqu'il eu parlé, dans

les anciens Livres duNio-king

& du Kieou-king on entend les

King faits de pierre deju, &qne

Page 46: Memoires concernant les chinoise 6

DES CHINOIS.

Tome FI. F

Sous le regnede Tcheng-ty dixième Empereur de la dy-

naftie des premiers H an vers l'an 3 avant Jefus-Chrift on

trouva dans le fond d'un étang un ancien king compofé de

feize pierres.

L'un 247 de l'ère chrétienne on 1. -éfenta àl'Empereur un

yu-king, c'eft-à-dire un king fait de pierres de Yu compofé

de feize pierres. Cet Inftrument fut trouvé près àcHlué-tcheng

dans le diftriér. de Su-tcheou. Les Dofteurs les plus habiles de

ce tems-là convinrent tous que /à forma etoit celle des plus an-

ciens king. Ils reconnurent qu'il donnait quatre fons au-dejjiis

des dou^e lu & que tous fes tons étaient de la denuere juj-

tejfe (/")• Ils fervirent de modèle à Tcheng-ché lorfqu'ii voulut

fixer les lu fupérieurs.

Sous le nom général de king on difiingue le ifé-king & le

pien-king. Le tfê-king confiftoit en une feule pierre fonore 3

qui ne rendoit par conféquent qu'un feul ton il fervoit ainfi

que le gros tambour & la grande cloche, à donner le fignal

pour commencer ou pour finir. Le pien-king eftun affortiment

de feize pierres formant le fyftême de fons qu'employoient

ces King ne pouvoient être em-

ployés que dans la mufique qui fe

faiîbit chez l'Empereur. Dans celle

qui fe faifoit chez les Princes les

King etoient d'une pierre fonore

moins précieule que leyw. (Extraitdu texte du P. Amiot. )

(/) La jufteffe de ce King

prouve encore fon antiquité, puif-

queles anciens Chinois fe régloient

par la progreffion triple pour obte-

nir des tons & des demi-tons

tels que les donne la fuite des

confonnances reprélentée parcette progreffion triple. Au lieu

que les Chinois plus modernes ?

comme on le verra à la féconde

Partie -de ce Mémoire font tom-

bés dans les fauffes intonations

qui rcfultent du fyftûme abfurde

de confondre le demi-ton chroma-

tique avec le demi-ton diatonique

( La-dufi avec Ji-bèmol &c. ) pour

avoir, ainfi quenos Fafteurs d'inf-

trumens à touches des demi-tons

à-peu-près égaux entr'eux des

demi-ions de fantaiile à la place

de ceux qu'exige la loi immuable

des confonnances la règle inva-

riable des Lu. Voyez les notes a

& c pag. 28 ôc 32.

Page 47: Memoires concernant les chinoise 6

DE LA MUSIQUE

les anciens Chinois dans leur Mufique tel que celui de la

figure 13.

Les anciens avoient encore le cheng-king & le foung-king.

Voyez n"g. 1 4 & fon explication.

Quelques Auteurs ont prétendu que le tfê-king, c'eft-à-dire

leking ifolé dont nous avons parlé en premier lieu etoit

anciennement employé pour marquer la mefure & même

chaque tems de la mefure foit que l'on chantât, foit qu'on

jouât des Inftrumens & que les king qui donnent tous les tons

de la Mutique ne commencerent que fcus les Chang. Mais ces

Auteurs ont eté réfutés par un excellent Critique Tfai-yuen-

ting qui rapporte que tous les anciens fragmens ont toujours

parlé de feize cloches de feize king de feizepei-jiao (g)

ce qui dépefe en même tems contre les différentes opinions

de quelquesEcrivains de la baffe

antiquité qui ont compofé

l'affortiment du pien-kmg les uns de douze pierres les autres

de vingt-quatre & qui ont avancé que c'étoit-là la doctrine

des anciens. Mais ce qui eil rapporté, foit dans les ufages du

Tay-tchang-féefoit dans les fragmens des anciens Livres fait

voir le faux de ces différentes opinions.

( g") Indépendamment des preu-

ves tirées des anciens fragmens

il etoit aifé de démontrer à ces

Auteurs que fi, felon eux les

Anciens fe fervoient du King ifolé

pour marquer la mefure il leur

falloir, néceffairement avoir plu-

fieurs de ces Kln«s ifolés relati-

vement aux divers tons fur lefquels

on pouvoit exécuter de la mufï-

que.Un feul King n'ayant que fon

ton propre èc même un ton fixe

les Auteurs qui ont avancé l'opi-

nion qu'onréfute ici auroient dû

prouver auparavant quetout ce

quife chantoit, ou tout ce qu'on

jcuoit ïu'.treibis etoit fur un feul

& même ton, ce qui ne peut même

être fuppofé fer-tout pour la

Mufique instrumentale.

Il réfulte donc de cette obfer-

vation qu'on ne peut contefler aux

Anciens l'ufage de plufieurs Kings^

c'eft-à-dire d'un aflbrtiment com-

pofé d'un certain nombre de pier-res fonores 9 quand même ce

11'auroit étéque pour battre la

mefure dans les divers tons fur

lefquels on faifoit de la mufique.

Or avec un tel aflbrtiment qu'efî-ce qui empêche de jouer des airs,

de iuivre la voix o\i les autres

¡T1fh"l1mpn~

Page 48: Memoires concernant les chinoise 6

DES CHINOIS.

Fij

ARTICLE Q U A T R I E M E.

Du SON D U MÉTAL.

1 i e métal tient un rang diftingué dans l'ordre que gardent

entre elles les produ£Hons de la nature. C'eft fuivant la phy-

fïque des Chinois, l'un des cinq elémens que la nature emploie

pour conftituer l'effence des autres corps. L'art de mettre le

métal en fufion par le moyen du feu de le purifier & de

l'employer à divers ufages efl prefque aufii ancien que le

Monde mais l'art de le faire fervir à la Mufique n'a pas eté

iî-tôt connu chez les diverfes Nations. Les Chinois font peut-

être le feulpeuple de l'univers qui fe foit avifé de fondre

d'abord une premiere cloche pour en tirer ce ton fondamental

fur lequel ils devoient fe régler pour avoir douze autres clo-

ches qui rendirent exactement les douze fémitons qui peuvent

partager l'intervalle entre un fon donné & celui qui en eft la

réplique, l'image, c'eft-à-dire Yoffave & enfin de former un

affort-iment de feize cloches pour en tirer tous les fons du fyÇ-

tême qu'ils avoient conçu, & fervir d'Infiniment de Mufique j

car il ne faut pas croire qu'il s'agit ici de cloches comme

celles qui fontfufpendues à nos tours. Voyez la figure 16 &

fon explication.

On diftingue chez les anciens, trois fortes de cloches les

po-tchoung les tê-tchoung &les pien-tchoung c'eit-à-.dire, trois

efpeces défignées par po tê & pi en; car tchou/ig ûgnihe cloche.

Lespo-tchoung etoient des cloches ifolées fur lefquelles on

frappoit, foit pour donner quelque fignal au commencement

d'une Pièce, foitpour avertir, pendant la Piece même ou les

danseurs ou les joueurs d'Inflrumens lorfqu'ils dévoient com-

mencer ou finir. Ces fortes de cloches etoient les plus greffes

Page 49: Memoires concernant les chinoise 6

DE LA MUSIQUE

de toutes on les appelloit encore du nom de Young & c eït

fous ce nom qu'il en eft parlé dans le Di&ionnaire Eulh-ya.

Les tê-tchoung etoient de moyenne groffeur.On employoit

ces cloches dans l'exécution de la murique, foit pour marquer

la mefure, foit pour faire la partie quileur etoit propre.

Dans

plufieurs Livres ou dans les monumens anciens elles font con-

nues fous le nom de piao elles avoient la forme de celle qu'on

voit à la figure 1 7.

Les cloches pien-tchoung appellées autrement tchan, etoient

les plus petites & c'eft fur-tout de celles-ci qu'on formoit un

affortiment de feize cloches pour joindre à l'affortiment des

king ou pierres fonores. Voyez fig. 1 8.

Sans m'arrêter ici à décrire les proportions que doivent avoir

les cloches pour qu'elles rendent des fons conformes aux regles

des lu ( ) je dirai feulement pour ce qui regarde la matiere

dont elles etoientcompofées qu'un mélange

d'étain & de

cuivre a été de tout tems celle que les Chinois ont employée

pour leurs cloches. Sur fix livres de cuivre rouge (dit le Tchcou-

fy) il faut mettre une livre d'étain. Quant à la forme elle

n'a pas toujours été la même; les anciennes cloches n'étoient

point rondes mais applaties, & terminées en croiffant dans

leur partie inférieure.

La méthode de proportionner les cloches fuivant les règles

invariables des lu fut exactement obfervée depuis le règne

de Chun jufque vers la fin de celui des Tcheou c'efl-à-dire

depuis l'an 225 5 avant Jefus-Chrift, jufque vers l'an 250 avant

l'ére chrétienne.

Tcheou. Je ne l'ai point rapportée

ici parce qu'ellem'auroit mené

trop loin. ( Extrait du texte duP, Amiot. )

( ) La maniere de faire les

cloches, conformément aux reglesdes Lu, efl expliquée en détail dans

l'article Kao-koung-ki inféré dans

ie Tcheou-ly ou cérémonial des

Page 50: Memoires concernant les chinoise 6

DES CHINOIS.

A cette epoquetout prit une nouvelle forme dans l'Empire.

Le barbare TJîn-ché-hoang-tyne fe contenta pas de faire, pour

ainfi dire la guerreaux Lettres & d'abolir autant

qu'il lui

fut pomble, tous les monumens Littéraires il voulut encore

effacer jufqu'aufouvenir de la vénérar'e antiquité en détrui-

fant tout ce qui pouvoitdirectement ou indirectement rappeller

ce fouvenir dans l'efprit de ceux qui viendroient après lui. Les

Initrumens de mufique parmi lefquels les cloches tenoient

un rang diftingué furent détruits. On en conftruifit de nou-

veaux par tes ordres & fur des principes différens de ceux que

prefcrivoit l'ancien cérémonial. Les cloches même du Tay-

tekang-fée c'eft-à-dire, du tribunal qui préfidoit à la Mufique

& aux Rits, furent remifes en fonte & pour qu'aucune des

anciennes cloches ne pût dépofer contre les principes arbi-

traires, & peut-être faux, qu'on avoit fuivis à l'égard des nou-

velles, fous prétexte que le Prince avoit befoin de matière

pour les ftatuescoloffales qu'il vouloit faire placer à l'entrée

de fon Palais on enleva des différentes villes de l'Empire

autant de cloches que fon put trouver.

Cependantil fut plus facile aux Muficiens de conferver

leurs Inftrumens qu'il ne le fut aux Lettrés de confervcr leurs

Livres. Ils etoient en bien plus petit nombre que les Lettrés

auffi furent-ils recherchés moins rigoureuiement & ils s'en

prévalurent pour cacher pluiîeurs affortimens de cloches, qu'on

a découverts dans la fuite des tems, tantôt dans des jardins

au milieu des villes tantôt dans la campagne foit en creu-

fant des puits foit en labourant les terres.

Sous le règne desTJîn & long-tems après cette dynaffie

oh négligea la méthodedéfaire le koung primitif avec chacun

des dou^e lu ( h~). Contens de tirer deleurs Inflritmens les jevz

( ) Faire le Koitng primitif avec

chacun des douze Lu c'eit établir

une modulation fur chacun fies

douze ions fondamentaux quiior-

Page 51: Memoires concernant les chinoise 6

DE LA MUSIQUE

modulations communes ( i ) les Mujîciens fe perfuaderent peu

à peu qu'il etoit "impojjihle d'en tirer d'autres & ne fe mirent

point en peine de ce qui avoit été pratiqué par les anciens.

Sous les Han Orientaux vers l'an 60 de l'ère chrétienne

Pao-jé Préfident du tribunal des Rits fit tous fes efforts

pour réformer la Mufique de fon tems. Il compofa un ouvrage

très-favant dans lequel il développa toute la doftrtne des

anciens fur la Mufique. Les Lettrés accueillirent cet ouvrage

avec transport mais les Muficiens accoutumés à leur rou-

tine, firent naître une foule de difficultés qui empêchèrent

que la réforme n'eût lieu. La Mufique refta dans l'état d'im-

perfection où elle etoit alors, jufqu'au tems des Soui c'eft-à-

dire, jufqu'au fixieme fiecle de l'ère chrétienne. On décou-

vrit quelques affortimens d'anciennes cloches, & l'Empereur

les fit mettre entre les mains des Officiers qui préfidoient à la

Mufique de fon Palais, avec ordre de s'en fervir mais comme

ancienne méthode etoit ignorée les Mujîciehs ne firent ufage

que de fept cloches dans un nzême ajjortiment les cinq cloches

rejîajites furent appellées les cloches muettes.

Vers l'an 640, le grand Tay-tfoung, de la dynaftie desTang,

nt faire des recherches fur l'ancienne Mufique. Il ordonna que

tout ce qu'on pourroit trouver fur cette matière importante

tant en Livres qu'en Inftrumens fut envoyé à la Cour. Une

foule de Mémoires & de fragmens d'ouvrages tant imprimés

ment les douze Lu ou comme

l'entendent aujourd'hui les Chi-

nois, fur chacun des douze demi-

tonsqui

divifent une oftave &

qui. ne font qu'une combinaifon

des douze fons primitifs à la quarteou à la quinte l'un de l'autre. C'ert

à cette combinaiion à cet ordre

de demi-tons que les Chinois

plusmodernes ont attaché l'idée

de Lu comme on le verra dans la

féconde Partie de ce Mémoire.

( i ) Par les fept modulations

communes il faut entendre ici

les fept degrésordinaires d'une

gamme quelconquc. J'expliquerai

plus en détail dans la note lui-

vante, ce que les Chinois enten-

dent parmodulation.

Page 52: Memoires concernant les chinoise 6

DES CHINOIS..

que manufcrits lui furent adreflés. Il les livra aucorps des

Savans pourêtre examinés &

comparésavec ce

qu'on avoit

déjà dans les king & dans l'Hiftoire. Tfou-fiao-fim &Tchang-

ouen-cheou rédigèrentle tout, & démontrèrent que les anciens

faifoient ufagedans leur Mufique de b t modulations (/c). Ils

firent exécuter eux-mêmes en préfence de SaMajejlé les 84 mo-

dulations fur les anciennes cloches & les anciensking de pierres

fonores qu'on avoit déterrés depuis peu. Après cette découverte

les gens de Lettres prodiguèrent àtenvi les éloges les plus bril-

lans augrand Tay-tfoung & crurent devoir le

comparer aux

cinq Ty ( cefl-à-direà Fou-hi Chen-noung Hoang-ty Yao

& Chun ). Rien en effet ne rapproche plus Tang-tay-tfoung des

premiers fondateurs de la Monarchie que les foins qu'il fe donna.

pour le rétaBhjfement de la bonneMufique*

Sur la fin de cette dynaftie des Tang lors de la révolte de

Ngan-lou-chan & de Ché-Jêe-ming l'Empereur s'étant enfui de

faCapitale le Palais fut pillé; les Initrumens de

mufique par-

( k ) Les Chinois n'ont pas plusde modulations que nous mais

ils entendent par modulation ce

que nous appellerions à l'égardd'un Ion, fa poiïtion fa maniert

d'arc dans un ton déterminé. Un

ut par exemple dans nos princi-

pes, peut être tonique dans fon

propre mode ficonde-nou dans le

mode de f-bcmol médianes dans

celui de la-bimol &c. Ainfi ces

manières d'être que j'appellerai

degrés font au nombre de feptlavoir premier degré, deuxième,

troifieme quatrième cinquième, 1

fixieme & feptieme. Or chacun des

douze La des Chinois pouvant

êtreconfidéréfous l'idée de cha-

cun de ces fept degrés ou ce

qui eit la même choie chacun dms

douze Lu devant contenir les fept

degrés qui conftituent fagamme

il eft clair que 1 fois ces 7 degrésfont 84 rapports ou manieres

d'être fouslefquels les Lupeuvent

être confidérés.

Au relie ces 84 rapports ou

modulations fuppofent l'octave di-

viiee en douze demi-tons e»auxentr'eux comme on le verra dans

la fuite de cet Ouvrage. Erreur

dont Fancienneté chez les Chinois

prouve pourle dire en paffant

la haute antiquité des vrais princi-

pes de la Mufique.

Page 53: Memoires concernant les chinoise 6

D.E LA MUSIQUE

fur

tiechiperfes partie emportés

en Tartarie ne purent plus être

raffemblés. On en fit de nouveaux; mais on ne garda, dans

leur conftruclion ni lesregles des lu ni celles de l'harmonie.

Les Officiers qui préfidoient aux cérémonies s'en plaignirent.

On fit rechercher les anciens lnftrumens & fur-tout les clo-

ches. On offrit aux Tartares des fommes immenfès pour rache-

ter celles dont ils etoient en poffeffion il ne fut jamais poffibfe

de les retirer d'entre leurs mains. Ils alléguerent d'abord diffé-

rens prétextes ils répondirent à la fin qu'ils ne favoient pas ce

qu'elles etoient devenues.

Les cinq petites dynafties qui régnèrent fucceffivement après

celle des Tans; ne s'embarrafferent guere de Mufique 6k la

laiflerent dans l'état où elle etoit. Après ces dynafties vinrent

les Soung qui remirent en vigueur la Littérature firent fleurir

les Arts & n'oublièrent rien de ce qui pouvoitcontribuer à

rendre à l'Empire fon ancien éclat. Mais les Lettrés donnèrent

dans une extrémité oppofée à celle de la barbarie d'où ils

fortoient ils prétendirent qu'on trouvoit tout dans les ecrits

des anciens mais en les expliquant à leur maniere & fans

s'appercevoir des erreursdans lef quelles les jettoientleurs fauffes

explications. Les expériences qu'ils firent fur les cloches fail-

lirent à replonger la Mufique dans l'état de barbarie d'où les

Tang l'avoient tirée. Ils fondirent d'abord douze cloches

croyant y avoir obfervé les regles des lu & en fuivant les

inïlruftions détaillées dans le Tcheou-ly de la manière qu'ils les

entendoient. Ils firent enfuite un certain nombre d'autres clo-

ches pour avoir les octaves tant aiguës que graves de

leurs douze premieres.Ils furent fi contens de leurs

opérations, 9

qu'ilsn'héfiterent point à préférer leurs cloches à toutes celles

qui avoient eté faites depuis les Tcheou puifqu'ils les croyoient

conformes aux inilruclions du Tcheou-ly. Sur cette idée &

Page 54: Memoires concernant les chinoise 6

DES CHINOIS.

Tome VL G

fur le rapport des Lettrés de fa Cour, l'Empereur donna ordre

qu'on remît en fonte les cloches de fa mufique pour leur en

fubftituer de femblables à celles qu'on venoit de faire.

Mais les Muiiciens ne jugerent pas des nouvelles cloches

auffi favorablement que l'Empereur; 's furent très-mortifiés

qu'on les contraignît de fe fervir d'inftrumens dont ils trou-

voient tous les tons faux, & qui ne reffembloient aux inftru-

mens des Anciens que par leur forme. En obéiffant aux ordres

de l'Empereur, ils eurent cependant la confolation de fauver

i'affbrtiment complet d'anciennes cloches qui etoit dans le Tri-

bunal du Taj-tc/iang-fee ( Tribunal de la Mufique & des Rits)»

Ils gagnerent les bas-Officiers de ce Tribunal, lefqueis du

confentement tacite de leurs Supérieurs enterrèrent de nuit j,

dans une des cours du Palais, ces mêmes cloches qu'il etoit

ordonné de livrer aux Fondeurs elles ont été déterrées depuis, y

& on s'en efl fervi comme de modeles pour en faire de

femblables.

ARTICLE CINQUIEME.

Du SON DE LA TERRE CUITE.

JLj e s hommes n'eurent pas plutôt trouvé l'art de durcir la

terre par le moyen du feu qu'ils découvrirent dans cette

terre, ainfi durcie des qualités qu'on croyoit auparavant lui

être abfolument etrangeres. Celle qui la rendit propre à l'har-

monie fut obfervée en particulier par les Chinois. Ce fage

peuple qui n'employa d'abord la Mufique que pour rendre

hommage au Chang-ty ( l'Etre fuprême ), & honorer les Ancê-

tres, crut devoir faire concourir toute la nature à la perfection

d'un art, au moyen duquel il rempliffoit ce double objet. La

terre defféchée & durcie au feu ne rendit d'abord que des

Page 55: Memoires concernant les chinoise 6

DE LA MUSIQUE

fons trop bruyans, dans fon choc avec quelqu'autre corps dur.

On modéra peu à peu l'eclat de ces fons foit en tendant une

peau tannée fur quelque vafe de terre cuite, foit en façonnant

diverfement ces mêmes vafes pour les mettre à l'uniffon pour

ainfi dire de quelqu'autre infiniment.

Tous ces effais n'avoient abouti qu'à faire un instrument

monotone, dont le fon n'avoit ni la douceur, ni le brillant de

ceux que rendoient les autres corps fonores & l'on vouloit

que la terre qui renferme elle-même dans fon fein les principes

des autres corps, figurât dans la Mufique d'une manière qui

ne fût pas indigne de fa qualitéde mère commune de toutes

chofes l'on vouloit qu'elle pût compofer un infiniment dont

les tons renfermaient éminemment toutes les qualités des autres

fons, & qui par fa matière fût l'allégorie des bienfaits dont

cette mère commune comble les hommes.

Après bien des tâtonnemens on parvint à faire un infiniment

à vent qui, dans fon principe, dans fa matière dans fa for-

me, dans. fon aftion & dans ies effets, rempliffoit toute l'éten-

due de ce qu'on s'etoit propofé. On prit une certaine quantité

de terre la plus fine qu'on pût trouver on la raffina encore

en la lavant dans plufieurs eaux 6k on lui laiffa prendre la.

confiftance d'une boue encore liquide voilà la matière. Pour

ce qui eft de la forme, deux œufs l'un d'oie l'autre de

poule, furent le modèle de l'inftrument, L'oeuf de poule don-

noit les dimenfions de fa furface intérieure celui d'oie donnoit

celles de fa furface extérieure & i'efpace entre l'œuf de poule

& celui d'oie en les fuppofant l'un dans l'autre, faifoit

l'epaiffeur de l'inftrument. On fit une ouverture à la pointe

de cette forte d'ceuf de terre on fotiffla dans l'ouverture & il

en réfulta un fon mélodieux & affez grave, qui fut le koungde hoang-tchoung, ç'eft-à-dire le ton fondamental le principe

des autres tons,

Page 56: Memoires concernant les chinoise 6

DES CHINOIS.

Gij

Pour obtenir ces autres tons, on perça cinq trous, c'eft-à-

dire, trois fur la partie de l'inftrument qui devoit être en

devant & deux fur la partie oppofée qui devoit être en

derrière. Les trois de devant formoient un triangle renverfé

c'eft-à-dire ayant la pointeen bas eet.x de derriere etoient

en ligne horizontale, & diamétralement oppofés aux deux qui.

formoient la bafe du triangle. Par cet arrangement on eut

cinq fons différais & pour qu'ils formaffent les cinq tons

koung chang kio tché yu {fa fol-, la ut re) on ne fit

qu'agrandir ou retrécir les trous, fuivant qu'il falloit hauffer ou

baiffer les fons pour leur donner la jufteffe requife ( /).

Cette opération finie, on mit l'inftrument dans un fourneau

& on l'y laiffa jufqu'à ce qu'entiérement pénétré par le feu,

il.eût acquis la folidité qui lui etoit néceffaire. Oeil cet infini-

ment qu'on connoît aujourd'hui fous le nom de Hiuen. Sou

antiquité le rend refpe&able aux yeux des Chinois il date

de plus d'un fiecle avant le règne de Hoang-ty dont la

foixante-unieme année comme je l'ai déja dit, eft fixée a

l'an 2637 avant l'ère chrétienne fa forme & tout ce qu'il

repréfente fymboliquement le font admirer des Antiquaires.

Cet infiniment fut perfectionné enfuite fous les T~c~eoM il

(Z) Il paroît que les AuteursChinois qu'a fuivis ici le P. Amiot,ont oublié que rinftrument fans

trous donnoit déjà comme on l'a

vu le Koung de Hoang-tckoung

c'eft-à-dire fa. Or le premiertrou ouvert pour fuivre ici l'or-

dre des cinq tons des Chinois, doit

donner fol; le fécond trou, la;

le troifieme, ut; le quatrième m& il refle encore le cinquièmetrou qui peut donner ou l'oâave

«Se /à, ou un nouveau (on hors la

elaffe des cinq tons fa ,fo! la ut a

re comme feroit fi ou fi-bimolentre la & ut ou mi au-deffus de

re. Mais comme il n'eft fait men-

tion ici que des cinq tons il faut

croire que ce cinquieme trou don-

noit l'octave du Koung c'eft-à-

dire, de/à, & qu'on n'avoit pas

encore trouvé alors le moyen

d'obtenir cette octave en rebou-

chant tous les trous, & foufflant

plus fort, comme on le fait fur la

flûte &£ comme l'ont fait dans la

fuite les Chinois eux-mêmes fui'

les leurs.

Page 57: Memoires concernant les chinoise 6

DE LA MUSIQUE

y en avoit de deux fortes, le grand & le petit /7~<M & l'ún

& l'autre etoit percéde fix trous fans compter l'embouchure.

Legrand Hiuen dit

YEulh-ya efi comme un œuf d'oie &

le petit Hiuen comme un œuf de poule fa figure eflcomme le

poids de la balance ila fix

trous pour les tons } & un feptieme

trou pour l' embouchure 3 &c. LeTcheou-ly

le Ouen-hien-

toung-kao & le Fong-fou-toung parlent également du Hiuen.

comme d'un inftrument à fix trous parce qu'ils ne font men-

tion que du Hiuen perfectionné par les Tcheou (m*). Ceux des

Anciens n'avoient que cinq trous. Voyez les figures 19 & zoa

ARTICLE SIXIEME.

Du son d. e la Soie.

J\. v a N T que les Chinois eurent inventé l'art de travailler

la foie & de l'employer à la fabrication des étoffes, ils avoient

trouvé le fecret de la faire fervir leur Muiîque & d'en tirer

les plus doux & les plus tendres des fons. Du tems même de

Fou-hi ils fir ent un inftrument qui ne coniiîtoit qu'en une

fimple planche d'un bois fec & léger fur laquelle ils avoient

tendu plusieurs cordes, faites de fils de foie qu'on avoit jointsenfemble en les tordant entre les doigts. Peu-à-peu ils façon-

nerent la planche elle fui courbée envoûte & on y obferva

certaines dimenfions. Les cordes furent filées plus exactement

(m) Ces Hiucn à fix trous vien-

nent à l'appui de ce que j'ai obier-

vé dans la note nrécédente. Avec

ces fix trous & le (on grave quedonne l'inftrument tous les trous

étant bouchés, on a les fept fons

différens qui condiment une gam-

me, & qui forment un iyftCme

complet. Par exemple fi le fon

grave eâfii le premier trou don-

nera fol le iecoîid la le troi-

fieine (iowf-blmol le quatrième

lit le cinquième, rc le fixieme

mi & en rebouchant tous les

trous & fouftîant plus fort on

aura l'oftave de/r.

Page 58: Memoires concernant les chinoise 6

DES CHINOIS.

Se avec plus d'art les fils de foie qui lescompofoient furent

comptés& l'on en détermina le nombre félon les différentes

groffeurs qu'on vouloit avoir. Ces cordes, pincées légèrement

rendirent ainfi tous les tons, graves aigus ou moyens, félon

le degré de tenfion qu'on leur donnoit, & le nombre des fils

dont elles etoient compofées.

Telle eiî en fubftance l'origine du Kin & du Ché. Je joinsces deux inftrumens, parce qu'ils font de même date de même

nature & qu'ils rendent l'un & l'autre le fon propre de la

foie. On en attribue l'invention à Fou-ki. Voyez les figures

ai22.

A l'égard du Kin, Fou-hi dit le Clze-pen employa le

Toung-mou ( forte de bois ), & en fit V infiniment de Mufi-

que que nous appellons aujourd'huiKik. Il l'arrondit fur fa

partie fupérieure pour repréjenter le Ciel y il l'applanit dans fa

partiedu defjous pour reprêfenter la terre. Il fixa à huit pouces

la demeure du dragon (3) pour reprêfenter les huit aires (le vent

& donna quatre pouces au nid du FouNG-HO AN g pour reprê-

fenter les quatre faifons de V année. Il le narrât de cinq cordes

pour reprêfenter les cinq planetcs & lescinq démens & déter-

mina fa longueur totale à fept pieds deux pouces pour repré-9

I J~fenter l'univerj "alité des chujes.

(3)La cUmmre du dragon & le

nid du foung-hoang dont il va

être parlé dans ce paffage font

des expreflions qui défignentdif-

férentes parties du Kin. Voyez

la figure 21, La demeure ditdragon

zde-é'j%ne la partie fupérieure de-

puis le chevalet en la prenantdans fa largeur le nid. du foung-hca'ig défigne

la même partie en

la prenant" dans ia hauteur. En

gcuér al on reconnoit trois parties

dans le Kln la tête le corps &

la queue. Latête comprend tout

îehaut jufqu'au chevalet; le corps 5

depuis le chevalet jufqu'au trou

par où parlent les cordes & la

queue, depuis le morceau de pierrede ya iur lequel appuient les cor-

des, immédiatement au-deflus du

trou jusqu'au Dont de l'inflru-

ment. Les échancrures qui ïor.t aux

deux côtés repréientent les ima-

ges ? &iç,

Page 59: Memoires concernant les chinoise 6

DE LA MUSIQUE

Au moyen de cet infiniment il régla d'abord fon propre

coeur & renferma fes pajjîons dans dejujles homes il travailla,

enfuite à civilifer les hommes il les rendit capables d'obéir aux

loix de fairedes actions dignes de.recompen.fe & de cultiver en

paix l'induflried'où, naquirent

les ans.

Voici ce que dit du Chê leKoang-y un-chou Ouvrage

très-eftimé des Antiquaires.

Le Chê( fig. 22 ) efl

une efpece de Kin il a été inventé

parP ao-hi-chÉ (4). efl long de fept pieds deux pouces &

large d'un pied,huit pouces. Originairement il etoit monté de

cinquante cordes mais dans la fuite le nombre des cordes fut

réduit à la moitié.

Il n'eft guere de Lettrés d'un certain ordre qui n'ait parlé

du Kin & du Chê, foit dans des Ouvrages faits exprès pour

cela foit par occafion ou dans des notes particulieres fur

d'autres Ouvrages. Mais la plupart, félon que le remarque

l'iilultre Prince Tfai-yu dont je lis actuellement l'Ouvra-

ge (5) n'ont avancé que des abfurdités tant fur le nombre

des cordes du Kin & du Chê que fur la nature mêmç de ces

inftrumens & en particulier du Kin. Plufieurs ont avancé que

cet infiniment n'avoit originairement que cinq cordes & que

Ouen-ouang & Ou-ouans; l'augmentèrent chacun d'une corde î

qu'ainfî leKin n'a été monté de fept cordes que depuis le tems

des Tcheoit.

Le Kin, dit le Prince Tfai-yu a toujours eu fept cordes ï

on l' accordait fur deux modes differens («), dans l'undefquels

(4)Pao-hi-ché efl un des noms

qu'ondonne à Fou-hi.

(5) Tfai-yu etoit fils d'un Prince

tributaire de la Famille Impériale

àesMing, à qui l'Empereur Ouan-

ly avoit donné le titre de Tcheng-

ouang. L'Ouvrage du Prince ion

fils fut imprimé la trente-troifieme

année du cycle c'efl-à-dire en

1596, la même annéeque cet Ou-

vrage avoit été préfente à l'Empe-reur. Voyez note 2, pag. 33.

(tz) Par le mot mode, il faut

entendre, dans ce paffage,un fyf-

Page 60: Memoires concernant les chinoise 6

DES CHINOIS.

on ne faifoit ufige quedes cinq

tons J~O~WC Cx~wG j~70

TcbÉ Yu. On donnait à ce mode le nom de Kin à cinq cor-

des & au mode dans lequeloutre les cinq tons

pleins on

faifoit ufagedes deux demi-tons qu'on appclioit alors Chao

& qu'ona appellé enfuite

PlEN ( ) on donnoit le nom de

KlN à feptcordes.

A l'egard des deux cordesque quelques

Auteurs ont cru

avoir eté ajoutées au Kin par Ouen-ouangSc Ou-ouang fîces

Auteurs ajoute le Prince Tfai-yu av oient été au fait de

l'ancienne Mujîque& fur-tout de la Mu (t que du tems des

TcheOVils auroient fu que la corde appellée LA CORDE de

Ouen-ouang newit ainfi. nommée que parce qu'elle donnoit

le ton au mode tendre & doux qui fert à exprimer les avantages

que l'on retire de la paix & de l'étude des Lettres car Ouen-

ouangflgnijîe

Prince pacifique amateur DES Let-

tres &c. Us auroient fu encore que la corde qui portoit le

nom de Ou-OUANG n'etoitainfi nommée que parce qu'elle

donnoit le ton au mode brillant qui exprime les qualités guer-

rières Ou-ouangfignifie Prince

guerrier En un

mot le Kin, tel que nous le tenons de Fov-hi a toujours eu

Jbpt cordes (o). Ceuxqui ofent affurer le contraire font dans

F Cireur*

tême d'un nombre indéterminé (le

fons, parce qu'il ne s'agit pas ici

de ce que nous appelions un mode

mais feulement d'un fyfiême par-ticulier de cinq ou de fept fons.

(*) Chao fignifie diminué petit

moindre &c. & Pien fignifie qui

paffe dt. l'état de poJJîbU'ué à celui

d'exijicnce&c.

{ Extrait du texte

du P. Amiot. )

(o) Ces fept cordes comme

on le verra ù l'article 4 de la troi-

.fiejne Partie préfcnte.nî tanîOt

le /yftême de fons ut n,fa,fol

la ut 7v dans lequel il n'y a que

cinq fons difrerens, puifque Yut Si

le re étant répétés à l'octave neforment pas de nouveaux fous 9

tantôt ces fept cordes préfentent

fept fons réellement différens en-

tr'eux, comme,fa ,fol la fi ut

n mi, En confondant feus la même

idée, du moins fous la m Orne e.v-

preflion la corde & le (on il a

etc aiié aux Muficiens Chinois de

parler de Km à cinq cordas Si aux

Page 61: Memoires concernant les chinoise 6

DE LA MUSIQUE

tout

Comme je ne parle du Kin qu'à l'occafion du fon propre

de la foie qui cil le fujet de cet article je n'entrerai pas dans

un plus granddétail fur cet infiniment. Je me propofe

d'en

parler plusau long dans la troifietne Partie où je traiterai, à

l'article 4 de la manière d'accorder le Kin foit dans le fyfte-

me de cinq cordes foit dans celui de fcpt cordes. Il me fuffit

de dire pour le préfent que cet instrument efl l'un des plus

anciens que l'on connoiffe que dès le tems de Fou-là c'efl-

à-dire, plusd'un fiecle avant la foixante-unieme année du

regne de Hoang-ty fixée à fan 2637 avant l'ère chrétienne, 1.

il fer voit à l'accompagnementd'un Hymne en l'honneur du

Ckang-ty qu'on montoit fes cordes qui etoient de foie fur

le ton du Cheng, infiniment à vent, dont je donnerai la des-

cription à l'article 9 que depuis l'antiquité la plus reculée

jufqu'au tems des Soui c'eft-à-dire jufque vers l'an 600 de

l'ère chrétienne, on faifoit fur le Kin fept oftaves dont on

tiroit quatre-vingt-quatre modulations, & qu'enfin aumoyen

du feul Kin on a pu de tout tems repréfenter tout le fyflême

muficai.

Les Chinois tant anciens que modernes ont donné les

éloges les plus pompeux à cet admirable infiniment. Le haut,

le bas, le defîus le deffous les côtés, les fept cordes dont il

efl monté, les trois ottaves qu'on peut tirer de chacune de ces

cordes les treize points qui indiquent les principales divifions

de ces mêmes cordes pour en tirer les fons des trois oÊlaves

l'arrangement que ces divifloiis conservent entr'elles; ce point

feul qui eft au milieu, les deux placés de fuite à chacun de tes

côtés les quatre qui occupent l'une & l'autre des deux extrémi-

tés, formant la proportion 1,2,4; en un mot, la conflruclion

du Kin fa forme, difent les Chinois, tout en lui efl doctrine s

Lettrés qui n'etoient pas Mufi- Kin qui n'avoient que cinq cordes.

ciens de croire qu'il y ait eu des

Page 62: Memoires concernant les chinoise 6

DES CHINOIS.

Tome FI.

tout y efl repréfentationou iymbole. Les fons qu'on en tire,

ajoutent-ils difripent les ténebres del'entendement, & rendent

le calme aux payionsmais pour en recueillir ces précieux

fruits, il faut être avancé dans l'etude de la fageffe. Les feuls

fages doivent toucher le Kin les perfcnnes ordinaires doivent

fe contenter de le regarderdans un profond filence & avec le

plus grand refpecl:.

Sous les Tcheou les regles du Kin etoient gravées dans la

partie creufe de rinftrument même ( c'eft-à-dire fur la partie

de deffous ) & les Muficiens chargés du Kin dévoient favoir

ces regles par cœur; elles etoient exprimées par 260 carafte-

res. Les treize points qui marquent,fur la table de l'initrument s

les principalesdivifions des cordes etoient autant de clous d'or

fin prisde la riviere Zy-c~of~ la partie qui termine la lon-

gueur des cordes, du côté oppofé au chevalet, etoit une pierre

de yu de l'efpece la plus précieufe le corps de l'inftrument

etoit d'un boisappelle toung-mou & l'arbre dont on tiroit ce

bois devoit être de ceux qui croiffent fur lepenchant des

montagnes, du côté expofé au midi.

Pour accorder le Kin, on prenoit ou le ton du Ckeng^

comme on l'a vu ci-devant ou celui de la cloche& du tambour,

félon que ces divers imlrumens dévoient accompagner la voix,

conjointement avec le Kin. Ceux qui veulent en tirer des fous

capables de charmer difent les Auteurs Chinois en parlant du

Kin, doivent avoir une contenance grave, 1& un intérieur bien

réglé ils doivent le pincer légèrement & le monter fur un ton

qui ne fou ni trop haut nitrop bas. On ne fait pas au jufle la

vraie grandeur de "ancien KlN mais on connoit toutes jes

dimenfions relativement aux Lu (*)•

(*) Onpourra voir cet infini-

ment dans le cabinet de M. Bertin

Miniftre Si Secrétaire d"Etar à

qui je me propoie d'en envoyei;

Page 63: Memoires concernant les chinoise 6

DE LA MUSIQUE

Pour ce qui efl du Chê, c'eil comme je l'ai déjà dit une

efpece de Kin. Je l'appellerois volontiers le premier & le plus

parfait des inftrumens chinois parce qu'il repréfente feul toute

l'étendue de leur iyftême mufical. Son origine eft auffi ancienne

& auffi noble que celle du Kin il la doit au Fondateur de la

nation à Fou-hi comme je l'ai dit ci-devant.

Fou-hi-chê cliient d'un commun accord & les Kiftoriens

& les Savans & tous les gens de Lettres Fou-hi-ché prit

du bois nommé toung-mou Olt du bois appellé sang (c'efl

le mûrier ) & en fit l'inJJrument auquel il donna le nom de mer-

veilleux & que nous appelions Chê. L'intérieur de cet infini-

ment etoit creux Fou-hi le monta de 50 cor des mais Chen~

noung félon les Auteurs Chinois rédidjîtle Chê à la moitié,

en fup primant les 2.5 cordes les plus graves.

Il n'y avoit que trois efpeces de Kin, le grand le moyen

& le petit mais il y avoit quatre efpeces de C/ié, qui font le

grand Ckê le Chê moyen lepetit CAé, &un

quatrième plus

petit encore que le petit Ckê. Ils etoient tous montés d'un egal

nombre de cordes, c'eïr-à-dire de a 5 & ces cordes for-

moient entr'elles deux klun c'eft-à-dire tous les fons qui font

renfermés dans l'intervalle de deux octaves ( q ). Chaque corde

un calquéfur le modelé des plus

anciens Kin qu'on connoiffe (/> )car c'eft cette efpece en particulier

qui fait les plus cheres délices des

Amateurs de l'antiquité. Notre

Empereur lui-même n'a pas dédai-

gné de (e faire peindre plusieursfois dans l'attitude d'un homme

profondément occupé à tirer des

ions d'un infiniment qui pairedans ion Empire pour ctre dévolu

{p ) Ce Kin a été envoyé il eft dans

le cabinet de M. Bertin,

de droit à ceux qui font leur prin-

cipale étude de la littérature Se de

la fajïeffe. ( Extrait du texte du P.

Amiot. )

{<?) Il faut entendre icil'o£lave

diviïce en douze femi-tons com-

me le défigne i'expreffion du P.

AmSot tous lis fons qui font renfer-

més &c. Le Klun n"e/i pas pro-

prement une ocîave mais Faflem-

blagede treize ions à un demi-ton Il

l'un de l'autre. Ainfi, en comptant

par demi-tons, on trouvera que 15<;

Page 64: Memoires concernant les chinoise 6

DES CHINOIS.

Hij

avoit fon appui ou chevalet particulier, élevé fur la furface

du Chê, de deux pouces fept lignes. Ces chevalets, entre eux

tous repréfentoient les cinq couleurs. Les cinq premiers

etoient bleus les cinq qui fuivoient etoient rouges les cinq

du troifieme rang etoient jaunes, les cirq du quatrième etoient

blancs, & les cinq derniers etoient noirs.

Du refte tous ces chevalets etoient mobiles afin de pou-

voir rendre les cordes plus longues ou plus courtes fuivant

qu'il etoit néceffaire car il paroît que les cordes du Ckê p

depuis le tems de Fou-hi jufqu'aux Tcheou etoient toutes

compofées de 8 1 fils de foie crue fans qu'il y eût par confé-

quent aucune différence entr'elles de groffes & de petites.

La, plupart des Auteurs qui ont écrit fur l'antiquité n'ont

pas manqué de faire mention du Chê comme d'un infini-

ment auffi ancien que la Monarchie, puifqu'il doit fon origine

à Fou-hi mais plufieurs de ces Auteurs en ont parlé d'une

maniere qui n'eft rien moins qu'exacte. Les uns difent que

parmi les différens Chê il y en avoit qui n'etoient montés

que de cinq cordes d'autres prétendent que le grand Chê de

Fou-hi fut réduit par Chen-noung à %j ou à 23 cordes, &

le petit CM à 1 5 &c &c.

Ces Auteurs peu infiruits dans laMujlque

félon le Prince

Tfaï-yu, dont j'emprunte ici les paroles, n'ont pas compris

lesexprejjions des anciens quand ils ont lu que pour tel YA

pour tel SouNG pour telle autre pièce il y avoit accompa-

gnemcnt du Chê à 5 z 5 19 23 cordes &c ils ont cru

bonnement qu'il s'ag/ffoit d'un ChÊ de 3 de ib tg ou 13 cor-

cordes ne font que deux Kiun

tandis que ce que nous appelionsune oftave ne contenant que 8

degrés, il ne faut que 15 de ces

degrés pour former deux de nos

Graves, Au refte quoique le P,

Amiot ne dife pas que les 15 cordes

du CT^etoierit accordées à un demi-

ton l'une de l'autre la manière e

dont il s'exprime & ce que j'ob»fcrve ici, doivent le taire conclure,-

Page 65: Memoires concernant les chinoise 6

DE LA MUSIQ U E-

des tandis qu'il n'etoit quejîion que du nombre des cordes

employées pour V accompagnement de tel YA de tel SouNG l~-

ou de telle autre pièce qu'on chantoit dans les cérémonies publi-

ques. En un mot ajoute le Prince il n'y a jamais eu de

Chê à b ib 19 2 j & xy cordes. Depuis Fo u-ht jufquà

Hoang-tt le Chê fut monté de bo cordes c`3 depuis

Hoang- TY jufqu'au tems préfent il a eté monté de zb cordes

feulement. L'éloge & les regles du Chê ^etoient ecrits ancien-

nement fur la furface inférieure de ïinfirument même. On y

employoit 1189 caracleres dont chacun renfermait un fais très-

profond. Ceux qui veulent jouer du Chê, difoient les Anciens,

doivent avoir les paffîons nzortifiées & l'amour de la vertu

gravé dans le cœur fans cela ils n'en tireront que des fons

(îé'riles qui ne produiront aucun fruit.

Je ne prétends pas adopter les idées Chinoifes fur la per-

fection du Chê mais j'ofe affurer que nous n'avons en Europe

aucun infirument de Muiîque qui mérite de lui être préféré.

Je n'en excepte pas même notre Clavecin parce que les fons

aigres des cordes de métal & le bruit que font quelquefois les

touches & les fauteraux, affeftent défagréablement une oreille

un peu délicate.

Les dimensions réelles du CM n'ont pas toujours été les

mêmes, parce que les mefures ont varié. Le pied a cté tant-

tôt plus long tantôt plus court. Néanmoins la plupart des

antiquaires conviennent que fous les trois premières dynafties

la longueur totale de cet inftrument etoit de neuf pieds que

fa tête c'eft-à-dire cette partie qui efl au-deffus du che-

valet fixe avoit en hauteur neuf pouces & que la queue

c'eft-à-dire cette partie inférieure de Finirrument où vont

aboutir les cordes, avoit en longueur un pied huit pouces.

Cependant on employoit des Chê qui avoient d'autres dimen-

fions félon les différentes circonfrances.

Page 66: Memoires concernant les chinoise 6

DES CHINOIS.

ARTICLE SEPTIEME.

Du son il U 7? o i s.

LE bois eft une des productions de la nature dont l'hom-

me retire les plus grands avantages. C'eft un préfent du ciel s

difent les Auteurs Chinois qui exige de notre part les aftions

de graces les plus finceres & ce ne fut que pour laiffer un

monument eternel de fa reconnoiflance que le faint hom-

me {Fou-hi} détermina que dans la munque en l'honneur

du ciel il y auroit toujours quelques inftrumens propres à

rappeller le fouvenir de cet infigne bienfait.

Ces inftrumens font le Tckou le Ou & le Tcnoung-tou.

Voyez les figures 23, 24 2 & 26.

Le Tckou repréfente les avantages que les hommes fe pro-

curent les uns aux autres depuis qu'ils font unis entre eux

par les liens de la fociété. Cet infiniment a eu de toute anti-

quité la forme de cette forte de boiffeau qui fert à mefurer

les denrées qui nous font vivre & au moyen defquelles nous

prenonsnotre accroiffement. Il etoit placé au Ncrd-Eft des

autres infoumens & on le jouoit en commençant la mufique.

Le Ou a la forme d'un tigre couché qui fe repofe il eft

par cetteattitude,

le fymbole de l'empire que les hommes

ont fur tous les êtresqui jouiflent comme eux de la vie. Il

etoit placé au Nord-Oueft des autres inftrumens & on le jouoiten firiffant la mufique. Anciennement on tiroit du Ou juf-

qu'à fix tons pleins, aumoyen des chevilles qu'il a fur ton

dos onne frappoit pas fur la tête comme on l'a fait dans

la finte ious les Tang 6k tes Soung, on fe contentoit de

racler légèrement les chevilles avec le Tcken ou baguette •.

on failoit trois fois cette cérémonie en iiniliant la niulïqutv

Page 67: Memoires concernant les chinoise 6

DE LA MUSIQUE

Le Tcnoung- tou ou les Planchettes tiennent un rang dif-

tingué parmi les inftrumens repréfentatifs moins parce qu'on

en tire le fon du bois que parce qu'à leur occaiîon on rappelle

le fouvenir de l'invention merveilleufe au moyen de laquelle

les hommes fe font communiqué mutuellement leurs idées

fans le fecours de la parole.

Avant qu'on eût trouvé l'art de faire le papier, on ecrivoit

fur des planchettes comme fur autant de feuilles on les joi-

gnoit les unes aux autres en les liant enfernble & l'on en

compofoit les Livres. Cet ufage qui efl de tems immémorial

en Chine, n'a ceffé d'avoir lieu que du tems des Han, Les

Auteurs ne font pas d'accord fur la matiere dont on faifoit

les Planchettes dans leur premiere inftitution. Les uns

croient qu'elles etoient uniquement de Bambou, les autres

affurent qu'elles étoient indifféremment ou de Bambou, ou de

quelque efpece de bois que ce fût. Quoi qu'il en foit l'u-

faged'admettre les Planchettes dans la Muiîque eft ires-ancien s

puifqu'il eft: dit dans le Tcheou-ly, que le Maître du Cheng

doit l'être aujji du Tchoung-tou.

LesPlanchettes ont eu différens noms fuivantlcurs différentes

formes & leur deflination. On appelloit Tfê, celles fur lefqu elles

on ecrivoit des ouvrages d'une certaine importance elles

etoient liées les unes aux autres, avec une courroie en forme

de Livre ( voyez, la figure %6) & on ecrivoit fur la pre-

miere de ces Planchettes les premiers mots de l'ouvrage, ou

le fujet ou fimplement le titre. Ces Planchettes avoient de

longueurdeux pieds quatre pouces.

On appelloit Tou les Planchettes fur lefquelles on ecri-

voit de petites pieces fugitives, ou tel autre ouvrage qui ne

demandoit pas beaucoup de paroles; elles n'avoient qu'un

pieddeux pouces de longueur.

Celles qui etoient etroites & fur lefquelles on ne pouvoit

écrire qu'un rang de caractères portoient le nom de Kien,

Page 68: Memoires concernant les chinoise 6

DES CHINOIS.

ARTICLE H U l'T I E M E.

D v son r> u Bambou.

Des Koan-tfee.

JlL paroîtd'abord que le bambou qui eft une

efpece de

rofeau, ne devroïtpas être diftingué

du bois. Ily a cepen-

danr félon les Chinois une très-grande différence entre le

bambou & le bois. Le bambou difent-ils n'eit proprementni un arbre ni une simple plante mais il

peut êtreregardé

comme étant l'un & tout à la fois. C'eft un végétal

Elles etoient indifféremment longues ou courtes fuivant le

nombre de caractères qu'ellesdévoient contenir.

Les King c'efï-à-dire les livres facrés de la nation

etoient ecrits fur les Planchettes dites Tfê, dont la longueur

etoit, comme je l'ai dit de deux pied quatre pouces. Dans

la fuite, on fit l'honneur au Tchun-tficou de Confucius de

l'ecrire comme les King, c'eft-à-dire fur des Planchettes de

pareille longueur.Les premiers Empereurs des H an faifoient

écrire leurs Edits, & tout ce qui emanoit de leur autorité fuprê-

me, fur des Planchettes dont la longueur n'etoit que de deux

pieds ne voulant pas qu'elles fuffent au niveau pour ainfi

dire de celles fur lefquelleson avoit ecrit les King.

Le Tchoung- ton ou les Planchettes à l'ufage de la Mufî-

que, etoient anciennement de la longueur d'un pied deux

pouces, &larges d'un pouce. Cet instrument etoit compofé de

douze Planchettes, pour repréfenter les douze Lu fonde-

ment de la Mufique. Elles etoient liées enfemble comme

on l'a vu figure 26, & on s'en fervoit pour battre la mefure 9

en les tenant de la main droite & les heurtant doucement con-

tre la paume de la main gauche.

Page 69: Memoires concernant les chinoise 6

DE LA MUSIQUE

fingulier & unique dans fon efpece qui réunit en foi les prin-

cipales propriétés des arbres & des plantes c'eft celui de tous

les végétaux que l'homme peut employer à un plus grand nom-

bre de befoins & qui eft en général d'une utilité plus uni-

verfelle pour les différens ufages de la vie civile mais il fem-

ble que la nature en le produifant l'a defriné en particulier à

1'ufage de la Mufîque.Le vuide qui fe trouve dans l'intérieur

d'un nœud à l'autre la distance & la proportion entre ces

nœuds cette dureté & cette efpece d'incorruptibilité qui afTu-

rent au bambou une fi longue durée tout, en un mot fera-

ble inviter l'homme à effarer fi en foufflant dans des tuyaux

que la nature elle-même a pris foin de préparer il ne pourroit

pas en tirer des fons propres à l'harmonie. C'efl ce que firent

les premiers habitans de la Chine, & ce qui les conduisit à l'in-

vention de leur Mufîque.

Quelques hommes plus eclairés que les autres, s'apperçurent

que.plusle tuyau dans lequel on fouffloit etoit long plus le

fon .qu'on en tiroit etoit grave mais que quand les longueurs

de divers tuyaux de même calibre, etoient ou doubles, ou

la moitié les unes des autres, les fons fe confondoient de ma-

niere qu'ils paroiffoient ne faire entr'eux qu'un feul & même

fon, Se n'etoient en effet que la repréfentation, l'image & pro-

prement la répétition à l'aigu ou au grave les uns des autres,

Dans des forêts de bambous ils coupèrent des tuyaux de

toutes les longueurs, ils comparèrent les uns aux autres tous

les fons qu'ils en tir oient & après plusieurs expériences ils

trouverent que tous les tons intermédiaires depuis un fou

donné jufqu'à celui qui en etoit la répétition au grave ou à

l'aigu & que nous nommons octave fe réduifoient au nom-

bre de douze (r) comme celui qui donnait le plus exactement

( r) D'un fon donné à fon ofta- a que onze -d'intermédiaires entre

ye, il y a treize fons, & il n'y en ce premier fon donné, & celui

fous c

Page 70: Memoires concernant les chinoise 6

DES CHÎ N 0 IS.

Tome VI. i

tous les intervalles fenfibles ( s ). Ils choifirent des tuyaux pour

exprimer ces intervalles, & leur donnèrent le nom de Ko an-

quien çû î'oftave mais il faut

entendre ici les douze fons diffé-

rais contenus dans une oûave

divifée pardemi-tons. Voyez ci-

après note b de la Seconde Par-

tic.

(s) Cette rédu&ion d'interval-

les, au nombre de 12 efl bien

plutôt une idée moderne, que le

procédé des premiers Inflituteurs

de laMufique.

Je dis une idée

moderne parce qu'eneffet une

telle opération eft, ontrop fa-

ou trop erronéepour le

teiîis.Sc la circonflance oit l'on

iuppole ici les anciens Chinois.

Elle efl trop favante fi les into-

nations intermédiaires entre un

fon donné & faréplique

font

conçues comme des demi tons

jjuftes telsque

(croient les divers

demi-tons apotome & limma

eu limma & apotome quefor-

ment les chants fa, fa-dhjï fol,

&c., ou fa, fol-bhnol, fol &c. ces

chants n'ayant pu être imaginésni mcme

foupçonnés avant l'éta-

bliffement des douze Lu, c'eft-à-

dire, des douze ions fondamen-

taux à laquinte l'un de l'autre

dont ils font le réfultat( Voyez

note a, p. 28 ). Ou bien cette opé-ration

efltrop erronée trop abfur-

de, fi les demi-tons qu'on peut

concevoir entre un ion & fa

réplique font fuppofcs égaux

entr'eux c'eiî-à-dire font ftippo-fés n'être ni des

apotome ni des

limma & par com'équent ne for-

mer, ni l'un ni l'autre des deux

chants que je viensd'apporter en

exemple ce qui dans ce cas ne

feroit pli'î qu'un chant idéal un

chantcompofé

d'intervalles faiVi-

ces un chant en un mot qui n'en

efl pas un, puifqu'ilne feroit que

îa manière de détonner, de chanter

faux, dans l'un ou l'autrefyftême

de demi-tons, fa ff a- Jlcfi ,> &c.

ou fa fol-bémol fol, &c. quej'ai donnés

pour exemple. Or,

d'un fon à fa réplique,à Ion

octave il y a bien plusde douze

manières de détonner, bienplus

de douze intervalles feniïbles y

puifqu'Ariftoxenechez les Grecs

outre tes moitiés de ton y voyoit

encore des tiers de ton des

quarts &c. Mais il faut remarquer

quedu tems d'Ariftoxene la

Mufique loin d'être à la naiflance

marchoit au contraire, &c l'on

peut dire a grands pas, vers !a

décadence, comme le prouve l'idée

même d'Ariftoxene qui n'eûtpu

ctre proppfée dans un tems où les

principesetoient en

vigueur. Je

reviendrai fur cetobjet

à l'occa-

iïon des Lu dans la ieconde Par-

tie de ce Mémoire &C en parti-

culier dans la troifieme Obfcrva-

tion qu'on trouvera à la fin où

je ferai voir ce quia pu conduire,

foit les Chinois ibit Anftoxene

à vouloir te donner, contre le

Sentiment de l'oreille des demi-

tons factices &C qui ne tuflenr.

décidément ni le hmma ni

Ttipotorne,

Page 71: Memoires concernant les chinoise 6

DE LA MUSIQUE

tfee avant qu'ils leur euflent donné celui des Lu qu'ils repré-

fentoient. Voyez figure 27.

Les Koan-tfee ou tuyaux furent rangés fous trois claffes,

compofées chacune de douze tuyaux. Ceux de la premiere

claffe donnoient les fons graves ceux de la féconde les

fons moyens & ceux de la troifieme les fons aigus. Cha-

que claffe avoit fes douze tuyaux liés les uns aux autres

avec une fimple ficelle", & de la manière qu'on le voit à la

figure 27.

Cependant comme ces douze tuyaux ne différoient l'un

de l'autre que d'un demi-ton on trouva quelque difficulté à

s'en fervir pour l'accompagnement des paroles qu'on chantoit

en l'honneur du ciel ou des ancêtres. Le chant procédant par

des tons, il falloit que l'accompagnateur donnât fur le champ

le ton requis avec quelqu'un de fes Koan-tfee & il n'etoit pas

rare fur un infiniment dont les tuyaux etoient rangés par

demi-tons que cet accompagnateur prît un tuyau pour l'autre,

& occafionnât une cacophonie insupportable.

Pour parer à cet inconvénient on s'avifa de féparer les

tuyaux & de les ranger de manière que de l'un à l'autre il

y eût l'intervalle d'un ton entier. Les fix qui correipondoient

aux nombres impairs c'eft-à-dire le premier, le troifieme,

le cinquièmele fepticrne le neuvième & le onzième furent

placés de fuite & les iix autres qui correfponduient

aux nombres pairs c'eft-à-dire le fécond le quatrième 3

le fixieme le huitième le dixième & le douzième furent

pareillement placés de fuite ce qui conftitua deux ordres de

tuyaux dont le premier fut appelle -Yang c'eft-à-dire du

premier ordre Parfait, &c. & le fécond Yn c'eft-à-dire,

du fécond ordre, > Imparfait &c. (t). On lia les uns aux autres

(i) Le texte du P. Amiot, porte fait &c. yr c'eit-à-dire mï~

i.ei Yanb J1. J.. ydu~ rze:~r, inzprrfzit F~c.; c,'iL 1 Clepltlsici Yang) c'eft-à-dire majeur., par- rieur, imparfait &c; ÔCc'efï depuis

Page 72: Memoires concernant les chinoise 6

DES CHINOIS.

Iii 1

les fix tuyauxde chaque ordre & ces deux ordres de tuyaux

furent comme deux inftrumens particuliers, dont on tira, pour

fes premiers manufcrits fur la

Miuîq.ue des Chinois quele P.

Amiot fe fert des termes de ma-

jeur & de mineur pour rendre

le fens de Vyang & de Vyn des

Chinois. Voyezdans les Variétés

Littéraires, tome pag. 318 la

note fur les Lu.

J'ai cru devoir fubftituer ici,

8c dans tout le cours de cet Ou-

vrage, l'expreffion de premier

ordre, fecond ordre, aux termes de

majeur & de mineur. D'abord pour

plus de clarté en fecond lieu

pour deux raifons qui m'ont paruaffez importantes. La premiere 1,

parce que les termes de majeur &

de mineur préfentent parmi nous

des idées dont il n'eft nullement

quefKondans cet Ouvrage la

leconde parce que les dénomina-

tions chinoifes ne font pas pro-

prement relatives aux Lu pris en

eux-mêmes mais feulement aux

qualités que les Chinois attribuent

aux nombres auxquels ces Lu cor-

refpondent Vyang, comme on l'a

vu répondant aux nombres im-

pairs, & l'yn aux nombres pairsles uns

regardés comme parfaitsles autres comme

imparfaitsou fi

l'on veut Vyang repréfentant le

mâle Yyn la femelle idéesque

Pythagore a fus'approprier dans

fa doSrine fur les nombres. Or

les Lu foit qu'ils foient difpoiés

par des confonnances ou par des

demi-tons, comme fa ut ,fol, re

la mi &c. ou fa fa-diefe fol

fol-dhfe la, la-diefe &c. n'ont,

en les prenant de deux en deux

aucune fupériorité aucunepréé-

minence réelle les uns fur les

autres. Dans le fyftême des con-

fonnances, on aura, en prenant:ceux de nombre impair, les ton;:

confécutifs fa, fol, la, &c. & zn

prenant les nombres pairs on

aura les tons ut re mi, Sec. De

même dans le fyftême des demi-

tons, on aura également d'un,

côté fa fol la. &c. de l'autre

fa-diefe, fol-diefe la-diefi &c.

entre leiquels i! y a toujours même

intervalle, même intonation en

un mot, un même chant, procé-dant par tons. On voit par-làcombien les termes de majeur &

de mineur, appliqués à ces diffé-

rentes féries de tons auroient punous éloigner de l'idée que nous

devons nous former des lu ou

fons yang &c des lu ou fons yn

entre lefqueisil

n'y a, comme jel'ai dit, nulle prééminence réelle,

nulle autre particularité, fi ce n'eft

celle d'être le premier ou le fe-

cond, le troifieme ou le quatrie-

me, <kc. de l'ordre à-peu-près-arbitraire dans lequel ils font ex-

pofés, ce qui fans doute n'a rien

de commun avec l'idée que nous

nous formons de majeur & de

mineur.

Au refle pour mieux faire

comprendre ce que c'eft que Vyang& Vyn des Chinois, je rapporteraiici ce qu'en

dit le P. Amiot lui-

même, dans les Préliminaires des

manufcrits envoyés autrefois à

Page 73: Memoires concernant les chinoise 6

DE LA MUSIQUE

l'accompagnement tous les tons qui font renfermés entre les

bornes de l'oftave.

On ne fut pas long-tems fans s'appercevoir queces deux

efpeces d'initrumens étoient trop incommodes & tropbornés.

On tâcha d'en corriger l'imperfefticn on les rendit plus com-

modes en les joignant l'un à l'autre, non plus avec une (im-

ple ficelle comme auparavant mais en les affujétiffant entre

deux ais. On en augmenta l'étendue en ajoutant quatre tuyaux.

Ainfi au lieu de deux inftrumens on eut un feul & même

iniîrumentj compofé de feize tuyaux, auquel on donna le nom

de Siao.

A l'imitation de ce nouvel inflrument on en fit un plus

petit, dont tous les tuyaux fonnoient l'oftave aiguë du premier.

On appella ce premier, grand Siao & l'autre petit Siao; 3

Voyez la figure 34. Le tuyau qui donnoit le Hoang-tchoung 3

fon le plus grave du grand Siao avoit deux pieds de lon-

gueur, & le Hoang-tchoung du petit Siao n'étoit que d'un

pied.Deux Muficiens étoient ci devant chargés des tuyaux liés

avec une ficelle. L'un fouffloit dans les tuyaux Yang ou du

M. de Bougainville cahier A

page 7.« Le ciel eu yang la terre eu

» yn le foleii cû yang, ia lune

» efï yn l'homme eit yang la

» femme eu yn le haut çftyang,

» le bas efl yn le deffus eu yang,

» le défions eft yn en un mot,

;> tout ce qu'il y a de plus parfait

» dans les efpeces tout ce qu'il

» y a de plus accompli, z&yang; le

» moins parfait efi: yn. La matière

» en mouvement eûjang, la ma-

» ticre en repos efl: y/?, &c.» »

On voit par-ià que n'y ayant

aucune différence réelle entre les

Lu du premier ordre & ceux du

iecortd les termes à'yang&C d'ynn'ont

puleur êire

appliqués que

pour indiquer la clafîe à laquelleils appartiennent Yyang cléiignantcelle des nombres parfaus ou im-

pairs, ÔcYyn désignant celle des

nombres imparfaits ou pairs; cîaffes

que j'ai appeiiécs premier &; fecoîid.

ordre d'autant que le P. Amiot

vient de parler lui-même de deux

ordres de tuyaux Se qu'il emploiela

mcmeexpreflion immédiatement

après ce pafiage.

Page 74: Memoires concernant les chinoise 6

DES CHINOIS.

premier ordre l'autre dans les tuyaux Yn, ou du fecond ordre

deux Muficiens encore furent chargés des Siao L'un du grand

Siao pour les tons graves& l'autre du petit pour Les tons

aigus.il.

aigus.

§. IL

Du Yo.

Il n'étoit pas encore venu en penfée aux Chinois, qu'on

pouvoir avec un feul tuyau donner tous les tons qu'on obte-

noit avec les douze ou les feize tuyaux des deux fortes d'inf-

trumens dont nous venons de parler ils l'imaginèrent enfin

& comprirent qu'un tuyau qu'on perceroit à différentes dif-

tances, donneroit différens fons & repréfenteroit ainiî

autant de tuyaux qu'il y auroit de trous dans une partie de

fa longueur. Ils firent l'initrument auquel ils donnèrent le

nom de Yo. Voyez la figure 36, A.

Cet inftrument fut percé non pour moduler indifférem-

ment fur tous les tons mais pour un ton fixe & déterminé.

On ht le premier Yo fur la mefure du Hoang-tckoung ainfi

le fon fondamental qu'il fit entendre tous les trous étant

bouchés, fut le Koung, que je traduis par fa &c non par

lit pour des raifons que je dirai dans la fuite en parlant des

tons. En foufSant plus fort, au lieu du Koung, le tuyau fit

entendre le Tché, c'eft-à-dire m quinte au-defïus de fa (</).

( h) Le]" Amiot corijedure iciavec beaucoup de railbn que cet

ut ii'.i-deffus de fa eli apparem-ment lu aouïictiic du Koiins: c'eiî.ton expj-ciïion. Cette conjectureeft fonclcc iur ce que tout corpshonore donne parmi fes harme-

îiiques, la douzième, & nc;i la

quinte. Mai:, il ici d'un tait

3z après avoir vérifié la chofe,

j'ai cru devoir iubibtuer à la con-

jecture du Pi Amiot les mots tres-

poûùis, ijuinte au-.lc(fu.s Je fa. Voicice qui décide pour la quinte.

Nous avons eu Provence uninfiniment de même genre que le

yo, & qui nu c-«J.lenient quj troistrou.: ccû l-j tluut trcs-conmi

Page 75: Memoires concernant les chinoise 6

DE LA MUSIQUE

Dès-lors trois trous fuffirent pour donner tous les autres tons.

Voici comment l'expliquele Prince Tfaï-yu après en avoir

fait l'expérience par lui-même.

Torrs les trous étant bouchés £ infiniment donnoit le Ko UNC

(fa ). En ouvrant le premier trou & enfoufflant

modé-

rément on eut le ChANG (fol ) en foufflant plus fort on

entendit réfonner le Yu ( re ). En ouvrant enfemhle le premier

& le fécond trou on eut le Kio (la) enfoufflant modéré'

ment & le Ho (mi ) en foufflant plus fort. En fermant le

trou du milieu, les deux trous extrêmes étant ouverts, on fit

réfonner le Tchoung (fi )en foufflant modérément & l'on

eut ainfltous les tons (x).

fur-tout à Marfeille &C à Aix. Cet

infiniment dont le fon grave eft

communément re ne donne, parfa conftruâion que quatre fons

confécutifs qui font, ri mi, fa

fol%. Or, pour obtenir les autres

ionsqui

doivent completter la

gamme de cet infiniment c'eft-à-

dire les fons la ,f, ut il faut

en fouillant un peu plus fort, faire

qtunter rinftrument. Ainfi le re parce moyen donne fa

quinte La; le mi

donne fi, et lefa^ donne !W%.

Quant aux oftaves on les obtient

en fouillant encore plus fortque

pour la quinte.J'ai confulté fur cela M. Cha-

teauminois, Muficien, & excellent

Maître de Flutet, à Paris. Il a eu

la bonté de me donner tous les

eclairciffemensqueje lui ai deman-

dés. En embouchant moi-même le

Flutet, j'ai eté filrpris de l'extrême

facilité avec laquelle, en fortifiant

tant foit peu le fouftle on obtient

la quinte de l'un des quatre prc-

miers fons felon les trous qu'on,

tient ouverts ou fermés. Si i'on

fouffle un peu plus fort, on obtient

l'oftave & enfin la douzième parun fouffle beaucoup plus fort. Ainf^

après un fon grave donne le pre-mier fon obtenu par la différence

du fouffle efl la quinte vient

enfuite Toftave & en dernier lieu

la douzième. C'efl: à quoi fe réduit

la gamme du Flutet que M. Clia-

teauminois a bien voulu me donner

par ecrit. Cette gamme efï pourun Flutet en mi-bémol mais c'efi:

toujours le même phénomène pourle Flutet en re. La différence du

fon fondamental ne change en

rien l'opération de la nature com-

me on le voit d'ailleurs par le yodont le fon grave cû.fa.

(.r) II refaite de ce paffage, que

le yo donne en premier lieu, Se

par la manière dont il ett percéles quatre fons confécutifs fa

fol la ,fi; qu'enfitite les trois pre-

miers de ces fons ,fa, fol &C la,

Page 76: Memoires concernant les chinoise 6

DES CHINOIS.

Les fentimens font partagés fur le nombre des trous dont

on perça l'ancien Yo. Les uns /'& c'eft le plus grand nom-

bre, croient qu'il n'avoit que trois trous au moyen defquels

on obtenoit différens tons les autres, au contraire prétendent

qu'il avoit fix trous pour former les douz^ Lu mais cela revient

au même dit le Prince Tfai-yu car en ajoutant un trou entre

le premier & le fécond entre le fécond & le troijieme, & un autre

plus bas que le premier on ales Jîx trous qui donnent les dou^e

Lu 3 ou les dou^e demi-ions de l'oclave de la manière que jevais dire (y)., &C. Voyez la figure 36, B.

en faifant entendre leurs quintes

par la feule différence du foufïïe

achèvent de completter la gamme

chinoife fa, fol, la, fi, ut, rc7 mi.

Or, le Flutet dont j'ai parié à la

note précédente en fuivant le

même procédé a encore cela de

remarquable que fes quatre pre-mieres notes forment exactement

les mêmes intervallesles mûmes

trois tons confccutifsque

leyo 9

celui-ci diiant_/îi ,fol, lii,Ji, & le

Flutet re i;û fi >Â- fol d'où

rélulte par la différence du (ouffle,

une gamme femblable à celle du

yo. Cette intonation de notre mi-

trument provençal paroitra fans

doute imguliere ibit en elle-mê-

me, foit par fa conformité à celle

de rinfînnnent chinois mais il

faut obierver que îe ton propre du

Flutet n'eft pas c;lui du ton le plus

grave di> 'l'inllrurnent mais celui

de la quinte de ce ion«rave

qu'ainille

Fluret dont le fon graveeit n c(t percé pour ie ton de la& quecelui dont le l'on f;rave dtml-bc.'nol a pour ton

pronre fi-bimol, Il cil ailé d'ailleurs de don-

ner fur cet infiniment la quarte

jufle du fongrave le troifieme

trou étant par-deflbus, on le ferme

à moitié avec l'extrémité du pou-ce ci. cette quarte redevient tri-

ton, II on laiffe le trou entièrement

ouvert mais il eiî aifé de remar-

quer que cette aftion de fermer à

moitié le troineme trou, eft un

artifice &que la nature du Flutet

eft de donner, comme leyo, trois

ions coniécutil's un triton, rél'ul-

tat d'une opération très-naturelle,dont

je parlerai à la note a a.

(jk) Hparoît aifez par ce paf-

fage que le yo à iix trous n'eit

qu'une fuppofition des Chinois

modernes conçue d'après l'idée

qui fait coniîfter l'etabhuement

desprincipes

de la Muficme dans

une diviïion de l'oclave en douze

deim-tonségaux ou à-peu-près

égaux entr'eux( Voyez, note s

pag. 6=; ). iNiais le piiénorac-ae du

yo ù l'on y fait attention démon-tre bien évidemment l'abllir.lité de

cetteidcj pu'ifque k-s quintes

ji-iftes quex\ût entondre cet inltru-

ment ne peuvent donner Je.>

Page 77: Memoires concernant les chinoise 6

DE LA MUSIQUE

difficile

On voit par-là ajoute Tfai-yu qu'on peut obtenir les mêmes

tons du Yo v foit qu'il ait Jîx trous foit qu'il n'en ait que trois.

Cependant à dire ici ce que je penfe Les plus anciens Yo

n'avoient que trois trous. J'en ai vu un moi-même dont l'anti-

quité etoit fans contredit avant les Tcheou & quietoit tel.

D'ailleurs le Tcheou-ly I'Eulu-ya & ce qu'il ya de plus,

authentique parminos monumens n'en parlent que

comme d un

infinimentà trois trous. Mao-chÉ cjl le premier que je fâche

qui en ait parlé comme a uninfiniment

à Jix trous. Le torrent

des Lettrés Jans fe donner la peine d'approfondir l'opinionde

Mâo-chÉ ont été de fou f animera &c.

Les Anciens dit encore le Prince Tfai-yu, faifoientun très-

grand cas du Yo ,• parce qu'ilsax oient dans cet infiniment

les

principes qui avaient fervi aux premiers Inflimteurs pour fixer

les Lu les poids & lesdimenfwns (^ ). L'ancien Yo etoit très-

demi-tons égaux entr'eux. On va

voir d'ailleurs ce que penfe le

Prince Tfai-yu lui-même du yo à

iix trous.

Au relie la maniere dont fe

forment les douze lu, par le yo àfix trous que

décrit ici fort en

détail le Prince Tfai-yu fe ré-

duit ce que ces Iix trous ré-

pondant à fn fol fol la

La^ fi donnent chacun leur

quinte par la différence du fouffle.

J'ai fuppriiné cette defeription

non-feulement comme inutile à la

queflion préfentemais parce

qu'elleeft vicieufe. Notre illuftre

Auteur, arrivé au cinquième trou,

qui eû la-diefe dit que ce trou

donne le tchiung-lu & le hoang-

tchoung, c'eft-à-dire la-duf Se fi

cequi

îVeftpas.

Laquinte

de la-

dkfceit

mi-rdlcfior mi-dieft n'eft

pas fa ou ce qui eâ la même

chofe, laquinte de la-dïefi ne fau-

roit s'accorder avec l'oftave de

fa. qu'elle furpaffe de près d'un

quart de ton car la nature, dans

le phénomène du yo, ne connoît

pas le tempérament ou telle autre

abfurdité imaginée par les hom-

mes. Voyez note q de la féconde

Partie.

( i ) Le phénomène que préfentele yo en ce qu'il fait entendre fa

quinte par la feule différence du

louffie a dû iutEre aux premiersInstituteurs pour fonder tout le

fyftè-me mufical qui n.'ell au fond

qu'un affembiage une fuite de

quintes, ou de conlonnanccs qui la

reprcfentent ( Note a pag. 28).Un fimple tuyau dans lequel

ces premiers Inltituteurs auront

découvert ce phénomène fi finçu-

Page 78: Memoires concernant les chinoise 6

DES CHINOIS,

Tome FI. K

difficile à jouer.Nos

Mujîciensmodernes auraient bien de la

peine, à l'accorder avec lesinjlnunens donv

on Je fert aujour*

d'hui(aœ).

iier & naturellement fî. remar-

quable a pu les conduire à faire

en même teins de ce tuyau un

infiniment complet, & une règle

authentique pour La formation

des lu.

Supposons que ce tuyau ait été

au ton de fa. Ce fa comme on l'a

vu à lapage 6y, donne fa quinte

?«, en foulant un peu plus fort.

Or il n'a fallu que couper un

fecond tuyau à l'uniflbn de cet ut,

pour avoir par la différence du

îbuffle une nouvelle quinte un

fol, qui a fervi de modèle de

regle d'intonation, pour le fol quedonne le premier trou percé fin-

ïeyo.

Ce premier trou par le même

phénomène, donnant laquinte rc

un troifieme tuyau mis à l'uniflbn

de ce re, a fourni la quinte la,

modèle du laque donne le fécond

trou du yo.

Ce iecond trou, ce la. donnant,

comme le premier fa quinte miil n'a plus fallu qu'un quatrième

tuyau coupéà FunifTon de ce mi,

pour en obtenir, par la différence

du fonffle fa quinte^?, modèle de

cejï qui paroît choquer furie troi-

sième trou du yo quand on n'a

que des gammes dans la tête..

On a donc par cette opération

les huit fons fondamentaux, ut,

fol /?, la mi ,fî,fa que donne

le yo, car le trouqui ionney?,

fournit comme les autres fa propreaxûnte fa-dùjï. D'où il eft aifé de

conclure ru'en formant feulement

un nouvel o à l'ottave au-de(ïbus

de ce fa-d'ujï ou bien d'autres yo

au ton des trous foi la & fl du

pr emier il n'aura pas été difficile

aux Inftituteurs d'obtenir plus de

tons fondamentaux que n'en em-

ploient aujourd'hui les Chinois

dans leur fy {terne qu'ils bornent

à douze lu pris individuellement

depuis /i, comme on le verra à la

féconde Partie de ce Mémoire.

On peut croire, au refte que c'eft

la perte ou le non ufage du yo quia jette les Chinois modernes dans

ces proportions fachees eue l;i

réduction du fyftême nuuical ù

douze tons déterminés entraîne

nécessairement. Je traiterai de cet

objet dans la troifieme observa-

tion, à la fin de ce Mémoire.

(tf.j) Ce dernier parTage mérite

la plus grande attention il ren-

verie totalement la doctrine des

proportions factices des Chinois

modernes. En efïet l'ancien yo,

comme on fa vuci-devant,

don-

ne, dans fa longueur totale, fa.

Les trois trous dont il eil percé

rendent les trois fons fol, A.r &

c'efî-là l'opération de l'homme

c'eft l'intonationquïi

a" voulu

mettre fur cet infiniment mais

l'intonation des trois autres fons

de lagamme au. yo lavoir, l'in-

tonationcYut

de rc & de mi ne

dépend pius de lui. En jouant ft ~z

il n'a qu'à fouffler un peu plus fort,

la nature lui tait entendre elle-

Page 79: Memoires concernant les chinoise 6

DE LA MUSIQUE

Leyo etoit au rang des înftrumens itables on ne pouvoit s'en

fervir pour moduler indifféremment fur divers tons. Il avoit

même un ut quinte de (on fa de

même en jouant fol & la s'il

fouffle un peu plus fort la nature

lui fournira re & mi, quintes jitftesde Ion fol & de fon la. Quintes

qui ne fauroient fe foumettre à

aucun fyftême de tempérament à

aucune de ces intonations affoiblies

que l'homme imagine pour fe don-

ner des demi-tons égaux ou à-peu-

près égaux entr'eux.

Or, ce font ces quintes natu-relles, obtenues par la feule diffé-

rence du fouffle qui ont guidé les

anciens Chinois pour la place &

la jufle proportion des trous du

yo; foit qu'ils aient eu recours à

d'autres tuyaux comme je l'ai

expoié à la note précédente foit

qu'ils fe foient conduits comme

je vais le fuppofer.La premiere quinte entendue

l'ut au-deffus de fa,, aindiqué l'in-

tonation de fa propre quintel'intonation de fol; & l'on a percéle premier trou pour donner

l'octave au-deffous de ce fol. La

quinte de fol c'eft-à dire re en

indiquant également fapropre

quinte, qui eft la a fait fentir où

il falloit placer le fecond trou

pour avoir l'oftave au-deffous de

ce la. Enfin, mi, obtenupar la

différence du iouffle, en jouant la,a

indiqué comme les autres fa

propre quinte c'eft-à-dire fi, &

voilàpourquoi l'inftrument chi-

nois, ainfique le Fltitet dont j'ai

parlé aux notes u & x fonne le

triton ou quarte fuperflue contre

le fon donne par la longueurto-

tale de l'inftrument au lieu d'une

quarte jufte. Car les hommes en

perçant l'un ou l'autre de ces deux

inftrumens, ne fe font pas guidés

pardes divifions arbitraires de

tons ou de demi-tons mais par

des quintescomme on en fera

convaincu fi on fait bien atten-

tion à tout ce que j'ai déjàdit au

fujet du yo & fur-tout à ce tri-

ton fa fi, entre le fon grave ôi le

troifieme trou, réfultat jufte d'une

férie de quintes& réfultat abfur-

de, fi l'on fuppofe une férie de

tons. Revenons au procédé que je

viens de décrire.On a donc par ce procédé

la

férie de quintes

fa ut fol re la mi fi,les unes ( ut, re & mi ) données

directement par la nature les au-

tres (fol la&cjî') feulement indi-

quées. Or ceci explique la propo-fition du Prince Tfai -yu fur

laquelle j'ai fait cette note nos

Mujïcicns modernes auroient bien de

la peins, à l'accorder ( l'ancien yo )avec les inflrumens

dont on fi jert

aujourd'hui. En effet comment

accorder cet ancien yo tel que

nous l'avons vu fe former avec

des inftrumens dont les quintesou du moins plufieurs quintesfont altérées & mifes hors de leurs

proportions uniquement pourleur faire rendre ces demi-tons

factices ces demi-tons de fantai-

fie, par. lesquels les Chinois mo-

dernes ont voulu divifer i'otlave ?'f

Page 80: Memoires concernant les chinoise 6

DES CHINOIS.

Kij

comme je i'ai dit, un ton fixe ÔC déterminé, dont il ne fortoit

jamais; & ce ton, ainfi qu'on l'a vu ci-devant, fut d'abord

celui du Hoang-tckoung ( le premier des lu ). On fit enfuite

autant de yo qu'il y avoit de lu, afin de pouvoir employer

cet inhument dans toute forte de Mufique fur quelque ton

qu'elle fût. L'on donna à ces différent yo & le nom & les

dimensions des lu qu'ils repréfentoient.

Pour ne pas décider la queilioi-1 entre ceux qui prétendent

que l'ancien yo n'avoit que trois trous, & ceux qui veulent

qu'il en ait eu jufqu'à fix; j'ai mis l'un &l'autre fous la figure 36.

Le yo tel que je l'ai décrit, etoit un Simple tuyau d'une

longueur déterminée ouvert dans fes deux extrémités &

percé dans fa partie inférieure de trois ou de fix trous. Il n'etoit

pas aifé d'en attraper l'embouchure de manière à en tirer des

fons clairs & nets. Cette difficulté fit imaginer l'inflrument

fuivant.

§. III.

Du Ty.

Le Ty n'eft autre chofe qu'un yo, à l'extrémité fupérieure

duquel on mit un tampon. On fit à ce tampon une ouverture

d'une demi-ligne, & l'on echancra d'autant le bout du tuyau.

Voyez la figure 39, A. Par ce moyen l'on eut une embouchure

plus aifée à trouver, &il ne fallut pas une fi grande dépenfe de

foufile. Voilà au vrai ce que c'etoit que l'ancien Ty. Cependant

tous les Antiquaires ne conviennent pas entr'eux fur le nom-

bre de trous dont etoit percé cet ancien Ty. Les uns lui en

Cette obfervation vientà l'appui

de ce que j'ai déja infirmé à la

note ( s ), favoir que c'efl d'une

férie de quintes juftes que l'ont

formés & les demi-tons & les

divers intervalles muiicaux, loin

qu'une férie de demi-tons égaux en-

tr'eux, 6c par confdquent taux

puiffe jamais donner, ni quinte,ni

quarte, ni aucun autre intervalle

jufle.

Page 81: Memoires concernant les chinoise 6

ï> I' L A M U S J Q V E

domu'iK trois, les autres quatre. quelques-uns riiK| ex d,iu-

(ces jutqu'à (cpt. M, lis il e(l évident que ces Ailleurs, ne parlant,

de cet iiil'iunu'iii: ijue p.iv occalion eV fans le connoiire, ils

l'ont confondu ,nee le Tv moderne. Celui-ci quoique pci-

U'clioune p.ir degrés, s'cll iou|ours unie (r.mh erl.ileiiienlce

qui n.i jamais cté de 1 ancien .7 v qui ne diflcroit du yo

comme je I ai dit que p;ir l'embouchure qu'on .noir perfec-tionnée.

§. IV.

Du Tché.

Parmi les tli<lefOïis inicnimcns dont. Ce (ervoïent les anciens

Chinois pour ;n oir le ion propre<\v B;iml>ou ? il n'y en a

point qui (oit eonlbuir d'une f.içou plus linmilicrc tjuecc:lii!

:niquel ils ont donné le nom de fc/ic e'cfl une clpece de (lùtc

tT.nertiere fermée d.ms tes deux bouts, ;iy;nu l'cmboueliiirc

i}au< le milieu de t.ilongueur, 6c trois trous à chacun des côtes

tle 1 embouchure. Voyez, In ligure 42-

On tiroit trois tons chilérens de chaque trou. Cet infiniment

ditle Prince Tiai-yu ac \vr-tout en ufa^e fous les trois pre-

y:: y. c" .'es m. uns un jiniii.jue.ire .ji/i en jaifoit plus de

vjtjcljist: jobtenu

du moins de pouvoir le confi.dérer à

/;, t-' er: e.i pr:s ewiclement la figure t-' toutes les dunen-

f:e::s.ylvec :;i: ;. Je

B .im hou j'enai

me/ure le contour, & j'ai'.

rrv.v;' -e fa circonférence et'ott la me/neque

celle des monnaies

ci l'v;pjrtcv.c l errifrcuitc

des deux Caracle/'ds Kai-

y us y (7). Q:o;^e de ces pièces de monnaie placées de j une

(-) À.1 .•;eit le nom eue

M.s. r.-x:j: aurreir.cnt dit

rl:x:h;. : z • iaiiineE!î"ijNereur

de< T.ç don::?. ?.u>: amice:; tle

'.l:i 1 V ~iïl~tils I.:i1 CA~ ~LÂt\v~ic:\regiio depuis

i an de Jclus-

Chrirt 713 jiifqu'à l'an 741 niciiL-

iivemenr. Hiucn-tjon/ig d\ un des

plus ^rancisPrinces

quiait occupe

le Trône Chinois,

Page 82: Memoires concernant les chinoise 6

D E S C TI INO1 S.

l'une contre l'autre donnaient exactement. \a. longueur. Joui le

mon Je fait que le diamètredes monnaie, tnjcnies /{ Ai-rur.N

doit d'un pouce de l'ancien pied.; par conféquem /</ lomnicur

de f ancien T'eut-: croit de quatorze poucesou d'un

pied quatre

poucescc qui

revient: au même. I.'epaiJJeur du /l.unlxiu noir,

d'une H'jne & demie Le diamètre de fou mhnuclmre de. trois

Ho nés.Sur la

partie inférieure de I. infinimentet oient l'iavés trois

caractères anciens des plus extraordinaires. Les caractères je

LifeiuHoANC-TcirouNG-rcitÉ c'cTr-a-dire TcuA du

H.OANG-TCJIOUNG.Du rcjlc je Jais Jûr

amantqu'on peu/,

l'être que le Tcif que j 'aieu cuire les mains & que /'ni exa-

miné avec foin cfl véritablementun

antique.Il

efl conforma à.

toutes lesdejcnpiLons que fai. lues

6' dans leTchequ-lv

& dans des frainnens plus anciens encore.

Je me fuis tropétendu fans cloute fur ce

qui. regarde les

inftrumens qui donnent leTon du Bambou; mais on doit faire

attention queces fortes d'inftrumcns ayant contribué plus que

tous les autres à Fetabliffement des règles de laMufique j'ai

dû entrer dans quelquesdétails a cet égard. En effet, c'efr. au

moyendes tuyaux

de Bambou que Lin g- Lan. vint à bout

félon les Auteurs Chinois, de trouver les douze demi-tonsqui

font renfermés dans les limites d'une octave &:qu'on appelle

les douze Lu. Or ce Ling-lunetoit un des Grands de la Cour

de Moang-ty& la foixante-unicme année duregne de

Hoang-

jty réponda l'an 2637 avant l'ère chrétienne. Qu'on juge par

cette époquede l'ancienneté de la Mufique chez les Chinois»

Page 83: Memoires concernant les chinoise 6

DE LA MUSIQUE

ARTICLE NEUVIEME.

Du son de la Calebasse.

J E l'ai déja dit, & je le répete avec plaisir les anciens Chi-

nois ces hommes qui les premiers donnèrent des loix dans

cette portion de la terre, qu'on appelle la Chine ont eté les

inventeurs de cette Mufique qui a eu cours de tout tems chez

la nation qu'ils formerent. Le premier ufage qu'ils en firent

fut pour chanter des Hymnes en l'honneur du Ciel & en l'hon-

neur des Ancêtres. Ces deux fortes de cultes, quoique très-

différens entr'eux & rendus dans des lieux féparés n'ont

jamais eté à la Chine l'un fans l'autre. Par le premier, les

anciens Chinois rendoient grace au Ciel de tous les bienfaits

dont il ne ceffoit de les combler & par le fécond, ils remer-

cioient leurs Ancêtres de leur avoir donné la vie & les avoir

mis ainfl en etat de pouvoir jouir de tous les dons du Ciel. En

s'acquittant de ce double devoir, ils vouloient, dans la Mufi-

que qui accompagnoit l'une & l'autre cérémonie avoir fous

leurs yeux les différentes matieres qui pouvoient exciter leur

reconnoiffance en leur rappellant le fouvenir de ce qui fer-

voit à leur nourriture, à leur entretien & à leur bien-être

dans l'ufage ordinaire de la vie.

Déjà dans leurs inftrumens de mufique ilsemployoient la

peau & la foie comme un figne de leur fupériorité fur les

animaux & de leur prééminence fur ce qu'il y a de plus pré-

cieux dans la nature. Déjà d'autres inftrumens de terre de

pierre & de métal etoient l'emblème & de la terre qu'ils

habitoient & de l'ufage qui leur avoit eté accordé de tout ce

que cette même terre contient fur fa furface, ou de ce qu'elle

renferme dans fon fein. Déja le fon des inftrumens de bois, a

Page 84: Memoires concernant les chinoise 6

DES CHINOIS.

& celui des tuyauxde Bambou, leur rappelloient les avanta-

ges fans nombre qu'ils retiroient de toutes les productions des

forêts & de la campagne.Il leur manquoit un huitieme ton

pour completterle nombre qui, félon eux, etl fixé par la

nature & que désignentles huit ko a ou trigrammes deFou-hi,

Sans s'écarter de leurs habitations ils le trouvèrent ce ton

particulier, dans l'enceinte de leurs jardins.Parmi ces plantes annuelles qui pourvoient aux befoins de

la vie, il en eft une de la claffe des courges, dont le fruit a

une ecorce mince liiïe & dure qui par la direction l'arran-

gement& le tiffu des fibres qui la composent, nous fait affez

connoître que la nature ne l'a ainfi travaillée que pour la

mettre au rang des corps fonores. Ce fruit, auquel nous don-

nons, enfrançois, le nom de calebafïe, eft appelle Pao par

les Chinois; fa figure eft comme celle de nos gourdes de Pèle-

rins. C'eft cette efpece que choifîrent les1 anciens Chinoispour

repréfenter dans leur Mufique les légumes & les herbages dont

le Ciel a accordé à l'homme la connoiffance & Tufage libre

& c'etoit pour accompagner les Hymnes qu'on chantoit en

reconnoiflance d'un pareil bienfait qu'ils fe fervoient d'un

inftrument dont la partie principale etoit faite avec le Pao

c'eft-à-dire la calebaffe.

Cette partie etoit le corps même de l'inftrument différens

tuyaux de Bambou etoient adhérens à ce corps & c'eft ce

corps même qui, recevant immédiatement le fouffle de l'hom-

me, le diftribuoit aux tuyaux & leur faifoit produire divers

ions, félon les regles des Lu. J'oie le dire lesanciens Egyp-

tiens, avec leurs hiéroglyphes, n'ont été que des enfans en

comparaifon des anciens Chinois. Dans le feul inftrument dont

il s'agit ici que de merveilles n'aurions-nouspas a découvrir

Son origine ion antiquité, fa matière fa forme ton ufage

tout eft allégorie, tout eft myftere en lui. Que ne puis-je

Page 85: Memoires concernant les chinoise 6

DE LA MUSIQUE

entrer dansquelque

détail à cefujet niais continuons;

Dans l'intention de faire entrer dans leur Mufique des gran-

des cérémonies un infiniment qui pût repréfenter pour la

nombreufe claffe des légumesles lnftituteurs Chinois imagi-

nèrent un moyen qui ne leur réuïïit pas d'abord mais qui les

mit fur la voie qui devoir leur faire trouver ce qu'ils fouhai-

toient ils prirentune calebaflc de médiocre groiTeur la per-

cerent à cette partie par où elle tient à la plante pour avoir

une embouchure & ils firent un certain nombre de trous dans

différens pointsde fa panfe pour avoir les différens tons. Le

fon lourd & mat qu'ils tirerent de ce nouvel infiniment le leur

fit abandonner ils penferent à un autre expédient ils coupe-

rent rouie la partie fupérieure qui forme le cou de la calebafTe

& en ne réiervant que la partie inférieure de manière à pou-

voir y adapterun couvercle de bois ils percèrent ce cou-

vercle d'autant de trous qu'ils vouloient avoir de tons différens.

Ils placerentdans

chaquetrou un

tuyaude Bambou plus ou

moins long, félon le ton qu'ildevoit donner.

La conftruction de ces tuyaux fut toute différente de celle

des tuyaux dont j'ai parlé dans les articles précédens. Ceux-là

rendoient leur fon propre lorfquJon fouffloit à travers l'echan?

crure du bout fupérieur au lieu que les nouveaux tuyaux ne

devant être que comme le canal du fon de la calebaffe ne

fervoient qu'à modifier ce for par leurs différentes longueurs,

de manière à lui faire rendre tel ou tel ton. Le bout inférieur

de ces mêmes tuyaux celui qui enrroit dans le corps de la

calebaffe etoit exactement fermé avec un tampon; mais une

echancrure d'environcinq

ou fixlignes

delong

fur trois ou

quatrede

largefaite à

quelquediitance du

tampontenoit

lieu d'ouverture. On y avoit appliqué une feuille très-mince

d'or fin battu, au milieu de laquelle etoit découpée une lan-

guette de la longueur d'un peu plus des deux tiers de celle de

la

Page 86: Memoires concernant les chinoise 6

DES CHINOIS.

Tome Vh L

la feuille. Cette languette, ne tenant à la feuille très-mince,

dont elle faifoit partie, que par l'une de fes extrémités pou-

voit être agitée en tout fens par le moindre fouffle & laiffoit

unpafîage libre à l'air, foit qu'on voulût le pouffer ou l'attirer à

foi par le moyen d'un ruyau de bois qui ivoh la forme du cou

d'une oie & qu'on avoit adapté au corps même de la cale-

baffe pour fervir d'embouchure. Voyez la figure 45.

Les Chinois comme on peut bien le penfer ne manquent

pas de raifons très-myftiques touchant la figure de ce tuyau

mais comme elles ne font pas à mon fujet, je me contenterai

de dire pour ne pas fruftrer en entier la curiofité du Lefteur

que cet infiniment, plus parfait qu'aucun autre forti jufqu'alorsde la main des hommes, en ce qu'il pouvoit lui feul rendre

de la manière la plus exacte, tous les Lu & tous les tons

devoit encore exprimer allégoriquement les divers fons que

fournit la nature dans les principales productions de fes trois

regnes l'animal le végétal & le minéral. CJeft ce que fait

cet infiniment, au moyen des différentes matieres qui le com-

pofent, & par la maniere dont il en: conftruit. Le cou d'oie

repréfente, pour le regne animal; le bois le Bambou & la

courge pour le végétal & la languette d'or fin battu, pour le

minéral.

L'infrrument ainfi conftruit par les premiers Chinois, pour

rendre le ton propre de la calebafle n'a pas toujours porté le

même nom. Les Lettrés les plus verfés dans l'antiquité pré-

tendent que le plus ancien nom cru'il ait eu efl celui de fu 6k

que les noms de Tchao de Ho & de Cheng ne lui 'ont eté

donnés que fucceflïvement, à mefure qu'on changeoit quelque 1

chofe foit à fa matière foit à fa forme. D'autres Lettrés &

c'eft aujourd'hui leplus grand nombre, difent qu'il y en avoiti v 1

de trois ordres différens quedans le

premierordre etoient les

Yu & les Tchao dans le fécond, les Ho ,• & dans le troineme i

Page 87: Memoires concernant les chinoise 6

DE LA MUSIQUE

les Cheng. Ils ajoutent que les Yu & les Tchao etoient compofés

de 24 tuyaux, les Ho de 19, & les Cheng de 13 feulement.

Voyez l'explication de la figure 45 pour les Cheng à 19 & à

13 tuyaux.

Un troifieme fentiment eft que les anciens ne connouToient

en général que deux efpeces d'inftrumens à vent, qui donnaf-

fent le fon propre de la calebaffe qu'ils appelloient l'une la

grande efpece & l'autre la petite que les inffcrurciens de ia

premiere efpece avoient 36 tuyaux & ceux de la petite

efpece 17.

Je vais rapporter ici les paroles du Di&ionnaire Etdh-ya

aux articles jya &ho pour quele Lecteur puiffe fe décider en

quelque façon. Je crois, dit l'Auteur de cet ancien Livre que

ce qu'on appelle aujourd'hui le grand Cheng à dix-neuf languet-

tes ( ou tuyaux ) efl levrai YU des Anciens & que notre

Cheng ordinaire à treize languettes eflce qu'on appelloit autre-

fois ho & petitYU.

Le cheng à treize tuyaux, ou petit yu, ne donne que les

lu dits naturels, c*eft-à-dire les douze demi-tons de l'o&ave

moyenne le treizieme tuyau efr. pour completter cette oftave

par la réplique du premier fon.

Je dois faire obferver avant de finir que les anciens

Chinois fe fervirent de tuyaux & de cordes pour régler les

proportionsdes douze Lu. Ils appellerent les inftrumens qui

repréfentoientces Lu dans leur jufte proportion Lu-tchun

qui fignifie regle ou mefure des Lu. Le Lu-tchun à vent etoit

compofé de treize tuyaux & le Lu- tchun à cordes, de treize

cordes, mais celui-ci fe régloit fur l'autre, comme étant un

ïnftrument fixe & dont les intonations etoient permanentes,

Auffi les différentes fortes decheng, c'eft-à-dire le yu le

tchao le ho & le cheng proprement dit tiennent-ilsaprès

\a cloche & la pierre fonore le premier rang parmi les

Page 88: Memoires concernant les chinoise 6

DES CHINOIS.

Lij

inftrumens de mufique. C'eil: fur le cheng que fe règlent les

autres inftrumens & le Maître du cheng, dans l'ancien céré-

monial etoit un de ceux qui recevoient immédiatement leurs

ordres du Tay-tchang-fee c'eft-à-dire du Grand-Maître ou.

Préfîdent du Tribunal des Rits.

L'ancien cheng, tel que je l'ai décrit m'a paru n'être pas

eout-à-fait indigne des regards de nos François. UnAntiquaire

Chinois m'en a procuré des deux efpeces ( le grand & le petit

cheng) qui font, au nombre des tuyaux près exactement

conformes auxyu & aux ho des Anciens je les envoie à M.

Bertin (bb). Ce digne Miniflre ami zélé des Arts leur

donnera fans doute une place dans fon cabinet des curiofités

chinoifes où les Savans & les curieux pourront les aller voir

& les examiner à loifir. J'en envoie une paire de chaque efpe-

ce, car ces inftrumens vont toujours par paires, & j'aurois

manqué effentiellement au cérémonial des Chinois fi je

m'etois avifé de les ifoler.

L'on pourra en démonter un de chaque efpece en ôter les

tuyaux, pour voir comment ces inftrumens font conftruits. Si

on les fait fonner, on n'aura pas befoin de recourir à des juges

étrangers & quelquefois fufpe£ts pour décider fur quel ton

eft la mufique chinoife d'aujourd'hui car dans les mufîques

ordinaires le cheng e(l l'infirument fixe furlequel comme je

l'ai dit tous les autres doivent fe régler. S'il me refte afl'ez de

tems j'en donnerai la tablature à la fuite de celle du Kïn à

la fin de ce Mémoire (ce ).

Voilà fur les différentes fortes de fons un trèi-petit abrégé

( bb ) Ces chengont été envoyés.Ilsiont dans le cabinetde M. Bertin.

(ce) Les travaux multiplies de

notre illnftre Miffionnaire l'ont

empêché fans dqute de donner

cette tablature. On ne la trouve

ni dans le Manukrit de M. Bénin

ni dans celui de laBibliothèque

du Roi. Celle du Kïn eft ù la Uo;

fieme Partie ? article 4.

Page 89: Memoires concernant les chinoise 6

DE LA MUSIQUE

de ce qui fe trouve très au long & féparément dans une multi-

tude de Livres, difficiles à débrouiller, plus difficiles encore à

analyfer. Cette première Partie de mon Mémoire, qui, pour

parler le langage Chinois ne traite que des fons non encore cir-

confcrits dans les limites du ton, n'eft intéseffante qu'autant

qu'elle met fous les yeux la manière tout-à-fak finguliere dont

on envifage les objets dans cette contrée du monde. Cette fingu-

làrité feule eft une preuve que les Chinois font auteurs d'un

fyftême qu'aucun autre peuple n'a traité comme eux. On pour-

roit encore en conclure que puifqu'elle a eu lieu dès les pre-

miers tems de leur Monarchie ils font les inventeurs encore

d'une foule d'autres Arts, fans lefquels ils ne fuffent jamais venusà bout de tirer, des différentes productions de la nature les

huit fortes de fons auxquels ils croient que tous les autres fe

rapportent. En effet combien de connoiffances ne falloit-il pas

queceux qui les premiers ont fait les ïnftrumens dont j'ai parlé,

euffent déja acquifes I

Quoi qu'il en foit fi l'on a quelque peine à tirer cette der-

niere conféquence fur ce que j'ai déja dit dans cette première

Partie on y fera peut-être forcé, après qu'on aura lu ce qui me

refle à dire.

Jufqu'à préfent, avec un peu de patience, le Lecteur a pu me

comprendre mais pour les matières qui me relient à traiter,

outre la patience, je lui demande une attention plus qu'ordi-

naire, & je le prie de vouloir bien, en fe dépouillant de tout

préjugé ne voir les objets que dans le point de vue convena-

ble, & de ne former de jugement qu'après avoir tout vu.

Fin de la première Partie.

Page 90: Memoires concernant les chinoise 6

DES CHINOIS.

SECONDE PARTIE,

DES LU,

ARTICLE PREMIER.

DES L v en C É N É R A L.

J_j E s Inventeurs de la Mufique, chez les Chinois, ne penfe-

rent pas d'abord que l'Art qu'ils venoient d'inventer pouvoit

être elevé à la dignité de Science, de Science proprement dite, }

& dans toute la rigueur du terme. Contens d'avoir fu tirer, des

diverfes produétions de la nature différentes fortes de fons

qu'ils pouvoient marier avec ceux de leur voix, lorfqu'ils chan-

toient des Hymnes & des Cantiques en l'honneur du Ciel 8c

des Ancêtres, ils ne fuffent peut-être pas allé plus loin fi la

difficulté de renouveller les inftrumens dont ils tiroient ces fons

ne les eût comme forcés de chercher quelque moyen facile &

fur qui les difpenfât des tâtonnemens, ..& des effais multipliés

qu'il avoit fallu faire pour la conftruclion des premiers inftru-

mens.

L'oreille avoit été jufqu'alors leur feul guide. Mais tout le

monde a-t-il de l'oreille ? & ceux qui en ont pofledent-ils tou-

jours cette adreffe, ces talens néceffaires, fans lefquels il eft

dinicile de travailler avec fuccès ? Les Chinois comprirent

enfin qu'il n'etoit pas impomble de trouver quelque méthode,

quelque regle infaillible, qui pût fuppléer les fecours de l'oreille.

Hoang-ti venoit de conquérir l'Empire & de mettre fous

le joug tous ceux qui s'etoient rangés fous les étendarts de

Page 91: Memoires concernant les chinoise 6

DE LA MUSIQUE

Tché-ycou. N'ayant plus d'ennemis à combattre, il s'appliqua

de toutes tes forces à rendre fes fujets heureux. Il régla leurs

mœurs par de fages loix & par l'invention de la plupart des

Arts utiles & agréables, il leur procura les avantages & tous

les agrémens qu'on peut goûter dans la vie civile. Que ne puis-

je, fans m'ecarter trop de mon fujet, tracer dans le détail

toute la conduite de ce fage Légiflateur Tout ce que l'hiftoire

profane nous raconte des Légiflateurs des autres nations, n'ap-

proche pas fans doute de ce que je pourrois dire, avec vérité,

du Légiflateur des Chinois. Mais je ne dois rapporter ici de lui

que ce qui concerne le fujet que je traite.

/7<?n/y dit fHifloire o>donna ci LYmG-LUN de travailler

à régler la Mujîcjue. Lyng-lun fe transporta dans le pays de

Si-joung, dont la pofition eft au nord-oueft de la Chine. Là eft

une haute montagne au nord de laquelle croiffent des bam-

bous d'une très-belle venue. Chaque bambou eft partagé, dans

fa longueur, par plufieurs nœuds qui, féparés les uns des autres,

forment chacun un tuyau particulier (a).

(a) Je Supprime ici diverfes

fables queracontent les Chinois,

{avoir, que Lyng-lun prit l'un de

ces tuyaux,le coupa entre deux

nœuds en ôta la moëlle fouffla

dans le tuyau & qu'il en fortit un

fon qui n'etoit ni plus haut ni

plus bas que le ton qu'il preno'u lui-

même lorf qu'il parloit fans être

officiéd'aucune paffiorz effet bien

plus que merveilleux puisque

dans un tuyau ainfi ouvert & aufli

court qu'onle fuppofe ( etant

coupé entre deux nœuds ) le

fouffle doit paffer de part en part

fans rendre aucun fon. Quoi qu'il

en foit, non loin de-là, la fource

du fleuve Hoang-ko, forîanî de

terre avec bouillonnement rend

un fon & ce fon etoit précifément

fur le ton du tuyau ouvert par fes

deux bouts. Voilà le premier fon

le fon fondamental des Lu, bien

établi. Mais voici tous les douze

Lu.

Le foung-hoang ( oifeau comme

notrephénix ) accompagné de

fa femelle, vient tout-à-coup fe

percher fur un arbre voifin le

mâle donne fix fons différens &

la femelle fix autres voilà bien

les fix lu yang & les fix lu yn

( Voyez note t de la première Par-

tie, page 66). Enfin le premierfon que donne le foung-koang mâle

fg trouve comme cela devoit

Page 92: Memoires concernant les chinoise 6

D E S C H I N O I S, IL Pan.

Lyng-lun,muni d'un bon nombre de ces tuyaux, de diffé-

rentes longueurs, vint les etaler devant fon Souverain, en

préfencede tous les Sages qui compofoient fa Cour. Il avoit

déja fait la découverte que l'intervalle que nous nommons

octave etoit diviiïble d'une manière fenr.ble en douze demi-

tons il fépara des autres tuyaux ceux qui donnoient ces demi-

tons (l) les fit fonner l'un après l'autre & reçut les applau-

diffemens qu'il méritoit.

être ( quoiquele texte dife par

un bonheur inefpéré) fur le même

ton du tuyau ouvert par fes deux

bouts, & du fou rendu par le

bouillonnement de la fource du

Hoang-ho fonqui

ne peut cepen-

dant être qu'un bruit. Néanmoins

d'après toutes ces indications

Lyng-lun coupe douze tuyaux, les

prépare & aprèsles avoir accor-

dés, dit le P. Amiot, avec les

douzefons du chant de l'un &l'autre foung-hoang

de la maniere,

ajoute-t-il avec raifon que tout le

monde petit bien imaginer il s'en

retourna vers l'Empereur pour lui

rendre compte de la découverte.

Dépouillons ce récit continue le

P. Amiot de tout ce qu'il peut avoir

de fabuleux &c. C'eft ici que j'airepris fon texte.

Au refte les Chinois ne font

pas le feul peuple dont les Ecri-

vains qui n'entendoient rien à la

icience des fons aient inventé

des fables pour honorer, à leur

manière, les instituteurs des prin-

cipes de la Mufique. Voyez dans

mon Mémoire fur laMujique des

Anciens, la note ade l'avant-propos, 5

page 2, & la note 37, page 22.1.

(£) Le P. Amiot en fuivant

toujours les Auteurs Chinois dit

ici Il féparades autres Us do;rLe

tuyaux qui donnoient tous les fonsde ïoclave. J'ai eté obligé de chan-

ger cet endroit parce que pouravoir tous les fons d'une o£tavedivifée par demi-tons il faut

treize tuyaux. J'aurois pu fubfhtuer

le mot treize à celui de dou^e fi

le plan de cet article, comme on

l'a déja vu à la note précédenten'etoit de trouver dans douze

objets l'origine des douze lu. IL

eft certain qu'il ne fautque douze

tuyaux pour former douze lu

mais il en faut treize pour avoir

douze demi-tons parce qu'un lu,un fon quelconque n'eft

ni un

tonni un demi-ton. Ce

qu'on

appelle ton ou demi-ton eft l'in-

tervalle entre un lu & un autre

entre un fon & un autre fou. Par

exemple, l'intervalle entre ut 8; ra,eft un ton l'intervalle entre mi

6cfa, eft un demi-ton. Mais ni

fut, ni le mi dans ce cas ne font,ni un ton ni un demi-ton bien

que plufieurs perfonnes l'entendent

ainfi. On pourroit néanmoins fou-

tenir à ces perfonnes, d'après leurs

idées mêmes, que l'ut n'eft qu'un

demi-ton 3 & que le mi eft \m ton; 3

Page 93: Memoires concernant les chinoise 6

DE LA MUSIQUE

infecles y

11 talloit donner un nom à chacun de ces tuyaux; il falloit

en fixer les proportions réciproques il falloir en mefurer toutes

les dimenfions. La fécondité de fon génie lui fournit un expé-dient facile pour venir à bout de tout cela.

Parmi les différentes fortes de grains que la nature produit

pour la nourriture & les autres befoins de l'homme il en eft

d'une efpece qui prefque tous femblables entr'eux & par

leur forme, & par leur poids, & par leurs dimenfions, font

dcfignés par un caractèrequi fe lit chou. Je crois que nous

pourrions Fappelier du nom de gros millet mais laiffons-lui fon

nom chinois pour ne pas nous tromper. C'efr. aux grains de

chou que s'attacha Lyng-lun pour exécuter ce qu'il avoit

imaginé.

Il s'en fît apporter de toutes les couleurs; car il y en a de

jaunes, de noirs, de cendrés, & de prefque rouges. Il choifït

les noirs préférablement aux autres parce qu'ils lui parurent

en général d'une figure plus régulière plus uniformes entre

eux, plus durs & moins fujets à être altérés foit par les

il n'y auroit pour cela qu'à faire

une autre fuppofition quela leur

c'eft de monter à'ut à rc-bcmol &C

de rni à fa-diefe. On voit par-là

qu'un ut un. re un mi un fon

quelconque en un mot n'eft pas

plus un ton qu'un demi-ton, ou

bien il eft ce qu'on veut fi on

prendla choie dans un iens ab-

ilirde.

Cette remarque feroit peut-être

trop minutieufe par-tout ailleurs

mafs elle ne l'eft point ici, parce

que les Chinois comme on le

verra dans cet Ouvrageont eux-

memes cinq tons iiivoïr ,fi, fol,

la ut rc, ck deux pien ou demi-

tons, fi Si mi enfone quedans

les fept notes conjointes fa fol

la fi ut,re, mi, ils ont cinq tons

& deux demi-tons. Or, il eft ai{é

de voir par maremarque que

pour bien entendre ce que veulent

dire les Chinois par leurs tons &

leurs demi-tons, il faut fous ces

expreffions, n'envisager autre chofe

que des fons. En eftet dans leurs

cinqtons, par exemple fa fol 51

la ut rc il n'y a réellement quetrois tons tfafol fol la ut rc &

une tierce la ut bien qu'il y ait

cinq notes ou ions de même

dans fa, fol, la ,Jî, ut re, mi il

n'y a que cinq tons & un demirton,

quoiqu'il yait fept

fons.

Page 94: Memoires concernant les chinoise 6

DES CHIN0 1S,A«.

Tome VL M

A

infectes foit par les variations & lesintempéries de l'air. Il

en rangeal'un contre l'autre & fe touchant par le

plus petit

diametre autant qu'ilfut iiéceffaire pour égaler la longueur

du tuyau dont il avoit tiré le fon primitif & fondamental il

les compta & trouva quele nombre etoit exactement de

cent.

Il les rangeaenfuite dans un autre fens de manière

qu'ils

fe touchoient parleur

plus grand diametre & il ne lui fallut

plus que quatre-vingt-un grains pour égaler la longueur des

cent, rangés dans le premier fens. Il s'en tint à ce nombre de

quatre-vingt-un pour fixer la longueur du tuyau qui donnoit le

fon primitif.11 falloit donner un nom à ce ton primitif, il fut

conclu qu'on l'appelleroit JCoung. Ce mot pris dans le fens

littéral fignifie Palais impérial, Maifon royale &c. mais

dans le fens figuré il lignifiele

foyerdans

lequel fe réuniffent

tous lesrayons de lumière qui eclairent le gouvernement & le

point central de toutes les forces qui le font agir &c. Par

conféquent le nom de Koung, donné au premier des fons

exprime, dans le fens figuré le fon fur lequel efl fondé tout le

fyfléme mufical.

ïl falloir encore donner un nom au tuyau dont on tiroit ce

fon primitif;on

l'appella Hoang-tchoung.,nom

qui veut dire

à la lettre cloche jaune mais qui dans le fens figuré fignifie »-

.Principe inaltérable de tous lesinjîrumens

dont on peut tirer les

différais fons.Le

hoang-tchoung fut ainfi nommé difent ceux

qui ontglofé fur l'Hiftoire", par allujîon

ci la couleur jaunede cette terre primitive qui efl l'un

des principesde tous les

corps & à laqualité invariable de la matiere qu'on fait entrer

dans la compojîtion de la cloche (c).

( c) On peut penfer que ces

GloiTateurs ne voient pas, dans le

mot hoang, tout ce qu'il faut y

voir. La couleur jaune défignee

par ce mot étant la première des.

cinq couleurs des Chinois il y a

Page 95: Memoires concernant les chinoise 6

DE LA MUSIQUE

infe&es )1

il falloit donner un nom à chacun de ces tuyaux; il falloit

en fixer les proportions réciproques; il falloit en mefurer toutes

les dimenfions. La fécondité de fon génie lui fournit unexpé-

dient facile pour venir à bout de tout cela.

Parmi les différentes fortes de grains que la nature produit

pour la nourriture & les autres befoins de l'homme il en eft

d'une efpece qui prefque tous femblables entr'eux & parleur forme, & par leur poids, & par leurs dimenfions font

défignés par un caraâere qui fe lit, chou. Je crois que nous

pourrions l'appeller du nom de gros millet mais biffons-lui fon

nom chinois pour ne pas nous tromper. C'eft aux grains de

chou que s'attacha Lyng-lun pour exécuter ce qu'il avoit

imaginé.

Il s'en fit apporter de toutes les couleurs; car il y en a de

jaunes de noirs, de cendrés, & de prefque rouges. Il choifit

les noirs préférablement aux autres parce qu'ils lui parurent

en général d'une figure plus régulière plus uniformes entre

eux, plus durs & moins fujets à être altérés foit par les

il n'y auroît pour cela qu'à faire

une autre fuppolîtion que la leur

c'eft de monter d'ut à n-btmol &

de mi à fa-diefe. On voit par-là

qu'un ut un re, un mi un fon

quelconque en un mot n'eft pas

plus un ton qu'un demi-ton, ou

bien il eft ce qu'on veut fi on

prend la choie dans tin fens ab-

ilirde.

Cette remarque feroit peut-être

trop minutieufe par-tout ailleurs

mais elle ne l'eu point ici parce

que les Chinois comme on le

verra dans cet Ouvrage ont eux-

mçmes cinq tons, lavoir fa, fol,

la ut n & deux pien ou demi-

tons, fi & mi , enforte quedans

les fept notes conjointes fa, fol^la

,Jî ut, re, mi, ils ont cinq tons

& deux demi-tons. Or, il eft aifé

de voir par ma remarque que

pour bien entendre ce que veulent

dire les Chinois par leurs tons &

leurs demi-tons, il faut fous ces

expreffions, n'envifager autre chofe

que des fons. En effet dans leurs

cinq tons par exemple fa, fol

la m re il n'ya réellement que

trois tons fa. fol fol la ut n &C

une tierce la ut bien qu'il y ait

cinq notes ou fons de même

dans fa fol la fi ut re mi il

n'y a que cinqtons & un dçmi-:ton} J

quoiqu'il y ait fept fons.

Page 96: Memoires concernant les chinoise 6

DES CHINOIS, Pan.

Mij

1'employa, & toutes les difficultés disparurent. L'on dit dès-

lors, comme on a toujours dit depuis le diametre d'un grain

de chou, ou gros millet, équivaut à un fin ou une ligne dix

fen ou lignes egalent un tfun ou pouce dix tfun ou pouces

font la longueur d'un tché ou pied dix tc/ié ou pieds font un

tchang & dix tchang font unyn.

L'on procéda de la même manière pour les mefures décroif-

fantes, c'eft-à-dire pour celles qui'devoient défigner les frac-

tions du fin ou ligne, & l'on dit le diametre d'un grain de

choit, eft ce qu'on défigne par le mot fen ( ou ligne ). La

dixième partie de ce fen eft un ly, la dixieme partie du ly eft

un hao la dixieme partie du hao eft un fee, la dixieme partie

du fee eft un hou la dixieme partie du hou eft un ouei 8c la

dixieme partie du ouei eft un kié. Le kié eft donc la dix-millio-

nieme partie d'un/è/z ou ligne.

Après avoir fixé l'évaluation de l'étendue, on travailla à

fixer celle de la capacité, pour l'autre genre de mefures. Les

grains de chou furent encore employés & le fon fondamental,

le hoang-tchoung, fut auffi le principe des nouvelles mefures. Le

tuyau qui donne le ton de hoang-tchoung contenant 1200

grains de chou, on donna à ce tuyau, pris pour mefure le

nom de yo & l'on détermina que deux yo feroient un ko

que dix ko feroient un cheng que dix cheng feroient un teou

& que dix teou feroient un hou.

Quelques Auteurs prétendent que du tems de Hoang-ty

même on avoit trouvé que le folide duyo, & par conféquent

du tuyau qui fonne le hoang-tchoung etoit de ySifen, 92 ly

750 hao que le folide du ko etoit d'un tfun, 964 fen, y

1^1 ly & demi que le folide du cheng etoit d'un tché 9 tfun,

641 fen, 855 ly que le folide du teou etoit de 196 tfun F

418 fen 550 ly & enfin que le folide du hou etoit de

Page 97: Memoires concernant les chinoise 6

DE LA MUSIQUE

1964 tfun 1*85 fen & demi. J'entrerai dans le détail de ces

mefures à l'article i o de cette feconde Partie.

D'autres Auteurs afîurent qu'outre les mefures dont je viens

de parler Hoang-ty en fixa quelques autres qui nous ont eté

confervées par les foins de Ouen-ouang, de Tcheou-koung fon

fils & du fage Tay-koung.

Il réfulte de tout ce que je viens d'expofer, que les Inven-

teurs de la Mufique chez les Chinois donnerent pour ainfi

dire un corps au ton fondamental; qu'ils mefurerent ce corps

dans toutes fes dimenfions & qu'ils firent de cette mefure le

principe & le fondement de toutes les autres mefures. Ils alle-

rent plus loin par le moyen de ce même fon fondamental

ils fixerent les poids & la balance.

Le tuyau qui rend ce fon fondamental, le hoang-tchoung

comme on l'a vu, contient 1200 grains de chou. Ainfi il fut

aifé de ftatuer que tout corps qui feroit équilibre avec ces

i 200 grains, feroit dit avoir le poids d'un yo. Sur ce poids on

fixa tous les autres voici comme on raconte que procédèrent

les Sages de la Cour de Hoang-ty.

Les douze lu, dirent-ils, ou ce qui eft la même chofe les

douze demi-tons qui font renfermés entre les bornes d'une

oftave font tous contenus dans le hoang-tchoung comme

dans leur principe ( e ); partageons le hoang-tchoung en douze

(e) Les douze Lu fa, ut ,fol donnent, en y ajoutant l'ofîave du

re, la, mi Jî,fa% ut% ,fol% premier fon la férie des douze

re%, la^ etant rapprochés par demi-tons fuivansles moindres intervalles poffibles

E X E M P L E.

FA/^ fol fom la laUfi ut ut% re rc^ ml fa.

De quelque manière que l'on

conçoive l'ordre des là il eft tou-

jours vrai de dire que le hoang-

tchoung, qui eft ici fa eft le prin-

cipe des autres lu.

Page 98: Memoires concernant les chinoise 6

DES C H I N O I S, IL Pan.

parties egales& nous aurons cent

grains pour chacune de ces

parties. Le poids de ces cent grains aura le nom de tchou &

tout corps qui fera équilibreavec cent

grainsfera dit avoir

le poids d'un tchou. On conçoit aifément tout le refte de leur

procédé pour la fixation des autres poids. Je me contenterai

d'en mettre ici le réfultat en commençant par le poids d'un

grain de chou, quiefl le

plus petit despoids

ordinaires.

On compte un grain de chou, deux, trois, &c, jufqu'àneuf

enfuite dix grains font un lez dix lei font un tchou fix tchou

font un tfee quatre tfee font un leang qui eft l'once. Ainfi. le

yo, mefure du f on fondamental duhoang-tchoung & qui

contient 1 200 grains, pefe une demi-once. Un yo fait le demi-

leang ou demi-once deux yo ou 24 tchou font un leang ou

l'once feize leangfont un kin c'eft la livre trente kin ou

livres font un kiun, & quatre kiwi font un tan.

On voit par-là que le lu fondamental eft regardé comme

uncorps qu'on peut pefer & mefurer qui peut fe compofer

& fe décompofer,& dont toutes les parties peuvent être cal-

culées.

Sous Hoang-ty lelu

générateurfut fixé, comme je J'ai dit

plus haut, à neuf pouces de longueur.Ce nombre eil le der-

nier terme de la figure lo-chou. Neuf fois 9 egalent 81 ainfî

hoang-tchoung, qui eft ce lu générateur eft conftitué par §1l

parties egales dont on peut prendre tel nombre qu'on voudra

pour former les autres lu.

Pour la facilité du calcul, onfubftitua, comme je l'ai dit,

le nombre i o à celui de 9 & l'on procéda par la progreffion

décuple. Or 10 eft le dernier terme de la figure ho-tou ,• ainfi

en formant le' lugénérateur, fuivant cette figure, le hoang-

tchoung aura 10 pouces de longueur, & le nombre de fes par-

ties fera de 100 parce que dix fois 10 egalent 100 (le pouce

étant de i o lignes )..

Page 99: Memoires concernant les chinoise 6

DE LA MUSIQUE

Pour bien faire dit Tfai-yu, il faut fuivre la méthode des

Anciens & joindre les nombresimpairs de la figure lo-chou,

aux nombres pairsde la figure ho-tou ( f ). Cette méthode n'ejî

pas fimpkment l'ouvrage de l'homme; elle aetéfuggérée

à l'hom-

nze parle Ciel lui-même lorfqu'il lui montra les figures lo-

chou & HO-TOU fur la maifon de la tortuemyfiérieufe & fur

le corps du dragon-cheval.

Ce qui efi caufe, continue Tsai-YU que les lu font depuis

prés de trois mille ans dans un etat et imperfection qui eût révolté

les Anciens (g) c'eft que quand l'empire des Tcheou com-

mença à décheoir de fon anciennefplendeur,

l'on ne s'occupa

plus quede guerre

& la doclrine des Lu fut entièrement négli-

gée. Vinrent enfuite les TsiN qui bouleverferent tout. Aprèsles

TsiN les H AN mirent tous leurs foins ci recouvrer tout ce qui

s'etoit perdu de la vénérable antiquité mais Lieou-hING &

Pan-kou qui furent chargés de régler les Lu les calculèrent

mal, parce qu'ils nentendoient pas bien tous lesmyfleres qui

( f) Paffage bien précieux, dont

il feroit à fouhaiter que les Chinois

modernes n'eurent pas perdu le

fens & l'application En effet joi-

gnez,fuivant la méthode des An-

ciens, les nombres pairs aux nom-

bres impairs c'e/î-à-dire la. pro-

greffion double à la progreffion

triple, & vous aurez tout le iyftême

muflcal. Voyezdans mon Mémoire

fur la Mufiquedes Anciens page

248 le tableau qui repréfente

par ces deux progreffions c'efl-à-

dire, par les nombres pairs & les

nombres impairs deuxportions

du fyftême général, donne par une

férie de douze fons fondamentaux.

(g) Aveu de la part du Prince

TJài-ju, qui confirme l'excellence

de cette méthode qu'ildit avoir

été fuggérée à l'homme par le Ciel

lui-même mats dont il paroît à

peine avoir fenti tout le mérite

puifqu'il confeille comme on le

verra à l'article 5 à ceux qui vou-

droient travailler fur les Lu de

ne pas tant s'attacher à fuivre la pro-

greffîon triple des Ancims qu'ilsnen ajoutent quelqu'autre pour lui

fervir de fupplément & même de

correciif dans certaines oesafons.Nous verrons en fon lieu

(art.

13), que ce fupplément & ce cor-

rectif ne donnent malheureufement

que des fons irrationnels,des demi-

tons de fantaifie pur ouvrage de

V homme, & noTïfuggérésparle Ciel.

Page 100: Memoires concernant les chinoise 6

DES CHINOIS, Pan.

font renfermés dans les nombres des figures lo-CHO V & HO-

toc/. Ceux qui font venus après eux les ont pris pour modèles,

font entrés dans les routes qu'ils avoient tracées &fe font éga-

rés comme eux, &c.

Suivons nous-mêmes le Prince Tfai-yu pas à pas. Voyons

s'il a pris la route des Anciens, ou fi, comme les autres, il ne

s?eft point egaré. Mais auparavant, il nous faut dire quelque

chofe de chacun des Lu en particulier c'eft le fujet de l'arti-

cle fuivant.

Au refte le commun des Lefteurs peut paffer légérement

fur certains détails où je vais entrer dans cet article. Mais ceux

qui veulent que les Chinois foient redevables aux Egyptiens de

leurs arts & de leurs fciences doivent tout lire avec attention.

Ce n'eft qu'à ce prix qu'ils peuvent fe mettre en état de porter

un jugement exempt de tout préjugé.

ARTICLE SECOND.

D E S • Lu EN PARTICULIER.

jLj ES Lu font au nombre de douze, dont fix font yang ou

parfaits, & les fix autres yn ou imparfaits cela veut dire que

parmi les douze demi-tons qui partagent roc'ta-ve ( h ) il y en

(A) Les douze demi-tons qu'on

peut placer dans une octave ne

font qu'unecombinaifon des douze

lu rangés par quintes. Voyez ci-

devant note e page cji. C'eft

néanmoins cette combinaifon que

les Chinois modernes regardent

comme l'ordre naturel des Lu. Les

tuyaux qui repréfentent ces lu &c

quifont des lu eux-mêmes ces

tuyaux dis-je rangés par ordre il

felon leurs diférentes longueurs

c'eft-à-dire par demi-tons com-

me le font les cordes de nos cla-

vecins, ôntpu jetter dès long-tems

les Chinois dans cette erreur &c

ils ont appliqué à cette fuite de

demi-tons, les noms que les an-

ciens Chinois avoient impoiés à

une fuite de confonnances comme

Page 101: Memoires concernant les chinoise 6

DE LA MUSIQUE

lune 3

a fix qui répondent aux nombres impairs premier, troifieme 9

cinquieme &c. ce font les yang; s & fix qui répondent aux

nombres pairs deuxième quatrieme, fixieme, &c., ce

font les yn (z).

Les Lu yang, ou parfaits, gardent conflamment le nom de

lu; mais lesLujTz ou imparfaits font appellés indifféremment

y ri' lu fee toung & le caraftere Chinois qui défigne Xyn-lu

eft tout différent de celui par lequel on exprime Yyang-lu.

Hoang-tchoung tay-tfou kou-Ji joui-pin, y-tfê & ou-y 5

font les noms qu'on a donnés aux fix yang- Lu ou de nombre

impair. Ta-lu kia-tchoung tchoung-lu lin-tchoung nan-hc

Scyng-tchoung, font les noms qui défîgnent les fix yn-lu ou de

nombre pair.Tous ces noms font fymboliques & font allufion

de près ou de loin aux différentes opérations de la nature, dans

l'efpace des douze lunalfons, dont une année commune eil

compofée, parce que chaque lu, fuivant la doQxine Chinoife, '}

correfpond à une lunaifon, & lui donne fon nom.

Hoang-tchoung qui efl le principe le pere & le géné-

rateur des autres lu, répond à la onzieme lune, parce que

c'eft à cette lune que fe trouve le folflice d'hiver que c'eft à

ce folftice que commence l'année agronomique, & que la

onzième lune eftregardée comme le principe de toutes les

autres. Auffi porte-t-elle le même nom que le lieu du zodiaque

où fe trouve alors le foleil & s'appelle tfee. Ce nom eft celui

du premier des caractères cycliques. Ainfi lorfque par le

caractère tfee, on défigne & le hoang tchozcng~, & la onzieme

on le verra dans la feconde Obfer-

vation, à la fin du Mémoire. En

attendant il faut fe mettre au pointoù en font les Chinois modernes

fi l'on veut entendre leur doÛrine

fur divers objets.

(/) J'aifupprimé

ici les mots

de majeur Se de mineur, par lefquelsle P. Amiot défigne ces deux fortes

de lu.Voyez les raifons que j'ai

apportées à ce fujet, note t de la

premiere Partie page 66.

Page 102: Memoires concernant les chinoise 6

DES CHINOIS, Pan.

Tome VI. N

lune & le pointdu ciel par où l'on commence pour régler

l'année l'on entend défigner celui des douze lu d'où dérivent

tous les autres celle des douze lunaifons qui donne commen-

cement à l'année folaire, & le lieu d'où le foleil eft cenfé partir

pour commencer fa courfe annuelle.

Tay-tsou le fecond des yang~lu répond à la lune qui

commence l'année civile appellée communément première

lune & défignée par le carafterecyclique yn. Comme alors

tout ce que doit produire la terre a déja pris racine, commence

à prendre ton accroiffement & eft encore fans marque dif-

tinéKve de ce qui, de fa nature, doit atteindre à la plus grande

hauteur, ou de ce qui ne doit que ramper fur la terre ou ne

s'elever que très-peu,, on a donné à cette lune, & à fon lu cor-

refpondant, le nom de tay-tfou qui fignifie la grande égalai.

Kou-Sl, le troifieme des yang-lu répond àlatroifieme lune

de l'année civile, défignée parle caraâere cyclique tchen.

Comme alors toute la nature femble reprendre une nouvelle

vigueur on voulut que cette lunaifon & fon lu correfpondant,

euffent le nom de kou-Jî qui fignifie Y ancien renouvelle.

Joui-pin le quatrieme des yang-lu répond à la cinquieme

lune de l'année civile, défignée par le caraftere cyclique ou.

Cette lune & ion lu correfpondant portent le nom de joue-pin

qui Cigmiie peu nécejjaire dont on peut fe pajjir &c.

Y-tsè le cinquieme des yang-lu répond àlafeptieme lune

de l'année civile, défignée par le caraftere cycliqueclien. Cette

lune & fon lu correfpondant, portent le nom dey-tfc. PTignifie

tuer mettre à mort &c.; & tfè infiniment de fupphces &C.

Ce lu & cette lunaifon ont été ainfi appellés, parce quec'eft

dans ce tems qu'on coupe les fruits qui font alors tous ou prel-

quetous dans leur maturité.

Ou- Y le fixieme &r le dernier des yang-lit, répond à la

neuvieme lune de l'année civile défignée par le cara&ere

Page 103: Memoires concernant les chinoise 6

DE LA MUSIQUE

cyclique jîu. Cette lune & fon lu correfpondant portent le

nom de ou-y, qui fignifie non encore fini, parce que dans ce

tems, qui eft celui de l'automne la nature venant de donner

fes productions laiffe cependant appercevoir encore quelques

reftes de cette vertu productrice qui anime tout.

Les yn-lu ont aufli leurs noms fignificatifs & fymboliques

comme les yang-lu je vais en fuivre l'ordre comme j'ai fait

de ceux-ci.

TA-LU le premier dcsyn-lu répond à la douzieme lune

de l'année civile défignée par le caractère cyclique tckeou.

Cette lune & fon lu correfpondant portent le nom de ta-lu

qui fignifie grand coopéraieur parce que les deux principes

yn & yang concourent egalement alors à la production des

chofes, en fourniffant Fun & l'autre les vertus qui leur font

propres.

Kia-tchoung, le fecond desyn-lu répond à la féconde

lune de l'année civile, défignée par le cara&ere cyclique mao.

Cette lune & fon lu correfpondant portent le nom de kia-

tc/ioung, qui fignifie cloche fenée des deux côtés, parce qu'alors

tous les germes font encoreenveloppés dans les pellicules qui

les renferment mais comme les principes yn & yang agiffent

confhmment fur eux, ils en reçoivent peu-à-peu la force de

pouvoir fe développer quand il en fera tems.

Tchoung-lu le trôifieme des yn-lu répond à la quatrie-

me lune de l'année civile, défignée par le cara&ere cyclique

fee. Cette lune & fon lu correfpondant portent le nom de

tchoung-lu qui fignifie coopérateur moyen parce que c'eft

alors que le principe inférieur (Yyn ) femble pour la feconde

fois reprendre toutes fes forces pour concourir fuivant fa

nature à la produftion des chofes.

LIN-TCHOUN G le quatrieme des yn-lu répond à la fixieme

lune de l'année civile défignée par le cara&ere cyclique ouei.

Page 104: Memoires concernant les chinoise 6

DES CHINOIS, Part.

N ii

Cette lune & fon lu correfpondant portent le nom de lin-

tckoung, qui fignifie clochedes forêts, parce que c'eft alors que

les forêts font embellies de toute la verdure dont elles font

fufceptibles & qui fait leur principale beauté.

Nan-lu le cinquieme des yn-lu, répond à la huitieme lune

de l'année civile, défignée par le cara&ere cyclique yeou.

Cette lune & fon lu. correfpondant, portent le nom de nan-lu 3

qui fignifie coopératzur du midi parce que c'eft alors que la

terre eft chargée de fruits, & que ces fruits fontl'ouvrage de

ïYang-kl, auquel ïYn-kï a prêté fa coopération, pour la croif-

fance & la nutrition.

Yng-tchoung le fixieme & le dernier des yn-lu, répond.

à la dixieme lune de l'année civile, défignée par le caractère

cyclique hai. Cette lune & fon lu correfpondant, portent le

nom de yng-tchoung qui fignifie cloche d'attente parce

qu'alors l'ouvragecommun des deux principes yn tk yang,

etant dans l'attente de fon développementle

principe yang,

ou parfait, celle fes opérations, & jouit d'un repos qui doit

lui faire acquérir de nouvelles forces pour recommencer quand

il en fera tems.

ARTICLE TROISIEME.

Dimensions des S Lu.

JLjES lu font invariables, parce que n'etant par eux-mêmes

que la repréfentationde retendue de Foétave divifée en douze

demi-tons, il eft evident qu'ils confervent toujours entr'eux la

diflance qui leur a eté affignée par la nature. Les hommes ne

peuvent rien contre cette loi éternelle tout au plus ils peuvent

donner des preuves de leurs talens ou de leur mal-adreffe en

Page 105: Memoires concernant les chinoise 6

DE LA MUSIQUE

affignant bien ou mai, ou par des calculs ou au moyen de

fimples inftrumens les bornes de chaque division. C'eft-là

précifément ce qui efl arrivé aux Chinois, dès les premiers tems

de leur Monarchie.

La divifion de l'oftave en douze demi-tons, fut trouvée

fous Hoang-ty leur Légiflateur. On a vu à l'article premier

de cette féconde Partie, comment on s'y prit pour faire'cette

divifioii. Douze tuyaux, de même calibre mais de différentes

longueurs, furent les premiers moyens dont on fe fervit pour

obtenir les douze lu. Le lu principaldonna lieu à l'invention

des mefures & l'on employa les mefures pour affigner une

proportion fixe à chacun des autres lu. Mais comme fous les

trois premieres dynafties, les mefures ont varié, & que les lu,

toujours les mêmes entr'eux n'ont pu varier comme elles, on

s'eft contenté de changer les dimenfions du lu primitif, du

koang-tchoung & par une conféquence néceffaire les dimen-

fions des autres lu ont dû être changées proportionnellement,

à celles de leur générateur. On ne s'attend pas fans doute que.

j'entre ici dans tous les détails des différentes opérations qui

ont occupé en divers tems les Muficiens-Philofophes de la

Chine, lorfqu'il a été queftion d'affigner à chaque lu fa véri-

table mefure. Je me contenterai de donner le réfultat de ce

qui me paroîtra mériter le plus .l'attention de nos Philofophes-

Muficicns..Voyez la figurei de cette féconde Partie, & fon,

explication.

Sous Hoang-ty on commença par affigner, au lu primitif,

des- dimenfions par nombres impairs. Sa longueur fut de 8.1t

parties égales fa circonférence de 9 & fon diametre de 3.

On fubftitua enfuite comme je l'ai dit à l'article premier la

progreffion décuple à celle de c> les nombres pairs eurent la

préférence, & la longueur du hoang-tchoung c'efl-à-dire de

Page 106: Memoires concernant les chinoise 6

DES CHINOIS, Part.

ce luprimitif & fondamental fut divifée en cent parties

égales.

Le grand Yu, plus de quatre cens ansaprès Hoang-ty reprit

les nombres impairs & redonna au hoang-tchoutig les mêmes

dimensions qu'on lui avoit afiignées d'abord. Mais les Empe-

reurs des Hia, c'eft-à-dire ceux de la dynaftie donc le grand

Yu lui-même eft le chef & le fondateur, revinrent aux nombres

pairs & affignerent au hoang-tchoung pour fa longueur 100

lignes, pour fon diametre extérieur lignes, & pour l'on dia-

mètre intérieur 3 lignes cinq dixièmes & trois centièmes de

ligne.

Les C/iang, qui fuccéderent aux Hia, l'an avant Jefus-Chrift

1783 fixerent la longueur du hoang-tchoung à 80 lignes fon

diametre extérieur à 4 lignes, & fon diametre intérieur à 2

lignes,huit dixièmes & deux centièmes de ligne.

Les Tcheou en prenant la place des Chang, l'an avant Jefus-

Chrift 1 1 22 affignerent au hoang-tchoung pour û\ longueur

un pied 2 pouces 5 lignes, c'eft-à-dire, 125 lignes pour ton

diametre extérieur 6 lignes,deux dixièmes &

cinq centiemes

de ligne & pour fon diamètre intérieur 4 lignes, quatre dixie-

mes & un centieme deligne.

Les 7y?rt, par quiles Tcheou furent détruits, boule verferent

tout. Scus cette dynaflie on fit tous les efforts poffibles pour

abolir le fouvenir de la vénérable antiquité. La Mufique ne fut

pas plus epargnée que les autres fciences, & l'on ne fit rien de

nouveau alors en ce genre qui mérite d'être rapporté, il

fon en excepte quelques Ouvrages publiés fous le nom de

,Lu-ché, pere de TJîn-ché-hoang-ty parmi lefquels on compte

le Tfun-tfieou c'eft-à-dire le printems &. F automne il eft

parlé des lu à la manière des Anciens.

Les Han travaillèrent, de leur mieux & firent tout leur poiTl-

ble pour réparefHés'-pé:te,s littéraires qu'on avoit faites fous

Page 107: Memoires concernant les chinoise 6

DE LA MUSIQUE

les TJin.Ils n oublièrent rien en particulier pour raire revivre

l'ancienne Mufique. Calcul, géométrie, inftrumens tout fut

mis en ufage pour tâcher de perfectionner la méthode des lu

qui etoit fort altérée de leur tems. Ils fixerent, comme Hoang-

ty l'avoit d'abord fait la longueur du hoang-tchoung à 9 pou-

ces, c'eft-à-dire 81 lignes, parce qu'ils compoferent le pouce

de 9 lignes, & donnerent au hoang-tchoung pour diamètre

intérieur 3 lignes, quatre dixiemes & fix centiemes de ligne.

Ce diametre fut le même pour tous les lu, dont ils proportion-

nerent les longueurs à celle du hoang-tchoung.

Depuis les H an jufqu'aux Ming exclulivement c'eft-à-dire

depuis environ l'an avant Jefus-Chrift 179 jufqu'en 1573 de

l'ère chrétienne, premiere année du regne de Ouan-ly on

gâta plutôt qu'on ne perfectionna la Mufique. Les dimenuons

des lu etoient devenues comme arbitraires, & ceux qui les

déterminoient ne manquoient pas de dire que c'etoit d'après

les préceptes & la méthode des Anciens qu'ils avoient fait tou-

tes leurs opérations.

Enfin, fous le même Ouan-ly le Prince Tfal-yu dont j'aidéjà parié fi fouvent, aidé de tout ce qu'il y avoit de plus

habile dans l'Empire, entreprit de rendre à la Mufique fon

ancien luftre en la rétabliflant dans l'état où elle etoit lors de

fon origine fous Hoang-ty. Il préféra les mefures des Hia à

toutes les autres par la raifon felon lui que celles des Chang

etoient trop longues & celles des Tcheou trop courtes. Celles

des HW dit-il encore tiennent un milieu entre les unes les

autres; les HiA étaient d'ailleurs plus voifins du tems de

Hoang-ty & ilejl à préfumer qu'ils n avoient point encore

oublié tout ce qui s' etoit fait fous ce grand Prince.

Tfai-yu confulta tous ceux qui etoient en etat de l'inflruire

ou de l'eclairer. Il fouilla dans tout ce qu'il y avoit de plus

ancien & de plus authentique en fait de monumens & pour

Page 108: Memoires concernant les chinoise 6

DES CHINOIS, Pan.

fruit de toutes fes recherches, il trouva que le pied dont fe

fervoient les Hia, devoit être le même quant à falongueur

abfolue, que celui du tems deHoang-ty &c

que le pied

employéfous Hoang-ty devoit être tel que celui dont il avoit

trouvé la defcription dans des anciens fragmens de Livres &

dont il avoit vu l'empreinte fur: quelques vieux monumens. II

en fit conflruire un femblable, & y employa tous les foins &

toute l'exactitude dont il etoit capable. Voici en abrégé quelles

furent fes opérations.

Au lieu d'or pur dont fe fervoient les Anciens & qui pro-

bablement fut employé par Hoang-ty, il prit fix onces de cui-

vre rouge auxquellesil ajouta une once d'etain fin & mit

le tout en fonte. Sur la furface du creufet s'eleva d'abord une

vapeur noire; à cette vapeuren fuccéda, quelque tems après,

une autre d'un jaune foncé; vint ensuite unevapeur bleuâtre

& enfin une vapeurblanche qui ne changea plus. Il jugea que

la matiere etoit fuffifamment préparée, & la jetta en moule.

Il en fortit le pied qui eft repréfenté dans fa grandeur natu-

relle, à la figure 4, a. Voyez cette figure.

•Ce pied a quatrefaces ou côtés qui font egaux entr'eux.

L'intérieur eft creux & parfaitement rond, il a 9 lignes de cir-

conférence fon diametre eft celui duhoang-tchoung & fa

capacitéeft la mefure dnyo, qui contient 1 200 grains de chou,

ou gros millet; fon poids eft de 12 tchou. On infinue lesgrains

de millet parl'ouverture A qui eft à l'un de fes bouts. En

fouillant dans cette même ouverture, on obtient lekoung du

hoang-tchoung, c'eft-à-dire le ton fondamental, le premier

& le générateurde tous les autres tons. Celui des côtés du

pied quieft infcrit face de devant eft la mefure du véritable

pied mufical, appelléen chinois lu-tchi ou pied de lu. Il eft

divifé en 9 pouces,& chaque pouce en 9 lignes, & contient

par conféquent 81 ligues nombre fous lequel on prétend que

Page 109: Memoires concernant les chinoise 6

DE LA MUSIQUE

Hoang-tylui-même renferma tout le calcul des lu, & la méthode

dont il voulut qu'on fe fervit pour les calculer.

Le côté infcrit face de derrière eft la mefure du pied de

compte c'eft-à-dire dupied

dont on fe fert pour l'ufage

ordinaire. Il eft appellé en chinois tou-tché il eft divifé en i o

pouces, & chaque pouce en 10 lignes. Les grains de chou f

ou gros millet ont été employés pour la divifion de ces deux

fortes de pieds. Les lignes du pied mufical font l'efpace que

renferment 8 1 grains rangés de fuite en fe touchant l'un

l'autre par leur plus long côté & leslignes du pied ordinaire

font exactement fefpace que renferment cent de ces mêmes

grainsie touchant l'un l'autre par leur plus court diametre

comme on voit au demi-pied repréfenté fous la figure i.

Le côté infcrit côté gauche, contient trente-deux caractères

du genrede ceux qu'on employoit dans la haute antiquité. Le

fens de ces caractères eft tel, & c'eft du lu-tché qu'il s'agit

Le pieddu LU qui donne le hoang-tchoung & la mefure

YO a g lignes de circozzférezzce ile~ lon~

de g pouces, & ces

pouces font la mefure exacte du pied. Il contient zzoograins

de CHOU, & pefe iz TCHOU. Il ne doit avoir ni plus ni

moins pourêtre parfaitement jufle.

Enfin la quatrieme face, infcrite côté droit, contientegale-

ment trente-deux carafteres de même genre que ceux qui fe

lifent fur le côté gauche en voici le fens Comme l'unitéefl h>

principede tout de même le HOANG-TCHOUNG

efl l'originede

toutes fortes de mefures. On évitera toute erreur en fe réglant fur

le HOANG-TCHOUNG. Les huit fons les fept principes, lescinq

tons le calcul la mefure, lagéométrie

la balance & les poids,

tout fe trouve réuni dans le pied & dans le YO.

Le pied mufical ou lu-tché difent les Savans qui ont tra-

vaillé fur cette matiere eft le pied qui futemployé par

Hoang-ty i & le pied ordinaire, ou tou-tché eft le pied du

grand

Page 110: Memoires concernant les chinoise 6

DES CHINOIS, Pan.

Tome VI. O

grand Yu & de la dynaflie Hia c'eft-à-dire pour la mefure

des chofes ordinaires. Quoi qu'il en foit, c'eft ce même tou-

te hé divifé en dix pouces de dix lignes qui a fervi au Prince

Tfaï-yu pour déterminer la mefure des lu de la manière qui fuit.

Pour s'accommoder à la portée des divers inftrumens & des

différentes voix, Tfaï-yu a rangé les /«fous trois clafles. Sous

la premiere, il met les lu qu'il appelle donbles c'eJ1-à-dire,ceux qui donnent les fons graves; fous la féconde, les lu

moyens ou naturels; & fous la troifieme, ceux qu'il nomme les

moitiés de lu c'eft-à-dire les lu qui donnent l'oftave ati-d effus

des lu moyens, par la ration qu'il a appelle doubles ceux quidonnent l'oâave au-deflous de ces mêmes lu moyens. Voici

les dimenfions qu'il donne à chacun des lu (k).

Dimenjlons des Lu fulvant le pied ordinaire des

Hia dit Tou-tché.

§. I.

Lu doubles ou graves.

XiOANG-TCHOUNG. Sa longueur eft de i pieds, c'eft-à-

dire, de 20 pouces, ou de 200 lignes. Son diametre extérieur

eft de 7 lignes & fept centiemes de ligne. Son diametre inté-

rieur eft de lignes.

(A) Il auroit eté à fouhaiter

quele Prince Tfaï-yu qui a tant

fàit de recherches touchant ladoctrine des Anciens fur la Mufi-

que,fe fût apperçu que l'ordre

qu'ilfuit ici pour les lu Hoang-

tchoung Ta-ln Tay-tfou &c.

etant relatif à celui des lunes

Tjee Tchcau Yn Mao &c. &

à la progreffion triple, employée

par ies Anciens n'eût pas appli-

qué à une pure combinaifon des

lu, à un ordre où ils fe trouvent

rangés par demi-tons les noms

etablis pour exprimer une férie de

confonnances. Quelle figure fe-

roient en effet les nombres 1,3, 1-

9, 27, 8i tkc. ou; 81, Z7,

9 3 1 à côté des ionsJî Jî\?

la la h fol, &c., ou fa, fa

fol ,fol%, la &c. ? Voyez ci-

devant note h page 95.

Page 111: Memoires concernant les chinoise 6

DE LA MUSIQUE

Ta-lu. Sa longueur eft d'un pied 8 pouces 8 lignes fept

dixiemes & fept centiemes de ligne. Son diametre extérieur

eft de 6 lignes, fix dixiemes & fix centiemes de ligne. Son

diamètre intérieur eft de 4 lignes, huit dixièmes & cinq cen-

tiemes de ligne.

TAY-TSOU. Sa longueur eft d'un pied 7 pouces, 8 lignes

Tô> t!f de ligne. Son di.ametre extérieur eft de 6 lignes –“

de ligne. Son diametre intérieur eft de 4 lignes j~o de

ligne.

Kia-tchoung. Sa longueur eft d'un pied 6 pouces 8

lignes, j~ de ligne. Son diametre extérieur eft de 6 lignes

•jV, Tbo de ligne. Son diametre intérieur eft de 4 lignes T|^

de ligne.

Kou-si. Sa longueur eft d'un pied pouces, 8 lignes

-jt±- de ligne. Son diametre extérieur eft de 6 lignes de

ligne. Son diametre intérieur eft de 4 lignes, r^ de ligne.

Tchoung-lu. Sa longueur eft d'un pied, 4 pouces, 9

lignes, tzô de ligne. Son diametre extérieur efi -de 6 lignes

"To 5 yÎô de ligne. Son diametre intérieur eft de 4 lignes – 9

ïf- de ligne.

Joui-pin. Sa longueur eft d'un pied, 4 pouces une ligne y

rs 1 rlo de ligne. Son diametre extérieur eft de 5 lignes

de ligne. Son diamètre intérieur eft de 4. lignes, de

ligne.

Lin-tchoung. Sa longueur eft d'un pied, 3 pouces,. 3

lignes y^ T§5"de ligne. Son diametre extérieur eft de 5 lignes.

Ta > ~hs de ligne. Son diametre intérieur eft de 4 lignes ™

de ligne.Y-tsê. Sa longueur eft d'un pied 2 pouces lignes,

de ligne. Son diametre extérieur eft de 5 lignes ?9

T|- de ligne. Son diamètre intérieur eft de 3 lignes -^de

ligne.

Page 112: Memoires concernant les chinoise 6

DES CHINOIS, Parc.

o ij

Nan-lu. Sa longueur eft d'un pied i pouce 8 lignes

~?5) tÎ~6 de ligne. Son diametre extérieur eft de lignes -~s.}

de ligne. Son diametre intérieur eft de 3 lignes T^ de

ligne.

Ou-Y. Sa longueur eft d'un pied r pouce, 2 lignes ~'f

rfô- de ligne. Son diametre extérieur eft de lignes, £0 de

ligne. Son diametre intérieur eft de 3 lignes de

ligne.

YNG-TCHOUNG. Sa longueur eft de 10 pouces, lignes y

~rs-> rtô de ligne. Son diametre extérieur eft de 5 lignes

T^ de ligne. Son diamètre intérieur eft de lignes, y§5

de ligne.

S. IL

Lu moyens ou naturels.

Hoang-tchoung. Sa longueur eft de 10 pouces ou utt

pied. Son diametre extérieur eft de lignes. Son diametre

intérieur eil de 3 lignes de ligne.

TA-LU. Sa longueur eft de 9 pouces 4 lignes, -£-o de

ligne. Son diametre extérieur eft de 4lignes, deligne.

Son diametre intérieur eft de 3 lignes y^-o de ligne.

Tay-tsou. Sa longueur eft de 8 pouces ,9 lignes y|-0 de

ligne. Son diametre extérieur eft de 4 lignes, –, de ligne.

Son diametre intérieur eft de 3 lignes, de ligne.

Kia-tchoung. Sa longueur eft de 8 pouces, 4 lignes, a

de ligne. Son diametre extérieur eft de 4 lignes de

ligne. Son diametre intérieur eft de 3 lignes, de

ligne.

Kou-si. Sa longueur eft de 7 pouces 9 lignes f^ tfo de

ligne. Son diametre extérieur eft de 4 lignes, rJ-o de ligne.

Son diametre intérieur eft de 3 lignes -~0 de ligne.

Page 113: Memoires concernant les chinoise 6

DE LA MUSIQUE

Tchoung-lu. Sa longueur eft de 7 pouces 4 lignes

de ligne. Son diametre extérieur eft de 4 lignes -& ï£0 de

ligne. Son diametre intérieur eft de 3 lignes, y£0 de ligne.

Joui-pin. Sa longueur eft de 7 pouces rib de ligne..

Son diametre extérieur eft de 4 lignes de ligne.Son diamè-

tre intérieur eft de 2 lignes ^-0 de ligne.

Lin-tchoung. Sa longueur eft de 6 pouces 6 lignes, ~^9

~£-o de ligne. Son diametre extérieur eft de 4 lignes t§-o de

ligne. Son diamètre intérieur eft de 2 lignes, ~o de ligne.

Y-tsê. Sa longueur eft de' 6 pouces, 2 lignes, ïf0 de

ligne. Son diametre extérieur eft de 3 lignes f^ de ligne.

Son diamètre intérieur eft de 2 lignes de ligne.

Nan-lu. Sa longueur eft de 5 pouces 9 lignes, de

ligne. Son diametre extérieur eft de 3 lignes •– de ligne.

Son diametre intérieur eft de 2 lignes, {- – de ligne.

Ou- y. Sa longueur eft de 5 pouces, 6 lignes, rs ^-o de

ligne. Son diametre extérieur eft de 3, lignes -~o de ligne.

Son diametre intérieur eft de 2 lignes, de ligne.

Yng-tchoung. Sa longueur eft de 5 pouces 2 lignes

r£-o de ligne. Son diametre extérieur eft de 3 lignes, y|-0 de

ligne. Son diamètre intérieur eft de 2 lignes de ligne.

"s. m.

Lu aigus ? ou demi-lu.

Hoawg-tchoung. Sa longueur eft de pouces, ou jo

lignes. Son diamètre extérieur eH de 3 lignes, tVî rfb de ligne.

Son diamètre intérieur eft de 2 lignes de ligne.

Ta-lu. Sa longueur eft de 4 pouces, 7 lignes y- ,-f^ de

ligne. Son diamètre extérieur eft de 3 lignes, ^-6 j^0 de

ligne. Son diamètre intérieur eft de z lignes fk 3 rl"o de

ligne.

Page 114: Memoires concernant les chinoise 6

DES CHINOIS, II. Part.

TAY-TSOU. Sa longueur eft de 4 pouces 4 lignes,

ff^ de ligne. Son diametre extérieur eft de 3 lignes } 0

de ligne. Son diametre intérieur eft de 2 lignes x-^ de

ligne.

Kia-tchoung. Sa longueur eft de 4 pouces, 2 lignes,

,r*ô de ligne. Son diametre extérieur eft de lignes,

de ligne. Son diametre intérieur eft de 2 lignes, de

ligne.

Kou-si. Sa longueur eft de 3 pouces 9 lignes ~-0 de

ligne. Son diametre extérieur eft de 3 lignes, de ligne.

Son diamètre intérieur eâ de 2 lignes, y^-o de ligne.

Tchoung-lu. Sa longueur eft de 3 pouces 7|lignes -fs

r£-o de ligne. Son diametre extérieur eft de 3 lignes – 0 de

ligne. Son diametre intérieur eft de 2 lignes – de ligne.

Joui-pin. Sa longueur eft de 3 pouces, lignes,de

ligne. Son diametre extérieur eft de lignes, de ligne.

Son diametre intérieur eft de 2 lignes de ligne.

Lin-tchoung. Sa longueur eft de 3 pouces, 3 lignes

Y^o de ligne. Son diamètre extérieur eft de 2 lignes, ,-f-o

de ligne. Son diametre intérieur eil de 2 lignes P ~ode ligne.

Y-tsê. Sa*longueur eft de 3 pouces une ligne de

ligne. Son diamètre extérieur eft de z lignes, .de ligne. Son

diametre intérieur eu d'une ligne f^ de ligne.

Nan-lu. Sa longueur eft de 2 pouces 9 lignes de

ligne. Son diametre extérieur eft de 2 lignes, – z-f^ de ligne.

Son diamètre intérieur eft de1 ligne, £–

de ligne.

Ou-Y. Sa longueur eft de 2 pouces 8 lignes, ~o de ligne.

Son diamètre extérieur eft de lignes ^-o de ligne. Son

diametre intérieur eft de i ligne -ps i~o-ode ligne.

Yng-tchoung. Sa longueur eft de 2. pouces, 6 lignes, /0

§3 de ligne. Son diamètre extérieur eft de lignes, ,-– de

ligne. Son diametre intérieur eft de ligne, – –^ de ligne.

Page 115: Memoires concernant les chinoise 6

DE LA MUSIQUE

Telles doivent être felon T/ai-ju, les dimensions des trente-

fix tuyaux qui donnent les lu de trois o£taves (/). Il prétend

qu'avec ces dimenfions on a au jufte les véritables tons de la

Mufique des Anciens & en particulier de celle qui etoit en.

ufage du tems de Hoang-ty. Je n'oferois contredire fes préten-

tions 5 elles font trop bien fondées (»z). Il ajoute qu'il ne croit

pas que les voix des Anciens puffent embraffer tout l'intervalle

de ces trois oftaves & que comme ils n'inventerent leur fyftê-

me de mufique qu'en le fubordorinant à retendue de la voix

humaine, dont les inftrumens ne doivent être que les foutiens 9

les aides, ou les fupplémens, il fe regarde comme fuffifamment

autorifé àrefferrer ce fyftême dans les bornes de deux ofta-

ves ( n ) delà manière qu'il eft repréfenté à la figure 4 h. Il

fixe au nombre de fix, tant les lu aigus que les lu graves c'eft-

à-dire, ceux qui ne font pas de l'octave moyenne ou naturelle.

Au-deffus du lu Yng-TCHOUNG qui efi le plus haut desdou^e

lu naturels dit-il, la voix humaine ne monte pour l'ordinaire 9

(/) C'eft-à-dire dé trois fois

îes douze Lu qui font bien trente-

ûx fons mais non pas trois oc'ta-

ves. Pour avoir les lie de trois

octaves il faudroit après yng-

tchoung dernier des fons aigus

ajouter encore la repliquedu

Jzoang-tchoung ou fa, qui feroit le

trente-feptieme'on ik. complette-

roit les trois oftaves. Voyez ci-

devant note b page 87.

( m ) Les calculs du Prince

Tjai-yu n'etant fondés que fur ce

cu'il regarde comme des correctifs

neceffaires à la progreflîon triple

( Voyez ci-après art. 5 ) on peutofer contredire tes prétentions

puifque les viritabhs tons des An-

ciens n'etoie:it quele réiultat

d'une férie de quintes juftes telles

que les donne laprogreflîon triple.

On verrad'ailleurs

à l'article 13de cette feconde Partie, quel eft

le fyfîême du Prince TJ'ai-yu.

( n ) C'efl-à-dire de vingt-qua-tre lu douze moyens, fix

aigus Se

fix graves. Voyez la figure citée

dans le texte. Les deux oûaves ne

font pas complettes dans cette

figure. Il faudroit, pour avoir deux

oftaves fuppofer du côté de

l'aigu la répétition du fon le plus

grave, c'eft-à-dire de 'joui-pin

ou fi, ou fuppofer aii-deflbus de-

ce fongrave, la répétition du fou

le plus aigu de tckoung-lu on

la-diefe.

Page 116: Memoires concernant les chinoise 6

D E S CHINOIS, II. Part.

qiiejufquau Tchoung-lu & au-dejfous du Hoang-tchovng

elle ne fauroit defcendre plus bas que le Joui-pin.Au-dejfus ou

au-dejfous de ces deux termès ce feroit unnouveau j'y flâne.

C'eft donc fur ces fons & uniquement fur ces tons félon

le Prince Tfal-yu qu'eil fondé tourne fyftême mufical des

anciens Chinois, comme on le verra bientôt.

Les Modernes l'ont un peu raccourci, en opprimant encore

deux lu de chaque côté c'eft-à-dire les deux lu les plus aigus, }

& les deux la les plus graves du fyftême des Anciens. Au-dejfus

de Kia-tchoung difent les Chinois modernes pour leurs rai-

fons, la voix, nefl plus naturelle elle ne donne que le faujfet

au-dejfous de Y-tsê les fcns qu'elle donne font des efpeces de

râlemens.

Quoique le Prince Tfaî-yu adopte lui-même ce retranche-

ment des modernes, comme on le verra à l'article fuivant il

me femble que la fupprefiion des deux lu de chacun des

extrêmes, loin d'avoir perfectionné ia Mufique des Anciens,

l'a entièrement défigurée. La fuite de ce que j'ai extrait des

Livres, tant anciens que modernes, mettra le Lefteur à portée

de pouvoir juger.

ARTICLE QUATRIEME.

Formation du système musical DES Chinois.

JLi e s lu ainfi que j e l'ai déjà dit, font des fons qui ne différent

l'un de l'autre, en montant ou en descendant par degrés con-

joints, que de l'intervalle que nous appelions un demi-ton. Ce

fut d'abord avec ces demi-tons que les anciens Chinois formè-

rent leur fyftême. Ils ne notoicnt leurs airs, ils ne déiignoient

les intervalles que par les noms des douze lu. Cette méthode 9

Page 117: Memoires concernant les chinoise 6

DE LA MUSIQUE

toute facile, toute commode toute exafte même qu'elle etoit,

leur parut n'être pas fuffifante pour embraffer toute l'étendue

d'un fyftême accompli. Ils joignirent Xyn à Yyang, c'eft-à-dire

l'imparfait au parfait, un lu du fecond ordre à un lu du pre-

mier ordre, & ces deux fons réunis furentappellés tons.

Après avoir combiné de bien des manieres, pour pouvoir

faire de ces tons un arrangement qui pût repréfenter l'ordre

harmonique des lu ils firent une echelle de cinq tons & de

deux dêmi-tons (o). Ils donnerent aux tons les noms de koung.,

(o) Pourquoices demi-tons,

voudrois-je demander aux .Chi-

nois, qui penfent que les premiers

elémens de la Mufique confifleiit

dans une férie de demi-tons &

fur-tout de demi-tons égaux en-

tr'eux comme ils le fuppofent ?

Quelle raifon auroient eue les Inffi-

tuteurs, en combinant une fuite de

demi-tons les accouplant deux à

deux pour en tirer un fyftême tout

différent une echelle compofée

de tons quelle raifon dis-je,

auroient-ils eue de faire entrer auflî

des demi-tons dans cette echelle,

d'y placer des fons ifolés & non

accouplescomme les autres ?

Pourquoi n'attroient-ils pas com-

pofétout de fuite leur echelle

FA, ut, fol, re, la, mi, fi, fa, ut, fol, re, la, mi, fi, fa, ut, fol, re, la, &c.

Prenez de deux en deux les fons

de cet Exemple & vous aurez

des echelles toutes faites toutes

aflbities de leurs demi-tons s'il

en faut fans autre combinaifon

que celle de prendre, comme jele dis, les ions de deux en deux

combinée de fept degrés de fept

tons comme fa ,Jbl la /z, iit%re mi M ? car ce dernier ton

pour parler comme les Chinoisce mi diejè devra completter

l'échelle en fonnant Fo&ave de

fa, s'il eft vrai que les demi-tons

foient égaux entr'eux. Mais faites

travailler les Inftituteurs fur un.

fond de confonnances donnez-

leur, au lieu de demi-tons, les

fept LU fa, ut, fol, re, la, mi, f, 1,

que vous répéterez pliifietirs foisfi vous voulez, & ils n'auront plusà combiner de bien des manières ni

à rechercher fi des tons feuls peu-vent former une echelle ou s'il

faut la mêlanger, & comment la

mélanger, de tons & de demi-tons.

EXEMPLE.

premier, troifieme cinquieme

&c. ou deuxième quatrième 5

fixieme, &c. Commencez par fa,vous aurez l'echelle chinoife fa

fol la Ji tu re mi commencez

parfi, vous aurez l'echelle des

Grecs fitu re mi fa fol la;

chang

Page 118: Memoires concernant les chinoise 6

DE S CHINOIS, IL Pan.

Tome VI. P

chang, kio, tché, yu, & les deux demi-tons furent appellés

J'un pien-koung, ç'eft-à-dire, qui devient koung, & l'autre

pien-xcké, c'eft-à-dire qui devient tché. Voyez la figure f b;i

elle comprend l'échelle entiere du fyftême les lu, les noms

anciens & modernes des tons de la Mufique chinoife & les

noms des notes qui dans notre Mufique correfpondent aux

tons des Chinois.

En commençant cette echelle par te degré le plus bas, elle

dit, felon les anciens noms chinois, pien-tcké tché yu pien-

koung enfuite koung, chang kio, pïen-tchè tché ,yu picn-

kourz~; & enfin koung, clzang, kio ce qui felon nos notes

répond à fi ut re mi fa fol la fi ut re mi fa fol la.

En appliquant fucceffivement cette échelle à chaque lu, les

anciens Chinois faifoient 84 modulations différentes, en ce

fens, que les douze lu etant ftables les feuls tons etoient mobi-

les, & changeoient chacun douze fois de place comme on le

voit à la figure 6.

Les 84 modulations, repréfentées dans cette figure ont

paru défeftueufes au Prince Tfai-yu en ce qu'elles s'etendent

trop du côté de l'aigu. Il les a arrangées d'une autre maniere t

en les bornant au lu kia-tchoung felon les idées des Modernes,

par fol, vous aurez la gamme de

Gui d'Arezzo fol la fi ut re

mi fa; par ut vous aurez notre

echelle du mode majeur ut re

mi fa fol la fi prenez enfin en

rétrogradant & commencez par

le dernier la vous aurez notre

echelle du mode mineur la fol

fa mi n ut fi {la} 6c vous

conclurez, de ces divers réfultats

queni une echelle ni encore

moins une fuite de demi-tons ne

font les premiers elémens fur lei-

quels on a pofé les principes de la

Mufique. Ce fonten effet les con-

fonnances qui ont fourni aux hom-

mes leurs différentes echelles, leurs

divers arrangement de tons comme

s'exprime le texte pour repréfenterl'ordre HARMONIQUE des LU. Pa-

roles bien remarquables ici &

dont cette note n'eft comme on

voit, que le développement. Voyezla note aa de la premiere Partie

page 73.

Page 119: Memoires concernant les chinoise 6

DE LÀ MU S TQ XJ Et

& comme je l'ai dit a la fin de l'article précédent. Ce nouvel

arrangement, difent les Ciiinois vaut beaucoup mieux que

l'ancien. Mais eft-ilplus conforme à la fimplicité primitivedes

Inventeurs ? C'eft fur quoiils feroient peut-être embarrafles de

décider.

Pour mettre le Lefteur à portée de juger lui-même, je lui

préfente la table corrigée, dans la figure 7. Je le prie de faire

attention en l'examinant, que lorfque je me fers du terme de

moduler, je n'entends dire autre chofe fi ce n'eftque

tel lu

par exemple fait tel ton. Ainfi, quand je dis kia-tchoung

module en koung tchoung-lumodule en chang lin-tchoung

module en kio &c., c'efl comme G. je difois le ton que donne

kïà-tchoung eft alors le koung, le ton que donne tchoung-lu eft

chang celui de lin-tchoung eft kio &c. (p ).

(/> )C'eft comme nous dirions

kia-tchoung eft premier degré

tchoung-lu fecond degrélin-

ichoung troifieme degré, &c. On

1er, degré.2me. 3me. 4me. jme.

éme. 7me. octave.

Kou/ig Chang Kio Pkn-tclû Tchê Yu Picn-koun.g Koung.

Au refte fans vouloir décider

la queftion que le P. Amiot laiffe

au jugement du Lefteur favoir

fil'arrangement que le Prince Tfni-

yu propofe dans cette figure 7vaut mieux que celui des Anciens,

expofé à la figure 6 j'obferveraique

le fyftême des Anciens me pa-roît n'avoir aucune relation avec

la portée de la voix. Je penfe en

effet que les Anciens qui avoient

une multitude de lu les gravesles moyens & les aigus comme

on l'a vu à l'article précédent,

peut voir ce que j'ai dit ce fujet,

note k de la premiere Partie p. 47.

Voici le rapport des tons Chinois

avec ces degrés.

E X E M P L E.

n'ont voulu représenter autre cho-

fe, par la figure 6 que les degrés

qui correspondent à chacun des

lu pris alternativement pour pre-mier degré ou ponr parler chi-

nois, pris pour faire lekoung.

D'après ce plan ils ont dû poferfiiccemVement le koung fur chacun

des LV,fa,fa% fol, ,fom, &c.comme on le voit dans la figureau premier lu de chaque colonne.

En examinant enfuite chacune de

ces colonnes en particulier on

voit que fi le premier lu, le hoang-

Page 120: Memoires concernant les chinoise 6

DES CHINO1 S', II Pan.

Pi,

On fera peut-être furpris de voir qu'en traduisant les tons &

les lu des Chinois, je fais répondre le ton générateur, le hoang-

tchoung, à notre fa, & non pas à fut, qui eft le premier fon de

notre gamme. J'en ai agi ainfi i°.parce qu'en prenant fa pour

le fan générateur tout le fyftême diatonique des Chinois fe

trouve rendu par des notes naturelles, fans avoir récours à

aucune diefe, fi ce n'efl pour les luqui

font hors dufyftême

diatonique 2°. parce que l'intonation en eft plus conforme à

celle des Chinois; 30. parce qu'alors les cinq tons koung,

chang, kio, tché,yu, & les deux pien, ou demi-tons pisn-

koung & plen-tché peuvent moduler fans fortir des bornes du

fyftême 4°. enfin parce qu'après avoir noté des airs chinois

à notre manière, en faifant répondre lekoung au fa j'ai tou-

jours fatisfait les oreilles chinoifes en les exécutant; ce qui ne(k

point arrivé quand j'ai rendu lekoung par ut ou par toute

autre note. On pourroit peut-être en trouver la raifon, ou

dans la nature de nos inftrumens, ou dans la manière dont

les Chinois montent, ou percent les leurs, & auxquels ils font

accoutumés.

tchoung OUfa eu koung, c'eft-à-

tlire premier degré tay-tfou fera

chang ou fécond degré kou-fi fera

kio ou troifieme degré, &c.; & quefi ta-ln ou fa

eftkoung

kia-

tchoung ou fol §^ fera chang

c'eft-à-dire fécond degré tchoung-

lu fera kio, outroifieme degré, &c.,

& ainfi de fuite pour chaque co-

lonne.

Quant au fyftême de la figure 7

que le Prince Tfai-yu a voulu

arranger, relativement à la portée

des voix il me femble qu'en fui-

Vant même ce plan, il auroit pu

l'arranger d'une manière moins

embrouillée. Mais je periifte £croire que le fyflcme des Anciens

n'ayant aucune relation comme

je l'ai dit, avec les tu formés parla voix, mais feulement avec ceux

que repréfentent les tuyaux n'a-

voit befoin que d'être compris, &

non pas d'être différemment arran-

gé. J'er, remets comme le P,

Amiot, le jugement au Lefteur.

Page 121: Memoires concernant les chinoise 6

DE LA MUSIQUE

ARTICLE CINQUIEME.

GÉNÉRATION DES Lu.

ILeft aifé de parler des lu dit Tfai-yu il eft aifé de les

repréfenter, en quelque forte, au moyen de cordes ou de

tuyaux; mais il eft très-difficile d'en parler exactement & il

eft plus difficile encore de les repréfenter avec la derniere

juftefTe.

Après ce début & quelques excurfions fur différens Ouvra-

ges qui ont été faits fur la Mufique depuis la renaiffance des

Lettres fous les Han, il confeille à ceux qui auroient quelque

envie de travailler fur les lu d'éviter avec grand foin les incon-

véniens dans lefquels font tombés Lieou-hing Pan-kou &

particuliérement ceux qui ont ecrit du tems de Ouang-mang

c'eft-à-dire entre la huitieme année de l'ère chrétienne & la

vingt-troifieme; en fecond lieu, de ne pas tant s'attacher à fui-

vre la progreffion triple des Anciens, qu'ils n'en ajoutent quel-

qu'autre pour lui fervir de fupplément & même de correctif

dans certaines occafions (q).

Le lu primitif & fondamental dit-il, ne dépend ni Ju cal-

cul, ni de la mefure; c'efl par lui au contraire qu'on iejï formé

(?) Voici la raifon de ce cor-

rectif. La progreffion triple donne

une fuite de douzièmes, ou quintes

jiiftes. Un certain nombre de ces

quintes fournit, par fa combinai-

fon, une fuite de demi-tons diffé-

rens entr'eux, l'un dit majeur,l'autre mineur. Voyez ci-devant

note e page *)%. Or, lorfque dans

un fyftême de Mufique on veut

avoir des demi-tons, entre lefquels

il n'y ait pas cette différence de

majeur & de mineur, il faut alors 1.

pour ces demi-tons neutres ou

recourir à ce que les Européens

appellent tempérament, ou imagi-ner quelque correctif comme le

recommande le Prince Tfai-yu.,afin que chaque quinte, obtenue

par la progrefiion triple puiffstomber jufle au point idéal ou l'on

fouhaite placer le demi-ton.

Page 122: Memoires concernant les chinoise 6

DES CHINOIS, 77. Pan.

mt calcul & qu'on a réglé les mefures Ce feroit dénaturer

le hgang-tChoung que de le foumettre à une mefure arbitrai-

re. Tenons-nous en à la méthode qui a eu lieu depuis Hoang-TT

jufquaux Han cejl-à-direconcevons le hoang-tchoung s

compofé de 81 parties égales & partons de-là. Quatre-vingt-un

ejl le nombre de la figure to-CHOU. Ce nombre ejl YANG, ou

parfait; il ejl le produit deg multiplié par lui-même. Neuf vient

de 3 & 3 vient de i. Aux nombres de la figure lo-chou qui

font YANG joigne^ceux de

la figure ho-tou qui font YN &

vous en déduire^ la valeur de chaque lu avec toute l'exaBitude

pojfible (r).

Après plufieurs pages, d'un langage à-peu-près femblable à

celui que je viens d'expofer, il conclut que pour fe former une

idée jufte de la Mufique des Anciens, il ne faut s'attacher qu'à

bien comprendre ce qui en eft dit dans le Tcheou-ly Ouvrage

compofé par Tcheou-koung, au moins onze cens ans avant l'ere

chrétienne dans le Tfo-tchouen ou Commentaires de Tfo-

kieou-ming l'un des Hiftoriens du Royaume de Lou du tems

de Confucius dont il etoit i'ami dans le Koué-yu excellent

Ouvrage fait avant la décadence des Tcheou dans lequel on

trouve à chaque pas les précieux veftiges de la plus haute anti-

quité & fur-tout dans le Lu-lan de Koang-tjée qui etoit

Miniftre d'Etat dans le Royaume de 7fi,fous Hoang-koung

environ fix cens ans avant Jefus-Chriit. On ne faaroit dit-il,

s'ecarter de la vraie route enfuivant de pareils guides. Un aure

ancien Auteur dont il fait beaucoup de cas, & dont il cite

fouvent les paroles eft Hoai-nan-tfee ainfi appellé parce

( r ) Si la progreflion triple i

5,9, &c. cnoncée affez expref-

fément ici, donne la valeur de cha-

que LU avec touteVcxaclititdcjio(Jlb!c^

comment peut-on vouloir ajoiiter

-à cette progreflion quelque fup-

plèmznt ou même quelque correc-

tif, comme le confeilloit tantôt le

Prince Tfii-yu puifqu'en altérant

la progreffion triple, on détruit en

même tems la jnfle valeur des lu

que doit donner cette progreflion?

Page 123: Memoires concernant les chinoise 6

DELA M U S I QV E'

qu'il etoit Roi de Hoai-nan (s). Ce que dit cet illuftre Auteur

fur les lu mérite d'avoir fa place ici, parce que c'eft comme

un précis de tout ce qui en avoit été dit depuis Hoang-ty juC-qu'aux Tcheou.

« Le principe de toute doctrine -dit Hoai-nan-tfée eft un.

» Un en tant que feul, ne fauroit engendrer mais il engen-

» dre tout en tant qu'il renferme en foi les deux principes

» dont l'accord & l'union produifent tout. C'eft dans ce fens

» qu'on peut dire 1 engendre 2; z engendre 3 & de 3 toutes

;» chofes font engendrées.

» Le ciel & la terre forment ce que nous appelions en géné-

» rai le tems. Trois lunaifons forment un che ( une faifon ). C'efl

» pourquoi lorfqu'anciennement on faifoit les cérémonies

M refpeftueufes en l'honneur des Ancêtres, on faifoit trois

« offrandes (t ) on pleuroit trois fois. Les anciennes armées!,

» quelque nombreufes qu'elles fuffent, n'etoient jamais com-

» pofées que de trois kiun ( c'eft-à-dire de trois grands

» corps ) &c.

» Il en eft ainfi pour les lu. Un engendre 3 3 engendre 9,

» 9 engendre 81 («). Un, c'eftle hoang-tchoung 81 font les

(s)« On l'appelle auffi Hoaî-

» ?ian-vang (Owàng') parce qu'il

» etoit Roi de Hoai-nan..Son Palais

» etoit une académie de Savans

» aveclefquels

il creufoit dans

» l'antiquité la plus reculée; c'eft

» pourquoifes Ouvrages font très-

» curieux, & fon ftyle eft très-

>> beau ». Note du P. de Premare

dans fon Difcours Préliminaire

mis à la tête du Chou-king, publié

par M. de Guignes Paris ijjo

page xlvj

Hoai-nan-tfee. felon une note

du P. Amiot dans fes premiers

manuferits fur la Mufique, vivoit

105 ans avant Jefus-Chrift. Cahier

B, /z°. 14, nottSs..

( t ) Voyez dans le Mémoire furla

Mujique des Anciens la note yyy 9

page 80, touchant les trois offran-

des des Egyptiens &c. & fur le

nombre 3.

( a ) Le nombre 9 n'engendre

pas dire&ement 81 il engendre

vj parce que trois fois neuf font

27 & c'efi de la même maniere

que 17 engendre 81. Si ce n'eft

pas ici une omiflion de la part de

Hoai-nan-tfee il apu dire dans

Page 124: Memoires concernant les chinoise 6

DES CHINOIS, Pan.

» parties qui le compofent. Le koitng de hoang-tchoung eft le

»pere le chef, le général de tous les autres tons. C'eft pour

» cette raifon que la place du hoang-tchoung eft à tfée qui

» défiome la onzieme lune, celle où fe trouve le folftice d'hiver.

» Son nombre eft 81.

( x ) » La onzieme lune engendre, en defcendant, la fixieme

» lune où fe trouve lin-tchoung, dont le nombre eft 54.

» La fixieme lune engendre en montant la première lune “

» qui eft la place naturelle de tay-tfou dont le nombre eft 72.

de lunes mais bien de celle des

fons ou lu qui correfpondentaux lunes on pourroit être em-

barraffé pour concevoir comment

les Chinois descendent de fa à ut il

en paffant par les demi tons fa

fa* fol fol* la la* fi ut on

comment ils montent d'«/ h fol,

en paffant par ut fi la* la fol* fol.

Ainfi, lorfque l'Auteur fe fert de

l'expreffionen defcerclant ou de

l'expreflionen montant on n'aura

qu'à deicendre ou à monter réelle-

ment, d'une ligne à l'autre dans

chacune des colonnes de l'exemplefuivant.

un très-bon fens, que 9 engendre

81, c'eft-à-dire au moyen d'une

génération intermédiaire tout de

même qu'onpourroitdire du même

S 1 qu'il eft engendré de 3 ou

même de i car 3 9, 2.7 & Si

viennent de 1 fouche commune

de tous les termes de la progrefflon

triple, qu'ileft aifé de reconnaî-

tre ici.

( x ) Pour l'intelligence du relie

de ce paffage je vais mettre ici i

l'ordre des lunes celui des lu &

fur-tout les fons que Hoai-nan-tfee

fait correfpondreaux lu. Comme

il ne s'agit pas ici d'une génération

Lunes. Lu. SONS.

XL Hoang-tchoung fa.81.

XII. Ta-lu, fa*.

T. Tay-tfou fol. 72.

IL Kia-tchoung fol*.

III. Kou-fi la. 64.

IV. Tchoung-lu la

V. Joui-pin fi.

VI. Lin-tchoung ut. 54.

VII. Y-tfê ut*.

VUI. Nan-lu n. 48.

IX. Ou-y re

• X. Yng-tçhoung ml (43 ),

Page 125: Memoires concernant les chinoise 6

DE L^ MUSIQUE

» La premiere lune engendre, en descendant la huitieme

» lune où fe trouve le nan-lu, dont le nombre eft 48.

» La huitieme lune engendre, en montant la troifieme lune,

» où fe trouve le kou-fi dont le nombre eft 64.

» La troifieme lune engendre, en defcendant, la dixieme

» lune, où fe trouve yng-tchoung dont le nombre eft 43.

» La dixieme lune engendre en montant la cinquieme

» lune, où fe trouve joui-pin dont le nombre eft 57.

» La cinquieme lune engendre en montant, la douzieme

» lune qui eft la place naturelle de ta-lu, dont le nombre

» eft 76.

» La douzieme lune engendre en defcendant, la feptieme

» lune, où fe trouve y-tfê dont le nombre eft 51.

» La feptieme lune engendre en montant, la Seconde lune,

» où eft le kia-tchoung dont le nombre eft 68.

» La féconde lune engendre, en defcendant la neuvième

» lune, place naturelle du 011-y dont le nombre eft 45.

» La neuvieme lune engendre en montant, la quatrieme

» lune où eft le tchoung-lu dont le nombre eft 60 ».

Telle eft la génération des douze lu, donnée par Hoai-nan-

tfée, plufieurs fiecles avant l'ère chrétienne & en expofant

ainft cette génération, ce favant Auteur ne prétend donner

qu'un précis de la doctrine des plus anciens Ecrivains de fa

nation (y).

(y ) C'eft un vrai malheur pour

les Chinois. La génération dont il

s'agit ici n'embrafle que leurs cinq

tons fa fol la ut re donnés,

comme on Fa vu, par les lu fa

ut fol re la. Tous les autres lu

font irrationnels & abfolument

etrangers au principe qui donne les

cinq tons. Les nombres fixés-à ces

cinq tons & que j'ai transcrits

dant l'exemple de la note précé-

dente, d'après le texte font 81,

71 64 54 48. De ces nombres,

le feul 8 1 eft radical les autres

font les différentes oûaves des

radicaux 27 9 3 & i donnaht,

avec 81 la férie de fons81. 27. 9. 3. il.

fa ut Jol rc la.

Il eft aifé de vpu; que c'eft ici la

Les

Page 126: Memoires concernant les chinoise 6

DES CHINOIS, Pan.

Tome VL Q

Les figures 8 9 & o mettront cette doftrine fous les yeux

du Lefteur. La figure 8 repréfente, i°. le koung du hoang-

tchoung regardé comme fon fondamental & générateur de

même génération décrite dans le

texte & qui fe réduit félon

l'exemple de la note précédenteà ce que fa engendre ut; qu'ut en-

gendre fol que fol engendre re

que re engendre la. Mais cette gé-nération ne s'etend pas plus loin.

Le dernier fon, la 64, qui répondà kou-jl dans le texte n'engendre

pas yng-tchoung ou mi porté à

43. Ce nombre eft irrationnel, &

un mi ainfi entonné n'eft pas la

quinte de 64. Le la 64 a pour quintemi 41 f fi l'on veut fuivre l'ordre

de génération déjà établi &qu'on

voit bien qu'aucune raifon aucune

confidération ne peuvent per-mettre d'interrompre.

Il paroît donc par ce texte, quia déjà quelque ancienneté puifque

Hoai-nan-tfée felon ce qu'on a vu

à la note s .page 118, vivoit 1055ans avant Jefus-Chrift il paroît,

dis-je que les Chinois poftérieursde quelques fiecles aux Inftitu-

teurs, prenant d'abord laprogref-

fion triple à rebours & la faisant

commencer par le terme 81 n'ont

plus fu où paffer quand ils font

arrivés à i. Ou peut-être ont-ils

craint de fe jetter dans les fra&ions

car les termes qui fuivent 1 en

voulant continuer la même pro-

greffion, fontT –, &c. Mais

dans ce cas il y avoit un moyenbien fimple que j'indiquerai ail-

leurs ( Première Obfirvadon à la

fin duMémoire). Revenons au la

64 ce fon a pour quinte, comme

je l'ai déja annoncé mi 41 y,

feptieme oftave au-deffous du nou-

veau nombre radical y. La quinte de

ce mi, eil fi 5 6 | neuvieme oftave

au-deffous du radical II n'eft pas

néceflaire d'examiner les autres

fons engendrés du mi 43 Il fuffit

que celui-ci ne foit plus harmoni-

que lui-même avec ceux qui pré-

cedent, pour que toutes les quin-tes que fournit 43 foient irration-

nelles, faufles exharmoniques

quand même elles feroient toutes

juftes entr'elles & c'eft malheu-

reufement ce qu'on ne trouve pasdans les nombres énoncés parHoai~

nan-tfée, pour les fons ultérieurs

fi, fan, uf%, &c. Le par

exemple pour former la quarte

jufte au-deffous de ml pofé à 43doit être 57 j. Or ce^f ou ce quieft la même chofe le joui-pin

dans le texte n'eft qu'à 57 d'où

il ne peut former ni la quarte du

ton irrationnel 43 ni celle du ion

42 y quinte jufte de la 64. On eft

fâché de conclure de tout ceci

que dès long-tems les Chinois ont

perdu la marche des principes fim.

piesmais fublimes en même

tems pofés foit par Hoang-tyfoit par tout autre. Principes quefon Instituteur a confignés dans la

progreffion triple, Se dont il ne

fautque connoître l'ufage pour

s'epargner bien des calculs des

tâtonnémens & mille peines per-

dues pour l'oreille, qui n'admet

que des fons juftes.

Page 127: Memoires concernant les chinoise 6

DE LA MUSIQUE

tous les autres fons; i°. les douze lu & leur génération 30. les

carafterescycliques qui défignent chacun des douze lu; 4°. la

correfpondance qu'on fuppoie entre les douze lu & les douze

lunaifons, dont une année commune eft co.rnpofée.

La figure 9 a contient les nombres employés par les plus

anciens Chinois pour la formation de leurs lu. Les nombres

fupérieurs qui répondent à chaque lu, favoir ,81,76,72, &c.,

font les nombres entiers qui expriment la mefure, dont les

nombres inférieurs repréfentent les parties ou fractions.

La formation des douze lu par la progreffion triple, depuis

l'unité jufqu'au nombre 177147 inclufivement, date encore

des premiers fiecles de la Monarchie chinoife, & l'addition

qu'on y a faite, par manière defupplément ou de correction

eft antérieure de bien des fiecles au tems où vivoit Pythagore.

Ainfi, ce n'eft point des Grecs que les Chinois ont emprunté

leur fyftême mufical; & l'on n'eft point fondé à dire qu'ilsl'ont

pris des Egyptiens puifqu'il eft évident que le fyftême chinois

a été trouvé du tems de Hoang-ty & que le tems de

Hoang-ty précède de bien des fiecles, celui où l'on fait vivre

l'Inventeur de la lyre. Voyez la figure 9 h où fe trouve toute

la férie de la progreffion triple augmentée d'une autre pro-

greffion, alternativement double & quadruple.

La figure 10 repréfente cette même génération des lu 'par

des lignes courbes qui les lient les uns aux autres. On lit, à

droite, que les LUlongs engendrent en defcendam

les LU

courts & que la génération defcendante fe fait aprèsun inter-

valle de 8 on voit., à gauche queles LU courts engendrent

en montant les LUlongs & que la génération montante fe fait

après un intervalle de 6 ( { ).

(^)Ces

expreffions en defcen-

dant en montant font relatives à

la maniere dont les lu font ecrits

dans cette figure, & en généralà

l'écriture des Chinois qu'on fait

être par colonnes & en defcendanr,

Page 128: Memoires concernant les chinoise 6

DES C H I N O 1$, IL Part.

Qij

Pourexprimer ce langage à notre manière on

peut dire

que lepremier fon fondamental, le

hoang-tchoung ou fa

placé au haut de la figure engendre fa quinte utj qu'ut engen-

dre à fon tour fa quinte fol, placée à la quarte au-deffous d'ut,

en remontant dans lafigure que fol produit fa quinte re que

re produit fa quinte la, placée encore ici à laquarte aii-deffous

de ce même re & en remontant dans lafigure & ainfi du

refte en fuivant toujours les lignes courbes, qui coiiduifent

d'un lu à un autre dans l'ordre de leur génération réci-

proque.

La figure i1 repréfente une main harmonique portant fur

quatre de fesdoigts les noms des douze lu que je me fuis

contenté dedéfigner par les chiffres i 2 3 &c. Ces font

placés comme s'ils formoient la circonférence d'un cercle dont

le centre feroit entre le doigt du milieu & fauriculaire c'eft-

à-dire, fur le quatrieme doigt. En pofant le poucefur le lu

par lequelon veut faire commencer le fon

principald'un mode,

on fait le tour, en commençant parce lu qui devient alors le

premier dans l'ordre numérique. Cette manière cie compter

eft très-aifée pour un Chinois, parce quil eft accoutumé dès

l'enfance à fupputer ainfi fur ies doigts les années du cycle

pour pouvoir affigncrfur le champ l'intervalle d'une telle épo-

que,d'une telle date à telle autre.

Ainfi, dans la fuite des modes, koung tché change &c,

infcrits fur le côté droit, au haut de la planche fi ~oK/~ ou

faeft pris pour le ton

principald'un mode, puifque koung

Si l'on ecrit de la même manière

les tons ut re mi fa par exem-

ple, on trouvera que pour pafferà'ut à rc à mi à fa les yeux

defcendent pendant que l'efprit

monte & c'efl le contraire pour

revenir de fa h mi, à re, &c. Voyez

l'exemple de la note .v, page 1 19.

Ainfi la génération defcendante des

Chinois, eft pour les Européens

une progreffionde fons qui

mon-

tent & leur génération montante,une progreffion de fons qui defcen-

dent.

Page 129: Memoires concernant les chinoise 6

DE LA MUSIQUE

répond à hoang-tchoung l'ordre des lu commencera par hoang-

tchoung, c'eft- à-dire omme au premier rang des cafés infé-

rieures, qui répond au premier mode & les autres lu feront

tci-lu tay-tfou &c. felon les chiffres fupérieurs qui indiquent

leur ordre, en allant de droite à gauche. Si tché, ou ut efl

pris pour le fon principal d'un mode puifque tché répond à

lin-tchoung alors l'ordre des lu commencera par lin-tchoung y.

c'eft-à-dire comme au no. II des chiffres romains lin-tchoung^.

y-tfé nan-lu &c toujours de droite à gauche & en fuivant

les chiffres fupérieurs. Si chang ou fol efl:pris pour le fon prin-

cipal d'un mode l'ordre des lu fera comme au n°. III des mêmes

chiffres romains & ainfi de fuite, tant pour les autres modes

indiqués furla planche le quatrieme

le cinquieme &c. 5

que pour ceux qu'on peut etablir fur les lu ultérieurs lavoir 9

ta-lu ou fa y-tfé, oua: kia-tchoung ou fol ou-y

ou re & tchoung-lu ou la qui comme les précédens,

deviendront fucceffivement premiers, dans l'ordre naturel des

lu & auront pour douzieme celui qui les précede immédiate-

ment dans cet ordre.

ARTICLE SIXIEME.

DE la circulation DU son f o n ij ament al*

I iF. fon fondamental efl: le koung du hoang-tchoung, c'eft-à-

dire, fa. Ce koung, difent les Chinois ne fauroit ni fe

reproduireni

parcourir l'un après l'autre tous les lu, fans quel-

que fecours. Cefecours lui a eté donné par la nature ( aa), &

( aa ) Les Chinois peuvent bien

s'exprimer ainfi mais cette nature

eu l'ouvrage même des Chinois

modernes, Elle eft prife de l'ordre

arbitraire des demi-tons auxquelsils font enfuite engendrer les con-

fonnances, comme on le verra

dans cet article.

Page 130: Memoires concernant les chinoise 6

DES CHINOIS, Part.

3 le trouve dans les deux lu extrêmes qui ferrent des deux côtés

le hoang-tchoung qui en: la demeure primitive du koung*

Voyez la figure a. Tous les tons qui complettent I'oclave y

ajoutent les Chinois, font liés les uns aux autres par le moyen

du ho, qui eft le pien.-k.oung {mi)& du ,'choung, qui eft le

pien'tche {fi)-

Entre le koung & le chang, il y a le vuide d'un lu~y de même

qu'entre le changlk. le kio mais entre le kio & le tché {la ut) «

il y a le vuide de deux lu. Le lu le plus près du tché, donne

comme un paffage au tché &le fon qu'il rend eft le commen-

cement du tché ou le fon qui fait vivre le TCHÉ qui le nourrit

& le fortifie. Entre le tché & le yu, il y a le vuide d'un lu

mais fi du yul'on paffe à la reproduction du koung ( de re à

fa ) il y a le vuide de deux lu. Alors le lu le plus près du

koung prend le nom de pien-koung & eft comme le com-

mencement àukowig, auquel il donne une nouvelle vie en le

faifant changer de demeure ( c'eft-à-dire en le portant à

i'oclave ).

Ce n'eft pas tout le koung de hoang-tchoung en tant que

Son fondamental, eft ioutenu & aidé par tchoung-lu & iin-

tchoung & c'eil par le moyen de ces deux luqu'il peut engen-

drer fans obftacie tous les autres tons ( bb ).. Voyez la figure 1 3 3

( bb ) Les Chinois poftérieurs

aux Instituteurs ayant appliquél'ordre des lu à une férie de demi-

tons il a fallu enfuite palier par

une foule de ces demi-tons pourtrouver les quintes & les quartes.

Voyez l'exemple de la note x\

page 1 19 oàponr parvenir feule-

ment de fa à lit, il faut paffer par

fa fol fol M la v la X< fans

qu'on fâche pour ainfi dire d'où

Tiennent ces ions. Car fansparler

ici de ceux qui portent des diefes .}&

qui viennent de bien plus loin

encore, on voit par les nombres

même qui accompagnent les au-

tres fons, queyô/ym'a d'exigence

que par ut. 54 dont il eitennen-

dré cet utl'ayant été directement

par fa. 81 on y voit encore que le

la 64 elt le produit d'un ion qui eil

dé]a au-delà de la route où nous

cherchons Vue, qu'il eft produit parre 48 engendre lui-même de fil

Page 131: Memoires concernant les chinoise 6

DE LA MUSIQUE

dans laquelleen comptant

de droite à gaucheles tons s en-

gendrent les uns les autres dans l'ordre fuivant koung tché

chaftg yu kio ho tchoung c'eft-à-dire en allant par quin-

tes, fa ut fol rt la mifi.

Mais en comptantde gauche

à

droite, c'eft un autre ordre de génération qui procèdeainfi:

tchoung ho kio yu chang tché, ho un g c'eft-à-dire en

montant de quartes, fimi la re fol ut fa.

Dans cette double générationon ne fait ufage que

de fept

lu c'eft pourquoi on appelle la figure quila

reprélenteY ordre

des fept réunis ou les fept principes. ICotmg&C tchoung (fa &

fi) yfont en oppofîtion

& agiffentl'un fur l'autre ( ce ). Les

cinqlu

quifont à droite reftent inutiles & on les appelle les

cinqtermes ou fins parce que c'eft à ces lu que

fe termine l'une

& l'autre génération par/à & par_/r qui ne peut embraffer

que fept ions.

Voici deux paflages, l'un fur le pien-tché l'autre fur le pien-

koung.Le premier

eft de Tfo-kieou-ming plus ancien que

Pythagorele fecond de

Hoai-nan-tfee qui vivoit dans un

fiecle peu éloigné de celui du Philofophe Grec ( dd).

"~ji. Voyez la note y, page no, oh

les nombres de cet exemple fetrouvant réduits à leurs radicaux

il fera plusfacile d'y reconnoître

la vraie génération des ions dans

le iens des Chinois. Mais il l'on y

regarde avec attention, on s'apper-

cevra bien que la marche qu'ils

tiennent eft rétrograde & que le

vrai fens de la progreffion, fa mar-

che la plus naturelle, & încontefta-

blement la premiere imaginée, eft

i 3 9 27 8 1 fur-tout pour les

Chinois eux-mêmes, qui ne con-

noiffant pas nos vibrations, n'opè-

rent que fur les longueurs des corps s

honores, pour l'évaluation du fon,&

principalement même fur des

tuyaux plutôt que fur des cordes.

(cl) Fa&cfeVdnt les deux ex-

trêmes, fila vénération commence

par fa pour en obtenir l'ordre de

quintes \efi fera le dernier terme

& ii la génération commence par

fi, pour en obtenir l'ordre dequar-

tes, le fa fera le dernier terme.

Voilà comment ces deux tons agif-

fent Fun fur Future comment ils

font alternativement leprincipe Si

le terme l'un de l'autre.

Çcid) Ces deuxpartages font ex-

traits de la planche 14 du maniifcrit.

Page 132: Memoires concernant les chinoise 6

DES CHINOIS, Pan.

Tfo-kïeou-mingdit dans fon Tchoucn Du TCHOUNG,en

de fc aidant leKirf n'a plus de tons j mais ait

moyen de ce

TCHOUNG il pajfeau tche. C'eji

ce qui a fait donner à ce ion

le nom de I'IEN-tché (comme fi on difoit ton nui devient

TCHÉ ).

Hoai-nan-tféc dit Kio eflci kou-si ko u -si

engendre

YNG-TCHOUNG. Yng-TCHOUNG napoint

de tonpropre i

mais il fe joint à un autre ton, & devient le tonauquel il Je

réunit; c'ejl pourcette raifon qu'on l'a

appelle PIEX-KOU.VG

& ho. On a vu plushaut ( art. 4 page 113), quepien-koung

fignifîeton qui devient koung. Ho fignifie accord, union &c.

ARTICLE SEPTIEME.

GÉNÉRATION DES Lu PAR LES DEUXKûA,

KlEN ET KOUEN.

%^J N entend par koa, les trigrammes de Fou-hi & les hexa-

grammesde Cken-noung expliqués d'abord par Quen-ouang

8a par Tcheou-koung plus de mille ans avant l'ère chrétienne

5c enfuite par Confucius, environ cinq cens ans avant Jeius-

Chrilt; cesexplications

fubnllcnt encore. Les Chinois font

perfuadés de tems immémorial, que tout, foit dans le moral,

foit dans le phyfîque dérive des koa & eft formé myflique-

ment par les koa. Il n'eft donc pas furprenant qu'ils aient trouvé

dans les koa la génération &: des lu & des tons, & tout ce

qui compofe le fyilême mufical.

En réuniffantfous une même figure e

les planches 13 & 14 j'ai cru de-

voir placer ici ces deux paffagesd'autant qu'ils feront ainfi plus

rapprochés de ce qu'on vient de

lire an tujet de leurs Auteurs parou le P. Amiot terminent cet arti-

cle en renvoyant à la planche 14,

Page 133: Memoires concernant les chinoise 6

DE LA MUSIQUE

Les koa trigrammesfont au nombre de huit. Chaque ko ci en

formépar

troislignes

ou entièresou.

briféesou

mi-parties*

C'eit de l'arrangement &de la combinai fon des koa & des

lignes quiles compoient que dépend la formation myiliquc

de tour ce qui exilte.

Les koa hexagrammesfont au nombre de foixante-quatre.

Chaque hexagrammeen. formé par hx

lignesou entières ou

brifées, ou mi-parties.Tout ce qui fe dit des trigrammes s'appli-

que égalementaux hexagrammes.

Les uns & les autres font

égalementles iymboles

des changemens qu'éprouvent les êtres

dans leurs divers états de génération d'accroiffement de

deftruftion &c. avec cette différence que les hexagrammes

etant chacun en particulier le double d'un trigramme & dans

leur totalité, l'oftupledes huit trigrammes, ils ouvrent une

carrière plus vafte à l'art înépuifabledes combinaiibns.

Voici ce qui concerne les deux koa kien èckouen dont les

lu font engendrés.

Le koa ou hexagramme kien, repréfente le ciel, oule prin-

cipe varfj.it queles Chinois appellent y ang. Il eft

compofé de

iîx lignes entieres, qui portent chacune le nom du nombre 9,

nombre parfait,avec cette dininftion que la ligne la plus baffe

eft appellée le premier g celle qui la fuit le fécond 9 la troi-

iîeme le troifieme 9, & ainh de fuite jufqu'à la fixieme

ligne,

qu'on appelle le c, jupérieur, au lieude fixieme g. Voyez, la

figure 1 5 a.

Le koa, ou hexagramme kouen repréfente la terre, ou le

vrincîpe imparfait que les Chinois appellent yn. Il eftcompofé

de fix lignes brifées qui portent chacune le nom du nombre 6,

nombre imparfait. On les distingue par Fepithete de premier 6,

fecond(5,&c. en commençant par la ligne la plus baffe,

jufqu'à la fixieme appellée le6 fit parieur.

Quant à la génération des lu par ces deux koa on fait

qu'il

Page 134: Memoires concernant les chinoise 6

DES CHINOIS,

1 .J

Tome VL il

qu'il y a douze lu ou douze demi-tons qui partagent1 inter-

valle d'une oftave; que fix de ces lu iont y<mg ou parfaits

& que fix font ynou imparfaits j or, les hx. lu

yang font

placés fur les lignes yang c'eJ'r-à-dire celle:, qui repréfen-

tent le ciel, & les fix lu ynfont place fur les lignes yn

celles qui repréfentent la terre; en un mot, les f i x premiers

fur les lignes entières, les fix lu yn fur les lignes bnfées.L) u1~ orlf~cs.

Laiffant àpart le langage figuré

des Chinois ou le rédui-o 0 0

fant aulangage fec & fans images que nous employons

pourmamtefter nos

idéesil réfulto de tous les rnif.-nncrncns

des Auteurs Chinois que le ion fondamental fa engendre fa

quinte ut, que cette quinte, devenue fou fondamental à (on

four, engendre de même fa propre quinte fol laquelle conti-

nue iagénération jufqu'au

douzièmeterme,

oula.1%.

comme

il efc ailé de ie voirpar

leslignes

tracées entre leskoa

&qui

joignentles parfaits avec les imparfaits car, difent les Chi-

nois, il enejt

des koa comme du mile & de la femelle la

première lignedu koa

KIEX qui cflcomme le

mâle jointeà 1er

première lignedu koa KO VEN qui ejl comme la

femelle engendre

la féconde ligne dukoa kien laquelle fe joignant à la féconde

ligne du koa kouks engendre la troijieme èc ainfi des autres.

îl n'eit pas néceiîaire de développer" plus au long cette

doftrine. Par l'application des fous aux lignes des hexagiani-

mes, les Lecteurs Muiiciens verront aifément que ceslignes

repréfentent de l'une à l'autre la génération des tons fonda-

mentaux, puifqu'ils trouveront une luirede quintes prenant la

place l'une de l'autre (ec) jufqu'au terme pofé par la nature

(se) Ces quintes iont dites pren-

dre la place l'une ck TauTrc en ce

([Lie '\l ut engendré de fr devient

lui-même générateur pour pro-

duire fol. Celui-ci devient à ion

tour générateur& produit >v, &r

aini'i de 'mte d'une qu-me à l'au-

tre jufqu\;u Li >' qui eit ce terne

P'ifJ p.ir L: n-.iturc dont p.r'e lec,

P. Amiot mais auciuel le 5 Chi-

Page 135: Memoires concernant les chinoise 6

DE LA MUSIQUE

elle-même & les Muficiens Philoibphes y découvriront peut-

être tout le fyftême de la baffe fondamentale du célèbre

Rameau(£[').

nois quand ils veulent font pro-

duire le hoiiTi^-tchoung ou fa

qu'ils prennent alors pour '?<

quinte de Li # ^'oyez. ci-aj^rcs

note i"v, p"e 131.

(./)'') Le (yirime de Rameau n'a

d'autre coïMorunrj- avec celui des

Ch:nois cruednns la m;ir:iere

dont Yur. clés ibiis engendrés par

3a bai'ie 'oiidamenvalc cL vientà

fon tour fondamental pour en

engendrer d'autres. Voye*. la note

précédente. Or en ceci même

on apperçoit encore une différence

entre ce lyftéme & celui des Chi-

nois puisqu'un fon fondamental

dans lelylléme Européen

ell

fuppofé porter avec lui fa tierce

& fa quinte tandis que dans le

fyilême chinois chaqueton fon-

damental eit ifolé & ne fujjpoié

dans la réionnance aucun harmoni-

que aucun fon concomitant phé-qUI! auc::n ionj)

C

nomène dont heureufement les

Chinois n'ontpas

même l'idée.

Mais voici cruelle eu la différence

eiTeiitielie entre ces deux fyitcines.Par

exemple, pour former îa

gamme a ut par lefyllême de

Rameau, il ne fautque

les trois

fons fondamentaux fa, ru & fol

qui avec leurs tierces & leurs

quintes donnent les troisgrouppes

de ions fii lu ut ut mi fol fol fi

rt dont fe forme l'échelle ut m

mi f.i fol la fi ut. Au lieu que

pour former la même échelle par

]c fyiîéme chinois il faut autant

de ions fondamentaux que cette

échelle contient de fons differens.

En un mot, il faut les fept fons

fondamentaux f: ta fol ri la

'/ni, tous' à la quinte l'un de

l'autre, pour former l'échelle Cl ut-

il L'i manière des Chinois. On peutvoir à Tarticle iz de mon Mémoire

jurlaMujnjUtJc.s Aucuns p'.lijc 84,

un plus loua; détail touchant cesdeux fyflême: Carie fyiléme des

Egyptiens & celui des Modernes

dont je traite dans cet article, ne

font autre choie, fous des noms

differens que celui des Chinois &

celui de Rameau.

Il faut obiérver au refte quela baiïe fondamentale de Rameau

a deuv objets bien diflincïs l'unde fonder la valeur d;s ions qui

compoient le fyitême muiicall'autre de réduire en principes la

pratique de l'harmonie. Rameau

peut n'avoir pas réuiTi dans fon

premier objet, à l'égard de cer-

tains ions auxquels il attribue les

proportions factices dépoféescL:is tous les écrits des Modernes,

M;:i-> fon f.cond objet qui cil leieui qui iméreife tes Harmoaifies

efi rempli parfaitement, Ce n'cfl

même que depuis l'époque de la

bi'/Te fondamentale que l'harmonie

(Si devenue une icience. Cette

obfei vâiiûn pourra n'être pas inu-

tile ici parce que c'efl pre ci fu-ment contre cette partie di: iyÛCrne

de Rameau contre îa bafle .011-

damentale aue s'elevent les

Compofitears ians principes 6s

Page 136: Memoires concernant les chinoise 6

DES CHINOIS, Pan,

Ri)

A cette explication des lu, par les deux hexagrammes qui

font le fymboledu ciel & de la terre, je vais ajouter dans

l'article fuivant une autre explication, tirée encore de la

combinaiibn deslignes qui compofent

ces deuxhexagrammes.

Je préviensle Lecteur que lorfque j'emp*. >ie le ligne du diefe

à côté d'un ton, je ne prétends que marquer l'élévation d'un

demi-ton (gg) au-deffus du ton fur lequel il eit placé.

ARTICLE H U I T I E M E,

Génération DES Lu par les quatre Ko a

Kl EN ET K OU EX, Kl-KI ET OuEI-KI.

\_> 'est toujours en employant le langage figuré, que les Chinois

continuent àexpofer

lagénération

des lu. On a vu dans l'ar-

ticle précédent comment lesdeux hexagrammes kien èckouen

ont engendré les douze lu & comment ces douze lu, deve-

nant générateurs ont produit tout le iyitême des demi-tons.

que leurs déclamations ont ion-

vent arrêté les progrès qu'auroient

pu faire des Mufkiens de génie

par la connoiffance de cette mé-

thode de La baffe fonda-

mentale il efl: bon de l'apprendreici aux Amateurs ne coniîile qu'à

enieigner comment tels & tels

accords particuliers iur l'emploi

defquels les Muficiens errent iou-vent ouibntembarfailés, ie rédui-

fent à trois ou quatre accords

primitif:; plus connus que Rameau

appelle fo;idamenr;!u\- & dont la

marche n'clt ignorée pour ainii

dire, d'aucun Écolier. Aufïï a-t-oa

appelle cette harmoir.e primitive

cette bafie fondamentale la boul-

fole le guide le flambeau du

Compoliteur. Faut-il s'étonner fi

c'eft cette lumière qu'en veulent

les Compôhteurs de routine ? Nontant à cauie qu'elle pcH'rrou les

éclairer, mais parce qu'elle edaire

les autres Iur ce qu'il y a de vicieux

dans leurs compoiîrionj.

(£Tj) -Le P. Amiot entend ici

par tlenn-'on une intonation in-

termédiaire entre le demi-ton

nvd]tur èc le c!emi-ton mineur

eniurte qu'im I.i-JuJ, par exem-

ple pir.ile être conçi! comme unji-btuiol un mi-.ihj; comme un

f.i, c'vc. clair> les cLvcrj ob]ecss

qui cié'pendenc de cette identut

iorcOe cic ibjis.

Page 137: Memoires concernant les chinoise 6

DE LA MUSIQUE

Nous allons voir à prefentun autre ordre de génération

formé par le mélange des lignes qui compofent les deux hexa-

grammes précédens.

Si l'on prend alternativement une ligne de l'un & l'autre

de ces deux hexagrammes c'eft-à-dire une ligne entière &

une ligne brifée en continuant de même jufqu'à ce qu'on ait

employé toutes les lignes qui les compofent,on obtient deux

autres fortes d'hexagrammesl'un appelle ouci-ki l'autre ki-ki.

Le nom du premier fignifie qui n'a pas encore ce qu'il lui

faut qui fe remplît peu-à-peu &c. & ki-ki fignifie à qui il1

ne manque rien qui ejî rempli &c. Ces expreflions font allu-

fion à la manière dont les Chinois conçoivent la génération

des êtres par le concours de leurs deuxprincipes

le parfait

& l'imparfait le mâle & la femelle le mouvement & le

repos Sic. en un mot Yyang & Yyn.

Pour appliquercette doftrme à la

générationdes lu & à

la formation du fyftcine mufical, ils diient Les quatre fiexa-

grammei kien koueN ovej-ki & ki-ki donnentle prin-

cipe, [ Liccroijpme.itla perfection ou le

complcmera à la

fubhme feience des fons.

On a déjà vu à l'article précédent comment, au moyen

des deux koa kicn & kouen fe formoit la iucceffion fonda-

mentale des fons c'eft-à-dire la mcceiïïon des quintes. Cette

fuccefiioii fuffiroit feule pourle

développement de tout le

fyftême mufical puifque dans les fons fondamentaux on a les

différentes combinaifons des degrés plus rapprochés. Cepen-

dant, pour faciliter, & l'intonation, Se Tunige qu'on peut

faire d'une fuite de demi-tons pour paffer d'un mode à l'autre,

les Chinois ont imaginé de réunir les lignes brifées avec les

lignesentières des deux koa kien & kouen de la

figure ir ,7?

pour en furmcr les deux autres koa, ki-ki & ouei-ki, de la.

figure 1 5 £ qui préfente leur échelle chromatique mi a

Page 138: Memoires concernant les chinoise 6

DES CHINOIS, Part.

fa, fa%, fol, foin. i*> l* (°u/ b ), ut, ut% re

re

Us comparentcette échelle à la manicre dont les deux prin-

cipes yn Szyang agiffent de concert, en le mêlant l'un avec

l'autre en montant & en defeendant depi is la onzième lune,

où fe trouve le folftice d'hiver, jufqu'à la cinquième, où cit.

le folftice d'été & depuiscelle-ci juf qu'au retour à la onzième

par où l'on avoit commencé à compter.

Je ne m'étendrai pas davantage fur la formation de ces deux

derniers hexagrammes. L'infoection de la heure fera allez

connoître enquoi

confifte leur combinaifon de celle des demi-

tons qui en réfukent.

ARTICLE N E U V I E M E.

CéxÉRATION DES Lu PAR LES LTCN ES DES HEXAGRAMMES

QUICOMPOSENT DOUZE KO A.

Y o c i la dernière & la plus compiette des générations

des fouspar

les koa. Nous avons vuque

leslignes

entières font

yang,oa

parfaites&

que les lignes briJcesfont

ynou impar-

faites quec'eft de la réunion du

parfaitavec

l'impartaitde

Xyangavec \yn que tout ce qui exiite reçoit fa manière d'être.

Uyan <?difenî les Chinois,

cherchetoujours

à lejoindre à

['yn tkréciprecT'en:ent L'yn veut le réunir

à yang. \Jy\mg ein

Tel prit gcnéraicar c'eft le kl vivifiant, qui de ia nature eft

;î;hr. L'y/2 cil: l'eiprit coopérateur le kl nournllant & pafiif

de ia nature. Le premier, donne le fécond reçoit. Quand

Yyanqa donné il fe repole quand \'yn

a reçu il a ion tour

pour agir. C'ell par cette alternative de mouvement & de

repos quetout

prendfon

exiftence fa modificationl'on

accroiilement &: la coniommation,

Page 139: Memoires concernant les chinoise 6

DE LA MUSIQUE

C'eft-ià en fubflance ce que repréfentent les douze koa de

la figure i j c. Chaque koa a foh nom propre le premier eil

appellé fou le Second lin le troiiîeme tay & ainfi de fuite “

félon les nombres qu'on trouve fur la figure même. C'eft des

licriles ces douze l' 1lignes entières & bïifées de ces douze koa que font engendrés

les douze lu de la manière que le repréfente la figure.

La .ligne entière du koa fou > n°. inommée le premier g 9

engendre le hoang-tchouns;, ou fa, fon fondamental.

Le ki de ce fon fondamental le porte jufqu'à tchoung-lu là il

cede fa place à joui-pin parce que c'eft à joui-pin que com-

mence Yyn-ki engendre par la ligne brifee ou premier 6 du

koa keou répondant à la cinquieme lune par où commence

une nouvelle génération.

La ligne enticre du koa fou ou premier koa, s'etant accrue

fucceiîivement jufqu'au koa kien ou fixieme koa, ne (auroit

aller plus loin. C'eil-là le terme du repos & le moment où le

principe yang ayant acquistoute lu

plénitudede fa

force,doit

diminuer dans le koa keou où commence leprincipe yn, qui

continue lagénération.

Ce koa keourépond

à lacinquième

lune, où fe trouve le folftice d'été. La première ligne brifée

commence ici & produit le lu joui- pin ouf. Cette ligne

brifée va en augmentant par degrés julqu'à la dixième lune,

où elle atteint à la plénitude de l'on eilence qui coniiiîe à for-

mer Fhexagramme kouen. Là les fix lignes brifées engendrent

ynv-idiQun°douzième lu qui répond à notre mi. Ce mi peut

parler au fa (au hoang-tchounpf) pourrecommencer la fuite

des demi-tons, oubien il peut

être fondamental lui-même pour

commencer un autre mode.

L'infpeftion de ia iigure fuppléera à tout ce que je pourrois

ajouterici.

Page 140: Memoires concernant les chinoise 6

DES CHINOIS, II. Part.

ARTICLE DIXIEME.

F 0 R M AT I O NDES L U PAU L ±. S X 0 M 23 R E S

JlL en es des nombres comme des autres êtres. Ils ont leur

yang;&

leur ync'ell-à-dire

les deuxprincipes,

leparfait

&

Y imparfait qui parleur union & leur mutuel

concours, proclui-

fent clansl'eipece

tout cequi peut

êtreproduit. Ainit

les

nombresimpairs Comyang,

ouparfaits;

les nombrespairs

lont

y/i ou imparfaits.C'eft de l'union des uns (les autres que

refaite la perfection en tout genre c'eft par la combinaison,

des uns avec les autresque la nature produit

les merveillesque

nous admirons & c'clt en les aflociant àpropos qu'on peur

t~ (jus > l~l »donner à la ilibiime feience des ions la vertu d'éclaireri'eiprit

des plus vives lumières,d'échauffer le

eccur, 1)en l'excitant à

l'amoiir du devoir, & de charmer l'oreille par la douceur de

la mélodie.

Il aplù

aux anciens Chinois, d'appclictles

nombres impairs 3

du nom de nombres ducidl, parce que

leciel eilyang;

& les

nombres Dairsdu nom de ;-o??:5res de Li

terre parce quela

terre eftyn &: par

uneanalogie naturelle ils

ont dit de mhne

que parl'accord du ciel 6' de la terre,

toutese.hojesfe compojeni

& fe dczompofent prennent leur j 'orme!e::r

accroifjcimnt &

Icurperfcaio:: i ,i:njî par uicombmaifon

f union 6' l'accord des

nombres pairs&

impairs qui les repréjententon

peut également

compojcr&

décompojerles

êtres,leur donner la

forme l'accroif-

Icmcnt 6'la perfection.

Onvoit par-là que lorfque

les Chinoisparlent

de la vertu cv

de la t ûuîe-puiilance des nombres, ce quiis en dilent n'eir

que dans un feus figuré, & qu'ilsne

prennent point à la lettre

Page 141: Memoires concernant les chinoise 6

DE LA M U S I Q U E

les exprefiions qu'ils emploient. Ce feroit leur faire injure, &

fe faire tort à ioi-même que de penfer qu'ils ont cru & qu'ilscroient encore que ici nombre, par exemple produit le feu,

tel autre le fon tel autre la terre &c. Pour le;, bien entendre

il faut tâcher de pénétrer leurs idées il faut fe faire à leur lan-

gage, fans il feroit ailé de ieur prêter des inepties

auxquelles ils n'ont jamais penfé & dont ils rougiroient fans

doute s'ils faiioient de cas de ceux qui les leur attribuc-

roient. le n'ai de pareil à craindre de la part de ceux; qui

liront en entier ce ils prouveront qu'ils font

entrés dans mes vues, en (aiiiilant Le vrai feus des expreffions

chinoifes,

Un } deux, trois & dit Tfo-kieott-ming dans fon

Tchov en renferment la doctrine la plus profonde ( hli ). Cette

( hh ) C'eft-là ie facré quater-

naire des Pythagoriciens. Auffi ce

partagemérite-t-il la plus grande

attention. Les nombres i, z,3,

4 renferment en abrégé les prin-

cipesfondamentaux du iyftêrne

muiical. J'ai traite de ce facré qua-

ternaire à l'article 7 de mon

Mémoire fur U Mu fiant des Anciens.

Je vais tranferire ici une partie du

paragraphe 69, page 38, pour

iérvir de développement au partage

&<t 'Tj'c-ki'-ou-niLii^« Ce facre quaternaire

confifte

» dans l'aggrégationdes quatre

y> nombres 1,2,3,4. On a dans

» ces nombres de n'u, lapro-

•» portion de l'octave de 2 à 3

» celle de la quinte; & de 3 à 4,

3» celle de la quarte. De pins, de1

» h 3 la douzième ( fondement

>i de la progrejïïon triple); de1

» A 4, ia double ottave,ce epu

?» entre i a } &. 2 4 indique

» a fiez viiiblement la progreiïïon

.v double, Sec. ».

Quoique le facréquaternaire ne

i oit connu, chez tous Les Auteurs

que fous le nom dePythagore j'ai

ofépréiumer,

à la note15 page

147 de mon Mémoire que Pytha-

gore n'etoitpas lui-même

YJ/ifri-

tnuurni de

cette méthode ni des

principes vraiment admirables aiLcIU

renferme; & l'on voit aujourd'hui

que c'en aux Chinois qu'on doit le

facréquaternaire. Au rciïc ce

qui m'a voit conduit i cette affer-

tion c'elt que dans le courant de

mon Mémoire n'ayant pu regar-der

Pythagore comme l'Auteur

foit dela progreflion triple, foit

des principes fondamentaux de la

Muiique je ne devois point lui

attribuer une méthode faite pour

présenter en raccourci pour ainij

dire & cerreprogreffiun & ces

principes. En effet, 1, elt le

dociri'is

Page 142: Memoires concernant les chinoise 6

D ES CHINOIS, Pan.

Tome VI. S

doctrine n'avou point échappéà nos Anciens, qui en fdijoieni 1

l'objet de leurs études & de leurs méditations (es plus profondes.

Je répète ici, car il 11, bon qu'on s'en [" que 7/o-Je répète ici car il eft bon qu'on s'en fouvienne que Tfo-

kieou-ming etoit contemporain de Confucius & par confé-

quent plus que Pythagore.

Un & rm font deux, dit encoreTfo-kieou-ming dans un

autre endroit de fon Tchouen un & deux font trois. Les

hommesvulpaires ne voient rien dans cet énoncé mais les Sa^es

[avant en tirer parti, quand ils calculent les lu &c.

L'unité félon la doctrine des Chinois eft leprincipe du

calcul & le commencement des nombres la dixaine cil le

terme où aboutit le calcul, & le complément des nombres.

Depuis 1 jufqu'à 10 c'eft la repréfentationdes deux principes

yn &yang dans l'état de la confuhon primitive. 1 3 5,7, <

9font les nombres

parfaits.Ces nombres

n'ayant pointla

dixaine, ont le principe & n'ont pas le terme ils ont le com-

mencement mais ils n'ont pas la (in. C'cil pourquoi ii cil: dit

dans YY-K7NG l'efprit vital cherche à produire Sec. 2,4,

6,85 10, font les nombresimparfaits.

Ces nombresn'ayant

point l'unité, ont le termemais ils n'ont

pasle

principeils

ont la fin mais ils n'ontpas

le commencement. C'eftpourquoi

il eft dit dans le même y-king l'efprit erre & cherche à s'unir

pour pouvoir agirfuivant fa. nature 6' acquérirl.i

perjeclion de

fon être. La figure \6 repréfente dans cette occahon, les deux

principes yang & yn comme non encore ieporés l'un de l'au-

tre, & dans leur état d'inaction. Les nombrespairs

&impairs

yfont également repréfentés comme non encore employés au

modèle le premier pas de la pro-

greffion double 1,2,4,8, &c. -9

&C 1 3 eft le modèle de la pro-

greffion triple, ,1,3,9,17, &c.

•celle-ci ytf/zg' ouen. nombres im-

pairs, & la première yn ou en

nombres pairs. Voyez le tableau

qui présente la formation du fyftc-

mc des Grecs par ces deux princi-pes, page 248 de mon Mémoire.

Page 143: Memoires concernant les chinoise 6

DE LA MUSIQUE

calcul. Les points blancs défignent leprincipe yang & les

nombres du ciel, ou impairsles points noirs défignent le prin-

cipe yn & les nombres de la terre, c'efi-à-dire, les nombres

pairs. Nous allons voir comment par la iéparation & la combi-

naifon de ces nombres on efl venu à bout de former les lu

ou les douze demi-tons de l'oétave.

C'ejî le ciel, & non pas l'homme difent les Chinois qui a

fait la féparation &la combinaifon des nombres pairs

& impairs

d'où refaite la formationdes Lu & c efl fur le corps du dragon-

cheval que. cette jéparadon cette combinaifon ont été montrées

à Fou-hi telle qu'on lavoit dans la figure HO-TOU. Voyez

la

figure 17 & ion explication.

La combinaifon des nombres pairs & impairs eft fi bierl

distribuée dans cette figure, qu'il femble qu'elle n'ait été faite

que pour repréienter le fyitêrne muiical. On y trouve en efîet

lescinq

tons & la mefure des tuyaux dont on les tire.

Les perits nombres, félon les expreilions chinoifes engen-

drent les grands. 1 2 3 4,5, font les nombres générateurs

6,7,8,9,10, font les nombres engendrés.

Ainlï 1 premier des nombres générateurs & 6 premier ï~

cies notnl~:es emge:zclrés, l, aus nord de l,~ fgure, 'A.'des nombres engendrés placés au nord de la figure à côté

l'un de l'autre font le fymbole de l'eau.Ils défignent le ton

yu, ou re qui eft rendu par un tuyau de 6 pouces.

1, le fécond des nombres générateurs, &7, le fécond

des nombres engendrés placés au midi de la figure à côté

l'un de l'autre, font le fymbole du feu. ils défignent le tché ou

ut (ii) qui eit rendu par untuyau

de la longueur de 7 pouces,

( ï ) On lit ici ch;r;s le manuferit

dcMBertin Us dîjiyicnt Ur-IEN-

TCI/É ( cifi notre S] ) qui cji ren-

du &c.

Le manuferit de la Bibliothèquedu Roi porte: Ils dcfignmt U

P1EN-TCHÈ ( Si ) q;ù efl ren-

du &c.

C'eft une faute d;ms le:; deux

exemplaires. J*;u cru devoir fubfti-

tuer ici Via au fi, & le tdic an

pien-tdiL Frank rement parce qu'il

Page 144: Memoires concernant les chinoise 6

DES S CHINOIS, Pan.

Si;

3 le troifieme des nombres générateurs, & 8 le troi-

fîeme des nombres engendrés, placés à l'orient de la figure,

à côté l'un de l'autre font le fymboledu bois. Ils

défignentle

kio ou la quieft rendu par un tuyau

de la longueur de huit

pouces.

4, le quatrièmedes nombres générateurs, & 9 le qua-

trieme des nombres engendrés placés à l'occident de la

figure à côté l'un de l'autre, font le fymbole du métal. Ils

défignent le chang ou fol qui eft rendu parun tuyau de la

longueur de neuf pouces.

5 lecinquième

& le dernier des nombres générateurs

& 10 lecinquieme & le dernier des nombres engendrés, font

le complément des nombres 5ils représentent leprincipe

uni-

verfel d'où dérivent toutes chofes & qui renferme éminem-

ment le germe de tout ce qui peut être produit. Ces deux nom-

bres font placés enfemble au centre de lafigure ils font le

fymbole de la terre & défignent le koung de hoang-tchoung >

ne s'agit toit dans cetteexplica-

tion, toit dans la figure 17 que

des cinq tons des Chinois comme

l'a annoncé le texte, maisqui font

pris ici en rétrogradant c'efi-à-

dire en commençant parle ion

le plus aigu yu, cché, kio chang

koung, ou, rc, lit la, fol, fa.En

fécond lieu, parce que les planches

des deux exemplaires foit celles

quifont ecrites en françois foit

celles qui font ecrites en chinois

portent très-exa&ement toutes les

quatre, dans leurs explications les

cinq tons cti cet ordre yu, tché

kio chang, koung; le yu ayant 6

pouces le tché 7 le kio 8 &c.

Si dans les deux textes on lit

yu, pien-tché, ou rejî, au lieu de

yu tcliê ou n ut c'( fl que leP. Amiot s'eil guidé par les pro-

portions que portent les deux

tuyaux qui doivent rendre ces

deux fons ie premier de G pieds 'Jo

comme on vient de ie voir, &

l'autre de 7. Or, lerapport de

6 à 7 répond plutôt une tierce

mineure à rc Jî qu'à un ton

rc ut. Mais on verra à ia note

fuivante que le nombre 7 eft un

nombre faftice qui ne répond pas

plus ïijl qu'à&

que ce nombre

précaire n'eu: placé icique pour

former uneproportion arithméti-

que entre 6 & 8 proportion abdir-

de en matière de corps fonores

qui ne fe mefurent que géométri-

quement.

Page 145: Memoires concernant les chinoise 6

D E L A M U S I Q U E

le ion fondamental, ou flr qui eft rendu p;:run tuyau de la

longueur de dix pouces (kk).

(Ak) On voit par ceîte explica-

tion que les cmq tons pris en

descendant rc m la /'•' répon-dent .u:\ nombres 6 7 o 0

10 qui marcliert p::rune pro'^rei-

fion antlimetique dnv.t l'excès

d'un nombre Air celuiqui le pré-

cède, cil toujours 1 esxès qui nel.iuroit donner une (cne d'inter-

valles imiiic;ui\" (juand riième le

jnemur ieroit jviile ce qui n'eii:

p.;s comme nous Talions voir.

De ces nombres les uns (ont

légitimes les autres (ont de pure

iantaiiie. Le 6, le S cv le 9 ont leur

principe da ri s 'la pro;j,i eilion triple.Le

0 qui répond au /< eil radi-

cal il (. il i-iii;c!:dré cle 3 ou r\-

repivii.ni>. par 6 qui en e!r l'oCta-

ve 5 eil engeridrc de 1 ou

rejM'êlenté par 8 triple octave

tle 1. O:i a donc la proereliioii 1

3,9, poiir les ions l.i n fol. En

iuivant ctlie pro^reilion on ;ui-

roit pour ut le nombre 27 &

pour/,? le nombre 81. Or, en

rapprochant ces nombres de ceux

du texte chinois un aura d'un

coté 137, moitié de 17 & 6 }

moitié de 1 3 } de 'l'autre on aura40 -J-, moitié de 81 io-\ moitié

de 40 -i-, & 1 o { moitié de 20 4-.

C/eil clone cet ut 6 -J- ck: ce fa 1 o j-

qu on a cru représenter par les

uoinbivs îaclices 7 &10 dans le

texte chinois. Mais ii les nombres

6 7 8, 9 10, repréiéntent di:^

poucescomme on l'a 11 dans ce

texte ck: fi de 6 à 7 un pouce de

plu., donne le ton /v ut comment

un pouce de plus de 7 à S ilon-

nera-t-il la tierce Li ? Ou bien,

fi tic 6 à 7 i)ii n la t'erce rc (1

comment de 7 à 8 yura-t-on la

féconde, le toi! J! l:i ? On voit par-

làque quelque parti que

Ton

prenne, le nombre 7 1 ft abiurde.

Jl en elt de môme du nombre 10;

car ii l'on a un ton de c à 9 l.tj.il,

comment la proportion de 9 à IQ

donnera-r-elle le même intervalle,

le même ton de fol à fi? Cette

obfervation ieroit plus que (uffi-

i'ante pour les Chinois mais com-

me les Européens ont un ton de 9

à îo, outre le ton muiical de 8à

9 je nie vois forcé d'allonge:" cette

note. Voici donc nies valions.

1 °. Le raifonnement que ]C viens

de l'aire ne doit pas être jugé parr

rerreur mais p:'r des principes.

2°. Le ton tle 9 à 10, les Européens

l\ippe!iei:t ri;ci:r, &C ils lTCOniiOlf-

ient qu'il n'elî pas le mémo que

l'ancien ton des lîrecs le ton de

S à q qu'ils appellent nui/ciir. Or .>

un ton moindre un ton ar:-peiL-

munur, prouve par l'erreur même

où veulent être lesEuropéens que

laproportion

de9

à 10n'eit pas

la même que celle de 8 à 9 ce quifuffit

pour faire voirque dans le

texte chinoisquiaoccalionné cette

note, le nombre 10 eu ablurde

puisque les Chinois cuoicm'ils

aient suffi leurs erreurs n'ont p,is

.néanmoins celle d'un tonrenvei

tronqué, quenous

appelions plus

honnêtement mineur. On pourroit

voir ce que j'a.i dit dans nion Mi-

Page 146: Memoires concernant les chinoise 6

DES CHINOIS, /.•

Les nombrespairs

&impairs yn tkyan» placés

comme

ils le font dans la figure ho- ton déliguent l'accord parfait qui

repue clans lu nature j en même rems qu'ils nous donnent celuircgnc dans la nature) eu m(~l1le rems cr3.i'iIs nous cunl1cm cciui

quirefaite des lu

pourla formation des tons.

9& 10 font

le fondement fur lequeltout appuie le p -iucipe & la fin de

tous les calculs.

Les grains de chou ou gros millet, mis en travers & fe

touchant l'un l'autre par l'endroit d'où fort le germe cU(igne;-t ~c

Vrff & l'rANG en conjonction. C'eir. pourquoi la longueur du

hoançr-tchounir c'eft-à-dire du tuyau qui donne le ion fonda-

mental eit 8i produit de cette conjonction par le nombre 9

car9 muîtiplié par 9

donne 81. a

Ces mêmesgrains

dechou placés

il côté l'un del'autre

ayantla

pointeen haut ou en

bas, déjigneml'rx 6' l yaxg

ayant mis le complémentà leur ouvrage qui je trouve pj.r-Li

<~w [' ¡ ~t,o/z. C' j' pourquoi taloupucur dudans fort état de perfection. C'eil pourquoi la

longueur du

hoang-tchoungétant la même que î'eipace qu'occupent les

orains ainli rangés c'eft-à-dire, étant del cent lignes, cettegramsaini~rariges,c'eit-a-dirc, étant de cent lignes, cetta

longueur efî; cenfée dans fon eau de perfection car o iiiulri-

pliés par !0donnent 100.

Les calculateurs peuvent choiMr à volonté l'une ou l'autre deLes ca cu atcnrs peuvent choirir à vo onte une ou ['autre de

ces «deux manières ils arriveront au même terme parce eue

moire, fier la jSluÇque des Anciens

aux notes 24, 28 35 pag. 144

158, 197 & ailkuis touchant

l'intervalle appelle ton ïjns que

je m arrête ici à prouver tjuii ay

a [tas en niufiqiie deux: ior'.es de

tons tout di; mûuie tiu jÏ n'y vl pastleux iorres de quintes ckax ioi-

ï^:> de quartes qui jinuFeiit ics pro-

duire. Le im ov.X iht ies Grecs

ifl /:txch < la quinte fur la quarte.

Or ? ciéc'z difi'éreraes fortes dç

quintes ou ditTcrc-nres forte1, de

quartes, xowi r.iiivz autant d'eipe-ces de tons que vous voudrez, ou

bien, raccourcifiez un pied, de

i'épauTeur du petit doigt, diviiez-

le e;: douze, vou, aurez avec les S

pouces que nous connoiiToub des

pouees niAiturs des pouces >

murs & cela ne iera j)-b phib

ai)iurde que notre du-inue (ni" leton,

Page 147: Memoires concernant les chinoise 6

DE LA MUSIQUE

la longueur réelle du hoang-tckoungclr toujours iuppoiee la

même foitqu'on

la divife en 81 parties ou en 100, & que

les longueurs des autres lugardent entr'elles les proportions

qu'elles doivent avoir relativement au lu générateur.

Les Lettrés ordinaires dit Tfai-yu n'entendant rien à cette

doctrine ont fait dire aux Anciens bien des chojes auxquelles

ils nom jamais penfé. Cependant toutes leurs méthodes pour

le calcul des lu peuventfe réduire à quatre principales.

Lapremière confifle à donner au hoang-ichoung 9 pouces

delongueur,

le pouce compoféde 9 lignes, & à faire ufage

de la progreflion triple. Le hoang-tchoungaura alors 81 lignes.

La féconde confifte à lui donner 8 pouces, plus une ligne,

le pouce étant compoféde 10 lignes,

le hoang-tchoung aura

alors 81 de ceslignes.

La troifîeme à lui donner 1 o pouces compofésde io

lignes. Le hoang-tchoung aura alors 100 lignes.

Enfin, la quatrièmen'a eu lieu

quedans la baffe antiquité

c'eft-à-dire du rems des Han. On donnoit auhoang-tchoung 9

poucesde

longueurle pouce étant compofé de 10 lignes. Le

.hoang-tchoung avoit aind 90 de ces lignes.

Nous allons voir à l'article luivant les méthodesparticu-

lieres dont fe fervoient les anciens Chinois pour obtenir par

les nombres, tous les fons qui divifent l'octave.

ARTICLE ONZIEME.

Formation des Lu par les nombres à la manière des anciens

Chinois depuis Hoang-ty jufqu'aux Han.

JLj A méthode d'opérer fur les fons, par laquelleon

fuppofe

la longueur du hoang-idwun^ de 81 parties, félon ce que j'en

Page 148: Memoires concernant les chinoise 6

DES CHINOIS, IL Part.

ai dit à l'article précédenteft fans contredit la plus ancienne

de toutes, puifqr.ec'eft celle qui a été employée la première

fous le l '[Tous les raréfient,fous le règne de Hoang-ty.Tous les monumens l'atteftenr. &

perfonneà la Chine ne l'a encore révoqué en doute.

Le fameux ïloai-nan-tfec cet iiluftre Prince qui avoit

fait de fon Palais une académie de Savans, prétend c[uc

tout l'artifice de la méthode des Anciens confiftoit àdiftinguer

dans le corpsfonore deux fortes de

générationsl'une en.

defeendantc'eft celle que nous appellons la quinte l'autre en

montant c'eft la quarte de la quinte déjà produite {II).

Pour avoir en nombres i'expreflionde la

quinteil faut dit

Hoai-nan-tfee multiplierla longueur du corps fonore égal à

Si par 500 on obtient 40500. On divife ce produit par

749, & l'on a pour quotient 54 qui eft le nombre de lin-

tclwuno. Voilà pourla génération defeendante. Ce

corps ionore

évalué à Si eft notre fa & leiin-ichoung répond à notre ut

c'eft donc fa 8 1 ut 5 4.

Pour avoir I'expreflion numérique du tay-tfou qui eft la

quarte de im-tchoung c'eft-à-dire pouravoir

I'exprefliondu

fol, quarte au-deflbus à! ut on multiplie par icco le u:i-

tchoung 54, ou ut. Le produit de cette multiplication eft

^4000 qu'il faut divifer par 749 le quotient fera pour t.v-

(//) La quintedont parle ici le

F. Amiot, fe prend en montant,

& la quarte le prend en defeen-

dant. J'ai dé|a fait obferver à la

note { page 112. que Texprellion

Ciiinoife, en defandant eft pour

r.ous une marche montante de

même que leur cxpreiîion, en mon-

tant s'applique chez nom à des

ions quidelcendent. C'eft pour

préveniren quelque manière le

Leireur cet égard que j'ai fan

mettre en ciirafteres italiques ces

fortes d'expreiTions lcrfqu'elles fe

rencontrent dans le texte il n'y

aura qu'à y faire attention. On doit

fe fouvenir que le P. Amior a

averti iouvent que pour bien en-

tendre ion Mémoire, il tklloit ie

faire aux idées des Chinoii. En

effet, lorfqu'il s'agit iuv-ro.i: de

pafiages d'Auteurs chinois ce

ieroit les dénaturer que de vou-

loir traduire en idcCb Européenne;.celles des Chiner,

Page 149: Memoires concernant les chinoise 6

DE LA MUSIQUE

OUli

/fou ou fol 72. Il n'en pas néccilaire d'avertir ici quon

néglige les fraftions. On n'a qu'à fuivrc cette méthode pour

avoir tous les autres tons (mm). Voyez la figure 9, adans

laquelle ona marqué,

fous chaque lu ton expreillonnuméri-

que, & au-deffous du nombre qui la repréfente le produit

qui doit être divifé par 749.Ce divifeur n'eft

pas marqué

parce qu'il cil; toujours le même. Je me difpenfede

plus amples

explications parce que je fuppofe que cette partiede mon

Mémoire ne fera lue que parceux qui entendent ces matieres.

Une méthode encore plus (impie eft celle qui fuppofe le

koang-tcfioungdivifé en 9 parties appeliées pouces,

à la

manière des Anciens. Ainfi le koung dehoang-tchoung ou fa,

étant fuppofe 9 on double ce nombre & on divifé leproduit

par 3. Or le double de 9 eft 18 18 divifé par 3 donne 6

c'efr. donc 6qui

fera l'expreflion numériquede lln-tchoiuig ou

ut. Voilà pourla génération défendante c'eft-à-dire

de la

quinte. Quant a la génération montante c'eft-à-dire de la

quarteon quadruple

le nombre de lin-tchoung, ou ut, qui eft

6 le produitde ce nombre eft 24. On divifé ce produit par

3^0: l'on apour quotient 8 qui

feral'expreflion numérique

du tay-tfouou fol. On procède

de la même manière pour

avoir la valeur des autres ions. Voyez lafigure 9

b. En lifant

les nombres de cette figureil faut fubftituer 9 à 1 6V aller

de fuite.

Cette même méthode a lieu, enfuppofant

lehoang-tchoung

(7/Z/72)Mais ces tons en négli-

geant les fractionsferont-ils

juftes ?

On a déjà vu à la note y, page 1 io,

ce qu'on doit penfer durcfultat de

cette méthode donné par Hoai-

n.m-rj'ii à l'a rude 5 Voyez page

119). Comme la figure 9, <z, expofe

ce même rclultat, je n'en dirai pas

davantage icila dii'çufiion de cet

objet important feroit trop longue.Je me propofe d'examiner en par-ticulier les proportions que pré-fente cette figure, afin de {"avoir

ce qu'on doit penfer de la méthode

denégliger ies fractions.

Voyezla

première Oblervation à la iln du

Mémoire,

Page 150: Memoires concernant les chinoise 6

DE S CHINOIS, Paru

Tome VLd a T

on fa, egal à i & l'on opere alors fur les fra&ions de la

même manière que l'on a opéré fur les nombres entiers. Les

anciens Chinois n'en ont pas fait ufage. Ils ont fuppofé que t

valoit 10 ils doubloient ceio, & en divifoient le produit par

5 en cette maniere 2 fois ic font 20 20 Jiyifé par 3 donne

6~. On négligeoit la fra£Kon, & fon s'en tenoit au nombre

entier 6 qui etoit la valeur numérique du lin tchoung

ou ut. On quadruploit cette valeur du lin-tchoung c'elt-à-

dire, 6, & l'on avoit 24 ce produit étant divifé par 3 don-

noit 8 valeur du taj-tfou, ou fol. On opéroit de même pour

obtenir la valeur des autres lu {nn ). Voyez la figure 9 b, pour

tordre des lu ainii engendrés l'un de l'autre,

( nn) Si l'on veut pouffer plusloin cette opération en partantde tay-cfou ou fol évalué à 8 il

faut doubler ce 8 & on aura 1 6

on prendra enfuite le tiers de 16

ou comme dit le texte on divifera

1 6 par 3 onaura 5 }

& en négli-

geantla fraction réitéra 5 pour

la valeur de nan-lu ou re quinteau-deffus de fol. Pour avoir la

quarte au-deffous de re c'efl-à-

dire, la, il fautquadrupler 5

on

aura 10; divifez 2.0 par 3 vous

aurez 6f négligez la fraûion,refte 6 pour la valeur de kou-fiou la. Il réiulte donc de cette mé-

thode, fans aller plus loin quantà préfent que le fon fondamental

faétant

10, comme on l'a vu dans

le texte ià quinte au-deffus ou

ut eft 6 que la quarte au-deffous

de cet ut eu fol 8 que laquinte

de ce fol, cft rc 5 &que la quarte

au-deffousde re 5 eft la 6 ce qui

donne la férie de quintes & de

quartes alternatives ,/« ut fol rc la.

portant les nombres fuivans

10. 6. 8. 5. 6.

fa ut fol rc la.

Il eft ailé de voir queVus étant

6 fa tierce au deffous 'La, ne fau-

roit être exprimée p:r le même

nombre 6 que fi étant 1 o ia

fixte au-deiTus n ne peut être

reprélentée par 5 puifque 10 ck 5

font 1'ex'prelîion de l'octave. Mai.

fi l'on ccntiiiue la même opéra-

tion, on trouvera mi 4 qui don-

ne, pour fa quarte au-deffous,

fi 5 | c'eft-i-dire 5 puifque les

fraftions font nulles dans cette

méthode. Or on a vu plus haut le

re h 5 donc le Ji ne fauroit être

également 5 ce qui doit fuffire

pour s'appercevoir que l'idée de

négliger les fraûions, tant pour

cette méthode que pour toute au-

tre, eft bien plutôt chez les Chi-

nois, une erreur des modernes “que le procédé des Anciens plutôtun vice qu'une règle.

Page 151: Memoires concernant les chinoise 6

DE LA MUSIQUE

Le Chc'-ki deSee-ma-tjîcn

& l'ancien Lu-chou ou Livre

ïur la Muhque font mention encore de deux autres méthodes,

qui etoient enufage du tems des Tcheou Si long-cemsavant

eux.

Par la prensiere de ces méthodes on fuppofoitla valeur da

hoang-tchoung ou/à, égale à ioj on multiplioitcette valeur

par 50, & l'on en divilbit le produit par 75. Ainfi hoang-

tchoung 10, multiplié par 50, donne 500; ce nombre divifé

par 75 donne6~.

Onnégligeait

la fra&ion & l'on s'en

tenoit au nombre entier 6 qui etoit la valeur du lui-tchoung :J

ou ut quinte du hoang-tchoung, fa.Pour avoir la valeur du

tay-tfou ou fol quarteau-deflous cYut on

quadruploitla

valeur dulin-tchoung

ou ut 6; ainfi quatre fois 6 donnent 24 j

14 divifé par 3 donne 8 qui efl la valeur du tay-tfou ou fol s.

& ainft des autres en les prenant alternativement par quin-

tes & par quartes.

La feconde de ces méthodes confiftoit à multiplier la valeur

dulin-tchotmg par ioo; & à divifer le produit par 75. Or,

lïn-tchoung 6 multiplié par too, donne 600 ce nombre

divifé par 75 eft égal à 8 ^-°, valeur du tay-tfou ou foL

Quant à la méthodequi fuppofe

le hoang-ichouno de c> pou-

ces, compofés de 10lignes

elle ne vaut pas la peine qu'on en

parle ici. Elle eft de l'invention de Pan-kou & de Lieou-hlng

mais tous ceux qui ont travaillé fur les lu, d'après les Anciens,

la rejettent comme fautive. Ces deux Auteurs n'ont pasfait

attention qu'en compofant lepouce

de 1 o lignesil ne falloir

pas alors multiplier par 9, mais par 10. Ainfi tout leur travail

n'a produit que des --erreurs dit le Prince Tfai-yu.

Je pourrois m'etendredavantage

fur la manière d'opérer

des Anciens; mais puifque tout ie réduit aux méthodes que je

viensd'expofer je vais donner le réfultat des

opérationsde?

Modernes.

Page 152: Memoires concernant les chinoise 6

DES CHINOIS, Part,

Tij

ARTICLE DOUZIEME.

Dimenfionsdes Lu calculés plus ngou cufement par les

Chinois modernes.

\_} N a vu au commencement. de cette féconde Partie

quellesetoient les opérations faites par les Chinois de la plus

haute antiquité, pour obtenir la divifion de i'o&ave en douze

demi-tons qu'ils ont appelles lu. comment à i'occafion de ces

lu ils avoient inventé les mefures de divers genres & com-

ment enfuite ils s'etoient fervi de ces mêmes mefures pour

connoître & ramener à un point fixe toutes les dimensions de

chacun des douze lu. J'ai expofé leurs différentes méthodes,

& j'ai fait connoître ce que les Chinois avoient de propre 6c

d'uniquementà eux dans la manière de traiter les différentes

partiesdu fyftême

mufical. Il leroit fuperflu d'entrer ici dan;

le détail des opérations géométriques, des calculs pénibles dont

ilsfe font occupés, pourobtenir plus exactement les dimenfions

déjà fixées parles Anciens.

Si les Chinois ont cherché laquadrature-du cercle s'ils ont

travaillé à trouver des méthodes pour laduplication

du cube

les Grecs en ont fait autant. Mais ce que quelques Philosophes

Grecs n'ont fait peut-être que pour remplir un loùlr qui leur

etoit à charge ou pour fatisfaire une curiofité ftérile les Phi-

lofophes Chinois l'ont fait dans des vues d'utilité pour la per-

fection de celle de leurs fciences, qu'ils regardent comme la

clef de toutes les autres. S'ils ont cherché la quadrature du

cercle c'eft pour trouver lerapport exact du diametre à la

circonférence, afin de pouvoir déterminer avec prccihon l'aire

de chaque lu. S'ils ont travaillé à la duplicationdu cube c'eft

Page 153: Memoires concernant les chinoise 6

DE LA MUSIQUE

pour pouvoir mefurer exactement le i'olide d'un lu quelconque, 'J

afîignerun fécond folide parfaitement fcmblable à ce pre-

mier, & parveniraintt à une connoiffance fùre de la jufteffe

du ton.

Comme tout le travail des Chinois à l'égard de ces deux

objets, n'a abouti qu'à des approximations, & qu'ils ne fe

font livrés à ce travail que depuis un ou deux liccles avant l'ère

chrétienne, je crois pouvoir me dilpenler d'en faire ici l'ex-

pofé. Je dis, au rclte depuis un ou deux fïecles avant l'ère

chrétienne parce que tout ce qui m'a paffé par tes mains, en

fait de géométrie& en matière de calcul pour la

quadrature

du cercle & la duplicationdu cube, relativement à la Mufi-

que ne m'apas paru

remonterplus

hautque

les Han. Du

moins jen'ai vu aucun monument

authentique quim'atteftât

le contraire. Les Chinois cependantne penfent pas de même-,

ils font perluadés que ce que fit Lyng-lun fousHoang-ty 9

plus de 2.637 ans avant l'ère- chrétienne etoit bien autrement

exactque

tout ce qui s'eil fait fous les Han. Ilspenfent que

ce qu'avoittait

Tchcou-koungdu tems de

Ouen-ouang,c'ei\-

à-dire plusde j 1 22. ans avant Jeius-Chriit que ce qu'avoit

fait Lin^-tchecu-kLcou du teins de Confucius qu'en un mot,

tout ce qu'ontfait tant d'autres grands hommes fous les trois

dynafties qui ont précédé celle des Han etoit marqué à un

coin de précihon & d'exaôitucîe bien au-defTus de tout ce qui

aparu après

eux. Mais la faulx du tems, difent-ils, a moiflbnné

laplupart

des productions du génie des Anciens. Il ne nous en

refte que quelques fragmens par lefquelsnous

pouvons juger

de cequi

nousmanque.

Je vais donner le{impie réfukat des opérations des Moder-

nes, touchant les dimenfions de chacun des douze lu. Ce

réi'u'itat eft le fruit du travail de l'illuilre Prince Tfai-yu dont

j'?,i parlé il fouvem dans ce Mémoire. Les ligures io_, Ï9 &

Page 154: Memoires concernant les chinoise 6

DES CHINOIS, Part.

20 préfententce réfultat. J'ai ajoute à

la figure i S les tons

Chinois, fous les luauxquels

ilsrépondent ,&; les fyllabes

Européennes fa ,jbl, la, &c. par lesquelles j'ai traduit les

tons chinois dans le courant de cetOuvrage. On pourra

Toir ainfi d'un coup d'œil fi les tons s'av cordent avec les

nombres.

Tout le calcul de Tfal-yu cil fondé fur la fuppofmon que

le pied qui donne la longueur duhoang-tchoung ou fa cil

divifé en dixpouces

le pouce en dixlignes les

lignes en dix

autres parties & ainfi de fuite.

Quant aux deux autres figures, les détails qui les concer-

nent font fur les planches mêmes pour plus de commodité.

ARTICLE TREIZIEME.

Manière d e p r o u y e ji l £ s Lu,

J. OUR éprouverla jufteffe des lu les Chinois ont inventé

un infiniment qui réunit, félon eux, la perfeâlion du kin a

celle du ché ils l'appellent lu-tckunil

eil plus grand que le

kin & plus petit que le ché. Sa conftruttion eft toute mvfté-

rieufe il eft en petit l'image de tout ce que reprefente la Mu(î-

que elle-même. On peutle rappeller ce que j'ai dit du kiu &

du chê à l'article 6 de lapremière Partie, &

l'appliquer au

lu-tchun. Ainfi iaiflant à part tout ce que cet inihument a de

myftérieux & de fy mbolique je pafle à ce qu'il a d'efientici

par rapport aux lu, dont il doit éprouver & conilater, pour

ainfi dire la juilefTe,Les Anciens avoient fait deux fortes de lu-tchur. la premiers

forte etoit de la forme du chë & la féconde reffembloit au

kïn. Les lu-tchun faits comme le ché., etoientlongs

de dix

Page 155: Memoires concernant les chinoise 6

DE LA MUSIQUE

piedsles autres n'avoient que fix à fept pieds. Le nombre de

cordes, pour les uns & les autres, etoit indifféremment de

d onze ou de treize. Cet infiniment etoit très en ufage du tems

des Han.

Parmi les Auteurs qui ont parlé du lu-tchun on en compte

quatre principaux.Le premier efl Lïng-tcheou-kleou qui vivoit

fous les Tckeou environ 500 ans avant l'ère chrétienne. Le

fécond efl Kuig-fangil vivoit fous les premiers Han, vers le

commencement de notre ère. Le troifieme eft Tchen-tchoung-

jou il a écrit du tems des Ouci poftérieurs c'eft-à-dire un

peu piusde deux fiecles après Jefus-Chrift. Enfin le quatrieme

nommé Ouang-poua écrit fous la petite dynaftie des Tcheou

vers l'an 560 de notre ère. Je ne parle que de ces quatre

Auteurs parce qu'ils ont vécu en différens fiecles & qu'ils

jouiffent dans leur pays d'une eftime plus univerfelle.

Il s'en faut bien cependant que ces Auteurs aient traité du

Iu-tchun avec l'exactitude reqnife pour un pareil fujet. Ils ont

cru qu'il fuffifoit pour la pratique de donner des à-peu-pres

fans faire attention que ces à-peu-près devenoient des erreurs

énormes quand on les ramenoit au calcul.

Le Prince Tfai-yu qui a travaillé avec plus de méthode

quetous ces Auteurs & qui avoit les fecours néceffaires pour

le faire avec plus de fuccès; ce Prince, dis-je après avoir

dépouillétous les Livres tant anciens que modernes qui ont

parlédu lu-tchuii, conclut que cet inflrument pour être exact

& conforme en tout aux vues de ton Inventeur, devoit être

tel quecelui qu'il

s'en1 donné la peine de conirruire lui-même.

Ii eft repréfentéa la figure zi. En voici une courte

defcription

tirée de l'Ouvrage même de Tfai-yu.

Pour avoir un bon lu-tchun dit cet ilkiftre & favant Auteur,

oc pour quece lu-tchun ait toutes les qualités qu'exigeoient les

,• ciens pour repréfenter la perfectionde leur

Mufique, il faut

Page 156: Memoires concernant les chinoise 6

DES CHINOIS, Par,.

employer le bois appelle loung-mou. On donnera a ce bois une

forme oui tienne un milieu entre celle du kin H< cuic du die.

Car le lu-tchun, fans être exactement ni cornaisï-m nié'~ir le Il-lC Utll, être exaccement Jl1 cÙm:11'::"[;1) nI

comme l'autre de ces inftrumens doitcependant reiTembler

en quelquechofe à tous les deux. Il faut qu" 1 foit

également:

large par-tout qu'ilait deux ouvertures, faites en rond fur ia

partiede derrière & une couche de vernis noir fur fa partie

de devant. Ses dimenfions doivent être fixées au moyen du

pieddes Hia.

La longueur totale de TinUrument doit être de 5 pouces

nombre completdu ciel & de la terre & fa longueur d'un

chevalet à l'autre c'eft-à-dire lalongueur

ducorps fonore

doit être de 50 pouces,nombre de la

grande expanfion.

Lalargeur

tant au haut qu'au bas de l'inflrument doit être

de 8 poucesnombre qui repréiente les 8 aires de vent & fon

epaifieur, c'eft-à-dire fa hauteur depuis fa furfacefupérieure,

jufqu'à fa furface inférieure doit être d'un pouce & demi.

Le rebord ce ( figure 21 ) de l'extrémité de la partie fupé-

ïieure doit être de pouces pour repréfenter les trois lunai-

fons dont chaquelaiton de l'année eit compofée.

Il doit avoir 12cordes pour former les douze lu, fk ti 2.

points de divifion, fervant à l'accord de l'inflrument ce nom-

bre de 1 2 repréfenteles douze lunaiions de l'année commune.

Le chevalet ff, quieft à la partie fupérieure de l'inllrument

doit avoir 6 lignesde hauteur, & celui d'en bas

go- }{\\ dixiè-

mes de ligne pour repréfenterles ûx heures

que les Chinois

comptentde minuit à midi Se depuis midi jufqu'à l'autre

minuit ( on fait que nos 24 heures ne font que 12 heures chi-

aoifes ). La largeur de l'un & l'autre chevalet doit erre de 5

lignes & la longueur de 8 pouces, Ces divers nombres de 5

de 6 & de 8 qui répondent aux différentes mefure.s délirent

les 5 tonsPles 6 yang-lu ( appelles fimplement lu ) «Se les S foiv-,

Page 157: Memoires concernant les chinoise 6

DE LA MUSIQUE

Le diamètre des deux ouvertures, ou trous a ù, doit être

de 3 pouces. La diftance depuis le centre du trou a jufqu'5.l'extrémité du rebord de la partie fupérieure ee doit être d'un

pied & depuisle centre du trou b jufqu'à l'extrémité de la

partie inférieure la dnlance ne doit être que de 5 pouces. Ces

nombres 3 5 & 1 font le fymbole du tout, concentré dans

l'unité*

L'epaiffeurdu bois doit être par-tout de 4 lignes pour

repréfenter les quatre faifons. Les tuyaux qui donnent les douze

vrais lu ou lu moyens doivent être mis en dépôt dans le

corps de l'inftrument en les faifant entrer par les ouvertures

a ,,b & cela pour défigner que le lu-tchim eft un abrégé ou

contient en abrégé toute la Mullque.

Les chevilles dd font pour arrêter fixement les cordes,

ou'on tend Se détend au moyen des chevilles c. Ces cordes

doivent être comme celles du kin. Il faut choifir les meilleures,

& en prendredeux affortimens. La premiere, qui donne le

hoanv-tchoung oiifa,& celle du milieu font uniques tou-

tes les autres doivent être doubles, pour fortifier le ion.

Les divifions feront d'autantplus juftes que

lespoints qui

Les indiquent feront plus -fins; chaque divifion défigne un lu.

Ainfi la premiere, c'efl-à-dire, celle qui partage la corde en

deux parties égales eit l'octave du hoang-tchoung la Seconde

eft yng-tchoung ou mi la troifieme ou-y c'efl-à-dire re^

& ainfi des autres jufqu'à la divifion d'en bas, après laquelle

eft le hoang-tchoung grave donné par la longueur totale de la

corde. Voilà pour l'ordre rétrograde. En fuivant l'ordre natu-

rel, on compte pour premiere divifion celle qui eft la plus près

de l'extrémité de rinftrument alors la premiere division répond

au td-lu ou fa la feconde a taï-ifou ou fol 8cc jufqu'à n

la douzième quieft l'oclave du

hof.ng-iclioung.

Lorfqu'on veut accorder le lu-içh.un on retire les tuyaux

des

Page 158: Memoires concernant les chinoise 6

DES CHINOIS, Part,

Tome VL

·

Y

deshi, mis en dépôtdans le corps de l'inilniment on fait

fonner celui du hoang-tchoung,& l'on met la premiere corde

à l'uniffon. On peut,fi l'on veut, accorder les autres cordes

en prenant le ton des tuyaux de leurs lu correfpondans mais

la véritable manière (o o) efl une de celles qui (lavent.

La premiere corde, mife exactement au ton du premier

tuyau des lu donne le hoan.g-tchoung dont Focl-ave eft à la

premiere diviilon.

La féconde corde doit donner le ta-lu. Pour s'afïurer que ce

ta-lit eft jufte il faut mettre le doigt fur li féconde diviilon “

& pincer la corde. Si le tonqu'elle

rend alors cil à l'unifTon

du koang-tchoung toute fa longueurdonnera le véritable ta-lu.

La troilleme corde doit donner le tay-tfou.Si en la

parta-

geant au point de la troillemediviiion elle eft à l'unilîon du

hoang-tchoung toute fa longueur donnerale véritable

tay-tjou.

Il en eft ainfi des autres cordes la quatrième la cinquième

la fixieme &c., qui partagéesà la quatrième la cinquieme

la fixieme divifion &c., feront bien accordées fi elles (ont à

i'unifîon du hoançr-tchounsr.

(00) Le P. Amiot a raifon de

s'exprimer ainfi car la manière de

retirer les tuyaux du corps de l'ini-

trument, les taire ionner, & met-

tre chaque corde au ton du tuyau

qui luicorrefponcl eft bien plutôt

la manière d'éprouver le lu-tchun

lui-même que celle d'éprouverau contraire les lu fur le lu-tchun.

Mais dès qu'on a des tuyaux bien

d'accord, ne feroit-il pas plus iim-

ple de comparer à ce modèle à

cette forte d'original tout autre

tuyau tout autre infiniment en

un mot, tout ce qui doit donner

les lu que de parler par la céré-

monie du lu-tchun fi, comme on

vient de le voir, iln'eft que la

copie des intonations que préien-tent les tuyaux

iur lefquels on

l'accorde ?f

Cequ'on auroit eu à délirer ici

à l'égard de cet infiniment ce

feroit de lavoir quelle eft la jufreproportion que gardent entr'elles

les di vivions mr.rqué-es par des

points. On pourroit alors le regar-

der comme un modelé de demi-

tons tunpcris propres à être trani-

portés iur nos înitrumeiis à tou-

ches, c'elt-à-dire, ceux qui n'ont

qu'une feule touche pour deux ions

différens,

Page 159: Memoires concernant les chinoise 6

DÉ LA MUSIQUE

Pour épargner auLcftcur la peine d'avoir fans ceffe les

yeux fixes fur la figure qui repréfente les & leur correfpon-

dance avec nos tons je vaisexpliquer à notre manière cette

premiere méthode d'accorder le lu-tckun.

Lapremiere corde ou fa partagée en

deux parties égales

c'eit-à-dirc au point qui marque la première divihon donne

(on oâave fa.

La féconde corde fa^, partagéeau point de ia féconde

clivihon doit être à l'unifion de la première corde ,fa.

La troiheme corde, fol, partagéeau point de la troifîeme

diviiion doit être à l'uniffon de la première corde fi.

Laquatrième corde, fol% partagée au point

de la

quatrième divihon doit être à l'uniflon de la première cor-

de,/fl.

La cinquieme corde, la partagée au point de la cinquieme

divihon doit être à l'uniiTon de la première corde ,fa & ainil

des autres cordes, jufqu'àla douzième, lefquelles partagées

chacune à leur divifîoncorreipondante

doivent être à l'uniflon

de lapremiere

cordefa.

O.icomprend

allez cette métho-

de donton

petitte fervir aufîi

pourvérifier la juflede des

dhiiîons.

La féconde méthode confifle à accorder les cordes qui don-

nent les fons fondamentaux avec cellesqui

doivent donner

leursharmoniques ou, pour rn'exprimer comme

lesChinois s

cette méthode confifte à accorder les fons fondamentaux avec

les fons qu'ils engendrent par V intervalle de huit en défen-

dant & par l'iczrervalled~~-jr~c

erz Voici cette

méthode.

La premiere corde, hoanp;-ichoung fa & la huitième corde

lin-tckoungou ut, doivent être d'accord; ck lin-tchouns ut,

doit s'accorder avectay-tfou fol, parce que /ioap.p;-ichoun<{ y

fa. } engendre,en

defeendant parl'intervalle de huit.,

Un-

Page 160: Memoires concernant les chinoise 6

DES CHINOIS, Pau.

V ij

tchoungr^ut ,8>tcF\e Hn-tchoungi ut, engendre, en montant,

par l'intervalle de iïx, tay-tfou ,fol (pp ).

La troifieme corde tay-tfou fol, doit s'accorder avec la

dixième corde nan-lu re & nan-lu re doit s'accorder avec

kou-fi la, par la même raifon que ci-deffus.

La cinquièmecorde

kou-fi, la, doit s'accorder avec la dou-

zième corde yng-tchoung mi & la douzième corde yn%-

ichoung mi, doit s'accorder avec la feptieme corde joui-

pin, fi.

L

Lafeptieme

corde joui-pin, fi, doit s'accorder avec la

féconde corde ta-lu ,fa ^-f & la féconde corde ta-lu j.i 3€ ?y

doit s'accorder avec ia neuvième corde y-tfé ut

La neuvième cordey-tfè

utdoit

s'accorder avec la

quatrième corde kic-tchoung foi ,• & la quarrieme corde

kia-tchoung fol%. doit s'accorder avec onzième corde

°u-y 7 rc M-

La onzième cordeou-y

re doit s'accorder avec la

iîxicme cordeichowng-lu, la^j Scia dixième corde tclcozcnJ-i.c

la^doit s'accorder avec la

premièrecorde

ho.vig-tchoun^,

~à(%;).

(PP ) C'eft-à-dire quela

pre-

mière corde étant ja la huitième

corde, ou ut devra former la

quinteavec ce j-.i & la quarte

avec fol. Quant aux cordes iuivan-

tes, le texte qu'on va lire le reduit

à ceque rc ionne la

quinte avec

fol. Si la quarte avec ta; que mi

ionne la quinte avec Li & la

quarte avec fi & ainii de fuite

pour V:s ions qui relient, formant

avec les precédens laicrie alterna-

tivede quintes &

dequartes

fa ut fil rc l.i mi fi fa ut, fol #*

( 1 '1 ) Cvefl-à-dire a\"ec hoansr

ichcun™ Ou ;\i pris ici pour rm-

d'ufi quarteau-deffous de lu-

la' doit lonner la quarte. On \o:i

par-là Que le lu-:chim du Prince

IJai-yu nVir qu u;i i!io\"cn niccha-

n.ique pour obtenir des quintes &

des quartes tc/nnJrJcs c'eil-à-dir;3

des quintes & desquartes hors des

proportions que donne le mono-

corde, OU canon liarmani^ii-: vrai

lu-tchunpour les ions juites, puis-

qu'il n"e il au fond, comme je l'ai

d;t dans mon Mémoire, .v: ..-

Page 161: Memoires concernant les chinoise 6

DE LA MUSIQUE

Le lu-tchun ainfi accordé, peut fervir de règle à tous les

autres inftrumens il peut rendre tous les fous de la Mufi-

que (/r).

fuirai de laprogreflîon triple ( page

6, §. 8). VoyezibiJ.

page 103

§• 10.(rr)Excepte les ml-diefcs les

fl-bimoh les mi-bcmols &c. quine peuvLMit être représentés qu'à-

peu-pres par_/Ir, par la-dkfc par

rt-diefi ôcc. Je dis à-peu-prbs mais

les théoriciens favent, & les per-

fonnesqui jouent du violon ou du

violor.celle éprouvent tous les

jours quece n'eil qu'à beaucoup

près qu'un la-dicfe peut repréfenter

Ji-hcmol un mi-diefe fa un re-

diefi mi-bémol &c. mais il s'agit/7~y!o/ &~c. mais il s'agit

ici d'un fyflême tempéré comme

on l'a vu à la note précédented'un ryflcme où le Prince TJÏu-yu

emploie ce qu'il appelle des cor-

rectifs. Voyez ci-devant l'article 5& la note q page 1 1 6>

Page 162: Memoires concernant les chinoise 6

DES CHINOIS, Part.

TROISIEME PARTIE,

ARTICLE PREMIER.

Ce queLES Chinois entendent par ton.

M E ton j fuivant les Chinois, efl un fon modifié qui efl de

quelque durée & qui ne peut occuper qu'une étendue que la

nature elle-même a fixée par les immuables loix.

On voit par cette définition que le ton eft distingué du bruit,

du fimplefon, & de ceque

les Chinois appellentlu. Ainfi

tout ion qui n:eft pas modifié qui n'eft pas dequelque durée

& qui n'a pas l'étendue quilui a été fixée par la nature n'eft

qu'un bruit fans vie auffi incapable de rien produire hors de

foi que de fe reproduire lui-même. Il réfuite dé-làque

le

véritable ton eft un fon animé, un ton fécond qui donne l'être

à d'autres tons, & quia la vertu de le reproduire.

Les tons doivent être envifagésfous deux points de vue

différens i°. comme ifolés 8c indépendans l'un de l'autre;

29. comme étant nécefTairemcnt liés entr'eux, & h étroitement

liés qu'ils ne peuvent exifter l'un fans l'autre.

Les tons enviiagés fous le premier point cie vue c'eft-à-dire,

comme il oies & indépendans font appelles du nom dechen°-

ôedéfignés parun

caractère particulier envifagésfous le fécond

pointde vue c'eft-à-dire comme liés entr'eux ils font

appel-

lesjy/z,

&: on lesdéngne par

un caraflere tout différent du

premier.Les

c/ie;:g &: les ynfont la mélodie appellée yo

la

mélodie & les_v« ront laMufique, qu-on exprime ordinairement

parles deux carafteres

yn-yo.

Page 163: Memoires concernant les chinoise 6

DE LAMUSIQUE

C cilpour

n avoirpas connu

toutes cesdifférences & pour

avoir confondu leseneng

avecles yn (les fons ifolés avec les

ions liésentr'eux ) que

laplupart des Auteurs qui

ont écrit

fur laMulîquc les H. m

ont avance tant d'abfurdités.

Enlilant par exemple dans

les anciens Livres les deux cara-

ctères on y a qui iignihent les chuj tons ils n'ont vu autre e

choiedans cette

cxpreiTion qu'une échelleou une

gamme

decinq

tonsconfécutirs,

& ils fefont trompes.

Lescinq

tons

koung cher; g kio tchc “ yu ( /.rloi la ut

rc) n'ont jamais

conlikué une échelle comoletre. Si ces Auteurs avoient été

plus verlésen

Mul;qu-% ï.sauroicnt vu

queles

cinqtons

n'eroicntdelignes

eue comme un rcîultatdes Cinq premiers

termes de laprogreihon triple, 1,3,9, 27, Si,

&qu'ils

n'ctoien: c[ueles

cinq tons piincipauxdu iyilème

diatonique

formespar une

férié dequintes fa ut ut fui, fol rc

rcii

comme onpeut

s'en convaincrepar

la feuleinfpe£uon

de la

Ji^urc 1 c!e cette troiiiemc Partie. Laojcnératioii de

cescinq

tons veil trop

bienexprimée pour qu'on puiiîc s'y mépren-

dre( .1).

ce 11 d\pas encore-là

unfyitêmc complet

c'en eil.

(«0 O. voir c-, crïït Jrnscette L

h<j,i:rc ! s:>i~.cr;iTion tics iiunibrcs

1 3 9 17, 81 répondre r.ii.v

ions jd m \ol rc La, II cil' tros-vrai

que 1 cH.cnJre 3 cnic 3 enten-

dre 9 & a:ficlc imte. Mais

quant

auv noms des T.otes ces nombres

C2VJ'oie/it ttrepris en rétrogra-

dant eu bien leb noml^res étant

dans leur ordre naturel celui des

-otes devroit liâ-irênie être rérro-

cracle ccïhthc /> fol iuj-1, (ur

les nombres 1 3.9, ôcc. parce

que ces r.ombrcs déhgrnr.t les !oîi-

çueurs des tv.vaux qui lonnent les

/.v, 1! iîr.p'.iquc ù: î^ire répondre

ai 3 ou 3 9 ike, les quintes

en inoutîint fa ni ou ut j\,l &c.

\oycv. la figure 1 de la première e

Partie où les tons & les nombresfont pris dans leur vrai fens c'eft-

à-dire, 011 leton koiuig, ou fa,

porte lenombre Si. C^e

nombre,

oc ceux tics autres tons de l.i même

figure iont confirmés par le texte

deHodi-rr.n-ijic rapporté ù l'art,

de la féconde Partie.Voyez p. 1 19,

Au rer;e toutes ces ^aridtions

des Chinois touchant l'apphca-non des nonibrcs n'cnipûclient

pas que les cir.q tons neioienr

ioi:jouri le rcHiltat des cinq pre-

Page 164: Memoires concernant les chinoise 6

DES CHINOIS, Part.

du moins le commencement. Nous allons voir qu'en ajoutant

à ces cinq tons ce que les Chinois appellent les à^xpien

c'eft-à-dii-e le ml &le/

on a tout cequ'on peur

cleiircrpour

rendre ce lyftèmc complet ( b ).

miers termes de la progreffion

triple, prisdans un feus ou dans

l'autre à droite ou à gauche par

i ou par 81.

(i) Cettedoftrine des cinq

tons, qui femble n'avoir produit

que des erreurs chez les Chinois

eft néanmoins une des belles dé-

couvertes en munquedues cette

ancienne nation. Voici l'idéeque

je l'uppoie à cet égard aux inftitu-

E X E M P L E.

i. 3. 9. 27. 81.243.729.1187.6561.19683.59049.177147.

faut fol rc. la mi fi fi% rteti /<>*? /•“;< lu v

fi

(.

mi la rc fol ut fi ·zf: [•.· ?; Li V:· rj fol..

{- Liïi rcïijol^vi^pi'&jl mi1 U r-z Jbl 1 ut fj.

Prenez les cinq premiers termes

de cettepros/ciuon

ou ii vous

voulez.,les

cinq premiersions fi

ut fol n lu dupremier r^ng

de

notes arraiigez-les de différentes

manières, vous aurez, pour les

moindres intervalles poiîiblcs tes

tons ut rc fa Jbl & fol la ou

félon les Chinois, les cinq tons

ja,j:il La ut rc. Prenez un terme

de plus, vous aurez avec le pre-mier terme un nouvel inter-

valle plus petit que le ton vous

aurez/" nu au premier rang, fivi au fécond & la $£ fi au troi-

sième. Voilà donc pourquoi les

anciens Chinois dans rémunéra-

tion des fons qu'ils appellent tons,

ne parlent jamais que de cinq. Car

teurs des cinqtons. Ce fera la

mienne ou la leur, peu importe

c'c'iî l'idée de l,i choie.i e.?<?

Concevez, le lydème harmoni-

que de doii'e (ons à l.i quime l'un

de l'autre repréiertés par la léne

des douze ternies de !aprogrefîion

triple, auxquels vous fort" corres-

pondredes

quintes ino.i:a:ues ou

des quintes dépendantes à votre

choix:

un Sixième ion par quelque ternie

de la progrefîion que Ton com-nu'nce à compter ioit en i'l;iv,int

l'ordre naturel, ioit en rétrogra-

dant îVeil: phis que ce quellesChinois ap-^eilent un ch,™ un

intervalle moindre yeiit intervalle

que nous nommons denù-ton.

J'ai dit pur quelque i;nnc qui Ton

commence a compter &c. 6; c'elt

précilément en cela que lado£lrinedes cinq tons paroît admirable. En

effet comptez depuis le Second

terme (celui qui répond à 3 ) juf-

qu'à l'on Sixième, vous aurez le

demi-tonut fi au

premier ranç

mi fa au lecond rc% mi au troi-

licme.

Partezdu terme qui porte le

Page 165: Memoires concernant les chinoise 6

DE LAMUSIQUE

peuvent

ARTICLE SECOND.

DES SEPT PRINCIPES.

J E S Chinois appellent du nom de fept principes ou de

tfi-ché la réunion des cinq tons & des deux picn en un mot t

tous les tons qui, dans l'intervalle d'une oclave diatonique, y

chiffre g vous aurez de ce terme

à fon lixieme ,1e àemi-tanjol fa §¥

on làjtl* 5 ou. fol %$ la & ainli du

refte. Vous trouverez également

Tin demi-ton en remontant du der-

nier terme à ion iixieme de l'avant

dernier ou de tout autre à ion

iixieme.

On peut donc, en fuivant ce

procédé définir le demi-ton dia-

tonique ou limma dont ils'agit

ici le chant ou l'intonation qui

réfulte d'un ternie donné de la

progrefllon triple& de fon fixie-

me en les rapprochant l'un de

l'autre ou fi l'on veut le rappro-

chement de deux termes entre

lefquels il y en a quatred'inter-

médiaires.Par la même méthode on aura

la définition de l'autre lorte de

demi-ton appelle chromatique

ou apotonnil le trouve d'un ter-

me donné à fon huitième. Ainfi on

aura un apotome du premier terme

au huitième fi fa¥i ou Jîfïb

ou Az'& la; du lecond terme au

neuvièmem ut mi

mi b n rc

ciu troiiieme au dixième &c. &c.

On peut voir le développement

de ce procédé pour d'autres inter-

valles 3 note Y) démonMémoire s

§. 182, 183 1S4, page 198.

Il rclulte do cette obfervation “que rinflituteur des cinq tons, chez

les Chinois, a pu vouloir repré-

fenter, par cette forte de tableau,

l'idée d'un genre qu'on pourrait

appeller à la lettre, diatonique â

d'ungenre dont les moindres inter-

valles font le ton; puiique plufieursairs chinois, & divers autres mor-

ceaux de leur Mufique ne font.

compofés qu'avec ces cinq tons »

n'ont pour elémens que les fons

koung chang kïo uhi yu tan-

dis que le prétendu genre diatoni.

que des Européens n'eft pas fine-

tementtel, pmfqu'i! admetles tons

& les demi-tons, îk que de l'aveu

même des Grecs,de qui nous tenons

cette dénomination, ce genre n'eft

ainfi appelle que parce qu'il pro-cede principalement par des tons.

Encore faut-il le prêter à cette idée,& la circonferire ainfi que le fai-

foienr les Grecs dans le chantque

forme un tétracorde car dans des

chants particuliers comme mi fa

Jol ou Jî ut n mi fa ou fol la fîut re mi fa qui font pourtant dia-

toniques, ily a autant de tons que

de demi-tons.

Page 166: Memoires concernant les chinoise 6

DES CHINOIS, Pan.

Tome VL

V ° .1

X

peuvent commencer une modulation, ou coniVituer un mode,

& que nous appellerions une échelle une gamme &c. Voyez

lafigure 2.

Ces fept principes connus de tout tems à la Chine par les

Sages, ont été ignorés par les Lettrés vulg ires parce qu'ils

n'ont connu, ni le fens de l'expreffion qui déiîgne ces fept

principes ni l'application qu'on eu faifoit dans la icience des

fons. Ils n'ont voulu admettre dans la Mufique des Anciens

que les cinq tons (fa fol la ut re ) & ont rejette les deux pieu

mi &cfi),comme etant, difoient-ils de nouvelle invention.

Ho-foui y Tchen-yang & Sou-kouei ont eté les plus ardcns ài~

profcrireles

pieu. Les deux premiersde ces Auteurs ont

avancé que le pien-koung & le pien-tché, etoient aufli inutiles

dans la Mufique que le feroit un doigtde plus à

chaque main

ÔC le dernier dit que fit l'on admet les deux pien il ny aplus

decorrefpondance entre les LU & les lunaifons dont une année

ejl compofée & que tout l'ordre du cérémonial fe trouve ren-

verfé &C.

Il faut avouer, dit le Prince Tfai-yu avec uneefpece

d'indignation que nos Lettrés font quelquefoisbien hardis dans

leursdécifions. Un peu moins de hardieffe & un peu plus de

fcience lesempêcher oient fouvent de faire certaines bévues

qui les rendentméprifables aux yeux de ceux qui entendent ces

matières.

Il ny a qu'à lire ajoute Tfai-yu, les commentaires de

Tso-kieou-ming le K.OUE-YUles Ouvrages de

Confu-

euesle Chou-kihg

lui-même pour feconvaincre

que depuis

l'antiquitéla

plus reculée 072 aconnu & fait ufage dans l'Em-

pire d unemufique qui adnzet

les fept modulations principales

comme le fondement de toutes les autres que parmi cesfept

modulationsil y en avoit une en pien-koung & une autre en

Pien-tché & qu'enfin c'efice qui efi défigné dans les plus

Page 167: Memoires concernant les chinoise 6

DE LA MUSIQUE

(*) té de Mufique, dédié àMgr,

le Duc de Chartres, 1776,

anciens Livres fous le de 1 si-CHE } ou des SEPT PRIN-

CIPES. En un mot il ne lausoit y avoir de vraiemujique

fans le pien-koung & le pien-tche. Comment les Anciens

auroient-ilspu jaire

circuler le koung,ou

fon fondamental

par toutes les modulations des lu s'ils nav oient employéles

deux PIEN ? Sec.

Voyez les figures 3,4, &rc. jufqtxà la huitième inckiiîve-

rnenf. Ellesprésentent

tes modulations des fix autres ions, qui

avec la figure précédente, forment les modulations des fept

principes (c). On fe convaincra par-là que les Chinois ont

( t) j'ai réuni toutes ces figuresen. un ieul tableau ioit

pourdimi-

nuer le nombre des planches foit

pour présenter fous le même

ccup-d'œil -pour ainfi dire les

ic;>tmodulations dont il

s'agitici.

Pourpouvoir

former cette réu-

nion, il m'a fallu fortir ducoftume

chinois, mais je ne l'ai fait qu'a

l'cg-rd de la forme, fans rien chan-

gerau rond comme on en

jugera

par la figure 1 que j'ai répétée

pour la mettre la tete des fix au-

tres modulations.

Les titres particuliers des figures

3,4, &c. que j'ai conferves tels

qu'ils ctoient l'avoir modulation

in chana modulation m lin &r.

uourroient peut-être encore embar-

rafie-r le Lecteur, malgré la clartc

que j'ai tâché de répandre fur cet

objet mais voici ce que c'efi.

Là modulation en koung eïi

comme on l'a vu à la figure 2 celle

oh fa fait le kc;?g. Or modulation

enchang fignifie ici modulation

de jol qui etoit cùœng lorfque fa

faifoit le koung, lorfqu'il etoit pre-

mier degré; modulation en-kio iigni-

fie, modulation de La qui*etoitkio

lôrfque/i etoit premier degré 9

& ainii'du refle. CJeft à-peu-près

comme nous dirions d'une pièce

en re ou en mi qu'eUe eft an ton

de la Jiconde note, au ton de la

médiame, parce que lorfqu'on eft

en ne ce re eft féconde note ce

mi eu mediante ou, comme difent

affer. férieufemeni quelques per-

fon.ncs peu verfées en mufique 5

J'infibU de. quinte, fenjibl; dt fécon-

de ( ) &c. ou bien paffer an ton

de la dominante ait ton de l.ifoudo-

minantt &c.fans faire attention

que cette quinte & cette féconde ne

font .plus ni cinquièmeni fécond

degré dès qu'on aceufe leurs notes

fenfibles leurs feptiemes degrés& que cette dominante & cette

foudominanu ne lont plus telles

dès qu'on parte à leur ton qu'on

en fait des ioniques. Car un Euro-

péen n'efl pas plus en ut quand il

pafie en fol ou en re &c. qu'un

Page 168: Memoires concernant les chinoise 6

DES CHINOIS, Pan.

Xi]

pour principei°. que les lu font immuables 20.

quechacun

des douze lu peut former fucceiîlvement lesfept tons qui

constituent ce qu'on appelle les fept principes d'où l'on con-

clura, qu'avec les douze lu & hs fept principes ils ont un

fyftêrne de mufîque çpmplet.

Mais pour que cefy flâne fait y entablement complut

dit le

célèbre Tchou-hi je crois qu'il 'faut prendre ces motsLES

sept principes dansun fais plus étendu, & qu 'aux fept

principes il faut joindre lescinq compléments.

Voici félon cet Auteur, quels font les fept principes & les

cinq complémens.

Premierprincipe hoang-tchoung & lin-tchoung c'eft-à-

dire, fa ut.

Second principe, lin-tchoung & tay-tfou, ut fol.

Troifiemeprincipe tay-ifou & nan-lu fol

re.

Quatrième principe, nan-lu & kou-fire la.

Cinquième principe, kou-fi & yng-tchoung lamu

Sixièmeprincipe yng-tchoung Se joui-pin

mif.

Septième principe, joui-pin fi (d).

Chinois ne devroit être en fa, lorf-

qu'il fait le koung fur foi fur la

fur ut &c.

Au refte les modulations de

fol, de la &c. dans le manufmt

du P. Àmiot font toutes expri-mées par les fept notes fa fol la. jlut re nu. C'eft une forte de tranfpo-fition muficale par laquelle on dit

fi fur le dernier diefe or ici ce

dernier diefe eft toujours le pien-tché. J'ai cru devoir faire difparoî-tre cette tranlpofition, qui

auroit

tropcontredit les vrais noms des

notes que j'ai ajoutés dans la

colonne des lu pour faciliter l'in-

telligence de toutes les parties da

tableau.

(</) Cet exemple de Chou-hi au-

roit été plus clair, s'il n'avoir pas

affocié chaque lu avec celui qu'il

entendre le fa avec Vut l'ut avec

fol, &c. Des qu'on fait une fois

quele

hoang-nhoujjg ou/.i,en-

gendrei'a quinte ut que celle-ci

engendre fol que fol engendre

/v &c. il etoit plus limple de

dire queles fept principes font

les iepr fons fi ut, fol, ;v, U

mi fi c'elt-ii-dire, les cinq tons

avec les deux p'un pris dans Tor-

dre de leur génération£c que les

Page 169: Memoires concernant les chinoise 6

DE LA MUSIQUE

Du feptieme principe joui-pin oujîfe forme le

premier

des complémensde la manière qui fuit.

Premier complément joui-pin & ta- lu c'eft-à-dire (î &

fa^. Secondcomplément,

ta-lu & y-tfê c'eft-à-dire /<r %>.

& //r^. Troisième complément, y-tfé 8i kia-tchoungc'eft -à-

dire, ut^Sc fol%. Quatrième complément kia-tchoung &

au-y, c'eft-à-dire ,fol^. & re% Cinquième& dernier com-

plément, ou-y & tchoung-lu c'eil-à-dire re & Az^.

Ce que j'appelle ici principes & complémens, pourrait être

traduit de quelqu'autre manière plus conforme peut-êtreaux

idées fous lesquelles nous concevons les objets. Quoi qu'ilen

foit le Lefteur mufteien ne verra dans ces expreflions qu'uneférie de quintes formées par la progreffion triple depuis

l'unité jufqu'au douzième terme incluiîvement & c'efttoutee

dont il s'agit ici.

ARTICLE TROISIEME.

Si les Chinoisconnoiffent

ou ont connu anciennement ce que

nous appelions Contrepoint.

v3 1 l'on me demandoit fimplementles Chinois

connoiffent-

ils ou ont-ils connu anciennement £ harmonie ? Je réponc'roîs

affirmativement & j'ajouterois queles Chinois lont

peut-être

la nation du monde qui a le mieux connu l'harmonie & qui

cinq complémens font dans le mê-

me ordre les ions fa M ut

Jbl% ri% > la'ï& tous engen-drés de la fouche commune fa

par une fuite de lu filiation précé-dente. Au lieu qu'avec le plan qu'aliiivi l'Auteur chinois, il lui arrive

que le joui-pin ou fe trouve

ifolé & que cejî qui eft le Jep-

tiant principe pourroit ctre regar-

déii on voulo;t comme principe

& compliminttout à la

fois

puifqu'on lerencontre encore dans

la claffe des complémc-ns. Voyez

la fuite du îe>te,

Page 170: Memoires concernant les chinoise 6

DES CHINOIS. Psn.

en a le plus univerfellement obfervl U. loi'VLls quelle oit

cette harmonie ajcuteroit-ondont r:s Cuisis o.t r; ;n

obfervé les loi* ? Je répondroiscette harmonie con-sfe ^,ns

un accord général,entre les choies phyllques nierai js &

politiques,en ce qui coniHtue la Religion 3c le Gouverne-

ment accord dont la feience des tons n'ert qu'une repréfenta-

îion n'eft que l'image. Quel eft donc cet accord, puisqu'il ne

s'agitici que

deMufique ?

A cela lesChinois tant anciens

que

modernes, feront la réoonfe iuivante que j'extrais de leurs

Livres. Jel'abrégerai, pour

nepas répéter

ceque je puis avoir

dit dans le cours de ce Mémoire.

La Mufique difent les Chinois, n'eft qu'une eipece de lan-

gagedont les hommes fe fervent peur exprimer les fentimens

dont ils font affectés. Sommes-nous affligés t Sommes-nous

touchés des malheurs de quelqu'un ? Nous nous aurifiions

nous nous attendrirons & les fons que nous formonsn'expri-

ment quela trifteffe ou la compafiîon. Si au contraire la joie

eft dans le fond de notre cœur notre voix la manifefie au-

dehors le ton que nous prenons éft clair nos paroles ne font

point entrecoupées chaque fyllabe eil prononcée distincte-

ment, quoiqu'avec rapidité.Sommes-nous en colère ? nous

avons le fon de voix fort & menaçant. Mais h nous fomrnes

pénétrésde refpecl

ou d'eirime pour quelqu'un nousprenons

un ton doux affable & modefte. Si nous aimons, notre voix

n'a rien de rude ou de groflîer.En un mot, chaque paillon a

fes tons propres & fon langage particulier.

Il faut par conséquent quela

Mufique pour être bonne

toit à l'unifîbn des pallions qu'elle doit exprimer. Voilà le pre-

mier accord.

Il faut outre cela quela

Mufique module, enn'employant

quele ton

proprecar

chaqueton a une manier-.» d'être &

d'exprimer qui n'appartient qu'à lui. Parexemple le ton houn?

Page 171: Memoires concernant les chinoise 6

DE LA MUSIQUE

a une modulation férieufe & grave parce quelledoit

reprefeuter l'Empereur,la fublinu'té de (a dofhine (f), la

ink\']etlé de la contenance & de toutes les actions. Le ton c/ntng,

au contrair j a une modulation forte & unpeu acre, parce

qu'elledoit reprefenter le Miniitre & ion intrépidité

à exercer

la initiéemême avec un

peude

rigueur.Le ton kio a une

modulation unie ev douce, parce qu'elle doit rcprélenterla

modeltie la foumiflion aux Loix, cv la coudante docilité que

doivent avoir lespeuples

envers ceuxqui font chargés de les

cTouverncr.Le ton tchcaxmo modulation rapide, parce qu'elle

vepréiente lesadirés de l'Empire, l'exactitude & la célérité

avec lefquelles on doit les traiter. Le tonyw a une modulation

haute cv brillante, parce qu'elle représente l'univerfalité des

choies & les difiorens rapports qu'elles ont entr'elles pour

arriver à la même fin.(

Que ces modulations 1 oientemployées à propos

en n'ex-

primant quece qu'elles doivent

reprefenter, ce fera le fécond

accord.

Les tons lent comme les mots dulançaore mufical les modu-

lations en font les phrales. Les voix, les inftrumens & les

cianlcs forment le contexte cv tout l'enfemble du difcours.

Lorlquenous voulons exprimer ce que nous fentons nous

employons,dans nos paroles

des tons hauts ou bas, graves

ou aie;us torts ou foibles lents ouprécipités courts ou de

quelquedurée. Si ces tons font réglés par les lu fi les inftru-

mens foutiennent la voix & ne font entendre cestons

ni

plutôtni

plus tardqu'elle fi

chacun des huit fortes de ions a

été mis au ton qui lui convient & n'eil employé que lorfqu'i!

ell à propos cm il le ioit; li les danfcurSj par leurs attitudes

{J) II faut ie Convenir que ce fontk^ Chinois qui parlent &

qu'il

s'agit ici des règles pour faire de !a

mulïque en Chine.

Page 172: Memoires concernant les chinoise 6

DES CHINOIS, Pan.

& toutes leurs évolutions difent aux yeux ceque les voix &

les inftrumens difent aux oreilles (/)fi celui qui fait [es céré-

monies en l'honneur du Ciel ou pour honorer les Ancêtres

montre parla gravité de

fa contenance & partout fou main-

tien, qu'ilcil véritablement

pénétrédes fentirn >ns

qu'expriment,

& le chant ëz les danies voila l'accord leplus parfait; voilà,

la véritable harmonie. Nous n'en connoijjons point & nous n'en

avons jamaisconnu d'autre.

ïl me femblequ'on

nepeut pas

réfoudreplus

clairement la

queflion. Un exemple achèvera de mettre fous les yeux du

Lecleur quelle efv. la forte d'harmonie dont les Chinois ont

fait ufage dans leur muiîque depuisles tems les

plus reculés

jufqu'àcelui où nous vivons. Je le tire de ce qu'il y a de plus

facré parmi eux, & en même tems de ce qu'il y a de plus

authentique dans leur cérémonial. C'eftun Hymne qu'on chan-

toit du tems des Tcfieou dans la falle des Ancêtres, lorfque le

Souverain y faifoit les cérémonies refpeftueufes clans tout

l'appareilde fa grandeur. Voyez le Supplément à la fin de cette

troiiieme Partie(g).

(/) Les danies font en mêmetems que le chant, comme on le

verra à la Un de l'Ouvrage. Maiscela n'empêche pas quoique la

danfe ne vienne chez nous qu'après

le chant, que nos Directeurs de

fpeftacîes, en Europe, ne puffent

beaucoup profiter de cet article.

(g) Cet Hymne fa traduction,

&. tous les détails qui concernent

ces deux objets, formoient la lvitc

de cet article.J'ai rejette le tout à

la fin fous le titre de Supplément

à ce troiiieme article. Cette tranf-

poiïtion m'a paru néceffaire pour

rapprocher davantage l'article fui-

vant, & fur-tout laconclufion

par ou fe termine le Mémoire du.

P. Ajniot.

Page 173: Memoires concernant les chinoise 6

ARTICLE QUATRIEME.

Manière dont les Anciens accordaient le Kin àcinq on à

fept cordes,

NT '1" '1L

l 1 P. l_Lnî ou s avons vu, à l'article 6 de la première Partie, quele

kin appelleà

cinq cordes cil celui dans lequel on ne faifoit

uiage quedes cinq tons, f fol la ut re bien que l'inirrument

portât en realité fept cordes; & que le kin, dit à fept cordes

eil celui dans l'accord duquel, en employant les deux pien,fî

& ml, on avoit les feptions diiïérens fa fol la fi

ut re mi,

tandis que dans le kin, appelleà

cinq cordes, la ïixieme & la

ieptieme corde n'etoient que les o£taves des deux premieres,

Voici la manière dont on accordoit ce kin.

.Accord du Kin à cinq cordes procédantdu

grave à F aigu.

Lapremiere corde répondant au lin-tchoung

donnoit le

ton tc/ié y ut.

La féconde corde, répondant au nan-lu, donnoit le ton y/ re.

La troilîeme corde, répondant au hoang-tchoung donnoit

le ton koung fa.

La quatrième corde répondant à tay-tfou donnoit le

ton chang fol.

La cinquieme corde, répondant à kou-fi, donnoit le ton kio, la.

La fixieme corde répondant à lin-tchoung donnoit le

ton tché ut«

La feptieme corde répondant à nan-lu donnoit le ton yit, re.

Le kin ainfi monté etoit au rang des infirumeus ftables &

l'on ne s'en lervoit que pour accompagner certaines pièces

c'eft-à-dire

DE LA MUSIQUE

Page 174: Memoires concernant les chinoise 6

DES CHINOIS, Part.

£.<L? --––

~7.

1 1'? -c 2 -j

y

c'eft-à-dire celles où. le Compofiteur n'avoit fait ufage que

des cinq tons, koung, chang, kio te lié yu.

La manière la plus générale de monter le kin etoit celle où

li'on faifoit ufage de fept fons différens, en cette maniere.

Accord du Kin à fept cordes procédant du grave à Caigu.

La premiere corde répondant au hoa.ng-teh.oungdonnoit le

ton koung, fa.

La feconde corde répondant au tay-tfou donnoit le

ton chcaig fol.

La troifieme corde, répondant au kou-fl donnoit le ton

kio, la.

La quatrieme corde répondant au joui-pin donnoit le

pien-tché fi.

La cinquieme corde répondant au hn-tchoung donnoit

le ton te hé uu

La fixieme corde, répondant au nan-lu donnoit le ton

yu, 1 rt.

La feptieme corde, répondant à yng-tchoung donnoit

le pien-koung mi.

Cette feptieme corde etoit appellée ho qui fignifie corde

de V union & laquatrieme, qui répond au pien-tché ou fi «

etoit appellée tchoung qui fignifie moyenne.

J'ai dit, en parlant du kin à l'article 6 de lapremière Partie,

qu'il y avoit à cet infiniment treize points ou marques qui indi-

quoient la divifion des cordes. Ces treize marques dans les

premiers tems, etoient autant de clous de l'or le plus fin. Lorf-

que les cordes du km etoient montées félon le fyftême defept

cordes il falloit, pour coafhuer la juflefTe de fon accord

que la premiere corde hoang-tchoung ou fa, en mettant le

Page 175: Memoires concernant les chinoise 6

1) E LA MUSIQUE

doie,t iur le dixième clou donnât fa quarte tchoung-lu ou

/7-/v>m/, reprefenré par (/' ).

L.i féconde corde r.:v-i'«, ou /u/ diviiec de même au

dixième clou devoit donner le Im-tcliaunsr ou

La troiiieme corde kou-ft ou Li diviléean dixième clou,

devoit donner /;> ou ;r.

La quatrième corde joui-pin ou/?,divifée au dixième clou,

devoit donner \n$-t chouan; ou mu

La. cinquièmecorde lïn-tchoung, ou m divifée au dixième

clou devoit donner le Iwcing-tchoung aigu c'ett-à-dire 3

Foclave de /•.

La tixieme corde nan-lu ou rc divifée au dixième clou,

devoir donner, Toclave du ta\-tfou, ou /<

Laieptieme corde vn^-tclioun^ ou /;«' divifée avi dixième

clou devoit donner l'ocïavc de keu-fi ou /^7.

On accordoit le ,t'« iur le ton rixe des lu c'eit-à-dire que

la première corde fe mettait au ton de tel ou, tel Lu, fuivant.

les mttrumens itables avec lelqucls on Taccordoit. De cette

maniore -on tiroitdu ieul kir. S 4 modulations lorfqu'il etok

monté .7 jerr cordes c'eit-à-dire pour rendre iept ions diffé-

rent :iu lieu qu'on ne tiroit que foixante modulations du kin >

dit >z c:n.j civ\L-s c'ell-à-dire monté pour ne rendre queles

cinq tons, comme on l'a vu a la page 168.

Dans ce kin decinq tons le koung & le tchc c'eft-à-dire

ie Se l'ut s'engendrent mutuellement; le tchc & lechange

c eit-à-dire, l'ut&z lejol, s'engendrent mutuellement le cliang

( •: ) 11 s'agit ici d'un iyjlème

pr:s -po\\?J:-ti;:?o!. quoiqu'on iache

c;; cr_ muUqLie cela!P. iveit pas ainfi

( ove; note rr de iaicconck- Par-

:.e p;;ge 1 16 ). Il ieroit ii aile aux<.r;-c;s Prendre cer inùrument

tout-à-tait mutical il ne fiiudroïi

pour cela que doubler tes clous y

arîn qu'on put mettre le doisjt un-

le clou de La Je ou iur celui d«

jl-bimol de /v^ ou de mi-bcmol

&c. félon le beibinqu'on auroiî

de ces divers ions.

Page 176: Memoires concernant les chinoise 6

DES C HT N O I S III. P,n.

Yij

&z leyu c'eft-à-dire le foi & le re s'engendrent mutuellement

le yu &: le kio c'eft-à-dire 1ère & le la s'engendrent mutuel-

lement niais le kio & le koung, c'clt-à-dirc la &<r ne (au-

roients'engendrer parce que c'efl: an kio nue te ternùnc le

calcul pour cette partiedu

grand fyftême ( i).

Dans l'accompagnement qui fc fait avec le kin on pince

toujours deux cordes en même tems. Dans le kin monté pourles cinq tons les accords d'en bas (k) fe font par ce que les

Chinois appellent ta-kiuen-kcou c'eft-à-dire par le grand inter-

valle, qui efl laquinte & les accords d'en'haut le font par le

chao-kiue/i-keou c'eft-à-dire par le petit intervalle qui cft la

quarte (/).

Je croisqu'en voilà bien aviez pour donner à un Lcclc-ur

européen une connoiflance exafte de la Mufiquc des Chinois.

( i ) Pour l'intelligence de ce

pnflage il faut avoir fous les yeuxcette génération des fons avec les

nombres radicaux qui leur font

affectés en divers endroits de ce

Mémoire favoir

81. 27. 9. 3. 1.

/ 111 fol rc Iii.Il elt aii'é de voir que c'efl réel-

lement à kio, ou la portant le

nombre 1 que fe termine le calcul.Ceft-là a la lettre ce que j'ai pref-fenti à la note y de la féconde

Partie, lorfque j'ai ditqu'il paroif-

foit que les Chinois poltéricursaux Inftituteurs n'avoient plus fu

oit paffer quand ils etoient arrivés

au terme 1.Voyez cette note,

page 120.

( k ) Les accords d'en bas ainfi

queceux d'en

haut dont il va être

parlé (eprennent dans un iens

contraire àl'expreffion chinoiie

c'ert-à-dire comme les rennes en

dejce/rdaiu &£ en monuiit iur !((-

quels j'ai prévenu le Leckurà la

note de la (econtle Partie. Voyez,

cette note, page 143.

( /) Voilà tîciic une forîe d h;ir-monic chez, les Chinois, ^eii' en

effet la ieu'e qu'ils eor-iioifient

la feule que connuflent les drecs

C\C celle-là même par oii nos pèresont commencé. Elle ie rucLul à la

quinte d'un Ion donné placée au-

deflus de ce ion ou au-deilous

comme quarte. C'efl: un ut p?a-

cxemple accompagné de iongrj.nd

imcrvtilk de fa quinte fol; ou de

ion petit 'intervalle de l'a quarte au-

deffous qui n'eil autre choie que

la répétition au grave l'octave

du même fol. La vielle &: quel-

quesiîîftrumcns champtîres nousretracent encore, avec leurs bour-

dons, cette forte d'harmonie.

Page 177: Memoires concernant les chinoise 6

DE L A M U S I Q U E

Le Lettré que j'ai employé pour travailler à ce Mémoire l

délire que j'y ajoute l'Hymne en l'honneur des Ancêtres, noté

à la maniere des Anciens qu'il s'eit donné la peine de copier.

Voyez la iigure 9 & ton explication.

11 me demande encored'y joindre quelques planches qui

repréfentent desrangs

de Muficicns & de Danfeurs afin

dit-il qu'on puiiïeen

Europefe former une idée de la majefté

de nos cérémonies. Je ne dois pas le mécontenter; je l'aioccupé

pendant quatorze mois iàns lui donner preiqueun moment de

relâche. Ceft bien' le moins que je lui accorde cette légere

fatisfaclion. Voyez la figure 39cv les fuivantes ( 1 ).

CONCLUSION.

De tout ce quia été dit fur la Mufique des Chinois dans

les trois Parties de ce Mémoire il me l'érablequ'on peut légi-

timement conclure

i°. Que les Chinois ont eu de tout tems, ou du moins bien

long-tems avant les autres nations, un lyitemede mufîque

fuivi lié dans toutes les parties & fondé îpécialement fur les

rapports que les différens termes de la progrefîlon triple ont

entr eux.

20. Que ces mêmes Chinois font les Auteurs de ce fyftême .>

puiique, tel que je l'aiexpole, d'après leurs Livres les pluf

authentiques il eft antérieur à tout autre lyftême de mufique

dont nous ayons connoriîance je veux dire atout autre fyftê-

me dont les Auteurs nous foient connus autrement que par

des conjectures, ou des inductions forcées.

3°. Que ce fyilême renfermant à-peu-près toat ceque

les

( i ) Pour bien entendre tout ce

que j'ai dit fur le kin il endroit

l'avoir ious les yeux. J'en envoie

un pour le cabinet des curioiîtcs

chinois du Miniftre (M. Bertio)

qui daigne m'encourager dans mes

travaux littéraires,

Page 178: Memoires concernant les chinoise 6

DES CHINOIS, Paru

Grecs & les Egyptiensont mis en œuvre dans lesleurs, &c étant

plus ancien il s'enfuit queles Grecs & même les

Egyptiens

ont pnifé chez les Chinois tout ce qu'ilsont dit fur

la Mufique

& s'en font fait honneur comme d'une invention propre.

4°. Qu'il pourroitbien être que le fameux

Pyth.agorc qui

voyageoitchez les nations pour s'initruire & qu'on iait fûre-

ment avoir été dans les Indes fût venu jufqu'à la Chine où

les Savans & les Lettres en le mettant au tait des Sciences &

des Arts en honneur dans le pays, n'auront pas manqué de

lui faire connoître celle des feiences qu'ils regardoient comme

la premierede toutes, je veux dire la

Mufique & que Pytha-

gore, de retour en Grèce aura médité ïur ce qu'il avoit appris

en Chine fur la Mufique& en aura arrangé le fyJtérnc à fu

manière d'où fera. venu ce qu'on appelle leJyjlême

dePyiha-

gore (»0-

(/?/) Cette conje&urc du P.

Amiot le tourne en certitude par

l'inspection de la figure 2 de cettetroiiicme Partie. On y voit, en

commençant d'en haut la férie

des fonsdiatoniques [a fol fa

ml rc

ut fî, la fol fa mi rt ut Jl. C'eft

exactement pour le nombre &

l'ordre des fons le iyilcme de

Py thagoreou fi l'on veut, celui

des Grecs dont on auroit (uppriméla corde ajoute-: le lu inférieur

queles Grecs eux-mêmes regar-

doient comme étrangère au (yliê-

me &i qu'ils appelloient Projlum-

banoment de peur qu'on ne laconfondît avec le iyfîême que leur

avoit donné Py thagore.

Mais ce qu'il y a encore de re-

marquable dans cette figure c'ell

le modèle des tétracordes des

Grecs que prclcntent les quatre

fous fl ut rc nurcnk-rnics dans le

cercle inférieur.

Si les autres fons tic Tcchellc

chmoiie ne font plus diiuugués par

tétracordes danscette figure

c'eft-îà ce qu'a de propre !e fyiiêmedes Chinois & l'on ne laie fi

Py-

thagore a m'ieux tait de coupertoute la férie des ions par tétra-

cordes que de laii'Ter iioLs com-me ils le iont chez les Chinois les

iept ions différens qui composentle fyitêmo mufical dit diatonique,dont ie font formées les diverfes

gammes ou échelles des différens

peuples. Qno: qu'il en l'oit on voit

toujours & par le tétracorde Jlut rc mi du cercle intérieur, & parla tcriC totale des ions du fyttéme

chinois &i par l'idée même de

fous moyens tranlporïee dans le

i'yfîcme des Grecs (tétracorde des

Page 179: Memoires concernant les chinoise 6

DE LA MUSIQUE

5°. Que quoiqu'il paroifîeau

premier coup-d'oeii que les

rapports que les Egyptiensont trouvés entre les fons de la Mufi-

que & divers autres objets («) ibientà-peu~près

les mêmes

que ceux qu'ont etablis les Chinois il y a cependant une très-

grande différence & cette différence eil dans ce qu'il y a

ci'efTentiel dans le fyftême muiîcal. Je prie le Lefteur de revoir

ce que j'ai dit dans la féconde Partie de ce Mémoire en par-

lant des lu &c.

6°. On peut conclure enfin qu'il n'eft pas jurle d'imputeren

général à tous les Chinois, Yufage gauche (o) que quelques-uns

moyennts} que Pythagore n'a pas

misbeaucoup

du lien dans celui

qui portefon nom, ou comme le

dit le P. Amioî dans le fylremedes Chinois qu'il a atr.inv;c à fa¡,[

rii.wLrc. On peut même remarquer

quecet

arrangementne lui a

pas

été bien difficile à imaginer. Des

douze lu tournis par les douze

termes de laprogremon triple,

Pythagoreen a pris huit, oC ion

fyfîêmea été fait. Voyez dans le

Mémoire fur la Mu/îque des Anciens

le tableau de la page 45 oii les

huitpremiers

termes de laprogref-

fiontriple

font comme le texte

dont lefyftême

dePythagore

n'eft

que le développement & ce dé-

veloppement lui etoit fourni par

le fyftème chinois. Il femble môme

qu'on pourroit conclure de ce

que nous venons d'obferver quele premier terme de la progreflion

triple, à l'époque où l'on peutfup-

poier que Pythagore ait voyagé en

Chine, que ce premier terme, dis-

je, répondoitindifféremment à

fa

ou à fi chez les Chinois &peut-

être même exclufîvernent à fi,

puifque, dans le fyftême dePytha-

gore, ley? inférieur porte le nom-

bre 8191 treizième oclave du

premier terme c'eft-à-dire du fi

défigné par l'unité. La figure 1 de

la feconde Partie & fon explica-

tion, femblent confirmer cette

conjecture. On peut voir d'ailleurs

ce qui eft dit au fiuet des deux or-

dres de génération par fa &C par

fi, à l'article 6 de la même féconde

Partie pages 125 116.

Au relie il eit bon de remar-

quer que le fi inférieur dont jeviens de parler cette corde, la

plus baffe du fyftême chinois Py-

thagore l'a appellée dans le lien

Yh.ypate des hypaus c'eft-à-dire

la première des premières. C'eft

exactement, comme nous la nom-

merions nous-mûmes la figure 2 à

la main & les yeux fixés fur le

cercle inférieur :fi ai re mi.

( n ) Mémoire fur la Mufiqut desAnciens articles

io&ii pages

71& fuiv.

( o ) Ibid. page 3 3 §. 58. Ce que

je dis en cet endroit de mon Mé-

moire, n'eft comme j'en ai préve-

Page 180: Memoires concernant les chinoise 6

DES C H I N O I S, III. Pan.

de leurs Auteurs ont fait de la progrcfîion triple appliquée

aux fons. C'eft comme û l'on rendoit tous les Auteurs francois

refponfables des impertinences qui ont été avancées par Y Au-

teur rijîblc dont parle M. l'Abbé Rouffier dans la note de la

page 72 de fon Mémoire fur la Mufique des Anciens,

Si le Lefteur a quelque peine à tirer toutes ces confcquen-

ces, parce qu'il ne verra pas affez clairement tout ce que j'ai

tâché d'établir & de développer dans ce Mémoire il peut

n'envisager mon Ouvrage que comme un Ecrit, où j'expofeavec fincérité des ufages antiques, qui lui mettent fous les yeux

ce qui s'eft pratiqué chez une grande nation, dès les premiers

fiecles du monde.

AMIOT Millionnaire à Péking l'an de

J. C. 1776 "clu règne de Kiai-long Ala quarante-unième année.

nu, que d'après les idées de Ra-

meau, &c fur ce qu'il a rapportédans ton Code de l'ancien manuf-criî du P. Amiot. Mais je vois au-

jourd'hui, par ce même manuf-

crit, que Rameau en beaucoup

d'endroits, n'a pas voulu fe donner

la peine d'entendre ce qu'il lifoit.

Ce font en effet les opinions de

quelques particuliers touchant

lescinq tons que

le P. Amiot ex-

poie dans fes Préliminaires fur la

traduction de l'Ouvrage de Ly-

koang-ty. Les nombres 3 27

243 Sic. que cite Rameau, font

(*) L'oidre fondamental de ces tons, eft comme à l'exemple de h note b.

pag. 159 pris en rétrogradant, fiivok

177147. 5C049. 19683. 6561. 1187.

fiiut

fol ri

à la page 9 du cahier A, & il pou-

voit voir à la pnge 15 de cemême cahier, les cinq tons bien

énoncés koiais; chang k'10 sc/ij, ':)

yu mots chinois, à la venté,mais à côté de ces noms font écrits

les nombres 177147 19683

2187 59°495 6561 qui dévoientêtre le langage naturel de Rameau;

ce font les nombres radicaux des

cinq tons (* ). Aujourd'hui que je

puis lire pour ainfi dire dans les

îources, le P. Amiot verra par lanote b de cette troiiîemePartie,pag,1 5 9 ce que je penfe des cinq tons,

Page 181: Memoires concernant les chinoise 6

DE LA MUSIQUE

j. Yu

SUPPLÉMENT l l'Article III

De cette troifieme Partie.

En l' honneur DES S Ancêtres.

Premiere Partie.

(*) Siao-tfee

l* ) Ces deux mots fe difent à part & n'entrent point dans ia confïru&ion du vers.

HYMNE CHINOIS,

i, Jee hoangrien Tfou,

z. Yo ling yu Tien

3 Yuen yen tfing lieou

4. Yeou kaotay

hiuen.

5. Hiuen fun cneou ming

6. Tchoui yuen ki fien

7. Ming yn ché tfoung

8. Y ouan fee nien.

Seconde Partie,

i. Toui yué tché tfing

2. Yen jan jou cheng.

3. Ki ki tchao ming,

4. Kan ko tfai tin g.

5. Jou kien ki hing

6. Jou ouen ki cheng

7. Ngai eulh king tché >

8. Fa hou tchoung tfing.

Troijieme Partie.

i, Ouei tfien jin koung

2.. Té tchao yng Tien.

3. Ly yuen ki yu

4. Yuen cheou fang koue

Page 182: Memoires concernant les chinoise 6

DES CHINOIS, SuppL

Tome KL e Z

11_ f__

5. Yu pao ki tê,6. Hao Tien ouang ki.

7. Yn tfin fan hien

8. Ouo fin yué y.

Avant de mettre fous les yeux du Lefteur le chant que

portent ces paroles, je vais donner la traduction de l'Hymne

afin qu'onfe pénètre d'avance des fentimens qu'on doit trouver

dans l'expreffion de la mufîque. Chaque partie de cet Hymne,

comme on vient de le voir, efl compofée de huit vers &

chaque vers compofé de quatre pieds. En le traduifant en

vers François j'ai doublé le nombre des vers j'en ai employé

feize pour chaque partie & ces vers font de différente mefu-

re. On font affez que cette traduction n'eft point littérale il

m'eût été impoffible de la faire telle mais j'ai tâché de rendre

exactement le fens dé l'original. Je dois prévenir d'ailleurs que

je touche à ma foixantierne année, & que depuis vingt-fept

ans que je fuis en Chine, je ne me fuis guere occupé de

Poéiîe.

Pour trouver quelque fatisfa£tion à lire cette pièce il faut

tâcher de fe perfuader que la reconnoiffance envers ceux de

qui l'on tient la vie, efl l'un des principaux devoirs de l'hom-

me, & que ce n'eft qu'en s'acquittant de ce devoir, comme

difent les Chinois, que l'homme fe diftingue de la brute. J'ofe

ajouter que fi l'on veut eprouver une partie des effets que

produit fur les Chinois une mufique au moyen de laquelle

on témoigne fa gratitude envers les Ancêtres il faut, comme

eux être pénétré de tous les fentimens d'amour de refpeft

& de reconnoiffance qu'on doit à ceux à qui l'on efl redeva-

ble & de la vie & de tous les autres biens dont on jouit.

Alors on peut fe transporter en efprit dans la falle deftince à

leur rendre hommage.

On trouve d'abord dans le veftibule tous ceux qui portent

Page 183: Memoires concernant les chinoise 6

DE LA MUSIQUE

les etendards qui annoncent que c'eft dans ce lieu quele

Prince doit fe transporter. On y voit les principales cloches

& les principaux tambours les Officiers des gardes & quel-

ques Mufîciens tous rangés avec fymmétrie & immobiles

dans leurs poftes. En entrant dans la falle on voit, à droite &

à gauche les joueurs du cheng, du king & autres joueursd'inftrumens rangés egalement par ordre. Vers le milieu de

la falle font les danfeurs, habillés en uniforme & tenant

à la main les inflrumens qui doivent leur fervir dans leurs

evolutions (p ). Plus près du fond font placés les joueurs du

kin & du c/ië, ceux qui touchent fur le tambour po-fou & les

chanteurs. Enfin dans le fond même de la falle on voit la

représentation des Ancêtres, c'eft-à-dire, ou leurs portraits,

ou de fimples tablettes fur lefquelles leurs noms font écrits

depuis celui qu'on compte pour le Tay-tfon c'eft-à-dire, celui

qui eft reconnu pour avoir commencé la tige, jufqu'à celui

qui a tranfmis la vie & l'Empire au Souverain actuellement fur

le trône. Devant ces repréfentations eft une table garnie de

tout ce qui doit fervir à l'offrande & aux libations ( Voyez la

figure 39). En même tems que les yeux fe repaiffent de ce

fpeclacle & que le cœur difpofé comme je le fuppofe eft

agité des plus douces fenfations on entend le fignal qui avertit

de l'arrivée du Fils du Ciel ( l'Empereur )= Le profond filence

qui fuccede à ce fignal la démarche grave & majeftueufe

du fils du ciel qui s'avance vers la table des parfums com-

(/>) Le P. Amiot ne dit rien fur

ces inftrumens mais je trouve

dans fa iraduûion del'Ouvrage de

Ly-koang-ty qu'il y avoit, chez z

les Anciens des danfes appellécsdu drapeau des plumes du dard

&c. parce que les danfeurs te-

noient en main ou un étendard

ou un petit bâton furmemté de

plumes 011 un dard &c. & l'on

appc-loit la danfc de f 'homme, celle

où les danfeurs avoient les mains

libres & ne portoient rien dans

leurs évolutions. Cahier A, page

63 explicationde

Ly-koang-ty,

Page 184: Memoires concernant les chinoise 6

DES CHINOIS, Suppl.

Zij

mencent à infpirerce que

les Chinoisappellent une fainte

horreur fur tout û comme eux, l'on eft perfuadé que les

Ancêtres defcendent du ciel, pour venir recevoir les nomma-,

ges qu'onfe

difpofeà leur rendre. Mais lorfque le Souverain

etant arrivé devant la repréfentationde fes Ancêtres les Mufi-

ciens commencent à entonner l'Hymne je fuisperfuadé que

lespremiers

fons qu'on entend pénètrent jufqu'à Famé &

réveillent, dans le cœur les plus délicieux fentimens dont ilIL

puiffeêtre affefté. C'eft ainfi

qu'on peut expliquer comment

laMufique

apu opérer

de figrandes

merveilles chez les anciens

peuples,tandis

quela nôtre, avec toute fon harmonie, peut à

peine effleurer Tarne, pour ainfi dire. _“

Traduction DE L'HYMNE EN l'honneur

des S Ancêtres.

Première Partie ( ).

JLiORSQUE je penfe à vous, ô mes fages Aïeux! 1

Je me fens élevé jufqu'au plus haut des Cieux.

Là, dans l'immenfité des fources éternelles

De la folide gloire & du conftant bonheur,

Je vois avec transport vos ames immortelles

Pour prix de leurs vertus pour prix de leur valeur

De délices toujours nouvelles

Goûter l'ineffable douceur.

Si malgré mes défauts & mon infuffifance 9

Les décrets de la Providence

( ) C'efl au nom de l'Empereur

que les Muficiens chantent cet

Hymne. Ils commencent la pre-

miere partie lorfque l'Empereiir ?

etant entré dans la falle, fe place

debout devant la table où font les

repréfentations de fes Ancêtres.

Page 185: Memoires concernant les chinoise 6

DE LA MUSIQUE

M'ont placéfur la terre au plus fublime rang

C'efl parce que je fuis de votre augufte fang.

Je ne faurois marcher fur vos brillantes traces a

Mais mes foins affidus mon rcfpecl: mes efforts,

Prouveront aux futures races

Qu'au moins j'ai mérité de vivre fans remords ( ).

Seconde Partie.

Je vous dois tout j'en fais l'aveu fans peine

Votre propre fubltance a compofé mon corps

Je refpire de votre haleine

Je n'agis que par vos rcfiorts.

Quand pour donner carriere à ma reconnoiffance

Conduit par le devoir, je me rends en ces lieux,

J'y jouis de votre préfence

Vous defcendez pour moi du féjour glorieux.

Oui vous êtes préfens votre augufte figure

Fixe parfon eclat mes timides regards

Le fon de votre voix, de la douce nature,

Réveille dans mon cœur les plus tendres égards.

Humblement profterné je vous rends mes hommages,

O vous, dont j'ai reçu le jour

Daignez les accepter comme des témoignages

Du plus profond refpeft du plus parfait amour (•).

(*) Après cette eipece d'exor-

de, qui n'elt que comme une pré-

paration, ou une manière de fe

difpoferàfaire dignement les céré-

monies refpechieuies l'Empereur

fe profterneà trois reprifes diffé-

rentes frappe à chaque reprile

trois fois la terre du front, fait les

libations & les offrandes. Pendant

ce rems-là les Muficiens chantent

la feconde partie de l'Hymne, tou-

jours au nom de l'Empereur,

( ) Lorfque l'Empereur a

fini les cérémonies refpeftueufes

c'eft-à-dire après qu'il a offert

les viandes qu'il a fait les liba-

tions, ou vcr'é le vin qu'il a

brûlé les parfums & qu'après

s'être proilcrné il a frappé neui

fois la terre du front de la ma-

nière accoutumée il ie relevé &

fe tient debout dans la même atti-

tude que lorsqu'on chantoit la pre-

miere partie de l'Hymne.Alors les

Page 186: Memoires concernant les chinoise 6

DES CHINOIS, Suppl.1

TroijiemePartie.

Je viens de retracer dans ma foible mémoire

Les vertus, les travaux, les mérites fans prix

De ces fages mortels qui parmi les Ef^-its

Sont placésdans le Ciel au faîte de la

gloire.

Ils tiennent à mon cœur par les plus forts liens

Ils m'ont donné le jour, je poffede leurs biens y

Et plus encor je rougis de le dire,

(*) Moichétif. après eux je gouverne l'Empire.

Le poids d'un fi pefant fardeau

Me feroit trébucher fans cefle

Si le Ciel ne daignoit foutenir ma foibleffe

Par un fecours toujours nouveau.

Je fais ce que je peux quand le devoir commande

Mais comment reconnoître hélas tant de bienfaits ?

Trois fois avec refpeft j'ai fait ma triple offrande (** )

Ne pouvantrien de plus, mes vœux font fàtisfilits.

L'Hymne fini, l'Empereurfe retire avec fes Miniftres &

tout l'on cortègedans le même ordre

que lorsqu'ileft entré

dans la falle. Pendant ce tems-là lamufique continue jufqu'à

ceque

Sa Majeité foit rentrée dans fon appartement.

Les danfeurs font admis à cette cérémonie &y jouent un

rôlequi

contribue à la rendre encoreplus augufte par l'appareil

qui l'accompagne.Du refte par ces danieurs, il ne faut pas fe

figurerdes baladins ou de faifeurs de fauts. Les danfeurs

Muficiens entonnent la troifieme

partie.Pendant qu'on chante cette troi-

fieme partie les Ancêtres qu'oncroit erre defeendus du Ciel pourrecevoir les hommages qu'on leur

rendoit font fuppofés quitter la

terre pour remonter au Ciel.

( ) Ces mots qui commencent

le vers, font comme hors de rang

à l'imitation des deux mots chinois

Jîiio-tj'it: de l'original auxquels ils

répondent & qui ïont auffi hors

derang.

Ces deux mots fe chan-

tent à demi-voix & d'un ton

prefque tremblant.

(**) Par h triple offrande on

entend ici i°. l'oblation des vian-

des 2°-. les libations 30. les

parfums qu'on brûle»

Page 187: Memoires concernant les chinoise 6

DE LA MUSIQUE

dont il eft ici queftion, font des hommes graves, qui expriment

gravement par leurs geftes leurs attitudes, & toutes leurs

évolutions les fentimens dont le Fils du Ciel eft cenfé devoir

être pénétré lorfqu'il s'acquitte envers fes Ancêtres des

devoirs quelui impofe la piété filiale. Voyez les figures 40 a }

40 ô & leurs explications. Pendant qu'on chante le premier

mot del'Hymne

c'eft-à-dire ffee qui fignifie p enfer,méditer

profondément être affecté jufqù au fonddu cœur de ce à quoi l'on

penfe &c., les danfeurs font debout, ayant la tête penchée

fur la poitrine & fe tiennent immobiles.

Quant à l'accompagnementdes inftrumens lorfque les voix

commencent le mot fec, on donne un coupfur la cloche du

hoang-tchounVy c'eft-à-dire fa parce que la pièce eft dans

ce ton, & que le mot fee eft exprimé par la note koung

ou fa.

Après que la cloche a donné fon koung une feule fois le

po-fqudonne trois fois la même note. Après la troifieme note

du po-fou le kin & le chè donnent la leur le po-fou en redonne

encore trois après lesquelles le kin & le ché répètent leur note j

& c'eft lorfque quelqu'un de ces inftrumens commence, que

les chanteurs reprennent haleine. Ce que je dis ici pour la pre-

miere note s'obferve à toutes les autres; on doit juger par-là

de la lenteur avec laquelle procede ce chant.

Dans l'exemple que je vais donner je n'ai noté que la par-

tie qui fert à la cloche, au kin, au clzê & au po-fou parce que

ces inftrumens accompagnent toujours la voix ( q ). Les autres

(7) Il y a quelquefois une diffé-

rence entre ce que chante la voix

& ce que jouent ces inftrumens.

Dans les planches qui repréfenlent

l'Hymnenoté pour la voix à la

manière des Anciens la fin du

quatrième vers de la feconde Par-

tie (planche 10 ) & celle du

fixieme vers de la troifieme Partie

(planche 30), portent un re en

bas, au lieu du n en haut, qu'anoté le P. Amiot dans fon exem-

ple. J'ai cru devoir ajouter ce re

en bas, dans l'un & l'autre endroit

Page 188: Memoires concernant les chinoise 6

DES CHINOIS, Suppl.

inlîrumens quandc'eft leur tour de fe faire entendre, ne diftnt

tous qu'unemême note avec la voix.

Enfin tous les inftrumens dont j'ai parlé à la première Partie

de ce Mémoire, font employésdans cette îr.ufique.

Il y en a qui font en dehors de la falle les autres font dans

la falle même auprès des chanteurs.

Pour avertir qu'il faut commencer, on donne trois coups,

à quelqueintervalle l'un de l'autre fur le tao-kou enfuite un

coup fur la cloche, & la voix commence;, ainfi que tous les

inilrumens qui doivent l'accompagner.

A la fin de chaque vers, on donne un coup fur le lien-kou

à cefignal,les voix & tous les

mftrumens ceffent. Après un

petit reposon frappe

une fois fur Yyng-kou immédiatement

après, fur le hiuen.-k.ou enfuite un fécond & un troifieme coup

fur chacun de ces deux tambours, après quoi l'on donne un

coup fur la cloche, & les voix commencent le vers fuivant;

il en eft de même pour tous les vers.

Au refte le km & le chê comme je l'ai dit du kin ,h l'arti-

cle quatrième p. 1 7 1 donnent toujours deux fons à la fois c'eft-

à-dire, le même fon que chante la voix & la quinte de ce ton.

de cet exemple l'on aura ainfi la

note pour la voix, & la note des

inftrumens.

Cette obfervation peut faire

naître un doute touchant le qua-trième vers de la premiere Partie,

où l'on trouvera la même termi-

naifon du ri d'en haut awfa. Cette

tenninajfon eft conforme à la plan-che 1 1 qui préfente ce vers or

n'y auroit-il pas faute dans la plan-

che, ou dans l'Ouvrage dont on

l'a extraite ?

Aii refte, je dois encore préve-nir ici Qu'au lieu de foi 5 dernière

note du quatrième vers de la troi-

fieme Partie de cetexemple on

trouve un fi; dans laplanche 2.8

crui représente cequatrième vers

ioit dans le maintient de M. Ber-

tin, ibit dans celui de la Biblio-

thèque du Roi & ce/z eft confir-

me par le carairere ho qui répondà

kuii7:a dans lesplanches chinoi-

fes des deux mêmes manufents. Il

en eu de mêmepour les trois pnl-

fkges dont j'ai parle ci-deffus les

quatre exemplaires deplanches

font conformes à ce que j'aiénonce,

Page 189: Memoires concernant les chinoise 6

DE LA MUSIQUE

A la fin de l'Hymneon frappe un coup fur la tête du tigre

accroupi (fîg. 24 de la premiere Partie ) & l'on patte trois

fois la baguette ou tchen fur ion dos. Voici cet Hymne “

note à notre manière (r).

HYMNE EN l'honneur DES Ancêtres,

Première Parue.

Trcs4cntcmcnl.

Seconde Partie.

( r) Dans les doubles notesqu'on trouve à la féconde & à la troifieme partie

de cei Hymne le rc inférieur eft pour la voix & celui d'en haut pour les

snitrumsns, d'après ce qu'en a dit le P. Amiot à la page 182. Voyez Ibid, note y.

Jou

Page 190: Memoires concernant les chinoise 6

DES CHINOIS, Suppl.

Tome VI. -A a

TroijlemePartie.

Fin du Mémoire.

Page 191: Memoires concernant les chinoise 6

DE LA M U SI Q U E

OBSERVATIONS

Sur quelques pointsde. la Doctrine des Chinois.

PREMIERE OBSERVATION.

Examen des proportions expofées à la figure 9 a de la

féconde Partie du Mémoire du P. Amwt.

JL L s'agit ici des proportions que j'ai promis d'examiner

page 144 note mm.

Comme la figure c> a ne préfente pour les douze lu que

le réfultat des opérations de Hoai-nan-tfee décrites aux arti-

cles 5 & i de la féconde Partie ce que j'ai déjà dit à la

note y page 1 20 touchant les valeurs particulieres de quel-

ques-uns de ces lu, peut fuffire pour juger du vice des opéra-

tions par lclquelles on obtient ces valeurs & pour fe convain-

cre que Hoai-nan-tfce en voulant négliger les fractions

corrompt totalement une méthode, dont l'excellence confîfte

à n'admettre d'autres fons que ceux que produit une généra-

tion de quintes & de quartes alternatives. Méthode la plus

fimple & la plus parfaite que les hommes aient pu imaginer

jufqu'à ce jour, mais qui cefTe d'être la même fî on ne la

prend à la rigueur û l'on fe porte à altérer la forme & pour

ainfi dire la dimenfion que chaque quinte ou chaque quarte

doit avoir loit en retranchant quelque chofe de cette dimen-

fion foit en y ajoutant à fon gré.

Nous avons vu à la note y, que je viens de citer que les

feuls ions j 'a ut fol re la ont une valeur légitime dans l'opéra-

Page 192: Memoires concernant les chinoise 6

DE S C H I N O I S O6f.

A a ij

non de Hoai-nan-tfee.^OMS avons vu que le mi, quinte de la, eft

irrationnel quey?, quarteau-deffbus de ce mi ne forme point

une quarte jufteni avec le fon irrationnel 43 ni avec le ton

légitime 41- puifque ce fi, porté à 57, 0 oit être 50I, neu-

vieme octave de i engendréde

|. Or, les ions qui fuivent^Ç

dans la générationdes quintes

& des quartes alternatives

favoir fa.% ut% fol%, re%, la% font également

irrationnels, altérés & abfolument hors de leurs proportions

foit dans le texte de Hoai-nan-tfee foit dans la figure quien

eft l'expreffion.

Le/à dans l'un & l'autre endroit, eft évalué à j6 tandis

que la quarte au-deffousdéfi 5<Sf, doit être 75 f* onzième

octave de -– engendré de-|. Uut%, en fuivant toujours la

génération des fractions f, §, &c. Yut%, dis-je, doit

être 50 H & il eft porté à 5 15 mais le fol le re le la

détonnent bien davantage; le premier, de 6, avec. une frac-

tion, eft porté à 68 d'où les deux autres font trèi-confidéra-

blement altérés, tant en eux-mêmes, que relativement aux

fons qui les précèdent.On voit par-là de quelle importance il

eft de ne rien négliger en matière de fons car ici les fractions

valent autant quedes nombres entiers &il n'eft pas plus loifi-

ble d'ajouterau

produitde ces fractions ou d'en Supprimer

quelque chofe, qu'il ne le feroit d'ajouter ou de retrancher

des unités ou même plufieurs unités dans des nombres

entiers.

Mais, en prenant la progreffion tripleà rebours, & la faifant

commencer par le cinquième terme, par 81 il y avoit encore

un moyen bien{impie pour eviter de fe jetter dans les frac-

tions, comme je l'ai dit à la note y de la féconde Partie &

où j'ai promis d'indiquer ce moyen.Le

voici.

Les cinq tons des Chinois comme on l'a vu en divers

endroits du Mémoire du P. Amiot, font le réfultat des cinq

Page 193: Memoires concernant les chinoise 6

DE LA MUSIQUE

fons fondamentaux % l7/ ?0; rv Il eft vifible, fans que je

m'arrête ici à legrouver que la progreffion des nombres qui

répondent à ces fous eft l'inverfe de i 3 9 27 8 1 O<r

pour avoir un nouveau fon au-deflus de la qui répond au pre-

mier terme de la progreffion à 1 puifque ce terme conduit

à fy par la marche rétrograde qu'on a priie il ne falloit, pour

eviter cette fraction qu'ajouter un nouveau terme à la fuite

naturelle des nombres 1 3*9, 27,81. Le triple de 8 1 étant

243 il n'y avoit qu'à pofer 243 fur fa & l'on arrivoit ainfi

à mi 1 quinte de la, qui pour lors répond à 3 comme .£'

lï }Ii 'J ïà »)• Voul oit-on avoir un fi, quinte (ou douzième)

de mi ? la même méthode le fourniffoit en avançant encore

d'un terme c'eft-à-dire en pofantyâ à 729 on aboutiffoit à

fi 1 Il en eft de même pour tous les ions ultérieurs qu'on vou-

dra ajouter à fi, favoir fa^ m^0 &c. comme dans

l'exemple fuivanr.

81. 27. 9. 3. ï.fa M

fol re la.

243. 8i. 27. 9. 3. 1.

fi' utfol re la mi.

719- 243. SI. 27. 9. 3. T.

fit utfo 1 re la mi

fi.

21S7. 72JJ. 24;. gl. 27. 9. 3. 1.

./iut

fil rcU mi

fi fa^

'6561. 21S7. 719. 243. 81. 27. 9. 3.y^ utt fol re la mii

/a^ 2/

19683. 6561. 1187. 719. 243. 81. 27. g. 3. Ti

fa ut fil 1 re la mlfi fa% u:% foi^

59049. 19683. 6561. 2x87. 729. 243. Su 27.9. 3. t

fa ut 1 re la mifi fj% Ur% /o!%

J77J47- 59°49- i9683- 6561. 21S7. 729. 243. 81. ^27. 9 3 Tut

fol « la mlfi fai% ur% fil% re% là.

En rapprochant alors du fa 1 771 47, les autres fans pa-les moindres intervalles poffibles, le fyftême chinois fe trouvoit

exprimé par les nombres fuivans

Page 194: Memoires concernant les chinoise 6

'DES CHINOIS,0^

I77M7- 1<>5888- 57464- 147456- 1 399^8. 131072. 114416.

/a /i^ >/ >m

118098. 110592. 104976. 98304. 93311.

«r k*|^ // «^ mi.

On pourroitêtre furpris de voir ici le hoang-tchoung ou

/à, exprimé par le nombre 177 147; mais il n'y a, en cela,

rien d'étranger à la doclrine des Chinois. Voici ce que dit le

P. Amiot dans les Préliminaires de fa traduction de l'Ouvrage

de Ly-koang-ty fur l'ancienne Mufîque cahier A page 8.

« Le hoang-tchoungeft le tout qui diviie juf qu'au poiuble

s> du moins jufqu'au terme de l'unité donne les lu & les tons.

»3 & 9 font les nombres générateurs. Ils font indifféremment

» diviseurs ou multiplicateurs.Si 3 eft divifeur le terme de

»hoang-tchoung eu. connu, c'eftle nombre 177 147. On trouve

» ce même nombre parla multiplication & on a les progrei-

» fions fuivantes

» 1 3>9?2-7>§I » 243 5 7295 2187,6561 19683, 59049,

» 177147 hoang-tchoungou bien 177147 59049, 19683

» 6561 21S7 729 243 Si 27 9 3 1 hoang-tchoung».

D'ailleurs, dès que les Chinois appliquent, à la progreilîon

triple,des quintes, owdou^ictnes en montant; des que, pour

avoir leurs douze lu les fons qui forment ces quintes doivent

être au nombre de douze il eft évident que le terme d'où il

faut partir pour la génération de ces quintes ne peut être ni

8; ni tout autre terme intermédiaire mais le douzième

1 77 1 47 fi l'on veut que le douzieme fon la^ ne parle pas

le nombre ou terme i. Les difficultés même qu'éprouvent les

Chinois, en allant au-delà de ce nombre 1 font une preuve de

la (implicite de l'opération dont je parle.

Page 195: Memoires concernant les chinoise 6

DE LA MUSIQUE

A dire néanmoins ici ce que je penfe il me paroit plus

naturel de croire que les Inftituteurs de la progreffion triple

partant du terme i faîfoient correfpondre à cette progreffion

des quintes, ou douzièmes, en defcendant. En effet, pour

pouvoir procéder en montant, il faut néceffairement commen-

cer cette marche par un terme affez éloigné du premier pour

qu'on ne puiiTe être arrêté par l'obftacle des fra&ions. Or par

quelque terme que l'on veuille commencer le nombre qui

exprimera ce terme paroitra toujours un nombre arbitraire

car on peut alors demander d'où vient 8 1 t d'où vient 1 77 1 47 ?r

Au lieu qu'en partant de l'unité, qui, dans les idées mêmes

qu'en ont confervées les Chinois eit l'origine la fource le

principede tout; on marche pour ainfi dire toujours devant

foi dans un chemin connu & fans obftacles. Voyez le pafTage

de Hoai-nan-tfee rapporté à l'article 5 de la feconde Partie

page i 1 8 Le principe de toute doctrine ejl Un &c.

Il nous refleroit à examiner, dans la figure dont il s'agit ici

l'ordre des lu: Hoang-tchoung ta- lu tay-tfou &c. appli-

ciué à des demi-tons. Comme la figure 9 b préfente un ordre

par quintes déduit de celui-ci je parlerai de l'un & de l'au-

tre à l'Obfervation fuivante.

S E C O N D E O B S E R V A T I O N.

Sur la figure g b de la féconde Partie.

JL our répandre plus de clarté dans ce que j'ai à obferver

fur cette figure je vais trailfcrire ici un texte qui préfente les

mêmes objets, quoiqu'avec une différence dans l'ordre des lu.

Ce texte eft fous la claffe de ceux que le P. Amiot appelle

Textes de FHifloire dans fa traduction de l'Ouvrage de

Page 196: Memoires concernant les chinoise 6

DES CH1NOIS,O^

Ly-koang-tycahier B n°. 9 page

282. Je joindrai à ce texte

l'explicationde Ly-koang-ty qu'on

trouve à hpage 2.83 du

même cahier B. Les notes qui accompagnent & le texte &

l'explication font du P. Amiot. Je les tranfc/rai ici fous leur;,

mêmes numéros.

TEXTE.

« Voici les divifions qui conviennent à chaque lune (88)

» Tfee i. XIe. Lune.. Hoang-tchoung.» Tcheou 3. 2. XIIe Ta-lu.

» Yn 9. 8 Ie Tay-tfou.» Mao 17. 16 IIe

Kia-tchoung.» Tchen 81. 64 IIIe Kou-fi.

» See 2.43- I2&. • • IVe Tchoung-lu.» Ou 719. 512. Ve Joui-pin.» Ouei Z187. 102.4. VIe Lin-tchoung.» Chen 6561. 4096. VIIe Y-tfô.

» Yeou 19683. 8192. Ville Nan-lu.

» Su Î9°49- 31768. IXe Ou-y.» Hai 177147. 65536. Xe Yng-tchoung (89 ),

Explication.

«Tfal-che des montagnes de l'Oueft dit que le nombre 3

» fait les tons hauts ou bas, ielon qu'il eft divifeur ou multipli-» cateur, qu'il eft ajouté ou fouftrair. Depuis 3 en

haut, tous

» les nombres font pris de la divifion duhoang-tchoung. Le lu

»qui répond à tfee eu le dividende.

» Le lu de yn ( c'eft-à-ciire le tay-tfou ) le divife en pou-

ces (90 ), celui de tchen en lignes celui de ou en dixièmes

«(88) C'eft-à-cUre aux lu

*r correipondaas à chaque lune ».

» (89) A côté des chiffres de

»tchaque lune j'ai ecrit les lu cor-

» refpondans pour la commodité

» du Lefteur ».

« ( 90) Il me femble qu'il feroit

» mieux de dire le nombre aiîi–

» gné au tay-ijou exprime celui

» despouces

le nombre de kou-fi

»exprime

celui deslignes,

Sic. w

Page 197: Memoires concernant les chinoise 6

DE LA MUSIQUE

» de ligne celui de chen en centiemes celui de fu en millie-

» mes; pour ce qui eft des fix qui reftent à favoir les lu de

» tc/ieou mao Jèe ouei yeou &c kai ils ont chacun trois

»»divifions, parmi lefquelles il y a des pouces des lignes, des

» dixiemes des centièmes & des milliemes parties de ligne.

» Les chiffres qui font à côté de ceux des lunes tcheou ,yny

» mao &c., expriment le nombre des parties du hoang-tchoung

»qui convient à chaque lu. Par exemple tfec qui défigne le

» hoang-tchoung efr. le d ividende tcheou 3,2, fignifie que

» fi on divife le hoang-tckoung en trois parties egales tcheou

» aura deux tiers du hoang-tckoung. Ainfi., fuppofant le hoang-

»tchoung divifé en trois parties dont chacune fera de trois

» pouces on dit 3 multiplié par 3 donne 9 les deux tiers

» de 9 font 6 donc tcheou aura fix pouces. Si le hoang-tchoung

» a 27 parties égales nzao aura feize de ces parties & ainfi

>~des autres. Telle eft la méthode par laquelle on peut favoir

yi la doctrine du ciel ce de la terre ( 9 1 ) ».

Que l'on adopte ou non cette explication de Ly-koang-ty y

il eft toujours confiant que le texte nous préfente la progreffion

triple appliquée à l'ordre des lunes, telle qu'on la trouve fur

la figuredont il s'agit dans cette obfervation. Il y a feulement

une différence dans l'ordre des lu, ajoutés au texte par le P.

Amiot. Mais cet ordre étant le même que celui que les Chinois

modernes regardent encore comme l'ordre primitif, même en y

appliquant des demi-tons ainfi qu'on l'a vu aux articles 2 & 3

de la feconde Partie pages 95 & 99 il s'enfuit que ce même

ordre, vraiment primitif, & antérieur à tout autre arrangement

«(91) En adoptant l'explica-

» tion de Ly-koang-ty on doit

»expofer

le texte de cette manie-

» re la onzième lune qui repré-

» fente hoang-tckoung elt le divi-

» dende » égal à i. La douzième

» lune, qui repréfente le ta-lu de

» trois parties du hoang-tchoung

» en a deux. La première lune

»qui représente le tay-ifou de

» neuf parties du hoang-tchoung» en a huit & ainii des autres ».

Jes

Page 198: Memoires concernant les chinoise 6

DES CHINOIS, O*/

Tome VI. B b

4

des lu doit néceffairement répondre à une férie de confonnan-

ces, puifqu'on ne fauroit appliquerla progreffion triple à des

demi-tons comme fa fa% fol ,fol%, la &c. fans tom-

ber, pour ainfi dire, dans la plus grandedes abfurdités ( a ).

Si les Chinois modernes, fans doute, depuis les ecrits de

Hoai-nan-tfee femblent regarder les demi-tons comme les

premiers elémens de la générationdes fons & û d'une certaine

fora me de ces demi-tons ils recompofent enfuite les quintes &

lesquartes ( en clefceizdint de huit, & en montant de fix ) la

progreffion triple, inife à côté des lunes dépofera toujours en

faveur des confonnances, prifes, par les Inftituteurs pour

premiers principes dans la génération des fons; & ces confon-

nances feront pour ainfi dire l'interprétation qu'ii faudra.

joindre foit à l'ordre des lunes tfîe tcheou, &c. foit à celui

des lu hoang-tchoung ta-lu &c. foit à la férie des nombres

1,3, 9,&c. (i).

(<z) Je ne m'arrêterai pas ici à

ïe démontrer. Ce que j'ai dit au

fujet d'un paflage de Plutarquedans la feconde Lettre à l'Auteur du

Journal des Beaux-Arts & des

Sciences, page 37, peut fuffire à

cet egard. Voyez ce même Jour-

Bal Août 1771 page 219.

Plutarque dans Ion Traité de

la création de l'a me applique les

nombres 27 81 243 719 de

la progrefîîoa triple à l'ordre des

planètes la lune mercure venus

lefoleil, répondant aux lotis dia-

toniques la, fol, fii mi du fyftcmedes Grecs au lieu de faire corref-

pondre ces nombres à un ordre de

confonnances al'arrangement

qu'ont entr'elles les planetes lorf-

qu'elles défignent les jours de la

iemaine la lune, mars mercure t

Jupiter ou la, re ,/bl ut, c'eft-à-

dire, lundi mardi, mercredi, jeudi.On peut remarquer qu'au moins,

dans Phttarque, les fons diatoni-

ques,la fol fa nzi, font pris en

defcendant. Que feroit-ce donc fi

on appliquoitles mêmes nombres

la même progreffion triple à des

fons qui monteroient par demi-

tons ? comme

i. 3. 9. 27. 81. 243. 729.

fa fa* fol fol* la la* fi, &C.

(7>) Les exemples que je don-

nerai à la fin de cette Observation

en convaincront encore davanta-

ge. J'exprimeraià notre manière

c'eft-à-dire en notes de imifiquece que repréfentent

les nombres

tant du texte quede la figure. On

y verra comment les divers inter-

Page 199: Memoires concernant les chinoise 6

DE LA MUSIQUE

Ce qui a pu conduire les Chinoispoitérieurs aux Infutntcurs

desprincipes de la Mufiquc à faire

correfpondre une férié de

demi-tons l'ordre primitif des lu y c'cft fans doute comme

je l'ai tait remarquer à la note h de la féconde partie page 95

l'ordre des tuyaux appelles du nom de & rangés pardemi-

tons dans certains inftrumens.Voyez a l'article S de la première

Partie la defcription dukoan-tfce page 66 & la figure 27.

On peut voir encore dans le Chou-kingmis au jour par M. de

Guignes, l'inirxument n°. 6 de laplanche

1.

Figurons-nous l'ordre des lunes, par leiquellesles Chinois

divisent l'année comme nous concevons celui de nos mois

Janvier, Février (c) cvc. Nous avons vu à l'article 5 de la

féconde Partie page 1 23 que cet ordre des lunes eft auffi

familier à un Chinois que peut Têtre a un Européen celui des

mois.

Or, comment avec cet ordre des lunes, que les Chinois ont

toujours prélent à l'efprit avec destuyaux, appelles lu ran-

gésiuivant Tordre de leurs différentes longueurs ( figure 27 )yy

& le premier de ces tuyaux le premier lu répondant à la

valles muficaux font engendrés des

confonnances. Vérité qu'au bout

de quatre mille ans Rameau &

Tartmi ont de nouveau apperçue

pour le fond, dans leurs îyfîcmcsiur la génération des ions mais

dont ils le iont ecarres à l'égard de

quelques détails pour les ramener

aux erreurs des modernes dont ils

etoient imbus.

(<.) C ett de Tannée Joîaire qv.e

je parle ici. Cette ar.r.ce commence

au loliiice d'hiver & répond

pour le tems à notre mois de

Décembre, & au ligne du capri-corne. Voyez le Choit-king Paris

1 770, Dilcours Préliminaire,?. 50.

Comme ce ncû ici qu'une com-

paniilbn que je fais des lunes des

Chinois aux mois romains la rd-

fembbrice entre ces deux objetsconiiile en ce que les Chinois com-

mencent leur année par 'a oiv/itme

lune, comme nous la commençons')"J- "ttl "fi 'le 01171'C'111' Liesp~«r Janvier, qui cû le onzième des

mois romains, Février le douziè-

me 6v"AîiifS ie premier. Aiiii: lorl-

qti'un Chinois leslu aux

lunes tja tchecu \n £cc. nous

pouvons très-bien, pour nous ren-

dre ces objets plus familiers les

rapportera nos mois, le premier

U à janvier, le fécond a Février, ]

le troiiieme à Mars &c,

Page 200: Memoires concernant les chinoise 6

DES C FI I N O I S, Obf.

B b ij

lune qui commence l'année à Janvier ou tfee comment

dis-je avec tout cela, le fécond tuyau le fécond lu n'au-

roit-il pas ncceflairemeiit été Février ou Tcheou le troilïeme

Mars ou Yn Sec. pourles Chinois qui n'ayant plus les yeux

de la théorie venoient à fixer ces tuyaux, & iavoient d'en-

fance l'ordre des noms tfee, tcheou yn, mao tchen, ocz.

&c. &c. ?

De-là les noms propres des lu hoang-tclioung ta-lu &c.

fuivant exactement l'ordre des lunes ces noms fe font trouvés

correfpondreà cles demi-tons à des lu rangés fuivant l'ordre

de leursdifférentes longueurs

au lieu de répondre à des quin-

tes, à des lu principes règles & modèles d'intonation. Voyez

note a de la premiere Partie page 28.

Cet ordre de demi-tons, devenu l'ordre primitif dans l'efprit

des Chinois l'ancien ordre desquintes n'a plus été pour eux

qu'un réiiiltat une combinailon du nouvel ordre & ils en ont

formé la fuite des noms hoang-ichoung Ln-tchoung, &c. que

préfentela figure 9 b pour exprimer ces quintes ci-devant

génératrices,& produifant tout ce qui fe nomme intervalle

engendrées maintenant elles-mêmes d'une longue fuite de demi-

tons. Mais il eft confiant par l'ufage qu'ont fait les anciens

Chinois de la progreffion triple, quece tout les conionnances

les quintes, quileur ont fourni, & leurs tons, & leurs demi-

tons en un mot,tous les tons dont un

fyilême mulïcal peut

être compofé fous quelqueforme que ces tons ie prélcntent

foit comme des degrés plus ou moins rapprochés, foit comme

des intervalles plus ou moins grands. On peut voir dans la

Lettre que j'ai citée à la note a Journal der Beaux-Arts &

des SciencesAoût

1771 page208

(ou

pagev6 de la Lettre

impriméeà part ) ce que j'ai dit touchant la queiHon fi ceft

d'une juitede

degrés conjoints que font forméesles

confonnances

ou flce

ntjl pasau contraire

dSune jénede

conjonn.inces ^ueie.<

Page 201: Memoires concernant les chinoise 6

D F. L A M II S I Q U V.

th;\ .-V <<» tirait leur on finie. Cette queilion I)ien CA'llïU-

née lera connoitic (i les inUiuuouis tic l;i Muliqne(.lu1/, les

Chinois, ont eu pour premiers pi nu ipes une léne dedemi-

tons comme loniblcnt le pcnler les Chinois plus modernes,

raiù'inblablomcut d'après lesceins de //iM/h.i/m/.c, ou (i

ces premiers principes ont été les conionnances comme, tout

le demomte ( )-

Voici les exemples que j'.ii .nmoneés à l.i noie A. Le premier

t'it lYxptvlhon du tevte de l.i p.ii',e u)i d'.iprès l'explic.itioii

tle L\ -Ù-. : Le (econd prélente le mêmeol>|ei tn.nscon-tormemeiu A l'explieanon

de laligure o A

uuicliant les

nombres en progrelliondouble ex"

t|iiadnij)lc.

l\iniu les diversmoyens que j'ai ellayés,

de rendre ces

objets encore plus lenhbles que dans la figureou dans le texte,

je n'ai rien trouve deplus clair, & qui put dire p'.us de choies

dans unmoindre efpaee, que notre manière

de noter les ions.

Les Lecteurs tant ioitpeu

mvilieienspourront

en|Ui^cr.

Au telle je n'écrispas

les noms des lu à caule de la diffé-

rence d'ordre entre ceuxque porte

laligure eV ceux du texte.

On pourrafur

chaque exempleibus-eureiulve l'un ou l'autre

(-0 Q'c-k J.o l.i progreflion

•• 'y.c cw'cwMicnt toutes les

w f~l:v'w`:1~i;cilt1y11Ca

(~Ci lll\W1'j•• rorrv.cs .ut";is?miq\it?>

des divers

•• o: :r.r.i:U' Leurs définitions

• ce l.ï c-.iinte i de la quarte•

4 du :on S o du limnia ou

•• :e:r.o:: d!.uo:i;ci:e 143 i^ 6,

.'• >ie 'j".o:r.e ou le mi-ton chro-

rr.îtirv.e 1C4S 11S7ne tout

î"e cr.O'.e eue ces reuikî.ts

*>;'v."é une de douzièmes, don-

••~ees

per11 rrocr^:uo;i triple

>

mi di-^x-A-.i C-* Jis Scitmis page

41 ou pai'.e zt, 4 de ce mûme Jour-

nal Août 177 1.

Ces ./<-<u^c/c.< données par ht

pvo^reihon triple vont fctrouver

rapprochées (bus la forme de quin-

tes Ck de quartes alternatives, dans

les deux exemples l'uivans d'011 il

i'era aile de conclure quela (uite

des contbiinaiices repréfentôc par

cetre même proj^reflioncil la baie

du i'vitcme chinois comme elle

l'ett "de celui des Grecs & de tout

iViîème nuiùcal où l'oreille eit

conlukce.

Page 202: Memoires concernant les chinoise 6

DES CHINOIS, Olf.

ordre, comme on voudra. Le fa dans les deux exemples cil

le hoang-tchoung des lu moyens,dits naturels & les

guidons

délignent toujoursce même

Iiodtig-iclioiing, premier généni-

tcur de tous les autres fous, & auquel il faut appliquer ks nom-

bres intérieurs.

Texte de THifloire 7 d 'après [explication de Ly-koang-ty.

FI G u RE <),b, d'après l'explicationdu P. Aimou

On voit dans ces exemples la vraie portion de chaque Ton

relativement au nombre qui l'exprime. Il efl aifé d'y remarquer

une férié de quintes & de quartes alternatives d'où réfulte la

julte proportion de chaque intervalle que cette férié forme

dans fa marche laquinte {fa ut)

comme de 3à 2 le

ton

comme de 9 à 8 la fîxte majeure, comme de 27 à 1 6, &c. &c.

On peut relire l'explication de Ly-koang-ty pour voirque

fi, dans le premier exemple le hoang-tchoung ou fa dénVné

par un guidon, contient trois parties, fa quinte ut en aura

deux que il ce même/à contient 9 parties, le fol qui forme

un ton avec lui en aura huit & ainfi du refte.

Quant au fécondexemple j en voici la clef.

De là}, c'eft- à-dire de fa à ut il y a l'intervalle d'une

douzième. Or, fi on eieve d'une octave le fa délign-j par

un guidon en le portant à 2 on n'aura plus que la lîmnle

quinte de fa à ut, dans le rapport de 2 à 3 li on eleve ce

Page 203: Memoires concernant les chinoise 6

DE LA MUSIQUE

même fa de trois octaves, en le portant à 8, on aura le ton fa,

fol, dans Le rapportde 8 à 9 & ainii du relie ( e).

En comparantà ces exemples le tableau de la page 248 de

mon Mémoire tous ces objets deviendront encore plus fe no-

bles pourles perfonnes a qui

notre manière de noter les ions

n'eft pasbien familière.

Mais ce quetout le monde peut ail ement remarquer dans

ces exemplesc'ell cette distribution des ions comme en

deux parties féparéesl'une inférieure, l'autre iupéiïeure. Les

fix notes inférieures fj- fol la.fi ut% re forment les yang-

lii des anciens Chinois les îix notes lupericures, ut re mi fa.

fàM. ^aM- 1 préfententleurs yn-lu. Je dis des anciens Chinois

parce que les modernes a compter peut-être depuis Hoai-nan-

tféd (Voyez note s page 118), failant correipondre l'ordre

primitifdes lu à des demi-tons, leurs

{vs. yn-lufont différais

quant à l'ordre des fans. Mais on voit par la figure 1 5 ade

la féconde Partie & par ce qui eil dit à l'article 7 de cette

même Partie touchant la génération des lu pag. 1 28 1 29

queles Chinois modernes ic

rapprochent quelquefois pour le

fond des idées des Anciens. Les fix yn-lu que préiente cette

(c) L'explication que donne le

P. Ainiot de la figure 9 h porte

queles nombres 2,8, 16 6cc.

font ai pw.'XilJlon doutli & quadru-

ple pour rapprocher Us tons, aumoyen da leurs cclavis. Cette expli-

cation, h elle ctoit prileà. la ri-

gueurlailïeroit entrevoir un trop

grandintervalle entre le fa, dcii-

gné par un guidon& les trois

ions fol 4, I4M. Mais le

texte que j'ai rapporte, en confir-

mant Li jurk-iïe des nombres que

portela figure fait voir que

ces

trois ions ne peuvent être rappro-

chésdavantage du fa fans dc-

truire l'ordre des confonnances qui

compofent cet exemple. L'objet

'que le font propeié les Chinoisdans cette figure n'eïl pas de met-

tre fous les yeux les moindres

intervalles que le fa le hoan«-

tchouns; puifle former avec lesautres fons qu'il, engendre, mais

de preienter dans une fuite de

quintes & de quartes alternatives,

le tableau des douze lu fous uns

forme plus rapprochée de La pra-

tique.

Page 204: Memoires concernant les chinoise 6

DES CHINOIS, Gif.

figurene différent de ceux des exemples que par l'inverficn

des noms des lu. Cette inverfion même fe prouve par le vice

des yn-lumodernes.

D'après ce qui en eil dit à l'article 2. de la Seconde Partie

page 0.6,les fix yn-lu font ta- lu kia-tchoung iclioung-lu

ân-ichoung nan-lu &Zy?ig-tchoung c'eft-à-dirc ,/t^ Jbl^,

la %i,itt re mi. Or on voit ici entre b% & ut ( tchoung-lu

& Im-tckoung) une interruption notable dans la marche des

yn-lu ces deux fons ne pouvant former l'intervalle d'un ton

obfervé entre tous les autres lu tant y a ng, que yn.

Suppofera-t-on que Y ut eil: la même chofe que jî-dicfe ? Mais

alors le même inconvénient fe trouvera entre Jî & re dont

l'intervalle ne fauroit être regardé comme un ton. Je lais bien

cru'un Températeur ne manquera pas de dire qu'un, ut deux fois

diefe eft la même chofe que re &c qu'il pouflera peut-être la

fuppofition jufqu'à regarder les trois fons/7^ ut% nr%

comme les fynonymes de ut, re mi. Mais la Mufique n'a pas

encore adopté une pareille transformation de tons & de

noms 1! cil démontré que fî% n'cll pas ut, & Terreur, à cet

égard, de quelques Praticiens bornés ne fait pas corps avec

les principesimmuables de la Mufique (/'). Il y a donc toujours

on vice dans les hx yn-lu des Chinois modernes, en tant qu'ils

commencent par fa

Si l'on prend ces yn-lu tels qu'ils font expofés à la figure

ï 5 a déjà citée on trou^ïrera les nx fons m rcmi ja")^ /c/.$|

In Stf,fans

interruption{ans

lacunes tonnant tous entr'eux

(/) Les Conipoflfeurs fur l'cpi-nette font quelqucibis nface de

cette transtbrmatioiide ions. Nous

•avons aftuellement en France un

Opéra où dans une fuite de rao-

thiiaiions très-rapides &C fans liai-

son le Compoiiteur arrive à un

foi-J'cfc, le prend pour un la-bânolJ

écrit /.i- j/;w/ &i dans l'exécution ')

ïorchc-jîre ne craiiit pas de dtton-

ncr pour jouer cet abfur Je /vwo/,

qui doit taire oublier le jnl-dlcfc.

Voyez frkigen. enAid. pag. 183 de

la Partition,

Page 205: Memoires concernant les chinoise 6

DE LA MUSIQUE

l'intervalle d'un ton, & fous la même proportion que dans les

exemples. Et cela doit être puifque cette figure, d'une ligne

entiere à une ligne brifée ne préfente que les mêmes fons la

même férié de quintes & dequartes alternatives exprimée

par les fyllabes fa ut fol &c. dans la figure & écrites en

notes de mufique dans les exemples.

Je Iaifle aux Muficiens le foin de réfléchir fur la beauté la

préciiion& la (implicite de cette antique doclxine des Chinois; i

aux Théoriciens qui ne peuvent ou ne veulent pas vérifier les

chofes par eux-mêmes le plaifir de nous répéter que la tierce

de fa à la. eft dans le rapport de 4 à 5 ou 64 80 l'intervalle

de fa à midans celui de 128 à 240 (g) &c. & à ceux dont

les connoiffances fur laMufique & fur la théorie font

reftraintes aux inftrumens à touches la confolation de regar-

der l'expreflion numérique des fons comme une chofe idéa-

le ( à) ou la folle prétention d'établir que lafcience des propor-

tions harmoniques inventée par Pytkagore & cultivée jufqu'à-nos jours, riejl qu'une fcience trompeufe ( 1 ).

(g) Au lieu de 64: 81, & 128:

243 qu'on voit dans les exemples.

Au refle les proportions faftices

qu'on trouve dans tous les Théo-

riciens Européens qui ont ecrit

depuis environ deux iiecles ne

font qu'une répétition de ce qu'a

cru etablir Zarlin dans fes Inftitu-

tions harmoniques 6c perfbnne

n'a penfé encore à vérifier fi Zarlin

avoit raifort & fi les proportions

qu'il adopte ont un principe. Voyez

le Mémoire fur la Mufiquz des An-

ciens, pages 89 160, éc le dernier

alinéa de la page 250.

( h )« Dans le monde idéal tout

» eft facile c'efl des fons iur-

» tout qu'on s'occupe dans ces

»régions aériennes. On

y fixe le

» tems,le lieu & la méthode,

» d'après laquelle l'oûave s'eû

>»complettée de treize fons on

» calcule comment s'engendre» l'harmonie &c. » Traité de

Mufiquedédié à

Monfeigneur le

Duc de Chartres Paris 1776, Dif-

cours fur Vorigine des forts

page 8.

( ) Ckiunque cébia,qualche Lune,

délia volgar Aritmetica dit encore

un Difcoureur furl'origine des

fons vzdraGerzi~mJ

irz gtner-ale c/i.:

la Jcien^a de' mimin armonici inven-

tata da Pitagora ecoltivata infino

a' tajipi nojlri.h una pura fallacitt,

Dell' origine e delle Regole della

TROISIEME

Page 206: Memoires concernant les chinoise 6

DES CHINOIS, Où/

Tome VI. C c

TROISIEME OBSERVATION.

Source des proportions factices des Chinois modernes.

JCj N circonfcrivant leurs douze lu à douze fons déterminés

les Chinois modernes n'ont pu avoir douze modulations fans

être forcés d'altérer les proportions d'une partie de ces fons.

Mufica. In Roma 1774; Introdu-

lione, pag.1.

La raii'on de l'Auteur de cet

Ouvrage eft que quand il veut ïe

mettre à ton clavecin, qui vrai-

femblablement eft de l'elpece de

ceux qui n'ont qu'une touche pour

rc-dkfc, par exemple & mi-bémoL,

il faut que ton Accordeur détruire

toutes les proportions que la théo-

rie affigne aux divers fons à l'ufagede la Mufique

e quai Jcïocdu-^amozz é qrzzlla s'ecrie-t-il alors

fuppore la Mufica fondata in certc

ragionï che bijbgna guajlarc per ri-

durre laMujîca

ad efecu^ione ? Ibid.

Lib. 1 cap. 1 pag. 71.

Mais voici ce que penfoit le

fameux Becattelli autrefois Maître

deMufique à Prato en Tofcane, 1

touchant la différence entre les

diefes & les bémols, que les Pra-

ticiens mcmes les plus bornes

diftinguent fur les inftrumens li-

bres, tels que le violon, le vio-

loncelle, &x.

« Se ne' communi firumenti di

» tafti, per la mancanza delle pro-

» prie voci fi prendono e per» diefis e per bmolli

queitalli

s> che tali non fono, aquelle ci

»aftringe la neceffltà prenden«

» do per quelli che dovrebbero

y> cflere( fondait

in ccrtiragioui )

»quelli che s' cletti (noni ion più

» vicini e pui proffimi Ma

»quando un tafto per un altro û

» prends il nome fuo allora è

»quello per ioquale è prefo, a

» dove che altnmenti iacendo

» non folo patii'ce il fenfo ciell'

M udito ma tutto il nobile com-

» pofto deila niufica fi rovina e

» confonde.

» Se prender emmo un cembaJo,» cii quelli che cromatici fort

» chiamati ( cembali fpcrriiti ) oh

»'quanto fcorcleranno le parti tra

» loro nelie lole accompagnature» del medeilmo cembalo » Sup~

phmemi al Giornale de Limrati

d'haUa Tome III Venife 1726

pages 19,30,3 2.On von par ce paîlage que fi

l'Auteur dclP ongjnc eût appris la

Mufiqi:c kir un de ces clavecins

que les Italiens appellent frc-?i.:t:

( clavecins brifés}&

qui ont leur

touche pour Ui-dï:J'c 6-1 leur icn-

che pour [i-banol &c. la icience

desproportions, qu'il

croit inven-

te e par Pytl ngore ne lui cin pas

Page 207: Memoires concernant les chinoise 6

DE LA MUSIQUE

C'efr. ce que je me propofe d'examiner dans cette Obferva-

tion, où je ferai voir en même tems quels font les moyens

qu'on peut employer pour obtenir réellement douze modula-

tions, émanées d'un même principe, ou, ce qui efl la même

chofe pour avoir, dans un fyftême mufical tous les fons

légitimes qui doivent former douze gammes différentes.

Au refte il ne s'agit ici que de modulations ou de gammes,

en mode majeur foit qu'on les arrange à l'européenne, c'efi-

à-dire, fur le modele de notre gamme 6! ut foit qu'on les dif-

pofe à la manière des Chinois dont la gamme fa fol la f ut

re mi fa efl le modele & où le quatrième fon le pien-

tché forme avec le houng ou premier fon, une quarte

fuperflue. Venons à notre Obfervation.

D'un fon donné à fon oclave on compte douze demi-

tons, dont fept font appellés diatoniques, ou limma. & cinq

paru une fcience trompeufe una

purafallacia puifque ces clavecins

devant avoir leurs quintes juftes

e'eft-à-dire dans In proportion de

3 à 2 telle qu'on l'a vue dans les

exemples, pag. 197,1011 Accordeur

n'auroitpas eu la peine de corrom-

pre cette proportion.En effet, ce qu'on appelle tem-

pérament à l'égard des mftrurrjens

quin'ont pas tous les tuyaux,

toutes les cordes toutes les tou-

ches qu'il leur faut n'eu quel'action d'altérer la forme de cha-

que quinte, juiqu'au point nécef-

faire pour en obtenir des demi-

ions neutres, qui ne loient ni le

majeur ni lemineur .(Voyez

note de la iecon.de Partie, page

116); ou ce qui eft la même cho-

ie U umpîrammt félon qu'il a

déjàeté défini confijle. à difeorder

tous /- demi-tons qui Je rencontrent

entreun fon donné & fon offave, de

manUreqitaucun

de ces demi-tons

nepuijfe

être dit appartenir ri tel ou.

tel mode( ). Or, cette action à' al-

térer des Ions de lesdifeorder ne

iaia-oit êtreregardée

comme une

perfectiondans la

Mulîque encore

raoins comme unprincipe

iiir

lequel onpût jamais eiablir les

rc^Ls de cerïc feience(**).

(*) Voyez le Mémoire fur la Mujîquedes Anciens note 34.

( ) C'eli (l'p.près le clavecin que l'Au-

teurDeWOrigiae e:h>lin les

règles de la

Miifiqi:£ comme h <lôs !cng-:ems avant

cpie t'Auteur viiir ;u mr-rAie avant qu'ilcx;ft;it des clavecin; ou autres in!îrt:mtns

à touches, inventes ti;i:is clcs fiec'.es de

barbarie ia Muiiqjs n'avoir pas eu fes

redits

Page 208: Memoires concernant les chinoise 6

DES CHINOIS, Oy

Ce ij

chromatiques, ou apotome. Le nombre des uns & des autres

eft toujours le même, de quelque maniere que ces demi-tons

foient formés, c'eft-à-dire foit par des diefes, foit par des

bémols comme dans les deux exemples fuiv.ais où les limma

font défîgnés.par l, & les apotome par «.

a. 1. a. 1. a. t. 1. a. I. a. 1.

ser. exemple, fa fa% fol fol% la ld% Jiut ut%- re re% rtù fa,

1. a. 1. a. 1. a. 1. 1. a. l. a. 1.

jme, exemple. fa fol]? fol la\; laJî'v /î

ut rt\ re mi1; mi fa.

Le limma eft un intervalle beaucoup moindre que l'apoto-

me celui-ci étant dans le rapport de 2048 à 2187, tandis que

le limma eu. comme de 243 à 256. D'où il réfulte que les

chants formés par l'un ou par l'autre de ces exemples, ne font

pas les mêmes celui du premier, procédant fucceflivement par

apotome & limma jufqu'àyï', & enfuite par limma & apotome

depuis Jl jufqu'à mi, tandis que dans le fecond exemple le

chant procède au contraire par limma & apotome, jufqu'au

même /?, & enfuite, depuis ut, toujours différemment que

dans le premier exemple.

De cette variété d'intonation entre le limma & l'apotome

il réfulte encore qu'aucun des deux exemples ne peut fournir

autant de modulations qu'il contient de ions différens. C'efl:

ainfi que le fol du fecond exemple, le la leyF &c. ne peu-

vent avoir leurs modulations complettes,leurs

gammes, puis-

qu'on ne trouve point dans cet exemple, de limma au-defïbus

de ces fons, c'eft-à-dire de/i^ au-defibus de fol, defol^

au-deffous de la, &c. ( k ).

(/< ) Je me borne à prendre notre

gamme d'ut pour modèle. Celle

des Chinois auroit, pour la modu-

lation de fol dans cet exemple

le double inconvénient de man-

quer de pien-koung ou fi% &

de pien-teke ou uvfe. Si pour la

gamme de fa, on trouve le p'un-

tchc ou/, dans ce mûme exem-

ple en re anche notre gamme

Page 209: Memoires concernant les chinoise 6

DE LA M U S I Q'U E

De même le premier exemple ne fauroit fournir autant de

modulations qu'il contient de ions puifque fa^ fol% &

phiiieurs autres Ions n'ont pointde limma au-deffous d'eux

le fii^ n'ayant au-deilous de luique l'apotome/rf au lieu du

limma mi^ le fol^i n'ayant également qu'un apotome au-

dellbus de lui qu'un fol, au lieu. de fc^^ & ainii du

reité.

Or, les Chinois modernes n'employant dans leur lyftême

muiical que les douze tons différens contenus dans le premier

exemple & qui forment leurs douze lu n'ont pu avoir douze

modulations, fans altérer plusieursde ces lu plusieurs

de ces

mêmes ions, afin que ceux qui formoient des apotornes avec

leurs voifins pufTent leur fervir à-peu-près de limma dans le

befoin. C'eft-là l'unique raifon la feule fource de ces cor~

rectifs de ces fupplcmcns dont le Prince Tfal-yu recommande

de faire ufage àl'égard

de laprogreilion triple. Voyez

l'arti-

cle de la féconde Partie page1 16.

Mais il y avoit un moyen plus innple & en même tems

plus légitime& plus conforme aux vues & aux

principes des

Anciens, pour obtenir tous les tons qu'exigent douze modula-

tions diil'érentes. Ce moyen paroît indiqué en particulier par

ce qui eu énonce a l'article 6 de la même féconde Partie tou-

chant la double génération des pag. i z^ 116, où Ton voit

queles deux

extrêmes fa Jl,des

lept lu naturels fa utfol

rc la

mi fifont dits

agirl'un fur

l'autreen ce

que de flion aboutit

hjî, parla marche directe fa ut fol, è:c. 6\: que de fi on

aboutit a fa par la marche rétrograde fimi Li Sec. Or, en

continuantl'une & l'autre de ces deux

marcheson

aura par

lapremière

une fuite dedicics

au-defi-us desfept

luprimitifs

à'utn'ylauroit être

arrangéeà la

exemple, pourêtre le

pien-iJié

manière des Chinois, puifqu'on ou le limma, d?fo/r.e trouve pas âe fa% dans cet

Page 210: Memoires concernant les chinoise 6

DES C H I N O I S Obf.

ou naturels, & une fuite de bémols au-deiTous de ces mêmes

lu fi fon prend la marche rétrograde c'eil-à-dire celle qui

commence par_yf.

Il paroît même, d'après ce que j'ai raj oorté des anciens

manufcrits du P. Amiot, dans la première Obfervation page

189, que l'opération que j'indique ici n'a pas toujours été

inconnue aux Chinois, puifqu'on voit, dans le pafTuge que

j'ai tranfcrit la progrefïïon triple prife indifféremment en

montant ou en defcehdant j & bien que dans ce paflage le

même l'on, le même hoang-tchou/i^, réponde alternativement,

& au premier terme de la progreffion triple.,lk au douzième

il eft à croire que la double génération, par fa & par fidont

nous venons deparler,

émane de la double manière depren-

dre cette mêmeprogreffion.

Carle fa par exemple appliqué

au douzieme terme donne les quintes montantes qui engen-

drent les diefes, & le fl appliqueau premier terme, donne

les quintes defeendantes qui engendrentles bémols.

On objectera fans douteque les Chinois n'admettant dans

leur fyftême que douze la cette double opération leur en

donner oit un bien plus grand nombre. Mais il faut obfervcr

que(î les Chinois ne parlent jamais que ce douze lu ils ne

font mention non plus que de cinq tons ix defcp- principes. Or,

cescinq

tons 6k cesfept priacipes

ne fontpas

individuelle-

ment tels ou tels fons déterminés, puîique parmiles douze lu

011 trouve, félon eux plusieursfois les

cinq tons &pluneurs

fois leslept principes (/). Quel inconvénient

yauroit-il donc

(/)On peut m unie remarquer

que peur fermer, iur chnqaL'

ces cinq tons &ces fept principes,

ils font obliges de prendre le />.?;.>«-

tch-mnt* ou fa pour nv.-(l:f. Je

lin-uhinin« cm ;.v, po;:r \l-dicft

&c. Âbfuriité qui n'eft qu'une

conlequence deia rcducUon du

fyftêni2mufical douze ioiTS dé-

tenrù'iés. Au!U voyons-nous eneri

Euroj)enos joueurs d'inlirumens

à touches, & en s^jirjnil tous ceux

q\ii 'bornent b iylK:;ne i"ï;cal A

douze tons p:on<;é-, d.mi I,i ni -j nie

ji"reur tinre d *U:i j:l:< u:

d'an n-dlij un mi-lcrnoi. ikc.

Page 211: Memoires concernant les chinoise 6

DE LA MUSIQUE

qu'ils euflent une longue férie de lu parmi lefquels ils choiu"-

roient les douze vrais lu, les douze fous particuliers qui peuvent

légitimement diviser chaque o&ave par demi-tons plutôt que

d'employer,dans plusieurs de ces oclaves des fons irration-

nels, & par conféquent faux tels que ceux dont j'ai fait

l'analyse dans la premiere obfervation? t

Avec une férie de lu de telle longueur qu'on veuille la

fuppofcr qui empêche de ne compter jamais que cinq tons 2

fept principes & douze lu ? Cinq tons, parce que cinq lu

fuffifent pour les obtenir; fept principes, parce qu'il ne faut

quefept lu pour former une gamme complette; & enfin douze

lu, parce que ce nombre fuffit pour divifer une oclave en

douze demi-tons.

Mais comme cette divifîon peut fe faire de deux manieres;

félon ce qu'on a vu à la page 203 il eft clair que douze lu

feulement ne peuvent fournir la divifion propre à chaque ofta-

ve, ou ce qui eft la même chofe le limma n'étant pas l'apo-

tome, ni celui-ci le limma, il eft évident qu'au defîr de l'oreille,

& en ne fuivant même en ceci que le fimple raifonnement il

faut, dans un fyftême de mufique où l'on admet douze modu-

lations, douze gammes toutes calquées fur une premiere gam-

me donnée il faut dis-je avoir autant de ions que les regles

de l'intonation & le modele de cette premiere gamme le

prefcrivent.

Or puifque les Chinois établirent une gamme, une modu-

lation, fur chacun de leurs douze lu c'eft une fuite de leur

propre fyftême qu'ils aient tous les fons que ces gammes

exigent.

Ces fons, fous la forme de Iimma & d'apotome, font au

nombre de dix-huit; il feroit donc abfurde de vouloir, avec

douze lu feulement fuppléer ces dix-huit fons, & encore plus

abfurde de dénaturer pour cela la plus grande partie de ces

Page 212: Memoires concernant les chinoise 6

DES C H I N O I S Ohf,

lu, en y fubftituant des tons irrationnels qui clans ce cas ne

r-epréfenteroient plus, ni les lu qu'ils doivent repréfenter ni

aucun des dix-huit fons que comportent douze modulations

différentes.

REMARQUE.

La doclrine que j'ai tâché d'établir ou pour mieux dire,

que je n'ai fait que rappeller dans cette obfervation touchant

la différence entre deux fons, coniidérés l'un comme demi-

ton diatonique l'autre comme demi-ton chromatique cette

doéïrine dis-je n'eft point étrangère aux Chinois elle a dû

leur être connue dans certains tems. Je viens de trouver dans

la traduction mamifcrite de l'Ouvrage de Zy-koang-iy par

le P. Amiot, cahier B, n°. 10 page 308 un texte du Toung-

tien ou Abrégé de l' Hijloïre qui préfente la même doctrine

la même exactitude dans la diftinc~tion de l'une ou l'autre forte

de demi-tons. Je vais rapporter ici ce qu'il y a de plus effentie!

dans ce texte. Je l'accompagnerai de quelques notes, pour le

mettre à la portée d'un plus grand nombre de Lecteurs.

TEXTE DU T 0 U N G-T I E Ar.

« La première année du règne de Che/i-koud Roi de Ouei

» un des Miniilxes de ce Prince nomméTchen-tchoung-jou

» luiparia

ainu II feroit àpropos d'adopter par rapport aux

» Tiao(;«),&

aux huit fortes de Sons, la méthode de King-}>jang(n). Selon cet Auteur, continua-t-il, voici quel eit le

( m) Tiao félon le 1'. Amiot,

cahier A note 57 Jlg -m ;&: propre-

ment yl-Mimn chofis rancis de Julie

les unes auprès dis autres c;hd!c

ou tc'di autre ch.ojc jlmlLibu. Ici il

iîçnine l'ordre d'js cinq tons dans

le même fens que nous dirions

premier Jeçré fécond de^/e &c.

Voyez note p de la iccoivde Par-

tie page 1 14.

( /• ) 1! ett pr.rld de cet Au leur à

la parie 3 1 <ïc au ïomj z de ces

Mémoires, pag. 197, a". 19,

Page 213: Memoires concernant les chinoise 6

DE LA MUSIQUE

»principe des Tiao. Le koung 8^ le

cliang doivent être graves P

» le tchc tv le yu doivent êtreaigus.

Si vous fuivez la méthode

»de Koung-foun-tchoung, qui n'emploie que les douze

»» ££/ quidit

quechacun d'eux fait le

koung&

quele

grave

» &l'aigu

indifféremment fontégalement bons

vous n'aurez

yqu'une

mauvaifernufiqne

&c.

» Hoang-tcJioiaig doit faire le koung, tay-tfou lechange

£k

» lin-tc/touno-lc tchc (o ). Si au contraire, &c.

>»Si o«-_y fait le koung le leul tchoung-lu fera le fc/zc &rî

*n'y aura aucune mélodie pour les tons chang kio &tyu (p).

» Si le tchoung-lufait le koung, il n'y aura aucun qui ne

« foit dérangé ( 7 )& il n'y aura aucune mélodie

» Suivant la méthode de Klng-jang le tchoung-lu fait le

Sons donnés par les lu Rc% fi fol /<r% ut.

c Rm miU f" 'm

Sonsvrais 1 Koung, chang, kio tchc yu.

i-él) on d à

ts.y-:joiià fol & lin-tchouns; à «£

(Voyez la figure 9 a dela fécon-

de Partie);donc les tons A<«^,

chang & rchc dont il eu parlé ici 1

font/z «?. Exemple

koung, chang, kio, tché, yu.

(/')Le lu ou-y répond hre%.

£c tchour.g-lu à lu% voyez la

figure 9de la féconde Partie.

Àïnfi r& f aifant le koung les au-

tres tons feront mi% JaWÂ

(<?) On vient de voir que tchoung-lu eft /<;#, or fi ld% fait le koung,

Sons donnés par les lu Lg% lit le fa fol,

Sons yr2.isL~~`' fr ur~~s;~

nre~< f%z.3~bons vrais

1< T, A kio,

J

E X E M P L E.

fa fol la J't re.

la%,Ji%. Or, dans la férié des

lu de la figure citée on ne trouve

ni rni^ pour être chang, ni fa

pour être kio ni Jî%. pour être

yu; le ieul cchourig-!u comme dit

le texte ou la pourra faire le

tchL Car hotins-tchoung, ou fa ne

peut tenir heu de mi tay-tjou

ou /o/, ne peut remplacer faWX& lin-tclioung, ou «r ne peut être

employé pour/i-jsç. Voici le rapportdes ions vrais avec ceux que don-

nent les lu de lafigure 9 a.

aucun ton de la férié des la ne

pourra raccompagner. Exemple

L Koung chang kio tchc yu.

»koung }

Page 214: Memoires concernant les chinoise 6

DES CHINOIS, Ohf

Tonte VI. Dd

»kounp après lequel

vient le chang & le tché{ r) il reiulte

» de tout cela une véritable mélodie. Cette mélodie s'évanouira

>» fi tchoung-lu faifant le koung lin-tchoung tait le c/iarcg- &

» hoang-tchoungle /c/ze ( j) ».

Le feris des trois derniers alinéa de ce texte, en fuppofant

qu'on n'ait pasaffez fait attention aux notes qui l'accompa-

gnent, eft i°. Que fi le lu ou-y, ou re fait le koung J

c'eft-à-dire efl premier degré on ne trouvera dans la férié

des lu ( figure 9, a ou note u ci-après ) que le feul la

pour être le cinquieme degré ou tché ( t ) cette férie ne

foùrniflant, ni le fecond degré, ,mi% ni le troifieme,/à

ni le fixieme Jï% Voyez l'exemple de la note p ci-devant.

i°. Que fi le tchoung-lu ou la eft premier degré, il n'y

aura aucun lu qui ne [oit dérangé,comme dit le texte, puifqu'il

faudroit difeorder ïut ou avoir un autre tuyau, pour en faire

v\n.Ji%difcorder le re pour en faire un m% le fa pour

en faire un mi%i, & le fol pouren faire un fa% Voyez

l'exemple de la note q.

3". Que par la méthode de King-fang, lorfque ce même

tchoung-luou la etoit premier degré on avoit par cette

méthode un f^ pour le fecond degré, un ut^^ pour le

troifieme un mi^ pour le cinquième & un/a^^c pour le

fixieme la^ ji% ,m%% mï% fa%%s d'où ré fuit e

félon le texte une véritable mélodie. Or cette mélodie s'eva-

nouit _j fi au lieudejî vous employez le lu qui forme ut

( r ) Le chang eûfX le tchê eft

miVi comme dans l'exemple de

la note précédente.

(i) Lin-tchoung, dans la férie

des lu, répond k ut &hoang-

tchoung à fa or on voit dans

l'exemple de la note q comment

ut & fa ne peuvent faire ni le

chang, ni le tché, puiique ut n'eil

pas/z"& que/i n'eil: pas mi%.

D'ailleurs l'intervalle la¥- utpeut-

il former un ton entre le koung &

le chanç; ?

( t ) Voyez note p de la fécond.» j'

Partie, page 114 au fujet des

degrés.

Page 215: Memoires concernant les chinoise 6

DE LA MUSIQUE

if au lieu d'ut vous employez le lu re au lieu de mi

le hocuig-tchoung ou fa & au lieu de /a^^ le lu qui

donne fol. Voyez l'exemple de la note q ci-devant.

Ce dernier pafTage feul prouve que les lu des Chinois n'ont

pas toujours eté reitraints individuellement à ceux dont on a

fait ufage dans ce Mémoire, & qui, dans la génération par

quintes ont Li^, pour dernier terme (u) puifque la méthode

de King-fang admet les lu ultérieurs qui fuivent la^ dans

cette même génération., lavoir mi%. fi j^ fi' uti^ 4

&c. Ou ce qui eft la même chofe, ce pafîage prouve que les

Chinois n'ont pas toujours confondu le llmma avec ïapotome

c'efli-à-dire le demi-ton diatonique comme ml fa avec le

demi-ton chromatique mimi%.} &c. D'où l'on peut conclure

que lorfqu'ils ont voulu obtenir les demi-tons chromatiques de

fi de ml de la &c. ,-ils ont dû néceffairement employer des

lu correfpondans à nos fons f [?, mi \y la\y &:c. afin de ne

pas faire évanouir pour m'exprnner comme eux, toute mélo-

clie de leurs modulations en y faifant fervir contre le fenti-

ment de l'oreille, un ld^ pour unfi\y un re1% pour un mi

&c. &c.

En un mot la doctrine touchant la différence entre le demi-

ton diatonique & le'demi-ton chromatique, eft fi bien établie

clans ce texte qu'après en avoir fait la découverte clans l'Ou-

vrage de Ly-koang-ty traduit par le P. Àrniot j'ai balancé û

je ne (upprimerois pas mon observation. Néanmoins, comme

elle préfente plus en détail l'objet dont il s'agit ici, j'ai cru

devoir la laiffer fubuYter. Elle conduit d'ailleurs au développe-

ment du texte, & le texte à ion tour confirme & fortifie la

do £trine expofée dans l'obfervation. Doétrine de la plus grande

(a)Fz ut fol rc la ml

J2 fa% mYi foP& rc% la%,

IX345678 9 ÏO II î 2,.

Page 216: Memoires concernant les chinoise 6

DES C H l N O I S Gbf.

D d ij J

importance quidécoule des principes fondamentaux de la

Mufique (x) & qu'on ne faurcit préfenter fous trop de faces

aux Européens, parmi lefquels un grand nombre de tempéra--

teurs &de joueurs d'inftrumens à touches prêchent continuel-

lement le contraire (y).

(x) La différence entre les deux

fortes de demi-tons eft donnée

par une fuite de quintes comme

on le verra à la note fuivante.

(j-)Pour s'affurer de la diffé-

rence entre le demi-ton mi fa par

exemple & le demi-ton fa fa%on peut former une fuite de quin-

tes, depuis fi jufqu'à fa M en

rapprochant enfuite les trois ions

mi fa fa% on s'appercevra de

l'extrême différence qu'il y a entre

l'intonation mi fa &c l'intonation

fafa% û les quintes ont eté juites.

iz8. 192. 288. 432. 6

fa lit fol re

Rapprochez du fa les fons mi

&cfa, en les élevant par autant

d'octaves qu'il fera néceffaire. Or,

pour avoir l'oâave d'un fon dont

la valeur eft connue il faut dou-

bler cette valeur. Ainiî l'octave de

fa evalué dans cet exemple à

128 fera le double de 128 c'eft-

à-dire ,256. Ce nombre étant

doublé donnera 5 12 celui-ci parla même opération, donnera 1024, >&

1024, donnera 2048. Quantau

mi 972 il n'a befoin d'être clevé

que d'une feule oflave. Le double

de 972 étant 1944, on aura les

deux demi-tons mi fa & fa fa%dans le rapport fuivant

1944. 2048. 2187,mi

fa fa%.

En voici la dcmonftration.

On fait quele

rapportde la

quinte eft comme de 2 à 3 c'eft-

à-dire, comme d'un nombre quel-

conqueà celui qui

réfulte de l'ad-

dition de ce nombre avec fa moi-

tié, & c'eft ce que les Anciens

appelloient le rapport ffjuialicrc

puifqu'ici le nombre 2 additionné

avec 1 qui eft fa moitié, donne 3

valeur de la quinte de 2. Voici une

férié de quintes dans ce même

rapport

648. 972. 1458. 1187.

la mifi fi'^<

Il eft aifé deremarquer ici que

l'intervalle de fa à fa% eft de

beaucoup plus grand que celui de

mi à fa puifquela différence de

fa à fa% c'.eft-à-dire cle 1048 à

1187, eft de 139, tandis que laa

différence de mïkfa, ou de 1944à 2048 n'eft que de 104.

On voit par-là que la difiinclion

de hmrr.ii & <X apotome de demi-

tondiatonique,

& demi-ton chro-

matique qu'admettentles princi-

pesde la Muhque entre cts deux

fortes d'intervalles, ifeit qu'une;luite ncceffaire de la valeur hxJe

à la quinte & cette vérité fe dé-

couvre encore par- la manière dont

on accorde l'orgue, le clavecin, 3

&Cc. puifqu'il faut y altérer 1;<

Page 217: Memoires concernant les chinoise 6

QUATRIEME OBSERVATION.

Expojîtion dit principe des proportions authentiques des

anciens Chinois.

A progrellion triple fur laquelle les anciens Chinois ont

fondé les dimenfions de leurs lu n'eft autre chofe que le réful-

tat d'une premiere confonnance donnée dont la proportion,

iuffifamment conftatée par l'expérience a été le modèle de

toutes celles qu'on aajoutées

à cette premiere, pour en former

une fuite ou progreffion d'intervalles femblables.

Ce n'eft au relie que pour la facilité du calcul, & pour eviter

les fraftions qu'on a choifi le rapport de i à dans la pro-

greffion dite triple à raifon de ce rapport & il faut obferver

que l'intervalle de douzième, repréfenté par ces nombres eft

une forte de fynonyme de la quinte, puifque celle-ci, portée

à une oftave plus haut ou plus bas, devient douzieme, ou

ce quielr. la même chofe puifque la douzième n'eft que

l'octave de la quinte.

On fait que Y octave en muiîque eft regardée comme une

equifonnance comme la réplique d'un même fon, mais entendu

à huit degrés plus haut ou plus bas. Ain i la progreflion triple

en remontant à fa fource n'eft au fond que le réfultat d'une

premiere quinte évaluée à la proportion de 2 à 3 & portée

pour la commodité du calcul à ton oftave t 3.

De cette equifonnance de l'oclave il réfulte encore qu'une

quinte prife en montant ou en defeendant pourra être repré-

DE LA MUSIQUE

proportion de chaque quinte pouravoir ces demi-tons neutres &c

fans caractère dans lefquels fe

complaiient les Amateurs de ces

fortes d'inftrumens. Voyez ce que

j'ai dit au iujet du icxpcnirnent à

la fin de la note i féconde Obier-

vation, page zoz.

Page 218: Memoires concernant les chinoise 6

DES C H I N O I S IV. Obf.

fentée par la quarte, pnie en lens contraire, puifquecette

quarte ne fera alors que l'oftave de la quinte déjà trou-

vée (ï).

Le rapport de l'oftave eft reconnu généralement pour être

comme de i à 2 c'eft-à-dire comme d'ur nombre donné à

celui qui en eft le double.

On a défini la quinte,dans le rapport de 2 à 3 ou 3 2 &

laquarte

dans celui de 3 à 4 ou 4 3

Or, pours'affurer fi ces deux rapports font juftes il faut

d'après ce quenous avons remarqué que

laquinte

d'un fon >

prifedans un fens, & fa quarte prife

dans le fcns contraire

donnent entr'elles le rapportde l'oftave, c'eit-à-dire la

pro-

portion double finon le rapport de la quinte ou celui de la

quarteaura été mal

afîigné.

Prenons, par exemple,la

quinte au-defïus de fa évalué à

3 cette quinte par la proportionfixée à cet intervalle, fera

ut i. Si nous prenons enfuite laquarte au-defîous du même

fa 3la

quarte étant dans la proportion de 3 à 4 nous aurons

ut 4. Or 4 eil le double de 2 ou ce qui cil la même chofe

Yut au-defîous de fanous a donné une valeur double de celle

qu'avoit['ut au-delîus de ce même fà donc le

rapport de la

quinte 2 3 & celui de la quarte 3 4 aflignés depuis

plusde quarante ilecles à ces deux intervalles font juftes l'un

& l'autre (aa).

(^)Si l'on monte de quinte

depuis ut, par exemple on abou-

tira à/e/f, comme ut rc ml fa fol;

& ù l'on defeend de quarte depuis

le même ut on arrive à un autre

fol octave du premier, comme,

ut fi La fol.Il en eft de même il

Ton monte dequarte comme,

ut

re mi fa ou qu'on defeencie de

quinte comme ut /z la foi. fa les

deux extrêmes > feront toujours

l'oftavc Fun de l'autre.

(^<z) Ce développement etoit

néceffaire ici, parce que des Théo-

riciens Européens partant des

proportions faflices qu'ils a (lignentà certains intervalles ont voulu

élever des doutes fur la proportion

de la quinte fans penier à s'affu-rer auparavant li les proportion»

par leiquellesils vouloknt juecr

de la quinte etoient lc^itmus î

Page 219: Memoires concernant les chinoise 6

DE LA MUSIQUE

De tout ce que nous venons d'obferver, il réfulte qu'il n'a

fallu aux anciens Chinois qu'une feulequinte ou une feule

quarte une fois trouvée pour avoir tout le refte de leur fyftê-

me, quelqu'etenclue qu'ils aient voulu lui donner, puifqu'il

n'efr. befoin pour cela que d'ajouter au premierintervalle

trouvé une fuite d'intervalles femblables (££).

Voici un texte chinois qui préfente les douze lu, engendres

parce même principe c'eft-à-dire ou comme quinte

ou

comme quarte l'un de l'autre & dans laproportion que je

viens de décrire pour ces deux intervalles. C'efr. un texte du

Han-chou (ce), extrait de l'Ouvrage de Ly-Uoang-tytra-

duit par le P. Amiot quatrième Partie cahier B n°. 9 page

290. Je joindrai à ce précieux texte l'excellente note que le

P. Amiot y a ajoutée & pour le rendre encore plus intelligi-

ble, je vais donner une fuite de lu, rangés par demi-tons,

ordre d'après lequel l'Auteur du texte s'eft énoncé. J'ajoute-

rai dans le texte même, mais entre des parenthefes tout ce

qui fera néceffaire pour l'expliquer.

ou fi même elles avoient un prin-

cipe. Voyez à ce fujet le Mémoire

fur la Muflquc des Anciens note 3 J,

§.208, page ^2 15.

(/>/>)« D'une feule quarte ou

» d'une feule quinte donnée dc-

5» coule tout le fyftême mulical

»puilque la quarte

d'une premiere»

quarte,ou la quinte d'une pre-

» miere quinte devra naturelle-

» ment être dans la même propor-» tion qu'on aura reconnue pour» la premicre, quelle que foitcette

» proportion Une troifieme

» quarte ou une troiiieme quinte» devra ncce/Tairement être com-

» me la premiere & comme la

» féconde & ainii de fuite de

» l'une de ces cenfonnances à

« l'autr e en observant toujours» entr'elles le rapport établi pour» la premiere. Or, c'eft de l'a ne m-

Mblage d'un certain nombre de

» ces confonnances combinées

» de différentes manières que» naiffent les tierces les fixtes

le

» ton, & les divers demi-tons dont

» on peut raisonnablement faire

»ufage dans un fyitême de Muli-

»que ». Mtm. fur la Muf. dis Ane.

page i de Y Averti [fanent, note a.

(ce) C'efi fans doute du Si-haïf

chou c'eft-à-dire de l'hiftoire des

Han occidentaux qu'il s'agit ici

puifque Ly-koang-ty rapporte en-

fuite des textes, du Hcou-him-chou

hiftoire des H.in pollcrieurs ou

orientaux.

Page 220: Memoires concernant les chinoise 6

DES CHINOIS, Obf.

En recourant du texte, à l'exemple fuivant on fe rappellera

que l'intervalle d'en-bas chez les Chinois cil notre quinteen

montant & que leur intervalle d'en- haut eft notre quarte en

defcendant. Voyez note de la feconde Partie, page 122.

Ordre des Lu PAR z>em,tons.

a. Hoang-tchoung fa.

b. Ta-lu fa%.

c. Tay-tfou fol.

d. Kia-tchoung fol%.

e. Kou-fi la.

f. Tchoung-lu la~

g. Joui-pin fi

h. Lin-tchoung ut.

i. Y-tfê ntU.

k. Nan-lu re.

L Ou-y reU.

m. Yng-tchoung mi.

11. Hoang-tchoung fa.

o. Ta-lu faM-

p. T ay-ifou -wl.p. Tay-tfou fol.

q. Kia-tchoung fol-

r. Kou-fi la.

s. Tchoung-lu la^.

Y' --7 x T E du HAN-CHOU.

« Hoang-tchoung eft comme le roi des autres tons. Il n'en

eft aucunqui puiffe lui reflembler. Des trois parties du hoang.

» tchoung ( a, ou fa, dans l'exemple ci-deffus) qu'on en ôte

» une on aura le lin-tchoung d'en bas ( h ou ut ).

» Aux trois parties dont eft compofé le lin-tchoung ( ut )

» qu'on en ajoute une femblable on aura le tay-tfou d'en-hauc

Page 221: Memoires concernant les chinoise 6

DE LA MUSIQUE

»»(c- on fol). Des trois parties du tay-tfou (/<>/) qu'on en

» ôte une on aura le nan-Ki d'en bas ( k, ou rc).

» Aux trois partiesdu nan-lu ( /v) qu'on en ajoute

une (cm-

*> blable on aura le kou-h d'en haut (f, ou /a). Des trois

»>parties

du kou-h (Aï), qu'on en ôte une, on aura le yng-

wtclioung d'en bas ( m ou nu ).

» Aux trois parties du yng-tchoung (/«/) qu'onen ajoute

» une lemblable on aura le joui-pin d'en haut(g, ou/?).

Des

m trois parties du joui-pin ( fi) qu'onen ôte une, on aura le

M ta-lu d'en bas ( o oufi ).

v Aux trois partiesdu talu (fi^) qu'on

en ajoute une

Memblableon aura le y-tie d'en haut (/, ou ut%.). Des

>- trois partiesde y-tie ( ut ) qu'on

en ôte une on aura le

»kia-rchoung

d'en bas (q oujol^).

>~Aux trois parties du kia-tchoung (fol%. ) qu'onen ajoute

» une iemblable on aura le ou-y d'en haut ( oure^).

?- Eniîn il des trois parties dont efr. compofé le ou-y ( re%. ),

» on en ôte une on aura le tchoung-lu d'en bas ( s, ou

» Ai 5^ ) »• Voici la Note du P. Amïot ( cahier B n°. 14

p:r~ 3-~ )~

» Pour épargnerau Lcfteur la peine

de calculer les/«,fuivant

>>la méthode de ce texte je les ai calculés moi-même & j'ai» trouvé

» Hoang-tchoung cgal à 177147.» Lin-tchoung d'en bas = 11 8098.» Tay-rfbn d'en haut =

157464.>» Nan-lu d'en bas =

104976.» Kou-fî d'en haut = 139968,» "ïng-tchoung d'en bas = 93312, >

» Joui-pin d'en haut =: 1144 16.;> Ta-lu d'en bas = 81944.» 1 -de d'en haut = 1 10592,» Kia-tchoung d'en bas = 73728.» Ou-y d'en haut = 98304.» Tchoung-lu d'en bas = 65536 »,

Voici

Page 222: Memoires concernant les chinoise 6

DES C H l N O I S, TV. Obf.

~~n V. uTome FI. 1. fce

Voici félon notre manière de noter les fous tout le

contenu, tant du texte quede cette note du P. Amiot c'eft-à-

dire, la génération des douze lu, par quintes & par quartes

alternatives avec l'exprefïïoii numérique dechaque fou

calculée par le P. Amiot, & que je ne fuis que transporter

fur les notes (dd).

I77r4V' rtSopd. tj74i?+. ro4j)7<r. lîpyfiB. j>3Jtî. 1144.16. 82544. no;;z. 7i7i*. 5>8;o+. ejyj'î.

Si l'on veut faire l'analyfe de ces nombres on trouvera

que fa 177147 eft le douzieme terme cle la progrefîion triple

&que

les autres nombres font les différentes oftaves de cha-

cun des termes de la même progrefîion prife enrétrogradant 7

comme dans l'exemple de la page 188 ( ee ).

10, la tierce mineure La ut de ï

à 6 &c. &cc. On peut voir ce

que j'ai dit à ce Sujet, note g dela féconde ObServation pagezoo.

(<;e) Si fon prend l'an & l'autre

exemple dans un fens contraire

c'eft-à-dire en commençant par

l.i% on aura alors les termes de

la progrefîion Triple dans leur or-

dre naturel 1 3 9 27 &c.comme dans l'exemple nuvant

où les petits chiffres joints a cha-

que terme de cette progreilio.i

marquentle nombred'ochives do:r

il eft élevé foit dans la note J-.i

P. Amiot, foit dans rexempît qinla représente.

(dd)Nos Théoriciens Européens

pourront voir par cet exemple

combien il feroit abfurde d'imagi-ner qu'après les quatre premiersfons fondamentaux fa ut fol rc il

fallût donner au la une autre pro-

portion que celle qu'ilobtient

comme quarte de rc ou de pré-

tendre que ce même ta en tant

que quarte jufte au-clefibus de re,

ne pût comme tel, former un ton

jufte avec fit une tierce mineure

avec ut une tierce majeure avec

fa, &c. & cela parce que depuisla fin du ler/ieme fiecle un hom-

me auroit ecrit que la tierce fa la

doit être de 4 à 5 &: ce qui en

cil: une fuite le ton fol la de 9 à

i"\ 3". 9'3. 271-. 8i'°. ?.rf. 7i97.iiS7> 65Û14. 196835. 59049'. 177147. ?.-

U% re%fit% ut% fi' fi mi ia re fil utt f.i.

Il eft aifé de voir par ces nom- pond an la dans "IVxempie

bres que la valeur 65536 qui ré- n'efi autre choie cr.e le terrai 1

Page 223: Memoires concernant les chinoise 6

DE LA MUSIQUE DES CHINOIS, IV. Obf.

On peut conclure de la méthodefimple

& uniforme, fuivie

dans ce texte du Han-chou combien les proportions fa&ices

des deux illuftres Princes TJai-yu &c Hoai-nan-tfee expofées

aux articles 3 & 5 de la feconde Partie de ce Mémoire, s'ecar-

tent de la doctrine des anciens Chinois. Doclrine la feule

vraie, la feule raifonnable, il l'on veuty réfléchir la feule en

un mot qu'on puiffe adopter dans toutfyftême

deMufique où

l'on voudra fe guider par le fentiment de l'oreille.

élevé de feize oftaves que le re%

évalué à 98304, eil la qvuiv/.ienie

oftave de 3 ïefol^ la treizième

octave de 9 Se ainfi du relie. On

peut vérifier tous ces calculs fur

les Tables qui font à la fin de monMémoire.

Ces divers exemples doivent

nous ramener ce que j'ai d'abord

annoncé à la note c de la pre-

miere Partie, page 32.favoir

quela règle d'une férié, de

dou\c termes en

progrefjlon triple la règle des lu ou

larègle

d'une fuite defons à la quar-

te, à. la quinte ou à ladouzième

Cuîz

de l'autre Jont une Jeule & même,

règle, un fad & même principe fous

des formes différentes.

Fin des Obfervations.

Page 224: Memoires concernant les chinoise 6

Ee ij

EXPLICATIONS DES FIGURES.

PREMIERE PARTIE.

Figure i. L'ordre des huit fortes de fons fe prend dans cette

figure, depuisla cafe du milieu, infcrite fon de la peau, en allant a

celles qui la fuivent à droite :fon de la pierrt fon du métal &c.

De la correfpondance des huit fortes de fons aux trigrammes de

Fou-hi, naiffent d'autres rapports avec tout ce qui eft repréfenté par

ces trigrammes comme les huit points cardinaux du monde les huit

aires de vent, & plufieurs autres objets quiforment une érudition

chinoife mais qui n'intérefferoient guere les Européens.

Les chiffres qu'on voit dans cette figure au-deffous des cinq tons

koung chang kio, cchi y yu désignent les différentes longueurs de la

corde qui donne chacun de ces tons. Koung placé au centre de la

figure, & qui eft le principe le générateur, & le premier des autres

tons eft donnépar une corde qu'on fuppofe divifée en 8 1 parties

egales. De ces 8 parties il en faut j-l pour former le ton chang 64

pour le tonkio 54 pour le ton tchi 8c 48 pour le ton yu. Cette

maniere de divifer la corde eft très-ancienne chez les Chinois. On a

ainfi les cinq tons dans la proportion fuivante

81. 71. 64. 54.^ 48.

Koung chang kio tché yu.(. fa fol la ut rc.

Figure 2. Tambour, nommé tfou-kou. Sa longueurd'<z à b eft de trois

pieds. Le diametre de chacun des deux côtés couverts de peau cil

de 4 pieds le diametre du milieu, de c à d efl de 6 pieds, 6 pouces

6 lignes (<z).

(a) Le P. Amiot neIpécifie pas le

pied fur lequel doivent feprendre ces

meftires, bien qu'il y eût deux forte de

pieds chez les anciens Chinois, le pieddit mufical & le pied ordinaire comme

on le verra à l'article 3 de la féconde

Partie de ceMémoire. Néanmoins, d'après

ce qui efl dit dans ce même article nous

préfiimons quece n'eft point le

piednvj-

ficalqu'il

faut entendre ici. ni dans le?

Page 225: Memoires concernant les chinoise 6

EXPLICATIONS

Le tfou-\on eft du tems même du grand Yu, Ainiî ton antiquité

remonte pour le moins julcjifà l'anzzo^ avant Perc chrétienne. C'etoit

le tambour proprede la Dynafhe des &Vz. Il etoit travedé par une

pièce de bois eqiurnedont le bout entroit dans un pied tait en

terme de croix c'eft ce quil'a iait

nppeller tfan-kon. On lui donnoiî

nuiîî \e nom àe pen-kou. liencji du pen-kou dit le Chc-ki/ig comme

A' Li cloche young (/arz-kou om:youns;

Cette efpece de tambour lut

adoptée par les Tchtou.

Fis,u'i j. Tambour nomme yng-kou. Salongueur de

c à d, ell de

douze pieds. Le diamètre de chacun des deux côtés, couverts de peau

eft de 4 pieds le diamètredu milieu, de c à. cil de 6 pieds 6 pou-

ces 6 lignes.

L'\i;i*-koii eir le tambour particulier de la féconde Dynailiedite

indifféremment ch.i; ou y u 6i dont le Fondateur monta fur le Trône

l'ar. avant J. C. 17S}, Il etoit traverfé par une pièce de bois équarrie,

mais cette pièce de bois n'avoit point de pied on l'enfonçoit dans la

terre, & c'eii ce qui lui a fait donner le nom de yng-koit. On l'appel-

loit encore du nom de kuo-kou. Le ton du tambour kao-kou dit le

ChJ-k.'xg eft le plus fort de tous les ions{kao-kou fou c/icng). La

Dynaftie des Tcheou adopta encore Yy/ig-kou comme elle avok

adopte le tfoit-kou.

Figure 4. Tambour nomme huicn-kon. Ce tambour eft particulierà

la Dynafhe des Tduou il en eft parlé dans le Tcheou-ly fous le nom

de ku7i-koit.

Il y a un autre tambourcorrefpondant à celui-ci, appelle yng-knu t

dont le petit tambourregarde le côté oppofé à celui du inucn-kni;.

Le huur:-ko:i dit le Ly-ki doit être place du côté de l'occident, &

Yyrg-kou du coté de l'orient.

Les deux petits tambours qui accompagnent ceux-ci font appelles

l'un chouo-pi l'autre yng-pi. Le premier reffemble au tambour des

exp'icaricvis (Vivantes, mais lepied ordi-

nsire > tî ie ifu-chc ou p:sd di compte,

compoiè oc 10 pouces, 6c chaque poucetic ic lignes, d'autant que c'eft ce même

ïj-.ed qui cfi énoncé dans lesexplications

lies figures 13 & 14 ci-anrès, La diffé-

rence entre ces deux fortes de piedsik

confifte que dans leur dividon en 9 ov.

en 10pouces. Voyez la figure 4 a de i.i

feconde Partie, ou ces deux pieds ("on:

lepréfenrés dans leur grandeur natu-

relle,

Page 226: Memoires concernant les chinoise 6

DES $ FIGURES, Pan.

cavaliers & fe frappe légèrement Yyng-pi eft plus petit, il reffemble

au tambour des fantaffins & fe frappe un peu fort.

Fi "tireG. Tambour appelle

kin-kott. Sa longueur cil de 6 pieds

6 pouces;le diamètre de chacun des côtés eft île 4 pieds celui du

milieu de 6 pieds6 pouces 6 lignes. En général ce tambour eft le

même que celui qu'on appelloit kkn-kou mais on lui donnoit le nom

de lei-kuu quandon y avoit repréfenté le tonnerre les vents &£ des

nuages & on l'appelloit ling-kmt ou lou-kou félon qu'on y avoit

peint des oifeaux myftérieuv, ou fimplement des cicognes, des cygnes,

ou autres oifeaux qui font le fynibole de la longue vie.

Figure 7. Tambour, nommé tao-kou dont ily a deux fortes le

grand& le petit. Le grand

tao-kou a un pied de longueur & un picd

de diametre dans chacun de fes côtés le bâton qui le traverfe eftlong

de 4 pieds, 5 pouces. Le petit tao-kou eft long de 7 pouces & fei

deux diametres ont chacun 7 pouces; le bâton qui le traverfe a 3

pieds i pouces de longueur.

a &c h font deux noeuds faits avec de la peau, & enfiles a la cor-

delette c, qui pend de chaque côté du tambour. Celui qui eft chargé

de cet infiniment le tient par le manche en d & en tournant la main

alternativement de gauche à droite ck de droite a gauche les nœuds

vont frapper en e & en f

Figure 10. Tambour, nommé j'«-A.««. S;; longueur eft d'unpied,

pouces;le diamètre de chacun de fes côtés eft de y pouces.

Figure 11. Tambour, nomme po-f'ou. Sa longueur eft d'un pied, 4

pouces le diametre de chacun de fes cités eft de 7 pouces. La table

qui fupporte cet infiniment a un pied de hauteur 8i" \:n pied de

largeur.

Figure ;j. ïnftrument de pierres fonores nommé pien-kms ('')• Ce*

(A) Pendant qu'on imprimoit ces ex-

plicitions nousavons trouvé dans les

Réflexions fur la Poéfic & fur fa Peinture

par TAbbc cUiBos, un p;iil;ii^e fort inte-

scfi'ant fur une fone de pierre (onore,

connue des Anciens, en Europe. Voici

ce quedit cet Uluftre Académicien troi-

-.fisme Partie, vers !a fin de la fection Xll

«linon de Paris 1755 pnge ±io.

« Pline en parlant despierres cnrieu-

si (es dit que la pisvre qu'on appelle

:î calcopkonos ou Con d .nr^ln efi noire

» Se que iuivant I'ctymolocic de for;

« nom, elle rend un (un approchsn; du

•' fon de ce rne:al lorfqi; on la touche u.

ïlrapporte cnkiite k- r.aiï"<!gs de Piine eu

ces termes LMcoykoi.j! ;:i;-j ef: fed

lll}fa >xus linnuuni ucJ^, Lit' 3", c?.p. 10.

Couur.e Le Ktn^ ifolé diî Càhirct es

M. Bert'm ( Xoyxz le Difecurs Préu:i:i'

naire, page iB }, eft précii'éirent c'une

pierre so;re Oc. rend cftcitivemvn: y.»

Page 227: Memoires concernant les chinoise 6

EXPLICATIONS S

infiniment en compofé de 16 pierres,dont les dimcnuons fe prennent

Suivant les règles des lu. Pour rendre le fon plus grave on prend fur

l'epaifleur dont on ôte autant qu'il en faut on prend au contraire fur

lalongueur., quand on veut rendre le fon plus aigu. Le pim-king étant

a l'oftave au-deffus des lu moyens, dits naturels, fes dimenfions le

prennent fur les lu aigus, appelles dcmi-lu &c onfe fert du pied, dit

tou-tchi compofé de 10 pouces &le pouce de 10 lignes.

Figura 14. Forme ôt dhnenfions du cheng-king & du foung-king.

Chaque pierre de ces deux inftrumens a deux parties ou branches

comme on voit par la figure. La branche a, b,e,i, eft appellcela

partit j'uperiiure ou la cuijfe &£ la branche inférieure a,c,d,i, eft:

appellce la partie inférieure, ou le tambour. Les Chinois partagent la

ligne b c en deux parties égales. Du point de divifion h ils abaiffent

une perpendiculaire fur la ligne a, c; ils partagent de même la ligne

c d en deux parties égales& abaiffent une perpendiculaire fur la

ligne a b le point d'interleftion f, efl l'endroit qu'ils percent pour

pouvoir fufpendre l'inftrument.

La mefure générale des king fe prend fur celle des lu. Ainfi le cheng-

king a un lu & demi d'a à b c'eft-à-dire un pied & demi le lu

valant un pied, & le pied 10 pouces. Le côtéZ-, e eu long de trois

quarts d'un lu ton côté a, c, de deux lu un quart, & (on côté< d,

d'un demi-/«. L'epaiffem- de la pierre dans toutes fes parties eft d'un

lixieme de lu; le diametre du trou/, eft d'un quatorzième de On

frappe rinftrument vers le point g.

Quant au foung-kins. fa longueur d'a à b eft de deux lu. La longueur

de en c eft d'un celle d'a en c eft de trois lu & celle de c en d

eft de deux tiers de lu c'eft-à-dire de 6 pouces 6 lignes & 6 dixie-

mes de ligne. L'epaiffeur de la pierre eft de 17 lignes 2 dixièmes de

ligne le diamètre du trou /"de lignes cinq dixiemes de ligne.

Ces deux inftrumens fe plaçoient en dehors de la falle fur la der-

niere marche de l'efcalier le chaig-king, du côté de l'orient, & le

foung-king du côté de l'occident. Le cheng-king etoit ainfi appelle,

parce qu'il s'accordoit en particulier avec l'inflniment appelle chtng

dont on parlera à l'article 9 de cette premiere Partie & le foung-king

fon d'p.irain nous nous propofons de re-

venir fur cet objet à la fin des explica-

tions, poin' faire connoiire à quelle claffe

de pierres peut appartenir ce king quiparoit avoir toutes les

propriétés du cal-

cophonos de Pline.

Page 228: Memoires concernant les chinoise 6

DES S FIGURES, Pan.

etoit ainfi appellé parce qu'on s'en fervoit dansl'accompagnement

des Hymnes, appelles Soung. En général les king, comme étant des

inftmmens fixes, fervoient à donner le ton.

Figure ,6'. Ancienne cloche des Tchcou. Les Chinoisdiftinguent fur

cette cloche trois parties principalesla partie fupéneure depuis o

jusqu'à n-; la partie du milieu depuis d jufqu'à h & la partie infé-

rieure, depuish jufqu'à

La partie fupérieurefe divife également

en trois parties le cou “

a,b; le corps, c,c; & le pied,p, q. Le long du cou, le point a

s'appelle heng c'eft-à-dire point d'équilibre& le point b

s'appelle

young c'eft-à-dire point de direction; ou, félon quelques Auteurs lung

fignifiela gorge, Si. young le conduit. Le corps c c eft appelle hiutn-

tchoung, comme qui diroit animaux qui environnent pour fervir de

foutien, parce que c'eft par-là qu'on fufpendoit la cloche. Le piedp, q

eft fait de façon qu'il paraît fortir du fein de la cloche avec laquelle il

fait un tout.

Cette partie fupérieure de la cloche eft un folide fait d'un même

jet avec la cloche elle-même. Sa hauteur depuis o jufqu'à n eft de 8

poucesfa circonférence à l'extrémité o eft de 5 pouces un tiers.

La circonférence du foutien c,c eft de 12 pouces fa hauteur d'un

pouce fept neuviemes. La circonférence du pied p q eft de huitpou-

ces fa hauteur, de p en q eft de huit neuvièmes de pouce.

La partie de la cloche dite le milieu d A, eftpartagée en

cinq

zones ou bandes dont trois plus grandes que les autres font

chargées de douze mamelles chacune. Ces mamelles repréfentent les

douze maifons dufoleil, les douze lunaiions dont une année commune e

eft compofée les douze lu muficaux, &c. Les deux petites bandes

font unies &fans avoir rien d'apparent fur leur furface parce qu'elles

doivent repréfenter les champs qui renferment dans leur fein les diffé-

rentes femences qu'on leur a confiées & qui poufferont dans leur

tems, &c. Le fonimet de cette partiedu milieu n'eft point convexe

les points d, d font appelles ou, & ce nom s'ecrit par le caracteie e

qui fignifie danfc danjeurs &c. parce que ce font les deux points

d'agitation de la cloche quelques Auteurs donnent à ces deux points

le nom £ épaules. Les points h h, qui terminent cette partie du milieu,

Page 229: Memoires concernant les chinoise 6

EXPLICATIONS

portent lenom de loan c'efl-à-dire qui ne f au r oh recouvrer les forces

perdues&C,

Enfin la partie inférieure de la cloche fe prend depuis hjufqu'eri

Cette partie eil terminée en forme de croisant pour défignerla lune.

Les pointsfont l'endroit où l'on frappe la cloche le point k eft

appelle le tambour. La lettre m dé ligne le milieu de la cloche les

Chinois penfent quede ce point le ion va en droiture

jufqu'à c, &

qu'ilfe divife, en chemin faifant à g & &c.

La hauteur de la cloche depuis d jufqu'à eft de douze pouces

& demi S^ depuis n jufqu'en k de dix pouces. Le diametre de à

cfl de dix pouces& de fcau bord oppofé de huit pouces. Le diame-

tre de la partie fupérieurea huit pouces, de d end; &

lîx pouces

quatre lignesde n au côté oppofé.

On ne fauroit dire au jiifte quand a commencé l'ufage de cette

efpecede cloche ce qu'on fait fûrement c'eft qu'elle etoit déjà

ancienne du tems de Confucius. Sa forme tout-à-fait finguliere ren-

ferme une foule d' allégories pour les Chinois. Je me fuis contenté

d'en décrire les proportions d'après leurs Livres les plus authentiques.

Figures ty '<?. Les cloches nommées tê-uhoung, de la Dynaflie des

Tchzou etoient applaties & avoient la même forme qui eft repréfen-

tée à la figure 17. Elles s'accordoient avec les lu aigus ou demi-/Ks 9

&i l'affortiment n'etoit compofé que de douze cloches.

L'afibrtiment appelle pien-tchoung de lafigure «8, etoit

compofé

de feize cloches dont douze etoient accordées fur les lumoyens “

dits naturels, Se etoient par conféquent plus groîTes les quatre autres

s'accordoient fur les demi- ou /«.aigus. Cet affortiment faifoit ainfi

un iiillrument complet.

Pour accorder les cloches fur les lu on avoit égard à la hauteur,h l'epaifleur

& au diametre. Quand elles donnoient un tontrop bas

on retianchoit fur la hauteur quand au contraire elles donnoient un

ion trop haut on amoindriflbit l'epaifleur jufqu'à ce qu'on eût

attrapé le ton.

Figures k)20. ïnflrumens de terre cuite appelles hiucn. La figure

19 repréfente le grand hiuen la figure io, le petit hiuen j a eft le

devant de l'inftrument & b le derriere.

Le

Page 230: Memoires concernant les chinoise 6

DES S FIGURES, Pan.

i i 1

Tome FL1

F f

Le grand hiutn a de hauteur trois pouces & demi, faplus grande

circonférence eft de fept pouces & demi, 8c le diamètre du fond eft

de deux pouces quatre lignes. Le diametre de l'embouchure qui eft

à la pointe eft de trois lignes & demie celui des trous qui donnent

les tons eft d'une ligne Sc'fept dixiemes de ligne.

Le petit hiuen a de hauteur trois pouces & demi fa plus grande

circonférence cft de cinq pouces & demi, & le d 'mètre du fond eft

d'un pouce, fept lignes & cinq dixiemes de ligne. Le diamètre de

l'embouchure eft de trois lignes celui des trous qui donnent le ton

efl d'une ligne cinq dixièmes de ligne.

Figurai. Kin à fept cordes. Il y a trois fortes de khi qui ne different

entr'eux que par la grandeur le grand kin le kinmoyen & le petit

kin. Le corps de cet infiniment eft fait de bois de toiing~nwn qu'on

vernit en noir fa longueur totale eft de 5 pieds <j pouces.La tcte a

de largeur 9 pouces la queue 6 pouces & les epaules io pouces.

Depuis le chevalet fur lequel appuient les cordes, jufqu'à la queue

il y a 5 pieds. Le kin moderne eft fait comme cet ancien kin.

Figure 22. Inftrument à 2. cordes appelle clu. Il y a quatre fortes

de clié, qui ne différent entr'eux que par la grandeur. Engénéral le

clzê a delongueur 9 pieds

fa tcte a 9 pouces de long,fur 2 pieds de

large, & fa queue i pied, 8 pouces de long & 1 pied, 6 pouces

de large. D'un chevalet a l'autre ily

a 6pieds pouces. Le bas de

i'inftrument appelle laqueue

doit repréfenter des nuages on en

fculpte 6 dechaque côté. Ce chê a la même forme que l'inflmment

qu'on appelle aujourd'hui tfeng.

Figure 23. Infiniment nommé tchou. Cet infiniment efl fait avec des

planches de kieou-mou. Le kieou-mou efl un arbre, dont le tronc cil

femblable à celui du pin & dont les feuilles font comme celles du

cyprès. Les planches de cet infiniment doivent avoir 9 lignes d'épaif-

feur. L'ouverture fupérieure du ichou eft de 1 pieds 4 pouces en

quarré fa profondeur eft d'un pied 8 pouces de même que le fond.

Le pied fur lequel il pofe a deux pouces de hauteur. Au milieu de l'un

des côtés ily a une ouverture en rond, dans laquelle

on pafle la

main pour prendre le manche du cché ou marteau de bois. Ce manche c

a de longueur 1 pied, 8 pouces, & le battant un pied. Le bout du

manche entre dans un trou, pratiqué dans le fond &c y eft arrêté par

Page 231: Memoires concernant les chinoise 6

EXPLICATIONS

une goupille,fur

laquelle il le meut à droite & à gauche lorfqu'ou

veut frapper l'uHÎriiment avec le tclic ou marteau.

Fleure .'4. Intlrument appelle ou. Il cil l'ait avec du bois de kieou ou

r/,v,i.Y le même dont j'ai parlé dans l'explication précédente. Le tigre

qu'il repréfente po!e lur une eadle de même bois qui a 3 pieds 6

pouces de longueur,1 pied, & pouces de largeur, & 1 pied de hau-

teur. Le rebord fur lequel cette caifle appuie a pouces de haut.

Sur le dos du tigre font 17 chevilles, ayant la pointe en haut, &

de même bois que le relie de l'inflniment. Elles reffembleut aux dents

d'une (eie ik tout appellees tjbti-yn c'ell-à-dire dents qui font hors

..v n/.ïi, La figure .7, qui eil au-deilous de finflniment s'appelletchen.

CVft uneplanchette mince du même bois

queElle a.

un pied de longueur, un pouce de largeur, & une ligne d'epaificur.

On Li pailc légèrement fur les chevilles dutigre pour tirer le ton

propre de Cet mlîrument.

Figures i5 i<S. Infiniment appelle tclwut;s,-tou ou les planchettes. La

figure 16 repréiente les planchettes, liées enfemble dont on le fer-

oit anciennement pour battre la mei'ure. La figure 25 repréiente les

mêmes planchettes ieparées. Elles etoient au nombre de douze (jms'cjl

comenté d'enrefréjenur trois dans lu jigure ), Ces douze planchettes;

etoient de bambou larges d'un pouce cv d'un pied & un pouce de

long. Àu-deiibus de l'extrémité lupcrieure & à la d'itance de deux

pouces il y avoit une ouverture de chaque côté longue de deux

hi.;ne5 c'cil dans ces iortes de trous qu'on paiToit la courroie qui les

hoir les unes aux aurres. Les carafteres écrits fur les planchettes repré-

ientees dans cettefigure composent

une des Odes duTa-ya

du Ché-

Airg. Cette Ode cilcompoice

de huit llances chaque fiance dequatre

vers Sichaque

versde quatre pieds

ou iyliabes, Les fiances fontfépa-

°

rjespar des ronds mis entre la fin de l'une & le commencement de

l'autre. Je me luis difpenié de traduire cette Ode parce qu'elle n\-lt pas

du iujet que je traite elle n'a. été tranferite l'ur lafigure que pour

donner unexemple

de la manière dont les anciens Chinois ecrivoienî

le-r.rsOuvrages. Quand

lesplanchettes

etoient couvertes de caractè-

res onles

hoit comme on voit à lafigure 16

mais d'une manière

plus lerrce lapremière planchette

etoit feule àdécouvert,

afinqu'on

putvoir

d un coup-d'ceiiou le

titre ou le fiuetou le commence-

Page 232: Memoires concernant les chinoise 6

DES FIGURES, Pari.

Ffii

ment de l'Ouvrage. C'cft avec une de ces fortes de livres qu'on battoir

la mefure dans la mufique des grandes cérémonies, pour rappellcr le

fouvenir de l'invention de l'écriture &C lori qu'on facniioit au Ciel on

lui rendoit grâces de ce don fait aux hommes comme de tous les

autres dont il les a comblés.

Figure 27. Infiniment appelle koan-tfee, compofé de dou/.e tuyaux

de bambou d'une fente venue. Il y avoit trois (o. es de ko:ui-:jh fous

cette même forme. Les plus grandi donnoient !ts fons graves les

féconds les fousmoyens

& lesplus petits

les fousaku\.

Leplus long

tuyau des grands koan-tjec c'eft-à-dire le premier tuyau avoit deux

pieds de longueur,celui des moyens koaii-tjn avoit un pied & le

premier des petits koan-ifcc avoit un demi.-p.ied. Ces premiers tuyaux

r-ipondoient pourle

ton,au

premierdes dit

lioang-tchoung,&,

les autres qui fe fuivoient par demi-tons en montant, répondoient

l'ordre ultérieur des lu, & avoient leurs mêmes proportions.

Figure 34. Infiniment nommé fuw. On diltingue cet inftrument en

grand ÔC petit. Le plus long tuyau du grandyîao avoit deux pieds &c

le plus lor.g du petit avoit un pied, eniorte que tous les tuyaux du

petit fuw etoie.it à la moitié de ceux du grand. Ces deux fortes de

fia.0 avoient chricui feize tuyaux, qui donnoient les tons de feize In

lavoir !: crji.d fuio n /« graves &C 4 moyens le petit Jîao 12 lu

moyensCl 1 aigus dans cet ordre

i. H'Jit:î,-tchoung, 9. Y-tfé.

2. Ta-lu. 10. Nan-lu.

3. Tay-tfou. 11. Ou-y.

4. Kia-tchoung. 31. Yng-tchoung.

5.Kou-fi. 13. Hoang-tchoung. 1 nQ

J “ T 1 a UcUvcs dos6. Tcnoung-lu. 14. Ta-lu.

U 4 premieri7. Joui-pin. 15. Tay-tfou. | tuyaux.8. Lin-tchoung. 16. Kia-tchoung. j

Figure 36. Flûte appellée yo. Cet infiniment tel qu'il eu repré-

fenté en A ie dirlingue en grand, moyen &t petit.Il

y en avoit douze

de chacune de ces trois efpeces dont les proportions 6i les longueurs

etoient comme celles des trois différentes claii;s dj lu graves

ïnoyens& aigus.

La figureB n'eft que pour fatisfaire au fyftème

de ceux qui on:

Page 233: Memoires concernant les chinoise 6

EXPLICATIONS S

imagine que le yo avoit lix trous, formant des demi-tons de 1 un à

l'autre.

Figure 10. Flûte appellée /[)-. Cet infiniment tel qu'onle voit en Ay

etl le même que le f a trois'trous il n'en dillere que par l'embou-

chure. On le diltingue de raànc en grand moyen & petit (es dimen-

lions font les mêmes que celles du yo. Voyez, l'explication précédente.

La figure Bn'etl encore ici 'que pour reprelenter l'idée de ceux qui

peinent qu'il vavoit anciennement des yo &C des ry à iix trous.

Figure 4-1. Flûte appellée tchc. A reprélente le devant de l'inftru-

menr îs: B le derrière, qui Ht tout uni. On dillingue cet infiniment

en urand cv petit. Le grand:du: a de longueur un pied, quatre pouces

ion diamètre cil d'un pouce. L'embouchure C a trois lignes & demie

de diamètre; les trous qui font fur les deux cotés ont chacun de dia-

metre, une ligne, l'ept dixièmes & cinq centièmes de ligne.

Le petit rchJ a de longueur un pied, deux pouces; (on diamètre

rit de huit lignes Cv demi. L'embouchure a de diamètre trois lignes

& les trous de côté chacun une ligne & demie.

Figure Infiniment nommé ciung C\Canciennement y u conipofb

de 14 tuyaux, dont douze font appareils; les autres iont ûippofés

garnir l'autre moitié de la circonférence. Les chcri* plus petits que

celui-ci avoient la même forme ils n'en difteroient que par le nom-

bre l'ordre îk la longueur des tuyaux.

Dans le cfuna que présentecette figure les 14 tuyaux font cliftri-

bués en iix ordres de grandeurs différentes chaque ordre étant com-

pote de quatre tuvaux deux d'un côté, deux de l'autre, qui font de

même longueur.Les quatre tuyaux les plus longs, ou du

premier

ordre ont pieds, 1 poucesde longueur; les quatre du lecond ordre

ont un pied S pouces lesquatre

du trentième ordre ont unpied

3 pouces ) lignesles

quatredu

quatrièmeordre ont un

pieules

quatre ducinquième ordre ont 7 pouces lignes enfin les quatre

du lixieme ordre ont 5 ponces 5 lignes.

La longueur des tuyaux le prend depuis l'ouverture intérieure 011

eii [a languette juîqu à l'ouverture d'en haut.

Chaque nivaucomme on voit fur la

figure,a un trou dans fa

partie inférieure c'eitpar

ce trou que le vents'échappe lorfqu'on

Page 234: Memoires concernant les chinoise 6

DES FIGURES, Part.

fouffle dans letuyau

recourbé quifcrt d'embouchure & lu

languette,

qui eftdans le corps

de l'indrunicnt ne reçoit aucune agitation. Pour

faire parlerun tuyau

il faut boucher ce trou preeiiéniem au con-

traire de nos initmmens alors l'air, forcé de palier du coté de la

languette, l'agite& fait entendre le ion

quedoit donner le

tuyau.

Chaque tuyau portele nom du lu dont i'l donne le ton. L:i

iigure Si

repréfentele deffus du che/ig avec tous les trous th. is

lelquels entrent

les tuyaux qu'il fupporteà la manière d'un fo mimer

d'orgue. Le

premier tuyauou ce

quie!t la même chofe le premier trou de cette

forte de fomniier, eft du côté du bec recourbe le1; autres viennent

par ordre en fiiivant les chiffres marqués dans les trous. Voici les

noms des vingt-quatre tuyaux; quientrent dans ces trous. Il

y en a

qui répondenta des lu

graves& d'autres à des lu

moyenslelon

que

je vais l'exprimer (c).

1. Hoaiiç-tchoiuig grave fa.

2. Kim-j'i grave La.

3. Y-tsd grave ut:

4. Hoiing-tchoung moyen fa.

5. Kou-JL~li moyenn lu.

6. 1 -tsJmoyen «<$•

7. Ou-y moyen rc%.

8. Hoiinçrtclioung moyen fa.

C). Tay-rjou moyen fol.

10. Ou-y grave rt^.

11. J oui-pi >i grave p.

1 2.Tay-îfou grave fol.

Chengà dix-neuf

tuyaux.

Cecheno- dit

anciennement ko, cinqordres de

tuyaux,de lon-

gueursdifférentes. Le

premierordre eft

compoféde trois

tuyaux

longschacun d'un

piedo

Leietond ordre eu

compotede

qur.tre tuyaux d'un pied 4 poucesle trentième ordre de

quatre

tuyauxd'un

le quatrième ordre, dequatre tuyaux de 7 pouces;

lecinquième ordre de

quatre tuyauxde

5 pouces.

Cestuyaux ranges par ordre fur un tond ou

ibmmier quia

19

(c) Nous avons ajouté eux noms les

iu tantpour

techeng, qi;c pour less

faiviias ks noies curopisnr.es alin

13. Kia-ichounç grave Joiy.

14. l.in-tchoung grave u:.

I<. Yn<r-ichounii «rave /“

16. Kt\i-icfiou/ig [moyen Ji.-l.-y,

17. Lin-:cliiiu;ig moyen m.

18.I nç-tchou/ig moyen nu.

ly. N.ui-l:i moyenre.

20.Tciiiui/i^-tii moyen la'#.

ai. Td-lu moyen f •<•

xi. Nan-'ugrave

/v.

23. Tchoung-lti grave /•

24. Tu-lu grave fi^.

qu'on pu: f; r;prèi'>r.:cr plus aifénienî

raccord X i'ordrtf cL= myaux qui com-

pofent ces diagrens •r-

Page 235: Memoires concernant les chinoise 6

EXPLICATIONS

trous répondentaux lu fui vans en commençant du côté de l'embou-

chure comme à la figure A.

1. IIoj.n-r-r.ihou:ig grave fa.

2. Kou-fi gravela.

t.. Y-tii fraye ui;

4. Hoiing-tchoung moyen fa.

y. Kou-ji moyen la.

6. Joui-pin moyen

7. Taj-tfo:: moyen fol.

8. Ou-y gra%"e re.

9. Joui-pin grave fi.

10. T.iy-ifou grave fol.

Les tuyaux qui coinpofcnt ce chcng fontrangés différemment que

dans le précédent,& {ont lur un autre ton

(^). A l'arrangement près,

tout le refte eii le même car les lu l'ont immuables. Les tuyaux de ce

shitisi répondentaux lu iuivans.

1. Honng-tchoung moyen fa.

1. Kqh fi moyen la.

t>. Y-né moyenut¥:.

4. HoLing-uhuung aigu fa.

5. Ou-y moyenre%.

6. Joui-pin moyen fi.

7. Tay-tjbiL moyen fol.

o. Ou-y grave. relfc.

ç. Joui-pin grave fi.

10. Lin-tchoung grave ut.

Ce c«<vzga

quatreordres de

tuyaux. Le premierordre eft

compofc

de troistuyaux longs

d'unpied

troispouces

le fécond ordre a

quatre tuyaux, longsde

9 poucesle troificnie ordre quatre tuyaux

de 6pouces

lequatrième ordre,

deuxtuyaux

de4 pouces.

{d )Dsnç le cheng précédent le tuyau

}e plus bas eit ie ho.ir:<: tckoung grave

c'eft-i-clite i au rftiTous de la clef

dut & 1s ti:yau le plus aigu eft le ;c«j-p;n moyen, c'uft ;dire tierce aii-

deinib de la clef de Jol au heu que dansle £«£ dont il s'a = it ici le tuyau

le

plus bas eft lejjui pi« grave c'ell- à-dire

/i immédiatement au-dellous de la clef

11. Kui-tchoung grave folïi,

1 2.Lin-tckoung grave tu,

13. Yng-cchoung grave mi,

14. KLi-r.ckoung moyen folYi,

15. Tchoung-lu moyen la%.

16. 7Vr-/«moyen fa%.

17. N.m-lugrave re.

18.Tchoung-lu. grave la%.

19. T.i-lu grave Ja%.

Autrechcng

ar 9 tuyaux.

1 1 Yng tchoung grave ml,

iz. Kia-tctioun» moyen fol%.

13. Lin-tckowig moyen ut.

14. Yjig-'ciwung moyenmi.

i1). N.vi-lu moyen re.

16. Tchoung-lu moyen la%,

17. Ta-lu moyen fa¥i,

18. Nan-lugrave re,

19.Y-tsê

graveut¥i.

Péritchenp;

à 13 tuyaux.

d'ut, Si le tuyau le plus aigu ed la dou-

ble octave dulio.ing-ichoung grava c'eft-

à-dire, fa, au-tleluis de la clsf da /o/,

Ainfi ce cheng a du cô: i des ions :;raves.,

fis tuyaux de moins que le piécodent

depuis fa Jiifqu'a fi par tljuv-tn: &

du côté des Ions aigus il a fis de

plus depuis fi juiau'à fj par demi»

tons,

Page 236: Memoires concernant les chinoise 6

DES FIGURES, Pan.

Ces tuyaux rangésfuccefîivement comme à la figure A répondent

aux lu luiyans.

S E C O N DE PARTIE.

JT xgure i. Tuyauxdes douze lu. Ou diftingue les Lu en grave;

moyens&

aigus. Les lugraves font, pour la longueur le double des

lumoyens

& les luakï/as

en font la moitié. Ainii lepremier tuyau

des lugraves,

celui qui donne le hoaug-tchoung a de longueur deux

piedsmefure des hïa dont le modèle fera roprefenté à la figure lai–

vante y&C dont on voit ici le demi-pied. Le lioang-tchouug des lu

moyensa un

piedde

longueur& le

hoang-tclwungdes lu.

aigus un

demi-pied ou pouces.

Engênerai,

les douze lu, Ibit graves moyens ou aigus répondent

aux caractèrescycliques par lefquels

les Chinoisdésignent

les douze

heures, qui compoient chez eux un jour entier, depuisonze heures

du loir jufqu'à la même heure du jour (uivant. Voici les noms des lu

avec leurcorrespondance

aux heures chino'.fes.

Noms des lu. Heures ck'molfis. Sons.

1. Koang-tchoung Tfee fa. XP1. – minuit.

2. Ta-lu Tcheou 'fa* I – II.

3. Tay-tfou.Yn 'fol. III -IV.

4. Kia îchoung Mao fil%. V– VI.

5. Kou-îi Tchen la." VII -VIII.

6.Tchoiing-lu See la%. IX -X.

7.Joui-pin.Ou fi. XI -midi.

8. Lin-tchoung Ouei ut. I – II.

9- Y-tle 'Chen :u^. III-IV.

10. Nan-lu Yeou rs. V – Vî.

11. Ou-y Kiu {e) >r)i. VII- VIII.

12. Yng-tchoung Kai n: IX – X,

( e) Ce carnûere (c lit également hïu fit ou fa. Voyez le Torac ÏI de ces Mé-moires pag. 96,

1.Hoang-tchoung moyen fa.

2. Kou-ji moyenlu.

3. Y-:sc moyen utë.

4. Hoang-tchoung aigu /

<j. Ou-y moyenré&.

6. /oui-pin moyen

y. Tuy-ifou moyeu fol.

8. Kia-tchoung moyen jhi,i

9. Lui-(ciioufig moyen ut,

10. ï rt<uhouni' moyen nu.

11. A'. ;«moyen

?v.

12. Tchoung-h. moyen, la-X.

13. Ta-lu moyt.i fa'Â,

Page 237: Memoires concernant les chinoise 6

EXPIAI ÇA TIONS S

Figure 4, a. Cette figure repréfente l'ancienne inefure nxée par la

longueur J;i tuyau qui foimoit le hoang-tchmins, moyen & par la

capacité intérieure du même tuyau, qui contenoit douze cens grains

de chou dont le poids fut appelle yo. Voyez l'article premier de cette

féconde Partie & particulièrement l'article 3 où tout ce qui concerne

ces deux fortes de pieds eft expliqué, pag. 103 ck fuivantes.

Figure 4 b. Cette figure repréiente le fyftcme mufical des Anciens, 1

fixé a 24 lu douze moyens fix graves &£ fix aigus.

Les Lu aigus difent les Auteurs chinois ne montent au-deflus des

lu moyens ou naturels que depuis efee, jufqu'à fie (/) 5 c'eit-à-dire

depuis hoiing-ichoung juiqu'à tchoung-lu.

Les /«graves, diient-ils encore, ne descendent au-deflbus des lu

moyens que depuis ou jufqu'ù nui (g), ç'eft-à-dire depuis yng-

tekoung jufqu'à Joui-pin.

Figure 8. Le koung écrit au centre de la figure eft le nom du pre-

mier des tons. Ce ton, donné parle hoang-tchoung le premier des

douze lu, en cenfé le principe & le générateur de tous les autres tons.

J'avertis ici afin qu'on ne diie pas que j'explique le iyiïême chinois

à ma manière & non pas tel qu'il eft, que je traduis tous les caractè-

res (ceux de la planche chinoife ) auiïï littéralement qu'il m'eft poiîi-

ble (A).Le Lefteur fuppléera de lui-même à l'exprefîîon, & fubftituera

la véritable à celle qui pourroit lui paraître barbare.

(/)Noms des canfteres cycliques

qui répondent au premier lu & au hxieme.Voyez l'exemple qui termine l'explica-tion de la figure 1 page précédente.

(?) Caractères cycliques qui répon-

dant au Septième /u&au douzième. Voyez

l'exemple'de la page précédente.

Les carafteres cycliques & les lu étant

intimement liés enfemble, dans le fyftè-

me mufical les Chinois prennent indif-

féremment le nom de l'un, lequel que ce

foit, pour dèfignerl'autre.

(/:)La traduction du P. Amiot eft

exacle unis b planche chinoife eftfau-

tive dans Se:- dci'.x exemplaires celui de

la Bibliothèquedu Roi, & celui de M.

Bertin. A ia ccfe n°. 2 m- lu on lit dans

l'un & l'autre exemplaire, S en hautil

jaut 6, au Hiu de S! Aux cifes, n°. 4,

kia-tckour.gn°, 6, tchoung lu

nJ. 8,

lin-tchoung on lit S en b.is il faut 6 en

haut ;3.a\ c;iles n°. 10, n.i:i-lut & n°. 12,

yng-tchûurrg, on lit S ( tv; /«/) il faut 6.

Les planches chinoifes, comme nous

l'avons dit, portent les mêmes fautes,

excepté qu'à 1;: café 8 qui répond à hn-

tchou/ig des deux caractères qui défignenrS en

h.iut il n'y a que le premier de fau-

tif il faut 6, au lieu de 8. La figure

même nous a fervi à faire dans cette

édition, les corrections que nous venons

d'indiquer. Le Lecteur pourra lui-même

les vérifier, en le iouvenain que Ven bas

fe prend de droite h gnuch.- félon l'ordre

des lu ( ou des chirtres ) & que l'en hautte prend de gauche i droite, kion l'ordrerétrograde des lu. Le premier ordre don-

nant, à l'Européenne desquintes

en

montant, & l'ordre rétrograde donnant

des quartes en defeendant.

Figure

Page 238: Memoires concernant les chinoise 6

DES FIGURES, Part.

Tome VL G g

Figure ci L'ordre des lu, dans cette figure, va de droite à gau-

che, comme on l'a vu à la figure 8 & commence de même au

caraûere cyclique tfie & au lu hoang-tchoung.

Les nombres qui,dans chaque café, font placés à gauche, 8c fous

lesquels font ecrits les noms des notes délignent la formation des Lu

par la progrefllon triple depuis i jufqu'à 177 147 Les nombres placés

à droite favoir z 8 16 &c. font en progrefïïon double &cp3-"

druple, pour rapprocher les tons aumoyen de leurs ottaves ( ).

Figure 10. Dans cette figure les deux lu du milieu, tclwung-lu &

joui-pin n'engendrent qu'en montant, parce que depuis tchoung-lu en

defeendant on ne trouve que fept lu au lieu de huit & qu'on n'en

trouve plus que fix, en defcendant depuis joui-pin. Or la génération

defcendante, comme on l'a vu fur la planche même fe faifant après

un intervalle de huit, on prend, pources deux lu, la

génération mon-

tante, qui fe fait par un intervalle de fe.

Figure 12. a. Le ta-lu & le yng-tchoung foutiennent des deux côtés

le hoang-tchoung pour l'aider à marcher de droite à gauche ou de

gauche à droite fiûvant le befoin. C'eft par lemoyen du ta-lu. que ce

fon fondamental produit le tay-tfou &que continuant cette marche

il produit les autres tons; &Cc'eft par le moyen du yng-tchoung qu'il

fe reproduitlui-même.

Tous les tons de l'octave font formés de l'union de deux lu à l'ex-

ception du tché & de la reproduction du koung, qui font formés par le

concours de trois lu.

On appelle cette figure le hiuen-koung c'eft-à-dire la circulation

du koung.

Figure jj. Le tchoung-lu & le hn-tchoung dit le texte chinois fou-

tiennent hoang-tchoung par le milieu,

En comptant de droite à gauche, & de gauche à droite dans cette

figure,les tons s'engendrent de deux manières comme je l'explique

aux pages 1x5 126.

Outre les noms qu'on donne à cette double génération on l'appelle

encore l'ordre du milieu l'ordre moyen &c. parce que koung &£ tchoungf

en fe regardant dans la figure en occupent le milieu.

(;) Voyez à ce fnjet la note e de la feconde Obfçrvation page 19?,

Page 239: Memoires concernant les chinoise 6

Y. XPLI C A T I () Nf S

J-l : Ho.!r;i'iho;tf:i; dans celle ligure cl! U1premier duko.i ou hev.a:r.uuiue A.'iv/ il entendrelin-rehivi/t» en dcleciulanl c\'ll-

à-dnv en p.. liait! .mpremierC>ilo 1 lK1\.ii;r.imnv;ki'ucu. C.eliu-ci enten-dre en montant.•, -> locond o i!u L0.1Kie/sn isi />•/<>« entendreendciVcnd.mtr:i lecond b duko.i Louer: c\' ainli de lintc |)i.>in"les /.v ii.;cnciirs.

i-v /•. 1.0!o.i oulu'i;;raiiunc oiu'i-k't (c lil en mont.int

vli'pi!'.•.• |Uk|ii .'iAi'••

Liicvi^iYuniiH1Â: leiitendelct'iul.uit,(.lc[nusrc!ioun>uj111t(iiAon-y.

11l'ciiiîto ik1ù'[ .u'i'.u\i;i.>mciit unecclicllc île nostons uls tjuc |i-

los .11in.n\|i!cs il ti'ik1 île ehanuelis;nc il es lie\.ii.M\iniincs.

>i,' .. i. 1'. t et(e figure rc|)rctcntc l.i "^encraiion îles par il'Stioii.-c ko.i. Le[>ie!UÏer, ;ippol!J fou cv cjni coifel'poiul à l.i oiv/.icmo

luiu1, tii:eiuhe le premieri;i)ml)ro pail.iil, qui cl! 1. Cenombrecn-

:e;:eiie le •.• -.o.1.0 vluhoiinfi-tclioitngva|iiic|ii'à tcliotini\-l»'1

pl.iee ..lu koaA:tv.- de l.i i|.i.urieme lu.ie qui en^emlrcles lix lijnics

ei'.t'.eres. C_.e!^ pourcette raikmqu'onlut a ili>nne le nomtle pi-hou

c'cù-.Vvlu'e. qui i\vivi la Jeux!\ui.uis J'unc forte pour/iti[/cr Uptijj'tgt•v.v-w" O'.iïcr:.

Le k.0.1 Â.iv:/ Je l.i cinquièmelune, entendre la ligne imparfaite

ou bniee de laquelle vient /oui-pin dont le ki va julqu'à la dixièmelune [i'a.:e du L0.1koiw: d'où vient yrig-u-'i.mngqui entendre les iiv.

lignes bniees, appellces les imparfaites. 0a lui a donné le nomdeho. c ell-à-dire j'ami Ls Jeux l\itc-tm d'une porte parce que tout

Cil completalors.

F:ç.re Le. loix invariables & éternelles de la nature ayant fixeiû pouces, la longueur du véritable lioan^-rchouns;\vs ci/tij to/is ionî

n.;r.i:\ l'.enicnt rormes par ce ho.i.ng-cchcungde la manière qui iuit.I -vest deiignc par 1 il cil f par un tuyau qui a iix pouces

de Icru.Te'u-ei'î deligne par 1 il ei\ forme par un tuyau qui a fcpt pouces

ce !o:ic.

A.e eu dcii^né par 3 il eit formé par un tuyau qui a huit pouces

de ion..ëil défîgné par 4j il elt formé par un tuyau qui a neuf pouces

de kng.

Page 240: Memoires concernant les chinoise 6

D Iî S FI G U i:». S, /A. /> f.

Kotnig cft dôfigné par 5 il cil formé p.ir'.ii! luyrni qui a di1-. pouce.

de long.

Figure:; /o, 20. Les calculs qui concenvnt ce1; d'-ir-. limin. ont '!é

faits du teins desMi/it> c'ifi-à-dire

loir;la [Jyna'iie qui j^ouvi -.v;it

l'Empire immédiatenieiil av. m! 1rs Ta, ire1. M.!iitenou>. qui i'<>nt

aujourd'huiiur le Trône. Voici l'évaluai ion 'e1; nr-ure, (Ion; on

fuppofe qu'ondevra faire

iii'aijc.

E VA I. VA T ION des mcp.:es pour

la dctxrmiiulltuji de Faire des lu 5

fi~ruv rJ.

100 lion, font un Jic.

ïoo f'ii(ont un /w.

100 /;ao font un />

100 ly font un /cv/.

100 j'en font un /?.

100 {/« font un /c//J.

ÏOO /f/u' font un l.chiiriy;.

TROISIEME PARTI E.

X1 1 CV re 1. On voit dans cettefigure, comment koim<> engendre

tcké, c'eft-à-dirc comment dekniur;^ principe

des autr_s rons on

paffe à tché oude

r à 3comment de relié on

nafieà

cha/i^, ou de

3 à 9 de cluwg 9 àj« 17 & de yu 27 à khi 81 ce cp.ii ir.et fous lt.ï

yeux la progreffion triple 1 3 9 17 8 1 & !a férié de onionnan-

ces /ii nt.jbl.ru la de laquelle le forme In cornîjinaifwn deo ions rappro-

chés, fd fol. la tu n ou kounv cluing /c;o tché yu qui tormer.t Î;ï

cinq tons des Chinois.

Figure 9. Cette figure repréfente le premiervers de rHynric; en

l'honneur des Ancêtres noté à la manière des Ar.cic-r.s Chinois (£)•

(k) Cet Hymne ainfinoti, comprend

3.4 planches cluns le mnnnfcrit C.v. P.

Amiot, c'eft-à-(!irc depuis le numéro') ~7

;u("qu' 32 chavjiic [j'ianche ne préion-tant qu'uu fcul vers du quatre fyliabcs

ou

mots chinois. Nous avons cru qu'au

moyen desdcveloppemetis qv:e

nous

['. l'y! I. U A V I O r! ,!c, nicf/irc-: /im:i

/il dîlcriituiiiihm de Ui di/'iii/c de;

lu fi:;i'rc-la.

joignons :i l'oxpllcitlon fucclnre du P.

Am:.c;r l.i i-JLw-- plancha c;:i! préi"e::rs le

r:j;i; vers pouveût do:i::e.- 2

Lv-u. u:ie idée fnff:f?.:i:s d; !a m-

c!c norer d;s :cien5 Ch:uis. D'âlïj;

nous prifcntor.5deux ob;î:s de p'us c:s

cette ngure en metisnt dans !e5 qui::ijj

iooo hou (ont (m /.}j.

1000 (ce lonl 11:1 luui.

I coo (ont un /y.

1000 ly (ont un /t-

IOOO fen font un //«/

] 000 r/u/i f < j 1 1 1 un /(.7/J.

i 000 /c/k tunt un iduin'j.

Gg4

Page 241: Memoires concernant les chinoise 6

EXPLICATIONS S

Les lu ecrits comme ils le font dans cette forte d'échelle chroraatL«

que font eux-mêmes les notes muficales.

La première note de chaque portion de chant, efl: toujours jointeà un lu au moyen d'une petite ligne horizontale. De cette note aux

fuivantes il n'ya qu'a

fuivre laligne tracée d'un quarré ù l'autre.

Dans les quarrés à droite, font en caractères chinois les paroles

del'Hymne fee hoang fien (fou, qui forment le premier vers chaque

mot dans l'écriture chinoife, étant exprimé par un caractère & c'eft

en cela que conlifle cette ancienne manière de noter les fous ou

pour mieux dire, d'indiquer le ton qui répond à une fyllabe car ce

n'eil pas proprement la note qu'on écrit ici fur la parole c'efl au

contraire la parole qu'ilfaut écrire à côté de la note.

J'ai ajouté à gauche,dans les quarrés correfpondans à ceux des

parolesles notes chinoifes modernes. Ainfi les quatre notes que pré-

fente cette figure&

qui répondentaux lu hoang-tchoung lin-tchoung

&c. font koung teke ho koung ielon les Anciens &C ho, tchj

y hofélon les modernes c'eft-à-dire ,fa ut la fa.

Cet Hymne eil dans la modulationkoung

& n'a pour elémens que

les cinq tons des Chinois fa fol la ut rz fansqu'on y ait fait ufage

des deux pien mi &?(/).

Figure 36'. Le tambour tao-kou eil placé contre le king dans cette

figure, parce que c'eft ordinairement celui qui joue du king qui efl

chargé du tao-kou. Avec cet infiniment il donne d'abord le lignai pour

faire commencer le chant, il pane enfuite au king fur lequel il fait fa

partie avec les autres.

Figure j<?. Ces deux joueurs d'inflrumens l'un duché, l'autre du

po-fau font placés enfemble dans cettefigure parce que ces deux

inftrumens accompagnent les voix & qu'ils lonî regardés comme les

à droite & à gauche les carafteres qui

leur correfponcleiTt dans la planche cln-

noife, au lieu desmots fee hoap.g, &c.

& /u, ta'ié Sic. que porte amplement, 1

dans ces méme^ quarrôs la planche ira-

iluitepar

le P. Amiot. On aura ainii fous

une même figure,le texte original

& fa

traduction tant pour les paroles que pourles fioles modernes. A l'égard

de la

ccîonuc des lu il eft aife de fe figurer

que la planche chinoife porte dans les

mîmes places ou ils font écrits les cara-

tteres qui (e lifem hoang-Lchoung ta-

lu tay-tfou &c.

(l)On trouve cet Hymne, noté à

l'Européenne,dans le Supplément à Far'

tkle 3 page 184,

Page 242: Memoires concernant les chinoise 6

DES FIGURES, Pan.

plus effentiels pourl'exécution de la mufique à la manière des An-

ciens ('«)•

Ceux qui jouent de ces inftrumens font repréfentés enaveugles

parce que l'ancienne tradition eft que c'etoient des aveugles qui etoient

les Muficiens dans les premiers liecles de la Monarchie. Le Prince

Tfaï-yu trouve la fource de cette tradition dans l'arention avec laquelle

les anciens Muficiens jouoient de leurs inftrumens. Ils fermaient Us

yeux, dit-il, pour empêcher qu aucun objet ni pût les dijlraiu dt-là 5

COlîclut-il eftvenu le nom d'aveugles qiion leur <zdonné.

Figure 39. Cette figure repréfente l'arrangement des Muficiens dans

le tay-miaoou grande falle c'eft-à-dire celle des cérémonies reli-

gieufes.

1

Au fond du côté du midi,' eft la table des parfums, placée devant

la repréfentation des Ancêtres.

A droite c'eft-à-dire, du côté du couchant font rangés par ordre

<i ceux qui frappent fur la cloche b ceux qui battent la mefure c

les joueurs de la ÛCitefïœo d, les joueurs de chang.

A gauche du côté de l'orient, font dans le même ordre e, ceux

quibattent furie tambour; les joueurs du tao-kou g les joueurs

du koan; h, les joueurs du ty.

Figure 40 a. Les divifions qui font marquées fur la circonférence

de cette figure,divifée en Z4 points, désignent les pas de ceux qui

font les évolutions en chantant, c'eft-à-dire des danfeurs. Les chiffres

înferits dans les ronds de l'intérieur de la figure défignent les dan-

feurs de chaque rang, & les points où ils doivent fe placer pour fe

combiner entr'eux. En attendant le F'ds du Cid(l'Empereur ) ils font

rangés comme le défignent les chiffres. Lorfque le Fils du Ciel eft

arrivé devant la table des parfums ils fe rangent comme on le verra

dans la figure fuivante.

A & B font ici les places des porte-étendards.

Figure 40 b, Les danfeurs pendant la cérémonie en l'honneur des

Ancêtres te combinent de trente-deux manières différentes &

{m)Le cht Contient la voix des chan-

teurs & leur fournit l'inioiiacion le

pa-fou les dirige pour le mouvement &

la mefure. Car ce taraboiir ue pouvant

fnire entendre qu'un fciû fon il nepe-.iî

être regardé cumins ifjln'.id pour l'exécu-

tion de l.i nmjiquz (nf: l'c^ard de 'a l'no-

fure, qui efî en eiiît l'aine de la millions.

Page 243: Memoires concernant les chinoise 6

EXPLICATIONS DES FI C 11 R ES,

iwinn'iït à chaque évolution,ou coinbirl.:i'.o[i des altitudes C|ui

exprimentce

que l'oneh. mie.

Cette heure reprcleatel:i première c omlunailon c\ exprime le

premier vers vie l'H\ mne note .1 la ligure 9 :.Av l-'t'.i/ f^ rj°" •> C'eil-

à-d'uv io-i'.nu / /v-v/c w; 6 mts ].:(. Auux.

On peut le l'aire une idée des autres continuations lur eélle-u.

/7. ..V.( Exf>!ii'it':O!:s.

A V E R T 1 S S E M E N T.

iS o i' s vivons promis à la note /• île ces explications, p:i£. izt do

l'aire eonnoitre à quelle clalle de pierres peut appartenir celledont

les Chinois t'ont leurs A.1;; ordiiKiires. oiei le relultat des expériences

Lûtes p.ir M. le Duc de _Ch, mines lur un king duCabinet de M.

Bcrtii. ( :).

A N A L Y S E C II 1 M 1 Q U E

Dj L: Pwrrc noire des King Chinois,

On a elemLiiulo A l'Académie des Sciences, à M. Rome Delille &

pluiiei'.rs autres S.iw.ns mméralogilless'ils connoilloient la Pierre

noire des \c ils o;u répondu par le partage de Pline cité dans le

D:cV,onn;ire de Bom.ire dar.s Boece de Bott, dans Linticus(*),

&

on::|ou:eq;;e

M. Andetïon parloir, dans ion Hiltoire naturelle d'Iflan-

de d'ur.e pierre bleuâtre es." très-lbnore. Comme la pierre noire des

Chinois devie;it bleuâtrequand

on la lime, c'eil \"r;îiiemî)lablcment la

ir.èrr.e ;ucun de ceuxqu'on

a coniulr.es d'ailleurs ne l\t\'oit vue.

(-) Avar: d'cr.rrer dans le détail de

le Dv;; ob'crv; eue !;s Chinois ront r.i:;Vi

ci» •.–

c;

Lrvi-.a1,, qui riiiùiùer.: t:ci-i

ïj.-i-3r\ d" !e Csbireî deM. ded,

h 1; S:j:ai:e du Roi; qu'ils em-

& çu' ;• v;r.ù ce !>f Cnir.e à M. Ber-

tin, des morceaux de cet albâtre figuréscomme les kir.g de pierre noire onannonce comrîic lor.ores, iïi;us qui ne

b. pieire de don: les Chinois font

auiïi des !J"c ( oyez pag. 40) n'efî ri

autre c!:cie qu'une agathe.

(")Al'article/vi'W! fousladénomi-

nâiicn de jr.xum tinn'uans.

Page 244: Memoires concernant les chinoise 6

A N A L Y S E C H I M 1 O U E.

Voici le pafiagede Pline Ciilcoplionos ni»i\t cjl O itlifu ans linni-

lum iwlrht.

La Pierre des Chiiiois reuVmLle enliéivmcnl :uipremier couu-

Ô'ol'ÎI i >'" marbre noir, & e(l calcaire comme lui, ni.ir, le marbre

ordinairement n'cil" point lonore. Elle riflemble cj'alciiieut pourfou

extérieur, ta pierre de touche, qui ci! un bai Ite &c au balalce

volcamcj'e inius ces deux pic-rres lonl df, vili"ific;it loir,.

,S;i rcdemlilariLe avec le niarbi'e noir m'a cni'Mi'c à faire le', exue-

rien ces coin |)arati veinent. t'.

Elle «Vil pas plio(|)horK|iie ni le marbre noir non plus.

Elle ne fait aucun effet fur le barreau lulpendu &i ne contient par

confisquent pas de fer, dans l'état inétallit|iie.

Lus cliflo'utsonr. dans les acides, éprouvés auparavant, pour voir

s'ils ne conteiioient pas de ter montrent par Talkali ])hlogifljquc

quela pierre en contient un indice.

Comme le marbre noir ne donnoiV point le même phénomène on

a examiné plusattentivement la pierre fonore à la loupe, OC un y

a

découvert des points pyriteux auxquels on Tatti il.Hic-

DifToute d'ailleurs par les acides, vitnoiique mtreux & marin,

elle donne toujours les mêiaes phénomènes que le marbre noir elle

fait un magna orileàtre-( qui rt'eft qu'une chaux teinte par 11- bitume }

avec l'acide vitnolique, & laiiieen arnere une portion noire, mfolu-

ble dans les acides nitreux &C marin qui eft comme dans le marbre

noir un véritable bitume combulhble.

Le marbre noir Si la pierre ionorc calcinés deviennent entièrement

blancs, & donnent des chaux îres-vives ilsperdent leur bitume p;.r

Faction du feu.

La pierre fonore paroît cependant contenir un peu moins de matic-re

phlogiflique ou colorante car les précipités par Falkaii fixe, font un

peu plus blancs ( &même bleuâtres) que ceiui du marbre noir.

Ellayée par Falkali volatil elle ne contient point de cuivre.

Les autresprécipités par les différentes iubltanc.es donnent tcus

les mêmes apparences.

On en etok-là. de cette anaiyle, lorf qu'en prenant des infonr;or:s

chez les Marbriers ils ont dit Que le marbre blcu-ivciiin c:o:: rres-

fonore. On en a ciïcclivei-cnt vu degrandes :able;tes cui

le :'om

Page 245: Memoires concernant les chinoise 6

ANALYSE CHIMIQUE.

OBJETS

beaucoup mais ayant fait faire un king avec ce marbre il n* avoir

point cette qualité. En eflayant des marbres noirs de Flandres on en

a enfin trouvé des morceaux quiont beaucoup de ion & on en a fait

tailler un king, qui efl prcl'que aulii l'onore que ceux de la Chine.

Tout ceci met en état d'aflurer que les pierres des king ne font

autre chofe qu'un marbre noir entièrement compote des mêmes prin-

cipes que nos marbres mais que quelque différence dans l'organila-;

tion, rend plus ou moins Ibnores.

Page 246: Memoires concernant les chinoise 6

!'m.~l~~>m.~ ~·I ~s·

~rmÎ nt~lr·iwnlr: ~mlr.~ ~1 · .I'~ m ;.rm·~~i t'i>·mlilmm

r1r ~lm.r %imt~~ur.r~, ~r'l'wm-IW u, /·Yue-ISv

}W/nii-re P.irtïeAfivnoffwr ./•• /) ( V/n>r.

T.mi. I

Page 247: Memoires concernant les chinoise 6

l'iniNi'ir J',tr/n-.<< '< .r/(r/<\t (7u//(>r

/^<y>/t'.i,•<(> tu1 i/tt'cr.r 'J'iiinbouf.r.

/“,“

Page 248: Memoires concernant les chinoise 6

//iy/tftv"<•l'iirlicr-

Aft'/HOt/W .>• A'.r (Vlttioui J,

/J/ct'/u- f/w/rutncnfj-.

Tu m r; ![!

–––––~

Page 249: Memoires concernant les chinoise 6

/>,,•/>>''• J'.i'/tc

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])ivi't\f ii/rwnù }.

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Page 250: Memoires concernant les chinoise 6

'l,-ttiii'/e /<AIt'f/iowt',1 .rit/' ici ('/u/ioi-r.

l~)llh'r Jji.rlru/ne/u(L. <

j;,r,(7.J' l'.

Page 251: Memoires concernant les chinoise 6

//ivwivi'/<<• !/)/< V.' /;>(7l//liHS.

/)// >c/:r /i// /r/i

/;

Page 252: Memoires concernant les chinoise 6

,V<V/«- l'if/ I,-

Mi/iti>(/t'.r ,i /<!t', i /s/

/.i.r </<>, t' I,u /{</c//u />/<(/

(/<:r Ilia.

y. /•

Page 253: Memoires concernant les chinoise 6

/,>

iTetonde Jartze,, Afemoire^r j-u-r le^r C/linoÙ.Tom.T'I.Fl l'III,

Il II;

y^t'c/ ^j- Hia r/M-./tz grandeur /iaù</r//d

Page 254: Memoires concernant les chinoise 6

Snv/tJc Jhr/ie.

i

Afenioiri\r sur tt-d CJù/iour.

<fi/.rû'/neAliurical dc\r y/ae/J.

Tom. yjj'x.

Page 255: Memoires concernant les chinoise 6

7<>.

Seconde Jaràe..

For/nationdit Jyj'femc • deé d/iae/ia ,poitrla snoduialio/v de^> 3To/m

Me/noiredj-ur le-dCA/swîch Tom.VJ.I'Lx

Page 256: Memoires concernant les chinoise 6

Ficure C. Planche X T.

LUS CINQ TONS,LES DEUX P1EN ET LES

QUATRE-VINGT-QUATRE MODULATIONS.

"g-i~ir'Nota. Depuis le premier In de chaque colonne jnfcni'à In double ligne, font les In

:,»ciuitn moyens, dits naturels; & depuis certe double ligne en bas, l'ont les lu aigus.

Ta lu

Ta- lu. module en

Ko us g.

r.iv tfou 7ay 'fi"module' en Tay tfou. module en

Chang. Koukg.

Kia tchoung Kia tchoung

Kia tchoung, module en Kia tchoung. module enKia-tchorsag,

Chang. enG. K o u k g.

Kou li Kou-fi fc Kou-J:

module en Kou-fî.module en Kou-fi. module eu

Sic. Chang. KOUNG.

Tcl:oun?-lu Tchoiwg-!u Tchoung-lu

Tcho-jng-h, module" en Tchoiwg-iu.module en Tchoung-lii. module en

K.IO. Cil AN G. KO UN G.

Joui ~pm Joui -pin Joui-pin

module en Joui -pin. module en Joui -pin.module en

Joiû-pin.

Pilb-tch;. Kio. CHANG.

L:a -îchou.ig Lin [choiwg Lin-tchoun" Lin-tclwungmodule en module en

¡Lin- tchoung, module cri Lin tdwnng, module en

Te HÉ. PlEK-TCHÉ. KlO. C.HA.C.

y-tfè r-tfè T-tfê fz

Y -ifi. module en module en Y-tfl,module en

Y-tfc.

TCHÉ. Pl£N-TCHt. KlO.

A' II -l" Nan- lu Non In A' /“

module en

1

Non -lu. module en module en

lu

Nar.-iu. module enY"- Tché. Pien-tchjé. Kio.

Ou- y Ou.yy~ Ou -yy'-J*-y- module en

Ou-y. module en module en Ou- y.u.

Tché. Pien-tché.

1 ng-t:hozng Y ns- tchoung Y ng- tchoung Ynz ichouttgi.

n-;odii!c enYng-uhottng. module en

Yn%- tchoung. module en module en"

Pœk-îookc.

J ng -lchoftt1g.

YU.

en

aholll1g,Tcn(:. V i en -rcn±.

I

Hoizr.g tekoung Hoang-tcheung JJvjKS-lchi/aiigi

module en

Homg tcheunc. module

en

JLIozni\-tchoim!

itindulc enmo~iuleenj'Vt;~s'c~f. modu;e en ~o~o; mo'du1c el1

PlEN HGUNG. Yu. Te II)'

Ta /,< Ta-Ï7~

"lod.ile en!I

Ta lu. module en Ta lu*

l'iff-tOUHO.ÏO.

T.n-tjou Taj. -tfou

module en Tuy tf/u. modiile enmoê!~lli en Tny-tf rt.moclitlc

CIl

PlE?i KOUNG. ÎC-

fira-tc6o:u:b1

module en Kia tchoung,

rnodulcen

1

füa-tcfnoun~.

lâPlEN KOUNG.

Kou-fi

module c:l

PiliS-KOUlVC.

Page 257: Memoires concernant les chinoise 6

Suite de la Figure 6.

Joui -pin

-u=- $?'~v

module en

Ko un g.t,OUNG.

Lin-idmung

¡

*' tckoung. module en

KOUNG.

-f^/i t p– z

CHANG,Kou!<G.

cilen

1

T~-KOUNG, -~c.. 1

module en-Y. y.

nioduleen 0" -)'#

j;,odu!c~ CIl

– – IHAJ.G.G,

HliUS G.

*g-'rf™*

^|^»gr.K*0Mî.

^s^s

Il~1~Z~~S. ^EET

~-M~-tC~

~t."==-====-====.en

en HOdf:g-tcllaun;. mO~llleen

f{oa"g-ttl'oung. module el'

IILh1::g-u!:<wS.

_P.^i.»«ns-,tkmMi.

,*=/H^g.K,^s.

H°pk^>SHMs.uta.Ms.

Ta luTs lu ~^T –

1

module en module en Ta-U. raocKb'cu TTl'

.I¡nlDd!lJe cn

P~c~.

_K~

en

r.yriu: [::1

/ modules modules T^-yi,. mo.fcleco cil ^v-TcHE- _P'T«t Kio.

module^Kia.uho-.ms. modulfe? ^od^ei? A-T, ^W?

Tcirt.Piex-tche.

'"kio.

en.?

mtjê'nA-u. r^îlô'e, .i^i^a

en*““

J^;_7i"f^ Pl"«"É. l~~

ir.odi'cen Tckom-j-ùi. module'' en:n Tchoi"i° • .«".•»-,

v

liL-°»^«-

t"

ïu. it:

moduieen /,“ ,““ moduh; Jn lin-ici-

'1

i'liiK-=tLiL.N&. YV.

\11 Lw J~

;i-.odu' t'i j-,i'ii r.(ji\c.

Page 258: Memoires concernant les chinoise 6

H^r^ *,«. Aa-dc«u, d, double ,^e v,ont les moyens &"ZtâïZ?Kûun-g. aii-dciio^),0.Kics.UJ:Sii5. TCHÉ_

l

r_ module e,i

T,l-

T.

K o y n r..

module en T.:j tfo:moduL-ei nielle en

Cu.iso. Kou\-c.. » u-

K'i.i- Ichoitn* A/.I !t.o::r!l

AWi-oW.r-. module ea À'ia-i.ijimj. ir.iul.ilc en' Kid-uhc-m*.

C :i a x G.C-. K. o u v o.

module en

ri

Kou.fi. module en Aj.v-y.. module ca module cil

Ii

Rl°- Cha.vg. Ko-jxf. Pirk-koung.

Tiko: module enCil T^ko:air-i,.n'L'JuL- ci TJ^n»- module en

KlO. ClIANi:. KOUNG.

nv.Hl'.ile en Jo:J-y!\ module en Joui-fli.mouu.e c;i /oti-pn.

PlLÏ-TCHÉ. K.o.C.-IAXC-. 1

Ul-lïhiui* Ui-uho: Ur.-tchi.ur? L:i.n7.nniJiiiee.i mo.luleen V r tchonnir module eu Un :chmn?,

mo.lu.e en

TCMÉ. PlEX-TCHÉ. K[O._111_1__

r-y/. mjJiili euY-

module e.lY-ri'

r.>. mo-i.'e eu

Y -1.'1-T- a

[Ttîli. E N' T c liE.

Y-fi:.K'°-

(':1

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aw:e en A*v: nodule cie:i module en !v- -' m*1-1

I >'' fCHr. PlEX-TCHK. ï_ ï

Ou- y. moJ.i'e o-l Ou- y. module en mc^l -• <mo. l1 O:t m.¡Jt,:c en I11C-i, C.. w"

I ïi'. Te hé. 'LUlL'IUÎ'

U:r.j lu e eu i" in;lul.' en iX'c7:o.tf. irr: IlIc ci

,.r«'!JU';i1, !|

i i'iL:oi.vc- 'y,_i_i: _.li_IIl^ j

Pi£N- -io;sf..°

Yu.

n-u!e en ) j ':>, r' '-1

Pi>.s-roLNr,.

T.JVv.

i ^;z r~mo kile ci 1 J J :j' '

1

Plt.N FOUNT-,"-r,r.,

PlIK SOVNC.

LES Cl.XQ TOXS LES DEUX PIEW ET LES QUATÏIE-VLXGT-QUATREMODULATIONS.

flp,-c Planche XII. r.

SECONDE 1~. PARTI E.

Page 259: Memoires concernant les chinoise 6

fio<:n£ tc'iounç S

modu'c en funïTiç- tchouiï-,PtEN~n-'â.

T.i-i:t

iro'iule c:i module en Tu- lit,

i c;;k. Pie:; -tctié.

Jav ->/“, T,,)-

J

ji.iy-jo, module en module en iny-v:i.

T.<.1,

.-Jo.

Te

en

Pu:n-tchS.

T,,) ,°,

Ai.; 7- -ic'nr.i.1-; – KiT-tchaunq KLi-tr^annç – – – – – – – t j'i

A;K.t\!T-CC'IJ.11'~ ·

ILt:7-r.. ~l, O r:ç

module c>i A'i-r-'ov;jT mo.lule en.' module enKU-tckour.g.

YU. TCSÎ. Pinx-TCÎIÏ.I`.

mOd,ukl'Il

/Vr>7

mo.IaJe',C!l

Ko-! /i /vo.i fi

|j

Ko:Ji. mo;'i\i\c ca Ko:i-j7. mo-.lule on mo-l-.i!-cn

I

Ao:i-fi.

Yu. Te ni. Piex-tc-u:.

7^<nnr-[:i Tcho:lu Tcho-t-lu Tchn-r^lu

r.iofl.il- en

1:1

Tjùourg-h.module en TJioinig- in. mociul? ci innd'j! . en

Pi-n ;ouxg.°

Yu.

cn

Tcai. P;f.n-tc;if.. î

Ju:l Jtr.i-pln Jovi-vhl Jo- -:!1

j

nodule eu

1

module -m

·t

Joul-v: module en Joui-phi.mr- : en

r:1?,tl~cn

n;o;i;

Jo m-e·'i.mo·ful.~

co Joui-pi.r.

r,

m ca 1;"Rqung. pir.s kousc. Yu. Te:

j]

Lin-t:sourz Li.t-icliortnr Lir.-lc!\our,g j|Lin tchoung.

I

module c:i module en Lin tc,lou;a'. îv.om-Ac en J,:r--r: -orr. |LirJ- tcho!1Tlg.

moduh:

C:1

module en

Lin [{,'Olia"mo()\c

en ¡"é,

_“I

module ?ti

Jr-.f_J.

morlule encn module en --j- mo-ini-j >:i\

Ctiat;g.

'1 1 -'j..

Kousg.

cn

Pie-v r.ou;r..1 -)--

Vv.j

C i f~.~lOu\C:.

,PIE:(~ X"L1

AW; lu. no:!ii!e en A7s7z tu, moH".le ^n no iule en ,»!e~vr-lu.. :zn:lc~~cn icn-lr '71<Jri'l' en

mo :l1e C:1 1

N,

ll

C tm xg.

Oe,y

KoTrN'i, ?;i:v ".ouNTr.

0,

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C'Or.v~O:r-v

(inoiiule en

Q,; -y. rini; ca Oirocitilc en mucli en

K-ïO. Cri ANT-. fCoUNtt. PIKN--OVNT,.]

"-¡c).

J'rii; :hc:;nq

CrI,C.,

ï'n ichouig-()~

yn» t chair g j

1'7}-iJacu:i-t. mo'iu!; Cil]^rig-ïc'!o:ï,?^.

r,l o -J Lii : CTl l' uhour^. TT.O'Julo Cil

1

¡-

vKlÛ.

HM~ 'Cha'

C H A N r,

I!,J' ,n"i

K û U N i

tfr.av-vA.o.Tï

y,

/r.V^j jj

morlul; e:l tio.rg- :c'x::n;.m.iillc C:l //u J n • T

|!

Kîo.l. m a r..

•"

I

mo .-n T.: /. aoi;'c en

mû, mod,:o

'1

7~

_j^:r^

'2ZL j

il A"u:.V~~j1 module eu

IIi K i o.

Suite (î: l.i Figure 7,

Page 260: Memoires concernant les chinoise 6

fdc'û/u/e Ill/é/c.

Génération di\r cloute. Lu, da/it 6 son/Yane:, ou par/at/j,

et 6Yx\ ouutyiar/wf')

Jkfemo crcu- j-w les 6/u/u/ur.Tom. VI. Pi, XIII,

Page 261: Memoires concernant les chinoise 6

S E 0 O N D lî. A II T 1 !•

Florin- n a.1.

|> A n c 11 V. x i v.

L e s d o u z ]; y; i/

CALCULAS PAR LES ANCIENS Cflf'NO !S.

1 lo.inj.^ -idioutij^ H j[,

.~O')00.

T.i-lu 76 fa y,_

58000.

T;iy-tlou 71

36000.

Kia-IcliDinii^ 68 fil Y/

34000.

Kou-fï 64 /“.

3 2.000.

Tchoung-lu 60 Ui '#.60000.

Joui-pin 57

57000.

Lin-tchoung 54 “

54000.

V t(c 1 ut

5 1000.

Nan-lu 48 i-c.

48000.

Ou -y 45 ,-£y/.

45000.

Yng-tcliouny 43 m\. 1

43000.

Mcjurcs employées parles anaens Chinois dans le calcul

de leurs dou?e lu.

10 hou ibnt un /î; – '– de Iiçne.

10 /t\- font un /'v;y _l_ do îi^nc.

10 /<> ("ont un !y de li^ne.

10 iy tout un Jùfi ligne.

10 jeu fout un 1 fu n pouce.

10 tj'un fontun rdn- pied.

10 cc/u font un rc/u/in toile.

Page 262: Memoires concernant les chinoise 6

1 .ri.

JWo/iJc Piir/tc/\4i>/riotrc<) ,r/ A\i C/u/lOl.t

l'or/nalw/i dcodm/?^i' Lu par lej /lû/i)O/v<r,

'ivm.n.pl. xi:

Page 263: Memoires concernant les chinoise 6

/<

Seconde Jhrtui

Généra li on dos Tonjpar /cj

i/tfervailcj de- Huit et de S ex,.

i

JYIenioi/^e*ii ./y/ à\r ( Vii/ioù:Tout. VI. P/. XVI.

Page 264: Memoires concernant les chinoise 6

7^-

s r?co/ide Ihr/ie

31tunharmonique

J*ur/aoue/Zc

on /ronce la circula/ion c/uJb/?

fo/i(/ame/zùz/ parcAacun dej rfoia^c, Lu

L.

jPieH-koune;

porte mio'j'i

/i; nom Je IIc^

çu/ signifie

jVfocU'valeur

L &r/ notre

Mi.

L^

i'i'en-lche

P

yvrle ,mj\ri

fe nom rie

Trhoimg,

i 7ari ,ry9~~`c

31fdiateur

Cej-t notre

Si.

I

il

i'2. ii. io. o. 8. 7. 6\ 5, 4. 3. 2. 1.

I Yrtjj-Ou- TJan- Y- Lin- Jouir-

7è/ioiuip Kou-À'uz- Tai/- 7\i \lL>,in^

\ù"/ioiffiç. –V'-lu- -f+ré*>

-fc/wiwç. ~pm-tu.

~*n. évfitfu/uiï-i'j-OK- ai \&-fïou/2^,

i

-la, -t.n<Ó::IUJlVl'fN~l'

-lu,tr/¡'J'O!{,

-It"

i'1

iJolu,- 7ckoivia~Jion- JCta-

Tay-Ta

£foa/iy- Jny-Ou- i\ran Lia-

-pin~ài -<ri- -icJwitny.- trôii.

-luteAminx}. -fcîiouruf y.

\u.

-/<rr\ -tc/:sioui l-1

Ta- Tfoa/iq- y^i^-Ou~~ JVuji- J-

Lin–Joui- TcAounÀ Keu-\ J±ta- j l'ay-

lit éc/iûusiû. -fc/ta tma, ~u. lu ~l,re' \tefwttatf- -rai ~/u ~^i • '-frAouru?, -t.fc~>t<- Ji-1

i I -Cu. frJmur~, fchoun~ -(u. -f.rc'. It·lz<zrutq. -Friz. _~u, z ~frwarty-to'czrr, ~II,

y- Z~z- ~Tuui-c%rorznr/ httz-

Ti~-J Tz-

Horzn~~ -L'(7rt-

\-t<rè*. VfrÀ0T£/2$, -ptn-la. -d-i

-tchaiinf-td-oic--lu.

-tcAounç\tc/ioiniç\-y- -/u. ;-L*

1 Â1n~3hi/-

7*a-IToany- Isy?-

Ou- IVem- Lin- Jota- W/wut-tp A\>u~ j

;,1\

,.1

Jiccz- T~zr>-7:

oaa9- ~n9_Orr- _tTaiz- Y-

Lrit- Jotu'_ ~r%taur:yz~da·u

irttrutin^ -Acoit- • -fil. -ichaunq.-trfiauiiq, –-IJ-–lu- -io-C--fcAûiuuj--pin. fn

–11–i]_l_J–Ou-M1/2- Y-Ztn-

Joui-fàAûtmy.

JCûit- A'ûr-Tm/-

T>i-[//<>, ?;:<?- Yrnf-

– [/-lit- –Àj'ff-

-ic/wtUlf –jpi/l.~/u. ~<fl- -tt/lOU'li/' -t-J'Oli.

-LU- ^tCJlOWl()*-u.'flO!(7Ui

\Zc/witsiy-JCou- Ala~

Tu:Tu- $oa/u?- Ynq- Ou- -ViV?- J } l Lm

j Joat-Ti

j -ht. -j-i. -tcÀoiuiq.-tj'ûH. -lu-fr/wTenqVfcAottnq. -y-

-fit-

-Are-'^A'nontnj^

-nu: -'(

'1

/Pfenioirej sur /cr ù/u/-iot<s.Tv/n.ï<r.l>f,Xr/'JL

f*Modc,

KoulIg;-

7~"

II" vK;

Tclie.

Vf:

iII1'. I~Ia clc~

Change<Sol

W" Moc/e,,

Yu.

Rc

VïModc

Kio1

;~i~l~lode, 1

Ho.

L!!~JI

jVh. Mu de

T'Iiotuip;

Il^Vl ^1

Page 265: Memoires concernant les chinoise 6

y

l\'ca/i <i& riuticAfe/noircj ouïr lej L 7unoi',r.

Circu/atwii (/il. Kovng

T,»>r/.li,Xf

Page 266: Memoires concernant les chinoise 6

/('

SiWiii/e Jhrhi'

Ge/ieral/on cZCJ l ~ll~l)cll'

lc~J Ko a

Aïc'}<nn\i J'/t/- A'j CVu/MAf.lom. FJ P/. XIX.

Page 267: Memoires concernant les chinoise 6

J~

Seconde Jgrâe

yiccorcv d/xr Nombres Pairset Iinpatrj,

it comoinauion des cc*r ma/nej /lombrejvous* produire /es ct/ia Tû/i,f

7kfemotrej- tntr /&/ C/unou .Tom.Vl.Pl. XX.

Page 268: Memoires concernant les chinoise 6

SECONDE PARTIE.

/•;««« iS.Planche xxi.

LES DOUZE LU

CALCULÉS PLUS EN DÉTAIL

PAR LES CHINOIS MODERNES.

Hoang-tchoungKouxc .fa 10,000, oco,ooo.

Ta-lu 9,438,704,312.

Tay-tfou Chang fol Z 8,908,908,718.

Kia-tchoung 8,408,906,415.

Kou-fi. Kio la 7,937,000,525.

Tchoung-lu 7,491,503,538.

Joui-pin Pien-tciiÉ..Jl 7,071,006,781.

Lin-tchoung TcHÉ ut6,674,109,927.

Y-tiê6,299,600,524.

Ntin-lu Yu re5,946,003,557.

Ou-y 5,612,301,024.

Yng-tchoungPiEN-KOUXG. mi

5,297,301,547.

J'ai ajoute les tons chinois qui répondent aux lu, 8c

les tonseuropéens qui répondent aux tens chinois, ai n

qu'on pût voir d'un coup-d'ceii fi les tons s'accordent

avec les nombres.

Tout ce calcul cil fondé iur laiuppofition que

le

pied, quidonne la

longueurdu

haanv- tchouns;eit

divifé en dixpouces, le

pouceen dix

lignes, les lignes

en dix autres parties ôvc.

Page 269: Memoires concernant les chinoise 6

SECONDE PARTIE.

Figure ic;. Plakcht. xxîi.

AIRE DES D OUZE L U

CfILCULLL' P~1P Li S C~/A'0/~ 7tjf073~7?A'S.

t~

NOMS DES S L U. AIR E D E S s- U

feu. /y.h.iu. ftc.C. hou.

Hoang-tchoung T 9. 82. 9. 27, 51.

Ta-lu 9-2.6.

97.21. 20.

Tay-tfou 8. 74- 94- îi- 71-

Kia-tchoung8. 25, 83. 83. 74.

Kou-fi 7- 79- 4&- 75- 3 3-

Tchoung-lu 7. 35. 73.82.

59.

Joui -pin6. 94. 44. 44. 44-

Lin-tchoimg 6. 55. 46- 8i. 72.

Y-tfô 6. 18. 67. 96. 65.

N<m-lu y 83. 95. 58. 43.

Ou-y 5- 51.18.

9.20.

Yng-tchoung )•10. 24. 55.

12.

Figure 20.

CAPACITÉ DES DOUZE LU

CALCULE E PAR LES CHINOIS MODERNES.

Noms DES lu. Capacité DES LU.

fin. ly. h.10. fei. hou.

Hoang-tchounc; 982. 92. 751- 647. 982. I.

Ta"lu 874- 945- J73- )3g- IO9-

Tay-tfou 779. 487. 533. 548. 175.

Kia-tchoung 694. 444. 444. 444. 444.

Kou-fi 618. 679. 665. 375. 135.

Tchoung-lu 551, 18. 925. 821. 291.

Joui -pin 49 1. 46, 37)- 823. 991.

Lin-tchoung 437. 472. 586. 769. 53.ï-tft 389- 743- 766. 774- 87.Nan-lu

347- 222. 222. 222. 222.

Ou-y 309. 339. 832. 687. 617.

Yng-tchoung 275. 590. 460. 411. 145

Page 270: Memoires concernant les chinoise 6

Seconde ihf/ïe

Afcmoz/TJ' j'W /ej C/unv/.r

Lu -rciiïJN, c/a Jhwcc T.sai-yu.

Toin.yj.l'I.XXin.

Page 271: Memoires concernant les chinoise 6

i

Seco/tck JhràeMémo iras j-ur led C/ii/ioi\r.

Tom.T7Jp/.XKni.

Lu- ï'c hun,du JFhmce, T sai yu

Page 272: Memoires concernant les chinoise 6

7Ç.

Troosùjne' PartiejMcmoà~e</ j~ur £e<i CÂénolr.

Génératwn de^rcùia

To/ztcS).

Tom.vi,iHjocry-

Page 273: Memoires concernant les chinoise 6

IV.

TreztTzerrLe Partie.jMemocred sur le<r C/iuiour.

LeJcaia

tond et le<r deuœ, Pirn

JlfodiJation en Koxine:^_j

Tom.FI.Pl.XXr.

Page 274: Memoires concernant les chinoise 6

TROISIEME PARTIE.

Figures f, 4, Sv,

tig. ?. Fig- 4- F'g. f. fi£- 6- F'g- 7- f'g- S-

tES MODULATION MODULATION MODULATION MODULATION MODULATION MODULATION|

FIGURE 2. CINQ TONSEN £g £ N i; K EN E f,

jj

B É 1 & T t E.D^JX"^V

CIIAN0.1. KIO, TCJIÈ.4. M', t. PIÏN-KCVXC FlfS-TCHÉ.R PET E E.

DEUX PlF`Y.l'

II C.l~IP7G, IL:O, :J.

TCJ!ï,

4. YIi, S. PILW-f`C;Lr:C:.

1'iFV_TC'Fte.__––––––––– ––––––––––– –––––––––– –––––––––– ––––––––––

TAoung-lu.

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Picu-tM. Pn-n-kcu,:r.la «.

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1.

PLANCHE XXVI,

Page 275: Memoires concernant les chinoise 6

21-

Trois Lem&J'ar/ie-JHemoir&f <rur les C/tâiaùc^

Toim. VLPl, XX PU,

Chantdu. premier

verj- del'Hymne,

en ITwnneur des^încelrcj-

jHôdulaào/i, e/vKoxrnjr

Page 276: Memoires concernant les chinoise 6

22.

Trûuneme J\irtic

^/otteu/'j' eût King^ du C]ie et du Po-fbn.

uMemoirej <rur /cj C/iuwùcTom. n.PJ.XXrm.

–i

Page 277: Memoires concernant les chinoise 6

2.3.

Trowi&ne, Partie

^Arrangement dos Musiciens pourùz Cérémonie en l'àonneitr

d&s_s4nce£re<t dcuu le Tay-miao

_Memow&s j"ut~ /e<t CAinoéj'.Torrv.VI.lH.XXlX

~– ~t

Page 278: Memoires concernant les chinoise 6

24.

Afemoù^&J jar les CAowcs.Troisième! J}arci&

sîfrranaementde* JDarureww chantant

l'Hymnes

T<mt,.P7.Pl.XXX.

Page 279: Memoires concernant les chinoise 6

'_H' _U. -1- _no

Tome FI._1

H h

P R E M I E R E PARTIE.

Des huit SORTES de sons.

J% RTICLE PREMIER. Du fon en général. page ij.

ART. II. Du fon de la peau. 3 ?•

ART. III. Du fon de la pierre. 39-

ART. IV. Du fon du métal. 43-

ART. V. Du fon de la terre cuite, 49-

ART. VI. Du fon de la foie. 5 1-

ART. VII. Du fon du bois. 6i.

ART. VIII. Du fon du Bambou. 63.

ART. IX. Du fon de la calebaffe. 78.

SECONDE PARTIE.

D E s Lu.

ART. I. Des Lu en général. 8).

ART. II. Des Lu en particulier. 95.

ART. III. Dimenfions des Lu. 99.

ART. IV. Formation du fyflême mufical des Chinois; m.

ART. V. Génération des Lu. 1 16.

ART. VI. De la circulation du fon fondamental. 124.

ART. VII. Génération des Lu par les deux koa kien & kouen. 1 17.

ART. VIII. Génération des Lu par les quatre koa, kien & kouen, ki-ki

& ouei-ki. 13 i- ·

'Art. IX. Génération des Lu par les lignes des hexagrammes qui com-

pofent douze koa. 133.

ART. X. Génération des Lupar les nombres. 135-

ART. XI. Génération des Lu par les nombres, à la maniere des anciens

Chinois, depuis Hoang-ty jufqu'aux Han. 141.

ART. XII. Dimenfions des Lu calculés plus rigoureufement par les

Chinois modernes. 147-

ART. XIII. Manière d'eprouver les Lu.Tir 1

149..T" rT <

OBJETS

CONTENUS DANS CE MÉMOIRE.

Page 280: Memoires concernant les chinoise 6

OBJETS CONTENUS DANS CE MÉMOIRE.

TROISIEME PARTIE.

D E s TONS.

ART. I. Ce que les Chinois entendent par Ton. 157;ART. IL Des fept principes.

160.

ART. III. Si les Chinois connoiffent ou ont connu anciennement, ce

que nous appellons Contre-point. 164.

ART. IV. Maniere dont les Anciens accordaient le kin à cinqou à

fept cordes. 168.

Conclusion. 172.

Hymne Chinois en l'honneur des Ancêtres. 176.

O B S E R va tion s fur quelques points de la Doctrint des Chinois.

Premiere Obfervation. 186.

Seconde Obfervation. 190.Troifieme Obfervation. 201.

Quatrième Obfervation, .212.

Page 281: Memoires concernant les chinoise 6

Hh ij

TABLE DES MATIERES.

A

Accord du kin à cinq cordes page 168 du kin à fept cordes,

page 169.

Apotome ou demi-ton chromatique. Ce demi-ton eft comme d'un

fon quelconque à fon diefe ou à fon bémol; d'/w, par exemple à

ut-diefe défi s.fi-bémol &c. Voyez l'exemple de la page 2.03 oit les

apotomes font marqués par a. Cet intervalle que les Européens en

partantde leurs fauflbs proportions, appellent demi-ton mineur eft

plus grand que le demi-ton diatonique, 103 & note y pag. 2.1 1 où

cela eft démontré. Voyez limma.

B

Bambou. Sorte de rofeau dont les Chinois font des inftrumens à

vent. Les Instituteurs des principes de la Mufique, opèrent fur des

tuyaux de bambou, 64, 86; les douze fons fondamentaux, appellés lu,

font rendus par des tuyauxde bambou, 6 5 66 ioo.

c

Calcophonos. Pierre au fon d'airain dont parle Pline x x 1

Cakhaffi employée pour former l'inilrument nommé cheng 78.

Voyez cheng.

Cliang. Le fecond des cinq tons des Chinois. Ce ton peut répondre

à ce quenous appellerions fecond degré, dans une gamme. Voyez,

l'exemple de la page 1 14 & celui de la note o pag. 208..Chao. Voyez

demi-ton.

CM. Infiniment à cordes ,54.

Cheng. Inftrument à tuyaux de bambou, fur un fond de calebaffe

78 & filiv. Ordre & accord des tuyaux des différentes fortes de cheag, t

219, 230, 231.

Cheng-king. Pierre fonore ifolée', 41 & azi.

Chou. Sorte de gros millet; 88. Grains de chou, rangés l'un contre

l'autre de deux manieres pour mefurer la longueur dutuyau qui

donne le fon primitif, 89 les mêmes grains employés pour mefurer

le diametre du même tuyau,&

pour régler les poids & les mefures,

90 & fuiv.

Complémcns. Les fons que les Chinois appellent complimens font au

nombre de cinq; favoir }fa% ut% fol% re%. Ia% ce font les fons111_ L

Page 282: Memoires concernant les chinoise 6

iiltérietirs ajoutés aux fept principes, c'eft-à-dire, aux fept fons fonda-

mentaux primitifs fa ut fol re la. mi fi, que les Chinois appellent les

fept principes 163.

D

Danses. Elles accompagnentle chant, chez les Chinois, & les

attitudes ou les différentes evolutions des Danfeurs doivent dire aux

yeux, ce que les voix & les inftrumens difent en même tems aux

oreilles, 166, 177.Demi-ton. Ce que nous appellons demi-ton fe nomme ckao chez

les Chinois, qui fignifie moindre petit &c. 55 dans les notes. Cet

intervalle ne doit pas être confidéré comme une moitié de ton l'oftave

divifée en douze demi-tons qu'on iuppoferoit egaux entr'eux ne

préfenteroit qu'un chant factice qui ne feroit, dans le fond quel'action de détonner dans l'un ou l'autre fyftême de demi-tons mufi-

caux, le majeur & le mineur, 65 2.0Z 203 & fuiv. Quelques per-fonnes appellent le mi & le fi des demi-tons; on pourroit, d'après leurs

mêmes idées leur foutenir que le mi eft un ton & l'ut un demi-

ton, &c. 87 note b.

D'un Son donné à ton o£tave il ya douze demi-tons, dont fept

font appellés diatoniques ou limma, & cinq chromatiques ou apo-

tome 201. Dans quels rapports font ces deux fortes de demi-tons, 103Les demi-tons ne fauroient être regardés comme les premiers élémens

de la génération des fons 193.La fuppofition que les lniiituteurs des

principes de la Mufique aient d'abord commencé à divifer l'oftave en

douze demi-tons eil bien plutôt une idée des modernes que le pro-cédé des Anciens. Raifons qui empêchent de faire cette fuppofition

65 note s. Comment les Chinois poftérieurs aux Inilituteurs, ont

pu être conduits à faire correfpondre des demi-tons à l'ordre primitif.des lu, ç>f à la note, & 194, 195. Douze demi-tons ne peuventfournir douze modulations différentes 203 C'efl pour s'être reftraints

à douze lu déterminés que les Chinois modernes ont eté forcés d'en

altérer la proportion afin qu'ils purTent fervir indifféremment de

limma & d'apotome dans les douze modulations qu'ils vouloient tirer

de leurs lu 204. Moyen d'obtenir douze modulations fans dénaturer

les lu, 104; en quoi confifte ce moyen, ao6 texte du Toung-tkn 1

qui confirme la doûrine que dou^e la ne peuvent fournir douce modula-

tions, 107; développement de ce texte, 209.

Duplication du cube. Les Chinois fe font occupés à trouver des

méthodes pour la duplication du cube, afin de pouvoir mefurer ex.nfte-

ment le folide d'un luquelconque, & affigner ainfi les dimenfions de

divers lu, 147 148.

TABLE

Page 283: Memoires concernant les chinoise 6

DES MATIERES.

E

E C H E L L E. Comment on fuppofe que les anciens Chinois for-

merent leur echelle de cinq tons, m. Une férie de confonnances

donne d'une maniere plus fimple& les

cinqtons des Chinois, &

le fyftême des Grecs & la gammede Gui d'Arezzo & l'echelle d'ut

des Européens, & leur echelle defcendante du mode mineur de laIbid. note o. Cette méthode eft la même que celle qu'ont employée les

anciens Chinois, pour la génération de leurs cinq tous, par lescinq

premiers termes de la progreffion triple c'eft-à-dire par les confon-

nances, 158. Voyez la figure citée en cet endroit, qui préfente aux

yeux cette génération.

F

Frj ction s. La méthode de négliger les fractions dans le calcul

des fons eft plutôt un vice qu'une règle, 145 à la note. Erreurs quiréfultent de ce vice, 186. Moyen d'éviter les fradions, même en pre-nant la progreffion triple dans un fens rétrograde felon la manière

des Chinois modernes, 187, 188. Les Inftituteurs de la progreffion

triple ont dû la prendre dans fon fens naturel c'eft-à-dire en faifant

correfpondre le premier terme à l'unité & appliquant, àchaque ter-

me, des confonnances defcendantes 190 confirmation de cette idée

par l'exemple de la figure i de la premiere Partie ou les nombres qui

répondent aux cinq tons ont, pour radicaux les cinq termes 1 3

9 2.7 8 1 repréfentant les confonnances defcendantes la re, fol ut fa

page 219.

G

( Le P. ) G AU Si L engage M. Amiot à faire une étude de la Mufi-

que des Chinois 3Génération des cinq tons, & des deux/>àvz par des quintes en mon-

tant, depuis fa, ou par des quartes, depuis fi, 126.

Génération des lu par les koa, 127 & fuivantes.

La génération defcendante des Chinois eft une fuccefîion de fons en

montant; & leur génération montante une fucceiîion de fonsqui

descendent, 121, 143, dans les notes. Exemple pour faciliter l'intel-

ligence de ces deux fortes de générations ,119, note x.

H

Harmonie, Les Chinois ne connoiffent point notre harmonie,

prife dans le fens d'accords, de contre-point^ mais tout eft harmonie

dans leur mufique 165 & fuivantes. Le feul affemblage de fons difto-

rens que connoiffent les Chinois confifte à pincer deux cordes et la

quinte ou à la quarte l'une de l'autre fur le km & fur le chê lorique

ces inflrumens accompagnent la voix, 171 183,

Page 284: Memoires concernant les chinoise 6

T A B L E

Heures. Correfpondance des lu aux douze heures chinoifes 2.3 1.

Hiuen. Infiniment à vent, de terre cuite 51.

Hiutn-kou. Tambour en ufage fous laDynaflie des Tcheou 37.

Ho. Nom du pien-koung, ou feptieme degré, 125. Voyez l'exemple

de la page 114.

Hoai-nan-tfee. Auteur qui a ecrit fur la Mufique avant l'ere chré-

tienne. Il etoit Roi de Hoai-nan ,118, note s. Paflage de cet illuftre

Auteur, touchant la génération des lu & leurs proportions 1 1 8 6c

fitivantes. Ce qu'ondoit penfer de la doctrine de ce favant Prince

120, à la note & a 18.

Hoang-tchoung.Nom donné au tuyau qui rend le fon fondamental,

fur lequeltout le fyftême des fons eft établi 89 ce que finifie ce

mot lhid. Le hoang-tchoung eft le premier des douze lu & tient le

premier rang dans la claffe des lu dits yang; il répond à la onzieme

lune par laquelle commence l'année civile, & au caractère cyclique

tfee 96& 231. La longueur du tuyau qui donne le ton de hoang-

tchoung & fa capacité, ont fervi à fixer les poids & les mefures,

9° » 9I-

Hymne chinois en l'honneur des Ancêtres 176; noté à notre ma-

niere, 184 v traduction de cet Hymne 179 ce qui s'obferve lorsqu'on

chante cet Hymnedans la falle des Ancêtres 177 178 & fuivantes

comment les inflrumens accompagnent cet Hymne 182, 183.

I

Impairs. Les nombres impairs font yang. Voyez Pairs.

J

Jou i-PlN. Son fondamental, le feptieme dans l'ordre des lu, &

le quatriemedes yang-lu, répond à la cinquieme lune & au caraftere

cyclique Ou, 97& 23 r.

K

KI 1 a-t c h ou N G. Son fondamental, le quatrieme dans l'ordre des

lu, & le fecond des yn-lu répond à la féconde lune & au caraûere

cyclique mao 98 & 23 1.

Kieou. Nom qu'on donnoit anciennement à Pinftrument de pierres

fonores, appelle aujourd'hui king, 40.

Kin. Infiniment à cordes, 53 & fuivantes.Antiquité de cet infini-

ment, 56comment il s'accorde, voyez accord.

Ring. Infiniment de pierres fonores 40 & fuivantes.

Rln-kou. Tambour à-peu-près femblable au tfou-kou des hia 3 8.

Kio. Le troilieme des cinq tons des Chinois. Ce ton peut répondre

à ce quenous appellerions troi/îeme degré. Voyez l'exemple de la page

1 14 & celui de la note o, page 208.

Page 285: Memoires concernant les chinoise 6

DES S MATIERES.

Klun. Ce mot peut répondre à ce que nous nommons octave, avec

la différence qu'il faut iuppofer cette oftave divifée en douze demi-

tons, 58. Le kiun eft proprement l'affemblage de treize fons à un

demi-ton l'un de l'autre, Ibid. à la note. [Du refte nous prenons ici ce

mot dans le fens qu'il efl employé par M. Amiot, d'après les Auteurs

chinois qu'il a fuivis. Peut-être ne doit-on concevoir par kiun que

l'affemblage de douze fons le treizieme qui eft l'oftave du premier,

pouvant être regardé comme recommençant un autre kiun. L'infpe&iondes planches 4, b 5 ,a&c b 6 & 7 peut appuyer cette idée. ]

Koa. Les koa font des fignes d'inflittition qui ne confiftentqu'en de

fimples lignes ou barres, foit entieres, foit brifées, 128. Ily a des

koa trigrammes c'eft-à-dire compofés de trois lignes ( Voyez note b

page 29 ) & des koa hexagrammes compofés de fix lignes 1 18. Les

Chinois fe fervent de ces différens koa pour exprimer foit la géné-ration des fons pag. 128 & fuivantes, foit leur fucceffion par demi-

tons, 131 132. 133 & 134.

Koa/2-tfe.s. Infiniment à tuyaux de bambou, 63 & fitiv.

Koung. Nom donné au fon primitif fur lequel efl fondé tout le fyftê-me mufical, 89 ce que lignifie ce mot, Ibid. Le ton koung efl le pre-mier des cinq tons des chinois &c peut répondre à ce que nous appelle-rions premier degré. Voyez l'exemple page 1 14 & celui de la note 0

page 208.

K011.-JI. Son fondamental, le cinquieme dans l'ordre des lu & le

troifieme des yang-iu répond à la troisième lune & aucaraftere cycli-

que tchen, 97 & 231.

Kou-yo-klng-rchoue.i. Ouvrage de Ly-koang-ty traduit par M.

Amiot 5.

L

Li m ma ou demi-ton diatonique. Ce demi-ton fe rencontre entre

deux degrés différens, commede Jî à ut de mi à fa, de ta à fi-bêmol

&c. à la différence de l'apotome qui ne parcourt aucun intervalle

& ne peut former ce qu'on appelle une fe coude mineure. Voyez l'exemplede la page 203 011 les limma font marqués par Les Européens

depuis les ecrits de Zarlin, appellent cet intervalle, demi-ton majeur;cette dénomination annonce plus d'une abfurdité dans leur fyflêmele limma efl moindre que l'apotome, ou demi-ton chromatique voyeznote y page ni oit cela eft démontré.

Lyng-Lun. Inftituîeur des principes de la Mufique fous Hoang-tyl'an 2637 avant l'ère chrétienne 77 il opere fur des tuyaux de bam-

bou, 86.

Lin-tchoung. Son fondamental le huitième dans l'ordre des lu &

le quatrieme des yn-lu 7 répond la fixieme lune & au caractère cycli-

que oxei, 98 & 2. Jo

Page 286: Memoires concernant les chinoise 6

TABLE

Lu. Son déterminé à certaines proportions, fervant de modele pour

tous les fons qui doivent le repréfenter, foit à i'uniffbn foit à différentes

oûaves à l'aigu ou au grave, ^,8, note a. Les lu iont au nombre de

douze Ibid. & page 95. On les distingue en deux ordres parfaits,

ou yang, & imparfaits, ov. yn 95 pourquoiainfi

appelles 66

note t quels font les lu yang & les lu yn 96. Voyez encore page 198.Il y a trois fortes de lu les graves les moyens

& les aigus 105

dimenlions des lu graves, felon le Prince Tfai-yu Ibid. §. 1 des lu

moyens, 107 §. x des lu aigus 108 §, 3. Ce qu'on doit penfer de

ces dimenfions 1 10 note m. Autres dimenfions des lu, calculés plus

rigoureufenient par le même Auteur, 148, figures 18, 19, 2.0; fur

quoi eft fondé le calcul de ces dernieres dimenfions 149.L'ordre des lu par demi-tons n'efl: qu'une combinaison des lu for-

mant entr'eux des confonnances 4a à la note & 9 a note e. Si c'eft

une abfurdité dans Plutarque d'avoir appliqué la progreffion triple à

des fons diatoniques, quoique ces fonsfoienten descendant, comment

pourroit-on vouloir appliquer cette même progreffion à des demi-tons

qui fe fuccéderoient en montant ? 193.Lunes. Correfpondance des lu aux douze lunes par lefquelles les Chi-

nois divifent l'année ,119,191.Lu-tché. Pied mufical, divifé en pouces, & le pouce en 9 lignes,

103 104.Lu-tchun. Infiniment compofé de douze cordes fervant de canon

harmonique pour eprouver la jufteffe des lu 149. Le mot lu-tchunfigni-

fie regle ou mefure des lu, 82. Les Anciens avoient des lu-tchun à vent,

compofés de treize tuyaux, & des lu-tchun à cordes, compofés de

treize cordes Ibid. ( la treizieme corde fonnant vraifemblablement

l'octave de la premiere, & le treizieme tuyau, celle du premier ).

Ly-koang-ty. L'un des Auteurs qu'a fuivis principalement M. Amiot,

dans fon Mémoire, 33. Voyez Kou-yo^king-echouen,

M

Modulât ion. Ce que les Chinois entendent par modulation,

47, note k en quoi confiftent leurs 84 modulations, 113 fyftêmedu Prince Tfai-yu pour l'arrangement des 84 modulations, Ibid. Ce

qu'on doit penfer de ce fyftôme ,114, 1 1 5 à la note.

Mujlque. Cultivée en Chine de tems immémorial, 4 les Chinois la

regardent comme la fçience des fciences celle au moyen de laquelleon peut expliquer toutes les autres feiences &c., &c., Ibid, Effets de

l'ancienne Mufique chez les Chinois 10 31j.

N

Nan-lv. Son fondamental, le dixième dans l'ordre des lu, & le

cinquième

Page 287: Memoires concernant les chinoise 6

DES S MATIERES.

Tome VI,

U

I i

cinquiefiie des yn-lu répond à la huitième lune & au cara&ere cycli-

que yeou, 99 & 2,3 ï.

Nombres fe diftinguent en parfaits & imparfaits. Les nombres im-

pairs font parfaits oxi yang, & les nombres pairs font imparfaits ou

yn } 135' I37- C'éft au moyen de ces deux fortes de nombres que fe

forme le fyflême mufical, 135 & fuivantes. Différentes méthodes pourobtenir la valeur des lu par les nombres, 1 41 celle qui fuppoie le

hoang-tchoung compofé de 81 parties, eft la plus ancienne Ibid. &

pages fuivantes. Ce que penfent, en Europe touchant l'exprefiion

numérique des fons & en général, touchant les proportions harmo-

niques, ceux dont les connoiffances riuficales font bornées aux inftru-

niens à touches, 200 notes h i.

o

Orthographe des mots chinois. M. Amiot les ecrit comme

on les prononce à la Cour, & non d'après les Dictionnaires faits dans

les Provinces, 2.1.

Ou. Infiniment de bois qui a la forme d'un tigre 61.

Ozi-y. Son fondamental le onzième dans l'ordre des lu, & le

fixieme des yang-lu répond à la neuvieme lune & au cara&ere cycli-

que /«, 97, 98, &231.

P

Pairs. Les nombres pairs font yn & les impairs font yang, 13^.La méthode de joindre ces deux fortes de nombres pour le calcul

des fons fuggérée à l'homme par le Ciel lui-même felon le Prince

Tfai-yu 94. Comment au moyen de cette méthode on obtient tous les

fons dufyfieme mufical Ibid. note/ Par quelles caufes les lu juf-

qu'au tems du Prince Tfai-yu ont refté pendant plus de trois mille

ans dans un etat d'imperfeétion qui eût révolté les Anciens 94 etat

dont ce favant Prince n'a pu les tirer lui-même faute -de fentir tout

le mérite de la méthode qu'il dit avoir eté fuggérée à l'homme par le

Ciel Ihid. note g, & page 1 1 6 note q. Voyez encore page 218 & les

notes qq rr, pages 155,156.Pied. Deux fortes de pieds chez les anciens Chinois le pied

mufi-

cal, & le pied de compte voyez lu-tché & tou-tchc. Le Prince Tfai-yu,

pour remettre les lu dans leurs anciennes proportions rétablit le piedtel qu'il avoit dû être fous les Hia, 102.

Pien, Son auxiliaire. cui précède le koung ou le tché d'où il tire ia

dénomination de pkn-koi.ng ou de pien-tchè voyez tons. Le pien-koungfe définit: ton qui devient houng &C le pitn-tchc ton qui devient tché.,

117.Le

pien-koung répond à notre mi & le plen-tché à notre fi, 115;le nom particulier du premier efl ho & le nom du pien-tché eft

tchovng Ibid. & page 117. Relativement au kin ho lignifiecordi

'T' ~~r t T

Page 288: Memoires concernant les chinoise 6

TABLE

de r union Se tchoung&gtà&é corde moyenne 169. L'intervalle entre lé

koirng &c\e pien-koung ou entre le tché & le pien-tché, répond à ce

que nous appellons demi-ton diatonique ou limma; voyez l'exemple

de la page 114.

Pien-king, eft un affortiment de feize pierres fonores 41.

Pien-tchoung affortiment de feize cloches 44.

Pierres fonores. Voyez King &C Calcophonos.

Planchettes de bambou. Voyez Tchoung-tou.

Po-fou. Sorte de tambour ,38.

Po-tchoung. Cloches ifolées, 43.

ProgreJJîon triple. C'eft l'expremon numérique d'une fuite de confort-

nances qui représentent la quinte ,32, note c, & 212. Les propor-tions authentiques que les Grecs nous ont tranfmifes touchant les

divers intervalles muficaux ne font ainfi que les proportions des

anciens Chinois qu'un réfultaf de la progreffion triple 196, note d,

&C 197.

Proportions. Expofition du principe fur lequel font fondées les pro-

portions des anciens Chinois, ,21a. D'une feule confonnance donnée

comme la quinte ou la quarte découle tout le fyflême mufical, 214.

Texte du Si-lian-chou ou hiftoire des Han occidentaux, qui préfentetout le fyfïême mufical des Chinois formé par une fucceflion de

quintes & de quartes alternatives, 215 le même texte exprimé pardes notes à la manière des Européens 117 analyiè des nombres

par lefquels M. Amiot repréfente chacun des douze lu enoncés dans

ce texte, Ibid. note ee. Source des proportions factices des Chinois

modernes, 101 & fuivantes. Fauffes proportions qui réfliltent de la

méthode de Huai-nan-tfte 144, à la note, & 187. Les proportionsfaûices

qu'on-trouve dans tous les Théoriciens Européens depuis

près de deux fiecles ne font qu'une répétition de ce qu'a ecrit Zarlin

dans fes Intitulions 200 note g. D'après ces proportions faôices

quelques Européens ont voulu élever des doutes fur celle de la quinte,fans penier à vérifier auparavant fi leurs proportions de 1 à ï6 pourle demi-ton, de 4 5 pour la tierce &c. etoient légitimes, ou fi

elles avoient un principe, 2.13 note (la. Comment on peut s'affurer

fi la proportion de 2 à 3 pour la quinte & celle de 3 à 4 pour la

quarte, font juftes l'une & l'autre 213.

Pythagore. Selon M. Amiot, Pythagoreapu des Indes jufqu'àla Chine, d'oit il aura rapporté en Grece le fyflcme mufical des Chi-

nois, en l'arrangeant à fa maniere 173 Lits qui appuient cette con-

jeûure lbid. à la note.

Q

Quadrature DU CERCLE. Ce n'eft point par une cuviofitc ftérile

que les Chinois ont cherché la quadrature du cercle, c'eft pour déter-

Page 289: Memoires concernant les chinoise 6

D E S- M A T I E R E S.

Iiij

miner avec précifion l'aire de chaque lu par la connoifTance exacte

du rapport du diametre à la circonférence, 147.

Quarte & quinte. Ces deux intervalles pris dans des fens oppofés 9

c'eft-à-dire en montant ou en defcendant pour l'un & en defcen-

dant ou en montant pour l'autre donnent mutuellement l'oftave 9

2 1 3 note ç.

Quaternaire. Ce que les Grecs ont appellé le facré quaternaire de

Pythagore, n'eftpas de ce Philoibphe 136. En quoi confifte ce facré

quaternaire & comment il renferme les principes fondamentaux de

la Mufique, Ibid. à la note.

R

Ram e au. Ce que penfe M. Amiot de la Baffe fondamentale de

Rameau 130. Différence entre ce fyfiême & celui des Chinois 130 9

à la note. Comment la Gamme eft formée par le fyftênie de Rameau

&c comment elle fé forme par celui des Chinois Ibid. La Baffe fonda-

mentale a deux objets très-différens entr'eux l'un de fonder la valeur

des fons l'autre de réduire en principes la pratique de l'harmonie,

Ibid. Pourquoi les compofiteurs de routine s'elevent contre ce fécond

objet, Ibid. pag. 131.

Rapport. Ce mot fe prend dans le fens de proportion. Le rapport

de l'oûave etl comme de 1 à 2 celui de la quinte, comme de 2 à 3 7

& celui de la quarte comme de 3 à 4 pag. 213. Ainfi l'aggrégationdes nombres 1,2,3,4, eft la baie des principes fondamentaux de lail

Mufique voyez tjb-k'uou-mïng & quaternaire.

S

Siao, Infirument à plufieurs tuyaux, 68.

Siao. Flûte 237 explication de la figure 39.Son. Les Chinois distinguent le fon fimplement dit d'avec le foR

confidéré comme ton mufical 27, 28 157& fuivantes. Ils recon-

noiffent huit fortes de fons produits par autant de corps fonores dilfé-

rens 29 ordre de ces huit fortes de fons 34.

Soung-king. Pierre fonore ifolée 41 & 222.

T

Ta-l v. Son fondpmental, le fecond dans l'ordre des lu, & le pre-

mier des yn-lu, répond à la douzième lune &C au caractère cyclique

uheou, 98 &c 23 1.

Tao-kou. Tambour avec un manche, 38.

Tay-tfou. Son fondamental, le tromeme dans l'ordre des lu & le

fecond des yang-lu répond à la premièrelune & au caractère cyclique

Yn, 97 & 231. T

Page 290: Memoires concernant les chinoise 6

T A B L ï.

TckJ. Le quatrième des cinq tons des Chinois. Ce ton peut répondre

à ce que nous appellerions cinquième degré parce qu'entre le troifieme-

degré & le cinquième il y a le pien-tché au quatrieme rang & quine formant qu'un demi-ton avec le tché n'eft pas compté parmi les

tons. Voyez l'exemple de la page 114, celui de la note o page 208

& le mot tons.

Tché. Sorte de flûte traverfiere, 76.

Tcken. Baguette qu'on paffe fur les chevilles de l'infirument en forme

de tigre, ,61.

Tatou. Instrument de bois en forme de boiffeau ,6 t.

Tchoung. Nom du phn-tché ou quatrieme degré 125. Voyez l'exem-

ple de la page 114, & le mot picn.

Tchmmg-lu. Son fondamental le fixieme dans l'ordre des lu, 8c le

troisième àesyn-Ia répond à la quatrieme lune & au caractère cycli-

que fie, 98 & 13 1.

Tchotmg-tou. Planchettes de bambou fur lefquelles on ecrivoit avant

l'invention du papier en Chine, 62. Ces planchettes, au nombre de

douze, & liées enfèmble en forme de Livre, fervoient battre la

meuire. lbid.

Tempérament. C'eft l'avion de difcorder, fur les inftrumens bornés,dits à touches, les quintes ou les quartes, afin de pouvoir réduire à

douze les dix-huit fous qui fe rencontrent d'un fon donné à fon octave

202 & xo6. Voyez encore la fin de la note y, pag. 211. Le tempérament

répond à ce qu'un Auteur chinois appelle correctif, relativement à la

progreffion triple qui ne donne que des fons jufles 116, 204.

Tê-tchoung. Cloches applaties de moyenne groiIVur 44.Texte de l'hijîoire ou les douze lu font repréfentés dans leur jufle

proportion, exprimée par des nombres, 191. Les mêmes lu, notés à

notre maniere & confrontés avec l'exemple de la figure 9 b de la

féconde partie, 197.

Texte du han-chou qui préfente les douze lu engendrés l'un de l'au-

tre, comme quinte ou comme quarte, ii<j; les mêmes tu calculés

par M. Amiot dans une note 2 1 6 ce texte du han-chou & le calcul

de M. Amiot, repréfentés par un exemple de mufique 217 comment

ce calcul fait depuis plufieurs années par M. Amiot, dans fes premiers

manufcrits, fe trouve n'être qu'un réfultat de la progreffion tripleJïid. note e e.

lori triple

T exte du toung-tieii touchant la différence entre le demi-ton diato-

nique & le demi-ton chromatique 207 & fuiv.

Tons. Les Chinois admettent, dans leur fytfême cinq fons princi-

paux qu'ils appellent tons lavoir kou/ig, clumg kio tché, yuy

répondant à nos fons fa fol la ut re; & deux fons qu'ils

appellent pien favoir, le p'un-koung ou mi, & le pien-tché, ou fi y

m, 1 1 3 rapport de ces fons à ce qu'on peut appeller degrés, 114..

Page 291: Memoires concernant les chinoise 6

DES S MATIERES.

Les cinq tons & les deux pien réunis, font ce que les Chinois appellent

les fept principes, 126, 160 & liiivantes. Conjectures fur la doctrine

descinq tons, 1 5 9 à la note.

Tou-tclii. Pied de compte divifé en dix pouces & le pouce en dix

lignes, fur la même longueur que le lu-tchi ou pied mufical 104.

Trigrammes de fou-hi. Voyez Koa.

Tfai-yu. Prince de la famille Impériale des Ming, Auteur d'un Ou-

vrage fur la Mulique & l'un de ceux qu'a fuivis principalement M.

Amiot dans fon Mémoire, 33.

Tsê-king. Pierre fonore ifolée, 41.Tfo-kieou-muig. Auteur contemporain de Confucius, & plus ancien

que Pythagore, 137. Ilparle de l'aggrcgation des nombres, 1 z 3

4 relativement à la Mufique comme d'une doctrine connue de ceux

qu'il appelloit dès-lors nos 'Anciens 136, 137.

Tfou-kou. Tambour du tems des Hia 3 6.

Ty. Flûte qui ne diffère àuyo que par fon embouchure, 75. Voyez Yo.

u

Unité, nombre. L'unité, felon les Chinois, efl le principe de

toute doftrine 118; elle eft le principe du calcul, Se le commence-

ment des nombres 137.

Y

Ya-kou. Sorte de tambour, 38.

Yang & yn. Dans quel fens il faut entendre ces termes, relative-

ment aux fons 66, note f.

Yang-lu. Les yang-lu font au nombre de fix; ce font les lu qui répon-

dent aux nombres impairs, favoir le premier, le troifieme, le cin-

quième le feptieme le neuvième & le onzième, 96. Voyez pag. 198.

Yng-tckoung. Son fondamental, le douzième dans l'ordre des lu &

le fixieme des yn-lu répond à la dixieme lune & au caraflere cycli-

que hai 99 & 13 1.Yn-kou. Grand tambour appellé

aufîl kao-kou 37.

Yn-lu. Les yn-lu font au nombre de iix; ce {ont les lu qui répondent

aux nombres pairs favoir le fécond lu le quatrièmele fixieme le

huitième, le dixième & le douzième; ils font les correl'pondans des

yang-lu, 96 & 98 voyez encore page 198.

Yo. Flûte à trois trous 69. Cet infiniment préfente le même phé-

nomene que le flùtet de Provence, Ibid. note u en quoi conùfte ce

phénomène, 70 il établit d'une manière incontefeble &i à la portée

des Praticiens, c'eft-à-dire, fans calcul, par le nmplc fentiment de

l'oreille & parla feule perceptiondes fous tout le lytleme mufical

favoir, l'oftave divifée en douze demi-tons non égaux entr'eux

comme l'entendent les Praticiens bornés qui n'ont pas même les

Page 292: Memoires concernant les chinoise 6

TABLE DES MATIERES.

principesde leur art, mais en douze demi-tons dont les uns font

chromatiques& les autres diatoniques tels qu'on les entonne à la

voix, fur le violon, le violoncelle, &c., jx note £. Voyez encore

note a a page 73.Y'tsê. Son fondamental, le neuvieme dans l'ordre des lu & le

cinquieme des jang-lu répond à la feptienie lune & au caraftere

cyclique chen, 97 & 231.Yu. Le dernier des cinq tons des Chinois. Ce ton peut répondre à

ce que nous appellerions Jixiemc Jegré. Voyez l'exemplede la page 114, a

ôc celui de la note o pag. 208.

z

Zod 1 AQif E. Le rapport des fons aux douze lignesdu

Zodiaquechez les Egyptiens n'eft qu'une imitation de ce qu'avoient' fait les

Chinoislong-tems auparavant, 7, 8. Voyez lunes.

Fin de. la Table des Maticres.

E R R 4 T A.

X A G E 6, ligne 20, s'appuie, lifez appuie.

Pag. 201 notes ligne 14 fuppore lifez fupporre.

Pag. 91, ligne 14, le kié efl la dix-millionieme partie &c. lifez la millionicme

partie &c.

Les deux Manr.fcrits portent dix-millionieme mais c'eil une faute. On peut la

reftifier aifément par l'énoncé même du texte, où l'on voit que les mefures décroif-fantes vont toujours en décuplant. Ainfi le ly etant la dixieme partie de la ligne

ou fen, le hao en fera la centième partie; le fee, la millième partie; le hou la

dix-millieme le ouei, la cent-millieme, & le kié, par conféquent, la millionieme

partie Se non la dix-millionieme.'

Page 293: Memoires concernant les chinoise 6

ESSAI

SUR LES PIERRES SONORES DE CHINE.

JLiES pierres fonores ont eté de fiecle enfiecle, un des

inftrumens de mufique les plus eftunés en Chine. Il en eft

fait mention dans les livres appellés King qui font comme

on fait, les plus anciens & les plus précieux monumens qu'aient

les Chinois. L'ancien Dictionnaire Euïh-ya en parle auffi le

Dictionnaire Cnoue-ouen, dit le king eflun

infiniment demujî-

quede

pierre.On peut voir en particulier le livre curieux de

Tchin-tfée fur la Mufique.

Il efr. fort difficile de favoir fi la Colonie qui vint en Chine,

y porta l'idée d'un instrument de muGque fait depierre ou

fi les pierres fonores qu'elle y trouva la conduifirent à cette

belle & curieufe invention. Un vieux commentaire du Chou-

king, dit que les Anciens, ayant remarqué que le courant de

l'eau faifoit réfonner quelques pierres du rivage en fe brifant

contre elles, en détachèrent quelques-unes, & que charmés

du beau ton qu'elles rendoient ils en firent des king.

Selon le Chi-pen ce fut Vou-kïu qui inventa leking. Le

Yo-lou ou la chronologie de la Mutique obfervcque ce

Von-kiu vivoit du tems de Yao fondateur del'Empire de

la Chine mais qu'on ne fait pas avec certitude quel eft. le

premierdu king.

Voilàà-peu-près

tout ce qu'on

trouve de plus plaufible fur l'origine de cet mftrument. Quel-

que fingi-illere cependant qu'en paroiffe l'invention, dèsqu'il y

avoit des pierres fonores dans l'antiquité il ctoit fort naturel

qu'on fongeât à en faire des inftrumens de mufique puifqu'on

Page 294: Memoires concernant les chinoise 6

E S S A I

en avoit déjà en bois, en cuivre & même en terre cuite (a).

Quoi qu'il en foit le king étoit chez les Anciens un des

inftrumens dont on faifoit le plus de cas. C'etoit l'instrument

dominant dans les facrifices au Tien dans les cérémonies en

l'honneur des Ancêtres, & dans le repas des vieillards. Le

Ti-ni le nomme le king de l'Etat ( Kouan-kiag). Les Princes-,

felon le Tcheou-ly en avoient toujours dans la falle des hôtes

on l'appelloit le king des louanges, parce que quand on en

faifoit jouer pendant le repas c'etoit une diftinclion & pour

faire plus d'honneur aux convives ( b ). H ne faut qu'ouvrir les

annales, de Dynaftie en Dynaftie, pour voir qu'on a confervé

au king cette glorieufe destination dans les Yen-yen & autres

feilins publics.

Nous appelions pierres fonorescelles qui, par le choc d'un

corps dur rendent un fon diftincT: & de quelque durée. On

peut appliquer aux pierres fonores tout ce qu'on peut dire des

timbres de métal ou de verre. La différence entre les diver-

fes fortes de pierres fonores eft très-grande pour la beauté la

force & la durée du fon & ce qui doit furprendre, c'eft qu'on

ne fauroit déterminer cette différence foit par les divers

degrés de dureté, de pefanteur, de fineffe de grain, foit par

d'autres qualités qui femfcleroient devoir l'occafionner. Il y a

des pierres très-dures, qui font très-fonores & des pierres

tendres qui donnent d'auffi beaux fons. Quelques-unes très-

pefantes, rendent un fon très-doux; d'autres auffi légères que

(a) Le Tou-koit & les Hiuen.

Voyez les articles 2 & 5 de la

premiere Partie du Mémoire de M.

Amiot, pag. 3) & 49.

(£) Dans les repas de cérémo

nie on exécutoit des chants ou

hymnes dans lefquels on faifoit

J'eloge des bons Rois des Minif-.

tres vertueux, &c, felon les qua~

lités des convives. Ainfi le king

deftiné à accompagner ces chants

s'appelloit avec raifon le king des

louanges c'eft-à-dire le kingfervant d'accompagnement aux

chants ou hymnes de louanges.

la

Page 295: Memoires concernant les chinoise 6

SUR LES PIERRES SONORES.

Tome VI. K k

1

la pierre ponce, ont un ton. fort agréable. Les Anciens les

appelloient feou-cke ou pierres jhttante.s d'où eft venu le

nomde feou-king ou kïng flottanu Il ell parlé de cette eipece

de pierres dans le Ckou-king auchapitre Yn-kong. Il y eft dit

qu'on les trouvoit dans la pecite rivière de S de ou Si. Tchin-

tfee & plufieurs autres Commentateurs difent très-clairement

que ces pierres légères & flottantes font propres à faire cksking.

Voyez le Commentaire Impérial du Chou-kinp- liv. 4,s

fol. 36.

Les Anciens diftinguoient leurs pierres fonores en pierre d'or,

pierre de cuivre, pierre de fer. On ignore fur quoi etoit fon-

dée cette dirtinftion. Etoit-ce fur l'analogie de leur ton avec

celui de ces métaux ? Etoit-ce fur la manière, dont elles etoient

montées & fufpendues ? Etoit-ce fur leurs divers degrésde

bonté ou etoit-ce relativement aux cérémonies dans lefquelles

on en jouoit ? On ne trouve rien fur cet objet dans les anciens

livres & tout ce qu'on en dit dans les nouveaux ne donne

aucune lumière fur la comparaifon qu'il feroit fi curieux de

faire entre les anciennes pierres fonores ôc celles des modernes.

L'Empereur a bien à la vérité quelques kin% qui pafient

pour anciens; mais outre qu'ils font tous en pierre àeyu fort

peu différente de celle qu'on a aujourd'hui, ils ne remontent

pas plus haut que le dixième fiecle.

Cette pierre de yu eft la plus renommée la plus précieufe

& la plus belle des pierres fonores qu'on connoilTe en Chine.

Comme le caractère qui la défigne forme une claffe parmi les

caractères chinois, qu'il fe trouve parmi les plus anciens &

c;z la pierre de yu eit fouvent louée dans les king, on ne peut

guère douter qu'elle n'ait été connue dans l'antiquité. Cepen-

dant à s'en tenir à ce que les Anciens difent de leurs yu s'ils

n'en ont point exagéré ia beauté & la perfection,il faut con-

venir que ceux, qu'on a aujourd'hui leur font fort intérieur.

Page 296: Memoires concernant les chinoise 6

ESSAI

Mais ce qui raffureroit fur la fîncérité des Anciens, dont on

a d'ailleurs tant de preuves c'eft que cette pierre qui paroît

avoir eté affez connue fous les premiers Tcheou dont la

Dynaftie commença Tan 1122 avant Jefus-Chrift etoit fort

rare fous la Dynailie des Han, qui commença en 206*5 c'etoit

alors ce qu'on pouvoit offrir de plus magnifique aux Empe-

reurs. Tching-ty de cette Dynaftie, qui monta fur le trône

37 ans avant l'ère chrétienne regardacomme une

époque

glorieufe de fon regne, qu'on eût trouvé au bord d'une rivière s

feize king anciens, & tous de yu.

Le yu d'aujourd'hui fe trouve dans les ravines torrens

rivieres qui coulent au bas des montagnes du Yun-nan du

Kouei-tcheou, du C/M/z- & fur-tout de celles des pays nou-

vellement conquis, YY-Iy & le Yoquen. Ce yu reffemble exté-

rieurement aux caiHoux qu'on trouve dans les ruiffeaux &

les torrens, qui font dans les gorges des montagnes. Les gros

yu font très-rares. Les plus grands que nous ayons vus au Palais:

Impérial, n'avoient guere que deux pieds & demi,, ou trois,

pieds fur un pied huit à dix pouces de largeur & on les

regarde comme des pieces uniques. On en trouve encore, fous

terre, dans les vallées, auprès des mines 8c dam les crevaffe£,

faites par les ravines fur le flanc des: montagnes. Ceux-ci diffe-

rent des autres en ce que leur furface eft moins polie, & qu'ils

ne font jamais intérieurement 3 ni fi élaborés ni d'ungrain

fi fin.

Dans le yu fonore, que nous croyons un caillou mc'taltifié

& cryjîdtifê comme dit un Naturalifte chinois on remarque

cinq propriétés différentes la dureté la pefanteur la couleur

le grain & le fon.

La dureté des beaux yu eft fi grande-, qu'on les travaille &

les polit comme ragate & les pierres précieufes. L'acier le mieux

trempé gliffe deffus & s'emouffe. Plus la nature l'a préparé

Page 297: Memoires concernant les chinoise 6

SUR LES PIERRES SONORES.

Kk ij

plus il eft difficile à tailler mais le poli qu'on lui donne en a

bien plus d'éclat.

La pefanteur du yu eft proportionnée à fa dureté. Nous en

avons vu, au Palais de l'Empereur, un morceau brut, qu'il

fembloit qu'un homme auroit dû porteril en fallut quatre

feulement pour le remuer. Il n'avoit cependant que deux pieds

& demi de long, fur un demi-pied d'epaiffeur. Il etoit d'une

figure irréguliere & de couleur verte, qui eft celle des _y« plus

communs.

Quant ,à fes différentes couleurs le Chi-king parle d'un bleu

célefte le Li-kl diflingue le couleur de chair le jaune, le

blanc le rouge de cinabre & le marron-foncé. Mais comme

le yu travaillé entroit dans les ornemens des habits impériaux,

& que c'eft à cette occafion que le Li-kl en parle le mot yu

ayant d'ailleurs une fignification fort étendue on peut douter

qu'il y en eût, parmi ces différentes efpeces d'affez grands

pour faire des king ou d'autres inftrumens de mufique. Ce qui

Connrmeroit ce doute c'eft que le rouge de cinnabre qu'on a

appelle enfuite rouge de, crête de coq eft très-rare depuis près

de deux mille ans ainfi que le beau jaune & le marron-foncé.Il y en a chez l'Empereur de toutes les efpeces connues. La plus

eftirnée aujourd'hui, & qui eft réellement la plus belle eft le

blanc de petit lait, d'une feule teinte. Viennent enfuite le bleu-

clair le bleu-célefte le bleu-indigo, le jaune-citron le jaune-

orangé, le rouge de bois d'Inde le verd-pâle le verd-d'eau,

le verd-foncé le gris de cendre &c. Les Chinois font plus

de cas de celui qui eft d'une feule couleur, fans nuances ni

dégradations, à moins qu'il ne foit marbré agréablement de

cinq couleurs (O, comme celui dont il eft parlé dans le

( c)Au lieu de cinq couleurs

prifes indiflinûement peut-être

ïaut-il entendre ici, marbré des cinq

couleurs qui dans ce cas font le

jaune, le rouge le verd, le blanc

Si le noir; les Chinois, relative-

Page 298: Memoires concernant les chinoise 6

E S S A 1

Tcheou-ly, qui dit, pourle

remarqueren payant qu'il y avoit

douze king fufpendusderriere & devant l'appartement de

l'Empereur &que c'etoit enfrappant

fur les king qu'on l'eveil-

luit à la pointe du jour.A l'égard du grain des yu le plus

dur & le plus pefant eft

celui qui a le grain leplus fin.

Enfin quelleeft la forte de yu la plus fonore ? Nous ne pou-

vons répondre à cette queftion parce que nous n'avons pas

eté à même de faire les comparaifons néceffaires. Il n'y a que

chez l'Empereur qu'on puifle les faire lui feul a .toutes les

efpeces de yu. Encore doutons-nous qu'il y ait divers king,faits fur les mêmes dimenfions & mefures; ce qui feroit cepen-

dant effentiel pour la comparaifon. Du refle, quoique le grand

king & le pien-king pour les facrifices foient l'un d'un bleu-

pâle, & l'autre verd on n'enpeut

rien conclure pour le plus

ou le moins de ion, parce qu'il a fallu s'en tenir à cet egard “

à ce qu'avoient régie les Anciens, dont peut-être les yu les

plus fonores etoient de ces couleurs.

Le nieou-yeou-che ou pierre graijjede

eftla féconde

efpece de pierres fonores que nous connoiffions. Elle n'a ni la

dureté ni lapefanteur ni la douceur du fon du yu & eft

bien moins rare & bien moins eftimée. Malgré cela il eft très-

difficile d'en trouver degrandes pieces propres

à faire des ,king.

Ce qu'il-y a de plus beau en ce genre comme dans les autres

eft d'abord deftiné pour le Palais, & y entre pour n'en plus

fortir. Le nieou-yeou-ch; le plus eftimé pour les king, eft celui

dont le jaune, qui eft réellement celui de la graiffe de bœuf,

eft d'une feule teinte fans nuances ni dégradations. Toutes les

ment aux cinq tons de leur raufi-

quen'adr.ictur.t

queces

cinq

couleurs 3 comme ils admettent

cinq elémens cinq vertus cinq

goûrs cinq devoirs cinq princi-

paux ufagcSj &c. } &c.

Page 299: Memoires concernant les chinoise 6

SUR LES PIERRES SONORES.

grandes pièces que nous avons vues ctoient ondées de divers

jaunes dont quelques-uns approchoient beaucoup du blanc

de lait ou de petit-lait.

Cette belle pierre vient du Yun-nan. Elle fe. trouve dans la

terre près des mines ou dans les vallées, au bas des monta-

gnes. Sa première furface eft raboteufe, d'une couleur fale

mêlée de marron & de verd; vient enfuite une couche de

blanc de lait caillé, & une autre qui a une teinte jaune. Ce

jaune devient de plus en plus foncé à proportion qu'il appro-

che du centre.

Il feroit curieux d'examiner pourquoi le centre de cette

pierre efl plus travaillé & plus fini plus compacte & plus foncé

que les autres parties. Le yu dorme du feu au briquet, le nieou-

yeou-che n'en donne pas du moins celui fur lequel nous avons

fait cet effai il nous paroît plus approcher de l'agate que lui,

& il pourroit bien n'être qu'une agate particulière à la Chine.

Lebeau nicou-yeou-che

cûfonore

mais il fautpour

cela

qu'il foit bien jaune & fans ondes de cryftal (d) nous nous en

fommes afîurés fur un king d'un pied; mais il s'en faut de beau-

coup qu'il foit auffi. fonore que le yu.

La troifieme efpece de pierres fonores, nommée hiang-chzrend un fon fi métallique que nous la prîmes d'abord pour une

compofinon mais nous nous fommes allures que c'eft une vraie

pierre& l'on n'en doutera pas quand on aura vu les pièces

que les Miffionn aires envoient en France.

Quant à la nature de cette pierre & à la propriété finguliere

du fon harmonieux qu'elle rend, ce n'eft que par l'analyfe

(</) Le morceau de Nleou-yeou-

che qui a paru à M. le Duc de

Chaulncs ne rendre aucun fon

n'etoit pas fans doute affez dé-

pouillé d'ondes de cryftal ou affez

jaune pour donner un fon iatisfai-

lant. Voyez dans le Mémoire de

M. Amiot la note n pag. 2.38,

Page 300: Memoires concernant les chinoise 6

ESSAI 1

qu'en feront les Chymiftes qu'on peut les bien connoître (e).

Nous nous contenterons de dire que nous en avons vu de noi-

res, de grifâtres de verdâtres unies A&d'autres marbrées de

blanc. Les plus noires font les plus fonores; cette pierre fingu-

liere vient d'un lac du Tcke-kiang. Elle remplit parfaitement

l'idée que les Anciens donnent des pierres fonores, & paroît

une efpece d'albâtre, noirci & changé par les eaux dont il a

eté pénétré.

La quatrieme efpece de pierres fonores reffemble a« mar-

bre, par les nuances, qui font, grifes noires & blanc-fale

fur un fond blanc de lait. Les pierres que nous avons vues

avoient des taches îranfparenj:es qui font une vitrification

commencée & tiennent, ce femble le milieu entre le talc &

le cryftal. Voilà apparemment pourquoi les frémiffemens s'in-

terrompoient & etoient moins longs.

Il y a probablement bien d'autres pierres fonores en Chine;

mais comme, nous en avons averti, nous ne parlons que de

celles que nous avons vues, & dont nous avons entendu le

fon. Il nous paroît cependant à propos d'avertir les Naturalises

& les Phyficiens, que plufieurs pétrifications de Tartarie

pierres colorées & autres pieces de cabinet d'ici, rendent un

fon fort diftïntr. & accompagné de frémifTement quand elles

font taillées en longues plaques ou creufées en vafes pro-

fonds. Ils pourront examiner pourquoi les pierres de cette

extrémité de l'Occident, ont cette qualité, qu'il ne paroît pas

( e) L'analyfe qu'on trouve à la

page 238 de ce volume, ne pré-îente qu'une partie des expérien-ces que fe propofoit de faire M. le

Duc de Chaulnes mais Fimpref-£on de l'ouvrage de M. Amiot

dont les explications des figures

etoient alors fous preffe ne nous

a pas permis d'en attendre le rcful-

tat. Nous nous fommes bornés

avec regret, à ce que ce Seigneura bien voulu nous communiquer

pour le moment.

Page 301: Memoires concernant les chinoise 6

SUR LES PIERRES SONORES.

qu'on ait étudiée & obfervée en Europe (/). Les Chinois

difent qu'elle leur eft imprimée par les eaux qui les rempliffent

de particules métalliques infenfibles, ou qui les cryfrallifent

nous nous bornons au fîmple récit des faits dont les pierres

que nous avons envoyées fourniront la preuve.

Les king, ou infirumens de mufique en pierre, font en ufage

en Chine, de toute antiquité. Maisquelle forme leur donnoit-

on dans les fiecles les plus reculés Quelles etoient les regles

de leurs dimensions? Comment en jouoit-on ? Nous répondons

que les Chinois en font, à cet égard où nous en fommes fur

la Mufique des Egyptiens, des Phéniciens, des Grecs & des

autres anciens peuples. Les monumens les mémoires, man-

quent.Tout ce qu'on débite dans les plus favantes diflertations

fe réduit à des probabilités qui vont flottant çà & là. d'un fyftê-

me à un autre, & ne donnent aucune connoiiTancë précife &

fatisfaifante (g"). Le Houen-hïen-teng-kao efi à. la Bibliothèque

(/) M. Amiot penfe à-peu-près

de même à l'article 3 de fon Mé-

moire; voyez ci-devant page 39.

Le pacage de Pline que nous avons

ïappellé à la note b des explica-

tions, pag. 211 prouve que les

Romains ont connu anciennement

une pierre fonore de la claffe des

Hiang-c/ie. Voyez les Réflexions de

l'Abbé du Bos, à l'endroit cité dans

cette note b.

(g) On a, dans le Mémoire de

M. Ainiot article 3 de la pre-

mière Partie, la connoiffance la

plus précife touchant la forme &

les dinieuGons des anciens king.

La forme d'equerreeft certaine-

ment la plus ancienne & c'efc

encore celle que les Chinois mo-

dernes donnent leurs pien-king

e'cft-à-dire aux king affortis ySe

compofés de feize pierres. L'an-

cienneté de cette forme efî démon-

trée par les dimenilons même

preicrites pour le Chcng-king & le

Sming-kïng, dont il eft parlé à la

page 4X du Mémoire de M. Amiot.

Voyez l'explication de la figure

14 pag. 221.

Les dimensions de ces deux for-

tes de king fontmarquées., pour

ainli dire au Coin de la plus haute

antiquité c'efl ce que nous devons

faire remarquer ici puifqu'il pa-

roît, d'après- ce que vient d'obier-

ver l'Auteur de cet E(jal, que les

CkiRois ne s'apperçoivent pas mê-

me, depuis plusieurs iîeclss des

principes iur leiquels etoienî éta-

blies les dimenfians des anciens

ki/ig.

Celles du CXtMj- fe

Page 302: Memoires concernant les chinoise 6

E S S A t

du Roi, on y trouvera, au cent trente-cinquième livre, ce qui

a eté dit fur cette matiere de plus raisonnable jufqu'au com-

mencement du quatorzieme fiecle.

l'explicationde la page 2,12. du

Mémoire de M. Amiot, font, pour

le côté a b y d'un lu & demi

pour le côté b e de trois quarts

de lu pourle côté a e de deux

lu un quart& pour le coté c, J,

On voit par ces dim enflons que

le côté £,&. le côté b, e, l'un

de 6 poucesl'autre de neuf, font

entr'eux dans le rapport de la

quinte ou de i à 3 que le côté

l>,c, de 9 pouces, cû avec le

côté *z, b qui en a 18, dans le

rapport de Podhive ou de I à 2

enfin, que le côté a b de 18

pouces cil encore avec le côté

On a encore ici de 8 a iz le

rapport de laquinte de 12 à 14

celui de l'oûave, & de 14 à 36celui de la quinte.

Si l'on veut comparer, à ces

mefures, les dimenfions arbitraires

&fans nulle proportion entr'elles

que les Chinois modernes don-

nent à leursklng.r depuis plufieurs

fiecleson en conclura aifément

quecelles

que nousvenons de

décrire, portent l'empreintede la

plus haute antiquité ibit qu'elles

d'un demi-Av. En transportant ces

mesures à notre piedde Roi on

remarquera plus aifément les pro-

portions que ces divers côtés for-

ment entr'eux. Exemple

Côté c d demi-pied ou 6 pouces,Côté b e trois quarts de pied, ou

y pouces.Côté a, b un pied & demi ou 18 pouces.Côté a, c, deux pieds un quart ou 27 pouces.

a c, qui a 17 pouces dans le rap-

port de la quinte ou de 2. à 3.

Il en eft de même pour ïzfoung-

king, dont les proportions entre

les divers côtés font les mêmes >

quoique fous des longueurs diffé-

rentes. Voici ces longueurs, d'aprèsla fuite de l'explication déjà citée 3

page 2.2.2 de ce volume.

Côte c, d, deux tiers ou 8 pouces.

Cote k, c, un pied, ou .12. pouces.Côte ii, b, deux pieds, ou 24 pouces.Côté a fj trois pieds, ou 36 pouces.

foient réellement anciennes foit

qu'elles partent d'une main nour-

rie des principes {impies &c fubli-

mes del'antiquité tandis

que les

dimenfions des modernes font un

témoignagede leurs différentes

erreurs de !,<perte ou de l'oubli

desprincipes c;c des altérations

iurvenues dans le pi'jc! chinois.

Car !cs tVacii/^ns a\ 'iwiiei dixiè-

mes deîi^ne Civiuio-.i.-s &c.

au; ;icco!npagiKT:r1. dini^n fions

uos.v: mu^:<:y. 5 r;1^ vn: eue

'il

Page 303: Memoires concernant les chinoise 6

SUR LES PIERRES SONORES.

Tome VL LJ1

Il faut pourtant convenir que les Chinois etant plus près de

l'antiquité & tenant à elle par mille traditions il eft affez

naturel de croire que les dimenfions modernes font à-peu-près

celles des Anciens (h) & que la manière d'en jouer eft encore

d'anciens king ont eté mefurés

avec un pied qui n'etoit plus le

mêmeque celui des Anciens &C

c'eft ce quia donné ces tractions.

Les Chinois comme tant d'au-

tres peuples au lieu de prendre

pour ainfi dire, l'efprit des ancien-

nes inflitutions n'en ont pris quela lettre. De quelque meiiire quel'on voulût fe fervir pour les dimen-

fions du king, il falloit comme les

Anciens, prendre pour un des cô-

tés le double ou les deux tiers de

l'autre en un mot, la proportionde la

quinte & de l'oâave. Pro-

portions qui font en même tems la

bafe furlaquelle ils ont elevé le

fyftême muliail ce qui prouvel'uniformité & l'extrême fimpli-cité des principes pofés par les

anciens Chinois.

Peut-être avoient-lls fitivi éga-lement des proportions confonnan-

tes pour les dimenfions d'autres

infrrumens. Nous oibns inviter

l'Auteur de cet EjJ'ai à vérifier

cette conjecture fur les anciens

monumens de la Chine.

Quoi qu'il en foit, il eft bon de

remarquer encore que les dimen-fions de nos deux king font

egale-

ment, de l'un à l'autre dans une

proportion confonnante. Chaquecôté de l'un eft au côté correfpon-dant de l'autre dans le rapport de

3 à 4, qui eft celui de laquarte.

En effet le côté c, d du cheng-kingétant de 6 pouces & le même

côté, dans le foung-king etant de

8 pouces, on a de 6 à 8 le rapport

de laquarte,

ou de 3 à 4. De

même, le côté h, e eft de 9 pou"ces dans l'un & de 1 dans l'au-

tre, ce qui donne encore le rapportde 3 à 4. Enfin dans le premier

des deux king, le côté a & eu 18,

& le côté a c 27 dans l'autre

les deux mêmes côtés font 24 &

36. Or 18 & 14 2.7 & 36 font

egalement des rapports comme de

3 à 4. Ces deux king font donc

tailléspour être à la

quarte l'un

de l'autre. Les harmoniftes trou-

veront encore d'autres rapports

foit entre les divers côtés d'un

même king, foit entre ceux d'un

king à l'autre. Nous nous conten-

terons d'obferver que les dimen-

fions de chacun des king, de

quelque manière qu'on les expri-

me ont toujours pour baie, &

pour nombres radicaux trois ter-

mes de la progreflion triple com-

me 1 3 9 ou 3 9 27 ou tels

autres termes de la même progref-

fion. On voit par-là que les dimen-

fions des anciens king n'ont rien

d'arbitraire, & quelle diftance il

y a entre les principes fimples des

Anciens & les abfurdités les plus

compliquéesdes modernes.

(A) C'eft précifément cet à-peu-

prh quifait qu'elles

ne font pas

les mêmes voyez la note précé-

dente. En matiere de proportions

le moindre à-peu-prèsdétruit tout;

Page 304: Memoires concernant les chinoise 6

E S S A 1

la leur. Nous faifons cette obfervation, parce que les cymba-

les des premiers tems, qu'ils ont confervées, & la manière

dont ils en jouent,, font parfaitement reflemblantes à la pein-

ture qu'en ont faite les- Anciens &c s'accordent très-bien avec

leurs defcriptions.

Il eft certain qu'on a donné plufieurs formes différentes aux

king dans la moyenne antiquité. Les Dynasties des Han des

Soûl, des Tang Se autres, en ajoutèrent de nouvelles. Voyez

les figures 3, 5,6,7,8,9,10,, ci-après..

Il auroit été facile de faire copier un plus grand nombre de

figures mais comme les king qu'elles repréfentent etoient faits

d'après des règles qu'on ne connoît plus, ou peut-être félon la

fantaiiïe des ouvriers qui travailloient ainfi une feule pierre de

yu pour montrer leur habileté, ces figures n'inflruiroient l'Eu-

rope de rien. Ce qui eft. plus curieux à favoir, c'eft qu'on a

fait des tambours, des guitares, & diverfes flûtes de yu. On

a même taillé des pierres deyu.en tchong ou cloche.. Voyez

fig. 4.

Quelques Empereurs, par refpe£t pour le Tien, avoient

ordonné que tous les inftrumens de mufique des grands facrifl-

ces, fuffenr enyz~. L'Empereur régnant a biffé aux inilrumens

leur forme & leur matière telles que les avoient déterminées

les Anciens mais il a plufieurs inilrumens en yu pour fon

appartement. Nous avons vu une cythare ou guitare, de

près de trois pieds, d'un beau yu verd. C'eft affurément une

piece magnifique.

Les pierres fonores font fpécialement & principalement

réfervées pour le king, dont le caractère chinois qui repré-

les king en equerre des modernes,

font, au coup-d'œil à-peu-prèsles mêmes que c.eux des Anciens

.mais les proportions qui doivent

fe trouver d'un côté à un autre &

entre tous les côtés, n'y font pas

même loupconnées.

Page 305: Memoires concernant les chinoise 6

SUR LES PIERRES SONORES.

Llij

fente ce mot, donne dans fon analyfe fon de pierre. Les

Anciens diftinguoienttrois fortes de king: le king-kieou fait

en forme d'equerre & fufpendu par un anneau comme

celui de la figure 2. le pien-king compofé de feize de ces

mêmes equerres de différentes epaiffeurs ( voyez fîg. 1 ) le

ko-king, pour accompagner les voix, qu'on dit avoir eté fait

dans le goût de ceux des figures 7, 8,9, «o. On ne fe fert plus

aujourd'hui,dans la muiique impériale, que des deux pre-

miers. Voici les proportions & dimenfions de ceux qui fervent

dans les grands facrifices au Tien. Nous les avons copiées fur

le Hoang-tchao-R-kl-touliv. 8 imprimé depuis peu au Palais,

par ordrede l'Empereur.

Nous avertirons que le pied chinois eft plus grand d'un cen-

tième que celui de France & que les divifions & foudivifions

font toutes décimales. Le pied fe divife en 10 pouces le pouce

en 10 fen le fen en io ly le ly en 10 hao &c.

La petite branche du king-kieou ouking ifolé fait en

forme d'equerre ng. 2.doit avoir i

pied 4 pouces 5 fin &8

ly de long,fur i pied, 9 fen, 3 ly & 5 hao de large & la grande

branche doit avoir 2 pieds,} pouce, 8 j'ai & 7 (y fur 7

pouces, 2 fen-, & 9 (y de large. L'une & l'autre ont 7 fen &

2. ly d'epaiffeur.

Les feize equerresdu pien-king, fig. 1 font tous faits fur

une même mcfure. Lapetite

branche a 7 pouces, 6 fen 8 ly

de long, fur pouces 1 fen, & 6 ly de large la grande

branche a i pied,1 pouce, 5 fen,

1ly

fur 3 pouces8

fen

& 4 ly de large ( O-

( l ) L'auteur ne parle pas ici de

l'epaifleur ( il a dit plus haut que

tous ces equerresetoient de diffé-

rentes epaijfeurs ) elle eft propor-

tionnée au ton que chaque equerre

doit rendre les plus minces don-

nant les tons graves& les plus

epais les tons aigus. Mais il nous

paroît qu'une pierre trop mince

pour ià grandeur, doit donner un

iongrave

à la vérité niais trop

grêle moins plein& moins fort

Page 306: Memoires concernant les chinoise 6

E S S A 1

Il e# effentiel de favoir à l'égard de ces dimenfions, qu étant

absolument impoffible de déterminer les mêmes pour le nieou-

yeou-clze le che-hiang le yu fi l'on veut avoir un certain fon

déterminé, comme pour le grand king, fur lequel on regle tous

les autres inftmmens il faut néceffairement les fubordonner à

la pierre fonore qu'on a pour avoir le ton qu'on cherche &

pour fuivre un diapafon dans le pien-king. Deux yu par exem-

ple, de la même couleur du même grain, font plus ou moins

compactes plus ou moins durs, plus ou moins métallifés &

vitrifiés l'un que l'autre. Ce n'en: qu'à l'effai qu'on peut favoir

lequel fera le plus fonore & le plus harmonieux. Les variétés

fingularités & phénomenes qu'offre la taille des pierres fono-

res, font dignes de l'attention des Naturaliftes & des Phyfi-

ciens. Une bagatelle, ce femble, gâte un king ou le perfection-

ne un petit trou ajouté, ou celui qui fert à le fufpendre étant

changé de place le rendent beaucoup plus fonore félon l'en-

droit où l'on perce ce trou.

Sous la Dynaflie des Han on avoit préfenté à l'Empereur

unking en yu d'une rare beauté, & très-harmonieux. Les

ornemens en bas-relief qu'on y avoit fculptés ne plurent pas

que le fon aigu d'une pierre plus

epaiffe; de même que de grandes

pierres mais très-epaiffes pourdonner les tons les plus aigus 1

doivent rendre des fons un peufourds moins eclatans & peut-être moins agréables que û la pier-re

etoit plus petite & moins epaiffe.

Voyez dans le Mémoire de M.

Amiot lafigure 13 de la premiere

Partie oitchaque pierre eft d'une

grandeur proportionnée au ton

qu'elle doit rendre. Il eft à croire

qu'un king exécuté d'après ce

modèle aura des tons plus analo-

gues & plus égaux entr'eux quantà la qualité du fon au timbre

pour ainfi dire de chaque equerreen particulier. Il

ya donc une

forte de fatalité pour que les hom-

mes, en voulant s'écarter des infti^

tutions des Anciens ne puiffentrien trouver de mieux que ce queces hommes plus près de la natu.

re, ont établi fur des principes

fimples mais profonds, &déga-

gés de toutes les erreurs qui fe font

accumulées dans le monde avec les

fiecles.

Page 307: Memoires concernant les chinoise 6

SUR LES PIERRES SONORES.

à Sa Majefté elle ordonna de les corriger on le fit & le

king ne rendit plus aucun fon ( k ). Un Lettré muficien fe char-

gea de remédier à cet accident, & y remédia en effet en

diminuant de la longueur & de l'epaiffeur Au yu (/).

Une octave en pierres fonores eft très-difficile à completter:

on y réuffit mieux avec le hiang-che qu'avec leju & le nieou-

y6pz/-c~e j ce qui eft fort naturel, parce qu'on trouve de plus

gros morceaux de hiang-che & que cette pierre fi l'on peut

s'exprimer ainfi eft travaillée plus uniformément par la nature.

Quant à la figure d'equerre il feroit peut-être curieux d'exa-

miner, d'après les proportions que nous avons données quelle

eft la raifon de cette figure & plus curieux encore de faire

quelques recherches touchant la grande queftion des Lettrés

chinois fur la forme la figure & les dimenfions que doit avoir

chaque inftrument en particulier ( m) & fur les proportions

( k ) Si cette expreffion doit s'en-

tendre dans le fens des Chinois

le king n'etoit pas muet pour cela;

feulement il ne rendit plus aucun

fon mufical aucun fon déterminé

par les loix immuables des lu.

Voyez dans le Mémoire de M.

Amiot, l'article premier de la troi-

fieme Partie page 1 57.Dans cette fuppofition fi le ton

.de ce king etoit /« par exemple

le fculpteur ne pouvant corrigerles ornemens, qu'en ôtant de la

matiere (iir l'epaiffeur de la pier-

re, ce king aura baiffé & n'aura

plus donné qu'un fon irrationnel

non mufical plus bas que fa,&C

trop haut pour être au ton de mi

ou de re-diefè. Or le Lettré muficien,

en raccourciffant les branches de

ce king l'a fait remonter h fa. Du

refle fi c'eft ici un fait décrit par

quelque Auteur chinois non raufi-

cien, qui afïiire que le king foit

refté entiérement muet nous yieufcrivons volontiers bien quela chofe nous paroifle un peu diffi-

cile à croire.

(/)Pour Y epaij/eur, nous ferions

portes à n'en pas convenir, puif-

que c'etoit pour avoir diminué de

lepaifleur, en corrigeant les orne-

mens, que le kizg avoit eté gâté.Mais fi le Lettré muficien avoit

trop diminué de la longueur il s

bien fallu diminuer a uffi de Pepaif--

feur7 & par conséquent faire re-

toucher aux ornemens à moins

qu'on ne fuppole qu'il y avoit dans

ce king quelques endroits où un

Lettre muficien & non fculpteur

pût porter la main fans défigurer

l'ouvrage.

(m) Cette grande queftion une

fois réioiue on pourroit examiner

fi les dimenfions de chaque inftru-

Page 308: Memoires concernant les chinoise 6

ESSAI 1

réciproques de tous ces inftrumens foit entr'eux, foit avec la'

voix. Ce n'eftpas tout les Chinois veulent qu'on détermine

par des règles, prifesdans l'ordre de la, nature, combien il

doit y avoir d'inftrumens de chaque efpece pour former un

concert parfait &c.

L'Empereur Yong-lo de la dernière Dynaftie obferve,

dans tes réflexions philofophiques que le king efi de tous

les inftrumens Le plus difficile à accorder avec les autres ce

qui doit s'entendre, fans doute, en ce fens, qu'il faut que tous

les autres infirumens fe mettent à ton ton mais auiîi le king

félon lui, eft admirable pour lier & fondre leurs fons les uns

dans les autres, & il contribue fupérieurement à la beauté d'un

concert. Voilà pourquoi les Anciens comparoient le fage au

king & difoient, en parlant d'une femme vertueufe quelque

mérite au aitune femme

elle n'ojc pas faire réformer le king

c'eft-à-dire donner le ton; par allufion à celui qui jouoit du

king & donnoit le ton à tous les autres Mulîciens pour régler

leurs inftrumens.

La plus belle qualité du yu c'eft d'être invariable & de

donner le même ton dans toutes les faifons qualité qu'on

n'attribue pas même aux autres pierres fonores au lieu dit

Ybng-lo. que le froid & le chaud la féchereffe & l'humidité

font changer néceffairement tous les autres inftrumens même

•ceux de métal. A cette occafion il avance la propofition fingu-

liere quele mime: homme n'a jamais entendu deux fois une

même mufîque & 'parfaitement femblable ni deux hommes la

jnêmyjympko.nie^ny.'La. ràifon qu'il en donne, c'eft que le

ment forment entr'elles des pro-

portions .conformantes comme

celles <les anciens king félon la

oonjeûiire que nous avons propo-

fée.àla note g pag. a.65.

( n) Cette propofition n'a rien

de fingulîer pour les Phyiîclensmais elle peut paroître réellement

finguliere aux Muficiens chinois

accoutumés à entendre parier du

ton fixe & immuable des lu ô£

principalement du hoang-uhoung

Page 309: Memoires concernant les chinoise 6

SUR LES PIERRES SONORES.

tems change, L'air varie, les inflrumens vieiiliiïcnt ••& ne foivt

jamais parfaitementdans un tems ce qu'ils eté d ans .l'autre

& il ajoute que la différence dans la difpofition du corps & des

organes dans la fituation du cœur & de l'eiprit doivent

néceffairement en mettre une entre les impreflions que fait la

mufique & la manière dont elle arrive à l'ame. Pouffant eniuite

fes réflexions plus loin, il obferve que les changemens qu'on

a faits à la mufique, de Dynaftie en Dynaftie & les différen-

ces qu'il y a entre celles des différens peuples, atteftentqu'on

eu. encore dans l'enfance de cet art car dit-il. fi on avoït

trouvé les vraies règles de la mufique tout le monde goûterok

ce qu'on aiiroit fait en les- fnïv cuit &l'on ne

fongeroït plus à

rien changer ( o ). Ce feroit trop nous ecarter de notre fujet

que de fuivre les réflexions de ce grand Prince touchant la

Mufique des premiers âges. LauTantdonc à. part, & laqueition

difficile du degré de perfection où les Anciens avoientporté

leur mufique & les observations curieufes &fingulieres de

cet illuftre Auteur 1°. fur le chant des oifeanxqui plaît tou-

jours lorfque c'eft celui que la nature leur a appris; au lieu que

celui que l'art leur enfeignene plaît qu'à certaines oreilles', &

ne plaît pas long-ternsz°. fur le défaut des plus belles tnufs-

ques, de n^être faites que pourdes. oreilles lavantes &

fur lequel fe règlent tous les autres

fons qui efl: en même tems la bafe

de tout le fyftcme muficai & le

fondement des inilitutions civiles

qui concernentles poids & les

meiures. Voyez le mot hoang-

tchoung dans la table des matier-

res, p-'ge 246 de ce volume.

(0) Les regles de la mufique

1-ont trouvées mais la difficulté eil

de trouver des hommes 'qui veuil-

lent les etudier & s'attacher ai les

comprendre. Ceux-là ne longeront

certainement pas à y rien changer,.

Parcourez les Auteurs Chinois

Grecs Européens qui ont voulu

faire des changemens à laMufique.

vous trouverez que c'eft toujours

l'ignorance de quelque principe

qui a été. la fource & î'occafion de

ce changement. Aujourd'hui mê<-

me, dans notre Europe les divers

fyftûmes fur la Mufique ne iè mul-

tiplient tant, que parce que l'étude

des principes n'a jamais etc fi né-

gligée,

Page 310: Memoires concernant les chinoise 6

ESSAI l

d'ennuyer les autres 30. fur la difficulté de faire unemufique

qui foit egalement agréable à tous les âges, tous les fexes

tous les génies & tous les caractères 40. fur les différentes

mufiques qu'avoientles Anciens félon les faifons les céré-

monies, les fêtes & les circônilances 50. fur ce qu'unemufi-

que, pour êcre complette, doit être compoféedes huit fortes

de corps fonores, le métal la pierre la foie &c. laiffant à

parttous ces objets nous nous bornerons à faire remarquer

qu'en rapprochant ce qui eft dit fur laMufique

dans les

king & autres anciens livres de Chine on expliqueroit aifé-

ment ce qui paroît y etonner le plus, fi on vouloit faire atten-

tion que la Mufique etoit, dans l'antiquité, comme l'ame des

cérémonies religieufes & la dépofitaire des enfeignemens de

la Religion.

L'on jouoit du king en le frappant & en le touchant légére-

ment avec un morceau d'un bois dur & c'eft encore la ma-

niere d'en jouer aujourd'hui. Le maillet dont on fe fert a un

côté plus gros, & un autre plus pointu. L'habileté du joueur

confifte proportionner les coups aux fons qu'il veut tirer du

king. Les Chinois prétendent que c'efi celui de tous les inftru-

mens qui fe marie le mieux avec la voix de l'homme (/? ) j auffi

les Anciens comme nous l'avons remarqué avoient des king

Singulièrement deftinés à accompagner la voix. On fe fert

aujourd'hui d'un petit king-kieou dans les fêtes du Palais ( q ).

(/>) Si le king fe marie mieux

avec la voix de l'homme que les

autres inftrumens ce n'elt pastant à caufe de la qualité du fon

qui eu presque le même que celui

du métal, que par rapport à fon

diapafon au ton fur lequelil eft

monté qui eft en effet celui des

voix de taille & c'eft du king or-

dinaire que nous voulons parler, 3

& auquel nous croyons que le

texte le rapporte. Les flûtes fiaodes Chinois font certainement

ainfi que nos flûtes plus analoguesà la voix humaine mais le diapa-fon de ces inifirumens répond aux

voix de diffus qui font celles des

femmes & des enfans.

( q ) Nous préfumons qu'il s'agitici d'un king de feize pierres,

d'un

Comme

Page 311: Memoires concernant les chinoise 6

SUR LES PIERRES SONORES.

Tome FI. Mm

Comme nous ne l'avons pas entendu, nous ne pouvons en rien

dire (/-).

Les Anciens onc décoré le king des epithetes de célejle de

pur, d'immuable de fpirituel,de lien des cceurs. Le grand yu,

dit le Philofophe Yo-tfée dirigeoit les peuples par la douce

harmonie du king, je ni en fers moi, pour diffiper meschagrins

recueillir mon efprit & apprendre à etudier mesparoles. Il eft

dit dans le Lun-yu chap. 14 que Confucius jouant du king

un bonpayfan qui paffoit devant fa porte, s'arrêta pour l'en-

tendre, & s'écria O que celui qui joue ainji a tante occupée

de grandes chofes Selon le Li-ki le fon harmonieux du king

invite le fage à réfléchir fur la fin de fon être lorfqiiil l'entend

il penfeà la mort & Je fortifie

dans £ amour de fon devoir. Mais

king afforti & non du king ifolédont l'Auteur parle à la page 167.Une feule pierre ne pourroit fer-

vir qu'à foutenir le ton fondamen-

tal fur lequel on chante, & à réglerla mefure ce qui néanmoins fup-

pofe toujours un certain nombre

de Klng-kieou. Voyez dans le Mé-

moire de M. Amiot la note g

page 41 & le texte auquel fe rap-

porte cette note.

( r) Si, fans avoir entendu ce

king, l'Auteur de cet Effai l'avoit

vu & qu'il nous eût dit de com-

bien il eu plus petit que ceux des

Anciens on pourroit en conclure

d'après ce que nous avons obfervé

à la note p ou que cet infini-

ment fert à accompagner des voix

aiguësou

que comme il y a eu

des tems où l'on a employé tan-

tôt des voix de femmes, tantôt des

voix d'Eunuques dans la mufiquedes Impératrices ce petit king eft

peut-être encore un relie de ceux

qui font employés dans cette mufi-

que oubienencore, que les Chinois

modernes, qui ont altéré la forme, “

les dimenfions & les proportionsde la plupart de leurs inftrumens

peuvent bien, dans ces altérations,

n'avoir eu aucun égard au diapa-fon du king relativement la voix

de l'homme, &C ne plus fe faire au-

jourd'hui une difficulté d'accom-

pagner des groffes voix avec de

petits king, ou des voix grêles &C

aiguës avec de gros king. Heureux

encore fi, continuant d'être rigidesfur l'admiflion des Européens dans

leur empire ils ne tombent pasà leur exemple dans le traversde ne vouloir que de ces fons

aigus & décharnés, pris hors de la

portée de chaque genre de voix &

de chaque forte d'inftrument effet

que ce petit king pourroit bien

produire un jour dans leur manière

de chanter, fans le fccours desEuropéens.

Page 312: Memoires concernant les chinoise 6

ESSAI, &c.

ces parolesdu Li?ki font allufion au

grand king de yu dont

on jouoit dans les facrifices folemnels au Tien; ainfi l'on ne

doit pas être, farpris fi le fon de cet inftrument rappelloit au

fage des idées de religion & il faut obferver que le grand

kingde yu etoit tellement réfervé pour les facrifices folemnels,

qu'on n'en jouoit qu'alors, & que même il ne fortoit pas de

l'enceinte du Lien-tan ufage qui date de la plus haute anti-

quité, qui a été facré fous toutes les Dynafties & qui fubfïfte

encore aujourd'hui, & s'etend à tous les autres inilrumens.

Ceux qui font deflinés pour les grandes cérémonies de la Reli-

gion, font les plus beaux, les plus richement ornés, & les

plus parfaits. Les Chinois regarderoient comme une profana-

tion de s'en fervir ailleurs, ou même d'enemployer de fem-

blables dans les ufages civils. La loi a parlé elle a mis une

différence entre' les inftrumens des grandes cérémonies de la

Religion,& ceux des cérémonies aux Ancêtres des cérémo-

nies de l'Empire, & des cérémonies du Palais; elle a déterminé

qu'ils feroient tous plus petits & moins précieux que les autres.

On peut voir à ce fujet le hoei-tien article du Li-pou & le

hoei-tchao yo-kitou, liv. 8 où fon en diftingue jufqu'à douze

grandeurs différentes.

Page 313: Memoires concernant les chinoise 6

2 a

J fcr/c.i y\\)/ion\r

Alrmoi/vs .ru/- /r,r C '(?/,r.

Ton,. 11 ri xxxi

1 {_ )

1, 1

P,ic?r 2-4..

Page 314: Memoires concernant les chinoise 6

.<-yii~

j\fcmoin\r xvur A\r C/umn.r. Hwe-2-4--

T.mi ri p/ sxxn «/«/?]\erres < ïo/it>e,r.

Page 315: Memoires concernant les chinoise 6

Mm ij

O BSERVATIONS

SUR le Livre de M. P* intitulé: Recherches pkilofophiqu.es

fur les Egyptiens & les Chinois.

I E Livre intitulé Recherches philo fophiques fur les

Egyptiens & les Chinois, eft enfin parvenu jufqu'à moi, après

deux ans de retard. Je l'ai lu d'un bout à l'autre avec l'atten-

tion la plus férieufe & je fuis en ecat de l'apprécier, du moins

quant à ce qui concerne la Chine.

Cet ouvrage écrit avec beaucoup de légèreté & con-

traire, du commencement à la fin aux idées communément

reçues a dû plaire dans vos climats à un certain ordre de

leâeurs mais je fuis perfuadé que les favans & tous ceux qui

aiment l'impartialité l'auront rangé dans la claffe qui lui

convient en le plaçant parmi les produirions d'une imagina-

tion hardie dont l'objet eft de faire valoir des paradoxes aux

dépens de la vérité.

L'Auteur, pour avoir voulu trop prouver n'a rien prouvé

du tout. Il a pris les abus pour les loix, les crimes de quelques

particuliers pour les mœurs nationales les affertions témérai-

res de quelques voyageurs peu inftruits pour des vérités incon-

testables & pour le dire plus fimplement mais avec plus

de vérité & non moins d'énergie il a parlé des Chinois fans

les connoître il n'en a parlé que d'après les préjugés les

moins fondés & les plus injuftes il ne les a envifagés que du

EXTRAIT d'une Lettre de M. AM10T,à

M* du 2.8 Septembre iyj7.

Page 316: Memoires concernant les chinoise 6

O B S E R V A T I O N S.

mauvais côté & en les envifageant il a affefté de ne fe pla-

cer que dans un faux point de vue.

Dire que les Chinois font un peuple barbare groffier

ignorant, fans génie fans loix, fans fciences fans arts ni

înduftrie qu'ils defcendent des Scythes & qu'ils n'ont été

civilifés que dans le douzieme fiecle par les Tartares Mongoux,

qui conquirent leur pays, & fonderent la Dynaftie dite des

Yuen eft une propofition auffi abfurde que celle qui diroit

que les François font naturellement ftupides pefans durs &

cruels qu'ils defcendent en droite ligne des Hurons, & que

ce n'efl: que depuis que ces Américains les ont un peu décraf-

fés, dans la fréquentation qu'ils ont eue avec quelques-uns

d'entr'eux du côté de Québec que leurs mœurs fe font un

peu adoucies & qu'ils ont commencé à cultiver les fciences

& les arts qu'on voit briller aujourd'hui avec tant d'éclat en

France.

Affurer, comme l'Auteur des Recherches ofe le faire que

tous les Millionnaires qui ont écrit fur la Chine ont été des

enthoufiaftes ou des impofteurs dont les favans d'Europe

ont été les dupes pendant deux fiecles, c'eft calomnier en pure

perte.

Les Miffionnaires dira tout homme equitable tout Phi-

lofophe même de la claffe de l'Auteur des Recherches les

Miffionnaires font les feuls qui ont pu nous donner des notions

fûres des pays lointains qu'ils ont arrofés de leur fueur & qui

ont été le théâtre de leurs travaux parce que les ayant par-

courus dans toute leur etendue ils ont eu l'occafion & le

loifir de les examiner; parce qu'en ayant fréquenté les habi-

tans, & ayant vécu grand nombre d'années avec eux ils ont

été à même de connoître tout ce qu'ils ont de bon & de mau-

vais parce qu'ayant appris leurs langues ayant lu leurs

livres, ayant pratiqué leurs ufages, ayant eté fournis à leurs

Page 317: Memoires concernant les chinoise 6

OBSERVATIONS.

loix ayant combattu leurs erreurs ce tachi: de lescorriger

dé leurs vices, il n'eft pas poffible qu'ils ne fe foientpas formé

une idée à-peu-près exa£te de leurReligion,

de leurs moeurs

de leur manière de vivre, de la forme de leurgouvernement

de leur induftrie de leurs fciences & de leurs arts & s'il leur

eft arrivé de n'être pas de même avis fur bien des articles de

fe contredire fur d'autres, & de ne parler que fuperficielle-

ment ou d'une manière peu exacte de laplupart cela prouve

tout au moins qu'ils ne fe font pas accordés pour tromper le

Monde. Il faut attribuer leurs erreurs, leurs- exagérations &

leur peu d'exactitude au défaut de lumières, plutôt qu'au

manquede bonne-foi. Chaque particulier a dit ce qu'il voyoit,

ce qu'il croyoit & l'a repréfenté comme il le voyoit & com-

me il le croyoit.

L'Auteur des Recherches fait très-bien qu'iln'eft

pas donné

à tout le monde de voir les objets tels qu'ilsfont. Il fait que le

grand nombre a la vue trop foible. pourne pas employer le

fecours du verre quandil

s'agitde les diftinguer.. Malheureu-

fement pour lui & pour ceux encore que fesRecherches pour-

ront féduire le verre dont il s'eft fervi lui a fait illufion fur

tout. S'il eût vu à œil nu & examiné en véritable Philofo-

phe, ce que ces Millionnaires, qu'il méprifefi fort, &

qu'il

décrie avec tant d'affunmee & fipeu de raifon, ont ecrit en.

différeras tems fur la Chine, il fe fût mieux initruitqu'il ne paroit

l'être.

Population de l'Empire Chinois.

Je n'aipu lire fans une furprife extrême dans le premier

Tome de les Recherches pag..84, que l'Auteur regarde

comme un calcul exagéré celui qui donne à la Chine quatre-

vingt-deux millions d'habitans,. tandis qu'elle en a au moins

deux cens millions. à l'heure que j'écris. Comme ce poiut n'aa

Page 318: Memoires concernant les chinoise 6

O B.SE R.V A T I O N S.

eté traité jufqu'ici que fuperficicllement ou d'une maniere

obfcure je ne crains pas de fatiguer le Lecleur en entrant

dans un affez grand détail, -pour ne lui laiffer rien à defirer

fur un objet qui mérite par lui-même d'être connu, & qui eft

toujoursintéreflant pour un homme d'Etat. Je tirerai ce

que

je vais dire d'un livre authentique, fait par les ordres & fous

les auf&icesde l'Emperew:- ICien-tong, fk: donné au public la

huitième année de fon régne en plus de cent tomes renfer-

més fous vingt-quatretao ou enveloppes. Cet

ouvrage portele titre de Tai-tfing y-toung-tché comme qui diroit en fran-

çoisIndication de ce qu'il y a d'effentiel à /avoir fur la Chine,

fous l'Empiredes Tai-tfing. Il eft à la

Bibliothèque du Roi, &

M.- dé Guignes pourra le confronter pour s'affurer de ma

fidélité à ne rien rapporter que d'après lesoriginaux.

On ne trouve dans XY-toung-tchi que le nombre des contri-

buables de chaque province; mais connoiffant ce nombre, »

on peut connoître à-peu-près celui de tous les individus qui

composentla nation. •.

Nombre des contribuables dans les différentes provinces de

C Empirela huitième année du règne de

Kien-long.

Dans la provincedu Pê-.tchè-ly ou fimplement dans le Tché-ly,

la ville àe.Pe-king non cômprife 3,340,553,

Dans la province du Chan-tong 2,431,936.

Dans la provincedu Koan-toung 47,124,

Dans le Kiang-nan, qui forme aujourd'hui deux

provinces; favoir, les provinces deKiang-fou

& de Ngan-hoei

Dans le Kiang J'ou 2.~7,707.

Dans le Ngan-hoei 2,435, 5 ô'fj.

Dans le Ho-nan2,5 27,4 j6"i

Dans le Çhan-fi 1,793,895.

Page 319: Memoires concernant les chinoise 6

OBSERVATIONS.

Dans le Tchê-kiang 3,124,798.

Dans le Chen-Jî 2,151,549,

Dans le Ran-foii y compris les familles chinoifes

qui font etablies hors de la grande muraille 708,258.

Dans le Kiang-Ji, y compris quelques monta-

gnards, & quelques marchands venus d'ailleurs

depuis un certain nombre d'années & etablis

pour toujours dans le pays 1,336,270.

Dans le Koang-toung c'eft ce que nous appelions

communément la province de Canton 1,201,320,

Dans leKoang-jî •: -. 228,690.

Dans le Hou-koang divifé enHou-pe & Hou-

nan c'eft-à-dire dans les parties au Nor,d &

au Sud du lac 852,970.

Dans le Yun-nan •• 237,965.

Dans le K ouei-tcheou 51,089.

Dans le See-tchouen 3,036,342.

En additionnant toutes ces fommes on trouvepour le nombre

total des contribuables fi j'ai bien compté vingt-huit millions,

cinq cens feize mille quatre cens quatre-vingt-huit.

Je priele Lecteur de vouloir bien remarquer, que par le

mot de contribuables que le code politique des Chinois expri-

me par celui de.jin-ting

on n'entend, que les chefs des

familles. Quand il s'agit de;déilgner le nombre des individus

on emploie le terme de bouche, & l'on dit; par exemple,il y

a tant de bouches dans cette famille, dans ce hameau, dans

ce village &c. Qu'il y ait dix bouches dans une famille, qu'il

n'y en ait que cinq, qu'il n'y en ait que deux, le nom du chef

efl le feul qui foit infcrit', parce que c'eft le chef feul qui eft

afhgné pour la contribution. Les femmes les enfans & les

doineftiqucs ne font point comptésà plus forte raifon les

Page 320: Memoires concernant les chinoise 6

OBSERVATIONS.

eté traité jutquici que fuperficiellement ou d'une manière

obfcure je ne crains pas de fatiguer le Lecteur en entrant

dans un aiTez grand détail, pour ne lui laiffer rien à defirer

fur un objet qui mérite par lui-même d'être connu & qui ell

toujoursintéreffant pour un homme d'Etat. Je tirerai ce que

je vais dire d'un livre authentique fait par les ordres & fous

les aufpicesde l'Empereur Kien-long, & donné au

public la

huitième année de fon règne en plus de cent tomes renfer-

més fous vingt-quatretao ou enveloppes. Cet

ouvrage porte

le titre de Tai-tfing y-toung-tché comne qui diroit en fran-

çois Indication de ce qu'il y a d'ejfennel à /avoir Jur la Chine

fous l'Empiredes Tai-tfing. Il eft à la

Bibliothèquedu Roi, &

M. de Guignes pourrale confronter pour s'affures de ma

fidélité à ne rien rapporter que d'après les originaux.

On ne trouve dans X Y-toung-tché que le nombre des contri-

buables de chaque province mais connoiffant ce nombre 9

on peutconnoître à-peu-près

celui de tous les individusqui

compofentla nation.

Nombre des contribuables dans lesdifférentes provinces de

F Empirela huitième année du

règne deKien-long.

Dans la provincedu Pê-tché-ly ou fimplementdaiis le

Tché-lyf

la ville de Pe-king non comprife .3,340,553,,

Dans la provincedu Chan-toiz~ ~1,

Dans la provincedu Koan-toung 47,124,

Dans le Kiang-nan, qui forme aujourd'hui deux

provinces lavoir lesprovinces

deKiang-fou

& de Ngan-hod

Dans le Kian~ fou 2~i/o7.

Dans le Ngan-hoei 2,435,566.

Dans le Ho-nan 2,5 2.7,45^

Dans le Chati-fi 1,793,895.

Page 321: Memoires concernant les chinoise 6

OBSERVATIONS.

Dans le Tchê-kiang 3,124,798.

Dans le Chen-fi 2,252,549.

Dans le K an-fou y compris les familles chinoifes

qui font établies hors de la grande muraille 708,2*58.

Dans le Kiang-fi, y compris quelques moi/a-

gnards, & quelques marchands venus d'ailleurs

depuis un certain nombre d'années & établis

pour toujours dans le pays 1,336,2700

Dans le Koang-toung, c'eft ceque nous appelions

communément la province de Canton i_, 20 1,3 10.

Dans le Koang^fi .' 2Z8J690.

Dans le Ilsu-hoang divifé en Hou-pe & Hou-

nan c'eft-à-dire dans les parties au Nord &

au Sud du lac 852,970.

Dans le Yun-nan237,965»

Dans le Kouel-tcheou 51,089.

Dans le See-tchouen 3,036,342,

En additionnant toutes ces fommes on trouvepour le nombre

total des contribuables, fi j'ai bien compté vingt-huit millions

cinq cens feize mille quatre cens quatre-vingt-huit.

Je prie le Lefteur de vouloir bien remarquer, que par le

mot de contribuables que le code politique des Chinois expri-

me par celui de .jm-ting on n'entend que les chefs des

familles. Quand il s'agit de déngner le nombre des individus

on emploie le terme de bouche & l'on dit par exempleil y

a tant de bouches dans cette famille, dans ce hameau, dans

ce village &c. Qu'il y ait dix bouches dans une famille qu'il

n'y en ait que cinq, qu'il n'y enait que deux le nom du chef

ell le feul qui foit inferit parce que c'eft le chef ieul qui eit

affigaé pour la contribution. Les femmes les enfans ik les

domeftiques ne font point comptés, à plus forte raiibn, les

Page 322: Memoires concernant les chinoise 6

OBSERVATIONS.

cfclaves. Les Chinois ne croient pas s'ccarter du vrai, en

affignant pour chaque famille le nombre. de fix bouches par

la raifon difent-ils, que s'il le trouve quelques familles où il y

ait moins de fix bouches il s'en trouve d'autresqui en ont

beaucoup plus. D'ailleurs l'expérience plusieurs fois réitérée

par les Mandarins tant dans les grandes que dans les petites

villes les a toujours convaincus que c'ell à cette évaluation

qu'il falloit s'en tenir. Cependant pour prendre un milieu

entre notre manière d'évaluer le nombre des individus qui

compofent une famille & celle que je viens d'indiquer je ne

fuppo/e que cinq bouches dans chaque famille chinoife. Mul-

tipliant donc par cinq le nombre des jin-ting ou des chefs

de familles que le Tribunal des fubfides accula à l'Empereur

la huitième aimée de ton règne, c'eft-à-dire l'an 1743 nous

aurons pour le total des bouches qui compofent les familles

contribuables cent quarante-deux millions cinq cens quatre-

vingt-deux mille quatre cens quarante.

Je n'exagérerois certainement pas en difant que ce nombre

n'eft tout au plus que la moitié de celui qui comprend tous

les habitans de la Chine & on en conviendra peut-être avec

moi û l'on veut bien donner encore un moment d'attention à

l'ennuyeux détail dans lequel je fuis obligé d'entrer pour le

prouver.

Parmi les contribuables on ne compte point les Mandarins

& ces Mandarins dans une auffi. grande etendue de pays

que celle qui eft comprife dans ce qu'on nomme la Chine s

doivent être & font en effet en très-grand nombre. Je ne nom-

merai que les principaux, c'eft-à-dire ceux qui tiennent un

rang dans l'Etat & qui ont fous eux une foule de fubalternes,

qui comme eux, jouiffent du privilege de l'exemption. Ces

principaux Mandarins font les Gouverneurs-généraux des pro-

vinces, dont onze ont le titre de 7/o/MK c~ quinze celui

de

Page 323: Memoires concernant les chinoise 6

OBSERVATIONS.

Tome VI. Nn

deHiun-fou ( que nos Européens appellent Vice-rois je ne

laistrop pourquoi ).

Après lesTfong-tou & les Hlun-fou font les

Pou-tc/ienq-

Jee ouTréforiers-généraux au nombre de dix-neuf. Viennent

enfnite les dix-huit Ngan-tcha-fee ouLieuteruns-généraux du

Tribunal des crimes; les dix-fept Hio-yuen ou Infpe&eurs-

juges de ce qui concerne les Lettrés, comme Lettrés les

quatre-vingt-treize Tao, ou CommiiTaires ambulans pour veil-

ler fur la conduite des Gouverneurs particuliers des villes &c.

Tous cesgrands Mandarins ont fous eux des Mandarins de

différais titres, qui font comme leurs affeffeurs ou confeillers,

&qui les aident dans l'adminiitration des affaires de leurs ref-

forts refpeclrifs. Je n'entreprendrai pas d'expliquer en quoi

confifte la jurifdi&ion particuliere de chacun de ces Officiers

ce n'eftpas ici mon objet. Je dois feulement en faire connoître

le nombre.

LesP ou-tcheng-fee ou Tréforiers-généraux ont fous eux

vingt-trois Mandarins les Ngan-tcha-feeou Lieutenans-géné-

raux du Tribunal des crimes ont quatorzeaffeffeurs pour les

affaires générales dix-huit pour viiiter lespriions

& vingt-

fept pour faire les informations juridiques. Les T.ao ou Com-

mifTaires arnbulans ont onze Mandarins qui doivent leur ren-

dre compte de l'état où fe trouvent les magasins publics qu'ils

doivent viiiter.

Après tous ces Officiers qui ont une infpeérion générale

fur toutes les provinces de l'Empire viennent les Gouverneurs

des villes dupremier fécond &: troisième ordre. Les Gouverneurs

des villes du premier ordre, le nomment Tché-jou & font au

nombre de, cent foixante-dix-neuf. lis ont fous eux deux cens

quatre Mandarins, du titre deToung-tché

cent foixante-

ieize du titre de Toung-pan deux cens vingtdu titre de King-

(y, fbixaate-treize du titre de See-yu pouravoir loin des

Page 324: Memoires concernant les chinoise 6

OBSERVATIONS.

prifons, & veiller-fur ce qui concerne les prifonniers, dix

Choui-ta-chepour

veiller fur les Douanes générales du diftricl: 9

douze Faii-choui-ta-che pour veiller fur les Douanes particu-

lieres de la ville cinq Tfang-ta-che pour veiller fur les greniers

publics, ck cent quatre-vingt-fix Kiao-chcou pour veiller fur les

ecoles.

Les Gouverneurs des villes du fécond ordre s'appellent

Tche-tclzeou, ils font au nombre de deux cens onze, lefquels

ont fous euxfoixante-quatre Tcheou-toung quatre-vingt-dix

Tcheou-pan deux censvingt-quatre Ly-mou quatre Kou-ta-

cnepour veiller fur les magafins publics, quatre Chouita-ché

pour veiller fur les Douanes quatre Tche-ly-ting & deux

censdix-fept du titre de Hio-tcheng pour veiller fur les ecoles.

Les Gouverneurs des villes du troifieme ordre s'appellent

Tché-hïen ils font au nombre de douze cens quatre-vingt-dix-

neuf, lefquels ont fous eux quatre cens dix-huit Hien-tcheng g

onze cens Kiaoyu, quinze cens vingt Hiun-tao cent huit

Tchou-pou ces trois derniers ordres de Mandarins n'ont rap-

port qu'aux écoles & aux Lettrés. Neuf cens foixante Hiun-

kien pour veiller fur les villages, douze cens quatre-\ ingt-

dix-fept Tien-che fept Choui-ta-ché pour veiller fur les doua-

nes de la ville, huit Tfang-ta-che pour veiller fur les greniers

publics, cinquante-cinq Y-tcheng pour veiller fur les portes

quarante-quatre Tcha-koan pourveiller fur les eclufes.

Si on additionne ces différens nombres on trouvera fi jene me

trompe que 8965 eft le total des Mandarins nommés

par l'Empereur pour i'adminifiration des affaires dans les diffé-

rentes provinces car pour ce qui eft des Mandarins fubalter-

nés qui font à la nomination des grands Mandarins, il n'en eft

point parlé dans TAlmanach politique; il faut cependant les

mettre en ligne de compte, ainfi que les autres moindres Offi-

ciers qui font employés fous etix parce que les uns & les

Page 325: Memoires concernant les chinoise 6

OBSERVATIONS.

i n ij

autres ne fontpoint compris dans lenumération qu'on a faite

des contribuables. En fuppofant leur nombre dix fois plus grand

que celui de leurs fupérieurs on le fuppoferale moindre qu'il

foit poffible. Il fera donc de 89650 qu'i' faut ajouter au

nombre précédent 8965 & l'on aura pour le nombre total

des Mandarins tant grands que petits, qui font répandus dans

les différentes provinces de l'Empire 9861 5. Mais comme tous

ces hommes font cenfés avoir famille, & que nous avons éva-

lué à cinq le nombre des bouchesqui compofent

une famille

nous aurons 493075 bouches qu'il faudra ajouter à celles dont

nous avons déjà fixé le nombre à 142582440 ce qui nous

donnera 143075515.

Les Lettrés font ici une partie de la nation & la partie de

la nationqui éclaire les autres fur ce qu'il leur importe de favoir, :>

qui lesdirige dans ce qu'elles doivent faire qui jouit de toutes

lesprérogatives de la primauté & qui depuis les H an c'eft-

à-dire, depuis environ deux mille ans qu'elle tient constamment

le premier rang dans l'Empire, lui a toujours fourni des Maî-

tres pour l'inilruôion des Miniftres pour l'adminritration des

affaires & le gouvernement de l'Etat & des Magiftrats pour

juger les peuples & les contenir dans les bornes du devoir.

En un mot, les Lettrés font à la Chine cette partie de la nation

qui eft comme l'ame des autres puifque c'eil d'elle & uni-

quement d'elle que les autres reçoivent leur exiftence morale “

& tout leur être politique & civil. Les Lettrés doivent donc

être en très-grand nombre dans un Etat où tout les favorife, oit

tout contribue à les multiplier. Si cette conféquence ne fuit pas

néceflairement des prémices elle eft au moins prouvée démonf-

trativement parle fait. On en conviendra dans le moment.

Comme les Lettres font ici la feule voie qui conduife aux

honneurs, il faut de toute néceffité que tous ceux qui préten-

dent à ces honneurs cultivent les Lettres il faut qu'il conite

Page 326: Memoires concernant les chinoise 6

OBSERVATIONS.

qu'ils les aient cultivées avec quelque fuccès pour qu'ils pnif-

fent obtenir les emplois civils. C'eft à quoi le gouvernement

a pourvu avec fageffe en fixant danschaque

ville du pre-

mier fecond & troilleme ordre, le nombre des Lettrés qui

doivent être promus juridiquement au premier gradede la

littérature qui eft celui de Sleou-tfai & qui revient à ce

qu'on appelle Bachelier dans nos Univerfités. ToutTfieou-tfai

eit cenfé noble, & n'eïr. point infcrit parmi les contribuables.

Il faut cependant en t'avoir à-peu-près le nombre quand on

veut evaluer celui de tous les habitans. Je pourrois remplir

plusieurs feuilles & même un volume entier- des feuls noms

des villes qui doivent fournir chaque année leur nombre fixe

de gradues fi je tranfcrivois l'Almanach politique qu'on impri-

me iciquatre fois par an. Je vous en envoie un exemplaire en

preuve de ce que j'avance. M. deGuignes pourra

vous expli-

quer le furplus de ce que je ne faurois dire ici; car je ne fini-

roispoint fi je voulois tout dire. Je me contente d'additionner

entr'eux les nombres des Sieou-tfai que doivent fournir les

différentes villes d'une même province & de mettre te total

fous le nom de la province même.

Noms desprovinces. Nombre des Sieou-tfai.

7~y 2496.

Ktarzp-àzt 1410.

A~2-~oe~ 1285.

Kiang-jî 135 <5^

Tche-kiang 1877.

Fou-kicn 11 66.

7~ I i O

Hou-nan11 84.

Ho-nan1669.

Chan-tong “ 1867.

15412,

Page 327: Memoires concernant les chinoise 6

OBSERVATIONS.

Noms des provinces.Nombre des Sieou-tfai.

De l'autre part 154 t 2.

C/~a/z-/? · 1~9'

1 1127.

T~K° 938.

~e-C/:OM<?/: 1446.

~0(ï/M~ ( Canton ) i 343·

xoan~ f 97~

Yun-nan 11~9'

xonei-tclzeozi ~04.

TOTAL 2470).

Ily

a donc à la Chine vingt-quatre mille fept cent un habi-

tans quel'on introduit chaque année dans la carriere de la

littérature ce qui fuppofe le nombre de ceux qui la courent

habituellement au moins vingt fois plus grand. A ce compte

il y a conftamment a la Chine 494010 Lettrés qui ont reçu

des grades & qui par conféquent ne font point inferits parmi

les contribuables. Ces Lettrés ont famille & nous avonsfup-

pofé que chaque famille etoit compofée decinq bouches

comme on parleici. Multiplions le nombre trouvé des Lettrés

par cinq, & nous aurons pour celui des bouches 2470100.

Ces deux millionsquatre

cens ïoixante-dix mille cent bouches,

ajoutées aux 1430755 15 due nous avions déjà trouvées,

nous donneront 145545615. Je prie le Lefteur de vouloir

bien obfcrver que toutes mes évaluations quand ils'agit de

fixer un nombre font toujours en moins car à en croire les

Chinois, même les plus iniiruits je veux dire ceux qui entrent

pour quelque choie dans le gouvernement de l'Etat ily a

plus d'un million de Lettrés gradués qui (ont diipcrfés dans

la vafte etendue de leur Lmpire. Ce font ces Le.:rc.s qui enici-

Page 328: Memoires concernant les chinoise 6

OBSERVATIONS.

gnent la jeuneffe dans toutes les villes & dans un très-grand

nombre de villages. Ce font ces Lettrés encore qui font Secré-

taires des Princes, des Grands, des Magiftrats & des Man-

darins des différens ordres, &c., &c.

Après les Lettrés viennent les gens de guerre qui font au

nombre des exempts, & qui par conféquent ne font point infcrïts

parmi les contribuables. Il ne m'a pas été aifé de m'inflruire fur

cet article parce que pour des raifons qu'on devine fans

doute je n'ai pas ofé m'adreffer à quelqu'un des Tribunaux

qui en tiennent regiflre. Mais en procédant comme je l'ai

fait, pour les Lettrés, je puis trouver un à-peu-près qui fuffira

pour ce que je me propofe. Je tire ce que je vais dire de l'Al-

manach militaire qu'on imprime pareillement quatre fois par

an, & qu'on ajoute à l'Almanach politique pour le civil; jevous l'envoie. On trouve dans cet Almanach les noms les

titres & la réfidence de tous les Officiers de la milice chinoife

ainfi que leur nombre connoiflant ce nombre on peut en

conclure celui des foldats.

Officiers qui commandent toutes les troupes d'uneprovince,

fous le nom de Ty-tou 19.

Officiers de différens titres qui font fournis aux Ty-tou

& qui commandent les troupes dans les différentes

villes de chaque province.

Officiers du titre de Tfoung-ping 6j.

de Fou-tjiang 118.

de Tfan-tjîang 163.

de Yeou-ki 374.

de Cheou-pei 828.

de Tou-fee 420,de

TJïen-tfoung 16 17.

dePa-tfoung

»3459.

7063.

Page 329: Memoires concernant les chinoise 6

OBSERVATIONS.

Outre ces Officiers qui font de réfidence dans les villes du

premier fécond & troifieme ordre il y en a encore dans les

villes du titre de Ouei qui font murées mais non fortifiées.

Dans ces différentes villes il y a des Officiers du titre de

Cheou-pei 5 2.

Du titre deTfien-tfoung ..250.

Du titre de Cheou-pei pour la garde des portes, encore 5 2.

En additionnant tous ces nombres, on a pour total des

Officiers nommés par l'Empereur pour commander la milice

chinoise à laquelle les Mantchoux ont bien voulu confier la

garde des villes de leur Empire .7417.

Il faut remarquer que chacun de ces Officiers outre les

foldats qui" font immédiatement fous fcs ordres a encore une

foule d'autres hommes qui compofentce

qu'on appelle fou

Ya-men c'eft-à-dire fon Bureau que dans chacun de ces

Ya-men il y a des bas Officiers pour tranfmettre & faire exé-

cuter les ordres des Secrétaires &: des Scribes pour tenir

regiftre de tout & des gensde fervice pour être

employés

fuivant le befoin. Le nombre de ces hommes eft à celui des

Officiers dont ilscomposent

le Bureau, au moins comme dix

eft à un ajoutantun zero après le nombre des Officiers nous

aurons 74170.

Il faut remarquer encore quedans l'Almanach militaire il

n'eit point fait mention de ces Officiers fubalternes que l'on

appelle ici du nom de Ouai-outl ( & qu'on peut comparer fi

je ne me trompe à nos Lieutenant ) parce que ces Quai-

ouei ne font pas tous nommés par l'Empereur & que le nom-

bre n'en eftpoint

fixe Les Ty-ton élèvent à ce premier grade

militaire ceux des foldats qu'Us veulent récompenfer quand

ils ont fait quelque belle action ou quand ils les ont trouvés

Page 330: Memoires concernant les chinoise 6

OBSERVATIONS

constamment exacts à remplir leurs devoirs. C'efl une porte

qu'ils leur ouvrent pour les faire entrer par la fuite dans l'exer-

cice des plus grands emplois. Le nombre de ces Officiers ne

ni'etant point connu, non plus que celui des foldats qui font

de garnifon dans les villes, & de ces autres foldats qui d'un

bout de l'Empire à l'autre, font placés à quelque diftance les

uns des autres fur toutes les grandes routes tant pour la

fureté des voyageurs que pour donner dans l'occaiion des

fignaux par le moyendu feu je les compterai tous in globo

& je fuppoferai fuivant ma manière d'evaluer toujours en

moins, que tous ces hommes, font aux Officiers quant à

leur nombre comme cent eft à un. Il y en a donc en

tout 741,700.

Joignant ce nombre à ceuxqui font marqués ci-,

deflfus ilréfukera pour le total des foldats & des

autres attachés à la milice, y compris les Officiers 813,287.

Je m'arrête ici un moment pour direque mon Lettré à

qui je viens de faire part de mon calcul fe moque de moi

& affure poùtivement qu'au lieu de huit cens vingt-trois mille

deux cens quatre-vingt-fept je devrois ecrire au moins deux

millions mais comme les preuves qu'il m'apporte pour garan-

tir la vérité de ton affertion font du nombre de celles qu'on

peut chicaner je le laiffe dire & je continue.

Les gens de guerre font ici .chefs de famille comme le

refte des habitans il faut doncmultiplier leur nombre nar

cinq & nous aurons pour le total des bouches, qui en vertu

de la milice, ne lont point comptées dans l'enumération qu'on

a faite des contribuables4,115,325.

Que nous devons ajouter aux 145,545,615.

déjà trouvées & nous en aurons149,662,050.

Il faut encore plus de cinquante millions pour compléter les

deux

Page 331: Memoires concernant les chinoise 6

SUR DIVERS OBJETS.

Tome VI. O 0

deux cens millions, & plus que j'ai affignés pour être le nom-

bre des habitans de la Chine ? Où les trouverons-nous ? L'Au-

teur des recherches nous permettra volontiers fans doute

de lesprendre parmi ces voleurs

qui infectent les grandes routes

de l'Empire jufqu'aux environs de Canton ik unBotcmifle

d'Europe, en allant herborifer fut en deux jours attaqué deux

fois; parmi ces Troglodytes qu'on y trouve en(î grand nombres

parmi ces familles errantes qui déferlent des terres

pour aller vivre aux environs des villes commerçantes où

l'appât du gain les attire; parmi ces ll~loines nzerzdian,r, ces

châtrés & ces efclaves auxquels nous pouvons joindre encore

tous ces aveugles & ces bon^effes qu'il confond fort mal à

propos avec ces malheureuses victimes, que la pauvreté & le

libertinage ont livrées à l'infamie de la proftitution. Et fi tous

ces gens-là ne fuffifent pas, je leur joindrai cette multitude

d'Employés aux douanes, qu'on fuit être en très-grand nom-

bre & fur-tout les habitans de ces villes flottantes qui fur

leurs barques ou leurs radeaux, femblent faire une nationpar-

ticuliere au milieu de la nation.

Dans tout ce que j'ai dit jufqu'à préfent il n'apoint eté

queiliondes habitans de la ville de

Pe-king qui font très-

certainement au nombre de plus de deux millions ni des

Mant-choux qui vivent parmi les Chinois pour les contenir &

les gouvernerni des artifans ni des ouvriers en foie dont

le nombre doit être en proportion, non-feulement de ceux de

leur propre pays pour lefquels ils travaillent mais encore de

ceux des nations étrangères qui viennent chaque année char-

aer leurs vaiffeaux du fruit de leur induftrie ni de cespetits

commerçans en détail qui inondent toutes les villes & les bour-

gades de l'Empireni enfin de ce petit peuple qui ici, comme

par-tout ailleurs j & plus encore que par-tout ailleurs, compote

ce qu'on appellele gros de la nation.

Page 332: Memoires concernant les chinoise 6

OBSERVATIONS ET NOTES

Par tout ce que je viens de faire paffer fous vos yeux, il

eft démontré ce me femble que ce n'eft point exagérer

que de porter la population de la Chine jufqu'à deux cens

millions d'habitans. Elle doit être aujourd'hui plus forte encore

qu'elle ne l'etoit lorfqu'on imprima l'Y-toung-tché d'où j'ai1tiré ce que j'en ai dit, c'efl-à-dire plus forte qu'en 1743

parce qu'elle va toujours en augmentant comme il confte

par ce qui efr. rapporté dans ce même Y-toung-tché. Dans le

dernier dénombrement qui fut fàit, y eft-il dit, le nombre des

contribuables de chaque province etoit de tant il a augmenté

ale tant. Il feroit à fouhaiter que l'année du dernier dénombre-

ment dont il eft parlé, eût été fpécifiée. Comme elle ne l'a

pas eté & que nous favons d'ailleurs que la coutume etoit

ci-devant d'annoncer chaque année au Souverain l'etat de la

population de fon Empire nous pouvons fuppofer que ce

dernier dénombrement fut fait la feptieme année du regne de

Kien-long c'eft-à-dire l'an 1742. Mais pour continuer à

prendre en tout le parti le moins favorable je recule ce der-

nier dénombrement le plus loin qu'il foit poffible, en le fup-

pofant fait l'année que Kien-long commença fon regne

c'eit-à-dire l'an 1736; & je dirai, fuivant X Y-toung-tché 3

en 1736 le nombre des contribuables des différentes provin-

ces etoit de tant en 1743 il etoit augmenté de tant.

En 1736, ie nombre des contri- En 1743 l'augmen-

buables etoit tation etoit de

Dans leTcki-ly 3292.643. 47910.

Dans le Chc~n-ton~ n.78~81. 152954-

Dans le Kiang-fou 1821146. 96561»

Dans leNgan-hoei 1407285. 28281.

Dans le Ho-nan 2289875. 237581.

Dans leChan-fi 1758635. 352.59»

Page 333: Memoires concernant les chinoise 6

SUR DIVERS OBJETS.

O 0 ij

Dans leTçhi-kiang 2937899. 186899.

Dans le Chen-fi 2149890. 44(39.

Dans le Kan-fou 304149. 77^3.

Dans leKiang-fi 1308725. X9773«

Dans le Hou-nan 368008. 777 '4.

Dans le Hou-pe 454417- 22771.

Dans le Fou-klcn1468615. Î9992-

Dans le Koang-toung 1 179630. 21690.

Dans leKoang-Jî 205995. 14695.

Dans le Yim-nan185865. 52100.

Dans le Kouel-tcheou 37536. I3553« ·

Dans le See-tchoiien on ne comptoit autrefois que cent

quarante-quatre mille cent cinquante quatre familles qui

fufTent infcrites pour le tribut. On en compte aujourd'hui trois

millions trente-fix mille trois cens quarante-deux.Cette pro-

digieufe augmentation vient fans doute de l'affluence de ceux

qui lors de la conquête de la Chine par les Mant-choux

s'etoient retirés dans les montagnes & qu'on n'avoit pas jugéà propos d'y aller forcer. Il en -eft de même de l'augmentation

qui s'efr. faite dans les provinces de Chen-Jî & de Kan-fou,

dont je n'ai marqué que la moindre partie n'ayant point fait

mention de toutes ces familles qui s'y font établies, depuis que

les Mant-choux font les maîtres de la Chine. Cette augmenta-

tion, dont on a tenu un compte exaft pendant bien des

années, donna lieu à une foule de difficultés pour la perception

du tribut. D'ailleurs le grand nombre des exempts des pau-

vres, des ouvriers ambulans des gens de rivières & mille

autres inconvéniens que le Tribunal des fubfides repréfenta à

l'Empereur Yong-tcheng engagèrent ce Prince à abolir le

jin-ting pour lui fubftituer le ry-ting., c'eft-à-dire à changer la

capitation en taille réelle -9 afin que les revenus de i'Etat hiiTem

Page 334: Memoires concernant les chinoise 6

C") H S F. R Y A V IONS l<. T N () T M S

pci pciueUemont les mêmes du moins quant a 1 ellentiel &

que la perceptionen tut humus

onércuie au peuple plus

i-vaCÎe & d'une plus ^raude tacilué qu'elle no l'.ivoii été, v

jul qu'alors ( i ).

.K<t'?<<f-Y'('

Je mis porhude M. que vous ne trouverez pas mau-

.usque te m écarte m\ inouu'iu vie

mon (u|ot pour\ous

l'oinuur.viqHeree

i|ne \c viens d^ apprendre au (ii|el île eeite

taille- réelle. Je nepom ois

eu.lequénv

îles eonuoitlaueesplus

(Ares; puifque ce (ont celles que le 1'riluiual des l'ublides vient.

(î > r.1- . i-yS:.z-.f .ù CV;r.c .V .{:> . ,:v U feu

Allciîhin VuJ.U: T, / ,:Va .l/

F.f.V- OO(H>S8>L.

T." f. !Sl S liO-IO.

>>V.117MO',O.

K;C"«î.îlCM^Ovj.

•K;c- 1100(1(140,

7. :i/i.- M41kj6>.U.

F.'r.- «.;08065671.

H.r:oSot-'oOo;.

/Y.0SS19310.

l" !SlS07',4.

H.16^)1 ^7O.

l • 0970S1S9.

->07ÎS7443.

K-r-1.07411014.

Sa-01781976.

X~£- ~C ( C.ur.o:i ) 06797 ? 97-

A-V;- C39474M-

I i -O10~$$01.

03401711.

Cr. 1 nç: a~z ir.~iz de Chine lapièce originale

de ce dénombre-

~ir_ r^r;e i r_~u-ii ;> Fermes avec la comparaiion de l'année

i; • rr^r.e ^e A.t-î avec l'année 16. En la première, on

c :– :z.ii-z- Er. ia itîor.de 5 198^13718, augmentation

Page 335: Memoires concernant les chinoise 6

S Ull D1VF. Il S OI? J V. T S.de communiquer à riunpcreur à railon de l'année d'exemption

<|iie ce Prince a accordée à l'occ.ilion (le l<i mon de fa mère

dont je parlerai plus l><i.s.

« Lors du dernier Ouan-dicou dit l'Iùiipcrcnr flair, nu

» écrit public » ( c'c(l-a duc lors derelie < '-ré-morue qui fc

fait avec beaucoup dt- pompe, de dix. en dix. air, pour 'a:\k-

Jjrcr le jour <le la naifïancc de la Mère du Souverain cV qu.

llimpereur lit avec le plus jj;raiifl ecl.it il y ;i. cinq :ni', quand

fa Mère eutaitemt la quaire-vin^tierne année de (on 'à'.u; ),

«Lors du dernief Ouan-chcou j'exemptai mes itjjct.'» ri 'une

» année d'impôt fur les terres. Je me lla.ir.ois d.tns le foncl

» du cœur, cjue je pourrois leur accorrler encore une fois ia

» même grâce pour la même rai (on. Mais ma fainte Mère

» étant montée au Ciel plutôt que je ne Pavois compté je me

» trouve privé d'une partie de la fatisfaction que je rn'etoi.

» promife. Je nTetois proposé d'exempter mes Aijets d'une

» année du tribut fur les terres en célébrant un autre Ouan-» clieou. Je les en exempte ik. c'eft ma Mère qui cil cenf-e

» leur accorder ce bienfait, puifquc c'eft a Ton occafion que

» je le leur accorde. Je veux que le fouvenir de cette vc-r-

» tueufe PrinceiTe fegrave profondément dans leur efprit, t<

»c[ue leur cœur le pénètre de la plus fmecre rcconnoiiTance

» pour eue. Dans le tréfor du Tribunal des fubficies il fe

» trouve encore plus de foixante-dix millions d'oncesc:ar2e:

» Cette fomme fuffit de refte pour les dépenfes ordinaire? -Je

» l'Etat, qui font à la charge de ce Tribunal. A:nn je veux

»que dans l'efpace de trois années a

compter depuis ic z:c-

») micr jour de l'an prochain, tous mes fujets puillen: joui- eu

>»bienfait de l'exemptiond'une année de tribut. Que ie T:i-

» bunal des fubfides détermine 1 annéede.xernpii.-cr. c:u;

»chaque province.

Le Tribunal délibéra & fit l'avoir à 1 Empereur a :c,uu:ei

Page 336: Memoires concernant les chinoise 6

OBSERVATIONS ET NOTES

de fes délibérations dans une fupplique qu'il lui préfenta &

qui eft conçue en ces termes

«Pour obéir aux ordres de Votre Majefté nous, avons

» cherché dans nos rêgiftres ce qui s'etoit fait précédemment

« dans des circonftances femblables à celles où nous nous

» trouvons aujourd'hui. Nous y avons tu que déjà deux fois

» Votre Majefté avait accordé à tes fujets l'exemption pour

une année du tribut fur les terres. La premiere fois ce fut en

ii Kien-long dix ( l'an 1745 ) & la féconde fois en Kien-long

» trente-cinq (l'an 1 770 ). Dans ces deux occafioiis pour obvier

» aux-inconvéniens qui pourroient avoir lieu, fi le tréfor fe

» trouvait tout-d'un-coup vuide pat l'exemption d'une année

» de taille fur toutes les terres de l'Empire onpartagea ce

m bienfait de manière que dans l'efpace de trois ans toutes les

*>provinces fe trouverent en avoir profité nous penfons qu'il

> eft à propos d'en faire de même à préfent. Le tribut fur le

» fel & le tribut fur le riz ne doivent point entrer en ligne

m de compte. Votre Majefté ne prétend exempter fes fujets

+>que

d'une année de taille..

» Ce qui revient à l'Etat, de la perception du tribut fur les

« terres, fe monte chaque année à la fomme de deux mille

» fept cens cinquante-neuf ouan plus quatre mille onces

» d'argent ( c'eft-à-dire à vingt-fept millions cinq cens qui-

s»tre-vingt-quatorze

mille oncesd'argent

cequi

revient à

» deux cens fix millions neuf cens cinquante-cinq mille livres,

» monnoie de France ).

» La premiere des trois années dans lefquelles toutes les

» provinces de l'Empire jouiront une fois du bienfait de

?> l'exemption fera pour les provinces du Tche-ly AuJCiang-

v fou du Ngan-hoei du See-tchouen du Chen-jî du Kan-

-:>fou du Yim-nan & du Kouel-tiheou-. Ces huit provinces

•» jointes enfemble donnent chaque année à l'Etat, pour les

Page 337: Memoires concernant les chinoise 6

SUR DIVERS OBJETS.

» tributs des terres neuf cens vingt-huit ouan d'onces d'argent,

» c'eft-à-dire 9,280,000d'onces d'argent

»( foixante-neuf

millions, fix cens mille livres, monnoie de France ),

« La féconde année fera pour les provinces duChan-tong

» du Kiang-fi du Tcké-kiang, du Hou-naa & du Hou-pe.

» Ces cinq provincesdonnent chaque année à l'Etat, pour le

» tribut des terres neuf censquarante-fept ouan plus fept

«mille onces d'argent, c'eft-à-dire, 9,477,000 onces d'ar-

»gent » ( 71,077,500 liv. monnoie de France ).

» La troifieme année fera pour les provinces de Fou-klen

» du Kirin, du Chan-fidu Ho-nan du

Koang-toung & du

»Koang-fi.

L'Etat retire de ces fix provinces pour le tribut

» annuel des terres huit cens quatre-vingt-trois ouan plus

fept mille onces d'argent, c'eft-à-dire 8,857/500 onces d'ar-

» gent » (66,277,500 liv. monnoie de France ).

«En distribuant ainfi le total de la fomme dont Votre

» Majefté veut bien gratifier fes fujets on ne s'appercevra

?»pas qu'il y ait du vuide'dans les coffres, & l'on y puifera 5

» comme à l'ordinaire pour les befoins de l'Etat. Cependant,

» comme dans notre Tribunal des.fubfides il y a un grand

» nombre d'Officiers & une multitude d'employés qui ne

» font payés que de l'argent dont nous tommes dépofitaires

» nous ofons repréfenter à Votre Majefté qu'il feroit àpropos

»d'exiger

de ceux qui jouiront du bienfait de l'exemption

» un dixième de ce qu'ils auroient dû donner, fi Votre Majefté

» n'avoit pas jugé à propos de les exempter. Ce petit fecours

» fufïlra pour les gages & autres dépenfes de ceux qui font

» chargés de i'adminiftration de cette partie de vos finances.

» Un autre point qui nous paroit important & fur lequel

» nous croyons qu'il cft à propos que Votre Majefté prononce,

» eft celui qui concerne les débiteurs. Il y a dans différentes

» provinces bien des cantons qui font redevables à votre Tri-

Page 338: Memoires concernant les chinoise 6

OBSERVATIONS ET NOTES

» bunal des fubfides d'une ou même de plufieurs années de

» tribut parce qu'àraifon de la ftérilité des terres occafionnée

»par l'intempérie des faifons ils fe trouverent hors d'état de

»payer dans le tems. Il convient que tout le monde foit

» inftruit que le bienfait que Votre Majefté accorde cette

». année ne s'étend point fur le paffé & qu'ainfi ceux qui

» dévoient une ou plufieurs années de tribut reftent redeva-

» bles jufqu'à ce qu'ils fe foient acquittés. Nous penfons que

» ceux qui font dans le cas doivent s'acquitter en payant

» comme à l'ordinaire pendant l'année de leur exemption fî

» toutefois cette année fe trouve du nombre de celles que l'on

»regarde communément comme fertiles & bonnes.

» Pour ce qui efi des finances dont on doit payer les trou-

»pes & les Mandarins des lieux refpeftifs lefquelles dans les

» tems ordinaires font fournies par les Tréforiers particuliers

» des lieux où ces troupes& ces Mandarins font leur réfiden-

jtee, ce fera au Tréforier-généralde

chaque province à les

» fournir pendant l'année où fa province fe trouvera dans le

» cas de l'exemption.

« Si Votre Majefté veut bien adhérer à tout ce que nous

avons pris la liberté de luirepréfeuter

nous la fupplions de

» vouloir bien faire favoir fes intentions aux grands Officiers

» qui font difperfés dans les provinces afin qu'ils aient à s'y

» conformer & qu'ils ordonnent aux Mandarins Subalternes

» de leurs diftrifts d'itiilruire le peuple de tout ce qu'il doit

» favoir à ce fujet. Et comme il pourroit arriver que ceux

y> qui font aux gages des Tribunaux, les Exafteurs, Kece-

» veurs & autres. s'avifaffent d'exiger fraucluleufement quelque

» fomme de la part des exempts nous fupplions encore

y Votre Majefté d'ordonner à fes grands Officiers Tfong-tou

» Vice-rois & autres d'être très-attentifs à empêcher toute

t>.exaction & à punir féyérement quiconque fera trouvé

»coupable

Page 339: Memoires concernant les chinoise 6

SUR DIVERS OBJETS.

Tome VI. P P

»coupable en ce genre. Mais afin que ces grands Officiers

» ne fenégligent point eux-mêmes nous prions Votre Majefté

» de donner fes ordres aux Cenfeurs, & même à tous les

» Mandarins des différensgrades

de dénoncer tous ceux

» fansexception qu'ils fauront être en défaut.

» Lequatrième jour

de la fécondelune, de la

quarante-

» deuxième année de/Ci ai- long » ( le

12 Mars1777 ).

L'Empereur agréacette

fupplique&

répondis: parces

deux mots y-y 7 c'efl-k-dire que tout s exécute ainfi.

Mcvcuus ac l L.rûpir£ de lu Chuis*

Puiique jefuis en train de

parler politique jevais continuer

encorequelque

tems fur le même ton en achevant de vous

expofer le détail des revenus de l'Empereur de la Chine que

l'Auteur des Recherches croit ne pas aller jufqu'à vingt-deux

millions de livres iterlin puifque, félon lui, on peut douter

qu'il entre clans le tréfor impérial quinze millions de ces

mêmes livres en argent réel ( pag. 3 49 du fécond Tome ).

Nous venons de voir que des ieuls revenus du tribut fur les

terres, ou de la taille il entroit clans les tréibrs du Prince

neuf millions deux cens quatre-vingt mille onces d'argent,

c'ell-à-dire foixante neuf millions fix cens mille livres

monnoie de France; car une once d'argent balance chuioife

eft évaluée à 7 liv. io fols de notre monnoie. Voyons à pré-

fent enquoi confident les autres revenus & quelle cil la quan-

tité d'argent réel qu'ils produifent. Ces revenus conkilent dans

les différensimpôts

fur les productions du pays & fur certai-

nes marchandifes quand on les tranfporte d'un lieu à un autre.

Voici à quoi chaque province eft taxée.

Laprovince de Pc-tche-ly doit donner chaque année

Pour l'impôt fur le fel 437,949.

Page 340: Memoires concernant les chinoise 6

OBSERVATIONS ET NOTES

Pour l'impôt fur le charbon mei32, çio.

Pour les douanes générales 42,093.

taè'ls ou onces d'argent tout cet argent entre dans le

îréfor du Tribunal des fubfides, avec celui du tribut fur les

terres.

Les trois douanes particulièresde trois endroits de cette

province par où !'on peut entrer des pays etrangers dans la

Chine & qui font Ckan-hai-koan Tchang~k.ia-k.eou & Tien-

tfing-oud ( aujourd'hui Tien-tfwg-joii parce que cette ville

a été élevée au rang de Fou ou de ville dupremier ordre ) y

rendent chaque année

Chan-haï-koan 28,200.

Tchang-kia^keou 10,000.

Tien-tjîng-ouei 40,460.

taëls ou onces d'argent. Cet argent entre dans le tréfor

de l'intérieur du Palais.

Additionnant toutes ces fommes le total de ce qui revient

de la province de Pê-tche-ly pour les droits du Souverain

fera de cinq cens quatre-vingt-onze mille deux cens vingt-

deux taëls ou onces d'argent, qui font la fomme de quatre

millions quatre cens trente-quatre mille cent foixante-cinq

livres, monnoie de France 4,434,1651.

La province du Kiang-nan formée parles deux provinces

Kiang-fou & Ngan-hoei rend chaque année pour l'impôt fur

le ici 2,123,866.

Pour les douanes générales 132,317.

Cet argent entre dans le tréfor du tribunal des fubîîcîes. Celui

qui entre dans le tréfor particulier du Palais provientdes

droitsimpofés fur les marchandifes qui paffent par certains

endroits, pour êtreportées

dans lesgrandes

villes. Ces diffé-

renspafiages rendent chaque année

Page 341: Memoires concernant les chinoise 6

SUR DIVERS OBJETS.

Ppij

Ceux de Loung-kiung & deSi-Jing 33,684. t.

Ceux dcs rivicres 7,666.

Celuid'y~zg-fcAeoM 55 ,7)3.

Celui de Hoai-naii 201,960.

Les deux de Cha-hou t 194,026.

Celui de Foung-yang 79,830.

Celui de Chang-hai 25,516.

Tous les autres réunis 191,149,

Toutes ces fommes, tant ceiles qui entrent dans le tréfor

du Tribunal des fubfïdes que celles qui entrent dans ie tréior

du Palais font pour le total du revenu de la province du

JCiang-nan ., 35045,767.

C'eft -à-dire vingt-deux millions huit censquarante-trois

mille deux cens cinquante-deuxlivres dix fois de notre mon-

noie de France 22,843^252 1. îo ù

La province duKiang-ji

rend chaque année pour l'impôt

fur le fel 5,150 t.

Pour les douanesgénérales 38,593.

Cet argent entre dans le tréfor des fubfîdes. Celui qui entre

dans le tréfor du Palais provient des douanes de Kan-tcheou

de Kieou-klang & de Ta-kou-tang quirendent chaque

année

Celles de Kan-tcheou 46,471 t.

Les deux autres réunies 17~880 t.

Toutes ces fommes réunies donnent pour le total du revenu

fur la province duKiang-fi 264,094.

onces d'argent c!eft-à-dire un million neuf cens quatre-

vingt mille fept cens cinq livres 9 monnoie de Fran-

ce 1,980,705 L

Page 342: Memoires concernant les chinoise 6

OBSERVATIONS ET NOTES

Cette province donne peu en argent, parce qu'elle donne

beaucoup enprovifiou, & fur-tout en riz.

La province duTchc-kiang rend chaque année

Pour le fel 501,°34 t.

Pour les douanes générales 49,087 t.

Cet argent entre dans le tréfor des fubades. Celui qui entre

dans le tréfor du Palais provient des droits fur les paffages de

Pê-fm, qui font de 111,660 r.

De N an-foi qui font de 26,5oo t.

Et fur les douanes maritimes de N'mg-po quirendent

chaque année 32,030 t.

Toutes ces fommes ajoutées font la fomme

de 73 1,31 1 t.

ou onces d'argent c'eft-à-dire cinq millions quatre

censquatre-vingt-quatre mille huit cens trente deux

livres5,484,832!.

La province de Fou-kien rend chaque année

Pour le fel 85,470 t.

Pour les douanes générales 51,625 t.

Cet argent entre dans le tréfor des fubfides. Celui qui entre

dans le tréior du Palais provient de quelques douanes particu-

lieres, lefquelles réunies rendentchaque année 73,549 t.

Toutes ces fommesajoutées

font" 210,644t.

C'eft-à-direun million

cinqcens foixante-dix-neuf mille

huit cens trente livres de France ,¡ ,579,83° L

La province du Hou-koang divifée en Hou-nan & en Hoii-

pêf c'eft-à-dire, en deux diltri&s, dont l'un eft 411 midi, &

Page 343: Memoires concernant les chinoise 6

SUR DIVERS OBJETS.

l'autre au nord du lac rend chaque année de les deux dif-

tricls joints enfemble 1 16,177 r-

qui entrent dans le tréfor des fubfides. Ce qui encre dans

le tréfor du Palais eft le provenu de la douane de la viiic de

Kin-tcheou qui eft de9,64.4. t.

La province du Ho-nan rend en tout 44,950 t.

qui entrent dans le tréfor des fubfides. Il n'y a rien pour le

tréfor particulier du Palais. Les revenus du Hou-koan"- & du

Ho-nan réunis ne vont qu'à “ 180.771 t.

C'efl-à-dire un million trois cens cinquante-cinq mille fept

cens quatre-vingt-deux livres dix fols 1,3 5 5,782 1. ici".

La province du Ckan-tonq rend chaque année

Pour le feî 120,720:,

Pour les douanes générales 70^61 t.

Ces deux fomrnes entrent dans le des fubfides. Ce quientre dans le tréfor du Palais fe réduit au provenu de la douane

de la ville de Lin-ifing, qui eft de 29,680 t.Total du revenu du Chan-ions; 220,061 t.

C'eft-à-dire^ un million fix cens cinquantcsfept mille cieux

cens fept livres dix fols de France 1,657,207 î. io f.

La province du Chin-ji rend chaque année

Pour le fel 507,028 t.Pour les douanes générales 82,940 t,

Ces deux fommes entrent clans le tréfor des fubfides. Ce

qui entre le tréfor du Palais de la douane fur le

(le C,~2,I"Oli ¡ reiicl 1pailage de Cha-hou qui rend 10,919 r.

Total du revenu de la province du Ckan-jï 6co,8u- t,

Page 344: Memoires concernant les chinoise 6

OBSERVATIONS ET NOTES

C'eft-à-dire quatremillions cinq cens fix mille fix cens

cinquante-deuxlivres dix fols de France 4,506,65 2 1. i o f.

La provincedu Chen-fi

neil fixée qu'à 40,623 t.

Pour les douanes générales, c'eft-à-direà trois cens quatre

mille fix cens foixante-douze livres dix fols monnoie de

France 304,672!. io£

On n'a point fixé ce que doivent rendre les douanes particu-

lières dont le revenu entre dans le tréfor du Palais parce que

ce revenu eft tantôt fort, & tantôt foible fuivant laquantité

plus ou moins grande des marchandifes que les Tartares font

entrer dans la Chine par cette voie.

La province de K an-fou rend en tout pour les douanes

générales dont le produit entre dans le tréfor des fubfî-

des 100,237 t.

C'eir-à-ciire fept cens cinquante-un mille fept cens foixante-

dix-fept livres dix fols de France 75 1,777 1. 10 f.

On ne fixe rien pour les douanes particulieres par la même

lYtifon que ci-defïus.

La province du See-tchouen rend pour les douanes généra-

les, en tout 31,661 t.

C'eft-à-dire deux censtrente-fept mille quatre cens cin-

quante-fept livres dix fols de notre monnoie 237,457 1. 10 f.

On ne fixe rien pour les douanes dupaffage de

Ta-tjîen-lou ?

pourles mêmes raifons que ci-deffus.

La province deKoan-toung ( de Canton ) rend

chaqueannée

Pour lic ici47,? 10 t.

Pour les douanes générales 75,520. t.

Page 345: Memoires concernant les chinoise 6

SUR DIVERS OBJETS.

Ces deux fommes entrent dans le tréfor des fubfîdes celles

qui entrent dans le tréfor particulierdu Palais font

Pour la douane clu pont de Tay-pingii Chao-tchcou 53,670 r.

Pour la douane maritime 43,750 t.

Cette douane maritime de Canton eft taxée ici à bien peu,comme l'on voit la raifon de cela eft que ce qui provient des

vaifleaux d'Europe n'entre point en ligne de compte.

Total de ce qu'on retire de laprovince deCanton 220,450 t.

C'eft-à-dire un million fix cens cinquante-troismille trois

cens foixante-quinze livres, monnoie deFrance 1 56 5 3^375 !•

La province du ICoang-Jî tend chaque année

Pour le fel 47j5 50 t.

Pour les douanes générales 52,660 t.

Total de ce qu'on retire duKoang-Ji 99,81a r,

C'eft-à-dire fept cens quarante-huit mille cinq cens foixan-

te-quinzelivres de France 748,575!.

Laprovince

du Yun-nan rendpour

les douanesgénérales

en tout • • • '• •34,256 t.

C'eil-à-dire deux cens cinquante-fixmille neuf cens

vingt

livres de France 256,910!.

La provincede Kouei-tcheou rend chaque année

Pour le fel 6,230 t.

Pour les douanes générales 27,432 t.

Total 33,662 t.

C'eft-à-dire deux cens cinquante-deux mille quatre cens

foixante-cmq livres de France 252^465],

Page 346: Memoires concernant les chinoise 6

OBSERVATIONS ET NOTES

Les 1 J )! 7- f1"()iit

<Les provinces du Y uri-/u/i e\: du Kouci-tc licou iont très-

fertiies cil mines d'excellent cuivre blanc & Ces mines

l'iiiic<

1" 1 ['E ;.>.[' 1 lfour l'une dos principales riclieiies de l'Etat & l'un des grands

revenns du Prince. Comme il n'en e(t point parlé dans l'Alma-

r..K"li politique je n'en terni pas mention ici. 11 me iufîit cl avoir

donne une idée générale de la quantité réelle d'argent qui entre

chaque année dans les tréiors du Souverain tant pour ("es

beioms particuliers, que pour les bei'oins de l'Etat.

Si on le donne la peine d'additionner toutes les femmes ci-

deillis mentionnées, on trouvera, i je ne me trompe, fix

raillions quatre cens iix mille trois cens cinquanre-iix tacis

ou onces d'argent 6,406,3515 t.

Qui font quarante-huit millions quarante-' ept mille iiii cens

i"o:\a:ite-dix livres monnoie de France 48,047,670 i.

Auxquei!e>, iï on ajoute les deux cens fix millions neuf

cens cinquante-cinq nulle du revenu iur les terres dont il eft

parlé plus haut, en trouvera que l'argent réel qui entre chaque

année dans tes tréiors de l'Etat, ci! de trente-quatre millions trois

cens ciiiquante-iix tac'lSj ou onces d'argent 34,000,356 t.

Qui t'ont deux cens cinquante-cinq millions deux mille fîx

cens loixanto-dix livres monnoie de France 25 5,001,670 1.

A ce compte l'Auteur des Recherches auroit raifon de ne

pas adopter l'évaluation de M. Salmon, qui, en doutant que

l'argent réel qui entre chaque année dans les tréfors de l'Empe-

reur rie la Chine eo-ale la fomme de vingt-deux millions de

livres iîerlin lemb'e la faire monter jufqu'à vingt millions, au

moins de ces mêmes livres. Vingt-deux millions de livres

ilcrlin équivalent à quatre cens quatre-vingt-quinze millions

de notre nionnoij ce l'Empereur de la Chine fuivant ce que

nous venons de voir, n'en a que deux cens cinquante-cinq

millions c

Page 347: Memoires concernant les chinoise 6

SUR DIVERS OBJETS.

Tome VI. Qq

millions deux mille fix cens foixante-dix c'eft environ la

moitié moins.

Cependant on voudra bien, obferver que les revenus dont

j'ai parlé font les revenus fixes & invariables qui, de quel-

que manière quece puiffe être hors le c is

d'exemption

comme il arrive quelquefois, par une grâce fpéciale du Prince,

doivent toujours entrer dans le tréfor de l'Etat. Mais fi l'on

ajoute à ces revenus les fommes qui proviennent des domaines

particuliersdu Souverain tant de ceux qui font en Chine

que de ceux qu'il poflede dans la valte Tartaric fi l'on ajoute

encore la vente exclufive du jen-càcng, dont le poids cil payé

au moins cinquantefois plus cher que le poids de l'or, & dont

il fe fait une il grande conlommation dans l'Empire les haras,

d'où fortent tant de chevaux; la pêche des perles dans le He-

long-klang la chaffe dont le produit cfl leprincipal tribut

qu'il reçoit de fes propres Tartares, ainfî que des Tartares

Mongoux; les douanes arbitraires quifont en fi grand nom-

bre les confifeations ce qu'il reçoit à titre depréfent de la

part des grands Officiers des provinces,des Douaniers, des

Fermiers & de tous les Mandarins, dans certaines occaùons

qui ne fontpas rares ce qui lui revient de fes droits fur les

vaifleaux d'Europe qui abordent à Canton ce qu'on lui donne

en denrées; & fur-tout en riz; en marchandifes, & fur-tout

en foie &c. &c. Il en réfultera un total qui le placera au

premier rang parmi les Princes les plus riches de l'univers. Je

ne compte point parmi ces richeiTes les mines d'or & d'argent

qui font en grand nombre dans plaideurs provincesde ion vaite

Empire parce qu'il les tient fermées pour des raiions qui peu-

vent ne plus avoir lieu quand, il lui plaira de défendre l'entrée

de fes Etats aux commerçans etrangers, ou quand ces com-

merçans etrangers cefferont d'eux mêmes de vouloir s'y

rendre.

Page 348: Memoires concernant les chinoise 6

OBSERVATIONS ET NOTES

Voilà ce qui s'appelle du détail. Je fuis perfuadé qu'après

1'avoir lu & examiné furquoi je le fonde, & quels

font mes

garans on n'en croirapas l'Auteur des Recherches quand il

dit que l'argent réel qui entre chaque année dans le tréfor de

l'Empereur ne va pas à quinze millions de livres fterling.

Encore moins le croira-t-on, quand il dit que la Chine n'a pas

en tout quatre-vingt-deux millions d'habitans & que pour le

prouver, il multiplie à ion gré lestigres, Se leur

afllgne pour

demeure des forêts immenfes, & de varies déferts dans l'inté-

rieur des terres, que les hommes ont ceiïe de cultiver &

qu'ils ont même abandonnées par la crainte de ces terribles

animaux. Il y a des tigres à la Chine mais leursrepaires font

dans lesmontagnes & dans les creux des rochers & non dans

les déferts & les forêts de l'intérieur des terres.

Pour ce qui eft des forêts, à l'exception dequelques pro-

vinces où il s'en trouve il n'y en a prefque point dans tout le

refte de l'Empire & les Chinois font obligés de faire venir

d'ailleurs tous les bois decharpente qu'ils emploient à la conf-

truftion de leurs bâtimens.

Quant aux terres abandonnées & aux dêfcns l'Auteur ne

les a créés que pour y placer la multitude des tigres qu'il a

imaginée. Mieux inilruit qu'il ne i'eft il auroit fu que par-tout

où il y a unpouce de terrein propre à la culture, il le trouve

un Chinois pour le cultiver. Cela eft il vrai, que ne trouvant

pas dans leurpropre pays affez de terre à cultiver, ils vont

cultiver celles des Tartares, qui leur permettent de s'etablir

chez eux. Tel été obligé me difoit il y a peu de jours un

PrinceMongou Souverain du

pays& de la ville de Karatchln

(cette ville eftparla latitude de 41degrés, 30 minutes & r

degré 52. minutes à l'Orient de Pe-king ); j'ai eté obligéde

leur défendre de dégrader nos terres en lesenjemençant & en y

plaçant des arbres jnutiers fans quoi nous manquerionsbien-

Page 349: Memoires concernant les chinoise 6

SUR DIVERS OBJETS.

Qqii

tôtde j ouvrages pour

nos chevaux. Des hommes qui fc dépay-

fent pour aller défricher des terres commenceroient ce me

femble par défricher celles de leur pays, s'il s'en trouvoit

d'incultes. D'ailleurs il exifte une loi qui oblige les Mandarins

à rendre compte chaque année, de l'etat c 'i fe trouvent les

terres de leurs diftri&s refpeftifs de tenir la main à ce du'elles

foient cultivées, & de les faire cultiver eux-mêmes en les

annexant au fifc fi les propriétaires les biffent trois années de

fuite fans leur donner aucun foin. Dans ce cas, ils font cenfés

les avoir abandonnées. Le Magiftrat s'en faifit au nom du

Prince & les fait valoir.

Il n'eft pas furprenant que l'Auteur des Recherches ait

Ignoré cela, parce qu'il n'a voulu s'inftruire de ce qui concerne

la Chine que dans ce qu'en ont écrit des voyageurs peu

inftruits eux-mêmes ou dans des relations faites fur la fin du

dernier fiecle lorfque les Chinois effrayés de voir les Tartares

maîtres de leur Empire s'entaffoient les uns fur les autres pour

fe fervir mutuellement de confolation & s'accoutumer enfem-

ble à porter plus facilement le joug. Les Auteurs de ces rela-

tions infi délies ou n'ont pas vu les objets par eux-mêmes, ou

les ont vus de trop loin pour pouvoir les difcerner. Ils ont parlé,

pour la plupart, d'après les murmures d'un peuple mécontent T

ou d'après ce que des interpretes peu fmeeres qu'ils n'enten-

doient qu'à demi & dont ils n'etoient peut-être pas entendus,

leur en ont dit auhafard pour ne pas biffer fans réponfes des

interrogations qui les fatiguoient.

De la polygamie des Cliznois.

Un des objets importans a eclaircir feroit celui de la poly-

gamie dont l'Auteur des Recherches Ce plaint que Confuclus

rz'a pas dit un feul mot. 11 fe trompe Confucius en a parlé

non pas ex profeffo mais par occaiîon non pas en termes for-

Page 350: Memoires concernant les chinoise 6

OBSERVATIONS ET NOTES

mels mais fous le voile de l'allégorie & ce qu'il en dit ne

laifTe aucun doute fur ce qu'il en penfoit. Quand. T habit que l'or

porte cfi vieux ujé ou hors d'ufage on peut en prendre un-

antre. C'eft ainfî qu'il s'exprime,ou à-peu-près fi je m'en

fouviens bien car je n'ai pas actuellement fous la main le

livre où cela fe trouve pour pouvoir en rapporter les propres

termes. Mais c'eft-là fa penfée & les Lettrés aux plus longs

onglesceux qui

lui font le pius dévoués, n'en diiconviennent

pas.Mais loin de défapprouver en cela leur Maître ils affu-

rent qu'ilne pouvoir

rien dire de mieux & ils tâchent de le

prouver par une foule de railons qu'ils regardent comme bon-

nes &quine font rien moins que telles aux yeux d'un Chré-

tien. De toutes ces railons je ne rapporterai que la plus

apparente.La voici A la Chine il naît conjLimtmnt un plus

grand, nombre de filles que de garçons. Que faire de l'excédent

de ces filles ?

Cette proposition à la Chine il naît conjlamment plus de

filles que de garçons m'a paru mériter que je me donnafTe

quelque peine pour la vérifier. Après avoir feuilleté bien des

livres j'ai trouvé enfin ce que je cherchois, dans un excellent

Ouvrage intitulé Lieou-king-tou c'eft-à-dire figures extrai-

tes des fix King ou Livres claffiques de la nation. Cet Ou-

vrage, qui efr. en fix tomes & qui contient trois cens neuf

figures, extraites des plus anciens monumens, fut rédigé en

1165 par ordre de Hiao-tfoung onzieme Empereur de la

Dynaftie des Soung. L'Auteur qui fe nomme Tchen employa

dix années entières du travail le plus affidu à raffembler les

matériaux dont il devoit faireufage à en vérifier les titres à

en conftater l'authenticité & à leur donner une Sous

le règne de Ouan-ty quatorzième Empereur de la Dynaftie

des Ming le Tribunal de la littérature eut ordre de le revoir,

de le critiquer, d'en vérifier tous les articles, de le corriger

Page 351: Memoires concernant les chinoise 6

SUR DIVERS OBJETS.

& d'en faire une nouvelle edition. Ce qui fut exécuté dans ie

courant des années puig-tc/ien& ting-fee (anquantL-troiiicme

& cinquante-quatrièmedu cycle de 60 lcfqueli.es répondent

aux années de notre ère vulgaire 1 6 1 5 & 1 6 6 ). Ceque je

vais rapporter de cet ouvrage elt extrait Jm fixieme tome, }

article Tchcou-ly pag. 14. Comme îleft'a laBibliothèque du

Roi, on pourrafe décharger fur M. de Guignes du foin de le

confulter. Voici ce que j'y trouve

«Depuis ta divilion de l'Empire en neuf Tcheou faite par

» le grand Yu on a conftamment obfervé ce qui fuit.

» A Tang-tcheou c'eft-à-ciire dans lapartie du fud-efl, il

» naît deux garçons pour cinq filles. Les oifeaux & lesqua-

»drupe des s'y trouvent en

quantité l'efpecede riz, appelle

» lao-mi y cÙ fur-tout excellent on l'y cultive en plus grande

M quantité queles autres denrées. La terre y produit d'ellc-

» même des bambous, & renferme des mines de très-bel

» etain.

» ATJîng, c'eft-à-dire dans la partie qui eft au droit midi,

» il naît un garçon pourdeux filles. Les oikaux & les quadru-

» pedes s'y trouvent en quantité.Le nz appellé tao-mi y

» eft en abondance & c'eil par-là que nous recevons ie

s> corail.

» A Yu c'eft-à-dire au midi du Hoang-ho dans ce qu'on

» appelle le Ho-nan il naît deux garçons pour trois filles. La

5> foie & le vernis en font la principalerichefle.

»AXing, c'eft-à-dire dans la province quieil droit àl'eft,

» il naît deux garçons & deux filles. Les chiens & les poules

» font-ià de la meilleure efpece. Le riz, iao-mi, 5c le fromenty

» abondent & le poiffon y eit excellent.

» A Yen c'eft-à-dire à l'orient du Hoing-hoil naît deux

j'Il L il''1.'

1: 1» garçons pour trois filles. Le portion y cil très-bon oc en plus

»grande quantité que par-tout ailleurs.

Page 352: Memoires concernant les chinoise 6

OBSERVATIONS ET NOTES

» A Young droit à l'oucft, c'eft-à-dire, dans la province

» du Cken-jiil naît trois garçons pour deux filles. Ce pays efî

» abondant en bœufs chevaux millet & pierres de yu.

» A Yeou c'eft-à-dire au nord-ejî il naît un garçon pour

» trois filles. Le poiffon & le fel y font très-abondans.

» A Ri dans le Ho-nei c'eft-à-dire dans la province du

» Chan-JLil naît cinq garçons pour trois filles ce pays four-

» nit des bœufs, des moutons, du millet & du bois foung-

» chou & p ci-chou qui font les différentes fortes depins.

» À Ping, droit au nord c'eft-à-dire dans le Pe-tche-ly 9

» il naît deux garçons pour deux filles. La plus grande richeffe

» de ce payseft en coton dont on fait de très-belles toi-

» les ».

Tel etoit Fetat où fe trouvoit l'Empire de la Chine dès le

tems du grand Yu c'eil-à-dire deux mille deux censcinq

ans au moins avant Jefus-Chrift. Tel il etoit encore du tems

de Tcheou-koung ( fils de Ouen-ouang & frere deOu-ouang

fondateur de la Dynaftie des Tcheou ) qui rédigea le Tclzeou-

ly ou cérémonial des Tcheou, c'eft-à-dire, environ onze cens

vingt-deuxans avant notre ère vulgaire. Tel il fut trouvé l'an

1165 après Jefus-Chrift Iorfqu'on compofa le livre d'où j'aiextrait ce que je viens de dire; tel enfin il a eté trouvé les

années 161 5 &16 1 6 iorfqu'on examina ce même ouvrage “

qu'on le critiqua qu'onle vérifia & qu'on en fit une nou-

velle édition.

Pour tirer de l'expofé que l'on vient de lire, toutes les lumieres

quenous cherchons nous n'avons qu'à ajouter féparément les

nombres des garçons & des filles qui naiffcnt chaque année,

& comparer entr'eux les deux réfultats.

Nombre des garçons 2+1 + 1 + 2 + 2 + 3 + 1 + 5 + 2 = 20.

Nombre des filles5 + 2 + 3 + 2 + 3 + z + 3 + 3 + 2 + =2j,

Page 353: Memoires concernant les chinoise 6

SUR DIVERS OBJETS.

Le nombre des garçonsefl donc à celui des filles comme

vingt eft à vingt-cinq c'eft-à-dire qu'il cil moindre d'un cin-

quieme. Indépendammentde toutes les autres raifons, celle-là

fuffiroit feule pour expliquer comment il eft arrivé que les

Légiflateurs chinois aient permisla polygamie. Je reviens aux

Recherches philofophiques.

Ajlronomiedes Chinois.

L'Auteur des Recherches perfuadéfans doute que les

Chinois n'ont jamais fu que leur aftrologie judiciaire & les

règles de leur Foung-ckoui a décidé hardiment qu'ils n'ont

~fc f.'z ~a~ ~c;~/rf3 !i ~o/z ~yM"(ï('/t qtl /~o/~ 0.7~jamais été en état de faire un bon Alninnach qu'ils n ont pas

même comprisles calculs qu'on avoit faits pour eux y qu'ê/z z5o5

ils 71 avoient aucune idée ni de la longitude ni de la latitude

de leur pays &c. S'il eût lu avec une attention des plus médio-

cres, ce que les Millionnaires ont ecrit iur ces clirFcrens objets,

il fe fût mis en etat d'en parler lui-même unpeu pius perti-

nemment qu'il ne Fa fait il eût appris du moins que dès le

tems de Yao dont le règne commença 2357 ans avant notre

ère les Chinois avoient déjà fait des opérations aftronomi-

ques, par lefquelles on peut conclure qu'ils avoient des con-

noiffancesacquifes qui

dénotoient unpeuple

itudieux &

favant puifqu'ilsavoient deux divifions du

Ciel l'une en

vingt-huit parties inégales, quirenfermées chacune en

parti-

culier, entre les limites d'une conilellation leur procuroit le

précieux avantage de pouvoirlire fans embarras dans toute

cette partie da Ciel qui eft vilîble dans leur pays & l'autre

en douze parties égales nommées les douze palais du foleil

quileur

procuroitcet autre

avantage pius précieuxencore de

pouvoirfixer les

lailons puifqu'ilslavoient dès-lors

prédireles

eclipfesG: calculer les lieux des

planètes& des ctoiic^ fixes

puifqu'ilsconnoilioient ù-peu-près la grandeur de l'année

Page 354: Memoires concernant les chinoise 6

OBSERVATIONS ET NOTES

(blaire, la fixant à 365 jours & 6 heures; puifqu'enfln ayant

déjà obier vé que 235 lunaifons equivaloient à 19 de ces

années ils avoient trouvé le moyen de faire leurs années

luni-folaires, en intercalant 7 lunaiibns dans l'efpace de 1 9

ans. L'Auteur des Recherches n'eût pas été obligé de faire de.

grandsefforts pour comprendre que des hommes qui en

favoient jufques-là pouvoient compofer d'eux-mêmes un

bon Almanach, ou tout au moins un Almanach à-peu-près

exaft" pendant un certain nombre • d'années & c'eft tout ce

qu'illeur falloit pour fixer fans erreur fenfibie le jour auquel

ils dévoient célébrer la Fête des lanternes fi la Fétc des lanter-

nes eût déjà été inftituée dès-lors.

Si avec l'attention qu'on doit apporter à des Recherches

qu'onveut faire pafler pour philofophiques ce même Auteur

eût tâché de débrouiller le cahos de l'ouvrage du P. Gaubil fur

l' Astronomie chinoife il n'eût pas fait dire à ce Millionnaire

que les defcendans des premiersChinois qui etoient très-cclai-

rés, s'etantbifenjîblement abrutis font tombés dans la nuit de

l'ignorance. Des expreffions fi. indécentes ne font jamaistombées de la

plumedu P. Gaubil ( r ). En s'inftruifant de

tous les faits qui font rapportés dans l'ouvrage du P. Gaubil

Se dont il a tiré lespreuves des monumens qui fubfiftent enco-

re, des Recherches malgré ton averiion pour les

longs ongles des Lettrés & pour tout un peuple qui ne lui ell

probablement devenu odieux, que parce que les Millionnaires

quil'ont affez connu pour être en etat de lui rendre juftice en

ont peut-être dit trop de bien, l'Auteur des Recherches dis-

je, n'auroit pas ofé compromettre faphilofophie, en décidant.

de fa pleine autoritéque les Chinois n'ont jamais eté en état

de faire par eux-mêmes un bon Almanach, & que le peu qu'ils

( 1 ) Nous renvoyons à fon Ouvrage même pour ne point tropalonger lçs détails,

favent

Page 355: Memoires concernant les chinoise 6

SUR DIVERS OBJETS.

Tome VI.

1

Rr t'

favênt d'agronomie leur a eté appris par des Savans de Balk.

qxd ont calculé après-coup quelques obfcrvations & quelques

echpfes pour être inférées dans les nouvelles editions de leurs

Livres. Il fe fût convaincu que depuis le tems des Han c'efi-

à-dire, un peu avant rere chrétienne & plu de douze fiecles

avant qu'il fût queflioii en Chine des Savans de Balk & de

tout autre pays, les Chinois connoiflbient le mouvement diurne

du foleil & de la lune, la quantité du mois lunaire, foit fyno-

dique, foit périodique la durée des révolutions des planètes,

& avoient donné aux différentes conflellations & aux etoiles

qui les compofent des noms analogues aux ufages qui avoient

lieu chez eux & à des evénemens qui s'etoient paffés dans

les fiecles antérieurs, «Se auxquels leurs ancêtres avoient eu part.

Convaincu de toutes ces vérités, par les preuves qu'il fe"fût

donné la peine de difcuter, il auroit evité l'ecueil contre lequel

ne manquent guere d'echouer ceux qui écrivent trop précipi-

tamment, ou qui ecrivent fur des matieres dans lefquelles ils

donnent lieu de croire qu'ils ne font pas même initiés.

Les Savans de Balk, auxquels M. P attribue la gloire

d'avoir appris aux Chinois le peu d'aftronomie qu'ils favent ne

font venus à la Chine qu'à la fuite des Mongoux quand ceux-ci

la conquirent, & ils n'ont pu y former des ctabliiîemens qu'après

que ces Mongoux s'y furent fixés eux-mêmes. Or ce ne fut

qu'après la mort de Tou-tfowig, dernier Empereur des Soung,

que le grand Kobilai, autrement dit Yuen-che-tfou fut paifi-

ble poflefleur de toute la Chine c'eft-à-dire que ce ne fut que

l'an de Jefus-Chrifr. 1280. Avant cette époque, quels font les

Aflronomes qui ont fait le Calendrier des Chinois qui ont

calculé les lieux des planctes & annoncé les eclipfes ? Et dans

ce même tems, quels font les Savans qui corrigèrent le Calen-

drier, réformèrent l'Aftronomie firent fleurir les Lettres Se

rendirent à l'Empire quelque choie de fon ancien luftre ? Ce

Page 356: Memoires concernant les chinoise 6

OBSERVATIONS ET NOTES

furent des Chinois de ces Chinois à longs ongles que Kobi-

lai fit venir de toutes les provinces de la Chine pour s'éclairer

de leurs lumieres, & fe conduire par leurs confeils. Ce furent

un Yao-chou un Ko-cheou-king un Hiu-hengun Yang-

koung-yun

Ouang-fiai un Teou-mou un Ouang-ou un

Lieou-plng-tchoung & un très-grand nombre d'autres dont

les noms les ecrits & les actions font confignésdans l'hiftoire.

Ce fut à l'infiigation de ces grands hommes que le Conquérant

Tartare rétablit tous les colleges chinois, tombés en ruine

par le malheur des tems qu'il fit commencer le fameux

canal appelle Yun-leang-ho pour le tranfport des den-

rées que les provinces envoient chaque année en tribut à.

la Cour & ce canal que l'Auteur des Recherches regarde

avec raifon comme fun des plus beaux & des plus utiles ouvra-

ges qui foient à la Chine, mais qu'il ne prend fur lui de louer

ainli que parce qu'ilie regarde fauffement comme un ouvrage

fait par des étrangers ce canal dis-je a été imaginé, com-

mencé, fini & perfectionné par des Chinois. C'eft fous

Young-lo troifîeme Empereur de la Dynaftie des Ming, qu'il

a été mis dans l'état à-peu-près où on le voit aujourd'hui, &

qu'on le fit communiquer avec le Hoang-ho. Sous Kobilai &

fous fes fucceffeurs Mongoux il portoit le nom de Hoei-

toung-ho & ne s'etendoit que dans une partie de la province

du Chan-ions depuis la ville deTji-nlng jufqu'à celle de

Lin-tjïng, Cefut encore a

l'infiigation de ces grands hommes,

que le même Kobilai fit faire une recherche exacte de tous les

anciens livres chinois dont il fit faire de nouvelles editions

après les avoir fournis à l'examen & à la critique des Lettrés à

longs ongles, & qu'il fit revivre tous les etablifîemens littérai-

rcs qui avoient eu lieu fous les H an fous les Tang, & fous les

Soung. J'ofe aiTurer fans crainte d'être démenti par aucun de

ceux qui favent l'hiitoire, que Kobilai & tous les Mongoux

Page 357: Memoires concernant les chinoise 6

SUR DIVERS OBJETS.

Rr i]

à l'exception du mérite militaire qui leur fut propre font

redevables de tout le refte aux Chinois. Ehqu'etoit-ce que

ces Mongoux avant qu'ilsvinffent en Chine ? Des barbares

qui n'avoient ni fciences, ni arts, & qui trouvant de quoi fe

nourrir dans le produitde leurs chafles & Je leur bétail, ne

favoient pas même cultiver la terre. On ditque quand ils vin-

rent pourla première

fois dans la capitale après avoir fait la

conquêtede l'Empire

necomprenant pas à quoi pouvoient

fervir les Palais, ils camperent fous des tentes à leur ordinai-

re, dans les cours, & logèrent leurs chevaux dans les falles;

( en Chine, tous les appartemens font au rez-de-chauffée ).

Mais pourquoi ces mêmes Mongoux, qui outre la Chine ont

conquis tant d'autres pays fe font-ils attachés de préférence

à former les Chinois à leur apprendre un peu d'aftronomie

à faire de nouvelles eclitions de leurs livres pour pouvoir y

inférer des observations calculées après coup, &c. & ont-ils

laiffé tous les autres peuples qu'ils ont fubjugués croupir dans

l'ignorance ?N'avoient-ils pas des Savans de Balk & des autres

villes du Mufulmanifmc qu'ils pouvoient leur donner pour

maîtres

J'avois envie de terminer ici cet article auquel l'Aftrono-

mie a donné occafîon mais il m'aparu que pour l'entiere

farisfa&ion du Lefteur jedevois dire un rnotiur l'état où elle

ie trouve aujourd'hui,fous la direction des

Européens. Cette

fcience eft cultivée kPc-klng comme on la cultive dans les,

capitalesdes royaumes

de notre Europe. Il y a un Tribunal

dont le reiîbrt s'étend fur tout le Ciel vifible depuis la Corée

ii Tl' b u. i A' & depuis 1le 1 ~ii~-iccb de la S '1

jufqu'auThibetd'un côté & depuis

le voiilnage de la Sibérie

j ni qu'au tropique, de l'autre. Les Européens, en donnant à

cette jurifclittionle nom de Tribunal, ont cru traduire à la

lettre le titre à'Ya-men qu'onlui donne en chinois & que

les

Chinois donnent à toutesles autres jurifdiftions particulières ,tanr

Page 358: Memoires concernant les chinoise 6

OBSERVATIONS ET NOTES

civiles que criminelles. On peut lui donner tel autre nom qu'on

voudra. Le nom ne fait rien à la choie.

Ce Tribunal eil compoféd'un

Infpecleur de deux Préu"-

dens, dont l'un ell toujours Tartare & l'autre cenfé Chinois 7

& de pluficurs Mandarins, qui font comme autant d'Affeffeurs»

Depuis le P. Adam Schal, juf qu'au P. de Rocha qui a fuc-

cédé au P. Halierftein c'ell-à-dire pendant l'cipace de plu-

sieurs fiecles, c'a toujours été un Européen qui a tenu lieu du

Préfideiit Chinois & cet Européen qui préfîde à la place

d'un Chinois ainïî que les autres Européens Tes AffeiTeurs a

loin d'entretenir les Chinois dans l'ignorance que l'Auteur des.

Recherches leur fuppofe fe font un point capital & même

un devoir rigoureux de leur communiquer tout ce qu'il y a

d'eflentiel & d'un peu important même en fait de découverte,

dans les matières qui font de leur reffort & ils ne peuvent fe

lafler d'admirer leur facilité à comprendre & cet efpiït d'ana-

lyfe qui leur fait réfoudre les problêmes les plus difficiles, en

les réduifant aux parties qui les compofent & aux principes

fur lefquels on les a conftruits. De deux cens Chinois environ,

qui font entretenus aux frais de l'Empereur fous le titre

d'Altronomes ou fous celui d'Etudians en aftronomie il y

en a au moins les deux tiers qui connoiffent affez bien le Ciel,

& font allez rompus dans le calcul pour pouvoir compoler

des ephémérides auffi exactes que celles qui fortent de nos

Académies, plus étendues, revues avec plus de foin, & moins

jettes à ces fautes d'inadvertance, auxquelles les ignorans

donnentquelquefois le nom d'erreur. Au refte il faut bien

distinguer ces ephémérides d'avec ces autres qui font pour

i'ufage ordinaire & qui contiennent les fupcrflitions. Celles-ci

ont une des parties qui les compofent uniquement confacréc

à l'indication des efprits & aux opérations de l'aftrologie judi-ciaire c'eit à-peu-près un cinquième du volume. Les premie-

Page 359: Memoires concernant les chinoise 6

SUR DIVERS OBJETS,

res au contraire qui font d'un volume plus gros que les

autres, n'ont pour objet que l'Aftronomie & ne contiennent

que les réfukats des calculsaftronomiques. J'envoie un exem-

plaire des unes & des autres. Les Millionnaires Agronomes ne

compofent ni les unes, ni les autres; ils ne fmt point chargés

de calculer pourles Chinois. Leur

emploi conlifte a revoir

les calculs purement aftronomiques des Chinois, & à en cor-

riger les erreurs s'il s'en trouve. Les appointemens ou les

gages que l'Empereur leur donne, font attachés au degré de

Mandarins dont ils font décorés. Ce n'eft pas l'Empereur qui

lesappelle

à lui, niqui les fait venir à

grands frais du fond de

l'Allemagne, ou de quclqu'autre royaume d'Europe. Ce font

des Millionnaires déjà etablis dans la capitale de la Chine

qui font venir à leurs frais ou aux frais de leurs bienfaiteurs

Européens, d'autres Millionnaires pour en être aidés, & rem-

placés enfuite quand ils viendront à manquer. Et comme les

premiers Européens qui ont été admis dans le Tribunal d' Alr.ro-

nomie qui eft à Peking, etoient de la Million Porrugaife qui

etoit alors feule c'eftla Million Portugaife qui a fourni jufqu'ù

prêtent des Aftronomes à ce même Tribunal.

Après cette digreiîion je reviens à l'Auteur des Recher-

ches & je dis que s'il avoit lu avec moins de préoccupation

& un peu plus de véritable philolbphïe les ouvrages que les

•Millionnaires ont ecrits fur la Chine en différens tems, il le fut

convaincu, par lespreuves

fans réplique qu'il y auroit trou

vées, que les Chinois qu'il rabaiffe Il indignement, font de

tous les peuples qui couvrent la furface de la terre, celui dont

l'hiltoire eft la plus ancienne la plus authentique & la plus

fuivie celui qui cultive les feienecs utiles, & les arts néceffai-

resdepuis plus long-tems plus conftamment

& avec des

fuccès tels qu'illes lui faut pour pouvoir fe parler du îecours

& de rin.duftr.ie des autres nations > &qui a le plus ancienne-

Page 360: Memoires concernant les chinoise 6

OBSERVATIONS ET NOTES

ment le plus généralement le plus pratiquement le mieux

connu la nature & les propriétés reipeftives des diilérentes

l'ortes de terrein du pays dont il cil en poiî'eilion qui a dilHn-

gué avec plus de précihon &r tle clarté le genre des denrées

qu'il de\ oit leur conher qui dans tes livres économiques,

compofésdans des teins où les nations occidentales celles

îur-tout qui iont plus voidnes du pôle, ne le doutoient pas

même qu'on pût raire des livres, a traité le plus méthodique-

ment, le plus expérimentalement, ii je puis ainfi dire, des

déférentes manières d'entretenir la Aie par le moyen des ali-

mens propresà chacune des contrées qu'il connoiflbit de

couiervei la iauté en aiîujettiiTunt à certaines règles l'uiage

de ces mêmes alimens & de guérir les maladies par des médi-

camens tirés des trois règnes de la nature choiiis avec intel-

ligence, prépares avec art, & admimllrés à propos, luivant

le belbin cv les circonilances.

Il n'eft pas douteux que les Millionnaires qui ont parlé de

ces diflerensobjets

dans leurs ecritsont ibuvent traité des

matières qu'ilsn'entendoient pas en ont parlé en termes

impropres& ne font

pas toujoursentrés dans les détails

néceîïaircspour

initruireparfaitement

mais ou doit les excu-

ler enfailant réllexion

que n'étantni

cconomiftesni méde-

cins, niinitiés dans certaines

feiencesni dans les

artsils fe

z. l'iii7 desfontexnrimés

en hommes ordinaires iur des matièresqui

n'eioient pas de leur relTort, Une pareille indulgenceeil

digne

de tout Lefteuréquitable

d'un Lecteuriur-tout qui

s'annonce

pour philoiophe.

On ne s'attend point que je iiiive pas a pas un homme qui

pour avoir voulu s'écarter de la route ordinaire s'elt égaré

dans les dii+erens détours des l'cntiers feabreux qu'il s'eir lui-

jne;r:i trayés. Il me iuffit de donner quelques eclairciflemens

iur lesprincipaux

d'entre les articles qui ont mérité l'animad-

Page 361: Memoires concernant les chinoise 6

SUR DIVERS OBJETS.

verfion de l'Auteur des Recherches afin qu'on puiffe juger

avcc pleine connoiffance fi cet Auteur cfl: bien ou mal fonde

dans les reproches qu'il fait aux Chinois. Comme on n'a ojé

dit-il dans fa Préface pag. v, les juflijier Jur t infanticideon a lûc lié, au moins de les juflifier Jur la 7riniere inhumaine

dont ils châtrent' une multitude de garçons.

Des Eunuques che^les Chinois.

Il n'efi jamais permis de juftifier les crimes; mais on peut

entreprendre de juftificr une nation entière quand on l'accule

mal-à-proposde ie faire une habitude de certains crimes &c

des'y

livrer fans remords. Je ne parlerai point desEunuques,

puîfque l'article qui les concerne a déjà été difeuté je dirai

feulement que la manière dont on les tait ici, même les adul-

tes, n'en: ni fi cmdle ni fî meurtrière que l'Auteur fe l'eft ima-

giné. Elle n'eft point(l cruelle car de l'aveu même de ceux

qui ont fouffert cette opération, ils l'ont à peine fentie dans

le tems qu'on la leur failoit. Elle n'efi point fi mcunrïere car

fur cent il s'en trouve a peine un qui meure & encore, m'a-t-on

dit, quand il meurt il y ci toujours de fa faute ou de la faute

de ceux quile fuignent.

Cette opération m'a-t-on ajouté doit

être moins dan^reuje jur V homme qu'elle ne ï cfl jur Lis ani-

maux parce qù on prend bien d'autresprécautions quand il

s'agitd'un homme que lorf qu'il s' agit fimplemait

d'un animal.

II n'y a aujourd'hui que chez l'Empereur& chez les Princes

de fa famille où ily

ait desEunuques.

Cc>hommes dégradé-;

ne fontque pour

le fervicedomeibque

lagarde

desfemmes,

des jardins ou maifons de plaiiance & des fépultures. lis ne

font, ni dans les Tribunaux ni fous les enfeignes militaires,

ni dans aucun des emplois civils. Sous la Dynaftie prélente on

a elïayé de s'en parlermais on seil convaincu que c'eit un

mal néceffaire parce queles femmes & les iiiies

qu'onaveu:

Page 362: Memoires concernant les chinoise 6

OBSERVATIONS ET NOTES

chargées des emplois qui font dévolus aux Eunuques ne

pouvoient pas y vaquerconftamment & avec exactitude

tantôt par une raifon, & tantôt par une autre, & très-fouvent

fous des prétextes qui leur tenoient lieu de raifons. Ne pouvant

donc pas s'en paffer on en a réduit le nombre au pur nécef-

faire, & ce nombre ne va pas à fix mille dans toutl'Empire

de la Chine. Tl eft vrai qu'il n'en a pas toujours été ainfi, &

qu'il y a eu des tems où ce terrible fléau défoloit la Chine plus

cruellement que ne l'eût fait la pefte ou la famine mais les

Chinois s'en font toujours plaint, & l'ont toujours regardé

comme le plus grand des malheurs. Qu'on life leur hiftoire

qu'onlife leurs ecrits politiques

on fe convaincraqu'ils ont

toujours défapprouvé l'ufage barbare de mutiler les hommes

hors le cas où ils méritoient la mort. En voilà affez fur cet

article j'en viens à l'infanticide.

Infanticide des Chinois,

On a beaucoup crié en Europe contre l'infanticide des Chi-

nois & l'on a eu raifon, fi les Chinois font, généralement

parlant, coupablesde ce crime. C'eft une

queftion que je ne

crois pas indigne d'être difcutée pour en foumettre la décifion

au Lefteur.

On ne doit ce me femble attribuer un crime à toute une

nation, que dans le cas où ce crime clériveroit de la conftitu-

tion du gouvernement particulier de cette nation ou qu'il

feroit commis par le grand nombre de ceux qui la compofent,

ou fimplement par ceux dont la conduite & les mœurs influent

nécefîairement fur la conduite & les mœurs de tous les

autres.

Je fais qu'il fe commet des infanticides à la Chine; mais jefais auffi que ce crime n'y eft pas auffi commun que les exa-

gérateurs voudroient bien le perfuader i°. il eft inouï qu'il fe

commette

Page 363: Memoires concernant les chinoise 6

SUR DIVERS OBJETS.

Tome FI. S s1 L u +.J

commette dans les villages & dans lescampagnes. Ici comme

par-tout ailleurs les enfans font la riclieffe des payfans & des

gens de travail; 2°. il n'a lieu que dans les grandes villes & parmi

ceuxqui logent fur des barques

ou fur des radeaux dans queL-

ques-unes des provinces de l'Empire; il n'eft commis que par ce

qu'il y a de plus vil, par l'ecume & le rebut, pour ainfi dire

de la nation. Eft-il de la justice de rendre toute une nation

refponfable du crime de quelques particuliers, qu'elle ne met

qu'à regret au nombre des tiens Qu'en feroit-il de nous, &

quel rang occuperions-nous dans l'eftime des nations étrangè-

res, fîpour caraftérifer la nation françoife elles concluoient

ainfi du particulier au général

`

Le gouvernement chinois qui va au-devant de tout & qui

tire parti des abus mêmes pour corriger les abus n'a porté

aucune loi pour punir les infanticides dans le cas dont il s'agit

ici. Il a mieux fait, il a mis fes foins à empêcher qu'il n'y eût

des infanticides. Il afuppofé que ce crime n'étant pas dans la

nature, nepouvoit

être commis que par des malheureux fans

reffource, qui y feroient portés par le défefpoir de ne pouvoir

nourrir ceux à qui ils auroient donné la vie. Hou dit un pro-

verbe qui a beaucoup de cours ici, hou-pou-cha-tfee c'eft-à-

dire, letygre

ne tuepas fes petits. L'homme feroit-il pire que

le tigre ? Non fans doute.

Les Chinois font des hommes, & ne different pasdes autres

hommes, quant à ce quiconftitue effentiellement leur être

phyfique & moral. Ils font fujets aux mêmes paffions ils font

portés aux mêmesvices

ils ont les mêmes befoins, & le germe

des mêmes vertus. Mais je le dis hardiment, & je ne crains

pas que ceux qui font au fait de leur morale, quiles ont vus de

près &qui connoiffent leurs mœurs & leurs ufages foient

tentés de me défavouer les Chinois font de tous les hommes

réunis en fociété, ceux quifont un plus grand cas de l'homme y

Page 364: Memoires concernant les chinoise 6

OBSERVATIONS ET NOTES

qui mettent fa vie à un plus haut prix, & qui prennent les mefu-

res les plus efficaces pour empêcher qu'on ne la ravine à per-

fonne injustement ( dans tout ce que je dis, je ne parle point

de ceux qui fe conduisent à la lueur du flambeau de la foi, &:

conformément aux maximes del'Evangile ).

Le jïn c'eft-à-dire l'humanité, l'amour de fes femblables

eft la premiere de leurs trois vertus cardinales; c'eft celle qu'ils

enseignent avec le plus de complaifance c'efr. celle qu'ils

prêchent dans tous leurs livres, & qu'ilstâchent d'inculquer à

tout le monde depuis le Souverain jufqu'à ceux de l'etage le

plus bas jufqu'au mercenaire & à l'efclave. Mais les Chinois

formant une nation beaucoup plus nombreufe qu'aucuneautre

qui foit fur la terre, il fe trouve parmi eux néceffinrement un

plus grand nombre de ces hommes infortunés qu'unedifette

de tout peut dépouiller dans certaines circonftances des fen-

timens les plus naturels & les plus humains en les portant à

des excès que leurs cœurs défavouent même en s'y livrant.

Le gouvernement confidérant ces hommes non tels qu'ils

devroient être mais telsqu'ils

font en effet fait fort bien que

nourrifiant toujours dans le fond de leurs cœurs l'efpérance

flatteufe d'un avenir plus heureux la vue de leurs miferes

préfentes ne les fera pas renoncer au droit naturel qu'ils ont

de fe donner unecompagne pour en avoir des defcendans. Il

fait auffi que ces hommes pouvantà peine fe procurer

leur

propre fubfiflance manqueront de tout pour faire fubfifter

ceux qui naîtront d'eux & que fe trouvant dans la trille alter-

native, ou de mourir de faim, ou d'ôter la vie à quin'en joui-

roit qu'aux dépens de la leur, ils préféreront leur conservation

propreà la conservation de tout ce qui n'eft pas

eux. Il fait

encore que ne pouvant pénétrer dans l'intérieur des familles

pour s'inftruire de ce qui s'y paffe il lui feroit impoffiblede

diftinguer un infanticide d'avec celui à qui une mort naturelle

Page 365: Memoires concernant les chinoise 6

SURDIVERS OBJETS.

S S ij

aurait enlevé fon enfant. Jl lait enfin que la crainte du châti-

ment eft.un frein bien foiblè pour arrêter le crime quand on

a mille moyens pour le cacher ainfi., au lieu de porter contre

les infanticides une loi rigoureufe mais qui eût eté fans effet

il a mis des obstacles à ce crime il a pris des mefures pour

l'empêcher & les moyens qu'il emploie, font, humainement

parlant, les plus efficaces de tous ceux qu'il pouvoit em-

ployer.

Pour fouftraire à la mort ces innocentes viftimes que l'ex-

trême indigence de leurs parens y dévoueroit, il a favorifé

leur expofition, il l'a facilitée autant qu'il l'a pu, en la dépouil-

lant de tout ce qu'elle pouvoit avoir d'ignominieux aux yeux

du public, en lui fourniflant gratuitement l'abondance des

fecours, en la mettant à l'abri de toute perquifition fous la

fauve-garde même du Magiftrat.

Chaque jour, avant l'aurore, cinq tombereaux, traînés cha-

cun p?:r un bœuf, parcourentles cinq quartiers qui partagent

la ville, c'elt -à-dire les quartiers du nord du midi, de l'eft

de l'oueft & celui du milieu car c'eft ainfi qu'on la divife.

On connoît à certains fignaux quand ces tombereaux paflent,

& ceux qui ont des enfans vïvans ou morts.à leur livrer les

leur livrent pour être portés dans le Yu-yng-tang c'eft-à-

dire, dans cette maifon de charité dans laquellefont des

Médecins, des Matrones & des Nourrices que le Souverain

entretient aux dépens de l'Etat où il y a des Mandarins pour

veiller à la décence & au bon ordre, & où tous ceux qui la

compofent font immédiatement fournis à celui des grands Tri-

bunaux, que l'on appelle ici le Ly-pou & que nous pouvons

appeller en françois le Tribunal qui a infpectwn fur les rit s

les mœurs & les ufages de la nation. Les enfans qui vivent

encore font mis entre les mains des nourrices ôr les morts

font dépofés dans une efpece de crypte, où cales couvre d'un

Page 366: Memoires concernant les chinoise 6

OBSERVATIONS ET NOTES

peude chaux-vive pour en coniumer promptement les

chairs.

Une fois chaque année, lorfque commence le tjîé-ki, appellé

tfing-ming c'eft-à-dire dans cette faifonque nous appelions

le printems des Corhmiffaires députés par le Ly pou & du

nombre des Mandarins qui compofent ce Tribunal, fe rendent

en cérémonie au Yu-yng-tang, & y président à la conftruftion

d'un bûcher dans lequel on jette tous les reftes de ces petits

corps, pour y être entiérement confumés & réduits en cendres.

Pendant tout le temsque

le bûcher cft en feu, une troupe

de Bonzes l'environne & fait des prieres qu'elleadreffe aux

efprits de la terre, & à ceux qui préfident aux générations,,

pour leur demander d'être plus favorables qu'ils ne l'ont été

ci-devant à ces petits êtres lorsqu'ils reparoîtront fous une

nouvelle forme.

Après que.les prieres font finies, & que le bûcher entière-

ment confumé ne laifTe plus voir que des cendres les Manda-

rins-commiflaires font retirer tout le monde & fe retirent

eux-mêmes pour revenir le lendemain préfider à la cérémonie

du relèvement de ces cendres. Cette cérémonie fe fait avec

le même appareil que celle du jour précédent. On recueille

avec foin les cendres déjà refroidies on les met dans un fac }

& on vales répandre dans la riviere, ou dans le ruiffeau voifin.

Les Bonzes font encore des prieres par lefquellesils deman-

dent aux efprits des eaux, & à ceux qui préfident aux géné-

rations, de faire enforte que ces cendres promptementdif-

foutes, s'exhalent en vapeurs, & ne foient pas long-temsfans

concourir à larégénération de

quelquesautres êtres fembla-

bles à ceux dont elles font les reftes mais qui foient affez heu-

reuxpour pouvoir jouir d'une plus longue vie.

Je me fuis exactement informé, auprèsd'une perfonne

inftruite ? de la raifon pour laquelle on n'enîerroit pas. ces cen-

Page 367: Memoires concernant les chinoise 6

SUR DIVERS OBJETS.

dres, plutôt que de les répandre dans la riviere. Voici ce qui

m'a eté répondu On fait accroire au peuple que les cendres

jettées dans la riviere étant plus promprement diiïoutes

qu'elles ne le feroient dans la terre, font plutôt en état de

devenir cequ'elles etoient en s'exhalant avi.c les vapeurs de

l'eau; mais la vraie raifon eft qu'avant l'etabluTement de cette

cérémonie legouvernement avoit découvert qu'on abufoit

de ces cendres, en les faifant fervir à des opérations -magiques,

ou à des procédés de chymie pour perfectionner par le

moyen du feu les fubftances qui entrent dans la compofition

de certains corps mixtes. On prétend fur-tout que ces cendres

amalgamées avec la matière dont on fait la porcelaine la

rendoient plus folide plus tranfparente &beaucoup plus belle

en tout point qu'ellene l'eût eté fans cela. Si cet effet eu. réel,

il ne feroitpas impoffible de l'obtenir par les cendres des os

des jeunes animaux.

Une fois dans le cours de chaque lunaifon les mêmesdépu-

tés du Ly-pou vont faire une vifite en regle. Ils s'informent du

nombre des enfans fubftituent de nouvelles nourrices à celles

dont le lait commence à tarir & à celles qui ont rempli le

terme de leur engagement, lequel ne s'etend jamais au-delà

de trois années enfin ils voient par eux-mêmes fi tout eft. dans

l'ordre, & corrigent les abus s'il s'en eft gliffé quelques-uns.

Cet hôpital eft acceffible en tout tems à quiconque man-

quant de fucceffeur de fa propre progéniture,veut s'en don-

ner un qui puiffe le remplacer dans tous les droits en le

choiiîffant d'une condition quilui en afTure la pofleffion exclu-

five, & d'un âge qui lui donne lieu d'efpérerde fa part une

nffeâion telle qu'il auroit droit de l'attendre de celui à qui il

auroit donné le jour. La païîion extrême qu'ont les Chinois

de laiffer quelqu'un après eux qui puiffe les pleurer après leur

mort &rendre à leurs tablettes tous les honneurs que la piété

Page 368: Memoires concernant les chinoise 6

OBSERVATIONS ET NOTES

filiale prodigue ici à la repréfentation des Ancêtres cette

paffion dis-je, fait qu'il ne fe trouve prcfque perfonne qui ne

fafle coniîiler une partie de fon bonheur à avoir des enfans.

Ceux à qui la nature en refuie ou qui par le concours de

certaines circonstances ne fauroient en avoir de leur propre

fang, ont recours à un fang etranger, & fuppléent par l'adop-

tion à tout ce qui peut leur manquer d'ailleurs. Les Eunuques

même font en cela plus Chinois que les autres Chinois & le

premier ufage qu'ils font de leur argent quand ils en ont

acquis quelque peu, eft en faveur de quelque fils adoptif,

qu'ils choifiiïent dans leurs familles, ou chez quelqu'un de leur

connouTance.

Eft-il vraifemblable & peut-on croire que dans un pays où

il y a tant de débouchés pour les enfans, fi je puis employer

ici cette expreffion triviale, on en foit embarraffé jufqu'au

point de ne pouvoir s'en défaire qu'en leur ôtant la vie auiïi-

tôt qu'ils commencent à en jouir Eft-il à préfumer que ces

malheureux qui fe trouvent furchargés du fuperflu de leur race,

aiment mieux le jetter à la voirie pour être foulé aux pieds des

chevaux & des mulets mangé enfuite par les cochons ou dévoré

par les chiens que de le remettre entre les mains de celui qui

conduit le tombereau dont l'unique deftination eft de le rece-

voir ou d'attendre le moment où ce tombereau paffe, pour

poferdoucement à terre à la vue de celui qui le conduit, le

trifte fardeau dont il veut fe foulager ? Non ce feroit faire le

mal pour le mal & l'homme quelque méchant qu'on le fup-

pofe, n'en eft pas capable. La précaution que prennent de

l'aveu même de l'Auteur des Recherches ceux qui demeurent

iùr les eaux, d'attacher, fur le corps des enfans qu'ils aban-

donnent, des calebaffes qui puiffent empêcher qu'ils ne périf-

ient fi-tôt en empêchant qu'ils ne foient fubmergés eft une

preuve qu'ilsne veulent pas leur perte, ou qu'ils n'y confentent

Page 369: Memoires concernant les chinoise 6

SUR DIVERS OBJETS.

qu'à regret. Ils le flattent dans le fond du cœur qu'il fe trou-

veraquelques ames compatiffantes, qui voyant flotter fur les

eaux ces tendres enfans, les en retireront pour les faire nourrir

ils efperent que quelques Mahométans charitables, voudront

donner des preuves de leur zele pour la loi ci leurProphète

en leur fauvant la vie pour en faire enfuite des diiciples de

l'Alcoran ils efperent encore qu'il arrivera peut-être que

quelques meres, auxquelles la mort viendra d'enlever un fils

ou uu-e fille qu'elles aimoient tendrement, voudrontréparer

en quelque forte leur perte en remplaçant les morts par les

vivans; & il arrive fouvent qu'ils ne fe trompent point dans

leur efpérance.

La conféquence qu'on doit tirer naturellement de ce que jeviens de dire efl qu'on a très-grand tort d'accufer les Chi-

nois, en général,d'un crime

qui n'eft commis que par ce qu'il

y a de plus vil & de plus méprifable parmi eux, & par un

très-petitnombre de ces hommes méprifables & vils nombre

qu'on a prisà tâche de groffir pour avoir un prétexte plaufi-

ble de décrier toute la nation. Il fuit encore que c'efl: tout au

moins abufer du terme, que d'appeller infanticides le petit

nombre de ces Chinois vils & méprifables qui expofent leurs

enfans.

On m'arrête ici pour me faire remarquer que ce n'eftque

par les Millionnaires qu'on a iu en Europe qu'il y avoit des

Chinois qui expofoient leurs enfans que le nombre de ces

enfans ainiî expofés etoit très-grand que de tout ce grand

nombre, il y en avoit les trois quarts qui etoient morts avant

qu'onne pût

les recueillir, & que du dernierquart restant,

les. trois quarts encore pérhToient immanquablement avant

qu'ilsne fuffent arrivés au lieu de leur deilination. Voilà en

fubftance tout ce qui a été dit fur l'expoiîtion des enfans.

Il eft vrai que c'efl: ainli que quelques Millionnaires l'ont

Page 370: Memoires concernant les chinoise 6

OBSERVATIONS ET NOTES

cru, & qu'ils l'ont annoncé à. leurs correfpondans d'Europe;

mais ces Miffionnaires fe fonttrompés, & ont pris les

appa-

rences pour la réalité les exagérations & les faux expofés

pour la vérité toute pure. On va en convenir dans le mo-

ment.

Parmi les différentes peines auxquelles nous fommes fujets

ici une des plus difficiles à fupporter eft celle de nous voir

traiter en gens au-defîus du commun & d'être forcés par-là

à nous conduire à l'extérieur comme le font ceux de la clalTe

dans laquelle on nous range. Parlons plus firnplement nous

avons tous les défagrémens du décorum & toute la gêne d'une

certaine bienféance d'etat, fans en avoir les avantages. Nous

ne pouvons rien faire par nous-mêmes & nous fommes obli-

gés, pour tout ce que nous faifons d'avoir recours à ceux du

pays. D'ailleurs les Chinois ont fi bien fixé leurs coutumes, ont

fi bien arrangé leurs affaires ont fi bien difpofé de tout, qu'il

ne nous eft pas poffible pour ainfi dire, de faire un pas fans

eux que nous ne pouvons nous iniliruire de ce qui fe paffe

au-dehors, que par leur canal. Ceux qui nous prêtent leur

miniflere & qui font à nos gages font gens de l'étage le plus

bas gens par conféquent dont les vues font toujours intéref-

fées, & dont les fentimens font conformes pour l'ordinaire y

à la baflefle de leur état. Heureux les Millionnaires qui font

allez éclairés pour bien choifir, & aflez avifés pour ne donner

leur confiance qu'à qui la mérite J'ofe dire que ce n'eft pas

le plus grand nombre quoique chacun fe flatte d'avoir fu

faire un bon choix, & d'être en ce point des mieux partagés.

Car ceux d'entre les Millionnaires qui ont été les premiers à

étendre leur zele jufqu'à vouloir procurer la grace du Baptême

aux petits enfans fans aveu, fous le prétexte affurément très-

plaufible que de dix il en mouroit au moins huit n'ont pu

faire cette bonne ceuvre par eux-mêmes ils fe font déchargés

de

Page 371: Memoires concernant les chinoise 6

SUR DIVERS OBJETS.

Tome FI. Tt r.

,de ce foin fur des catéchiftcs, & ceux-ci fur des infideles J

pour nepas-s'expofer à quelque fâcheuse affaire s'ils etoient

foupçonnés. Ces catéchiftes & ces infideles etoient conftam-

mentrécompenfés par quelquefomme

d'argrnt, en proportion

des peines qu'ils s'croient données, & du lombre plus ou

moinsgrand des petits baptifés tout le refte eft facile à com-

prendre. Les bons Millionnaires loin de Soupçonner la moin-

dre fraude s'applaudiffoient intérieurement & fe réjouifloient

en Dieu d'avoir contribué à ouvrir la porte du Ciel à quelques

milliers d'enfans. Ils faifoient part du fuccès de leur zele à leurs

amis d'Europe & ces amis charmés à leur tour de pouvoir

contribuer à l'édification du public fe faifoient une efpecede

devoir de faireconfigner ces fortes de relations dans le recueil

des Lettres edifiantes pour en infiruire plus généralementceux

qui s'intéreffent à cette bonne oeuvre & qui y contribuoient

par leurs libéralités. Les Editeurs de ces Lettres ne faifant point

la fonction decritiques mais fimplement celle de compila-

teurs, & comptant d'ailleurs fur la bonne-foi de ceux qui

ecrivoient, n'ont pas cru qu'il fût néceffaire de vérifier feru-

puleufement ce qu'on leur ecrivoit airm* ce nombre prodigieux

de petits enfans baptifés a paffé pour confiant & l'on en a

conclu qu'ils etoient tous ou prefque tous des enfans de

rebut.

Cette conclufion qui paroît toute naturelle n'a pas peu

contribué à enraciner parmi nous la fauffe préventionoù Ton

etoit déjà fur le compte des Chinois & a donné lieu à l'Au-

teur des Recherches, de lesregarder

en généralcomme cou-

pables d'infanticide. J'ajoute quelques eclaircifiernens qui vont

mettre la vérité dans tout fon jour.Les Jéfiutes qui par le miniftere des Chinois, auxquels

ils fe fiolent, ontcompté les enfans trouvés ont mis far une

même ligne tous les encans qu'on, leur a dit avoir été ondoyé*

Page 372: Memoires concernant les chinoise 6

OBSERVATIONS ET NOTES

parles Médecins chrétiens par les catechiites & par les

infidèles qu'ils foudoyoient pour cette bonne oeuvre. Ils ont

cru, faute d'être inftruits de certains ufages que tous ces

enfans qu'on livre chaque jour auxcinq corbeaux qui parcou-

rent les cinq quartiersde la ville, etoient des enfans inhumai-

nement cbanJor./n'spar

ceux dont ils avoientreçu

l'être. Or il

eft très-certain que de tous ces enfans il n'y en a pas un cen-

rieme qu'on doive mettre, au nombre de ce que nous appelions

en fins trouvés. Les uns font des enfans qui malades dans les

maifons de ceux qui leur ont donné la vie y (ontfoignés

avec la plus grande attention mais que la mort cil iur le point

d'enlever de ce monde ou parle fléau de la petite vérole

ou parcelui des convuHions- auxquelles

ils font ici rrès-fujets,

8c quien font périr un grand

nombre. Les Médecins chrétiens

& les catéchiftes qui les voient dans cet état s'acquittent

envers eux de l'obligation qu'on leur a impofée en leur fai-

fant des libéralités, & les baptifcnt comme ils peuvent fans

qu'on puiffe foupçonnerce

qu'ilsfont.

Les autres font pour la plupartdes 'entans déjà morts

quoique leurs parens aient fait tout ce qui dépendoit d'eux

pour leur conferver la vie mais ces parens font gens pauvres

ou gens qui gagnentleur vie par le travail de leurs mains il leur

en coûteroit d'acheter quelques planches pour faire une petite

bière ils perdroient le gaind'une journée s'il leur falloit for-

tir de la ville creufer une folle pour y enterrer celui qu'ils

viennent de perdre & inviter au moins une ou deux perfon-nes pour

tenir lieu de convoi funèbre. Il leur en coûte moins

de le livrer au corbeau pour être porté dans le Crypte de Yu-

ynç-tiuis; i c'eft le parti que prennent les pauvres & laplupart:

des ouvriers, quand il leur meurt des enfans après les premiers

mois qui les ont vus naître.i

"Ignorant cette coutume les Jéfuites qui ont compté les

Page 373: Memoires concernant les chinoise 6

SUR DIVERS OBJETS.

Tt ij

eufans trouves ou ceux quileur en ont donne la lifte ont cru.

que les enfans qu'on portoit au Yu-yng-iang etoient tous de

ce nombre, & ont ecrit leurs relations en conformité de leur^

croyayee ce qui eft bien éloigné du vrai. Je conclus de tout

ce que je viens de dire que lori qu'on fe dépouille de tout

préjugé $c que l'on veut bien faire attention à tout, ons'apper-

çoit (ans peine qu'il n'y a pas dans l'Empire de la Chine plus

d'enfans réellement abandonnés qu'il n'y en a, proportion

gardée dans les autres Empires du monde. Je dirois quelque

chofe de plus fi j'ofois dire tout ce que je pente mais en

voilà aflez iur un fuje.t que j'aurois peut-être bien fait de pal-

fer fous filence.

Gouvernement des Chinois.

J'en viens au gouvernement des Chinois quel'Auteur des

Recherches appelle un gouvernement de châtrés & de voleurs,

parce que fous quelques Princes foibles les Eunuques ont été

dans les charges, ont gouverné l'Empire & l'ontpillé parce

que dans ces tems de troubles & de confuiion où le trône

chancelant, fous des Souverains incapables de l'occuper, alloit

être envahi par quelqu'autre race dc redoutables bandes de

brigands & de voleurs pilloient des provinces.Une pareille

induction n'cil pas digne d'un Philofophe & d'un Philofophe

quidit avoir fait des Recherches. Il faut que

fes Recherches

aient été bieniuperficielles pour n'avoir pas trouvé que le

gouvernement chinois eft de tous les gouvernemens celui

qui dérive le plus immédiatement des loix de la nature. Le

peuple dela

Chine efl une famille immenfe dont £ Empereur ejî l

le père. Une (impie analyfedes loix fondamentales Iur lei-

quelles s'appuie ce fage gouvernement va mettre cette vérité

dans tout ion jour.Le Souverain dit Confucius dans fes leçons fur la Grande

Page 374: Memoires concernant les chinoise 6

OBSERVATIONS ET NOTES

fcience, doit gouverner fes Etats comme il gouverne fa propre

r famille ( voyez l'article 9 du Ta-hio ) & il doit regarder fes

*' fujets comme fes enfans.Ce fut-là la feule infiruclion que le

grand Ou-ouangdonna au fage Tcheou-Koung fomfrere

lorfiit'il l'envoya fe mettre en poffeffion dit Royaume de Lou,

qu'il lui donnoit en apanage. Aime^ votre peuple comme une

tendre mère aime jon petit enfant lui dit-il & vous gouver-

nerer~?6yï Le POM-)/f/7Z?772<?7!fde T-'O~'e y~77ZZ~ doit être le

modèle du gouvernementde vos Etats, &C. Le Souverain

dit encore Confucius ( Ta-hio article dixième) ne doit jamaisdonner à lès fujets des ordres dont l'exécution lui jerou défa-

grêable à lui-même ficeux qui auroient droit de lui commander

l 'exigeaient de lui, &C. Il ne faut que remplir le devoir d'un

bon fds pour accomplir ceux d'un bon Jujct. Les uns & les

autres nous font impofés parla nature pour les

mêmes fins &c.

Le Souverain doit aimer & inflndre les Jujets doivent refpecier

& obéir. Le Souverain efi réputé fils du Ciel.; les fujets font

réputés fils duSouverain. Si le

premier je comporte enpere

tendre, & les féconds en fils refpeaueux & ohéiffans tout fera

bien réglé dans l'EmpireSec. &c

Telles font les maximes de gouvernement, répandues dans

tous les livres des Chinois qui traitent de la politique ou de

la morale. C'eft de ces maximes & uniquement de ces maxi-

mes, que dérivent les devoirs qu'ils ont impofés à leurs Sou-

verains, & les moyens qu'ils lui fuggerent pour en obtenir

l'accomplirTement.

L'Empereur, difent-ils en tant que Fils dit Ciet, doit faire

tous fes efforts pourimiter le Ciel; il doit être bon jufte

défintérefle plein de droiture, & être lui-même un modèle fur

lequel fes fujets puiffent fe former. C'eftpourquoi

il a des

regles à fuivre des vertus àpratiquer, des vices à éviter,

( "Voyez, le tome quatrième pag. 77 ).

Page 375: Memoires concernant les chinoise 6

SUR DIVERS OBJETS.

Le gouvernement Chinois nefl point defpotique.

Le Ckou-king quieft la bafe du gouvernement chinois

leCfwu-king

dit M. de Guignes ( pag. 4 de la Préface ) ren-

ferme une morale anjlereil

prefcnt par-toiula vertu F atta-

chement le plus inviolable au Souverain comme à une perjonm

facrée 7 mife fur le Trône par le Ciel, dont il tient la place fur

la terre unprofond refpecl pour le culte la plus par-

faite foumijfwn aux loix, une entière obéijfance auxMagiflrats.

Il contient de plus les devoirs de ces Magiflrats & de tous les

Officiersà

F égard des peuples regardés comme lesenfans du

Souverain & les obligations du Souverain lui-même auqucl

on accorde à peine quelques délaffemens. Un Trône dit le

Chou-king efl le fîegc des embarras & des difficultés.q

C'eflen

confédérationde ces loix contenues dans cet ouvrage i

queles Chinois etoient anciennement les arbitres des différends

qui arnvoientchez

leursvoifins & qu'en général

ils ont eté

admirés de toutes les nations qui les ont connus &C.

Je fais dit l'Empereur Kien-long ( dans fa Préface de

l'Eloge de Moukden, pag. xxviij ); je fais qu'une attention

continuelle fur moi-même qu'un refpecl confiant pour le Ciel

qu'une unionintime avec mes frères qu'un amour fans bornes

pour les peuples qui me font fournis fort les feuls moyens par

où je puis rendre mon cœur femblableaux cœurs de mes Ancê-

tres à ceux du Ciel & de la terre & que ce ne peut être

qu'autant que mon cœur feratel que' je gouvernerai ban via

famille & l'Empire & que je procurerai ~f~~yf~ joie

l'abondance & tous les avantages que je voudrais avoir pour

moi-même &c. Eft-ce-ià le langage d'un Defpote? ou plutôt

n'eft-ce pas ainfî que s'exprimèrent un père tendre, en pariant

des moyens cui lui paroitTcienij. l' ac;

desmoyens oui

luiparoitroient propres

à bien conduire acs

enfans chéris ? Des deux cens trente-huit Empereurs qui ont

Page 376: Memoires concernant les chinoise 6

OBSERVATIONS ET NOTES

gouverne la Chine depuis Fou-hi il n'en eft qu'un petit nom-

bre qui n'ait pas fait confiller la première partie de fa gloire

à être réputé Fils du Ciel & la feconde à être regardé comme

le Père de la patrie & du peuple &c. &c. &c.

A la Chine dit l'Auteur des Recherches philofophiques

le dejpotifme a renverfé le Sacerdoce & l'a comme foulé aux

pieds. Comment a-t-il pu arriver que le defpotifme qui n'a

jamais été le gouvernement de la Chine, ait pu renverlër &

fouler aux pieds un facerdoce qui n'a jamais exifté que dans la

perfonne du Souverain ? Il faut avouer que cet Auteur n'efi:

pas heureux en Recherches. Si quelque Ecrivain inconsidéré a.

avancé quelque absurdité, à l'occafion du gouvernement chi-

nois, c'eft juftement à quoi il s'attache. Si un Savant très-

inftruit d'ailleurs de ce qui concerne la Chine laifle échapper

quelque erreur, fans y faire attention il nemanque pas de

la recueillir pour la faire fervir de bafe à une foule de raifon-

nemens, qui ne font rien moins que dignes d'un Philolbphe.

Si j'avois à le faire revenir de fes préjugés fur le gouverne-

ment & le Sacerdoce des Chinois je lui dirois dans un Etat

defpotique tout plie fous la volonté du Souverain, & le Sou-

yerain ne donne pour loi fuprême que fa volonté. A la Chine

au contraire tout plie fous la loi & la volonté du Souverain

n'efi cenfée avoir un effet légitime qu'autant qu'elle eit con-

forme à la loi. Un Defpote n'a qu'à dire je le veux & tout

fe fait. Qu'un Empereur de la Chine dife de même je le veux

h ce qu'il veut n'eft pas jufte ou n'eft pas conforme à la loi,

ou eft contraire à queiqu'ufage reçu, rien ne fe fait, à moins

que la violence ne s'en mêle & dans ce cas on le regarde

comme un tyran. Les Cenfeurs les grands Tribunaux les

Mandarins & tous ceuxqui

ont droit de repréfentation lui

expofent dans des requêtes, en faveur des ufages, de la juftice

ou de la loi toutes les raifons qu'ils croient devoir faire impref-

Page 377: Memoires concernant les chinoise 6

SUR DIVERS OBJETS.

il on fur lui pour l'engagerà rétracter fon/'s le veux; & s'il ne

fe rend pas d'abord on revient à lacharge autant de fois

qu'ileft nécefTaire pour obtenir ce

qu'onfouhaite de lui, jufqu'à

ce qu'il leur impofe un filence abfolu ce qui arrive allez

rarement.

Pour ce qui efï du Sacerdoce il eft confiant qu'il n'a jamaiseté féparé de l'autorité fuprême. Le Souverain eft cxclufîve-

ment à tous autres le Grand-Prêtre de la nation il a feul le

droit de facrifier publiquement au Ciel & perfonne depuis

Fou-hi jufqu'à l'Empereur Kitn-long n'a jamais effayé de lui

enlever cette prérogative qu'il n'ait auparavant tenté de lui

enlever l'Empire. Les Chinois ont toujours eté fi intimement

convaincus qu'ils n'ont d'autre Grand-Prêtre que leur Souve-

rain, qu'ils ne comprennent pas même que la chofe puiffe être

autrement. Ils fe regardent tous vis-à-vis de leur Empereur

comme des enfans non encore émancipés fe regardent vis-

à-vis de leur pere. L'Empereur en: le pere commun qui pref-

crit à fes fujets, quiiont fes enfans, ce qu'ils doivent faire, ¡

qui les gouverne & pourvoit à tous leurs befoins. Les fujets

à leur tour, fâchant que l'Empereur eft leur pere fe repofent

fur lui de tout. Si l'on a befoin des bienfaits du Ciel & des

dons de la terre c'eft l'Empereur feul qui les demande folenv

nellement par des facrifices propitiatoires. En un mot rien

de plus fîmple que les principes du gouvernement & de la

religion des Chinois. Ce qu'un pere doit à fes enfans, & ce

quedes enfans doivent à leur père voilà fur quoi eft

appuyé

tout le gouvernement le culte du Ciel des Elprits & des

Ancêtres voilà en quoiconfiite toute la religion d'une nation

la plus invariable dans les maximes qu'elle a une fois adoptées }

& la plus confiante qui foit dans l'univers.

Aprèsavoir cherché allez

long-temsce

qui pouvoitavoir

induit en erreur l'Auteur des Recherches phiioibphiques furie

Page 378: Memoires concernant les chinoise 6

OBSERVATIONS ET NOTES

Sacerdoce des Chinois j'ai trouvé enfin que ce ne pouvoit

être qu'une remarque fautive que M. de Guignes a inférée

dans le Ckou-king-. Cette remarque eft la quatrieme de celles

qui font à la page 179 chapitre Kïn-ting. CejlTcheou-

koung qui parle dans cette prière dit M. de Guignes, quele

Che ou le Grand-Prêtre récite. M. de Guignes fe trompe ( 1 )

le Che ou le Tai-che n'a jamais eté Grand-Prêtre; c'etoit THif-

toriographe, le maître des cérémonies dans certaines occa-

fions, & l'un des Grands de la Cour du Prince.

Ordre de la fuccejjîon àl'Empire chéries Chinois.

Je paffe brufquement à un autre article de peur de l'oublier 1

c'eft celui où l'Auteur prétend que les Chinois n'ont jamais pu

régler l'ordre de la fucceffion parmi les defcendans de l'Em-

pereur.Il fe

trompe & s'il avoit laplus légere teinture de

l'hiftoire & des loix du pays il fauroit que de tous les Empires

du monde, la Chine efl celui où la fucceffion a été de tout

tems la mieux réglée, pour l'avantage réel de l'Etat dupeu-

ple, & de la famille régnante.

L'ordre de cette fucceffion eft tel; i°. le fils fuccede au

perez°. ce doit être le fils dont la mere a été reconnue pour

premiere & légitime epoufe & a eu le titre d'Impératrice 9

30. de tous les fils nés de cette premiere & légitime epoufe

l'aîné a de droit la préférence fur les autres droit que la

naiffance lui donne comme une fuite néceiiaire de celuiqu'il

a de faire les cérémonies dans la falle des Ancêtres exclusive-

ment à fes freres & l'on nepeut

ledépouiller de l'un qu'on

ne le dépouilleen même tems de l'autre 40. au défaut des

fils nés de l'Impératrice les autres fuccedent par préféance

d'âge 5 50. comme les Chinois ont fait tous leurs etabliffemens

( 1 ) La même erreur eft encore dans la page 77,

politiques

Page 379: Memoires concernant les chinoise 6

SUR DIVERS OBJETS.

Tome VI. V v

politiques avecbeaucoup

de maturité & defageffe

ils ont

prévu que fi la fucceffion au Trône etoit irrévocablement

dévolue à l'un des fils du Prince de manière que ce fils futaffuré qu'on ne fauroit le destituer, quoiqu'il pût faire il en

réfulteroit des inconvéniens auxquels il feroit impofiîble de

parer fans mettre le trouble dans la famille impériale, & le

détordre dans l'Etat; ce fils que la nature a fait naître avant

fes freres, peut être un homme cruel, vicieux, imbécille ou

fans talent pour gouverner. Dans ce cas & dans plusieurs

autres que les circonftances peuvent faire naître ils ont voulu

que le perc pût priverde l'on droit celui qui en abuferoit

pour le transférer k celui de fes autres enfans qu'il jugeroit en

être plus digne. Mais comme ils ont prévu auffi que le père

tout Fils du Ciel qu'il eft, pouvoit être fujet à quelque aver-

fion injufte à quelque aveugle prédilection ou à des préjugés

finiftres fans aucun fondement, ils ont exigé qu'il nommeroit

fon fucceffeur de fon vivant même que ce fucceffeur feroit:

propofé aux Tribunaux & aux Grands de fon Confeil, pro-

clamé enfuite folemnellement & reconnu de même dans tout

l'Empire. Par ce moyen la fucceffion eft affurée elle eft apu-

rée à l'un des fils du Prince régnant; elle eft .affurée à celui

des fils du Prince régnant qui eil le plus âgé ou le plus cligne

elle eft aflurée du confentement tacite ou formel de la nation,

qui nemanqueroit pas

de faire des repréfentations par la voix

des Cenfeurs des Tribunaux & des Grands, ii le choix du

Prince régnant rënfermoit quelque injuftice ou quelque chofe

de contraire aux loix.

Je conclus de ce que je viens de dire que l'Auteur des

Recherches a eu tort d'avancer fans preuves que les Chinois

n'ont pu régler L'ordre de la fuccejjlon parmi les dejeendans de

l'Empereur. J'ajoute qu'il a plus grand tort encore d'alTurer

que le Souverain ne veut y ( à la Chine ) Jouffrir aucun frein.

Page 380: Memoires concernant les chinoise 6

OBSERVATIONS ET NOTES

J'ofe affurer qu'il n'y a point de Souverain fur la terre qui

ait un frein plus rigoureux que l'Empereur de la Chine. J'en

prends à témoins le Clzou-king, tous les King l'hiftoire &

tous les monumens. Ce ne fut que pour rompre ce frein dont

les Lettrés menaçoient fans ceffe TJin-ché-hoang-ty que ce

Prince barbare fit brûler tous les livres qui en parloient. Que

quelquesautres Empereurs n'aient pas voulu de frein c'eft

une* vérité dont je ne doutepas parce qu'ayant fait une etude

particuliere& réfléchie de l'hiftoire de la Chine, j'ai appris

à connoître le bon & le mauvais qu'on y trouve mais ces

Empereurs qui fe font refufés à tout frein, ont été de mauvais

Empereurs indignes d'être décorés de Faugufte titre de Fils

du Ciel, & quela nation comptera toujours, avec un regret

amer parmi ceux qui l'ont gouvernée, fans les effacer cepen-

dant du nombre de fes Souverains.

L'Auteur des Recherches fe plaint qu'il n'y a aucune pro-

vince aucune ville de la Chine fur laquelle les Millionnaires

aient donné des connoiffances exactes, Il peut fe faire qu'il

n'ait pas lu avec affez d'attention les ecrits de ces Miffionnai-

res, dont il fe plaint. Le feul P. Martini qu'il décrie, l'on ne

voit pas trop pourquoi, toutes les fois qu'il en trouve l'occa-

fion, lui auroit donné les lumieres qu'il cherche, s'il fe fût

donné la peinede fe dépouiller de fes injuftes préjugés,

avant

que de lire fon Atlas & fes autres ouvrages. Mon intention

n'eft pas de juftifier le P. Martini fur tout mais j'ofe dire en

général, qu'à l'exception de fon livre intitulé de lello Tarta-

rïco qui eft plein de fautes fur-toutquand

ilparle

des Tar-

tares, parce qu'il n'en parloit que d'après ce qu'il entendoit

dire aux Chinois récemment fubjugués qu'à l'exception,

dis-je, de ce livre tous les autres qu'il a compofés, font mar-

qués au coin de l'exactitude & de la bonne-foi, quandil extrait

des livres chinois & au coin du difcernement de la vraie

Page 381: Memoires concernant les chinoise 6

SUR DIVERS OBJETS.

Vvij

fcience & de la bonne phyfîque quand il parle de certains

effets dont il entreprend d'expliquer la caufe. Je n'enrapporte

qu'un exemple, que je prends dans la page 175 du premier

volume des Recherches. Quant aux rivières de la province du

Pe-tché-ly dit l'Auteur, Martini prétend q.i elles contiennent

une quantité fi étonnante de n'ure que la glace s'y forme plutôt

& s'y fond plustard que ceia ne devroit être, eu égard à la lati-

tude de fon climat que M. Linnœusajfure être plus rigoureux

que celui de la Suede, où il a elevé des plantes que la gelée

tue aux environ de Pe-king &c.

Obfervatwns fur le climat du Pe-tché-ly.

La raifon du P. Martini, pour expliquer pourquoi dans les

rivieres du Pe-tché-ly la glace fe forme plutôt & fe fond

plus tard que cela devroit être, eu egard à lalatitude du pays

me paroît plus naturelle & plus conforme à la faine phyfique

quetoutes celles que

l'Auteur des Recherches aimaginées.

Par les différentes obfervations que j'ai faites à Pe-king je

me fuis convaincu que dans cette capitale & dans les envi-

rons, ju'qu'à fept ouhuit lieues à la ronde, l'eau, l'air, la

terre, tout abondoit en nitre; 1°. l'eau; j'en ai jugé par la

facilité avec laquelleelle fe congelé par la confiftance de

cette congélation & par fa durée. Unbaquet plein d'eau,

placé à côté du thermomètre à liqueur de Réaumur eft déjà.

gelé fur toute fa furface quele tiiermometre ne marque

encore qu'un degré au-deffus du terme de la glace & quand

le thermometre eft dcfcendu jufqu'à trois degrés au-deffous de

la congelation, l'eau fe trouve prife jufqu'au fond fi fa pro-

fondeur n'eft que de quatre à cinq pouces,fous une furface

dont le diametre eft à-peu-prèsd'un pied & demi. Cette eau >

ainfi congelée fe foutient par un tems ferein dans le même

etat, tant que le thermomètre ne monte pas plus haut que le

Page 382: Memoires concernant les chinoise 6

OBSERVATIONS ET NOTES

troiiîeme degréau-deifus du zero. Alors elle commence à fon-

dre, mais fi lentement que deux ou trois jours fuffifent à peine

pour lui ,rendre fa premiere fluidité. A cette expérience que

j'ai faite autrefois, & que je ne rapporte que de mémoire,

j'en ajoute une autre que j'ai faite cet été dernier avec tout le

foin dont je fuis capable, afin de donner fur cet article quel-

que chofe de plus pofitif & de moins équivoque. Il eft bon

d'obferver auparavant que cette année 1777 nous avons

eprouvédes chaleurs plus long-tems qu'à l'ordinaire. Pendant

le courant des mois de Juin & Juillet, le thermometre, à trois

heures après-midi,eft monté constamment depuis le vingt-

fixieme jufqu'au trente-deuxième & trente-troifieme degré au-

deffus du zero.

Le 23 Juillet il eft monté à 34 î degrés à 3 heures après-

midi il s' eft foutenu à cette hauteur jufqu'à 4 heures & demie.

Le 24 du même mois, il eft monté au trente-troifiemedegré

vers les 3 heures. Vers les 3 heures & demie le tems s'eft

obfcurci, & il s'eft élevé un vent fort, mêlé d'une pouffiere

epaiffe qui a duré une demi-heure. Pendant ce rems le ther-

momerre a commencé à defeendre. A 4 heures le vent a ceffé,

& il efl tombé de la pluie. J'ai examiné le thermomètre il

etoit à 33 degrés.

Le 25 & le 26 Juillet, le thermometre à 2.9 degrés. Le 28

à 3 degrés par un vent du nord.

Le 29 Juillet, j'ai mis dans un réfeau de fortes ficelles un

bloc de glace de figure irréguliere, & je l'aifufpendu à une

balance placée en plein air & expofée au vent & à tous les

rayonsdu foleil.

A 6 heures du matin le thermometreexpofé au nord, à 26

degrés & demi, j'ai pefé la glace & j'ai trouvé que fon poids

etoit de 50 livres.

Page 383: Memoires concernant les chinoise 6

SUR DIVERS OBJETS.

A 7 heures, le thermometre à ij~ degrés poids de la

glace 46 livres.

A 8 heures le thermometre à27^ degrés le poids de la

glace 40 livres.

A 9 heures, le thermomètre à 30 degrés, poids de la glace

3 livres.

A 10 heures le thermometre à 3 1 £ degrés, le poids de la

glace z5 livres.

Ii faut remarquer que le vent etoit nord, & plus fort qu'il

n'etoit ci-devant.

A 11heures, le thermometre à 32 degrés poids de la.

glace 19 livres.

A 1 heures, le thermometre à 33 degrés, poids de la

glace 1 5 livres.

A i heure le thermometre à 33^ degrés, poids de la gla-

ce 10 livres.

A 2 heures, le thermometre à 33^ degrés poids de la

glace 7 livres.

A 3 heures le thermometre à3 3 degrés, poids de la.

glace 5 livres.

A 4 heures le thermometre à 33 degrés poids de la glace

3 livres.

A heures le thermometre à 33 degrés poids de la

glace î + livres.

Il faut remarquer que depuis 4 heures & un quart laglace

s'eft trouvée à l'ombre.

A 6 heures le thermometre à 3 i{ degrés poids de la glace

ï livre, 4 onces.

A 7 heures je n'ai pas pefé à 8 heures il y en avoit encore.

A 9 heures il n'en reiloit plus qu'un morceau de la groffeur

d'une noix il a fallu par conféquent 15 heures de tems pour

que ce quartier de glace pefant o livres, & expofé au vent

Page 384: Memoires concernant les chinoise 6

OBSERVATIONS ET NOTES

& aux ardeurs d'un foleil brûlant ait pu fondreentiérement,

& encore cette glace etoit-elle déjà hors de la glaciere depuis

deux ou trois jours; car je la fis acheter aux environs de notre

maifon chez l'un de ceux qui font payés par l'Empereur,

pourdonner gratis

de l'eau fraîche à boire à ceux qui en

demandent. La glace fraîchement tirée de la glaciere fond

plus difficilement & on la tranfporte d'un endroit à l'autre

dans les plus fortes chaleurs de l'été, fur des brouettes ouver-

tes, avec auffi peu de précaution que fi l'on tranfportoit de

firnples hriques, ou des cailloux. Elle ne laifle d'autre trace

après elle le longdu chemin que quelques gouttes qu'elle

laifle tomber par intervalles. Je crois qu'on peut conclure t

luivant les principes de la bonne phyûque qu'elle n'eft fi

long-tems à fondre>que parce qu'elle eft chargée de particules

nitreufes qui la confervent dans fon etat de glace, plus long-

tems qu'elle n'y feroit fans cela. Une preuve que cette confé-

quenceeft bonne c'eft que les rivieres des environs de

Pe-king dont on la tire commencent à geler vers le milieu du

mois de Novembre & ne dégèlent que fur la fin de Mars.

Quelquetems qu'il

faffe dans -l'intervalle de ces deux extrê-

mes, on peutfans danger marcher hardiment fur les eaux.

Au refte toutes les eaux tant des puits que des rivieres

ont ici une qualité qui me paroît finguliere. Elles dépofent une

efpecede tartre dans les vafes où elles féjournent, & dans

ceux où on les fait bouillir. Les Chinois appellent cette efpece

de tartre du nom de kien; ce kien eft blanc quand il eft dépofé

par les eaux qui n'ont pas encore fubi l'action du feu il eft

jaunâtre quandil eft dépofé par les eaux cuites. Il n'a ni odeur,

ni faveur & n'efl propre à rien c'eft un vrai caput mortuum.

La premiereoccafion que j'eus de le connoître me fut pré-

fentée par le hafard. Je faifoisremplir tous les foirs d'eau fraî-

chement tirée du puits un petit vafe de porcelaine. Ce vafe

Page 385: Memoires concernant les chinoise 6

SUR DIVERS OBJETS.

avoit un couvercle que je fermois toujours exactement, pourempêcher que les infectes ou la poufliere ne vmflcnt à faiir

mon eau. Après quelques mois je m'apperçus que dans le fond

& tout autour il s'y etoit formé comme une croûte de

l'epaiffeur d'une feuille de papier. Cette crc Ite etoit u adhé-

rente, qu'il fallut la pointe du couteau pour la détacher. A

cette occafion, voulant faire une leçon de propreté à mon

domeftique, il me répondit que ce que je voyois n'avoit rien

de rebutant, que c'etoit-là le dépôt ordinaire des eaux du

pays, &que je ferois bien plus furpris fi je voyois comment

ce kientapiffoit tout l'intérieur des coquemars &• autres uften-

files de cuifine dans lefquels on fait cuire l'eau. Je m'en fis

apporter un fur le champ & je me convainquis par mes pro-

pres yeux que mon Chinois m'avoit dit vrai. Une croûte

jaunâtre d'environ quatre ou cinq lignes d'epaiffeur tapiffoit

tout l'intérieur de cet uftenfile de la même manière que le

tartre tapifle l'intérieur d'un vieux tonneau. J'en détachai un

morceau, que je portai au nez à la bouche, & que j'exami-nai dans tous les fens; je n'y trouvai rien qui pût me fervir à

le définir. Ne feroit-ce pasun fel dépravé ( infatuatum ) ou

un nitre mort qu'on pourroit revivifier par le moyen de l'air

ou du feu ? Je ne fuis point chymifte je m'exprime comme

je le peux, fur une matiere que je n'entends pas. On pourra

faire examiner ce kienpar gens experts j'en envoie fous le

nom de choui-kien ou kien d'eau.

Si les eaux de la province du Pe-tché-ly contiennent "'beau-

coup de nitre il n'efl pas moins vrai de dire, que l'air en eft

tout rempli ( t ). Voici quelques preuves de fait qui fuffiront

pour le démontrer i°. malgré les alimens peu fains tels que

la chair de la plupart des animaux domestiques morts de

( i ) Nota, Et c'eil fur-tout à cette féconde caufe qu'on doit rappor-ter la rigueur du froid & l'epaiffeur des glaces à Pe-king.

Page 386: Memoires concernant les chinoise 6

OBSERVATIONS ET NOTES

vieillefie de maladie &c. dont le peuple de cetteprovince

fait fes délices, malgréla mal-propreté & toutes les incom-

modités d'u.i logement bas, petit, où tous ceux d'une famille

font, pour ainfi dire les uns fur les autres il n'y a jamais de

pefte, & prefque point de ces maladies epidémiques, fi com-

munes dans notre Europe; z°. tout le conserve icipendant un

efpace de tems affez considérable fans être fujet à la cor-

ruption. Nous mangeons des raifïns frais jufqu'à la Pentecôte 9

des poires & des pommes jufqu'àla S. Jean les fangliers,

les

cerfs les daims, les chevreuils, les lapins & les lièvres les

faifans les canards les oies & tout le gibier qu'on apporte

de Tartarie ici dès le commencement de l'hiver les poif-

fons, tant gros que petits qu'on y apporte de même des riviè-

res de Lao-toungfe confervent fans le fecours du fel dans

leur état de congelation,des deux & trois mois de fuite, quoi-

que chaque jour on les expofe au marché & que chaque jouron les porte du marché dans les maifons particulieres, & des

maifons particulieres au marché, jufqu'au débit total, qui n'a

lieu ordinairement que vers la fin de Mars.

3°. îl n'efi nullement néceffaire d'aller eu Tartarie pour

trouver des terres nitreufes, il ne faut que s'éloigner dePe-king

ce deux ou trois lieues, n'importe par quel rumb de vent

pour en voir les champs couverts. Tous les matins, au lever

du foleil la campagne dans certains quartiers paroît auffi

blanche que fi une légere couche deneige commençoit à fon-

dre fur fa fuperficie. En ramaffant avec unfimple balai, tout

ce qui eft blanc on en tire beaucoup de kien un peu de nitre

& de fel. On prétend que le fel qu'on en tire peut tenir lieu

de fel ufuel. Il eft certain du moins, qu'à l'extrémité de la

province du côté de Siuen-ho a-fou les pauvres & la plu-

part despayfans n'en emploient pas d'autre. Pour ce qui eft

du kien. on s'en fort pour laver le linge comme nous nous

fervons

Page 387: Memoires concernant les chinoise 6

SUR DIVERS OBJETS.

fervons du favon. J'en envoie fous le nom de kien de terre

la feuleinfpeftion le fera mieux connoître que tout ce que je

pourrois en dire.

Quoique les terres foient chargées de parties nitreufes, elles

ne forment pas pour cela de vaftes deferts. On les cultive avec

foin & à force de travail on les rend fertiles. Elles gèlent en

hiver jufqu'à trois ou quatre piedsde

profondeur; & une fois

priies, elles nedégèlent que vers

la fin de Mars cequi fuffit

ce me femble pour expliquer pourquoi la gelée tue aux envi-

rons dePe-king des plantes que M. Lïnnœus a élevées dans

la Suéde qui eft plus feptentrionale de près de 20 degrés que

ne l'eil la capitale de l'Empire chinois. Je m'arrête ici, quoi-

qu'il y ait encore bien des erreurs & des faux énoncés à éclair-

cir dans le livre des Recherches philosophiques fur les Egyp-

tiens & les Chinois. Jen'y

ai trouvé de bonnesremarques que

celles qui me regardent perfonnellement; & l'Auteur a eu

ra:fon de dire qu'en écrivant fur la guerre j'ai ecrit fur des

matieres que je n'entendois pas. Il a eu raifon encore de mee

relever fur ce que j'ai dit, qu' la Chine chaque foldatfait lui-

même fa poudre tant celle qui fen à la charge que celle qui

fert aux amorces. Je me fuis mieux informé, &j j'ai appris qu'il

y avoit ici des poudrières où l'on fait la poudre aux frais du

Souverain &des magafins où on la conferve & d'où on la

tire pour la diftribuer à ceux des foldats qui font ufage des

armes à feu mais on m'a affuré en même tems qu'il n'en etoit

pas ainh avant l'arrivée des Tartares Mantchoux à la Chine

parce qu'il n'y avoit pas des corps de fufiliers ni d'artillerie

enregle. Je remarque à cette occafion & je vous prie de

vouloir bien remarquer avec moi que fi un homme qui fait &

parle la langue & qui a eu une attention extrême a ne rien

ecrire que d'après le témoignage des gens dupays, eft

expofé

à recevoir de tems en tems des informations peu exactes ou

Tome VI, X x

Page 388: Memoires concernant les chinoise 6

OBSERVATIONS ET NOTES1 01 t

même entièrement faillies, que doit-il arriver à desvoyageurs

qui font, pour tout ce qu'ils veulent favoir, à la merci d'un

Interprète fouvent très-ignorantdont ils ne font compris

qu'à demi, qu'ils ne comprennent eux-mêmes pour ainfi

dire qu'en devinant ? Pour ne pas m'cxpoler à parler trop

légèrement une feconde fois de ce qui concerne la poudreà

canon je réferve pourl'année prochaine ce que j'ai à en dire

d'après des mémoires tant manufcrits qu'imprimés que j'ai

acquis depuis peu, & qu'il me feroit très-difficile de pouvoir

débrouiller cette année faute de tems.

MORT ET FUNERAILLES

DE L'IMPÉRATRICE MERE.

J. out effc tranquille aujourd'hui ici & depuis bien des

années l'Empire n'avoit pas joui d'une plus profonde paix.

L'Empereur s'en etoit applaudiaux yeux de fes fujets, comme

d'un bonheur auquel il n'avoit pas lieu de s'attendre fï-tôt &

en commençant cette année 1 777 qui eft la quarante-deuxième

de fon glorieux règneil

efpéroit pouvoir la couler toute

entière au milieu des triomphes, & dans le fein de la joie. Le

contraire eft arrive. La mort lui ayant enlevé fucceffivement

fa mère l'aîné de fes fils, & le fage Chouhédé fon premier

Miniïîre il s'eft vu plongé dans une mer de douleur dont il

n'a pas cru devoir encore adoucir un tant-foit-peu l'amertume,

en goûtant quelques-uns des plaifirs les plus permis. Enfermé

dans fon Palais deYuen-ming-yuen où il ne s'occupe avec fes

Miniftres & ceux de fon Confèil, que de ce quiconcerne le

gouvernement; il prend à peine une heure de tems chaque

jour pour parcourir quelques allées de fon jardin, & pour

Page 389: Memoires concernant les chinoise 6

SUR D I V E P. S OBJETS.

Xx ii

vifiter les différons atteliers des artiftes qui travaillent pour lui.

La maniere rigoureufe dont il garde tout le cérémonial du

deuil aiguife déjà les burins dont fe fcrviront les Chinois

pour graver fon nom à côté des noms immortels des plus

grands Princes qui aient gouverné leur Ernj.ire depuis Yao

& Chun inclusivement. Vous verrez peut-êtire avec plaifiT une

courte relation de ce qui s'eft paffé ici à l'occasion de la mort

de l'Impératrice mere. Je ne rapporterai que ce qui me paroi-

tra mériter quelque attention de votre part.

Le treizième de la premiere lune de la quarante-deuxième

année de Kicn-long à [heure tcheou la. Tay-heou cfl retour-

née- au Ciel &c. dit l'annonce chinoife c'eft-à-dire le 2

Mars 1777 entre une & trois heures du matin, l'Impératrice

mere eft morte dans fou Palais de Tchang-tchun-yuen dans la

quatre-vingt-feptieme année de fon âge ( ce Palais de Tchanv-

tchun-yuen etoit le féjour ordinaire de cette Princeffe pen-

dant tout le tems que l'Empereur fon fils eteit àYuen-ming-

yuen, c'eft-à-dire plus des trois quarts de l'année ).

Auffi-tôt qu'elleeut expiré l'un des Grands de la préfence

partit pour faire ouvrir celle des portes de Pe-king par où

l'Empereur devoit entrer; & l'Empereur accompagné de fes

feuls Gardes, le fuivit de près, pour fe rendre dans fon Palais,

&y attendre le corps de fa mere, qu'on devoit y tranfporter

fans bruit & comme il l'Impératrice jouhTant encore de la

vie & de toute fa fanté eût fait d'elle-même ce voyage inco-

gnito pendantla nuit pour eviter le tracas du cérémonial.

Ce ne fut quevers les fix heures du matin que le corps arriva.

Ce même jour, les Mandarins qui préfident à la police

donnerent leurs ordres pour faire difparoître des portes qui

donnent fur la rue les enfeignes qu'on met aux boutiques, &

en généraltout ce

quietoit en dorure & en couleur, expofe n

la vue des paffans.

Page 390: Memoires concernant les chinoise 6

OBSERVATIONS ET NOTES

Le lendemain 3 Mars tous les Mandarins fans exception

prirent le grand deuil, c'elr-a-dire le revêtirent d'un habit

long, de (impietoile blanche, fur lequel ils mirent un (urtout

de latin noir huilèrent croître leurs cheveux:, oterent les fils

de ioierouge qui

couvrent la partie lupérieure du bonnet &

chauffèrent des bottes de toile. Pendant dix-iept jours entiers,

il ne leur tilt pas permis de le montrer autrement. Ils' durent

fur-tout s'abltenir de tous les divertirTemens, tels quela comé-

die, les concerts les promenades, les fellins entre amis &

autres femblables. Ils durent même s'abilenir de leurs femmes

cv pour ne pas manquer à ce point dîcnticl du cérémonial la

plupart paiîerent les nuits dans leurs Tribunaux reipcclifs

pour v prendre leur repos.

Outre ce deuil rigoureux qui ne regardoit que les Princes

les Grands & les Mandarins de tousles ordres, on en ordonna

unqui fut pour

tout le monde dans toute l'étendue de l'Em-

pire, Se dont le terme devoit être le centième jour après la

mort del'Impératrice.

Pendant tout cetefpace de tems il

n'etoit permis à peribnnede quelque état qualité oc condi-

tionqu'il fût de ie taire râler, de jouer des initrumens de

muiique deprendre &

de donner aucun repasde cérémonie

ou d'invitation d'appellerchez loi les comédiens les far-

ceurs, Cv autres de cette eipece. On publia auffi la défenfe

des noces iolemnelles mais cette détente n'eut lieu que pour

un mois, à compterdu jour non de la promulgation mais

de la mon de la Princeffe. En un mot tout le monde devoit

donner des marquesextérieures de douleur. Je puis dire a la

louangedes Chinois crue

tous cespoints

ont été obfervés avec

une décence dont j'ai étéfrappé. Mais ce que j'ai le plus admi-

ré eït que cette décence a eu lieu parmi ceux du plus bas

étage parmi la plus vile populace comme chez les Princes

& les Grands. Dans les rues les plus fréquentéesdans les

Page 391: Memoires concernant les chinoise 6

SUR DIVERS OBJET S.

marchés même les plus tumultueux de cette immenfe vilie (de

Pc-king) il n'y eut, pendanttout ce tems de deuil, ni que-

relles, ni altercations on n'y parlent, pour ainfi dire, qu'à

demi-voix. Il eft vrai que par une politique, dont la An ne

peut êtreapperçue que par ceux qui ont etu lié ik

qui coa-

noiflent le génie de la nation, le gouvernement avoit foin de

réchauffer de tems en tems le cœur du peuple par des affiches

qui lui preientoient fous différons points de vue toute l'aftli&ion

du Fils du Ciel.

La première qui parut fut celle par laquelle l'Empereur

annoncoit lui-même à fes fujets la mort de l'Impératrice fa

mère. On en verra peut-être volontiers le précis. Le voici

« La, vertueufe PrinceiTe dont la perre caufe aujourd'hui

« mes regrets, n'a eu que moi d'enfant. Depuis le moment de

» ma naiffance jufqu'à celui où elle a cédé de vivre j'ai

» toujours été l'objet de tes plus tendres complaifances. Dans

» mon enfance & dans ma jeunefic elle m'a prodigué tous fes

m foins tant pour me procurer le bien-être que pour tâcher

» de m'inculquer les fentimcns dignesde ma naiffance. Je n'ai

M rien oublié, de mon côté, pour lui donner des preuves de

.» mon tendre refpecl, & de la plus nncere reconnoiflanec.

-y Depuis quarante-deux ans que je fuis iur le Trône je n'ai

» pas manqué à un feul des égards qui lui etoient dus. Je m'en

»applaudiffois au fond du cœur & je regardois le conten-

» tement & la bonne fanté dont elle jovsiffoit, comme une

>> fuite des foins que je prenois pour lui procurer l'un & l'au-

» tre. Il n'y a pas encore bien des jours, qu'en la voyant mar-

» cher d'un pas ferme je difois en moi-même qu'elle pouffe-

» roit fa carrière jufqu'à la centieme année de fonâge &

»l'efpérancc que j'en conçus

inonda mon cœur de laplus

» pure joie. Mais hélas! j'oubliois alors cette belle fentence

« de Confucius Y-tfê y-kiu, dans quoi que cefou,Jîgurc:

Page 392: Memoires concernant les chinoise 6

OBSERVATIONS ET NOTES1 1 e..

» vous toi/jours quelque c~zofe ci craindre. Je n'avois d'autre

» penfée que celle de prier le Ciel qu'il daignât confcrver

» encore long-tems des jours û précieux, afin de pouvoir moi-

» même remplir long-tems encore les devoirs de la piété

» filiale.

»Après

toutes les cérémonies du nouvel an je la conduifis

» moi-même à fon Palais, près de Yuen-ming-yuen & après

lui avoir rendu mes reipeclrs, je l'invitai à le tranfporter, le

» neuf de la premiere lune au jardin deTckeou-tjîng-yen

» je me propofoisde lui donner un repas de famille, & de

» lui procurerle plaifir de voir tous fes defcendans réunis. Le

» jour déiigné étant arrivé je fis illuminer le jardin & j'allai» au-devant d'elle pour l'y conduire. Lorfqu'elle fut arrivée

» je la fis mettre à table & je me mis à la tête de mes fils

»petits-fils & arriere-petits-fils pour la fervir avec tout le

» refpecl: dont je fuis capable. Quel lpeclacle quelle fituation

» attendriflante un fils prêt à atteindre la foixante-dixieme

» année de fon âge, fervir une mèrequi approchoit de fa

» quatre-vingt-dixième cinq générations en ligne droite, réu-

» nies dans un même lieu pour s'y réjouir enfemble; l'hiftoire

>>n'offre rien de pareil. La joie dont ma fainte mère futpéné-

» trée avoit effacé toutes les rides de ton front & fembloit

lui avoir donné tout fon embonpoint. On l'eût prife pour

» une perfonne à la fleur de l'âge.

» Deux jours après, le onze de cette même lune, j'entrai» dans l'appartement du jeûne, pour me difpofer au grand

» facrifice que je devois offrir au Tji-kou-tan. Le quatorze,

» après avoir offert le facrifice je retournai à Yuen-ming-

»yuen,

& je me rendis chez ma mere pour la faluer. Elle

» etoit un peu indifpofée & par ordonnance des Médecins

» qui l'avoient vue il y avoit déjà une potion toute prête ),

que je lui fis prendre moi-même. Elle en fut foulagéc &il

Page 393: Memoires concernant les chinoise 6

SUR DIVERS OBJETS.

» parut d'abord qu'elle alloit être guérie. Cependant fon état

» etoit très-dangereux & elle le lavoir, bien puifqu'aprcs

» que je me fus retiré elle ordonna à fes gens de ne me rien

» dire de fa Jîtuationde peur de rn affliger.

» Dans cet intervalle de bien apparent j'ai" ai la vifîter deux

» fois & elle me parla toujours avec fa préfence d'efprit ordi-

» naire elle avoit feulement le ton de la voix un peu foible.

»Soyeç tranquille mon fils me dit-elle au moment

que je

» la quittai, fefpere que dans peu je ferai entièrement guérie.

» Je me flattois qu'il en feroit ainfi, & comme il etoit déjà

» tard je me retirai.

Le 22 fur le foir elle fe trouva -plus mal j je la trouvai

» fort abattue. Peu-à-peu les flegmes s'epaiffirent & laparole

» lui manqua. Le 23 à l'heure tcheou elle ne donna plus

» aucun figne de vie Quoi peu d'heures auparavant je» l'avois encore fervie, je m'etois entretenu avec elle, Se

» déformais je n'entendrai plus le fon de fa voix, je ne pourrai

» plus lui parler! Hélas l'excès de ma douleur eu au-deffus

» de toute expreflion».

Quelques jours après, on afficha le teftament del'Impéra-

trice mère. Il etoit dans les deux langues Mantchou & Chi-

noife & impriméen

groscarafteres fur dû

papier jaune.

J'en envoie unexemplaire

en voici la traduction.

«Kien-long quarante-deuxième année de la première lune

» le Z3 Teftament de la vertueufe bienfaiiante compatif-

» fante, &c &c. ( je ne traduis pas tous les titres ) Impéra-

» trice mere. C'eft ainfî qu'elles'eft exprimée.

»Quoique très-peu vertueufe le Ciel fuprême m'a comblé

de fes plus grands bienfaits & j'ai reçu de tous les bienheu-

« reux Ancêtres le plus précieuxdes dons, en mettant au

» monde un fils quietoit deiriné à leur luccéder.

L'Empereur

»"toujours plein de tendreffe & de refpeft pour moi, n'a rien

Page 394: Memoires concernant les chinoise 6

OBSERVATIONS ET NOTES

» oublié de ce qui etoit en lui pour me faire couler des jours» heureux. Il m'a fervi avec l'attention la plus refpe&ueufe il

» m'a procuré tous les fujets de joie qu'il a puil m'a donné

» en tout des preuves de fon bon cœur. Chaque jour, il n'a

» jamais manqué de venir le matin & le foir, ou pour me

» faluer ou pour me voir manger.

» Toutes les fois qu'il alloit vifiter quelque province, c'etoit

» toujours à côté de moi qu'il marchoit. Il ne quittoit pas ma

» chaife de vue, pour être toujours àportée de me ferviren

» cas de befoin. En voyant une telle conduite le peuple des

» endroits par où nous paflions, le combloit de mille louan-

» ges il adreffoit des prières au Ciel pour lui & lui témoi-

y gnoit fon amour par des cris de joie réitérés. C'eft ce que

» j'ai vu moi-même c'eft ce que j'ai entendu. C'eit-là vérita-

» hïement ce qu'on peut appeller la félicité des royaumes;

c'ei'Mà la vraie manière de gouverner les hommes.

» Toutes les fois encore qu'il alloit pour l'exercice de la chafle,

» il ne manquoit pas de me conduire auparavant à Géhol. Là

» dans le Palais quimet à F abri des chaleurs ( c'eft. le nom du

» Palais quien: à Géhol ) j'étois à couvert de toutes les

» incommodités de la faifon j'y jouilTois de tous les plaifirs

de la campagne, & j'y goûtois la plus délicieufe fraîcheur.

» Chaque année, pendant les réjouiffances du nouvel an,

» il fe rendoit à mon Palais de Tckang-tc/iun-yuen où il me

»procuroit

tous les jours quelque nouveau plaifir. C'etoit bien

» autre choie encore quand il célébroit le jour de ma naif-

» fance. Il n'eft rien dont il ne s'avisât pour m'épanouir le

» cœur. Il danfoit lui-même en ma préfence il me déclamoit

» des vers qu'il avoit faits, il me montroit des peintures aux-

»quelles perfonne n'avoit mis la main que lui & en décoroit

« lui-même mon appartement. Tant d'attentions me péné-

» troient jufqu'au fond de l'ame j'oubliois mon âge & mon

vieux

Page 395: Memoires concernant les chinoise 6

SUR DIVERS OBJETS.

» vieux corps reprenoit des forces, comme dans le tems de

» fes plus beaux jours (j'emploie autant qu'il m'eft pomble

» les propres expreffions ) pouvois-je ne pas goûter une fatis-

» faftion infinie, en faifant attention que a cher fils qui me

» fervoit ainfi & qui employoit tous les mo)ens de me com-

»plaire etoit ce grand Prince dont la puiffance aidée

» d'une prévoyance fans bornes & dirigée par la plus pro-

» fonde fageffe s'etoit montrée avec tant d'éclat & de majefté

» enfubjuguant ceux du

Tckongkar & les Hoei-tfee & tout

» récemment encore ceux de l'un & l'autre Kin-tchouen ?.

» Témoin des foinsqu'il

ie donnoit nuit & jour pourfaire

» réuffir cette dernière guerre, en en dirigeantlui-même toutes

» lesopérations, je l'ai vu, après cinq années de travaux &

de peines ainfi qu'il l'avoit lui-même prévu, comblé de

» gloire & de joie me fairehommage de fes heureux fuccès.

» Tous les fentimens dont ton grand cœur etoit alors pénétré,

»p afférent jufques dans le mien, & lui firent reffentir tout ce

» qu'on peut imaginer de plus délicieux.

» Je fuisparvenue à ce tems heureux, me difois-je en moi-

», même, où la paix va régner fans obftacle entre les quatre

» mers, & où le peuple tranquille & content., va vivre dans

» l'abondance de tout. Puiffe-je vivre encore longues années,

» pour jouir plus long-tems du bonheur quela bonté du Ciel

nous accorde Quoique je fois d'un âge fort avancé &

» que je touche à celui de la décrépitude je me fens encore

*> robufte & mes forces ne paroiffent pas avoir diminué je

»puis aller jufqu'à cent ans. C'eft ainfi que je le penfois;

c'eil:

» ainfi que l'Empereur,mon fils me le àifoit fouvent lorl-

» qu'en fe rendant chez moipour

me faluer, il me voyoitcet

» air tranquille & ferein figne non équivoquedu contente-

» ment dont j'etois toute remplie& que

fapréfence

rendoit

i> encore plus fenfible, en le faifant paffer fur mormfage épanoui.

Page 396: Memoires concernant les chinoise 6

OBSERVATIONS ET NOTES

?>Je n'avois aucune forte d'infirmité lorfque ces jours der-

» niers je me fentis tout-à-coup faifie de froid; ce mal, léger

en apparence, augmenta infenfiblement & eft devenu une

» véritable maladie. Il m'a fallu recourir aux remèdes,, & c'eft

»l'Empereur qui me les a

préfentés de fa propre main. Il n'a

»pas ceffé depuis ce moment de me fervir avec ]a plus grande

» attention.Chaque jour il adrefioit fes prieres à l'Efprit du

» Ciel pour obtenir qu'il m'accordât une prompte guérifon.

» Touchée de l'état d'abattement & de trifteffe où je le voyois

» réduit à mon occafion je n'ai rien oublié pourtâcher de

» recouvrer la famé afin de me conformer au defir de fon

» bon cœur qui le fouhaitoit ardemment. Pendant quelque

» tems je me fuis fentie foulagée & je me regardois même

» comme hors de danger.

» Lorfqu'on avoit moins lieu de s'y attendre, aujourd'hui,

» à l'heure tckeou je fuis tombée en défaillance & ce n'efl:

» qu'avec peine qu'on a pu ranimer mes iens. C'en efl fait, je

» fens que je ne puis en revenir, & que mon dernier moment

» approche. J'ai vécu quatre-vingt-iix ans, continua-t-elle en

» adreffant directement laparole à l'Empereur. Je

vous ai v»

»quarante-deux ans fur le trône & vous m'avez procuré tous

w les honneurs qu'on peut rendre à la mere du Souverain. A

» Foccafion de vos victoires & de vos triomphes voulant que

» votre propre gloire réjaillit fur moi, trois fois vous m'avez

» décoré de ces titres honorables qui rendront mon nom

» immortel comme le vôtre. Trois fois encore vous avez célé-

» bré avec la pompe la plus folemnelle le jour de ma naif-

» fance en répandant les bienfaits à pleinesmains fur tous

>> vos fujets » ( c'eft ce qu'on appelle la cérémonie du Ouan-

cheou. Cette cérémonie a eu lieu à la foixanrieme foixante-

dixième &quatre-vingtième année de l'âge de l'Impératrice.

J'ai fait la description de la première qui doit fe trouver fi

Page 397: Memoires concernant les chinoise 6

SUR DIVERS OBJETS.

Yyij

je ne me trompe, dans quelqu'un des derniers volumes des

Lettres édifiantes ). « J'ai eu la fatisfaclion de voir vos fils “

» vos petits-fils, & vos arriere-petits-fils raffemblés autour de

» moi. De quel accroiffement le bonheur dont j'ai joui pou-

» voit- il être fufceptible ? On m'affignera un rang à part dans

» l'hiftoire & mon exemple fera peut-être unique; quel regret

» pourrois-je avoir en ceffant de vivre ?

» Je fais, ô mon fils que vous êtes plein de droiture &

que les fentimens de la piété filiale que vous m'avez toujours

» témoignés, font finceres. Au moment que je ne ferai plus,

» n'allez pas vous abandonner à une douleur excefilve. Soyez

» maître de vous-même & foumettez-vous fans murmure à la

» loi de la néceffité. Continuez à vous conduire conformé-

» ment à la bbnté de votre naturel, & ne ceffez point de don-

» ner des preuves de votre bienfaifance. Regardez toujours le

» foin des affaires de l'Empire comme lepremier & le plus

» effentiel des devoirs qui vous font impofés, dans la place

» eminente quevous occupez. Soyez toujours plein d'égards

pour les Grands de l'Empire, & pour tous les Mandarins

» tant de lettres que d'armes, afin de les engager par-laà

Il redoubler d'efforts pour vous aider à bien gouverner.Per-

» fuadée que c'eft ainfique vous en agirez je meurs tran-

» quille.

» Pour ce qui eft de la grande affaire du deuil voici ce

» que je vous prefcris. N'ordonnez rien vous-même mais

» tenez-vous-en à ce qui fera déterminé par le Tribunal des

» Rits conformément à l'ufage reçu. Ne portez les habits &

» tout le refte de l'attirail du deuil que l'efpace de vingt-iept

» jours. Ne différez pas d'offrir vos facriflces au Ciel, à ia.

» terre, dans la faile des Ancêtres, &i dans le temple des

» Eiprits qui préiident aux générations. Ne manquez pas d'offrir

f & de faire offrir les facriflces ordinaires tous les Efprits

Page 398: Memoires concernant les chinoise 6

OBSERVATIONS ET NOTES

» en général. Telles font mes dernières volontés & les derniers

>• ordres que je vous donne. Conformez-vous-y exactement ».

Ce fut-là le dernier entretien qu'elle eut avec l'Empereur

fon fils.Peu de momens après elle perdit entièrement la parole,

Se vers les trois heures du matin elle expira. L'on apporta fon

corps à la ville afin qu'on pût faire dans le Palais même, la

cérémonie du Iou-llen qui eft la première & la plus effen-

tielle de toutes celles qui fe pratiquent à la mort de quelqu'un.

Elle confifte à dépofer le corps dans un cercueil. Cette céré-

monie etant finie, & le Palais de Tchang-tchun-yuen que

l'Empereur deftina pour fervir d'entrepôt au corps de fa mere,

jufqu'au jour où on devoit. le porter au lieu de la fépulture,

étant préparé de la maniere qu'il le falloit pour fervir à cet

uiage le vingt-neuf de la premiere lune ( 8 Mars) le convoi

fortit du Palais ( de Pe-king) dans l'ordre fuivant. Il efl bon

de remarquer que dès la veille on avoit porté des foldats pour

border toutes les rues & tout le chemin depuis la porte du

Palais de Pe-king jufqu'à la porte da Palais de Tchang-tckwi-

yuen que le Gouverneur des neuf portes avoit fait défenfes

d'ouvrir les portes des maifons & les boutiques avant que le

convoi ne fût paffé avec ordre de ne laifïer dans les bouti-

ques, la nuit du 28 au 29 qu'un feu! homme pour les garder;

que le Tribunal des Rits celui de la guerre & les autres

avoient pourvu au bon ordre pour tout ce qui les concernoit

refpeftivement & qu'enfin tout etoit réglé d'une manière

conforme à la cérémonie la plus refpeclabie aux yeux des

Chinois & la plus digne de leur attention par la dignitéde

celle qui en etoit l'objet.

Le 29 vers les fept heures du matin le convoi fortit du

Palais. Ceux de la maifon de l'Empereur, ceit-à-dirc ceux

dont les ancêtres etoient ou fermiers, ou dorneftiques ou

efclaves du Prince Mantchou avant qu'il eût conquis la

Page 399: Memoires concernant les chinoise 6

SUR DIVERS OBJETS.

Chine, &:qui

font fous une bannière à part, pn.'cédoient,

Après eux venoient les banderoles les paralbis, les dais ( cha-

cune de ces chofes au nombre de cinq & de cinq couleurs

différentes ), les dragonsde bois doré ies deux bâtons de

commandement, vernis en rouge ayant les deux extrémités

dorées deux haches d'armes deux courges d'or & différen-

tes mains de bois doré fymbole des différentes vertus par r

les différentes manieres dont elles font repréfentées, les unes

entièrement fermées, les autres entièrement ouvertes quel-

ques-unes fermées à demi, n'ayant qu'un, deux ou trois doigts

d'étendus & quelques autres dans d'autres pofitions relatives

à ce qu'elles doivent défigner.

Cet attirail etoit fuivi d'un certain nombre de chameaux &

de chevaux marchans deux à deux, & chargés de tout ce

qui fert le long de la route, lorfctu'on fait un long voyage

comme lit, ulteniiies, provisions, &c. Après les chameaux &

les chevaux venoient les charrettes chaifes roulantes chai-

fes à porteur, fauteuils, chaifes tabourets couflins, coffres,

baffins, & tout l'attirail de la toilette. Tout cela marchoit de

file fur vingt-quatre rangs.Les meubles de la chambre les

bijoux, & tout ce qui etoit de i'ufage journalier lorfque la

Princeffe vivoit, comme miroirs vergettes, éventails, boites,

bourfes & autres choies femblables etoient portés ieparé-

ment pardes Officiers de fervice, formant entr'eux pluiîeurs

rangs, après lefquels on portoit, avec beaucoup dercfpecr.,

lepetit

bâton fur lequel elle s'appuyoit en marchant pendant

fes vieux jours.

Les grandsOfficiers de fa maifon précédoient immédiate-

ment le cercueilde même que les fils & petits-iils de

l'Empe-

reur &:c. Quatre-vingts porteurs, vêtus d'un habitlong de

fatin cramoin parfemé de différentes figuresen broderie de

.cinq couleurs portoient fur leurs épaulesle précieux dépôt

Page 400: Memoires concernant les chinoise 6

OBSERVATIONS ET NOTES

marchant d'un pas grave & lent, & fe faifant relever de tems

en tems par d'autres vêtus de la même manière qui etoient ài

leurs cotés.

Les femmes de l'Empereur celles des Princes de la famille

titrés des Comtes & des Grands les Demoifelles de fervice

dans l'intérieur du Palais, toutes à cheval, & après elles les

Eunuques à cheval auffi etoient immédiatement après le

cercueil & etoient gardées par quelques compagnies de

piquiers, qui, la pique à la main, marchoient à cheval à côté

d'elles, & les enfermaient dans un bataillon trois quarts de

quarré.

Après les Femmes & les Piquiers fliivoient à pied les Régu-

les Mantchoux & Mongoux les Comtes & les Grands du

dedans, les Comtes & les Grands du dehors actuellement en

charge, chacun félon ton rang & à mefure que le convoi

paflbit les Princes de la famille non titrés, tous les Kioro ?

c'eft-à-dire les Princes de la famille régnante avant qu'elle

ne fût fur le trône de la Chine qu'on avoit placés tout le

long de la route, à quelque diflance les uns des autres plus

près ou plus loin de Pe-king fuivant que leur degré de parenté

avec l'Empereur etoit plus proche ou plus éloigné tous ces

Princes dis-je qui s'etoient mis à genoux auffi-tôt que du

pofte où ils etoient, ils avoient pu appercevoir le cercueil

Ce levoient après qu'il avoit pafle, & attendoient modeflement

que leur rang fût venu pour fe mettre à la fuite du convoi,

s'ils le jugeoient à propos, ou pour s'en retourner chacun

chez foi.

A mefure qu'on arrivoit à quelque porte par où il falloit

palier pour fortir de la ville ou des fauxbourgs, ou près de

quelque pont for lequel il falloit également palier tout le

convoi s'arrêtoit on pofoit fur fes trétaux la châffe dans

laquelle on portoit le cercueil, on mettoit devant cette châffe

Page 401: Memoires concernant les chinoise 6

SUR DIVERS OBJE T S.

la table chargée de tout ce qui devoit fervir à la cérémonie

& qui etoit déjà préparée à cet eflet & après que tout etoit

ainfi difpofé les Mandarins du Tribunal des Rits s'avançoient

refpeftueufement & avec gravité, fe proiternoient devant le

cercueil, touchoient trois fois la terre du front fe relevoient

rempMoient trois taffes de vin, les offroient, & en verfoient

la liqueur. Après avoir réitéré deux fois la cérémonie ils met-

taient le feu àcinq mille pièces de monnoie de papier, pour

être brûlées en l'honneur des Efprits gardiens de la porte ou

du pont & les engager par-là à détourner tout accident

fâcheux & l'on continuoit la marche dans le même ordre

qu'auparavant.

Tout cela fe faifoit au nom de l'Empereur qui n'étant

point préfent, ne pouvoit s'acquitter de ce devoir par lui-même.

Après avoir accompagné le corps depuis l'appartement où

on l'avoir dépofé, jufqu'à la porte occidentale de fon Palais,

dite la porte de Si-hoa-men il avoit fait en perfonne les mêmes

cérémonies après lefquelles il s'etoit retiré, pour fe rendre

par une autre porteau lieu de

l'entrepôt, & y recevoir lecorps

de fa mère quandil y arriv croit il

y arriva vers le midi.

L'Empereur accompagné des Princes, Comtes, Grands &

Mandarinsqui

dévoientl'affilier,

alla au-devant du convoi

jufqu'à la porteextérieure de l'enceinte de Tchang-tchun-yuen

dans laquelle eft la falie dite Kïeou-kïng fan-chê-tien, où

l'on avoit dreffé le catafalquefit les neuf profternations &

les trois libations, de la manière dont je l'ai décritplus haut,

& le conduifït au lieu deftiné. Après qu'on l'y eut dépofe il

fit de nouveau les mêmes cérémonies, auxquelles il ajouta les

parfums & les offrandes, & à la finies gémiffemens & les

pleurs.Tous ceux de la fuite en firent de même après lui &

chacun fe retira. Tchang-tchun-yuen eille nom général du lieu

où l'Impératricecre avoit ion Palais, près de celui où l't :ii-

Page 402: Memoires concernant les chinoise 6

OBSERVATIONS ET NOTES/YV 1 j_ 1 1 > 1 1*

pereur pafTe les trois quarts de l'année, à deux lieues de

Pe-king. Tchang-tchun-yuen fignifie jardin de l'éternel prin-

tems. Le nom de Kieou-king fan-che-tien a été donné par

l'Empereur à l'appartement où il avoit déterminé qu'on dref-

feroit le catafalque. Il lignifie Salle des neuf prières & des trois

grandes affaires. Depuis le vingt-neuf de la première lune

jour de la tranïlation du corps, jufqu'au dix-neuf de la féconde

lune, jour auquel l'Empereur & toute la Cour quitterent le

grand deuil parce que les vingt-fept jours depuis la mort de

l'Impératrice etoient complets, chaque jour, matin & foir

on renouvelloit les mêmes cérémonies avec le même appareil

& les mêmes fatigues; & à chaque fois on livroit aux flammes

quelques-unsdes meubles, habits équipages & autres chofes

qui avoient été à l'ufage de celle dont on pleuroit la mort.

Celui des Tribunaux du dedans à qui il appartient de veiller

fur tout ce qui s'acquiert & fe dépenfe dans le Palais, avoit

fait un catalogue exaft de tout, & l'avoit livré au Tribunal

des Rits lequel prit fi bien fes arrangemens qu'à l'exception

de ce qui devoit entrer dans le tombeau avec le corps, tout le

refle fut confumé dans les 27 jours.Je viens de dire que chaque jour, foir & matin, on renou-

velloit les mêmes cérémonies avec le même appareil & les

mêmes fatigues j'ajoute que ces fatigues ont été fi affomman-

tes, & par elles-mêmes & par leur continuité que les per-

fonnes d'une fanté médiocre ont eu peine à y réfuter. L'aîné

des fils de l'Empereur en particulier y a fuccombé, c'etoit un

Prince qui donnoit de grandes efpérances il etoit âgé d'envi-

ron quarante ans d'un naturel bienfaifànt d'un efprit droit

& bon & d'une application confiante aux affaires. Il y avoit

toute apparence qu'il auroit gouverné l'Empire après la mort

de ton pere.Il prit du froid en fortant d'auprès du cercueil de

fon aïeule j où il s'etoit échauffé en donnant, pour l'exemple,

des

Page 403: Memoires concernant les chinoise 6

SUR DIVERS OBJETS.

Tome VI.

VZz

des marques un peu trop fortes de fa douleur; il cacha ton

mal, & continua quelques jours encore à faire ce qu'il croyoitêtre de fon devoir; mais fa maladie ayant empiré il fut

contraint de fe mettre au lit & ce fut alors feulement que

l'Empereur en fut inftruit il etoit trop tard tous les fccours

qu'on lui donna furent inutiles & une légère inflammation de

gorge, qu'il eût pu guérir au moyen de quelques gargarifmes “

ayant dégénéré en une eiquinancie incurable il fut enlevé de

ce monde le z8 de la féconde lune, c'eft-à-dire, le 5 Avril

de cette année 1777.

L'Empereur en parut confterné mais ce n'eft pas icil'ufage

de pleurer un fils comme on pleure une mere. C'eftpourquoi

rien ne fe fit pour fes obfeques au-delà de ce qui cil déter-

miné par le cérémonial c'eft-à-dire qu'aprèsun certain

nombre de jours on le porta au lieu de fa lépulture avec la

pompe qui eft d'étiquette pour les fiis du Souverain, quand

ils font décorés du titre de Régulo, ou de Quang comme on

parle ici.

Cependanton continua à faire les cérémonies foir & matin

devant le cercueil de l'Impératrice mere jufqu'au 13 de la

quatrieme lune inclufivement. Le lendemain quatorze, & le

vingtième jour de Mai, on partit pour Si-ling lieu de la

fépulture d'Yong-tckeng la diftance de trente & quelques

lieues de Pe-king où fon avoit préparé un magnifique tom-

beau, à côté de celui de ce Prince pour y dépofer lecorps

de celle de fes femmes dont il avoit eu le fils qui l'avoit rem-

placé fur le Trône. Il me faudroit faire un volume entier fi je

voulois décrire dans l'exactitude du détail tout le cérémonial

de ce fécond convoi. Je me contenterai d'en donner une légère

idée en en rapportant fimplementles principaux articles.

De Pe-king à Sl-lïng il y a trois cens & quelques lys

chinois. Tout le long de cette route il y a, de diftance en.

Page 404: Memoires concernant les chinoise 6

OBSERVATIONS ET NOTES

diflance des Koung pour l'Empereur c'eit-à-dire des. mar-

ions Impériales où l'Empereur s'arrête pour prendre fon

repas & fon repos, quandau printems & en automne, il fe

tranfporte à la fépulturede ton pere, pour faire les cérémonies

refpeftueufesfur fon tombeau & ces Koung font au nombre

de neuf, parce qu'on emploie cinq journées entieres pour fe

rendre de Pe-king à Sï-ling-,

Comme il n'y a que l'Empereur qui puiffe logerdans ces

Koung & que ceux où on loge les morts doivent être d'une

conftruclion différente on en conftruifit pour loger le corps

de l'Impératrice prèsde ceux où devoit loger l'Empereur

& conformément au cérémonial, auquel il en falloit pour le.s

deux ftations de chaque jour. Outre cela le voyage que

devoit faire l'Impératrice étant un voyage à part, qui ne

devoit être fuivi d'aucun autre, il fallcit que le chemin par où

elle palTeroitfût de même un chemin à part qu'on pût rom-

pre après qu'elle auroit paiTé comme étant un chemin inutile.

On en fit un à travers les champs de lalargeur de quarante

pieds, depuis l'endroit d'où elle devoir partir, jufqu'à celui

où elle devoit fe rendre à quelque diftance du chemin ordi-

naire de l'Empereur. Du refte ce grand chemin à travers les

champs, ne fut pas fait au détriment despropriétaires». L'Em-

pereur fut cenfé affermer tout le terrein qu'on prenoit 8c il

fit donner en argent tout ce que ceux à qui ilappartenok

auroient pu en retirer cette année s'ils avoient fait une abon-

dante récolte. De cette manière, lespropriétaires du terrein.,

non-feulementn'y

ont rienperdu, mais au contraire ils en ont

retiré un double profit,celui de la bonne récolte qu'on fuopofe

qu'ils auroient faite & celui de la récolte qu'ils ont faite eniuite

réellement: car immédiatementaprès la cérémonie, ils ren-

trercnt en poflefïïonde leurs terres, y firent pafler la charrue “

&: furent à tems de les ensemencer de ce qu'on appelle les

petits grains, C'etoit au commencement de .Juin»

Page 405: Memoires concernant les chinoise 6

SUR DIVERS OBJETS.

n

L'ordre qui s'obferva fut le même que celui qu'on avoit

obfervé depuis le Palais de Pe-king jufqu'à celui de Tchang-

tchun-yuen. Quand fur la route il y avoit quelque pont à paf-

ier l'Empereur y etoit déjà rendu quand le cercueil arrivoit

& y faifoit les cérémonies telles que je les ai décrites plus haut.

Il arrivoit de même à tous les gîtes, par le chemin ordinaire

unpeu avant que le cercueil n'arrivât par le chemin particulier

qu'on lui avoit tracé & faifoit de nouveau les libations pros-

ternations, offrandes & mutes les autres cérémonies.

Lesprincipaux Mandarins, dont les diftrifts n'etoient pas

au-delà de cinquante lys à la ronde des lieux par où paffoit le

cercueil s'etoient rendus fur le chemin qu'ils bordoient des

deux côtés & fe tenoient à genoux quand le corps paffoit

de la même manière qu'ils l'euffcrit fait., fi l'Impératriceavoit

été vivante. Les Mandarins de toutes lesprovinces

euffent

bien voulu s'acquitter des mêmes devoirs ils en avoient folli-

cité lapermiffiori par des fuppliques très-preuantes

mais

l'Empereur, en leur témoignant qu'il etoit fatisfait de leur

bonne volonté leur répondit qu'iln'etoit pas

à propos qu'ils

quittaffent leurs poftes & qu'il les tenoit pour préfensà toutes

les cérémonies. Les gens de la campagne & le peuple depuis

TcJiang-tchun-yueii jufqu'à Y-tcheou qui eft la ville la plu>

voifine de Si-ling furent plus heureux il leur fut permis de

porter le cercueil de la fainte mère de.la mère de l'Empire &

de l'Empereur dans le chemin qui etoit fur leurs diftrifts rei-

peftifs ils etoient partagés en foixante bandes, compofées de

cent trente-deux hommes chacune. Il n'y avoit cependant que

cent vingt-huit porteurs, parce qu'il y avoit à chaque bande

quatre hommes de relais, pour prendre la place de ceux qui

pourroient le trouver incommodés ou faire quelques faux pas.

Ces iept mille neuf cens vingt hommes furent choifis par leurs

Mandarins; ils devoient être à-peu-près de la même taille. 5

Page 406: Memoires concernant les chinoise 6

OBSERVATIONS ET NOTES

bien faits & robufles & d'un âge, depuis trente jufqu'à qua-

rante ans. Chaque bande ne portoit le cercueil que l'efpace

d'un mou & trois fen comme on parle ici c'eft-à-dire de

trois cens douze pas parce qu'unmou eu

compofé de deux

cens quarante pas & qu'un feneft le dixième d'un mou.

Quand le cercueil etoit prêt d'arriver le matin & le foir au

lieu de ftarion ces hommes du peuple etoient remplacés par

les porteurs d'office, qui introduiibient le corps, & le plaçoient

comme il devoit l'être, pendant le tems de la cérémonie. Ils

ne le livroient à ceux qui repréfentoient le peuple qu'après la

cérémonie & lorfqu'on fe remettoit en chemin.

Quoique tous ces hommes euffent été défrayés par la com-

mune, pendant l'efpace de douze jours l'Empereur, pour

leur témoigner qu'il agréoit leurs fervices leur fit donner

à chacun foixante pieces de monnoie chaque jour.

Après cinq jours de marche on arriva à. Si-hng le 18 de

laquatrieme lune qui répondoit au vingt-quatrieme jour de

notre mois de Mai. Le premier Miniftre Chouhé-dî, qui etoit

à la fuite de l'Empereur ne put réfifler à la fatigue extrême

qu'il fut. obligé d'effuyer il tomba malade en arrivant-& mou-

rut le lendemain.L'Empereur lui envoya fes Médecins auffi-

tôt qu'il apprit fa maladie mais ce fut en vain fon mal etoir

fans remedc. Pour donner à cet excellent homme des preuves

de ton attachement & de fon eftime Sa Majefté le confultoit

fur tout ne faifoit rien que de fon avis & l'avoit pour ainfz

dire, fur-tout dans ces derniers tems fans ceffe à fes côtés.

Les regrets qu'il a témoignés quand on vint lui annoncer qu'il

n'croit plus n'ont pas été moins vifs que ceux qu'il témoigna

à la mort de fon propre fils. Et pour convaincre tout l'Empire

qu'ils etoient fiticeres 1 il lui a donné un nom honorable

fouslequel il fera connu de la poftérité & a fait entrer fon

portrait clans le Hien-leang-tfée c'efl-à-dire dans le Temple

Page 407: Memoires concernant les chinoise 6

SUR DIVERS OBJETS.

ou Salle où l'on honore ceux qui te font diftingués par leur

fageffe & leur intégrité. Le Général qui a fait la con-

quête de l'un & l'aurre Km-tchouen a eté nommé premier

Miniftrc à fa place. Par une faveur fpéciale l'Empereur per-

mit que le corpsde Clioulzé-dé pût entrer dans la ville afin

qu'on lui rendît tous les honneurs dus a f<_nrang. Et à {on

retour à Pe-kingil fe rendit en perfonne à ton hôtel & fit

devant fon cercueil toutes les cérémonies qu'un Souverain peut

faire pour honorer fon fujet mort.

Le 25 de la quatrieme lune (31 Mai ) lecorps

del'Impé-

ratrice entra dans Ion tombeau avec tout l'appareil de fa gran-

deurpafiee & l'Empereur fon fils après l'avoir arrofé de fes

larmes, en ferma la por te pour ne la plus r'ouvrir.

Tout étant fini pour l'inhumation Sa Majefté revint à

Pe-king pour s'y occuper encore de fa mère. Il oit de lui

aligner un rang dans la Salle des Ancêtres. Car n'ayant pointeté Impératrice du vivant de ton mari elle ne pouvoit y

entrer que du confentement général de la famille & des grands

Tribunaux. Elle ne pouvoit y entrer décemment que revêtue

de tous les titres honorifiques qui pouvoient juillner aux yeux

de la postérité la faveur dont elle alloit jouir tout cela n'eût

peut-être pas été fort aifé s'il s'etoit agi d'une perfonne moins

digne de la vénération publique, que celle dont on en alloit

faire l'objet.

Perfonne n'ignoroit dans l'Empire, que la Princeffe mère

de l'Empereur Kien-lonq n'etoit entrée au Palais fous Yong-

tcheng qu'à titre de fille à talent. Elle déclamoit dit-on en

perfection. A ce talent acquis elle joignoit toutes les qua-

lités naturellesqui peuvent

rendre une perfonne aimable. Elle

plut à ton Maître & fut mife au nombre de fes Concubines

de l'ordre inférieur; voilà fon premier degré d'élévation. Ellee

eut le bonheur de lui donner un fils & fut mife au nombre

Page 408: Memoires concernant les chinoise 6

OBSERVATIONS ET NOTES

des Femmes titrées ou des Reines voilà jufqu où elle parvint

du vivant d' Yong-tcheng. Enfin fon fils a été Empereur &

l'un des plus grands Empereurs qu'ait eus la Chine; & un Empe-

reur qui n'a pas ceffé un feul initant d'avoir pour elle les fenti-

mens du plus tendre & du plus refpeclueux de tous les fils, &

qui s'eft toujours fait un point capital de mettre à fes pieds tous

les honneurs de la dignité fuprême. Voilà le comble de fa

félicité pendantles quarante-deux années qu'elle a furvécu à

l'Empereurfon époux. Mais il lui falloit quelque chofe de plus

que tout cela pour être jugée digne de recevoir à perpétuité

les hommages que les defcendans del'Empereur rendront à

leurs Ancêtres dans la Sallequi leur eit confacrée. Il falloit

qu'elleeût eté reconnue pour Impératrice il falloit qu'au titre

d'Impératrice on ajoutâtdes titres de diitinclion. Elle a obtenu

ce double honneur d'un confentement unanime, & avec

i'appkmdiffementde tous les ordres de l'Empire. Pour donner

une idée de cette derniere cérémonie je ne puis rien faire de

mieux que de mettre fous les yeux du Lefteur, ce qu'endit

l'Empereur lui-même dans le Decret qu'il a publié à cette

occaGon. Le voici traduit auffi littéralement qu'il m'a été

pofîibie.

DECRET.

« De celui qui par la pure faveur du Ciel a eté élevé à la

» dignité fuprême.

» Je crois que le véritable & unique moyende faire con-

» noître ceux qui compofent une même famille eft de leur

« donner des noms honorables qui délignent legenre de mérite

*> dans lequel ils fe font distingués. Je crois aufli que la meil-

;•> leure manière de témoigner fa reconnoiffance envers ceux

» à qui l'on doit le jour, eft d'elever en leur honneur des

« Salles particulières, dans lefquelles on puiffe leur rendre les

Page 409: Memoires concernant les chinoise 6

SUR DIVERS OBJETS.

» devoirsrespectueux de la piété filiale. Lorfque quelqu'un

»après avoir fait tous tes efforts pour devenir vertueux &

»bienfaifant a prouvé par des effets dont perfonne ne doute

9

» qu'il etoit véritablement tel, il eft de la juffice de lui rendre

les honneurs qui font fixés dans le cérémonial en le déco-

» rant de quelque nom ou de quelque titre qui puiffe le rendre

» recommandable aux yeux de la poitérité. Mais quand quel-

» qu'un s 'eft diftingué par la pratique de toutes les vertus

»portées au degré le plus eminent, il faut que les noms & les

» titres puiflent lui procurer dans la Salle des Ancêtres des

» hommages qui les diftinguent plus particulièrement.

» En repayant dans mon efprit tout ce que j'ai vu de la part:

» de celle qui m'a donné la vie je ne trouve rien qui ne foit

» au-defius des communes vertus. Ses paroles, tes actions

» fon maintien même tout etoit dans la plus exafte décence,

M O-bfervatrice fidèle de tous les devoirs de fon fexe elle a

»toujours été un exemple à fuivre, & un modele à proposer.

» La tendrefle qu'elle avoit pour ceux de mon fang etoit

» fans prédilection elle les aimoit tous également & tous î

» fans exception ont eté comblés de fes bienfaits. Et pour ce

» qui me regarde en particulier que n'eût-elle pas voulu fair e a

t> Elle eût réuni dans ma petite- perfonne toutes fes belles

»qualités naturelles & acquifes s'il avoit été en ton pouvoir

» de me les communiquer. Je fais jufqu'oùelle a porté pour

/» moi fes tendres follicitudes & fes attentions dans tous les

»genres. Pénétré de la plus vive reconnoiffance je n'ai rien.

» oublié pour tâcher de la lui témoigner & pendant quarante-

« deux ans j'ai eu la douce fatisfaCtion de lui procurer tous.

» les honneurs qu'on peut rendre à la mere du Souverain.

Au-deiiors, tout le monde fans exception la regardait:

s+ comme la véritable mère de l'Empireau-ded;i,s & dam

!» l'intérieur du Palais, on ne l'appelloit que La Sainte-, S.-u

Page 410: Memoires concernant les chinoise 6

OBSERVATIONS ET NOTES

» réputation fi bien établie dans toute 1 étendue des neuf

» Tcheou ( c'eft-à-dire dans toute l'étendue de laChine )

» avoit paffé jufques dans les royaumes étrangers & l'ony

» etoit pleinde vénération pour elle, parce qu'on etoit per-

» fuadé qu'elle ne fouhaitoit rien tant que de les voir jouir» d'une profonde paix, & de tous les avantages qui en font

» le fruit.

Le bonheur dont elle a joui eft prefque fans exemple

» elle a vu croître fous fes yeux jufqu'à la cinquieme généra-

» tion. Au printeras je Pinvitois au Palais de Tchang-tchun-

» Jîen, & je lui procurois tous les amufemens qui pouvoient

» la réjouir. En été je la conduifois à Gé/wl, pour la mettre à

» l'abri des chaleurs & luiprocurer des divertiffemens d'une

» autre efpece ( c'eft de la chafle du tigre dont l'Empereur

» veut parler). Lorfque j'allois vifiter les provinces de mon

» Empireil m'en eût trop coûté d'être fi long-tems féparé

» d'elle, elle venoit avec moi & je marchois toujours à fes

» côtés mon cheval ne s'éloignant jamais de fa chaife. Tou-

» ché de ce fpeftacle lepeuple poufïoit des cris de joie &

» nous combloit l'un & l'autre de bénédiftions. Ma mere lui

» faifoit des dons en figne de reconnoiffance & moi en

» confédération de ma mère je i'exemproisd'une année de

a tribut. Auffi, jusqu'aux habitans des plus petits hameaux,

» tous donnoient à notrepaffage des marques

non équivoques

» du contentement de leurs coeurs.

» L'année que je fis en fon honneur la cérémonie de ton

»grand Ouan-cheou ( c'eft-à-dire lorfqu'on fit les fêtes à

» l'occafion de la quatre-vingtième année de l'Impératrice )

» cette même année une nombreufe horde de Tartares

» vint de fon plein gré pour fe foumettre à moi ( il parle

» des Tourgoulhs )&

partageravec mes autres fujets

le

« bonheur dont ils jouiffent fous mon règne,

»Peu

Page 411: Memoires concernant les chinoise 6

SUR DIVERS OBJETS.

Tome VI. Aaa a

» Peu detems après, me confiant à fa bonne fortune ( de

ri fa mère) j'entrepris de foumettre le Kin-tchouen & j'en» ai fait l'entière

conquête. L'abondance & la paix régnant» dans toute l'étendue de mes vaftes Etats & convaincu que

» je n'etois redevable de tant deprofpérités qu'aux mérites de

» ma vertueufe mère j'ajoutai encore ceux caraftcres à

» ceuxqui exprimoient les titres dont je l'avois déjà décorée

dans différentes occafions. Je priai le Ciel de prolonger le

»cours de fa vie & de fon bonheur, & de faire enlorte que»

jufques dans les uecles les plus reculés ton nom pût faire

» unarticle'diftingué dans l'hiitoire.

» Je me flattois de la douce eipérance qu'elle vivroit encore

» bien des années lorfque tout-à-coup je me fuis vu con-

» damné à être féparé d'ellepour toujours. Je ne la verrai

» plus! ô douleur! pourrai-je déformais rappeilerdans mon

.-> fou venir tous les bienfaits dont elle m'a comblé fans être

» plongé dans la triiteile la. plus arrière de ne pouvoir les

» reconnoître comme je le voudrois ? C'eft en vain que pour

» donner des preuves de la reconnoiffanec fie de tous les fen-

» timens dont je fuis pénétré, j'ai cherché des titres qui répon-

» diflent à fes mérites. Ses mérites, comme ceux du ciel & de

» la terre, font au-defius de toute expreffion.

» Des dix-huit caraftercs dont j'avois déjà compofé ton

» nom & fes titres, le Hiao&iie Cheng, qui déiîgnent le

» premier qu'elle a eu la piété filiale &: le fécond qu'elle a

» vécu de manière à mériter le nom de Sainte iuffiroient

M ]' joint à l'autre pour donner une idée de ce qu'ellel' a» l'un joint à l'autre pour donner une idée de ce qu'elle a

» été. La pïhé filiale annonce un total de conduite, exempt

» de toutreproche & la fainteté cléhgne un intérieur fanss

» défaut. Cependant, pour indiquer parun certain nombre de

» caracleres expreflifs les principalesd'entre les vertus &

» les qualités qui Font plus particulièrement diftinguée > après

Page 412: Memoires concernant les chinoise 6

OBSERVATIONS ET NOTES

» m'être acquitté envers elle de tous les devoirs funebres

» prefcrits dans le cérémonial, & avoir offert les facrifices

» accoutumés au Ciel, à la Terre aux Ancêtres & aux Efprits

» qui préjîdentaux générations, je procédai juridiquement à

» fixer les titres honorables fous lefquels elle dévoie entrer

» dans la Salle des Ancêtres pour y être honorée par les

» defeendans. Le feizieme de la troisième lune de la quarante-

» deuxième année de Kien-long ayant convoqué l'affemblée

» générale des Princes des Grands & des Mandarins des

j> différens ordres tant de Lettres que d'Armes je leur

» préfentai la feuille ou lame d'or, qui contenoit ces titres.

» Tous, fans exception, les ayant approuvés, je proclamai

» folemnellement ma vertueufe mere fous les noms d!Impèra-

»> trice modele de piété filiale & de faune té de bienveillance

» envers tous d'affcctustife bienjaijance d 'invariable concorde,

» & de fownijjlon refpectueufe.envers le Ciel, qui l'a comblée de

» bonheur & de gloire ( i ). Le vingt-cinq de la quatrieme

» lune, après avoir dépoféle

corps dans fon tombeau, &

» avoir fait les dernieres cérémonies je rapportai refpeclueu-

« fement la lame d'or» ( cette lame d'or eft ce qu'on appelle la

tablette quand il s'agit du commun. Elle eft expofée devant

le cercueil tant que le corps n'eft point entré dans la terre.

Après l'inhumation on prend la tablette & on la porte dans

le lieu où l'on doit faire dans la fuite les cérémonies refpe£tueu-

» fes ). « Le premier de la cinquième lune je la portai folem-

» nellement dans le Tay-mino (c'eft la Salle des Ancêtres)

» & l'ayant placée dans le lieu qui lui etoit particulièrement

» deftiné je lui rendis mes refpeftueux devoirs.

( i ) Tous ces titres ont été heou. Hien-hoang-heou lignifieréduits à deux caratteres H'uio & Impératrice epoufe de Hun-

C/~7;s & on la nommera dans &otM~y. HtCl:-hoang-ty, cil le

l'hhtoire Hiao-cheng, } Hien-hoang- titre â'Yong-ickeng.

Page 413: Memoires concernant les chinoise 6

SUR DIVERS OBJETS.

A a a ij

» Tous mes fujets étant instruits de l'attention que j'ai eue,

>> & des foins que je me fuis donnés pour ne manquer à rien

de ce que prefcrit la piété filiale, je veux qu'ils fâchent auffi

» que je n'ai pas une moindre attention à leur procurer autant

» qu'il eit en moi, tout ce qui peut contilbuer à augmenter

leur bonheur en augmentant le nombre de mes bienfaits.

» C'eit pourquoi j'ai déterminé le genre & le nombre des

»graces que j'accorde ainfi qu'il eft marqué dans les articles

» (uivans.

» i°. Les Mandarins des lieux refpectifs feront les plus

» exactes recherches pour reconnoîcre l'état où fe trouvent

» actuellement les fépultures & les tombeaux des Empereurs

» des dirférentes Dynafties des Sages & des perfonnages

«diftingués dans les différens genres de mérite depuis l'an-

» tiquité la plus reculée jufqu'à nos jours.Ils relèveront, à mes

» frais & dépens celles de ces fépultures qui feront tombées

» en ruine & feront aux autres les réparations dont elles

auront befoin. Ils les prendront déformais fous leur fauve-

» garde.

» i°. J'eleve d'un degré tous ceux des Grands & des Man-

» darins qui ont exercé quelques fondions pendant les céré-

» monies de l'entrée du corps dans le cercueil de fa tranlla-

» tion ( àTckang-tchun-yuen) & lorfqu'on le portoit au lieu

»> de la fépuiture.

» 3Q. J'eleve auffi d'un degré tous les Mandarins de la pro-

» vince du Tché-ly qui ont donné leurs foins à préparer les

» chemins, & à maintenir le bon ordre pourla facilité & la

»tranquillité du convoi.

» 4°. Tous les Mandarins grands & petits tant du dedans

« que du dehors ( c'efl-à-dire tant de la capitale que des

xprovinces, & de tous les lieux qui font fous la domination

» immédiate de Sa Majefté ) dont le pere& les anciens n'ont

Page 414: Memoires concernant les chinoise 6

OBSERVATIONS ET NOTES

s* point eté Mandarins font réputés de race mandarine ( c'eft

comme s'il difoit j'accorde la nobleffe à tous ceux qui font

actuellement en place. Voici l'ordre dans lequelcet anno-

bliffement s'en: fait. Les Mandarins du premier & du fécond

ordre font réputés de race noble depuis leurs bifaïeuls qui

font faits nobles eux-mêmes. Les Mandarins des trois &

quatrième ordres commencent à compter leurs aïeuls pour

les[premiers nobles de leur race & enfin les Mandarins

des [cinquième & fixieme &c. ordres, font cenfés defeerr-

dre|d'un pere & d'une mere nobles. Cet honneur eft ici

d'un| prix ineftimable parce qu'ileft tout en faveur des

Ancêtres ) » on leur en donnera les lettres authentiques.»

j°. Les Mandarins s'informeront exactement de tous

» ceux tant Mantchouxque Chinois de leurs diftricts

»refpectifs qui fe feront diftingués par leur piété filiale

» ou par des actions qui peuvent honorer leurs Ancêtres. Ils

merapporteront le précis de ce qu'ils ont fait de plus par-

~>r ticulier Cï- le 'T '1 de9 Rits leur af i~erales titres» ticulicr & le Tribunal des Rits leur affîgnerales titres

» honorables dont il les jugera dignes.» 6°. Les Ecoliers les Maîtres & tous ceux du collège

»Impérial, font

difpcnfés pendant le cours d'une lunaifon

» entière des études des examens, & des autres fonctions

»auxquelles ils

s'appliquent par etat.

» 70. J'accorde à tous les gens de guerre tant de la capitale» que des provinces une amniitie générale pour tous les cri-

» mesqui méritent une punition au-deflous de l'exil. On les

» abaiffera d'undegré & ils feront réputés avoir expié leurs

» fautes.

» 8°. J'ordonne à tous les Mandarins qui ont un rapport» direct ou indirect au gouvernement du peuple

de redou-

» hier d'attentionpour tout ce qui concerne les hôpitaux

t> dans les villes où il y en a, & de pourvoir à leur entretien

Page 415: Memoires concernant les chinoise 6

SUR DIVERS OBJETS.

» ( cela s entend aux dépens de i Empereur ). Pour ce qui eft

» des endroits où il n'y a point d'hôpitaux en régie les Man-

!> darins pourvoiront eux-mêmes à la iubîiitaace despauvres,

» des veuves des orphelins, des cftropiés Sv de tous ceux

» en général qui font fans reffources.

»90. J'ordonne encore à ces mêmes Ma idarins d'affigner

w dans les différens endroits de leurs refforts des cmplacemens

»qui foient à portée & dans la décence qui convient pour

»que les corps de ceux qui n'ont aucune poftérité & à qui il

» ne refte ni parensni amis puiffent y être enterrés & afin

» que ces malheureux ne foient pas privés des honneurs de la

»fépuiture

les Mandarins auront foin de les leurprocurer

»' eux-mêmes, de manière à ne pas donner lieu de croire qu'ils

»s'acquittent de ce devoir comme malgré eux.

» En donnant à celle dont]e

tiens 19.vie

des titresqui

délî-

»gnent fes principales vertus, j'ai foulage mon cœur par le

»léger

tribut de ma reconnoiffance en la faiiant entrer dans

» la Salle de mes Ancêtres jelui ai alïuré les honneurs

quilui

» fontdus

& en contribuantpar

mes bienfaits au bonheur du

»peuple je me fuis conformé à tes intentions» Que tous mes

» fujets tant du dedans quedu dehors loient inftruits de tout,

» Le fécond de la 5e lune de la 42e année deRien-long ».

Voilà le dernier afte public par lequel l'Empereur a figiulé

fa piété filiale. Il continue à ne vouloir prendre aucun des diver-

thTemens ordinaires. Les Miniftres & les Grands de fa Cour

n'ont pas même pului peruader d'aller pafier au moins

quel-

que tems à Gôhoi pour y prendre l'exercice de la chaffe il

a réililé à leursplus preiTanr.es

foliicitations. De tous les che-

minsqui

conduifent à l'immortalitéchinoiie

celuiqu'il

luit à

préfent, l'yfera

parveniravec moins d'obiîacles

quetant d'au-

tresqu'il

adéjà parcourus.

Il fait tout cequ'il

fautpour y

arriver iuieaient,

Page 416: Memoires concernant les chinoise 6

OBSERVATIONS ET NOTES

DÉNOMBREMENT

Des S HA BIT ANS de la Chine.

Lomme la grande populationde la Chine, ,eft parmi tant d'autres

chofesqu'on

raconte de cet Empire, un des points qui etonne le plus les

Européens, & qui leurparoît avoir le plus befoin de preuve, on a cru

faire plaifir auLeâeur de lui en préfenter ici un tableau, tiré du Tribu-

nal même des Fermes de la Chine. On a reçu cette année 1 °. une pièce

originale, authentique, contenant ce dénombrement, en caractères chi-

nois 2°. une copiede cette même pièce, auffi en caractères chinois, dont

une partie ecrite en rouge 30. une explication de ces caractères en

rouge avec les mots chinois que fignifient ces caractères & la tra-

duction de ces mots en françois ainfiqu'on va les voir dans ce qui fuit

^– *• –

Ching, Province.

Ta, grands

Siao, petits

Nan hommes

Nui, femmes

Kongen tout,

{^7; foixantea Che100xante

Léo fix

Ouan dix mille

Pa, huit

TJîen mille

Pa, huit

Pei, cent.

NO T E à ajouterà la

page Z92. de ce î^olume.

TCHONG MIN CHOUf

/.<Tout le peuple dénombré. f^f

I.

F O N G-T I E N.

Oz~t~Orz 5 1 cinqi~tèChe, a,

Eul. ûeux.

La province deFong-tien c'eji

le

Koang-tongou le

Leao tong.

Mougdenen

ejl La capitale.

1 I.

TCHE-IY.

Ching, Province.

Ta grands

Siao petitsNan hommes

Niu femmes

Kong, en tout s

Page 417: Memoires concernant les chinoise 6

SUR DIVERS OBJETS.

1% un

TJitn mille

Ou cinq

Ç Eul7

< “, J- vingti Che S°

Eul, deux

Ouan dix mille

Eul, deux

TJien, mille

Kieou, neuf

Pei cens

Se,

y Clzi, dtlarante.i cki, S V™*™-

Tche-ly ouPe-tche-ly, c'efl

la

mime choj'e.

:{Jf;5}feptante

{^1trente

2 Che, S

La grande province deKiang-nan

Je partage en d'eux Funes'appelle

Kiang fou & taure Ngan~ho ci»

III.

N G A N-H O E Y,

Ching, Province.

Ta, grandsSiao petits

Nân liommes

Niu, femmes;.

Kong, en tout,

Eul deux

TJîen mille

Eul, deux

Pu cens

Tf 1fe tante

Leou fixx

Ouan dix mille e

JT, un

Tfurimille

Ching, Prayince.

Ta grands

Siao petits

Nan hommes

Mu, femmes

Kong en tout

Eul deux

TJîen mille

San trois

Pei cens

c r> lm:7

? Che, dix. feize,

Leou fix. J

Ouan

Y un

TJien mille

Se quatre

Pei, cens

Kieou neuf.

Cking, Province.

Ta, grands

Siao 1 petits

Nan hommes

Niu femmes

I V.

KlANG-SOU,

V.

KlANG-SI, r,

Kong, en tout,

F, un

T/fe/z mille

Y, un

Pei cent

Ouan

Leou fix

TJîcn mille

Leou fix

Pei cens

Page 418: Memoires concernant les chinoise 6

OBSERVATIONS ET NOTES

Se?q~zarante.1Glzi

quarante.

Che-kiang,

Province.

Ta, grands

Sïao petits

Nan hommes

Niu femmes.

Kon%en tout,

Y, un

TJzen mille

Ou, cinq

Pei cens

Se}{al, }<iluirante

Eul, deux

Ouan

Kieou neuf

Ty?£/z mille

Leou fix

Pei cens

c Kieou| nonante#

1 CAê, 3

C/îi/zg Province.

Il 9 iii

Kong, en tout,

.Prf huit

Pei cens

Leou, fix

9Ozan

•S'fl/ztrois

TJïcn., mille e

v i.

V 1 I.

Fou-rien. N.

Z<MM, fix

Pei cens

ffe tante

L Che

Y, un.

Lez province du Hou-koang fi

partage en deux. La partie qui ejiau

nord s'appelle Hou-pe jcelle

lU'-tfi-

au midi Hou-nan.

vin.

Hoïï-pe. E.

Cking Province»

Ta,

Siao t

Na.71 il

Niu,

Kong en tout

Pa huit

Pei cens

Pa huit

Ouan

Leou, fix.

Pei cens

San trois.

I X.

Hou-nan.

Ching Province.

Kong en tout,

Pa huit

Pei cens

Pa quatre

Che vingt

Eul, deux

Ouan

Kl COU s

Page 419: Memoires concernant les chinoise 6

SUR DIVERS OBJETS,

Kîeou neuf

TJien mille

San trois

Pei cens

Ç Eul deux 1fEul,

deux} vin~t.la*, dix. Svm&-

China Province.

Ta grands

Siao petits

Nan hommes

à';k femmes

Kong en tout

Eul, deux

TJien, mille

Ou, cinq

.fV'/ cens

< Ou,} dix-huit

i-Pa,J

Ouan

Tfi, fept

P<:i cens

f~/Z-1

~.C/M,_)trente

5e^ quatre.

ChhigProvince.

Kong en tout

6 ·

T, un

TJien. mille

it'o/j: fix

X.

Chang-tong

r. f trente

X I.

H O N A N

J^c TA Bbb

Pei cens

,çantrentr

{San

•)

San trois

Ouan

Eul, deux

7yf^ mii!

Ou, cinq

Pei cens

7}f, fept.

Ching Province,

Ta grands

Siao petits

Ay/« hommes

Niu femmes

Kong en tout

Kieou neuf

Pei cent

{ TcL\ }fePtante

£eo« fix

Ouan

Pa huit

TJien mille

Y, un

Pei cent

f Pa, ->Che

quatre-vinnt{ a/, } q^e-vingt

Kiiou. neuf.

Ck'ing y Province.

Ta grands

Siao petits

Ncm hommes

Aï« femmes

a, I trente

X 1 L

C H A N SI

x r i l

S I N G A ,N

Page 420: Memoires concernant les chinoise 6

OBSERVATIONS ET NOTES

{Eul

1 67« I °lUarame

Singan c'e/?

la proy'mce du

Chen-Ii,

c

Se 1 qxiarpnte{ C^ } quarante

lSe,J

Kan-fouey? une partie du Chen-fi

dit a U titre de province,

Kong en tout

Tfi, fept

Pei cens

fEK/)

Che, Sgr

Piî huit

Ouari

Tfi, fept

Ty?s« mille

Se quatre

Pei cens

San 5 trois.

K A N- S O 17

Clùng Province.

Ta grands

Sïao petits

Nan hommes

Niu femmes

Kong en tout

Tfi, fept t

Pei cens.

Y, un

Ouan

Eul deux

T/â- mille

-Chc> quatorze.

X I V,

JL'V.S E-T C H O U EN.

Ching Province.

Ta grands

Siao petits

Nan hommes

./Vot femmes

Kong, en tout

i^7// deux

Pei, cens

{ lt } feptame'w'Izep

/J<z huitOuan

Eul, deux

Ty/iOT mille

Kieou, neuf

Pei cens

Tfi 7

{ 2; }*!«**«

Lieou ûx.

XVI.

KOANG-TONG.

CAiwg' j Province.

X«/!j en tout

Leou fix

Pei, cens

{ S', } %tente

Kieou, neuf

Qita >r

T/?, fept t

T/?l'« mille

Ou cinq

P«, cens

Page 421: Memoires concernant les chinoise 6

SUR DIVERS OBJETS.

{Kieou neuf fois dix ou

Clie j nonante

Tfi, fept.

Ching Province.

Ta, grands

Siao petits

Nan hommes

Niu femmes

Kongen tout

San trois

Pd cens

fA'/EOM,)

{

Kieou

7Che, }nonal^

Se y quatre0uari

T/,fcpt

TJien mille

Se quatre

Pci cens

•< Cheduatorze

l-Si,J

Ching Province.

T'-ï grands

Siao petits

JVa« hommes

Nm femmes

Kong en tout

-E^, deux

Dans l'Original, tire du Heou-pou il y a le nombre des Fou,

des Tcheou & des Sun de chaque province. Il y a auffi la compa-

raiibn de Kien-long i6 avec Kien-long 15. J'ai omis tout cela,

XVII.

Koasc-si.

X V 1 1 L

ÏCN-SANi

{chl,}^mnnte

icmlï vmsc

Pei cens

Ty?, feptOuati

Pa, huit

Ty?i'« mille

Pa, huit

/'«j cens

Eut deux,

KOEY-TCHEOU,

Ching Province.

Ta grands

Siao petits

Nan, hommes

Niu, femmes

Kong en tout

San trois

Pei, cens

Ouan

Eut, deux

Tfîai mille

T/, fept

PM, cens

Eul

-{fVin.s.t

Che 3 Bs

£«/ deux.

KlEN-LOKG,

Llaa

Lioufix

jV'cî/z année.

X I X,

Page 422: Memoires concernant les chinoise 6

OBSERVATIONS ET NOTES,8:c.1. 1 1_ T9_: ~J_ t_

comme ne faiilmt rien à mon but. J ai mis dans la copie en carac-

tères rouges ceux qui font dans ['Explication on peut les con-

fronter.

Hcou-pou eft le Tribunal des Fermes.

Fou ville du premier ordre; Tclieou ville du fécond Sun ville

du troilieme. A Pe-kin le 3 Juillet 1778.

Fin duJixieme

Volume.

Fautes àcorriger

dans ce Volume.

AC. 188 derniere note de l'exemple, U, lifez la%.

27)deuxième colonne des notes lig, 1 qui

font employés, life^ quiétoient

employés.

283, lig. 15 qu'elles, li/iç qu'ils.

289,/J/ 4, infefter.t, lifi{infèrent.

Ibid. lig. 23 & pag. 291, lig. 17&

23 Mant-choux, lifeç_ Mantchoux.

330, lig. 28, le crypte, lifc^ la crypte.

333 lig. 25 fera, tel, lifiifera têt,

370 lig. 26 Tay-mino lijè^ Tay-miao.

P P R O B .fl T 1 p N.

~9 '_a l lu, par ordre de Monfeigneur le Garde des Sceaux, un Ouvrage

intitule 1~l_moi;e.s f<M/7t/M Clrinozs, Tornes ~6' /~7~ &: je n'ai rienl-L

trouve Gui puifiè ,11 empêcher !imprerH.on.APans; le 10 Novem. 1779.

B Ë J 0 T.

Le l'rï~~ilcyc: ~e trom·e aun/r777!'< ~2c..

,LL~

U R E L

Les planches depuisle N°, t ju{c¡u"à xxx, tant

gra,0e);=éftt'iii~pri-

mees appartiennentau Mémoire 1-ir1 la Muûque, Se doivent être

placées vis-a-vis la page 1~0. Les planches xxxi & xxxm fur les

Pierres foncres doivent être placées vis-a-visla page 7-7~

De l'Imprimerie de 5 ï- o L, p F- rue de la Harpe, 1779.