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N°1816 - juin-juillet 2016 LA VOIX DU COMBATTANT LA VOIX DU COMBATTANT Le magazine de l’Union nationale des combattants Notre maison du combattant p.3 Éditorial Opex Chirurgien militaire, au plus près du front p. 16 Dossier La maison du combattant fête ses 100 ans p. 38 Regards sur 14-18 Les Britanniques dans la bataille de la Somme p. 30 90 e congrès national : l’UNC veille 90 e congrès national : l’UNC veille

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LA VOIX DUCOMBATTANTLA VOIX DUCOMBATTANT

Le magazine de l’Union nationale des combattants

Notre maisondu combattant p.3

Éditorial OpexChirurgien militaire, au plus près du front p. 16

DossierLa maison du combattant fête ses 100 ans p. 38

Regards sur 14-18Les Britanniques dans la bataille de la Somme p. 30

90e congrès national :l’UNC veille90e congrès national :l’UNC veille

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Éditorial

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Le magazine de l’Union nationale des combattants1939-45 • Indochine • AFN • Opex • Soldats de France • Veuves de guerre et d’anciens combattants

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16LA VOIX DUCOMBATTANT

LA VOIX DUCOMBATTANT

Le lien armée-nation, uneréalité quotidienne p.3

Éditorial Le coup de cœur de la rédactionLa renaissance de la chapelle de That Khé p. 2

Images d’AFN3000 enfantsréfugiés en Algérie p. 32

Actualités19-Mars, l’UNC regrette la présence du présidentde la République p. 7

Les villes marraines, piliers du lien armée-nation

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Mémoire ou

vérité historique p.3

Éditorial Le coup de cœur de la rédactionLes femmes dans

la Résistance p. 2

DécouverteLe musée de la

Gendarmerie livre

ses trésors p. 38

ActualitésLe ministre annonce la fin

de l’intervention française

en Centrafrique p. 8

Les embuscades dePalestro, Bouskène

et Bab el Assa

Le magazine de l’Union nationale des combattants

LA VOIX DU

COMBATTANTLA VOIX DU

COMBATTANT

Les embuscades dePalestro, Bouskène

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Tél. : 01.53.89.04.18 – Fax : 01.53.89.04.29. - E-mail : [email protected]

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Prix valables jusqu’au 31/12/2016

La Voix du Combattant18, rue Vézelay ­ 75008 ParisTél. : 01.53.89.04.28Fax : 01.53.89.04.29.

Directeur de la publication :Pierre Saint­MacaryRédactrice en chef : Béatrice GendronLa Voix du Combattant est éditée par l’Union Nationale des Combattants. Président général de l’UNC : Pierre Saint-Macary. Association reconnue d’utilité publique par décret du 20 mai 1920. Siège social : 18, rue Vézelay - 75008 Paris.Mise en page : Patricia ChibaneComité de rédaction : Pierre Antoine, Pierre Saint-Macary, Gérard Beaumont-Senn,Dominique Boyet, Dominique Chavanat,Henri Chemin, Gérard Colliot, Henry Dutailly,Éric Euzen, Philippe Schmitt.

Premier n° paru le 13 juillet 1919Commission CPPAP :N° 1117-A-06249 - ISSN : 2104-9416Date du dernier dépôt légal : MAI 2016Impression : Imaye, 96, boulevardHenri-Becquerel, 53000 Laval

Publicité : Mistral Media, 365, rue de Vaugirard -75015 Paris, Tél. : 01.40.02.99.00 - Fax : 01.40.02.99.01.

Reproduction des textes et des illustrations interdite sans accord préalable. La rédactionn’est pas responsable de la perte ou de la détérioration éventuelle des documents,textes, ouvrages et photos qui lui sont adressés, que ceux-ci soient utilisés ou non.

Ont collaboré à ce numéro : Pierre Antoine, Dominique Boyet, Henry Dutailly,Éric Euzen, Frédéric Guelton, Jean Malnoury,Catherine Perel, Jean-Luc Sans, Philippe Schmitt, Madeleine Stoccane.

Ce numéro comporte trois encarts jetés en 4e decouverture, déclarés en Presse + :• Aterno 8 pages• La France mutualiste encart 4 pages• Cirrus Communication encart 4 pages

COUVERTURE :Congrès de Bordeaux . © Béatrice Gendron.

C’est sous ce vocable à la fois fami-lier et reconnaissant que nos adhé-rents nomment l’Office nationaldes an ciens combattants et vic -

times de guer re (Onac-VG). Ce terme estloin d’être usurpé pour une institution quifê te cette année son 100e anniversaire.Sans revenir sur l’histoire decette institution qui est déve-loppée dans ce numéro, jevoudrais ex pri mer, en quelquesmots, combien les combattantsde toutes les guerres y ont trouvé uneécoute et une solidarité incomparables,non pas dans l’immédiateté des après-conflits mais dans la durée, assurant l’es-sentiel aux familles des tués, aux blessésou simplement à ceux qui avaient pris lesarmes pour défendre la France. Cette institution est unique, bien diffé-rente des autres associations similairesque sont la British Legion pour les Britan-niques ou l’American Legion pour lesAméricains car, dans notre pays, c’estl’État qui s’engage dans la réparation etdans la reconnaissance.  « Ils ont desdroits sur nous », avait déclaré Clemen-ceau en parlant des anciens combattantset c’est pourquoi, à de rares exceptions,un membre du gouvernement a toujoursété désigné pour cette tâche, disposant àce jour de deux composantes  : l’Institu-

tion des Invalides,plus spécifique auxb l e s s é s e t a u xcombattants trèsâgés, mais aussil ’ O n a c - V G , u nétablissement public ad mi nistré à la fois

par l’État et les associations représenta-tives du monde combattant et depuispeu de la mémoire. Cette organisation sedécline au niveau des départements assu-rant un service de proximité territorialque nous espérons voir échapper àtoutes tentatives de régionalisation. Ayant été chargé des relations internatio-na les à l’Onac-VG pendant huit ans, j’ai pume surer, au travers des missions ou desrencontres, combien notre législationcombattante et nos dispositifs de recon-naissance ou de réparation étaient enviés àl’étranger. C’est grâce au paritarisme queles différentes préoccupations des généra-tions de combattants ont pu être prises encompte. Attention à ne pas remettre encause un système qui a fait ses preuves. Souhaitons un bon anniversaire à l’Onac-VG et une longue vie !

Notre maison du combattantLe mot du président par Pierre Saint-Macary

C’est grâce au paritarisme que les différentes préoccupations desgénérations de combattants ont pu être prises en compte. Atten-

tion à ne pas remettre en cause un système qui a fait ses preuves.

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4 La Voix du Combattant juin-juillet 2016

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Sommaire

Elles sont comme un code secret grâce auquel sereconnaissent les initiés… Les valeurs du mondecombattant, qui sont chères à l’UNC et à La Voixdu Combattant, sont aussi portées depuis

100ans par l’Office national des anciens combattantset victimes de guerre (Onac-VG). A l’occasion de cecentenaire, la directrice générale de l’office fait lepoint sur les actions de reconnaissance, de réparationet de solidarité menées par l’établissement depuis sacréation. Mais l’office, tout comme l’UNC, fort de sonhéritage, regarde résolument vers l’avenir, en se recen-trant sur l’accueil et l’accompagnement des combat-tants et des victimes d’actes de terrorisme, cetteforme nouvelle de la guerre. Regarder devant est aussil’une des préoccupations des organisateurs du tradi-tionnel pèlerinage rencontre des anciens combattantsà Lourdes. Après le décès de l’un de ses fondateurs

historiques, Gabriel Nivelle, lesorganisateurs ont su relever ledéfi et proposer cinq jours derencontres solennelles etconviviales qui ont enthou-siasmé quelque 12 000 pèle-rins venus de tous les horizons.Transmettre nos valeurs etnotre héritage est aussi lafeuille de route de l’UNC après le congrès national quis’est tenu à Bordeaux à la fin du mois de mai. Un héri-tage à transmettre dans l’unité, comme nous l’ontenseigné nos fondateurs le révérend père Brottier etGeorges Clemenceau. Les conflits de génération nesont plus de mise, car ils nuisent à l’essentiel : la surviede ces fameuses valeurs qui nous sont si chères et qu’ilnous faut défendre encore et toujours, jour après jour.

Le mot de la rédactrice en chefpar Béatrice Gendron

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LA VOIX DUCOMBATTANTLA VOIX DUCOMBATTANT

Le magazine de l’Union nationale des combattants

Notre maisondu combattant p.3

Éditorial OpexChirurgien militaire, au plus près du front p. 16

DossierLa maison du combattant fête ses 100 ans p. 38

Regards sur 14-18Les Britanniques dans la bataille de la Somme p. 30

90e congrès national :l’UNC veille90e congrès national :l’UNC veille

2 Le coup de cœur de la rédaction

Message aux jeunes générations

3 Éditorial

4 Sommaire

6 Arrêt sur images

7 Actualités

16 Opex

18 Actualité des unités

19 Éditions régionales

27 La rubrique juridique et sociale

29 La rubrique reconversion 2.0

30 Regards sur 1914-1918

• Les Britanniques dans la Bataille de la Somme

• L’alliance franco-russe

36 Témoignage AFN

Souvenirs d’Algérie

38 Dossier

Le centenaire de l’Onac-VG

42 Vie de l’UNC

Le congrès de Bordeaux

48 Lettres & images

49 Courrier des lecteurs

50 Jeux© B. G.

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L e 26 juillet 1956, le colonel GamalAbdel Nasser annonce à Alexan-drie la nationalisation de la Com-pagnie du canal de Suez, déclarant

devant une foule en liesse :«Le canal estdésormais à nous, bien à nous».La crise couvait depuis 1952, année durenversement de la monarchie égyp-tienne par un groupe d’officiers natio-nalistes. Le canal de Suez, ouvert à lanavigation depuis 1869, est la propriétéd’un consortium à capitaux franco-bri-tanniques. C’est un point de passage stra-tégique pour l’approvisionnement enpétrole. La tension entre l’Égypte et Israël

s’exacerbant, Nasser interdit aux Israé-liens le passage du canal aux navires israé-liens. En outre, il reconnaît la Chine com-muniste. En représailles, les États-Unisrefusent de financer le Haut barrage d’As-souan, vaste projet visant protéger lesterres agricoles des crues du Nil et à pro-duire de l’électricité. La nationalisationdu canal et la mise sous séquestre desbiens de la compagnie universelle ducanal de Suez est la réponse de Nasser.Elle va provoquer une grave crise inter-nationale et l’intervention militaire desFrançais et des Britanniques en novem-bre 1956. Ph. S.

6 La Voix du Combattant juin-juillet 2016

Le 8 mai, le président général Pierre Saint-Macary a déposé une gerbe au nom de l’UNC sur la tombe sur Soldat inconnu sous l’Arc de Triomphe à Paris,

avant le début de la commémoration nationale présidée par le chef de l’État.© SNAPP REPORTAGES

L’hommage du mois

Arrêt sur imagesLa photo du mois

Jean­Marc Todeschini, secrétaire d’État auprès duministre de la Défense, chargé des Anciens com-battants et de la Mémoire, s’est rendu, le lundi13 juin, au hameau de forestage de Magland(Haute-Savoie) pour inaugurer une plaque com-mémorative en hommage aux Harkis, comme ill’avait fait en juillet 2015, à Zonza (Corse) et le11juin 2016 à Puilaurens-Lapradelle (Aude). Desélèves de l’école primaire de Magland participe-ront à la cérémonie.Ce déplacement fait suite au plan d’action enfaveur des anciens membres des forces supplé-tives et de leurs proches (dit « plan Harki »), pré-senté le 25 septembre 2014 par le Premier minis-tre, et voulu par le Président de la République.En effet, l’action 4 de ce plan prévoit de commé-morer les lieux de vie et de travail des Harkis et deleurs pro ches par la pose de plaques commé-moratives au nom de la République françaisedans les hameaux de forestage. Cela a donné lieuà une déclaration d’intention entre l’Office natio-nal des anciens combattants et victimes de guerre(Onac­VG) et l’Office national des forêts (ONF)relative à l’apposition de plaques mémoriellesdans les anciens hameaux de forestage, signéepar Jean­Marc Todeschini et Stéphane Le Foll audébut de l’année 2015. Ces lieux font partie inté-grante de la mémoire collective des Harkis.Les hameaux de forestage étaient les lieux oùvivaient et travaillaient des familles harkies aprèsleur rapatriement. À partir du mois d’août 1962,des hameaux de forestages sont construits, notam-ment dans le Sud de la France (au sud d’une ligneallant de Bordeaux à Grenoble) mais aussi, pour cer-tains, dans le Massif Central, dans le Jura et lesVosges. Au total, 69 hameaux seront construits.Les Harkis étaient employés en raison destechniques particulières héritées de leur vie enAlgérie. Ils effectuaient des travaux d’entretien,de boisement, de remise en état des sentiers,de défense contre les incendies et de remises enétat des gîtes abandonnés. n

L’éphéméride Cela s’est passé en juillet

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La Voix du Combattant juin-juillet 2016 7

Actualités

Rarement une commémoration aura fait couler autant d’encre… Avant même la manifestation officielle, la commémoration de la Bataille de Verdun a soulevé unepolémique qui a repris de plus belle le jour J, à la diffusiondes images de jeunes courant sur les tombes des milliersde soldats “morts pour la France”, images que la rédactionde La Voix du Combattant a délibérément choisi de ne pasdiffuser. Retour sur deux semaines de polémiques.

L’UNC­Meuse a même écrit au Préfet sonintention de ne pas envoyer de porte-dra-peaux à la commémoration officielle dela Bataille de Verdun… C’est l’annonce de

la tenue d’un concert de rap avec le chanteurBlack M. qui a mis le feu aux poudres. L’UNC,comme d’autres associations d’anciens combat­tants et patriotiques, a été choquée de voir qu’unchanteur ayant tenu par le passé des propos anti-sémites et homophobes, et se promettant de“bien s’amuser” à Verdun, figurait au programmedes manifestations organisées en marge de lacommémoration officielle de la Bataille de Verdun.L’UNC a donc fait connaître son mécontente-ment discrètement mais au plus haut niveau del’Etat, obtenant ainsi la déprogrammation dece chanteur. L’affaire aurait pu en rester là,mais la réaction tonitruante du secrétaire d’Etatauprès du ministre de la Défense, en chargedes Anciens combattants et de la Mémoire, ascandalisé les associations. Qui cette fois n’ontpas agi dans la discrétion, mais en toute publi-cité en co­signant une lettre adressée directe-ment au président de la République.

Lettre au président de la République« Contrairement à ce qu’a écrit monsieur lesecrétaire d’État, ce n’est en rien par un « défer­lement de haine, d’injures et de menaces » queles associations du monde combattant signa­taires de la présente ont marqué leur fermeréprobation à la tenue d’un concert animé parle rappeur Black M à Verdun le 29mai prochain.A nos yeux de combattants au service de laFrance, un tel spectacle, un tel jour et en un tellieu, constituerait une insupportable injure à lamémoire des centaines de milliers d’hommes,quelles que soient leur nationalité, leur origine,leur confession, qui ont souffert, versé leur sang,sont morts, sur cette terre de la Meuse. Nosassociations, totalement apolitiques et nonconfessionnelles, s’élèvent avec vigueur contretous les rapprochements, amalgames, insinua­tions et sous­entendus tendant à faire croire àquelque unité de vue avec quelque organismeque ce soit, étranger au monde combattant. Nousqui avons combattu pour la France, et bien souvent

ver sé notre sangpour elle, nousres pectons laMé moire du“ Com battantde Verdun” et nous n’acceptons pas qu’elle soitdégradée et salie. Nous avions donc pris acte del’annulation de ce concert sans autre com­mentaire, avant de lire le communiqué quiexprime la “colère” du secrétaire d’État. Il y estsouligné que “ la liberté d’expression” est un“droit fondamental”. Devons­nous compren­dre que le monde combattant ne pourrait pasl’exercer sereinement ? Il y est également rap­pelé très justement que «c’est pour les valeursde la République que nos soldats, venus detoutes les origines sociales, de tous les conti-nents, de toutes les religions, et jeunes pourl’immense majorité d’entre eux, ont combattuet sont morts voilà cent ans à Verdun». Ce sontprécisément ces vérités qui ont suscité notreabsolu refus de la tenue ce soir­là, dans cette villemartyre, d’un concert animé par un chanteuraux antécédents bien connus. Monsieur le secré­taire d’État a jugé la demande d’annulation dece concert « indigne de l’hommage solennelque la Nation tout entière rend, en cette annéedu centenaire de la bataille de Verdun, auxcombattants de toutes conditions et de toutesorigines qui sont morts pour la France». Nousestimons très exactement le contraire. Et nouscomprenons mal, dans cette démocratie dontvous êtes le garant, que notre ministre detutelle traite par un tel mépris, marqué decolère, l’expression des convictions d’ancienscombattants et victimes de guerre, placés sousson autorité politique »

Une prestation qui réactive l’indignationAprès cette publicité, c’est la scénographie ima-ginée pour la cérémonie du 29 mai qui a relancéla polémique. Au lendemain de la commémo-ration, si très peu de médias relaient des imagesdes chefs d’États ravivant la flamme à l’ossuairede Douaumont, tous ont diffusé ces scènes decentaines de jeunes Français et Allemands cou-rant entre les tombes de la nécropole.

Les réactions indignées ne se sont pas fait atten-dre, dans le clan des politiques d’abord, avec lestweets et autres communiqués de la droite et del’extrême droite. Parmi nos lecteurs et adhérentsensuite, qui ont été nombreux à nous écrire leurincompréhension, leur colère, voire leur indigna-tion. Tous ont dénon cé: «une incroyable masca­rade en guise de cérémonie du Centenaire où ceslieux sacrés ont été l’objet d’une forme de hap­pening délirant qui a transformé le cimetière sacréde Douaumont en aire de jogging», «une vérita­ble insulte à nos anciens morts pour la France ences hauts lieux de mémoire!», nous faisant part deleur «écœurement quant à cet inconvenant spec­tacle». «Faire piétiner les tombes de tous ceshommes morts pour notre pays m’a totalementrévulsée, écrit une lectrice. Je n’ai que 62 ans maisj’ai eu la chance de connaître un de mes arrière­grands pères qui avait fait 14­18. Il pleurait enpensant à ses copains morts au champ d’honneurcomme on dit et regrettait de ne pas être enterréavec eux. Eh bien tant mieux! Au moins on a passouillé son repos!»Alors certes, nous sommes convaincus de la placelégitime et nécessaire des jeunes générationsdans la transmission du devoir de mémoire. Maisl’on ne peut s’empêcher de repenser à de magni-fiques et toute simples commémorations locales,sans ambition mais néanmoins pleines d’émo-tion, qui se tiennent chaque année dans de nom-breux villages de France, à l’occasion desquellesdes collégiens se “contentent” de lire des lettresde Poilus. Et ils le font avec une authentique émo-tion. Les jeunes sont parfaitement capables decomprendre que la sobriété et la dignité sontelles aussi porteuses de sens, a fortiori lorsque l’onrend hommage à 300000 soldats morts sur lechamp de bataille. Il est regrettable que lesconcepteurs de l’étrange spectacle qu’il nous a étédonné d’observer avec désolation le 29 mai àDouaumont n’en aient pas eu conscience. n

Béatrice Gendron

Après la commémoration officielle de la Bataille

Verdun : restons dignes© B. G.

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Actualités

8 La Voix du Combattant juin-juillet 2016

Dans la nuit du 30 au 31 mai 2016,le nord­ouest de la France a connuun épisode de pluies torrentiellesqui a provoqué le débordement

de nombreux cours d’eau. Ces intempériesont entraîné d’importantes perturbationsdans les transports et sur l’autoroute A10à hauteur de Saran au nord d’Orléans.Face à cette situation, le préfet du Loireta décidé de demander le concours de l’ar-mée. L’engagement de 120militaires etde différents moyens sont alors engagédans cette opération baptisée “opérationMoïse”. Les Dauphins du 12e régiment decuirassiers interviennent alors avec 10ca -mions militaires (GBC180 et 1TRM 10000)

pour porter secours aux passagers de véhi-cules arrêtés à hauteur de Saran... n

Le déroulé des opérations• Dès 8h, le groupement de soutien de la base de défense d’Orléans Bricy ainsi quela base aérienne 123 ont mis à disposition des communes environnantes des litspicots, des couvertures et des motopompes.• À 14h45, le préfet a décidé de demander le concours des armées pour portersecours à des automobilistes isolés sur l’A10 en direction de Paris. À ce moment,2100 véhicules étaient bloqués entre les points kilométriques 86 et 93 par des maresd’eau infranchissables.• Les armées ont réagi très rapidement à cette demande de soutien.• Dès 15h, le chef de corps du 12e régiment de cuirassiers a engagé un détachementcomposé d’un poste de commandement et d’une section (9 camions GBC180 et 1camionTRM 10000) pour porter secours aux passagers de véhicules arrêtés à hauteur de Saran.• Les moyens engagés ont permis d’évacuer plus de 300 personnes en deux rotationsvers le palais des sports d’Orléans et le Gymnase de Saran.• Lors de situation de crise, comme ici face à une catastrophe à l’ampleur imprévisible,et même si beaucoup sont engagés en opération extérieure ou à Sentinelle, les forces arméessont en mesure de se mobiliser en urgence, à la demande des autorités préfectorales, pourporter assistance à la population.

Inondations

L’intervention spectaculairedes “Dauphins”

Disparition du vol MS804 d'Egypt AirL'armée française

mobiliséeLe 19 mai, un avion A320 de la compagnieEgypt­Air a disparu en cours de vol entre Pariset Le Caire. Le jour même, les armées ontmobilisé, rapidement et sans préavis, un panelde moyens complémentaires et adaptés afinde procéder aux recherches de l’avion.Depuisune semaine, la marine nationale participeaux opérations de recherche coordonnées parles autorités égyptiennes via le Joint RescueCoordination Center du Caire. Dès le 19 mai, un Falcon 50 a effectué unepremière mission de surveillance maritime deprès de 6 heures pour tenter de détecter desdébris. Le 20 mai, un Atlantique 2 a relevé leFalcon 50 pour prendre à sa charge les missionsquasi quotidiennes de surveillance maritime.Le même jour, l’aviso Enseigne de vaisseauJacoubet quittait la rade de Toulon et a atteintle 23 mai la zone de recherche. Disposant de systèmes pour détecter lessignaux acoustiques des enregistreurs de vol,sa mission première est la localisation et larécupération des débris du crash. Le Com-mandement interarmées de l’espace (CIE) aégalement été mis a contribution. Il a pro-grammé des satellites d’observation pour pré-ciser la zone de recherche. Ces satellites ontdétecté quelques débris également repéréspar les moyens aériens. Par ailleurs, des simu-lations numériques ont été utilisées pour met-tre à jour les zones de recherche et maximiserles probabilités de retrouver les débris. LeBureau d’enquêtes et d’analyses (BEA) aconfirmé, mercredi 1er juin, qu’un navire de lamarine française avait détecté le signal de l’unedes boîtes noires de l’appareil d’EgyptAir. n

Source : Ministère de la Défense

Action des armées pendant l’Euro2016Les armées sont engagées sur le ter-ritoire national dans la sécurisationde la coupe d’Europe de football. Ellesparticiperont entre le 8 juin et le 10juillet au dispositif interministérielmis en place à cette occasion et coor-donné par le ministère de l’Intérieur.Elles adapteront également les pos-tures de sûreté aérienne et de sau-vegarde maritime. Les effectifs enga-gés sur le territoire national pendantl’événement ne changent pas.Sources : ministère de la Défense

En bref

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Actualités

10 La Voix du Combattant juin-juillet 2016

La contribution des armées à la protection du ter-ritoire mobilise en permanence environ 13000mili-taires dans les postures de sûreté aérienne, desauvegarde maritime, et dans l’opération Senti-nelle. Dans le cadre d’un point presse dédié au ter-ritoire national et à son actualité, le général dedivision Gaëtan de Raucourt a présenté le Com-mandement terre du territoire national (COMTN), créé le 1er juin, au côté des 12autres com-mandements de l’armée de terre, dans le cadredu modèle “Au contact ”. Son objectif est notam-ment de favoriser la coordination et la mise enœuvre de procédures communes avec les autresarmées comme au niveau interministériel. 13000 militaires sont directement engagés dans laprotection du territoire national. Ils se répartis-sent entre l’opération Sentinelle de lutte contre leterrorisme, qui mobilise jusqu’à 10000 hommes(principalement de l’armée de terre), la posture per-manente de sûreté aérienne qui repose sur l’en-gagement d’environnement 1000 aviateurs, et laposture permanente de sauvegarde maritime pourlaquelle 1 500 marins sont engagés au quotidien.Le périmètre de leurs actions recouvre : la luttecontre le terrorisme ; la lutte contre le crime orga-nisé ; la défense des intérêts économiques et desaccès aux ressources stratégiques ; la sauvegardemaritime ; la sûreté aérienne ; la sécurité civiledans le cadre de sinistres et catastrophes de toutenature. Leur intervention repose sur un dialogue

permanent, et à tous les échelons, entre les auto-rités civiles (ministérielles ou préfectorales) et lesautorités militaires. En situation courante, lesarmées sont principalement engagées à terre surle territoire national en complément des forces desécurité intérieure et des moyens des autres minis-tères par voie de réquisition ou demande deconcours, dès lors que ces moyens s’avèrent inexis-tants, insuffisants, inadaptés ou indisponibles.Les armées entretiennent traditionnellement deuxpostures permanentes : la posture permanentede sauvegarde maritime et la posture perma-nente de sûreté aérienne. Afin de faire face à unniveau de menace inédit sur le territoire, l’arméede terre a organisé une nouvelle posture adap-table: la posture de protection terrestre. Elle se tra-duit par une présence continue dans le temps,mais adaptable en volume, sur le territoire, pourrépondre aux réquisitions de l’autorité civile. Àces postures s’ajoutent : la permanence du servicede santé des armées qui traduit une capacité per-manente de réponse sanitaire ; il dispose demoyens et de spécialistes en mesure d’apporterun appui précieux aux structures civiles ; la capa-cité permanente du soutien pétrolier des forcesarmées et des forces de sécurité intérieure ; laposture cyber tournée principalement sur la pro-tection interne du ministère de la Défense face auxattaques cyber. nSource : Ministère de la Défense

Le territoire national au cœurdes préoccupationsMémoires de la déportation

Jean­Marc Todeschini, secrétaire d’Étatauprès du ministre de la Défense, chargédes Anciens combattants et de laMémoire, a remis la Légion d’honneurà 29 récipiendaires de la promotion spé-ciale «Mémoires de la déportation», levendredi 10 juin. À l’occasion du 70e anniversaire de lalibération des camps, le gouvernementa voulu saluer les mérites de 80 per-sonnes qui ont connu la Déportation etqui ont trouvé la force de témoignernotamment auprès des jeunes des hor-reurs qu’elles ont subies. Ainsi, les réci-piendaires distingués au sein de cettepromotion œuvrent depuis des annéesavec constance et imagination à la trans-mission de la mémoire de la Déportationsous toutes ses formes.

Guyane : décès d'un sapeur du 6e RGL'armée de Terre déplore le décès d’unsoldat de première classe, sapeur demarine du 6e régiment du génie d’An-gers, survenu le 6 juin 2016. Le 28 mai2016, il avait été grièvement blessé parla chute d’un arbre en Guyane alorsqu’il participait à une mission decontrôle fluvial dans le cadre de l’opé-ration Harpie de lutte contre l’orpail-lage illégal. L’accident s’est produit dansla région de Saut­Maman au sud-ouestde la Guyane. Évacué d’urgence et rapa-trié en métropole, il a succombé à sesblessures dans la matinée du 6 juin2016. Il était marié et père d’un enfant.Le sapeur de marine du 6e régiment dugénie est décédé en opération, dansl’accomplissement de sa mission au ser-vice de la nation. Unie dans la peine,l'UNC présente ses condoléances à sesproches et à ses frères d'armes.

ChancelleriePar décret du 15 avril (JO du 17 avril),ont été nommés chevalier dans l'ordrede la Légion d'honneur : RaymondGaiffe (UNC­25), Emile Jacquet (UNC-35), Gérard Kermabon (UNC­56), JeanSourget (UNC­56), Michel Carbonnier(UNC­75). Par décret du 13 mai (JO du15 mai), ont été promus commandeurdans l'ordre national du Mérite Ly-siane Tellier (UNC­92), Henri Lacaille(Pdt Fédération Maginot). Ont éténommés chevalier dans l'ordre natio-nal du Mérite Gérard Moureuil (UNC-85), Michel Colotte (UNC­88).

En bref

Pôle emploi a organisé du 17 au 31 mai lepremier salon en ligne des métiers de ladéfense et de la sécurité. Un e­salon derecrutement ouvert 24h/24, disponible

d’un simple clic depuis n’importe quel ordina-teur, tablette ou smartphone.Sur un site dédié, les candidats ont pu consulter plusde 35 000 offres d’emploi à pourvoir dans lesforces armées ou de sécurité intérieure. Sur chaquestand, le candidat a pu se renseigner sur les métiers,les modalités de recrutement et postuler en lignejusqu’au 23 mai aux offres proposées. Lorsque sacandidature a été retenue, il a passé un entretienavec un recruteur par téléphone, chat ou web-cam entre le 24 et 31 mai.L’armée de Terre a proposé 15000 offres, la Gen-darmerie nationale 10000 offres, la Police natio-nale 6000 offres, la Marine nationale 3500 offres,et l’armée de l’Air 2300 offres. Si de nombreuxpostes dans les forces armées ou de sécurité inté-rieure sont ouverts à des candidats sans formation

ni expérience, d’autres le sont à des candidatspossédant une formation allant d’un niveauCAP/BEP jusqu’au Bac+5. Les métiers de la défenseet de la sécurité intérieure sont accessibles sousstricte condition de nationalité française. Des condi-tions d’âge sont également applicables en fonctiondes postes.L’armée recrute des soldats dans de nombreuxcorps de métier tels que : des cuisiniers, des ser-veurs, des agents d’entretien des bâtiments, desmécaniciens, des informaticiens, des techniciensen logistique et magasinage, des officiers finances,des juristes, des spécialistes des ressourceshumaines, des agents d’administration ou du bâti-ment et des travaux publics, des moniteurs desport, des météorologistes, des pilotes d’hélicop-tère, des techniciens des communications, desmaitres­chiens… Des web­conférences ont étéorganisées durant le salon pour faire découvrir lesmétiers des différentes armées et les conditionsd’exercices liées à la condition militaire.

35000 postes dans l'armée et la sécurité nationale

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Réaction d’urgence…Chirurgien militaire, au plus près du frontLa liste de ses séjours -et celle de sesdécorations- montrent à elles seules larichesse de son expérience. Le médecinen chef de réserve Louis Ribault,adhérent de l’UNC-13, a consacré sa vie àsoigner des gens sous toutes leslatitudes, des sables de l’opérationDaguet en Irak au groupe médico-chirur-gical de Kaboul en Afghanistan.Témoignage.

«Je suis originaire de la banlieue sud de Lyon.Enfant, je voyais les étudiants en médecineavec leur képi rouge. Alors je n’ai pas tentéd’autre concours que celui de l’École de

santé des armées de Lyon »… Louis Ribaultintègre l’école du service de santé militaire de lacapitale des Gaules en 1966, et obtient sondiplôme de docteur en médecine en 1973.Aujourd’hui, le médecin en chef est l'auteur denombreuses publications en chirurgie générale,chirurgie orthopédique, chirurgie réparatrice,médecine et santé publique, et a contribué àl'élaboration de nombreuses thèses. Une carrièrequi débute à la base aérienne 102 à Dijon quiformait alors tous les pilotes français et étrangerssur Mirage. Ce sont ensuite les terres australesavant le retour à Aix­en­Provence et la prépara-tion du concours de chirurgie. Louis Ribault passeensuite deux ans à l’hôpital militaire de Tanana-rive, avant de sortir major du concours de chirur-gicat des hôpitaux. Suivent la Côte d’Ivoire en1984, Dakar en 1988, puis l’affectation à Trêves,«le jour où Saddam Hussein envahit le Koweit. Jesuis aussitôt reparti pour l’opération Daguet,pendant trois mois.Ce sont les premiers jours dela guerre terrestre, et j’ai le premier blessé àopérer ». De retour en Allemagne, Louis Ribaultse trouve confronté à son seul regret : « Je meretrouve alors affecté pour fermer un hôpital. Ilfallait compter les pinces et les bistouris pour lesmettre en caisse, c’était un enterrement depremière classe ! C’est la raison pour laquelle j’aidémissionné ». Il est alors placé en posistion deretraite, à sa demande, après 25 ans de services.« Dans ma carrière militaire j’ai eu plus de libertéque dans toute ma carrière civile. J’ai pu faire toutun tas de choses que l’on ne pourrait pas faire dansle civil. Le meilleur séjour, sur tous les plans, a étéMadagascar, c’est un pays tellement beau avecdes gens si gentils. Et sur le plan professionnel, j’yai fait plus de choses que des grands chirurgiensdans des grands centres. En rentrant, j’avais fait plusde chirurgie orthopédique que les spécialistes deMarseille. Mais j’avais aussi fait de la neuro­chi­rurgie, de la gynécologie obstétrique, de la chirur­gie viscérale…».

Après une carrière dans le civil, le médecin signeen 2004 un contrat d’engagement à servir dansla réserve opérationnelle, en tenant tout d’abordune consultation de chirurgie viscérale à l’hôpitalLaveran. Puis viennent les nombreuses opéra-tions extérieures : en 2004, tout juste de retourde Bosnie, il embarque sur le Charles-de-Gaulle.En 2005 il part à Kaboul, en 2006 à Djibouti, en 2008 en république de Côte d’Ivoire, en 2009au Tchad. En 2011 il embarque à nouveau, surle Mistral cette fois, dans le cadre de l'opérationAtalante. En 2012 c'est la mission Épervier auTchad, avant le retour dans ce pays en 2013,sous mandat Serval cette fois­ci. Les destina-tions s'enchaînent pour le chirurgien viscéra-liste, comme elles se sont enchaînées lors desa période civile. « Pendant ma carrière civile,entre 1991 et 2004, j'ai été chirurgien pour lecompte de la société Elf. J'ai été au Gabon, auCongo­Brazzaville, au Nigéria. J'étais au Congopendant la guerre civile, en réalité j'ai continuéà faire de la chirurgie de guerre ».

En 2014, Louis Ribault se voit proposer derepartir en Côte d’Ivoire. « Mais j’avais enviede voir davantage mes enfants et mes petits­enfants ». D’autant que ses deux garçons, quiont longtemps suivi les pérégrinations pater-nelles, ont hérité de la bosse du voyage. 2014 sonne donc l’heure de la retraite défini-tive pour le médecin en chef. « C’est extrê­mement agréable de travailler, surtout enAfrique, car là­bas les gens sont peu exigeantset ils vous font confiance. Et surtout, ils vousdisent merci, alors qu’en France on vous fait desprocès quand on ne vous insulte pas auxurgences ». Louis Ribault se souvient du parentd’un général rebelle au Tchad en 2013. « Ilétait dans le coma, avec des fractures multipleset des éclats osseux du crâne partout dans lecerveau. J’ai opéré, quelques jours après il acommencé à bouger un doigt, puis un bras,etc. Quand je suis revenu en 2e séjour, il estvenu me voir pour me dire :“Regarde, je vaisbien” ». n Béatrice Gendron

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À Kaboul avec l’anesthésiste allemande.

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À Mostar (Bosnie) avec les médecins allemands.

Au Tchad en 2012. Au sein du groupe médico-chirurgical à Kaboul.

En Côte d’Ivoire, pendant l’opération Licorne. Au sein du groupe médico-chirurgical de Bouaké (Côte d’Ivoire) en 2008.

L’hôpital de campagne de Daguet à Rafha sur le front irakien en Arabie Saoudite.

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Dossier

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À l’occasion du centenaire de l’Onac-VG (Office national desanciens combattants et victimes de guerre), sa directrice générale,Rose-Marie Antoine, dresse un état des lieux des actions de l’Office, qui est en pleinrenouveau. Entretien.

La Voix du Combattant : En 100 ans d’exis­tence, les missions de l’Onac­VG se sont diver­sifiées. Comment peut­on les synthétiser ?Rose­Marie Antoine :«L’Office, 100 ans après sacréation, a traversé une période où des interro­gations se sont parfois portées sur sa raison d’êtreet son devenir. Cette période est derrière nous. Latransformation de l’Onac­VG nécessite en premierlieu que celui­ci puisse se recentrer sur ses mis­sions historiques, pour être davantage à l’écouteet au service de ceux dont l’accompagnementconstitue la mission première de l’Onac. L’Officeest aujour d’hui en train d’opérer de réels effortsd’adaptation dans l’exercice de ses missions his­to riques qui sont l’accompagnement et le soutiendes anciens combattants et des victimes deguerre, soit plus de trois millions de ressortis­sants, et la mise en œuvre de la politique mémo­rielle du ministère de la Défense à travers l’actionde la mission mémoire combattante, qui gère etvalorise des hauts lieux de mémoire ainsi quedes nécropoles nationales et s’attache à pro­mouvoir les deux concours scolaires que sont lesPetits artistes de la mémoire et le Concours natio­nal de la résistance et de la déportation.

La VDC : Avec des missions aussi diverses, leprofil des ressortissants de l’Office a évoluéau fil des années. Comment l’Onac­VGs’adapte­t­il pour rester dans un rapport deproximité avec ses ayant­droits ?R.­M. A. : L’Office se recentre sur ses missionspremières. Ainsi, au plus tard fin 2017, les 18 éta­

blissements médico­sociaux de l’Onac­VG seronttransférés à d’autres établissements du secteurpublic, répartis sur tout le territoire, qui fontl’objet de convention de labellisation pour s’as­surer du partage des valeurs qui sont les nôtres,afin que nos ressortissants se sentent encorechez eux. Ce transfert s’accompagne parallèle­ment d’un rapprochement volontariste avec lescombattants de la 4e génération du feu, ou desopérations extérieures. Car si l’Office se séparede ses établissements médico­sociaux, c’estpour mieux prendre en charge ses nouveauxressortissants, comme il a su accompagnerdepuis un siècle les anciens combattants, lesmutilés, les pupilles, les veuves et les victimes dela guerre. Pourtant, si le sens de cette missionn’a pas changé, les conditions de son accom­plissement sont différentes : contrairement àleurs aînés, ces jeunes militai res qui quittentl’institution connaissent en co re trop peu l’of­fice, ils n’ont pas la même culture, pas les mêmesattentes. Il convient donc de faire en sorte quel’Office aille à leur rencontre et se fasse connaî­tre ou reconnaître par ces nouvelles généra­tions du feu qui connaissent finalement encoreassez peu leurs droits.

La VDC : Quels sont les enjeux de l’intégrationde la 4e génération du feu ? R.­M. A. : L’Onac­VG est la maison du com­battant, de tous les combattants. À ce titre,l’Onac­VG et l’UNC partagent la même vision.Votre association, qui a presque un siècle, a su

de moderniser au fil des années, et aujourd’huielle a nommé à sa tête un ressortissant decette 4e génération du feu. C’est là une preuvede modernité que d’intégrer pleinement lesnouvelles générations. Nous partageons plei­nement cette idée pour l’Office, sans toute­fois oublier, comme vous le faîtes très bien,les anciennes générations. L’UNC et l’Onac­VG, s’ils savent évoluer ensemble, avec leurépo que, et s’adapter aux nouveaux enjeux,ont encore un bel avenir devant eux. C’est ledéfi qui nous attend pour défendre ensembleles valeurs du monde combattant qui consti­tuent l’un des socles de la République et dontnous devrons veiller à ce qu’elles ne soient pasdénaturées. Nous nous devons de respecterl’héritage laissé par nos anciens et mettre enavant l’altruisme qui animait la création desassociations du monde combattant à leursdébuts.

La VDC : Cette intégration ne se fait­elle pasau détriment des anciens combattants ?R.­M. A. : S’agissant de la solidarité, l’adap­tation de la politique sociale de l’Onac­VG s’esttraduite par des orientations, formellementvalidées par son conseil d’adminisitration, quivisent à garantir à ceux des ressortissants lesplus en difficulté un soutien adapté à leur situa­tion personnelle, sur la base d’une appréciationau cas par cas reposant sur des critères mieuxdéfinis. À ce titre la réforme des modalitésd’intervention (en particulier la suppression

Centenaire de l’Onac-VG

La maison du combattantfête ses 100 ans !

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de l’allocation différentielle au conjoint survi­vant) a été opérée sans remise en cause duniveau d’aide assuré aux plus démunis, notam­ment les veuves d’anciens combattants.

La VDC : Quels sont les outils qui permettentà l’Onac­VG de se faire connaître et recon­naître de cette nouvelle génération du feu ?R.­M. A. : À cet égard, deux évolutions en courssont prises en compte par l’Office. Il s’agitd’abord des nouvelles dispositions relatives àla carte du combattant (attribution à partir de120 jours de présence en Opex), dont l’Officeassure la mise en œuvre, et qui constituent unlevier très significatif pour créer le lien avec lanouvelle génération du feu ; l’Office a ainsiattribué près de 38 000 cartes et Croix du com­battant en 2015, dont 30 000 au titre des opé­rations extérieures. Par ailleurs, la missionconfiée à l’Onac­VG d’accompagner dans ladurée les militaires blessés ayant quitté l’ins­titution, oblige à travailler à ce rapprochementde manière décisive. Ce travail d’accueil, d’ac­compagnement, d’écou te et de soutien de nosblessés, est celui que l’Office réalise depuis100 ans, depuis la création du premier officedes mutilés, auprès de toutes les femmes ettous les hommes, tous les civils et tous les mili­taires qui ont œuvré, dès le début de la Pre­mière Guerre mondiale, à la défense de nosvaleurs républicaines, auprès de tous ceux quiont payé de leur vie ou dans leur chair un lourdtribut à la Nation. Ce sont à ce jour 287 bles­sés qui sont suivis individuellement par leréseau de proximité de l’Onac­VG.

La VDC : À l’occasion des récents attentats, lesmédias se sont intéressés aux victimes duterrorisme. Or elles sont ressortissantes del’Office depuis 1991. Qu’est­ce qui légitimecette appartenance ?R.­M. A. : Notre engagement séculaire à ac ­com pagner les blessés a encore en effet au ­jourd’hui toute sa pertinence, l’actualité nousle rappelle douloureusement. L’Office accom­pagne ainsi les victimes du terrorisme, cettenouvelle forme insidieuse de guerre qui nedit pas son nom, comme il a accompagnétoutes les victimes civiles au cours des conflitspassés.

La VDC : L’Onac­VG est aujourd’hui en chargede la politique mémorielle de l’État. Com­ment cette politique se traduit­elle concrè­tement ?R.­M. A. : L’action conduite par l’Office enfaveur de la promotion de la mémoire auniveau local est progressivement confortéepar les efforts réalisés notamment dans ledomaine de la conservation, de l’entretien etde la rénovtion des nécropoles et des lieux demémoire que l’Office gère depuis 2011 avecla DMPA (Direction de la mémoire, du patri-

moine et des archives du ministère de laDéfense, NDLR). Ainsi l’Onac­VG a engagéentre 2011 et 2015 pour 15,5 millions d’eurosde travaux, tant pour la rénovation des nécro­poles et sépultures de guerre que pour la res­tauration des hauts lieux de mémoire natio­nale du ministère de la Défense. Le Premierministre a ainsi inauguré la nouvelle muséo­graphie du mémoral de la Déportation de l’Ilede la Cité à Paris, qui est l’un des neuf hautslieux de mémoire gérés par l’Onac, au mêmetitre que l’ancien camp de concentration duStruthof en Alsace et le mémorial du débar­quement de Provence dont la rénovation est encours comme le président de la République l’ademandé le 15 août à l’occasion des cérémo­nies commémoratives du 50e anniversaire dudébarquement de Provence.

La VDC : L’Onac­VG a également un rôle àjouer dans la transmission de la mémoire desconflits contemporains. Comment cette mis­sion est­elle prise en compte ?R.­M. A. : L’Onac­VG s’efforce également derenouveler ses modes d’action dans cedomaine. Ses efforts portent notamment sur ladiversification des actions pédagogiques pro­mues par l’Office, à travers les concours natio­naux au rayonnement desquels il contribue.Une exposition nationale sur le général Deles­traint, chef de l’armée secrète, va être pro­chainement inaugurée. Les efforts de l’Officevont également se traduire par son implica­tion directe dans l’organisation de travauxcontribuant à mieux connaître les événementsayant marqué le monde contemporain. Un col­loque a ainsi été organisé sur la participationdes forces françaises aux opérations en ex­Yougoslavie, et le président de la Républiquevient de nous confier la réalisation d’une expo­sition sur la guerre d’Algérie.

La VDC : Enfin, pouvez­vous nous dire quelsseront les événements marquants du cente­naire de La maison du combattant ? R.­M. A. : La soirée de lancement du Cente­naire, qui est parrainé par l’acteur PhilippeTorreton, s’est tenue le 2 mars. Elle a été sui­vie par la projection en avant­première d’unfilm sur le centenaire de l’Onac­VG accom­pagnée de tables rondes et de témoignagesde ressortissants. Le 14­Juillet, jour de la Fêtenationale, une cérémonie se tiendra en l’hon­neur des pupilles de la Nation. Le 6 septem­bre sera inaugurée l’exposition “Portraits deressortissants de l’Onac­VG d’hier et d’au­jour d’hui”, aux Invalides, le 9 novembre unconcert sera donné et la façade nord de l’hô­tel national des Invalides sera illuminée, etenfin le 11 no vembre, une journée consacréeau monde combattant d’hier et d’aujourd’huisera organisée ». n

Propos recueillis par B.G.

Dossier

La Voix du Combattant juin-juillet 2016

Un peu d’histoireL’Office national des anciens com-battants et victimes de guerre (Onac-VG) est un établissement publicd’État issu de la Première Guerremondiale dont l’objectif est d’ap-porter un soutien moral et matérielaux personnes affectées par laguerre et par les actes de terrorisme.On l’appelle “ la maison du combat-tant ”. L’office est né au coeur de laPremière Guerre mondiale, le 2 mars1916, pour rendre hommage et faireface à la souffrance de ces milliers desoldats qui combattaient pour laliberté de la France. Il s’appelait alorsl’Office national des mutilés et réfor-més. Mais bientôt, devant l’urgencedes souffrances humaines, ce seuloffice ne suffit plus. En 1917, l’Étatdécide de créer un second office :l’Office des pupilles de la Nation,chargé, quant à lui, de prendre encharge les milliers d’enfants deve-nus orphelins au cours de ces annéesde guerre.Enfin, en 1926, l’Office national ducombattant est créé pour répondreaux besoins des anciens combattantsnon pensionnés, c’est­à­dire ni bles-sés, ni mutilés, ni invalides. Ils sontenviron 3 millions en 1926. Ces troisorganismes fusionnent en 1935 pourdevenir l’Office national des muti-lés, combattants, victimes de laguerre et pupilles de la Nation.À la fin de la Deuxième Guerremondiale, en 1946, l’office prendson appellation actuelle : l’Officenational des anciens combattantset victimes de guerre - Onac-VG -et entreprend de se moderniserafin de s’adapter, notamment, àde nouvelles catégories de ressor-tissants comme les déportés ou lesinternés.Au fil des conflits successifs qui ontmarqué l’histoire de la Francedepuis le début du XXe siècle, l’Officea vu s’enrichir les facettes de sesmissions fondatrices de reconnais-sance et de réparation.Aujourd’hui, sa devise “Mémoire etSolidarité ” rappelle que l’Office s’in-vestit pleinement dans la préserva-tion des droits matériels et morauxdu monde combattant, mais aussidans la transmission des valeurs dece dernier.

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