Le réveil des combattants - février 12

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FÉV 2012 - N°780 - 5 e DES COMBATTANTS l e réveil Pour l’amitié, la solidarité, la mémoire, l’antifascisme et la paix VILLAGE DE L’AMITIÉ UNE BELLE INITIATIVE CHARONNE IL Y A 50 ANS LE MASSACRE DE SÉTIF Le journal des droits de tous les anciens combattants et victimes de guerre METTRE METTRE FIN FIN AUX PRIVILèGES Une nécessité pour le pays Un devoir pour la planète

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le reveil des combattants journal - février 12

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FÉV 2012 - N°780 - 5 e des combattantsle réveilPour l’amitié, la solidarité, la mémoire, l’antifascisme et la paix

Village de l’amitiéune belle initiatiVe

Charonneil y a 50 ans

le massaCre de sétif

Le journal des droits de tous les anciens combattants et victimes de guerre

MettreMettre

finfinaux privilèges

Une nécessité pour le pays

Un devoir pour

la planète

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La bataille financière est lancée !

Tous ensemble, il nous faut gagner. A cinq ans du 100e anniversaire de la création de l’ARAC, c’est l’exigence de son avenir. Votre soutien est un élément détermi-nant, il permet aux objectifs de notre

combat de s’inscrire dans la vie.

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sousCription nAtionAle ArAC 2012

Le contexte politique et social d’aujourd’hui nous fait porter haut les valeurs républicai-nes de l’ARAC.Chaque jour, la Nation, la souveraineté sont mises à mal par les choix du Président de la République qui aligne de plus en plus la France sur la politique et les intérêts écono-miques des États-Unis. Pire, la référence continuelle à l’Allemagne, dans la bouche du Président Sarkozy, ne peut que dévelop-per de légitimes inquiétudes pour tous les républicains, tous les démocrates.La France, c’est le siècle des Lumières, une terre d’accueil, le pays des droits de l’homme. La France, c’est les progrès du Front popu-laire (1936), la lutte contre le fascisme, la Ré-sistance, les innovations sociales du Conseil national de la Résistance (1945). C’est grâce à ces innombrables acquis sociaux qui ont été durement conquis, que les salariés, les retraités pouvaient se soigner, manger, par-tir en vacances et payer l’éducation à leurs enfants. Les attaques du gouvernement contre les acquis s’accélèrent. Notre association doit plus que jamais prendre ses responsabilités pour ouvrir des perspectives politiques et dé-mocratiques dans notre pays, au moment où tout est remis en cause. L’ARAC contribue à donner du sens répu-blicain à la nation française, aux citoyens, jeunes et moins jeunes. L’ARAC. a toujours pris ses responsabilités, avec courage et dé-termination, sur le terrain de la paix, de la lutte contre le fascisme, contre les inégali-tés, pour le progrès social et humain. Notre association doit continuer à rassembler les femmes et les hommes de notre pays qui prennent leur vie en main, qui résistent, qui ne cèdent à la peur et la résignation.Après 95 ans de combat, ensemble, donnons les moyens financiers afin que l’ARAC pour-suive le combat dont nous pouvons, hier, aujourd’hui et demain, être fiers.

permettre à l’araC de poursuivre ses combatsLa situation politique et sociale en France, la situation du monde posent la question du

renforcement de l’action de notre organisa-tion. Même si le renforcement de l’ARAC constitue une aide financière non négligea-ble, les enjeux d’aujourd’hui nécessitent de créer les conditions d’un développement sans précédent de notre organisation, de nos moyens, du rayonnement de notre journal Le Réveil des combattants, de la création de notre site Internet.

soyons responsablesIl serait impensable de ne pas assurer la pé-rennité de notre ARAC, au moment où les valeurs républicaines et la souveraineté de la France sont menacées. Tous ensemble, ad-hérents et lecteurs, amis de l’ARAC, nous en avons la responsabilité.Les temps sont durs, aussi nous ne pouvons compter que sur nous-mêmes, les adhérents, les amis de l’ARAC. Votre participation, aussi modeste soit-elle, contribuera efficacement à l’expression et à la prise d’initiatives. Soyez de ceux qui veulent une ARAC pérenne.

il y a tant à faire• Résister aux mauvais coups du gouverne-

ment, réagir contre les injustices, les attein-tes aux droits, à la défense de l’indispensa-ble travail de mémoire,

• Travailler au rassemblement de notre peu-ple autour des valeurs républicaines que nous défendons, des progrès humains por-tés par le programme du Conseil national de la Résistance.

• Combattre pour la paix, faire aboutir les légitimes revendications des anciens com-battants et victimes de guerre.

Nous ne sommes pas résignés mais le temps presse : assurer la pérennité de l’ARAC est certes une question financière, mais c’est d’abord un problème de conscience et d’en-gagement pour beaucoup d’entre nous. Aujourd’hui, nous appelons à une nouvelle mobilisation pour que nous puissions conti-nuer notre rôle de « haut-parleur de la vérité » comme le disait Henri Barbusse.

Conseil national, 4 et 5 février 2012

AppeL Aux comités dépArtementAux et LocAux, Aux Adhérents, Aux Amis

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FÉVrier 2012 - N°780 - le rÉVeil - 3

ÉDitoÉDito Le réVeiL

SoMMaire

P. 13 D o S S i e r

Mai 1945 le massacre de sétifUne page d’histoire longtemps gardée sous silence

Le réVeiL des comBAttAnts Fondé en 1931 par Henri-Barbusse

Mensuel de l’Association républicainedes anciens combattants et victimes de guerre.commission paritaire n° 0713-a 06545Édité par les Éditions du Réveil des CombattantsSARL au capital de 45 734,41 - Siret : 572 052 991 000 392, place du Méridien, 94807 Villejuif cedexTéléphone : 01 42 11 11 12télécopie : 01 42 11 11 [email protected]

Tirage : 60 000 exemplairesGérant D i rec teur de l a pub l i ca -tion : Raphaël Vahé • Directeur délé-gué - Rédacteur en chef : patrick Staat • Comité de Rédaction : Brigitte Canévêt, Hervé Corzani, Jean-Pierre Delahaye, André Fillère, Lau-rence Gorain• Service photos : Jean-Claude Fèvre • Secrétariat de rédaction, conception graphique : escalier D communication • Impres-sion : RIVET P.E. - 24 rue Claude-Henri-Gorceix, 87022 Limoges cedex 9

février 2012 où planent de nombreux nuages sur nos tê-tes, celles de nos enfants, des

femmes et des hommes épris de justice et de paix dans le monde.La campagne présidentielle prend forme. Une réalité apparaît, les candidats déclarés ont du mal à

prendre à bras-le-corps les aspirations, les besoins et les attentes des couches populaires (ouvriers, em-ployés, agriculteurs, actifs retraités, chômeurs…), de ceux qui vivent de leur travail, de ceux qui subissent de plein fouet la fracture sociale, les conséquences de la crise.Que chacun prenne ses responsabilités : répondre aux besoins des plus défavorisés, de ceux qui subis-sent le plus durement la loi des marchés, augmen-ter le pouvoir d’achat, c’est directement peser sur la dynamique économique du pays, c’est créer les conditions de son développement et de sortir de la crise. Ce manque de réponse ne peut que favoriser le repli sur soi, la colère, la rancœur et nourrir la recherche de solutions extrêmes, nourrir l’abstention ou le vote du FN. C’est le moment où le président Sarkozy tente de rallier l’extrême droite que la référence prononcée à l’Allemagne se fait de plus en plus forte et ne peut développer que de légitimes inquiétudes pour les républicains et les démocrates. Il faut résolument ré-pondre aux attentes de ces millions de Français, leur redonner confiance et faire reculer le désespoir.Je sais, parler de l’état de la société peut paraître ringard, mais quand en France il y a 8 millions d’ouvriers, 4,5 millions de familles qui habitent des logements sociaux, 8 millions de salariés qui gagnent moins de 1 000 euros par mois, quand des centai-nes de milliers de retraités vivent avec le minimum vieillesse, quand des milliers d’agriculteurs sont au bord du gouffre, quand le salaire mensuel moyen est à 1 500 euros, parler de l’état de la société, c’est parler d’eux, c’est parler de la majorité des Français.Je peux comprendre que l’on nous considère comme des utopistes à l’ARAC, mais nous le revendiquons car nous avons toujours été les porteurs des aspira-tions de ceux qui souffrent, de ceux qui rêvent d’un monde meilleur.Nous voulons, à l’ARAC, être avec ceux qui rêvent d’un monde de paix, de fraternité, de liberté. Uto-pistes et fiers de l’être, nous sommes pour que l’on s’attaque à ce 1 % de privilégiés sur la planète qui accaparent 80 % des richesses.

Patrick Staat

Mettre fin aux privilèges

actualités p. 4

Promenades d’un économiste solitaire . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 4Charonne, un massacre d’État . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 5Quand le CAC 40 soigne ses actionnaires. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 6Que penser de la RGPP ? . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 7

international p. 9

Iran : la guerre est-elle proche ? . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 8Pourquoi occupons-nous l’Irak ? . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 9USA : les crimes politiques . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 10Argentine : à la mémoire des 20 Français assassinés . . . . . . . . . . . . . . . 11Salah Hamouri est rentré à la maison . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 12Pologne : à l’heure de la désespérance sociale . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 21

vos droits p. 21

Budget 2012 : rejet des amendements du Sénat . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 22ONAC : discrimination des travailleurs handicapés ? . . . . . . . . . . . . . 23Label Bleuet de France et maisons de retraite . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 24

vie de l’araC p. 25

Village de l’Amitié : une initiative pour la paix . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 26Bouches-du-Rhône : chapeau... l’expo ! . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 2719 mars 1962 : le message de l’ARAC . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 29

Magazine p. 30

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Le réVeiL actUalitÉSactUalitÉS

La zone euro semblait connaître un mo-ment de répit en cette première moitié de janvier 2012. Les taux d’intérêts qui étaient encore très élevés à la fin du mois de décembre avaient baissé, en particu-lier sur l’Italie et l’Espagne. L’Espagne avait pu emprunter le jeudi 12 pour le double des sommes espérées, tandis que l’Italie, le vendredi 13, avait placé des obligations à 2 ans à moins de 5 %, taux inconnu et pour tout dire inespéré après les catastrophiques émissions du début de décembre. Mais, à la mi-journée, en ce vendredi 13 (tiens, tiens, aurions-nous des raisons d’être supers-titieux… ?), tombait l’annonce de la dé-gradation de la note de la France et de l’Autriche. Ainsi, la France avait fini par perdre le AAA qui symbolisait la politi-que financière menée par le Président Sarkozy. L’explication de l’amélioration conjonc-turelle de la situation, qui ressemble fort à ce que les Romains appelaient dans l’antiquité le « mieux de la mort », est simple. C’est l’injection importante de liquidités réalisée par la Banque centrale européenne à la fin du mois de décembre 2012 qui a permis cette détente des taux d’intérêts. En élargis-sant les contreparties que les banques commerciales sont autorisées à lui ap-porter et en étendant ses lignes de cré-dit, elle a apporté à ces banques plus de 450 milliards d’euros. Les effets se sont fait sentir sur les marchés obligataires, du moins à court terme. Ceci explique pourquoi les émissions de bons du Tré-sor tant italiennes qu’espagnoles ont été des succès. Mais les problèmes de fond ne sont toujours pas réglés.Les banques commerciales européen-nes, en effet, se précipitent immédiate-ment pour déposer les titres qu’elles ont achetés auprès de la Banque centrale européenne. Ce mécanisme dit de « pri-se en pension », leur permet de se refi-nancer à des taux très faibles. Il signifie qu’il n’y a toujours pas de marché inter-bancaire en Europe, un problème récur-

rent depuis la fin du mois d’octobre. La BCE a pu soulager temporairement les banques, elle n’a nullement réglé le pro-blème. Aujourd’hui le montant total de ces « prises en pension » est d’ailleurs impressionnant : 489 milliards d’euros, auxquels il convient d’ajouter les plus de 200 milliards d’euros de dettes souve-raines des pays « à risque » qui ont été rachetés aux banques par la BCE.Par ailleurs, la situation reste très pré-occupante dans plusieurs pays. Ainsi, l’Espagne se débat-elle toujours dans une crise très grave des finances loca-les. La montée des impayés publics se poursuit et, aujourd’hui, les régions ne trouvent plus de préteurs si ce n’est à des taux usuraires : la Catalogne a été obligée d’emprunter à plus de 9 %. Cette montée des impayés a d’ores et déjà des conséquences graves dans le secteur privé, où les impayés se mani-festent à leur tour. C’est un processus que l’on a connu en Russie de 1995 à 1998. Chaque vague d’impayés publics engendre une vague encore plus grande d’impayés privés, qui à leur tour provo-quent des impayés fiscaux, qui vont à leur tour provoquer de nouveaux im-payés publics.Une mauvaise nouvelle ne venant jamais seule, on apprenait, pratique-ment simultanément, que les négo-ciations pour la restructuration de la dette grecque était suspendue et que, de toute évidence, les pays de la zone euro devraient encore contribuer à hau-teur de plusieurs dizaines de milliards à un nouveau plan de sauvetage de la Grèce. Enfin, en Italie, les rumeurs se multiplient quant à un retour de M. Ber-lusconi, dont le nom seul fait désormais l’effet d’un chiffon rouge agité sous l’œil des banquiers.Cette incapacité des pays européens à trouver des solutions viables n’est pas une nouveauté. La gestion de la crise, depuis l’automne 2009, a été en effet marquée par des solutions partielles et temporaires, des bricolages ad hoc et des

effets d’annonce se dégonflant rapide-ment. Avec une constance digne d’une meilleure cause, on a toujours refusé de prendre au sérieux cette crise et de lui apporter les solutions qui s’imposent, soit une avancée vers le fédéralisme européen soit une dissolution ordonnée de la zone euro.

Mais tout se payeLes pays de la zone euro sont désor-mais confrontés à l’heure de vérité. Connaissant les (mauvais) réflexes des politiciens, on doit s’attendre à ce qu’ils repoussent encore les décisions, dans l’espoir de gagner quelques mois, voire quelques semaines. Le fait que nous soyons en année électorale en France et que certains des candidats, Marine Le Pen et Nicolas Dupont-Aignan pour ne pas les nommer, font campagne sur le thème de la sortie de l’euro, va certainement contribuer largement à ce processus. Comme Anne Boleyn sur l’échafaud, nous pouvons presque les entendre dire « encore une minute, monsieur le bourreau ». Mais les mar-chés financiers pourraient se révéler autrement plus intraitables qu’un bour-reau humain.Il n’est pas sûr qu’ils laissent au gouver-nement français la possibilité d’aller à l’élection présidentielle de mi-avril sans qu’une catastrophe ne se produise d’ici là.

Jacques SapirLe 17 janvier 2012

Jacques Sapir est un économiste français, il enseigne à l’EHESS-Paris et à l’École d’écono-mie de Moscou (MSE-MGU). Spécialiste des problèmes de la transition en Russie, il est aussi un expert reconnu des problèmes financiers et commerciaux internationaux.Il est l’auteur de nombreux livres dont le plus récent est La Démondialisation (Paris, Le Seuil, 2011). Source : histoireetsociete.wordpress.com

promenades d’un économiste solitaire

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actUalitÉSactUalitÉS Le réVeiL

On a du mal à imaginer le climat de vio-lence entretenu à l’époque par le pou-voir (c’est de Gaulle qui est chef de l’État depuis 1958) et l’OAS avec ses vagues d’attentats contre les forces de gauche, les syndicats et la grande majorité de la population qui refuse la guerre.Déjà, le 17 octobre 1961, les Algériens de la région parisienne manifestent, à l’ap-pel du FLN, contre le couvre-feu qui leur est imposé. La police se déchaîne et la ma-nifestation tourne au carnage : des hom-mes sont battus, tués par balle, d’autres, très nombreux, sont jetés dans la Seine, pieds et poings liés, à Paris, Argenteuil ou dans le canal de l’Ourcq. Combien de morts ? On ne le saura jamais. Des femmes, des enfants sont arrêtés et conduits à l’hôpital Sainte-Anne : le personnel, alerté, va réagir immédiate-

ment pour les soustraire à la police et leur permettre de quitter l’hôpital par des sorties non surveillées.L’OAS, mouvement factieux d’extrême droite qui agit pour l’Algérie française, multiplie les attentats, en Algérie com-me en métropole. Le 7 février 1962, dix charges de plastic secouent Paris en plein après-midi, faisant des blessés graves. Sont visés, par ces attentats, des intellec-tuels, des journalistes, des enseignants qui ont pris des positions pour la fin du conflit en Algérie (André Malraux, Wla-dimir Pozner, écrivain, membre du PCF, Raymond Guyot, sénateur communiste, Serge Bromberger du Figaro, le doyen Vedel de la Faculté de droit...)La manifestation du 8 février était une protestation contre ces attentats, contre le fascisme et pour la paix.

Le 13 février ont lieu les obsèques des neufs de Charonne au cimetière du Père-Lachaise : à Paris et dans toute la France, des millions d’hommes et de femmes manifestent leur indignation et expriment leur solidarité. Moins de deux mois après étaient signés les ac-cords d’Évian.

Au nom de la civilisationLe 50e anniversaire, c’est l’heure du sou-venir mais c’est aussi, au regard de ce drame, le moment de souligner qu’il est nécessaire de rester vigilant : la machine à diviser les hommes et les peuples fonc-tionne toujours. Les villages incendiés, la torture banalisée, la discrimination institutionnelle faisant des Algériens des étrangers dans leur propre pays, tout avait été justifié par le colonialisme au nom de la supériorité de la civilisation française et européenne.Les sinistres propos du ministre de l’In-térieur, opposant les civilisations entre elles, alimentent cette machine à divi-ser qu’il faut résolument combattre. Au nom des morts de Charonne.

Charonne

il y a cinquante ans,un massacre d’État2012, c’est le cinquantième anniversaire de la fin de la guerre d’Algérie. C’est aussi le cinquantième anniversaire de la manifestation du 8 février 1962 - pacifique et pacifiste - contre cette guerre et contre les attentats de l’OAS, où la police, dirigée par le préfet Papon, tuait neuf manifes-tants au métro Charonne et en blessait des centaines.

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Le réVeiL actUalitÉSactUalitÉS

les grands patrons et les action-naires ne connaissent pas la crise : en 5 ans, les salaires des grands patrons ont augmenté de 34 % et les dividendes versés aux action-naires ont connu une hausse de 31 %. Les entreprises du CAC 40 devraient verser 37,3 milliards de dividendes au titre de 2011, puis 41,7 milliards l’année suivante, se-lon les analystes.

Au final, 2011 sera à peine moins fruc-tueuse que 2010 qui avait été une an-née record avec 40,2 milliards d’euros perçus par les actionnaires du CAC 40. Seul bémol, comment annoncer ces chiffres sans choquer un public fran-çais meurtri par la crise et ce, à moins de deux mois de la présidentielle ? Car malgré les bons résultats des quarante plus grandes sociétés françaises, la créa-tion d’emplois n’est pas pour demain.Dans le détail, vingt entreprises du CAC 40 devraient faire progresser leur dividende et onze les stabiliser. Si elles peuvent se permettre de soigner leurs actionnaires, c’est d’abord parce que les résultats ont bien résisté en 2011.

Les analystes prévoient des bénéfices récurrents agrégés autour de 86 mil-liards d’euros en 2011, quasiment sta-bles d’une année sur l’autre.Total (qui ne paie pas d’impôts en Fran-ce) reste le plus gros contributeur en vo-lume, avec un dividende attendu à 5,3 milliards d’euros. Selon les prévisions publiées récemment par le quotidien économique Les Échos, dix champions français tiennent le haut du tableau pour le versement de dividendes à leurs actionnaires :- Total : 5,38 milliards d’euros, - France Telecom-Orange : 3,71 milliards d’euros,

- Sanofi-Aventis : 3,48 milliards d’euros,

- GDF-Suez : 3,38 milliards d’euros, - EDF : 2,13 milliards d’euros, - BNP Paribas : 1,98 milliard d’euros, - Vivendi : 1,81 milliard d’euros, - Axa : 1,63 milliard d’euros, - LVMH : 1,22 milliard d’euros, - L’Oréal : 1,17 milliard d’euros.Le moins que l'on puisse dire est que ces chiffres contrastent avec la situation des Françaises et des Français, dans un pays entré en récession et dont le taux de chômage est au plus haut depuis 12 ans. B.C.

Quand le CaC 40 soigne ses actionnaires

transport aérienla droite s’attaque au droit de grève

Cinq ans après le « service mini-mum » à la SNCF et à la RATP, la droite s’apprête à instaurer le « service garanti » dans les trans-ports aériens.

Thierry Mariani, ministre des Trans-ports, a annoncé dans les colonnes du Parisien qu’une proposition de loi du député UMP Eric Diard, soutenue par le gouvernement, sera examinée à l’Assemblée nationale. Après les onze jours de grève des agents de sûreté du secteur aérien, le gouvernement avait annoncé son intention de légiférer en début d’année. Cette annonce avait pro-voqué le dépôt d’un préavis de grève des pilotes (du 4 au 9 février 2012). Ceux-ci souhaitent ainsi défendre le droit de grève.La proposition de loi du député Eric Diard vise à encadrer le droit de grève dans l’aérien en y instaurant un « ser-vice garanti » : tout salarié serait alors tenu de se déclarer gréviste ou non qua-rante-huit heures à l’avance.Une sanction disciplinaire serait pré-vue à l’encontre de ceux qui ne se plie-raient pas à la nouvelle obligation. Le texte sera ensuite débattu début février au Sénat.

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actUalitÉSactUalitÉS Le réVeiL

Les auteurs de ce rapport, les députés François Cornut-Gentille (UMP) et Christian Eckert (PS), n’hésitent pas à écrire : « Le bilan budgétaire de la RGPP… demeure dans l’ensemble une énigme, tant les informations, difficiles à obtenir sur ce su-jet, semblent discutables et parcellaires ».Lancée en 2007, la RGPP demeure symbolique par le non-remplacement d’un fonctionnaire sur deux partant à la retraite, règle dite du « un sur deux ». Lors d’un séminaire réuni à Bercy, le Premier Ministre François Fillon en a encore vanté les mérites (il faut essayer de sauver le navire !) soutenant « qu’elle permettra à l’État d’économiser plus de 15 milliards d’euros entre 2009 et 2013. » Les auteurs du rapport, plus que sceptiques - et on le serait à moins - doutent de cette présentation avantageuse.Le 22 novembre, le Conseil écono-mique et social et environnemental (CESE) avait préconisé une « suspen-sion temporaire de la RGPP avant une réorientation assise sur l’examen sérieux de ses résultats ». Auparavant, la Cour des comptes, avait indiqué que les éco-nomies « n’étaient pas à la hauteur des attentes », les chiffrant à une centaine de millions d’euros en 2009, alors que 400 millions étaient attendus !A l’actif de la RGPP, les deux députés avancent qu’elle « a concouru à une plus grande efficacité du fonctionnement de l’État, conduit à une légère baisse de sa masse salariale dans son budget 2012 et permis de lancer des réformes administra-tives restées dans les cartons pendant des années ». Mais au passif, ces deux mê-

mes députés notent que la maîtrise de la masse salariale est « difficilement évalua-ble avec précision », et regrettent « l’absen-ce de véritable implication et consultation des agents et des usagers du service public », jugeant même que « sans évolution, le processus est intenable à terme ». La RGPP, assènent-ils, agit « comme un repoussoir, même si un consensus est désormais acquis sur la nécessité de réformer l’État. »D’après le député Cornut-Gentille « la RGPP a conduit à une approche comptable beaucoup plus pointue que les évaluations à la louche qui existaient jusque-là (…). Les syndicats critiquent la RGPP, mais ils reconnaissent que la réforme de l’État doit se poursuivre, même si c’est d’une autre manière ». Son collègue, le député Ec-kert, dénonce pour sa part « une réforme conduite de manière très verticale et systé-matique, sans réflexion préalable sur les missions qui devaient être réservées à l’État, transférées ou externalisées ».Parlant de « bilans financiers d’une rare opacité », le député de Meurthe-et-Mo-selle souligne que « les chiffres fournis par Bercy ne sont pas toujours en concordance avec ceux fournis par Matignon ou les mi-nistères eux-mêmes. »Dans l’avis critique du député Chris-tian Eckert, il est facile de retrouver les critiques émises par le monde ancien combattant à l’encontre des réformes effectuées depuis plusieurs années concernant le ministère des Anciens Combattants, la destruction des di-rections interdépartementales et des centres de réforme, le projet de “ mise à jour ” du code des pensions, qui cache

Que penser de la rgpp ?Du mal, répondent les rapports officiels !Le gouvernement, qui ne manque pas, une nouvelle fois, de se dé-cerner un « satisfecit » quant à la réalisation et au bien-fondé de la RGPP (Révision générale des politiques publiques), se voit subitement soumis au feu des critiques, avec, en dernier lieu, un rapport parle-mentaire au vitriol.

en réalité une refonte totale de celui-ci au mépris, comme toujours, du droit à réparation des anciens combattants et victimes de guerre.La charte de 1919 est menacée, comme sont menacés les droits des anciens combattants et victimes de guerre, droits que le secrétaire d’État s’est ré-cemment permis de qualifier de « niches fiscales ». Il s’agit du droit à réparation, droit absolument “ sacré ” pour ceux qui ont donné leur vie et leur sang pour la patrie. Que personne ne l’oublie !

J.T.A.

sarkozy du fouquet’s aux restos du cœurNicolas Sarkozy est vraiment prêt à tout pour gommer son image bling-bling de début de mandat (Fouquet’s, yacht de Bolloré, niches fiscales…), jusqu’à oser se rendre au centre logistique des Res-tos du cœur dans le Val-de-Marne. Une véritable provocation qui n’aurait sans doute pas été du goût de Coluche. Alors que les bénévoles des restos ont servi pendant la saison 2010/2011 quelque 109 millions de repas pour 860 000 bénéficiaires (un nombre en hausse de 25 % sur les trois dernières années). Une véritable escroquerie également quand on sait que Bruxelles veut sup-primer les subventions octroyées aux associations (Secours populaire fran-çais, Croix rouge, la Banque alimentaire française) qui bénéficient d’un répit jusqu’en 2013. Mais, dès l’an prochain, 75 % de ces aides devraient déjà dispa-raître, soit 400 millions d’euros.

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« J’applaudis les mesures prises par nos par-tenaires de l’Union européenne d’imposer de nouvelles sanctions à l’Iran en raison de l’échec persistant du régime à respecter ses obligations internationales liées à son programme nucléaire », a déclaré Obama dans un communiqué daté du 23 jan-vier 2012. Dans la foulée, le Trésor amé-ricain et le département d’État ont « sa-lué » les nouvelles dispositions prises par l’UE, rappelant « l’engagement » des États-Unis et de leurs partenaires pour empêcher l’Iran de se doter de l’arme nucléaire. Les Vingt-Sept (l’Union euro-péenne) viennent, en effet, de durcir les sanctions contre la banque centrale iranienne et de décider d’un embargo pétrolier qui doit démarrer le 1er juillet 2012. Des restrictions très graves pour un pays qui écoule près de 20 % de son brut vers l’Europe.La lecture qu’ils font du rapport de l’Agence de l’énergie atomique (AIE), publié en novembre dernier, les amè-nent à affirmer que l’Iran poursuit sa quête de l’arme atomique. D’où une multiplication des pressions sur Téhé-ran depuis plusieurs mois pour obliger l’Iran à abandonner ses activités d’en-richissement d’uranium. La tension monte, chaque jour un peu plus, entre la république islamique, les puissances occidentales inféodées à Washington et son inconditionnel allié, Israël, qui, malgré une opinion publique perplexe, multiplie les déclarations et les actes belliqueux.

Jusqu’où ira-t-on ?Aux menaces iraniennes de bloquer le

détroit d’Ormuz, par où transitent 35 % du brut mondial, répond une vérita-ble guerre clandestine ponctuée d’as-sassinats en territoire iranien. Après Massoud Ali Mohammadi, Majid Sha-hriari et Darioush Rezai, Mostefa Ah-madi Roshan, spécialiste du nucléaire sur le principal site d’enrichissement d’uranium (8 000 centrifugeuses), a été « liquidé » le 12 janvier dernier dans l’explosion de sa voiture. Les autorités iraniennes ont tout de suite accusé les autorités israéliennes… qui d’ailleurs ne s’en cachent pas ! « Faire disparaître les scientifiques est l’une des manières de ren-dre les choses plus difficiles et de gagner du temps. On aurait dû commencer plus tôt », commentait récemment Efraim Inbar, de l’université Bar-Ilan à Jérusalem et directeur du centre d’études stratégi-ques Bégin-Sadate.Selon Le Figaro, « l’assassinat d’experts nucléaires n’est que l’une des facettes de cette guerre de l’ombre qui s’appuie aussi sur des attaques informatiques, des sabota-ges et des exfiltrations de transfuges. L’an dernier, le virus informatique Stuxnet, en infectant plus de 30 000 ordinateurs, a suf-fisamment endommagé les centrifugeuses pour retarder le programme iranien pen-dant six mois ». Le tout serait orchestré par le redoutable service secret israélien, le Mossad, dont même à Washington, selon des sources proches de la Maison-Blanche, on estime qu’il en fait trop… Aujourd’hui, de nombreux experts re-doutent une issue militaire à cette esca-lade. Pour Gary Sick, ancien conseiller à la Maison-Blanche sous les présidents Ford et Carter, professeur à l’université

Columbia, les sanctions américaines et européennes équivalent à un « acte de guerre ».

Vers un conflit majeur.Dans une interview publiée par le quo-tidien Libération, cet observateur averti observe que, si les Iraniens ne peu-vent plus vendre leur pétrole, alors ils n’auront plus rien à perdre en prenant des mesures extrêmes. Il ne faudra pas être surpris si l’Iran répond vigoureu-sement à un moment ou à un autre. Té-héran pourrait alors attaquer les ports et raffineries sur l’autre rive du Golfe avec ses missiles de croisière, réduisant considérablement les exportations de pétrole, les siennes et celles de l’Ara-bie Saoudite ou du Koweït. Le prix du baril bondirait à plus de 200 dollars (153 euros), avec un effet considérable sur les économies occidentales. « On parle aujourd’hui des sanctions comme si elles étaient sans risques. On peut harce-ler l’Iran jusqu’à un certain point, mais si on coupe sa principale ressource, il faut s’attendre à une réponse forte, très coûteuse pour tout le monde. Les Européens doivent être au moins conscients que cela pourrait déclencher une guerre », estime l’ex-con-seiller à la Maison-Blanche, soulignant qu’Obama en pleine année électorale est dans la surenchère… pour ne pas avoir l’air faible face à l’Iran et satisfaire les puissants lobbys américains soutiens d’Israël.Pour François Géré, directeur de l’Ins-titut français d’analyse stratégique, qui s’est exprimé dans un article publié dans Le Monde, « le scénario de guerre est possible, l’escalade a atteint un point criti-que ». Analysant les différents enjeux, il souligne que pour le pouvoir iranien « ce serait l’occasion de renforcer une unité na-tionale entamée en plaçant au second plan le mécontentement général d’une mauvaise gestion économique qui, aggravée par les sanctions, rend difficiles les conditions de vie (…) Un affrontement direct permettrait de rompre l’isolement diplomatique régio-nal dû à la crainte de l’arme nucléaire et à la dynamique des changements de pou-voir dans le monde arabe qui favorise le sunnisme. Se présenter comme le seul État

iran i la guerre est-elle proche ?Américains et Européens renforcent les sanctions économiques contre l’Iran. Israël mène une guerre souterraine. Téhéran menace. Les ingré-dients nécessaires à l’explosion s’accumulent.

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qui ose défier la suprématie américaine se révélera payant ».Concernant l’attitude américaine qui, pour une part, conditionne celle des Occidentaux, François Géré estime, lui aussi, que le président Obama est sous la pression des républicains mais aussi de nombreux parlementaires démocrates soucieux de la protection d’Israël. « Il est temps pour l’administration américaine de faire preuve de fermeté au-delà des mots, même si l’option de l’endiguement a sa pré-férence (…). Il faut aussi rassurer les alliés régionaux et donner plus de consistance à cette stratégie d’endiguement, mise en œu-vre depuis deux ans, fondée sur le redéploie-

ment des troupes d’Irak et d’Afghanistan vers la péninsule arabique, la défense anti-missiles et, plus discrètement, la garantie nucléaire. Enfin, calmer les impatiences belliqueuses du gouvernement israélien ».Le directeur de l’Institut français d’ana-lyse stratégique conclut : « Après 10 ans de vaines négociations, l’épreuve de vérité approche . Mais quelle vérité ? » A l’heure où nous écrivons ces lignes, le président Ahmadinejad s’est dit prêt à re-prendre le dialogue. Selon lui, « un pays qui est rationnel et dans son bon droit ne craint pas les négociations ». Un sursis ?

Jean-Pierre Delahaye

L'Irak n'a pas été libéré, il a été occupé. Cela est une évidence. Désormais, les oc-cupants, c'est nous (l’Amérique NDLR). Certes nous avons libéré l'Irak de Saddam Hussein, mais pas de nous. De même que nous avions libéré Cuba, en 1898, du joug espagnol, mais pas du nôtre. La tyrannie espagnole fut vaincue, mais les États-Unis transformèrent l'île en base militaire, à l'image de ce que nous faisons en Irak. Les grandes entreprises américaines s'implan-tèrent à Cuba, comme Hechtel, Hallibur-ton et des entreprises pétrolières s'implan-tent en Irak. Les États-Unis rédigèrent et imposèrent, avec des complices locaux, la Constitution qui devait régir Cuba, tout comme notre gouvernement a élaboré, avec l'aide de groupes politiques locaux, une Constitution pour l’Irak. Non, cela n'a rien d'une libération. C'est bel et bien une occupation. (…) Et c’est une sale oc-cupation (…)La chaîne CBS News rapportait, dès le 19 juillet 2003, bien avant la découverte des cas avérés de torture dans la prison d'Abou Ghraib à Bagdad : «Amnesty Internatio-nal examine un certain nombre de cas de

torture présumée commis en Irak par les autorités américaines. Dont l'un est l'af-faire Khraisan Al-Aballi. La maison de M Al-Alballi a été rasée par des soldats amé-ricains qui ont débarqué en tirant dans tous les coins ; ils l'ont arrêté, ainsi que son vieux père de 80 ans. Ils ont atteint et blessé son frère... Les trois hommes ont été emme-nés... M Al-Aballi dit que ses interrogateurs l'ont mis entièrement nu et l'ont maintenu éveillé pendant une semaine, soit debout, soit à genoux, pieds et poings liés, la tête recouverte d'un sac (…) Les officiels amé-ricains n'ont guère répondu aux multiples demandes qui leur ont été faites pour dis-cuter de cette affaire... » (…) Mais il existe une occupation d'encore plus mauvaise augure que celle d'Irak, c'est l'occupation des États-Unis. Je me suis ré-veillé ce matin ; j'ai lu le journal, et j'ai eu la sensation que nous étions nous-mêmes un pays occupé, qu'une puissance étran-gère nous avait envahis. (…) Ces vingt millions de gens qui vivent aux États-Unis, qui n'ont pas le statut de citoyens et qui, en conséquence et en vertu du Patriot Act (la loi patriote), sont susceptibles d'être jetés

hors de leurs maisons et détenus indéfini-ment par le FBI, sans aucun droit consti-tutionnel - ces gens, selon moi, ne sont pas des étrangers (…)Nombre d'Américains se sont pris à penser, au fil de la guerre, que ce pays ne ressemblait pas à l'image que nous nous en faisions. Chaque jour apportait son lot de mensonges sur la place publique. Le plus monstrueux de ces mensonges étant que tout acte com-mis par les États-Unis devait être pardonné parce que nous sommes engagés dans une « guerre contre le terrorisme ». Passant outre le fait que la guerre elle-même est du terrorisme ; que faire irruption chez des gens, emmener des membres d'une famille et les soumettre à la torture, c'est du terro-risme ; qu'envahir et bombarder d'autres pays ne nous apporte pas plus de sécurité, bien au contraire (…)La prétendue « guerre contre le terroris-me » est non seulement une guerre contre un peuple innocent dans un pays étranger, mais aussi une guerre contre le peuple des États-Unis. Une guerre contre nos libertés, une guerre contre notre mode de vie. La richesse du pays est volée au peuple pour être redistribuée aux super riches. On vole aussi la vie de nos jeunes gens.

Howard Zinn

Howard zinn est un historien et polito-logue américain, professeur au départe-ment de science politique de l’Univer-sité de Boston durant 24 ans.pendant la 2nde guerre mondiale, il s’en-gage dans l’armée de l’air et est nommé lieutenant bombardier naviguant. Cette expérience sera le déclencheur de son positionnement politique pacifiste qu’il élève au rang de devoir de désobéis-sance civile. Il deviendra un acteur de premier plan du mouvement des droits civiques et du courant pacifiste aux USA.Auteur de vingt livres dont les thèmes (monde ouvrier, désobéissance civile et « guerre juste » notamment) sont à la croisée de ses travaux de chercheur et de son engagement politique, il est particulièrement connu pour son best-seller, Une histoire populaire des États-Unis, qui « l’a consacré comme l’un des historiens les plus lus, bien au-delà des campus américains ».

cet article est paru dans le supplément Manière de voir du Monde Di-plomatique daté de décembre 2011/janvier 2012. Signé par Howard Zinn (voir encadré) nous publions quelques extraits significatifs des vrais motifs de la guerre en Irak, tant au plan de la politique internationale américaine que sur le plan intérieur, comme nous l’avions déjà montré dans un précédent dossier sur le Patriot Act.

pourquoi occupons-nous l’irak ?

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au nom de la lutte contre le ter-rorisme international, le président américain soutient des program-mes d’assassinats, renforce le pouvoir de la CIA, des militaires et signe des lois liberticides

Le 2 mai 2011, sur ordre de la Maison-Blanche, un commando des forces spé-ciales américaines assassinait le terro-riste Oussama Ben laden en territoire pakistanais s’en même en avoir informé le gouvernement de ce pays. Obama, Hillary Clinton et quelques chefs mi-litaires suivaient la scène en direct, minute par minute, depuis le bureau ovale à Washington. Quelques mois plus tard, le 30 septembre au Yémen, Anouar Al-Aulaqui, un iman radical, ci-toyen américain et yéménite connaissait le même sort, cette fois liquidé par un drone. Chef de la branche d’al-Qaida au Yémen, il était à l’origine de plusieurs attentats meurtriers, notamment celui perpétré sur la base militaire de Fort Hood (13 morts) au Texas en 2009. Ces liquidations sommaires ne sont pas isolées. Chacun connaît aujourd’hui le rôle des services spéciaux dans la guerre de « libération du peuple libyen » et le lynchage de Kadhafi.De nombreux observateurs sont d’ac-cord pour affirmer que sous l’adminis-tration Obama, les États-Unis ont consi-dérablement intensifié l’utilisation des drones en Afghanistan, au Pakistan, en Irak, au Yémen et récemment en Libye, pour tuer toute personne qui serait qua-lifiée de « militant » ou de « terroriste ». Un sixième pays vient d’être ajouté à la liste, la Somalie.

Une machine criminelleL’administration américaine ne s’en cache pas et même revendique ces ac-tions. Il y a quelques mois, elle a révélé sa « stratégie nationale de contre-terroris-me », qui décrit une politique « d’assas-sinats ciblés » partout où les États-Unis identifieraient une menace contre leurs intérêts. En présentant cette démarche criminelle, le conseiller John Brennan, a déclaré : « Notre meilleure offensive ne sera pas toujours de déployer de grandes armées à l’étranger, mais parfois de met-tre une pression ciblée, chirurgicale, sur les groupes qui nous menacent ». Ce qui fut dit fut fait et va se poursuivre…En réalité, sous prétexte de guerre contre le terrorisme, le locataire de la Maison-Blanche a élargi les bases légales per-mettant les assassinats ciblés. Les chif-fres sont là pour le démontrer. A titre d’exemple, depuis son élection, 255 tirs de drones ont été ordonnés sur le seul Pakistan, soit 5 fois plus que pendant les deux mandats du texan G.W. Bush. Si l’on en croit la New America Foun-dation, le nombre de morts consécutifs aux attaques a également quintuplé. En fait, il semble que l’administration Oba-ma ait construit un vaste appareil d’éli-mination par le meurtre, opéré par la CIA et le Pentagone et en dehors de tout contrôle du Congrès américain. Selon le Washington Post, ce « programme dro-nes » comprendrait des dizaines de sites secrets et de bases clandestines dans six pays sur deux continents… Le quotidien a publié des listes de « sujets à assassi-ner » compilées par la CIA et le Joint Spécial Opération Command (JSOC) de l’armée US sans que les critères utilisés pour la sélection des personnes ciblées soient rendus publics…

Une loi liberticideEt ce n’est pas tout ! Il y a quelques se-maines le président américain a signé le National Defense Autorisation Act, loi de programmation budgétaire de l’ar-mée US. Celle-ci précise que toute per-sonne suspectée de terrorisme pourra être arrêtée sur le sol américain et être détenue de façon illimitée sans procès. Une mesure totalement contraire au droit international et au droit américain. Pour Geneviève Garrigos, présidente depuis 2009 d’Amnesty International, interrogé dans l’Humanité du 22 janvier 2012 , « c’est dramatique. Si demain, l’ar-mée américaine estime que vous, moi ou quelqu’un d’autre peut être un terroriste, elle peut vous arrêter pour une durée illi-mitée et sans aucun recours possible. Par ailleurs, cette loi durcit les conditions d’ac-cueil dans les pays étrangers des détenus libérés de Guantanamo et interdit leur transfert via les États-Unis, y compris pour être jugés. On est dans une impasse. Au début, le président Obama avait dit qu’il opposerait son veto à cette loi et donc qu’il ne la signerait pas. La semaine dernière, il l’a pourtant signée. Pour nos collègues amé-ricains, c’est assez effrayant. Si on commet des crimes, il faut en subir les conséquences mais ce n’est pas parce que l’on est un cri-minel que l’on n’a plus de droits ». Une nouvelle fois Obama s’est renié.On est bien loin des intentions officiel-lement annoncées par le candidat « dé-mocrate » et surtout des déclarations du président élu à l’occasion de la remise à Oslo du prix Nobel de la paix en 2009 : « Même si nous sommes confrontés à un ennemi malfaisant qui n’applique aucune règle (…) les États-Unis d’Amérique doi-vent garder un comportement exemplaire dans la conduite de la guerre (…) c’est ce qui nous rend différents de ceux que nous combattons ». Cela reste à prouver.

Jean-Pierre Delahaye

usales crimes politiques

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Ouvert par Aldo Ferrer (ambassadeur de la République d’Argentine en Fran-ce) et Alicia Bonet-Krueger (présidence du Collectif), ce colloque fut animé no-tamment par Gabriel Péries (docteur en sciences politiques), qui traita de « l’ori-gine de l’état terroriste et la disparition forcée en Argentine » et maître Sophie Thonon-Wesfreid (avocate au Barreau de Paris) qui relata son travail pour que se tiennent des « procès en France contre les responsables des disparitions forcées des Français en Argentine ».Rappelons que plus de 30 000 Argen-tins connurent le même sort terrible sous cette dictature, auxquels s’ajoutent les rapts d’enfants arrachés à leur mère et confiés à des bourreaux. Rappelons également la terrible responsabilité des gouvernements français et de certains officiers de l’armée française (les colo-nels Laschesroy, Aussares, Trinquier entre autres) qui formèrent des offi-ciers argentins dès 1958 en France et au centre d’instruction contre la guerre subversive d’Arzen, durant la guerre d’Algérie, avant de les assister directe-

ment en Argentine après 1962 (école militaire de Buenos-Aires, délégation militaire permanente en Argentine, etc.), prenant ainsi une part capitale dans l’instauration de l’État terroriste de Videla et sa politique de terreur col-lective, se faisant de fait complices de crimes contre l’humanité. La projection du film documentaire La Santa Cruz fut l’un des grands moments d’émotion, avec la relation de l’enlève-ment, au sein de cette église, de deux religieuses françaises (Léonide Duquet et Alice Domon) ainsi que de femmes argentines fondatrices du mouvement des « Mères de Mai » réclamant le retour de leurs filles, fils, maris, familles, enle-vés et disparus. Autres instants terribles, le témoignage de six membres des familles de dispa-rus : le neveu et la sœur des religieuses Léonide Duquet et Alice Domon, la sœur de Marianne Erize (assassinée à 24 ans), un ami du père Gabriel Lon-gueville, le mari survivant de Célia Ro-thenberg (assassinée à 21 ans), le frère de Yves Domergue (22 ans)…

L’avocat Horacio Mendez Carreras évoqua à son tour son combat pour les « procès en Argentine contre les responsables des disparitions de Français en Argentine », puis lui succéda maître Martin Rico, membre du secrétariat du comité de la Ligue des droits de l’homme argentine.Pour conclure, Cécilia Ayendi, respon-sable de coordination de l’Équipe argen-tine d’anthropologie légiste (EAAF), expliqua les méthodes de travail du « processus d’identification des corps » de la religieuse Léonie Duquet, identifiée le 29 août 2005, après que son corps (dis-paru le 10 décembre 1977) ait été rejeté sur une plage de l’océan, et de Yves Do-mergue, disparu le 26 septembre 1976 et retrouvé au cimetière de Melincué (près de Santa Fe en Argentine), grâce au remarquable travail de mémoire (en 2003) du professeur Juliana Cagrandi et de ses élèves de lycée. Dernier moment d’intense émotion, l’appel des vingt noms des disparus français avec, pour chacun, l’assistance du colloque debout répondant d’une même voix « Présente » !

argentine

a la mémoire des 20 français assassinés par l’État terroriste(1972-1983)Dans le cadre de la Journée mondiale des droits de l’hom-me, le Collectif argentin pour la mémoire a organisé, le 8 décembre 2011 au Sénat, un colloque international à la mémoire des vingt Françaises et Français assassinés par les responsables de la dictature d’État, d’abord Isabel Mar-tinez de Peron, 3e épouse de Juan Péron, qui lui succéda à la Présidence de la République de juillet 1974 à mars 1976 (avec déjà 600 assassinats et 500 disparitions sous son mandat) puis le général Videla et ses sbires, de 1976 à 1983. André Fillère, invité, y a assisté au nom de l’ARAC.

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Une démarche extraordinaire pour « maintenir la mémoire vivante, pour transmettre l’histoire et éveiller les conscien-ces, de sorte que ces faits ne se reproduisent plus jamais, ni en Argentine, ni en France, ni ailleurs »(1). Nous formulons le vœu que ce colloque international dédié à la mémoire des Français assassinés en Argentine par la dictature d’État terro-riste serve à poursuivre le combat pour

que soit « élucidée » la mort des 30 000 Argentins disparus, leurs dépouilles retrouvées pour le deuil des familles, et que, par le châtiment des coupables, justice soit rendue à une génération en-tière, engagée dans la vie politique pour un monde meilleur … et qui a été radica-lement « rayée de la carte » ! Séquestrés, torturés, assassinés… 30 000 !Nunca mas ! Plus jamais !

1 - Telle est la raison d’être de ce colloque et du Collectif argentin pour la mémoire 1 passage Monténégro 75019 Paris [email protected]

Après 6 ans, 9 mois et 15 jours de pri-son, Salah Hamouri est enfin libre de-puis le 18 décembre dernier ! Il n’aurait pas dû faire une seule journée de prison, tant aucun acte n’a pu lui être reproché par un tribunal pourtant d’oc-cupation. Rien. Dossier totalement vide. Pourtant, emprisonné à 20 ans, il aura fait près de 7 ans de prison.Naturellement nous sommes heureux et fiers d’avoir contribué grandement à sa libération. Et l’ARAC n’a pas été en reste, votre journal, Le Réveil en témoi-gne, dans cet effort de mobilisation que nous avons mené. Pourtant des questions se posent clai-rement aujourd’hui. Pourquoi donc un Franco-Palestinien, en prison pour rien, n’a-t-il pas eu, et c’est un euphémisme, le soutien déterminé des autorités fran-çaises pour obtenir sa libération ? Dans tous les autres cas, et je ne parle pas

seulement du caporal franco-israélien Guilad Shalit, les autorités de notre pays se sont mobilisées fortement. Jusqu’à créer une crise diplomatique avec le Mexique… La réponse à cette question est malheureusement limpide, mais aussi triste pour notre pays et son rayon-nement international. Dès le début où nous avons connu son cas et que nous sommes intervenus, un seul et unique « argument » nous a été servi : il y a une procédure judiciaire et nous ne pouvons pas intervenir dans le cours de celle-ci qui se tient en Israël. Mais, et ce n’est pas aux lecteurs du Ré-veil que je vais apprendre qu’un tribunal militaire c’est tout, sauf la justice. Un tribunal militaire est au service de la for-ce occupante. On n’est jamais innocent devant lui mais toujours coupable. Il y a 4 500 prisonniers palestiniens dans les prisons israéliennes.

C’est la « loi » d’une force militaire oc-cupante : on emprisonne à tour de bras. Et les autorités françaises nous ont dit et redit : « C’est la justice, on ne peut rien faire ». Cela signe un fait terrible de la politique actuellement suivie par le Président : l’acceptation, dans les faits, de l’occupation israélienne. Je dis bien « dans les faits » car, dans les mots, on parle autrement !Voilà la question majeure qui est posée et qui jaillit clairement derrière ce qui est arrivé à Salah Hamouri. Mais il est aussi une seconde leçon : si nous avons eu face à nous un mur pour obtenir la libération de Salah, force est de recon-naître que, en faisant preuve de patience et de rassemblement, nous y sommes parvenus. C’est une seconde leçon majeure de cette affaire. Et cela va plus loin que le « cas » tragique de Salah qui a trouvé un réconfort énorme dans notre action. Si on veut que la France retrouve un rôle attendu au Proche-Orient, le lieu central où jaillissent les bruits de guerre mon-diale, alors il faut se mobiliser et agir. Salah est libre ! Reste plus qu’à libérer la Palestine de l’occupation. Et à libérer du même coup le monde du spectre d’une guerre mondiale.

Jean-Claude LefortPrésident de l’Association France Pa-lestine Solidarité et coordinateur du Comité de soutien à Salah Hamouri

salah est rentré à la maison !

Rencontre avec Salah Hamouri et sa famille, à son domicile le 24 janvier dernier. Patrice Le-clerc, Conseiller général et Mohamed Bellouch, maire adjoint de Gennevilliers, lui remettent la médaille d'honneur de la ville de Gennevilliers (93) qui l'avait fait citoyen d'honneur.

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des combattantsle réveilPour l’amitié, la solidarité, la mémoire, l’antifascisme et la paix

N° 780Février 2012

le CaHier MÉMoire

Édité par le Réveil des combattants - 2 place du Méridien - 94807 Villejuif - Tél. 01 42 11 11 12

ÉDITO

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- Par Paul Markidès

- Par Paul Markidès

Le 8 mai 1945, l’armée nazie signait sa reddition sans conditions à Berlin. C’était le jour de la victoire des troupes alliées symbolisée par la présence des généraux français, anglais, américains et soviétiques, de la Résistance de tous les peuples d’Europe et des peuples originaires des colonies françaises qui avaient pris part aux combats libéra-teurs.Parmi eux, les peuples du Maghreb dont de nombreux Algériens. C’était la victoire de la liberté à laquelle les com-battants algériens avaient payé un lourd tribut, nombre d’entre eux y ayant sacri-fié leurs vies.Ce jour-là en Algérie, beaucoup de com-battants rentrés chez eux, beaucoup de familles qui avaient perdu certains des leurs, voulaient exprimer leur volonté de profiter de la liberté reconquise et avaient décidé de le dire en manifestant leur espérance tant à Sétif qu’à Guelma. Mais c’était sans compter avec les co-lons, qui voyaient dans ces manifesta-tions la mise en cause de leurs privilè-ges. De là naquirent les provocations. Et comme la violence appelle la violence, les conséquences en furent dramati-ques : notre ami Georges Ploteau évo-que ces événements avec une grande retenue en même temps qu’une grande volonté de présenter la vérité des faits corroborés par les témoignages qui suivent.Le Réveil qui combat le colonialisme et ses séquelles, qui sont malheureuse-ment encore nombreuses, ne pouvait pas taire ces événements de Sétif et Guelma. A vous de juger.

8 mai 1945 : manifestation à Sétif pour fêter la victoire, où les Algé-riens exprimèrent leur espérance de liberté.

Mai 1945le massacre de sétif

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Georges Ploteau est membre du Bureau national de l’ARAC et de la commission natio-nale Mémoire

L’Algérie et les Algériens avaient contribué à cette victoire.En avril 1956, donc dans les pre-mières années de ce qui deviendra la guerre d’Algérie, notre Réveil du Combattant rappelait dans son ti-tre de première page: « Tant d’amis nord-africains sont tombés pour libérer la Provence, le Jura ou l’Al-sace ». En effet, 138 000 Algériens s’étaient engagés à partir de 1942

dans l’armée française. Comme l’a rappelé le film Indigènes : Al-gériens, Marocains, Tunisiens se retrouvèrent aux premiers rangs dans les combats meurtriers de la Libération : en Italie (notam-ment Monte Cassino), en France, en Allemagne… Des dizaines de milliers de ces hommes, venus de ces troupes coloniales d’Afrique, d’Asie laisseront leur vie ou en re-

les MassaCres De sÉtif en Mai 1945une page de l’Histoire longtemps gardée sous silence

8 mai 1945 ! Après des années de guerre meurtrière, ce na-zisme qui prétendait dominer le monde pour 1 000 ans avait enfin signé sa capitulation. La Seconde Guerre mondiale n’était pas totalement terminée, elle continuera jusqu’en septembre, en Asie et Océanie, contre l’impérialisme japonais et ses com-plices. Mais, dans les villes et villages de France et des nations alliées, c’était la liesse !

viendront blessés en combattant avec les forces de la liberté.Parmi ces Algériens qui se battirent alors sous le drapeau français, il est significatif de rappeler quelques noms, entre autres : Ahmed Ben Bella, Krim Belkacem, Mohamed Boudiaf, Mostefa Ben Boulaïd … On les retrouvera plus tard parmi les fondateurs du FLN. On oublie fréquemment que l’Algérie avait été un point important dans cette guerre. En novembre 1942, les troupes américaines et anglaises débarquaient à Sidi Ferruch et, avec le concours dé-cisif de la Résistance locale, Al-ger se libérait des collaborateurs de Vichy. Tout ne sera pas clair avec l’administration de Dar-land et d’anciens pétainistes

Par Georges PLoTeAu

Soumission d’une tribu rebelle dans la région de Kherrata, apr ès les émeu-tes de mai 1945.

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vite reconvertis. Rappelons rapi-dement que, malgré la pression américaine, sous l’impulsion du général de Gaulle et des forces de la Résistance, Alger deviendra la capitale provisoire de la France libre. En avril 1943, les prisonniers communistes et une partie des nationalistes algériens avaient enfin été libérés, d’autres leaders, notamment Messali Hadj, fonda-teur du Parti populaire algérien demeuraient en assignation à ré-sidence. Le 23 avril 1945, celui-ci était arrêté et déporté à Brazzaville au Congo.Ferhat Abbas (originaire de Sétif) avait créé, en mars 1944, l’Asso-ciation des amis du manifeste de la liberté : « L’opinion musulmane veut être associée au sort commun autrement que par de nouveaux sacrifices ». Son signal d’avertis-sement s’amplifiait depuis le printemps 1945. Le 1er mai, dans des rassemblements (parfois sévèrement réprimés), des cris s’élevaient pour que les promes-ses faites par le pouvoir français aux Algériens soient respectées. Avec des motivations différentes, le PPA, l’AML, le mouvement des oulémas voulaient rappeler les revendications des populations arabes et berbères lors des mani-festations fêtant la Libération. Dans le port d’Alger, ce 8 mai 1945, les premiers tirailleurs al-gériens débarquaient du croiseur “ Gloire ”; la foule algéroise dans sa diversité se pressait dans la rue pour les acclamer. Cependant, à Alger comme dans plusieurs vil-les, en plus des drapeaux français et alliés, des emblèmes algériens sortaient de la foule se rendant vers les monuments aux morts.

Sétif et Guelma allaient vivre un « autre 8 mai 1945 »A Sétif, la manifestation avait été autorisée à condition qu’elle n’ait pas un caractère politique,

qu’aucun drapeau autre que ce-lui de la France ne soit déployé, qu’aucune arme, bâton ou cou-teau ne soit entre les mains des manifestants et que tout slogan anti-français soit interdit.Vers 8 heures le matin, une ma-nifestation qui aurait rassemblé environ 7 000 à 8 000 personnes se mit en route. Un hymne natio-naliste était chanté, quelques pan-cartes demandaient la libération de Messali Hadj, d’autres disaient clairement : « A bas le colonialis-me ! ». La majorité des historiens s’accorde pour dire qu’à son dé-part, elle n’avait pas un caractère violent. Une équipe de scouts mu-sulmans ouvrait la marche vers le monument aux morts de Sétif, avec des gerbes de fleurs. L’un d’eux avait brandi le drapeau du PPA, le même que le drapeau ac-tuel de l’Algérie. La manifestation arrivait dans le quartier des Euro-péens quand soudain le commis-saire de police tenta de s’emparer de ce drapeau ; dans la bouscu-lade, il fut jeté à terre. Un jeune scout de 26 ans reprit et déploya ce drapeau symbolique, un poli-cier français l’abattit sur le champ. Entre manifestants, forces de po-lice et, certains l’ont affirmé, civils européens, les coups de feu cla-quaient. Sous les tirs, la foule des manifestants se dispersa, mais dans les heures qui suivirent des groupes s’en prirent aux habitants des quartiers européens. Le maire socialiste qui tentait de s’interpo-ser fut abattu comme 26 autres Européens et 47 blessés (souvent gravement). Du côté des familles arabes, les chiffres demeureront évidemment moins précis, on pleurait également des dizaines de morts et de blessés. A 13 heu-res, le couvre-feu était instauré puis à 20 heures, l’état de siège. L’armée intervenait pour escorter les forces de police et de gendar-merie et occuper les quartiers arabes.

sur Les mAssAcres de sétif, GueLmA, KherrAtA,

iLs ont écrit :

• Kateb Yacine, écrivain, témoin :

« Les automitrailleuses, les automi-trailleuses, les automitrailleuses, y en a qui tombent et d'autres qui courent parmi les arbres, y a pas de montagne, pas de stratégie, on aurait pu couper les fils téléphoniques, mais ils ont la radio et des armes américaines toutes neuves. Les gendarmes ont sorti leur side-car, je ne vois plus rien autour de moi. »

Nedjma (1956), Éditions Le Point

• Mehana Hamrani

« Entendue la cause des victimes algériennes du 8 mai 1945 ? elle ne l’était point pour le discours français de 1945, et même des années après, qui se servait du mot massacre pour désigner exclusivement les victimes européen-nes. Quant aux victimes algériennes, elles n’étaient, quand il fallait en parler, que réprimées. »

Le 8 mai 1945. Les discours français sur les massacres de Sétif, Kherrata et Guelma, L’Harmattan (2010)

• Albert Camus

« Il faut… qu’on applique au peuple arabe les principes démocratiques que nous réclamons pour nous-mêmes… » « Le peuple arabe existe, il n’est pas inférieur sinon par les conditions où il se trouve. » « C’est la force infinie de la justice, et elle seule, qui doit nous aider à reconquérir l’Algérie et ses habitants. »

Combat du 13 au 23 mai 1945

• Alain Ruscio, citant l’Humanité du 19 mai 2011

Les passages entre parenthèses correspondent aux lignes supprimées par la censure d’État, l’ensemble a pu être retrouvé par ce chercheur sur un tract (archives du PCF).

« Le communiqué du 15 mai du minis-tère de l’Intérieur relatait une centaine de morts au cours des tragiques événe-ments qui ensanglantent les régions de Sétif et Guelma. Malheureusement, ce > > >

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Ces évènements furent connus rapidement dans l’Algérie. Des émeutes éclatèrent en petite Kaby-lie, dans l’Algérois et dans l’Ora-nais, elles s’amplifièrent surtout dans une partie du Constantinois. Le soir à Guelma, une manifes-tation se forma, or le sous-préfet local (pourtant ancien résistant) ordonna de tirer sur les manifes-tants algériens : un homme fut abattu, six autres furent blessés. Aux alentours de Sétif et plusieurs points de cette région, une colère s’abattit avec violence contre la po-pulation européenne, ces déchaî-nements causeront dans les jours qui suivirent 102 morts, des fem-mes violées, plus d’une centaine de civils blessés et mutilés dans des actes d’une extrême violence (le secrétaire du Parti commu-niste de Sétif aura les deux mains tranchées) .

Une terrible répression allait s’abattreA la demande de l’administration coloniale, le 11 mai, le général de Gaulle, chef du gouvernement provisoire ordonnait l’interven-tion des forces militaires. En plus de la Légion étrangère (2 000 hommes) vinrent s’ajouter les troupes coloniales : tirailleurs sé-négalais et aussi algériens, tabors marocains, spahis tunisiens… Commandées par le général Duval, de vastes opérations de représailles s’abattirent contre l’ensemble de la population al-gérienne appelée “ musulmane ” et plus particulièrement dans les villages qui semblaient suspects : mechtas incendiées, tirs à la mi-trailleuse sur les populations, tortures, femmes violées par des légionnaires. Avec le concours de l’administration locale, des milices de colons européens avec souvent des anciens pétainistes se constituèrent. Ils ne tardèrent pas à utiliser leurs propres armes puis celles que leur distribua l’armée,

des exécutions sommaires s’en suivirent.L’armée de l’Air et la Marine na-tionale intervinrent à leur tour : 18 avions de l’armée de l’Air ra-sèrent les villages, mitraillant ou bombardant les populations jusque dans les montagnes où elles tentaient de se réfugier. De la baie de Bougie, le croiseur Du-guay-Trouin et le contre-torpilleur Le Triomphant tireront des cen-taines de coups de canon sur les régions côtières et les douars de la montagne kabyle. Des suspects faits prisonniers, parfois avec femmes et enfants, seront fusillés sur le champ. Les corps des victi-mes seront parfois enfouies dans des puits ou des fours à chaux, brûlés en place publique (Kef El-Boumba) ou jetés dans des gor-ges comme à Kherrata.Une justice expéditive se mit en place. Les dirigeants politiques algériens nationalistes ou musul-mans furent arrêtés et condam-nés à de lourdes peines de prison. Sous la pression, une partie d’en-tre eux sera cependant libérée au fil des années, mais d’autres y res-teront jusqu’en 1962. Après en-viron six semaine de « chasse aux Arabes », l’armée et l’adminis-tration organiseront des cérémo-nies de soumission. Les hommes devaient se prosterner devant le drapeau français, parfois procla-mer leur haine contre les leaders algériens tel Ferhat Abbas.

Quel sera le bilan de cette furie meurtrière ?Le nombre de victimes fait tou-jours aujourd’hui débat. Dans le climat de terreur que nous venons d’évoquer, les familles cachaient plutôt leurs morts. Le 18 juillet (seulement) le ministre de l’Inté-rieur Tixier indiquera un bilan de cette répression : 1 165 tués parmi les musulmans (14 dans les trou-pes françaises) et 99 condamna-tions à mort ; ces chiffres seront

chiffre est très loin de correspondre à la réalité. (On compte effectivement une centaine de morts européens ; mais un officier d’état-major a estimé à plus de six mille les victimes musulmanes de la plus bestiale répression qu’ait connue l’Algérie.)Sur une distance de cent cinquante ki-lomètres, de Sétif à la mer, la loi martiale est proclamée, (les tribunaux d’excep-tion fonctionnent sans arrêt). Les musul-mans des campagnes qui n’ont pas pris la moindre part aux agissements d’une poignée de tueurs à gages dont les chefs sont connus comme mouchards de Berque, directeur des Affaires musul-manes, sont pourchassés (comme des bêtes - faire feu sur le burnous, tel est le mot d’ordre officiel).La légion étrangère, les tirailleurs séné-galais et marocains, l’artillerie, la marine, l’aviation, mènent une vaste opération de représailles, (semant dans les villages la terreur et la dévastation ; cependant que les civils européens - dont tous les vichystes - sont armés, ont le droit de tirer à leur gré sur tout musulman qu’ils rencontrent). »

les communistes et les massacres du constantinois (mai-juin 1945), Alain Ruscio, Vingtième Siècle. Revue d'his-toire 2/2007 (no 94), p. 217-229. www.cairn.info/revue-vingtieme-siecle-revue-d-histoire-2007-2-page-217.htm

• Charles de Gaulle, une seule phrase dans ses Mémoires

« En Algérie, un commencement d'in-surrection survenu dans le constantinois et synchronisé avec les émeutes syrien-nes du mois de mai a été étouffé par le gouverneur général Chataigneau. »

• Houari Boumediene

« Ce jour-là, j’ai vieilli prématurément. L’adolescent que j’étais est devenu un homme. Ce jour-là, le monde a basculé. Même les ancêtres ont bougé sous terre. Et les enfants ont compris qu'il faudrait se battre les armes à la main pour de-venir des hommes libres. Personne ne peut oublier ce jour-là. »

cité par Wikipedia : Massacres de Sétif et Guelma

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toujours contestés. Le consul des États-Unis à Alger estimera à 40 000 le nombre des victimes, base que reprendront le PPA puis le FLN pour citer 45 000 morts. Les chercheurs partent d’une fourchette dont le seuil le plus bas serait de 8 000 victimes « au minimum ».Les témoins ont parlé aussi des drames vécus par les « rescapés » : les blessures physiques, les trau-matismes, la maladie, la faim. Même en métropole, beaucoup des familles souffraient toujours en 1945 de graves pénuries ali-mentaires. Les épidémies, la fami-ne qui sévissaient alors dans l’Al-gérie frapperont dans la région de Sétif des milliers de familles. Elles seront traquées, dans la misère, ayant perdu leur toit, leur petite exploitation agricole, leur travail. Beaucoup ne pourront plus par peur (ou ne voudront plus) de-mander un quelconque secours à la France coloniale.

Les réactions et les silences dans cette France de 1945 Dans toute la France, des centai-nes de milliers de familles pleu-raient leurs morts. Des régions entières venaient d’être bombar-dées, les prisonniers de guerre et les déportés revenaient. Pour pou-voir manger, il fallait des cartes de ravitaillement. La vie politique, la dénonciation des collabos… tout cela occupait les esprits. Les journaux étaient soumis à une véritable censure officielle. Mais tout ce climat ne peut excuser aujourd’hui le silence de la grande majorité des hommes politiques français et de la presse, celle-ci n’informera souvent ses lecteurs que dans un court entrefilet et sur les « massacres d’Européens ». Dans tout ce qui a été écrit depuis ces années, deux principales ex-ceptions sont fréquemment rele-vées dans la presse française de métropole : Combat avec les arti-

cles d’Albert Camus et l’Humani-té (le journal communiste avait un très grand nombre de lecteurs). Dans les semaines, voire les jours qui suivirent, il est intéres-sant de noter leurs changements d’analyse (comme pour Alger Ré-publicain). Vraisemblablement, les informations relevées par des témoins locaux contrecarraient les communiqués officiels trans-mis à Paris par les responsables militaires et politiques… comme celles du gouverneur général Chataigneau (pourtant homme de gauche, SFIO).Dans les premiers jours l’opi-nion d’Albert Camus dans Com-bat sera très nuancée, mais par la suite il écrira de plus en plus courageusement sur la condition des populations musulmanes et leurs droits dont celui de gérer leur pays. L’Humanité ne verra d’abord (cela a été souvent relevé ) que « des troubles d’inspiration hit-lérienne ». Dans les exemplaires qui suivirent, une dénonciation claire de cette répression appa-raît régulièrement malgré les nombreuses lignes interdites par la censure. « Donner du pain et non des bombes ! »Avec le recul, cette année 1945 est significative des diverses attitudes face au colonialisme. En caricatu-rant à peine, un propos résumait une opinion qui tiendra jusque dans les années 60 : « Ces gars-là, il faut les mener à coups de bâton ! » A l’opposé, tout un courant pro-gressiste défendra, et c’était im-portant, les conditions de vie des peuples colonisés et leur dignité bafouée. Le mouvement qui mon-tait pour l’autonomie voire l’indé-pendance sera lui, plus difficile-ment perçu.

Les conséquences seront lourdesPar-delà Sétif, face au refus de solution politique, une idée mon-tera dans les peuples colonisés : « Pour s’en sortir, il faut prendre les armes ! ». La France repartira ainsi dans des années de guerres coloniales : la guerre d’Indochine commencera un an plus tard, des révoltes à Madagascar (1947) et dans d’autres pays d’Afrique se-ront noyées dans le sang. Le Ma-roc, la Tunisie se battront pour obtenir leur indépendance.Après les massacres de la région de Sétif, le général Duval avait déclaré au pouvoir français en Al-gérie : « Je vous donne la paix pour dix ans, à vous de vous en servir pour réconcilier les deux communautés. Une politique constructive est né-cessaire pour rétablir la paix et la confiance ». Neuf ans plus tard, le 1er novembre 1954, le FLN prenait les armes pour l’indépendance.

Bouzid Saâl, sur une fresque en mosaïque à Sétif. Première victime de la tragédie du 8 mai 1945, ce jeune de 26 ans qui tenait un drapeau algérien, fut abattu par un policier.

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SQUARE DE SÉTIFPour rappeler la mémoire, la solidarité et la paix

A Rennes, chaque après-midi du 8 mai, l’Association de soli-darité algérienne locale et l’As-

sociation Rennes-Sétif organisent un rassemblement Square de Sétif, pour rappeler la mémoire de « cet autre 8 mai 1945 » et rendre hommage aux victimes. L’Action culturelle des Berbères de Bretagne, l’ARAC, le MRAP, le Mouvement de la Paix, la Ligue des droits de l’homme entre autres, invitent également les Rennais dans leur diversité à participer. Des représentants du consulat algérien de Nantes y participent fréquemment, ainsi qu’à titre personnel des élu(e)s du Conseil général d’Ille-et-Vilaine et du Conseil municipal de Rennes.Avec le soutien de la FOPAC, de l’ANCAC, de l’ANACR, l’ARAC d’Ille-et-Vilaine participe chaque année avec son drapeau et l’un de ses représentants intervient pour rendre hommage aux victimes de ce massacre et celles qui tomberont plus tard dans cette guerre d’Algérie. Nos amis anciens combattants sont aussi heureux de participer ensuite aux conférences organisées par l’ASA, l’après-midi. Les échanges se terminent dans l’amitié avec le dessert et le thé offert par les familles rennaises venues de l’Algérie.

Publié sur www.setif.info/article3350.html

L’histoire de l’Algérie est très ri-che et commence, pour sa partie récente, à l’arrivée des Romains et aux conflits avec les royaumes lo-caux. Pour le peuple algérien, cette année 2012 verra le cinquantième anniversaire de l’indépendance du pays. On a coutume de faire dé-marrer le 1er novembre 1954 avec les événements tragiques qui ont précédé cette indépendance. En fait, d’autres tragédies ont ponc-tué, avant, l’histoire algérienne. Sétif et le 8 mai 1945 en font partie. Une actualité cinématographique récente a ravivé le souvenir de cet événement en France. En revan-che, ce souvenir est toujours resté vivace en Algérie et tout spéciale-ment dans l’Est algérien.Le jumelage entre Rennes et Sétif fait que, citoyens rennais, nous ne pouvons pas ignorer ce qui se passa à Sétif en mai 1945 (ainsi qu’à Guelma et Kherrata) et tous les ans un hommage est rendu à Rennes aux victimes.

Mais qu’en est-il de Sétif ? J’ai personnellement découvert l’Algérie en 1967 alors que, jeune coopérant militaire, j’enseignais à Constantine. A l’époque, Sétif était une ville poussiéreuse que l’on traversait en allant à Alger. Depuis elle s’est développée et constitue une des très grandes cités algériennes, avec de gran-des artères. Elle est devenue une ville plaisante et animée où je reviens avec plaisir, assuré d’un accueil chaleureux. Sans doute, les Sétifiens y retrouvent-ils tous les problèmes des grandes villes mais, pour ma part, je n’y ressens pas la tension de certaines autres métropoles.

La ville est fière de se retrouver derrière son équipe de football, l’ESS et les jours de match ponc-tuent la vie sétifienne. En cas de victoire, les supporters se retrou-vent devant la célèbre fontaine d’Aïn El Fouara datant de 1898. Sa particularité : être surmontée d’une statue sans doute unique en son genre - une femme dévê-tue - léguée par le régime colonial (sculpteur Francis de Saint-Vidal -1898), mais adoptée sans réserve par les habitants.Plus sérieusement, au mois de mai débute une série de manifes-tations commémoratives du 8 Mai 1945 avec une forte composante culturelle. La cérémonie la plus significative est le défilé du 8 mai

avec la participation des scouts musulmans, déjà présents dans cette tragédie. Ce défilé s’achève devant la stèle de Saal Bouzid, pre-mière victime des événements de 1945.En 2012, ce sera également le trentième anniversaire du jume-lage entre Rennes et Sétif. Cela permettra de relancer les échan-ges entre les deux cités avec peut-être la venue d'une délégation de la Mairie de Sétif. Il faut signaler que Rennes a déjà reçu en 2011 une autre délégation : celle d'une vingtaine de collégiens et d'en-seignants d'un établissement de cette ville. Nous espérons d'autres échanges.

Jean-Michel Parizot est président de l’Association Rennes-Sétif

Par Jean-Michel PAriZoT

sÉtif : le passé, le présent

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Les habitants de Sétif avec des voyageurs lors du circuit

« Le temps de la fraternité » organisé en mai 2011

par l’hebdomadaire La Vie. Comme le père Louis Mazurier,

à droite sur la photo, qui fut un ancien combattant appelé,

le passé et l’Algérie d’aujourd’hui sont à redécouvrir.

Un monument de Sétif, la Fontaine d’Aïn El Fouara

(1898) et sa statue.Tout un symbole :

l'eau et la vie ont traversé les années et les drames.

Chaque année à Sétif, le 8 mai 1945 est célébré.

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«… Les écoles aussi avaient été réquisitionnées, et donc, comme les autres enfants, je n’allais plus en classe. C’est ainsi que j’ai pu assister, aux premières loges, aux tragiques événements de mai 1945. J’avais huit ans. Le 8 mai, des manifestations avaient été préparées pour fêter la signature de l’armistice qui mettait fin à la Seconde Guerre mondiale. Le mouvement na-tionaliste organisa son propre défilé sous ses propres mots d’or-dre : sa démonstration tourna à l’émeute, puis à l’insurrection. Une trentaine d’Européens fu-rent abattus, à Sétif et dans les lo-calités alentour, ce à quoi l’armée française ne tarda pas à répliquer (note de l’auteur : Au motif de rébellion, la répression coloniale fit des dizaines de milliers de vic-times civiles) : la rumeur disait qu’elle fusillait tous les Arabes qu’elle trouvait au centre-ville et que le sang arrivait « jusqu’aux genoux ».Avec mes frères, j’étais cependant plutôt agité et curieux de savoir ce qui se passait : pour nous empê-cher d’aller dans la rue, M’ma et Fatima, en l’absence de mon père, durent fermer à double tour la porte principale. Mais elles ne cédèrent pas à la panique. Je me souviens que notre voisine, Mme Schmidt, une femme de chemi-

not qui se trouvait seule chez elle, vint se réfugier chez nous : une fois que cette imposante blonde eut troqué sa robe d’été à fleurs contre une robe kabyle, M’ma la rassura en lui expliquant que les éventuels émeutiers n’oseraient jamais pénétrer dans une maison où il y avait des femmes arabes. Elles plaisantèrent et rirent en-semble. Elles ne tardèrent cepen-dant pas à s’inquiéter, ma mère pour mes grands frères, Rochdi et Samaï, tous deux membres des Kechafa (scouts musulmans) qui devaient participer aux manifesta-tions prévues et qui ne rentraient pas, Mme Schmidt pour son mari et pour son fils qui travaillaient en ville et qui ne donnaient pas plus signe de vie.L’angoisse dura plusieurs jours. Le couvre-feu avait été instauré, de jour comme de nuit. Les avions survolaient à basse altitude les quartiers arabes de Sétif et tous les petits villages aux alentours : leur bruit assourdissant en rase motte au-dessus des toits me ter-rifiait. Des patrouilles militaires, accompagnés de civils européens, peut-être des inspecteurs de po-lice ou bien des membres de la milice européenne, procédèrent à la fouille des maisons arabes, à la recherche d’armes et de sus-pect. Mes mères suivaient leur progression aux coups de feu iso-

1- Les voleurs de rêves - Cent cin-quante ans d’his-toire d’une famille algérienne .Bachir Hadjadj, préface de Jean Lacouture, Éditions Albin Michel, 2007, 22 e

sétif, mai 1945 : j’avais 8 ansL’écrivain Bachir Hadjadj a obtenu en 2007 le prix Séligmann, « contre le racisme, l’injustice et l’intolérance » et le 37e prix ADELF (Association des écrivains de langue française) pour l’Afrique - Méditerranée - Maghreb.pour les lectrices et lecteurs du Réveil, nous partageons un extrait de son ouvrage (1) afin, comme il l’écrit, « que la somme d’histoires individuelles permette d’approcher la grande histoire. »

lés ou aux rafales de mitraillette qu’elles entendaient, se griffant le visage ou se frappant la poitrine à chaque détonation ; elles avaient des parents et des amis dans ces quartiers-là, elles avaient peur pour eux.Enfin, au bout de presque une se-maine, mes frères réapparurent, ainsi que le mari et le fils de Mme Schmidt qui put, toute souriante et soulagée, retourner chez elle sous les « Mabrouk » de ma mère (note de l’auteur : Mabrouk, celui qui a la baraka. Ici il signifierait plutôt : « Dieu soit loué ! »). Dans les jours qui suivirent, elle nous rendait visite ostensiblement, certainement pour faire passer le message aux patrouilles militai-res qui continuaient à fouiller les maisons que c’était une maison « amie ». Brave Mme Schmidt, c’était sa façon de vouloir nous protéger… Échange de bons pro-cédés, en somme... »

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VoS DroitS VoS DroitS Le réVeiL

51,13 % d’abstention ! Pour Bruno Drwes-ki, maître de conférences à l’Institut natio-nal des langues et civilisations orientales de Paris, spécialiste de la Pologne, c’est le fait marquant de la récente élection lé-gislative, qui interpelle d’autant plus que « le taux d’abstention augmente à chaque élection ». Comme si les citoyens polonais manifestaient ainsi une certaine défiance à l’égard des partis politiques dans lesquels ils ne se retrouvent pas. « Ici, plus qu’ailleurs, ne pas aller voter est un acte politique. C’est une tradition qui remonte à l’en-tre-deux-guerres, à l’époque des Colo-nels », observe-t-il. Une façon aussi peut-être de manifester sa nostalgie de la Pologne populaire ? « Sans doute aussi dans la mesure où cet électorat n’a pas d’orga-nisation pour qui voter. » Le Parti com-muniste polonais reste à l’état de « grou-puscule ». Quant à l’Alliance de la gauche démocratique (SLD), héritière directe du Parti ouvrier unifié polonais (POUP) au pouvoir jusqu’en 1989, un temps minée par la corruption de ses dirigeants, elle « se réclame aujourd’hui d’une social-démo-cratie qui s’apparente plutôt à du social-libéralisme. A leurs yeux, Blair est un dangereux gauchiste ».

Nostalgie d’un état protecteur ?Même le très conservateur et anti-européen Parti droit et justice (PIS) de Jaroslaw Kac-zynski surfe sur la vague de la nostalgie de la Pologne populaire. Dans un pays où, selon des rapports officiels, un tiers de la population vit dans la pauvreté et des mil-liers d’enfants sont sous-alimentés, le PIS s’y emploie d’une façon « bien entendu hypocrite mais intelligente ». Anticom-muniste par essence, il s’appuie sur la force relative de l’Église pour faire passer son message. Ces personnes âgées qui cherchent

pologne a l’heure de la désespérance socialeLeader de la très libérale et pro-européenne Plate-Forme civique (PO), vainqueur de l’élection législative 1, Donald Tusk a été reconduit dans ses fonctions de Premier Ministre. Il promet une cure d’austérité à un pays qui, avec son près de 4 % de croissance en 2010, faisait figure de bon élève de l’Union européenne !

dans les poubelles de quoi se nourrir, ces sa-lariés travaillant parfois sept jours sur sept mais souvent privés d’assurance santé ou de congés payés, ces milliers de laissés-pour-compte de la restauration capitaliste peu-vent être séduits par un discours qui « se veut largement plus social que celui du PO, son rival libéral au pouvoir. Celui-ci est dans une logique de culpabilisation des pauvres en leur assénant que s’ils ne réussissent pas, ce n’est pas la faute du système, mais bien la leur parce qu’ils ne travaillent pas assez ! » Un discours culpabilisateur qui sert au final une logique de casse des acquis sociaux déjà en partie broyée par la thérapie de choc imposée, dès 1990, par les amis de Lech Walesa passés d’un idéal autogestionnaire au libéralisme le plus échevelé.

Logique de culpabilisationAujourd’hui, les dirigeants « expliquent qu’il s’agit de donner un ultime coup de

collier pour que la Pologne parvienne au niveau des pays les plus développés d’Europe. L’exercice de la présidence de l’Union européenne et l’organisation du championnat d’Europe de football en 2012 sont la preuve pour les libéraux que la Pologne va dans la bonne direction et qu’elle est reconnue par l’extérieur ». Pour Bruno Drweski, le « mythe de la réussite exemplaire est appelé à se fissu-rer dans la mesure où nous avons affaire à une croissance factice qui s’appuie sur des investissements à court terme. Et aussi parce que le pays va être rattrapé par la crise. C’est d’une réindustrialisa-tion dont aurait besoin la Pologne ». Un pays qui a aussi massivement recouru à l’émigration vers la Grande-Bretagne et l’Ir-lande à partir de 2004. Indéniablement, ces départs ont fait chuter le taux de chômage. L’émigration a agi comme une soupape de sûreté pour éviter l’explosion sociale. Dans un pays où, en vingt ans, les inégalités se sont creusées de façon abyssale, le nouveau tour de vis voulu par le gouvernement aura-t-il l’effet inverse ?

Jacques KmieciakLiberté, du 9 au 15 décembre 2011

(1) Le 9 octobre dernier, avec 39 % des voix, le PO a devancé le PIS (Droit et Justice) de Jaroslaw Kaczynski (29 %), le Mouvement Palikot (10 %), le Parti paysan polonais (8 %) et l’Alliance de la gauche démocratique (8 %).

Journaliste de 55 ans, Piotr Ikonowicz a été député à la Diète de 1993 à 2001. Il se revendique d’une gauche marxisan-te. A ce titre, cet ancien partisan de So-lidarnosc milite « en faveur de la défense des services publics et auprès des couches sociales marginalisées ».Aujourd’hui, Piotr Ikonowicz est parti-culièrement actif dans un mouvement de défense des locataires menacés d’ex-pulsion. « Pour le moment, l’unique mou-vement social dynamique, c’est le mouve-ment des locataires », observe cet ancien candidat à la Présidentielle. Et pour cause ! Un million de familles seraient concernées par ce fléau. Bon nombre habitent dans des appartements d’an-

ciennes usines d’Etat, aujourd’hui pri-vatisées. « Ils sont chômeurs ou travaillent dans des conditions précaires. Ils sont tenus de payer un loyer au prix du marché. Éco-nomiquement, c’est impossible… La Po-logne vit une crise sociale très profonde », s’émeut-il. Aussi Piotr œuvre à l’unifi-cation des mouvements de contestation qui se situe dans le giron d’une gauche radicalement sociale. « Notre objectif est de réussir un mouvement très vaste avec beaucoup d’associations. Quand cette organisation sera stabilisée et consolidée, nous nous présenterons aux élections » annonciatrices peut-être alors de len-demains qui rechanteraient enfin ?

piotr ikonowicz et le fléau des expulsions

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Le réVeiL VoS DroitSVoS DroitS

Comme il fallait hélas s’y attendre, la majorité gouvernementale a rejeté, fin décembre dernier, en 2e lecture, les sept amendements adoptés par la nouvelle majorité de gauche au Sénat, le 24 no-vembre 2011.Le budget 2012 restera donc conforme à la rigueur voulue et imposée par le Président Sarkozy, ses relais gouverne-mentaux et sa députation. Ceci étant, cet épisode montre ce que pourrait être, en cette année 2012, une autre politique au service de la France et de ses ACVG… avec un autre Président de la Républi-que, un autre gouvernement et une majorité à l’Assemblée nationale sem-blable à celle de l’actuel Sénat.Nous publions ci-dessous le courrier que nous a adressé Cécile Cukierman, sénatrice communiste, suite aux débats

budgétaires. Qu’elle en soit ici bien vive-ment remerciée.

« Madame, Monsieur,

Suite à la deuxième lecture de la loi de finance ce mardi 20 décembre au Sénat, je me permets de m’adresser à vous pour vous faire état de l’évolution de la mission Anciens combattants, mémoire et lien avec la nation.Au Sénat, j’ai porté la défense des revendi-cations des anciens combattants et victimes de guerre, convaincue qu’elles sont justes et légitimes. Dans ce sens, j’ai défendu au nom de mon groupe et voté sept amende-ments en 1re lecture au Sénat le 24 novem-bre dernier.Je regrette que l’Assemblée nationale n’en ait nullement tenu compte. La majorité à

l’Assemblée nationale est restée sourde aux propositions faites par la majorité sénato-riale. Des propositions qui, loin d’être am-bitieuses, sont indispensables pour relever les revenus bien faibles à ce jour des anciens combattants et victimes de guerre.Au nom de la rigueur et de la crise, les an-ciens combattants et victimes de guerre subissent les coupes franches budgétaires voulues par le gouvernement et soutenues par la majorité à l’Assemblée nationale. Pourtant, le débat budgétaire au Sénat l’a montré, il y a d’autres recettes possibles pour notre pays, des recettes basées sur la justice sociale qui permettrait une meilleure redistribution des richesses dans notre pays au service des anciens combattants et victi-mes de guerre entre autres.Sachez que je reste à votre disposition sur ce dossier comme sur d’autres.Recevez l’expression de mes sentiments les meilleurs. Cécile Cukierman. »

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FÉVrier 2012 - N°780 - le rÉVeil - 23

VoS DroitS VoS DroitS Le réVeiL

Ce courrier, accompagné de l’interven-tion que n’avait pu prononcer Danielle Bernal, secrétaire générale CGT-ONAC, lors du conseil d’administration ONAC du 26 octobre 2011, s’alarme de « la vo-lonté de l’ONAC de renforcer le rôle médico-psycho-social des écoles de réinsertion pro-fessionnelle (ERP) de l’ONAC ». La CGT rappelle que 18 réunions (rassemblant plus de 700 participants) ont conclu à la volonté des personnels de maintenir pour les travailleurs handicapés une formation diplômante (en priorité sur les autres formations) et la volonté d’ac-cueillir tous les publics orientés par les maisons départementales pour person-nes handicapées (MDPH).Or, la CGT constate que l’ONAC, refu-sant de prendre en compte cette volonté, entend imposer un projet institutionnel commun aux ERP et aux maisons de retraite. A partir d’une base de renfor-cement du rôle médico-psycho-social, les ERP seraient appelées à sélectionner un public les amenant à rejoindre les maisons de retraite dans un ensemble commun consacré au même milieu de vie de la dépendance.Or, souligne avec force la CGT, l’accès à la formation diplômante est la garantie réelle d’une véritable égalité des chan-ces, garante de l’emploi, garante de non discrimination des travailleurs handica-pés. Ce dont ont besoin les travailleurs handicapés, ce n’est pas de se voir ouvrir les portes de lieux de solidarité aux plus dépendants. C’est de formation profes-

sionnelle diplômante, c’est de l’accès à l’emploi, c’est de la solidarité de tous à l’ensemble des travailleurs handicapés.La CGT en appelle donc à la responsa-bilité morale de chacun envers les tra-vailleurs handicapés et au refus du plan ONAC qui aboutirait à fermer la porte des ERP aux accidentés de la vie et… également aux militaires.Pour conclure, en réaffirmant son oppo-sition à la RGPP (et aux contrats d’objec-tifs et de moyens), la CGT maintient son opposition à la Fondation (prévue par l’ONAC) qui serait nuisible aux intérêts des personnes âgées, à la reconversion professionnelle des travailleurs handi-capés et au service public.

onaCla Cgt, libre… de se taire !Dans le cadre de la modification du conseil d’administration de l’ONAC, réduit à 40 membres au lieu de 70, à compter de février 2012, la CGT a été priée de se taire.Comment faire pour que la CGT, pre-mière centrale reconnue officiellement par les élections syndicales nationales, ne vienne pas « faire de vagues » dans la nouvelle formation promise aux « Contrats d’objectifs performants » ?Élémentaire, mon cher Watson ! Parmi les syndicats représentatifs à l’ONAC, la CGT figurant en 3e position… rien de plus facile que de décider que seuls les deux premiers siégeront au conseil d’administration de l’ONAC… Et, « pas-sez muscade », le tour est joué.Certes, l’ARAC a protesté - la seule asso-ciation d’ACVG ? - et le pouvoir a fait un pas : la CGT pourra assister au CA de l’ONAC, en quelque sorte en « auditrice libre »… Libre de se taire, oui. Cela la ré-duira-t-elle au silence pour autant ? N’y comptez pas trop ; « O, Ministres intè-gres, Conseillers vertueux », car cette voix ne s’est jamais laissée bâillonner, en aucun cas. Les personnels savent lire et vos oreilles n’ont pas fini de siffler.

Le Per’Siffleur

DerNière MiNUte

renouVeLLement du cA de L’onAc

Un arrêté du 27 janvier 2012 a renouvelé pour quatre ans la com-position (réduite) du Conseil d’administration de l’ONAC. Parmi les 39 membres désignés par le secrétaire d’État aux Anciens Combat-tants figure André Fillère au titre d’ancien combattant de la guerre d’Algérie. Ce qui, par rapport au conseil précédent, réduit de moi-tié le nombre des membres de l’ARAC siégeant à cette instance. Autre absence à souligner, celle de la CGT/ONAC alors que figurent FO et la CFDT. Nous y reviendrons dans le prochain Réveil.

onaC

vers une discrimination de travailleurs handicapés ?

Dans une lettre adressée à tous les présidents d’associations d’ACVG et aux administrateurs sortants de l’ONAC, la CGT exprime ses craintes que la politique de mise en œuvre en matière de « projet institutionnel commun » aux maisons de retraite de l’ONAC… ne nuisent aux deux parties et débouchent, notamment, sur une « discrimination des tra-vailleurs handicapés ».

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Le réVeiL VoS DroitSVoS DroitS

le label Bleuet de france pour douze maisons de retraiteLa Commission nationale de l’ONAC chargée de l’attribution du label Bleuet de France à des maisons de retraite s’est réunie le 14 décembre 2011 pour exami-ner les dossiers de demandes reçues. Au terme de ses travaux, auxquels André Fillère participait, elle a retenu douze établissements qui pourront donc se réclamer du label en question.Rappelons que celui-ci est décerné en fonction du respect de la signature d’une charte, laquelle prend en compte les qualités de vie, d’hébergement, de nourriture, d’hygiène et de sécurité classiques... auxquelles s’ajoutent des conditions spécifiques aux anciens com-battants et victimes de guerre : réserva-tions de lits, animations mémoire, par-tenariat avec les associations d’ACVG, accueils d’expositions, cérémonies, etc. Cet accord de labellisation n’est réalisé qu’après l’avis favorable donné par la direction du service départemental de

l’ONAC concerné et de son conseil dé-partemental.

Les douze établissements retenus • Villa Sainte-Marie, Aurillac (Cantal),

23 rue du Général-Destaing, 15000.• Les Prés Verts, Reilhac (Cantal), 2 rue

Henri-Mondor, 15250.• La Sumène, Ydes (Cantal), 1 rue de la

Mine, 15210.• Les Résidentiels, Tonnay-Charente

(Charente Maritime), 3 bis rue du Co-teau, 17430.

• Villa Rediciano, Redessau (Gard), 6 rue du 19 Mars 1962, 17430.

• Cos Villa Pia, Bordeaux (Gironde), 52 rue des Treuils, 33082.

• Belle Croix, Floirac (Gironde), avenue Pierre-Mendès-France, 33270.

• La Clairière des Bernardins, Torigni-sur-Vire (Manche), 5 rue des Bernar-dins, 50180.

• Les grands Jardins, Colombey-les-Bel-

les (Meurthe-et-Moselle), 4 rue de la Gare, 54170.

• Korian-l’Esconda, Thonon-les-Bains (Haute-Savoie), 8 avenue de Thuyset, route d’Evian, 74200.

• La Doyenne - Les Myrtilles, Passy-Chedde (Haute-Savoie), 55 chemin des Écureuils, 74190.

• Florentine Carnoy, Warloy-Baillon, 15 rue du Général-Leclerc, 20300.

Ce sont donc 85 établissements répartis dans 45 départements qui vont porter le label du Bleuet de France, à l’image de la résidence Clair Logis à Sinceny (Aisne) où vient d’être faite cette inauguration en présence, notamment, de MM. Jean-Luc Lanouil (vice-président du Conseil général), Odelot (directeur du service départemental de l’ONAC) et de notre camarade Antoine Crestani, président de l’ARAC de l’Aisne, membre du Bu-reau national de l’ARAC et secrétaire général adjoint de sa mutuelle.

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FÉVrier 2012 - N°780 - le rÉVeil - 25

VIE DE L’ARAC VIE DE L’ARAC Le réVeiL

Un lecteur nous écrit

Maigre récompense…Suite à l’article du réveil sur l’évo-lution de la retraite du combattant, je viens de la recevoir et j’ai mis le nez dans mes comptes. Je vous les livre…

Selon le gouvernement, la retraite du combattant n’est pas un droit à répa-ration mais… une « récompense » ! Et celle-ci honorerait largement les an-ciens combattants que nous sommes. Pensez + 36,15 % entre 2007 et 2011. C’est Byzance !Voire… En novembre 2007, ma retrai-te du combattant s’élevait à 499,26 e

par an. En novembre 2011, elle est de 609,40 e. Soit, plus 110,14 e en 5 ans, c'est-à-dire + 22,028 e par an, 1,835 e

par mois. Le rêve quoi…Alors, qu’ai-je pu acheter de plus, avec ce pactole, en 2011 ?En novembre 2007, nous allions, avec ma femme, cinq fois par mois garnir no-tre caddie dans une grande surface du coin. Moyenne sur 5 achats : 132,84 e.En novembre 2011, nous n’y allons déjà plus que 4 fois par mois, finances obli-gent. Donc nous nous privions déjà. Par ailleurs, chaque caddie nous coûte désormais en moyenne 244,78 e. Soit un surcroît de dépenses de 112,14 e par mois en moyenne, + 45,81 %.A volume, quantité et qualité égales, le constat est clair : le compte n’y est pas ! D’où l’exigence des ACVG de rattraper au moins le retard pris par les pensions d’invalidité, les rentes mutualistes et la retraite du combattant, soit 43 % dé-tournés du fait des agissements des gouvernements !Comment ne pas aspirer à des change-ments fondamentaux en 2012, dans ces conditions ? Et surtout y travailler…

Alfred Le Borgne (91)

• Article 1er La République française institue une journée nationale de recueillement et de mémoire en souvenir de toutes les victimes de la guerre d’Algérie, des combats en Tunisie et au Maroc et de tous les drames.

• Article 2e

Cette journée, ni fériée, ni chômée, est fixée au 19 mars.

Le groupe socialiste espère fermement faire voter cette proposition de loi par le Sénat avant le 19 mars 2012. Resterait alors à la faire ratifier par l’Assemblée nationale. Là comme ailleurs, il fau-dra que le changement s’impose. Aux ACVG et à tous ceux pour qui histoire et mémoire sont indissociables de vé-rité et d’anticolonialisme… de faire le nécessaire.

19 Marsproposition de loi socialiste au sénat

Le sang du peuple syrien coule. La guerre s’y installe, porteuse de mort et de désolation. Si des problèmes réels existent en Syrie, l’ARAC condamne les violences et les tueries d’où qu’el-les viennent, de même que les campa-gnes en cours pour des interventions militaires extérieures.Elle refuse l’investissement mili-taire de la France, de l’Angleterre et des Etats-Unis, déjà en place dans la zone.

Elle soutient par contre toutes initia-tives politiques, notamment à l’ONU, qui peuvent contribuer à ce que le peuple syrien trouve rapidement le chemin d’une solution démocratique, pacifique, tout en mentionnant une possibilité réelle de stabilité au Pro-che-Orient, afin d’éviter une escalade aux conséquences catastrophiques.

situation en syrieDéclaration de l’araC

A l’initiative d’Alain Néri, le groupe socialiste au Sénat a déposé une proposition de loi visant à faire du 19 mars de chaque année, la jour-née officielle de souvenir et d’hommage pour toutes les victimes de la guerre d’Algérie. Après l’exposé des motifs, cette proposition se décline en 2 articles :

La campagne simple est une bonifica-tion qui, lors du calcul de la retraite pro-fessionnelle de la fonction publique, des travailleurs de l’État et assimilés, per-met de doubler le temps pris en compte spécifiquement.Deux décrets, en date du 4 janvier 2012 attribuent, l’un (n° 2012-4) la campa-

gne simple jusqu’au 31 décembre 2013 aux militaires en service en Afghanis-tan, pays et eaux avoisinantes. L’autre (n° 2012-5), aux militaires en service sur le territoire de la Jamahiriya arabe libyenne, du 1er mars 2011 au 14 mars 2011.

opeX i Campagne simple

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Le réVeiL VIE DE L’ARACVIE DE L’ARAC

L’ambassadeur a été accueilli à l’ECLA par le maire Alain Philibertet, Raphaël Vahé, président national de l’ARAC, Alain Richard, membre du bureau na-tional français du Village de l’Amitié, Raymond Rey, président de l’ARAC de Saône-et-Loire. L’accueil fut très cordial, le maire se disant « heureux d’accueillir un ambassadeur à Saint-Vallier pour la première fois ».Il remercia tous les présents, les élus, Nathalie Vermorel de Almeida, conseillère régionale, et les organisa-teurs de la très belle exposition. Pour sa part, l’ambassadeur dit combien il a été sensible à l’invitation, dit qu’il était là en tant qu’ami, remercia tous ses hôtes pour le soutien moral et ma-tériel apporté au peuple vietnamien et, anticipant un peu sur le débat qui allait suivre, affirma son désir de justice pour le Vietnam et insista sur le symbole fort que représente le Village de l’Amitié de Van Canh. La visite de l’exposition très parlante sur les atrocités dues à la propagation « d’orange » (nom donné à un défo-liant à base de dioxine contenue dans des fûts « ornés » de bandes oranges) déversé par l’armée américaine sur le territoire vietnamien, d’une part, et sur les activités du Village de l’Amitié de Van Canh, village situé à Hanoï et composé d’un hôpital, d’une école et de structures sociales, d’autre part. Et de souligner : « Les conséquences de cette guerre chimique sont énormes, catastro-phiques, et depuis 50 ans, continuent à

Saint-Vallier (Saône-et-loire)

village de l’amitié : une initiative pour la paix et la fraternité

handicaper et à tuer. 80 millions de litres de ce poison violent ont été répandus sur le Vietnam, poison qui est le plus violent que l’on connaisse. Cet un aspect de la guerre du Vietnam qui reste méconnu. 50 ans plus tard, ce poison, présent dans les sols, l’eau, les aliments, continuent de briser la vie de milliers d’enfants. »Le Vietnam demande réparation mais les autorités américaines demandent des « preuves scientifiques » après avoir cependant reconnu de nombreu-ses pathologies liées à l’agent orange et dédommagé « leurs » vétérans de la guerre du Vietnam et les enfants de

ceux-ci ». Raymond Rey insiste : « Cette guerre chimique et ses conséquences sont un recul de civilisation, il nous faut déve-lopper la paix. Aussi il est nécessaire, il est indispensable de bannir les guerres quels que soient leurs caractères, leurs objectifs. Il n’existe pas de guerre humanitaire, il n’existe pas de guerre propre, il n’existe pas de guerre chirurgicale. Toutes les guerres sont sources de profits fabuleux pour une poignée d’hommes qui ne les font pas, ne les subissent pas. Les guerres apportent aux peuples malheur, misère, désolation, deuils, en un mot, c’est un recul des civilisations… Pour faire reculer les guerres sous toutes leurs formes, développons une culture de paix, d’amitié, de solidarité permettant que chaque être humain puisse s’épanouir sur la terre ». Dans le Village de l’Amitié sont soignés 170 patients, un quart sont des vétérans vietnamiens et le reste sont des

17 octobre 2011 : à l’occasion de l’exposition de l’ARAC sur les consé-quences de la guerre chimique au Vietnam et sur le Village de l’Amitié de Van Canh, l’ambassadeur du Vietnam Duong Chi Dung a accepté l’invitation des organisateurs et de la municipalité de Saint-Vallier.

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FÉVrier 2012 - N°780 - le rÉVeil - 27

VIE DE L’ARAC VIE DE L’ARAC Le réVeiL

enfants et des adolescents pour qui est demandée réparation. Au cours du dé-bat très animé, la nombreuse assistance trouva réponses à ses interrogations. Raphaël Vahé expliqua aussi le rôle et l’organisation du Village et précisa que le coût par jour pour un enfant soigné et formé était de 2 euros. Ces enfants qui arrivent dans des états physiques et moraux terribles reçoivent des soins

appropriés menant à des améliorations visibles et leurs souffrances allégées. Mais on ne soigne dans ce Village que 170 personnes sur plus d’un million de demandeurs. Le combat pour la vie doit continuer. Il donna d’autres exemples de possibilités d’aide avec notamment le développement du tourisme solidaire.

Extraits d’un article de Montceau-News

Le 12 janvier dernier, à Septèmes-les-Vallons, l’ARAC départemen-tale a présenté, dans les salles du Foyer Missak Manouchian, l’expo-sition réalisée par ses soins afin de toujours mieux populariser l’ARAC, sa Mutuelle, le réveil, leur action et leur nécessaire renforcement.

Sous la présidence de Jacques Delaubier et en présence d’une nombreuse assis-tance, parmi laquelle le maire, des élus, des représentants d’associations dont notre ami Marcadet pour l’ANACR... Patrick Saintenoy et sa collègue Eve présentèrent treize panneaux souples illustrant, en ce 95e anniversaire de l’ARAC et le 50e anniversaire de la fin de la guerre d’Algérie, l’action permanente de l’ARAC appuyée sur ses valeurs ré-publicaines.Action contre la guerre, contre le fas-cisme, dont Georges Doussin dira dans son intervention « qu’elle est née dès la venue du fascisme et qu’elle ne cessera qu’avec sa disparition », action pour la mémoire, le civisme, cette exposition traite de l’ARAC par période : 1914-1918 (la guerre), 1919 (le droit à répa-ration, combats pour la vie, des voix pour l’espoir), 1935-1936 (lutte contre le fascisme, victoire du Front populai-re), 1939-1945 (la 2e guerre mondiale,

l’ARAC dans la tourmente), 1946-1954 (la guerre d’Indochine), 1952-1962 (guerre d’Algérie, combats du Maroc et de Tunisie), deux panneaux extrême-ment importants pour qui se souvient que Marseille était le port ouvert sur la guerre et le camp Saint-Marthe un point de passage obligé.Au chapitre des innovations heureu-ses, parce qu’en prise sur l’actualité, un panneau entier consacré aux OPEX (y compris avec le rôle des femmes soldats au plan de la solidarité avec les popula-tions sur le terrain), et deux panneaux complets sur la Mutuelle de l’ARAC d’hier à aujourd’hui. Les journaux de

Bouches-du-rhôneChapeau… l’expo !

l’ARAC (du Combattant anti guerrier de 1920 au Réveil des Combattants de 2012) et le rappel des dirigeants et congrès na-tionaux de l’ARAC viennent illustrer, en clôture, la permanence des luttes de l’ARAC pour ses idéaux républicains.Saluée tour à tour par Georges Doussin et André Fillère, qui soulignèrent com-bien, loin d’être un regard passéiste, cette initiative s’inscrivait avec acuité et modernisme dans nos combats d’aujourd’hui. Cette exposition doit s’avérer un outil précieux de communi-cation avec la population des Bouches-du-Rhône. Présentée dans les villes et les villages, les établissements scolaires, les maisons de la culture... elle se veut outil de dialogue, de communication, de persuasion, d’adhésion et d’élargis-sement de l’action.Une excellente initiative qui mérite un grand coup de chapeau à l’ARAC des Bouches-du-Rhône.

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le rÉVeil - N°780 - FÉVrier 201228 -

Le réVeiL VIE DE L’ARACVIE DE L’ARAC

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portaBles 030486 Bary rayMonD - WiSSoUS (91) 073262 MarCo - VitrolleS (13) 025776 DuranD eMilienne - reNNeS (35) 139620 peyrouse MarC ValloN poNt Darc (7)

appareils pHoto 071724 Bailet MauriCe - St MartiN DU Var (6) 130603 santoyo Manuel - NiMeS (30) 068792 tali anDrÉ - MoNtpellier (34) 138570 JuillarD rayMonD BUSSiereS (71)

leCteurs DvD 015093 le DanteC guy - GoUeSNoU (29) 144582 antoinat MiCHel - BaSSeNS (73) 069863 Buono renÉ - St MaNDrier (84) 082833 severaC anDrÉ - BlaGNac (31)

CaDres nuMeriQues 148165 allioD Jean - MONTANAY (69) 107637 lepee Henri - VILLEJUIF (94) 033184 fayolle guy - SartroUVille (78) 088055 fontaine paul - BoUrGeS (18)

Bons CaDeaux 063855 Canvel renÉ - pariS 12e (75) 136822 Cuzin renÉ - BoUcHet (26) 034501 vanBesun - MASSY (91) 128113 MissuD pierre - oGNeS (13) 058982 Muller Jean - la coUrNeUVe (93) 129555 tHiel niColas - SAUSSET/PINS (13) 149077 grosset Mireille leS coNDaMiNeS (74) 139503 CourBis roger VALLON PONT D’ARC (7) 071291 MiCHelet - Nice (6) 014494 vulpiani CHarles - toNNeiNS (47) 052574 Maireaux ClauDe - reiMS (51)

grill touts pains 096963 BHer georges FONTENAY/BOIS (94)

Bains De pieDs 099062 Baretge georgette - TORCY (77) 011912 sala Jean - riVeSalteS (66)

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nos peines FÉVrier 2012Le Réveil des Combattants adresse aux familles et aux amis de nos camarades décédés ses sincères condoléances.

allier (03)Commentry : Fernand BOUCHARD, AC 39-45Gannat : Jean RATINIER, AC 39-45

BouCHes-Du-rHÔne (13)Marseille centre : Antoine ANGELINI. Jacques HE-BRARD, AC ATM. Jacques PELLE, AC ATMrognac : Lucien MAZIE-RE, AC ATM.rousset : René SUZANNE, AC Indochine, porte-dra-peau de la section.

Velaux : Mme Rose BONNETVellutini : Roger BRUCHE, Résistant.

CHer (18)Argent-sur-Sauldre : Roger JOULIN, 69 ans, AC ATM. ernest RAIMBAULT, 98 ans, AC 39-45, Résistant.

Haute-garonne (31)Lévignac : Antoine XAUSA, 80 ans, AC ATM, Médaille militaire, Croix Engagé volontaire, vice-président de la section.

HÉrault (34)Balaruc-les-Bains : René ROUANNET, 78 ans, AC ATM.

ille-et-vilaine (35)rennes : Mme Armande MENTEC, 92 ans, veuve.

loire (42)Saint-Étienne : Pierre THOMAS.

Haut-rHin (68)Mulhouse : Lucien SCHULTZ, 88 ans, AC 39-45.

sartHe (72)La Suze-sur-Sarthe : Mme Madeleine GALBRUN. Lucien LAURE. Raymond NIEPCERON.

paris (75)rATP : Julien LE NAVE-NEC.19e : Guy DOUCET, 86 ans. Jacques MECHAIN, AC ATM.

vienne (86)Chatellerault : Jacques CROCHU, Résistant, interné à Poitiers puis à

Compiègne, déporté à Auschwitz-Birkenau puis à Buchenwald, Chevalier de la Légion d’honneur.

essonne (91)Chilly-Mazarin : Raymond BARRIAS, AC ATM.

val-De Marne (94)Villejuif : Mme BESSE-ADAM Jane, 87 ans, AC Indochine.

Conseil national Herserange : Mme Cécile ROBERT

n° gagnant De la voiture : 37653 M. Boulingez - locoN (62)

gagnants de la loterie de noël - Réveil des combattants

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FÉVrier 2012 - N°780 - le rÉVeil - 29

VIE DE L’ARAC VIE DE L’ARAC Le réVeiL

Courant janvier, plusieurs adhérents et sympathisants se sont retrouvés à Ker-goat pour un goûter républicain. Lors de ces retrouvailles, Jean Moal s’est vu gra-tifié d’un diplôme d’honneur remis par

Jacqueline Héré, adjointe au maire, et d’une médaille d’argent en sa qualité de porte-drapeau de l’ARAC depuis 13 ans, en présence de Jean Salaud, responsa-ble départemental de l’association.

Brest i le porte-drapeau Jean Moal mis à l’honneur

Après avoir énoncé les mérites du ré-cipiendaire, le responsable du comité brestois, Pierre Robin, a également rap-pelé le vœu de l’association, récemment réitéré par courrier adressé au maire, de voir une rue de Brest porter le nom d’Ambroise Croizat, le fondateur de la Sécurité sociale. Cette demande a été faite conjointement avec l’ANACR.

fouesnantLa section de l’ARAC de Fouesnant, qui a tenu son assemblée générale en janvier 2012 en présence de Joseph Coroller, président de la section et de Jean Salaud, président départemental, a rappelé l’attachement de l’ARAC au maintien du 19 Mars comme date com-mémorative de la fin de la guerre d’Al-gérie. D’autre part, l’association entend se mobiliser pour faire reconnaître les OPEX (opérations extérieures).

De gauche à droite, Jacqueline Héré, Jean Salaud, Jean Moal et Pierre Robin.

Il y a 50 ans, le 19 Mars 1962, le cessez-le-feu proclamé of-ficiellement sur le terrain ouvrait la porte à la fin de la guerre d’Algérie. Les accords d’Évian du 18 mars étaient approuvés par un référendum adopté par 91 % des Françaises et des Français. Ainsi, la très grande majorité des citoyennes et ci-toyens voyaient enfin finir un cauchemar pour les peuples de France et d’Algérie.En ce jour anniversaire, n’oublions pas tous les morts de cette guerre, les 28 000 militaires français tués, les centaines de milliers revenus blessés ou malades, toutes les victimes algériennes (civiles ou combattantes) et tous les déracinés par l’histoire.Rendons hommage à tous les soldats du contingent, à tous les officiers et sous-officiers républicains qui ont sauvé la République en refusant de suivre les généraux putschistes et leurs complices, lors de la tentative de coup d’État d’avril 1961 pour empêcher le processus qui a mené à la paix.L’exigence de commémoration officielle du 19 Mars 1962, que nous exprimons constamment avec d’autres associa-tions, est un acte de mémoire et de vérité qui concerne aussi bien l’histoire présente de la France que celle de l’Algérie.

Dans ce sens, il est nécessaire de rappeler notre exigence d’abrogation de la loi du 23 février 2005, qui veut banaliser et réhabiliter aux yeux des gens le colonialisme subi par l’Al-gérie et d’autres pays africains.Aujourd’hui encore, les anciens combattants en Algérie, au Maroc et en Tunisie, toutes celles et tous ceux qui sont attachés aux valeurs républicaines, de liberté, d’égalité et de fraternité doivent s’unir pour s’opposer à la réhabilita-tion des criminels de l’OAS, à leurs complices revanchards d’aujourd’hui que certains présentent comme des héros et, d’une manière plus générale, s’opposer à tous ceux qui ten-tent de semer et d’entretenir la haine, le mépris, le racisme et la xénophobie.Cinquante ans après la fin de la guerre d’Algérie, il est grand temps que les peuples français et algérien entretiennent des relations de paix, d’amitié et de solidarité. Il est grand temps qu’un traité d’amitié et de coopération soit enfin signé.Au nom du souvenir de tous les morts, bâtissons ensem-ble une ère de paix à laquelle aspirent tous les peuples du monde.

50e anniversaire du 19 Mars 1962

fin de la guerre d’algérie

Message de l’ARAC

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le rÉVeil - N°780 - FÉVrier 201230 -

Le réVeiL MaGaziNeMaGaziNe

Mur de sable Mur de sable brûlures d’algériebrûlures d’algérieMario urbanet, préface de Gérard Noiret, Collection poésie poche, 11 e, réédition, janvier 2012.

Mario Urbanet a été appelé en Algérie et y a fait son service de 1956 à 1958. Qua-rante ans plus tard, ce qui n’avait pas été dit ni écrit remonte à la surface. Ce qu’il nous livre aujourd’hui n’est pas un sim-ple récit de souvenirs. Ici, le témoignage prend la forme d’un grand poème non seulement pour raconter ce qui a été, mais pour essayer de comprendre com-ment des jeunes « normaux » ont pu être entraînés dans la machinerie de la guerre et sa barbarie. Interrogation d’autant plus actuelle que l’histoire pa-raît se répéter avec entêtement…

le refusle refusAlban Liechti, Collection essais, 21 e, réimpression, janvier 2012.

En juillet 1956, le jeune Alban Liechti (21 ans) reçoit son ordre de mission pour être envoyé en Algérie et « parti-ciper aux opérations du maintien de l’ordre ». Ayant contribué à la mobili-sation contre la guerre d’Indochine et pour la libération d’Henri Martin, Al-ban ne veut absolument pas prendre part à cette nouvelle guerre coloniale. Après discussion avec ses camarades et sa famille, il décide d’écrire au président de la République pour lui signifier son refus.Emprisonné dès son arrivée en Algérie, il est convoqué devant le Tribunal mili-taire et condamné à deux ans de prison

pour refus d’obéissance le 19 novem-bre 1956. Sa décision n’a pas été sans susciter interrogations et discussions. L’affaire des « soldats du refus » reste un des épisodes marquants et toujours controversés de l’histoire de la lutte contre la guerre en Algérie et particuliè-rement de l’attitude des communistes français. Nous ressortons ce document dans le cadre des 50 ans des Accords d’Évian.

l’asl’asTahar ouettar, Collection roman des libertés, traduit de l’arabe par Bouzid Cousa, parution mars 2012.

L’As (peut-être le chef d’œuvre de Ta-har Ouettar, qui prend place dans la littérature révolutionnaire aux côtés de La Mère de Gorki ou de Gouverneurs de la rosée de Roumain) raconte la guerre d’Algérie, vue du côté des combattants algériens, et plus précisément à travers le regard de l’As, personnage principal et sorte d’idiot du village. Il raconte la répression et les tortures, mais aussi un épisode jusque-là tabou : la liquidation de maquis communistes par l’aile droite du mouvement nationaliste. L’As a été publié en arabe à Alger en 1974.Tahar Ouettar est considéré comme l’un des principaux écrivains algériens arabophones, connu et étudié dans tout le monde arabe. Il a participé à la révo-lution algérienne et a connu, avec Bou-mediene, la prison pendant la lutte de libération nationale. Celui-ci président, Tahar fut l’un des rares cadres marxis-tes du FLN. Il a été, ensuite, directeur de la radio nationale. Ses romans et ses nouvelles n’ont cessé d’interroger la société algérienne. Il est mort à Alger durant l’été 2010.

pour l’anniversaire du cessez-le-feu en algérietrois livres au cœur de nos débats

Le Temps des cerises publie trois ouvrages à l’occasion du 55e anniversaire du cessez-le-feu en Algérie. Deux des auteurs seront présents dans nos initiatives commémorant cet anniversaire :• dans la Maison des syndicats de Créteil, le 24 mars 2012

de 11h à 17h pour notre fête de la fraternité france-algérie• à l’Hôtel de ville de Paris, salle des Conférences, le 3 avril de 9h30 à 17 h

pour notre rencontre de réflexion sur les thèmes suivants : - la France se doit d’assumer la guerre d’Algérie,- les deux Nations française et algérienne se doivent d’engager une coo-pération qui contribuera à l’installation de la paix en Méditerranée.

Le troisième ouvrage a été écrit par un écrivain algérien malheureusement décédé en 2012, mais nos amis algériens témoigneront pour lui.

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FÉVrier 2012 - N°780 - le rÉVeil - 31

DoSSier Le réVeiLMaGaziNe MaGaziNe Le réVeiL

pour l’anniversaire du cessez-le-feu en algérietrois livres au cœur de nos débats

a ne pas manquer !

Philippe Broussard est rédacteur en chef du service Enquête de l’Express. Ancien grand reporter au Monde (1989-2005), il a reçu le prix Albert Londres en 1993. En novembre 2000, il a rencontré à Buenos Aires la mère de Marie-Anne Erize, née d’une famille française vivant en Argentine, enlevée le vendredi 15 oc-tobre 1976 à San Juan et jamais retrou-vée à ce jour. Elle avait 24 ans et, durant près de trente ans, Philippe Broussard va se livrer à une enquête minutieuse, tant en France qu’en Argentine, pour aider Françoise (sa mère) à connaître la vérité, à tenter de retrouver sa dépouille, à faire son deuil.Ce livre, c’est surtout l’échange émou-vant de lettres qu’il adresse à Françoise, chacune d’elle étant « ouverte » par des chapitres plus moins longs, situant politiquement et historiquement la si-tuation en Argentine, son évolution, en même temps que le contexte familial et les sentiments des Erize. Il « rend compte », en quelque sorte, des épiso-des de son enquête, de son impact émo-tionnel sur ses propres sentiments, ses espérances d’aboutir au châtiment des bourreaux, ses désillusions douloureu-ses avec, malgré tout, l’évolution des événements qu’elle entraînera jusqu’à l’emprisonnement du tortionnaire.Marie-Anne avait un physique de man-nequin et des utopies de rebelle soli-dement ancrées sur sa solidarité chré-tienne et sa conscience de la situation dans laquelle la dictature plongeait le peuple argentin. Grandie dans la jun-

gle du nord de l’Argentine, elle ira des bidons-villes de Buenos Aires aux quar-tiers chics de Paris, des coulisses de la mode à celles de la guérilla.L’avenir aurait pu lui sembler radieux. Top modèle faisant la « une » du journal Siété dios, côtoyant des célébrités, réa-lisant des spots publicitaires, tel celui encore visible aujourd’hui sur Internet pour les cigarettes Jockeys (You tube : Jockey Soley Soley, magnifique en blanc, foulard autour du cou, avec deux autres jeunes femmes), elle a flirté avec cet univers aisé, aimé quelques hommes à cœur perdu… et a tout laissé pour rejoindre les pauvres, les opprimés, belle et rebelle… jusqu’à ce jour où des militaires en civil l’ont enlevée, dans cette dictature qui fit plus de 30 000 victimes !Philippe Broussard, parti sur les traces de La disparue de San Juan, a interrogé des dizaines de témoins, exhumé des archives et tenté d’assembler peu à peu le puzzle des multiples vies de Marie-Anne. A travers elle, à travers le destin de migrants venus de la France et de l’Italie jusqu’à la Pampa, puis à Wanda (pas loin des chutes d’Iguaçu, magnifi-ques, au Nord, à la limite du Paraguay) et enfin Buenos Aires, Broussard nous faire connaître cette famille de cathos plutôt rigides, chez qui les apparences… sauf pour Marie-Anne, qui fréquente le bidonville voisin, la « villa » du Bajo Bel-grano. Peron, les jeunes Montonéros en lutte, les EAR (Armée révolutionnaire du peuple) et les FAR (Forces armées révolutionnaires), les curés du Tiers monde qui prêchent dans les villas mi-serias… à l’indignation de l’Église consu-nontrice !

Marie-Anne jeune, catho qui veut un monde meilleur, s’engage… spécifique-ment et aussi par amour pour Daniel, « Pancho », « El Flaco »… Traqués, ils fuient jusqu’à San Juan (petite ville de l’Ouest argentin, à 1000 km de Buenos Aires au pied de la Cordillère des An-des) jusqu’à ce 15 octobre 1976.La terreur, après le coup d’État… Et pourtant, les parents, enfermés dans leur intégrisme, ne comprennent pas : « Que les militaires enlèvent les communis-tes, c’est normal. Mais Marie-Anne, pour Marie-Anne ? » Sans doute parce qu’elle, elle avait compris qu’il fallait briser les barrières et lutter. Philippe Broussard mène certes une enquête. Mais son livre est plus qu’un témoignage du drame vécu par les Argentins, par cette jeu-nesse généreuse et assassinée, par tous les exilés ayant dû fuir leur pays, par nos amis du Colectivo argentin pour la mémoire, toujours révoltés et toujours en lutte pour la justice, pour que soient enfin jugés les bourreaux, tel ce Jorge Oliviera, officier d’extrême droite, sans doute meurtrier de Marie-Anne après l’avoir violée, torturée et fait disparaître du centre de tortures de La Marquesita (faubourg de San Juan). Aujourd’hui, avocat, il est impliqué dans une cin-quantaine de dossiers judiciaires. Ar-rêté en Italie en l’an 2000 et relaxé, les temps ont changé. Il était, fin décembre 2010, incarcéré à « Campo de Mayo ». Sera-t-il jugé un jour ? Philippe Brous-sard le croit-il ? Nous, nous l’espérons, pour que Françoise Eriza puisse faire son deuil et que nous, nous puissions croire encore en la justice.

la disparue de san Juan la disparue de san Juan - argentine, octobre 1976- argentine, octobre 1976Philippe Broussard, Les documents ed. Stock, 22 euros

Suite à ma rencontre à Buenos Aires avec les soldats « non reconnus » de la guerre des Malouines, et notre premier article dans le réveil, Alicia Bonet-Krueger (présidente du Collectif argentin pour la mémoire en France) les a visités à son tour. Et surtout, rentrant à Paris, elle m’a vivement recommandé, si je voulais comprendre la période de terreur du dictateur Videla, de lire cet ouvrage… Ce que j’ai fait et qui m’a profondément interpellé.

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