Une randonnée de Charbonnière aux Grandes Platières en passant par le refuge de Platé. avec des...

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Une randonnée de Charbonnière aux Grandes Platières en passant par le refuge de Platé. avec des images accompagnatrices Texte et images d’Emile Mogeny Formatage phm

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Une randonnée de Charbonnière aux Grandes Platières en passant par le

refuge de Platé.

avec des images accompagnatrices

Texte et images d’Emile MogenyFormatage phm

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L’itinéraire

de Charbonnière

aux chalets de Platé

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Nous laissons les autos sur le parking de Platé, à Praz-Coutant, à l’altitude de 1200m, à trois kilomètres du Plateau d’Assy.

Nous nous assurons d’avoir assez d’eau pour la journée. Dès le départ, une plantation de pins noirs d’Autriche et d’épicéas signale 1'ancienne catastrophe du Roc des Fiz, sanatorium d’enfants, qui a fait 71 victimes par une coulée de boue le 12 avril 1970.

Par la piste carrossable aux 4x4, nous montons dans la forêt mixte hêtre / épicéa.Sans nous en rendre compte, puisqu’ils sont recouverts d’éboulis et de forêt, nous quittons les terrains géologiques du Jurassique pour entrer dans le Crétacé et passons la falaise du Titonique escamotée à cet endroit.

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En arrivant à Charbonnière, nous entendons gronder le torrent Ugine qui émerge aval de la piste. En effet, l’eau de Platé, descendant par des souterrains, rencontre ici les marnes imperméables du Berriasien et du Valanginien.

A la sortie du bois, une passerelle enjambe le torrent qui coule lors des fontes de neige, des crues orageuses ou pendant les périodes pluvieuses. C’est le trop-plein du réseau de l’Ugine qui a son exutoire en amont de la passerelle.

Nous sommes à 1400m d’altitude, en plein étage montagnard. La forêt monte à 1700m. Mais Charbonnière est le paradis des avalanches. De grandes pentes herbeuses, les lanches, sont plus ou moins dénudées à cause de ce phénomène. La forêt plie et souffre, mais malgré tout persiste. Le hêtre, couché dans le sens de la pente, casse dès qu’il est trop gros. Vu les aléas climatiques, il pousse lentement et devient très dur. C’est d’ailleurs une sous-espèce du hêtre des régions humides de basse altitude.

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Charbonnière porte le nom de l’activité de fabrication de charbon de bois, autrefois. Quelques chalets encore debout signalent la présence d’un ancien alpage moyen qui était occupé du 10 juin au 10 juillet et du 10 au 30 septembre.

Une cabane abrite la machinerie du monte-charge qui ravitaillait Platé de 1945 à 1996. L’hiver 1999 l’a détruit.

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Tout de suite après la passerelle, sans passer par les chalets, nous empruntons le sentier de Platé. Chèvrefeuille, noisetier, épine-vinette, viorne bordent le chemin. Le chant de la fauvette à tête noire claironne.

Plus haut, ce sera le nerprun des Alpes.

Des arbres colonisateurs sont présents : saule, sorbier, alisier, merisier, érable. Les épicéas occupent les pentes moins avalancheuses.

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A la sortie de la forêt, 1600m, qui est une forêt classée «de protection» par l’ONF, donc non exploitée, les lanches montent jusqu’à la falaise de l’Urgonien. Deux énormes blocs coincés dans le nant, les Pierres Chaumières, incitent à la halte pour boire un peu.

De petits cris aigus signalent le faucon crécerelle que l’on appelle l’oiseau du Saint-Esprit lorsqu il fait du surplace à la recherche d’une proie. Depuis quelque temps, le faucon pèlerin est présent, lui aussi.

Des arbres et arbustes aimant les pentes ensoleillées au sol basique, prédominent : genévrier, busserole, polygal petit buis.

L’euphorbe petit cyprès abonde, ainsi que la laîche des montagnes.

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En arrivant sous la falaise appelée Rocher des Miots, une halte est obligatoire. D’abord pour boire encore et souffler, aussi pour observer : marmottes, chamois à droite et à gauche, tichodrome dans la falaise, bouquetin aussi en arrière-saison. On peut admirer, au printemps, une trentaine de pieds de primevère auricule.

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Nous contournons le rocher des Miots. De là, on peut voir une vire herbeuse qui part à gauche. Un passage délicat la ferme: ce sont les Pas de Bovy.

Autrefois Eugène Mogeny fanait à Bovy. Les foins secs étaient jetés par la falaise haute de 200m. Il récupérait en dessous ce qu’il en restait. Son collègue, Bouillet, de la Size, faisait trois ballons de foin et, par trois allers et retours les amenait sur le chemin de Platé où l’attendait son mulet. Deux ballons sur le mulet et un sur ses épaules et les voilà à Charbonnière où était stationné un petit char.

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Le chemin revient sur le Rocher des Miots. Nous pouvons entendre ou voir le merle de roche. Une chapelle ou gendarme en pile d’assiettes appelé la Tornache, précède une falaise.

Des vestiges métalliques indiquent que les mulets n’allaient pas au-delà autrefois, d’où le nom : les Boucles.

Encore un arrêt ; pendant l’instant de repos, vers dix heures le matin, il n’est pas rare de voir passer l’imposant gypaète barbu.

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La végétation est rare et parsemée : pétasite, valériane et adénostyles rabougris par la chaleur des après-midi.

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Nous repartons, le chemin est souvent sur la roche nue taillée en escalier, ce sont les Egrats de Platé.

Le chemin s’enfonce dans une faille appelée la Cheminée.

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Des cristaux de calcite sont coincés entre les plis rocheux. La végétation est rare et typique de la falaise calcaire : saxifrage à feuilles opposées, androsace helvétique, plantes dites à coussinets pour mettre en réserve l’eau. Dans la cheminée, le tichodrome peut être présent. Les chocards à bec jaune y nichent.

La roche devient noirâtre et se présente en bancs. C’est que nous avons quitté les roches du Crétacé pour entrer dans le Tertiaire, étage du Priabonien. Par une traversée, nous sortons de la falaise pour arriver à Platé en terminant par une passerelle.

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La lumière est éblouissante. Le blanc des lapiés, calcaire à petites nummulites, tranche avec les roches sombres de la Cheminée. Des végétaux herbacés ont colonisé d’anciennes moraines glaciaires. C’est la pelouse alpine des alpages de Platé. Mais si nous explorons le long de la falaise, nos rencontrerons de nombreuses espèces de plantes de l’étage subalpin dont la rare ancolie des Alpes. En cherchant, nous trouveront peut être le célèbre edelweiss, aimant les crêtes ventées calcaires.

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Une vue plongeante sur la montée

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En cinq minutes, nous voici au refuge du Club Alpin, à 2030 m, où nous attend Dany, la gardienne. Une pause casse-croûte et une boisson sont indispensables après deux à trois heures de montée, suivant la capacité des marcheurs.

Le refuge est construit au milieu des anciens chalets d’alpage. Les vaches ont déserté depuis 1956. Il n’y a plus que les moutons qui viennent passer l’été. Que de courage il a fallu aux anciens pour exploiter ces rares végétaux au milieu de cet océan de roche !

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Un coup d’oeil au tichodrome échelette derrière les chalets. S’il n’y est pas, nous verrons toujours l’omniprésent rouge-queue noir qui prend les chalets pour des blocs, le pipit spioncelle qui recherche les insectes congelés sur les névés au printemps, le plus rare accenteur alpin que l’on aperçoit le plus souvent sur les Bouts de Platé, c’est-à-dire vers la Cheminée avec, plus rarement, le martinet alpin qui profite de cet endroit venté pour réaliser du vol à voile. Les hirondelles de rochers circulent tout au long de la falaise.

Avec des jumelles, nous découvrons des marmottes un peu partout. Au printemps, sur la neige, c’est presque un grouillement. Du Col de la Portette à l’Aiguille de Platé, les étagnes (femelles de bouquetin) se profilent sur les arêtes avec leurs cabris et les éternes (cabris de deux ans).

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Nous reprenons notre marche. Derrière les chalets, nous empruntons le chemin du Col de la Portette. Des blocs erratiques de calcaire gréseux, garnis de coquillages marins ont été déposés ici et là par les glaciers d’autrefois. Puis nous bifurquons à gauche dans le pâturage, qui est une ancienne moraine frontale de glacier plus ou moins aplatie. Nous la suivons vers le nord jusqu à une dépression dite la combe aux Nates qui est en réalité une doline, où un névé persiste longtemps. Le chemin y descend.

Les marmottes, surprises, nous sifflent avant de se terrer. Le sentier monte dans la combe. La végétation est quasiment absente. Au sommet, sur des bancs de calcaire gréseux une fine couche d’humus recouvre les roches, colonisée par l’association végétale des combes à neige calcaires : gnaphale, gentiane bavaroise, petite et grande livèche, dent-de-lion des Alpes, saule herbacé, saule à feuilles rétuses et saule réticulé, renoncule des Alpes, armérie, etc.

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Une seconde combe s’offre à nous, plus courte mais plus profonde que la première. C’est la Combe à Roger que nous contournerons par la droite.La géologie peut être une science excitante surtout lorsqu’elle s’offre à nos yeux de manière si parfaite. Comme c’est le cas, munissez-vous du livre du géologue Michel Delamette, sur la géologie du pays du Mont-Blanc. Un grand chapitre est consacré à Platé.

Les bancs de calcaire gréseux montent en direction du Col du Colonné que nous laissons sur notre gauche. Sont présents les lagopèdes, lièvres variables et niverolles ; plus communément : perdrix blanches, blanchots et pinsons de montagne.

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Enfin, nous arrivons aux Grandes Platières. Nous sommes sur un dôme à 2450m. où la vue s’étend au loin. Nous pouvons voir la Meije et la Barre des Ecrins au sud, la chaîne du Mont-Blanc et les Grandes Jorasses au sud-est, les Dents Blanches et les sommets de Sîxt au nord-est, Chablais et Jura au nord-ouest. Plus près, le Colonné à 2690m est le sommet le plus occidental du Désert de Platé.

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La géologie des Grandes Platières est tout à fait particulière et unique en son genre. De grandes dalles s’entremêlent avec des lapiés ciselés différemment.

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Si vous rencontrez des touristes en basket ou en souliers bas, dites-vous que vous n’êtes pas loin de la gare d’arrivée du téléphérique de Flaine aux Grandes Platières. Entrez dans le bâtiment, une exposition montée et gérée par ASTERS (Agence pour la Sauvegarde des Espèces Remarquables et Sensibles) vous attend. ASTERS gère les Réserves Naturelles de Haute Savoie et la réintroduction des gypaètes barbus.

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FIN