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N°21 mars 2014 LA CULTURE, C’EST CE QUI RELIE LES SAVOIRS ET LES FÉCONDE Edgar Morin

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N°21 mars 2014

La cuLture,

c’est ce qui reLie

Les savoirs et

Les féconde

Edgar Morin

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Sommaire N°21 MARS 2014

édito

18espace andrée cHedid

12vincent oHL Jeunes talents photographes

11nikos aLiaGas

Français, Grec et Francophone

Madame la ministre, vous avez fait du droit des femmes votre combat au sein de l’espace francophone. En effectuant un voyage en RDC, vous avez découvert la situation des femmes victimes de violences. En revenant dans ce pays pour le second Forum en mars, qu’attendez-vous comme avancées significatives ?C’est à Kinshasa, en juillet 2012 que j’ai été interpellée sur la situation dramatique des femmes en RDC. Dans l’est du plus grand pays francophone, au Nord Kivu, les femmes étaient les premières victimes des conflits armés, des escadrons de la mort, de groupes armés rebelles, le M23, qui avaient programmé le viol de milliers de femmes devenues « butins de guerre ». Un véritable génocide au féminin était perpétré depuis des mois, dans un silence assourdissant. De mon indignation et de ma colère est née l’idée d’organiser le premier Forum Mondial des Femmes Francophones pour être une force, une dynamique, sans ingérence. J’ai demandé en leur nom, lors de la Conférence Permanente de la Francophonie, qu’une déclaration spécifique et solennelle sur les droits des femmes francophones soit adoptée par les Chefs d’Etats et de Gouvernements des pays membres de la Francophonie au prochain Sommet de Dakar. La RDC, qui assure jusqu’en novembre 2014 la présidence de la

POUR LES FEMMES ET AVEC LES FEMMES

francophonie, a souhaité avec enthousiasme accueillir le 2nd Forum à Kinshasa qui réunit plus de 1000 femmes venues de 77 pays. Il impulsera des recommandations portant sur leurs statuts, leurs droits, leur avenir, leur rôle dans la restauration de la paix et le développement de leur pays et aura pour objectif d’accélérer l’égalité réelle entre les femmes et les hommes

Parmi les violences constatées, figurent celles qui portent atteinte à l’intégrité physique des femmes. Avec un film « Femmes d’Islam », vous aviez déjà abordé le sujet de l’excision. Quel peut-être le rôle de la France pour l’éradication de ces coutumes ?En 1990, je me souviens avoir filmé, au Mali, à Mopti, Djenné, Bamako, Tombouctou, Mariam et Keita, béné-voles de la Croix Rouge. Devant des dizaines de femmes, avec un torse en plastique et un sexe féminin en kit pour désigner la partie tranchée par l’excision, elles expli-quaient inlassablement les terribles conséquences psy-chologiques et physiologiques, voire mortelles, de cette mutilation. Je me souviens aussi de l’intervention virulente des exciseuses : « L’excision existe depuis la nuit des temps. Nos anciens l’approuvent, l’islam l’approuve, c’est plus propre, ça rend la femme plus belle ». Je me sou-

viens encore d’un groupe de jeunes femmes qui m’a dit : « Celles qui ne sont pas excisées, sont plus sensibles, plus vivantes et quand elles sont co-épouses, le mari les pré-fère. Nous, nous sommes des morceaux de bois mort ». L’immigration des femmes d'Afrique subsaharienne, gar-diennes des traditions, a importé la pratique de l’excision, a fossilisé cette mutilation génitale. Elles avaient pour mission de garantir la réputation des femmes au sein de la communauté. Or, il n’y a pas d’exciseur, il n’y a que des exciseuses. Cette mutilation génitale, le couteau, la lame de rasoir, l’outil tranchant, parfois rouillé brandi par l’exci-seuse qui déchire et supprime l’organe du plaisir, touche chaque année un million de petites filles dans le monde. J’ai clôturé, le 6 février à Paris, le Colloque « Excision, parlons-en » à l’occasion de la journée internationale en faveur de l’abandon de l’excision. En Guinée, en Egypte, où le taux d’excision est de plus de 90%, il faut insister sur l’importance de la scolarisation des filles jusqu’à 16 ans. Dès qu’elle augmente, le taux d’excision chute. Au Ghana, 70% des femmes de plus de 40 ans ont été exci-sées. Aujourd’hui, seules 16% des adolescentes l’ont été, grâce à la politique menée depuis une dizaine d’années.

L’école pour tous : sur le continent africain, cette affirmation n’a pas encore droit de cité partout. Or, la scolarisation des filles, vous le disiez, est un levier important pour faire avan-cer les idées dans une société traditionnelle.Face à l’ignorance et la régression des droits des femmes, l’éducation des filles est le premier des droits. L’école est l’autorité de proximité qui donne aux filles et aux femmes les moyens de s’émanciper par l’éducation et la forma-tion professionnelle : savoir, c’est prendre le pouvoir : celui de connaître ses droits, celui de de lutter contre les préjugés, de travailler, de transformer la société. C’est grâce à l’école obligatoire que demain, il n’y aura plus d’exciseuse, plus de mutilation génitale, plus de mariage forcé pour les petites filles. Pour cela, nous devons, non seulement instaurer la prolongation de l’âge obligatoire de la scolarité pour les filles, mais encore nous en donner les moyens. Aider les parents à couvrir les frais de scolarité, former des institutrices, construire des écoles, des biblio-thèques, acheter des livres, des ordinateurs, etc.. Pour tout cela, et pour soutenir les actions de l’OIF en matière d’éducation, je propose la création d’un fonds de solida-rité francophone pour la scolarisation des filles. Ce sera l’une des ambitions de ce Forum, pour réparer les torts séculaires faits aux femmes par des sociétés machistes qui fonctionnent en s’amputant de la contribution des femmes, véritables actrices des avancées démocratiques, de l’essor économique et de la restauration de la paix

Entretien avec Yamina BENGUIGUIMinistre déléguée, chargée de la francophonie.

P. 2 Yamina BenGuiGui Forum mondial des femmes francophonesP.4 GasandJi Artiste et humanisteP.5 frédéric BouiLLeuX La francophonie en PiémontP.6 fiLippe savadoGo Le mois de la francophonie à New-YorkP.7 c.diop/p.oBoLo AfrikadaaP.8 Lidwien van diXHoorn Parlez-vous Paris ?P.9 vickY sommet Tombouctou, une ville bibliothèqueP.10 La compaGnie tcHetcHe

P.19 La francopHonie en Bref P.20 Les petites annonces de L’os à moeLLe de pierre dac

P.13 Yvan amar RFI au Costa RicaP.14 YacouBa konate Le MASA 2014P.15 danH tHànH do-HurinviLLe Du Vietnam à ParisP.16 cHristopHe n GaLLe edimo L’Afrique dessinéeP.17 catHerine frucHon –toussaint Shumona SINHA

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LA FRANCOPHONIE EN PIéMONT : UNE PORTE OUVERTE SUR LES 5 CONTINENTS

Les ouvrages et articles consacrés à la Francophonie à Turin et dans le Piémont se concentrent sur l’analyse détaillée de l’histoire contrastée des relations diplomatiques entre la France et cette région frontalière de l’Italie et sur l’étude serrée des parlers franco-proven-

çaux des vallées alpines. Mais la francophonie se présente aujourd’hui sous un tout autre jour : le Maire de Turin, Piero Fassino, se définit volontiers comme le plus francophone et francophile d’Italie. On enregistre quelques 2700 entre-preneurs français dans le Piémont qui exportent pour près de 10 Milliards d’Euros vers la France, Belgique, Suisse. Plus d’1,5 M de touristes francophones viennent visiter le Piémont par an et les communautés roumaines (140 000) et marocaines (65 000) sont les plus nombreuses parmi les étrangers qui y résident. Le Maroc, le Sénégal, le Togo, la Côte d’Ivoire, la Belgique, le Burkina Faso, le Vietnam ont une représentation consulaire à Turin et une messe bilingue est célébrée chaque dimanche dans l’une des basiliques du centre ville pour les ressortissants des com-munautés africaines. Malgré une législation italienne très défavorable à l’appren-tissage des langues étrangères (seul l’anglais est enseigné au lycée !), l’intérêt pour la langue française et la culture francophone ne se dément pas : L’alliance française de Turin est la plus importante du réseau des 38 Alliances françaises présentes en Italie, par sa taille et le volume de ses activités ; la France est au premier rang des des-tinations choisies par les étudiants piémontais dans la cadre du programme Erasmus, on enregistre 21 doubles diplômes universitaires mis en œuvre par les Universités piémontaises et françaises, le nombre des établisse-ments scolaires proposant des sections ESABAC (pré-parant au double diplôme maturità italienne et bac-calauréat ) s’élève à près de 35 et les activités du Lycée français, établisse-ment d’excellence, de l’Uni-versité franco-italienne et de

GASANDJI

C’est une femme multiple pour ses différentes expérimentations dans le domaine artistique, multiple pour mener de front une carrière et être la meilleure maman ( ce sont mes enfants qui le disent). J'ai toujours rêvé de créer, eu beaucoup d'ima-

gination, c'est ainsi que j'ai fait de mon corps mon premier instrument. Je l'ai fait sauter, tourner, se tordre dans tous les sens pour exprimer mes pre-mières émotions d'adolescente. Mais mon Père m'a dit « Non, tu dois avoir un travail normal… ! ». Rien à faire, l'appel de l'art est plus fort et je n'arrive à m'exprimer qu'en créant ; des sons, des mélo-dies, des mots que j'aime faire résonner pour me réconcilier avec ma destinée. Dans mes recherches sur l'être que je suis, une question s'est posée cependant « Pourquoi je veux faire cela ? » Pour la célébrité, l'argent ( il n'y en a pas de toute façon !!!). C'est alors que j'ai découvert ma mission à travers mon art : créer du lien, des ponts, d'abord avec moi, puis avec les autres. Assumer ma différence avec ma coiffure car pour moi elle dit ma fierté "d'être" et la façon dont j'ai envie de mener tous mes projets car je choisis l'amour. L'Afrique a matérialisé cette mission car j’ai décidé de me battre pour l'éducation, en créant le projet R.E.M ( Rêvez Enfants du Monde). Des ponts, encore des ponts, car l'Afrique est ouverte et appartient à tous ceux qui l'aiment. Cette génération doit inventer d'autres formes de partage, de façons de communi-quer, se réinventer même si la route est longue car nos enfants ont besoin d'exemple pour perpétuer ce rêve de changement. Tout cela, j'aime l'exprimer dans mon art et c'est une vraie bénédiction, une chance de se livrer, donner de l'amour sans même attendre un retour car c'est cette mission que j'ai choisie et, pour cette raison, tout est possible !. GASANDJIRêvez Enfant du Monde : http://t.co/MTfR2AuvBb revez-enfantsdumonde.tumblr.comINADEN : Collaboration de la création de sacen Afrique : www.inadendesign.com

l’association FLAM qui s’adressent aux ressortissants francophones, connaissent un réel succès. Par ailleurs, la manifestation Torino incontra la Francia /Turin rencontre la France, a permis de présenter au public, durant toute l’année 2013, plus de 170 événements culturels. Le mois de mars sera l’occasion de souligner la présence de la francophonie : l’Université de Turin, en collaboration avec l’Alliance française, organisera le 3 mars une rencontre consacrée à la coopération universitaire francophone dans le Piémont comme instrument de promotion du multilinguisme et de développement d’une coopération solidaire sur les grands thèmes du millénaire (sécurité alimentaire, développement durable, échanges méditer-ranéens). Bernard Cerquiglini, recteur de l'AUF, sera l'invité d'honneur de cette rencontre. L’Alliance française proposera aux Turinois une grande dictée publique le 19 mars alors que les étudiants de l’Université iront distribuer des textes littéraires francophones devant l’ensemble des librairies de Turin ; témoignages d’une ville et d’une région qui ont pris conscience des enjeux de la mondialisation et du rôle que la Francophonie pouvait jouer pour les aider à les affronter.

Frédéric BOUILLEUXDirecteur de l’Alliance française de TurinDirecteur général de l’Alliance française en Italie

Turin la nuit

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CéLéBRER LA FRANCOPHONIE A NEW-YORK

AFRIKADAA, UNE REVUE D'ART Où DIALOGUENT LES CULTURES

Créée par un collectif d’artistes et de cher-cheurs, Afrikadaa est la première revue numérique indépendante francophone qua-drimestrielle dédiée aux arts afro contem-porains. Son approche éditoriale permet de créer un objet culturel pérenne qui archive

la mémoire de l’histoire de l’art contemporain africain, à une époque de globalisation culturelle.Espace déterritorialisé où artistes et acteurs de la création interrogent esthétique et éthique face aux enjeux majeurs de la mondialisation, Afrikadaa place l’art contemporain dans une perspective de réflexion globale au-delà des géographies et des politiques culturelles. Il est urgent de réinventer un langage où le dialogue artistique soutient notre aspiration à l’intelligence et révèle à la conscience du monde l’artiste contemporain et sa modernité. Chaque numéro est porté par un thème, sur lequel travaillent critiques d'art, plasticiens, écri-vains, journalistes et universitaires. Afrikadaa compte six parutions depuis sa création et publie en février 2014 son premier hors-série, « Be national », consacré à la saison Sud-Africaine en France. Plus qu'une revue, c’est une plateforme d'échange et de réflexion, un « art lab » qui ancre des actions concrètes et novatrices. Le

collectif organise : actes éditoriaux live, conférences, expositions, festivals et ateliers (performance, cinéma, photographie...). Conscientes du fait que l’ampleur d’une action se traduit par le savoir-faire, l’union et la complémentarité des compétences, nous souhaitons initier et participer aux projets et causes liés à l'éduca-tion artistique à travers des partenariats en apportant

nos conseils, notre engagement et en mettant à disposition notre équipe. Dernier projet en date, l'organisation d'un symposium « Mémoire du Futur » le 13 mai, dans le cadre de la biennale de Dakar, Dak'art 2014. Une interven-tion axée sur l’émergence de pratiques éditoriales innovantes dans leur rapport aux nouvelles écritures et lectures inte-ractives des supports dématérialisés et nouveaux médias dédiées à la création contemporaine africaine, afro-améri-caine et caribéenne. Ce projet trouve ainsi une résonance pertinente dans la

thématique proposée par la Biennale, Les métiers de l’art, le monde de l' édition et des publications étant un secteur sinistré dans les territoires du Sud.

Carole DIOP et Pascale OBOLOwww.afrikadaa.com

La communauté francophone s’apprête à célébrer le 20 mars 2014 la Journée inter-nationale de la Francophonie, également Journée de la langue française aux Nations

Unies. A New York, deux temps forts rythmeront cette journée : une impor-tante table ronde sur la diplomatie culturelle et le multilinguisme à la mi-journée et la Soirée culturelle de la Francophonie avec, comme invité d’honneur, Manu Dibango pour un concert exceptionnel. Mais bien au-delà de cette journée, la Francophonie sera célébrée tout au long du mois de mars pour fédérer et valoriser la diver-sité des initiatives francophones. Le Mois de la Francophonie est le reflet d’une com-munauté francophone particulièrement dynamique aux États-Unis. Il sera mené plusieurs actions concertées, diversifiées et engagées sur des problématiques aussi importantes que le développement durable, la diversité culturelle, les droits des femmes et la promotion des valeurs universelles. A ce vaste bouillonnement s’asso-cient les écoles new-yorkaises, à l’instar de la French American Charter School de Harlem et de la Bronx High School of Science qui, tout autant que le French Heritage Language Program, s’investissent davantage dans la promotion de l’enseignement du français. Un autre évènement, Le Petit Prince est de retour à New York. Publié en 1943 par Antoine de Saint-Exupéry, Le petit Prince sera au cœur d’une large action de diploma-tie culturelle. Edité en plus de 270 langues, c’est l’ou-vrage francophone le plus traduit au monde. Autour de l’œuvre, la Représentation permanente de l’OIF auprès de l’ONU à New-York (RPNY), les Nations Unies et la Succession Saint-Exupéry organisent un concours pour les jeunes scolaires et une journée de débats autour des valeurs véhiculées par Le Petit Prince le 28 mars à la New-York Public Library.La Morgan Library & Museum accueille, en outre, l ’exposition « The Little Prince: a New York story » qui se poursuit jusqu’au 27 avril. A l’aune du Petit Prince, la Brooklyn Academy of Music nous invite à redécouvrir notre planète à travers sa série d’activités dénommée « The Little Prince: a Planetary Gardener » les 25 et 26 avril

prochains, en marge de la Journée internationale de la Terre. La Francophonie est aussi présente aux Nations Unies : outre la projec-tion de Tey du réalisateur franco-sénégalais Alain Gomis le 18 mars, l’OIF s’engage aux côtés de l’ONU dans la perspective de la commé-moration des victimes de l’esclavage et de la traite transatlantique des esclaves avec Haïti à l’honneur.Aux Nations Unies, l’OIF organisera, par ailleurs, une concertation fran-cophone de haut niveau le 10 mars, en marge de la 58ème session de la Commission de la condition de

la femme sur le thème : « Egalité femme-homme et autonomisation des femmes en Francophonie : construire le nouveau programme de développement pour l’après-2015 ».

Filippe SAVADOGO ambassadeur, Représentant permanent de l'OIF auprès des Nations Unies

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C’est l’histoire d’une histoire. Nous sommes au XVème siècle, sous le règne de l’empereur du Songhaï, lorsque Tombouctou devient une ville universitaire. Les étudiants viennent du Maroc, d’Andalousie, d’Egypte, de l’em-pire du Ghana pour suivre les cours de l’uni-

versité Sankoré. La ville accueille alors quelques 25 000 étudiants. Ce qui porte à son apogée l’enseignement, le livre et tous les métiers qui s’y rattachent.

Et toute cette activité, dont l’écriture se fait sur des par-chemins, des peaux de mouton, des papiers d’Orient, pour parler de justice, de politique, de pharmacopée, de mathématiques, de médecine ou de grammaire. C’est pourquoi Tombouctou et sa région comptaient à cette époque-là environ entre 300 et 500 000 manuscrits jusqu’à Gao, Djenné ou Ségou. Transmis de générations en générations, ils sont encore aujourd’hui la propriété de familles maliennes.

Comme celle de Mamma Haïdara, juge et professeur, qui enseignait les sciences classiques islamistes, la jurispru-dence et la grammaire arabe. Sa bibliothèque personnelle remonte au XVIème siècle et il consacra sa vie à la conser-

TOMBOUCTOU, UNE VILLE BIBLIOTHèQUE

« PARLEZ-VOUS PARIS ? »*

Parlez-vous Paris ? C’est la question qui résume les interrogations de jeunes invités, nouvelle-ment arrivés à Paris et qui cherchent à décoder la capitale, son langage et sa culture. Comment éviter de se faire bousculer dans le métro ? Qu’est-ce qu’un « vrai Parisien » ? Qu’est-ce

qu’un fromage « à pâte persillée » ? Pourquoi les terrasses parisiennes ont des chaises tournées vers la rue ? Pour répondre à ces questions, ils sont partis en reportage et ont rencontré les Parisiens qui ont la réponse.

« Parlez-vous Paris ?» propose ainsi un parcours de découverte qui inverse les points de vue et met au centre du reportage la diversité des regards des jeunes étrangers. Le point de départ de leurs reportages, ce n’est pas la réponse, mais la question. Des questions surprenantes, qui invitent les Parisiens pure souche à porter un autre regard sur leur ville qu’ils croient connaître mais qu’ils oublient souvent de ressentir. A eux de trouver des réponses adaptées, de partager et de transmettre ce qui semble une évidence : les codes de leur Paris.

Avec une vingtaine d’invités originaires des quatre coins du monde, RFI a produit 52 reportages bilingues for-mant un parcours d’apprentissage original de la langue et culture françaises dans des situations concrètes. Avec une musique originale, des ambiances recon-naissables, la langue maternelle en soutien, tout est fait pour que chaque apprenant, s’initie « en immersion » au

Parlez-vous Paris ? Voici un joli titre pour une immersion sonore dans la capitale française, un parcours de découverte à travers le regard de ceux qui la visitent.

savoir-vivre parisien avec une caviste à la République, un urbaniste sur la Tour Eiffel ou un maître d’hôtel à la Gare St Lazare. Ils visitent des lieux surprenants comme les Catacombes, la Cité des Enfants à la Villette ou le Skatepark de Paris.

L’aventure pour ces nouveaux arrivants a commencé par une formation au journalisme par des profession-nels de la radio. Chaque émission commence par un « zoom » sur l’invité étranger, qui raconte son parcours et son regard sur Paris. Ils se sont aussi familiarisés avec l’art et la manière de poser des questions et de réaliser des interviews parlées et en images vidéo. Avec, pour finalité, le plaisir d’avoir appris le français en direct lors de visites insolites de la capitale et d’avoir fait des ren-contres chaleureuses avec des Parisiens authentiques. La somme de ce travail est diffusée sur les antennes de RFI en anglais les samedis et dimanches et téléchar-geable gratuitement sur le site Internet rfi.fr pour une écoute à la demande. Parlez-vous Paris ? A cette ques-tion, beaucoup d’auditeurs et d’internautes pourront bientôt répondre « oui », car ils connaîtront Paris aussi bien si ce n’est mieux que les Parisiens eux-mêmes !

RFI- LIDwIEN VAN DIXHOORN Parlez-vous Paris ? est un projet pédagogique réalisé en partenariat avec l’INALCO et l’association Travaux en Réseaux, Approches nouvelles en situations interculturelles et transnationales. *www.english.rfi.fr/features/parlez-vous-paris

vation de sa collection et établit des relations étroites avec d’autres bibliothèques de la région pour faciliter les échanges et la recherche. Depuis sa disparition en 1981, son fils Abdul Kader Haïdara a pris le relais et poursuit ce travail en proposant par exemple un prêt exceptionnel de ses manuscrits à Marseille pour l’organisation de l’exposi-tion « Tombouctou, le secret des manuscrits »*.

Marseille rejoint ainsi le cercle des institutions qui aideront le Mali à préserver ce patrimoine d’intérêt mondial. C’est la première fois que ces textes sont ainsi présentés au grand public, même si leur histoire et la culture sous-jacente sont encore souvent méconnues. Mais elle per-met, comme pour toute autre ville qui accueillera l’exposi-tion, de conserver et de préserver ces manuscrits, malgré les périodes de conflits et d’incertitudes qu’a traversées le Mali et que ce pays connait encore aujourd’hui.

Vicky SOMMET*A l’Alcazar jusqu’au 22 mars « Tombouctou, le secret des manuscrits ». 21-22 mars : colloque de clôture sur le rôle de l'Unesco dans la préservation des manuscrits par Edouard Planche, Unesco

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COMPAGNIE TCHETCHE

« êTRE GREC, C’EST PENSER GREC »

La Compagnie TCHETCHE est essentiellement composée de danseuses symbolisant l'éner-gie qui donne la force à cette compagnie pleine d'ambition et qui rêve de "voler haut dans le ciel dégagé" de la création chorégra-phique contemporaine. Elle a été créée en

juin 1997, dont 15 années d'expérience, 6 créations à succès à son actif. Elle a participé à plusieurs festivals à travers le monde et a été lauréate de plusieurs Prix internationaux. Dimi (douleur) en malinké est la toute première création de la compagnie, chorégraphiée par Béatrice Kombé décédée en février 2007. Dimi a eu le prix RFI du spectacle vivant en 2000 à Paris et le prix UNESCO au MASA (Marché des Arts et du Spectacle Africain) en 1999 à Abidjan.

Le travail de la compagnie a été apprécié par tous, depuis l’Europe en passant par l’Afrique et jusqu’aux Etats-Unis, dans des prestigieuses salles comme le Kennedy Center et certaines grandes salles des uni-versités américaines où les danseuses de la troupe ont enseigné leurs techniques.

Nikos Aliagas, ces quelques mots, au-delà de vos origines et de votre scolarité qui a privilégié l’étude du grec ancien et du grec moderne, ont-ils une signification particulière pour vous ?Cet héritage fait partie de mon ADN, cette conscience profonde, intime, du temps qui passe, dans lequel nous ne faisons qu’un modeste passage mais que nous souhai-tons marquer de notre empreinte ; cette conscience du lien avec nos origines les plus anciennes et de notre héritage culturel ; cette conscience enfin du respect de ce qui a été accompli et de tout ce qui reste à réaliser. Nous ne sommes qu’un maillon de la chaine en définitive. Cela suppose de savoir s’arrêter, se poser, bref de prendre le temps. Cette conscience oblige chacun d’entre nous à prendre du recul sur notre quotidien pour nous aider à nous situer dans le monde, à bien orienter notre vie et à faire les bons choix. Elle est par exemple indispensable pour nos dirigeants qui ne doivent pas céder à la pression du quotidien mais doivent inscrire leur réflexion et leur action dans la durée. Les Grecs anciens nous ont enseigné les vertus de cette sagesse dont je revendique la modernité. Je crains toujours l’hybris, cet outrage aux dieux, l’arrogance malgré nous… Et je rejoins Jacqueline de Romilly qui disait « Les journa-listes aujourd’hui vont vers le plus rapide. Les Grecs, eux, allaient vers le plus profond ».

Vous avez fait vos études en France, vous y vivez, y travaillez, et les liens que vous avez tissés avec la Grèce vous incitent à vouloir rapprocher la culture grecque de la culture française.Les exemples de cette proximité culturelle, intellectuelle, artistique, politique entre la Grèce et la France sont légion : Pierre de Coubertin a redonné vie aux Jeux Olympiques antiques. Eugène Delacroix a mis sa palette de couleurs au service de la guerre d’indé-pendance grecque. Victor Hugo a insufflé aux Européens un philhellénisme sans précédent. Jacqueline de Romilly a été la plus grande défenseure de l’héritage intellectuel et litté-raire des Grecs anciens. Enfin, André Malraux

Parmi les récompenses, la Compagnie Tchetche a reçu, en 2000, le 2ème prix au Concours international de danse à Hanovre, en Allemagne et le 2ème prix aux Rencontres chorégraphiques de Madagascar en 1999 avec des compositions comme Geeme (Union), Source (Eau, source de vie), Nagtaba (Brassage cultu-rel) ou Esprit (Retour aux racines).

Aujourd’hui « Esprit », chorégraphié par Nina Kipré, est la toute dernière création qui a déjà participé à quelques festivals notamment en Côte d’Ivoire, en Italie et aux derniers Jeux de la Francophonie à Nice en France. Esprit parle de la reconstruction et de la continuité et elle relate la vie de la Compagnie Tchetche, son passé et son avenir. Cette Compagnie qui émerveille tant n’a pas de soutien et souhaite toujours redoubler d’effort malgré un manque évident de moyens.

Abdel Marc [email protected]

a rendu le plus vibrant hommage à la Grèce. Et je me dis souvent que cet héritage devrait occuper une plus grande place dans les manuels d’enseignement. L’instruction civique ne pourrait-elle pas proposer un retour aux textes des grands auteurs ? Les Grecs avaient le souci de l’universel, la France incarne aussi pour beaucoup cette vocation. Je me dis aussi que cette proximité pourrait s’exprimer à l’occasion de grandes rencontres sportives et culturelles, internationales et francophones, des rencontres qui s’adresseraient à la jeu-nesse et auxquelles nos deux pays pourraient apporter leur savoir-faire : Jeux Olympiques, Jeux Olympiques de la Jeunesse ou Jeux de la Francophonie notamment ? Nous appar-tenons à une même famille, partageons un même héritage culturel, défendons le même attachement à la langue française, au mul-tilinguisme, à la diversité culturelle… Nous pouvons contribuer ensemble au succès de projets porteurs de sens pour les jeunes générations. Vous êtes journaliste, animateur de radio et de télévision, chanteur à l’occasion, vous avez approché le doublage et vos ambitions et vos envies vont peut-être encore s’exprimer d’autres manières. Malgré les appa-rences et la légèreté qui accompagnent souvent ces différentes activités, diriez-vous que la culture est présente sous de multiples formes et qu’on n’a pas fini d’en délimiter les contours ?En philosophie, le mot « culture » définit ce qui se distingue de la « nature », ce qui est de l’ordre de l’acquis et non de l’inné. Par

conséquent, la culture est un mouvement perpétuel. André Malraux affirmait que « la culture ne s’hérite pas, elle se conquiert ». La multiplicité des supports de communication nous offre une opportunité incroyable pour partir à la conquête de la culture si l’on veut bien se donner la peine de la transmettre et de la partager.J’ajouterais qu’en cette période de crise qui agite bon nombre de nos sociétés, et dont la France et la Grèce ne sont pas épargnées, je pense que nous avons ardemment besoin de renouer avec nos valeurs, celles qui donnent du sens à nos vies. Comme une boussole nécessaire pour que nous ne perdions pas en chemin. La culture, c’est notre mémoire et notre avenir, c’est l’humanité en marche, c’est le respect de notre dignité, c’est en somme notre identité la plus profonde.

Entretien Nikos ALIAGAS

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RéVéLER LES JEUNES TALENTS DU MONDE

SEDIFRALE 2014

Pourquoi parler français en Amérique latine, alors qu’on y parle déjà largement des lan-gues… latines notamment, l’espagnol et le portugais ? La question a peu remué les participants aux SEDIFRALE, enthousiaste

Congrès des professeurs de français dans cette partie du monde, tant la réponse paraissait évidente : évidem-ment il faut parler français, et donc d’abord l’apprendre, et par conséquent l’enseigner !

L’Université de Heredia au Costa-Rica a donc bruissé pendant la première semaine de février d’un français impeccable, mêlé parfois d’un portugnol rigolard. On y a parlé boutique, échangé des astuces pédagogiques, envisagé l’apport des nouvelles technologies, réfléchi sur les avantages à se frotter à l’univers francophone… En effet ce continent latin depuis cinq siècles, souvent suspicieux face à l’influence inévitable de son grand voisin étasunien, est bien conscient de l’ouverture que peut procurer un lien au reste du monde qui ne se fasse pas en anglais.

Mais le choix du Costa-Rica donnait un écho particulier à ces aspirations, puisque la francophilie y a une histoire originale. Depuis longtemps, le français y a été regardé

Mes activités de photographe docu-mentaire et de portraitiste m’amènent à parcourir les différents continents, au cœur de la vie des femmes et des hommes, et de témoigner de leurs valeurs. Capter la beauté et l’expres-sion des sentiments, valoriser et per-

mettre l’échange d’expériences et de connaissances, restent pour moi l’une des fonctions majeures de mes réalisations, qui m’ont amené à être sollicité par des marques et institutions internationales pour la création d’événements photographiques. C’est ainsi, qu'en 2013, l’Organisation Internationale de la Francophonie, m’a confié la réalisation de l’exposition Francophonie au Féminin, présentant les portraits de 10 jeunes femmes béninoises, actives, créatives et talentueuses, incarnant l’esprit d’entreprendre et le dynamisme d’une jeunesse francophone innovante.

De cette volonté de révéler l’excellence humaine, est né l’Atelier photographique Jeunes talents du monde, associant l’apprentissage de la photographie à la découverte du monde et des cultures. Les jeunes par-ticipants, encadrés par des professionnels confirmés, suivent une formation technique et artistique, mise en pratique sur des projets de communication visuelle, au service d’enjeux éducatifs et médiatiques. Ainsi, en partenariat avec l’Institut Français, au Kurdistan irakien, les jeunes ont présenté, à travers une exposition photo-graphique, le patrimoine culturel de la ville d’Erbil, sa vie sociale et ses activités économiques. Leur réalisation a contribué à la valorisation du territoire mais aussi à promouvoir les jeunes talents en Irak.

Au Bénin, durant trois mois, les participants se sont formés à la photographie, au traitement des images numériques et à la publication web, ont réalisé de nombreux reportages et archivé une banque de 49 000 images sur les richesses historiques et les traditions du Bénin. Une sélection de leurs photographies fût présentée au stade Charles De Gaulle de Porto-Novo lors des Championnats d’Afrique d’Athlétisme et à Paris, dans le cadre des ateliers nomades du Musée du Quai Branly.

Aujourd’hui, l’Atelier photographique Jeunes talents du monde, s’engage, avec ses participants en formation, sur des projets valorisant les jeunes talents dans le monde, impliqués dans l’entreprenariat, les arts vivants et visuels, œuvrant pour la promotion des cultures, du savoir et du partage. Il souhaite contribuer ainsi, au rayonnement d’une jeunesse qui contribue au progrès de la société et à la construction d’un avenir prometteur pour les nouvelles générations. Vincent OHLFondateur de L’Atelier photographique “Jeunes talents du monde”https://www.facebook.com/jeunestalentsdumondehttp://fr-fr.facebook.com/pages/Vincent-Ohl/104982706229355

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d’un bon œil, parlé certainement plus qu’ailleurs. Le pays se singularise par une vraie tradition démocratique (le Congrès s’est ouvert le lendemain d’un tour d’élec-tion présidentielle et on a pu remarquer la tranquillité et l’implication des citoyens dans cette échéance majeure), il est fier de ne pas entretenir d’armée, de ne pas abriter de narcotrafic international. Tout cela a permis depuis des dizaines d’années de développer une politique d’enseignement très active.

Sur le front des langues, le français est obligatoire pen-dant les trois années du Collège. Et après ? C’est là que le bât blesse peut-être : les élèves doivent continuer à apprendre une langue étrangère et ils ont le choix entre anglais et français. Est-ce vraiment un choix ? Il est évident que l’option anglaise sera massive, sauf pour ceux qui sont assurés d’une parfaite maîtrise, ce qui replace le français dans une position de langue de luxe. Malgré ça, l’image francophone continue de briller, aidée probablement par le désir du pays de frapper à la porte de la Francophonie - une porte vitrée - ; la transparence des langues romanes n’est pas un mince atout dans ce poker linguistique.

RFI- Yvan AMAR

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COMMENT PASSER DES CHIFFRES AUX LETTRES

LE MASA 2014

Après des études secondaires à Saigon, j’ai décidé en 1990, en accord avec ma famille, de quitter mon pays natal, le Viet Nam, pour la France afin d’y entreprendre des études supérieures. Mon choix s’est porté dans un pre-mier temps sur l’apprentissage de la

comptabilité et de la gestion, et j’ai obtenu en 1993 un B.T.S. C’est à cette époque que j’ai peu à peu pris conscience de ce que je n’avais jusque là senti que confusément, à savoir une attirance irrésistible pour les mots, les expressions, les phrases et un besoin à la fois intellectuel et presque charnel de me jeter à corps perdu dans cette langue française qui m’environnait et m’enchantait, mais dont je ne connaissais encore que quelques rudiments. Ce fut une découverte, une révélation, un bonheur ! Une passion était née, qui allait devenir vocation…Le B. T. S. en poche, adieu chiffres, comptes d’exploi-tation, bilans… La voie était désormais tracée : l’Université, la langue française, la linguistique. Il fallait se mettre à l’ouvrage, rectifier le tir, aller vers de nouveaux horizons, trouver les clefs d’un autre cheminement. Mais le destin veillait… Lors de mon stage effectué en 1992 au sein des services financiers de Radio France, j’avais fait la connaissance fortuite de Jean Hurinville, collaborateur de cet organisme, passionné par sa langue maternelle, et qui venait de prendre sa retraite. Je lui ai demandé s’il pouvait me guider dans mon projet, ce qu’il a accepté avec plaisir. Ce fut le point de départ d’une longue collaboration intense, d’une complicité et d’une amitié fructueuses qui, commencées il y a plus de vingt ans, durent toujours !J’ai donc intégré l’Université Sorbonne Nouvelle Paris 3 en 1995, obtenu une Licence de lettres modernes, mention F.L.E., une Maîtrise de linguistique française et un D.E.A. et soutenu une thèse de doctorat en sciences du langage en 2004. Je suis titulaire depuis 2012 du

Professeur Yacouba Konaté, comment est né le Marché des Arts du spectacle africains ? Le MASA est né en 1993, une initiative de l’ACCT, l’Agence de coopération culturelle et technique, avec un premier rendez-vous qui s’est tenu à Abidjan et que la ville a adoubé par la suite pour devenir le point de ren-contre des professionnels des arts de la scène. Il y avait déjà la Biennale de Dakar pour l’Art africain contem-porain, le FESPACO pour le cinéma à Ouagadougou et donc Abidjan était tout désigné pour accueillir cette nouvelle manifestation. Enfin, l’idée de marché a prévalu pour être une sorte d’interface entre les produits culturels en provenance d’Afrique, exposés en Afrique mais dont les acheteurs et les diffuseurs étaient des Européens.

Sous l’appellation Marché, il peut y avoir des activités très différentes ?Oui, c’est un marché mais aussi un festival. Très vite, la rencontre s’est instaurée entre les producteurs et les professionnels africains et le MASA leur a permis de construire des projets ensemble, de programmer leurs créations dans des rencontres qui se tenaient sur le sol européen, en Belgique ou en France par exemple car malheureusement, la Côte d’Ivoire a vécu une période critique jusqu’en 2011, date à partir de laquelle le MASA a pu reprendre son rythme normal.

Quelles sont les nouveautés pour l’édition 2013 ? La musique, la danse et le conte ont fait partie des dis-ciplines de base mais nous avons décidé de donner une place entière au conte et nous avons ajouté l’humour et la mode qui sont des disciplines d’avenir. Côté nouvelles

technologies, nous avons encore peu d‘installations vidéo ou de matériels numériques pour faciliter les mises en scène. C’est surtout la musique où la tendance est à la dématérialisation de l’objet culturel même si le phé-nomène de la World Musique des années 80 comme Youssou N’Dour ou Alpha Blondy s’est estompé. 60 troupes, plus de 1000 professionnels, vous avez des difficultés pour trouver des artistes ?On a lancé un appel à candidature en juillet 2013 et on l’a arrêté en novembre avec déjà 500 demandes de par-ticipation. Le MASA représente un attrait très fort pour les artistes africains comme le Tchad ou le Cameroun. Ils viennent par la route ou en autocar et ils se program-ment eux-mêmes dans le festival off. Le MASA apporte-t-il son soutien aux artistes, même après la fin de la manifestation ?Nous les accompagnons pour leur apprendre à discuter avec les acheteurs, les diffuseurs, un vrai « coaching » pour leur expliquer ce qu’il faut dire ou ne pas dire. L’autre souhait que nous avons, c’est de mettre une partie de l’argent du budget dans l’aide à la diffusion et d’accompagner quelques troupes à se produire et à se professionnaliser.

Entretien avec le Professeur Yacouba KONATE Directeur général du MASA (du 1er au 8 mars 2014 à Abidjan).

Cérémonie de lancement du MASA en présence du Directeur Yacouba Konate

diplôme H.D.R. (Habilitation à diriger des recherches), et exerce actuellement en qualité de Maître de Conférences à l’INALCO (Institut National des Langues et Civilisations Orientales) à Paris. Je continue par ailleurs de développer entre autres des travaux sur la langue française dans le cadre de colloques en France et à l’étranger, par la publication d’articles dans des revues spécialisées, et par la traduction en français d’œuvres littéraires d’auteurs vietnamiens . Cette

dernière activité m’a permis d’approfondir les richesses, les nuances, les multiples facettes de la langue : je mesure un peu plus chaque jour que le français est un trésor inestimable !Enfin j’ajoute qu’en 2001, à travers ce parcours jalonné de satisfactions partagées, Jean Hurinville et moi-même avons concrétisé un attachement mûri par des milliers d’heures consa-crées ensemble au français : je suis devenu Danh Thành Do-Hurinville, fils adoptif de mon « mentor ». Mon patro-nyme symbolise bien, pour moi, le sentiment d’affec-

tion que je garde pour mon pays natal et ma langue maternelle, et le lien solide qui me rattache à mon pays d’adoption et à sa langue.

Danh Thành DO-HURINVILLE Titre de la thèse : Temps, aspect et modalité en vietnamien. Étude contrastive avec le français (mention très honorable avec félicitations du jury).L’appel du Sao (recueil de traductions littéraires), Hoi Nha Van (éds), Vietnam, 192 pages, 2006.À L’origine (roman, Nguyen Binh Phuong), Riveneuve (éds), France, 178 pages, 2014.

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DESSINER …

ENTRE DEUX LANGUES, ENTRE DEUX MONDES

Shumona Sinha a toute sa place dans l’émission « Littératures sans frontières ». Romancière indienne, elle écrit ses livres directement en français, langue où elle créé des personnages, féminins ou masculins, qui portent ses souffles et ses désirs. Pour elle, chaque récit puise ses racines dans la

réalité pour devenir ensuite une histoire multiple, la sienne, celle de ses parents, celle de son pays, lesquelles se mélangent et forment un tout. Son troisième roman, Calcutta, se déroule dans sa ville natale qu’elle a quittée il y a une dizaine d’années. Depuis l’adolescence, elle portait en elle ce voyage vers la France,

Dessiner est un acte culturel. Au même titre qu’écrire une nouvelle, peindre un tableau, sculp-ter un masque, cuisiner un ndolè ou un mafé. Dessiner est un acte culturel réalisable de 7 à 77

ans (ou plus si on est épargné par l’arthrose).

A l’association L’Afrique Dessinée, nous mettons en image des histoires d’hommes et de femmes africains, histoires adaptées au média bande dessinée. Nous nous intéres-sons à l’homme de tous les jours, au Makaya, comme on dit au Gabon. Cela représente l’essentiel de notre travail. Et avec le temps nous constatons que le public africain, même désargenté, est friand d’histoires dessinées qui lui font revivre son quotidien. D’où l’intérêt pour les lecteurs d’un comics tel que Waka Waka au Cameroun, malgré les problèmes de diffusion (fanzine créé en avril 2012 par ZOU – France – et Stéphane AKOA – Cameroun).

Toucher un public plus large passe aujourd’hui par Internet, d’où l’expérience démarrée par Simon-Pierre MBUMBO avec le site Toom Comics * qui présente des histoires dessinées par des Africains ou des Européens à la condition qu’elles parlent d’Afrique. Nous ne pouvons donc pas occulter nos origines africaines ou notre passé d’Afrique, car, pour paraphraser Antoine de Saint Exupéry chacun est originaire de son enfance, comme d’un pays.Ce terreau africain voyage, si on considère que chaque immigré est porteur d’un morceau d’Afrique. Mais pour en faire quoi ? C’est ce que nous interrogeons, à travers des histoires d’immigration en bande dessinée : c’est le cas de Al’ MATA avec Le retour au pays d’Alphonse Madiba dit Daudet (prix meilleure bd africaine au FIBDA d’Alger 2011) et de Simon-Pierre MBUMBO avec Malamine, un Africain à Paris, roman graphique souvent commenté dans les revues spécialisées. En fin de compte, vous

Dessin Japhet MIAGOTAR, histoire publiée dans le fanzine Waka, Cameroun, 2013

Quatrième de couverture du Retour au pays d’Alphonse Madiba dit Daudet, dessin Al’ MATA (46 pages couleur, L’Harmattan BD 2011)

ce texte aujourd’hui est celui de la réconciliation : « J’ai fait tout mon possible pour m’installer dans la langue fran-çaise. Aujourd’hui, j’ai terminé un cycle et j’ai éprouvé le besoin de retourner à Calcutta à travers les mots ». Un peu comme la narratrice de son livre qui revient au pays à l’occasion d’un deuil pour honorer le souvenir d’un homme qu’elle a profondément aimé, son père. Voyage qui fait ressurgir le passé, son enfance, ainsi que toute l’histoire politique de l’Inde de ces quarante dernières années. Le tout empreint d’une grande solitude ressen-tie autant par le père, militant communiste, que par la mère universitaire dépressive, la fille qui a choisi l’exil ou encore la grand-mère tentée par la religion. A l’image de l’auteur qui se réfère à cette phrase de Paul Claudel : « Il y a toujours quelqu’un d’absent qui manque ».Shumona Sinha a choisi d’écrire en français, même pour évoquer ses origines familiales. Une décision prise à l’époque de son premier roman, commencé en bengali mais impossible à finir car elle pensait dans notre langue ce qui l’obligeait à traduire chaque phrase. Au final, elle l’a donc poursuivi et fini directement en français. Un choix sans doute aussi lié aux difficultés qu’elle éprouvait dans sa langue maternelle, quand il s’agissait d’exprimer une certaine pudeur, une intimité. Des sujets finalement plus faciles à aborder grâce à la distance que lui permet sa langue d’adoption. Il faut rappeler également que Calcutta est un des états de l’Inde divisés lors de l’indépendance en 1947 et peut-être cette scission géographique s’est-elle reflétée dans cette scission linguistique ? Shumona Sinha reconnait qu’elle a fait à son tour un acte d’indépendance en vivant en France et en écrivant en français. D’après elle, les Bengalis ont vécu très douloureusement cette partition et, même si elle n’a pas connu ce déchirement, cet héritage lui cause encore un certain chagrin, mais la consolation vient en écrivant. Et c’est ainsi que d’un pays à l’autre, du passé au présent, Shumona Sinha se définit par une troisième voie : la littérature en français.

RFI- Catherine FRUCHON-TOUSSAINT « Littératures sans frontières »

le constatez, notre travail est marqué par le quotidien empreint d’une Afrique vécue au présent ou au passé par nos personnages, africains le plus souvent.

Pour l’instant, nous n’abordons pas l’Histoire par la bande dessinée : moins par manque d’envie que par manque de temps (la recherche des sources historiques prend du temps), et du fait d’une autre préoccupation : celle de la recherche d’adaptation du style graphique franco-belge, dont nous sommes aussi les héritiers, à l’art plas-tique africain. Armella LEUNG (Madagascar) ou Japhet MIAGOTAR (Cameroun) essaient de faire évoluer ainsi le style franco-belge, afin de rendre plus sensibles ou plus pertinentes les histoires qu’ils livrent à leur lectorat.

Christophe NGALLE EDIMOAssociation L’Afrique DessinéeLes édition Afrobulles et Dagan, en collaboration avec la mairie de Tourcoing, organise les 15 et 16 mars, le Festival AFRO BD en pays de Ch'ti*Toom Comics http://www.toom-comics.com/category/articles/

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DIRECTION DE LA COMMUNICATION france médias monde-Françoise Hollman rédaction en cHef Vicky Sommet crédits-pHoto MAE/ Thomas Millet/ L. Vincent/ Succession Antoine de Saint-Exupéry/ Afrikadaa/ Carine Barbotte/ Proivoiriens.com/ Olympia Krasagaki/ Vincent Ohl/ Adissa Akindele/ RFI-Yvan Amar- Marine Bechtel/ Raïssa Likikouet/Kim Anh Tran Ngoc/ Patrice Normand/ Ville d’Issy-les-Moulineaux/ Dominique Burton. Eric Vernazobres/ Cosimo Mirco Magliocca/ Fotolia. contact [email protected] réaLisation Didier Gustin impression éOLE La Station graphique - 93165 Noisy-le-Grand cedex

« AU CœUR DU SILENCE, L’ESPOIR AU CœUR DE L’ESPOIR, L’AUTRE AU CœUR DE L’AUTRE, L’AMOUR »*

Ces vers sont ceux d’Andrée Chédid, poé-tesse mais aussi romancière, dramaturge, nouvelliste, auteur de livres pour enfants et parolière. Ils témoignent de son intérêt pour les êtres humains, la fraternité, la générosité et l’amour qu’ils savent expri-

mer. C’est peut-être la raison du choix qu’a fait la ville d’Issy-les-Moulineaux dans la périphérie parisienne, pour baptiser un espace dédié aux enfants et à leurs parents, l’Espace Andrée Chédid, primé aux Trophées du cadre de vie.Andrée Chédid, de par ses origines libanaises et en écrivant en français, a montré la voie d’un partage des cultures entre l’Orient et l’Occident. Elle a fait entendre sa petite voix dans le monde francophone, a délivré un message profondément humaniste et a souligné l’impor-tance de l’identité.Ainsi, l’Espace Andrée Chédid sera à la fois une halte-garderie mais aussi un lieu d’écoute pour adolescents, une unité parents-bébés comme une aide aux parents d’enfants victimes, une réflexion sur la parentalité dans l’entreprise et un centre pour l’adoption ou l’accueil des surdoués. Des actions qu’Andrée Chédid aurait très certainement soutenues, comme son mari Louis le fait

LE CINéMA DU SUDEn 2013, 8 films d’auteurs, originaires des pays du Sud et membres de la Francophonie, ont été distribués en France. Ensemble, ils ont atteint un total de 294 000 entrées contre 442 000 en 2012. Cette année-là, ce fut surtout grâce à la percée de films égyptiens comme « Les femmes du bus 678 », « Les Coptes et moi » ou « Après la bataille ». Au palmarès 2013, on trouve des films de qualité tels que « Aya de Yopougon » de Marguerite Abouet de Côte d’Ivoire, nominé pour le César du meilleur film d’animation, « Rock the Casbah » de Laïla Marrakchi du Maroc ou Tey (Aujourd’hui) d’Alain Gomis du Sénégal. A noter qu’un autre film, « Nesma » d’Homeida Behi de Tunisie, sorti fin décembre, est toujours programmé dans les salles. En 2014, d’autres films seront à l’affiche comme « Le sac de farine » de Khadija Leclere (Maroc) en mars ou « Mille soleils » de Mati Diop (Sénégal) en avril. Enfin, on attend avec impatience « L’image manquante » de Rithy Panh qui a été primé à Cannes en 2013 et nominé pour l’Oscar du meilleur film étranger.

RAPPORT SUR LA FRANCOPHONIEL’Assemblée nationale vient de rendre public le rapport d’information sur la « Francophonie, action culturelle, éducative et économique ». Ce document de 200 pages est le résultat d’un travail réalisé par la mission d’information sur la francophonie. Avec pour intention première de recentrer le projet francophone autour de la langue française. Et un constat, dans le monde actuel, “ le renouveau de la francophonie est possible ou … son effacement progressif ”. Les identités sont en mutation, de nouvelles langues s’affirment, comme le chinois, l’arabe, l’espagnol ou le portugais. Mais la langue française peut être une composante majeure du plurilinguisme mondial. Car aujourd’hui, on pense souvent qu’elle n’a rien de moderne mais qu’elle a une valeur littéraire, donc inutile au monde contemporain. Cette étude approfondie apporte plusieurs conclusions comme la mise à disposition d’outils à d’autres pays francophones, une stratégie linguistique commune avec le Québec et une vigilance de tous les instants pour l’utilisation du français dans les évènements sportifs internationaux où le français est toujours langue officielle.

LE MUSéE8 ans d’existence, 22 expositions, 4 millions de visiteurs, 17 livres d’art publiés et 450 professeurs formés aux expositions, voici quelques-uns des chiffres qui mettent en lumière le travail de la Fondation Zinsou créée au Bénin. Le Musée qui a ouvert ses portes en novembre 2013 à Ouidah, le premier musée d’art contemporain en Afrique sub-saharienne. Pour parler du continent, de ses artistes confirmés ou en devenir, pour les faire connaître en-dehors comme aux Africains eux-mêmes et aux locaux en particulier. Et surtout des actions en direction des enfants avec des ateliers pédagogiques et artistiques, des mini-bibliothèques réparties dans Cotonou et un festival de danse contemporaine « Dansons maintenant ». Exposer, montrer, enseigner mais aussi soutenir et accompagner, tels sont les objectifs que s’est fixée la fondation Zinsou pour exercer à la fois son rôle de mécène et de découvreur de talents.

La en bref

aujourd’hui, car elle avait une énorme confiance dans les ressources des hommes et dans le potentiel des enfants.Andrée Chédid est ainsi présente dans tous les recoins de cet espace qui vient d’ouvrir ses portes, la dénomina-tion des salles inspirée par ses écrits, sa vie à découvrir sur une borne numérique, une exposition de livres d’ar-tistes autour de son œuvre, une fresque où figurent les textes de grands auteurs contemporains, sa présence est palpable à chaque étage où le dialogue et le partage sont au cœur des activités de ce lieu à nul autre pareil.Déjà, dans les paroles de la chanson écrite pour son petit-fils M, Mathieu Chédid, il y a l’essence même de ce qui l’a portée tout au long de sa vie et a été à la source de son inspiration, la célébration de l’Autre.

« A force de m’écrire Je me découvre un peu Et je retrouve l’Autre »*

Vicky SOMMET *Rythmes- Ed. Gallimard *L’Autre- Le printemps des poètes

Louis Chedidet son petit-fils M

Aya de Yopougon

de Marguerite Abouet

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LES PETITES ANNONCES DE L’OS à MOELLE*

Epagneul au chômage demande emploi pour lécher les assiettes dans restaurant faisant cuisine au beurre. Bonnes références.

Ancien boucher à la Villette devenu boucher à l’émeri, cherche débouché où il mettrait des bouchées doubles.

ArBitrE dE BoxE sAchAnt comptEr jusqu’à dix chErchE Emploi AidE-comptABlE.

Ancien dompteur dresseur de fauves cherche emploi contractuel pour capture et dressage contraventions féroces.

Diplômé sciences-peaux cherche emploi dans peausserie pour préparation peaux de lapin, peaux de saucisson, peaux de chamois, pots d’échappement. Si manque de pot, s’abstenir.

APPRENEZ L’éQuITATION PAR CORRESPONDANCE. POuR LE GALOP, SE RéFéRER à LA BROCHuRE CONCERNANT LE TROT, MAIS EN LA LISANT TROIS FOIS PLuS VITE.

Comprimé d’aspirine dans la force de l’âge cherche bonne migraine avec qui se mesurer.

Petites mains, grandes mains, premières mains, mains basses, mains à la pâte, mains courantes sont demandées par maison de haute couture ayant besoin d’un coup de main pour travaux en sous-main. Se présenter demain ou après-demain.

cèdE BomBE à rEtArdEmEnt. très très urgEnt.

*« Les petites annonces de l’os à moelle », l’inté-grale de Pierre Dac aux éditions du Cherche-midi. Pierre Dac, le créateur de l’Os à moelle, du Parti d’en rire et du MOU, Mouvement ondulatoire unifié

N’ayaNt quE dEs tuilEs chErchE placE dE couvrEur.

passage à niveau las de se déplacer en hauteur permuterait avec pont tournant.

lYcéEn chErchE BlAnchissEusE hABilE pour l’AidEr à rEpAs-sEr sEs lEçons.

Puce gourmande aimant les sucreries cherche chien ou chat diabétique en location.

monsieur ayant déjà eu des hauts et des bas demande place garçon d’ascenseur.

auteur dramatique écHanGerait pièce en quatre actes contre trois pièces et une cuisine.