Le réveil des combattants - Mai 2011

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Mai 2011 - N°772 - 5 e DES COMBATTANTS l e réveil Pour l’amitié, la solidarité, la mémoire, l’antifascisme et la paix AFGHANISTAN : LES INVISIBLES BLES- SURES DE GUERRE LA COMMUNE DE PARIS 18 MARS - 28 MAI 1871 LE RASSEMBLEMENT DE L’ARAC À TERGNIER Le journal des droits de tous les anciens combattants et victimes de guerre La lecture de la lettre d’Annette par les élèves du lycée Gay-Lussac, au rassemblement national de Tergnier Le travail de mémoire, Indispensable pour porter notre avenir

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Le journal Le réveil des combattants - Mai 2011

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Mai 2011 - N°772 - 5 e des combattantsle réveilPour l’amitié, la solidarité, la mémoire, l’antifascisme et la paix

AfghAnistAn :Les invisibLes bLes-sures de guerre

LA Commune de PAris

18 mArs - 28 mAi 1871

Le rAssembLement de L’ArAC à tergnier

Le journal des droits de tous les anciens combattants et victimes de guerre

La lecture de la lettre d’Annette par les élèves du lycée Gay-Lussac, au rassemblement national de Tergnier

Le travail de mémoire, Indispensable pour porter notre avenir

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LE RÉVEIL actuaLItÉsactuaLItÉs

Le nom de code « Géronimo » utilisé lors de l’opération des for-ces spéciales américaines « Navy seals » qui s’est soldée par l’as-sassinat du terroriste Ben Laden a suscité la colère des Indiens d’amérique.

Selon l’agence de presse internationale Reuter, reprise par de nombreux mé-dias, le commando US, infiltré en terri-toire pakistanais, a confirmé la réussite du raid meurtrier, en envoyant un mes-sage intitulé « Géronimo E-KIA », pour Enemy killed in action.La commission sénatoriale chargée des affaires indiennes a été saisie pour débattre de cet amalgame et de l’émoi suscité par le lien établi entre le nom du grand chef Apache, « l’un des plus grands héros indiens américains » et « l’ennemi le plus détesté des États-Unis », a indiqué Loretta Tuell, conseillère juridique de la commission. « Assimiler Géronimo ou quelque autre personnalité indienne américaine à Oussama Ben Laden, mas-sacreur et lâche terroriste, est douloureux et blessant pour les Indiens d’Amérique » a, de son côté, écrit Jeff Houser, président

de la tribu apache de Fort Still, dans une lettre au chef suprême des armées US, Barack Obama.

Vieux démons ou inconsciente volonté de réécrire l’histoire?Dans tous les cas, honte à ceux qui se sont permis cette odieuse comparai-son. Certains stratèges du Pentagone n’ont décidément rien à envier aux ré-visionnistes, négationnistes de tout poil. Ceux-là même qui nient les chambres à gaz et la Shoa, le génocide arménien, l’esclavage du peuple africain, l’extermi-nation des Indiens d’Amazonie au nom de la Sainte Église catholique, où encore le goulag…En 1858, après le meurtre de sa mère, de sa femme et de ses trois enfants par l’armée mexicaine, un Indien Chiraca-hua, Go khla Yeh, conduit des raids de représailles en territoire mexicain. Un an après, le 30 septembre, jour de la Saint-Jérôme, il sème la terreur dans un village mexicain. Les cris des habitants invoquant saint Jérôme (Géronimo ! Gé-ronimo ! ) pour leur défense, l'inspirent : Géronimo est né. Des années de combat contre l’envahis-seur yankee commencent. Les Indiens sont pourchassés, trompés, déportés,

parqués dans des réserves, massacrés. La faim, la misère, l’alcool et les mala-dies « importées » par l’homme blanc les déciment. Des siècles de culture sont niés, anéantis. Pour certains historiens, le plus grand génocide de l’histoire de l’humanité. Contre tout cela il luttera inlassablement.Géronimo était un authentique résis-tant à l’oppression, à la barbarie, à la colonisation. Un Jean Moulin, un Rol Tanguy, un colonel Fabien. Un com-battant du peuple. Rien à voir avec le fils d’une dynastie de milliardaires saoudiens, religieux illuminé payé un temps par la CIA, allié des Talibans… un oppresseur.Quelques jours avant sa mort, après des années de captivité, le vieux combattant écrivit : « Quand le dernier arbre aura été abattu ; Quand la dernière rivière aura été empoisonnée ; Quand le dernier poisson aura été péché ; Alors on saura que l’argent ne se mange pas ».Un peu de respect Monsieur le prix No-bel de la Paix! Des excuses ne seraient pas de trop.

Jean-Pierre Delahaye

1 / A lire absolument : Pleure Géromino de Forrest Carter, édition Gallimard, collection Folio.

N’oubliez pas d’acheter vos tickets de bons de soutien « campagne nationale aRac 2011 » auprès de vos sections lo-cales ou comités départementaux ou les réclamer auprès de la trésorerie nationale.

Le tirage aura lieu le 22 juin 2011. La liste des nu-méros récompensés sera publiée dans le Réveil des combattants de juillet-août 2011.

Campagne nationale des bons de soutien 2011De nombreux lots : téléviseurs, voyages, ordinateurs…

Pleure Géronimo ! (1)

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ÉDItOÉDItO LE RÉVEIL

sOMMaIRE

P. 13 D O s s I E R

La Commune

de Paris 18 mars - 28 mai 1871La Commune de Paris, dont c’est le 40eme anniversaire, est un moment fondamental de notre histoire.

LE RÉVEIL DES COMBATTANTS Fondé en 1931 par Henri-Barbusse

Mensuel de l’association républicainedes anciens combattants et victimes de guerre.commission paritaire n° 0713-a 06545Édité par les Éditions du Réveil des combattantssaRL au capital de 45 734,41 - siret : 572 052 991 000 392, place du Méridien, 94807 Villejuif cedextéléphone : 01 42 11 11 12télécopie : 01 42 11 11 [email protected]

Tirage : 60 000 exemplaires

Gérant-directeur de la publication : Raphaël VaHÉ • Directeur délégué : Patrick staat • Rédacteur en chef : Raphaël VaHÉ • Directeur promotion et publicité : claude Delevacq • Se-crétariat de rédaction, conception graphique : Escalier D communication • Impression : RIVEt P.E. - 24 rue claude-Henri-Gorceix, 87022 Limoges cedex 9 • Photos Tergnier : antoine cREstaNI et Paul MaRKIDEs

ce numéro du Réveil a été tiré le mercredi 1er juin et remis le jour même à la Poste. Il devrait donc parvenir à chaque abonné le 8 juin au plus tard. Merci de nous faire part de vos observations.

Actualités p. 4

Afghanistan : les invisibles blessures de guerres . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 4Le rassemblement national de Tergnier . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 6

Vos droits p. 21

Mutuelle de l’ARAC . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 21OPEX, vers un mémorial . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 22 Handicap et perte d’autonomie . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 23

International p. 24

Libye : enlisement ou partition ? . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 24Israël, Palestine :Obama se contente de généralités . . . . . . . . . . . . . . . . 25

Vie de l’ARAC p. 26

Il y a 50 ans : le putsh des généraux à Alger . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 26La vie des comités . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 27

Magazine p. 30

A un moment où les acquis du Front populaire, du pro-gramme du Conseil natio-

nal de la Résistance, de 1968, de 1981 sont démantelés par le gou-vernement, il est plus que jamais utile de rappeler les combats et les luttes qui ont conduit à de telles

avancées sociales, à un tel progrès humain.C’est le choix que nous avons fait lors de notre Ras-semblement de Tergnier (Aisnes), le 14 mai dernier en évoquant par l’expression de nombreux jeunes sco-laires, collégiens et lycéens, l’action de ces résistantes et résistants qui, au péril de leur vie, ont défendu leur conception de la liberté, de l’égalité, de la fraternité. En combattant dans cette période difficile 1939-1945, ces hommes, ces femmes, ces jeunes ont fait preuve de courage, de détermination et ont montré que l’avenir se construit chaque jour, que demain est le fruit des luttes et des combats d’aujourd’hui. Ils sont en cela les héritiers de 1789, de la Commune de Paris dont nous fêtons le 140e Anniversaire dans ce numéro.Le sens du Rassemblement national de l’ARAC à Ter-gnier, c’est le combat pour la mémoire, et son utilité dans les mobilisations citoyennes. La mémoire vive, c’est permettre une compréhension meilleure des événements et des actes d’hier, permettant ainsi de mieux construire son avenir. L’histoire de la société depuis des siècles s’est construite à partir d’une l’uto-pie, d’une espérance, dont les hommes et les femmes ont besoin. Leurs combats ont été menés à partir de la vision de la société à laquelle ils aspiraient pour leurs enfants.En menant cette bataille de la mémoire nous fai-sons connaître l’utilité de leurs luttes, l’histoire de la France, l’histoire de l’émancipation humaine qui a conduit à la conquête des valeurs républicaines qui constituent le socle de la société d’aujourd’hui. C’est cet enjeu décisif que le gouvernement tente de s’ap-proprier et détourner l’histoire à des fins politiciennes et partisanes.Notre Rassemblement national a ouvert une trace sur le difficile chantier des réponses aux attentes des nouvelles générations. Plus que jamais, nous avons besoin que se construise ensemble entre citoyens ré-sistants d’hier et citoyens résistants d’aujourd’hui, un large rassemblement capable de donner un nouveau souffle aux acquis démocratiques et sociaux. Enga-geons-nous sans attendre pour la victoire des valeurs universelles de notre République.

Raphaël Vahé

Le sens du Rassemblement national de l’ARAC

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D’abord, il y a eu la Côte d’Ivoire. Deux fois. Le jeune homme rentre hanté par le souvenir des cadavres qu’il a aperçus en mission. Il en parle peu, mais espère que ses entorses à répétition lui permet-tront d’être déclaré incapable de repartir au combat. Un médecin militaire en dé-cide autrement : en juillet 2006, Baptis-te est envoyé en Afghanistan. Très vite, il perd les pédales. Un appel raté avec sa petite amie suffit à l’ébranler : il casse la cabine téléphonique à coups de poing et de pied. Le médecin lui donne des somnifères, le commandement lui re-tire ses hommes. Des semaines durant, déboussolé, il erre sur le campement. Un mois avant la fin de sa mission, Bap-tiste est enfin rapatrié : « Un rapatrie-ment coûte cher, c’est pour ça qu’ils sont si rares », explique sa mère. « Surtout, ça montre un certain échec de la mission. Faudrait pas trop que ça se sache ! »De retour en France, Baptiste a perdu dix kilos. Quelques semaines plus tard, il tente de mettre fin à ses jours dans les Côtes-d’Armor, où il réside. Les secours le sauvent de justesse, mais il garde des séquelles psycho cognitives de ses trois mois de coma. Si Baptiste a tenté de se suicider, d’autres deviennent agressifs, insomniaques, toxicomanes ou bipolai-res. Les manifestations de la dépression sont nombreuses. Mais il en est une qui touche particulièrement les militaires : le syndrome de stress post-traumatique (SSPT), c'est-à-dire la pénétration dans l’appareil psychique de l’image de la mort. Le soldat revit sans cesse l’événe-ment qui l’a choqué. « Dès qu’un crayon tombe sur le sol, Baptiste fait un bond », témoigne sa mère. « Dans sa tête, il est encore au combat. »En France, il a fallu attendre 1992 pour qu’un décret officialise la reconnaissan-ce du traumatisme comme blessure de

guerre. Elle donne droit à des pensions. Les quelque 20 000 soldats français envoyés en Afghanistan depuis 2001 ont cristallisé les besoins sur le plan de l’accompagnement psychologique, et la prise en charge des soldats n’a cessé de progresser. La « gestion du stress » fait désormais partie, à chaque étape de la mission, d’une procédure institutionna-lisée. Avant le départ, des « soldats ré-férents » sont sensibilisés dans chaque unité au soutien moral de leurs troupes.

Depuis quelques années, un psychiatre et un psychologue sont également pré-sents en permanence en Afghanistan, prêts à intervenir en cas d’« événement grave ». Le psychiatre voit les personnes qui le souhaitent ou qui sont envoyées par leur médecin d’unité. Le psycholo-gue impose un débriefing collectif suivi d’un entretien individuel. Le premier fait du curatif, le second du préventif.Mais ces moyens demeurent insuffi-sants. Selon un psychologue de l’armée

afghanistan

Les invisibles blessures de guerreLui est incapable de témoigner, alors c’est sa mère qui s’en charge. Elle raconte comment Baptiste (1) a tenté de se suicider, en février 2007, trois mois après son retour d’afghanistan. comment elle se bat, depuis, pour que l’armée reconnaisse son traumatisme de guerre.

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de terre, un lieutenant-colonel qui a re-quis l’anonymat, le dispositif actuel ne permet absolument pas de suivre tout le monde. François Lebigot, spécialiste des traumatismes militaires et ancien chef du service psychiatrie de l’hôpital militaire Percy à Clamart (Hauts-de-Seine), ajoute : « On aurait aimé avoir plus de personnel, mais ce n’est pas nous qui tenons les cordons de la bourse. » Le ministère de la Défense n’a pas souhaité s’exprimer. Pourtant, il communique beaucoup sur l’amélioration de la prise en charge psychologique, notamment à travers le « sas de fin de mission ».Depuis fin 2009, les soldats déployés durant six mois en Afghanistan passent trois jours à Chypre, dans un hôtel cinq étoiles. Au programme : relaxation, sophrologie, mais aussi réunion de groupe avec un psychologue qui enca-dre ces débriefings de fin de mission. Des entretiens individuels peuvent aus-si être menés pour ceux qui en éprou-vent le besoin. Selon le psychologue, 80 à 90 % des militaires sont satisfaits de leur passage à Chypre. « Ça permet de faire complètement la rupture », explique Bernard, un médecin militaire déployé en Afghanistan. « Là-bas, une nuit sur trois, on était attaqués à la roquette : vous tenez six mois comme ça, vous ne pouvez pas revenir normal en France ! Chypre, c’était pour nous réadapter à une vie sans danger. »Le chef du service psychiatrie de l’hôpi-tal militaire du Val-de-Grâce (Paris Ve), le professeur Humbert Boisseaux, qui a participé à la réflexion sur la mise en place de ce dispositif, estime qu’il ne faudrait pas laisser à penser qu’« un trai-tement des troubles psychiques de guerre est réalisable en trois jours ». D’ailleurs, cer-tains soldats ne passent pas par Chypre : ceux qui partent moins de six mois en mission ou ceux qui sont blessés physi-quement. Par ailleurs, le sas accentue parfois le malaise de certains soldats traumatisés, qui mesurent à cette oc-casion le décalage avec leurs autres ca-marades.Une fois en France, le suivi reste primor-dial. D’après des études américaines, le syndrome de stress post-traumatique se

déclare en moyenne six mois après le retour du soldat chez lui. Mais là encore, ce suivi a longtemps été négligé. « Le mé-decin nous a déclaré aptes à continuer la mission, alors qu’on était tous traumati-sés », raconte Antoine, qui a perdu deux camarades en Afghanistan. « On devait être suivis par des psychologues à notre re-tour, mais on ne les a jamais vus. »Depuis 2009, une « directive de soutien psychologique en zone de combat » a pourtant été mise en place au sein de l’armée qui impose des rendez-vous de suivi avec le médecin militaire un mois, trois mois et huit mois après le retour de mission. Une « fiche de suivi post opérationnel » a été instituée pour com-piler les événements graves auxquels le soldat a été confronté. Instrument principal du suivi, elle n’est, selon les professionnels de santé, que rarement remplie. C’est sur ce document que le juge du tribunal des pensions au sein de l’armée s’appuie pour accorder ou non une pension d’invalidité. En décembre, la demande de Baptiste a été refusée. Motif : « L’imputabilité au service » n’a pas été reconnue. En d’autres termes, ses cauchemars, ses hallucinations et son angoisse ne seraient pas liés à son expérience de la guerre. Sa mère a fait appel, avec le soutien du vice-prési-dent de l’Association républicaine des anciens combattants (ARAC), André Fillère. Celui-ci reconnaît que, ces der-nières années, beaucoup de progrès ont été faits par l’armée dans ce domaine. Mais, ajoute-t-il, le remaniement du gouvernement, en novembre 2010, est une régression : le secrétariat d’État aux Anciens Combattants a été absorbé par un « hyper ministère » de la Défense. « Désormais, ce sont les mêmes qui en-voient les gars sur le front et qui doivent les indemniser au retour quand leur mission a raté et détruit la vie des gens. »Il est impossible d’établir des statis-tiques précises sur le nombre de mi-litaires touchés par la dépression du combattant. Entre 2002 et 2005, l’ar-mée française avait tenté l’expérience à petite échelle : sur 202 militaires, 34 personnes (soit 16 %) souffraient d’un « trouble psychique » pris dans une ac-

ceptation large. Lors d’une réunion des psychiatres de l’OTAN en septembre 2010, les Britanniques ont estimé que 5 % de leurs soldats de retour d’Afgha-nistan ou d’Irak étaient touchés par le syndrome de stress post-traumatique. Mais, aux États-Unis, les études évo-quent en moyenne 19 % de militaires traumatisés de retour de mission. Les statistiques sont d’autant plus difficiles à établir que nombre de soldats préfèrent taire leur traumatisme, cette « blessure invisible ». Insidieuse ou plus assumée, l’autocensure est prégnante. « A notre retour, on a été reçus par les chefs qui nous ont expliqué qu’il ne fallait pas contaminer les autres personnes », raconte Antoine, qui a longtemps envisagé de consulter dans le civil, mais n’a jamais « trouvé le temps de le faire ».Ancien membre des forces spéciales, Jérôme Durenne raconte avec difficulté l’histoire de ces deux gars mis sur la tou-che après avoir « pété un câble » quand leur camarade a sauté sur une mine. Mais lorsqu’il se lance, il condamne aussi « les états d’âme » de ses collè-gues. Comme ses supérieurs, il trouve « normal » qu’ils aient été écartés. « Il ne faut pas oublier qu’on n’est pas partis pour enfiler des perles ou cueillir du mu-guet », assure Bernard. « Le risque de se faire flinguer, ça fait partie du métier. Si on n’est pas prêt à accepter ça, on change de boulot. »Si le recours au psy s’est banalisé dans le civil, il reste stigmatisant chez les mi-litaires. La plupart du temps, seuls « les autres » en ont besoin. Un sentiment exacerbé pour beaucoup de soldats, qui invoquent leur virilité pour masquer leur souffrance. Pour Baptiste, l’enjeu est de faire reconnaître sa blessure psy-chique. Au même titre qu’une blessure physique irréversible.

Charlotte Chabas - Hélène David - Ma-rion Quillard - Libération - Mardi 10 mai 2011

1 / Les prénoms ont été modifiés.

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Le rassemblement national de l’ARAC, tenu à Tergnier (Aisne) dans le parc Sel-lier, a remporté un vif succès grâce à la participation et aux interventions de sept classes primaires (CM1 et CM2), de deux classes de troisième (collège pu-blic Joliot-Curie et collège confessionnel Père Joseph-Wresinski) et d’une classe de terminale du lycée Gay-Lussac. Ces jeunes scolaires étaient venus dès le début du rassemblement, ce qui leur a permis de suivre les interventions de leurs camarades des autres établisse-ments. Nous avons aussi remarqué la présence discrète de parents attentifs derrière les chaises réservées aux jeu-nes.C’est à Paul Markidès, vice-président national en charge de la Mémoire et de la Citoyenneté, que revint d’abord le soin d’ouvrir le rassemblement et de saluer les personnalités présentes, de remercier le maire, la municipalité et le personnel communal pour leur aide, et les chefs d’établissements scolaires, les enseignants et les élèves pour leur par-ticipation concrète au rassemblement, ainsi qu’Antoine Crestani, le comité départemental de l’ARAC et le musée de la Résistance et de la Déportation de Fargniers.

C’est la classe de CM1 de l’école Albert-Camus de Vouel qui donne le départ en présentant au public tous les résistants de Tergnier, dont ils expliquaient le par-cours, à partir des plaques de rues de la ville : « Nos rues portent leurs noms !», ont-ils clamé. La classe de CM2 de la même école fit découvrir au public l’action de Rose Walland qui sauva les œuvres ar-tistiques des musées de France.Vinrent ensuite les élèves de troisiè-me du collège confessionnel Joseph-Wresinski qui évoquèrent le combat fraternel des résistants en présentant le poème de Louis Aragon La rose et le réséda, « ceux qui croyaient au ciel et ceux qui n’y croyaient pas… ». Ils furent suivis des élèves de CM 1 et de CM2de l’école Henri-Decarpigny de Quessy Cen-tre qui présentèrent les dessins qu’ils avaient réalisés pour dire à leur manière comment ils voyaient la paix.Les élèves des deux classes de CM2 de l’école André-Malraux de Tergnier, in-terprétant le Chant des marais firent dé-couvrir les « colombes de la paix nées des malheurs de la guerre… », durant l’inter-prétation du dernier couplet. Liberté, de Paul Eluard, vint ensuite prolonger cette allégorie grâce aux élèves de la classe de CM2 de l’école primaire Louis-Blériot.

L’émotion grandit alors dans l’assistan-ce, lors de l’intervention des élèves du ly-cée Gay-Lussac de Chauny qui évoquè-rent les 75 000 déportés en Allemagne, convoi par convoi, les élèves déportés de leur lycée et la lettre de l’une d’elles qui n’est pas revenue (extrait joint).La parole fut ensuite donnée à Didier Le Reste, secrétaire général de la Fédé-ration CGT des cheminots de 2000 à 2010, qui rendit hommage aux chemi-nots résistants. Dans la foulée de cette intervention, les élèves de troisième du collège public Joliot-Curie présentèrent une lettre d’hommage posthume aux cheminots résistants et interprétèrent en conclusion Le chant des partisans que l’assistance salua debout.Le rassemblement proprement dit se termina par la lecture de l’appel du ras-semblement faite par Raphaël Vahé, président national de l’ARAC. Quel-ques minutes plus tard, la clôture de la cérémonie fut complétée, dès l’arrivée du sous-préfet, secrétaire général de la préfecture de l’Aisne, par des dépôts de gerbe et le chant de La Marseillaise.

Rassemblement national tergnierUn moment de mémoire émouvant, en prise avec l’actualité

Rassemblement national tergnierUn moment de mémoire émouvant, en prise avec l’actualité

Une vue de la nombreuse assistance

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C’est un honneur et un plaisir pour la commune de Tergnier d’accueillir le rassemblement national annuel de l’Associa-

tion Républicaine des Anciens Combat-tants et victimes de guerre (ARAC) sur son territoire, comme ce fut déjà le cas il y a quelques années. Notre ville partage les valeurs que véhi-cule l’ARAC, à savoir les valeurs répu-blicaines et de défense du triptyque « li-berté, égalité, fraternité ». L’ARAC, c’est également un combat quotidien pour que soient connus et reconnus ceux qui se sont battus hier, pour qu’aujourd’hui nous puissions nous réjouir de vivre dans une démocratie. C’est aussi un combat pour le droit à réparation qui est une impérieuse nécessité de recon-naissance de la Nation pour ceux qui se sont battus, mais aussi pour ceux qui se battent encore aujourd’hui dans des pays étrangers, pour défendre les va-leurs démocratiques.Vous êtes ici à Tergnier sur une terre qui sait ce que représente la lutte armée. Durement touchée par les deux grandes guerres, Tergnier fut particulièrement active dans les actes de Résistance et, notamment, de résistance cheminote. Cet héritage est toujours visible par la vigueur de la vie patriotique ternoise, mais aussi par la présence dans notre commune du musée départemental de la Résistance et de la Déportation.Pour nous, le devoir de mémoire est une absolue nécessité. Devoir de mémoire, devoir de savoir ce qui s’est passé il n’y a

finalement pas si longtemps, devoir de transmission aux générations futures. Comment apprendre du passé si nous ne transmettons pas ? Des rassemble-ments comme celui d’aujourd’hui, dans lequel des enfants, des adolescents ont été impliqués bien en amont, participent pleinement à ce devoir de mémoire et je ne peux que m’en féliciter. Comment construire son avenir si on ne connaît pas son passé ?Mesdames et Messieurs les représen-tants de l’ARAC, au-delà de la défense des droits des anciens combattants, votre action se situe également dans la défense de ce qu’ont construit nos aînés à la sortie de la Seconde Guerre mon-diale. Je veux parler, vous l’aurez com-pris, de ce qu’a mis en place le Conseil national de la Résistance, toutes ces mesures qui aujourd’hui encore sont ancrées au cœur de notre pacte social. Et, aujourd’hui tout particulièrement, je tiens à réaffirmer devant vous que ces combats sont malheureusement d’actualité. Rien n’est jamais acquis définitivement. Les attaques contre ce qu’a mis en place ce Conseil national de

la Résistance sont incessantes. Parallè-lement, la fraternité n’est pas toujours d’actualité et certains, pour servir leurs propres intérêts, préfèrent opposer des communautés les unes aux autres. La montée de l’extrémisme, des extrémis-mes en France en atteste. N’oublions pas la fameuse phrase de Berthold Brecht : « Le ventre est encore fécond d’où est sortie la bête immonde ».Jeunes filles et jeunes gens, n’oubliez jamais que, si aujourd’hui vous vivez dans une démocratie, c’est parce que vos aînés ont su, le moment venu, faire le choix de défendre, au sacrifice de leur vie parfois, les valeurs de notre Répu-blique.En conclusion, je tiens à réaffirmer que votre action, notre action, participent pleinement à cet impérieux devoir de mémoire. Ce que nous avons appris du passé guide notre vision de l’ave-nir, pour un monde que nous voulons meilleur, un monde de paix, un monde où notre devise « liberté, égalité, frater-nité » soit une réalité pour chacun.

InteRVentIon de Christian CrohemMaire de tergnier

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Les drapeaux au monument aux morts

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InteRVentIon de Didier Le Restesecrétaire général de la Fédéra-tion cGt des cheminots de 2000 à 2010

Je veux, en préambule, remercier l’ARAC de me donner l’occa-sion, ce jour à Tergnier, au nom de la CGT et de sa Fédération des

cheminots dont son nouveau secrétaire général Gilbert Garrel est parmi nous, de rendre hommage, en tant que « pas-seur de mémoire » à la Résistance et singulièrement à celle de la corporation cheminote.Nous le faisons aujourd’hui au mo-ment même où une grande manifesta-tion baptisée « Montée citoyenne » est organisée sur le plateau des Glières en Haute-Savoie, haut lieu de la résistance à l’occupant nazi. Ces manifestations tranchent avec les tentatives d’instru-mentalisation et de récupération de ceux qui s’attachent à démanteler les conquêtes sociales obtenues grâce au programme du Conseil national de la Résistance.Tergnier, cité cheminote, a compté nombre de combattants à l’occupation nazie. Je veux leur rendre hommage à toutes et à tous, notamment à Paul Caille, père de Marcel Caille qui a été lui aussi jeune résistant et dirigeant de la confédération CGT. Paul Caille, dirigeant du PCF, cheminot de son état, comme son fils Marcel, fut secré-taire du syndicat CGT des cheminots de Tergnier et secrétaire de l’Union locale CGT de la région.Arrêté le 30 mars 1941 sur ordre de la préfecture de l’Aisne, il est interné aux camps de Châteaubriant et de Vo-ves, puis est déporté à Auschwitz où il mourra le 17 septembre 1942.Dans cet hommage, je veux aussi asso-cier un autre cheminot de la région, di-rigeant national de notre organisation, député PCF d’Amiens, Jean Catela. Il créa le syndicat unitaire des cheminots d’Amiens-Longueau en 1922. Dès

Les résistants de Tergnier présentés par la classe CM1 de l’école Albert-Ca-mus à partir des plaques des rues de la ville : « Nos rues portent leurs noms »

La classe de CM2 de l’école Albert-Ca-mus présente l’action de Rose Walland qui sauva les œuvres artistiques des musées de France

Le combat fraternel des Résistants par les élèves du Collège Joseph-Wresinski de Tergnier par le poème d’Aragon, La rose et le réséda

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1937, il aida l’action d’organisation des Brigades internationales en Espagne. Emprisonné pour faits de résistance à la Santé, à Paris, partageant sa cellule avec Gabriel Péri, il y fut guillotiné le 24 septembre 1941.Pierre Semard, dont nombre de rues et de places de nos villes portent son nom, fut arrêté et incarcéré en 1940 à Bourges, puis transféré au début de l’année 1942 au camp Gaillon à Évreux dans l’Eure, où il fut fusillé le 7 mars 1942. C’est bien sûr, tout à la fois, le militant ouvrier convaincu de la lutte des classes, le dirigeant syndical émi-nent, le communiste et le patriote que les auteurs du crime voulaient atteindre et ceux qu’il influençait.La Tribune des Cheminots, journal de la fédération CGT édité dans la clan-destinité, dont le titre existe encore aujourd’hui, publie sa dernière lettre : « Je meurs certain de la victoire sur les fascistes et de la libération de la France. Dites à mes camarades cheminots que je les adjure de ne rien faire qui puisse aider les hitlériens. Ils me comprendront et m’écou-teront, ils agiront, j’en suis sûr ».Son appel fut entendu. Après des mois de résistance qui n’a cessé de s’ampli-fier sous toutes les formes, les chemi-nots ont porté un coup terrible à l’occu-pant nazi, notamment par la grève du 10 août 1944, qui fut une phase ultime de la « bataille du rail », la seule grève dont on peut réellement dire qu’elle fut politique puisque « insurrectionnelle »,

la seule officiellement et annuellement commémorée à l’initiative de l’ANCAC, avec les honneurs militaires, le 10 août à l’Arc de Triomphe à Paris.Notre corporation a payé un lourd tribut à la paix, l’indépendance et à la liberté, puisque 8 938 cheminots y laissèrent leur vie, 15 977 ont été blessés pour faits de résistance et 1 157 sont morts en dé-portation.Unis par leur statut depuis 1938, les cheminots sont porteurs d’esprit de solidarité et de lutte, valeurs qui, dès l’occupation, structurent de manière prépondérante une conscience de ré-sistance reconnue historiquement et politiquement. La SNCF fut la seule entreprise à se voir décerner la Légion d’honneur et la Croix de guerre avec palmes pour son attitude pendant la Deuxième Guerre mondiale et son rôle dans la libération du pays.C’est pourquoi nous considérons que l’actuel président de la SNCF a commis une faute politique en allant exprimer sur le sol américain, sans précaution aucune, « des excuses et des regrets » au nom de la SNCF, à des élus de l’État de Floride quant au rôle de la SNCF dans les trains de la déportation, et a fortiori dans le cadre de tractations commer-ciales.La corporation dans sa plus large com-position s’est particulièrement distin-guée par des actes de résistance, de désobéissance, de désorganisation et

de sabotages des transports malgré un attachement légendaire à leur outil de travail est une évidence.A partir d’une histoire véridique, a été réalisé un film intitulé Je suis vivante et je vous aime - Sarah. C’est justement l’his-toire d’un train de déportés juifs. Celui-ci s’immobilise dans une gare, un inci-dent matériel provoqué par un sabotage en est la cause. Les soldats allemands sont furieux et menaçants. Ces trains étaient encadrés par l’armée allemande, par les SS et aussi par des cheminots allemands. Il était impossible de les ap-procher. Un cheminot assure l’inspec-tion du train, il entend une voix et un message tombe sur la voie. A partir de cet écrit, il tentera de sauver une famille sans y parvenir. Le seul rescapé, un petit garçon qu’il va adopter ! Oui, dans notre corporation la résistance a été l’honneur des cheminots !Comme on le voit, le devoir de mémoire est important car ils ne manquent pas, celles et ceux qui pour des raisons diver-ses tentent de nier et de réécrire l’His-toire à leur façon en jetant le discrédit sur une corporation où l’image de la Ré-sistance contre tous les mauvais coups est encore très forte, comme l’est son attachement au programme du Conseil national de la Résistance.Une grande partie de ce programme a été effectivement appliquée après la guerre (Sécurité sociale, nationalisa-tion, essor du service public, vote des

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LE RÉVEIL actuaLItÉsactuaLItÉs

femmes…) Il constitue, encore de nos jours, le socle des conquêtes sociales aujourd’hui menacées et méthodique-ment démantelées par le MEDEF et par ceux qui ont osé instrumentaliser l’engagement du jeune Guy Môquet qui, lui, se battait contre le fascisme, les inégalités et le pouvoir de l’argent. Guy Môquet était le fils de Prosper Môquet, élu communiste de Paris, cheminot et dirigeant de notre Fédération. Celui-ci tomba sous les balles nazies avec 26 de ses camarades otages au camp de Châ-teaubriant, le 22 octobre 1941. Il avait 17 ans. Ces otages n’ont pas été choisis au hasard par le sinistre Pucheu, ministre de l’Intérieur de Pétain. Communis-tes, syndicalistes, nombre d’entre eux étaient engagés pour le succès du Front populaire, pendant que les forces de la bourgeoisie, vautrées dans ses salons dorés, criaient « Plutôt Hitler que le Front populaire ! »Georges Seguy, cheminot également, ancien secrétaire général de notre Fédé-ration et de la Confédération CGT, a eu dès le départ un parcours similaire à ce-lui de Guy Môquet. Fils de cheminot lui aussi, il n’a jamais accepté l’assassinat de Pierre Semard, qui était un ami de la famille Seguy, il voulait venger sa mort. Georges s’engagea dans la Résistance à 17 ans et fut arrêté par la Gestapo et déporté au camp de Mauthausen dont il revint fort heureusement.Il rappelle qu’après l’exécution des 27 à Châteaubriant, de nombreux jeunes sont rentrés dans la Résistance. Les fas-cistes ont voulu terroriser la jeunesse en fusillant un jeune en la personne de Guy Môquet, c’est le contraire qui s’est produit !Les mêmes valeurs ont toujours surgi dans la jeunesse dans les grandes pé-riodes de notre histoire. Le Gavroche de Victor Hugo n’est pas simplement le personnage type du « titi parisien ». Sa lucidité, son courage, même s’il voisine parfois avec l’imprudence inconsciente, sont celle de Guy Môquet et de toutes celles et de tous ceux qui, adolescents en période de bouleversements sociaux et nationaux, s’engagent totalement dans un combat pour eux vital, essentiel.

Comment ne pas comprendre que dans de telles périodes, la jeunesse ne peut prendre son sens que dans son action transformatrice.Dans les périodes difficiles, tragiques que nous évoquons, les jeunes, qu’ils soient communistes, catholiques ou comme l’écrivait Louis Aragon, qui croyaient au ciel et ceux qui n’y croyaient pas se sont insurgés contre la politique de trahison et se sont engagés par amour de la liberté et pour défendre leur pays.Nous leur devons beaucoup ! N’oublions pas ce qu’écrivit Guy Môquet sur les planches de son baraquement avant d’être amené devant le peloton d’exé-cution : « Vous qui restez, soyez dignes de nous, les 27 qui allons mourir ! »Celles et ceux qui peuvent encore té-moigner de ces périodes de l’histoire ont coutume de dire que la Résistance c’était à la fois la désobéissance et l’es-poir et que pour résister, il fallait être optimiste.

Dans un contexte certes différent, nous devons demeurer optimistes et suivre le conseil de la résistante Lucie Aubrac, à savoir que « le verbe résister doit tou-jours se conjuguer au présent ». L’heure est donc encore à la résistance, mais aussi à la conquête de droits et d’acquis sociaux nouveaux. Et nous ne pouvons pas mieux conclure cet hommage à la mémoire de celles et ceux qui ont ré-sisté, en réaffirmant notre volonté iné-branlable de défendre ce pourquoi ils ont combattu et pour certains jusqu’à leur dernier souffle.L’heure est aussi, Mesdames, Mes-sieurs, à l’extrême vigilance et au débat nécessaire face à la nouvelle imposture de l’extrême droite qui, sur fond de dé-sarroi social, tente d’abuser et de trom-per le monde du travail, singulièrement les ouvriers.Je vous remercie de votre attention.

Liberté de Paul Éluard, lu par les élèves de CM2 de l’école Louis-Blériot de Tergnier

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La ville de Chauny, durant la guerre, se situe en zone occupée à la frontière de la ligne de démarcation de la zone interdite. Dès 1940, le régime de Vichy avait proposé à l’occupant une politique de collaboration qui prend de multiples formes. A propos de la citoyenneté, la discrimination antisémite est officielle-ment instaurée. En octobre 1940, « c’est le statut des juifs ». Cela les exclut de beaucoup d’activités et de lieux publics. En juillet 1941, ces lois limitent l’accès à l’éducation et à beaucoup de profes-sions. Et ces lois permettent de les dé-pouiller de leurs biens. En mai 1942 en zone d’occupation, obligation pour les juifs, à partir de 6 ans, de porter l’étoile jaune, cousue bien visiblement sur le côté gauche de la poitrine. Leur carte d’identité porte la mention « juif ».Lors de la conférence de Wansee signée le 20 janvier 1942, les Allemands dé-cident de la solution finale qui prévoit l’élimination de 11 millions d’individus. Le gouvernement de Vichy apporte son aide en organisant des rafles et des dé-portations vers Auschwitz. Le premier convoi part de Compiègne en mars 1942 avec 1120 déportés.Puis des convois partent régulièrement de Compiègne, Beaune-la-Rolande, Pi-thiviers et Drancy. Au total 66 convois et 75 853 déportés.Annette Grumblatt est une élève du ly-cée de Chauny, elle est d’origine juive. Dès 1942, elle pressent le danger qui pèse sur elle et sa famille et en fait part à sa meilleure amie dans une lettre, dont voici des extraits :

« Mady,Tu m’as demandé hier de te laisser quelque chose en souvenir de moi. Et immédiate-ment je t’ai répondu : mon cahier de poésie. C’est que je l’aime beaucoup, tu peux me croire. C’est tout un passé qui est là, un passé qui n’est plus. Maintenant, quand il m’arrive de relire quelques passages qui m’ont passionnément plus, je m’étonne. Ils n’ont plus pour moi la même saveur. Tu

Hommage à annetteLa situation à Chauny sous l’occupation

sais comme j’ai changé, et toi seule le sait.C’est la guerre qui a fait cela. J’ai tant vu de choses et j’en verrais encore !Mon premier coup, c’est Louise qui me l’a porté. Tu te souviens, Mady, comme j’étais désemparée ? Je ne croyais plus en rien. Évidemment elle n’était pas mon amie, mais je l’aimais beaucoup. Et, par-dessus tout, j’avais confiance en elle. Je n’aurais jamais pu imaginer un si lâche abandon au moment où j’avais le plus besoin de sou-tien moral. Et à toi Mady je puis dire que ceci m’a fait plus mal que notre cessation de commerce. Je te parais peut-être une fille dégénérée. Je le suis peut-être. Par mo-ments, je me demande si je ne deviens pas folle, à moins que je ne le sois déjà.Plus tard, ça a été le port des insignes, je l’ai porté. Fièrement, car tu sais comme je suis devenue orgueilleuse de ma race. J’en suis presque effrayée. Pourquoi je ne le porte plus maintenant ? C’est ce que tu me demandes souvent et que d’autres aussi me demandent.

A toi, je puis bien le dire, c’est parce que je suis dégoutée des mensonges. On nous a menti, il paraît, pendant la République, mais maintenant on nous bourre la caisse, tellement que ça en dépasse la mesure.Depuis bientôt deux ans, nous n’avons pas touché un seul centime. « Port des in-signes obligatoire sous peine de camp etc. » Ce qui n’a pas empêché que quinze jours plus tard, les juifs étrangers soient ramassés. Et pourtant ils le portaient. Tu en as un bon exemple dans la femme du tailleur de Roubaix. Alors Mady, pourquoi porter l’insigne puisque ça ne m’évitera pas mon sort ?Puis on a ramassé la femme du tailleur de Roubaix. J’ai vu des scènes déchirantes et j’ai vu des gens sincères et émus. J’en ai vu d’autres indifférents et cyniques. J’en ai même vu profiter de son malheur. Je ne puis rien dire pour le moment, ça m’étouffe !Je tiens encore à te dire Mady que je t’aime beaucoup, que j’ai confiance en toi. Je

La lecture de la lettre d’Annette par les élèves du lycée Gay-Lussac

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LE RÉVEIL INtERNatIONaLLE RÉVEIL actuaLItÉactuaLItÉ

crains que nous ne soyons séparées dans un jour proche. Mais quand je serais dans le camp ou autre, je ne me souviendrais que des heureux moments que nous avons pas-sés ensemble et je serais très heureuse, car je possède un bonheur rare qui compense grandement mes malheurs temporaires et c’est ton amitié. »

Annette, Ce dimanche 11 octobre 1942

MéMoIRe

annette et Maurice, son petit frère, fréquentaient le lycée Gay-Lussac, à chauny.

Le 4 janvier 1944 lors de la rafle, An-nette, 19 ans, Maurice 13 ans sont arrê-tés par la police française. Leurs parents Max et Pauline sont arrêtés à leur domi-cile, rue Carnaux à Fargniers.

Toute la famille est transférée et écrouée à la prison de Saint-Quentin. Puis ils partent pour Drancy le 19 janvier 1944. De là, ils sont déportés vers Auschwitz le 3 février 1944 par le convoi N° 67. Ce convoi emporte 1214 déportés dont :

- 184 enfants de moins de 18 ans, ainsi que 14 octogénaires, 662 hommes, 552 femmes, le grand rabbin de Stras-bourg, René Hirscher, qui n’avait ces-sé de donner un exemple de dignité et de courage a été déporté par ce convoi, son épouse était avec lui,

- 166 hommes furent sélectionnés à l’arrivée, le 6 février, et reçurent les matricules 173 228 à 173 393, ainsi que 49 femmes : matricules 75 125 à 75 173,

- 985 personnes furent immédiatement gazées parmi lesquelles les Grum-blatt.

En 1945 il y avait 26 survivants dont 12 femmes. Tous ensemble : Nous ne les oublierons jamais !

Appel solennel du rassemblement Appel solennel du rassemblement Chaque année le Rassemblement national se tient en lien avec la célébration du 8 mai 1945, commémorant la libération du joug nazi grâce à la victoire commune des armées alliées, États-Unis, Union Soviétique, Grande-Bretagne, France et des Résistances intérieures et extérieures. Ce Rassemblement est également lié à la commémoration du 27 mai 1943, date de la première réunion du Conseil national de la Résistance, sous la présidence de Jean Moulin.Aujourd’hui, ici à Tergnier, nous nous employons à mettre en valeur les jeunes et les cheminots dans la Résistance.Au début du siècle dernier, le fascisme a sévi en Europe, Italie, Allemagne, Es-pagne et en France, l’ARAC a été, dès 1930, parmi ses combattants antifascistes, honneur de la France.Hélas, aujourd’hui le fascisme a de nouveau envahi plusieurs pays d’Europe, il obscurcit aujourd’hui la vie des peuples, il prend appui sur la misère, les difficul-tés, les inégalités et nous avons le devoir de rappeler à toutes les générations les jours sombres des années 1930 et l’horreur de l’occupation vécue par nos aînés.L’Histoire nous enseigne en effet qu’abandonner les principes de la démocratie républicaine, c’est remettre le destin du peuple de France entre les mains de ceux qui rêvent d’exclusion, d’atteintes aux libertés, de règne de la force, de haine et de violence aveugle. C’est risquer de jeter le pays dans les serres d’une dictature qui ne peut exister que par la négation de la liberté, le refus de l’égalité et le rejet passionnel de la fraternité humaine.Puissions-nous, ensemble, nous indigner, résister comme nos aînés et contri-buer à redonner à notre pays l’espérance d’une paix sociale et de progrès dont bénéficiera le plus grand nombre.Le programme du Conseil national de la Résistance, adopté en mars 1944, est plus que jamais d’actualité pour contrer la casse généralisée des services publics, de l’emploi, des retraites, etc. Il est temps ensemble de relever la tête, de passer du temps des soumis au temps des insoumis.Le courage aujourd’hui, c’est de répondre aux besoins urgents du plus grand nombre.Le courage aujourd’hui, c’est de refuser la guerre et de dire avec Barbusse : « Guerre à la guerre », de construire des rapports nouveaux avec les peuples.Le courage aujourd’hui, c’est de s’attaquer aux privilèges.Le courage aujourd’hui, c’est d’avoir des principes et de les défendre.Le courage aujourd’hui, c’est de vouloir vaincre et vivre à l’instar de Fabien.L’humanité a besoin d’engagements forts, clairs, respectés, pour défendre l’école publique, la santé, la Sécurité sociale, les valeurs républicaines. Plus que jamais, nous avons besoin que se construise ensemble un large rassem-blement capable de donner un nouveau souffle aux acquis démocratiques et sociaux. Engageons-nous sans attendre pour la victoire des valeurs universelles de notre République.

tergnier, le 14 mai 2011Lu par le président de l’aRac, Raphaël Vahé

Annick Chevalier et Raphaël Vahé au dépôt de la gerbe de l’ARAC

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des combattantsle réveilPour l’amitié, la solidarité, la mémoire, l’antifascisme et la paix

N° 772Mai 2011

Le CAHIeR MéMoIRe

Édité par le Réveil des combattants - 2 place du Méridien - 94807 Villejuif - Tél. 01 42 11 11 12

ÉDITO

ÉDITO

- Par Paul Markidès

- Par Paul Markidès

La Commune de Paris, dont nous célé-brons cette année le 140e anniversaire, est un élément fondamental de notre histoire nationale. Suites logiques des valeurs de la Révolution de 1789, les valeurs communardes constituèrent une avancée du combat démocratique de notre peuple, riche d’enseignements dans la réflexion qu’exige la lutte que nous menons aujourd’hui pour la dé-fense des valeurs républicaines.La Commune de Paris est la seule pério-de où ces valeurs ont été défendues et appliquées. Ces valeurs véritablement modernes que sont la laïcité, la sépara-tion stricte de l’Église et de l’État, la pa-rité hommes-femmes-jeunes, les entre-prises autogérées etc. Ces pratiques ont constitué alors une source jaillissante d’initiatives démocratiques.L’ARAC se devait donc de mettre en évidence ce grand événement histori-que en sollicitant pour ce faire les mi-litants du mouvement démocratique d’aujourd’hui les plus informés à son propos, les animatrices et animateurs de l’association Les Amis de la Com-mune de Paris-1871. Voilà qui est fait.

de Paris - 18 mars-28 mai 1871de Paris - 18 mars-28 mai 1871La CommuneLa Commune

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LE RÉVEIL DOssIERDOssIER

Proclamation de la Commune à l’Hotel de Ville, le 28 mars 1871

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DOssIER DOssIER LE RÉVEIL

Claudine Rey

Paris, en ce petit matin du 18 mars, est vigilant. Thiers vient de signer l’armistice avec Bismarck. Il paie une lourde rançon, cède l’Alsace et la Lorraine et ouvre les portes de Paris aux Prussiens. Les Pari-siens sont décidés à ne pas lais-ser faire ! Ce n’est pas pour rien qu’ils ont acheté, par souscription populaire, canons et armement. Ils veulent défendre Paris. Thiers a peur du peuple en armes. Le 18 mars au matin, il lance une offensive pour reprendre aux Pa-risiens leurs canons stockés dans plusieurs lieux de la capitale. Le bataillon du général Lecomte entreprend de confisquer ceux de Montmartre. Mais le peuple, dont un grand nombre de fem-mes levées de bon matin, s’éton-ne du mouvement de troupe. Les femmes protestent, s’opposent. La troupe hésite. Le général Le-comte s’énerve : « Feu ! » crie-t-il par trois fois. Mais le sergent Verdaguer lève la crosse en l’air. Ses compagnons l’imitent. C’est le premier jour de l’insurrection. Le général Lecomte, ainsi que le général Thomas, reconnu par les Parisiens comme l’homme de la répression de 1848, seront fusillés par la troupe. La Garde nationale parisienne prend le pouvoir.

Thiers s’enfuit à Versailles et de-mande à tous les fonctionnaires de le suivre en emportant les cais-ses. Il espère ainsi désorganiser Paris. Depuis de longs mois, le peuple a soif de démocratie. C’est une volonté déjà réclamée sous le rè-gne de Napoléon III. La première disposition prise par la Garde na-tionale - l’organisation d’élections le 26 mars - donne à la Commune un pouvoir légal : le 28, la Com-mune est proclamée sur la place de l’Hôtel de Ville, dans l’allégres-se générale.

L’œuvre moderne de la Commune Paris commence alors un autre combat pour une justice sociale, pour la République universelle. Le peuple parisien, qui a pris pour habitude de se réunir dans les clubs, s’en sert de tribune. Nombreuses sont les réunions où la population réclame des droits. Les femmes exigent l’égalité. On débat de tout. Les gens proposent, critiquent, sont exigeants car ils croient en ce nouveau gouverne-ment. Le pouvoir de la Commune s’or-ganise. Les élus sont révocables s’ils ne tiennent pas leurs enga-

Il y a 140 ansLe pouvoir au peuple

gements. Dix commissions sont nommées, comme celle du travail, dirigée par le Hongrois Frankel. La Commune impose une démo-cratie concrète en permettant aux associations de prendre en charge l’organisation des revendications. Ainsi, l’Union des femmes pour la défense de Paris qui exige du tra-vail est chargée de recenser les ate-liers abandonnés par les patrons qui se sont réfugiés à Versailles. « Elles veulent », disent- elles, « du travail pour en garder le profit. Plus d’exploiteurs, plus de maîtres ! » La Fédération des artistes ouvre les musées fermés pendant le siège, organise des concerts pour aider les veuves des Fédérés et les or-phelins, car la bataille fait rage. Les Versaillais veulent reprendre Paris. Cependant, chaque jour, le Journal officiel de la Commune publie des décrets qui répondent aux soucis de la population : 34 ans avant la loi de 1905, un décret proclame la séparation de l’Église et de l’Etat et l’installation d’un enseigne-ment laïc et gratuit pour tous. La Commune remplace dans les hôpitaux les cléricaux par des laï-ques ; désengagement du Mont de piété des objets indispensables à la vie quotidienne ; versement aux veuves de Fédérés mariées ou non et à leurs enfants d’une pension. C’est en fait la reconnaissance de l’union libre ! Réquisition des lo-gements vacants pour les victimes des bombardements ; interdiction des amendes sur salaires. A la pos-

La commune de Paris 1871 restera dans notre histoire com-me une tentative d’installer le pouvoir du peuple, pour le peuple, par le peuple. un pouvoir qui dura 72 jours du 18 mars au 28 mai 1871.

Claudine Rey est présidente des Amis de la Com-mune de Paris

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te, Theiz, ouvrier ciseleur nommé responsable, fait participer les travailleurs à la gestion de l’entre-prise. En protestation à la peine de mort, la guillotine est brûlée aux pieds de la statue de Voltaire dans le XIe arrondissement. Le 21 mai, premier jour de la semaine sanglante, le journal Le cri du peu-ple de Vallès annonce l’égalité de salaire pour les instituteurs et les institutrices. Les mesures sont tel-les qu’on ne peut, ici, les énoncer toutes !

La semaine sanglante Le 21 mai, les Versaillais entrent dans Paris. Dombrowski, général polonais de la Commune, tente de rassembler les troupes, il se bat avec acharnement, mais sera mortellement blessé le 23 mai. Les rues de Paris se couvrent de cadavres. Les Versaillais avancent, massacrant tout sur leur passage. Des femmes et des enfants sont fusillés. Les cadavres jonchent les

rues. Les risques d’épidémies, la lassitude même des troupes ver-saillaises conduisent Thiers, à ces-ser les fusillades. Il met en place des simulacres de tribunaux qui jugent dans l’urgence, expédiant à la mort ou à la prison, sans aucun droit à la défense, des milliers de prisonniers. Le peuple parisien fait face. Par-tout les barricades se construisent (il y en aura plus de 900). Celle de la place Blanche conduite par Nathalie Le Mel, responsable de l’Union des femmes, tiendra plus de deux heures. Paris sous les bombardements versaillais et sous l’ultime défense des com-munards s’enflamme ! Dans la cour de la caserne de la rue Lobau (IVe) les détenus sont exécutés à la mitrailleuse. Le sang coule sous les portes jusque dans la rue. Les lieux de massacres sont nom-breux. Les eaux du lac des Buttes Chaumont sont rouges de sang! Ceux qui ne sont pas massacrés seront emprisonnés à Versailles. En longue file, les malheureux traversent Paris. Enfermés dans des conditions innommables, ils sont, pour beaucoup d’entre eux, condamnés à la déportation ou au bagne en Nouvelle-Calédonie. Une semaine qui justifie malheu-reusement son appellation de se-maine sanglante.

1880 : L’amnistieAprès une longue bataille parle-mentaire menée par Victor Hugo, l’amnistie est promulguée en 1880. Neuf longues années pour tenter de faire oublier la Com-mune ! Mais rien n’y fit. Ils re-viennent la Commune au cœur et créent une association d’anciens combattants de la Commune. Ils veulent la reconnaissance par le pays du combat mené par leurs compagnons morts pour la Répu-blique sociale et universelle. Ils obtiennent enfin, en 1908, la pose d’une plaque au Père Lachaise, au

Mur des Fédérés. Déjà , depuis novembre 1871, l’emplacement est fleuri chaque année. Même les nazis, durant la dernière guerre, ne purent empêcher le fleuris-sement de la plaque. Un groupe de résistants du XXe, dont Raoul Dubois, ancien président de notre association, lance un bouquet de fleurs par-dessus le mur. Un geste hautement symbolique pour le-quel ils risquaient leur vie !

Pour la justice : réhabilitation des communardsAujourd’hui, Les amis de la Commune de Paris 1871, héri-tiers de l’association créée par les communards en 1882, se sont fixés pour objectif d’obtenir la réhabilitation de la Commune et des communard(e)s. Il n’est que temps, 140 ans après, que justice leur soit rendu !Nous obtiendrons la pose de pla-ques dans les mairies de Paris où les communards siégèrent, la reconnaissance matérielle sur des lieux de mémoire comme la plaque qui sera apposée dans quelques semaines rue Lobau, l’attribution de noms de commu-nards à des rues de la capitale et aussi une place plus importante dans les programmes scolaires pour lever la chape de plomb qui pèse sur l’histoire de la Commune de Paris. Réhabiliter les communard(e)s, c’est aussi rester fidèles à leurs engagements, à leurs idéaux.

Une séance du Club des femmes dans l’église Saint-Germain-l’Auxer-rois (Gravure de Félix-Théodore Lix)

LES AMIS DE LA COMMuNE DE PARIS 187146 rue des cinq Diamants 75013 Paristél. 01 45 81 60 54

www.commune1871.org

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Louise Michel harangue les communards (Jules Girardet)

LES AMIS DE LA COMMuNE DE PARIS 187146 rue des cinq Diamants 75013 Paristél. 01 45 81 60 54

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26 août 1846, Perrine Nathalie Duval naît à Brest. Très tôt elle prend conscience des difficultés des gens auprès d’un père cor-royeur (1), d’une mère qui tient un débit de boisson. Elle se marie à 19 ans avec le relieur Jérôme-Adolphe Le Mel qui a sept ans de plus qu’elle.1849 : avec son mari et son pre-mier bébé, elle quitte Brest pour Quimper où elle prend la gérance d’une librairie. Cette féministe qui se mêle de politique est vue d’un mauvais œil.Dix ans avant la Commune, les Le Mel quittent Quimper pour Paris. Nathalie trouve du travail dans des ateliers de reliure. Elle y lit à voix haute, selon les rapports de police, « les mauvais journaux ». Elle rencontre Eugène Varlin qui dirige les grèves du secteur de la reliure. Elle est élue aux comités de grèves et milite pour la parité des salaires hommes-femmes. Elle est élue à la commission ad-ministrative de la Société civile d'épargne et de crédit des ouvriers relieurs. Elle adhère à l'Internatio-nale des travailleurs, qui avait été créée en 1864 à Londres.1868 : elle dirige « La Marmite », restaurant communautaire dont elle signe les statuts. La discorde

s’installe chez les Le Mel : les femmes ne doivent pas faire de politique. Le mari s’adonne à l’al-cool, elle se réfugie à « La Mar-mite » avec ses enfants.Elle participe à des débats dans de nombreux clubs populaires. Nathalie est proche des idées de Varlin, Fränkel, et d'Elisabeth Dmitrieff (correspondante de Marx à Londres).Pendant la Commune, elle or-ganise avec Elisabeth Dmitrieff, le 11 avril 1871, la première orga-nisation de masse des femmes rassemblant un grand nombre d’ouvrières : l’Union des fem-mes pour la défense de Paris. Elle va jusqu’au bout de son engage-ment. Fin mai, elle participe aux combats sur les barricades. Lis-sagaray, journaliste au temps de la Commune, dans son ouvrage Histoire de la Commune de Paris écrit : « … à la tête d’un bataillon d’une cinquantaine de femmes, elle a conduit la barricade de la place Pigalle… »Après la semaine sanglante, elle doit se cacher. Elle est arrêtée le 21 juin 1871. Condamnée à la déportation, elle embarque pour la Nouvelle-Calédonie le 28 août 1872. Les conditions y sont diffi-ciles. Les déportés montent leurs

Communarde de l’ombreNathalie Le Mel

Aujourd’hui, nous lançons une pétition demandant leur réhabili-tation. Elle a recueilli, en quelques semaines, plus d’un millier de signatures ! Pour faire vivre leur souvenir, aidez-nous à la faire si-gner autour de vous ! Ainsi, nous pourrons dire avec Eugène Pot-tier : « Non Nicolas, la Commune n’est pas morte ».

Marie-Claude LauRoRe

Marie-Claude Laurore est

membre de la commission

littérature des Amis

de la Commune de Paris

DOssIER DOssIER LE RÉVEIL

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cabanes, travaillent la terre pour compléter une alimentation in-suffisante. En 1875, transfert dans la baie de l’Ouest. Sa santé se fra-gilise, elle marche avec difficulté, ainsi que l’écrit Louise Michel dont elle partage la cabane et avec qui elle prend le parti des Kanaks révoltés contre le colonialisme français.20 juin 1879 : à 53 ans, l’amnis-tie la ramène en France. Malgré les difficultés, elle se consacre à la renaissance du syndicalisme. Elle reste fidèle à ses idées révo-lutionnaires. Usée, elle ne peut plus assurer son travail de nuit à L’Intransigeant, le journal de Ro-chefort. Celui-ci par solidarité lui verse une pension qu’elle refuse le jour où Rochefort glisse dans le « boulangisme ».En 1815, vivant dans la misère, elle entre à l’hospice d’Ivry où elle meurt le 8 mai 1921. Henry Baüer, capitaine d’état-major sous la Commune, écrit : « Une femme d’une intelligence remarquable, l’es-prit clair et sagace… »

1/ Corroyeur : ouvrier travaillant à la préparation des cuirs en croûte

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Claudine Rey

Né en 1836, Jaroslaw Dombrows-ki arrive en France en 1865. C’est un jeune homme blond aux yeux bleus, mince, de petite taille. Il a la mise impeccable du militaire de carrière. Il a gagné ses galons d’officier dans l’armée russe. En 1863, il organise la révolte en Pologne et est condamné à mort pour menées révolutionnaires ; il réussit à s’échapper. Réfugié en France, il fréquente Delescluze, Vermorel, Varlin et, tout de suite, se met au service de la Commune. Ce qui manque à la Commune, ce sont des cadres militaires. Dom-browski se voit confier cet impor-tant secteur de la défense de Pa-ris. Il fait face aux Versaillais sur le secteur de Neuilly. Il devient le commandant de toutes les forces de la rive droite. Par son courage, il galvanise ses troupes. Il sait le danger de laisser aux Versaillais le mont Valérien, mais Cluseret, commandant en chef des armées, lui refuse les renforts nécessai-

res à l’attaque. Pourtant ce talon d’Achille coûtera fort cher aux Fédérés !Versailles tente de l’acheter par l’intermédiaire d’espions. Dom-browski propose de faire semblant d’accepter pour tendre un piège à l’ennemi, mais, là encore, il n’est pas suivi. Le piège aurait-il fonc-tionné ? En tout cas le manque de confiance des communards fut une grande douleur pour lui. Il jouissait pourtant auprès de ses soldats d’une grande estime.Courageux, téméraire, toujours en première ligne, ils avaient fini par le croire invincible. Lorsque les Versaillais entrent dans Paris, Dombrowski réclame à nouveau des renforts. Il tire le bilan de la situation et constate amèrement que « près de 30 000 Versaillais sont déjà dans la ville et il n’y a que 9 000 hommes pour les affronter ». Il s’oppose à la proposition de Delescluze d’appeler les Fédérés à quitter l’armée pour défendre leur quartier. Un ordre malheu-reusement aussitôt accepté par les soldats qui veulent protéger leur maison, leur famille. Sa fin tragique est héroïque, mal-gré des bruits qui circulent dans Paris sur sa soi-disant trahison. Il pouvait s’enfuir, il hésite, mais reste jusqu’au bout. Lui ne défend pas son quartier, il est étranger, mais ce qu’il défend c’est la Ré-publique universelle qui l’a fait s’engager dans ce combat. Il est mortellement blessé le 23 mai, dé-fendant une barricade. Les soldats qui avaient été sous ses ordres surent reconnaître sa valeur et son courage. Ils le prouvèrent en défilant devant sa dépouille place de la Bastille et en le conduisant avec les honneurs jusqu’au Père Lachaise.

Faire reculer l’ignorance, un objectif fort de la Commune

Général de la CommuneJaroslaw Dombrowski

Eugène Varlin

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DOssIERDOssIER LE RÉVEIL

Eugène Varlin naît en 1839 à Claye-Souilly, en Seine-et-Marne, dans une famille de souche répu-blicaine. Bien que vivant pau-vrement, ses parents l’envoient à l’école, payante à cette époque. Eugène la quitte en 1852 pour faire son apprentissage de relieur à Paris. En 1860-61, il complète son instruction générale en sui-vant des cours du soir. Les ouvriers relieurs font grève en août 1864. Varlin crée alors la Société civile d’épargne et de cré-dit mutuel des ouvriers relieurs de Paris, dont il est élu président. En 1864, a été créée à Londres la 1ère Internationale, à laquelle Eugène Varlin adhère en 1865. En septembre 1866, il est délégué à son premier congrès. Il y propose l’amélioration des conditions de travail des femmes et l’instruction obligatoire pour tous les enfants. L’Internationale soutient les grè-ves et impulse la collecte de fonds pour les grévistes. Dans ses notes préparatoires au second congrès de l’Internationale, qui a lieu en septembre 1868, Varlin propose la réduction de la journée de tra-vail à huit heures. Il ne peut pas participer au congrès car il a été condamné à trois mois de prison lors du deuxième procès intenté à l’Internationale.Varlin sort de prison en octobre 1868. Il faut reconstruire l’Inter-nationale qui a été déstructurée par les procès. Il s’y emploie avec vigueur et succès en s’appuyant,

en 1869, sur les importants mou-vements de grèves. Il pense que l’organisation des forces révolu-tionnaires du travail est la ques-tion préalable à toute réforme et que la grève est une école de lutte. Il s’affirme ainsi comme l’initia-teur du syndicalisme français. Au printemps 1870, l’Internationale est à l’apogée de son influence en France, avec environ 100 000 membres.Fin avril, Varlin, menacé d’arres-tation, doit se réfugier en Belgi-que. Il rentre en France après le 4 septembre. Sa préoccupation principale est alors celle de la dé-fense de Paris. Il s’engage dans le 193e bataillon de la Garde nationa-le, dont il est élu commandant. Le 15 mars 1871, il devient membre du Comité central. Il est élu mem-

bre de la Commune dans le VIe arrondissement. Il est successive-ment membre des commissions des Finances, des Subsistances et à l’Intendance. Pendant la semaine sanglante, il se bat sur les barricades dans les VIe, Ve et XIe arrondissements. Le 27 mai, il combat, avec Jean-Baptiste Clément et Ferré sur la barricade de la rue de la Fontai-ne-au-Roi. Dans l’après-midi, il est arrêté et emmené sous les injures et les coups dans le XVIIIe arrondissement. Défiguré, un œil pendant hors de l’orbite, ses bour-reaux l’assoient sur une chaise pour le fusiller. Il meurt en criant : « Vive la République ! Vive la Com-mune ! »La veille de sa mort, Varlin avait confié à Jules Vallès : « On a tué les combattants. On tuera les prison-niers. On achèvera les blessés. Ceux qu’on épargnera, s’il en reste, iront mourir au bagne. Mais l’histoire fi-nira par voir clair et dira que nous avons sauvé la République. »Eugène Varlin a laissé l’image d’un militant fidèle, jusqu’à sa mort héroïque, à ses idéaux de justice sociale, d’internationa-lisme et de liberté.

Le triomphe de l’ordre ou Le mur

des Fédérés (Er-nest-Louis Pichio)

Général de la Commune

Syndicaliste

et Communard

Eugène Varlin

Yves LenoiR

yves Lenoir est membre de la commission communication des Amis de la Commune de Paris

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LE RÉVEIL DOssIERDOssIER

Louise Michel, dont le destin est exceptionnel, est née à Vroncourt dans la Haute-Marne, le 29 mai 1830. Elle reçoit une éducation im-prégnée de l'esprit des Lumières et devient institutrice en 1852. Elle exerce alors dans une école libre, car elle ne veut pas prêter serment à l'Empire. Elle vient à Paris, où elle avait déjà fait un séjour.Lors des émeutes contre la faim auxquelles elle participe en no-vembre 1870, Louise est arrêtée et libérée grâce à l'intervention de Victor Hugo. Elle préfigure déjà la grande figure de la Commune qu’elle est devenue. Elle collabore alors à des journaux d'opposition, milite pour l'émancipation des femmes, est membre de l'Inter-nationale et entretient une cor-respondance suivie avec Victor Hugo.A la chute de l'Empire, le 4 sep-tembre, elle est dans la foule qui proclame la République. Le siège de Paris par les Prussiens avait été une épreuve effroyable pour les Parisiens. Lorsque, après les élections, l'Assemblée est ma-joritairement monarchiste, l'ar-mistice avec la Prusse signée à Bordeaux, Thiers confirmé dans ses fonctions, pour la population, c'est une provocation. La créa-tion de comités de vigilance dans les arrondissements répond à la volonté des républicains de sur-veiller un gouvernement dans lequel ils n'ont pas confiance, Louise est présidente de celui de Montmartre.

L’indomptableLouise Michel

annette Huet

Le 18 mars, au petit matin, les troupes du gé-néral Lecomte tentent de re-prendre les ca-nons achetés par le peuple de Paris et concen-trés sur la butte Montmartre. L'alarme est donnée, Loui-se Michel se répand parmi les femmes. La population exhorte les soldats à ne pas tirer et ceux-ci, malgré les ordres, mettent crosses en l'air. A dater de ce jour, Louise n'a d'autre vie que la Commune. Elle est tour à tour, soldat, ambulancière, ora-trice. Elle lutte sur les barricades avec un grand courage.Pendant la semaine sanglante, elle parvient à s'échapper, puis se livre pour libérer sa mère, arrêtée à sa place. Lorsqu'elle comparait, le 16 décembre 1871, devant le tribunal, elle est déjà la figure cé-lèbre de la Commune. Elle refuse d'être défendue, ainsi que toute mesure de grâce. Condamnée à la déportation dans une enceinte fortifiée, elle arrive en Nouvelle-Calédonie en décembre 1873. Elle y observe cette nature nouvelle, la faune et la flore, se lie avec les Ka-naks, donne des leçons de français et en échange s'initie aux dialectes de l'île. Elle prend la défense des autochtones lors de leur révolte,

comme elle soutient les Kabyles condamnés après leur soulève-ment.De retour en 1880, elle est anar-chiste et conteste toute forme de pouvoir. Elle est accueillie à la gare Saint Lazare par une foule en liesse, parmi laquelle Rochefort et Vallès. Les années suivantes, elle subit des condamnations et des séjours en prison. Elle est obli-gée, pour éviter l’enfermement, de s’exiler à Londres mais elle revient et reprend ses tournées de propagande en France et à l'étranger.Alors qu'elle est déjà malade, elle part en Algérie en 1904 pour un circuit de conférences, dont les thèmes sont essentiellement la religion et l'antimilitarisme.Elle revient épuisée et meurt à Marseille le 9 janvier 1905. Celle qui fut un exemple, repose au ci-metière de Levallois, après une vie de combat.

annette Huet est responsable de la commission litté-rature des Amis de la Commune de Paris

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Après les décisions prises à l’unanimité lors du Conseil national et du Bureau national de l’ARAC, un nombre signi-ficatif de directions départementales de l’association se sont engagées dans l’action en faveur de la Mutuelle de l’ARAC, de sa pérennité, du respect du droit à réparation au service des anciens combattants et victimes de guerre. Des objectifs de réunions d’informations et d’actions, notamment auprès de l’en-semble de nos adhérents et des OPEX ont été arrêtés avec la participation de dirigeants de la Mutuelle. Un exemple que je viens de vivre en fait la démonstration éclatante. A l’in-vitation du comité départemental de la Gironde, leur congrès du 21 avril fut excellent, tant au plan de l’organisa-tion et du déroulement que des heures consacrées aux mobilisations, discus-sions et objectifs présentés par Jacque-line Braconnier, membre de l’ARAC et responsable départementale de la Mutuelle de l’ARAC. Les congressistes ont ainsi décidé de s’adresser en pre-

mier lieu à chaque adhérent(e) ancien combattant de l’ARAC non mutualiste, bien qu’ayant droit à la rente mutualiste ancien combattant, à la mutuelle santé, aux garanties frais d’obsèques.Chaque membre de l’ARAC présent a ainsi décidé d’être un défenseur de la Mutuelle, un collecteur ou une collectri-ce d’adhésions sachant qu’une perma-nence ARAC 33 (juridique et sociale) se tient tous les lundis de 14 h à 16 h pour y aider. De même, il a été prévu d’or-ganiser la présence de la Mutuelle de l’ARAC dans toutes les actions (stand, brochure d’accueil, documentation, bulletin d’adhésion 2011 de la Mutuelle et de l’ARAC).L’objectif pour 2011 est d’effectuer de 2 à 5 adhésions à la Mutuelle, d’autant qu’une a déjà été confirmée au congrès et que d’autres sont en cours. Un pre-mier résultat et un encouragement au dévouement collectif, de la section lo-cale au niveau national (n’hésitez pas à contacter la Mutuelle de l’ARAC au 01 42 11 11 00) au service de nos valeurs

Le réveil des Combattants - Bulletin d’abonnementA retourner au Réveil des Combattants - 2, place du Méridien - 94807 Villejuif cedex

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VOs DROIts VOs DROIts LE RÉVEIL

républicaines et de nos objectifs les plus marquants : la solidarité, la paix et le bonheur de tous les humains.

Jacques GoutorbeVice-président de la Mutuelle de l’aRaC - Membre du Bureau national de l’aRaC

ARAC et Mutuelle de l’ARACSur les chemins de nos objectifs

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LE RÉVEIL - N° 772 - MaI 201122 -

LE RÉVEIL VOs DROItsVOs DROIts

Désormais organisme de tutelle de l’ONAC, la Direction pour la mémoire, le patrimoine et les archives (DMPA), dépendant du ministère de la Défense, souhaite développer en 2011 une politi-que spécifique de la mémoire pour les OPEX. Leurs opérations devront être appréhendées différemment des autres conflits contemporains, car issues d’une nouvelle forme d’action militaire.Pour la DMPA, les OPEX, génération spécifique, différent des autres AC par l’âge, le nombre, la mobilité profes-sionnelle et géographique, leurs pré-occupations immédiates. Certes, mais n’était-ce pas déjà le cas des anciens combattants en Afrique du Nord, plus jeunes que les AC 39-45, Corée et In-dochine, répartis dans toute la France et dont les préoccupations immédiates tenaient aussi à leur réinsertion pro-fessionnelle ? A la différence près que l’Algérie, guerre sans nom, devait être cachée, tue, dissimulée… et que la mé-moire des p’tits gars n’était pas la bien-venue, tant par les officiels d’hier que d’aujourd’hui.Une prochaine mise en ligne sur le site Mémoire des hommes, rappellera les noms des soldats morts en OPEX, et le ministère de la Défense et des Anciens Combattants entend s’assurer que cha-que militaire « mort pour la France » en opération figure bien sur le monument aux morts de sa commune de naissance et de résidence. Vœu pieux et partagé… même si nous estimons que le retour en France des dizaines de milliers de militaires français engagés dans 34 territoires d’opérations extérieures correspondrait à l’intérêt national de notre pays et permettrait un moindre foisonnement des plaques mémoriales tellement douloureuses aux familles endeuillées.Par ailleurs, une commission ad hoc s’est réunie le 14 avril dernier avec, pour mission, l’érection à Paris – ou ailleurs ? – d’un monument commé-morant les OPEX.Pourquoi pas ? Si cette opération mé-

oPeX, vers un mémorial ?morielle ne vient pas isoler les OPEX de la mémoire nationale, ne leur fa-brique pas une mémoire spécifique, à part de celle de leurs anciens, permet-tant demain ou après-demain - sait-on jamais ? - de faire tomber en désuétude les cérémonies de la Déportation, du 8 Mai 1945, du 11 Novembre et - bien sûr ! - du 19 Mars 1962, et leurs valeurs républicaines.Alors, une mémoire OPEX, pourquoi pas ? A condition que, partie consti-tuante de la mémoire de tous les ACVG, elle soit en capacité demain, après nous, d’assumer la mémoire nationale et les valeurs de la République à part entière.

En 2011, les frais liés à la santé vont en-core être moins remboursés :- ainsi, la prise en charge des médica-ments à vignette bleue descend à 30 %, au lieu de 35 %,

- la participation forfaitaire de 18 euros est étendue aux actes supérieurs à 120 euros au lieu de 91 auparavant. Pour ceux inférieurs à 120 euros réalisés en ville ou à l’hôpital, 20 % restent à la charge du patient,

- le transport des malades d’affection longue durée (ALD) n’est plus pris en charge quand l’état du patient ne le justifie pas (notion très élastique s’il en est, pouvant tout “justifier”),

- l’hypertension artérielle sans compli-cation n’est plus un motif d’entrée en ALD,

- pour les non insulinodépendants, le nombre de bandelettes d’autocontrôle est désormais limité.

« A votre santé », proclame le gouverne-ment ; mais ce sont les malades qui “trinquent” ; tandis que la notion de “sécurité sociale” voulue par Ambroize Croizat, résistant et ministre à la Libéra-tion en 1945, est de plus en plus piétinée par ceux qui nous gouvernent.

noUVeLLeS AtteInteS au droit à la santé

oPeX Commémorative « Haïti »L’arrêté du 25 mars 2011 a porté créa-tion d’une médaille commémorative française avec agrafe « Haïti ». Sont concernés tous les personnels ayant pris part à l’opération « Séisme Haïti », qui s’est déroulée du 12 janvier au 30 septembre 2010, pendant une durée minimale de 15 jours sur l’ensemble du territoire, des espaces aériens et mari-times de la République d’Haïti et de la République dominicaine.

Deux arrêtés, en date du 25 mars 2011, en modifient le montant mensuel al-loué au titre des dispositions : - du décret n° 2000-657 du 13 juillet 2000, instituant une mesure de répa-ration pour les orphelins dont les pa-rents ont été victimes de persécutions antisémites,

- du décret n° 2004-751 du 27 juillet 2004, instituant une aide financière en

reconnaissance de souffrances endu-rées par les orphelins dont les parents ont été victimes d’actes de barbarie du-rant la seconde guerre mondiale.

Le montant de la rente viagère (identi-que dans les deux cas) est porté à 492,51 euros par mois, à compter du 1er janvier 2011.

Rente viagèreRevalorisation de la rente viagère allouée aux orphelins de parents vic-times de la barbarie nazie ou de persécutions antisémites

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MaI 2011 - N°772 - LE RÉVEIL - 23

VOs DROIts VOs DROIts LE RÉVEIL

Relèvement des salaires alloués aux enfants et orphelins

atteints d’une maladie incura-ble ressortissants du code PMI

En fonction des articles L.19 et L.20, L.54 et L.57 du code des pensions mi-litaires d’invalidité et des victimes de guerre, le décret n° 2011-464 a fixé, à compter du 1er janvier 2011, le salaire alloué aux enfants et orphelins atteint d’une maladie incurable (ressortis-sants du code PMI) à 862 euros par mois, soit 10 344 euros par an.

Le gouvernement vise ainsi à inscrire certaines mesures dans la prochaine loi de finances et le financement de la Sécurité sociale pour 2012.

Rejeter la notion de 5e risqueNe soyons pas dupes. La notion de 5e ris-que n’est pas innocente car, aujourd’hui, le « risque dépendance » est déjà pris en charge par l’Assurance maladie. De fait, le gouvernement essaie de fermer le dé-bat en jouant sur les mots ; car la notion de « risque » appelle celle « d’assurance », et nombre « d’assureurs » rêvent qu’une nouvelle branche spécifique leur soit ouverte, parallèlement à la Sécurité so-ciale et à côté de la maladie, des accidents du travail, des maladies professionnelles, de la famille et de la vieillesse.Il faut donc rejeter cette notion de 5e ris-que qui oriente vers l’assurance person-nelle dans le secteur privé. Et au contrai-re, rester dans le cadre de la Sécurité sociale et sa branche maladie avec une spécificité, par exemple, « d’aide maté-rielle et humaine à prendre en charge de la naissance à la mort ». Dans la foulée, arrêtons de parler de « dépendance », notion très floue permettant toutes les manœuvres gouvernementales et ne concernant pas seulement les person-nes âgées. Mieux vaut s’accorder sur la formule « perte d’autonomie » qui unit toutes les populations concernées, sans conditions d’âge, y compris les person-nes handicapées.

Que veut le gouvernement ?Aujourd’hui, la perte d’autonomie tou-che plus d’un million de personnes en situation de dépendance. D’ici 2015, la France comptera deux millions de per-sonnes de plus de 85 ans (1,3 million aujourd’hui) et, d’ici 2040, la progres-sion prévue est de l’ordre de 1 % à 1,5 % par an. La notion de 5e risque sarko-

zyenne vise à faire souscrire à chacune d’elles une assurance complémentaire auprès des compagnies d’assureurs privés. Au lieu de renforcer le caractère universel et solidaire de notre protection sociale pour faire face aux conséquences de cette évolution du vieillissement en terme financier et social, ce 5e risque or-ganise en fait la réduction de la dépense publique en transférant la charge sur les usagers et en donnant la part belle aux assurances privées.Par des mesures relatives aux établisse-ments d’hébergement des personnes âgées, à la Caisse nationale de la solida-rité pour l’autonomie (CNSA), au pilo-tage national de la dépendance et des politiques médico-sociales, le gouver-nement veut encadrer les dépenses des établissements et réduire la contribution publique. Il est d’ailleurs déjà proposé, dans cette voie, de supprimer le béné-fice de l’APA (Allocation aux personnes âgées) pour les personnes classées en GIR4 1, ce qui en exclurait la moitié des 600 000 bénéficiaires actuels.Par ailleurs, sachant qu’actuellement la Sécurité sociale est le financeur princi-pal (85 %) de la prise en charge de la dé-pendance, comment ne pas s’inquiéter du glissement prévu de la gouvernance de la politique nationale vers… la CNSA (Caisse nationale de la solidarité pour l’autonomie) ? Ainsi, d’un financement public et solidaire, on pourrait glisser vers des financements privés et du mar-ché de l’assurance prévoyance.

Débattre nationalement et agirPour l’ARAC, la démarche gouverne-mentale est dangereuse, inacceptable, et se situe à l’opposé des mesures de solidarité nationale mise en place par le programme du Conseil national de la Résistance à la Libération en 1945.il importe donc que :

1/ Soit mise en place une réelle poli-tique sociale face à la perte d’auto-nomie, laquelle pourrait prendre la forme d’un grand service public. Ce qui nécessite, à l’inverse de la RGPP (Révision générale des politiques publiques), une large concertation, l’évaluation des besoins, et des pro-positions financières solidaires à la hauteur des besoins.

2/ Un rejet catégorique de l’interven-tion des banques, assurances, cais-ses de rente et de prévoyance dans la gouvernance et le financement du système, afin du maintien du prin-cipe de solidarité et de gestion de la Sécurité sociale.

3/ Un refus d’une 5e branche à côté des caisses actuelles, ce qui serait un nouveau coup porté à la Sécurité sociale et une attaque de plus à ses principes fondamentaux : la solida-rité et l’universalité.

4/ L’exigence d’un financement pas-sant par des cotisations sociales (sa-lariés / employeurs) prélevées sur la création de richesses par les entre-prises et donc un refus catégorique de la fiscalisation.

Plus que jamais, donc, la perte d’auto-nomie et sa prise en charge, gérée et intégrée dans le cadre de la Sécurité sociale, est à l’ordre du jour d’un débat national que nous devons imposer pour contrer la politique de casse antisociale sarkozyste.1 / GIR : Groupes iso-ressources, au nombre

de six selon le degré de dépendance et d’autonomie.

compensation du handicap et perte d’autonomie

Pour un débat nationalselon le Président de la République, Monsieur Nicolas sarkozy, la prise en charge de la dépendance (handicap et perte d’autonomie) devrait être déclarée « 5e risque » de la protection sociale. Qu’en est-il vraiment ?

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LE RÉVEIL - N° 772 - MaI 201124 -

LE RÉVEIL INtERNatIONaLINtERNatIONaL

Les troupes du colonel Kadhafi résistent. Face à un enlisement annoncé, les alliés occidentaux se répartissent les rôles. De nou-velles options pourraient être en-visagées.

Ce devait être rapide et efficace. Une coalition internationale sous mandat des Nations unies s’engageait pour sau-ver les insurgés libyens. Kadhafi allait voir ce qu’il allait voir…Deux mois après, on n’est pas loin de l’enlisement. Au sol, les insurgés sont à la peine et, malgré un pilonnage in-tensif des forces de l’OTAN, ils ne par-viennent pas à prendre le dessus sur les fidèles du colonel de Tripoli. « Dès lors que vous excluez le recours à des troupes au sol, vous êtes confrontés aux limites in-hérentes aux opérations aériennes (…), au bout du compte cela va être un processus lent et continu » a affirmé (comme pour le regretter ?) le président des États-Unis en marge du G8 à Deauville. Il reste que l’apport américain est essentiel dans le dispositif stratégique de l’Alliance atlan-tique. Les forces engagées seraient for-tement handicapées sans le soutien des ravitailleurs américains KC 135 et l’aide du renseignement américain.En fait, on semble assister à une redistri-bution des rôles. Washington et l’Union européenne se « charge de la diplomatie, Paris et Londres font parler la poudre ».

C’est, en tous les cas, ce à quoi nous as-sistons ces derniers jours. Alors que les bombardements de l’OTAN augmen-tent sur la capitale libyenne pour « dé-loger » Kadhafi, l’Union européenne a élevé le Conseil national de transition de Benghazi au rang d’interlocuteur poli-tique clé « représentant les aspirations du peuple libyen ». De son côté, la Maison-Blanche amplifie son soutien aux re-belles. Le sous-secrétaire d’État chargé des affaires du Proche-Orient, Robert Feltman, a effectué, mi-mai, une visite à Benghazi, capitale de la rébellion. Pour le département d’État, celle-ci constitue « un signal de plus du soutien américain au Conseil national de transition, un in-terlocuteur crédible et légitime ». Du coup, le CNT est invité à ouvrir un bureau de représentation à Washington.Dans le même temps, sur le terrain, une étape décisive de la guerre menée par la coalition a été franchie en décidant d’envoyer en Libye des hélicoptères de combat. C’est la France qui a donné le « la », très rapidement suivie par les Bri-tanniques pour mener des « opérations plus précises ». Est-ce une première éta-pe vers une intervention au sol pourtant formellement interdite par la résolution de l’ONU qui a autorisé les frappes ? « C’est un moyen de se rapprocher du sol » a simplement commenté à la presse un proche du dossier. En fait, depuis le début du conflit, des forces spéciales françaises sont à pied d’œuvre en Libye.

Équipées de visées laser, elles repèrent les cibles et guident les chasseurs de la coalition. Elles pourraient bientôt être renforcées et effectuer les mêmes mis-sions de repérage et de guidage pour les hélicoptères. Un début de la présence de troupes au sol !Cette nouvelle étape dans la guerre marque-t-elle un changement de stra-tégie ? Plusieurs responsables militaires européens s’en sont fait l’écho. Selon la presse européenne, on sous-entend que l’Alliance atlantique « devrait élargir le champ de ses opérations ». L’objectif est-il toujours le même? On sait désormais que le départ de Kadhafi est exigé, ce qui ne figure pas au mandat de l’ONU. Mais le dépeçage de la Libye n’est-il pas déjà intégré ? D’un côté le camp Kadhafi, de l’autre les insurgés et le CNT qui contrôleraient l’essentiel des zones de gaz et de pétrole.Face à une situation militaire gelée, des pays membres de la coalition pensent indispensable d’obtenir une victoire avant la fin du mois de juillet. « Plus rien ne bouge » déclarait récemment Gérard Longuet, le ministre français de la Défense. Alors Paris veut don-ner un coup d’accélérateur, car Paris est pressé et pour plusieurs raisons. D’abord, parce qu’après trois mois d’en-gagement militaire, l’opinion publique, plutôt favorable au début, est en passe de changer. Qui va payer cette guerre ? Qui va supporter le coût (que le gouver-nement s’obstine à cacher), et pendant combien de temps, de cette aventure militaire. Autre préoccupation pour Nicolas Sarkozy qui depuis le début du conflit se pose en « chef de guerre » : la loi l’oblige à soumettre à l’autorisation du Parlement la prolongation d’une opération extérieure au-delà de quatre mois. La date butoir est fixée au 19 juillet et au vu de la situation sur le terrain, du ressenti des Français, le débat dans l’hé-micycle n’est pas gagné d’avance.

Jean-Pierre Delahaye

Libye I enlisement ou partition ?

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INtERNatIONaL INtERNatIONaL LE RÉVEIL

Israël, Palestine

obama se contente de généralitésBarack Obama a prononcé le 20 mai dernier, quelques semaines seulement après l’annonce de la mort d’Oussama ben Laden, un discours entièrement consacré à la politique arabe. Il fallait aussi, pour les États-unis, se positionner et être à l’initiative, alors que tous les bourgeons du printemps arabe n’ont pas encore éclos.

Voyant dans les soulèvements popu-laires au Proche-Orient une « occasion historique », il a assuré que l’avenir des États-Unis était lié à celui du monde arabe, en proie depuis janvier à des sou-lèvements sans précédent, de la Tunisie à l’Égypte ou encore au Yémen. « Les peuples se sont dressés en exigeant leurs droits fondamentaux. Deux dirigeants ont quitté le pouvoir. D’autres pourraient suivre », a-t-il dit.Illustration de la place que Washington entend prendre, il a promis un nouveau

programme d’aide spécialement desti-né aux pays qui s’ouvrent aux réformes politiques et, en premier lieu, la Tunisie et l’Égypte. Ce programme consistera notamment à aider ces pays à récupérer les avoirs dérobés par leurs anciens diri-geants. Il a même évoqué un rôle pour la Banque européenne de recherche et de développement (BERD) de la même manière que celle-ci s’était investie dans les pays de l’Est européen, après la chute du mur de Berlin. En réalité, il s’agit pour les États-Unis de garder une main politique sur les évolutions en cours, pour être certain que si chan-gement géopolitique il doit y avoir, ce-lui-ci se fasse sous contrôle. C’est aussi ce qu’entend faire le G8.Dans une telle situation, Barack Obama ne pouvait pas ne rien dire sur le dossier israélo-palestinen. Malheureusement, le président américain s’est contenté de généralités en s’adressant aux Is-raéliens tout en les rassurant - un État palestinien dans les frontières de 1967 comme base mais en tenant compte des évolutions depuis cette date ! - mais a

multiplié les mises en garde vis-à-vis des Palestiniens - pas de retour des réfugiés, aucune mention des colo-nies, refus de la reconnaissance d’un État palestinien par l’ONU en septem-bre… Au-delà des mots, il faut des actes concrets pour reprendre le chemin de véritables négociations sur le statut fi-nal. Or, en ne disant pas un mot sur la poursuite de la colonisation - Israël vient d’annoncer la construction de nouveaux logements dans les zones occupés - en parlant d’État juif à pro-pos d’Israël, Obama n’a pas montré qu’il entendait mettre en place une politique coercitive à l’égard d’un État peu scrupuleux du droit international et des résolutions de l’ONU. Ce qu’a bien compris le Premier ministre is-raélien, Benjamin Netanyahou, qui a rejeté, dans une allocution devant un Congrès américain tout acquis à sa cause, tout retour aux frontières de 1967 et prévenu que Jérusalem reste-rait « capitale unifiée » d’Israël.Il est à craindre que, comme d’habitu-de, pour sortir de son isolement inter-national dans lequel le confine une telle attitude, Israël ne cherche une porte de sortie guerrière. Les tensions risquent de s’aiguiser dans les prochains mois. D’autant que la plus grande crainte de Tel Aviv est justement la reconnais-sance par l’ONU, en septembre, d’un État palestinien dans les frontières de

1967. Le président de l’OLP, Mah-moud Abbas a prévenu : « Nous

avons déclaré dans le passé et nous disons toujours que la négociation est notre choix, la négociation et rien d’autre. Mais si rien ne se produit d’ici septembre, nous irons devant l’ONU ».

Pierre Barbancey

MaI 2011 - N°772 - LE RÉVEIL - 25

Page 26: Le réveil des combattants - Mai 2011

LE RÉVEIL - N° 772 - MaI 201126 -

LE RÉVEILVIE DE L’aRacVIE DE L’aRac

Prise de parole de claude Ozen-ne, membre du BN et animateur de la section du Havre et environs (extraits).

Le 8 janvier 1961, le peuple français approuve par référendum le principe de l’autodétermination de l’Algérie (75,25% de oui en Métropole et 69,09% en Algérie, où les musulmans ont voté aux cotés des colons). Deux mois plus tard, le 30 mars 1961, le gouvernement annonce officiellement l’ouverture de pourparlers avec les représentants du GPRA (Gouvernement provisoire de la République algérienne). Dans une conférence de presse, le 11 avril 1961, le général de Gaulle, Prési-dent de la République, parle désormais de l’Algérie comme d’un : « État sou-verain ».Sous les ordres des généraux à la re-traite : Salan, Challe, Jouhaud et Zeller, dans la nuit du 20 au 21 avril 1961, des hommes du 1er REP pénètrent dans Alger et s’emparent par la force de plu-sieurs points stratégiques. Ils seront vite rejoints par les 14e et 18e RCP, le 20e

GAP, les commandos de l’air. (…)Le message est bien reçu par les mili-taires du contingent lesquels, à certains endroits, vont aller jusqu’à enfermer leurs officiers et même s’opposer en ar-mes aux mutins. Le mercredi 26 avril, l’échec du putsch est constaté, le com-mandant Denoix de Saint-Marc et le général Challe se rendent aux autorités légales. Le 6 mai suivant, le général Zel-ler se constitue prisonnier à Alger. Les généraux Salan et Jouhaud entrent dans la clandestinité, le premier à Alger et le deuxième à Oran où, pendant plusieurs mois, ils vont couvrir les exactions com-mises en leur nom par les tueurs de l’OAS, créé deux mois au paravent.Il est bon de rappeler la menace encou-rue pour la démocratie dans notre pays à cette occasion. Surtout quand on sait le programme des putschistes : déchéance de la Ve République, constitution d’un gouvernement de salut public avec les responsables des mouvements nationa-listes français et leurs correspondants dans l’armée, le Parlement qui ne peut prétendre à une quelconque représenta-tivité, sinon celle de la lâcheté, sera dis-sous. Tous les partis sont dissous ... ainsi

que les associations progressistes…Le document livré par L’Express, le 15 juin 1961, permet d’apprécier le civisme et le courage exemplaire de tous ces sol-dats anonymes dispersés ça et là dans les djebels et réunis dans un même idéal : leur fidélité à la République évitant à notre pays de sombrer dans le chaos.Aussi, rendons hommage aux appelés du contingent, aux officiers et sous-of-ficiers républicains qui ont refusé de suivre les généraux félons.Fidèles à leur mémoire, aujourd’hui, nous nous opposons de manière ré-solue à la réhabilitation de tous ceux qui, par la violence et le crime, ont tenté d’empêcher le retour à la paix et la fin du colonialisme, ont attenté aux jours du Président de la République, et tentent encore de resurgir. Et nous condamnons l’existence des stèles et monuments élevés en leur honneur, y compris la pose de la plaque apposée au Mémorial du quai Branly.Enfin, nous appelons les élus de la Na-tion et la population à exprimer, dans l’union la plus large, leur volonté de paix et de solidarité entre tous les peuples du monde.

alger I 21 avril 1961 : l’échec du putsh des généraux

BoUCHeS-DU-RHone (13)Fos-sur-Mer : Sauveur DANDOLO, 82 ans, ami.

CHARente (16)Ruelle : Pierre LABONNE

DoRDoGne (24)excideuil : Germain GALVA-GNON.Firbeix : Maurice AMBERT, AC 39-45Montrem : Paul VALBOUSQUET, AC ATM. Charles THEILLOUT.Périgueux : Léon LICHTEMBERG, AC 39-45.Saint-Paul-Laroche : Mme Jeanne PIQUÉ.thiviers : Roger FAUCHER, AC 39-45. Albert FRUGIER, AC 39-45, AC ATM, ancien conseiller municipal.

GARD (30)alès : Robert MICHELET, AC 39-45. Albert SFORZI, AC 39-45.

HAUte-GARonne (31)Lévignac : Henri BERNADO, 92 ans, ACPG.

HeRAULt (34)Lodève: Pierre ARRAZAT, AC 39-45, président d’honneur de la section. Georges CALAS, AC 39-45. Georges KHOLER, AC ATM.

MoSeLLe (57)Hagondange : Jean ROCHOTTE, 87 ans, AC 39-45

nIeVRe (58)Decize : Fernande TAUPIN, veuve.Fourchambault : Antonia BEL-LON, veuve. André BERNOT, AC 39-45. Raymond ROYER, AC ATM.

noRD (59)Fenain : Alphonse CADIX, AC ATM. Marcel CRETEUR, AC ATM. Jules HUSQUIN, AC ATM. Daniel LACQUEMENT, AC ATM. Dino MUCCIANTE, AC ATM. Lucien NADOLNY, AC ATM. Solre-le-Château : Bernard ME-NET, 73 ans, AC ATM.

PYReneeS-oRIentALeS (66)Prades : Albert CALVET, 84 ans. Mme Huguette ESNOULT, 92 ans, veuve.

DeUX-SeVReS (79)niort-Saint-Florent : Gérard MILLET, AC ATM.

VAUCLUSe (84)avignon : Jacques RAMBAUD, sous lieutenant «Vladimir », Résistant, Chevalier de la Légion d’honneur au titre de la Résistance,

Croix de guerre avec palmes, Croix du combattant volontaire de la Résistance, Médaille des grands blessés.

VenDee (85)La Roche-sur-yon : Claude BAR-BIN, 73 ans, AC ATM. VIENNE (86)usseau : Pierre TRANCHANT, 95 ans, ACPG

eSSonne (91)Les ulis : Guy FILLON, AC Indo-chine et généreux donateur.Palaiseau : Mme Monique BIGÉ.

VAL-De-MARne (94)Villejuif : Mme Marcelle LA-BRUYERE, « Zoubinette », 87 ans, jeune résistante active des FTP EN Saône-et-Loire puis dans la Marne.

noS PeIneS MaI 2011Le Réveil des Combattants adresse aux familles et aux amis de nos camarades décédés ses sincères condoléances.

Page 27: Le réveil des combattants - Mai 2011

MaI 2011 - N°772 - LE RÉVEIL - 27

VIE DE L’aRac VIE DE L’aRac LE RÉVEIL

Mémorial de FréjusDépôt de gerbesL’Association nationale des anciens combattants, victimes de la guerre d’Indochine (ACVGI) serait honoré de votre présence lors du dépôt de gerbes au mémorial de Fréjus, le 20 juillet à 10h30, en hommage à nos camarades disparus lors de ces guerres.Le 20 juillet est la date de la signature des accords de Genève, mettant fin à la guerre Franco-Vietnamienne.Le soir du 20 juillet – rendez-vous à l’Arc de Triomphe vers 17h30 où en hommage à nos camarades nous ravi-verons la Flamme. Bien évidemment si vous vous faites accompagnés de vos drapeaux, nous vous en remercions par avance.

Pour le Bureau de l’aCVGiMichel Bassot

Anduze, dans le département du Gard, appelée « la porte des Cévennes » est une petite commune qui fut lieu d’habitation de la famille Barbusse… Un hameau Barbusse existe d’ailleurs toujours dans la commune voisine de Tornac. La municipalité ayant décidé (enfin !) d’honorer l’enfant du pays, l’inauguration a eu lieu le 8 mai.Notre ami Frédéric Caby, conservateur de la Maison Barbusse à Aumont, a représen-té l’association des Amis d’Henri Barbusse et a retracé le parcours et l’œuvre de notre fondateur de l’ARAC.Sur la photo, Frédéric Caby dévoile la pla-que avec le maire d’Anduze et madame le maire de Tornac.

anduzeUne allée et une plaque Henri-Barbusse

Val-de-Marne (94)Cérémonie de dévolution à CréteilCérémonie de dévolution à la ville de Créteil, du mémorial du Val-de-Marne Afrique du Nord 1952-1962, le 22 octo-bre 2010. En présence du député-maire de Créteil, Laurent Cathala, du colonel Dodane, du directeur de l’ONAC 94, Gérard Lamoine, et de Jacques Gou-torbe, président de l’ARAC 94.

Inauguration de la stèle Henri BarbusseSamedi 7 mai 2011, 11 porte-drapeaux de l’ARAC du département de l’Aisne, auxquels se sont joint le Comité d’en-tente des anciens combattants de Sois-sons, soit 24 drapeaux qui ont participé à l’inauguration de la stèle Henri Bar-busse à Crouy, localité picarde où notre fondateur Henri Barbusse s’est trouvé sur le front de la guerre 1914-1918.Jacques Dessalangre, député de l’Aisne, entouré de Paul Markidès qui avait auparavant rendu hommage à Henri Barbusse, et d’Antoine Crestani, tous deux membres du Bureau national de notre association, a dévoilé la stèle.Daniel Moitié, maire de Crouy et Roger Devaux, membres de l’ARAC, ainsi que des élus de Soissons dont le maire de

cette ville, Crouy, Clamecy, Bray ont participé à cette cérémonie.Nos remerciements les plus sincères vont aux donateurs de la stèle.

8e course de la paix Henri BarbusseLe dimanche 8 mai 2011 s’est déroulé le 8e grand prix pédestre de la paix Henri Barbusse organisé par la section de Crouy, le comité départemental de l’ARAC de l’Aisne et la municipalité de Crouy.Antoine Crestani a remis la coupe de l’ARAC nationale à Mister Fuller B, un ancien combattant anglais, qui a termi-né la course en tenue de combat, ran-gers et sac à dos de 10 kg en hommage à son grand-père tué pendant la guerre de 14/18 et enterré à Crouy.

crouy

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LE RÉVEIL - N° 772 - MaI 201128 -

LE RÉVEIL VIE DE L’aRacVIE DE L’aRac

INVALIDITE de 10 à 80 %

10 % 48 55,40

15 % 72 83,10

20 % 96 110,80

25 % 120 138,50

30 % 144 166,20

35 % 168 193,90

40 % 192 221,60

45 % 216 249,30

50 % 240 277,00

55 % 264 304,70

60 % 288 332,40

65 % 312 360,10

70 % 336 387,80

75 % 360 415,50

80 % 384 443,20

INVALIDITE de 85 à 100 % avec all GI 1,2,3 et 4 selon taux

85 % ss all GM av all GM

489 564,39

625 721,35

90 % ss all GM av all GM

522 602,48

745 859,85

95 % ss all GM av all GM

574 662,49

872 1 006,43

100 % ss all GM av all GM

628 724,82

1000 1 154,17

INDEMNITE DE SOINS AUX TUBERCULEUX

de soins 916 1 057,22

de ménagement 458 528,61

de reclassement et de ménagement

au taux plein 687 792,91

au taux réduit 275 317,40

INVALIDITE à 100 % avec degrés de surpension (art l.16) et avec all. GI N°5

Invalidité 100 %

1° sans all GM avec all GM

928 1 071,07

1139 1 314,60

2° sans all GM avec all GM

947 1 093,00

1180 1 361,92

3° sans all GM avec all GM

966 1 114,93

1221 1 409,24

4° sans all GM avec all GM

985 1 136,85

1262 1 456,56

5° sans all GM avec all GM

1004 1 158,78

1303 1 503,88

6° sans all GM avec all GM

1023 1 180,71

1344 1 551,20

7° sans all GM avec all GM

1042 1 202,64

1385 1 598,52

8° sans all GM avec all GM

1061 1 224,57

1426 1 645,84

9° sans all GM avec all GM

1080 1 246,50

1467 1 693,16

10° sans all GM avec all GM

1099 1 268,43

1508 1 740,48

Par degré en plus de 10

sans all GMavec all GM

19 21,93

41 47,32

LES PENSIONS D’ASCENDANTS

Ascendants âgés de moins de 65 ans

Taux plein 213 245,84

Demi-taux 106,5 122,92

Ascendants de plus de 65 ans

Taux plein 243 280,46

Demi taux 121,5 140,23Majoration pour cha-que enfant décédé en sus du premier

45 51,94

INVALIDITé à 100 % avec article l 18 + all gi 5 bis (a) + all gi n°6

100 % + art L.18 + all GI n°5 bis (a)

sans all GMavec all GM

1 838 2 121,36

2 189 2 526,47100 % + art l16 et l18 + all gi n°5bis (a) et gi 6

1° sans all G.M. avec all G.M.

1908 2 202,15

2289 2 641,89

2° sans all G.M. avec all G.M.

1978 2 282,94

2369 2 734,22

3° sans all G.M. avec all G.M.

2048 2 363,73

2449 2 826,55

4° sans all G.M. avec all G.M.

2118 2 444,53

2529 2 918,89

5° sans all G.M. avec all G.M.

2188 2 525,32

2609 3 011,22

6° sans all G.M. avec all G.M.

2258 2 606,11

2689 3 103,55

7° sans all G.M. avec all G.M.

2328 2 686,90

2769 3 195,89

8° sans all G.M. avec all G.M.

2398 2 767,69

2849 3 288,22

9° sans all G.M. avec all G.M.

2468 2 848,48

2929 3 380,55

10° sans all G.M. avec all G.M.

2538 2 929,28

3009 3 472,89

Par degré en plus de 10

sans all G.M.avec all G.M.

70 80,79

80 92,33

RETRAITE DU COMBATTANT

Annuelle 43 595,55

Semestrielle 297,78

PENSION D’INVALIDITEValeur du point 13,85 e à partir du 1er juillet 2010

Pourcentage Indices Montant mensuel Catégories Indices Montant

mensuel

(1) A ces totaux s’ajoute éventuellement l’une des all. G.I. N° 8 (de 368 à 800 points selon le taux ou la nature de l’infirmité). L’all.G.M servie est soit l’all. prévue selon le taux, soit certaines all. spécifiques (ex: 982 points pour aveugles) si cette all. est plus avantageuse.

(1)

Page 29: Le réveil des combattants - Mai 2011

MaI 2011 - N°772 - LE RÉVEIL - 29

VIE DE L’aRac VIE DE L’aRac LE RÉVEIL

AU TAUX NORMALConjoints survivants de victimes militaires (de guerre ou hors guerre) et de victimes civiles de guerre, quel que soit leur âge, dont le droit à pension découle de l’impu-

tabilité ou dont le conjoint était pensionné à 85 % avec all. G.M.500 577,08

Conjoints survivants de victimes militaires (guerre ou hors guerre) et de victimes civiles de guerre, quel que soit leur âge, dont le conjoint était pensionné à 85 %

sans allocation G.M.489 371,30

AU TAUX DE REVERSIONConjoints survivants de victimes militaires (guerre ou hors guerre)

de moins de 40 ans bénéficiant du taux de reversion 333 371,30

Conjoints survivants de victimes militaires (guerre ou hors guerre) de plus de 40 ans,bénéficiant du taux de reversion, dont le conjoint était

pensionné au taux de 70% …

… au taux de 70 % 336 374,64

… au taux de 75 % 360 401,4

… au taux de 80 % 384 428,16

Conjoints survivants de victimes militaires (guerre ou hors guerre) quel que soit leur âge,bénéficiant du taux de rever-

sion, dont le conjoint était pensionné…

… au taux de 60 % 288 360,10

… au taux de 65 % 312 332,40

AVEC SUPPLéMENT EXCEPTIONNELVeuves de déportés morts en déportation, et de prisonniers du Viet-Minh

morts en captivité, sans condition d’âge et de ressources 667 769,83

Conjoints survivants âgés d’au moins 50 ans ou infirmes remplissant la condition de ressources 667 769,83

MAJORATION POUR LES TITULAIRES DE L’ARTICLE L18 (tierce personne)Conjoints survivants pensionnés justifiant de 15 ans de mariage et de soins, dont le conjoint était bénéficiaire de l’article L18 (tierce personne) avec l’allocation n° 5 bis (b) et était donc : aveugle, ou amputé de deux membres, ou paraplégique

350 403,96

Conjoints survivants (autres que ceux ci-dessus) pensionnés justifiant de 15 ans de mariage et de soins, dont le conjoint était bénéficiaire de l’article L 18 (tierce

personne) avec l’all. n° 5 bis (a)260 300,08

INVALIDITE à 100 %Aveugles, bi-amputés, paraplégiques

100 % + L18 + all. GI n°5 bis (b)

sans all G.M.avec all G.M.

1929 2 226,39

2280 2 542,20

100 % + art L18 + art L16 + all G.I. n°5 bis (b) + all G.I. n°6

1° sans all G.M. avec all G.M.

1999 2 307,18

2380 2 746,92

2° sans all G.M. avec all G.M.

2069 2 387,97

2460 2 839,25

3° sans all G.M. avec all G.M.

2139 2 468,76

2540 2 931,58

4° sans all G.M. avec all G.M.

2209 2 549,55

2620 3 023,92

5° sans all G.M. avec all G.M.

2279 2 630,35

2700 3 116,25

6° sans all G.M. avec all G.M.

2349 2 711,14

2780 3 208,58

7° sans all G.M. avec all G.M.

2419 2 791,93

2860 3 300,92

8° sans all G.M. avec all G.M.

2489 2 872,72

2940 3 393,25

9° sans all G.M. avec all G.M.

2559 2 953,51

3020 3 485,58

10° sans all G.M. avec all G.M.

2629 3 034,30

3100 3 577,92

Par degré en plus de 10

sans all G.M.avec all G.M.

70 80,79

80 92,33

Catégories Indices Montant mensuel

Catégories Indices Montant mensuel

L’Allocation aux grands invalides n°9, dite allo-cation aux implaçables, n’est pas d’un montant fixe. En effet, elle représente pour le bénéficiaire la différence entre ses revenus (pension et autres) et le montant produit par la multiplication de la valeur du point et de l’indice 1500 s’il est âgé de 65 ans ou de l’indice 1200 s’il a plus de 65 ans.Ainsi par exemple, un pensionné à 90 % sans allocation G.M. bénéficie d’une pension d’inva-

lidité calculée sur l’indice 522. S’il n’a pas d’autres ressources que sa pension, et s’il est âgé de moins de 65 ans, le montant mensuel de son allocation n°9 sera calculée comme suit : • 522 x 13,85 e / 12 = 602,48 e• Les ressources globales autorisées sont fixées sur

la base de l’indice 1500 multipliées par la valeur du point de pension en vigueur : Indice 1500 = 20 775,00 e par an, soit 1 731,25 e par mois.

• En retranchant de cette somme le montant mensuel de cette pension : 1 731,25 e - 602,48 e on obtient la valeur mensuelle de l’allocation n°9 : 1 128,77 e

• montant mensuel des ressources autorisées Indice 1500 = 1 731,25 e Indice 1200 = 1 385,00 e

LES IMPLAçABLES

PENSIONS DE CONJOINTS SURVIVANTS AU TAUX DE SOLDAT

A tous ces indices s’ajoutent depuis le 1er janvier 2004 (art.121 de la loi de finances 2004) 15 points uniformes pour tous.

(1) A ces totaux s’ajoute éventuellement l’une des all. G.I. N° 8 (de 368 à 800 points selon le taux ou la nature de l’infirmité). L’all.G.M servie est soit l’all. prévue selon le taux, soit certaines all. spécifiques (ex: 982 points pour aveugles) si cette all. est plus avantageuse.

(1)

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LE RÉVEIL - N° 772 - MaI 201130 -

LE RÉVEIL MaGazINEMaGazINE

Janvier 1922. Ulrich Ruden nait à Druis-bourg (grand port fluvial au confluent du Rhin et de la Ruhr) de Irmgard (ouvrière aux aciéries Thyssen) et de Amadou Diallo, soldat « français » d’oc-cupation du 25e Régiment de tirailleurs sénégalais, natif de Sinéré, Soudan fran-çais. Ulrich, que sa mère élève seule, et pour cause, est un adolescent comme les autres, un Allemand, sinon que sa peau est… noire.

Ils sont une petite centaine, cette géné-ration de métis née des brefs amours entre jeunes Allemandes et soldats noirs, qualifiés par les nazis de « hon-te noire » pour l’Allemagne. Didier Daeninckx soulève ici le voile sur une réalité ignorée. Marginale, peut-être… Mais recouvrant l’itinéraire tragique de ces oubliés par l’historiographie du 3e Reich, et pourtant dénoncés par Hitler comme symbole de l’avilissement dé-

libéré du sang aryen par les occupants dégénérés.D’abord témoin des violences contre les juifs, Ulrich sera pourchassé à son tour, arrêté et envoyé à Cologne comme sujet d’études pour un institut « scienti-fique ». Comment Ulrich finira-t-il par s’engager dans les FFL à Dakar, avant de revenir à Druisbourg dans sa jeep militaire, ça… vous le saurez en décou-vrant le livre.Mais, par-delà l’odyssée d’Ulrich et la dénonciation vigoureuse du nazisme, Didier Daeninckx rappelle avec force, à travers la destinée d’Amadou, le sort des tirailleurs africains en France. Hors des sentiers battus, le parcours du fils revenu sur les pas du père et confronté à l’assassinat de sa mère (déportée à Da-chau pour avoir donné la vie à un « bâ-tard ») nous contraint à une réflexion dérangeante d’un apport singulier.

GaladioGaladio I Didier Daeninckx - Roman Gallimard - 15,50 e1940-19451940-1945noirs, Blancs, Beurs, noirs, Blancs, Beurs, libérateurs libérateurs de la Francede la FranceCharles onana - Préface de Richard Bohringer - ed Duboiris - 25 e

Ce document explique en images ce qu’a été l’armée du général de Gaulle, de l’Appel du 18 juin 1940 à la Libéra-tion, le 8 mai 1945. Au fil des pages, on découvre comment les Noirs, les

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MaI 2011 - N°772 - LE RÉVEIL - 31

DOssIER LE RÉVEILMaGazINE MaGazINE LE RÉVEIL

Blancs et les Beurs ont lutté ensemble pour sauver la France de l’occupation et de l’humiliation nazie. Noirs, Blancs, Beurs, de quoi horrifier le Pen et les ra-cistes de tout poil…Et il a bien raison, Richard Bohringer qui écrit : « Il faut que toutes les mères françaises, que tous les pères français, que tous les enfants français sachent ce que le tirailleur sénégalais, malien, ivoirien, ca-merounais, marocain, algérien, tunisien, malgache a fait pour notre liberté (…). C’était la liberté et la démocratie que ces hommes défendaient. C’était la lutte contre le racisme qu’ils menaient (…). Pour un tirailleur mort, peut-être que cent petits-en-fants blancs sont restés en vie. Alors, soyons capables, pour l’Afrique, de la même chose. A ce moment-là, je pense que la paix aura gagné, l’égalité et la fraternité auront ga-gné. Car seul l’acte fait la différence. »A l’opposé du discours identitaire et des charters de MM. Sarkozy, Hortefeux et Besson, Richard Bohringer nous invite à la mémoire, à une mémoire de luttes pour une France retrouvée, humaniste, dans un monde meilleur. Merci à M. Bohringer.

FusillésFusillésJean-yves Le naour - ed Larousse - 20 e Cette enquête sur les crimes de la jus-tice militaire est un monument à la mémoire de cinquante victimes d’une machine militaire inhumaine durant la guerre de 1914-1918.

Les fusillés pour l’exemple, 600 en-viron exécutés sur les 2 300 soldats français condamnés à mort. Condam-nés pourquoi ? François-Marie Lau-rent qui ne connaît que le breton et ne comprend pas les ordres donnés en français, Jean Jacglé parce qu’il porte le même nom qu’un espion allemand, fu-sillés les soldats de Verdun accusés par un médecin militaire de mutilations volontaires… Fusillés pour galvaniser l’énergie des troupes, avec pour résul-tat, la plupart du temps, l’écœurement et l’indignation des « poilus » face à des condamnations arbitraires. Des survivants qui ont témoigné, après la guerre, pour lever la honte des familles et réhabiliter ces hommes morts pour rien. Pesanteurs administratives et pro-messes (Jospin alors Premier Ministre, puis Sarkozy, Président de la Républi-que), rien de décisif n’a encore bougé. C’est pourquoi l’ARAC, avec la Ligue des droits de l’homme et la Libre pen-sée agissent pour la réhabilitation de tous les fusillés pour l’exemple. Alors seulement, la mémoire de la « Grande Guerre » pourra être fédératrice et fai-re communier avec l’Histoire.

Charles n’tchoréré Charles n’tchoréré face aux nazisface aux nazisLouis Bigmann, ancien président de l’assemblée nationale gabonaise - ed Duboiris - 15 e

Le capitaine Charles N’Tchoréré était l’un des rares officiers français d’origine africaine appelé à diriger des troupes mixtes. Il était à la tête de la 7e Com-pagnie du 53e Régiment d’infanterie co-loniale mixte sénégalais (RICMS). En 1940, les armées nazies déferlent sur le Nord de la France et rencontrent une violente et farouche résistance devant le village d’Airaines, dans la Somme. Elles finiront par le prendre d’assaut, le 17 juin, et, au mépris de toute humanité, un officier nazi assassinera le capitaine N’Tchoréré d’une balle dans la nuque. Le fils du capitaine était lui aussi mort au combat. Différentes stèles rappellent le souvenir des 1 200 morts du 53e RIC-

MS qui ont lutté les 5, 6 et 7 juin 1940 sur les points d’appui de la Somme.A Airaines même, un monument rend hommage à la mémoire du capitaine N’Tchoréré. Contre tout racisme et toute mesure d’exclusion, de charters vers l’Afrique ou l’Europe centrale, rappelons-nous ce que nous disent ces repères de la mémoire : « Passants, ils sont tombés fraternellement unis pour que tu restes français ».

Une histoire Une histoire américaineaméricaineFrank sinatra, Dean Martin, sammy Davis Junior, Joey Bishop, Peter LawfordGeorges ayache - ed. Choisel - Diffusion CeD/Belles Lettres - 20 e

« Le Rat Pack » - la bande des rats – ou l’histoire d’un groupe de bringueurs et dragueurs invétérés, fumeurs de Ches-terfield et inconditionnels du Jack Da-niel’s. Des bringueurs aux multiples conquêtes. Marlène Dietrich, Marilyn Monroe, Ava Gardner, Kim Novak, Mia Farrow et bien d’autres ! - qui vont pour-tant s’engager sur le terrain politique en faisant campagne pour John F. Ken-nedy, lors de l’élection présidentielle de 1960. Sur fond de société conservatrice gangrenée par le racisme, où le show bisness, la politique et la mafia sem-blaient faire bon ménage. Une société qui débouchera pourtant sur l’assassi-nat de Dallas et le tragique bourbier de la guerre au Vietnam.

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