Uniéco N° 4

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N o 04 — Décembre 2013-Février 2014 « La communication est l'aspect le plus important » Serge BAUD Directeur de Wild Duck Co-fondateur de la marque Movement Skis Photo de couverture : Jean-Stéphane Yerly

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Uniéco a pour but de promouvoir l'information économique à travers un trimestriel distribué sur le campus de lʼUniversité de Fribourg et de la Haute Ecole de gestion de Fribourg.

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No 04 — Décembre 2013-Février 2014

« La communication est l'aspect le plus important »

Serge BAUDDirecteur de Wild Duck Co-fondateur de la marque Movement Skis

Photo de couverture : Jean-Stéphane Yerly

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facebook.com/uniecomagazine

Uniéco, une réflexion sur l'économie

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José Mujica, 78 ans, est certaine-ment le chef d’Etat le plus atypique de la planète. Président de l’Uruguay depuis 2009, Mujica reverse 90% de son salaire mensuel (estimé à environ 11’000 francs) à différentes ONG. Il se distingue également par son style de vie, très éloigné du faste habituel de la fonction présidentielle. Là où la plu-part des chefs d’Etat s’installent dans des résidences luxueuses, lui préfère vivre humblement dans sa petite ferme de la banlieue populaire de Montevi-deo comme n’importe quel retraité. Mujica ne fait pas l’apologie du pauvre mais celle d’une vie avec seulement ce qui est nécessaire. D’ailleurs, il n’uti-lise pas Internet et possède un vieux téléphone portable pour seul moyen de communication. Ancien prisonnier politique sous la dictature militaire de l’Uruguay (1973-85), Mujica défend aujourd’hui un système socialiste mâ-tiné d’économie de marché. Parmi ses dernières réformes, il souhaite surtout légaliser la production et la vente du cannabis pour en faire un monopole d’Etat afin de contrôler et régulariser le marché et ainsi lutter contre l’insé-

curité; une première mondiale, de sur-croît, dans un continent gangrené par la drogue et les cartels.

Certes, la vision de Mujica peut sem-bler utopique et irréaliste au regard de la société libérale et individualiste dans laquelle nous vivons. Néan-moins, son discours politique a le mérite de nous interpeller sur une autre vision du modèle économique : la société de (sur)consommation court-termiste serait appelée à faire place à une économie de longue pé-riode, plus solidaire et ancrée sur des valeurs éthiques et humanistes. Alors que l’Uruguay est actuellement l’un des pays les plus stables d’Amérique latine, avec une croissance écono-mique honorable, peut-on imaginer que certains décideurs politiques et économiques actuels s’inspireront de la philosophie de Mujica ? Sur le plan personnel, verra-t-on un jour des hommes politiques européens, y inclus nos conseillers fédéraux, rever-ser la majeure partie de leur revenu à des institutions d’utilité publique ? Pas si sûr…

Édito

Sommaire

1 Legrand, C. (2013) « José Mujica, le président ‘le plus pauvre du monde’ », Le Monde, 17 juillet.

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ProfesseursLes marchés de brevets ont-ils un avenir ? Thierry MadièsLa statistique, essentielle à une formation académique.Laurent Donzé

Sur le terrain Les jeux vidéo en Suisse.

Maurizio Rigamonti

InterviewSerge Baud, co-fondateur de la marque Movement Skis.Thomas Bato et Léa Ruppen

ÉtudiantsBenoît Andrey et Margaux Sidler

Entreprises et développement durable.Jean-Stéphane Yerly

Pour conclure La caricature économique.Simon Beuret

milo BožiC

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« Le président le plus pauvre du monde »1

Milo Božic, Rédacteur en chefPhotographe: Lara Vehovar

ÉditorialLe président le plus pauvre du monde.

Milo Božic

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leS marChÉS de BrevetS ont-ilS un avenir ?1

L’économie de la connaissance a connu une évolution spectaculaire ces vingt dernières années. Cet article s’intéresse à deux ques-tions fondamentales : les raisons de l'augmentation du nombre de brevets et le développement des transactions portant sur ceux-ci.

Un des faits marquants est le développement des échanges marchands de brevets. Rappelons briève-ment qu’un brevet est un droit de propriété intellec-tuelle accordé au propriétaire d’une invention qui doit être (i) suscep-tible d’une applica-tion industrielle, (ii) nouvelle par rapport à l’état antérieur des connaissances et (iii) jugée suffisamment inventive par un expert qui maîtriserait parfaitement l’état de l’art en la matière. Le brevet confère à son détenteur un droit d’exclu-sivité temporaire, valable en général pour une durée maximale de vingt ans à compter de la date de la demande. L’invention que le brevet protège tombe ensuite dans le domaine public. Les échanges de brevets permettent une meilleure fluidité des flux de connaissances entre agents économiques et per-mettent d’atteindre un double objectif : (i) garantir une exclusivité au détenteur de brevet pour l’inciter à investir en recherche et développement tout en (ii) n’excluant pas les utilisateurs potentiels de l’in-vention brevetée dans un contexte où les processus d’innovation sont « cumulatifs ».Le nombre de brevets déposés a fortement aug-menté au cours de ces vingt dernières années. L’ac-croissement a été de 160 % entre 1990 et 2007 aux Etats-Unis et de 110 % en Europe sur la même période. Il n’existe pas d’outils statistiques fiables permettant de recenser de façon exhaustive et cohé-rente les transactions portant sur les brevets. L’ana-lyse du marché des brevets américains nous donne un ordre de grandeur : environ 10 % des brevets américains auraient fait l’objet d’une transaction de marché au moins une fois au cours de leur vie. Les transactions portant sur les brevets ne concernent pas seulement les transferts des titres de propriété

eux-mêmes mais aussi et surtout les droits d’utili-sation comme les licences sur brevets.Nous chercherons à comprendre dans un premier temps pourquoi le nombre de brevets déposés a

augmenté aussi rapidement dans le monde et les effets pervers qu’un tel phénomène peut entraîner. Nous nous intéresserons ensuite aux transactions portant sur les brevets et aux « institutions » pou-vant servir de support à ces échanges. Le débat porte en particulier sur le point de savoir si ces tran-sactions doivent continuer à s’effectuer de gré à gré ou s’il est possible d’aller plus loin et développer de véritables « places centrales » de marché pour les brevets.

La proLifération des brevets dans Le monde

L’augmentation du nombre d’inventions ne peut expliquer à elle seule l’accroissement du nombre de brevets déposés. Les causes sont donc à trouver ailleurs. Une première explication tient à la trans-formation des modes d’innovation et au dévelop-pement de recherches réalisées en collaboration (« open innovation »). Les brevets constituent un moyen de sécuriser ces collaborations. Un autre type d’explication tient à l’évolution du cadre juridique des brevets. Les changements légaux et jurisprudentiels, en particulier aux Etats-Unis, ont conduit jusqu’à une période récente, à des exi-gences plus faibles dans la délivrance des brevets. Ceci a conduit à une augmentation des litiges et à

04thierry madièSProfeSSeurS

Les changements légaux et jurisprudentiels, en particulier aux Etats-Unis, ont conduit jusqu’à une période récente, à des exigences plus faibles dans la délivrance des brevets.

Professeur ordinaire à l’Université de Fribourg.Titulaire de la Chaire d'Économie Internationale et Régionale.

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l’engagement des entreprises dans des stratégies de prise de brevets « stratégiques » (en particulier pour bloquer leurs concurrents potentiels). Des acteurs comme les patent trolls se sont même spécialisés dans la menace de procès contre des tiers utilisa-teurs pour contrefaçon s’ils n’acceptent pas de leur acheter des licences à un certain prix qui peut être prohibitif. La multiplication des brevets déposés fait qu’une même technologie peut être couverte par plusieurs dizaines, voire des centaines de brevets. Ce phé-nomène est connu sous le vocable de « patent thickets ». Il est problématique pour plusieurs raisons. Tout d’abord parce qu’il impose aux uti-lisateurs potentiels de payer des rede-vances d’utilisation à de multiples pro-priétaires de bre-vets. Chaque déten-teur de brevet peut alors être considéré comme un « monopoleur » qui contrôle un input essentiel à la production d’une innovation. Ceci conduit à un problème bien connu des économistes appelé « double marge » : le montant total de rede-vances payé par un utilisateur aux différents déten-teurs de brevets est plus élevé que le montant qu’il paierait à un détenteur unique des mêmes brevets. Ensuite, chaque détenteur de brevet a en quelque sorte un « droit de veto » sur la nouvelle invention. Ceci a pour conséquence qu’un brevet, même mar-ginal et de faible qualité, peut bloquer une nouvelle innovation. En toute logique, son détenteur pourrait demander la valeur espérée de la nouvelle innova-tion, conduisant à un phénomène de « hold-up ». Les organismes de normalisation internationale se sont d’ailleurs emparés de ce sujet en édictant des règles de politique de la propriété intellectuelle connues sous l’acronyme « FRAND » (Fair, Rea-sonable and Non Discriminatory).

a quoi ressembLentLes marchés de brevets ?

Une étude récente réalisée sur 7714 brevets dépo-sés en Europe montre que seuls 13,4 % des bre-vets donnent lieu à des licences d’exploitation. La plupart des transactions sur les brevets s’effectuent selon un mécanisme de négociation de gré à gré et non sur des marchés centralisés. Ces transac-tions ont toujours été fortement « intermédiées » compte tenu de fortes asymétries d’information

05entre offreurs et demandeurs. Les intermédiaires facilitent la mise en contact entre offreurs et deman-deurs finaux et peuvent aussi intervenir comme « contrepartistes » à l’échange. Ces intermédiaires sont très divers. Les brokers sont des professionnels de la propriété intellectuelle qui recherchent pour leurs clients des partenaires susceptibles d’acheter ou de vendre des brevets ou des licences de brevets. Les pools de brevets regroupent des entreprises possédant des brevets complémentaires essentiels, par exemple pour un standard technologique. Ces entreprises mettent leurs brevets ensemble et licen-cient le pool aux partenaires ainsi qu’à des parties tierces.

L’asymétrie d’information conduit à une double incertitude qui rend difficile le recours au marché pour ce type de « bien » (au sens économique du terme). Cette incertitude concerne tout d’abord la valeur « intrinsèque » d’un brevet. Il est très dif-ficile d’évaluer ex ante la valeur commerciale d’une invention susceptible de conduire à la mise en vente d’un produit nouveau dont la demande est par définition inconnue. La notation et l’éva-luation financière d’un brevet pose de nombreux problèmes conceptuels et techniques. Or, il est difficile de voir émerger un marché organisé si les acheteurs et les vendeurs ne sont pas d’accord sur la formation des prix des biens échangés. Les caractéristiques des partenaires à l’échange ►

▼ les grandes marques horlogères utilisent abon-demment les brevets pour protéger leurs innovations.source : tudor Passion sur flickr.com.

Chaque détenteur de brevet a en quelque sorte un « droit de veto » sur la nouvelle invention. Ceci a pour conséquence qu’un brevet, même marginal et de faible qualité, peut blo-quer une nouvelle innovation.

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1 Cet article s’appuie essentiellement sur trois documents : Guellec, D., Madiès, Th. et J-C. Prager, (2010). Les marchés des brevets dans l’économie de la connaissance, rapport du Conseil d’Analyse Economique, La documentation Fran-çaise, Paris ; Encaoua, D. et Th. Madiès, (2012). «Le sys-tème des brevets : idées reçues et critiques », Les Cahiers Français, La documentation Française et Madiès, Th, Guel-lec, D. et J-C. Prager (sous la direction de), (2013). Patent Markets in the Knowledge Economy, Cambridge University Press (à paraître).

introduisent une seconde source d’incertitude. Le vendeur peut ne pas être indifférent à l’identité de celui qui achète le brevet, en particulier quand les deux sont potentiellement concurrents sur le mar-ché aval, c’est-à-dire sur le marché où est vendu le bien incorporant l’innovation. La théorie des coûts de transaction et des enchères nous livrent un message relativement clair : les brevets possè-dent toutes les caractéristiques qui rendent difficile le recours au marché comme seul mécanisme de coordination des transactions. Les phénomènes de « malédiction du vainqueur » et d’auto-sélection ont toutes les chances de se produire et de conduire les acheteurs à minimiser leur offre sur un mar-ché sur lequel seront mis en vente essentiellement des brevets de qualité médiocre. Des ventes aux enchères ont récemment vu le jour aux Etats-Unis et en Europe mais leur bilan est décevant. On notera pour terminer qu’il existe des produits cotés dont le sous-jacent est formé de brevets. Les

brevets individuels sont, sauf exception, très diffi-ciles à coter directement. En revanche, la cotation directe de portefeuilles de brevets ou de fonds de brevets est possible. Ces derniers constituent des organismes de placement collectif adossés à des banques qui achètent aux entreprises des brevets et proposent des placements financiers à haut ren-dement à des particuliers par exemple. Ces pro-duits financiers sont cependant peu liquides et concernent des montants minimaux très élevés. ■

ACTIVITÉS DE ThIERRY MADIèS

Thierry Madiès est professeur au départe-ment d'économie politique de l'Université de Fribourg. Il est ponctuellement consultant au-près de la Banque mondiale et a été membre du Conseil d'analyse économique de 2006 à 2010 et conseiller scientifique auprès de l'Agence Française de Développement.

Actuellement, ses activités de recherche se si-tuent dans le champ de l'économie des finances publiques, de l'économie de l'innovation et de l'économie internationale. Ses dernières publi-cations portent sur le lien entre la globalisation et la « soutenabilité » des finances publiques, sur les effets de la fragmentation idéologique sur le niveau de dépenses publiques, sur la décen-tralisation dans les pays subsahariens et sur le fonctionnement des marchés de brevets.

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Lors des récentes Journées suisses de la statis-tique, à Bâle, un conférencier s’est attelé à mon-trer les difficultés qu’ont les étudiants en Master de criminologie de Lausanne à comprendre et interpréter des graphiques « statistiques », c’est-à-dire des graphiques produits et créés à partir de données statistiques. Un autre s’est intéressé à l’infographie et la visualisation de données sta-tistiques pour une meilleure communication de résultats d’études et de recherches et a souligné la difficulté dans cette tâche rencontrée par certaines agences. Un troisième a relevé comment certains médias, politiciens et autres diffuseurs d’infor-mation trichent avec l’information statistique, d’où la nécessité de citoyens bien formés pour dénoncer les abus. Par ailleurs, on a mentionné durant l’assemblée de la section « Enseignement et recherche » de la Société suisse de sta-tistique, le véritable « analphabétisme statistique » des éco-liers, gymnasiens et étudiants universi-taires, sans parler de la population en géné-ral, et s’est posé la question d’une intervention ciblée lors des révisions prévues des programmes d’enseignement de l’école obligatoire et de matu-rité afin d’introduire la statistique comme matière à part entière. Enfin, depuis plusieurs années, lors

de congrès internationaux de statistique, des ses-sions spéciales sont consacrées à l’enseignement de la statistique. On le constate sans peine : le monde de l’information, tel que nous le vivons aujourd’hui, requiert de la part des statisticiens qu’ils transmettent de manière appropriée les principes de leur discipline et, le cas échéant, rendent attentifs la population aux manipulations de graphiques et aux fausses interprétations de tableaux et de statistiques.

de L’ « anaLphabétisme statistique » à une

compréhension minimaLe

Un minimum de connaissances de base est exigé pour débuter une formation académique. Le cer-

tificat de maturité atteste que l’étudiant-e a acquis et / ou possède ce minimum. La lecture et une analyse simple et directe de cartes, de différentes représentations graphiques de données (dia-gramme de dispersion, histogrammes, etc.), ►

laurent donzÉProfeSSeurSProfesseur associé de statistique à l’Université de Fribourg.

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la StatiStique, eSSentielle à une formation aCadÉmique

Les statistiques font partie de notre quotidien. Le besoin d’informations en tout genre incite médias et organes offi-ciels à répondre aux attentes de divers publics. Or, d’une part, la qualité produite et surtout la qualité de la diffusion ne sont pas toujours au rendez-vous. D’autre part, il n’est pas certain que le message transmis soit réellement compris. La nécessité d’un enseignement de la statistique s’impose à tous niveaux.

On a mentionné durant l’assemblée de la section « Ensei-gnement et recherche » de la Société suisse de statistique, le véritable « analphabétisme statistique » des écoliers, gymnasiens et étudiants universitaires, sans parler de la population en général.

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08de tableaux croisés, ne devraient pas poser de problème et devraient faire l’objet d’exer-cices durant les années de collège, au fur et à mesure que ces éléments-là apparaissent dans les cours dispensés. A l’Université, le cours de base de statistique devrait dépasser ce stade de connaissance élémentaire. L’enseignant devrait en outre apporter le savoir-faire et des compé-tences pratiques. Nous pensons qu’un écono-miste doit non seulement comprendre certains résultats statistiques, mais de par sa profes-sion être en mesure d’en produire lui-même. L’exercice n’est pas toujours aussi simple qu’il puisse paraître, même pour des analyses sta-tistiques somme toute banales. En effet, cela exige de nos jours, en plus de connaissances évidentes de la matière traitée et de statistique, des connaissances informatiques, voire une maîtrise appropriée de logiciels spécifiques. Il faut de surcroît concevoir le tableau ou le graphique de manière à ne pas fausser le mes-sage que l’on entend transmettre. Plus encore, l’enseignant devrait étendre la palette d’outils, notamment en présentant et développant ceux couramment utilisés dans la spécialisation de l’étudiant-e. Enfin et surtout, il devrait ensei-gner les concepts théoriques et méthodes de

base de la statistique, permettant à l’étudiant-e de s’aventurer dans les cours avancés de sa dis-cipline. Cela nécessite un certain degré de for-malisme, essentiellement mathématique, et de rigueur intellectuelle, rendant de fait la matière un peu plus difficile d’accès.

une discipLine revêche et peu attractive

Les évaluations de la part des étudiant-e-s qui sont faites de nos cours de base font apparaître d’année en année les mêmes tendances. Il y a une grande diversité de réponses dans l’appréciation des cours. Les étudiant-e-s ne comprennent pas toujours le besoin de suivre un cours de statis-tique, surtout si celui-ci est obligatoire dans le cursus et qu’il peut paraître a priori assez diffi-cile. Les remarques récurrentes sont en général que le cours de statistique est trop théorique et manque d’exemples, surtout chiffrés. Il faudrait selon certains beaucoup plus d’applications pratiques. Bon nombre d’étudiant-e-s ne voient pas que la matière enseignée est indispensable à leur formation de base et qu’ils ne seraient tout simplement pas à même de suivre au terme de leur Bachelor des Masters spécifiques.

134 Projet OFS-LSE-2012

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Haute école universitaire (UNI, EPF)

Haute école spécialisée / pédagogique (HES, HEP)

Formation professionnelle supérieure

Brevet d enseignement

Maturité

Apprentissage complet (CFC)

Formation acquise en entreprise

Sans formation prof. complète

Autres formations complètes

Non mentionné

Total

4000 6000 8000 10000 12000 14000

Salaire brut moyen pondéré

Figure C.3 – Salaires bruts moyens pondérés par sexe et classes de formation, secteurprivé, 2010

© L. Donzé, Département d’économie quantitative, Université de Fribourg (Suisse)

◀ Salaires bruts moyens pondérés par sexe et classes de formation dans le sec-teur privé (2010).

source: Donzé, L. (2013) “Analyse des salaires des femmes et des hommes sur la base des enquêtes sur la structure des salaires 2008 et 2010”, Office fédéral de la statistique, Neu-châtel, 17 avril.

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un nouveau programme pour La facuLté

Notre faculté a prévu, à partir de l’automne 2014, de changer complètement son programme de base, au niveau Bachelor, d’enseignement des statistiques. Nous ne nous prononcerons pas dans ces colonnes sur l’opportunité de ce changement, ni sur les avan-tages et défauts de ce nouveau programme; rele-vons-en toutefois quelques caractéristiques. Les trois premiers semestres seront communs aux étudiant-e-s des sciences économiques et des sciences de la société. Vu l’audience, l’orien-tation du cours sera très descriptive et non for-melle. Durant la première année, une introduc-tion au logiciel SPSS (Statistical Package for the Social Sciences) est prévue, ce qui devrait permettre aux étudiant-e-s de travailler avec des ensembles de données conséquents sur des cas concrets. On proposera durant le troisième semestre un cours sur les « Méthodes empiriques des sciences sociales ». Le quatrième semestre, à l’attention des étudiant-e-s des sciences écono-miques uniquement, devra aborder de manière formelle les concepts de base de la statistique inférentielle.Il faudra quelques années pour évaluer ce pro-gramme de base et recevoir de la part des étu-diant-e-s, du monde du 3e cycle et de la recherche,

de l’économie, une critique approfondie. Mais une chose est sûre, en changeant aussi profondé-ment sa formation de base, notre Faculté change résolument de cap, pour le meilleur et le pire. ■

Nous pensons qu’un économiste doit non seulement com-prendre certains résultats statistiques, mais de par sa pro-fession être en mesure d’en produire lui-même.

RÉCENTE ÉTUDE STATISTIqUE

En 2013, Laurent Donzé a réalisé un mandat pour le compte de l’Office fédéral de la statis-tique. Intitulée “ana-lyse des salaires des femmes et des hommes sur la base des enquêtes sur la structure des sa-laires 2008 et 2010”, cette étude statis-tique met particu-lièrement en évidence les disparités salariales entre hommes et femmes, tant dans le secteur privé que public.

Donzé, L. (2013) “Analyse des salaires des femmes et des hommes sur la base des enquêtes sur la struc-ture des salaires 2008 et 2010”, Office fédéral de la statistique, Neuchâtel, 17 avril.

Analyse des salaires des femmes etdes hommes sur la base des enquêtessur la structure des salaires 2008 et

2010Mandat réalisé pour le compte de l’Oce fédéral de la

statistique, Neuchâtel

par

Laurent Donzé

Fribourg, le 17 avril 2013

© L. Donzé, Département d’économie quantitative, Université de Fribourg (Suisse)

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Pour beaucoup d’entre nous, le jeu vidéo fait partie de notre quotidien. En peu d’années, cette forme de divertissement – qui à l’origine intéressait seu-lement des communautés restreintes de passion-nés – a su toucher la société tout entière par un effet de massification. Il suffit de survoler les vingt dernières années pour s’apercevoir de quelques exemples emblématiques : le personnage de Lara Croft, conçu pour un public masculin (mais trans-formé par la suite en icône féminine), qui a fait la une de la presse spécialisée pendant de nombreuses années; l’apparition de joueurs professionnels et de chaînes télévisées qui diffusent leurs défis; l’accroissement des coûts de production d’un jeu vidéo qui a de quoi rendre jaloux l’industrie du cinéma hollywoodien; et ainsi de suite.Evidemment, un tel phénomène n’est pas passé

inaperçu et le jeu vidéo se retrouve de plus en plus au centre des débats de notre société. Parfois exalté par les communautés de passionnés, parfois « dé-monisé » par de soi-disant experts et détracteurs, le jeu vidéo demeure en général mystérieux et suscite la curiosité. Presque tout le monde connaît le côté divertissant de celui-ci, mais quelle est la finali-té d’un jeu en réalité ? Il s’agit tout simplement d’offrir au joueur une expérience interactive; bien évidemment, celle-ci peut être du pur amusement, mais il y en a qui vise d’autres buts : les jeux « sé-rieux » essaient d’exploiter le côté ludique à des fins de sensibilisation, les jeux éducatifs exercent une fonction didactique; par ailleurs, de plus en plus d’expérimentations visent à utiliser le jeu pour la réhabilitation de personnes victimes de graves troubles neurologiques.

▼ la société WitchLake développe actuellement Sam’s Chronicles, jeu de plateforme qui sera pro-chainement disponible sur PC, maC et linux.source: samschronicles.com.

maurizio rigamontiSur le terrainChargé de cours à l'Université de Fribourg.Directeur de sugarcube IT.

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leS jeux vidÉo en SuiSSeProvocateurs, oniriques, violents, innocents : les jeux vidéo constituent une forme de divertissement assez récente, que nous consommons fréquemment et qui sont souvent au centre des débats. Comment sont-ils créés ? Par qui ? Et surtout, quelle est la situation du marché suisse ?

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LES ACTIVITÉS DE MAURIzIO RIGAMONTI

Maurizio est co-fondateur et directeur général de sugarcube IT, une spin-off3 du groupe DIVA4 du Département d’Informatique de l’Université de Fribourg qui développe des solutions d’analyse et traitement de l’informa-tion électronique, ainsi que des applications graphiques et interactives. La société est, entre autres, en train de créer une plate-forme de formation basée sur le jeu vidéo.

Il travaille également en tant que directeur de la technologie chez Publiwide, autre socié-té fribourgeoise, qui oeuvre dans la produc-tion et la distribution de livres numériques (ou e-book). Cette société propose des solutions informatiques de transformation en livre élec-tronique d’ouvrages destinés à l’impression afin d’offrir aux clients des expériences inte-ractives et inédites de lecture.

D’autre part, Maurizio collabore également avec theJoypad.ch, le seul magazine italo-phone de recension de jeux vidéo en Suisse et fait partie du comité de projet Swiss Game Center, primé par le parc technologique blueFactory, qui vise la création d’un centre fribourgeois pour l’enseignement et la créa-tion de jeux vidéo.

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De plus en plus d’expérimentations visent à utiliser le jeu pour la réhabilitation de personnes victimes de graves troubles neurologiques.

créer son jeu vidéo à fribourg

L’offre d’un cours de jeux vidéo à l’Université de Fribourg1 génère toujours un effet de surprise. Souvent, les amis, les curieux ou les médias posent les mêmes types de questions : que faites-vous exac-tement en classe ? est-ce que vous jouez ? La réponse est tout autre : les thèmes du cours sont principalement orientés sur la production d’un jeu vidéo, c’est-à-dire sa conception et son développement plutôt que sa consommation. La création d’un jeu est loin d’être triviale et implique de nombreux professionnels aux com-pétences variées : des artistes capables de créer les supports visuels et les musiques, des développeurs informatiques pour la programmation du jeu, des game designer pour définir les composantes mé-caniques, des producteurs pour trouver les finan-cements et attribuer les ressources, etc. Une page entière ne suffirait pas à décrire tous les acteurs impliqués dans la création d’un jeu vidéo ! Bien sûr, il est impossible de traiter tous ces aspects dans un seul cours de niveau master; ce dernier se concentre sur deux domaines principaux, à savoir le game design (ou design du jeu) et les techniques de programmation. Le premier est un mélange de psychologie, d’anthropologie, d’économie et de design général : il traite tous les aspects inhérents à la conception des mécaniques de jeu, à l’expé-

rience du joueur, ainsi qu’à la production d’un jeu. Le second, par contre, est focalisé sur les stratégies utilisées pour afficher des scènes à l’écran, ani-mer des objets, simuler des effets spéciaux et créer

l’intelligence artificielle des personnages. Mais ce qui permet surtout aux étudiants de développer de larges connaissances c’est la création de leur propre jeu vidéo, par travail en petits groupes. Il reste toutefois une question fondamentale : quels sont les débouchés d’une telle formation sur le marché du jeu vidéo ?

Le marché du jeu vidéo en suisse

Qu’on se le dise tout de suite : la Suisse est très en retard sur le marché de la production de jeux vidéo. En effet, le marché national est essentiel-lement orienté sur l’importation; quant à l’indus-trie de la création de jeux, elle demeure encore très limitée. Le seul grand acteur du marché qui ait ouvert un studio de développement en Suisse est Ubisoft : depuis deux ans, le géant français a établi une équipe de création à Zurich qui se fo-calise principalement sur les jeux free-to-play. Il faudrait une étude et une analyse détaillées pour comprendre cette absence d’acteurs importants du marché; il est toutefois possible d’y apporter quelques éléments de réponses. Tout d’abord, la Suisse manque d’expérience dans le développe-ment de jeux et les grandes productions nécessitent de plus en plus de spécialistes (focalisés sur une seule tâche), par exemple, pour l’animation du per-sonnage principal ou l’interface utilisateur (les me-nus, les inventaires, les boutons, etc.). L’absence de studios de développement implique à son tour que la formation dans les métiers du jeu vidéo est négligée par les écoles2; une fois son diplôme en poche, les débouchés professionnels sont relati-vement limités. Enfin, les enjeux financiers et le coût du travail peuvent également expliquer cette difficulté à s’implanter pour les grandes sociétés. Il y a quelques années, le Canada a su attirer de nom-breuses sociétés de la branche grâce à un régime de défiscalisation et à un soutien logistique aux entreprises actives dans le domaine du jeu vidéo.Néanmoins, la situation évolue en Suisse : on ob-serve de plus en plus de petites entreprises et de studios de développement de jeux qui se créent dans l’agglomération zurichoise et bernoise, ►

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1 « Design and Graphics Programming for Game Develop-ment », dans le cadre du Joint Master in Computer Science, cours proposé par les Universités de Berne, Fribourg et Neuchâtel. 2 En Suisse, il existe actuellement une formation de Game Design à la haute École d’art de zurich, une formation en Game Art à l’École professionnelle des arts contemporains de Saxon (EPAC), un laboratoire à l’École polytechnique fédérale de zurich (EPFz), ainsi qu’un cours à l’Université de Fribourg.3 Ce terme désigne une société commerciale créée à partir d'une scission d'une société plus grande.4 « DIVA » est l’acronyme de « Document, Image and Voice Analysis ».

qu’on se le dise tout de suite : la Suisse est très en retard sur le marché de la production de jeux vidéo

ainsi que sur la Côte vaudoise. Ces entreprises, à l’instar de MindMaze, installée à Ecublens (VD), visent plutôt le marché national, avec des créations orientées sur l’édu-cation et la réhabili-tation, mais il existe également d’autres sociétés comme WitchLake (cf. photos de l’article) et Everdream-Soft qui s’intéressent davantage au marché inter-national et produisent des jeux vidéo de pur diver-tissement. L’existence de petites structures sur le marché international est rendue possible car, au cours de ces dernières années, la production de jeux vidéo a également évolué : si, d’un côté, les grandes productions sont de plus en plus coû-teuses, standardisées et les risques liés à la créa-tion de nouvelles licences accrus, d’un autre côté, le marché des jeux indépendants a lui explosé car de petites équipes avec un budget limité peuvent désormais proposer des jeux avec des retours sur investissement considérables. Actuellement, cette démarche peut être soutenue par la mise en place de méthodes et d’outils de production participatifs (ou crowdfounding), qui priment les projets jugés intéressants et allègent la recherche de capitaux. En outre, on trouve également des plates-formes de distribution, telles que Steam et Desura, qui facilitent la promotion des jeux. Evidemment, la contrepartie pour rentrer dans le secteur des jeux indépendants se mesure au nombre de concurrents sur le marché. La seule manière de se distinguer est de proposer un concept novateur, ainsi qu’une expérience de jeu soignée dans les détails.De surcroît, au cours des dernières années, une évo-lution importante se manifeste au plan national. La

création du projet Game Culture de Pro Helvetia en 2010 s’avère fondamentale pour relier les acteurs suisses du jeu vidéo, auparavant dispersés, permet-

tant ainsi de créer de véritables réseaux. Cette ini-tiative a également débouché sur la mise en place de diverses formes de soutien financier en faveur des créateurs de jeux. De ce fait, bien que le marché du jeu vidéo helvétique soit à ses premiers balbu-tiements, il présente néanmoins certaines oppor-tunités, particulièrement au niveau des initiatives personnelles. Il s’agit probablement d’une occa-sion unique à saisir et ainsi, in fine, d’une possi-bilité de rattrapage du retard accumulé jusqu’à ce jour dans ce secteur. ■

▼ Composition d’une «  scène  » : les déve-loppeurs créent un niveau et disposent les éléments graphiques conçus par les gra-phistes. source: samschronicles.com.

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SergeBaud

thomaS Bato et lÉa ruPPeninterview

introduction

L’hiver est là. L’occasion est trop belle d’inter-viewer Serge Baud, 53 ans, fondateur et directeur de Movement Skis. Autodidacte avéré et compé-titeur né, le Vaudois de 53 ans s’est démené pour s’imposer sur un marché « en surchauffe ». Au cours d’interminables journées dans son garage et de longs week-ends dans la poudreuse, le quinquagénaire et ses amis dessinent, testent et fabriquent les nouveaux skis de demain; une

passion intacte depuis plus de dix ans. Mais c’est également une activité téméraire : skier, c’est prendre le risque de « se casser la gueule », plai-sante-t-il. Actuellement à la tête d’une entreprise florissante, Serge Baud nous explique les clefs de sa réussite. Interview. ►

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Directeur de Wild DuckCo-fondateur de la marque Movement Skis

Bio raPide

1978-1981apprentissage comme employé de commerce et vendeur spé-cialisé dans le domaine du sport

1981 fondateur de la marque Wild Duck Snowboards

1981-1991vendeur et responsable des achats dans le secteur du ski, de la montagne et du windsurf d’un commerce spécialisé

1983fondateur de la marque Madhouse Snowboards

depuis 1991directeur général des sociétés Wild Duck SA et Casoar SA, spécialisées dans la fabrication et la commercialisation d’ar-ticles de sport

1999fondateur de la marque Movement Skis, spécialisée dans le « freeski » (discipline extrême du ski alpin)

depuis 2002directeur général de la société Advanced Sliding Technologies (aSt), spécialisée dans la pro-duction industrielle de skis

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▼ Serge Baud montre fiè-rement ses dernières créations dans les lo-caux de Movement Skis à Puidoux (vd).

photos de l’interview: jean-Stéphane yerly.

M. Baud, Movement skis : qu’est-ce que c’est ?

Notre entreprise fabrique des skis pour un public de connaisseurs et de passionnés. Nous restons à la pointe de la technologie en offrant des concepts parfaitement adaptés à chacun, allant du skieur normal au skieur pro. Dès notre lancement, nous nous sommes concen-trés sur la mise en place d'une stratégie de mar-ché de niche. Actuellement, nos secteurs clefs se concentrent principalement sur le freeride et le freetouring. Ce sont les deux secteurs qui marchent. Nous avons également développé une gamme de ski freestyle, un marché difficile étant donné que la cible, les jeunes, ne sont pas forcément fidèles à une marque. Les casques, les bâtons et les fixations sont aussi fabriqués par notre société. Nous avons donc choisi un positionnement haut de gamme avec des maté-riaux performants et de qualité. Aujourd’hui, nous sommes présents aux quatre coins du monde et exportons 60 % de notre production.

Lancer une telle entreprise, n’est-ce pas un parcours semé d’embûches ?

Comme pour toute entreprise qui démarre, la recherche de fonds a été l'une des principales difficultés. Sans mon associé et financier de la société, nous n’aurions jamais pu concréti-ser notre projet. La deuxième difficulté a été de faire connaître nos produits aux clients. Le conseil que je peux vous donner est de ne ja-mais vous tenir sur un seul pied. Je m’explique. Lors de la création de Movement skis, nous avons monté en parallèle une petite société de distribution, société qui nous a permis de nous construire un véritable portefeuille de clients. Quand vous avez un produit qui est inconnu, il est beaucoup plus facile de le vendre lorsque vous connaissez déjà 500 magasins de sport. Dans notre cas, nous avons toujours joué sur deux tableaux. Monter deux sociétés qui se supportent mutuellement semble une stratégie gagnante sur le long terme.

En quoi êtes-vous différents de vos principaux concurrents ?

Nous avons réussi, malgré des moyens limités, à développer un véritable réseau dans le milieu du ski. Nous distribuons nos produits essentielle-ment chez des spécialistes que nous connaissons.

Les grandes surfaces comme Ochsner Sport ou Athleticum ne nous intéressent pas. Nous vou-lons continuer à soutenir les petits magasins de sport existants et à parier sur une image de qualité. De plus, la taille de notre entreprise nous permet d’innover et de développer plus facilement qu’une grande firme. Nous n'avons jamais voulu être le plus petit des plus grands. Ne pas être avec les gros joueurs se révèle être un avantage !

quelle image cherchez-vous à projeter avec votre marque ?

Nous avons créé une marque avec une forte identité suisse. D'ailleurs, notre logo repré-sente typiquement les valeurs et traditions hel-vétiques. Nous développons des technologies uniques avec des partenaires comme le leader mondial du secteur de la voile North Sails. Ces partenariats nous apportent une meilleure visi-bilité et de la crédibilité ainsi qu'une image alliant sécurité, confort et performance.

quel est l’apport de cette nouvelle technologie au ski lui-même ?

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15Principalement la légèreté, tout en gardant la stabilité du ski. Il y a encore dix ans, personne n'y arrivait. Aujourd’hui, nous avons des skis réactifs et très vivants.

Soutenez-vous des athlètes ?

Nous soutenons, actuellement, entre quatre et cinq athlètes de très haut niveau soit en leur versant un salaire, soit sous forme de défraiement. Ce petit nombre est dû au fait que nous n’avons pas basé notre stratégie marketing uniquement sur la compétition. Nous souhaitons, avant tout, faire rêver les gens et leur transmettre notre passion. Pour ce faire, nous organisons des voyages un peu partout sur la planète afin d'y favoriser, la plupart du temps, la découverte d'en-droits sauvages et encore inconnus aux yeux du grand public. Récemment, nous avons par exemple réalisé des séances de photos et des clips promotionnels au Canada.

Parlez-nous de votre team ?

Je peux vous dire que nous avons vraiment de la chance. Beaucoup d’employés sont avec nous depuis le début. Une de mes grandes fiertés est de n’avoir jamais licencié qui que ce soit, malgré des périodes difficiles. Tra-verser ces épreuves ensemble nous a soudés. Aujourd’hui notre équipe, c’est du posé, du long terme.

Comment se passent vos journées ?

Comme pour tout entrepreneur, mes journées sont très remplies. Je consacre 70% de mon temps à la marque Movements skis. Le déve-loppement d’une collection représente environ douze mois de travail. Je suis actuellement en train de réfléchir à la collection 2015-2016. Parallèlement au développement de nouveaux produits, je passe environ une semaine par mois sur la route pour aller à la rencontre de nos fournisseurs. Je ne m'arrête jamais.

A vos yeux, qu’est-ce qu’un bon entre-preneur ?

De mon point de vue, la communication est l'as-pect le plus important. Il est en effet primordial,

si l’on souhaite obtenir de bons résultats, de pouvoir partager ses idées avec ses collabora-teurs. Un entrepreneur ne peut pas rester cloî-tré dans son bureau. J’essaie aussi d’impliquer mes collaborateurs un maximum dans le pro-jet en les responsabilisant. Je suis certain que l’entreprise continuerait à tourner si je devais m’absenter.

En quelques traits, quels sont les axes de votre expansion ?

90 % de notre chiffre d’affaires provient de l’arc alpin, à savoir la Suisse, la France, l’Au-triche, l’Allemagne et l’Italie. Le marché nord

américain est un marché cloisonné et difficile d’accès. Nous sommes aussi présents sur des marchés émergents comme la Chine et la Rus-sie. Pour une petite entreprise comme la nôtre, il est important de mesurer les risques d’une croissance trop rapide. Il est préférable de res-ter dans une zone de sécurité et d’assurer la pérennité de la société, plutôt que de chercher à augmenter ses ventes et de risquer de « cha-virer à la moindre rafale de vent ». Mieux vaut vendre des skis aux bons endroits plutôt que de chercher la quantité à tout prix.

Comment vous voyez-vous dans dix ans ?

J’ai 53 ans. Je ne pense pas réussir à mainte-nir cette cadence pendant les vingt prochaines années. Passer progressivement le relais à des collaborateurs de confiance est un objectif.

Pour conclure, que conseilleriez-vous à un étudiant qui voudrait créer son entre-prise ?

Je lui conseille de bien réfléchir avant de se lancer. Démarrer une entreprise demande une grande prise de risque. Les financements sont, aujourd’hui, plus difficiles à trouver. Être un entrepreneur n'est pas une activité profession-nelle à mi-temps. Il faut consacrer une énorme partie de son temps, parfois au détriment de sa vie privée, voire de sa santé. Mais le jeu en vaut la chandelle ! ■

Une de mes grandes fiertés est de n’avoir jamais licencié qui que ce soit, malgré des périodes difficiles.

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copyright: movementskisphotographer: yves garneau

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jean-StÉPhane yerlyÉtudiantS

De plus en plus d’entreprises optent pour une stratégie de développement durable, qu’en pensez-vous ?

Actuellement, les entreprises ont compris que les consommateurs sont plus sensibles au res-pect de l’environnement, de l’être humain et de l’éthique économique. Le développement durable est donc un facteur clé pour leur succès sur un marché où les acteurs économiques sont toujours plus attentifs en matière de responsa-bilité sociétale.

Toutefois, certaines entreprises finissent par vendre les bienfaits de leur produit sur l’envi-ronnement avant le produit lui-même; c’est peut-être là que « le bât blesse ».

à la base de toute entreprise, il y a la volonté d’un entrepreneur de développer un produit ou un service, sur la base d’une vision et de valeurs qui lui sont propres. La notion de développe-ment durable devrait être un principe de base de l’entreprise, partagé par tous ses membres et garant, à terme, de son succès, plutôt que refléter une simple tendance du marché. ■

Margaux Sidler

Bachelor of Science in Business Administration.

hEG deuxième année.

Benoît Andrey

Bachelor of Science in Business Administration.

hEG deuxième année.

Les entreprises qui misent sur le développe-ment durable sont sur la bonne voie !

En effet, une entreprise doit être capable de s’adapter pour durer. Il ne faut pas négliger cet aspect de durabilité, à savoir satisfaire les besoins des générations présentes sans pour au-tant compromettre la capacité des générations futures à satisfaire leurs propres besoins. Autre-ment dit, l’entreprise qui oriente sa stratégie sur le développement durable assure son futur.

En outre, il y a derrière cette notion tout un aspect de responsabilité. Le développement durable est une plus-value certaine aux yeux des consommateurs et est donc un réel avantage compétitif pour l’entreprise.

En se tournant vers le développement durable, les entreprises projettent ainsi l’image et les valeurs d’un établissement sérieux et respon-sable. ■

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Page 18: Uniéco N° 4

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Notre président d’honneur est Jean-Marc Sylvestre, jour-naliste français de la presse économique et également écri-vain. Il a été de nombreuses années le spécialiste de l’éco-nomie pour les chaînes de télévision TF1, LCI (filiale du groupe TF1) et iTélé (filiale du groupe Canal+). En 2004, il a été décoré de l’ordre national de la Légion d’honneur. Pour l’anecdote, le journaliste avait officiellement inter-viewé Nicolas Sarkozy, alors Président de la République française.

Aujourd’hui éditorialiste sur Atlantico.fr, Jean-Marc Syl-vestre est également l’auteur d’un blog économique in-fluent (JeanMarc-Sylvestre.com) qui est visité par plus de 100'000 internautes par mois. En 2013, il est le co-auteur de Tout va bien (ou presque) ! – La preuve en 18 leçons aux éditions Fayard.

rédacteur en chef rédacteurs Conception graphiquedirecteur artistiquelayout woman ont participé à ce numéro

PhotographieCaricatureCorrectionsConseiller en marketinget communicationPrésident d'honneurremerciements

PrÉSident d'honneur

imPreSSum

Jean-Marc Sylvestre.Journaliste français.

Créée en juin 2012 par milo Božic et matthieu Seydoux (respectivement étudiants en manage-ment et en droit), l’association uniéco a pour but de promouvoir l’information économique à travers un magazine trimestriel du même nom. uniéco est distribué gratuitement sur le campus de l’université de fribourg et à la haute école de gestion de fribourg.

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tirage2’000 exemplaires

magazine uniécoroute wilhelm-Kaiser 10Ch-1700 [email protected]

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milo Božicthomas Bato, léa ruppen, jean-Stéphane yerlyromain Collaud aurélie monniernoémie SandozBenoît andrey, thomas Bato, milo Božic, laurent donzé, thierry madiès, maurizio rigamonti, léa ruppen, margaux Sidler, jean-Stéphane yerlylara vehovar, jean-Stéphane yerlySimon Beuretjean-maurice délèze

Crausaz & Partenaires Sajean-marc Sylvestreheinrich Bortis

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RECRUTE

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