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Une étude de l’effet des résolutions de l’UICN sur les efforts internationaux de conservation de la nature

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Une étude de l’effet desrésolutions de l’UICN sur lesefforts internationaux deconservation de la nature

Introduction .........................................................................................................................3

1. Établir l’agenda mondial de la conservation ....................................................................4

2. Soutien au développement du droit international de la conservation de la nature............6

3. Identifier les questions émergentes en matiére de la conservation ..................................8

4. Mobilisation de mesures spécifiques pour les espèces et les aires protégées ...............10

TABLE DES MATIERES

Sessions passées de l’Assemblée des Membres et des Congrès de l’UICN

2008Barcelone, EspagneM. Ashok Khosla (Inde), élu Président

1972Banff, CanadaM. Donald Kuenen (Pays-Bas), élu Président

2004Bangkok, ThailandeM. Valli Moosa (Afrique du Sud), élu Président

1969New Delhi, IndeM. Harold Coolidge (États-Unis), réélu Président

2000Amman, JordanieMme Yolanda Kakabadse (Équateur), réélue Présidente

1966Lucerne, SuisseM. Harold Coolidge (États-Unis), élu Président

1996Montréal, CanadaMme Yolanda Kakabadse (Équateur), élue Présidente

1963Nairobi, KenyaM. François Bourlière (France), élu Président

1994Buenos Aires, ArgentineM. Jay Hair (États-Unis), élu Président

1960Varsovie, PologneProf. Jean Baer (Suisse), réélu Président

1990Perth, AustralieSir Shridath Ramphal (Guyana), élu Président

1958Athènes, GrèceProf. Jean Baer (Suisse), élu Président

1988San José, Costa RicaM. Monkombu Swaminathan (Inde), réélu Président

1956Édimbourg, Royaume-UniProf. Roger Heim (France), réélu Président

1984Madrid, EspagneM. Monkombu Swaminathan (Inde), élu Président

1954Copenhague, DanemarkProf. Roger Heim (France), élu Président

1981Christchurch, Nouvelle-ZélandeProf. Mohamed Kassas (Égypte), réélu Président

1952Caracas, VenezuelaM. Charles Bernard (Suisse), réélu Président

1978Ashkhabad, TurkménistanProf. Mohamed Kassas (Égypte), élu Président

1950Bruxelles, BelgiqueM. Charles Bernard (Suisse), réélu Président

1975Kinshasa, Congo (RDC)M. Donald Kuenen (Pays-Bas), réélu Président

1948Fontainebleau, FranceM. Charles Bernard (Suisse), élu Président

Les sessions du Congrès mondial de la nature ont commencé en 1996, à Montréal. Avant cela, l’UICN réunissait sesMembres en Assemblée générale.

de la conservation. En 1996, l’Assemblée générale etsa réunion technique ont été fondues et rebaptisées‘Congrès mondial de la nature’. Quatre congrès de cetype ont eu lieu, à Montréal, à Amman, à Bangkok et àBarcelone. Le prochain Congrès aura lieu à Jeju,République de Corée, du 6 au 15 septembre 2012.

La mission de l’UICN étant « d’influer sur les sociétés,les encourager et les aider », son travail d’ordrepolitique est la clé de son influence réelle sur laconservation mondiale. Les recommandationsadoptées par les Membres pour traiter des mesurespolitiques les plus importantes qu’ils ont eux-mêmesidentifiées et élaborées sont l’un des résultatsimportants de chacune des 23 réunions des Membresde l’UICN, des experts affiliés aux Commissions del’UICN et des organisations partenaires invitées. Les « résolutions » du Congrès de l’UICN s’adressentessentiellement à l’UICN elle même et les « recommandations », à d’autres organismes ou aumonde dans son ensemble, bien que cette distinctionsoit parfois difficile à établir. Par souci de simplificationde la communication, elles seront appelées « résolutions » tout au long du présent document. À cejour, plus de 1000 résolutions de ce type ont étéadoptées dont le texte intégral peut être consulté àl’adresse :www.iucn.org/about/work/programmes/global_policy/gpu_resources/gpu_res_recs.

Le présent document souligne brièvement certains deseffets et influences majeurs de ces résolutions sur laconservation de la nature. Son ambition n’est pasd’être exhaustif mais plutôt de mettre en lumièrecertaines des questions les plus importantes traitéespar les Membres de l’UICN, en collaboration avec lessix Commissions de l’UICN (espèces, aires protégées,droit de l’environnement, gestion des écosystèmes,communication et éducation, et politiquesenvironnementales, économiques et sociales) et avecle soutien du Secrétariat de l’UICN. Il s’attardera sur lesrésolutions adoptées par le Congrès mondial de lanature le plus récent qui a eu lieu à Barcelone,Espagne, du 5 au 14 octobre 2008.

Ce document pourrait être utile aux Membres quisouhaiteront préparer des résolutions efficaces pourles prochaines sessions du Congrès mondial de lanature.

Depuis la fondation de l’UICN, en 1948, sesMembres ont adopté plus de 1000résolutions qui se sont révélées être les

moyens les plus efficaces de l’Union pour influersur la politique de la conservation au niveau desespèces et des sites mais aussi aux échelonsnational et mondial. Ces résolutions ont aidé àfaçonner l’agenda international de laconservation, par exemple, en soutenant lapréparation de la Stratégie mondiale de laconservation et en contribuant à des traités surl’environnement tels que la CITES, Ramsar, laConvention du patrimoine mondial et laConvention sur la diversité biologique. À traversses résolutions, l’UICN s’est fait le champion despeuples autochtones, des questions de parité etde la reconnaissance de la conservation commeélément à part entière des droits de l’homme. Ellea aussi attiré l’attention sur la conservationd’espèces en danger et d’aires protégées, aidantà concevoir des méthodes efficaces qui sontaujourd’hui des normes mondiales. Le processusdes résolutions a permis à l’UICN de se poser enchef de file de la promotion de relations durablesentre l’homme et la nature.

Première association mondiale d’organismes deconservation de la nature avec, parmi ses Membres,87 États, 120 organismes publics et 998 organisationsnon gouvernementales, l’UICN (Union internationalepour la conservation de la nature) est en positionunique pour refléter et promouvoir les priorités de lacommunauté mondiale de la conservation. Elle estaussi la seule organisation environnementale à jouir dustatut d’observateur auprès de l’Assemblée généraledes Nations Unies, ce qui lui permet de communiquerles perspectives de ses Membres en matière depolitiques au plus haut niveau international de ladiplomatie. Ces politiques sont élaborées dans lecadre d’un processus consultatif ouvert auquelparticipent tous les Membres de l’UICN.

Depuis la fondation de l’UICN, en 1948, ses Membresse sont réunis tous les deux à quatre ans pourdébattre de grandes questions politiques, trouver unaccord à ce sujet et approuver le programme et lebudget de l’organisation pour les années suivantes.Entre 1948 et 1994, 19 Assemblées générales ont étéorganisées, habituellement accompagnées d’uneréunion technique pour traiter des questions pratiques

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INTRODUCTION

Les Membres de l’UICN sont tous des organismesindépendants, parfaitement en mesure de sedoter de leurs propres agendas. Mais en

collaborant à un agenda mondial commun, lesMembres, le Secrétariat et les Commissions peuventexercer une bien plus grande influence que s’ilstravaillaient chacun de son côté. Parmi les exemples lesplus marquants, en 1978, à l’Assemblée généraled’Achkhabad, URSS, les Membres ont décidé deproduire ce qui est devenu la Stratégie mondiale de laconservation (SMC). Publiée en 1980, elle a reçu unappui ferme de la première résolution de l’Assembléegénérale de Christchurch, Nouvelle Zélande, en 1981.La Stratégie mondiale de la conservation a donnésa légitimité au lien noué entre la conservation et ledéveloppement et fut le premier document à faire entrerl’expression « développement durable » dans levocabulaire international. Cette expression aujourd’huicourante dans la pensée du développement a eu uneinfluence profonde sur la conception et lefonctionnement des pratiques de conservation et dedéveloppement du monde entier.

Cependant, les fondements de la SMC sontbeaucoup plus anciens : il faut en chercher lesprémices à l’Assemblée générale d’Édimbourg, en1956, qui prônait l’aménagement du paysagebasé sur la recherche écologique comme pointde départ des projets de développement, l’appel àl’évaluation des impacts sur l’environnement àAthènes en 1958 et la promotion de principesécologiques pour le développementéconomique à Banff, en 1972. Après l’adoption dela Stratégie mondiale de la conservation, lesrésolutions de l’UICN ont continué d’encourager lesgouvernements à donner à leur aide audéveloppement une orientation plus soucieuse

de l’environnement (par exemple, l’Assembléegénérale de Madrid, en 1984, demandait auxinstitutions d’aide au développement d’appliquer laStratégie mondiale de la conservation et donnait deslignes directrices pour ce faire tandis qu’à San José,en 1988, les Membres appelaient à la préparationde stratégies nationales de conservation dontplusieurs dizaines ont ultérieurement vu le jour,souvent avec l’aide technique de l’UICN). Les effetsde ces résolutions ont permis d’inscrire laconservation au cœur du développement.

On peut, au moins partiellement, mettre au crédit del’adoption précoce par l’UICN du principe dedéveloppement durable, le fait que les populationssoient aujourd’hui largement reconnues comme despartenaires essentiels et des bénéficiaires clés detoute action en faveur de la conservation. Mais celan’a pas toujours été le cas. Les peuplesautochtones, en particulier, se sont souvent sentisexclus par la communauté de la conservation et ontmême parfois été expulsés de leurs terres pour quedes aires protégées puissent être créées.Cependant, il y a longtemps que l’UICN défend leconcept qui veut que les peuples fassent partieintégrante de la nature. Dès l’Assemblée généralede Caracas en 1952, les Membres reconnaissaientl’importance de la coopération entre les intérêtspublics et privés et les communautés locales.D’autres résolutions ont ensuite reconnul’importance des communautés locales et desmodes de vie traditionnels, à Athènes en 1958, àKinshasa en 1975, à Christchurch en 1981(appelant les chefs de gouvernement, entre autres,à tenir compte « de l’immense somme deconnaissances et d’expériences traditionnelles querecèlent encore les cultures locales et qui doit

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1. ÉTABLIR L’AGENDA MONDIAL DE LA CONSERVATION

Établir l’agenda de la conservation L’UICN joue, depuis longtemps,un rôle crucial en établissant l’agenda mondial de la conservation.En1980, l’UICN, le PNUE et le WWF ont publié la Stratégie mondiale de la conservation, un documentmajeur qui soulignait l’interdépendance entre la conservation et le développement et qui forgeait, pour lapremière fois, l’expression « développement durable ». Cette publication soulignait que l’humanité, faisantpartie intégrante de la nature, n’a pas d’avenir sans conservation de la nature et des ressourcesnaturelles. Et il ne saurait y avoir de conservation sans développementpour alléger la pauvreté et lamisère de millions d’êtres humains. En 1991 a été publié Sauver la Planète: Stratégie pour l’Avenir de laVie, pourapprofondir et réaffirmer la Stratégie mondiale de la conservation. Tourné vers l’action, cedocument décrit une stratégie mondiale pour une sorte de développement qui apporterait de réellesaméliorations à la qualité de la vie tout en conservant la vitalité et la diversité de la Terre. Ces deuxpublications ont jeté les fondements des efforts de conservation déployés depuis lors.

pauvreté et de la parité hommes-femmes. Parexemple, à San José (1988), les Membres ontdemandé de redoubler d’efforts pour améliorer etsoutenir la participation des femmes auxstratégies de conservation et de développementdurable tandis qu’à Bangkok (2004), les résolutionsportaient sur la réduction de la pauvreté, lasécurité alimentaire et la conservation, laconservation de la nature et la réduction de lapauvreté par une association entre les droits del’homme et l’environnement et le rôle desorganisations de conservation dans la réduction dela pauvreté et le développement. En 2008, leCongrès de Barcelone a demandé d’intégrer l’équitéet l’égalité entre les sexes dans l’Union et a traitédes questions de conservation de la nature et deréduction de la pauvreté. Ces questions fontaujourd’hui partie de la procédure defonctionnement habituelle de l’UICN, ce qui a uneincidence marquée sur la conception et l’applicationd’interventions en matière de conservation. Ellessont aussi ancrées dans les partenariats de l’UICNavec différentes organisations des Nations Unies etdifférents organismes gouvernementaux.

Les résolutions de l’UICN ont conduit à établir etappuyer de nombreux programmes et institutionsinternationaux : on peut citer l’appui à laCommission baleinière internationale (Lucerne,1966), l’appel à l’établissement de ministères de laconservation au niveau national (New Delhi, 1969),l’appui au Programme de l’UNESCO surl’homme et la biosphère (Banff, 1972), l’appel àl’établissement du centre devenu ICIMOD (Centreinternational de mise en valeur intégrée desmontagnes) (Achkhabad, 1977), l’établissement duSecrétariat des jardins botaniques pour laconservation (devenu depuis Botanic GardensConservation International) (San José, 1988),l’établissement du Centre mondial desurveillance continue de la conservation de lanature (San José, 1988), l’établissement et l’appuiau Forum mondial pour la biodiversité (BuenosAires, 1994) et la participation active à l’Évaluationdes écosystèmes en début de millénaire(Amman, 2000 et Bangkok, 2004). Chacune de cesinitiatives a joué un rôle important en diffusant lamission de l’UICN à travers de nombreux secteurset dans le monde entier. Certes, l’UICN n’a pas étéla seule à être active dans toutes ces initiatives maisson influence a permis d’accélérer leurétablissement et leur fonctionnement effectif.

constituer une base importante de l’évolution desfutures politiques de gestion et des activités deplanification… »), à Buenos Aires en 1994,lorsqu’une résolution sur l’action de l’UICNconcernant les populations autochtones etl’utilisation durable des ressources naturelles aconduit à l’intégration permanente d’un représentantdes populations autochtones au Conseil de l’UICN,à Montréal en 1996 (avec des résolutions sur lespopulations autochtones, les droits de propriétéintellectuelle et la diversité biologique ; lespopulations autochtones, l’exploitation des mineraiset des hydrocarbures et les travaux d’infrastructureet de développement ; et les populationsautochtones et les aires protégées), à Amman en2000 (sur les incidences des activités militaires surles communautés de populations autochtones dansla région de l’Arctique et sur les populationsautochtones, l’utilisation durable des ressourcesnaturelles et le commerce international), et àBangkok en 2004 (sur les populations autochtones,les aires protégées et le Programme de travail de laCDB, et sur la protection des populationsautochtones vivant volontairement dans l’isolement).

En 2008, le Congrès de Barcelone a marqué untournant avec pas moins de 10 résolutions portantsur les populations locales et autochtones,notamment pour donner aux communautéslocales les moyens de conserver et gérer lesressources naturelles en Afrique, soutenir lesterritoires autochtones de conservation et autresaires conservées par des populations autochtoneset des communautés, mettre en œuvre laDéclaration des Nations Unies sur les droits despeuples autochtones et intégrer la culture et ladiversité culturelle dans la politique et le Programmede l’UICN. Tout cela a conduit à l’organisation d’undialogue de haut niveau intitulé « Partager le pouvoir »à Whakatane, Nouvelle Zélande, en janvier 2011,auquel ont assisté les Présidents des sixCommissions de l’UICN et des représentants depeuples autochtones. Le dialogue a demandé deredoubler d’efforts pour appliquer les résolutions deBarcelone relatives aux peuples autochtones.

En quelques décennies, l’UICN a apporté unecontribution majeure aux efforts déployés pourinscrire la diversité culturelle mondiale au cœurmême des préoccupations en matière deconservation.

L’UICN a aussi montré l’exemple en appliquant lesprincipes de la conservation aux questions de la

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Les lois sont du ressort des gouvernements maisl’UICN a joué un rôle clé dans l’élaboration d’unebonne partie de la législation internationale qui

régit aujourd’hui les relations entre les gouvernementsdans le domaine de la conservation de la nature. LeCentre du droit de l’environnement et la Commissiondu droit de l’environnement de l’UICN sont bien placéspour soutenir le développement de ces législations etjouent un rôle actif à cet égard. Dès 1954 (bien avantque l’ouvrage de Rachel Carson publié en 1962, SilentSpring, ne popularise le concept), l’UICN soulignaitl’importance de lutter contre les effets des pesticidessur les mammifères, les oiseaux et les insectes,concept renforcé en 1981 à Christchurch et à BuenosAires en 1994 ; ces efforts ont conduit à la signaturede la Convention de Bâle concernant le contrôledes mouvements transfrontières des déchetsdangereux et leur élimination et de la Conventionde Stockholm sur les polluants organiquespersistants, ainsi qu’à la promulgation, par lesgouvernements du monde entier, de législationsnationales sur la lutte contre la pollution, souvent avecles conseils du Centre du droit de l’environnement. Enconséquence, certaines formes de pollution au moinsont été considérablement réduites.

En 1958, à l’Assemblée générale d’Athènes, l’UICN ajeté les fondements de la Convention dupatrimoine mondial et n’a cessé depuis de jouer unrôle important dans son application. Aujourd’huiencore, l’UICN est chargée de l’évaluation officielledes biens naturels proposés pour inscription sur laListe du patrimoine mondial et maintient ainsi soninfluence sur les efforts internationaux deconservation de régions naturelles de valeuruniverselle exceptionnelle. L’Assemblée généralesuivante, à Varsovie en 1960, a posé les fondationsde la Convention sur le commerce internationaldes espèces de faune et de flore sauvagesmenacées d’extinction (CITES), une autreconvention à laquelle l’UICN a apporté et continued’apporter une contribution importante en s’appuyant,en particulier, sur l’expertise de la Commission de lasauvegarde des espèces. À l’Assemblée générale de1972, à Banff, au Canada, l’appui à la Convention dupatrimoine mondial a été renforcé et un soutiendécisif a été apporté à la Convention sur les zoneshumides d’importance internationale (que l’UICNa aidé à rédiger) sous forme d’offre d’hébergementde son Secrétariat par l’UICN (dispositions encore envigueur aujourd’hui).

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2. SOUTIEN AU DÉVELOPPEMENT DU DROIT INTERNATIONAL DE

LA CONSERVATION DE LA NATURE

Événements marquants dans l’histoire de l’UICN

n La Convention du patrimoine mondial, 1968n La Convention de Ramsar, 1971n La Convention sur le commerce international des espèces de faune et de flore

sauvages menacées d’extinction (CITES), 1974n La Convention sur la diversité biologique (CDB), 1992n La Plateforme intergouvernementale scientifique et politique sur la biodiversité et les

services écosystémiques (IPBES), 2010

Les principaux éléments de la Convention sur ladiversité biologique (CDB) ont été énoncés àl’Assemblée générale de Christchurch, en 1981, qui ademandé au Secrétariat de l’UICN d’analyser lesquestions techniques, juridiques, économiques etfinancières relatives à la conservation, à l’accessibilitéet à l’utilisation des ressources génétiques, dans le butde fournir les bases d’un instrument international et desrègles d’application de cet instrument. Plusieursrésolutions ultérieures ont renforcé l’appui à laConvention sur la diversité biologique émergente et labiodiversité est devenue un thème central pour denombreux Membres de l’UICN et pour l’Union dansson ensemble (par exemple, les résolutions de Madridsur les ressources génétiques sauvages et de SanJosé sur la protection des habitats des espèces endanger et sur l’élaboration du droit international del’environnement contiennent des éléments de la futureCDB). Dès l’entrée en vigueur de la CDB, les Membresde l’UICN ont aussi soutenu son Protocole deCartagena sur la biosécurité (Bangkok, 2004), quel’UICN a aidé à rédiger. La CDB est aujourd’huil’instrument international qui traite de la conservation etde l’utilisation durable de la biodiversité, encourage lepartage équitable des avantages du commerce desressources génétiques et garantit que tout commerced’organismes génétiquement modifiés fait l’objet d’unesurveillance appropriée.

C’est également à l’Assemblée générale deChristchurch que l’UICN a promu le Droit de la meren adoptant de nombreuses résolutions sur desaspects spécifiques de la conservation marine. Ellesportaient notamment sur l’exploitation minière desfonds marins et l’établissement de zones protégéesdans les profondeurs océaniques, l’environnementantarctique et l’océan Austral, le droit environnementalde la mer, la Convention sur l’ours blanc (Banff,

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1972, dont le Groupe de spécialistes de l’ours blancde l’UICN est le conseiller technique) et beaucoupd’autres choses encore. L’appui à la protectionjuridique des océans n’a cessé de grandir et leCongrès de Barcelone a adopté plusieurs résolutionsrelatives au milieu marin ayant des incidencesjuridiques, comme par exemple la conservation de labiodiversité marine dans les zones situées au delà desjuridictions nationales. Toutefois, il reste beaucoup àfaire dans le domaine de la conservation du milieumarin et il faut pour cela instaurer une coopérationsans précédent entre les Membres, les Commissionset le Programme mondial de l’UICN pour les milieuxmarin et polaire.

Sur terre ferme, l’UICN a soutenu la Charte africainepour la protection et la conservation de la nature(Nairobi, 1963), la Charte mondiale de la nature(Kinshasa, 1975 et Madrid, 1984), l’établissementd’une base de données internationale sur le droit del’environnement (Banff, 1972 et Barcelone, 2008),l’Accord de l’ASEAN sur la conservation de lanature et des ressources naturelles (Montréal,1996) et la Convention internationale surl’environnement et le développement (Montréal,1996 et Barcelone, 2008). Le Centre du droit del’environnement de l’UICN a contribué à la rédaction debeaucoup de ces traités, notamment avec l’appui etl’inspiration de la Commission du droit del’environnement. L’impact réel de ces initiatives estmitigé mais elles sont là, en attendant le jour où lesconditions seront réunies pour permettre leurapplication pleine et entière.

En résumé, l’influence de l’UICN sur la création d’uncadre juridique international pour la conservation de lanature a été considérable et ce cadre a permis dedéfinir les propres priorités d’action de l’UICN.

La conservation est un domaine en perpétuelleévolution et les réunions des Membres de l’UICNsont d’excellentes occasions d’identifier des

questions émergentes qui ne sont peut être pasencore apparentes sur l’agenda mondial de laconservation, dans la conscience du public ou quin’ont peut être pas retenu l’attention desgouvernements. Les résolutions offrent la possibilité deles définir et, tout au moins, de commencer à engagerles actions nécessaires. Parmi ces questions, les plusnotables sont :

n éliminer progressivement le concept de rendementdurable maximum pour des espèces particulièreset le remplacer par la gestion des écosystèmes(Kinshasa, 1975) ;

n traiter l’énergie et la conservation, y compris enmettant un accent plus fort sur les énergiesrenouvelables (Kinshasa, 1975, bien avant quel’utilisation de sources d’énergies alternativesdevienne une priorité urgente ;

n souligner que l’énergie renouvelable n’a pastoujours des effets bénins sur la nature(Christchurch, 1981), une question qui retientactuellement de plus en plus d’attention ;

n reconnaître l’échelle du bassin versant commeparticulièrement utile pour la gestion de laconservation (Caracas, 1952) ;

n attirer l’attention sur les changementsclimatiques et leur impact sur la conservation(Varsovie, 1960) plusieurs décennies avant quecela ne soit généralement reconnu comme unproblème majeur, tandis que les assembléesultérieures ont traité de la question en plus granddétail ; Barcelone, 2008, par exemple, a traité laréduction d’émissions issues de la déforestation etde la dégradation des forêts, les changementsclimatiques et la surexploitation des ressourcesnaturelles, les objectifs d’atténuation deschangements climatiques et actions pour laconservation de la biodiversité, les changementsclimatiques et les droits de l’homme, et l’actionpour renforcer la résilience des récifs coralliens,des écosystèmes marins et des populations qui endépendent et pour les aider à s’adapter auxchangements climatiques ;

n appel à la conservation des ressourcesmarines, y compris du krill (Banff, 1972 – à noterque ce n’est qu’aujourd’hui que la disparition dukrill est considérée comme un problèmeinternational majeur) ;

n promouvoir la protection des mangroves(Christchurch, 1981), aujourd’hui reconnue commeune préoccupation majeure en raison des multiplesservices écosystémiques fournis par ces forêts ;

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3. IDENTIFIER LES QUESTIONS ÉMERGENTES EN MATIÈRE DE

CONSERVATION

L’UICN en un clin d’œil

n Le plus ancien et le plus grand réseau mondial de la conservation

n Une union démocratique unique regroupant plus de 1200 organisations gouvernementales et ONGmembres dans quelque 160 pays

n Près de 11 000 experts bénévoles créant des connaissances scientifiques et juridiques et mettant aupoint des normes pour la communauté de la conservation

n Plus de 1000 employés dans 45 bureaux, dans le monde entier

n Des centaines de partenaires dans les gouvernements, les ONG et les communautés scientifiques etlocales et le secteur privé

n Publication de produits de connaissance vitaux comme la Liste rouge de l’UICN des espècesmenacées™, première source de référence mondiale sur l’état de conservation des espècesanimales et végétales

n Des milliers d’activités et de projets sur le terrain, dans le monde entier, associant les meilleuresdonnées scientifiques disponibles et les connaissances traditionnelles des communautés locales

n Statut officiel d’observateur auprès de l’Assemblée générale des Nations Unies

n Financée par des gouvernements, des organismes bilatéraux et multilatéraux, les organisationsmembres et des entreprises du secteur privé

n Revenu annuel total (2010) CHF 113 millions

n identifier certaines des conséquences de laguerre nucléaire sur l’environnement (SanJosé, 1988) ;

n fournir des lignes directrices sur la recherche et leprélèvement d’espèces menacées à des finsscientifiques (Barcelone, 2008) ;

n élargir l’action en faveur de la conservation àl’échelle des paysages (Barcelone, 2008, àpropos de l’Initiative de la ceinture verteeuropéenne, de la connectivité écologique dansles régions alpines et de l’amélioration des réseauxécologiques assurant la connectivité entre les airesde conservation) ;

n reconnaître l’importance croissante du rôle dusecteur privé vis-à-vis de la conservation de lanature (par exemple, Montréal, 1996, sur desrelations constructives entre l’UICN et le secteurprivé et Barcelone, 2008, pour des questions tellesque les lignes directrices pour les organisations deconservation qui souhaitent travailler avec lesecteur privé, l’incidence des infrastructures et desindustries extractives sur les aires protégées, et lesconseils consultatifs de citoyens pour les projetsde grande ampleur des industries extractives) ;

n identifier l’importance de traiter la conservation etle commerce international (Buenos Aires, 1994) ;

n transformer les bases militaires en aires deconservation (Buenos Aires, 1994) ;

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n réduire la pollution sonore sous marine(Bangkok, 2004) ; et

n promouvoir la conservation dans les villes(Bangkok, 2004).

Les résolutions ont aussi soutenu des questionsdéjà bien reconnues mais qui ne recevaient passuffisamment d’attention. Un exemple remarquablelors du Congrès de Barcelone est la conservationmarine qui a fait l’objet de pas moins de 24résolutions, couvrant des thèmes comme la gestiondes pêches, les espèces nécessitant des mesuresde conservation, la conservation de la biodiversitémarine dans les régions situées au delà desjuridictions nationales, la création d’aires marinesprotégées et la conservation des mangroves et desrécifs coralliens. Ces résolutions ont permis deplacer l’UICN au centre des efforts internationaux,en plein essor, de conservation des océans de laplanète et de leurs trésors biologiques.

Les incidences réelles de ces résolutions sontvariables, mais beaucoup d’entre elles ont aidé àmobiliser un appui large des Membres de l’UICN enfaveur de nouvelles approches actives de laconservation (beaucoup d’entre elles étantaujourd’hui courantes) et pour des questionsémergentes qui nécessitaient l’attention beaucoupplus importante qu’elles reçoivent aujourd’hui.

Depuis longtemps, l’UICN est reconnue commeun chef de file de la conservation des espèceset des aires protégées ayant à disposition des

Commissions de bénévoles particulièrementcompétentes dans ces domaines et de nombreuxMembres ainsi que des équipes solides au sein duSecrétariat pour traiter ces questions. Les résolutionsont donné aux Membres l’occasion de prêter attentionaux principes de gestion des espèces sauvages,notamment :

n normes pour la gestion en captivité (Kinshasa,1975) ;

n nombreuses résolutions sur les espècestouchées par le commerce, comme le systèmede contingentement de l’ivoire de la CITES (SanJosé, 1988) ;

n contrôle des espèces exotiquesenvahissantes (par exemple, les escargotscarnivores introduits à des fins de contrôlebiologique, San José, 1988) ;

n utilisation durable des ressources vivantessauvages (Buenos Aires, 1994, Montréal, 1996,Amman, 2000, Bangkok, 2004 et Barcelone, 2008) ;

n élimination de l’emploi illicite d’appâtsempoisonnés comme méthode de lutte contreles prédateurs dans l’Union européenne(Barcelone, 2008) ; et

n introduction, transfert et réintroductiond’espèces sauvages (Buenos Aires, 1994).

Les plantes aussi ont reçu une attention considérable,par exemple au Congrès mondial de la natured’Amman de 2000, qui a soutenu la préparation parl’UICN d’un Programme mondial pour la conservationdes plantes ayant ultérieurement servi de base à laStratégie mondiale pour la conservation desplantes adoptée par la Convention sur la diversitébiologique en 2002 et à sa version révisée, soutenuepar l’UICN, adoptée par la CDB en 2010. Du point devue de leur impact, beaucoup de ces principes telsque l’utilisation durable et les normes d’introduction etde transfert sont aujourd’hui des procéduresnormalisées appliquées dans de nombreux pays.

De nombreuses résolutions ont traité d’espècesparticulières nécessitant des mesures de conservation.Elles sont trop nombreuses pour qu’on puisse lesénumérer toutes mais on peut citer : le kouprey(Caracas, 1952) ; les gorilles de plaine (Varsovie, 1960) ;l’orang-outan, les félins tachetés, les tortues marines,les paradisiers, la baleine bleue et le colobe rouge, tousà l’Assemblée générale de Nairobi en 1963 ; le grandpanda (San José, 1988) ; et la population australiennede crocodiles marins (Madrid, 1984, une population qui

s’est aujourd’hui solidement reconstituée). Les tigresont été mis en avant à l’Assemblée générale de NewDelhi en 1969, ce qui a aidé à la mise en place duProjet tigre de l’Inde, lancé en 1972 et auquel on doitla survie du tigre du Bengale. Plus récemment, l’UICN aréagi à la disparition rapide des vautours en Asie duSud (Bangkok, 2004) et a joué un rôle de premier planen attirant l’attention du monde sur la crise desamphibiens et les moyens de la traiter (Barcelone,2008), faisant de ce sujet une priorité mondiale pour laconservation.

Concernant les aires protégées, les Membres del’UICN ont reconnu très tôt que la coopérationinternationale pouvait apporter un appui essentiel auxorganismes nationaux cherchant à créer de telles aires.À l’Assemblée générale d’Athènes, en 1958, lesMembres ont convenu que l’UICN devait promouvoir lamise en place de la Liste des Nations Unies desparcs nationaux et réserves analogues et secharger de la compilation de la liste : celle ci estdésormais connue sous le nom de Base de donnéesmondiale sur les aires protégées et comprend plus de100 000 sites. Le Programme de l’UICN pour les airesprotégées collabore avec le Centre mondial desurveillance continue de la conservation de la naturedu PNUE pour maintenir et promouvoir cette liste quiest librement accessible à l’adresse : www.wdpa.org.

De nombreux principes fondamentaux aujourd’huilargement acceptés en matière de gestion des airesprotégées ont été portés à l’attention publique par lesrésolutions de l’UICN, notamment :

n l’utilisation de critères écologiques pour établirles limites des aires protégées (Banff, 1972) ;

n la création de catégories de différents typesd’aires protégées (New Delhi, 1969, mises à jourà Bangkok, 2004) ;

n la reconnaissance des systèmes d’airesprotégées privées (San José, 1988) ;

n la fourniture de lignes directrices pour demeilleures pratiques en matière derestauration écologique des aires protégées(Barcelone, 2008) ;

n la reconnaissance de la valeur des aires deconservation communautaires (Bangkok, 2004)et des aires de conservation municipales(Barcelone, 2008) ;

n la promotion d’aires protégées transfrontières(Bangkok, 2004) ; et

n la reconnaissance et la conservation des sitesnaturels sacrés à l’intérieur des aires protégées(Barcelone, 2008).

10 L’effet des résolutions de l’UICN

4. MOBILISATION DE MESURES SPÉCIFIQUES POUR LES ESPÈCES

ET LES AIRES PROTÉGÉES

Parmi les nombreuses aires protégées individuelles ouréseaux d’aires protégées auxquels les résolutions del’UICN ont apporté un appui, on peut citer : le Parcnational de Killarney, Irlande (Édimbourg, 1956) ; lesparcs nationaux du Japon (Varsovie, 1960) ; les parcsnationaux de l’Afrique du Sud, de l’Équateur, del’Indonésie, de la Jordanie, du Kenya et du Sabah(tous à l’Assemblée générale de 1963 à Nairobi qui aégalement adopté des résolutions sur des airesprotégées particulières telles que Abruzzo, GranParadiso et Gombe Stream) ; le Parc national deKahuzi-Biega (Lucerne, 1966, aujourd’hui un bien dupatrimoine mondial) ; le Parc national des volcans,Rwanda (New Delhi, 1969) ; le récif de la GrandeBarrière (aujourd’hui un bien du patrimoine mondial) etle Firth of Thames, Nouvelle Zélande (qui a été nomméSite Ramsar – tous deux à Christchurch, 1981) ; et laforêt pluviale tropicale du Queensland (Madrid, 1984,aujourd’hui bien du patrimoine mondial).

Une résolution mérite une mention particulière.Adoptée à l’Assemblée générale de Banff (1972), elleproposait la création d’une aire protégée transfrontièreentre les États-Unis et le Canada et a abouti à lacréation du Bien transfrontière du patrimoine mondialKluane/Wrangell-St. Elias/Glacier Bay/Tatshenshini-Alsek, la plus grande aire protégée de ce type aumonde et un exemple important de connectivité entredes aires protégées individuelles afin de créer desaires contiguës beaucoup plus vastes pour assurer lasurvie d’espèces qui ont besoin de vastes territoires etpeuvent ainsi, éventuellement, s’adapter à desconditions climatiques changeantes. Beaucoup derésolutions ultérieures ont encouragé la création d’airesprotégées transfrontières et de corridors deconservation et l’on peut citer, comme exempleexceptionnel, la résolution de Barcelone sur le Grandcorridor de connectivité écologique comprenant lesmonts Cantabriques, les Pyrénées, le Massif central etles Alpes occidentales, en Europe de l’Ouest. L’impactde l’UICN sur la création des aires protégées et leurgestion effective peut être mesuré par la croissancerapide du nombre d’aires protégées dans presquetous les pays du monde, s’appuyant souvent sur lesprincipes mentionnés plus haut.

Ce bref document ne donne qu’un aperçu del’impact des résolutions de l’UICN, mais ildémontre que depuis longtemps, l’Union estle fer de lance du mouvement de laconservation, proposant de nouveauxmodèles importants pour progresser dans unmonde de plus en plus compliqué,recherchant la coopération internationaledans le cadre de conventions surl’environnement et recommandant desapproches efficaces pour obtenir unenvironnement en bonne santé, en mesurede renforcer le bien être humain.

L’effet des résolutions de l’UICN 11

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