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à la découverte des monuments Diois une affaire criminelle à Die en 1912 Dea Augusta : 12 ans au service des remparts DEA AUGUSTA 5 N°1 - juillet 2004

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à la découverte des

monuments Diois

une affaire criminelleà Die en 1912

Dea Augusta :12 ans au service des remparts

DEA

AUGUSTA5 €

N°1 - juillet 2004

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CHRONIQUES DU DIOIS

sont éditées par DEA AUGUSTA

Association loi 1901déclarée en sous-préfecture de Die

déclaration d’intention à paraître déposée auprès du Tribunal de Grande Instancede Valence en juin 2004

N° ISSN : demande en coursDépôt légal à la parution

Maquette & impression :Imprimerie CAYOL - 26150 DIE

Photo de couverture :La tour de Purgnon à Die - Jérôme SIMON

Directeur de la publication :André GIRARD

Coordination générale : Christian REY

Contact :CHRONIQUES DU DIOISAssociation DEA AUGUSTAMusée de Die et du Diois11, rue Camille Buffardel 26150 DIE

Comité de rédaction :Jean Claude DAUMASHenri DESAYEAndré GIRARDJacques PLANCHONEmmanuel POUJOLChristian REY

Remerciements :à Mesdames Michèle BOIS,Sylvie GIRARD et Nicole REY,à Jerôme SIMON pour ses conseils etpour la mise en page.

Tous droits de traduction, d’adaptation et de repro-duction par tous procédés réservés pour tous pays.La loi du 11 mars 1957 interdit les copies ou repro-ductions destinées à une utilisation collective.Toutereprésentation ou reproduction intégrale ou partiel-le faite par quelque procédé que ce soit, sans leconsentement des auteurs est illicite et constitueune contrefaçon.

CREDIT PHOTOGRAPHIQUE :

Editorial : logo de l’Association DEA AUGUSTA, dessin de Jacques PLANCHONL’alimentation en eau de la ville de Die : photos d’Emmanuel POUJOL

14 mai 1912 : Incendie criminel à la cathédrale de DieIntérieur de la cathédrale avant l’incendie & porte provisoire :

cartes postales de la Cie des arts photomécaniques.Le clocher en 1912, l’intérieur de la cathédrale après l’incendie

et la porte de la nef avant l’incendie :cartes postales des éditions RAMBAUD, collection de l’auteur.

La nouvelle porte mise en place en 2003 : photo Christian REY.La tour de Purgnon

la tour vers 1900 vue depuis le chemin des chanoinies : carte postale éditions RAMBAUD.Le 1er effondrement, vers 1970, les réparations de 1975, le 2e effondrement, vers 1980 :

photos Christian REY.La statue de la vierge et commentaire : carte éditée en 1948 lors de l’inauguration.

La tour de Purgnon vue de la route de Romeyer vers 1905 : carte postale des éditions ARGOD.Cartes postales : collection de l’auteur.

L’abattoir municipal de la Rue des jardinsPassage du canal sous l’abattoir, la façade avant les travaux : photos Christian REY.

La façade pendant les travaux, la nouvelle façade et le parvis et l’intérieur de l’Office de tourisme : clichés Journal du Diois.

Le Domaine du Martouret1588 date gravée dans l’encadrement d’une porte du bâtiment principal,

le monument de Gaspar Gay, la dédicace à Gaspar Gay : photos Christian REY.Publicité pour le Martouret vers 1905 : collection de l’auteur.

Le bâtiment le plus ancien du Martouret : cliché Journal du Diois.Série de quatre cartes postales «centre de camping des industries métallurgiques»

Editions TAUPENAS, collection de l’auteur.Les bâtiments récents : cliché journal du Diois

L’hôpital de la Croix : photos Christian REYLa colonne Bonaparte

Vue générale de Die depuis le parvis de la Médiathèque :gravure allemande du début du 19e par Engelman.

La colonne réédifiée : extrait d’une aquarelle du pasteur Muston,parue dans la revue l’Illustration, Collection de Christian GAVAZZI.

Dernières découvertes archéologiques : photos de Christian REYLa Belle Justine : un château ?

Vue générale du site vers 1900, cliché ONF.Vue des rochers : carte postale anonyme, collection Christian REY.

Schémas dessinés par Jean-Claude DAUMASAvant les Voconces, préhistoire du Diois

Extrait de l’affiche de l’exposition réalisée par Jacques PLANCHONDEA AUGUSTA : 12 ans au service des remparts : Photographies de Christian REY.

4e de couvertureaffiche de l’exposition «Avant les Voconces»

réalisée par Jacques PLANCHON, Musée de Die et du Diois.

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s o m m a i r es o m m a i r es o m m a i r e

Editorial . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . page 2

HistoireIncendie criminel à la cathédrale en 1912 . . . . . . . . . . . . . . . . . pages 3-5Christian Rey

L’alimentation en eau de la ville de Die . . . . . . . . . . . . . . . . . . . pages 6/7Emmanuel Poujol

Dossier : monument (Christian Rey)

“ouvrage d’architecture, de sculpture ou inscription destiné à perpétuer lesouvenir d’un homme ou d’un événement remarquable”

(le Petit Larousse Illustré 1993)

Si la commune de Die est pauvre en monuments commémoratifs, ellecompte cependant plusieurs bâtiments, qui, par leur ancienneté, par leurarchitecture, par leur histoire, constituent des témoignages précieux.

Nous vous proposons dans ce dossier, de découvrir quelques bâtiments,certains biens connus, comme :la Tour de Purgnon . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . pages 8/9

d’autres qui le sont moins :les abattoirs de Meyrosse . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . page 10le domaine du Martouret . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . pages 11-13l’Hôpital de la Croix . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . pages 14/15

Nous terminerons cette première partie par une évocation d’unmonument aujourd’hui oublié, car détruit, mais qui fut témoin de l’histoirede France du 19e siècle :la colonne Bonaparte . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . pages 16-18

ArchéologieAvant les Voconces, préhistoire du Diois . . . . . . . . . . . . . . . . . . . page 19Jacques Planchon

La Belle justine : un Château ? . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . pages 20/21Jean Claude Daumas & Mathilde Tissot

Découvertes archéologiques récentes . . . . . . . . . . . . . . . . . . pages 22/23Jacques Planchon & Christian Rey

Dea Augusta : 12 ans au service des remparts . . . . . . . . . . . page 24

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hé d i t o r i a lé d i t o r i a lé d i t o r i a l

Il existe pour l’histoire locale unvéritable engouement : en témoignentles nombreuses publications déjàprésentes dans les kiosques, ainsi quele grand nombre d’associations dedéfense du patrimoine qui se sontcréées ces dernières années danstoute la région.Qu’ils soient Diois ou touristes, lesvisiteurs du stand de DEA AUGUSTA,sur le marché, ne manquent pas denous interroger sur tel ou tel point denotre histoire, nous racontent desanecdotes, nous montrent des photosd’un autre âge, …

Les sujets abordés sont nombreux etvariés : on parle archéologie ouindustrialisation locale au 19e siècle àmoins que l’on évoque le canal desFondeaux, les premières colonies devacances ou encore la grandediversité des cabanons de jardin et devigne si familiers des paysages Diois.

Notons que la récente publication deDie, histoire d’une cité n’est pasétrangère à ce regain d’intérêt.

C’est pour répondre à cette demande,toujours croissante, que DEA AUGUSTAa décidé, conformément à l’article 2de ses statuts*, de lancer, à titreexpérimental, ce numéro desChroniques du Diois en espérant

qu’il saura intéresser les lecteurs etpar la même ne pas demeurer unique.

Il n’est pas question cependant de fairede la concurrence aux autrespublications régionales . La RevueDrômoise, les Etudes Drômoises ouTerres Voconces, pour ne citer que lesprincipales, sont des revues que l’onpeut qualifier de « savantes » pourreprendre le terme en vogue au 19e

siècle.Nos objectifs sont beaucoup plusmodestes puisque nous souhaitonssimplement faire prendre consciencede la diversité des patrimoines, rendrecompte du travail de notre associationpour la restauration de l’enceinte deDie et contribuer, par les différentsarticles que nous publions, à unemeilleure connaissance de l’histoire denotre région, pièce inimitable du vastepuzzle qui constitue l’histoire deFrance.

Pour que les Chroniques du Dioispassent le cap de ce premier numéro,n’hésitez pas à soutenir l’action deDEA AUGUSTA, en adhérant àl’association, en achetant les cartespostales et la cassette vidéo, en nousfaisant connaître auprès de vosrelations et surtout en nous proposantdes articles, chroniques ou souvenirsconcernant notre région et susceptiblesd’intéresser les lecteurs.

Le comité de rédaction

*Article 2 : “Cette association a pour but lamise en valeur du patrimoine historique duDiois et notamment de l’enceinte gallo-romaine de la ville de Die ”

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h i s t o i r eh i s t o i r eh i s t o i r e

14 MAI 1912 :INCENDIE CRIMINELÀ LA CATHÉDRALE DE DIEL’incendie qui se déclara le mercredi14 mai 1912 à l’aube dans la cathédralede Die, fut le point de départ d’uneenquête riche en rebondissements qui,plusieurs mois durant, passionnal’ensemble de la population dioise.C’est à partir d’articles de presse del’époque et des archives communalesqu’il est possible de reconstituer cequi fut pour notre cité la plus grandeaffaire criminelle de la première moitiédu XXe siècle.

A 4 h 30 ce matin là, une paroissiennepréposée au service de l’église voulutpénétrer dans l’édifice par la porte dela sacristie. Une intense fumée l’obligeaà reculer.Affolée, elle courut cependantrue Saint Vincent prévenir le curé, unprêtre nommé Chosson, lequel fitaussitôt alerter Auguste Daspres, mairede Die, et bien sûr les sapeurspompiers

L’alerte ne pouvant être donnée par letocsin du fait de l’incendie, puisqu’ ilfallait pénétrer dans l’église poursonner les cloches, c’est par du « porteà porte » que furent prévenus lessoldats du feu. Bientôt les secoursétaient sur place rejoints par de très

nombreux Diois. N’oublions pas qu’àl’époque les pompes étaient alimentéespar une chaîne de seaux qui passaientde mains en mains depuis le bassin leplus proche.. Décision fut prise depénétrer dans l’édifice par le portailprincipal qui ne résista pas longtempsaux sapeurs. Une intense fumées’échappa du porche, bientôt suivie pardes flammes. Les pompiers vinrentrapidement à bout de l’incendie quidévorait le portail de la nef.

Après dissipation de la fumée, ilspurent pénétrer dans l’édifice etconstater que deux autres foyerssubsistaient, l’un entre la ported’entrée et les fonts baptismaux,l’autre au niveau de la chaire ; ils furenteux aussi circonscrits.

Dès lors, l’origine criminelle ne faisaitaucun doute. Le procureur de laRépublique, les agents de la policemunicipale et les gendarmesprocédèrent aux constatations.Plusieurs foyers avaient été allumés : lepremier au niveau de la porte d’accèsentre le porche et la nef, où plus detrois cents chaises avaient étéaccumulées, le second au niveau de la

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chaire, qui avait consumé quelqueschaises et s’était éteint avantd’endommager les boiseries, letroisième au niveau du maître-autel,dont la nappe de couverture seule futdégradée. Le dernier au niveau de laporte du tabernacle, qui avait étéfracturée, le ciboire sorti et les hostiesrépandues, dont une avait été profanée.Des troncs également avaient étépillés. Aucune trace d’effraction ne futconstatée sur les différentes portesd’accès. Seule la Porte rouge étaitouverte, laissant supposer que c’estpar là que l’auteur des faits, qui s’étaitlaissé enfermer la veille au soir, avaitfui, son forfait accompli. Ce qui allaitplus encore traumatiser la populationdioise c’est la découverte, derrièrel’autel de déjections démontrant quela goujaterie des bandits s’était mani-festée de la façon la plus odieuse et laplus révoltante.

L’émotion passée, un premier état deslieux mit en évidence des dégâtsconsidérables : voûte, murs, vitrauxnoircis par la fumée, tableaux etmobilier recouverts d’une épaissecouche de suie, orgue en panne... Dansces conditions, l’édifice n’était pluspraticable pour le culte et le maire pritaussitôt la décision d’autoriser lescélébrations catholiques dans la chapellede l’hôpital qui était fermée au publicdepuis de nombreuses années.

Propriétaire des lieux, la commune avisaimmédiatement le ministère des BeauxArts, l’édifice étant classé Monument

Historique, ainsi que son assureur,puisque la municipalité avait pris la sagedécision, dix huit mois plus tôt, d’assu-rer l’édifice à hauteur de 242 000 F.Par le Journal de Die du 25 mai 1912nous savons que l’enquête sepoursuivait et que deux inspecteursdes assurances, venus constater lesdégâts, n’avaient pu se mettre d’accordavec la municipalité sur le montant dudédommagement.

Les investigations étaient au point mortlorsque, le 28 mai à 4 h du matin, unehabitante de Chastel, Madame Cutivel,aperçut de la fumée s’échapper de lafenêtre de sa voisine, la veuve Bouffier.Elle courut prévenir le fils qui habitait àproximité puis alerta les voisins qui,gravissant en hâte l’escalier décou-vrirent que la pauvre femme avait étéassassinée un fichu profondémentenfoncé dans la bouche et achevée parde nombreux coups de marteauxportés sur le crâne, comme leconfirmera l’autopsie pratiquée par leDocteur Magnan. Pour dissimuler sonforfait, le meurtrier avait ensuite mis lefeu à la literie et il est probable quesans la vigilance de la voisine, l’incendieaurait ravagé la maison, effaçant toutetrace du crime.

Le procureur de la République et lesgendarmes se rendirent sur les lieux.La barbarie de l’acte et la tentatived’incendie firent immédiatementpenser à l’attentat contre la cathédraleet, devant la gravité des faits, il fut faitappel aux deux meilleurs inspecteurs

de la police mobile de Lyon, qui, mandéspar téléphone, arrivèrent le soir même.

Les investigations conjointes de lapolice et de la gendarmerie s’avérèrentfructueuses puisque, dès le lendemain,deux suspects étaient appréhendés,l’un à Die, dénommé Nicolas, arrêtésur son lieu de travail à l’entrepriseMorin Guillot, l’autre, Gédéon Faure, àLyon. Présenté au juge d’instruction dutribunal de Die, Nicolas reconnuspontanément plusieurs vols dont unau préjudice de son employeur MrMorin, mais nia avoir participé àl’incendie de l’église et au meurtre dela Veuve Bouffier. Sous la pression desenquêteurs et pour donner unepreuve de sa bonne foi, il les conduisità Ruinel ou furent récupérés, dans lecreux d’un mur de pierres plusieursmontres et bijoux, fruits de sesnombreux larcins dans toute la région.Faure, habillement cuisiné par la policelyonnaise reconnut être l’auteur dumeurtre et de l’incendie de l’église.Sous bonne escorte, il fut transféré àDie par train le vendredi 31 mai etarriva en gare à 9 h du matin. La presserelate qu’une foule énorme attendaitle meurtrier et l’accueillit sous leshuées et des cris de à mort l’assassinmais le jeune bandit incendiaire etmeurtrier à 20 ans, n’a pas eu l’air des’émouvoir et a conservé une attitude desplus cynique.

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L’enquête se poursuivit dès le lundi 3juin. A chaque transfert des détenusentre la prison, située dans l’actuellerue Aristide Briand, et le palais dejustice installé place de l’Hôtel-de-ville,se produisaient des manifestationspopulaires, qui obligèrent la justice àdécider que le reste de l’instruction sedéroulerait dans l’enceinte de lamaison d’arrêt. La presse de l’époquedénonce ces manifestations qui ont uncaractère un peu écoeurant, quelquejustifiées et légitimes qu’elles soient, etallant parfois jusqu’aux voies de fait sur lapersonne du prévenu... ou des gendarmesqui l’escortent.Gédéon Faure reconnut de trèsnombreux faits, dans notre région maisaussi à Lyon et dans sa banlieue,comme en atteste un article duNouvelliste de Lyon du 2 juin 1912. Dansles deux cas relatés, Faure termine sesvols en incendiant les locaux.L’enquête bouclée, Faure et Nicolasfurent transférés à Valence afin d’y êtrejugés par la cour d’assises. Seules lesaffaires s’étant déroulées dans notredépartement furent retenues par letribunal.Après deux jours de débats etun délibéré de deux heures, le jurypopulaire les reconnut coupables avecdes circonstances atténuantes. La courcondamna donc Nicolas, simplecomparse, à cinq ans de prison etFaure, voleur, meurtrier et incendiaireaux travaux forcés à perpétuité.

Toutefois, l’affaire ne devait pass’arrêter là. Faure et Nicolas furentramenés sur Die le 11 novembre, afind’y être présentés au tribunal correc-tionnel pour toute une série de volsqui n’avaient pas été jugés par lesassises. L’audience étant prévue lelundi 18 novembre, la place de l’Evêchéfut envahie de bonne heure parplusieurs centaines de personnes quivoulaient voir de près l’assassin, mais,contre toute attente, le tribunal décidade ne pas siéger ce jour là. L’attente dupublic a été vaine... la cohue et la pousséeont été cependant tellement violentes queles portes du tribunal ont été enfoncées etqu’il a fallu avoir recours aux gendarmes.Mais quand ceux ci sont arrivés, lesmanifestants avaient eu la bonne idée dedéguerpir et bien leur en avait pris... nousrapporte le journal du Diois. C’estfinalement le 22 novembre que lesdeux inculpés comparaîtront. Faure fut

condamné à 3 mois de prison, Nicolasà 6 mois, peines qui furent confonduesavec celles prononcées par la courd’assises.L’affaire était close au niveau judiciaire.Les démêlés entre la commune, lacompagnie d’assurances et le ministèredes Beaux Arts allaient se poursuivrejusqu’en 1921.En effet, alors que les dégâts avaientété estimés à 14 585 F, la commune neperçut que 11 263,80 F, montant quis’avéra insuffisant aux réparations. Lemaire, Daspres, voulait affecter cettesomme aux réparations de la toiturequi lui paraissaient plus urgentes, ceque contestait le ministère. Soutenantle premier magistrat, le conseilmunicipal, par délibération du 26décembre 1914, décide de surseoir auversement de l’indemnité réclaméepar les Beaux Arts.Voulant prouver sa bonne foi, leconseil municipal votera le 19 juin1920 un crédit de 4 000 F pourréaliser une restauration urgentepréconisée par l’architecte Formigé. Le28 février 1921 le conseil, au coursd’une nouvelle délibération, estime lesdevis présentés par l’administrationtrop élevés et refuse de verserl’indemnité. Auguste Daspres devratoutefois s’incliner et la communes’acquitter de cette somme le 21octobre suivant sur injonction dusous-préfet de Die.

Entre temps, l’entreprise Moulin avaitété chargée par la commune, dès lelendemain du sinistre, de la mise enplace d’une porte provisoire entre lanef et le porche. Par précaution, unrelevé du tambour incendié futexécuté, puis les débris calcinéstransportés à l’usine de la rue desFabriques. En novembre 2003, unnouveau portail, copie fidèle de celuidétruit par le feu, était installé entre leporche et la nef, à l’initiative de lacommune de Die et des servicesdécentralisés du Ministère de laCulture, mettant ainsi un terme à unesituation provisoire qui durait depuisplus de quatre vingt onze ans.

Christian REY

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L’ALIMENTATION EN EAUDE LA VILLE DE DIE AUCOURS DES SIÈCLESCité romaine, ville épiscopale, souspréfecture contemporaine, Die a sufournir à ses habitants cette eau sirecherchée, souvent avec des moyensmodestes, mais aussi quelquefois auprix d’ une énergie considérable.

De tous temps, l’homme a essayé de seprocurer une eau saine et fraîche àproximité de son habitation, et lepeuple romain fait référence dans cedomaine.Les résidents de Die (Dea Augusta),simple agglomération au début denotre ère, utilisaient de petites sourcesaux alentours de la ville etconstruisaient des puits pour leursbesoins en eau. Certaines domuspossédaient en leur centre un bassinde récupération d’eau de pluie, appeléimpluvium.

Plus tard la ville allait se développerconsidérablement en devenant capitaleseptentrionale de la cité des Voconces,à la place de Luc, vers la fin du 1er

siècle. Les Gallo-romains étant grosconsommateurs d’eau pour leurconfort, créent un réseau d’adduction

en allant chercher le précieux liquide àplusieurs kilomètres de la ville. Aumoyen d’aqueducs, ouvrages trèsrépandus dans le monde gallo-romain,l’eau est acheminée vers la cité.

Arrivant dans un réservoir appelécastellum, situé sur un point haut de laville, sûrement au-dessus du quartierde Chastel, l’eau était répartie dansdes conduites en plomb ou en terrecuite jusqu’aux fontaines publiques,thermes ou branchements de richesparticuliers. L’aqueduc de la source deRays, d’une longueur approximative de7 kilomètres, et surtout celui duruisseau de Valcroissant, (étudié en1955 et 1956 par Henri Desaye) quiserpente le long de la campagne dioisesur près de 12 kilomètres, sont lapreuve de la suprématie de nosancêtres gallo-romains en matière deconstruction hydraulique.

Pourtant, ces installations vont êtreabandonnées dès le début du hautMoyen-Age, en raison du manqued’entretien dû aux innombrablesinvasions, guerres et conflits de

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l’époque qui ont profondémenttransformé les modes de vie.Nous ne retrouvons la trace d’unevolonté dioise pour la distribution del’eau dans la ville qu’à partir du XVe

siècle : création de canaux pourl’arrosage des terres et l’alimentationdes fontaines, captage et achat desources environnantes par les consuls,construction de plusieurs fontainespour la population avec l’embauche de« maîtres de fontaines » pour leur bonfonctionnement. Ainsi du XVe aumilieu du XIXe siècle, l’eau provientdes alentours immédiats de la ville. Lessources des Pennes, de la Doux, duPalat et intra-muros celle des Pères, dela Chanalette et sûrement d’autresencore, ainsi que le canal desFondeaux et plusieurs puits procurentune eau de plus ou moins bonnequalité. Les conduites en bois de pin eten terre cuite ne donnent pas toujourssatisfaction. Les fuites et les pertesd’eaux sont considérables et leshabitants des quartiers dépourvus defontaines font entendre leur voix.

Emile Laurens, maire de Die, faiteffectuer quelques améliorations en1854, mais la révolution hydraulique sefera en 1859, par la volonté de cedernier, avec l’achat par la commune,de la source de Rays située sur leterritoire de Romeyer, et ainsi, commeà l’époque antique, amener une eausaine jusqu’à Die.

Après le captage, la mise en place de laconduite en ciment et des brisecharge, en août 1864, l’eau de Rayscoule de nouveau dans les fontaines dela commune, après quinze sièclesd’interruption.

La fête finie, les projets deconstruction de lavoirs et fontaines semultiplient. On dénombre quelquestemps après, une vingtaine de jetscontinus et sept ou huit robinetsparticuliers au rez-de-chaussée.

Pourtant la conduite de Rays va vites’avérer insuffisante en raison desgrosses consommations d’eau desfontaines à écoulement libre et cemalgré les branchements descanalisations des sources de la Doux

et du Palat sur la conduite généralede Rays.En 1879, le régime à basse pression adû ainsi être transformé en un régimeà haute pression afin de distribuerl’eau au moins jusqu’au premier étagedes immeubles.En 1880, le maire Félix Germain décidela reconstruction de la conduite desPennes pour alimenter la basse ville etainsi alléger le reste du réseau. En1886, l’eau des Pennes coule denouveau dans les fontaines situées auquartier Saint-Vincent, rue desCasernes, rue de la Pierre (Rue FélixGermain), pour se terminer au jetcontinu de la place du marché. Ilsubsiste un problème de distribution,cette fois-ci en partie haute de la villequi ne sera résolu qu’en 1907 avec laconstruction d’un réservoir de 50mètres cubes sur le plateau deBeaumes.

Le développement des branchementsde particuliers sur le réseau, la vétustédes conduites en ciment, mais surtoutla sécheresse de 1930, décident leconseil municipal à envisager la refontecomplète du système d’alimentationen eau de la ville de Die.Après les études et les projets de1931, réalisés par l’architecte Hérès,ingénieur des travaux publics de l’Etat,il est décidé ceci :- Source des Pennes : constructiond’une chambre de captage et deréception, remplacement de laconduite en ciment par une conduiteen fonte d’un diamètre plus grand,construction d’un réservoir de 150m3.- Source de Rays : construction d’unenouvelle chambre de réception prèsde la source, remplacement de laconduite en ciment par une conduiteen fonte en changeant le tracé,construction de deux réservoirs de300 m3 chacun aux Fondeaux.- Abandon des sources secondaires :sources du Palat, de la Chanalette etde la Doux.

Mais malheureusement ce projet deréfection de l’alimentation en eaupotable va être catastrophique pournos fontaines en pierre à jet continu,avec le remplacement de la majorité

d’entre elles par des bornes-fontainesen fonte. Plus de 47 bornes-fontainesvont être installées dans la ville.L’année 1937 verra la fin des travaux.La baisse de l’utilisation et le manqued’entretien des lavoirs auront raisonde beaucoup d’entre eux ; certainesfontaines vont également disparaîtreau profit de places de stationnementpour les véhicules. Comment ne pasregretter la fontaine monumentale dela place de la République !Une amélioration constante du réseauva pourtant se poursuivre au coursdes décennies suivantes avec laconstruction de plusieurs réservoirsselon le développement des quartiers :

- 1966 : réservoir de Plas 1000 m3

- 1968 : celui de Chanqueyras 300 m3

- 1971 : celui de Chastel 300 m3

- 1982 : station de pompage de la nappephréatique de Chamarges.

Puissent nos fontaines couler encorelongtemps et nos robinets nousprocurer cette eau, indispensable ànotre confort et nos vies.

Emanuel Poujol

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Le nom de Purgnon, en latin PodiumUrnionis, rappelle l’éminence, la collineaménagée, le podium que l’on qualifiaitau moyen âge d’un mot rappelant peutêtre un vase rempli d’eau, une urne,mais nous en ignorons la raison.Toutefois aucune découvertearchéologique ne permet à ce jour deconfirmer une origine romaine à cesite, même si l’hypothèse, en raison desa situation privilégiée aux portesmême de la ville, est séduisante.Ce qui est certain par contre, c’est quela colline fut surmontée d’un châteaufort à partir du XIIe siècle comme enattestent plusieurs documents. Ainsi lecartulaire de l’abbaye de Léoncel faitmention en 1178 du Castrum quod estjuxta civitatem Diam, c’est à dire duchâteau mitoyen de la cité de Die. Lecartulaire de Die est plus clair encorepuisqu’il parle en 1214 du castrum et dela domus en 1246. Nous savons parailleurs que les empereurs germa-niques confirmèrent par deux fois lapossession du château aux évêques deDie, en 1214 et en 1238.

La bulle de l’empereur Frédéric IIaccordée à l’évêque Didier, datée du 23novembre 1214, précise : Nous vousautorisons, vous, Didier, et vos successeurs,à conserver en toute liberté et sécurité, lechâteau de mont Podon qui est prés de laville de Die : là vous pourrez y faire desconstructions, des travaux de défense,comme vous le jugerez convenable, afin devous y mettre à l’abri des attaques desbrigands et d’échapper à la violence, àl’injustice... Le mot Podonis employédans le texte paraît être une mauvaisetraduction ou une contraction duterme Podium Urnionis.

Quelques années plus tard cetteprécaution s’avéra utile puisque en1240 l’évêque Humbert, mécontentque les Diois n’acceptent pas lepaiement d’un nouvel impôt, écrivit àl’Empereur, qui répondit favora-blement à ses revendications. Fort decet appui, l’évêque renouvela sesdemandes aux consuls. La population,

voyant dans cet acte une mise en causedes libertés communales auxquelleselle était très attachée, prit les armes.L’évêque, selon la légende, se réfugia enson château de Purgnon et ne remit lespieds dans sa cité épiscopale que quatreans plus tard après un accord, signé enl’église Saint Geraud de Saillans, entrelui et les consuls fin mars 1240.

Brun Durand, dans son Dictionnairetopographique du département de laDrôme, publié en 1891, nous détailleles différentes appellations employéesau fil des siècles. On comprend bienainsi l’évolution du nom jusqu’à saforme actuelle :

Podium urnionis en 1232Podium urgnoni en 1246puei urgno, puei urgnon, puei urnopendant le XIIIe sièclepuergnon en 1555 dans les mémoiresdes frères Gay.

La simple observation du site actuelconfirme l’existence d’une fortificationmédiévale : subsistent une portion dumur de la courtine et d’une tourcirculaire adjacente, nombreuses tracesde maçonnerie dans le sentier d’accèsà la tour, aménagements encoreperceptibles à l’arrière du bâtiment :replat et peut être fossé.

LA TOUR DE PURGNON

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Jean Pietri, architecte diois, y auraitpratiqué des fouilles confirmant cesdonnées et il dessina une restitution.

Il faut attendre le 19e siècle pour quel’on reparle de Purgnon. A cetteépoque il ne reste rien de l’antiqueforteresse si ce n’est la portion decourtine et une partie trèsendommagée de la tour. Le curé deDie, Belle, propriétaire des lieux,transforma cette ruine en une chapellesous le vocable de Notre Dame debonne espérance en 1860.En 1888 les travaux ne sont pasterminés lorsqu’il propose de la céderà la commune. Prudent, le conseilmunicipal refuse l’offre. La chapelle etune partie de la colline resterontpropriété de l’Eglise catholique de Die.Belle, pour achever son œuvre, fitdresser sur le sommet de la tour undécor néogothique tout a fait dans l’airdu temps. C’est en effet l’époque où laFrance découvre son patrimoine grâceà l’action de Propser Mérimée,inspecteur général des monumentshistoriques, et de Viollet le Duc, quirestaura de nombreux châteaux etpublia de 1854 à 1868 son monumentaldictionnaire d’architecture. Le curéétant décédé à Valence le 10 mai 1879sa famille sollicita l’autorisation del’exhumer du cimetière communalpour l’inhumer dans la chapelle dePurgnon. Le conseil municipal de Diedonna son accord malgré l’anticlé-ricalisme affiché du maire AdopheFerrier. Pendant la première guerremondiale le décor gothique, construiten bois et exposé aux intempéries,s’effondra brutalement.On en conservele souvenir au travers des nombreusescartes postales de l’époque.

Depuis le 19e et jusqu'à la réforme deVatican II Purgnon sera un lieu depèlerinage pour les catholiques dioisqui s’y rendront en procession pour lescommunions privées et pour le 15 aoûtfête de Marie. A cette occasion lesenfants lançaient à la statue de la Viergedes pétales de fleurs tandis que lesadultes entonnaient des cantiques.

En 1944 quelques jours avant l’arrivéedes troupes allemandes à Die, plusieursfidèles firent le voeu d’élever unestatue de la Vierge sur la chapelle dePurgnon si la ville était préservée. Cevoeu fut exaucé en 1948 et la statue dela Vierge inaugurée le 30 mai 1948 enprésence de Monseigneur Pic, évêquede Valence et de Die, en présence d’ungrand concours de fidèles.

Progressivement abandonnée, lachapelle se dégrada lentement et, vers1970, un important éboulement seproduisit. Un groupe de jeunes Diois selança alors dans une vaste collecte depapiers et cartons afin de recueillir lesfonds nécessaires à la réparation. Unepremière restauration eut lieu, mais lestravaux devaient se révéler insuffisantset, quelques années plus tard, c’est unepartie plus importante encore quis’effondra dans le même secteur. Sousl’impulsion du Docteur Jacques Robertet d’un groupe d’amis se créa en 1980l’association « Sauvons Purgnon » qui,après une campagne de souscription deplusieurs mois, le soutien de la communeet de la Société de sauvegarde desmonuments anciens de la Drôme,aboutit à une restauration totale del’édifice pour un montant d’environ100 000 F (15 000 €). Une cérémoniefestive fut organisée le dimanche 18octobre 1987 pour marquer la fin destravaux.Depuis cette date, la chapelle dePurgnon est devenue une salled’exposition qui accueille réguliè-rement tableaux et sculptures tandisque la colline continue d’être un lieu depromenade apprécié par de nombreuxDiois.

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L’ABATTOIR MUNICIPAL DELA RUE DES JARDINSC’est en 1843 que fut prise la décisionde principe de construire un abattoirrue des Jardins, mais il faut attendre1844 pour que le conseil municipalapprouve le projet. Dans le dossier,conservé aux archives municipales,nous pouvons lire comme dans la villede Die, on tue aux différentes époques del’année des bœufs et des veaux, il estindispensable d’avoir un local spécial pourles bœufs et de distribuer le projetd’abattoir comme il suit : l’abattoir seraétabli le long du rempart de la ville deDie, dans la partie comprise entre lesdeux premières tours qui sont en aval dela borne fontaine de la porte du Serre. Lelocal a 35 mètres de long et 4,10 mètresde large. La partie ouest sur 15 mètres delongueur a trois entrées et est destinée àservir d’abattoir pour les bêtes à laine, lapartie est de 10 mètres de longueur adeux entrées au sud et elle est destinée aservir d’abattoir des bœufs. Entrel’abattoir des bœufs et celui des bêtes alaine, il reste 5 mètres qui sont destinéspour le bureau de l’employé.

Devant le bâtiment, un espace futdélimité, pouvant être fermé par deuxbarrières métalliques, afin de parquerles troupeaux destinés à l’abattage.Le choix de l’emplacement fut engrande partie dicté par la présence ducanal des Fondeaux qui fournissait unfacile « tout à l’égout ». Les déchetsplus volumineux, notamment lesossements ? étaient tout simplementjetés à la Meyrosse, en amont du pontSaint Eloi, face au centre de secoursactuel.Pour la réalisation de l’abattoir la tourqui se situait entre l’actuel bassin duSerre et l’Office de tourisme futdémolie, en effet la délibération stipuleles moellons ordinaires proviendront de ladémolition de la tour qui est à vingt cinqmètres en aval de la borne fontaine de laporte du Serre et qui sera enlevée jusqu’àl’alignement du rempart . Cetteprécision est très intéressante car elle

confirme que le rempart de la ville estbien considéré comme propriétécommunale.

L’abattoir fonctionna sans problèmesmajeurs jusqu’en 1952, date à laquellele conseil municipal dans sa séance du25 septembre envisagea son rempla-cement par un établissement plusmoderne et surtout plus conformeaux normes d’hygiène.Il faudra néanmoins attendre le 24janvier 1958 pour que la communeprenne la décision d’acquérir unterrain au quartier de Conches etChamarges.

Le projet sera ensuite rondementmené.La décision de construction est prisele 15 janvier 1959 pour un coût de 45millions de francs dont 9 à payer par laville au moyen d’un emprunt.Les travaux débuteront en 1960 et lenouvel abattoir sera fonctionnel en1962.En 1963 l’ancien bâtiment désaffectéva être transformé en garage et dépôtde matériels pour les servicestechniques de la ville.Lorsque ces derniers, à la fin desannées 70, s’implanteront avenue de laGare, les locaux seront successi-vement occupés par un syndicat puispar une entreprise privée et enfin parla Croix Rouge avant qu’en 2001 lacommune ne décide d’y transférerl’Office du tourisme de Die trop àl’étroit dans ses locaux du quartierSaint-Pierre.

Les travaux réalisés à partir des plansde l’architecte Schmied se sontdéroulés entre l’automne 2003 et leprintemps 2004, permettant l’ouverturedu nouvel office aux touristes le 27mars et une inauguration officielle le27 avril 2004.

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Le domaine du Martouret était, àl’origine, la propriété seigneuriale de lafamille d’Avond. Certains auteurs du19e voyaient à tord dans ce toponymeune traduction de « Mont de Mars » etpensaient que la colline avait accueilliun fortin romain, chargé, tout commePurgnon, de la garde de la ville.Aucune découverte archéologique nepermet de confirmer cette hypothèse.La seule certitude que nous ayons,c’est qu’au 19e siècle ont été décou-vertes à proximité, dans l’anciennepépinière des Eaux et Forêts, destombes romaines attestant de laprésence d’un cimetière antique. Onpeut donc se demander si ce n’est pasle mot latin martirium pris en son sensde cimetière qui aurait donné son nomau quartier. Brun Durand * nousapprend que le Martouret est attestéen 1563 In martoreto sive in combagrimaud. L’information est empruntéeaux mémoires des frères Gay. L’auteurcite également un texte des archivesmunicipales qui parle en 1650 de laGrange de Martouret.Nous ne savons ce que devint lebâtiment initial au fil du temps.

LE DOMAINE DU MARTOURET

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En 1852 le docteur Benoît transformele Martouret en établissement thermo-résineux et hydrothérapique, où étaientsoignées de nombreuses affections.

Nous avons retrouvé une publicité del’époque qui fait une présentationcomplète de l’Etablissement, eninsistant sur les facilités qu’offre aucuriste la toute nouvelle voie de cheminde fer qui dessert Die depuis 1885.

La Grande Guerre, en perturbantl’activité économique du pays, conduiraà la fermeture de l’établissementthermal. L’armée anglaise y implanteraun hôpital qui accueillera jusqu'à deuxcents blessés.

En souvenir de leur séjour diois et dubon accueil réservé par la population,les Anglais offrirent, en signe degratitude, un drapeau du Royaume Unisur lequel fut brodé l’insigne du SacréCœur.

Ce témoignage trôna dans lacathédrale de Die jusqu'à la secondeguerre mondiale, date à laquelle, parmesure de sécurité, il fut relégué dansles combles de la sacristie, où il setrouve encore aujourd’hui.

En 1921, le Martouret est vendu à MVuillon qui le transforma en hôtel. Lesuccès ne fut pas au rendez vous.L’activité cessa en 1929, date à laquellela propriété fut vendue à l’Associationpour le développement des oeuvressociales dans les industries métal-lurgiques et mécaniques de la régionparisienne et transformée en centrede vacances.

Depuis, le Martouret n’a pas changé devocation, il continue à accueillirpendant les vacances scolaires descolonies de vacances et, le reste del’année des classes de découverte, desséminaires et même depuis lasuppression du service national, lesjournées citoyennes.

Christian REY

* Brun-Durand :Dictionnaire topographique de la Drôme.

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Les origines

L’hôpital de la Croix fut fondé le 18août 1427 par Jarenton Blagnac, doyendu chapitre de Die. Jules Chevalierrapporte que l’acte fut signé enprésence de Jean de Poitiers, évêque deDie, et de Guiges Faure, notaire etprocureur des pauvres de la ville, quiaccepta, en leur nom, une maisonproche du cimetière de Saint-Magne.Il s’agissait d’y recevoir les pauvres, leshéberger et les traiter charitablementC’est le doyen qui décida du nom del’établissement et prit l’engagement d’yréaliser à ses frais tous les aména-gements nécessaires. L’acte désigne lessyndics de la ville comme patrons decet hôpital avec obligation d’une visiteannuelle et faculté d’opérer dans lepersonnel tous les changements qu’ilsjugeront utiles.

Le transfert de l’hôpital au couventdes jacobins

L’hôpital poursuivit sans faille samission jusqu’en 1793, date à laquelleJoseph Boisset, représentant du peuple,décida de son transfert dans les locauxdu couvent des jacobins, où il se trouveencore aujourd’hui. L’original de l’ordre de transfert était conservé jusqu'à la fin

du XIXe siècle dans les archives deMme de Félines à Die. Il nous est connupar la publication qu’en a faite lechanoine Jules Chevalier en 1903 dansson ouvrage La Révolution à Die.

Les différentes affectations dubâtiment depuis le 19e siècle

En 1804 les bâtiments nous rapporteJean Beranger dans Die au fil dessiècles, sont à moitié en ruine.Il semble ne pas avoir eu d’usageparticulier depuis le transfert del’hôpital. Le 11 septembre 1823, leconseil municipal décide d’affecter lagrande salle de l’ancien hôpital au culteprotestant, à charge pour l’Egliseréformée d’y faire les réparationsnécessaires.En 1826, le même conseil vote uncrédit de 9 293 F pour de grossesréparations complémentaires puis, en1827, un autre de 2 000 F. A cettemême époque, le conseil municipaldécide d’offrir un lieu de culte plusdécent à l’Eglise réformée et lui affectel’ancienne chapelle des Jésuites. Dansle même temps, des pourparlerss’engagent avec l’évêque de Valence,qui voudrait louer le bâtiment ainsi

L’HÔPITAL DE LA CROIX

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libéré pour y installer un séminaire.Ce projet n’aura pas de suite.

En 1842, la grande salle est louéecomme salle de théâtre, puis, en 1849,un crédit de 1 200 F est engagé pour lacréation d’un asile d’enfants, sorte dehalte garderie.En août 1863, la rue de l’Hôpitaldevient la rue de l’Ancien Hôpital.

Le 18 janvier 1880, le conseil municipaldécide d’y installer une école laïque degarçons, qui sera complétée, le 22février 1886, par deux asiles d’enfants,l’un géré par les catholiques, l’autre parles protestants, l’asile créé en 1849 a-t-ilcessé de fonctionner ? En 1887, l’écoles’avère trop petite. Adophe Ferrier,veut l’agrandir. En 1907, le projet deconstruction d’un établissement neufest envisagé. L’école sera construite auquartier du Pallat. Le projet seramaintes fois débattu au conseilmunicipal. Finalement ne sera réaliséequ’une école supérieure. L’écoleprimaire restera provisoirement auMazel. La Grande Guerre retarderatous les projets. Il faut attendre 1929pour que la commune se penche ànouveau sur le problème de l’écoleprimaire en décidant l’acquisition deterrains au quartier de Chabestan.Toutefois ce n’est qu’en 1949 que leprojet de construction du groupescolaire sera lancé. La première rentréeeut lieu en 1952.

Souhaitant utiliser les anciensbâtiments de l’hôpital de la Croix, lacommune décida, le 23 novembre 1952d’y loger les services administratifs :perception, centre des impôts, centresocial. Par la suite, la perception et lecentre des impôts furent transférés rueFélix Germain, dans l’ancien lycée defilles, ce qui permit de réaliser dans leslocaux libérés la halte garderie.En ce premier semestre 2004, lesservices sociaux, qui occupaientencore une partie du bâtiment, ont ététransférés rue Emile Laurens dansl’immeuble qui abritait autrefois lacantine municipale et qui vient d’être

totalement réhabilité par le conseilgénéral de la Drôme, suite à la cession,qu’en avait faîte la mairie de Die en2002.

Quel avenir ?

D’ici un an ou deux, l’ancien hôpital dela Croix, totalement libéré, seraréaménagé dans son intégralité pourdevenir, peut être, une maison desassociations, poursuivant ainsi sa vie debâtiment public commencée il y a plus,de 577 ans.

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LA COLONNE BONAPARTESelon Jean Béranger, c’est parce qu’ilvoulut à peine installé, se signaler parune action d’éclat susceptible d’attirerl’attention du gouvernement queFrançois Falquet Travail, premier sous-préfet de Die, nommé en 1800 par leConsulat lors de la création de lafonction, conçut le projet d’élever unmonument à la gloire du PremierConsul. Cette appréciation paraîtfondée si l’on en juge par le portraitqu’en fit son supérieur hiérarchique lepréfet Descorches, qui luireconnaissait des moyens, des lumièreset de l’expérience administrative maisdéplorait qu’il fût d’une suffisance etd’une opinion de lui qui le rend le centrede ses plus chères affections,....voulantrégir de Die la république et oubliant surson bureau les affaires de sonarrondissement.Profitant de l’opportunité queconstituait la signature du traité deLunéville le 9 février 1801, qui mettaitun terme à la guerre avec l’Autriche etpermettait d’espérer une période depaix, le sous-préfet fit part de son idéeà la municipalité dioise, alors présidéepar le citoyen Leroux. Le conseilmunicipal s’enthousiasma pour ceprojet qui fut réalisé en moins de troismois puisque l’inauguration du

monument eut lieu en grande pompele 26 avril 1801 en présence de lapopulation dioise, qui n’allait pastarder à le surnommer « l’obélisque ».Conformément à l’idée de FrançoisFalquet-Travail, ce sont deux colonnesromaines en granite qui furentdressées l’une sur l’autre place del’Evêché entre le bassin et le rempart,soit à coté de l’actuelle piste de danse.D’une hauteur de onze mètresl’ensemble était surmonté d’un globeet l’on pouvait lire l’inscription :

« BONAPARTE A DONNÉ LA PAIX, À BONAPARTE VAINQUEUR

LÉGISLATEUR - PACIFICATEUR »,

« Erigé par la reconnaissance à Bonaparte,vainqueur, législateur, pacificateur, l’an IXde la république, Bonaparte 1er Consul,Chaptal Ministre de l’intérieur, Descorchespréfet de la Drôme ».A l’issue de la cérémonie publique, unTe deum fut célébré en la cathédrale,suivie d’une réception dans les salonsde la sous-préfecture, alors implantéedans les locaux de l’ancien évêché.L’édification du monument ne s’étaitcependant pas faite sans difficulté. Lahauteur et le poids des colonnesavaient découragé les entrepreneurslocaux et il fut fait appel à des ouvriers

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extérieurs qui, après avoir monté unsolide échafaudage de bois purentdresser et solidariser ensemble lesdeux tronçons par un tenon de fer.Ainsi situé, le monument était visiblede fort loin puisque la cité nedébordait pas de ses murs etqu’aucune construction n’existait alorsentre l’actuelle déviation et le quartierdu Plot. Voulant tirer parti de cetteaffaire rondement menée, Falquet-Travail en rendit compte au préfet, quien informa le Ministre de l’intérieur.La réponse du ministère parvint parcourrier du 4 messidor, soit le 1er

juillet 1801 :

Paris, le 4 messidor an IX (1er juillet 1801)J’ai reçu, citoyen préfet, la lettre parlaquelle vous m’annoncez que le souspréfet et les habitants de Die ont élevédans cette commune une colonne à lagloire du premier consul.En applaudissant au zèle de la commune,je dois vous rappeler que cette colonnen’aurait du etre érigée qu’après en avoirsoumis le projet au gouvernement ; c’estun principe dont il serait dangereux des’écarter. Cependant les intentions deshabitants me paraissent si louables que jene puis refuser mon approbation. Je voussalue. CHAPTAL.

La formulation de cette lettre estintéressante, puisque l’on constate quel’habitude révolutionnaire de s’honorerdu titre de citoyen persiste encore.Mais l’intérêt principal résulte dans lerappel à l’ordre proprement dit, quipermet de percevoir que le nouveaupouvoir veut s’affirmer et metprogressivement en place une structureadministrative très centralisée.En 1804, la ville, qui s’était portéeacquéreuse de l’ancien évêché, ne puten régler le premier terme et futdéchue de ses droits. Fort heureu-sement une solution allait intervenir :59 notables de la commune firent unprêt. Et le 12 prairial an 12 (1er juin1804), le gouvernement rétablissait laville dans ses droits. André Lelièvrerapporte que le conseil municipal fut siheureux de cette décision que le maire

fit le serment de veiller à la conservationde la colonne élevée à la gloire del’empereur Napoléon.Dix ans plus tard, en 1814, l’Empires’est effondré et Louis XVIII estinstallé sur le trône. Dans la Drôme, lepréfet Descorches est toujours enplace, de même que le sous-préfet deDie. La colonne Bonaparte estrenversée dans la nuit du 19 au 20 pardes mains peut être pas aussianonymes qu’on a bien voulu le dire.En effet, le préfet venait tout juste depromulguer un arrêté du gouver-nement provisoire enjoignant auxautorités, maires et sous préfets, desupprimer et d’effacer partout où ilspouvaient exister les emblèmes, chiffres etarmoiries du gouvernement de l’empereur.Lequel du maire ou du sous préfet futsi prompt à prendre l’initiative de ladémolition ? Les archives ne nousapportent aucune réponse, cependantà la lecture de l’adresse faite par lamunicipalité au nouveau souverain, onpeut penser que ce fut le maire. Uneautre question se pose : cettedestruction nocturne est-elle le signeque les notables se méfient d’uneréaction hostile du peuple ? C’estprobable, car, même vaincu, l’empereurbénéficiait encore d’une certaineaffection de la part des Français,comme en témoigne J. Plèche relatantla traversée de Valence par l’empereurse rendant en exil à l’île d’Elbe, le 24avril 1814, : Le peuple semblant à sonarrivée disposé à lui faire des manifestationsenthousiastes, on use d’un stratagème, enannonçant que la voiture impériale s’estcassée, et que Napoléon ne passera queplus tard. Les curieux se dispersent etquelques instants plus tard la voiturepasse par le Bourg escortée par unescadron de chasseurs autrichiens. Tousceux qui sont encore là acclamentNapoléon en criant :Vive l’empereur ! Lesannées passèrent et il semble que lesruines du monument restèrent en place.En 1853, c’est Napoléon III qui épouseEugénie de Montijo. Le conseilmunicipal lui adresse immédiatementses voeux et lance, avec l’appui du sous

préfet de Courcelles, le projet deréédifier la colonne renversée 39 ansplus tôt. Une collecte dans lescommunes de l’arrondissementrapporta 1638 F auxquels lamunicipalité dioise rajouta 400 F et leconseil général 200 F. Le budgetbouclé, de Courcelles ne commit pasl’erreur de son prédécesseur. Il renditcompte du projet à sa hiérarchie. Legouvernement répondit très favora-blement en allouant une subvention de200 F et en offrant un aigle de fontepour orner le sommet du monument.Ne restait plus qu’à choisir unemplacement. Si les deux partiesfurent unanimes à renoncer à la placede l’Evêché trop peu passante, il fallutplusieurs semaines de discussions pourque la commune renonce à son choix,la place de l’horloge, pour se ranger àl’avis du préfet, qui préférait la placeSaint Eymieu, c’est à dire l’espace situédevant l’actuelle sous préfecture.Adrien Joubert, maire de Die, étantsubitement décédé le 24 juin 1853,c’est Emile Laurens qui mena à bien leprojet. Sur la base du monument futgravée la formule de 1801 suivie de laformule réédifié en 1852, l’erreur dedate étant volontaire de la part dumaire qui voulait ainsi rendre unhommage discret à son prédécesseurqui avait eu la charge du montageadministratif du dossier. On noteraque la place Saint- Eymieu étaitdevenue entre temps la placeNapoléon par délibération municipaledu 21 mai 1853.L’histoire aurait pu s’arrêter là. Il n’enfut rien.Après le désastre de Sedan, laIIIème République est proclamée. Le 2septembre l’obélisque une nouvellefois abattu. Dans l’urgence et afind’éviter tout risque d’accident, JulesChevalier protège l’ensemble par unepalissade. Le conseil municipal ayantdécidé le 28 décembre la vente despierres, il s’en portera acquéreur et lesocle de calcaire disparut dans lesfours à chaux de son usine de la rochede Romeyer. Les colonnes de graniteresteront in situ jusqu’à l’hiver

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a1879/1880 au cours du quel le conseilmunicipal prit la décision de faireniveler la place que nous connaissonsaujourd’hui sous le nom de place de laRépublique. Les colonnes furent alorstransportées jusqu’au boulevard duBallon.Un crédit de 200 F, voté quelques moisplus tôt par la commune, pour rénoverle monument sera employé à l’équi-pement de la garde nationale.En 1883 Félix Germain est maire deDie, C’est lui qui prendra la décisiond’enfouir les colonnes de granite dansles fondations de la nouvelle école defilles, aujourd’hui mairie. La délibé-ration du conseil municipal stipule :Considérant que ces pierres en forme decolonne ont servi à l’érection d’unmonument destiné à glorifier l’auteur du18 brumaire ; que ce monument a étédétruit en 1815 ; a été de nouveau relevésous le second empire pour glorifierl’auteur du 2 décembre et qu’il a été, pourla seconde fois, détruit en 1870 aulendemain de Sedan ;Considérant qu’il est pratique de fairedisparaître des pierres qui ont a deuxreprises en cinquante années servi à laglorification de deux crimes contre la;souveraineté du peuple ; qu’il convient deles utiliser pour affermir le bâtimentscolaire des filles dans ses fondations ;Considérant que les régimes des deuxBonaparte premier et troisième du nomont abouti à trois invasions et à troisrétrécissements de la patrie ;Décide que les pierres qui ont servi à Dieà la glorification des deux auteurs desattentats du 18 brumaire et du 2décembre, seront employées dans lesfondations du bâtiment scolaire de fillesactuellement en construction…

Dans son ouvrage Essai historique surDie et le Diois tome I publié en 1888, lechanoine Jules Chevalier commenteainsi cette décision de Félix Germain :

Félix Germain, ancien sous-préfet del’empire, devenu maire radical de Die,désireux de donner des gages de sondévouement à ses nouvelles opinionspolitiques, réunit le 6 mai 1883 son

conseil municipal composé de gensignorants et façonnés au joug du maître :on fit dans cette assemblée le fameuxarrêté (reproduit ci dessus) qui fournit unenouvelle preuve de cette vérité, attestéepar l’histoire, qu’en France il est certainesopinions politiques qui conduisent fata-lement les hommes à l’imbécillité.

et de conclure :

Le triste personnage auteur de cet arrêtéqui fit le tour de la presse et couvrit uninstant de ridicule notre ville et sonconseil, disparut quelque temps après dela scène politique, emportant avec lui lemépris des honnêtes gens.

Fort heureusement, une partie dumonument fut préservée, vraisembla-blement par l’entrepreneur chargé destravaux. Elle est aujourd’hui dans unjardin particulier de Saillans où HenriDesaye l’a redécouverte il y a quelquesannées. Il s’agit de la pierre supportant ladédicace encore lisible. Quant aux fûtsde granite, les travaux d’aménagementde la nouvelle mairie de Die nous ontpermis de les retrouver. Ils sont bienintégrés dans les fondations, mais unepartie dépasse et peut être observéedans la cave. La tête de l’aigle quisurmontait le monument est conservéedans les collections du musée de Die.

Christian Rey

L A C O L O N N E B O N A P A R T E

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a r c h é o l o g i ea r c h é o l o g i ea r c h é o l o g i e

AVANT LES VOCONCES

PRÉHISTOIRE DU DIOISDans le cadre du centenaire de laSociété Préhistorique Française, lemusée de Die et du Diois propose uneprésentation des avancées de larecherche sur la Préhistoire dans leDiois et les Préalpes occidentales enrassemblant les collections de prove-nance locale dispersées dans diversmusées (Antiquités Nationales, Lyon,Grenoble, Gap, Avignon, Valence) etdans des collections privées. Cetterétrospective commence par unenouveauté : la découverte récente devestiges de l'homme de Néandertal(Moustérien) dans le Diois, à St-Roman.

La période glaciaire n'offre encoreaucune trace de présence humaine : ilfaut attendre le Mésolithique pour voirs'installer peu à peu une population dechasseurs, qui se sédentarise auNéolithique, notamment sur le site deMenglon. La reconstitution de lagalerie des Pots de la grotte des TrousArnaud (Saint-Nazaire-le-Désert /Volvent) met en valeur un sitedomestique du Chasséen (Néolithiquemoyen), présentant les principalesactivités des agriculteurs de l'époque.La statue-menhir de Die, pierre gravéeexceptionnelle de plus de 4 mètres dehauteur, trouve également ici une placede choix.Le Néolithique final (Chalcolithique)s'illustre dans les Préalpes occidentalespar ses sépultures collectives engrotte, où les défunts sont inhumésaccompagnés d'offrandes et deparures : colliers de perles, pointes desilex très finement taillées (pointes deSigottier) qui constituent de véritableschefs-d'oeuvre du savoir-faire de cetteépoque.

Cette exposition est égalementl'occasion de présenter les artsrupestres : art schématique post-glaciaire (peint, antérieur aux âges desmétaux) et art schématique linéaire(gravures, postérieures à l'âge du Fer)à partir des exemples notables de laBaume-Ecrite de Pommerol et de laTune de la Varaime de Boulc. Lephénomène des grottes-bergeriesutilisées du Néolithique à l'âge du Ferest également évoqué.

L'âge du Bronze, peu présent dans lebassin versant de la Drôme pour lespériodes anciennes, est cependantillustré par divers objets deprovenance locale, par exemple lacurieuse hache-spatule du Col deCabre (musée départemental de Gap)ou le poignard de Valdrôme (muséeCalvet d'Avignon).En revanche, le Bronze final et latransition âge du Bronze âge du Fersont magistralement illustrés par laprésentation du village des Gandus(Saint-Ferréol-Trente-Pas) et lareconstitution d'une partie d'unhabitat, ainsi que par la présentationdes grandes parures et dépôts defondeurs caractéristiques des Préalpesoccidentales, mettant en lumière lesmodes de vie de cette période detransition. C'est aussi l'occasion deprésenter quelques objets inédits oupeu connus, mais emblématiques.L'exposition se termine, avec uneprésentation des Voconces et de la finde l'âge du Fer, sur les grandes étapesde la recherche préhistorique dans leDiois, illustrée par ses chercheurs etses découvertes.

jacques PLANCHON

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L A B E L L E J U S T I N E : U N C H Â T E A U ?

Positiontopographique etaccèsLes restes du château sont accrochés à800 m d’altitude sur un grand rocher,isolé à une cinquantaine de mètres dela falaise et découpé par des couloirsnaturels en quatre blocs principaux.Les parois verticales de ces énormesblocs atteignent une quinzaine demètres en amont, plus du double enaval, côté ravin des Houlettes et lesommet en est parfaitement horizontal.

L’emplacement de la bâtisse sembledonc inexpugnable, d’autant plusqu’aujourd’hui on n’y accède quesolidement encordé. Entre le bloc quisupporte les vestiges architecturaux et

les deux qui lui font face, au nord, septmarches (30 cm de largeur, 20 cm dehauteur en moyenne) été taillées dansle calcaire. Elles conduisent à un replatmuni de deux encoches horizontales(10 cm de largeur, 30 cm de hauteur)pratiquée dans la paroi du bloc ouest.Une poutre ancrée dans ces deuxlogements pouvait supporter unaménagement de bois permettant defranchir le dénivelé de sept mètresséparant du sommet.

Selon la légende, la Belle Justine, princesse défavorisée par un nezen forme de groin, aurait utilisé un souterrain creusé dans lamontagne pour se rendre discrètement de Die à son château deJustin dont restent des ruines énigmatiques au sommet d’un rocher.

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Description des vestiges« Modestes ruines, construction qu’il est bien difficile de rétablir, même en imagination,tel est le château de la Belle Justine » écrivait Louis Liotard en 1923.Il reste de nos jours deux murs doublement dissymétriques tant par leur plantrapézoïdale que par leur épaisseur.

Epaisseur Epaisseur Longueur Hauteuraval amont conservée Conservée

Mur NE (côté Die) 1.75 m 1.35 m 2.85 m 4.50 mMur SO(côté Barsac) 1.90 m 1.55 m 3.10 m 5.00 m

Ces deux murs sont parementés sur trois côtés, en petit appareil de moellons decalcaire éclaté, épais de 10 à 20 cm et longs de 20 à 50 cm. L’irrégularité desassises est compensée par de nombreuses petites pierres de calage ou des jointsd’épaisseur variable. En 1950, Henri Desaye y notait même un fragment de tuilegrise.Un trou de boulin d’échafaudage est visible à l’intérieur du mur sud-ouest. Leblocage interne est constitué de blocs anguleux montés par assises solidariséspar un mortier très sableux, à base de graviers de pente et de graviers polis derivière.Il est important de signaler que la partie amont de chacun des deux murs,dépourvue de parement, montre des césures qu’on interprète commel’encastrement des angles d’une maçonnerie disparue. Celle-ci devait s’élever àl’emplacement le plus haut du rocher, aujourd’hui fortement érodé.

Interprétations Les deux murs trapus de la Belle Justine peuvent-ils être identifiés à descontreforts ? En ce cas, le bâtiment qu’ils soutiendraient est bien difficile à restituer.Louis Liotard signale en 1923 qu’il a vu dans sa jeunesse « encore debout,aujourd’hui écroulé, un arc en plein cintre, donnant accès sans aucun doute à cetteconstruction ». Le claveau en tuf retrouvé récemment au pied de ces murspouvait-il appartenir à cet arc, écroulé il y a près d’un siècle ?Pourtant ces deux murs ont une épaisseur respectable (1,5 m à 1, 75 m enmoyenne) et sont parementés à la manière des autres châteaux du Diois. Letransport dans ce lieu élevé (806 m),d’accès si malcommode,des pierres,du gravierde rivière, de l’eau, indique l’importance de la construction.E. Brocard, H. Desaye, et J-X. Chirossel, ont visité ces ruines et ont laissé quelquesnotes et croquis n’ont pas abordé le problème de la nature réelle de ces vestiges .Il est cependant significatif que la plus ancienne bulle impériale, datée de 1178, quidonne la liste des fiefs de l’évêque de Die, site Justin comme castrum. Une église deJustin fut paroissiale au Moyen Âge ; même si elle n’est pas localisée et même si labulle papale de 1165 ne cite pas la localité,on peut déduire de cette unique mentionque Justin était un territoire indépendant, un mandement dont le chef-lieu était unvéritable château.La vallée de la Drôme était doublement verrouillée à Sainte Croix et à Pontaix pardes gorges surmontées de châteaux appartenant aux comtes de Valentinois.Le passage par le plateau de Justin, était donc idéalement placé entre Die et Barsac,pour permettre à l’évêque de Die de gagner la vallée de la Drôme, en aval dePontaix. Le col de Barsac convenait bien aux piétons ou à la mule de l’évêque, son« véhicule » lors des visites pastorales et constituait, de toutes façons, un raccourciintéressant. En 1823 encore, le cadastre dit « napoléonien » montre que l’essentieldes parcelles du plateau de Justin étaient propriété d’habitants de Barsac.Le château de la Belle Justine assurait aussi une fonction de tour de guet, àproximité du col de Barsac et bien en vue de Ponet et de son château, possessionde l’évêque, et de la colline d’Onglane, belvédère au-dessus de Saint-Auban à partirduquel sont visibles la Belle Justine, Ponet, les Tours de Quint et Die.

Mathilde TISSOTJean-Claude DAUMAS

BIBLIOGRAPHIE

BROCARD Edmond (inédit)notes manuscrites, 1 p (2 croquiscommentés), 1947.

CHIROSSEL Jean-Xavier (inédit)notes manuscrites, 1 p (1 croquiscommenté), 1956.

DESAYE Henri (inédit)notes manuscrites, 1 p (2 croquiscommentés), 1950.

LIOTARD Louis - « la légende de laBelle Justine », Journal de Die, 13octobre 1923 (article republié dans le Journal du Diois des 11, 25 avril et2 mai 1970).

TISSOT Mathilde - La fortification demoyenne montagne dans le Diois(Drôme) du XIIe au XVe siècles,mémoire de maîtrise, Lyon II, 2002,

TISSOT Mathilde - « l’architecturedes châteaux médiévaux dans lacombe de Die et ses abords »,TerresVoconces n° 5, 2003, p 10-33.

Remerciements à SéverineBEAUMIER et Henri DESAYE pour ladocumentation prêtée.

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L E S D E R N I È R E SD É C O U V E R T E S

Fenêtres trilobées de la place Jules PlanAu printemps, la démolition del’ancienne quincaillerie Aubert, placeJules Plan, permettait l’apparition, dansune façade mitoyenne, de deuxfenêtres trilobées paraissant en place.L’une d’elle était connue et avait étéétudiée par Henri Desaye. Ladeuxième par contre était totalementdissimulée par des constructionspostérieures. Ce type d’ouvertureutilisé du XIIIe au XIVe siècle est assezbien connu dans la région. Sur Diemême, on peut citer plusieursexemples plus anciens, les trilobes dubâtiment de la Communauté deCommune et de la rue du Fournat, parexemple.Dans la même façade, mais plus au sud,c’est une fenêtre à meneaux, carac-téristique du XVe et du XVIe siècle quidemeure perceptible sous un enduit

provisoire. Ce modèle est trèsreprésenté à Die, plusieurs façades duquartier Saint Vincent ou du Mazel enayant conservé en place.

Nous souhaitons vivement que ceséléments architecturaux puissent êtremis en valeur dans le cadre du projetde réhabilitation de la place, actuel-lement étudié par la municipalité etdont les grandes lignes ont étéprésentées dans le bulletin communaldu dernier trimestre 2003.

Pont rompuQuelques semaines plus tard, l’entre-prise Grisal a procédé à la réfection dela culée sud du Pont Rompu, trèsfragilisée par les nombreuses crues desannées précédentes. La rivière Drôme

1- fenêtre trilobée de la rue de l’Arzone.2- Les 2 fenêtres trilobées de la placeJules Plan.3- Le pont rompu rive droite : base dupont romain et départ de l’arche (Avril2003).4- le pont rompu rive sud : les fondationsromaines dégagées des gravierset les encrages métalliques mis en placepour recevoir le béton destiné à soutenirla culée (avril 2003).5- bloc mouluré mis au jour par l’effon-drement de la digue en décembre 2003.6- Bloc sculpté dégagé des galets de larivière Drôme par la crue du 3 décembre2003.

L’année 2003 peut être considérée comme riche au niveauarchéologique puisqu’elle a permis la découverte ou laredécouverte de vestiges oubliés dont l’étude consolide nosconnaissances sur l’histoire locale.

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l’emplacement de la porte et offert aumusée par l’entreprise Grisal. Mais lagrande majorité des blocs à décorsgéométriques furent, d’après JeanPietri, transportés en amont du pontde la Griotte pour servir à laconstruction d’une digue. Et c’esteffectivement là qu’ils ont réapparu le 3décembre dernier, après que la crue dela veille eut provoqué un importantaffouillement du lit de la Drôme etl’effondrement du chemin du Barragesur une dizaine de mètres.

Il s’agit de plusieurs blocs taillés, certainsde taille importante, présentant diffé-rents types de moulures. Si certainssemblent bien avoir été taillés lors de laconstruction de la porte Saint-Pierre,dans le même grès que celui employé àSaint-Marcel, d’autres blocs sculptés oumoulurés n’étaient sûrement pasvisibles dans la porte et proviennent del’intérieur de la maçonnerie, où ilsavaient été réemployés. Ils pourrontfaire l’objet d’une étude ultérieure, êtrecomparés avec les photos et plans dumonument dont nous disposons etfournir, par l’analyse du matériau lui-même, de précieuses indications sur lescarrières de calcaire ou de grès dont ilssont originaires.

DEA AUGUSTA a demandé parcourrier au maire de Die de prendretoutes dispositions pour que cespierres soient extraites lors destravaux de réfection de la chaussée etstockées au musée municipal enattendant leur mise en valeurultérieure.

Jacques PLANCHONChristian REY

a été déviée sur la rive droite pourpermettre la réalisation de nouvellesfondations en béton armé. C’est àcette occasion que les assises du pontromain, ont été mises au jour. Nousavons pu procéder au relevé détailléde cette structure complété par denombreuses photos. Quelques joursplus tard, le travail d’érosion de l’eaudétournée sur la rive droite faisaitapparaître les fondations de la culéenord et le départ d’une arche, cesnouveaux éléments permettant depréciser l’architecture générale dupont comme celui ci avait pressentipar Henri Desaye, qui avait étudié leséléments de la pile centrale, visibledans le lit de la rivière il y a quelquesannées encore, avant qu’elle ne soitdétruite dans le cadre de l’aména-gement de la base de canoë-kayaks.

Cette découverte permet de mieuxcomprendre les techniquesd’implantation et de construction dece pont qui s’apparentent à cellesemployées pour le pont romain duBez, à Saint-Roman-en-Diois, signalédès le 19e siècle par l’archéologueDiois Jean Denis Long et redécouvertet étudié en 2001 par Dea Augusta.

Il semble que le pont romain ait faitl’objet d’un très important remanie-ment, vraisemblablement au 13e siècle,après que ses voûtes eurent étéemportées par une crue. En effet, dansla culée sud, ont été taillées desencoches destinées à recevoir despoutres de bois. Cette techniquesemble identique à celle employéepour la construction de l’ancien Pontde Quart dont les vestiges sontencore visibles à Aix en Diois, audépart de la route vers Chatillon. C’estd’ailleurs depuis cette date que lapasserelle du Pont rompu est connuedans le censier de l’évêché du à PierreSiblet, sous l’appellation de pont frast

Plusieurs blocs taillés, issus de laconstruction initiale, ont étédécouverts par les engins deterrassement dans le lit de la rivière.Ala fin des travaux ils ont été regroupéset laissés in situ sur la berge de la rivedroite en témoignage de ce monumentaujourd’hui disparu.

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Redécouverte des vestiges de laporte Saint-PierreC’est le 16 février 1862 que l’adminis-tration des Ponts et Chausséesintervint pour la première fois auprèsde la commune afin que la porte Saint-Pierre, considérée comme un obstacleà la circulation des diligences ou groschargements, fût démolie.

Mais le monument supportait la maisonde Louis Béranger, qui voulait tirer lemeilleur parti de son bien. Devant leprix, jugé prohibitif, la commune décidaseulement de l’enlèvement d’un arceauextérieur devenu inutile. On reparla dela porte Saint-Pierre en 1889 lorsque laville trouva un accord avec Bérangerpour un montant de 23 500 F plus6 500 F de frais de démolition, soit unedépense de 30 000 F dont l’état s’étaitengagé à rembourser une partie dèsl’exécution des travaux. En juin 1890 legouver-nement accordera unesubvention de 20 000 F. Un an plustard, le 8 juin 1891, la maison est vide.On lance aussitôt l’adjudication, qui sedéroule en octobre, et dès les premiersjours de novembre, la maison, lerempart et la porte tombent sous lescoups de pioches des démolisseurs.

Quatre inscriptions romaines (ILGN,234, 242, 243, 244) et deux ou troissculptures (Bas relief Gaule, 314 : aigle; tête de taureau identifiée par JacquesPlanchon ; bloc avec tête de Méduse)furent déposées dans le jardin de lamairie et sont aujourd’hui conservéesau musée ainsi qu’un relief représentantdes armes, trouvé en 1985 sur

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a s s o c i a t i o na s s o c i a t i o na s s o c i a t i o n

DEA AUGUSTA :12 ANS AU SERVICE DES REMPARTSFondée en 1991 par André Lelièvre etun groupe de Diois amoureux del’histoire et du patrimoine, DEAAUGUSTA s’est fixé comme objectifsla mise en valeur du patrimoine historiquedu Diois et notamment de l’enceintegallo-romaine de la ville de Die.

A partir de 1992, plusieurs chantiersse sont succédés, allant du débrous-saillement initial jusqu’à la consoli-dation, en 2003, d’une dizaine demètres de maçonnerie romaine, audébut de la montée du levant.

Parallèlement aux travaux entreprisavec ses fonds propres, dans des zonesnon inscrites au titre de la réglemen-tation des monuments historiques,DEA AUGUSTA conduisait différentesactions auprès des pouvoirs publicsafin que soit reconnue la valeur de cepatrimoine.

Aujourd’hui le pari est en parti gagné,les remparts sont sortis de leuranonymat et les institutions (Etat,région, département et commune)prennent progressivement le relais.

Du sauvetage,on passe à la restauration.

Ces différentes étapes et lesproblèmes induits ont été expliqués ànos adhérents lors de l’assembléegénérale 2003 puis présentés le 27février 2004 devant le conseilmunicipal de Die, par André Girard etChristian Rey à l’invitation d’IsabelleBizouard, maire de Die.

La commune de Die est en effet un desprincipaux partenaires de l’Association,qu’elle soutient de façon constantedepuis sa fondation par l’octroi d’unesubvention annuelle de 1 524 €. Plusrécemment, en décembre 2003, la villea mis à notre disposition une pagecomplète du bulletin communal afinque DEA AUGUSTA puisse sensibiliserà son action le maximum de Diois.

Au cours de cette rencontre avec lesélus, l’association a présenté ses

projets pour 2004, qui concernentprincipalement le secteur deMeyrosse, à proximité immédiate dunouvel office de tourisme de Die.

Cette zone est maintenant appelée àdevenir une véritable « entrée de ville» il est donc important d’en faire unesorte de vitrine pour inciter lestouristes à visiter l’agglomération.

Une première étude a été réalisée parnos soins, mettant en évidence lesdifférents problèmes et préconisantdes solutions.

Avant de faire l’objet d’uneprésentation publique, le projet devraêtre examiné et validé par lacommission des travaux et la commis-sion de la culture du conseil municipalde Die et recueillir l’aval des autoritésde tutelle : Conservation Départe-mentale et Direction Régionale desAffaires Culturelles

Nous ne manquerons pas, amislecteurs et adhérents de l’association,de vous tenir informés de l’évolutiondes discussions dans nos prochainsbulletins d’information.

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DEA AUGUSTA

Association loi 1901 déclarée en sous-préfecture de Die

Siège social : Musée de Die et du Diois11, rue Camille Buffardel - 26150 DIE

04 75 22 40 05

CONSEIL D’ADMINISTRATION :

Président d’honneur :André LELIEVREPrésident :André GIRARD

Vice-président : Christian REYVice-président : Jean-Victor MALATERRE

Secrétaire : Renée SIRCOULOMBSecrétaire adjointe : Jacqueline SAVIARD

Trésorier : Hervé MARONTrésorier adjoint : Jean-Claude POUPARD

Autres menbres : Jean Claude DAUMASPierre MARTIN

Jacqueline MAULANDIEmmanuel POUJOL

Membre consultatif : Jacques PLANCHON,conservateur du Musée de Die

pour soutenir les actions de l’association...vidéogramme et cartes postales en ventesur le stand de Dea Augusta chaque samedi matin d’été sur le marché de Die.

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