Urbanisme et intercommunalité

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Brèves Concours Un jardin sur mesure P. 3 Opération Schéma d’Aménagement Communautaire et Plan d’Action Foncière P. 10 N°53 Juillet 2011 Urbanisme et intercommunalité La publication trimestrielle du Conseil d’Architecture, d’Urbanisme et de l’Environnement de Maine-et-Loire (CAUE) et de la Maison de l’Architecture, des Territoires et du Paysage (MATP)

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Imago n°53 - Juillet 2011

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BrèvesConcours

Un jardin sur mesureP. 3

OpérationSchéma d’Aménagement Communautaire

et Plan d’Action FoncièreP. 10

N°53Juillet2011

Urbanismeet intercommunalité

La publication trimestrielle du Conseil d’Architecture, d’Urbanisme et de l’Environnement de Maine-et-Loire (CAUE) et de la Maison de l’Architecture, des Territoires et du Paysage (MATP)

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ExPosiTions

“12,8 M2” PEINTURE…

Ce projet de Yan Bernard vise à créer un objet “géométrico-pictu-ral”. Il est pensé comme un as-semblage architecturé de toiles, représentant des fragments de constructions prélevés dans le réel, l’univers du film ou du jeu vidéo.C’est une symbiose entre réalité et fiction, à la fois objet formel et contenant. Une tentative de lier en un point (celui de l’œuvre), plusieurs univers créant ainsi une sorte de dysfonctionnement, à partir duquel peut se former une réalité alternative (celle de l’objet). De sorte que l’objet ainsi créé devient l’élément divergent. Concret, probable et improbable sont ainsi mis sur le même plan.Chaque toile est comme un pixel emprunté à une autre image, qui constituerait une extrusion par-tiale de notre monde. Chaque élément d’architecture serait le dénominateur commun d’une expérience à venir. Yan Bernard, artiste angevin, a participé à plusieurs expositions collectives ou individuelles à An-gers et Nantes. Jusqu’au 26 août 2011

312 avenue René Gasnier - 49100 ANGERStél. 02.41.22.99.99 / courriel : [email protected]

Lieu d’exposition ouvert du lundi au vendredi de 9 h à 12 h 30et de 14 h à 18 h, le dimanche de 14 h à 18 h.

AGENDA

Le 14 juin dernier, à l’issue de l’Assemblée générale, le Conseil d’administration m’a élu président du CAUE de Maine-et-Loire.

Avant d’exprimer en quelques mots le sens que je compte donner à ce mandat, je veux tout d’abord rendre hommage à celle qui m’a précédé dans cette fonction, Sylvie GUINEBER-TEAU, maire de Brissac-Quincé. Le cadre statutaire du CAUE réservant la présidence à un Conseiller général ne nous a pas permis de lui confier la présidence après l’intérim qu’elle a as-suré depuis le départ de Christian GAUDIN. On peut le regretter tant sa présence et son action, denses et chaleureuses, ont été appréciées.

J’aborde ce mandat de trois années avec la conscience que, comme toutes les structures œuvrant dans le sens de l’aména-gement du territoire et de la culture architecturale et urbaine, le CAUE est à la croisée des chemins. Après plus de trente ans d’une certaine stabilité, le cadre et le financement de l’activité du CAUE mais aussi ses missions et son positionnement insti-tutionnel peuvent être profondément bouleversés.

Tout est en effet conduit à évoluer au cours de ces prochains mois.

La vague du Grenelle de l’Environnement n’a pas fini de pro-pager ses ondes au plus profond de notre société.

La volonté de simplifier le droit de l’urbanisme et de le rappro-cher au plus près des citoyens nécessite aujourd’hui plus en-core qu’hier, proximité et pédagogie.

L’inéluctable retour de l’État aux seuls champs régaliens de sa mission, rend nécessaire une nouvelle ingénierie dont l’acti-vité ne peut être calquée sur les pratiques du passé et qui sera imaginative et adaptée aux contextes.

La réforme de la fiscalité de l’urbanisme ouvre une perspec-tive nouvelle pour le financement du CAUE et de ses missions d’intérêt public.

Enfin, l’organisation territoriale de la France, bientôt profon-dément réformée, impose un accompagnement nouveau. Sur ce dernier point, la question des compétences attachées aux différents niveaux de territorialité revêt une importance détermi-nante. Le présent numéro d’IMAGO s’inscrit dans cette évolu-tion qui place la responsabilité de l’aménagement des territoires et l’urbanisme à une échelle dépassant le cadre communal.

Au-delà, j’engage ce mandat de président du CAUE de Mai-ne-et-Loire avec la ferme intention de conduire l’adaptation permanente de l’action à ces nouvelles conditions qui doivent constituer autant de perspectives de développement et d’adé-quation aux attentes.

Je vous remercie de votre soutien, suis particulièrement à l’écoute de vos remarques et vous souhaite un bel été 2011.

ProGrAmmE mATP

SALONDE LA MAISON BOISParc des expositions d’Angerswww.salon-maison-bois.comDu 14 au 17 octobre 2011

ETATS GéNéRAUx DU BOIS DANS LA cONSTRUcTIONAu centre des congrès d’Angerswww.egboisconstruction.comJeudi 13 octobre 2011

SALON INTERNATIONALDE LA cONSTRUcTION BATIMAT 2011Paris expo - Porte de VersaillesDu 07 au 12 novembre 2011

ASIE-EUROPEExposition art textile contemporainMusée Jean-Lurçatet de la tapisserie www.musees.angers.frJusqu’au 13 novembre 2011

ExPOSITIONFESTIvAL D’ARchITEcTURE PETITES MAchINESà hABITERL’ABRI à BRIcOLESL’arche de la Nature(Ferme de la Prairie) - Le Manswww.caue-sarthe.comJusqu’au 30 septembre 2011

“L’hOMME qUI MARchE” TANIGUchI JIRô, (Maître de la bande dessinée japonaise)Exposition inédite en FranceAbbaye de Fontevraudwww.abbayedefontevraud.comJusqu’à fin novembre 2011

Gilles LERoYConseiller général de BeaupréauPrésident du CAUE de Maine-et-Loire

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SOMMAIRE

AGENDA / En Maine-et-Loire et ailleurs ................................................................. P.2PROGRAMME MATP / Juillet-septembre 2011 ...................................................... P.2BRèvES / AG 2011 / Un jardin sur mesure / Aménager avec le végétal ............... P.3DOSSIER / Urbanisme, aménagement et intercommunalité ................................. P.4OPéRATION / Schéma d’Aménagement Communautaire… ................................ P.10DécOUvERTE / Breda, engagement politique et écologie urbaine .................... P.12

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ARchéOLOGIE ET PROJET URBAIN : LE PLATEAU DE LA MAyENNE

En ouverture de la saison cultu-relle 2011-2012 et à l’occasion des Journées du Patrimoine, la Maison de l’Architecture, des Territoires et du Paysage pro-pose une exposition conçue en partenariat avec l’INRAP consa-crée aux fouilles archéologiques menées sur le site du Plateau de la Mayenne.Le projet d’aménagement ur-bain du Plateau de la Mayenne a donné lieu à trois chantiers de fouilles préventives réalisés par les archéologues de l’INRAP.Ces fouilles renouvellent les connaissances sur l’habitat an-tique et du Haut Moyen-Âge au nord d’Angers. Elles ont notam-ment révélé l’existence d’une ferme gauloise des VII-Ixe siè-cles dont le modèle n’a encore jamais été étudié dans la région

ainsi que les vestiges d’une fer-me mérovingienne.Les études archéologiques et historiques complètent ainsi les connaissances d’un site plus connu pour l’activité aéronauti-que de l’époque contemporaine.Du 15 sept. au 2 nov. 2011

ConFÉREnCEs

LA FERME MéROvINGIENNE DU PLATEAUDE LA MAyENNE

Frédéric Guérin, archéologue, présentera les découvertes de la ferme mérovingienne lors de la conférence inaugurale le jeudi 15 septembre à 18 h.

312 avenue René Gasnier - 49100 ANGERStél. 02.41.22.99.99 / courriel : [email protected]

Lieu d’exposition ouvert du lundi au vendredi de 9 h à 12 h 30et de 14 h à 18 h, le dimanche de 14 h à 18 h.

www.matp-angers.euProGrAmmE mATPP3

cONcOURSUN JARDIN SUR MESURE

Le 19 mai 2011 s’est tenu à la Maison de l’Architecture, des Territoires et du Paysage le 1er palmarès du concours “Un jardin sur mesure”. Ce concours d’idées dédié au jardin a fait germer des idées auprès des trente-neuf candidatures venant de toute la France, même de Belgi-que et de Suisse. Ces projets ont été présentés jusqu’au 26 juin dans le cadre d’une exposition où le public a pu trouver des réponses as-tucieuses et innovantes. Les lauréats de cette édition sont Sébastien CASONI, Samuel ENJOLRAS et Amélie ROUSSEAU diplômés de la Haute École du Paysage de l’Ingénierie et de l’Architecture de Genève (ancienne école d’ingénieurs de Lullier), où ils enseignent aujourd’hui. Le deuxième prix a été remis aux paysagistes Grégoire BASSINET et Rémy TURQUIN de l’agence éponyme et le troisième prix à Guillaume MOREL-CHEVILLET, paysa-giste, Christophe BOURGUE et Céline GIBERT, architec-tes.

La publication du concours présentant l’ensemble des projets est disponible sur le site internet du CAUE de Mai-ne-et-Loire.www.caue49.com

BrèvEs

AMéNAGER AVEC LE VÉGÉTAL

Afin de répondre aux demandes croissantes des collectivités qui souhaitent mettre en œuvre des stratégies d’aménagement et de gestion durable de leurs espaces verts, le MEEDDM a réalisé en collaboration avec la FNCAUE, le CNVVF et le CERTU, un ouvrage de référence méthodologique à destination des élus et décideurs de communes, des techniciens des villes (espaces verts, urba-nisme, voirie, aménagement de l’espace public), des membres du jury du concours des Villes et Villages Fleuris et de tout acteur impliqué dans une démarche de qualification des espaces publics à des fins de valorisation du cadre de vie de leur territoire.

Aménager avec le végétal. Pour des espaces verts durablesCollection Références n° 107 - 35 €Publication disponible auprès du CERTU : www.certu.fr

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ASSEMBLéEGÉNÉRALE

L’Assemblée générale du CAUE de Maine-et-Loire s’est réunie à la Maison de l’Architecture, des Territoires et du Paysage, à Angers, le mardi 14 juin. 126 personnes (élus, professionnels, partenaires) participaient à cette Assemblée qui a rendu hommage à l’action de Christian GAUDIN, président de juin 2001 à septembre 2010 et à Sylvie GUINEBERTEAU qui aura assuré l’intérim depuis cette date. Le rapport d’activité a témoigné d’une augmentation des sollicitations de tout ordre, tant de la part des collectivités (communes, communautés de communes ou d’agglomération, département) que de l’Université ou des partenaires. A l’issue de cette Assemblée générale, le nouveau Conseil d’administration a élu son bureau, Gilles LEROY étant porté à la présidence, Sylvie GUINEBERTEAU conservant les fonctions de vice-présidente, Jean-Luc DAVY celles de trésorier et Rémy VIRETTO celles de secrétaire de l’association.

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ProGrAmmATIoN2011-2012

Pour sa septième année d’existence, la Maison de l’Architecture, des Territoires et du Paysage proposera en septem-bre sa programmation culturelle 2011 / 2012.Cette prochaine année reprendra les cycles habituels (conféren-ces, cours d’architec-ture, ateliers urbains, expositions) mais sera marquée par le thème de l’habitat.

www.matp-angers.eu

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Le choix initial est ainsi de considérer la commune comme la cellule de base des com-pétences urbaines et de l’aménagement de l’es-pace. La loi du 7 janvier 1983 fait totalement l’impasse sur d’autres échelles, plus larges et peut-être plus pertinentes, notamment celle de l’intercommunalité (sauf son timide article 6 qui constitue une ouverture). L’acteur princi-pal est le maire, c’est lui (avec son Conseil) qui décide de l’aménagement du territoire communal et de la règle urbaine. il est prévu un régime de concertation minimale avec les autres collectivités, avoisinantes ou partenai-res, mais le socle de l’urbanisme correspond et s’arrête aux limites de chaque pièce d’un puzzle constitué des 36 000 communes de

France. on peut voir dans ce dispositif une avancée démocratique plaçant l’urbanisme et l’aménagement de l’espace au plus près du citoyen. on peut y voir aussi une adéquation entre la responsabilité de la règle et celle de l’entretien du territoire. On peut y voir enfin la correspondance avec cette spécificité fran-çaise du découpage territorial, héritage des anciennes paroisses, qui atomise le nombre de communes.

L’intercommunalité en mouvement

Ainsi, avant 1992 et le vote de la loi ATR (Administration Territoriale de la Républi-que), les 36 000 communes françaises ne coo-

pèrent encore que par le biais de 17 000 syn-dicats enchevêtrés, dont 85 % sont à vocation unique. seules les 18 communautés urbaines et syndicats d’agglomération nouvelles im-posés par l’État et les 214 districts créés par des élus pionniers préfigurent à l’époque, il y a moins de 20 ans, des modes d’association plus élaborés.

Plus d’un siècle après la loi du 22 mars 1880 instaurant des syndicats intercommunaux à vocation unique, la loi de 1992 introduit donc, véritablement mais sans le dire encore, l’ère de l’intercommunalité de projet. Les commu-nautés de communes et communautés d’agglo-mération sont créées, elles bénéficient d’une fiscalité propre et de compétences obligatoires ou facultatives.

Après l’adoption de la loi du 16 décembre 2010 portant réforme des collectivités territo-riales, on peut considérer en voie d’achève-

DossIEr

Jusqu’en 1992, le socle de l’urbanisme en France correspondet s’arrête aux limites de chaque pièce d’un puzzle constitué des 36 000 communes.

Urbanisme, aménagem ent et

En 1983, la décentralisation donne à la commune (si elle est dotée d’un Plan d’Occupation des Sols) la compétence en matière d’urbanisme. Il s’agit là d’une évolution majeure marquant une rupture

avec deux siècles d’héritage jacobin. C’est aussi la premiè-re marche d’un long chemin qui conduira à la réforme de l’État et celle, attendue trente années plus tard, de l’organi-sation territoriale de la France.

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ment ce chantier de vingt ans. Le schéma départemental de coopération intercommunale devra être élaboré avant le 31 décembre 2011 et mis définitivement en œuvre à l’échéance du 1er juin 2013. il supposera le rattachement des dernières communes isolées, la rationalisation du périmètre des EPCi existants (probable-ment diminués en nombre) et la suppression des syndicats intercommunaux devenus obso-lètes. La réforme induit également un nouveau mode de représentation démocratique avec l’élection du Conseiller territorial siégeant pour 6 ans à la fois au Conseil général et au Conseil régional. Elle suppose la création de nouvelles collectivités, Métropoles de plus de 500 000 habitants, Pôles métropolitains de plus de 300 000 habitants et “communes nou-velles” participant de la fusion volontaire de territoires existants.

Au-delà, la question des compétences ter-ritoriales est posée. Elle l’est notamment pour

les Départements et les Régions qui, à dater du 1er janvier 2015 ne disposeront plus de com-pétences générales mais exclusives et établies dans le cadre d’un “schéma d’organisation des compétences et de mutualisation des ser-vices” voté par les Conseillers territoriaux. seuls les domaines du sport, du tourisme et de la culture échapperont à ce principe de com-pétence spécifique.

Le paysage de l’intercommunalité et le rôle dévolu aux territoires est ainsi profondément bouleversé. Qu’en est-il de l’aménagement des territoires et de l’urbanisme ?

il n’est pas fait explicitement état de la compétence en urbanisme ou aménagement dans la réforme des collectivités territoriales mais la tendance supposant le dépassement de l’échelle communale dans la maîtrise du pro-jet urbain est constante depuis des années. si la compétence du maire née de la loi de 1983 n’est pas frontalement remise en cause, force est de constater que tout converge depuis le début des années 1990 pour que soit établi un niveau de compétence supra communale et que ce niveau s’impose.

Dès 1999 en effet, relayant la loi Pasqua de 1995, les lois Voynet et Chevènement forcent

la main de l’intercommunalité en incitant fi-nancièrement les territoires (taxe profession-nelle unique (TPU) et majoration ciblée des dotations de l’État (DGF).

Le cadre pertinent des politiques territo-riales ou urbaines

En réinventant les schémas directeurs re-baptisés schéma de Cohérence Territoriale (SCoT) et en rendant leur mise en œuvre de fait obligatoire (obligation définitivement éta-blie par le Grenelle), la loi sRU de décem-

DossIEr : UrBANIsmE, AmÉNAGEmENT ET INTErcommUNAlITÉ

Aux termes de l’article L. 5214-16 du code général des collectivités territoria-les (CGCT), la communauté de com-munes doit exercer des actions d’intérêt communautaire relevant de la compé-tence “aménagement de l’espace”. Cette disposition ne précise pas, pour la com-munauté de communes, le contenu de la compétence.

LOI

« Les politiques de l’urbanisme doivent être visionnaires, accompagnatrices, profondément à l’écoute des ressorts profonds des besoins locaux et des choix individuels d’installation. Elles doivent être cohérentes avec les logiques du logement, des équipements publics, des transports et de l’emploi. Le niveau le plus adapté pour répartir ces différents besoins, c’est celui de l’intercommunalité. »

Nicolas Sarkozy, président de la République Extrait du discours prononcé à Vandœuvre-lès-Nancy,

le 11 décembre 2007.

Jusqu’en 1992, le socle de l’urbanisme en France correspondet s’arrête aux limites de chaque pièce d’un puzzle constitué des 36 000 communes.

intercommunalitéUrbanisme, aménagem ent et

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bre 2000 puis, dix ans après, les Grenelles de l’environnement enfoncent le clou d’une réflexion prospective et d’une politique de projet nécessairement ancrées au niveau inter-communal.

Aujourd’hui, si la commune “fait de la ré-sistance” comme l’atteste le très faible nombre de PLU intercommunaux, la fonction de plus en plus prescriptive du sCoT et l’obligation d’une approche communautaire pour les EPCi compétents en matière d’urbanisme, semblent définitivement tourner la page de la décentra-

lisation initiale des compétences urbaines. La planification territoriale s’éloigne de fait des compétences municipales alors que la com-mune garde toute sa légitimité dans la déli-vrance des autorisations d’urbanisme ; l’une n’allant pas facilement sans l’autre, il faudra bien un jour choisir et ce choix, à l’évidence, se fera au profit d’une compétence partagée.

si l’évolution semble inéluctable, il n’en reste pas moins que les élus communaux, pro-ches de la population et de la gestion quoti-

DossIEr : UrBANIsmE, AmÉNAGEmENT ET INTErcommUNAlITÉ

LE PARcOURS LéGISLATIFDE LA DécENTRALISATIONDE L’URBANISME

1963 - Création de la DATAR (délégation à l’Amé-nagement du Territoire et à l’Action Régionale)

1964 - Création des 21 Préfets de Région, mise en place des CODER (Commissions de Dévelop-pement économique régional)

1966 - Création du Ministère de l’Équipement et de la déconcentration des Services territoriaux : création des DDE (Direction Départementale de l’Équipement) et des GEP (Groupe d’Études et de Programmation)

1967 - Loi d’Orientation Foncière (création des SDAU, des POS, des ZAC et des premières Agences d’urbanisme)

1969 - Echec du référendum sur les régions et le Sénat

1982/1983 - Loi de décentralisation (libre admi-nistration des collectivités, contrôle de légalité et non plus tutelle a priori de l’État, transfert de la compétence urbanisme aux communes)

1992 - Loi ATR (relance de la coopération inter-communale, création des Commuautés de com-munes et de villes)

1999 - Loi Voynet sur l’aménagement et le déve-loppement durable (création des agglomérations et des Pays)

1999 - Loi Chevènement (incitation financière à l’intercommunalité, création de la TPU – taxe pro-fessionnelle unique- création des communautés urbaines et des communautés d’agglomération)

2000 - Loi Solidarité et Renouvellement Urbain – SRU – (création des SCoT et des PLU ; incitation à la mixité sociale)

2002 - Loi Urbanisme et Habitat (confirmation globale et correction ponctuelle de la SRU)

2002 - Loi “Démocratie de proximité” (création des conseils de quartier)

2003 - Réforme de la Constitution (“L’organisa-tion de la République est décentralisée”)

2003 - Nouveaux transferts de compétences (Région pour l’aménagement du territoire, Dé-partement pour une part importante des routes nationales, Agglomération pour la politique du logement)

2008 - Grenelle de l’Environnement 1

2010 - Grenelle de l’Environnement 2

2010 - Réforme de la fiscalité de l’aménagement (simplification du droit et lutte contre l’étalement urbain)

2011 - Débat national autour de l’urbanisme de projet

chRONOLOGIE « L’absence de lien que l’on constate, la plupart du temps, entre les différentes communes, se traduit, dans un paysage français qui se trouve être le plus atomisé d’Europe, à raisonner en termes très segmentés, alors que l’on raisonne en termes de bassins - correspondant peu ou prou à nos intercommunalités - dans la plupart des pays voisins. (...) 60 % de nos communes comptent moins de 500 habitants. (...) Quand il s’agit d’ingénierie par rapport à des éléments de planification, il me semble que l’échelle intercommunale présente l’intérêt d’apporter, en mutualisant un certain nombre de ressources, une meilleure réponse.» Michel PIRON, député de Maine-et-Loire

à l’Assemblée nationale le 7 mai 2010

harissou SANT-ANNA, urbaniste géomaticien au poste SIG (système d’information géographique) du GIE Anjou Urbanisme Durable à la Maison de l’Architecture, des Territoires et du Paysage.

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Imago : comment voyez-vous l’avenir de l’intercommunalité dans les territoi-res ?

GG : Je suis un fervent partisan de l’in-tercommunalité. La survie des communes passe par l’intercommunalité. Dans un mouvement général de centralisation, les communes doivent s’organiser pour main-tenir des services de proximité. I : comment analysez-vous l’articula-tion entre l’échelon communal et inter-communal ?

GG : Notre communauté de communes a réfléchi à la création de services com-muns. Ainsi la direction des ressources humaines, la comptabilité et l’urbanisme sont gérés par des services communs tandis que l’on a souhaité maintenir des services de proximité tels que l’état civil ou les cimetières.

I : Le Pays Segréen est le premier à avoir engagé la mise en œuvre d’un ScoT rural. quels enseignements tirer de cette démarche ?

GG : Il s’agit d’une démarche passionnan-te mais complexe. En effet elle oblige 67 communes à élaborer un projet commun en se projetant sur 20 ans dans des do-maines aussi divers que le développement économique, l’agriculture ou l’habitat. Or toutes les communes et EPCI n’ont pas le même niveau d’intégration territoriale. Il faut donc conduire un projet commun en intégrant toutes ces différences. L’une des difficultés sur notre territoire concerne l’urbanisme, et notamment la question de la densité et de la quantité de logements à construire. La solution réside dans une approche territoriale, territoire

par territoire, par lissage des projets, nous parvenons aux objectifs fixés.

I : Les citoyens se sont-ils approprié l’intercommunalité ?

GG : Hormis les délégués de communes, les habitants ignorent l’intercommunalité. Il est même parfois difficile de convaincre des conseillers municipaux du bien fondé de décisions communautaires. Quant aux citoyens, ils prennent connaissance de l’intercommunalité à travers des services mutualisés de leur quotidien, comme l’as-sainissement ou les équipements spor-tifs.

I : quel est l’avenir des compétences départementales ?

GG : Le Département a toutes les raisons de continuer à exister, ne serait-ce que pour exercer sa compétence première : le social. Le département a le double avan-tage d’associer centralité et proximité.En revanche, il me paraît indispensable de clarifier les compétences entre les dif-férents échelons autour de blocs de com-pétence. Il serait judicieux de regrouper et de confier la compétence Enseignement comprenant les collèges et les lycées à une même collectivité, comme le Dépar-tement, de même les transports compor-tant les routes, les voies de chemin de fer et les ports devraient être gérés par une même collectivité, l’échelon régional me paraissant alors tout à fait pertinent. Il faut faire attention au bénéfice supposé d’une mutualisation. Aujourd’hui, le milieu rural souffre de la réorganisation territoriale qui s’avère parfois en contradiction avec les prescriptions du Grenelle, notamment concernant les déplacements.

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Gilles Grimaud, maire de segré et président de la communauté de communes du canton de segré livre son ex-périence de l’intercommunalité sur le premier territoire rural engagé dans la création d’un sCoT tout en mettant en garde contre des déséquilibres déjà constatés.

dienne des territoires, représentent un atout essentiel à la pertinence de la planification, à la réalité de sa mise en œuvre et à son appro-priation ainsi que, dans une large mesure, à la spécificité de la France, de ses habitants et de ses paysages, notamment ruraux.

L’enjeu n’est pas une alternative mais bien un compromis à trouver entre des intérêts qu’on espère convergents.

si le PLU intercommunal est une réponse adaptée à la nécessaire prise en compte des territoires pertinents, il va de soi que la spéci-ficité communale peut y trouver toute sa place et que, s’il couvre obligatoirement l’ensem-ble du territoire intercommunal, le PLU peut comporter des plans de secteur couvrant tout ou partie du territoire communal. il faut éga-lement rappeler qu’en cas de désaccord entre l’EPCi et une commune sur un ou plusieurs éléments réglementaires inscrits dans le projet de PLU intercommunal, le recours à une déli-bération spécifique est obligatoire et que cette délibération doit être adoptée à la majorité qualifiée des 2/3 des membres de l’EPCI.

La transition vers une maîtrise intercom-munale des documents d’urbanisme pourrait ainsi se révéler moins brutale qu’on pourrait le craindre et finalement parfaitement respec-tueuse des intérêts communaux en intégrant les valeurs largement partagées d’équilibre, de diversité fonctionnelles et de mixités sociales, de respect de l’environnement et de gestion économe de l’espace.

Par ailleurs, l’obligation constitutionnelle d’un développement durable transgressant les politiques sectorielles en les coordonnant de façon transversale (habitat, transport, envi-ronnement, gestion des risques, etc…) exclut de fait une introversion communale et néces-

site le dépassement des concertations et autres “portés à connaissance” prévus initialement. La dimension intercommunale de la règle ur-baine serait ainsi, indissociable de l’idée de l’urbanisme de projet, celui-ci étant la vérita-ble idée neuve de la loi sRU et des Grenelles 1 et 2.

Sous couvert de simplification nécessaire d’un droit de l’urbanisme devenu inextricable et facteur de contentieux permanents, l’actuel chantier du secrétariat d’État chargé du loge-ment porte d’abord sur cette recherche d’adé-quation entre le droit, le territoire et le projet ; son adoption et sa mise en œuvre ouvrent un

DossIEr : UrBANIsmE, AmÉNAGEmENT ET INTErcommUNAlITÉ

« La survie des communes passe par l’intercommunalité.Dans un mouvement général de centralisation, les communes doivent s’organiser pour maintenir des servicesde proximité. »

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P8 DossIEr : UrBANIsmE, AmÉNAGEmENT ET INTErcommUNAlITÉ

champ formidable pour les élus, les profes-sionnels et les habitants.

Des expérimentations en Maine-et-Loire

Le département de Maine-et-Loire pré-sente de nombreuses caractéristiques pouvant servir de laboratoire ou d’expérimentation de nouvelles pratiques. L’intercommunalité y est ancienne et particulièrement vivante (aucune commune n’est aujourd’hui isolée), la complémentarité entre la ville et la cam-pagne est favorisée par un réseau de polari-tés urbaines bien structurées, l’ensemble du territoire départemental est couvert de sCoT (en vigueur ou à l’étude), le Conseil général a instauré le premier plan départemental de l’habitat (PDH) dans la continuité d’une po-litique d’habitat social territorialement très équilibrée et en donnant à ce plan une forte dimension d’urbanisme durable, l’ingénierie de projet y est bien développée grâce à l’ac-tion, entre autres, des organismes associés au Département. Le département de Maine-et-Loire est ainsi, à l’évidence, un espace où l’innovation territoriale est possible.

Un exemple de cette recherche d’innova-tion participe de la création du GiE Anjou

Urbanisme Durable fondé par le CAUE

et la sEM départementale (soDEMEL) avec l’approbation unanime de l’Assemblée dépar-tementale en mars 2010.

outre la mise en place d’outils d’infor-mation et d’observation sur l’urbanisme et l’aménagement des territoires de Maine-et-Loire, ce GiE a vocation à promouvoir l’éla-boration d’approches intercommunales de l’aménagement et de la politique foncière.

Ainsi, le principe de l’élaboration concer-tée d’un schéma d’aménagement communau-taire (sAC) est proposé à chaque EPCi dont on rappelle que tous sont impliqués aujourd’hui dans la gestion ou l’élaboration d’un sCoT impactant évidemment les stratégies territo-riales transcrites dans des PLU aujourd’hui communaux.

Le sAC est un outil pédagogique, libre et volontaire. il est introduit par des considéra-tions objectives superposant les contraintes de toutes sortes rencontrées par les élus dans l’élaboration de leur politique d’aménagement du territoire. Contraintes physiques liées au PPRi ou aux géologies argileuses, contraintes environnementales supposant la protection spécifique de la faune, de la flore ou du pay-sage, contraintes économiques garantissant la pérennité d’activités agricoles ou la faisabi-lité d’infrastructures, etc… Le sAC est ainsi, d’abord, un tableau de bord actualisé.

il est aussi le lieu du débat, c’est-à-dire, l’oppor-

tunité d’établir un dialogue

sur les questions de l’aménagement et de l’ur-banisme durable entre élus d’une communau-té de projet.

Il est enfin le support d’un diagnostic foncier qui caractérise les potentialités de

renouvellement urbain sur l’ensemble du territoire de l’EPCi et introduit l’éla-

boration dynamique d’un Pan d’Action Foncière susceptible d’inverser les mo-des d’élaboration du docment d’urbanisme en donnant tout son sens et des moyens à la

lutte contre l’étalement urbain.

Le sAC n’est pas un “super PLU” ou un “sous sCoT”, il est une invita-

tion à la concertation paisi-ble, peut être une étape utile à

la prise de conscience de la né-cessité d’une approche partagée de l’urbanisme et de l’aménagement, au mieux un avant goût, si possible

appétant, du PLU intercommunal promu par le Grenelle.À l’échéance d’une couverture gé-

néralisée sur les 30 EPCi constituant le territoire départemental, les sAC peuvent

devenir un formidable outil d’observation des pratiques d’urbanisme. ils peuvent aussi re-layer, dans le cadre des contrats territoriaux, la politique départementale en faveur d’un

CC de la région de Pouancé-Combrée

CC du canton de Segré

CC de la régiondu Lion-d'Angers

AngersLoire Métropole

CC de Haut-Anjou

CC du cantonde Candé

CC de Loir-et-Sarthe

CCLes Portes de l'Anjou

CC Ouest-Anjou

CC Loire-LayonCC du canton

de Saint-Florent-le-Vieil CC du cantonde Champtoceaux

CC du cantonde Montrevault

CC de la régionde Chemillé

CC du Centre-Mauges

CC Loire-Aubance

Communauté d'Agglomérationdu Choletais

CC de Moine-et-Sèvre

CC du Bocage

CC des Coteauxdu Layon

CC du Vihiersois-Haut-Layon

CC de la région de Doué-la-Fontaine

CC du Gennois

Communautéd'AgglomérationSaumur Loire

Développement

CC du Loir CC du cantonde Baugé

CCBeaufort-en-AnjouCC de la Vallée

Loire-Authion

CC du cantonde Noyant

CC Loire-Longué

Les trente communautés de communes et d’agglomération de Maine-et-Loire

Page 9: Urbanisme et intercommunalité

P9DossIEr : UrBANIsmE, AmÉNAGEmENT ET INTErcommUNAlITÉ

Imago : comment s’exerce l’intercom-munalité dans un territoire marqué par une forte bipolarité comme celui de Beaufort-en-Anjou, est-ce un atout et/ou un frein ?

DR : Il faut tout d’abord rappeler que la mise en place de l’intercommunalité sur notre territoire est partie de zéro, elle n’est pas née de la transformation d’un SIVM. Elle s’est donc beaucoup appuyée sur la ville centre. Pour le technicien, la bipola-rité ne représente pas de complication, en revanche, l’exercice est évidemment moins évident pour les élus. Ces deux pôles, par leur poids de population, envi-ron 10 000 habitants, constituent un fort potentiel. La difficulté est de le valoriser par une politique concertée, d’autant que nous héritons de deux siècles de vie com-munale. Le positionnement du maire dans l’aire de l’intercommunalité et l’image qu’il retransmet à ses citoyens sont alors es-sentiels pour valoriser ces structures, souvent récentes, de coopérations inter-communales. I : Beaufort-en-Anjou est la première collectivité à avoir engagé la mise en place d’un Schéma d’aménagement communautaire. Pouvez-vous d’ores déjà tirer des enseignements de cette démarche ?

DR : Suite à une discussion avec le CAUE sur les enjeux du SCoT, nous avons pris conscience qu’il y avait deux postures, soit être acteur et nourrir le SCoT d’une manière constructive, soit être spectateur et subir les décisions. Nous avons décidé d’être acteur en élaborant un document commun qui se distingue de la démar-che intercommunale associée au PLU. Il s’agit d’une étape. Toutes les communes ne sont pas encore prêtes pour un PLU intercommunal mais on avance.L’intérêt de l’étude est d’offrir une vision globale sur l’ensemble du territoire. Les élus ont ainsi pris conscience de la rareté du foncier pouvant être urbanisé une fois toutes les contraintes, agricoles, environ-nementales etc., intégrées. Il est alors plus facile d’aborder la question de la densité et de la reconstruction urbaine, cela per-met également d’anticiper sur l’implanta-tion ou l’extension des zones d’activités.

I : comment voyez-vous la transition vers le caractère de plus en plus pres-criptif du ScoT par rapport à la com-

mune compétente en matière d’urba-nisme ?

DR : Le SCoT permet une forme de syn-thèse des orientations et de la réglemen-tation en matière d’urbanisme et de pro-tection de l’environnement. Reste aux élus le soin d’élaborer des stratégies de développement, avec des marges de manœuvre qui s’avèrent au final sou-vent minces. L’urbanisme est géré à trois échelons : celui de la commune avec le PLU, c’est le niveau le plus opérationnel, ensuite celui de l’intercommunalité, via le schéma d’aménagement communautaire, et enfin celui du Pays avec le SCoT. Ce mille-feuille génère des problèmes. Ainsi l’échelon du Pays, qui s’impose aux deux autres, est le moins investi par les élus car il y a un vrai problème de disponibilité des élus. Le risque alors est que le SCoT devienne l’affaire de quelques personnes. L’articulation de l’intercommunalité avec ce 3e niveau est complexe, alors que le 3e niveau est le plus prescriptif. Comme il s’agit du 1er SCoT, tous les élus n’ont pas saisi immédiatement la valeur juridique et les implications engendrées. Paradoxa-lement, cette organisation territoriale sur 3 niveaux est peu remise en cause car cela supposerait d’en supprimer un des trois. Mais lequel ? L’autre problème c’est que les techniciens, qui sont les mieux à même, du fait de leur disponibilité, de faire le lien entre ces trois échelons, n’ont pas été intégrés au comité de pilotage.

I : L’intercommunalité représente-t-elle une simplification ou une complexifi-cation en terme de gestion quotidienne pour le directeur général des servi-ces ?

DR : Ni l’un ni l’autre ! L’intercommunalité représente une opportunité formidable pour le territoire parce qu’elle permet de partager des ressources. Notre philoso-phie est simple : en se regroupant, on est plus efficace. Le chantier est énorme et les résistances nombreuses. Nous n’érigeons pas la mutualisation en dogme. C’est une solution, parmi d’autres (nous pratiquons, par exemple, beaucoup les groupements de commandes), pour répondre à des be-soins précis. Nous avons ainsi mutualisé la direction générale des services, les services ressources et plusieurs direc-tions en avril 2011. Nous poursuivons sur plusieurs projets, petit à petit. Prochaine étape : la création d’un comité technique commun.

Denis ROCHE, directeur général des services de Beaufort-en-Vallée et de la communauté de communes de Beaufort en Anjou analyse l’exercice de l’intercommunalité au regard de sa double compétence technique.

« Le positionnement du maire dans l’aire de l’intercommunalité et l’image qu’il retransmet à ses citoyens sont alors essentiels pour valoriser ces structures, souvent récentes, de coopérations intercommunales. »habitat durable. Ils peuvent enfin, dans la

cohérence avec les sCoT, établir les conditions d’un dialogue permanent entre les acteurs de l’aménagement à cette échelle de l’intercom-munalité considérée, à partir du 1er juin 2013, comme la nouvelle échelle de proximité.

BL

LA cASE à cAZALS

Page 10: Urbanisme et intercommunalité

La genèse du sAC

Le principe d’élaboration d’un schéma d’Aménagement Commu-nautaire est né en 2007 d’une initiative de la Communauté de Beaufort en Anjou, soucieuse de mener une réflexion à l’échelle

intercommunale sur la problématique du développement urbain sur son territoire. Faisant le constat des impacts d’un urbanisme peu maîtrisé (consommation excessive de terres agricoles à forte valeur ajoutée, éta-lement urbain, banalisation des paysages identitaires…), les élus ont souhaité engager une réflexion globale sur un mode d’urbanisation plus respectueux du contexte environnemental et paysager de leur territoire. Cette réflexion s’est construite à partir de l’élaboration d’un Schéma d’Aménagement Communautaire, document d’orientation du dévelop-pement urbain à l’échelle inter-communale permettant de fixer par com-munes et pour l’ensemble du territoire, des orientations en matière :

- de maîtrise foncière pour répondre aux besoins en logements, - de nombre et de typologies de logements à produire en fonction du

contexte démographique,- de définition d’objectifs de densité résidentielle afin d’enrayer le phéno-

mène d’étalement urbain.

Dans cette optique, le schéma d’Aménagement Communautaire s’est formalisé par :

- un support cartographique faisant un état des lieux de la situation du potentiel de renouvellement urbain et des limites à une extension ur-baine ;

- un tableau de bord faisant état du foncier mobilisable pour répondre aux besoins en logements.

Il a enfin permis de réorienter les documents d’urbanisme dans une plus juste définition des zones potentielles de développement urbain en privilégiant le renouvellement urbain.

Une démarche intégrée au Plan Départemental de l’Habitat

Cette démarche, animée et mise en œuvre par le CAUE de Maine-et-Loire, a été intégrée au Plan Départemental de l’Habitat et proposée aux intercommunalités dans le cadre des contrats territoriaux. Plus qu’une simple étude urbaine, la démarche a pour objectif d’aider les élus du territoire à impulser des démarches d’urbanisme durable afin de limiter l’étalement urbain et la consommation des terres agricoles, d’apporter une réponse adaptée aux besoins en logements. Elle doit aboutir à un support d’aide à la décision en matière d’urbanisme et d’habitat à tra-vers :

- Un document de réflexion menée à l’échelle inter-communale,- Un document non opposable et non réglementaire,- Un document d’articulation entre le SCoT et le PLU,- Un document d’appui à la mise en œuvre des orientations du PDH.

La démarche comprend deux étapes complémentaires :

- l’élaboration d’un Schéma d’Aménagement Communautaire (SAC),- l’élaboration d’un Plan d’Action Foncière (PAF).

P10

oPÉrATIoN / AmÉNAGEmENT

Le Schéma d’Aménagement Communautaire propose une approche environnementale s’appuyant sur un diagnostic détaillé des paramètres pouvant contraindre ou orienter le développement du territoire. Les thématiques abordées concernent plus particulièrement :

- La protection des paysages et de l’environnement- La protection des biens et des personnes face aux risques- La protection de la ressource agricole.

Ce diagnostic est établi sous la forme d’une cartographie élaborée à l’échelle communale puis intercommunale.

Étape 1 / Le Schéma d’Aménagement Commu nautaire (SAC)

Étape 2 / Le Plan d’Action Foncière (PAF)

1 - Le renouvellement urbain

Une analyse de l’ensemble du foncier situé dans la zone « jaune » est menée afin d’identifier les parcelles susceptibles d’être inscrites dans le Plan d’Action Foncière comme opportunité de renouvellement urbain. Cette analyse foncière s’appuie sur une analyse urbaine excluant les parcelles présentant un intérêt « patrimonial » : jardins potagers, espaces verts…Cet inventaire peut être complété de parcelles bâties lorsque celles-ci présentent des constructions très dégradées (identifiées notamment dans le cadre des OPAH).

À partir de cet inventaire, un tableau de bord est construit avec la municipalité permettant :

- d’identifier l’ensemble des parcelles concernées,- d’évaluer la surface disponible,

carte 1 - Paramètres environnementaux

schéma d’Aménagement Communautaireet Plan d’Action Foncière

Page 11: Urbanisme et intercommunalité

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Le croisement des différentes cartes thématiques (établies sous SIG) permet d’identifier et de hiérarchiser les espaces sous contraintes et ceux où il est possible d’urbaniser avec une vigilance particulière. La carte de synthèse ainsi obtenue a pour objectif d’identifier et de proposer les périmètres urbanisés préférentiels à l’intérieur desquels la priorité sera d’abord donnée au renouvellement urbain.

Cette carte de synthèse intitulée “Zones de sensibilité à l’urbanisation” établit trois niveaux de contrainte :

- Rouge : les espaces où l’urbanisation est gelée (espaces naturels…),- Orange : les espaces où l’urbanisation est sous contrainte forte (espaces agricoles, hameaux…),- Jaune : les espaces où l’urbanisation est à maîtriser.

À partir de cette première carte réalisée à l’échelle intercommunale, une extraction est faite pour chacune des communes permettant d’identifier au niveau cadastral les limites proposées.

Cette analyse réalisée au niveau communal a pour objectif :

- d’identifier et de proposer les enveloppes urbaines à l’intérieur desquelles sera privilégié le renouvellement urbain,

- d’engager une analyse critique des documents d’urbanisme sur leur zonage actuel et surtout sur les extensions urbaines prévues à travers les zones Na, 1AU et 2AU (pertinence de la zone en termes de localisation et de dimen-sionnement au vu des besoins en logements et des objectifs de densité résidentielle définis dans le PDH et le SCoT).

Cette analyse critique amorce la phase suivante du Plan d’Action Foncière. Chacune des étapes fait l’objet d’un échange et d’une validation des orientations proposées par la municipalité.

Le travail d’analyse aboutissant à la cartographie des espaces “jaunes” constituent une réponse aux orientations formulées dans le PADD du SCoT en matière d’urbanisme : « Dans tous les cas, l’urbanisation future privilégiera : l’utilisation préalable des tissus urbains existants, le développement du renouvellement urbain (…), un accroissement de la densité ».

carte 3 - Zones de sensibilitéà l’urbanisation (échelle communale)

carte 2 - Zones de sensibilité à l’urbanisation (échelle inter-communale)

Étape 1 / Le Schéma d’Aménagement Commu nautaire (SAC)

Étape 2 / Le Plan d’Action Foncière (PAF)

- d’esquisser un programme de renouvellement sur chacune des parcelles (densité résidentielle, nombre et typologie des logements, mixité éventuelle de fonction, planification, outils de maîtrise foncière et d’aménagement à mobiliser…).

L’ensemble des tableaux de bord communaux est rassemblé en un document unique constituant l’outil de pilotage du volet Habitat à l’échelle inter-commu-nale.

2 - Les extensions urbaines

Les extensions urbaines inscrites dans les documents d’urbanisme sont enfin revues en fonction des potentialités de renouvellement urbain qui auront été mises en perspective dans le Plan d’Action Foncière ; des ajustements peuvent être ainsi menés en termes de pertinence de localisation, de dimen-sionnement et de programmation d’ouverture à l’urbanisation (passage des zones 2AU en 1AU).

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schéma d’Aménagement Communautaireet Plan d’Action Foncière

Page 12: Urbanisme et intercommunalité

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DÉcoUvErTE

souvent citée comme référence en ma-tière d’urbanisme durable, la ville de Breda constitue un exemple pertinent

de l’impact d’une politique urbaine dans la forme de développement de la ville. Dans un contexte foncier particulièrement contraint et face à une demande sociale extrêmement sensible sur les enjeux environnementaux, la municipalité de cette ville de 170 000 habi-tants a déployé depuis plusieurs décennies une politique urbaine ambitieuse basée sur deux approches complémentaires : une politique de renouvellement urbain s’appuyant sur la restructuration de friches industrielles et mi-litaires, une politique de création de nouveaux quartiers appliquant des principes environne-mentaux à travers les concepts “Ecotouch” et “Ecotech”.

L’opération de réhabilitation d’une an-cienne caserne en un campus urbain de 13 ha illustre cette politique de renouvellement. si-tué aux portes de la cité historique de Breda, ce nouveau quartier de Chassé Park offre une réponse affirmée sur l’écriture de ce nouveau morceau de ville : la préservation d’une par-tie du patrimoine bâti historique, la création, sur ce même bâti, d’une extension contempo-raine d’un équipement à vocation culturelle, la création d’un ensemble résidentiel mixant des formes architecturales diversifiées où se côtoient résidences de standing, ensembles collectifs, maisons de ville. Cette grande di-versité des architectures prend place dans un

“park” urbain perméable reliant ces différents îlots bâtis. La qualité de l’architecture est in-déniable, le soin apporté à la mise en œuvre est patent, le sentiment d’un confort et d’une qualité des logements est réel (appartements traversants, agencement fonctionnel, qualité des matériaux…). La générosité des espaces publics constitue sans doute une réponse en contrepoint à la densité bâtie mais cette géné-rosité participe autant d’un principe de fonc-tionnalité que d’agrément. La sobriété d’amé-nagement de ces espaces apparaît sans doute comme une singularité par rapport à l’idée que nous pourrions nous faire, en France, de l’usage et de l’attractivité de ces lieux publics ; une sobriété emprunte d’une certaine austérité toute nordique.

Dans le registre de la création de nouveaux quartiers, les opérations Westerpark, de nieuw Wolfslaar ou de Teteringen illustrent avec for-ce la nécessité de maîtrise foncière des opéra-tions : la densité et la mixité urbaine restent les maîtres mots à travers des plans de compo-sition d’une criante rigueur. Mais là encore, la qualité architecturale, le soin apporté à la mise en œuvre des espaces publics, des infrastruc-tures sont indéniables et rendent plus accep-table, voire supportable, ce sentiment d’austé-rité. Et de s’interroger sur le rôle de régulation civique et sociale que pourraient jouer ces for-mes urbaines dans un espace particulièrement contraint et où les lieux d’intimité se canton-nent à de maigres portions privatives.

Au-delà de ces interrogations sur l’adéqua-tion de ces formes urbaines à nos propres mo-des de vies, l’enseignement principal que l’on retire de Breda est l’extraordinaire démarche d’anticipation des choix politiques dans les projets urbains : dans la gestion des eaux où la problématique de préservation de la res-source et des milieux aquatiques est intégrée avant toute amorce de projet et planifiée sur le long terme, dans le domaine de la maîtrise énergétique où les solutions de chaufferie col-lective et de réseau de chaleur sont prévues et mises en œuvre avant que ne sortent de terre les premiers logements, dans la gestion des déplacements où tous les nouveaux quartiers sont conçus et organisés sur le principe du privilège donné aux distances faisables par le piéton (la distance “pantoufle”).

Quelles que soient les impressions que cha-cun pourra retirer d’une visite à Breda et au-delà de l’appréciation personnelle de telle ou telle opération, on retiendra surtout à travers cette démonstration urbaine l’engagement politique d’une municipalité vers la création d’une ville où l’environnement guide le projet urbain.

JPD

Directeur de la publication : Bruno Letellier - Rédaction : Clarisse Bodinier, Jean-Pierre Ducos, Bruno Letellier - Entretiens : Sandrine Prouteau - Maquette : Mickaël Bouglé - crédit photos : CAUE de Maine-et-Loire, sauf mention contraire - Papier recyclé : Symbol freelife, 130 g/m2 - Dépôt légal : juillet 2011 - Impression : ABELIA Imprimerie. N° ISSN : 1282-5204

IMAGO n°53 - juillet 2011Publication trimestrielle du cAUE de Maine-et-Loire 312 avenue René Gasnier - 49 100 ANGERSTél : 02 41 22 99 99 / Fax : 02 41 22 99 90Courriel : [email protected] : www.caue49.com

Bredaengagement politiqueet écologie urbaine

Teteringen : l’étonnante “machine de l’eau” où cohabitent maisons sociales et maisons bobos Parc écologique au cœur du quartier de Nieuw Wolfslaar