ULLETIN DE DOCUMENTATION - gouvernement

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GRAND-DUCHÉ DE LUXEMBOURG MINISTÈRE D'ÉTAT DE ULLETIN DOCUMENTATION 11 e Année OCTOBRE 1955 10 SOMMAIRE 1. Mémorial (mois d'octobre) 262 2. La Journée Commemorative Nationale 1955. . . . . . 262 3. Le Dixième Anniversaire de l'Organisation des Nations UnieB. . 263 4. Visite d'une Délégation de la Chambre des Députés en U. R. S. S. . 265 5. Rencontre à Luxembourg de M. Edgar Faure, Président du Conseil des Ministres Français, et de M. Conrad Adenauer, Chancelier de la République Fédérale d'Allemagne 267 6. Le Centenaire de la Maison de Santé d'Ettelbruck 268 7. L'Inauguration du nouveau Pont sur la Sûre à Rosport . . . 277 8. Mgr. Henri Schmit, Curé de la Cathédrale de Luxembourg, fête son Jubilé d'or sacerdotal 278 9. L'énergie au Grand-Duché de Luxembourg 279 10. Nouvelles Diverses 295 11. Nouvelles de la Cour 299 12. Le Mois en Luxembourg (mois d'octobre) 299 SERVICE INFORMATION 18, RUE ALDRINGER LUXEMBOURG ET PRESSE

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GRAND-DUCHÉ DE LUXEMBOURG

MINISTÈRE D'ÉTAT

DEULLETIN

DOCUMENTATION

11e Année OCTOBRE 1955 N° 10

SOMMAIRE

1. Mémorial (mois d'octobre) 262

2. La Journée Commemorative Nationale 1955. . . . . . 262

3. Le Dixième Anniversaire de l'Organisation des Nations UnieB. . 263

4. Visite d'une Délégation de la Chambre des Députés en U. R. S. S. . 265

5. Rencontre à Luxembourg de M. Edgar Faure, Président du Conseildes Ministres Français, et de M. Conrad Adenauer, Chancelier de laRépublique Fédérale d'Allemagne 267

6. Le Centenaire de la Maison de Santé d'Ettelbruck 268

7. L'Inauguration du nouveau Pont sur la Sûre à Rosport . . . 277

8. Mgr. Henri Schmit, Curé de la Cathédrale de Luxembourg, fêteson Jubilé d'or sacerdotal 278

9. L'énergie au Grand-Duché de Luxembourg 279

10. Nouvelles Diverses 295

11. Nouvelles de la Cour 299

12. Le Mois en Luxembourg (mois d'octobre) 299

SERVICE INFORMATION18, RUE ALDRINGER

LUXEMBOURG

ET PRESSE

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Mémorial (mois d'octobre)

Ministère des Finances.

Un arrêté grand-ducal du 29 septembre 1955règle le service téléphonique.

Un arrêté grand-ducal du même jour modifiel'arrêté grand-ducal du 27 juin 1950, fixant lesquotes-parts de taxes luxembourgeoises pour lesservices télégraphique et téléphonique interna-tionaux.

Ministère de l'Agriculture.

Le régime des céréales panifiables fait l'objetd'une série d'arrêtés ministériels du 13 sep-

tembre 1955 publiés autobre 1955.

Mémorial » du 22 oc-

Ministère de l'Education Nationale.

Un arrêté grand-ducal du 13 octobre 1955règle le plan d'études des Cours Supérieurs dephilosophie et lettres.

Un arrêté grand-ducal du même jour fixe leprogramme de la candidature en philosophie etlettres préparatoire à l'étude du droit.

Un troisième arrêté grand-ducal du mêmejour fixe le programme des examens en droit.

La Journée Commemorative Nationale 1955

A l'occasion de la Journée CommemorativeNationale 1955, fêtée cette année-ci le dimanche,16 octobre, le Gouvernement adresse à la popu-lation la Proclamation suivante:

« Chaque année, quand s'annonce la date du10 octobre, nous sentons s'éveiller dans noscœurs le souvenir d'un des grands événementsde notre Histoire nationale: l'astucieux referen-dum du 10 octobre 1941 et la réplique coura-geuse de notre peuple. Ce jour-là, à jamais mé-morable, toute notre population, depuis un anpiétinée et terrorisée, s'est dressée d'un élanunanime pour proclamer trois choses: sa fidélitéà la Souveraine et aux institutions démocra-tiques, sa volonté d'indépendance et de liberté,sa foi dans la victoire des Alliés.

Le souvenir de cette journée, préludant àcelle plus tragique encore de la Grève de 1942,nous est sacré. Nous le commémorons chaqueannée avec la simplicité et la dignité qui sontdans nos traditions.

Nous y puisons les motifs de notre fiertépatriotique et les enseignements que nous vou-drions déposer dans les esprits de la jeunesse.

Nous n'oublions pas pendant cette commémo-ration solennelle l'immense tribut de souffranceset de sacrifices que la Résistance a payé pendantquatre années d'occupation. Nous renouvelons àcette occasion notre hommage de gratitude etd'admiration envers ses héros et martyrs.

Il y a idix ans que la grande épreuve a prisfin. Il y a dix ans que les Alliés ont ouvert lesportes des camps de concentration et de dépor-tation et ont ramené nos prisonniers et déportéssous les plis de la Victoire dans leurs foyersdélaissés.

Dimanche prochain, notre peuple sera una-nime à commémorer le souvenir à la fois glo-

rieux et endeuillé de la Journée historique du10 octobre 1941 et à redire sa gratitude à ceuxqui ont combattu au pays et sur les champs debataille pour la Liberté et le Droit.

Luxembourg, le 15 octobre 1955.

Les Membres du Gouvernement:Joseph Bech,Pierre Frieden,Victor Bodson,Michel Rasquin,

Nicolas Biever,Pierre Werner,Emile Colling,Paul Wilwertz.»

Ce fut dans un recueillement général que lapopulation luxembourgeoise célébra, le 16 oc-tobre, le souvenir de ses héros et martyrs de lagrande tourmente 1940-1945.

Dans la Capitale, la journée commença parun solennel service religieux célébré en l'EgliseCathédrale par Mgr. Léon Lommel. A ce servicereligieux assistèrent LL. AA. RR. Madame laGrande-Duchesse et Monseigneur le Prince deLuxembourg ainsi que de nombreuses personna-lités, parmi lesquelles S. Exe. M. Pierre-AlfredSaffroy, Ambassadeur de France, S. Exe. SirGeoffrey Allchin, Ambassadeur de Grande-Bre-tagne, S. Exe. M. Hendrik A. Hooft, Ambassa-deur des Pays-Bas, M. Daniel Gaudin Jr., Chargéd'Affaires a. i. des Etats-Unis d'Amérique, M.Raoul Dooreman, Chargé d'Affaires a. i. de Bel-gique, M. Vincenzo Bolasco, Chargé d'Affaires a. i.d'Italie, M. le D' Stœcker, Chargé d'Affaires a. i.de la République fédérale d'Allemagne, M. EmileReuter, Président de la Chambre des Députés,ainsi qu'un certain nombre de Membres du Par-lement, M. Joseph Bech, Président du Gouver-nement, Ministre des Affaires Etrangères, M.Pierre Frieden, Ministre de l'Education Natio-nale, M. Victor Bodson, Ministre de la Justice,

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M. Pierre Werner, Ministre des Finances, M. leI> Emile Colling, Ministre de la Santé Publique,M. Félix Welter, Président du Conseil d'Etat,M. Jules Salentiny, Président de la Cour Supé-rieure de Justice, le Lieutenant-Colonel Guil-laume Albrecht, Chef d'Etat-Major de l'Armée,le Lieutenant-Colonel Joseph Gilson, Chef de laGendarmerie, M. le Député-Maire Emile Hami-lius et les Echevins et Conseillers municipauxainsi que les représentants des administrationspubliques et des corps constitués.

A la tête des Mouvements de la Résistance setrouvait M. Paul Eaber, Président honoraire dela Cour Supérieure de Justice, Président del'Ordre de la Résistance.

Des deux côtés du chœur étaient rangés lesdrapeaux et insignes des Mouvements de la Ré-sistance et des Anciens Combattants.

La Maîtrise de la Cathédrale, dirigée parl'Abbé Marcel Steinmetz, interpréta la « Missaf estiva » de Nieland.

Le service religieux se termina sur les accentsde l'hymne national. Un cortège se dirigea en-suite vers le Monument du Souvenir, à la Placede la Constitution, où M. Joseph Bech, Présidentdu Gouvernement, Ministre des Affaires Etran-

gères, ainsi que les Présidents de la L. P. P. D. etdes Anciens Combattants 1939-1945 déposèrentdes fleurs.

Le cortège, composé d'un détachement del'Armée avec musique militaire, du Conseil del'Ordre de la Résistance, des Anciens Combat-tants, Maquisards, Prisonniers et Déportés poli-tiques, des Résistants, des Fédérations scoutes etdes Guides ainsi que des élèves des établisse-ments d'enseignement de la Capitale se dirigeaensuite vers le Cimetière Notre-Dame, où lesautorités firent déposer des fleurs' devant leMausolée du Soldat Inconnu.

La cérémonie commemorative prit fin devantla Croix de Hinzert par l'exécution du chœur« Letzeburger Märtyrer », joué par la Musique dela Garde grand-ducale. Mgr. Léon LommelEvêque-Coadjuteur, procéda ensuite à la béné-diction de la tombe sacrée. Aux accents de laSonnerie aux Morts, M. le Ministre d'Etat JosephBech s'inclina devant la Croix et déposa unegerbe de fleurs, suivi des Présidents des dif-férents groupes et organismes représentés ainsique du Bourgmestre de la Capitale, M. EmileHamilius. L'hymne national clôtura cette céré-monie émouvante.

Le Dixième Anniversaire de l'Organisation des Nations Unies

A l'occasion du dixième anniversaire de l'en-trée en vigueur de la Charte de San Francisco,l'Association Luxembourgeoise pour les NationsUnies avait organisé dans l'auditorium de Radio-Luxembourg une grande séance commemorative,à laquelle participèrent de nombreuses person-nalités du monde politique, économique etculturel. M. Joseph Bech, Président du Gou-vernement, Ministre des Affaires Etrangères, yprononça un discours dont nous reproduisons ci-après le texte:

« Lorsque j'ai pris la parole à la sessioncommemorative des Nations Unies, réunie ré-cemment à San Francisco pour célébrer le 10«anniversaire de la Charte, j 'ai terminé monallocution par un acte de foi dans l'avenir del'Organisation.

J'ai évoqué à cette occasion — et cette con-sidération me paraît toujours essentielle — lechemin parcouru par l'idée de solidarité inter-nationale depuis ses premières réalisations. Ensomme, ce phénomène capital pour la politiquecontemporaine ne remonte pas, comme une réa-lité, plus loin que la première guerre mondiale.Avant cette époque, la sécurité était cherchéedans la politique de l'équilibre des forces, sys-tème instable et fragile, qui, en attendant mieux,doit hélas valoir encore aujourd'hui. Mais lavraie conception de la sécurité n'est pas telle.La sécurité est le moyen non pas de l'emporter

dans la guerre, mais d'échapper à la guerre. Ilfaut qu'elle garantisse toutes les nations pouratteindre son but; il faut en d'autres motsqu'elle soit collective.

Pour la première fois, cette idée de solida-rité fut incorporée dans la Société des Nations.Ce premier essai, dont j'ai pu être le témoin,fut toutefois un échec. Mais l'aspiration vers lasolidarité internationale a fait son chemin dansLes esprits, et le besoin de sécurité est devenuplus impérieux. C'est de ces aspirations quenaquit l'Organisation des Nations Unies. Sesfondateurs, répondant à un désir de paix et decoopération internationale, ressenti plus vive-ment que jamais, enrichis d'autre part par l'ex-périence de la Ligue de Genève, ont donné àl'Organisation une ampleur inconnue jusque-là,élargissant sa compétence et en s'efforçant dedonner plus d'efficacité à son action.

En essayant d'établir, au bout de cette pre-mière période de dix ans, le bilan des résultatsobtenus jusqu'ici par l'Organisation nouvelle, ilimporte de ne pas oublier que nous nous trou-vons encore au début du mouvement de coopéra-tion internationale; celui-ci ne pourra porter sesfruits avant qu'il ait pu pénétrer en profondeuret avant que les Gouvernements et les peuplesaient adapté leurs habitudes de penser et leursmanières d'agir aux exigences concrètes de lacoopération. D'autre part, en faisant, trop faci-

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lenient peut-être, la critique des Nations Unies,ne perdons pas de vue le fait que les difficultésde l'Organisation, loin de trouver leur cause dansles mécanismes de sa structure, ne sont rien quele reflet des difficultés éprouvées par la politiquemondiale. Les Nations Unies sont essentielle-ment un instrument et la forme de cet instru-ment est loin d'avoir la même importance queles intentions et les tendances de ceux qui enfont usage. Or, c'est à ces tendances que jevoudrais m'arrêter pour un moment.

On a coutume d'insister sur la scission entreles deux grands blocs de Puissances, qui s'ex-prime surtout dans l'abus du droit de veto auConseil de Sécurité, et qui a eu pour effet deparalyser l'action des Nations Unies danspresque toutes les grandes questions politiques,cantonnant son activité dans le domaine desproblèmes économiques, sociaux, culturels ettechniques. En réalité, toutefois, cette divisionpolitique passe actuellement à l'arrière-plan,alors que se précise une autre évolution, nonmoins dangereuse pour l'existence de l'Organi-sation.

Le développement auquel je fais allusion, aété mis récemment au premier plan de l'actua-lité mondiale par le geste d'un grand payseuropéen, la France, qui a quitté l'Assembléegénérale en signe de protestation contre uneintervention flagrante des Nations Unies dans sesaffaires intérieures. Or, il ne faut pas croireque cette manière d'agir de l'Assemblée soitchose nouvelle, ou que la violence des accusa-tions élevées à ce propos contre un pays, auquelnotre civilisation doit tant de reconnaissance, nesoit qu'un épisode passager.

Bien au contraire, cet incident a révélé, s'ille fallait encore, le renversement de la situationpolitique dans le monde qui se reflète dansl'évolution des majorités aux Nations Unies.Dans cette conjoncture nouvelle, les pays del'Europe se trouvent singulièrement isolés enface d'un ralliement qui s'est fait sous le signede l'anticolonialisme. Je ne veux pas me pro-noncer ici sur le système colonial, ni pour le dé-fendre, ni pour le condamner, étant donné quenotre pays y reste étranger. Toutefois, l'observa-teur objectif ne saurait manquer d'être frappépar le fait que ce mouvement, quelle que soit sajustification, vise en réalité plus loin que cequ'on appelle le "système colonial". CertainsEtats membres des Nations Unies se sont en-gagés dans la voie la plus dangereuse pour lasolidarité internationale, à savoir, la voie desnationalismes exagérés qui ont infligé déjà tantde pertes à l'humanité. Cette tendance nationa-liste, aggravée par des impérialismes nouveauxqui s'annoncent, pourrait bien avoir pour effetl'affaiblissement et finalement l'élimination durayonnement de l'Europe et de sa civilisationdans le monde. Voilà la réalité, qui ne sauraitnous laisser insensibles, en tant que pays euro-péen.

C'est cet état d'esprit qui explique les intru-sions réitérées de l'Assemblée générale dans lasphère des affaires internes de certains Etatsmembres, européens surtout, en dépit de laréserve formelle de l'article 2 de la Charte quidéclare qu'"aucune disposition de la présenteCharte n'autorise les Nations Unies à intervenirdans les affaires qui relèvent essentiellement dela compétence nationale d'un Etat . . ." . Dansplusieurs cas, il s'est trouvé une majorité qui apassé outre à cette disposition formelle de laCharte. J'estime que c'est là une politique dan-gereuse qui pourrait entraîner, un jour, l'écla-tement des Nations Unies. L'organisation ne peutfonctionner qu'à la condition que soit respec-tée, mutuellement, la sphère de compétence desEtats membres. Actuellement déjà, cet état dechoses engage les Gouvernements à rechercherdans les arrangements régionaux, tels que lePacte de l'Atlantique Nord, l'Union de l'Europeoccidentale et d'autres, les possibilités de coopé-ration pacifique et la sécurité que ne saurait leuroffrir une Organisation agitée par la passionpolitique et trop peu respectueuse des intérêtsessentiels de certains de ses membres.

Toutefois, il est trop de problèmes qui nesauraient être résolus autrement qu'à l'échelle dumonde. Quelles que soient les inquiétudes quenous ressentions, nous ne saurions nous passerde l'organisme mondial. Les Nations Unies seulespeuvent s'attaquer au problème essentiel etcapital de notre temps, le problème de l'orga-nisation juridique de la paix dans toute sa com-plexité et sa généralité, question qui intéresseau même titre les peuples du monde entier. C'està ce propos que je dois relever, en le regrettant,le manque d'universalité des Nations Unies. Uncertain nombre d'Etats, manifestement qualifiés,selon les exigences de la Charte, pour trouverleur place parmi les Nations Unies, se voientrefuser l'accès à l'Organisation. J'espère qu'uneissue sera trouvée à cette impasse, dans lerespect des conditions posées par la Charte àl'admission de nouveaux membres.

Les Nations Unies seules, une fois qu'ellesseront devenues pleinement représentatives detoutes les Nations pacifiques du monde, peuventoffrir un cadre suffisamment large pour la dis-cussion des problèmes internationaux et pour lanégociation. Les pays occidentaux y trouverontla possibilité d'une confrontation avec le mondeprofondément évolué, tel qu'il émerge de laseconde guerre mondiale. Les Etats d'Europe,parmi lesquels notre pays, devront savoir y ap-porter, dans une situation changée, la contribu-tion d'une expérience et d'une sagesse politiquequi est la grande tradition de ce continent.

Mes auditeurs de ce soir auront eu peut-êtrel'impression d'une appréciation par trop réservéede la situation dans laquelle nous trouvonsl'Organisation des Nations Unies à la fin de sapremière décade. En le faisant, j 'ai cru rendreservice à l'Institution mondiale à laquelle, mal-

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gré ses imperfections, nous restons entièrementattachés. Et je persiste à espérer que les NationsUnies, libérées graduellement de la méfiance quiles étreint, devenues vraiment représentativesdes peuples du monde et revenues au respectmutuel auquel les Etats membres se sont en-gagés dans la Charte, pourront enfin honorerpleinement les promesses données aux peuplesil y a dix ans. L'instrument est tout préparépour le faire — la réalisation dépendra exclusi-vement de la bonne volonté des Etats qui com-posent les Nations Unies. »

Radio-Luxembourg diffusa en outre pendantla période du 24 au 28 octobre plusieurs cau-series, dont voici les thèmes: «L'œuvre desNations Unies », par M. Pierre Frieden, Ministrede l'Education Nationale, «L'UNESCO, son or-

ganisation et ses activités », par M. Charles Lang,Professeur, Attaché au Ministère de l'EducationNationale, « L'activité des Nations Unies dansle domaine de la prévention de la délinquancejuvénile », par M. Léon Hengen, Administrateurdes Etablissements pénitentiaires, « En feuilletantle Courrier de l'UNESCO », par M. Ernest Ludo-vicy, Professeur, « Les Nations Unies au servicede l'utilisation pacifique de l'énergie atomique »,par M. Raymond Rollinger, Secrétaire général dela Fédération des Artisans. Toutes ces causeriesétaient faites en luxembourgeois; en outre, il yeut un Message du Secrétaire Général des Na-tions Unies et un sketch radiophonique intitulé«Vous y êtes sans le savoir » en langue fran-çaise.

Visite d'une Délégation de la Chambre des Députés en U.R.S.S.

Sur invitation émanant du Président duSoviet Suprême de l'U. R. S. S., une délégationde parlementaires luxembourgeois s'est renduedu 2 au 16 octobre 1956 en visite officielle enU.R. S. S.

Cette délégation comprenait M. le PrésidentEmile Reuter, MM. les Députés Tony Biever,Michel Ewen, Romain Fandel, Robert Schaffner,Alphonse Schiltges, Arthur Useldinger ainsi queM. Marcel Meris, Greffier de la Chambre desDéputés.

Ayant quitté le pays le 2 octobre pour Paris,la délégation de notre Chambre des Députés yprit l'avion pour Prague, première étape, le 3octobre. A cette escale, la délégation fut saluéepar une deputation du Parlement tchèque ainsique par le Représentant de l'Ambassade del'U.R. S.S. à Prague. Le Chef de la délégationparlementaire tchèque transmit à cette occasionaux hôtes luxembourgeois une invitation à vi-siter également la Tchécoslovaquie. Des allocu-tions furent prononcées par le Représentant del'Ambassade de l'U. R. S. S. ainsi que par M. lePrésident Emile Reuter.

Quittant Prague à bord d'un appareil sovié-tique pour Moscou, les Députés luxembourgeoisarrivèrent à l'aérodrome de la Capitale sovié-tique le même jour vers 22 heures. Une délé-gation de 30 membres du Soviet Suprêmeconduite par les Vice-Présidents des deux Par-lements, MM. Lebedev et Tychina, accueillit lesreprésentants de notre Chambre des Députés.Etaient également présents les Ministres de laProduction alimentaire, de la Production auto-mobile, les Vice-Ministres de la Navigation flu-viale, de l'Instruction supérieure, des Affairesétrangères, de la Culture, des Communicationsainsi qu'une délégation du Conseil municipal dela Ville de Moscou.

Notons que S. Exe. M. René Blum, Ministredu Grand-Duché en U.R. S. S., avait accom-pagné nos parlementaires de Luxembourg àMoscou.

Sur l'aire d'atterrissage, ornée de drapeauxsoviétiques et luxembourgeois, des discours ra-diodiffusés furent prononcés par MM. Tychinaet Reuter, au cours desquels les deux orateursinsistèrent sur les relations amicales existantentre les deux pays et sur la volonté mutuellede coopération pacifique. Nos députés furentensuite conduits à l'Hôtel Sovietskaia, où ilsprirent résidence durant leur séjour en U.R. S. S.Cette première journée fut clôturée par un dîneroffert par les autorités soviétiques.

Le 4 octobre, les députés luxembourgeoisfurent reçus au Soviet Suprême par les Vice-Présidents MM. Lebedev et Tychina qui, à cetteoccasion, soumirent à la délégation parlemen-taire luxembourgeoise le programme d'un voyaged'études prévoyant notamment la visite des villesde Leningrad, Stalingrad, Tiflis, Kiev et Char-kov. A la suite de cette réception, les hôtesluxembourgeois visitèrent le Kremlin.

Suivit une réception h l'Hôtel de Ville deMoscou, où les députés luxembourgeois écou-tèrent un exposé sur les grands travaux urbanis-tiques entrepris par la Capitale de l'U. R. S. S.Après avoir visité les installations du métropo-litain, notre délégation parlementaire se renditsur différents chantiers municipaux, notammentde bâtiments scolaires et universitaires, de mai-sons préfabriquées et du nouveau stade.

Le 5 octobre, les députés luxembourgeois Vi-sitèrent l'Exposition Agricole sous la conduitedu Vice-Directeur M. Bieliaev. Après cette visite,un dîner fut offert à l'Exposition, au cours du-quel eut lieu un échange de vues sur les pro-blèmes agricoles. La délégation parlementaire

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visita également l'église catholique Saint-Louisainsi que la Cathédrale patriarcale de Moscou.Le même jour, les hôtes luxembourgeois dépo-sèrent une couronne de fleurs au Mausolée de laPlace Rouge. Au cours de la soirée, les députésdonnèrent suite à une invitation au Ballet « DonQuichotte » au Grand Opéra de Moscou. Aprèsla représentation, ils s'entretenaient avec le Di-recteur du Grand Opéra ainsi qu'avec le compo-siteur Chatchatouryane. Les députés luxembour-geois se firent également présenter les acteurs duspectacle, auxquels M. le Président Emile Reu-ter adressa ses félicitations.

Continuant leur voyage d'études à travers lesprincipaux centres de l'U. R. S. S., la délégationparlementaire visita dans les journées suivantesnotamment une usine pour constructions élec-triques ainsi qu'une fabrique de confiserie. Al'Opéra de Leningrad, les hôtes luxembourgeoisassistèrent à la présentation du ballet «La Belleau Bois Donnant ». Au cours d'une réception parle Conseil municipal de Leningrad, le Bourg-mestre de la Ville ainsi que M. le PrésidentEmile Reuter prirent la parole.

Retournant par avion de Leningrad à Moscou,où ils furent attendus par le Chef du Protocoledu Soviet Suprême et par S. Exe. M. RenéBlum, Ministre du Luxembourg, nos députéscontinuèrent leur voyage vers Stalingrad. A l'aé-roport de cette ville, ils furent attendus par leConseil municipal. Des paroles de bienvenuefurent échangées entre le Maire de la Ville etM. le Président Emile Reuter. Après une entre-vue avec le Bourgmestre de la Ville de Stalin-grad, les députés luxembourgeois firent uneexcursion en bateau sur le canal Volga-Don. Ilsvisitèrent le Musée de la Ville, où est exposéela table d'échecs en fer forgé jadis offerte encadeau par le peuple luxembourgeois. Au nomde la délégation luxembourgeoise, M. le Prési-dent Emile Reuter déposa une gerbe de fleursdevant le Monument aux Morts de Stalingradet fit une allocution, au cours de laquelle l'ora-teur parla notamment du rôle désormais histo-rique joué par la Ville de Stalingrad durant lagrande tourmente.

Le 10 octobre, les hôtes luxembourgeois arri-vèrent à l'aérodrome de Kiev, où ils furent reçuspar le Vice-Président du Soviet Suprême de laRépublique federative ukrainienne. Des allocu-tions y furent prononcées par le Chef de ladeputation soviétique ainsi que par M. le Pré-sident Emile Reuter. Suivit une visite au Conseilmunicipal de Kiev. Le 11 octobre, nos parle-mentaires visitèrent plusieurs établissementsd'enseignement et dans la soirée eut lieu uneréception au Parlement ukrainien. Les hôtesluxembourgeois assistèrent également à une re-présentation théâtrale de l'Opéra national ukrai-

nien.Le 12 octobre, notre délégation parlementaire

partit de Kiev pour se rendre à Charkov. Elle futreçue par le Conseil municipal et elle visita

notamment plusieurs usines et ateliers de cons-truction.

Le 13 octobre, les députés luxembourgeoisretournèrent par avion à Moscou, où ils eurentdifférentes entrevues avec des personnalités dela vie politique, économique et culturelle. C'estainsi que nos parlementaires furent reçus ausiège de la Croix-Rouge, où ils s'entretenaientavec les principaux dirigeants de la Croix-Rougesoviétique sur la recherche et le rapatriement deressortissants luxembourgeois forcés dans l'arméenazie pendant la guerre 1940-1945. Dans lasoirée, S. Exe. M. René Blum, Ministre duLuxembourg, offrit une réception en l'honneurde notre délégation parlementaire. Plus de 300invités y assistèrent, notamment les Membres duCorps diplomatique accrédités à Moscou ainsique de nombreuses personnalités soviétiques.

Le 14 octobre, les hôtes luxembourgeois visi-tèrent l'Université de Moscou. Ils eurent ensuitedifférents entretiens avec les dirigeants des syn-dicats ouvriers, les responsables de la vie cul-turelle et les représentants du Ministère duCommerce extérieur. Nos députés firent éga-lement une visite de courtoisie au Ministère desAffaires Etrangères, au cours de laquelle ilspurent à nouveau exposer le problème du rapa-triement de nos ressortissants se trouvant parla force des circonstances en U. R. S. S. Le soir,il y eut une grande réception en l'honneur denos Députés au Soviet Suprême en présencede plusieurs Membres du Gouvernement sovié-tique. A cette occasion, M. le Président EmileReuter remit un cadeau de la part du Parlementluxembourgeois. Des allocutions furent pronon-cées par M. Safronov, Président des Commis-sions permanentes du Soviet Suprême ainsi quepar M. le Président Emile Reuter. Au cours dela soirée, le Président de notre Chambre desDéputés fit une conférence de presse devant lesreprésentants de la presse soviétique et les cor-respondants étrangers.

Le 15 octobre, notre délégation parlementairequitta Moscou par avion. Sur l'aire de décollage,M. le Président Emile Reuter prononça un dis-cours d'adieu devant les autorités soviétiquesqui avaient accompagné nos députés à l'aéro-port. Il exprima les sentiments de gratitude pourle chaleureux accueil réservé aux députés luxem-bourgeois durant leur séjour en U. R. S. S. S. Exe.M. René Blum, Ministre du Luxembourg à Mos-cou, assistait également au départ de la délé-gation luxembourgeoise.

Passant à nouveau par Prague et Paris, notredélégation parlementaire arriva à Luxembourgle 16 octobre.

Voici le texte du télégramme adressé par M.le Président Emile Reuter, au nom de laChambre des Députés, au Praesidium du SovietSuprême :

« Délégation parlementaire luxembourgeoiserentrée de voyage d'information et d'amitié en

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URSS vous adresse expression vive gratitudepour hospitalité généreuse et témoignages desympathie dont elle a été l'objet durant toutson séjour. Impressions recueillies ont confirmé

volonté de paix du peuple soviétique et resserréliens d'amitié entre nos deux pays. Formonsvœux fervents pour prospérité Union soviétiqueet paix du monde. »

Rencontre à Luxembourg de M. Edgard Faure,Président du Conseil des Ministres de la République Française,

et de M. Conrad Adenauer,Chancelier de la République Fédérale d'Allemagne

Le 5 octobre 1955, M. Edgar Faure, Présidentdu Conseil des Ministres de la RépubliqueFrançaise, et M. Conrad Adenauer, Chancelier dela République Fédérale allemande, se sont ren-contrés à Luxembourg au siège du Conseil deMinistres de la Communauté Européenne duCharbon et de l'Acier.

Au cours de leurs échanges de vues, les deuxhommes d'Etat étaient assistés par leurs Mi-nistres des Affaires Etrangères, MM. Pinay(France) et Hallstein (Allemagne), ainsi que pardes personnalités diplomatiques.

Après avoir été reçus à dîner par M. JosephBech, Président du Gouvernement luxembour-geois, Ministre des Affaires Etrangères, le Pré-sident du Conseil français et le Chancelier fédé-ral continuèrent leurs entretiens au cours del'après-midi. Ils rendirent également visite àM. René Mayer, Président de la Haute Autoritéde la C.E.C.A.

Tard dans la soirée, avant de quitter Luxem-bourg, les deux délégations française et alle-mande rendirent publique le communiqué ci-après:

«Le Président du Conseil et le Ministre desAffaires Etrangères de la République française,le Chancelier et le Secrétaire d'État aux Af-faires Etrangères de la République fédéraled'Allemagne se sont rencontrés le 5 octobre àLuxembourg.

Ils ont procédé, à la lumière des événementsrécents et en prévision des rencontres interna-tionales prochaines, à un tour d'horizon qui afait ressortir l'identité de leurs vues.

Ils ont étudié à la suite de la Conférence desMinistres des Affaires Etrangères de New-Yorkles résultats des travaux préparatoires en vue dela Conférence de Genève. Ils ont constaté à cetégard la pleine conformité de leurs vues.

Les deux Gouvernements ont réaffirmé leurvolonté de progresser dans la voie de la coopé-ration franco-allemande dans le cadre de l'Eu-rope. Ils ont manifesté à nouveau leur convic-tion que l'unité, la paix et la prospérité del'Europe ne pouvaient être assurées que par ledéveloppement des institutions européennes etpar une sincère entente entre la France et l'Alle-magne. Ils se sont déclarés décidés à mettre touten œuvre en vue de contribuer à la réalisationde cette politique.

Considérant que l'accord du 23 octobre sur laSarre fait partie d'une telle politique, ils sonttombés d'accord pour que les modalités duStatut qui, après l'adoption de celui-ci par lapopulation sarroise, seront élaborées en accordavec elle, garantissent le plein respect des inté-rêts matériels et moraux ainsi que du caractèreet des affinités de la population de la Sarre.

Ils ont également reconnu qu'après l'adoptiondu Statut les libertés politiques seraient pleine-ment maintenues telles qu'elles ont été fixéespar l'article VI du Statut et les décisions del'UEO.

Les deux Gouvernements se sont déclarésprêts, en outre, à engager dès le mois de févrierles négociations tripariites prévues à l'articleXII de l'accord du 23 octobre. »

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Le Centenaire de la Maison de Santé d'Ettelbruck

Pour commémorer le centenaire de la fon-dation de la Maison de Santé d'Ettelbruck, laDirection de cet établissement sanitaire avaitchoisi la date du 15 octobre 1955.

Court aperçu historique.

La Maison de Santé actuelle est sortie del'Hospice Central créé à Ettelbruck par arrêtéroyal grand-ducal du 10 avril 1855, mais leprojet de la création de cet hospice central re-monte à l'année 1846. Au budget pour l'exer-cice 1855 de l'Administration générale de l'In-térieur était prévue une somme de 40.000 francspour l'établissement et l'approbation d'un hos-pice central pour les indigents malades et pourles aliénés. Gomme les bâtiments de l'Etat situésà Ettelbruck, et qui furent occupés jusque-là parune compagnie du contingent fédéral luxem-bourgeois, n'étaient plus affectés au service mi-litaire, l'Administrateur général de la Justice futchargé d'y installer un hospice central pour toutle Grand-Duché.

Mais c'est l'année 1880 qui marque uneétape décisive dans l'histoire du traitement desmalades mentaux dans notre pays, année aucours de laquelle sortirent la loi du 7 juillet surle régime des aliénés ainsi que le règlementorganique du 1er décembre. La législation de1880 sur le régime des aliénés, encore actuelle-ment en vigueur, s'occupe en premier lieu dusort individuel des malades qu'elle entoure detoutes les garanties possibles en fixant les droitset devoirs des établissements publics ou privésdestinés à recevoir des malades mentaux, ,ainsique de l'internement à domicile, en exigeant laconstatation, avanjt l'internement, de la maladiementale et de la nécessité de la collocation parun médecin, en définissant les qualités et lesresponsabilités des personnes aptes à demanderl'internement, en prévoyant une surveillance etun contrôle permanents du traitement et del'état mental des internés, en assurant aux ma-lades un droit de réclamation illimité et leurmise en liberté en cas d'amélioration ou deguérison. En outre, la législation de 1880prévoit l'administration des biens des maladesinternés. Les dispositions de l'article 9 du rè-glement organique du 1er décembre 1880 sti-pulent que «les établissements ne pourrontrecevoir des pensionnaires non aliénés, l'arrêtéd'autorisation pourra toutefois dispenser de l'ob-servation de cette règle, à condition que lespensionnaires non aliénés soient tenus séparésdes autres. » Cette disposition devait permettrela création d'une section neurologique à la suited'un arrêté ministériel du 31 août 1931. L'hô-pital neurologique est destiné à recevoir, sur leurpropre demande ou sur la demande de leurs pa-

rents ou tuteurs, les personnes atteintes d'unemaladie nerveuse fonctionnelle ou organique. Acôté de la section psychiatrique fonctionne donc,depuis 1931, la section neurologique qui est unservice libre de neuropsychiatrie.

A la date du 31 décembre 1855, l'HospiceCentral nouvellement créé comptait 44 pension-naires, dont 20 enfants, 13 adultes infirmes et11 malades mentaux, alors que, fin 1954, lapopulation de la Maison de Santé était de 771malades, dont les formes de maladie étaient lessuivantes: oligophrénie, psychopathie constitu-tionnelle, psychonévrose, réaction psychosique,psychose maniaque dépressive, schizophrénie,psychose organique, epilepsie, intoxication endo-gène et exogène.

Au moment de sa fondation, l'établissementavait comme personnel un directeur, quatresœurs hospitalières de la Congrégation de Sainte-Elisabeth, un gardien et une femme de charge.Depuis, l'état du personnel a évolué comme suit:un médecin-directeur, deux médecins chefs deservice, un secrétariat, un service social, deslaboratoires, un service médico-pédagogique, 85personnes attachées au service infirmier deshommes et 71 personnes, dont 17 sœurs hospi-talières, affectées au service infirmier desfemmes, de même que 9 artisans des servicestechniques. f • ' • • '• >'•• •

Les cérémonies du centenaire.

La journée commença par un service religieuxcélébré le matin à l'intention des malades de laMaison de Santé. A 10 heures arriva Mgr. LéonLommel, Evêque-Coadjuteur, qui célébra ensuitedans la chapelle de l'établissement un solennelservice religieux. A cette messe assistèrent no-tamment M. le Dr Emile Colling, Ministre de laSanté Publique, la Direction et le personnel del'établissement.

L'après-midi, vers 14 heures 30, eut lieu dansla salle des fêtes de l'établissement une séanceacadémique. LL. AA. RR. Madame la Grande-Duchesse et Monseigneur le Prince de Luxem-bourg avaient daigné honorer cette séance deLeur haute présence et avaient pris place aupremier rang de l'assistance, parmi laquelle nousavons noté la présence de M. le Dr EmileColling, Ministre de la Santé Publique, de Msçr.Léon Lommel, Evêque-Coadjuteur, de MM. FélixWelter, Président du Conseil d'Etat, Paul-AndréThibeau, Conseiller d'Etat, Jules Salentiny, Pré-sident de la Cour Supérieure de Justice, MM.André Origer et Ernest Wurth, Commissaires dedistrict, Nicolas Hoss, Président de la Chambredes Comptes, Emile Brisbois, Directeur de l'Ad-ministration des Douanes, MM. les Membres de

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la Commission de Surveillance de la Maison deSanté ainsi que de nombreuses personnalités dela vie publique.

Après que l'Orchestre de Radio-Luxembourgeut interprété le « Concerto » de Dali Abacco,M. le Dr Ernest Stumper, Médecin-Directeur dela Maison de Santé, adressa à l'assistance le dis-cours suivant:

« Altesses Royales, : • ;Excellences,Mesdames, . '.,.Messieurs, , ' , ' • : •

C'est pour nous un prodigieux honneur et un vrairéconfort que ; Leurs Altesses Royales Madame laGrande-Duchesse et Monseigneur le Prince de Lu-xembourg aient daigné honorer de Leur présence lafête du Centenaire de la Maison de Santé. Que defois depuis un jour de printemps 1945 avons-nousentendu nos malades rappeler les heureux momentsoù il nous était permis de saluer Leurs AltessesRoyales revenues d'exil au milieu de la jubilationuniverselle et accueillies par les touchants élansd'affection de nos malades. Que Madame la Grande-Duchesse et Monseigneur le Prince daignent agréer,avec l'expression de notre inaltérable gratitude, leshommages infiniment respectueux de notre sincèrevénération.

Son Excellence Monseigneur l'Evêque-Goadjuteurnous a fait l'insigne, honneur d'être. des nôtres en cejour de fête. Nous l'en remercions de tout cœur etnous le prions de bien vouloir agréer l'assurance denotre profpnd respect auquel nous joignons l'expres-sion déférente de la joie que sa visite nous procure,à notre personnel aussi bien qu'à nos malades.

Est-il besoin de dire très respectueusement à SonExcellence Monsieur le Ministre de la Santé Publique,combien nous lui sommes reconnaissants de nousavoir permis de réaliser cette fête commemorative,de nous avoir soutenus de toutes façons, morale etmatérielle, et d'avoir ajouté, à toutes les preuves dechaude sollicitude qu'il nous a déjà données, celled'être avec nous aujourd'hui.

Je salue respectueusement la très Révérende MèreSupérieure générale de la Congrégation des Soeursde Sainte-Elisabeth. Nous la remercions de comblernos, vœux en assistant à cette commémoration quirappelle aussi la date, à laquelle il y a c e n t a l sles sœurs de Sainte-Elisabeth ont accepté de collarborer à la mise en marche de l'hospice central,devenu depuis Maison de. Santé, institut auquel ellesont apporté, depuis un siècle, le concours de leurtravail, de leur dévouement et de leur charitablebonté. ,

En fêtant le centenaire de la Maison de Santé,nous ne pouvons pas cacher le fait paradoxal qu'enréalité cet établissement n'a pas cet âge et que nousfêtons le centenaire imaginaire d'un établissementqui n'existe plus, c'est-à-dire de l'hospice, central,lequel, il est vrai, a donné naissance à la Maison deSanté. Ce qui nous autorise toutefois à. parler decentenaire,- c'est la circonstance que l'hospice cen-tral, tout en étant un, hospice général, hébergeaitdéjà des malades mentaux. Après l'incendie du re-

fuge des aliénés de Pfaffenthal en 1867, l'hospicecentral devint Tunique hôpital psychiatrique dupays, ce qu'il fut d'une 'façon exclusive1 à partirjde 1893, lorsque les orphelins, enfants délaissés etinfirmes avaient été transférés à l'hospice du Rham.Ce ne fut qu'en 1901 que l'hospice central reçutle titre de Maison de Santé. ,,,

C'est vers le soir du 17 décembre 1855 que l'hos-pice central nouvellement fondé, désigné officielle-ment comme section du dépôt de mendicité, ouvritses portes ' pour accueillir un convoi d'une tren-taine d'individus invalides détenus 'jusqu'alors audépôt de mendicité de la capitale. Par quel moyende transport ces invalides ; furent-ils conduits à Et-telbrlick? Nous ne le savons pas, mais puisque lavoie ferrée n'existait pas encore, il, faut croire qu'ilsétaient transportés sur des chariots peut-être munisde bâches, semblables à ceux que l'on voit sur lesanciennes gravures • qui représentent le convoi em-menant vers l'exil Manon Lescaut et ses compagnesd'infortune. On peut supposer qu'une bonne soupechaude attendait ces pauvres gens transis de froid,Car il y avait des ménagères dans la place. Déjà unmois plus tôt, quatre sœurs de la Congrégation deSainte-Elisabeth étaient arrivées, désignées pouraider aux travaux d'aménagement et de mise enmarche, le directeur Claude Muller qui, au début del'année, avait reçu la mission de transformer la ca-serne d'Ettelbruck en hospice central pour le norddu pays. Cet hospice, il fallait le créer en partantde zéro pour ainsi dire. Car il n'y avait ni traditionquant à l'esprit et aux méthodes, ni bâtiments ap-propriés. Tout ce qu'on voyait, c'étaient deux ordresde faits. Il y ajvait d'un côté les bâtiments d'unevieille caserne et il y avait de l'autre côté la per-spective d'une foule bigarrée de mendiants, de vaga-bonds, de filles et de femmes enceintes, d'enfantsabandonnés, de malades, de paralytiques, d'estropiés,d'invalides, de grabataires, d'aliénés, d'idiots et d'épi-leptiques.

Le directeur Mullçr qui s'était fait adjoindre unmédecin et un gardien provisoire,, se mit au travailavec les quatre religieuses qui, de leur côté, enga-geaient une femme de charge au salaire de 8 francspar mois. Ceci nous permet de constater que si onveut comparer les salaires d'il y a un siècle ayxnôtres, il faut faire usage du multiplicateur 100.Quant aux bâtiments dont il s'agissait de fairel'hospice central, c'étaient des magasins militaires,des écuries, des hangars, des réfectoires et des dor-toirs, le tout en assez mauvais état. La cuisine etLîs réfectoires, munis d'immenses, portes, ne sont aufond que des remises. Les salles manquent de dalleset de plancher, beaucoup sont dépourvues de pla-fonds et difficiles à chauffer. Les murs, les porteset les latrines sont mal entretenus, il faut aménagerdes préaux et des cours, faire creuser des puits,installer une étable qui, malheureusement, sera situéeentre deux dortoirs lesquels de ce fait seront cons-tamment envahis par des vapeurs ammoniacalesappelées miasmes méphitiques par le directeur.Celui-ci, devant cette montagne de travail, ne perditpas son sang-froid; il était.d'une ténacité peu com-mune, assez optimiste et p,eut-être amoureux du

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panache, car il demanda aussitôt à son Administra-teur Général un drapeau qui lui fut accordé à con-dition, répondit le ministre, « que la situation dubudget le permette ».

A cette époque, en effet, régnait au pays deLuxembourg un sage esprit d'économie. Un direc-teur comme Claude Muller devait faire flèche detout bois s'il voulait voir prospérer son institut,lequel, hélas! n'avait comme raison d'existence quela misère humaine, ce qui suffisait, il est vrai, pourle faire durer, mais pas pour l'outiller et le rendrehabitable. C'est ainsi que le directeur profite dudémantèlement de la forteresse de Luxembourg poury récolter maintes choses utiles à son institut. J'airaconté ailleurs comment Claude Muller, pour re-hausser le prestige de son unique gardien, lui avaitoctroyé le port d'un sabre. On peut croire que lerègne du sabre cessa avec la disparition, survenueen 1881, de l'uniforme. Seul resta le képi du gardien,témoin unique de l'époque — pourrait-on dire —carcérale de la psychiatrie. Après 1945, le képi tombaen désuétude, et ce fait revêt une signification sym-bolique, parce qu'il correspond à l'avènement de lamédecine d'inspiration plutôt psychologique.

En pensant à l'histoire du sabre, peut-êtresommes-nous tentés de sourire de cette mesure quasi-militaire prise par le directeur, mais la précaution nerevenait pas bien cher et elle constituait, pourrait-ondire, un stratagème de psychothérapie propre à in-fluencer certains éléments parmi la population del'hospice. Ses administrés en effet lui donnaient sou-vent du souci, car il se plaint, à différentes reprises,de la promiscuité à laquelle sont condamnés beau-coup de ses pensionnaires. Il parle de « l'honnêteouvrier qui y est confondu avec les mendiants quiont passé une grande partie de leur vie dans le viceet dans l'oisiveté ». Et il intitule son institut de« réceptacle de toutes les misères » où, dit-il, « toutesles infortunes se trouvent confondues ».

Cette population si multiforme entassée dans dessalles venteuses, sans plafond, hâtivement plan-chéiées ou dallées, baignant dans cette atmosphèresouvent mentionnée de miasmes méphitiques, cettepopulation qui fait penser à une « cour des mi-racles », constituait, il faut dire non pas un seul,,mais mille problèmes. Ce qu'il y a de curieux, c'estqu'à cette époque l'hospice central hébergeait toutessortes d'êtres humains, sauf ceux auxquels l'hôpitalpsychiatrique habituel était surtout destiné, c'est-à-dire les malades mentaux agités et dangereux. Jus-qu'en 1867, en effet, on n'admettait à Ettelbruckque les aliénés dits paisibles, c'est-à-dire ceux quià la rigueur pouvaient très bien exister dehors, àcondition d'être logés et nourris. Si, par hasard, unaliéné agité s'égarait à Ettelbruck, on le dirigeaitaussitôt vers sa commune d'origine, laquelle, dansla plupart des cas, s'en débarrassait promptementen l'orientant vers le refuge pour aliénés situé àcôté de l'hospice de Pfaffenthal.

Prévoyant l'afflux des aliénés à Ettelbruck, onconstruisit de 1864 à 1857 deux pavillons destinésà recevoir des malades mentaux; deux autres furentachevés en 1872 et 1875. C'est dans un de ces

pavillons que nous avons l'honneur de vous recevoiraujourd'hui, mais nous n'aurions pas cet honneur, sice pavillon n'avait pas été en partie détruit en 1947par un incendie qu'on pourrait qualifier de providen-tiel, puisqu'il en est résulté un bâtiment pratique-ment neuf, abritant cette salle des fêtes, ainsi que deslaboratoires et des salles d'examen clinique; cons-truction aménagée d'une façon pratique et haute-ment esthétique, conçue et réalisée par Monsieurl'Architecte de l'Etat, directeur des bâtiments publics.

Les quatre pavillons construits de 1864 à 1875forment donc le noyau de la Maison de Santé. Dece qui existait auparavant, c'est-à-dire des bâti-ments de l'ancienne caserne, il ne subsiste plusgrand-chose sauf les maisons vieillottes qu'on voitsituées le long de la route de Luxembourg et dontl'une a longtemps servi comme maison d'habitationaux sœurs de Sainte-Elisabeth attachées à l'hospice.

Les autres bâtiments vestiges de la caserne dis-parurent peu à peu; la majeure partie fut démolieavant la deuxième guerre mondiale. Des monumentsd'un genre particulier, deux pavillons d'isolementcellulaires, construits de 1870 à 1876, composés desimples cachots dépourvus de tout mobilier, rappe-laient les méthodes thérapeutiques d'autrefois, mé-thodes dénuées d'aménité que l'on a souvent dé-crites. En 1843, un témoin oculaire constate, envisitant à Vienne le célèbre tour des fous, que lesconditions faites aux fauves dans la plus lamentableménagerie étaient infiniment meilleures que cellesqu'il trouva à Vienne: malades enchaînés, souventnus, dans des cachots humides, sales et remplis devermine, les membres entourés de lourds anneaux defer, les bras immobilisés contre le tronc.

Il n'est pas possible, faute de documents, de fairedes suppositions sur ce que fut le refuge des aliénésau Pfaffenthal. Claude Muller écrit que les maladesmentaux transférés de ce refuge à l'hospice d'Et-telbruck, en 1867, devinrent plus calmes et étaienttrès contents de leur nouveau séjour; observation quin'est pas «sans laisser percer un peu d'orgueil. Ceserait assez rassurant, mais l'existence même desbâtiments d'isolement cellulaires prouve le retard,universel à l'époque, de la science psychiatrique,auquel correspondait, dans toutes les couches de lasociété, une terreur irraisonnée et le plus sombreégoïsme en face du malade mental. Les malades men-taux, il y a plus de cent ans, furent-ils mieuK trai-tés au Luxembourg que dans les autres pays? Rienne semble le prouver. Plus tard, il est vrai, on allaitjusqu'à railler la présence de ces pavillons d'iso-lement. Le successeur de Claude Muller, parlant danssa correspondance des bâtiments cellulaires, men-tionne à ce propos le fait qu'un journal allemandde l'époque aurait raconté qu'à Ettelbruck on éri-geait un pavillon d'isolement pour les femmes fu-rieuses : « In Ettelbruck baut man ein Isolierpavillonfür wütende Frauen. »

Le fait qu'on ridiculisait ainsi ces pavillons d'iso-lement ne les empêchait pas d'avoir la vie dure, carils ne tombèrent qu'en 1945, désaffectés, il est vrai,depuis 1919. Ils ont victorieusement survécu à deuxguerres grâce à leur robustesse qui les égalait à

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des blockhaus d'un camp retranché. On serait mêmeen droit de regretter leur démolition, car ils doninaient vraiment une bonne idée de ce que fut autre-fois le traitement des aliénés, et comme vers 1970 onaurait pu fêter le centenaire de leur existence, il eûtété facile alors de prononcer encore des discoursexaltant les progrès accomplis depuis cent ans.

Nous sommes amenés ainsi peu à peu au centredu problème, c'est-à-dire a la question de savoir,pourquoi, alors que la médecine progressait à pas degéants depuis Pasteur, Gharcot, Koch, Roux, Ehrlichet d'autres, pourquoi la psychiatrie restait dans unétat de stagnation- scandaleuse autant qu'incompré-hensible.

Les idées manquaient-elles? Claude Muller, quesa carrière de fonctionnaire des contributions nesemblait pas prédestiner au rôle d'organisateur d'unhôpital psychiatrique, avait pourtant, au cours deson activité inlassable, émis souvent des apophtegmesremplis de bon sens qu'il cherchait à mettre enpratique. Il prévoyait dès le début l'immensesignification du travail, car il dit: «Le travail del'hospice central n'est pas jusqu'ici d'une grandeimportance sous le rapport des bénéfices qui enrésultent pour les communes, mais il est un agentmoralisateur pour les adultes et un auxiliaire indis-pensable pour l'éducation des jeunes reclus quidoivent trouver au dit établissement une vie activeet laborieuse, afin de leur inculquer l'habitude del'ordre et l'amour du travail. » II réclame sans cessedes crédits pour servir à alimenter le travail,craignant, dit-il, que «l'hospice ne devienne un re-fuge pour les fainéants et un élément de ruine pourles communes ». Ajoutons ici que les communes rece-vaient une quote-part, soit 7/io; des bénéficesréalisés par le travail des reclus. Même si ce travailest peu productif, il est indispensable, selon ClaudeMuller, car cet homme intrépide abhorre « l'in-activité qu'il appelle la source du vice et de l'indis-cipline, l'inactivité que ne manquerait pas d'attirerà l'hospice», dit-il, «toutes ces mendiantes invété-rées que le vice et la paresse squls amènent dansles dépôts. »

Autre idée de Claude Muller. En 1855 déjà il pro-pose d'annexer à l'hospice une petite exploitationagricole. C'est un projet qui fut soumis à une étudetellement approfondie qu'il put être réalisé seulementun siècle plus tard.

Les idées de Claude Muller avaient certes pourobjet surtout la fraction antisociale de ses reclus;mais le malade mental n'eût pu que profiter de cessages préceptes visant la discipline par le travail*En dépit toutefois de ces principes clairement ex-primés, en dépit même des idées analogues profes-sées à ce sujet, avec beaucoup de vigueur, par lessuccesseurs de Muller, les médecins directeursAdolphe et Lucien Buffet, les progrès furent lentset incomplets.

La stagnation dans ce domaine n'est cependantpas circonscrite à notre pays, quoique chez nousl'absence d'autorités universitaires se soit fait sentirdans ce domaine. Tous les pays civilisés croupis-saient dans cette léthargie. On ne peut d'autre part

pas dire que nos gouvernants aient refusé, au coursdes années, d'obtempérer à quelques exigences es-sentielles et justifiées présentées par les directeursde l'établissement qui, depuis 1855, luttèrent sansrelâche pour obtenir des conditions de confort etd'hygiène élémentaires.

De 1902 à 1910 furent construits les ? pavillonsdu parc, la centrale technique, les bâtiments du ser-vice économique et de l'administration; en mêmetemps furent créés un chauffage central, des géné-ratrices de courant électrique et une conduite d'eau.Après la première guerre mondiale on introduisit desnouveautés thérapeutiques, la malariathérapic et letraitement par le travail, on construisit de nouveauxateliers et de nombreuses autres installations furentmodernisées. La guerre de 1939-1945 était dure pourle personnel, dont beaucoup furent prisonniers poli-tiques ou déportés, déplacés, dégradés ou destitués;Pendant l'offensive des Ardennes, la plupart desmalades durent rester à Ettelbruck, gardés et soignésdans les caves avec beaucoup d'abnégation par lessœurs hospitalières, des infirmiers et des infirmières,dirigés par le Docteur Mischo, le service techniquecontinuant à fonctionner grâce à l'équipe des mé-caniciens et chauffeurs. Episode terrible qui laissabien des destructions. Après la tourmente, deux nou-veaux pavillons, construits en 1938-1939 qui avaienthébergés des soldats américains et des prisonniersde guerre, furent achevés et mis en service de 1952à 1954. Us sont confortables, bien aménagés et dotésd'innovations pratiques. Depuis 1945, nous avons punous procurer un appareil à rayons X, un électroen-céphalographe, appareil à destinations multiples etun électrocardiographe qui nous sert à vérifier l'étatdu cœur, surtout chez les malades que nous désironssoumettre aux cures d'insuline et aux électrochocs.Nous disposons de belles salles d'examen clinique,d'un bon laboratoire d'analyse chimique et d'unesalle d'opérations pour les interventions de psycho-chirurgie. Rien n'a été épargné non plus pour amé-liorer le sort des malades au point de vue moral; ily a une bibliothèque pour les malades, un terrainde sport et de gymnastique, nous organisons de fré-quentes séances de cinéma et de théâtre et nouapoursuivons sans relâche les efforts médico-pédago-giques et de travail en groupes. Notre service socialenfin explore les milieux familiaux de nos malades,auxquels il prépare, en cas de besoin, des condi-tions favorables pour le moment de leur sortie. Tousces progrès d'ordre matériel et moral ne sont passans influencer favorablement l'atmosphère de notreinstitut, mais pas plus chez nous qu'ailleurs on n'estpleinement satisfait. Il pèse quand même comme unemalédiction sur les hôpitaux psychiatriques. Onn'aime pas parler des malades mentaux; seules quel-ques personnes spirituelles racontent des histoiresde foüs, histoires qui ne sont jamais arrivées. Lenationalsocialisme avait cru trancher le nœud gor-dien, mais ni la stérilisation, ni la mise à mort desmalades ne sont des procédés efficaces, abstractionfaite de l'atroce barbarie de la méthode homicide.

Un phénomène qui a retardé dans beaucoup depays les réformes dans notre domaine est ce quej'appellerai volontiers le refoulement administratif.

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On sait que lé refoulement, terme de psychanalyse,désigne île fait qu'on parvient facilement à oublierles choses désagréables. Quant au refoulement admi~nistratif, il. consiste dans l'habitude de classer pro-visoirement, comme on dit, les dossiers gênants.quidorment alors, non pas dans des linceuls de pourpre,comme les dieux morts, mais dans les tiroirs del'administration. Il faut être indulgent en jugeantce procédé, devenu rare, très rare de nos jours>surtout quand on considère le passé, car les chefsresponsables, que turlupinaient déjà assez les gensnormaux, se croyaient autorisés à oublier, à refoulerles sornettes et les billevesées des aliénistes. C'estce refoulement administratif qui explique pourquoile successeur de Claude Muller, homme énergique etintelligent s'il en fût, n'obtint que de maigres résul-tats malgré les nombreux rapports volumineux etpathétiques qu'il adressait à ses chefs. Adolphe Buffetétait un homme d'une grande vigueur intellectuelle,cultivé et très actif, prompt à la riposte et à laréaction immédiate. Comme son frère qui lui suc-céda, il avait des connaissances étendues, surtout enmédecine générale. Bien documentés en médecinementale par des voyages et par des relations épisto-laires, ils avaient de grands projets en tête. Unexpert étranger avait même établi, à leur demande,un plan complet et méticuleusement élaboré d'unnouvel hôpital psychiatrique qui devait s'élever ducôté de la vallée. Mille autres idées les hantaient,mais l'époque n'était pas mûre. Se sentant près desa mort, Adolphe Buffet recommande à son Direc-teur Général les trois idées les plus urgentes, selonlui, à réaliser: 1° une société de protection et depatronage des malades mentaux; 2° l'évolution pro-gressive de la Maison de Santé; 3° l'organisationd'un régime colonial et familial aux alentours d'Et-telbruck. Cette dernière lettre d'Adolphe Buffetporte l'empreinte d'une lassitude extrême. Ce sontvraiment «les restes d'une voix qui tombe et d'uneardeur qui s'éteint », s'il est permis de citer ici lesparoles d'un célèbre prédicateur français.

Le principal point du programme d'Adolphe Buf-fet, l'adaptation de l'asile aux exigences modernes,n'était pas chose aisée. Les Directeurs se heur-taient tantôt aux hommes, tantôt aux choses, enparticulier à la question budgétaire. On peut dire parexemple que, dès 1880, on songeait à de nouvellesconstructions, mais il fallait en attendre la réalisationpendant 25 ans. Autre problème, celui du personnelinfirmier. Déjà Claude Muller avait dit que lesbons gardiens ne restaient pas à l'hospice central.Le temps de travail était de 14 à 15 heures. Pen-dant la nuit, les gardiens devaient coucher au milieudes malades, souvent bruyants ou malpropres. Lesalaire, de 375 francs par an en 1855, de 800 francs.en 1868, montait avec une lenteur désespérante.En outre, d'après une coutume importée de l'étran-ger, il était prescrit aux gardiens de se marier leplus tard possible, ou mieux jamais, le mariageayant la réputation de diminuer ceux qui avaient desqualités, et de rendre nuls les médiocrités. Autredifficulté. Il était très délicat de congédier un hommedevenu employé de l'Etat, même si, à cause de sesdéfauts, il constituait un danger pour l'asile. D'où la

tendance de n'engager ' que des ̂ domestique» oui desgagistes et de restreindre le nombre des employés.;On disait aussi que le métier usait prématurémentl'homme, ce qui obligerait de renouveler fréquem-ment le personnel; pratique impossible avec desemployés de l'Etat. L'opposition contre tous ces.principes, peut-être surannés, grandissait d'année enannée, empoisonnant la vie de l'asile. A cela s'ajou-tait l'immixtion de la presse et du parlement que despersonnes mécontentes mobilisaient contre la direc-tion par des plaintes variées qu'il serait oiseuxd'évoquer ici. Tout cela et autre chose encore n'étaitpas fait pour faciliter ïa tâche des directeurs. Lemilieu asilaire comme tel favorise d'ailleurs l'éclosiondu nervosisme, ce qui augmente les frictions entreles personnes chargées de soigner les malades. Déjàl'illustre Kant qui, sans les connaître le moins dumonde, avait écrit, chose curieuse, un traité sur lesmaladies mentales, met en garde les persoiines faiblesdes nerfs contre la coutume de visiter par curiositéles maisons de fous, ce qui se faisait à cette époquemoyennant pourboire au gardien. L'auteur de laCritique de la raison pure affirmait que l'aspect desmalades pourrait causer aux visiteurs des troublesanalogues par l'action de l'imagination, et il ajouta,d'après Krœpelin: « Mehrstenteils vermeiden sie, die-ses auch von selbst, weil sie für ihren Kopf fürch-ten.» (Là plupart du temps ils évitent eux-mêmesde le faire, parce qu'ils ont peur de perdre la tête.)

. Nous, qui vivons au contact des malades, noussavons que ce contact n'est pas toujours facile.Et cela non seulement à cause des symptômes mor-bides proprement dits, mais aussi à la suite d'unetendance à tout critiquer, à ergoter sans arrêt, ten-dance assez répandue parmi les malades. Certains,comme d'ailleurs beaucoup de personnes âgées nor-males, présentent aussi le complexe de la « BelleEpoque» qui consiste à trouver que tout ce quin'est pas vieux est mauvais et que tout était bonautrefois. Une autre particularité qui rend le com-merce de nos malades si. difficile, c'est l'inattendu.Les prévisions de la vie ordinaire s'avèrent trom-peuses. La prudence même poussée à l'extrême serévèle inutile. A l'hôpital psychiatrique, une haineinexpliquée peut s'abattre sur une victime que rienne désignait d'avance. Les catastrophes arrivent àdes moments, en des endroits, chez des personnes;,dans des circonstances que rien ne permettait deprévoir. Comme ni la psychologie, ni le bon sens, nil'expérience de ceux qui; ont tout vu, ne peuventprévenir un événement fatal, nous sommes bienforcés de nous rabattre sur tout ce par quoi lascience physique, chimique ou psychologique semblepouvoir nous aider. Et ce qu'il y a de cruel, c'estqu'ainsi nous nous exposons à des surprises; carnous ne savons jamais, s'il vaut mieux se fier au bonsens ou à la science. Il est certain que nos prédé-cesseurs, privés de certaines ressources scientifiques,savaient agir d'une façon efficace en suivant leursdons naturels, soit le flair psychologique, soit uneinstinctive adaptation aux caractères si variés, par-fois si dissimulés, si insidieux du milieu asilaire.A ce point de vue il faut admirer des médecinscomme Lucien Buffet, homme doué d'un dynamisme

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fougueux et parfois1 orageux, qui sut gagner à undegré élevé la sympathie des malades, ' lesquels l'ap-pelaient «l'oncle Buffet »i L'atmosphère tendue quimalgré cette sympathie régnait parfois à la Maisonde Santé, fut heureusement tempérée par l'influencede ses collaborateurs* dont l'un devint son succes-seur, influence ' toute inspirée de philosophie sou-riantej d'aimable rondeur et de sagesse pratique.

Revenant aux considérations générales, nous croy-ons comprendre que le motif réel de l'aversion quemanifeste l'homme normal pour là maladie mentale,c'est une peur instinctive devant' cette maladie.Certaines peuplades primitives, à l'instar de peuplesantiques, vénèrent les aliénés, mais c'est encore sousl'empire ' de la peur, car. de cette façon ils croientmieux servir leur instinct de conservation, lequel,chez nous, se manifesté dans les mesures de protec-tion que prend la société contre l'aliéné. Notre so-ciété, en effet, érige une barrière entre elle et l'aliénéqui lui est devenu alienùs, c'est-à-dire étranger;niais l'aliéné, malheureusement, ne comprend pas le'pourquoi de cette barrière. Pour garantir cette pro-tection, certains pays procédaient de façon purementempirique. On appréhendait le malade, puis on lefaisait juger par un tribunal qui ordonnait alors del'enfermer ou de le relâcher; C'était la méthode enusage chez nous avant 1880; et c'est la méthodeutilisée encore de nos jours: dans l'Etat de Washing-ton. Il fallait bien, chez nous, suivre cette méthode,toute négligence en là matière étant passible de sanc-tions. L'article 556 du Code pénal dit en effet que:seront punis d'une amende dè: 5 à 15: francs ceuxqui auront laissé divaguer des fous ou des furieuxétant sous leur garde, ou des animaux malfaisants ouféroces. C'était mettre sur le même plan le malademental, le taureau et' le chien hargneux;

II est vrai que, depuis 1880, existe chez nous uneloi qui dçfinit les règles devant présider à l'aména-gement des établissements d'aliénés; au placementdes aliénés et à leur sortie, et à là : surveillance desétablissements d'aliénés. Cette loi protège; la société,mais aussi le malade contre lui-même. Chose en ap-parence paradoxale, si on se rappelle les animauxmalfaisants et féroces, elle est supposée aussi pro-téger le malade contre son médecin, c'est-à-direl'aliéniste. C'est une loi qui nous est venue de Franceou de Belgique, où elle a été l'objet de vives etinterminables controverses.^ On a voulu l'abolir,l'améliorer, la modifier, la simplifier, Jmais toujourson s'est heurté à la nécessité de protéger la société;or, la sécurité de la société rie s'achète qu'au prixde la liberté du malade.

Il se peut qu'on trouve un jour une solution pu-rement médicale pour les malades mentaux confusou diminués, car dans un hôpital général on peut àla rigueur maintenir un homme atteint de délireurémique ou typhoïdique, sans pour cela le priverde sa liberté, au point de vue légal; il suffira d'em-pêcher qu'il se fasse du mal.

Cependant, si le malade qui proteste contre soninternement, qu'il juge injustifié, est lucide et nondiminué au point de vue intellectuel, il n'y a rien àfaire; toute solution autre que celle de l'internementlégal est illusoire et dangereuse.

Cette dure nécessité légale a freiné puissammentl'évolution humanitaire; je dirai simplement'humaine,du régime des malades mentaux. Et encore, de nosjours, elle retarde tous les progrès qu'on est en droitd'attendre de la sociothérapie, c'est-à-dire des ef-forts qui ont pour but de r.esocialiser le malademental. . . . . .

S'agit-il de le faire travailler? N'oublions pas ques'il se blesse en manipulant un outil dé travail, noussommes responsables du dommage. Un'malade sesuicide-t-il? On nous demandera, si nous n'avonspas sacrifié la 'sécurité au confort? C'est' pour cetteraison aussi que le personnel qui doit ' surveillerétroitement tous ses malades, n'a souvent pas letemps de se concentrer sur le point essentiel de* sonrôle qui est celui de s'occuper individuellementdu malade, de le guider, de chercher à influencer sonpsychisme. . . . .'.. i , ...

Et pourtant ce n'était et ce n'est pas seulementla loi qui rend difficile l'humanisation1 du sort desmalades mentaux, c'est aussi l'influence des moyensm é d i c a u x . • •'• '••'•''. ' •''" '••• •

Que nous révèlent les documents de l'époque surl'état véritable du traitement médical des aliénésde 1880 à 1900? ' '

Y avait-il eu des progrès scientifiques en psy-chiatrie? On ne voit rien, rien de nouveau, ni àl'ouest, ni à l'est. Des synthèses de Krœpelin et deMagnan sortirent des. classifications que tout lemonde admirait; mais les hommes du métier auraientpu en échafauder des douzaines aussi brillantes etaussi convaincantes. Il ne faut jamais oublier que lamédecine proprement ,dite et la médecine mentalediffèrent d'une façon essentielle l'une de l'autre.:• II y a quelques maladies corporelles dont nousne connaissons pas l'origine; mais nous savons lesdifférencier presque toutes. Une seule maladie men-tale peut être définie quant à son origine, hormiscette exception; on peut tout invoquer en fait decauses déterminant les maladies mentales: microbes,virus, saison, climat, taches solaires, facteurs cos-miques, inanition, famine, pays, influence tellurique,famille, voisins, amour, déception, joie, deuil, reli-gion, solitude, surmenage, fatigue, perte d'argent,richesse et pauvreté. Autrefois, on voyait dans lamaladie mentale l'œuvre de déhion ou la conséquencede péchés; aujourd'hui, il est d'usage de l'attribuerà des lésions cérébrales. Tout évolue avec la scienceet la technique. Ce que nous appelóns par exemplele contenu du délire, c'est-à-dire le thème autourduquel se cristallisent les idées morbides, n'échappepas à cette règle. Fréquemment, d'après l'opiniondu malade, c'est l'électricité, voire l'électronique queses ennemis emploient contre lui; et souvent ontrouve, comme idée délirante, la conviction d'êtreinfluencé par le radar.

Le traitement des maladies mentales avant la findu siècle dernier était évidemment à la hauteur,peu considérable des connaissances quant à leurscauses. Rien d'étonnant par conséquent si les pre-miers médecins de l'hospice central n'avaient à leurdisposition que peu de médicaments vraiment utiles.A cette époque, nous étions encore bien éloignés de

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ce qu'un clinicien français de nos jours appelle«l'insolente richesse de notre médication». Le Doc-teur Schmit, premier en date des médecins del'hospice, s'employait très activement à améliorerla nourriture des malades, mais bientôt il alla s'ins-taller à Luxembourg. L'hospice central, rempli deloques humaines et d'asociaux, n'était pas fait pourretenir longtemps son successeur, le Docteur Hoff-mann, qui, en présence de tous ces malades débi-lités, pensa sans doute qu'en améliorant leur moralil rendrait service aussi a leur physique, car dansles archives on trouve, signées de sa main, des cen-taines d'ordonnances de vin blanc.

Il est d'ailleurs facile d'être indulgent pour nosprédécesseurs, car, abstraction faite des stupéfiants,les médications vraiment efficaces en psychiatriene font leur apparition qu'après 1930. Pendant 80ans, de 1850 à 1930, l'effort médical se bornait làoù il existait, bien entendu, à créer une espèce d'am-biance patriarcale au sein de l'asile. Le médecin seplaisait à apparaître sous l'aspect d'un patriarchesévère, mais bienveillant et juste. Sa bonne volontétoutefois fut mise à l'épreuve, car la tribu qu'ilcroyait diriger, se composait d'individus doués dedispositions diverses, mais plutôt centrifuges quecentripètes, de gens qui ne savaient pas appréciersuffisamment les bienfaits de la vie d'asile. Aussiles évasions de malades se succédaient-elles autre-fois à une cadence rapide, ce "qui nécessitait l'envoiaux autorités de rapports très-, minutieux et pit-toresques, dignes de figurer dans un roman policier.Ces tendances humanitaires ne purent d'ailleurs passe faire valoir partout, car le plus souvent ce furentles vieilles méthodes de coercition qu'on préféraità cause de leur simplicité et de leur efficacitéimmédiate. C'était là une grave erreur, mais c'étaitune erreur quasi universelle.

A la même époque, contraste paradoxal, on van-tait, surtout en Angleterre, le fameux open-door.Pour qui allait au fond des choses, il devint pour-tant évident que l'open-door existait surtout dansl'imagination de lecteurs trop crédules. Certes onpeut faire de l'open-door avec des malades qui nedésirent pas du tout quitter l'asile. Ces merles blancsexistent. Lorsqu'il y a quelques années un de nosmalades fut élargi selon le désir dé sa famille, unautre malade dit à un camarade : « Pourvu qu'onne nous mette pas bientôt à la porte. » II seraitfacile de réaliser l'open-door, s'il était possible deréunir une sélection de malades mentaux d'un typeprécis. Je dois pourtant relater qu'il y a quelquesmois qu'un psychiatre du continent qui était allévisiter les asiles britanniques pratiquant l'open-door,revint en disant qu'il avait trouvé les portes fermées,et bien fermées.

Peut-on imaginer des conditions meilleures, unsort plus humain aux malades mentaux?

Un changement surviendra quand on n'aura plusbesoin d'enfermer un malade contre sa volonté, maisce temps viendra-t-il jamais? Quand on aura trouvéle moyen d'influencer les cas difficiles et chroniques.Quand on pourra éviter le mélange défavorable decas différents. Quand on pourra mettre fin a l'en-

combrement si néfaste dans les asiles et au nombretrop élevé de malades réunis dans une seule section.Quand on pourra disposer d'un plus grand nombrede médecins et quand on aura des crédits suffisantspour moderniser les asiles à tous les points de vue.

Certains hôpitaux psychiatriques à l'étranger sontdotés dvi confort le plus moderne. Des salons de coif-fure, des restaurants, des salles de jeu, de repos, demusique, des ateliers où on enseigne la peinture, ledessin et les arts pratiques, bref quantités d'occu-pations attachantes sont associées au traitementmoral pour faire oublier sa maladie au malade etl'aiguiller vers le travail et la vie en commun.

En Hollande, d'autre part, on cherche à éviter leplus possible l'embûche légale de l'internement. Am-sterdam, ville de 850.000 habitants, n'a pas d'hôpitalpsychiatrique, mais dispose de 300 lits pour maladesmentaux, répartis dans les cliniques générales. Despsychiatres, fonctionnaires de la ville, siègent dansdes offices appelés bureaux de consultation. Quandla famille ou la police signalent un malade mental,un psychiatre de la ville se rend chez lui, étudie lasituation familiale, s'entretient avec le malade etprend des mesures nécessaires. La plupart du temps— et ceci est capital — l'internement est jugé in-utile. Le malade calmé par l'intérêt qu'on lui porteou bien reste chez lui où on continue à le surveilleret à le traiter, ou bien il est accompagné par lemédecin ;à l'hôpital où on lui applique le traite-ment nécessaire. De cette façon on évite l'interne-ment à un tiers des malades. Le psychiatre voit lemalade dans son milieu et parvient très souvent aajuster le milieu aux besoins du malade. L'inter-nement crée une dépersonalisation du malade, aug-mentant son égarement. Il ne s'agit pas, dit le pro-fesseur Querido, de mettre une étiquette psychiatriquesur le malade et de baser une action légale sur cetteétiquette; mais il s'agit plutôt de découvrir, s'ilexiste des possibilités d'adaptation entre le maladeet son entourage, d'adapter l'entourage autant quepossible aux besoins du malade et de l'aider à réussircette adaptation, grâce à la collaboration d'une per-sonne qui surveille le malade et qui est désignéepar le bureau de consultation. Telle est la quintes-sence de la loi hollandaise qui est en voie d'élabo-ration. Cette loi prévoit que les malades récalcitrantset dangereux seront internés à la suite du jugementd'un tribunal. Les juges, dit le Professeur Querido,n'auront pas è trancher le problème s'il y a, ou non,maladie mentale; « il leur appartiendra simplementde statuer sur la question de savoir s'il y a là unproblème social et si ce problème social est assezsérieux pour autoriser une entrave â la liberté dumalade. » Ce n'est donc plus le médecin aliénistequi doit endosser la responsabilité de la collocation.Il est possible que par des lois de ce genre dispa-raîtra le rôle geôlier du médecin d'asile, rôle qujest incompatible avec la mission de psychothéra-peute qui devrait être la sienne.

Peut-être finira-t-on par oublier jusqu'au nom«aliéniste», nom qui met précisément l'accent surl'étrangeté souvent persiflée du médecin des asiles,praticien que l'on considérait encore, il n'y a pas silongtemps, comme un vulgaire porte-clefs.

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Le psychiatre anglais bien connu, T. P. Rees,l'expert qui examina le fameux Rudolf Hess, tombédu ciel, résume ainsi une autre méthode, la psycho-thérapie de groupe qui est très en vogue à l'heureactuelle.

La maladie mentale, selon lui, est un trouble desrelations sociales qu'on doit tâcher de normaliser.On y arrive en faisant entrer le malade dès son ar-rivée dans un groupe d'autres malades, ce qui con-tribue souvent à lui faire recouvrer peu à peu laconscience normale de son moi; dès son entrée, il ale sentiment d'être accepté par les autres et d'ap-partenir à ce groupe. Le groupe comprend d'autresmalades, une infirmière en chef, des infirmières etplus tard la famille du malade. Au sein du groupe,le malade expose et discute ses problèmes, ses be-soins et les compare à ceux des autres membresdu groupe. Par cet échange continuel d'idées et d'im-pressions, la psychothérapie de groupe donne souventdes améliorations et des guêrisons rapides. Un autregroupe, appelé groupe administratif, est formé parle directeur, les médecins et les infirmières en chef;il est destiné à recevoir les vœux et les plaintesdu malade, qui sont discutés en sa présence. Il arrivepar exemple qu'on fait appeler le maître d'hôtelet le chef de cuisine qui doivent expliquer auxmalades pourquoi tel ou tel jour le pudding grasservi aux pensionnaires avait été immangeable. Cetteprocédure dissipe les tensions, donne de la satisfac-tion et fait accepter sa situation au malade. De plus,l'ambiance de santé ainsi créée influence favorable-ment l'opinion publique et fait, peu à peu, disparaîtrela flétrissure qui déshonore l'hôpital psychiatrique.Et pas seulement l'hôpital, car un autre psychiatreanglais a dit que «le médecin même d'un asileétait autrefois à peine moins stigmatisé aux yeux dupublic et des autres médecins que ses infortunésmalades ».

L'horizon apparaît moins sombre à la lumière deces nouvelles conceptions.

Je pense d'ailleurs que la solution du problèmemental est plutôt d'ordre humain, pédagogique etsocial que d'ordre strictement médical. Je croisaussi que, si l'esprit des hommes responsables eûtdaigné s'inspirer de l'exemple de Gheel, cité belgequi depuis des siècles a réalisé une symbiose entreses habitants et les malades mentaux qui leur sontconfiés, nous serions bien plus près de l'idéal qu'onpeut raisonnablement poursuivre, sans risquer d'êtrequalifiés d'utopistes.

Il reste enfin la question de la prévention des,maladies mentales, sur laquelle Monsieur le Ministrede la Santé Publique a écrit des paroles qui sontautant de directives dans sa préface de notre pla-quette du Centenaire. C'est là un thème extrêmementvaste que je n'ose guère entamer, ayant déjà tropabusé de votre patience; mais dans cette lutte pro-phylactique, à laquelle Monsieur le Ministre invitele pays, ne faudra-t-il pas surtout chercher à vaincrela vieille répulsion déraisonnable devant la maladiementale ?

Quand nous aurons enfin triomphé de cette peursuperstitieuse, notre pauvre frère, le malade mental,verra des jours meilleurs. »

L'Orchestre joua ensuite « Andante Cantabile »de Tchaïkowsky et ce fut au tour de M. le D r

Emile Colling, Ministre de la Santé Publique, deprononcer le discours dont nous publions ci-après le texte intégral:

« Le monde d'aujourd'hui est caractérisé parl'avidité fiévreuse, avec laquelle la grande masserecherche le plaisir et l'argent. Un égoïsme parfoiscruel est pour beaucoup de nos contemporainsl'unique mobile de leurs actions et leur fait perdretout sentiment d'amour et de fraternité. — II estdans ces conditions doublement réconfortant de com-mémorer, à l'occasion du centenaire que nous fêtonsaujourd'hui, les cent ans d'abnégation, de dévoue-ment, d'amour du prochain que représente l'histoirede la Maison de Santé d'Ettelbruck. — Le sentimentd'admiration que nous éprouvons devant une cen-taine d'années au service de nos frères les plus mal-heureux nous a réunis aujourd'hui pour exprimeraux médecins, aux infirmiers et infirmières, auxRév. Sœurs de Sainte-Elisabeth, à tous, décédés ouvivants, la gratitude de la population luxembour-geoise tout entière.

Son Altesse Royale Madame la Grande-Duchesseet Son Auguste Epoux, Monseigneur le Prince deLuxembourg, ont tenu à rehausser l'éclat des céré-monies d'aujourd'hui par Leur haute présence.

Altesse Royale,Monseigneur,

La spontanéité, avec laquelle Vous avez daignéaccepter l'invitation que nous avons osé Vous adres-ser, nous a remplis de joie et de fierté. Nous Voussaluons avec respect et nous sommes heureux devoir la Souveraine du pays S'associer aux sentimentsd'admiration et de gratitude que nous venons d'ex-iprimer à l'égard de ceux auxquels sont confiés nosmalades les plus chers.

Votre présence, Altesse Royale, n'est pas seule-ment un signe de reconnaissance et d'encouragementpour le personnel de la maison, qui fait son devoirdans des conditions particulièrement dures, maisc'est Une consolation pour nos malades et pour leursfamilles de savoir que la Grande-Duchesse et lafamille grand-ducale S'intéressent à leur sort etont tenu à passer cette journée mémorable parmieux. Altesse Royale, de ce noble geste, qui émaned'un cœur de mère, je Vous remercie profondément.Mes sincères félicitations vont à la Congrégationdes Sœurs de Sainte-Elisabeth, qui fête le centenairede sa présence dans la Maison de Santé. Je ne vou-drais pas blesser l'esprit d'humilité qui anime lesRévérendes Sœurs, mais qu'il me soit permis de sou-ligner leur charité chrétienne, leur esprit d'abnéga-tion, qui ne connaît ni revendications sociales, nijournées de huit heures, et qui puise sa force dansl'amour de Dieu.

Les devoirs de l'Etat vis-à-vis des malades men-taux, dont le traitement réclame des dispositionsparticulières — la plus dure en est l'internement —,sont multiples. Il s'agit d'abord de créer le cadrenécessaire pour rendre aux malades le séjour aussiagréable que possible. Dans cet ordre d'idées, nousdevons penser à la construction de nouveaux pavil-

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Ions pour héberger convenablement tous ceux, dontl'état réclame l'admission; les statistiques nous ap-prennent que leur nombre va en augmentant. —L'établissement doit disposer des appareils les plusmodernes de diagnostic et de traitement; le person-nel doit être à la hauteur de sa tâche et les méde-cins, dont le nombre est malheureusement encoreinsuffisant, ne peuvent être que des spécialistes enpsychiatrie et en neurologie. Sans vouloir prétendreque le maximum de perfection soit atteint, on nepeut pas nier que de grands progrès ont été réa-lisés au courant des dernières années et que laMaison de Santé est aujourd'hui une vraie cliniquepsychiatrique, qui n'a plus rien de commun avec ledépôt de mendicité de 1855.

A côté de l'évolution des méthodes de traitementet du perfectionnement des installations nous avonsassisté au cours des années passées à une améliora-tion notable de la situation sociale du personnel.Cette évolution doit continuer, et les problèmes quis'y rattachent retiennent toute mon attention.

Ce qui intéresse l'Etat avant tout, c'est la ques-tion de la prévention des maladies mentales et destroubles psychiques dont le nombre augmente danstous les pays civilisés. Certes, il faut faire la dis-tinction fondamentale entre les vraies maladies men-tales à caractère héréditaire, qui représentent à peuprès 2/3 s 3/4 des internés, et les névroses qui d'or-dinaire ne nécessitent pas un internement et untraitement dans un asile ou une maison de santé.

Le fait que le nombre des malades admis à laMaison de Santé a presque doublé en cinquanteans, ne peut pas être attribué uniquement à uneaugmentation parallèle des maladies mentales héré-ditaires. Il ne faut pas perdre de vue que la ten-dance de se faire soigner à l'hôpital est plus mar-quée de nos jours, nos malades ont plus de confiancedans les médecins et ils préfèrent se faire soignerdans une clinique ou dans une maison qui disposede moyens thérapeutiques modernes. Il faut men-tionner en outre que beaucoup de malades qui, autre-fois, au sein d'une population à prédominancerurale, pouvaient être traités et gardés à domicile,où leur présence était peu gênante, doivent actuel-lement être internés à un stade plus précoce de lamaladie. L'accroissement du nombre des internés estaussi en rapport avec les troubles mentaux dus àl'artériosclérose cérébrale, maladie qui devient denos jours plus fréquente à cause de l'augmentationde la durée moyenne de vie. Un hôpital pour vieil-lards, une clinique gérontologique, où des artério-scléreux, présentant de légers troubles psychiques,pourraient être admis, comblerait une lacune del'organisation hospitalière de notre pays. Un établis-sement de ce genre rendrait de grands services etépargnerait bien des soucis aux familles qui ontl'obligation de placer de tels malades.

La prévention des maladies mentales héréditairesa été toujours la préoccupation des hommes respon-sables dans les différents pays. On a proposé etessayé les moyens eugéniques les plus divers enpartant du certificat prénuptial, en passant par lastérilisation obligatoire pour finir avec l'extirpation

de toute vie « sans valeur ». Pour des raisons d'ordrejuridique, moral et humain, nous devons rejetertoute méthode brutale qui ne respecte pas la libertéet la dignité de la personne humaine. Il semblepourtant que l'on devrait examiner sérieusement laquestion de l'examen prénuptial, tel qu'il est pratiquéen France, où le secret médical et la liberté indivi-duelle sont respectés et où chaque partenaire estplacé devant sa responsabilité. Bien qu'il ne s'agissepas d'une méthode absolument efficace, on pourraitquand même, en l'appliquant sérieusement, éviterbien des malheurs.

Notre population profite des bienfaits de l'activitéde la ligue contre la tuberculose, de la ligue contrele cancer. Ne serait-il pas indiqué de créer une ligued'hygiène mentale qui pourrait se charger d'organiserdes consultations d'hygiène mentale et de procurerune aide sociale aux malades mentaux, qu'ils soientinternés ou non? Ces malades ont particulièrementbesoin de notre compréhension et de notre assistance.Une section de cette ligue pourrait s'occuper des 900à 1000 épileptiques de notre pays, dont le problèmen'est nullement résolu.

A côté des malades mentaux héréditaires nousavons le nombre élevé des névrosés, des agités, deceux qui ne sont pas à même de maîtriser les dif-ficultés de tous les jours et pour lesquels la fuitedans la maladie est le dernier refuge. Ce sont lesvictimes de la vie moderne déséquilibrée, avec sonagitation incessante et croissante, avec ses émotions,la peur, les soucis et les chagrins de tous les jours.A cela s'ajoutent la méconnaissance des rythmes etdes lois naturels et les dérèglements sur le plan phy-sique et psychique.

Lors d'un congrès médical à Vienne, un célèbremédecin-psychiatre a souligné que la vie moderneprésente deux traits caractéristiques: d'un côté lapeur de vivre et d'un autre le désir farouche dejouir.

La peur de vivre, entretenue par la situation poli-tique incertaine, par le manque de principes mo-raux, philosophiques et religieux, par les « phobies »créés tous les jours par la presse et la radio.

Le désir farouche de jouir de la vie se traduisantpar la recherche effrénée du plaisir et conduisant àdes dérèglements de toute sorte, à une vie trépi-dante, sans repos et sans détente et à une eupho-manie dangereuse.

Le problème des toxicomanies et de l'abus desmédicaments est un problème crucial. Sans vouloirentrer dans les détails, je tiens à souligner que lesdépenses de l'union des caisses de maladie pour lesfrais pharmaceutiques de ses membres est actuelle-ment de 764 francs contre 442 en 1947 par assuréet par an, et cela malgré une diminution de 20 % duprix des médicaments. Ce ne sont nullement lesantibiotiques modernes qui ont causé cette augmen-tation, mais c'est la consommation exagérée de for-tifiants, d'analgésiques de toute sorte, de soporifiques,etc. Je fais un appel pressant à mes confrères pourles inviter à nous aider à combattre des abus quipeuvent avoir des conséquences graves pour la santé

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de l'individu et de la société et qui finiront parmenacer la stabilité de nos institutions sociales.

Mais il n'y aura pas de prévention efficace sansun retour aux principes d'une vie saine et sobre,sans un retour à une hygiène individuelle raison-nable, dont les critères ont été déjà établis il y a,plus de 2000 ans par le père de la médecine, levénérable médecin de Cos.

C'est dire toute l'importance de l'éducation sani-taire de notre population. Nos efforts doivent tendreà l'intensifier, à la réaliser à tous les échelons dela vie sociale, à l'intégrer dans tous nos programmesd'éducation générale et professionnelle, tout en neperdant pas de vue les grands problèmes d'hygiènepublique et sociale, problèmes qu'il est facile d'énu-mérer, mais difficile de résoudre, la lutte contrel'alcoolomanie, les toxicomanies en général, la luttecontre les taudis, la lutte contre le bruit, etc.

Je sais gré aux organisations qui depuis long-temps se sont attaquées à différents aspects de cesquestions: à la Société d'Hygiène Sociale et Sco-laire, à la Croix-Rouge, la Caritas, l'Action Familialeet Populaire et à d'autres encore. Je sais gré aussiaux associations culturelles et sportives, à cet admi-rable mouvement déclenché par la Ligue du Coinde Terre et du Foyer, dont un des buts consiste àprocurer à leurs membres des loisirs sains et qui parlà contribuent grandement à maintenir et à amé-liorer la santé mentale de notre peuple.

Altesses Royales,Mesdames,Messieurs,

II est d'usage de souhaiter à un centenaire santéet prospérité. J'espère que, pour la Maison de Santéd'Ettelbruck, cette prospérité ne continuera pas à semanifester par un nombre toujours accru d'admis-sions, mais plutôt par une constante améliorationdes soins, des méthodes de diagnostic et des succèsthérapeutiques.

Il est consolant et encourageant de savoir quedans cette maison, qui abrite les plus1 malheureux etles plus déshérités de nos frères, le progrès scienti-fique s'unit à une conception vraiment humainede la médecine et que l'expérience de ceux, qui àtous les échelons se vouent au salut des malades n'ad'égal que leur conscience et leur charité agissante.

Science, expérience, conscience, charité et respectde la personne humaine! Voilà en dernière analyseles fondements de tout acte médical efficace. Jesouhaite ardemment que l'œuvre entreprise il y acent ans par nos prédécesseurs soit continuée dans lerespect de ces principes essentiels, qui ont fait lagrandeur de la médecine et sont le. fruit le plus purde notre civilisation chrétienne et occidentale. »

La séance académique se termina par l'inter-prétation de « Air Allegro-Vivace » de Grieg parl'Orchestre de Radio-Luxembourg et par uneréception offerte aux personnalités par la Direc-tion de la Maison de Santé.

L'Inauguration du nouveau Pont sur la Sûre à RosportL'on sait que lors de la retraite des troupes

nazies en 1944, le pont sur la Sûre à Rosportavait été détruit comme tant d'autres ouvragesd'art. L'ancien pont, construit en 1893, avaitdonc servi pendant plus de 10 lustres quand ilsuccomba devant les violences de la deuxièmeGuerre mondiale. Dans le cadre de son vasteplan de reconstruction, l'Administration desPonts et Chaussées avait prévu également lareconstruction du pont sur la Sûre à Rosportselon les vues les plus modernes.

Pour la cérémonie de l'inauguration, qui eutlieu le 29 octobre 1955, le pont était décoréde drapeaux allemands et luxembourgeois ainsique d'oriflammes aux couleurs du Gonseil del'Europe. Parmi l'assistance nous avons noté laprésence de M. Victor Bodson, Ministre des Tra-vaux Publics, de quelques Députés, du Commis-saire de district M. Victor Kesseler, de M.Auguste Wirion, Directeur de l'Administrationdes Ponts et Chaussées, entouré de ses collabo-rateurs, de M. Emile Brisbois, Directeur de l'Ad-ministration des Douanes, de M. Mathias Ries,Bourgmestre de Rosport, et des Echevins de lacommune. Du côté allemand furent notés M. leDr Steinlein, Regierungspräsident. MM. Schnecke,Oberregierungsrat, et Karist, Oberfinanzpräsi-dent, M. Salzmann, Landrat, M. Muller, Amts-

bürgermeister de Welschbillig, ainsi que leBourgmestre de la commune de Ralingen.

M. Victor Bodson, Ministre des Travaux Pu-blics, prit en premier lieu la parole pour tracerun parallèle entre le vieux pont détruit en 1944et le nouveau pont reconstruit. L'ancien pontavait coûté de son temps la somme de 71.000francs, alors que la nouvelle construction ap-proche un coût de 3,75 millions de francs.L'orateur parla ensuite du rôle pratique quejoue un pont entre deux localités riveraines etdu rôle moral qu'il accomplit en servant labonne entente et la cordialité.

Ce fut ensuite au tour de M. le Dr Steinleinde prendre la parole pour souligner à son tourl'importance de la reconstruction du pont deRosport. Après l'interprétation de quelques mor-ceaux par la Fanfare de Rosport et la Sociétéde Musique de Ralingen, M. l'Abbé Schmitz,Doyen de Ralingen, et M. l'Abbé Lorrang, Curéde Rosport, donnèrent la bénédiction de l'Egliseau nouveau pont. Auparavant, M. le MinistreVictor Bodson et M. le Dr Steinlein avaientcoupé le ruban symbolique barrant l'accès aupont, et cette cérémonie se termina par uneréception offerte par l'Administration commu-nale de Rosport et de Ralingen.

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Mgr. Henri Schmit, Curé de la Cathédrale de Luxembourg,fête son Jubilé d'or sacerdotal

Le 30 octobre 1955, Mgr. Henri Schmit a fêtéle 50e anniversaire de son ordination sacerdotaleet de son ministère pastoral dans la ParoisseNotre-Dame de Luxembourg.

Le 29 octobre, au soir, l'Harmonie Municipalede Luxembourg offrit à Mgr. Henri Schmit uneaubade à la Place Guillaume en présence deMgr. Léon Lommel, Evêque-Coadjuteur, et denombreux dignitaires ecclésiastiques.

Le dimanche, 30 octobre, une procession seforma devant la maison paroissiale pour con-duire Mgr. Henri Schmit à la Cathédrale pourla célébration d'une messe solennelle d'actionsde grâces. Après que deux enfants de la paroissede Notre-Dame eurent remis des fleurs à leurCuré, la procession, à laquelle participèrent unedélégation de sapeurs-pompiers, l'Harmonie Mu-nicipale, les enfants des écoles primaires, laChorale Sainte-Cécile, le Conseil de la fabriqued'église, ayant à sa tête M. le Président EmileReuter, des délégations de scouts et de guidesainsi que de nombreux dignitaires ecclésias-tiques, prit la direction de l'Eglise Cathédrale.Mgr. Henri Schmit était accompagné de Mgr.Leon Lommel, Evêque-Coadjuteur, de M. leChanoine J. Hengen, Vicaire général, et de M.le Chanoine Jules Jost, Secrétaire de l'Evêché.

En l'Eglise Cathédrale avaient pris placeentretemps M. Joseph Bech, Président du Gou-

vernement, Ministre des Affaires Etrangères, M.Pierre Frieden, Ministre de l'Education Natio-nale, M. Pierre Werner, Ministre des Finances,M. le Député Nicolas Margue, ancien Ministre,les Ejchevins de la Ville, MM. Camille Kasel,Georges Reuter, Nicolas Rollinger et LucienKœnig, ainsi que les représentants des autoritésciviles de la Capitale. Les nefs de la Cathédraleétaient remplies jusqu'à la dernière chaise.

Les accents de l'hymne de la Maison grand-ducale saluèrent LL. AA. RR. Madame laGrande-Duchesse et Monseigneur le Prince deLuxembourg à Leur arrivée. Elles étaient ac-compagnées de Mgr. Albert Steffen, Aumônierde la Cour, et de M. Alfred Lœsch, Grand Ma-réchal de la Cour.

Le Saint Office fut célébré par le jubilaire.Au cours du sermon que fit Mgr. Lommel, ildéfinit les qualités de l'homme et du prêtre etparla des mérites que Mgr. Schmit s'est acquispendant son long ministère. Un Te Deum futchanté par la Chorale Sainte-Cécile. Le soir dela même journée, Mgr. Henri Schmit offrit undîner auquel prirent part un nombre de person-nalités eminentes.

Notons encore que par décret de S. S. le PapePie XII, Mgr. Henri Schmit a été nommé PrélatDomestique de Sa Sainteté.

278

Page 19: ULLETIN DE DOCUMENTATION - gouvernement

GRAND-DUCHE DE LUXEMBOURG

CONSEIL SUPERIEUR DE L'ELECTRICITE

L'ENERGIEAU

GRAND-DUCHÉ DE LUXEMROURG

BESOINS ET RESSOURCES

OCTOBRE 1955

Page 20: ULLETIN DE DOCUMENTATION - gouvernement

AVANT-PROPOS.

L'évolution rapide de l'utilisation des différentes formesd'énergie, notamment de l'énergie nucléaire, m'a conduit àdemander au Conseil Supérieur de l'Electricité une étude sur lasituation énergétique de notre pays, tant en ce qui concerne sonétat actuel que les prévisions pour l'avenir.

Cette étude a abouti à des conclusions très intéressantes.

Elle montre que la situation énergétique de notre pays nedonnera pas lieu à des appréhensions pour l'avenir tant que lastructure actuelle de notre économie subsistera.

La politique énergétique poursuivie par le Gouvernement setrouve corroborée et il n'y a pas de raison majeure pour enchanger à l'avenir la direction.

Pour parler plus spécialement de l'électricité (puissance eténergie), qui revêt une importance capitale pour notre pays,nos aménagements hydro-électriques couvriront les déficits depuissance au fur et à mesure qu'ils se présenteront. Quant auxdéficits en énergie, nous pourrons attendre en toute sérénité ledéveloppement de l'utilisation de l'énergie nucléaire qui trou-vera sa place dans notre économie sans heurt en temps voulu etaux conditions les plus avantageuses possible.

Luxembourg, le 25 octobre 1955.

Ministredes Transports et de l'Electricité.

280

Page 21: ULLETIN DE DOCUMENTATION - gouvernement

L'ÉNERGIE AU GRAND-DUCHÉ DE LUXEMBOURG

BESOINS ET RESSOURCES

I. SITUATION ACTUELLE.

A. — Besoins.

Les économistes et les statisticiens prétendent que le « standard de vie » d'un peuple se déduitdu volume d'énergie consommé, c'est-à-dire de la mesure où il recourt aux forces de la nature,naturelles et asservies, pour animer son industrie et remplacer le travail manuel dans les diversesbranches de son activité. Il apparaît assez nettement que les pays à forte consommation d'énergiepar habitant ont un revenu individuel élevé.

Les statistiques des Nations Unies indiquent pour le Luxembourg un revenu national, en 1953,de 841 dollars (42.000 fr. lux.) par tête d'habitant contre

1911995952815739703

. U. S. A.,Suisse,Islande,Royaume Uni,Danemark,Norvège,

685672561501486301

France,Belgique,Suède,Allemagne occidentale

Pays-Bas,Italie.

En corrélation avec ces données il est intéressant d'établir, pour le Luxembourg (2.500 km2 desuperficie, 300.000 habitants), la consommation d'énergie, sous les diverses formes, reprise depuis 1937aux tableaux suivants:

281

Page 22: ULLETIN DE DOCUMENTATION - gouvernement

Charbon, y compris anthracite et agglomérés (briquettes, boulets) (en tonnes).

Années

193719381948194919501951195219531954

Industriesidérurgique

44.00436.99642.37634.35626.61633.75633.52816.53619.656

Industriemoyenne

Secteurdomestique

268.000268.000

43.94038.74837.24864.47656.02851.57652.008

176.976213.564200.244240.876253.788216.012230.700

r1 u TKjt r. LÀ*

134.004134.004117.120140.844101.532224.940157.48891.76483.916

Usinesà gaz

38.49639.00034.44038.34040.42844.47241.42440.68045.372

Centralesélectriques

54.00054.000

———————

TAT ATUM /\IJ

538.504531.996415.852465.852406.068608.520542.256416.568431.652

On remarquera que le secteur domestique est de loin le plus grand consommateur de charbon

(55 o/o en 1954).

Coke (en tonnes).

Années

193719381948194919501951195219531954

Industriesidérurgique

2.483.4242.409.0602.573.1123.099.4683.231.1203.047.9143.061.788

Industriemoyenne

7.6087.9327.632

22.12817.38815.14412.804

Secteurdomestique

35.25640.70440.56044.30455.45239.07237.320

C.F.L.

1.008744576—

1681.236

Usinesà gaz

31.27232.76031.98031.28433.156

TOTAL

3.228.9962.085.9962.526.2882.458.7042.653.6203.199.2363.335.9403.133.5823.146.304

C'est naturellement l'industrie sidérurgique qui est le plus gros consommateur (97 o/o pourl'année 1954.

Durant les dernières années, les usines sidérurgiques ont agrandi et modernisé leurs installationset augmenté leur capacité de production. Leurs besoins en énergie se sont parallèlement accrus. Il enest résulté simultanément une augmentation de la consommation et une diminution des disponibilitésde gaz. Leurs produits étant surtout axés sur l'exportation par suite du faible marché intérieur,l'activité des usines sidérurgiques a suivi les fluctuations du marché international.

Du tableau ci-contre se déduisent par indice les variations de la production métallurgique parrapport à 1937:

193719491950195119521953

100114124156152133

282

Page 23: ULLETIN DE DOCUMENTATION - gouvernement

Années

1948194919501951195219531954

EsseAuto

22.43624.92826.61829.47531.10634.06335.922

nce

Pétrole,

Avion

195194432410223241223

essence et huile (en

Kérosène

485556797

1016905

12451431

Diesel- .,Gas- O l 1

13.23214.58317.25123.99327.43130.79042.72b

tonnes).

Fuel-oil

19.87313.34910.43214.1739.850

12.46115.143

TOTAL

56.22153.61055.53069.16769.51578.80095.445

La motorisation progressive des transports routiers, sans parler des installations fixes, peu im-portantes, de moteurs Diesel, a fait croître, d'année en année, les besoins en combustibles liquides.Ainsi le nombre des véhicules à moteur a passé

de 1 par 23 habitants en 1947à 1 par 13 habitants en 1951à 1 par 8 habitants en 1954.

Bois.

Années

19501951195219531954

88.08361.73361.88358.73161.545

tonnes

61.65843.21343.31841.11243.082

Les boulangeries non modernisées en usent encore pour la cuisson du pain et, à la campagne, ilen est brûlé dans le poêle traditionnel à colonnes.

Energie électrique.

Dans tous les secteurs de l'Economie nationale, industrie sidérurgique, minières, industriemoyenne, artisanat, agriculture, secteur domestique, etc. . . . une mécanisation prononcée a donné àla consommation d'énergie électrique une allure fortement ascendante.

Années

19371948194919501951195219531954

ConsommationsIndustrie sidérurgique

kWh X 106

455498493556678677673764

Indice

100109108122149149148168

Autres consommations

kWh X 10«

51788589

100105117131

Indice

100153167175196206226259

Totales

kWh X 106

506576578645778782790895

Indice

100113114127154155156176

De ce tableau on remarque que, dans l'intervalle de 1937 à 1954, la consommation spécifique partête d'habitant, industrie sidérurgique comprise, a augmenté de 1704 à 2906 respectivement de 172 à495 kWh, industrie sidérurgique non comprise.

283

Page 24: ULLETIN DE DOCUMENTATION - gouvernement

Nous ventilons la consommation prise par le réseau de distribution au tableau suivant:

Milliers/kWh.

Années

193719381948194919501951195219531954

HT

30.55230.94849.584

—55.41965.65272.26481.80492.292

BT

8.1728.592

15.348—

18.37419.74021.27622.64424.432

Total

38.72439.54064.932

—73.79385.39293.540

104.448116.724

Pertes

2.8472.6675.408

—5.7586.4516.7637.1087.670

(i/o

6,86,37,7

7,276,76,36,1

Les faibles pertes sont surtout dues à ce que 35,6 o/o des ventes du concessionnaire se font sans

transformation ni transport à sa charge.

Par tête d'habitant, le concessionnaire général a, pour n'en prendre que l'année 1954, distribué

383 kWh.

Gaz manufacturé.

Les usines à gaz fournissent aux habitants des grands centres du gaz de ville pour les besoinsindustriels et domestiques. La consommation est également en augmentation constante, bien que plusfaible que celle de l'énergie électrique. On constate que l'emploi du gaz à l'éclairage rétrograde sen-siblement en faveur de l'éclairage électrique.

Gaz manufacturé (en m3

Années

193719381948194919501951195219531954

Consommationindustrielle

et domestique

9.088.5729.400.788

13.705.09214.573.97714.642.71214.693.53215.761.58015.675.60017.289.528

Eclairage public

4.105.2244.316.628

762.756519.194324.204165.00064.00827.28819.296

Ventes totales

13.193.79613.717.41614.467.84815.093.16514.966.91614.858.53215.825.58815.702.88817.308.824

Besoins propreset pertes

2.943.2782.664.9112.351.2802.979.3962.591.6803.438.1202.868.924

II est utile de faire remarquer que la consommation totale de gaz liquide (butane, propane etautres), non comprise au tableau ci-dessus, a atteint en 1954 2.305 tonnes.

Le principal fournisseur a livré à la consommation pendant les six premiers mois de 1954 1.016tonnes et pendant les six premiers mois de 1955 1.269 tonnes, ce qui constitue un accroissement de25 o/o par rapport à l'année 1954.

284

Page 25: ULLETIN DE DOCUMENTATION - gouvernement

Sous leur aspect isolé, ces divers tableaux énumératifs ne permettent pas de se faire un juge-ment d'ensemble sur la consommation totale d'énergie au Luxembourg. Pour en faire la somme, ilimporte de rapporter les diverses formes de l'énergie à une même unité commune pour laquelle nousnous sommes arrêtés au kWh, principalement parce que le kWh est la seule unité énergétique quisoit la même pour les Anglo-Américains et pour les peuples qui utilisent le système métrique. Pourfaire telle totalisation, nous choisissons l'année 1954. : j

Outre l'équivalence 1 kWh = 860 Kcal, les valeurs calorifiques suivantes ont été utilisées parrapport au contenu énergétique, sans considération du rendement essentiellement variable à la pro-duction et à l'utilisation:

1 kg de charbon1 kg de coke1 kg de produit pétrolier1 kg de bois moyen1 m3 de gaz de ville

7.200 Kcal.7.000 „

10.000 „4.345 „4.000 „

Ces facteurs de conversion conduisent à la consommation totale d'énergie censée être faite sousforme de kWh. . .. ... . . . . . . .

Combus-tible

CharbonCokePétroleBoisGaz

Tonnes/m3

386.2803.146.304

95.44543.082

17.308.824

Kalories

2.781X10922.024X109

954,450xl09

187,191X10»69,235x109

kWh

3,233x10925,633X109

1,110X1090,217xl09

0,080Xl09

30,273X109

On ne doit pas y ajouter l'énergie électrique pour la raison qu'elle est presqu'exclusivementdérivée de la combustion du coke. De même il n'y a pas lieu d'inclure dans ce tableau les 45.372tonnes de charbon pour les usines à gaz parce que ce charbon réapparaît sous forme de coke etde gaz.

Consommation par tête d'habitant: 98.288 kWh.

Si on décompte l'industrie sidérurgique, un calcul analogue conduit à une consommation d'éner-gie par tête d'habitant de 17.194 kWh.

Combus-tible

CharbonCokePétroleBoisGaz

Tonnes/m3

366.62484.51695.44543.082

17.308.824

Kcal.

2.639X109591,612X109954,450xl09

187,191xlO9

69,235x109

Energie électrique

kWh

3,068x1090,690x1091,110x1090,217x1090,080x109

5,165x109

0,131x109

5.296x10»

285

Page 26: ULLETIN DE DOCUMENTATION - gouvernement

B. — Ressources.

Le Grand-Duché de Luxembourg ne possède pas de gisement de houille ni de lignite. Pourcouvrir sa consommation, le pays doit importer la totalité des combustibles solides dont il a besoinpour l'industrie, les chemins de fer et les usages domestiques.

Il ne dispose pas non plus de nappe de pétrole ni de gaz naturel. Nous signalons pour mémoireun gisement de schistes bitumineux contenant plusieurs centaines de millions d'hectolitres de pétrolebrut. Ce gisement n'est cependant pas économiquement exploitable en ce moment. De ce fait, leGrand-Duché de Luxembourg importe également tout le combustible liquide consommé par l'industrieet la traction.

Le tableau suivant, qui se couvre avec les consommations des tableaux précédents, reprend lesimportations (d'Allemagne, de Hollande, de Belgique) de combustibles solides et liquides ainsi que laproduction indigène de bois et de gaz manufacturé:

Années

193719381948194919501951195219531954

Charbon

538.504531.996415.852465.852406.068608.520542.256416.568431.652

Coke

3.228.9462.085.9962.526.2882.458.7042.653.6203.119.2363.335.9403.133.5823.146.304

Pétrole

56.22153.61055.53069.16769.51578.80095.445

Bois (t)

——

61.65843.21543.31841.11243.082

Gaz (m3)

17.411.07617.758.07417.318.19617.837.92818.497.26819.141.00820.177.748

L'énergie électrique est produite et fournie, en majeure partie, par les centrales thermiquesdes usines sidérurgiques qui y utilisent les gaz des hauts fourneaux disponibles dans le processusmétallurgique. Toutefois, pour que la production d'énergie électrique et la fourniture de courant aupays ne soit pas directement tributaire de la marche des usines sidérurgiques, les chaudières descentrales/usines sont apprêtées à l'emploi du charbon et du mazout.

Depuis que leur a été confiée, en 1927, l'alimentation en énergie électrique du pays, les usinessidérurgiques ont graduellement, pour leurs besoins propres et ceux du pays, adapté leurs centralesau mouvement ascensionnel de la consommation par l'installation successive de nouveaux groupesturbo-alternateurs modernes. Le tableau suivant renseigne, pour les années 1937-1954, sur les puis-sances/kW installées et les productions/kWh annuelles dans le pays:

Années

1937195019521954

Puissance

fcW X 103

136135179203

installée

Indice

10099

132149

Production

kWh X 106

562697832990

Indice

100124148176

286

Page 27: ULLETIN DE DOCUMENTATION - gouvernement

La consommation spécifique moyenne des usines sidérurgiques en Kcal/gaz par kWh net auxbarres des centrales a été de 4.362 en 1952 et 4.040 en 1953. Ce dernier chiffre coïncide avec lechiffre moyen de 4.000 Kcal/kWh indiqué dans une étude du 28 juin 1954 de PUNIPEDE pour lescentrales actuelles des pays membres de la CECA.

Les faibles forces hydrauliques du pays ne sont pas encore aménagées, abstraction faite de10 petites centrales totalisant 1000 kWi exploitées par initiative privée. Elles interviennent actuel-lement pour 0,27 o/o dans la production totale et pour 2,2 o/o dans la fourniture de courant au réseaude distribution.

Compte ténu de l'échange de courant avec les réseaux étrangers limitrophes le bilan énergé-tique s'établit ainsi :

Années

1937195019521954

Production

562697832990

Importations

18324433

Exportations

59606193

Pertes

15243335

Energie livréeà la consommation

506645782895

287

Page 28: ULLETIN DE DOCUMENTATION - gouvernement

IL SITUATION FUTURE.

A. — Besoins.

Dans son étude sur 1'« Energie en Europe durant le premier semestre 1953 », M. Montsarinconclut dans ses considérations générales qu'il y avait sur le marché de l'énergie une crise commerésultat d'un marasme économique qui, fin 1952 et début 1953, avait fini par atteindre tous lespays, sauf l'Allemagne occidentale.

Tous les symptômes dénotent depuis une reprise générale qui s'accentua vers la mi 1954.

Les évaluations à long terme ne peuvent être faites que par une extrapolation basée sur lestendances constatées dans le passé. Cette extrapolation implique toutefois une grande prudence dansles conclusions que l'on peut en tirer.

On a calculé, grosso modo, qu'au rythme actuel du progrès industriel le monde consommeraiten 1975, au global, 150 o/o des besoins actuels d'énergie et en l'an 2000 environ 300 o/o.

Charbon.

Le tableau de la consommation de charbon, sous forme variée, montre par la moyenne annuellede 481.918 tonnes une diminution par rapport à l'année 1937. C'est que, dans beaucoup de cas, lecharbon a été remplacé par un autre combustible, plus économique, plus pratique.

Cette tendance se poursuivra probablement, malgré l'augmentation constatée du secteur domes-tique où, petit à petit, elle empiétera davantage. Les chemins de fer en brûleront moins dès quel'électrification des lignes principales sera achevée dans 5 à 6 ans. Les centrales thermiques actuellesdu pays ne l'utilisent qu'exceptionnellement.

A supposer que les augmentations de consommation dans un secteur compensent les diminutionsd'un autre, on peut, sans grande erreur, faire les prévisions que, d'une façon générale, sans nouvelleindustrie liée à ce combustible, la consommation de charbon n'augmentera pas, à l'avenir, au-delàde la moyenne de 480.000 tonnes/an.

288

Page 29: ULLETIN DE DOCUMENTATION - gouvernement

Coke.

Le coke nous ramene à la marche des usines sidérurgiques qui en sont le plus gros consom-mateur.

Son volume de consommation est naturellement lié à l'activité de la sidérurgie dont le déve-loppement, vu à longue échéance, pourra dépendre des dispositions que prendra la CECA.

M. Van Mêle, Directeur des études à la G. P. T. E., a évalué, pour la Belgique, un doublementde la production sidérurgique en 50 ans. Les évaluations sont d'autant plus incertaines que leurportée est plus longue.

Nous limitons nos estimations à 20 ans, jusqu'en 1975, au taux de majoration annuelle de 2 o/ode la Belgique en raison des conditions similaires applicables aux deux pays. Dans 20 ans, nos usinesseraient donc censées avoir augmenté leur production de 40 o/o.

Avec l'hypothèse approximative que la consommation de coke à la tonne d'acier produit vase stabiliser progressivement, on arrive, crise aiguë et modification profonde de la structure écono-mique exclues, à une consommation de coke qui montera graduellement pour atteindre 4.000.000tonnes/an en 1975. L'indice de production sera de 200 à 210 par rapport à 1937. La consommationtotale du pays est évaluée à 4.150.000 tonnes/an.

Pétrole, essence, huile.

Un CV de puissance meut sur l'eau 3.000 kg de fret, sur rail 4 fois moins (750), dans l'autosur route 40 fois moins (75), parce que le frottement y est 10 fois plus important, et en avion 500fois moins, à peine 6 kg. C'est dire que la motorisation progressive des transports de personnes etmarchandises exigera de plus en plus de puissance qui, dans les moteurs à explosion, est fournie parle pétrole et ses produits dérivés.

Le camion est imbattable, voire irremplaçable dans le trafic à courte distance, dans la mon-tagne et dans les contrées faiblement peuplées ou situées à l'écart des grandes communications. Enconcurrence avec le chemin de fer, il relie, sans transbordement, les lieux plus rapidement, touten exigeant une fraction seulement des investissements.

L'auto n'est plus dorénavant un article de luxe. Il sert d'instrument de travail directement ouindirectement. Son emploi par toutes les couches de la population s'intensifiera surtout si, à l'instarde la pratique en Amérique, les ventes à crédit choquent de moins en moins le préjugé bourgeois.Dans son article « Financement des ventes à crédit aux Etats-Unis », M. Mera dit que l'emploi systé-matique par les industriels et les commerçants de la vente à 'tempérament pour étendre leurs dé-bouchés, enfin la puissance progressivement acquise par les établissements de financement spécialisésont fait du crédit à la consommation un des traits les plus caractéristiques de l'organisation dela production et du crédit dans ce pays. 50.000.000 de personnes, appartenant à toutes les catégoriessociales ou professionnelles, ont, aux Etats-Unis, recours à cette forme de crédit, en moyenne pourun montant individuel évalué à 400 dollars.

Dans les lieux où il n'existe pas de liaison au réseau/gaz ou au réseau électrique, le moteurfixe résout maints problèmes de mécanisation.

Parti primitivement du bois, passant par le charbon dans les poêles, le chauffage moderne dansune chaudière centrale abandonne petit à petit le coke et l'anthracite pour s'équiper au mazout de

289

Page 30: ULLETIN DE DOCUMENTATION - gouvernement

beaucoup plus pratique par l'absence de poussières, de cendres et de pénibles manipulations. Lacommodité d'emploi est presque toujours favorable aux combustibles liquides et c'est là sans doutele facteur essentiel dans la concurrence, notamment dans le domaine des foyers domestiques.

Toutes ces raisons font prévoir une augmentation très marquée de la consommation de produit»pétroliers dans les 10 ans à venir. Sur la base de statistiques étrangères nous l'évaluons à lamoyenne de 10 °/o, c'est-à-dire que la consommation sera censée doubler en 7 ans par rapport austade actuel pour atteindre

180.000 tonnes en 1963-64.

Nous ne croyons pas qu'il y ait lieu d'ajouter trop de foi aux craintes que les réserves mon-diales connues de pétrole, estimées en 1929 durer encore 30 ans, ne soient épuisées à cette époque.

Bois.

Etant donné que la croissance des arbres ne peut être accélérée, la production de bois estcensée rester plus ou moins stationnaire. Des coupes massives dans les forêts existant actuellement neseront pas tolérées parce qu'elles conduiraient au dessèchement du sol et auraient encore d'autresconséquences néfastes. D'un autre côté il est peu probable que de nouvelles plantations importante»seront aménagées dans les dizaines d'années à venir.

Energie électrique.

Dans le secteur électrique, abstraction faite des usines sidérurgiques, on a enregistré une aug-mentation rapide des besoins. Passant de 39.000.000 kWh en 1934 à 131.000.000 kWh en 1954, ellea plus que triplée en 20 ans. Il sied, toutefois, de commenter cette montée en flèche par laremarque qu'en 1931, après la mise en service du réseau de distribution, commença pratiquement l'èrede l'électrification du Grand-Duché de Luxembourg.

De 1947 à 1954, les augmentations annuelles sur l'année précédente étaient respectivementde 9 o/o, 3,5 o/o, 11,2 o/0} 5 o/o, 11,1 o/o, 11,2 o/0. Il s'en dégage une augmentation moyenne annuellesur l'année précédente de 8,1 o/o correspondant à un doublement de la consommation en chiffrerond 8-9 ans.

La constatation a été faite pour presque tous les pays à niveau de vie semblable à celui auLuxembourg, que la consommation d'énergie électrique double approximativement tous les 10 ans,c'est-à-dire que, pendant 10 ans, la consommation est censée augmenter chaque année ou bien 1/1(>

de la consommation prise comme point de départ ou bien de 7,15 % rapportée à la consommationde l'année précédente. Ce taux d'augmentation est en cours de se pratiquer par excès au Luxembourg.

Comme la consommation spécifique par tête d'habitant est, industrie sidérurgique non com-prise, assez faible en comparaison de celle d'autres pays, on devrait pouvoir tabler les prévisions deconsommation sur le taux de majoration annuelle de 7,15 o/o du moins encore pendant un certaintemps, pendant lequel se fera l'étalement en surface et la pénétration en profondeur. Mais il fautconsidérer, dans le sens inverse, que le Luxembourg n'héberge pas, comme d'autres pays, à côtéd'une industrie moyenne assez active, une « petite industrie » intense ni ramifiée à nombreux ateliers.

A moins de l'installation dans le Grand-Duché de nouvelles industries on peut donc supposerqu'à long délai le taux de 8,1 o/o pas plus que celui de 7,15 o/o ne se maintiendront et que la courbe

290

Page 31: ULLETIN DE DOCUMENTATION - gouvernement

s'infléchira pour atteindre 280 millions de kWh en 1076. Le doublement, en 20 ans, de la consom-mation probable de 140.000.000 kWh en 1956 table sur une augmentation annuelle de 5 o/o de laconsommation de 1956 ou de 3,55 o/o chaque année de la consommation de l'année précédente. Le«stades intermédiaires pourront être les suivants:

1956 — 140.000.000 kWh,1960 — 170.000.000 kWh,1965 — 205.000.000 kWh,1970 — 240.000.000 kWh.1976 — 280.000.000 kWh.

Ges estimations semblent n'avoir rien d'excessif si on les regarde sous l'angle des estimationsfaites par l'UNIPEDE. Selon l'avis général des exploitations des pays membres de la CECA il ya des chances sérieuses pour que la consommation d'électricité soit, dans 20 ans, comprise entre 3 et4 l'ois la consommation actuelle.

Les CFL ont décidé l'électrification de leurs voies principales. Cette consommation sera de5.000.000 kWh dans 2 à 3 ans et de 25.000.000 kWh dans 5 à 6 ans. Elle n'est pas comprise dansl'évaluation ci-dessus.

Quant auK usines sidérurgiques on peut admettre que les quantités de coke utilisées augmen-tant sensiblement dans la même proportion que la production d'acier, la production de gaz de hautfourneau subira à peu près le même accroissement dont une même part sera réservée à la produc-tion d'énergie électrique destinée à couvrir les besoins propres et les engagements du Contrat/Gou-vernement.

Parallèlement à l'augmentation de la production métallurgique croîtront d'ici 20 ans les besoinsen énergie électrique estimés à 900x1,4 == 1.260.000.000 kWh.

Total des besoins/usines: 1.260.000.000 kWh en 1975.

Ensemble du pays: 1.560.000.000 kWh en 1975.

B. — Ressources.

L'accroissement des besoins d'énergie dans certains secteurs entraînera, pour les satisfaire, unaccroissement des importations de combustible en dehors du charbon dont nous supposons la consom-mation rester stationnaire à la moyenne de 480.000 tonnes/an.

Les réserves mondiales probables du charbon sont, en 1929, estimées suffire pendant 3.800 ans,les réserves connues pendant 400 ans.

La production d'énergie électrique sera assurée par les voies thermique et hydraulique, L'ae-croissement de la puissance installée est en cours de commande.

Les usines sidérurgiques ont décidé un renforcement de 56.200 kW de leurs moyens de pro-duction. Ces nouvelles génératrices seront mises en service dans 2 à 3 uns.

De son côté, le Gouvernement a entrepris la construction do deux centrales hydrauliques,l'une de 8.000 kW à accumulation à Esch-sur-Sûrc, l'autre de 4.000 kW au fil de l'eau à Rosport,qui seront mises en route dans 2 à 3 ans également. La marche en parallèle des centrales thermiqueset hydrauliques est envisagée suivant un plan de coordination qui sauvegardera les intérêts économiquesdu pays.

,. 291

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Le tableau suivant renseigne sur les puissances installées d'ièi 1960:V •

Années

195519561957195819591960

Thermique

103

202215251258258

: 258

Hydrau-

103

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Le tableau suivant donne les prévisions de production d'énergie électrique jusqu'en 1960:^

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Années

195519561957195819591960 v

Thermique

lé«

1.050,0001.080,0001.150,0001.200,0001.250,0001.300,000

Hydrau-lique

106

4,2004,500

10,00035,000 >40,000 '

i :;•::•: 4 0 , 0 0 0 ! 1

Total

10«

1.054,2001.084,5001.160,0001.235,0001.290,0001.340,000 : ;

En comparant les données « production » et « consommation » on constate que la productionindigène pourra satisfaire aux besoins de la consommation jusqu'en; 1965i II y aura déficit au delà;l'ordre de grandeur en sera de 250 millions de kWh en 1975. ' ' !' ••• ; ' rr*:.. •••

Rapporté aux heures d'utilisation de 5.000 des centrales des usines sidérurgiques ce déficitcorrespondra à une puissance déficitaire d'environ 50.000 kW en 1975.

Echelonnées sur la décade 1965-1975, les valeurs respectives semblent être

1970 — 20.000 kW 100.000.000 kWh,

1972 — 30;000 kW 150.000.000 kWh, *

i 1975 _ 50,000 kW 250.000.000 kWh. ; r ;

11 sera probablement possible, d'ici-là, de compter sur un apport de puissance par la centralehydro-électrique de l'Our, dont la construction, sur le plan international, fait actuellement l'objetd'actifs pourparlers du Gouvernement avec l'étranger. La puissance installée de la centrale de Viande»sera, au premier stade, de 320.000 kW avec une utilisation de 1.360 heures par an. Au stade final,la puissance installée atteindra 640.000 kW. Station de pompage, cette centrale pourra fournir lapuissance manquante sans pouvoir suppléer au déficit d'énergie. Force nous sera de recourir àl'étranger, à moins qu'il ne soit décidé de construire une centrale thermique classique ou d'exploitertoutes les forces hydrauliques de nos rivières frontalières où, d'après une étude récente entreprisepar le Gouvernement, il est possible d'aménager encore plusieurs centrales hydro-électriques. Eventuel-lement, nous pourrons avoir recours à l'énergie nucléaire dont la coopération intra-européenne laisseentrevoir la réalisation industrielle dans quelque 15 à 20 ans. Il faudrait également importer lesmatières fissiles, car, au jugement d'expert, il est peu probable que le sous-sol du Luxembourg encontienne par suite de sa formation dévonienne dans le Nord et jurassienne dans le Sud.

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Page 33: ULLETIN DE DOCUMENTATION - gouvernement

Gaz manufacturé. i

On ne peut mieux faire que de renvoyer à l'étude faite en octobre 1950 par le Conseil Supérieurdu Gaz sur la genèse, l'historique, et l'évolution de la question du gaz au Luxembourg.

Cette étude évalue en 2 stades les consommations de gaz au Luxembourg:

24.000.000 ms en 1955,

40.000.000 m3 en 1960-65.

Le tableau, page 8, montre que les prévisions de 1955 seront probablement exactes à 20 o/opar excès près, ce qui est une approximation satisfaisante, compte tenu des éléments incertains deprédétermination.

Ces pronostics pourraient, par contre, être largement dépassés s'il y avait, dans la suite, con-nexion du Luxembourg aux réseaux de gaz de la France où de la Sarre dont les sources de produc-tion sont les cokeries tamponnées par les usines à gaz en voie de perfectionnement continu grâce àdes techniques modernes.

Luxembourg, le 14 octobre 1955.

Les Membres du Conseil Supérieur de l'Electricité:

LÉON BRASSEUR,Ingénieur diplômé,

Directeur des Services Industrielsde la Ville de Luxembourg.

ALPHONSE GRAFF,Ingénieur diplômé,

Chef de Service aux Aciéries Réuniesde Burbach-Eich-Dudelange (ARBED).

PIERRE HAMER,Docteur en droit,

Ingénieur commercial diplômé,Commissaire du Gouvernement.

Prof. JEAN KOPPES,Docteur es Sciences physiques et mathématiques,

Président de la Section des Sciencesde l'Institut Grand-Ducal.

PIERRE LUTTY,Maître électricien.

JULES SCHOOS,Maître électricien, technicien,

Membre effectif de la Chambre des Métiers,Secrétaire général

de la Fédération des Patrons Electriciens.

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Page 34: ULLETIN DE DOCUMENTATION - gouvernement

LÉON SIMON,Ingenieur diplômé,

Directeurde la Société de Transport d'Energie Electrique

du Grand-Duché de Luxembourg (SOTEL).

EUGÈNE SPECK,Ingénieur diplômé,Ingénieur en chef

de la Compagnie Grand-Ducale d'Electricitédu Luxembourg (CEGEDEL).

EMILE TRESCH,Ingénieur diplômé,

Ingénieur-électricien de l'Etat e. r.

JEAN WEISGERBER,Ingénieur diplômé,

Directeur du Service d'Electricitéde la Ville d'Esch-sur-Alzette.

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Page 35: ULLETIN DE DOCUMENTATION - gouvernement

Nouvelles diverses

A la Cour de 'Justice de la CECA.Le Président et les Membres de la Cour de

Justice de la CECA ont reçu, le 15 octobre, pré-sentée par l'Union Internationale des Avocats,une délégation de Barreaux des six pays de laCommunauté.

La délégation a voulu présenter ses devoirs àla Cour et exprimer l'intérêt que les avocatsportent à l'activité de la Cour et à son dévelop-pement.

l̂ e Président de la délégation, M« Robert Mar-tin, a souligné combien l'exemple de la juridic-tion de la Communauté est encourageant pourl'organisation des relations internationales etconstitue une base solide pour la création d'uneEurope unie. Il a fait ressortir que la créationde la Cour de Justice marque une date dansl'histoire de l'organisation judiciaire, puisque de-vant elle sont admis à ester en justice tant lesEtats que les institutions de la Communauté etles personnes privées intéressées, et que les ar-rêts de la Cour ont force exécutoire dans tout leterritoire de la Communauté.

En accueillant la délégation, le Président dela Cour, M. Massimo Pilotti, a dit notamment:

« Un droit nouveau s'élabore ici de par la vo-lonté de nos six pays, noyau de l'Europe dedemain. Il s'exprime et s'exprimera progressive-ment dans les arrêts de notre Cour, mais cetteCour ne les rendra qu'après vous avoir entendus.Vous serez ainsi les collaborateurs essentiels decette Cour sur le terrain international qui lui estpropre, comme vous l'êtes chez vous, pour vosjuridictions nationales. »

La délégation luxembourgeoise, présentée parMe Robert Martin, Président de l'Union Inter-nationale des Avocats, était composée commesuit: M(î Netty Probst, Bâtonnier du Barreau deLuxembourg; Me Fernand Lœsch, ancien Bâton-nier; Me Eugène Schaus, ancien Bâtonnier; Me

Alex Bonn, ancien Bâtonnier.

La Conférence Européennedes Ministres des Transports (C. E. M. T.).

Les 19 et 20 octobre 1955 s'est réuni à Bernele Conseil des Ministres de la C. E. M. T. A cetteréunion, qui était la 3e session de la C. E. M. T.depuis sa constitution à Bruxelles en octobre1953, assistaient les Ministres des Transportsdes 17 pays membres de la Conférence dont leGrand-Duché de Luxembourg.

A l'ordre du jour figurait, à côté de questionsadministratives, le problème de la coordinationdes investissements dans le domaine des trans-ports, le problème de l'harmonisation des fretsnationaux et internationaux de la navigationfluviale, une série de questions techniques rela-

tives aux transports par chemin de fer, par routeet par voie navigable, ainsi que l'examen desproblèmes d'intégration européenne dans le do-maine des transports posés par la résolutionadoptée lors de la Conférence de Messine du2 juin 1955 par les Ministres des Affaires Etran-gères des six pays de la Communauté Euro-péenne du Charbon et de l'Acier.

Le principal objet de l'ordre du jour étaitl'examen et la signature des actes diplomatiquesrelatifs à la constitution d'une « Société Euro-péenne pour le Financement de Matériel Ferro-viaire » (EUROFIMA). Cette Société permettra,au moyen d'un financement international, l'achaten commun par les sociétés des chemins de fereuropéennes d'un matériel standardisé. La créa-tion de cette Société est de nature à consolideret à développer l'exploitation en pool déjà réa-lisée par un certain nombre de pays et s'inscritdans le cadre très général d'une politique decollaboration européenne.

La Convention a été signée par 14 pays(Allemagne, Autriche, Belgique, Danemark, Es-pagne, France, Italie, Luxembourg, Pays-Bas,Suède, Suisse, Portugal, Norvège et Yougosla-vie) qui ont donné leur adhésion et sont mem-bres de la Société.

Les actes diplomatiques, comprenant la Con-vention, le Protocole Additionnel et le Protocolede Signature, ont été signés à Berne le 20 oc-tobre 1955 par les plénipotentiaires des 14 payscités. Pour le Grand-Duché de Luxembourg, M.Victor Bodson, Ministre des Transports, a signéles Actes. La délégation luxembourgeoise com-prenait, outre M. le Ministre Victor Bodson, MM.René Logelin, Conseiller de Gouvernement auMinistère des Transports, et Antoine Wehenkel,Député, Ingénieur en chef aux C. F. L.

Réunion du Comité de Ministres de Beneluxà Bruxelles.

Le Comité de Ministres de Benelux s'est réunià Bruxelles, le 5 octobre 1955, au siège du Se-crétariat Général de l'Union Douanière néer-lando-belgo-luxembourgeoise, sous la présidencede M. Beyen, Ministre hollandais des AffairesEtrangères.

Les points suivants ont été discutés:1° Politique commerciale commune. — Les

Ministres ont donné aux Présidents des Conseilsdes directives permettant la mise en applicationdes dispositions du Protocole du 9 décembre1953 relatif à la Politique commerciale com-mune, pour ce qui concerne les produits nonlibérés à l'O.E.G.Ë. Les Ministres ont, en outre,établi une notification commune à adresser àl'O.E.C.E. en ce qui concerne les nouvelles obli-

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Page 36: ULLETIN DE DOCUMENTATION - gouvernement

galions de libération qui s'appliquent à partirdu 1e r octobre 1955. Ils ont également arrêtél'attitude commune des délégations Benelux de-vant la G.A.T.T.

2° Politique d'harmonisation des politiquesagricoles. — Les Ministres se sont mis d'accordsur la composition de la Commission d'harmoni-sation des politiques agricoles, créée par leurdécision du 3 mai 1955.

3° Non-restitution aux Pays-Bas de la taxe detransmission à l'occasion des exportations néer-landaises vers l'U.E.B.L. — Les Ministres ontpris la décision de renoncer, en raison de l'évo-lution des circonstances, à l'application de l'ar-rangement, convenu en juillet 1953 pour uncertain nombre de produits, de non-restitutionde la taxe de transmission néerlandaise.

4° Questions agricoles. — Les Ministres sespnt mis d'accord, sur la façon de résoudre cer-taines difficultés qui • s'étaient manifestées dansles échanges intra-Benelux de lait évaporé nonsucré, de tomates, de raisins blancs et de fleurscoupées. En ce qui concerne les difficultés sur-venues dans les échanges intra-Benelux de laitévaporé non sucré, les délégations chercheront,à bref délai, une solution susceptible de pallieraux difficultés actuelles. En attendant le résul-tat de cette étude, l'importation néerlandaisevers 1'U.E.B.L. sera de nouveau autorisée sur labase des prix minima convenus. Egalement ence qui concerne l'importation en U.E.B.L. deraisins blancs, un arrangement a été mis sur piedpour une période probatoire. Une méthode a étéélaborée pour la fixation automatique de lafermeture et de l'ouverture des frontières pourles échanges de tomates, dans les cas où lesprix se trouveraient en dessous ou au-dessus desprix minima convenus. Les contingents d'ex-portation de fleurs coupées néerlandaises versl'U.E.B.L. pour la période du 1« octobre 1955au 30 septembre 1956 ont été fixés de communaccord.

Dixième Anniversairedu Comité de Rapprochement Benelux.

Le 19 novembre, le Comité de rapprochementbelgo-néerlando-luxembourgeois a donné uneréception à l'occasion du dixième anniversairede sa création. Il a procédé en même temps àune manifestation d'hommage à la mémoire defeu M. Julius Hoste, premier Président du Co-mité.

Dans le hall du nouveau siège du ComitéBenelux à Bruxelles, on procéda à l'inaugurationd'un buste en bronze de M. Julius Hoste, enprésence de nombreux invités, parmi lesquels onreconnaissait les Ambassadeurs des Pays-Bas etdu Luxembourg à Bruxelles, M. Van Houtte, an-cien Premier Ministre de Belgique, Président duConseil national du Comité de rapprochement,des Ministres Bossaerts, Vanaudenhove, A.-E.Janssen et De Schrijver, de M. Beelaerts van

Blokland, Président du Comité hollandais derapprochement, ainsi que des personnalités dumonde parlementaire, du monde des lettres etdes arts.

M. Van Houtte rendit un fervent hommage àla mémoire de Julius Hoste et à l'activité queceluUci ne cessa de déployer en faveur de l'ac-cord belgo-néerlando-luxembourgeois. Le Prési-dent du Conseil national rappela brièvement lescirconstances de la création, voici' dix ans, del'Union économique entre les trois pays et l'acti-vité du Comité de rapprochement pendant cettepériode. i -.[ . . . • • ; • :

Le Baron Van Harinxma thoe Slooten, Am-bassadeur des Pays-Bas à Bruxelles, et M. Lam-bert Schaus, Ambassadeur du Luxembourg àBruxelles, s'associèrent à. l'hommage- rendu àM. Julius Hoste, i :••; , • •>>; i» P , 1 : < ! • . • • . • .. •: * • . . - • •

Vers la fin du mois d'octobre ont eu lieu àVienne les journées d'études de l'Institut Inter-national des Classes Moyennes.

L'Allemagne occidentale, l'Autriche, la Bel-gique, l'Espagne, le Luxembourg, la Suisse etla Turquie avaient envoyé des représentants àces journées d'études qui étaient présidées parM. Roger Millot, délégué français et présidentde l'Institut International des Classes Moyennes.

Les travaux du Congrès ont principalementété consacrés à l'examen des charges fiscales quipèsent sur les petites et moyennes entreprisesdans les pays représentés au sein de l'Institut.

M. Nikolaï Tçhikalenko,Délégué de la Croix-Rouge Soviétique,

à Luxembourg.

Comme M. Emile Reuter, Président de laChambre des Députés, l'avait annoncé au coursd'une conférence de presse tenue à la suite d'unvoyage d'études d'une Délégation de parlemen-taires luxembourgeois en U. R. S. S., un Déléguéde la Croix-Rouge Soviétique devait venir àLuxembourg. Ce fut le 25 octobre que M.Nikolaï Tçhikalenko, Membre du Praesidium etChef du Département des relations extérieuresde l'Alliance des Sociétés de la Croix-Rouge etdu Croissant Rouge de l'U. R. S. S., arriva àLuxembourg pour prendre contact avec lesDirigeants de la: Croix-Rouge Luxembourgeoise.Après une réception offerte en l'honneur duDélégué soviétique au siège de la Croix-Rouge,M. Tçhikalenko visita les différents établisse-ments de la Croix-Rouge, notamment la Maisonde repos de Colpach. M. Nikolaï Tçhikalenkoeut également des entretiens avec les représen-tants de l'Association des Parents et de l'Office'du Rapatriement sur les questions pendantes re-latives au rapatriement de ressortissants luxem-bourgeois se trouvant encore en U. R. S. S. à lasuite de leur enrôlement forcé dans les arméesnazies pendant la guerre 1940-1945.

296

Page 37: ULLETIN DE DOCUMENTATION - gouvernement

Le 28 octobre, LL. AA. RR. Madame laGrande-Duchesse et Monseigneur le Prince deLuxembourg, Président de la Croix-Rouge Lu-xembourgeoise, reçurent en audience M. NikolaïTchikalenko et, le 25 octobre, l'hôte soviétiqueassista à la cérémonie organisée à la Croix-Rouge à l'occasion de la 10.000" prise de sangofferte par un donneur de sang bénévole.

*

Cérémonie à la Croix-Rouge Luxembourgeoise.A l'occasion de la 10.000e prise de sang of-

ferte par un donneur de sang bénévole, la Croix-Rouge Luxembourgeoise avait organisé le 29octobre 1955 une cérémonie en son siège àLuxembourg. A cette cérémonie assistèrentS. A. R. Monseigneur le Prince de Luxembourg,Président de la Croix-Rouge, M. Nikolaï Tchi-kalenko, Membre du Praesidium et Chef du Dé-partement des relations extérieures de l'Alliancedes Sociétés de la Croix Rouge et du CroissantRouge de l'U.R.S.S., M. Emile Reuter, Prési-dent de la Chambre des Députés, M. Jules Sa-lentiny, Président de la Cour Supérieure deJustice, M. le D^ Félix Worré, Président duSyndicat Médical, ainsi que les Membres duConseil d'Administration de la C. R. L., dont M.Tony Neuman, Vice-Président de la Société.Parmi les hôtes étrangers, mentionnons la pré-sence de M. René Guérin, Président-Fondateurde la Fédération des Donneurs de Sang deFrance et d'Outre-Mer, Président de la Fédéra-tion Internationale des Donneurs de Sang, et deM. le Dr Rouzet, Conseiller à la Fédération In-ternationale des Donneurs de Sang.

La cérémonie fut ouverte par une allocutionde M- Tony Neuman, Vice-Président de laC.R. L. L'orateur mentionna tout d'abord lesdeux faits qui sont à la base de cette cérémonie:la 10.000e prise de sang offerte par un donneurde sang bénévole et la reconnaissance officielleà l'égard de 60 donneurs bénévoles. M. le V^ce-Président Tony Neuman présenta ensuite unaperçu sommaire sur l'importance de ce servicede la Croix-Rouge. 10.000 prises de sang corres-pondent à un effectif de 5.000 litres de sangqui ont permis à la C.R .L. de satisfaire lesbesoins des hommes de l'art dans notre pays.

L'importance en ressort encore par la prise enconsidération des accidents dé travail et de lacirculation qui se multiplient sans cesse et aussipar le traitement spécial que nécessitent certainscas de maladie.

Après l'exposé de M. Tony Neuman, S. A. R.Monseigneur le Prince de Luxembourg remit àune soixantaine de donneurs de sang bénévolesun diplôme d'honneur.

Après que M. Nikolaï Tchikalenko eut adresséune courte allocution à l'assistance, M. AdolpheReding, Président de l'Union des Donneurs deSang bénévoles de la Croix-Rouge Luxembour-geoise, exposa le but essentiellement humani-taire de cette Union, et M. René Guérin, Pré-

sident international, se joignit à M. Reding poursouligner le caractère altruiste mais primordialpour la thérapeutique moderne de la prise desang bénévole.

• *

Le Référendum en Sarre du 23 octobre 1955.A l'occasion du référendum qui a eu lieu en

Sarre, le 23 octobre 1955, le Conseil de l'Unionde l'Europe Occidentale avait décidé, à la suited'une recommandation de la Commission Euro-péenne pour le Référendum en Sarre, d'envoyerdes observateurs neutres dans les bureaux devote de la Sarre le jour du référendum, ainsique pendant le dépouillement des bulletins devote.

Ces observateurs avaient été recrutés dans lescinq pays membres de la Commission Euro-péenne. Ils étaient au nombre de 1.005 dont355 venaient du Luxembourg, 325 des Pays-Bas, 155 de la Belgique, 120 de l'Italie et 50 dela Grande-Bretagne.

Dans une lettre adressée fin octobre à M. leMinistre des Affaires Etrangères du Luxem-bourg, la Commission Européenne pour le Ré-férendum en Sarre a exprimé sa satisfactionpour l'aide précieuse que le Gouvernement lu-xembourgeois lui a apportée par l'envoi de sinombreux observateurs pour la journée du 2(3octobre.

*

Le Centre belgo-luxembourgeoisd'Expansion commerciale aux Pays-Bas.

On se souvient que, le 3 mars 1955, un Centrebelgo-luxembourgeois d'expansion commercialea été fondé aux Pays-Bas par des firmes indus-trielles.

Les buts et les moyens de ce Centre ont étéexposés par son Président M. Vogels au coursd'un déjeuner de contact qui réunissait à Bru-xelles, le 12 octobre, une centaine de personna^lités de la vie publique et du monde des affaires.

Aux côtés du Président M. Vogels, on re-marquait les représentants de l'Ambassadeur deBelgique à La Haye, des Ambassadeurs du Lu-xembourg à Bruxelles et à La Haye, ainsi quedes représentants de la Fédération des Indus-triels de Belgique et du Luxembourg.

Le Comité d'honneur du Centre belgo-luxem-bourgeois d'expansion commerciale aux Pays-Basest placé sous la présidence du Baron F. Van derStraten Waillet, Ambassadeur de Belgique àLa Haye, et de son collègue luxembourgeois.Le Comité de patronage, qui remplit les fonc-tions de Conseil d'Administration, comprend leConseil Economique Wallon, le Vlaams Econo-mish Verbond, les grandes sociétés belges debanque et les principaux groupements indus-triels. Quant à la direction, sous la présidencede M. Vogels, elle est assurée par sept membresélus pour deux ans.

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Page 38: ULLETIN DE DOCUMENTATION - gouvernement

Réunion à Luxembourgde la Commission d'Echanges Touristiques

France-Belgique-Luxembourg.

Le 15 octobre a eu lieu, à Luxembourg, uneséance du bureau exécutif de la Commissiond'Echanges Touristiques France-Belgique-Lu-xembourg.

Cette réunion de Luxembourg s'est dérouléeen présence de la délégation française, composéede MM. J. Septembre, Inspecteur Général auTourisme, Paris, H. Delong, Ingénieur Principalà la S.N.C.F., E. Lambert, Président du Syndicatd'Initiative de Metz; de la délégation belge com-prenant MM. J. Hordies, Commissaire Généraladjoint, Bruxelles, Picquard, Vice-Président dela Confédération Nationale des Unions Profes-sionnelles des Cafetiers, Hôteliers et Restaura-teurs, Ostende, R. Briade, Chef de Service deTourisme de la S. N. C. B.; de la délégation lu-xembourgeoise comprenant MM. F. Lœsch, Pré-sident, et Henry Cravatte, Vice-Président del'Office National du Tourisme, Victor Prost,Président de l'Automobile Club, J.-P. Musquar,Directeur des C. F. L., et du Directeur hon. Lim-pach, Président du Syndicat d'Initiative d'Ech-îternach.

À l'issue de leur séance de travail, les délé-gués furent reçus par M. Saffroy, Ambassadeurde France, pour se rendre ensuite à l'Hôtel Cra-vat, où un déjeuner fut offert par M. Wilwertz,Commissaire Général aux Affaires Economiques,Membre du Gouvernement. Ce déjeuner fut re-haussé par la présence du Baron Poswick, Am-bassadeur de Belgique, et de M. Panier, Consulde France.

Des allocutions furent prononcées par MM.Hordies (Belgique) et Septembre (France) quieut le grand plaisir de remettre les distinctionssuivantes du mérite touristique français au nomdu Ministre de France: M. Musquar fut promuofficier et MM. Prost et Limpach chevaliers sousles applaudissements de l'assistance.

Dans son allocution finale, M. Wilwertz mitl'accent sur l'importance du tourisme pour l'éco-nomie des trois pays et sur la nécessité de régle-menter le camping.

Dans la salle des Milices de l'Hôtel de Villede Bruxelles s'est tenue une exposition defaïences fines anciennes provenant de la manu-facture de Boch à Septfontaines et de nom-breuses collections officielles et privées. Cetteexposition était organisée dans le cadre de l'ac-cord culturel belgo-luxembourgeois par M. leMinistre de l'Education Nationale de Luxem-bourg, avec la collaboration du Service de pro-pagande artistique près le Ministère de l'Instruc-tion publique. De nombreuses personnalitésbelges et luxembourgeoises assistaient au vernis-sage.

Quelque 17.000 Luxembourgeoisrésident en France.

Sous ce titre, les « Dernières Nouvelles d'Al-sace » publient le 20 octobre un article sur lesLuxembourgeois résidant en France.

Voici quelques extraits de cet article:« II y a environ 60 ans, on comptait en

France, parmi une population de 38 millions,31.200 Luxembourgeois. 20 ans plus tard, peu detemps avant la première guerre mondiale, il yavait en France 19.200 Luxembourgeois sur 39millions d'habitants, en 1936, on n'en comptaitplus que 15.600, tandis que leur nombre s'estabaissé à 10.000 lors du dernier dénombrement.Cette régression apparente ne correspond pas àune diminution de l'élément luxembourgeois,mais au fait que beaucoup d'entre eux ont prisla nationalité française. En plus, si l'on tientcompte des 7.000 Luxembourgeois qui, selonles dernières statistiques, se sont établis à uneépoque assez récente en France, ils représententde toute façon un total d'environ 17.000. 7.000d'entre eux résident en Moselle et 300 dans lesdeux départements du Rhin, dont 142 habitaientStrasbourg, au 31 décembre 1954.

Comme, avant la guerre, les étudiants luxem-bourgeois font de préférence leurs études auxuniversités françaises. Comparé à la populationluxembourgeoise, le nombre de ces étudiantsreprésente un pourcentage si élevé qu'ils figurenten tête de tous les groupes d'étudiants étrangers.Nous ne citerons à titre d'exemple que les uni-versités de Paris, Strasbourg, Grenoble, Nancy,Montpellier et Marseille. Le Luxembourg est unpetit pays, pourtant certains de ses artistes réus-sissent à s'imposer à l'étranger. Ce fut le caspour un certain nombre d'entre eux depuis la finde la deuxième guerre mondiale. »

*

Les accidents de la circulation dans le Benelux.

Suivant des statistiques qui viennent de pa-raître, le nombre des accidents de la circulationdans le Benelux a évolué comme suit:

De 82.182 en 1951, le nombre d'accidentsest passé à 113.460 en Belgique. En Hollande,la progression a été de 74.703 à 100.000, tandisque, dans le Luxembourg, elle a été de 1.701 à2.297.

Quant au nombre des victimes, il est passéen Belgique de 28.230 à 44.420, aux Pays-Basde 23.293 à 30.827, au Grand-Duché de Lu-xembourg de 1.351 à 1.711.

Et les tués sur place? De 792 à 811 en Bel-gique, de 509 à 596 en Hollande, de 14 à 36au Grand-Duché.

On constate ainsi que les progressions sontparallèles dans les pays et que la situation n'estpas plus grave dans aucun des trois, comptetenu des véhicules en circulation.

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Nouvelles de la Cour

Le 11 octobre, à l'occasion de l'Anniversairede Naissance de S. À. R. Madame la Grande-Duchesse héritière, des listes d'inscription sontdéposées au Palais de Luxembourg et au Châ-teau de Berg.

Ju.Le 15 octobre, S. A. R. Madame la Grande-

Duchesse a reçu en audience le Général e. r.Jonkheer Willem Röell, ancien Gouverneur dela Résidence Royale de La Haye.

Le 27 octobre, S. A .R. Madame la Grande-Duchesse a reçu en audience de congé S. Exe.Sir Geoffrey AUchin, Ambassadeur extraordi-naire et plénipotentiaire de Sa Majesté Britan-nique.

*Le même jour, S. A. R. Madame la Grande-

Duchesse a reçu en audience de congé S. Exe.M. Hendrik Adriaan Hooft, Ambassadeur extra-ordinaire et plénipotentiaire de Sa Majesté laReine des Pays-Bas, et lui a remis les insignesde Grand-Croix de l'Ordre grand-ducal de laCouronne de Chêne.

Le 28 octobre, S. A. R. Madame la Grande-Duchesse et S. A. R. Monseigneur le Prince,Président de la Croix-Rouge Luxembourgeoise,ont reçu en audience M . Nikolaï Tchikalenko,Membre du Praesidium et Chef du Départementdes relations extérieures de l'Alliance des So-ciétés de la Groix-Rouge et du Croissant Rougede l'Union des Républiques Soviétiques Socia-listes.

*

Le 29 octobre, S. A. R. Monseigneur le Princea reçu en audience de congé le Colonel B. A. deVeer, Attaché militaire près l'Ambassade Royaledes Pays-Bas, et lui a remis, au nom de S. A. R.Madame la Grande-Duchesse, les insignes deCommandeur de l'Ordre grand-ducal de la Cou-ronne de Chêne.

Le 31 octobre. S. A. R. Madame la Grande-Duchesse a reçu en audience S. Exe. le MarquisFrancesco Cavalletti di Oliveto Sabino, Ambas-sadeur d'Italie, qui Lui a présenté M. VincenzoBolasco, Premier Secrétaire d'Ambassade.

Le Mois en Luxembourg (mois d'octobre)

1er octobre : A la nouvelle halle d'expositionde Limpertsberg commence le Championnatd'Europe de la Fédération Internationale desEchecs avec la participation des pays dugroupe II, à savoir l'Espagne, l'Allemagne del'Ouest et le Luxembourg. La victoire engroupe II revient finalement à l'Allemagnede l'Ouest.

2 octobre: En ce premier dimanche du moisd'octobre se déroule à travers les rues de laVille haute et des faubourgs la traditionnelleProcession du Saint-Rosaire.

Les villages mosellans de Greiveldange etWormeldange célèbrent dans une allégressegénérale leur annuelle « Fête du Raisin » enprésence de M. le Dr Emile Colling, Ministrede la Santé Publique et de l'Agriculture.

A Mersch, la Société philharmonique fêtele centenaire de sa fondation en présencede M. Pierre Frieden, Ministre des Arts etSciences, et de nombreuses personnalités. Lesdiscours de circonstance sont prononcés parM. le Ministre Pierre Frieden, M. le DéputéCamille Welter, Bourgmestre ff., M. le D>

Jean-Pierre Biwer, au nom de l'Union Grand-Duc Adolphe, et M. François Faber, au nomdu Comité d'Organisation des festivités ducentenaire.

4 octobre: A. la tribune des Amitiés Françaises,M. Xavier de Courville commente le thème« Histoire de la Chanson de France » avec desinterprétations typiques de Mlle JacquelinePianavia.

A l'aéroport de Luxembourg-Findel, laSABENA inaugure ses nouvelles lignes Lu-xembourg-Bruxelles et Luxembourg-Stuttgartqui seront dorénavant quatre fois par semaineau programme de vol de cette société d'avia-tion.

5 octobre: A la tribune de la British-Luxem-bourg Society, l'auteur anglaise Miss BerylMiles parle de son expédition à travers lecontinent australien. Cette causerie est agré-mentée par la présentation de diapositives.

7 octobre: L'Association Luxembourgeoise pourl'Utilisation Pacifique de l'Energie Atomiquereçoit Mr. Walker Cisler. Président de la so-

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ciété américaine « Fund for Peaceful. AtomicDevelopment » et de la « Detroit Edison Com-pany ».

8 octobre: Dans les salons du Casino à Luxem-bourg se réunit le Bureau de la FédérationInternationale des Coloniaux et Anciens Colo-niaux (FICAC) à l'occasion du 30e anniver-saire de la fondation du Cercle Colonial Lu-xembourgeois. Les travaux portent sur l'orga-nisation du Congrès Mondial de la FICAC quiaura lieu en 1956 à Paris. Les Membres duBureau de la FICAC sont reçus à l'Hôtel deVille et un banquet, présidé par M. le Mi-nistre Pierre Frieden, clôture la session.

A la nouvelle halle d'exposition de Lim-pertsberg, la Chorale des Cosaques du Donprésente un récital de chant devant un publicnombreux.

9 octobre: A leur tour, Remerschen et Ehnencélèbrent la traditionnelle «Fête du Raisin etdu Vin ».

A l'aéroport de Luxembourg-Findel, l'Aéro-Club du Grand-Duché de Luxembourg reçoitune équipe sélectionnée de la FédérationBelge de la Petite Aviation qui présente desexhibitions de petite aviation avec modèlesréduits.

Là commune de Contern inaugure sonnouveau bâtiment d'écoles ainsi que sa nou-velle mairie en présence de nombreuses per-sonnalités dont M. Pierre Frieden, Ministrede l'Education Nationale, qui prononce lediscours d'inauguration.

La Chorale Municipale de Schifflange fêtele 40e anniversaire de sa fondation.

10 octobre: L'Office National de Tourisme tientson assemblée générale annuelle à Echternachen présence de M. Paul Wilwertz, Commis-saire Général aux Affaires Economiques,Membre du Gouvernement.

11 octobre : Avec le concours de la « Photogra-phie Society of America, le Photo-ClubCaméra-Luxembourg organise dans la salledu Carrefour à Luxembourg le 3e Salon In-ternational d'Art Photographique en Couleurs.

12 octobre: En présence de M. le Dr EmileColling, Ministre de la Santé Publique, desmédecins luxembourgeois s'embarquent àl'aéroport de Luxembourg-Findel à bord d'unquadrimoteur de l'Air-India Internationalpour un voyage d'études aux Indes.

15 octobre: La Maison de Santé d'Ettelbruckfête le centenaire de sa fondation.

L'Association luxembourgeoise des Alumniof American Universities invite les profes-seurs et étudiants américains qui, dans lecadre des échanges, poursuivent actuellementleurs études à des universités belges.

Les Amitiés Françaises d'Echternach et laSection locale des Jeunesses Musicales orga-nisent une soirée chorégraphique à la salledes fêtes de l'école primaire d'Echternach.

En présence de M. Victor Bodson, Ministrede l'Education Physique et des Sports, estinaugurée à Echternach la nouvelle plainede sports du Lycée classique.

Les dirigeants du Fonds National d'Epargnede l'Unio'n procèdent à la remise de livretsd'épargne à des Pupilles de la Nation en.presence de M. Pierre Frieden, Ministre del'Education Nationale. .

16 octobre: Journée Commemorative Nationale1955 célébrée dans un recueillement général.

Inauguration du Monument aux Victimesde la Guerre 1940-1945 à Diekirch en pré-sence de nombreuses personnalités dont M.Pierre Frieden, Ministre de l'Intérieur, quiprononce un discours commémoratif.

A la Basilique de Lenningen, Mgr. LéonLommel, Evêque-Coadjuteur, consacre lesnouvelles orgues.

La Jeunesse Ouvrière Catholique Luxem-geoise tient sa Journée des délégués tradi-tionnelle dans la grande salle du Carrefour àLuxembourg.

A Ettelbruck, la communauté israélite in-augure une pierre commemorative pour lesvictimes de la guerre 1940-1945. M. PierreWinter, Conseiller de Gouvernement, repré-sentant M. le Ministre de l'Intérieur, pro-nonce une allocution.

Sous la présidence d'honneur de M. NicolasBiever, Ministre du Travail et de la Pré-voyance Sociale, la Fédération Nationale desSociétés Luxembourgeoises de Secours Mu-tuels tient son assemblée générale à Luxem-bourg dans le cadre des festivités prévues àl'occasion du 30e anniversaire de la fondationde cette Fédération.

Un groupe de l'Association des AnciensOfficiers du Service des Chemins de FerFrançais visite le Grand-Duché, où les hôtesfrançais sont reçus par M. Léon Daum, Mem-bre de la Haute Autorité de la C. E. C. A.

17 octobre: S. Exe. Monseigneur Dr Joseph Phi-lippe, Evêque du Diocèse de Luxembourg,fête dans l'intimité le 20e anniversaire de sonintronisation.

18 octobre : Un service religieux est célébré en laChapelle de Girsterklaus en l'honneur deSaint-Luc, Patron des médecins et despeintres.

20 octobre: Conférence du cycle Exploration duMonde sur le sujet « Chez les Mongo du Ka-saï », traité par M. Luc de Hensch.

22 octobre: Au Théâtre Municipal de Luxem-bourg, les Galas R. Karsenty de Paris pré-

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sentent «Un nommé Judas», pièce en troisactes de. Claude-André Puget, avec le con-cours de Marguerite Jamois et de Paul Meu-risse.

A l'occasion du 10° anniversaire de leurfondation, les Amitiés Françaises d'Esch-sur-Alzette organisent une conférence faite parM. Marc Blancpain, Secrétaire Général del'Alliance Française, ayant pour sujet « Vi-sions d'Amérique du Sud » et agrémentée parla projection d'un film.

Ouverture au Musée de l'Etat d'une Expo-sition de l'aquarelle et de la gouache belgesen présence de M. Pierre Frieden, Ministredes Arts et Sciences.

Inauguration à Differdange du XI« Salonde l'Art Vivant en présence de nombreusespersonnalités.

En présence de S. A. R. Monseigneur leGrand-Duc héritier et de nombreuses person-nalités de la vie culturelle, le Comte RaoulFollereau fait une conférence sur les lépro-series en la salle du Casino de Luxembourg.

23 octobre: L'Action Catholique Rurale organiseà l'Ecole Agricole d'Ettelbruck une « Journéedes Jeunes Agriculteurs et Vignerons » avecdes exposés techniques faits par MM. VictorDietrich, Directeur de la Station Viticoled'Oberlin (Alsace), et André Moser, Docteuren droit. M. le D1 Emile Colling, Ministre del'Agriculture, prononce l'allocution de clô-ture.

A Ettelbruck est célébré le « RemembranceDay » par un service religieux et une céré-monie commemorative devant le Monumentdu Général Patton, en présence du ColonelPowell et avec la participation de la musiquemilitaire de l'Armée de l'Air des U. S. A.

Les villages de Marnach et de Roder in-augurent leur Monument aux Morts de laGuerre 1940-1945.

L'Union Grand-Duc Adolphe, fédérationdes sociétés de musique et de chant, tient sa59e assemblée générale à Esch-sur-Alzette.

La Fédération des Maîtres-Peintres et Ver-riers fête la Saint-Luc et le 55e anniversairede sa fondation.

24 octobre: La Fédération des Patrons-Bottiersfête le centenaire de sa fondation et la Saint-Crépin.

Fentange inaugure son nouveau bâtimentd'écoles et son hangar des sapeurs-pompiersnouvellement construit.

Commémoration du 10e anniversaire del'Organisation des Nations Unies.

29 octobre: L'Association Luxembourgeoise desIngénieurs et Industriels organise au Casinoà Luxembourg une conférence sur «L'utili-sation industrielle de l'énergie nucléaire, lesrecherches, le réacteur expérimental suisse »,faite par M. Lalive-d'Epinay.

Inauguration du nouveau pont sur la Sûreà Rosport en présence de M. Victor Bodson,Ministre des Travaux Publics, et du Regie-rungspräsident Dr Steinlein.

30 octobre: Mgr. Henri Schmit, Curé de l'EgliseCathédrale de Luxembourg, fête son jubiléd'or sacerdotal.

31 octobre: A la tribune du Jeune Barreau, M.le Président Henri Rollin, avocat à la Courd'Appel de Bruxelles et professeur de droità l'Université Libre de Bruxelles, fait uneconférence, dont le sujet est le suivant : « Im-pressions d'un voyage en U. R. S. S. »

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