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VERSION FRANÇAISE DE LA THÉORIE DE GESTION DES SYMPTÔMES (TGS) ET SON APPLICATION Manuela Eicher , Philippe Delmas , Christine Cohen , Christine Baeriswyl , Nataly Viens Python Association de Recherche en Soins Infirmiers | « Recherche en soins infirmiers » 2013/1 N° 112 | pages 14 à 25 ISSN 0297-2964 DOI 10.3917/rsi.112.0014 Article disponible en ligne à l'adresse : -------------------------------------------------------------------------------------------------------------------- https://www.cairn.info/revue-recherche-en-soins-infirmiers-2013-1-page-14.htm -------------------------------------------------------------------------------------------------------------------- Distribution électronique Cairn.info pour Association de Recherche en Soins Infirmiers. © Association de Recherche en Soins Infirmiers. Tous droits réservés pour tous pays. La reproduction ou représentation de cet article, notamment par photocopie, n'est autorisée que dans les limites des conditions générales d'utilisation du site ou, le cas échéant, des conditions générales de la licence souscrite par votre établissement. Toute autre reproduction ou représentation, en tout ou partie, sous quelque forme et de quelque manière que ce soit, est interdite sauf accord préalable et écrit de l'éditeur, en dehors des cas prévus par la législation en vigueur en France. Il est précisé que son stockage dans une base de données est également interdit. Powered by TCPDF (www.tcpdf.org) © Association de Recherche en Soins Infirmiers | Téléchargé le 22/06/2022 sur www.cairn.info (IP: 65.21.228.167) © Association de Recherche en Soins Infirmiers | Téléchargé le 22/06/2022 sur www.cairn.info (IP: 65.21.228.167)

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VERSION FRANÇAISE DE LA THÉORIE DE GESTION DES SYMPTÔMES(TGS) ET SON APPLICATION

Manuela Eicher, Philippe Delmas, Christine Cohen, Christine Baeriswyl, NatalyViens Python

Association de Recherche en Soins Infirmiers | « Recherche en soins infirmiers »

2013/1 N° 112 | pages 14 à 25 ISSN 0297-2964DOI 10.3917/rsi.112.0014

Article disponible en ligne à l'adresse :--------------------------------------------------------------------------------------------------------------------https://www.cairn.info/revue-recherche-en-soins-infirmiers-2013-1-page-14.htm--------------------------------------------------------------------------------------------------------------------

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14 l Recherche en soins infirmiers n° 112 - Mars 2013 Copyright © ARSI tous droits réservés

Pour citer l’article : EICHER M, DELMAS P, COHEN C, BAERISWYL C, VIENS PYTHON N. Version Française de la Théorie de Gestion des Symptômes (TGS) et son application. Recherche en soins infirmiers, mars 2013 ; 112 : 14-25.

Adresse de correspondance : Manuela EICHER : [email protected]

MÉTHODOLOGIEVersion Française de la Théorie de Gestion des Symptômes (TGS) et son applicationThe French version of the Symptom Management Theory and its application

Manuela EICHERInf, PhD ; Doyenne recherche, développement et prestations de services Haute école de santé Fribourg, Suisse. Professeure invitée Institut de Formation et de Recherche en Soin, Faculté de biologie et de médecine, Université de Lausanne

Philippe DELMASInf, PhD ; Professeur HES-SO Institut et Haute Ecole de la Santé La Source, Lausanne, Suisse

Christine COHENInf, MSc ; Professeure HES-SO Institut et Haute Ecole de la Santé La Source, Lausanne, Suisses

Christine BAERISWYLInf ; Professeure Haute école de santé Fribourg, Suisse

Nataly VIENS PYTHONInf, MSc Professeure HES-SO, Doyenne Recherche & Développement, Institut et Haute Ecole de la Santé La Source, Lausanne, Suisse

R É S U M ÉPlacer l’expérience vécue des symptômes des personnes atteintes de maladies chroniques à la base du processus de soins infirmiers représente actuellement un enjeu de la pratique infirmière. Structurer et organiser cette pratique avec une théorie intermédiaire est une condition essentielle au développement de la discipline infirmière. Dès 1994, la faculté des Sciences Infirmières de l’Université de Californie à San Francisco a introduit la Symptom Management Theory (SMT) en se basant sur une analyse de quelques modèles et théories existants. L’objectif de cet article est de présenter la traduction française « la théorie de gestion des symptômes (TGS) » et de discuter son applicabilité dans le domaine de la recherche et de la clinique. Les concepts et leurs relations fonctionnelles sont développés et illustrés pour des symptômes ou des groupes de symptômes les plus fréquemment rencontrés lors de maladies chroniques. Des grilles d’évaluation de plusieurs symptômes, disponibles en français sont également proposées.La TGS permettra d’introduire la SMT et de développer la gestion de symptômes en recherche et pratique en Francophonie. Ainsi depuis les premiers travaux portant sur les besoins le tableau se complexifie avec l’essor épidémiologique des maladies chroniques et nécessite l’apport de nouvelles théories pour enrichir la pratique.

Mots clés : Symptômes, théorie de niveau intermédiaire, sciences infirmières.

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INTRODuCTION

Les infirmières ont depuis longtemps cherché à conduire des actions de soins orientées de manière à ce que l’individu redevienne autonome dans le maintien de sa santé et le choix de ses activités. Aujourd’hui, les progrès de la médecine, des technologies et des politiques de santé publique ont engendré une augmentation de l’espérance de vie des populations. Ainsi, le nombre de personnes susceptibles de développer des maladies chroniques avec leur cortège de symptômes est en constante augmentation. Leur prise en charge représente un des plus grand défis du 21ème siècle pour les systèmes de santé (Pruitt, Epping-Jordan, 2005) [1]. Les personnes vivant avec une maladie chronique sont confrontées à de multiples symptômes dus principalement à la trajectoire de la maladie, aux traitements et aux effets secondaires de ceux-ci. Dans ce cadre, l’OMS (Pruitt, Epping-Jordan, 2005) [1] préconise le développement des compétences des professionnelles de santé concernant les soins centrés sur l’individu qui prennent en compte ses valeurs, ses préférences, et ses besoins et qui lui permettent de développer sa capacité d’auto-gestion des problèmes de santé chroniques auxquels il doit faire face.

Placer l’expérience vécue de la personne malade à la base du processus de soins infirmiers représente actuellement un enjeu majeur pour la pratique des soins. Il paraît dès lors essentiel de structurer et d’organiser la pratique infirmière auprès des personnes atteintes de maladies chroniques avec une théorie spécifique. Ainsi depuis les premiers travaux portant sur les besoins, le tableau se complexifie avec l’essor épidémiologique des maladies chroniques et nécessite l’apport de nouvelles théories pour enrichir la pratique.

C’est dans ce contexte que le développement de la recherche sur les symptômes que décrivent les personnes atteintes de maladies chroniques est devenu une priorité. Dans la discipline infirmière, des chercheurs de la faculté des Sciences Infirmières de l’Université de Californie à San Francisco (UCSF) ont proposé la théorie « Symptom Management » ou la théorie de gestion des symptômes (Dodd, Janson, Facione,

Faucett, Froelicher, Humphreys et al., 2001) [2] ; (Humphreys, Lee, Carrieri-Kohlman, Puntillo, Faucett, Janson et al., 2008) [3] ; (Larson, Carrieri-Kohlman, Dodd, Douglas, Faucett, Froelicher et al., 1994) [4] afin de guider la recherche sur les symptômes et la pratique clinique infirmière (http://nurseweb.ucsf.edu/www/rcsm.htm). Cette approche théorique a permis d’améliorer les collaborations professionnelles et de progresser dans la manière de penser l’expérience du symptôme, les stratégies de gestion de celui-ci et les résultats obtenus sur ses manifestations. Ainsi, cette théorie infirmière de niveau intermédiaire1 décrivant la gestion des symptômes comme un processus multidimensionnel devient une théorie intermédiaire de référence dans le domaine des sciences infirmières. Dans le contexte de la prise en charge des maladies chroniques, cette théorie présente un intérêt certain pour le développement de la pratique clinique infirmière et pour la recherche, d’où la volonté de proposer une version française de cette théorie.

L’objectif de cet article est de proposer une description en langue française de la Théorie de gestion des symptômes (TGS) ainsi qu’une traduction-adaptation du schéma théorique. La présentation d’études ayant utilisé cette théorie de 2007 à 2011, période faisant suite aux études présentées dans l’article de Humphrey, Lee, et al., 2008, [3] illustrera l’application de cette théorie intermédiaire en recherche. La description de la théorie de gestion des symptômes se base sur les éléments proposés par Smith, Liehr, 2008, [5] pour présenter les théories intermédiaires en sciences infirmières. Dans un premier temps, nous abordons le but

1 La théorie intermédiaire (ou de moyenne portée) est principalement utilisée en sociologie pour guider l’investigation empirique sur des phénomènes circonscrits. Son niveau d’analyse fait appel à un faible niveau d’abstraction pour se distancier de l’analyse singulière (micro-théorie) sans toutefois faire appel à une théorie à large spectre, pour garder le contact avec la réalité empirique. Selon Smith, Liehr, 2008, [5], les théories de niveau intermédiaire constituent une partie de la structure de la discipline infirmière. Elles permettent le développement de connaissances approfondies par l’investigation et l’explicitation de phénomènes circonscrits liés au domaine d’intérêt de la discipline infirmière.

Patients with chronic diseases remain a challenge for patient centered care in terms of symptom management. In advancing the nursing profession in this respect, organizing and providing such care in a structured and systematic way benefits from being grounded in a sound theoretical framework. Since 1994, University of California in San Francisco’s Symptom Management Theory (SMT) holds promise to provide such theoretical foundation. This paper aims at presenting a French version of the SMT, the «théorie de gestion des symptômes (TGS) » as well as at discussing its application in research and practice. The paper illustrates how different concepts of SMT interrelate for different symptoms or symptom clusters in light of the current state of knowledge. Furthermore, a selection of symptom assessment scales available in French are presented to inform practice, education and research. We believe that providing a French version of the SMT will foster a systematic and structured development of symptom management in nursing practice and research in francophone regions or countries.

Key words : Symptoms, intermediate theory, Sciences in Nursing.

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de la théorie et la façon dont elle s’est développée, ensuite les concepts de la théorie, leurs relations, puis, l’utilisation de la théorie dans la recherche en sciences infirmières et enfin, l’utilisation de la théorie dans la pratique clinique. La traduction a nécessité de nombreuses rencontres entre les auteurs. Les questions concernant les concepts eux-mêmes ont été discutées avec l’une des auteures de la théorie (Janice Humphreys) afin de valider le sens donné à des termes très spécifiques. Le schéma théorique a été traduit par les auteurs de l’article et validé par deux chercheurs francophones qui appliquent le modèle dans leur projet de recherche ou dans l’enseignement.

DESCRIPTION DE LA THéORIE DE gESTION DES SYMPTôMES ET TRADuCTION-ADAPTATION Du SCHéMA THéORIquE

z La théorie de gestion des symptômes (TgS) : quelques notions introductives

Selon Dodd, Janson, et al., 2001, [2], un symptôme se définit comme une expérience individuelle reflétant des changements dans le fonctionnement bio-psycho-social, dans les perceptions ou dans la cognition d’une personne. A contrario, un signe se définit comme une manifestation objective de la maladie, identifiée par la personne elle-même ou par d’autres. Selon Humphreys, Lee, et al., 2008, [3], les signes et symptômes sont des éléments importants pour décrire l’état de santé d’une personne car ils reflètent les perturbations de son fonctionnement physique, mental, psychique ou social. En effet, un symptôme aigu ou sévère est souvent ce qui amène une personne à consulter un professionnel de santé, et ce d’autant plus que les stratégies qu’elle a mises en place pour gérer ses symptômes ont échouées. De plus, la présence d’un symptôme ou d’un groupe de symptômes (« symptom clusters ») peut être le premier indice de l’évolution d’une maladie. Selon le modèle théorique proposé, les symptômes peuvent être provoqués par les atteintes fonctionnelles liées à la maladie, les thérapies médicamenteuses ou par d’autres interventions thérapeutiques. La théorie infirmière intermédiaire sur la gestion des symptômes apporte des informations utiles en vue, par exemple d’éliminer le symptôme et réduire la détresse liée à l’expérience vécue de ce symptôme. Elle permet en effet, d’une part, de guider la pratique clinique par l’évaluation subjective et systématique des symptômes, le choix des interventions et leurs évaluations et, d’autre part, d’orienter la recherche en proposant des questions et des hypothèses spécifiques à la gestion des symptômes.

z Contexte historique du développement de la théorie

C’est la faculté des Sciences Infirmières de l’Université de Californie à San Francisco (UCSF) qui, en 1994, a introduit le

modèle de gestion des symptômes (Larson, Carrieri-Kohlman, et al., 1994) [4]. La conceptualisation du modèle s’est appuyée sur une analyse des modèles existants et développés par des infirmières, comme la théorie des auto-soins d’Orem, 1991, [6], les modèles « symptoms of self-care » de Sorofman, Tripp-Reimer, Lauer, Martin, 1990, [7], ainsi que des modèles issus de l’anthropologie, de la sociologie et de la psychologie. Suite à cette analyse, l’équipe de l’UCSF a conclu qu’aucun de ces modèles ne permettait de mettre en lumière de manière adéquate, le rôle des patients dans leur pratique d’auto-soins, les stratégies de gestion des symptômes qu’ils avaient développées et les résultats qu’ils souhaitaient obtenir. Face à ce constat, l’équipe de l’UCSF a proposé un modèle théorique de gestion des symptômes qui a été affiné en 2001 par Dodd, Janson, et al., 2001, [2] et en 2008 par Humphreys, Lee, et al., 2008, [3], à partir des résultats d’études empiriques utilisant cette théorie. Les échanges entre professeurs de l’UCSF et étudiants ont également permis des améliorations continues.

Dodd, Janson, et al., 2001, [2] ont proposé six hypothèses préalables à l’utilisation de la théorie afin de décrire la nature des symptômes, les stratégies de gestion des symptômes et les relations entre les variables à l’intérieur du modèle. Ces hypothèses théoriques sont les suivantes :l L’évaluation des symptômes doit se baser sur la perception

de l’individu qui expérimente le symptôme et qui l’auto- évalue ;

l Ce modèle s’applique aux personnes qui vivent une expérience de symptômes mais il peut être aussi utilisé pour les personnes susceptibles de développer des symptômes à cause de l’influence de variables contextuelles telles que les conditions de travail, par exemple. Dans ce cas, des stratégies d’intervention préventives peuvent être initiées ;

l Lorsque les personnes ne peuvent pas s’exprimer verbalement, les soignants doivent tenir compte de l’interprétation de l’expérience des symptômes proposés par les proches ;

l Tout symptôme gênant doit être géré ;l Les stratégies de gestion de symptômes peuvent s’adresser

à la personne, une famille, un groupe ou un environnement de travail ;

l La gestion des symptômes est un processus dynamique qui peut être modifié par les résultats obtenus par la personne et par les interrelations entre la personne, la santé/maladie et l’environnement, trois notions capitales dans le domaine des sciences infirmières.

De plus, Dodd, Janson, et al., 2001, [2], ont défini les trois concepts centraux issus du métaparadigme infirmier (Fawcett, 1984) [8] dans la TGS ce qui permêt de l’intégrer dans le métaparadigme. Le concept de personne fait explicitement appel aux variables démographiques, psychologiques, sociologiques, développementales et physiologiques. Ces dernières font intrinsèquement partie de la manière dont un individu perçoit et répond à une expérience de symptôme. Les variables développementales incluent le stade de développement ou de

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maturation d’une personne ; ces variables sont à adapter, dans l’application du modèle, en fonction du ou des symptômes ainsi que de la population concernée (son âge, par exemple). Le concept d’environnement fait appel aux conditions ou contextes externes à la personne dans lesquels un symptôme apparaît. Il inclut des variables physiques, sociales et culturelles. L’environnement physique englobe l’environnement privé et du milieu de travail et de l’institution dans laquelle la personne est soignée. L’environnement social comprend le réseau de soutien et les relations interpersonnelles. Les aspects culturels de l’environnement incluent les croyances, les valeurs et les pratiques d’un groupe ethnique ou religieux. Enfin, le concept de santé/maladie comprend des variables liées à l’état de santé d’une personne et inclut ses propres facteurs de risque, les accidents subis et ses handicaps.

L’analyse de la théorie de gestion des symptômes permet de mettre en évidence trois concepts clés : l’expérience du symptôme, les stratégies de gestion du symptôme et les résultats obtenus sur l’état du symptôme. La figure 1 présente les différents éléments constitutifs du modèle théorique de gestion des symptômes. La théorie de gestion des symptômes propose aussi des relations explicites et mesurables entre les trois concepts

qui la constituent. Ces propositions permettent de mieux comprendre les liens entre ces derniers, d’examiner les interventions à mettre en œuvre et de proposer des résultats atteignables. Ainsi cette théorie représente une avancée notable dans la pratique infirmière car elle met le focus sur l’exploration du ou des symptômes tels que vécus par la personne et ses proches et sur leur gestion. Le paragraphe suivant décrit ces différents concepts et leurs relations.

z Les concepts composant la théorie

L’expérience du symptôme consiste de façon simultanée en une perception, une évaluation et une réponse face à un changement dans les sensations habituelles d’une personne. Par exemple une femme, en période de ménopause, qui aurait soudainement chaud avec une transpiration abondante pourrait retirer une partie de ses vêtements, se rafraîchir afin de faire baisser la température de son corps ou ne rien faire, ce qui lui permettrait de diminuer ou supporter ce symptôme. La perception du symptôme et la réponse donnée peuvent différer selon le contexte dans lequel il apparaît (par exemple lors d’une réunion importante, ou durant la nuit). Lorsque le symptôme s’inscrit dans la durée, avec une fréquence et une sévérité suffisante, il est alors perçu comme une source de désagrément

Figure 1 Schéma théorique de la théorie de gestion des symptômes (traduction du schéma publié par Dodd, Janson,

et al., 2001, [2] avec autorisation de John Wiley and Sons)

La personneSelon des caractéristiques démographiques,psychologiques, sociologiques, physiologiques et de développement

L’environnementphysique, social, culturel

La santé et la maladieFacteurs de risques, état de santé, maladie et traumatisme

Perception des symptômes

Statut émotionnel

Statut fonctionnel

Mortalité Qualité de vie

Morbidité & co-morbidité

Qui ? (soigne)Quoi ?

Quand ?

Où ?

A qui ?

Combien ?

Comment ?

Pourquoi ?

Auto-soins

Coûts

Evaluation des symptômes

Réponse aux symptômes

Expérience des symptômes

Stragégie de gestion des symptômes

Effets obtenus sur l’état des symptômes

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interférant avec la vie quotidienne de la personne. La réponse donnée par la personne englobera probablement la recherche d’une aide externe accompagnée ou non de nouvelles stratégies plus efficaces pour éliminer ou minimiser le symptôme. Les auteurs de la théorie des symptômes désagréables (Lenz, Pugh, Milligan, Gift, Suppe, 1997) [9] reconnaissent que l’expérience des symptômes peut inclure plusieurs symptômes différents qui agissent en synergie. Certains chercheurs, qui ont développé la théorie de gestion des symptômes, ont exploré ce phénomène en étudiant des personnes confrontées à des « symptoms clusters » (Dodd, Miaskowski, Lee, 2004) [10] ; (Dodd, Miaskowski, Paul, 2001) [11] ; (Voss, Portillo, Holzemer, Dodd, 2007) [12]. Des recherches sont actuellement effectuées pour décrire finement des groupes de symptômes « symptom clusters » en lien avec des maladies et des traitements. Williams, 2007, [13] souligne encore que les interventions d’ordre psycho-éducatif proposées majoritairement doivent être efficaces sur l’ensemble des symptômes présentés par la personne et non pas sur un symptôme unique.

Les stratégies de gestion des symptômes représentent les efforts fournis par la personne pour prévenir, retarder ou minimiser l’expérience de ses symptômes. La stratégie employée peut être efficace de trois façons soit : - elle vise à réduire la fréquence de l’expérience du symptôme ;

- elle tend à minimiser la sévérité du symptôme ; - elle cherche à soulager le fardeau associé au symptôme (Portenoy, Thaler, Kornblith, Lepore, Friedlander-Klar, Kiyasu et al., 1994) [14].

Afin de développer et de décider de la stratégie d’intervention de gestion des symptômes, les auteurs proposent de questionner la nature de la stratégie, le « quoi », le « quand », le « où », le « pourquoi », le dosage de l’intervention « combien », le bénéficiaire de l’intervention « à qui » et la proposition d’intervention le « comment ». Une attention grandissante est portée, depuis quelques années, aux stratégies d’autogestion des symptômes utilisées par les personnes (Bodenheimer, Lorig, Holman, Grumbach, 2002) [15], attribuant ainsi plus de responsabilité à la personne dans sa propre gestion de ses symptômes. Dans cette optique, les personnes se soignent essentiellement elles-mêmes et gèrent leurs symptômes au jour le jour. Il faut également relever que le contexte de déroulement (dans un laboratoire ou à la maison) d’une stratégie d’intervention (test ou utilisation) peut avoir un impact sur le symptôme. En ce qui concerne le « quoi », une description plus détaillée des différents questionnements proposés s’intéresse à la stratégie d’intervention elle-même. Celle-ci dépend donc de l’état des connaissances scientifiques au sujet du symptôme spécifique. Par exemple, une des stratégies consiste en un traitement médical nécessitant l’intervention d’une ressource externe, alors qu’une autre des stratégies possibles est une thérapie complémentaire (l’acupuncture, par exemple) ou une technique de relaxation que la personne ou sa famille peuvent pratiquer elles-mêmes

quotidiennement. Une autre des stratégies potentielle est d’ajuster l’environnement physique de la personne, sa chambre d’hôpital, son appartement ou son environnement de travail. Généralement, les personnes et les soignants utilisent plus d’une stratégie, soit une combinaison d’interventions qui ont un plus grand effet sur le ou les symptômes. Il a été démontré que le développement d’interventions sur mesure pour une personne ou sa famille augmente de façon significative la probabilité d’adoption de comportements nouveaux, et la réduction du ou des symptômes en cause. De même, dans la pratique clinique, le dosage d’une intervention (combien) et son organisation temporelle (quand) sont des facteurs importants pour moduler les symptômes. La fréquence d’une stratégie est particulièrement importante lorsque l’on veut implanter une intervention visant un changement de comportement. De façon plus explicite, la notion de dosage pourrait inclure le temps effectivement passé par une personne à pratiquer de l’exercice physique ou le nombre de séances de gestion du stress suivies par la personne ou encore la quantité de matériel pédagogique fourni. Le temps passé par le professionnel de santé ou les membres de la famille lors d’une intervention visant la réduction d’un ou de plusieurs symptômes est aussi à considérer en terme de dosage du soutien. Un exemple de dosage dans la gestion environnementale serait le nombre d’emploi réservé aux personnes handicapées ou de commodités pour handicapés existant dans le lieu de travail.

Les résultats obtenus sur l’état du symptôme doivent être précis et mesurables afin d’évaluer la pertinence de l’implantation d’une stratégie. Les résultats incluent les changements objectivables de l’état du symptôme, par une diminution de la fréquence, de l’intensité et la pénibilité. Cette amélioration de l’état du symptôme peut induire chez la personne un meilleur fonctionnement physique (« statut fonctionnel ») et mental (« statut émotionnel »), une meilleure qualité de vie, une réduction de la durée du séjour hospitalier ou un retour plus rapide au travail, entraînant ainsi une réduction des coûts pour la personne, sa famille, l’employeur et de façon plus générale, le système de santé.

Le concept d’adhérence est un autre concept-clé de ce modèle. Il se définit comme la manière dont « le destinataire reçoit ou utilise la stratégie prescrite ». Il apparaît que l’adhérence a une influence certaine sur les relations entre les stratégies de gestion du symptôme et les résultats obtenus sur l’état du symptôme (Dodd, Janson, et al., 2001) [2]. La non-adhérence est observée dans un contexte où les interventions sont trop exigeantes, non applicables ou d’application inconsistantes (Humphreys, Lee, et al., 2008) [3]. Ces auteurs mentionnent aussi que les facteurs liés à la personne, la santé/maladie et l’environnement peuvent aussi influencer l’adhérence2.

2 L’adhérence et l’adhésion sont deux termes similaires dans les approches visant le changement de comportement où il y a nécessité de créer une alliance avec la personne soignée et de stimuler son empowerment.

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Version Française de la Théorie de Gestion des Symptômes (TGS) et son application

z Les relations entre les concepts

La théorie de la gestion des symptômes comprend trois concepts majeurs qui ont été présentés en détail dans le paragraphe précédent. En référence à la figure 1, les flèches bidirectionnelles indiquent des interactions simultanées entre les trois concepts, ils sont donc inter-reliés et en interaction constante. L’expérience du symptôme influence et est influencée par les stratégies de gestion des symptômes et par les résultats sur l’état du symptôme. En effet, lorsque les personnes deviennent conscientes de leur perception d’un ou des symptômes, qu’elles initient des stratégies de gestion et qu’elles évaluent les résultats sur l’état de ce dernier, leur perception du symptôme en est modifiée. Cette interaction est évidente lors de gestion par la personne de symptômes courants (rhumes, éruptions cutanées, maux d’estomac, etc.). Par contre, lorsque les symptômes sont plus prononcés et/ou source de détresse, d’autres stratégies de gestion des symptômes peuvent être recherchées. Dans ce cas, l’évaluation de l’état des symptômes doit être effectuée d’une façon plus formelle. Ce processus itératif doit continuer jusqu’à ce que les symptômes disparaissent ou se stabilisent. Cependant, ce processus de gestion des symptômes ne fonctionne pas correctement lorsque la personne n’adhère pas aux stratégies mises en place. La non-adhérence est symbolisée dans la figure 1 par la flèche brisée entre les stratégies de gestion du symptôme et résultat sur l’état du symptôme.

z Symptom cluster (groupe de symptômes)

Les personnes vivant avec des pathologies chroniques font état de nombreux symptômes. Les recherches se sont centrées, jusqu’à très récemment, sur un symptôme et ses effets sur le fonctionnement et la qualité de vie des personnes. Par exemple, en cas de cancer, les symptômes les plus couramment étudiés sont la fatigue, la douleur, l’anxiété et la dépression (Patrick, Ferketich, Frame, Harris, Hendricks, Levin et al., 2004) [16]. Toutefois, les patients expérimentent toujours plus d’un symptôme simultanément. Le concept de symptom cluster (groupe de symptômes) a été introduit en référence à l’expérience de plusieurs symptômes observés chez des patients vivant avec des pathologies chroniques (Dodd, Cho, Cooper, Miaskowski, Lee, Bank, 2005) [17]. Un cluster est un groupe de symptômes inter-reliés qui apparaissent simultanément et indépendamment d’autres symptômes (Kim, McGuire, Tulman, Barsevick, 2005) [18]. Une étude descriptive auprès de 215 femmes vivant avec un cancer du sein menée par So, Marsh, Ling, Leung, Lo, Yeung et al., 2009, [19], a mis en évidence des corrélations significatives entre quatre symptômes, soit la fatigue, la douleur, l’anxiété et la dépression. Les symptom clusters ont des implications sur l’évaluation des symptômes, l’élaboration d’interventions multidimensionnelles et sur la manière d’évaluer ces dernières.

L’ANALYSE DE LA THéORIE DE gESTION DES SYMPTôMES ET SON APPLICABILITé

La Theory of Symptom Management - SMT - a été utilisée à de nombreuses reprises comme guide pour des recherches en sciences infirmières. Entre 2007 et 2011, 51 études utilisant explicitement la théorie du SMT comme cadre théorique ont été recensées.

Les recherches ayant utilisé la SMT ont examiné de façon approfondie un, parfois deux concepts de la théorie, le plus souvent l’expérience du symptôme, et les relations entre deux concepts, par exemple l’expérience du symptôme et sa gestion. Aucune recherche n’a, sauf erreur, examiné l’ensemble des relations de la théorie, soit les relations simultanées entre l’expérience des symptômes, la stratégie de gestion des symptômes et les effets obtenus sur l’état des symptômes. Toutefois, Humphreys, Lee, et al., 2008, [3] ont montré que les résultats obtenus tendent à confirmer la structure théorique ainsi que certaines relations avec les concepts, et ce auprès de différentes populations.

Afin d’illustrer l’étendue et la nature des recherches réalisées avec cette théorie, quelques-unes des études descriptives sur l’expérience du symptôme, des recherches sur des interventions relatives aux stratégies de gestion des symptômes et à leurs effets sur l’état de ces derniers sont présentées dans cet article.

z La dimension de l’expérience du symptôme (Perception - évaluation - Réponse)

A ce jour, la dimension de l’expérience du symptôme est la dimension la plus souvent explorée (Humphreys, Lee, et al., 2008) [3]. Cette première étape permet de caractériser chaque population de personnes en lien avec les symptômes qu’elle expérimente. Pour ce faire, des instruments regroupant divers symptômes, le plus souvent spécifiques à une population, ont été développés et validés (Sidani, 2010) [20]. Par exemple, Portenoy, Thaler, et al., 1994, [14] ont validé un instrument The Memorial Symptom Assessment Scale (MSAS) permettant de documenter divers groupes de symptômes pour les personnes vivant avec un cancer. Toutefois, les aspects multidimensionnels et subjectifs de l’expérience du symptôme rendent délicats le développement et la validation d’instruments, ainsi que la mesure du symptôme (Doran, 2011) [21]. Cependant, selon le modèle théorique, la mesure du symptôme est une démarche importante et le caractériser est un élément essentiel pour mieux cibler les actions à entreprendre. Certains auteurs, comme Weisbord, Fried, Unruh, Kimmel, Switzer, Fine et al., 2007, [22], préconisent d’examiner uniquement la fréquence du symptôme et la détresse qui lui est associée. D’autres, comme

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Humphreys, Lee, et al., 2008, [3] suggèrent que l’expérience du symptôme peut être évaluée selon les critères suivants : l’occurrence, la fréquence, la durée, la sévérité, la détresse et l’impact (Humphreys, Lee, et al., 2008, 137) [3]. A ce jour, les chercheurs n’ont pas adopté un consensus sur le sujet.

Pour mieux comprendre la portée de cette théorie, des exemples auprès de populations différentes sont relatés ici. Dans le domaine du VIH, il apparaît que les personnes porteuses du virus expérimentent prioritairement le symptôme de fatigue (Henderson, Safa, Easterbrook, Hotopf, 2005) [23]. Corless, Voss, Nicholas, Bunch, Bain, Coleman et al., 2008, [24] ont réalisé une étude descriptive auprès de 1218 hommes et femmes vivant avec le VIH, répartis sur 18 sites de divers continents (Asie, Amérique latine, Europe, USA). Ils ont exploré des variables associées à la sévérité de la fatigue comme les variables sociodémographiques, les comorbidités et le nombre de symptômes. La sévérité de la fatigue a été mesurée à l’aide du score de fatigue de l’échelle Sign and Symptom Checklist-HIV révisée, regroupant 72 symptômes évalués en fonction de leur présence et de leur intensité (Holzemer, Hudson, Kirksey, Hamilton, Bakken, 2001) [25]. Un questionnaire a permis de recueillir les données sociodémographiques et les comorbidités. Les résultats montrent que la sévérité de la fatigue est plus importante lorsque le patient présente les comorbidités suivantes : la dépression, l’hypertension et les hépatites A et B, mais aussi certaines variables sociodémographiques comme l’ethnie ou de faibles revenus financiers. De plus, le nombre de symptômes et l’augmentation de leur sévérité (essoufflement, modifications du corps, engourdissement, problème gastro-intestinaux, fièvre, maux de gorge) amplifient significativement la sévérité de la fatigue. Finalement la fatigue expérimentée par les patients vivant avec le VIH n’est pas un symptôme isolé mais elle dépend aussi d’autres symptômes associés qui, de par leur présence ou intensité influencent la sévérité de la fatigue. En conclusion, il semble important pour les professionnels de la santé d’explorer la nature, le nombre et l’intensité des symptômes qu’expérimentent les personnes vivant avec le VIH car cela peut avoir une incidence sur leur niveau de fatigue.

Dans un autre contexte, il semble que, les personnes vivant avec une maladie pulmonaire chronique obstructive (BPCO) éprouvent principalement un symptôme d’essoufflement objectivé par la mesure du niveau de dyspnée (Gift, 1990) [26]. Toutefois, des chercheurs rapportent que les patients souffrant de BPCO éprouvent aussi des symptômes de dépression3, d’anxiété (Maurer, Rebbapragada, Borson, Goldstein, Kunik, Yohannes et al., 2008) [27], des troubles du sommeil (George, Bayliff, 2003) [28], de la fatigue (Theander, Unosson, 2004) [29] et des douleurs (Solano, Gomes, Higginson, 2006) [30]. Afin de décrire de façon plus exhaustive les symptômes et les relations qui les lient, Borge, Wahl, Moum, 2010, [31] ont

3 Plusieurs auteurs considèrent la dépression aussi comme un symptôme (28-29).

mené une étude descriptive transversale sur une année auprès de 154 patients vivant en Norvège et atteints de BPCO. Ils ont exploré les relations entre les variables sociodémographiques et de santé et les symptômes d’essoufflement, de dépression, d’anxiété, de fatigue, de troubles du sommeil et de douleurs. La fonction pulmonaire a été évaluée par un test de mesure de la respiration (spirométrie). Les patients ont complété un questionnaire concernant les données sociodémographiques et de santé incluant les comorbidités, les traitements et les surveillances. Différents questionnaires validés ont été utilisés pour mesurer les symptômes retenus : Respiratory Quality of Life Questionnaire (Marks, Burney, Premaratne, Simpson, Webb, 1997) [32] ; (Marks, Dunn, Woolcock, 1992) [33], Lee Fatigue Scale (Lee, Hicks, Nino-Murcia, 1991) [34], Brief Pain Inventory (Cleeland, Ryan, 1994) [35], Hospital Anxiety and Depression Scale (Dowson, Laing, Barraclough, Town, Mulder, Norris et al., 2001) [36] ; (Jones, Quirk, Baveystock, Littlejohns, 1992) [37], General Sleep disturbance Scale (Lee, 1992) [38]. Les résultats montrent que tous les symptômes sont reliés entre eux et que l’essoufflement est fortement associé, et ce, de manière significative, aux symptômes de dépression, d’anxiété, de fatigue, aux troubles du sommeil et à la douleur après avoir contrôlé les variables sociodémographiques et de santé. En conclusion, les auteurs mentionnent que la seule mesure de l’essoufflement ne suffit pas pour déterminer l’impact physique ou psychologique de la BPCO. Il semble donc important d’évaluer d’autres symptômes associés comme la dépression, l’anxiété, les troubles du sommeil, la fatigue et la douleur qui peuvent avoir un impact non négligeable sur l’essoufflement.

Les apports des recherches précédemment citées amènent à constater que les personnes vivant avec une maladie chronique expérimentent rarement la présence d’un symptôme unique. Par conséquent, les informations sur la gestion d’un symptôme unique ne sont pas suffisantes pour améliorer les effets obtenus sur l’état des symptômes. Bien que la théorie de gestion des symptômes se concentre sur la façon d’étudier un symptôme, l’expérience du symptôme implique probablement plus d’un symptôme ou des « symptoms clusters ».

Dans cette perspective et suite aux études effectuées en oncologie pédiatrique, Baggott, Cooper, Marina, Matthay, Miaskowski, 2011, [39] ont étudié les symptômes liés à l’administration d’une chimiothérapie auprès de 131 jeunes, âgés de 10 à 18 ans, vivant avec un cancer. L’échantillon de convenance de cette étude incluait des patients répartis sur trois sites hospitaliers aux USA et dont la chimiothérapie avait un effet délétère sur les neutrophiles. De plus, ils ne recevaient pas de traitement additionnel tel que la radiothérapie. Le devis de recherche est de type quantitatif et descriptif et les patients devaient répondre à un auto-questionnaire comprenant des données sociodémographiques, l’échelle Memorial Symptom Assessment Scale (MSAS) pour explorer les symptômes et l’échelle Karnofsky Performance Status (KPS) pour évaluer leur statut fonctionnel.

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Version Française de la Théorie de Gestion des Symptômes (TGS) et son application

Des analyses factorielles exploratoires ont permis de déterminer les groupes de symptômes qui ont été classifiés en trois catégories réparties selon :- les séquelles de la chimiothérapie ; - les troubles de l’humeur ; - l’inconfort neuropsychologique.

Par conséquent, chaque catégorie présente une série de symptômes qui apparaissent en même temps. Cette recherche permet une grande avancée sur la connaissance des groupes de symptômes tant au niveau clinique que pour la méthodologie de recherche.

Patel, Shafazand, Schaufelberger, Ekman, 2007, [40] ont mené une étude qualitative auprès de 54 hommes et 34 femmes insuffisants cardiaques, afin de décrire leur expérience des symptômes de l’insuffisance cardiaque chronique et les réponses qu’ils y ont apportées. L’insuffisance cardiaque a été classifiée selon l’échelle NYHA (New York Heart Association). Les auteurs ont mis en évidence que les symptômes les plus fréquemment rencontrés par cette population sont la dyspnée (86 % des cas), la fatigue (47 % des cas), la douleur (38 % des cas) et des groupes de symptômes (70 % des cas). Le nombre moyen de symptômes rapporté par les patients était de trois. Ceci démontre bien que les études sur un seul symptôme ne sont pas vraiment pertinentes. En lien avec les stratégies personnelles développées par ces personnes pour faire face à ces symptômes, il s’avère que 58 % des personnes ont consulté de leur propre chef un médecin dans un service d’urgences, tandis que 15 % ont été envoyés aux urgences par leurs proches et 27 % par les professionnels de santé exerçant à domicile. Les auteurs ont identifié plusieurs facteurs pouvant expliquer le retard de consultation. Le premier est que 57 % des patients attribuent leurs symptômes à d’autres causes que l’insuffisance cardiaque, par exemple à la constipation et, de ce fait, ne pensent pas que ces symptômes nécessitent un traitement médical. Le deuxième facteur réside dans le fait que 9 % des patients attribuent la présence du symptôme à leur état de faiblesse depuis une longue période (ex : le patient attribue l’apparition d’un ou des symptômes à l’âge ou à une hospitalisation récente). Cette compréhension du symptôme les rend incertains sur le besoin de consulter un médecin. Dans 34 % des cas, le patient avait l’intention de consulter son médecin mais ne l’a finalement pas fait. Les auteurs mettent en lumière que la difficulté à reconnaître les symptômes liés à l’aggravation de l’insuffisance cardiaque et le délai de prise en charge ont un impact sur le nombre et la durée des ré-hospitalisations. Ils proposent que les professionnel(le)s de la santé soient plus aguerris, d’une part, pour détecter et intervenir sur les besoins individuels des personnes en lien avec leur symptomatologie (ex : informations ciblées et adaptées) et, d’autre part, pour inclure les proches aux séances d’éducation thérapeutique. Cette recherche met en évidence que la connaissance des professionnel(le)s de santé sur les symptômes en lien avec une pathologie est essentielle pour mieux informer,

accompagner et permettre ainsi aux patients de distinguer les symptômes signifiant ou non une dégradation de leur état de santé.

z La gestion des symptômes - Les effets obtenus sur l’état des symptômes

Des chercheurs ont conçu des programmes d’intervention spécifiques dont le but est l’amélioration des stratégies de gestion des symptômes afin de les atténuer voire les faire disparaître. Trois recherches basées sur la théorie SMT sont présentées ici. Elles testent chacune un programme d’intervention auprès de trois populations de patients vivant avec une maladie chronique. Depuis ces dernières années, le développement de programmes d’intervention a bénéficié d’une attention particulière de la part des chercheurs. Ces programmes méritent d’être soutenus dans un contexte d’explosion des maladies chroniques.

Le premier programme présenté s’adresse aux patients schizophrènes vivant avec des hallucinations auditives, symptôme le plus courant pour cette population (Heinrichs, Carpenter, 1985) [41]. Lors d’une étude pilote quasi-expérimentale réalisée en Thaïlande, Kanungpairn, Sitthimongkol, Wattanapailin, Klainin, 2007, [42] ont évalué un programme de gestion des symptômes pour des patients schizophrènes avec des hallucinations auditives. Le programme se déroulait sur dix semaines à raison d’une séance de 50 minutes par semaine. Le contenu du programme regroupait différentes techniques : apprendre à ignorer les voix, à chanter de manière rythmique ou à respirer de manière relaxée. L’échantillon de convenance était composé de 18 patients vivant à domicile (7 hommes et 2 femmes par groupe). La collecte des données a été effectuée par le chercheur lors d’un entretien individuel sur la base d’un questionnaire des données sociodémographiques et de santé et du questionnaire Characteristics and Severity of Auditory Hallucinations (CSAH) (version modifiée) Andreasen, Flaum, Arndt. 1992 [43] permettant de saisir différents aspects des hallucinations auditives. Les résultats montrent que les patients qui ont suivi le programme de gestion des hallucinations auditives manifestent moins d’hallucinations auditives en caractéristique et en fréquence. En conclusion, il apparaît que les patients schizophrènes ambulatoires peuvent apprendre des stratégies de gestion de leurs hallucinations auditives et les utiliser pour ensuite faire l’expérience d’une diminution significative de ce symptôme.

Le second programme porte sur la gestion par des patients vivant avec le VIH, des symptômes physiques et psychologiques liés aux traitements médicamenteux. Ces symptômes sont souvent la cause de la recherche d’informations et de soins auprès des professionnels de la santé (Holzemer, Hudson, et al., 2001) [25]. Dans ce cadre, Wantland, Holzemer, Moezzi, Willard, Arudo, Kirksey et al., 2008, [44] ont réalisé une étude randomisée avec mesures répétées auprès de patients vivant avec le VIH, recrutés dans plusieurs pays : Etats-Unis,

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Afrique et Porto Rico. Ils ont comparé l’efficacité d’un manuel d’auto-soins relatifs à la gestion des 21 symptômes les plus fréquents pour le VIH par rapport à un manuel décrivant les bases générales de l’alimentation pour les patients vivant avec le VIH. L’échantillon de convenance était composé de 775 participants ; l’échelle The Revised Sign and Symptom Checklist for Persons with HIV Disease (Holzemer, Hudson, et al., 2001) [25] pour mesurer les symptômes et leur intensité a été utilisée. Les résultats montrent une diminution plus importante de la fréquence et de l’intensité des symptômes pour le groupe ayant utilisé le manuel relatif à la gestion des symptômes. La connaissance des stratégies d’auto-soins liées aux différents symptômes expérimentés par les patients vivant avec le VIH permet aux professionnel(le)s de la santé d’adapter les informations transmises à chaque patient en fonction de ses besoins singuliers.

Le troisième programme concerne les patients avec un cancer colorectal métastatique ou du sein vivant à domicile et traités par chimiothérapie orale utilisant de la Capecitabine (médicament adjuvant utilisé pour les patients atteints d’un cancer métastatique colorectal ou du sein). Molassiotis, Brearley, Saunders, Craven, Wardley, Farrell et al., 2009, [45] ont réalisé une étude randomisée auprès de 164 patients atteints de cancer colorectal (n=110) ou du sein (n=54). Les patients ont été randomisés en deux groupes, soit le groupe contrôle bénéficiant des soins courants et le groupe expérimental bénéficiant d’un programme d’intervention développé sur la base des résultats probants incluant l’évaluation des symptômes, l’éducation thérapeutique, et/ou le traitement des symptômes. Ce programme était dispensé à domicile sur une période de 18 mois. Les résultats démontrent que le programme d’intervention permet d’améliorer les symptômes tels que les mycoses buccales, les diarrhées, la constipation, les nausées, la douleur, la fatigue et les insomnies. De plus, le recours aux hospitalisations non planifiées s’avère significativement moins important pour le groupe expérimental (57 jours) que pour le groupe contrôle (167 jours). En conclusion, un programme de soins à domicile ciblé sur la gestion des symptômes liés aux effets secondaires du traitement est plus efficace que des soins courants.

Depuis quelques années, il apparaît que les recherches sur les symptômes vécus par les patients sont en augmentation significative en sciences infirmières et dans d’autres disciplines. Les exemples de recherches présentées ici tendent à montrer que le nombre des symptômes vécus par les patients atteints d’une maladie chronique sont importants et leur intensité modérée à élevée. Les interventions construites sur la base de l’exploration de l’expérience et des stratégies de gestion des symptômes vécus par les patients semblent en outre offrir une perspective d’amélioration de la gestion de ceux-ci par les patients et, par conséquent, de leur qualité de vie. Les auteurs soulignent aussi qu’il est important que les professionnels de la santé sachent détecter les symptômes

et proposer des interventions appropriées. Pour faciliter le développement de l’évaluation clinique des symptômes dans la pratique professionnelle, quelques grilles d’évaluation des symptômes les plus fréquents sont réunies dans le Tableau 1 (p. 23-24).

DISCuSSION ET CONCLuSION

L’explosion des maladies chroniques et des problématiques qui leur sont associées obligent les professionnel(le)s de la santé à réexaminer les priorités de soins pour ces populations. La prise en compte de l’expérience des symptômes et de leur gestion par les personnes s’avère être une piste intéressante à suivre par toutes les professions de la santé afin de choisir les interventions les plus appropriées pour diminuer ou faire disparaître les symptômes. A ce jour, la théorie de gestion des symptômes est une des approches les plus efficientes pour guider les projets de recherche en sciences infirmières et les activités cliniques. En effet, elle propose à la fois l’étude de concepts spécifiques qui prennent sens pour les chercheurs et les cliniciens et, d’autre part, des propositions de relations fonctionnelles entre les concepts qui peuvent être testées. Les recherches développées avec cette approche se sont centrées principalement sur la description de l’expérience des symptômes et, quelquefois, des stratégies mises en place par les patients pour y faire face. Les investigations empiriques qui ont été effectuées valident la structure théorique et les relations entre les concepts proposées par la théorie de gestion des symptômes, confirmant ainsi la pertinence de son utilisation. Ces recherches consistent en une première phase essentielle pour mieux comprendre le phénomène des symptômes auprès de populations différentes. Cependant, il paraît nécessaire dans le futur, de renforcer la construction d’interventions spécifiques et d’en évaluer les résultats. Les auteurs du présent article se sont donné la mission de traduire et d’adapter la théorie de gestion des symptômes avant d’appliquer et d’affiner cette approche théorique dans le monde francophone. Cette option semble tout à fait opportune à la fois dans un contexte socio-sanitaire de vieillissement de la population et dans une volonté de singulariser la discipline infirmière et de développer la recherche spécifique à cette discipline.

Des échanges réguliers entre Janice Humphreys, conceptrice de la TGS, et les auteurs de cet article sont planifiés pour poursuivre le développement, la traduction et l’adaptation de ce modèle en français ainsi que pour son application dans le domaine de la recherche en sciences infirmières et en formation. Un Certificate of Advanced Studies (CAS) en gestion des symptômes sera, par exemple, proposé prochainement en Suisse romande. Cet article ouvre un domaine des sciences infirmières qui est appelé à se développer rapidement dans les pratiques infirmières pour répondre aux besoins de la population.

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Version Française de la Théorie de Gestion des Symptômes (TGS) et son application

Nom de l’échelle (ABRéVI-ATION)/AuTEuR (Langue d’origine)

Auteur ou personne de référence pour la version française

Domaine/population/application

Domaines/nombre d’items/format de réponses

Brief Symptom Inventory (BSI®) / DEROGATIS, LR (anglais)

l’Inventaire Bref des Symptômes

COUTU-WAKULC-ZYK, Ginette

Santé mentale/adultes/ recherche et clinique

53 items/échelle de Likert à 5 points/3 index globaux

Diabetes Symptom Checklist-Revised (DSC-R) / SNOEK, F (hollandais)

SNOEK, Frank

Endocrinologie/adultes/ recherche

34 items/échelle de Likert & réponses oui/non/score global et score par dimension

Edmonton Symptom Assessment Scale (ESAS-r)/BRUERA, E (anglais)

BRUERA, Eduardo Soins palliatifs/adultes/ recherche et clinique

10 items/score numérique de 0-10 /score global

HIV Symptom Index (HIV-SI)/JUSTICE, A (anglais)

JUSTICE, Amy HIV/adultes/recherche et clinique

20 items/échelle de Likert /score global et score par item

Lung Cancer Symptom Scale (LCCS), HOLLEN, P. (anglais)

HOLLEN, Patricia Cancer du poumon/adultes/recherche et clinique

9 items (version patient)/échelle visuelle analogique/score global et score par item ; 9 items (version observateur)/échelle de Likert /score global et score par item

MD Anderson Symptom Inventory CLEELAND C. S. MENDOZA T. R (anglais)

CLEELAND, Charles S. Cancer/adultes/recherche et clinique

19 items (version patient)/échelle visuelle analogique/score par domaine, et score par item

Multidimensional Fatigue Symptom Inventory, HANN D., JACOBSEN P.B., STEIN K.D. (anglais)

JACOBSEN, Paul Fatigue/femmes/recherche MFSI: 83 items, MFSI-SF : 30 items/échelles de Likert à 5 points/score global pour le MFSI-SF, score par dimension

National Institute of Health Chronic Prostatitis Symptom Index, LITWIN M. S, The Chronic Prostatitis Collaborative Research Network (anglais)

LITWIN, Mark Prostatite chronique/ hommes/ recherche et clinique

13 items/réponses : Oui/Non et échelle de Likert de 4 à 11 / score par dimension

Neuropathic Pain Symptom Inventory, BOUHASSIRA D. (français)

MAPI Research Trust (www.proquolid.org)

Douleurs/adultes/recherche et clinique

12 items/échelle d’intensité de 0-10 et échelle temporelle/score global et score par dimension et item

Tableau 1 Exemples d’échelles d’évaluation des symptômes accessibles en langue française

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CONFLIT D’INTéRêT

Les auteurs déclarent n’avoir aucun conflit d’intérêts relatifs au contenu et à la publication de cet article.

Références bibliographiques

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Nom de l’échelle (ABRéVI-ATION)/AuTEuR (Langue d’origine)

Auteur ou personne de référence pour la version française

Domaine/population/application

Domaines/nombre d’items/format de réponses

Symptom Checklist-90-Revised, Derogatis LEONARD R (Anglais)

Pearson Assessments (http://pearsonassess.ca/haiweb/Cultures/fr-CA/default.htm)

Santé mentale/Adolescents, adultes/recherche

90 items/échelle de Likert à 5 points, scores par dimension, scores pour trois indices généraux :- Global severity index (GSI) : mesure de la détresse psychologique globale - Positive symptom distress index (PSDI) : mesure de l’intensité des symptômes - Positive symptom total (PST) : nombre de symptômes reportés par le patient

Symptom Distress Scale, MC CORKLE, R. (anglais)

MC CORKLE, Ruth Cancer/adultes/recherche et clinique

13 items/échelle de Likert à 5 points/score global

Symptom Problem Index, BARRY M. J. (anglais)

MAPI Research Trust (www.proquolid.org)

Hyperplasie bénigne de la prostate/adultes, hommes/recherche et clinique

7 items/échelle de Likert à 5 points/score par item

Uterine Fibroid Symptom and Quality of Life questionnaire, SPIES J. B. (anglais)

Cardiovascular and Interventional Radiology Research and Education Foundation (CIRREF)

Cancer génital/adultes, femmes/recherche

37 items, échelle de Likert à 5 points/score global et score par dimension

Weight-Related Symptom Measure, PATRICK D. L. BUSHNELL, D. M. ROTHMAN M. (anglais, français, allemand, italien, espagnol)

DONALD, Patrick Obésité/adultes/recherche et clinique

20 items, réponses oui/non pour présence d’un symptôme/échelle de Likert à 7 points pour dégré d’incommodité/score global

Suite Tableau 1 Exemples d’échelles d’évaluation des symptômes accessibles en langue française

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Recherche en soins infirmiers n° 112 - Mars 2013 l

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