ÉTUDETIERS!LIEUXPORTANTSURLA!SPÉCIFICITÉ!...
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ÉTUDE TIERS LIEUX PORTANT SUR LA SPÉCIFICITÉ DE L’ACTIVITÉ DE TRAVAIL DANS LES TIERS LIEUX
PICARDS
Aract Hauts-‐de-‐France
Antoine Koubemba & Catherine Remy Chargés de mission
28 Octobre 2016
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I. L’étude .......................................................................................................................................... 3 1.1. Le champ de l’étude .................................................................................................................. 3 1.2. Les objectifs ............................................................................................................................... 5 1.3. La méthodologie ........................................................................................................................ 6 II. Les retours de la phase de diagnostic ......................................................................................... 6 2.1. La typologie des espaces de coworking rencontrés .............................................................. 6 La répartition géographique : ................................................................................................... 6 Le statut juridique : .................................................................................................................. 6 Le type d’espace : ..................................................................................................................... 7 La dimension territoriale : ........................................................................................................ 7 La diversité des usagers : ........................................................................................................ 12 La diversité des usages : ......................................................................................................... 12
III. Les enseignements ................................................................................................................... 15 3.1. Les enjeux individuels .......................................................................................................... 15 Rompre l’isolement : le cas des travailleurs indépendants .................................................... 15 Avoir un cadre de travail stimulant : ...................................................................................... 17 Etre autonome : ...................................................................................................................... 17 Se former : .............................................................................................................................. 17 Concilier vie professionnelle/vie personnelle ; ....................................................................... 17 Séparer vie privée/ vie professionnelle .................................................................................. 17 Avoir un cadre de travail flexible : .......................................................................................... 18
3.2. Les enjeux pour le collectif .................................................................................................. 19 L’économie collaborative : ..................................................................................................... 19 La dimension sociale : ............................................................................................................. 19 L’aspect communautaire des tiers lieux : ............................................................................... 21
3.3. Les enjeux pour l’entreprise ................................................................................................ 22 L’espace de travail : enjeu de Qualité de Vie au Travail (recrutement et fidélisation) et de performance ........................................................................................................................... 22 L’entreprise qui s’ouvre à son environnement : ..................................................................... 23
3.4. Tiers lieu et territoire ........................................................................................................... 23 Un atout pour le territoire : .................................................................................................... 23 Une concurrence sur le territoire avec des effets potentiellement négatifs : ........................ 25 Un espace qui cherche sa clientèle : ....................................................................................... 26
IV. Conclusion ................................................................................................................................. 26 Documents et Articles .................................................................................................................... 28
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I. L’étude Depuis 3 années, le réseau de l’agence nationale pour l’amélioration des conditions de travail (Anact) et les associations régionales pour l’amélioration des conditions de travail (Aract) ont entrepris d’investir la question du télétravail a travers une étude : télétravail et organisation des temps pour soutenir l’égalité professionnelle : quelle méthodologie ? (Totem) Cette étude comportait trois volets :
- Le volet tiers lieu (télécentre) : « analyser les freins et leviers des entreprises sur le recours aux télécentres dans les modalités possibles de mise en œuvre du télétravail »;
- Le volet genre : « à quelles conditions le télétravail peut-‐il soutenir l’égalité professionnelle, à tout le moins ne pas devenir vecteur de nouvelles inégalités ? »
- Et le volet approche organisationnelle du télétravail. En 2015, l’Aract Hauts-‐de-‐France s’est engagée avec d’autres Aracts : Aquitaine, et Auvergne sur le volet tiers lieu (télé-‐centre). 1.1. Le champ de l’étude Dans un premier temps, l’étude était orientée « espace télé-‐centre », puis progressivement, elle s’est intéressée à « l’espace de coworking ». Pourquoi ce changement d’orientation ? Dans un premier temps, il convient de préciser ce que c’est qu’un tiers lieu, un télé-‐centre, et un espace de coworking ? La notion de tiers-‐lieu désigne aujourd’hui « un espace de travail autre que le bureau ou le domicile, dans lequel on peut travailler de façon permanente ou occasionnelle, seul ou ensemble, sans forcément appartenir à la même entreprise. Il s’agit des espaces en accès libre (gares, cafés wifi,...) ou des espaces d’accès payant qui permettent aux actifs de travailler à distance dans des lieux aussi bien équipés et aménagés que l’entreprise. Ils proposent des espaces de travail (individuels ou non), des salles de réunion, des équipements du type visio-‐conférence, photocopieurs, imprimantes, l’accès au haut ou très haut débit. Leurs offres sont très flexibles : la location d’un poste de travail pouvant se faire pour des durées allant de la journée, à l’heure et l’année »1. Cette étude s’intéresse uniquement aux travailleurs qui exercent leurs activités à un rythme régulier et dans un lieu fixe (hors entreprise) :
1 Espaces de coworking et télécentres : les tiers lieux de travail, une alternative au domicile (p 5)
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Il s’agit :
-‐ des centres d’affaires : historiquement, ils ont été les premiers tiers-‐lieux professionnels. Ils proposent des salles de réunion ou de bureaux équipés, mais aussi des services de domiciliation, d’accueil téléphonique ou de secrétariat. Ce sont en général des services haut de gamme. Ils sont traditionnellement installés dans les quartiers d’affaires ou en centre-‐ville et visent une clientèle de cadres et de dirigeants. Les opérateurs, privés, sont en majorité des indépendants mais les grandes chaînes dominent le marché : Régus, Servcorp, Multiburo, Atéac.
-‐ des télé-‐centres : ce sont des bureaux partagés de proximité qui visent à héberger surtout des télétravailleurs permanents, en majorité des salariés. Ils sont implantés en zones rurales ou péri-‐urbaines, à proximité du lieu de vie des télétravailleurs, et permettent de réduire les déplacements de ceux-‐ci. Mais le public salarié n’étant pas encore au rendez-‐vous des télé-‐centres, ceux-‐ci fonctionnent souvent comme des espaces de coworking, avec une clientèle surtout composée de travailleurs indépendants et de très petites entreprises.
-‐ des espaces de coworking : ce sont des espaces de travail partagés, en général urbains et portés par une communauté active d’utilisateurs, surtout composée de travailleurs indépendants (free-‐lance, créateurs d’entreprises, auto-‐entrepreneurs) ou de petites entreprises (start-‐up, TPE,...). Ces lieux favorisent un état d’esprit collaboratif, encourageant l’échange, l’ouverture, la création de réseaux, générant si possible des synergies d’affaires, et dans cette optique organisent de nombreuses animations.
-‐ des ateliers de fabrication numérique (AFN), ou « ateliers partagés », dont font partie les « Fablabs » (laboratoires de fabrication), des lieux collaboratifs qui mettent à disposition de non spécialistes toutes sortes d’outils, notamment des machines à commande numérique destinées à la conception et la réalisation d’objets, des imprimantes 3D, avec une notion importante d’accompagnement. Ce sont surtout des lieux urbains, associatifs, parfois liés à des universités, des centres de recherche, ou des collectivités publiques et soutenus par des fonds publics et/ou privés.
Les trois dernières catégories correspondent à ce qu’on appelle des tiers-‐lieux collaboratifs, c’est-‐à-‐dire des espaces de travail mais aussi de rencontres et de partage de ressources.2
Dans ces espaces, un rôle important est joué par le gérant et ou l’animateur pour susciter une dynamique communautaire. « Leur développement s’appuie, en partie, sur un ensemble de représentations idéalisées du monde du travail où domine la croyance en l’émergence d’un nouveau type de relations professionnelles, caractérisé par une coopération dite faible et par l’absence de relations hiérarchiques ou de rapports de domination au travail (Aguiton & Cardon, 2008) »3
2 Espaces de coworking et télécentres : les tiers lieux de travail, une alternative au domicile p5 et p6 3 Le coworking un dispositif pour sortir de l’isolement p11
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Pourquoi ce changement d’orientation d’un espace télé-‐centre à l’espace de coworking ?
La phase exploratoire de l’étude a permis de constater que l’offre télé-‐centre ne semble pas trouver son public. En effet, la fréquentation des télé-‐centres par les salariés reste marginale, et les retours d’expériences et les accords collectifs d’entreprises pointent un recours quasi exclusif au domicile des actifs salariés pour le télétravail.
En parallèle, le nombre des tiers lieux est en augmentation d’une dizaine de lieux en France en 2010, ce nombre est passé à 327 aujourd’hui 4. Ces espaces hébergent une diversité de public : des salariés télétravailleurs, mais surtout des travailleurs indépendants, des créateurs d’entreprise, ou de petites entreprises (start-‐up). Au-‐delà des questions d’emploi, c’est la dimension travail qui va nous intéresser. Contribuer à la connaissance de ces nouvelles formes et lieux du travail est l’ambition de ce travail.
1.2. Les objectifs
Il s’agit de comprendre à travers les témoignages des différents acteurs, en quoi les tiers-‐lieux font émerger des signaux s’apparentant à des alternatives organisationnelles (organisations agiles et/ou apprenantes) ?
Sont questionnés :
- La qualité de vie au travail des usagers qui intégrent un espace de travail proche de chez eux, supposé convivial, flexible, ouvert, collaboratif ;
- Les conditions de coopérations entre usagers, d’appartenance à des collectifs ; - Les possibilités pour les entreprises de se nourrir des modes de coopération et
d’interrelations dans les tiers-‐lieux ; - Les tiers-‐lieux comme facteur d’attractivité territoriale.
Nous proposons de présenter cette étude aux acteurs impliqués et de mettre en discussion les premiers constats.
4 Espaces de coworking et télécentres : les tiers lieux de travail, une alternative au domicile p 8
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1.3. La méthodologie Précisions méthodologiques : (Rappel : Choix de ne pas utiliser les tiers lieux : bar, train, gare, qui ne sont pas selon nous collaboratifs) Les matériaux analysés pour cette recherche ont été recueillis de la façon suivante :
• 5 à 6 tiers lieux visités en Picardie • Entretiens préalables effectués avec les gestionnaires et/ou animateurs des tiers lieux
(6 personnes) et un(e) chargé(e) de mission et un contact téléphonique avec le Co créateur d’un futur lieu (la cantine)
• Interviews auprès de 2 salariés des tiers lieux (La Machinerie et le Centre de Wassigny)
• Interviews auprès de 6 utilisateurs des espaces • Interviews auprès de 3 Salariés utilisateurs des espaces • Utilisation d’une grille de recueil de donnée (cf annexe 1)
II. Les retours de la phase de diagnostic
2.1. La typologie des espaces de coworking rencontrés
La répartition géographique :
Nous avons visité 5 tiers lieux en Picardie (2 dans l’Aisne, 2 dans la Somme et 1 dans l’Oise). Un dernier n’a pas pu être visité car il n’ouvrira ses portes à Amiens qu’en 2017, mais nous avons cependant pu prendre connaissance de son origine et de ses caractéristiques
Le statut juridique : Trois des cinq espaces de coworking sont de statut public (Chambre Consulaire et Communauté de communes) et deux sont de statut privé (associatif et/ou centre de profit). Selon le gérant de l’espace Créatis, le soutien des collectivités publiques s’avère indispensable. Il se traduit notamment par la mise à disposition des locaux.
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Le type d’espace :
La Coloc et Stop and Work sont des espaces de coworking généralistes. Tandis que la Machinerie est un espace de coworking spécialisé, mais également un espace hybride dans le sens où il abrite aussi :
- Un espace coboutique, qui « offre la possibilité à des artisans, créateurs, entreprises, … de s’installer quelques jours ou quelques semaines dans un espace qui deviendrait leur boutique pendant la période choisie. Le but étant de tester les produits à la vente, de rencontrer des clients et organiser des ventes » ;
- Un programme d’incubation appelé « Starter » et développé au sein du collectif. Il permet d’accéder à l’ensemble des ressources nécessaires au lancement d’un projet : outils, services, formations, réseau de partenaires et d’investisseurs ;
- Et un Fablab : atelier composé de machines-‐outils pilotées par ordinateur pouvant fabriquer des biens de nature varié.
L’espace Créatis est un espace de coworking généraliste et hybride : pépinière d’entreprises dans les technologies de pointe ; incubateur « le garage » dédié à la recherche et au développement des applications mobiles et plates formes hébergées dans le cloud ; espace de télétravail et de coworking baptisé « le büro, plug and work » et une crèche d’entreprise. Le centre de Wassigny est un espace généraliste et hybride : espace de coworking, point service public, bureaux communaux, centre de téléformation et des bureaux individuels et collectifs destinés à accueillir les télétravailleurs. En conclusion : le tiers lieu est une « sorte de jeu de légo où chacun ajoute les morceaux qui sont utiles à sa communauté, à son territoire »5 La dimension territoriale : A Amiens, l’ouverture prochaine d’un autre espace spécialisé, peut représenter une concurrence néfaste. A Beauvais, l’ouverture Stop and Work représente un atout pour les clients à la recherche d’un service de proximité, de locaux modernes avec des services appropriés à un prix compétitif (pas besoin d'aller à la défense). Cependant le marché reste fragile car l’espace cherche encore sa clientèle. A Wassigny, l’ouverture du centre représente un atout pour le territoire.
5 « Les tiers lieux : les cafés du village global » p3 (Zevillage)
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Nom et
implantation
Caractéristiques (Situation géographique,
Statut, moyens de communication,
animation)
Origine du projet et durée
d’existence
Services mis à disposition
3 Rue Vincent Auriol 3ème étage à Amiens (80)
Urbain Public (Mise en place par la CCI d'Amiens) L’animation est assurée par 3 personnes et notamment par le chargé de communication de la CCI. Moyens de communication : brochures, Site Internet, réseaux sociaux (Facebock, Twitter, ...), articles de presse (CCI info, Gazette Picardie,...), objets de marketing (sacs), organisation de conférences et ateliers, cocktails, barbecues ….
Née d’une expérimentation : Les Jelly ou les parents de la Coloc, avec pour concept : « Se voir une fois par semaine pour travailler ensemble, voir si cela marche et pourquoi pas se mettre ensemble" Prés de 2 années d’existence
300m2 d’espace de travail, 20 postes de travail individuels en espace coworking, 2 bureaux individuels fermés (pour une confidentialité des échanges : accueil demandeur d'emploi) et une salle de réunion avec tableau blanc et vidéo-‐projecteur (formation initiation à l'informatique pour le compte de le CCAS). Un espace reprographie assuré par un coworker Mise à disposition de plusieurs espaces détente : un lounge, une cuisine (Café et thé Gratuit), une terrasse avec barbecue et un babyfoot. Mise à disposition de l’espace aux entreprises pour l’organisation d’événements. Un site de réservation en ligne qui permet de gérer soi même ses présences. La connectivité très haut débit (Fibre optique), le chauffage, l’accueil, l’électricité, l’impressions, et les casiers tout est compris !
Projet de mise à disposition de permanences par des conseillers de la CCI (RH, comptabilité, juridique, …)
70 rue des Jacobin Bât b 1er étage à Amiens (80)
Urbain Privé (Association de 6 salariés) L’animation est assurée par le chef de projet incubateur et trésorier de l'Association.
C’est la rencontre de 2 initiatives : « Le FabLab » et « le tcho pas de côté » qui a permis l’émergence d’un projet commun (aujourd’hui association).
Cette association est composée d’un FABLAB, d’une CoBoutique et d’un espace Coworking. La Machinerie, c’est également un programme d’incubation, appelé « Starter » L’association des deux espaces : Coworking et FabLab permet d’élargir le champ d’intervention du Fablab seul.
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La Machinerie est amenée à déménager (janvier 2017) pour occuper un espace plus grand, sur 2 étages (face à la gare routière).
Moyens de communication : Site internet, page Facebook
Prés de 3 ans d’existence.
L’espace coworking est composé d’un espace convivial et d’une petite cuisine (Café et thé Gratuit). Une salle de réunion (15 personnes environ) est également accessible à tous. Cette salle dispose d’un tableau blanc ainsi que d’un vidéo-‐projecteur et d’un accès internet par Wifi. Il est possible de prendre un abonnement d’une journée à plusieurs semaines, voir plusieurs mois (coworker permanent). Dans ce cas, un bureau est attribué à chaque coworker ainsi qu’un casier dans lequel chaque abonné peut y ranger ses affaires personnelles. Chaque coworker est adhérent de l’association pour 15 euros par an. Ce qui lui donne aussi accès au FabLab et l’invite ainsi, à s’initier au numérique.
1 rue du pont de paris à Beauvais (60)
Urbain Privé (Centre de profit) L’animation est assurée par une équipe de 3 personnes : la responsable avec un profil commercial, un chargé de clientèle et un réceptionniste. Moyens de communication : Site internet, Mailling et emailling aux entreprises, articles de presse, conférences, cocktail, projet de plate forme informatique
Né de la volonté de 3 partenaires fondateurs : Régus, la Caisse des dépôts et Orange. Prés d’1 année d’existence.
Espaces de travail ouverts ou privatifs, des salles de réunion, une connectivité très haut débit, des services de visio-‐conférence. Mais aussi domiciliation, relève postale, téléphone dédié, bureau 7jrs /7 de 1 mois à 24 mois, photocopieurs, gestion de planning, secrétariat, … Mise à disposition d'une cuisine et d'un espace café/thé gratuit. Mise à disposition d’un auditorium de 100 places. Organisation de conférences et/ou séminaires. Possibilité d'utiliser l'abonnement fait à Beauvais dans toutes les autres villes de France et à l'étranger !
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Zone d'activité 6 Avenue Archimède à Saint Quentin (02)
Urbain Public (Communauté de commune de St Quentin) L’animation est assurée par l’assistante de direction. Le gérant est chargé de la communication Politico-‐institutionnelle. Moyens de communication : brochures, barbecue annuel, conférences, ....
Projet de longue maturation suite à la capitalisation et l'expérience en France et à l'étranger d'espaces de télé-‐centres qui fonctionnent ! (Environ 4 ans)
C'est une pépinière d’entreprises dans les technologies de pointe, un incubateur, un espace de télétravail et de coworking (grande salle de 16 places en open space), des salles de conférence, et de réunions ainsi qu’une crèche d’entreprise. Les services proposés sont : L’accueil, le standard tél, l’animation, le service de courrier et le sercrétariat. Un espace convivialité ou "cuisine" (distributeur de boissons payantes) Un digicode pour une accessibilité 7Jr/7 et 24h/24
Télécentre de Wassigny Situé en lieu et place de l’ancienne perception de Wassigny (02)
Rural Public (Communauté de Communes de la Thiérache d'Aumale) Le gérant est le Président de la communauté des communes de la Thiérache-‐Aumale. L’animation est assurée par un salarié de la communauté de communes avec le profil de formateur en informatique.
A son ouverture, le télé-‐centre avait pour vocation, d’accueillir des télétravailleurs dans les espaces dédiés à cet effet. Aujourd'hui, il s'agit d'un espace de service public (RAM, Formation en informatique, …) Une étude préalable a mis en évidence l'intérêt de ce service) Prés de 4 années d’existence
Il propose un espace d’initiation à l’informatique et à l’usage de l’Internet ouvert au public, une salle de visio-‐conférence pour la formation à distance et des bureaux destinés à accueillir les télétravailleurs. A l’étage, 8 bureaux sont prêts à accueillir des télétravailleurs. Les espaces sont équipés de tout le matériel nécessaire et d’un coin cuisine. Les utilisateurs y disposent d’un accès internet et d’un appui technique permanent en cas de problème. Il propose également des permanences pour la Perception de Guise et pour le Relais « Assistantes Maternelles ». Il est composé de 4 modules : Au rez-‐de-‐chaussée, un espace public numérique équipé de 8 ordinateurs, d’un vidéoprojecteur, d’un système d’impression et de numérisation.
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Télécentre de Wassigny
Moyens de communication : Actuellement le centre n’a pas d’action de communication à proprement parlé, si ce n’est une page Facebook et une brochure (Absence de service de communication dédié). Cependant la prochaine fusion des deux communautés de communes offrira cette opportunité.
Un formateur (salarié de la communauté de commune et une partie de son salaire est pris en charge par la région via Picardie en ligne) y dispense des formations à l’informatique et aux technologies de l’information. Juste à côté se trouve la salle de visio-‐conférence et de formation à distance. Cette salle peut accueillir 15 personnes dans le cadre de formations en présentiel ou à distance. Équipée d’un grand écran et d’un système audio, elle est destinée au personnel d’entreprises, de collectivités ou d’associations désireux de se former. La salle de Coworking : Destinée à rassembler plusieurs télétravailleurs en un même endroit afin de mettre en commun des compétences, partager et avancer ensemble.
La Cantine numérique EN PROJET (ouverture prévue à Janvier 2017 dans les locaux de l'espace Somme Rue du Hocquet à Amiens (80)
Urbain Public (Métropole Amiénoise)
Ce lieu s’appuiera largement sur le dynamisme de l’association « La Tech’Amiénoise » qui fédère les jeunes entreprises innovantes. En préparation du lancement, la métropole entretient ses réseaux étudiants, d’entrepreneurs et de startups. « L’idée est de rendre la technologie amiénoise visible et de la booster pour créer des emplois », (Arnaud Jibault, fondateurs d’Awelty, société de création de sites internet) Pour y parvenir, la Métropole s’appuie en autres sur les conseils d’Arnaud Jibaut, créateur de la Tech Amiénoise. Son association, lancée en 2013, fédère les acteurs du numérique amiénois. Il s’agit d’un site qui n’est ni un lieu de restauration avec des ordinateurs ni un magasin virtuel. En fait, il s’agit d’un espace de coworking mais aussi d’animations, d’expérimentations et de rencontres autour du web et du numérique.
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Au-‐delà de la visite de ces tiers lieux et afin de mieux comprendre leur fonctionnement et leurs usages, nous avons pu réaliser :
• 6 Entretiens préalables auprès des gestionnaires et/ou animateurs des tiers lieux ainsi qu’avec avec un(e) chargé(e) de mission,
• 1 contact téléphonique avec le Co-créateur d’un futur lieu (la cantine), • 2 Interviews auprès des salariés des tiers lieux (La Machinerie et le Centre de
Wassigny), • 6 Interviews auprès d’utilisateurs des espaces, • 3 Interviews auprès des Salariés utilisateurs des espaces.
La diversité des usagers : La population qui fréquente ces espaces est composée d’indépendants, de demandeurs d’emploi, de télétravailleurs, d’étudiants et de chercheurs, mais également de fonctionnaires territorial et autres. Sur les 9 utilisateurs interviewés (6 Hommes et 3 Femmes), la moyenne d’âge est de 33 ans. 3 d’entres eux sont salarié(e)s alors que les 6 autres sont indépendant(e)s (profession libérale, startups, …) La diversité des usages : Parmi cette population, on retrouve des nomades, des résidents, des personnes qui pratiquent du nomadisme coopératif, c’est-‐à-‐dire qui sont à la fois coworker et télétravail à domicile, d’autres qui sont coworkers et colocataires dans la vie privée. Pour les 9 usagers interviewés, les espaces sont utilisés pour les 3 raisons suivantes :
-‐ Rompre l’isolement, -‐ Rechercher la collaboration, -‐ Avoir un cadre (des horaires), contrairement au travail à domicile.
A l’inverse, les 3 seules contraintes évoquées sont :
-‐ Le manque d’accessibilité (Amplitude horaire trop restreinte et/ou absence d’accès libre par badge pour certains espaces),
-‐ Un débit internet trop faible et/ou la crainte concernant la confidentialité des données informatiques,
-‐ Un surplus de nuisance sonores pour certains.
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Le nombre des utilisateurs interviewés n’étant malheureusement pas représentatif, car trop faible. Nous avons choisi de vous présenter, à titre d’exemple, et en accord avec l’initiateur, les retours d’un questionnaire d’enquête réalisé en octobre 2016, auprès d’utilisateurs d’un des espace de coworking Amiénois : La Coloc. Ce questionnaire a concerné 138 coworkers et a donné les résultats suivants6 : Typologie des usagers Répartition par genre des utilisateurs
Age des coworkers
-‐ Moins de 30 ans 30 % -‐ de 31 à Moins 40 ans 40 % -‐ de 41 à Moins de 50 ans 25 % -‐ Plus de 50 ans 5 %
6 http://www.coworking-‐amiens.fr/?p=1586
74
64 58 60 62 64 66 68 70 72 74 76
HOMMES FEMMES
Dont 84 % de Nomades Et 16 % de résidents
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Distance domicile/La Coloc
Nombre de KM qui séparent le domicile de l'utilisateur de La Coloc
Depuis qu’ils travaillent à La Coloc, ils se sentent …. Mieux 82 % Plus efficace 88 % Plus concentré 81 % Moins stressé 82 % Meilleur maîtrise du temps 71 % Meilleure conciliation vie prof/Vie privée 76 % Où travaillent-‐ils avant ?
Lieu de travail utilisé avant l'utilisation de l'espace de coworking
66% 22%
12%
Moins de 5 Km Entre 6 et 10 Km Plus de 11 Km
76%
12% 12%
A la maison Bureau Bureau partagé
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À quels secteurs d’activités appartiennent-‐ils ?
Secteurs d'activités des coworkers
3 Mots les plus utilisés pour caractériser la Coloc Convivialité Travail/Qualité Réseau
« C’est plus qu’un lieu de travail »
III. Les enseignements 3.1. Les enjeux individuels Rompre l’isolement : le cas des travailleurs indépendants La pratique du coworking est un moyen de rompre l’isolement pour les travailleurs indépendants. En effet, le « coworking a émergé en même temps que l’essor des professions libérales, des start-‐up et de la révolution numérique. Les entrepreneurs indépendants, travaillant seuls, ont souhaité sortir de l’isolement professionnel, corollaire de leur statut, en se regroupant. Ainsi, ils peuvent mutualiser les coûts : coût de l’hébergement/du lieu de travail, coût de certains équipements (imprimantes, connexion internet...), coût des consommables (café, produits d’entretien, ...). Au-‐delà de ce principe de rationalité économique, les travailleurs sont aussi en recherche de lien social »7.
« Quitte à travailler seul, autant le faire ensemble » (slogan Coloc).
7 « Qu’est ce qu’un espace de coworking in coworking : pourquoi, comment, où ? » p 8
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0 10 20 30 40 50
Travailleurs Indépendants
Profession libérale
Salariés Autres
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Certains recherchent la solitude pour se concentrer ou pour réaliser certaines activités qui sont empêchées par les incessantes sollicitations des collègues, et de la hiérarchie. Pour ces derniers, l’efficacité résulte d’un mélange de « travail collaboratif informel et d’isolement productif »8. Les télétravailleurs en informatique rencontrés à la Machinerie estiment : « qu’ils travaillent mieux dans l’espace de coworking que dans leurs entreprises respectives, car ils ont moins d’interactions avec les collègues, donc moins dérangés, malgré la fréquence des pauses et des échanges à l’espace de coworking ». Pour d’autres, « l’espace de coworking permet de recréer les conditions matérielles d’un lieu de travail, dans un cadre moins formel que celui d’une entreprise, et donc de retrouver, sinon d’authentiques « collègues de bureau », du moins des présences familières. Ce type d’espace ouvre de nouvelles possibilités d’échanges, en alimentant la probabilité de (re)créer un collectif »9 C’est le cas notamment de l’enseignant rencontré à la Machinerie qui estime qu’en venant dans cet espace, il retrouve des personnes qui ne sont pas des collègues avec lesquelles il peut échanger avec plaisir, librement (ce qui n’est pas le cas dans les échanges entre collègues où les relations peuvent être compliquées : compétition, jalousie…) ; A l’instar de cet auteur « dans un espace plus stimulant, le salarié sera plus efficace. Une efficacité potentiellement renforcée par le collaboratif, tenant du hasard des rencontres ou finement organisé, mais toujours synonyme de décloisonnement des disciplines et de hauteur de vue »10 « L’espace de coworking c’est le contraire de l’enfermement dans un bureau classique à l’instar du domicile » (start-‐uper) ; « On sait qu’on va les voir, pas un collègue, pas un hiérarchique, donc c’est bien, du coup on parle comme des amis, pas d’arrière pensée » ; « Seul un peu dur, l’autonomie c’est une bonne chose, si quelqu’un à côté de la même entreprise c’est bien pour l’émulation » ; « Je peux travailler chez moi, mais pas je ne veux pas m’isoler, je veux avoir des horaires de bureau pour me discipliner et avoir un contact avec d’autres personnes » (start-‐uper) ; « J’ai la possibilité de travailler à domicile, où je dispose d’un bureau aménagé et je viens à la Coloc au moins une fois/semaine pour rompre l’isolement par le contact avec d’autres personnes d’entreprises et de secteurs différents » (télétravailleur) ;
8 David Layan : « Lieu de travail ou lien de travail ? » 9 « Le coworking : un dispositif pour sortir de l’isolement ? » 10 « Les nouveaux modes de travail à l’ère du digital »
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« Rompre l’isolement, trouver une ambiance conviviale, dynamique et enrichissante, notamment grâce aux échanges avec les autres utilisateurs de l’espace et notamment du FabLab » (enseignant-‐indépendant). Avoir un cadre de travail stimulant : « Avoir des horaires de travail fixes et pourvoir faire une pause. Car pour le métier de programmeur, les moments de pause et de convivialité sont très importants pour sortir de l’isolement » « J’y trouve également une ambiance de travail et de la motivation, que je n’aurais pas seul à mon domicile » (télétravailleurs domaine informatique). Pour certains coworkers, l’espace de coworking est une réponse organisationnelle à la recherche d’un cadre de travail stimulant :
- « A domicile, il est difficile de se motiver, d’avoir des objectifs précis et des horaires de travail réguliers ;
- « Avoir des horaires de travail fixes et pourvoir faire une pause » (télétravailleurs du domaine informatique).
Etre autonome : « Dans ce lieu, les personnes étant indépendantes, ils sont donc favorables à la prise d’initiative, c’est une question de management » ; « J’ai conservé mon métier, j’étais déjà relativement indépendant au sein même de mon entreprise » (indépendant résident, et ancien salarié d’une SCOP). Se former : Picardie en ligne organise des sessions de formation à l’informatique et aux technologies de l’information (internet) pour les habitants du territoire. Concilier vie professionnelle/vie personnelle ; « Le tiers lieu me permet de travailler à proximité de ma famille, mon domicile et ainsi j’arrive à concilier ma vie professionnelle de ma vie privée » (télétravailleurs informatique). Séparer vie privée/ vie professionnelle « Tout en conciliant ma vie privée de ma vie professionnelle, je ne souhaite cependant pas travailler à la maison » (télétravailleur informatique).
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Avoir un cadre de travail flexible : Les espaces de coworking n’obligent pas les utilisateurs à s’engager dans la durée. « Il est possible de prendre un abonnement d’une journée à plusieurs semaines, voir plusieurs mois. Dans ce cas, un bureau est attribué à chaque coworker ainsi qu’un casier dans lequel chaque abonné peut y ranger ses affaires personnelles » (coworker permanent à la Machinerie). Cette flexibilité est un critère fondamental pour des travailleurs testant un projet sans certitude sur la pérennité (start-‐uper Coloc) : « Au-‐delà de deux, trois collaborateurs, on verra si on va en pépinière, ou on loue des bureaux à la CCI » ;
« A deux ou trois, on a de l’interaction aussi, la dynamique se crée » ;
« On n’a pas fait le choix de la pépinière, car trop lourd, administratif, processus long et lourd » ;
« On n’est pas toujours sur Amiens, on ne paie pas pendant les vacances » ; « On ne paie que ce qu’on consomme » ;
« Le fait de coworker m’a permis de libérer une pièce de mon appartement, du coup celui-‐ci devenait trop grand pour moi et j’ai fini par déménager pour co-‐louer » (enseignant et indépendant Machinerie).
Ce qui précède relève de l’économie de la fonctionnalité. « L’économie de la fonctionnalité est le terme qui désigne le principe de favoriser l’usage plutôt que la propriété, d'utiliser un bien partagé plutôt que de posséder un bien pour un usage individuel »11
11 « Coworking : pourquoi, comment, où » ? p16
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3.2. Les enjeux pour le collectif L’économie collaborative : Certaines pratiques en cours dans les espaces de coworking relèvent de la l’économie collaborative, une dimension sociale de l’économie de la fonctionnalité. « L’économie collaborative consiste à faire appel aux ressources et aux richesses des particuliers pour les mettre à disposition d’autres particuliers »12. Quelques illustrations : « Rechercher une ressource, une compétence (le mûr à la Coloc-‐ en photo ci-‐dessus), recruter un collaborateur en interne, avant d’aller chercher à l’extérieur » ;
Mur de La Coloc « Co-‐concevoir le projet de construction d’un nouvel espace de coworking en interne en utilisant les compétences, ressources internes des coworkers » (la Machinerie) ; « Faire l’entretien des locaux par l’ensemble des utilisateurs plutôt que de faire appel à un prestataire extérieur ». La dimension sociale : La dimension sociale et collaborative du tiers lieu varie selon les espaces. Dans certains espaces, la dynamique impulsée par l’animateur favorise l’établissement de liens riches et durables, le partage et la collaboration entre coworkers. Ainsi, de nombreux événements sont organisés pour créer une « communauté » y compris des événements externes (ex à la Coloc). On parle d’espace de coworking puriste13 et de réseau ou collectif réticulaire pour caractériser les relations entre les membres de ces espaces. « Dans les espaces de coworking puriste, les coworkers se reconnaissent comme étant « membres » d’un même espace de travail, ils n’hésitent pas à tenir des conversations de tout ordre, y compris professionnel notamment dans les espaces de détente »14. 12 Coworking : pourquoi, comment, où ?
13 « Coworking, un dispositif pour sortir de l’isolement » ? p13
14 « Coworking, un dispositif pour sortir de l’isolement » ? p16
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C’est ainsi qu’une discussion peut se faire autour d’un café pour « partager des expériences avec des personnes qui ne sont pas des collègues. Ces échanges se font avec des personnes du même domaine professionnel (dessinateur graphique, ingénieur, architecte, …), mais aussi entre personnes d’univers différents ». Ils sont jugés riches, l’aspect découverte est souligné par certains : « ex d’une diététicienne qui réalise des repas et qui les fait partager ».
- A force de se cotoyer, se parler, s’apprécier mutuellement les coworkers décident de collaborer sur des projets communs : ex répondre à 2 à un appel d’offre, organiser à 2 une formation à la fois pour faire connaitre l’espace et montrer ou valoriser les compétences qui existent au sein de l’espace;
- La réalisation en commun de la totalité des plans et des aménagements du futur déménagement, pour garder l’esprit participatif et collaboratif (la Machinerie);
- « Je travaille seul avec l’aide de prestataires, notamment avec un architecte également adhérent de l’association et qui travaille sur place » (indépendant résident la Machinerie);
- « La synergie entre coworkers est intéressante : on fait travailler des personnes, j’ai trouvé ma développeuse web ici, ça réseaute pas mal » (start-‐uper);
- « La dynamique réside dans la synergie qui peut exister entre les uns et les autres dans les différents espaces : incubation, pépinière… » (animatrice espace Créatis).
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Le collectif en réseau :
Le réseau désigne « des collectifs où les interactions se répètent, possèdent une certaine durée, tout en conservant une souplesse de constitution, une absence de hiérarchie, du fait que l’engagement des membres est réservé aux objets de l’échange, sans grand investissement affectif…Les réseaux sont construits en vertu des choix et des stratégies des acteurs sociaux … Le nomadisme coopératif ou le passage de collectif en collectif avec la volonté de créer du lien et de la solidarité »15 pratiqué par un indépendant rencontré à la Coloc en est l’illustration.
Alors que dans les espaces de coworking générateur de revenus16, c’est davantage l’aspect économique qui est privilégié a travers la qualité du service proposé (ex Stop and Work). Dans ces espaces (non observés), on peut émettre l’hypothèse de l’absence des relations entre les personnes, ou de relations réduites au strict minimum (marque de politesse par ex). Il s’agirait alors de collection d’individus ou de collectif anomique.
15 « Où va le travail à l’ère du numérique ? » 16 « Coworking, un dispositif pour sortir de l’isolement » ? p 12
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L’aspect communautaire des tiers lieux : Le coworking se définit donc aussi et surtout sur cette notion de communauté qui travaille ensemble. Partager un espace de coworking, c’est aussi partager ses propres affaires, les repas ; Créer un groupe pour aller courir ensemble ; Acheter un babyfoot ensemble17. Les espaces de coworking associatif sont une version plus fermée du coworking puriste. Ils fonctionnent dans une logique communautaire, en souhaitant créer un collectif réuni autour d’un métier, de métiers homogènes ou complémentaires ; des valeurs communes (ex la collaboration avant la marchandisation) et un réel désir de travailler ensemble (dimension affective)18. Au sujet de l’homogénéité des métiers : à la Machinerie par ex, il existe une solidarité mécanique basée sur le principe de la similitude : le niveau d’études (niveau supérieur) et domaine d’études (métiers techniques) et intérêt commun pour les nouvelles technologies, renforcé par la présence du Fablab (dimension culturelle). Au sujet de la dimension affective, un des coworkers rencontré évoque : « une communauté où le respect mutuel est présent, un collectif bienveillant qui est différent du collectif des pairs » ou « le soutien et l’amitié au quotidien d’un environnement de travail bienveillant avec lequel partager ses doutes et ses réussites »19. Les effectifs y sont généralement plus modestes et l’idée de « seconde famille » y est prégnante. Adoptant un fonctionnement très proche de celui des associations (fort pouvoir de décision des membres dans la vie de l’espace, forte réactivité à la sollicitation des membres). Mais la simple adhésion aux règles ne suffit pas : les coworkers sont bien souvent incités à donner de leur temps au collectif20, « en organisant, par exemple, des soirées techniques et il n’hésite pas à apporter son aide ». Si certains espaces fonctionnent ainsi (culture du groupe), d’autres ont perdu cette culture du groupe par le délitement de la culture d’origine (les jelly par ex). Pourquoi ? L’animateur de la Machinerie évoque certaines craintes, relatives au délitement de la culture communautaire et des valeurs instaurés depuis la création, en lien avec le projet de déménagement, dans un espace plus grand et sur deux niveaux (séparation de l’espace Coworking et de l’espace FabLab). 17 « Coworking : pourquoi, comment, où » ? p 8
18 « Coworking, un dispositif pour sortir de l’isolement » ? p 13 19 « Coworking : pourquoi, comment, où » ? p 9
20 « Coworking, un dispositif pour sortir de l’isolement » ? p17
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3.3. Les enjeux pour l’entreprise L’espace de travail : enjeu de Qualité de Vie au Travail (recrutement et fidélisation) et de performance « Les individus accordent moins d’importance à l’opposition entre l’espace fermé individuel et l’espace ouvert collectif, qu’à une nouvelle aspiration à la fluidité, à la diversité et au ludique… L’efficacité découle d’un mélange de travail collaboratif informel et d’isolement productif… Les nouveaux espaces doivent pouvoir concilier ces deux exigences contraires, de manière alternative, spontanée et désorganisée… Parce que la fluidité de l’information façonne la mobilité des travailleurs, la qualité du lien qui les unit entre eux et à l’entreprise devient fondamentale. Elle exige que le lieu de travail en lui même soit dédié à ce lien, qu’il évolue en permanence, déterminé par les espaces qui se forment et se déforment pour les besoins de collaboration improvisés et multiples »21 Par ailleurs, « les nouvelles générations ont intégré cette modularité dans leurs attentes de qualité de vie au travail. Pour garantir le lien qui les unit aux collaborateurs, le lieu de travail se met pleinement au service de l’immatériel : la convivialité, l’esthétique et surtout la circulation de l’information comme la fertilisation mutuelle des intelligences… Ces générations considèrent à 81%, que l’existence d’espaces de travail collectifs est un critère de choix d’un nouvel emploi »22
« La montée en puissance des populations d’actifs émanant de la « culture Y » devrait pousser les entreprises à envisager de plus en plus des solutions alternatives au bureau classique : 93 % des jeunes étudiants de l’ESSEC interrogés pour l’enquête de la Chaire « Immobilier et développement durable » de l’école déclaraient en juin 2013 ne plus vouloir travailler dans un bureau classique »23
A la Coloc, par ex, il y a de la diversité dans la configuration des espaces de travail : espace de coworking, bureaux individuels fermés, salle de réunion, lounge, espace convivialité, cuisine, et terrasse pour faire un break, un barbecue, un babyfoot. Cette configuration est une réponse à ses attentes et est propice à l’accueil de la génération ‘y’ dans l’entreprise selon le gérant. En effet, poursuit-‐il « pour les attirer et les fidéliser, une place plus importante devrait être accordée par les entreprises aux lieux de convivialité et de collaboration au sein des espaces physiques de travail ».
21 David Layan : « lieu de travail ou lien de travail ? » Les Echos 22 « L’espace de travail : un outil de stratégie et de management » in Utopies 23 « L’espace de travail : un outil de stratégie et de management » p 13
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L’entreprise qui s’ouvre à son environnement : La nouvelle entreprise apprenante brouille les repères passés : « désormais les collaborateurs apprennent dans l’entreprise, mais aussi à l’extérieur, en lien avec des communautés à priori étrangères au groupe24. Pour l’enseignant coworker par ex : « le coworking permet de préparer les cours, corriger les copies, mettre en place des exercices ». Ces espaces permettent de « stimuler le dialogue pour favoriser des conversations enrichissantes que la structure actuelle de l’entreprise ne laisse pas de place, par peur du conflit ou parce que chacun est trop occupé pour prendre du temps de mieux comprendre les autres »25 Une entreprise apprenante est une entreprise qui est ouverte l’environnement, une entreprise qui est en interaction avec son environnement.
Ex des conseillers CCI qui tiendront des permanences à la Coloc ;
Ex d’une entreprise qui organise sa réunion de cadres dans un espace de coworking, où pendant la pause, ses cadres sont en relation avec les coworkers, qui sont des potentiels clients. 3.4. Tiers lieu et territoire Un atout pour le territoire : Le tiers lieu serait un atout pour le territoire dans le sens de :
- Fournir des éléments de soutien aux populations dans le territoire ; - Elargir l’employabilité des habitants (en particulier des plus jeunes) ; - Développer l’attractivité du territoire en misant sur les solutions numériques.
Le centre de Wassigny : De nombreuses collectivités ont perçu l’intérêt de développer des tiers-‐lieux sur leur territoire. C’est notamment le cas dans la communauté de communes de la Thiérache-‐d’Aumale en zone rurale, où s’est implanté un télécentre. A la base de la création, une étude réalisée par le syndicat mixte du pays de Thiérache, intitulé : « Télétravail, télétravailleurs et téléactivités : pour un renouveau des stratégies territoriales » 26 24 David Layan : « lieu de travail ou lien de travail ? »
25 Cité dans l’article : « le coworking, une idée de la renaissance » 26 Étude réalisée en 2011 par Strategic Scout
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Cette étude avait un double objectif :
- Mettre en lumière les avantages, inconvénients, freins et atouts d’une organisation fondée sur le télétravail en Thiérache compte tenu notamment des spécificités géographiques et professionnelles du territoire;
- Apporter des éléments pour évaluer si le télétravail est une orientation pertinente d’action en faveur du développement économique de la Thiérache, notamment en ce qui concerne :
o l’accueil de nouvelles populations o la création de richesses o l’accessibilité du territoire ».
Le champ de l’étude a porté sur :
- Le télétravail salarié, pendulaire dans les secteurs publics et privés; - Le télétravail indépendant (services); - Les téléactivités (vente, gestion, développements culturels et professionnels…) exercées
grâce aux outils numériques; Les conclusions de l’étude ont conforté les initiateurs à ouvrir le centre de télétravail dans l’ancienne perception réaménagé à cet effet. Cependant le centre n’a pas réussi à attirer des télétravailleurs. Pour l’animateur, « les entreprises ne sont pas trop formées au télétravail, le télétravail se fait à domicile, sans doute pour question de coût ». Pour cette raison, le centre a été transformé en espace de télétravail, téléformation, téléconférence, bureau pour le personnel ou les agents de la communauté des communes, permanences du trésor public et du réseau des assistantes maternelles. Dans cet espace, Picardie en ligne y organise des sessions d’initiation à l’informatique et internet pour les particuliers, dans l’objectif de démystifier l’informatique et réduire la facture numérique ; C’est aussi un lieu de service public, qui accueille une diversité de population : les demandeurs d’emploi pour l’actualisation de leur situation, la rédaction d’un CV ; le personnel communal, les usagers du point accueil et service, un vacancier (nomade), les stagiaires informatiques, le personnel d’une entreprise qui utilise la salle informatique pour ses formations, les élus, les élèves. Aujourd’hui pour un télétravailleur, le service est quasi gratuit excepté les photocopies. Si ce service a prouvé son utilité, au service de la population locale, l’animateur souligne « un manque de cohérence et de visibilité du service ». En effet, poursuit-‐il, il est important de mutualiser les compétences des uns et des autres pour une meilleure efficacité du service rendu ; centraliser, et disposer de l’information pertinente afin d’orienter efficacement les personnes (une vraie politique de communication qui mettrait en valeur la valeur ajoutée du service).
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Concernant la faible fréquentation par les salariés, l’animateur fournit les explications suivantes :
- L’absence de ciblage des entreprises : grandes ou petites. L’enjeu porte plutôt sur l’amélioration de la visibilité de l’offre et la sensibilisation des grandes entreprises qui méconnaissent l’intérêt des tiers lieux dans une politique de mise en place du télétravail pour leurs salariés ; y compris lever les craintes relatives à la sécurité et à la confidentialité des données;
- L’accès au haut débit reste un frein caractéristique des territoires ruraux - Les petites entreprises ont du mal avec le matériel sophistiqué (processus insuffisamment
dématérialisés)
Il s’interroge sur la pérennité du centre, suite à la fusion des 2 régions et au changement de priorité de la nouvelle majorité régionale. En effet, la réduction de la fracture numérique n’étant pas une priorité de la nouvelle région, que deviendra le dispositif Picardie en ligne qui prend en charge la moitié du salaire de l’animateur ?
Pourtant ce centre représente un double enjeu d’attractivité forte du territoire, et de réduction de la fracture numérique. Il est devenu un lieu central, en quelque sorte une « nouvelle place du village global ». Toutefois le centre doit évaluer le risque de dépendance aux subventions publiques, surtout dans un contexte de restrictions budgétaires. Stop and Work à Beauvais : une cible élargie pour les centres d’affaires Il s’agit pour son actionnaire de proposer une offre complémentaire et interconnectée au réseau de ses centres d’affaires positionnés dans les centres villes et quartiers d’affaire traditionnels. Stop and Work à Beauvais est une réponse de proximité, dans la recherche de locaux modernes avec des services appropriés et un prix compétitif (pas besoin d'aller à la défense). Une concurrence sur le territoire avec des effets potentiellement négatifs : La co-‐existence de 2 espaces de coworking spécialisés à Amiens : la Machinerie et la Cantine numérique peut potentiellement représenter une menace pour la pérennité de la Machinerie. Le projet de la Cantine numérique : La Cantine numérique est un espace de coworking, mais aussi d’animations, d’expérimentations et de rencontres autour du web et du numérique. Ce lieu phare s’appuiera largement sur le dynamisme de l’association « La Tech’Amiénoise » qui fédère les jeunes entreprises innovantes. En préparation du lancement de ce lieu unique dans la région, la métropole entretient ses réseaux étudiants, d’entrepreneurs et de startups. « L’idée est de rendre la technologie amiénoise visible et de la booster pour créer des emplois », explique Arnaud Jibault, fondateurs d’Awelty, société de création de sites internet.
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Un espace qui cherche sa clientèle : Stop and Work est confronté à des difficultés de recrutement, en l’absence de besoins existants sur le territoire du Beauvaisis et en l’absence de connaissance par les entreprises de ce type d'espace et de ses avantages. Ce point mérite d’être nuancé, en l’absence de recul suffisant (ouverture récente).
IV. Conclusion A l’origine, cette étude portait sur les les espaces télécentre. Force est de constater que les espaces télécentre ne rencontrent pas leur public. Aussi l’étude s’est intéressée aux espaces de coworking qui sont en expansion. Ces espaces hébergent une diversité de public : télétravailleurs et indépendants. En effet nous y avons rencontré des télétravailleurs, ce qui mérite d’être souligné. Trois points caractérisent les espaces de coworking : le travail à distance, la stabilité du lieu et l’aspect collaboratif. En effet, ces espaces permettent de travailler à distance dans des lieux qui ne sont ni le domicile, ni le lieu de travail ou l’entreprise (les tiers lieux). Ces lieux sont fixes, en cela ils permettent la stabilité des relations, qui permet de créer du lien affectif : « on va les voir, on est content de les voir, ce ne sont pas des collègues, ce n’est pas le chef ». A force de se côtoyer des liens se créent et des possibilités de travailler ensemble aussi. C’est l’aspect collaboratif du tiers lieu, qui se traduit par le réseau professionnel, voir la communauté professionnelle dans certains espaces.
Ce travail résulte d’un aller retour entre littérature et travail empirique, dans 5 espaces de coworking, sur l’ensemble de la région. Ces espaces sont situés en zone rurale et en zone urbaine, ils sont de statut public et privé, avec un fonctionnement généraliste, spécialiste et hybride pour certains.
Pour les coworkers rencontrés (indépendants et télétravailleurs), la valeur ajoutée de ces espaces réside notamment dans la proximité (concilier vie privée/professionnelle), la séparation entre la vie privée et la vie professionnelle, et le fait d’avoir un cadre de travail stimulant. Ce cadre de travail permet de rompre l’isolement, et parfois de trouver la solitude qui permet d’être efficace dans son travail. Ils insistent également sur la flexibilité d’occupation qui est un critère important en phase de démarrage de son activité.
Ces coworkers mentionnent néanmoins quelques contraintes liées à la technique (faiblesse du haut débit), à l’accessibilité (horaires d’ouverture) et l’environnement (bruit).
Le mode de fonctionnement et d’animation des espaces varie selon le profil du gérant (communauté de communes, CCI, association, centre de profit). C’est ainsi que certains espaces ont opté pour une présence humaine dans l’animation des espaces : accueil (au lieu d’un digicode), organisation d’évènements y compris extérieurs, accompagnement via les services
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(permanence des conseillers CCI) et outils (article dans le journal de la CCI) ;
D’autres espaces ont fait le choix de la compétence technique (profil de l’animateur) pour assurer le service aux habitants (formation aux outils numériques) ; D’autres encore ont fait le choix du positionnement commercial : prestation haut de gamme, large offre, et service à la carte pour répondre aux attentes des clients ; D’autres enfin offrent la possibilité d’utiliser deux espaces (fablab et espace coworking) à leurs membres.
L’effet de seuil du territoire fait que le modèle économique de la plupart de ces espaces est fragile sans intervention d’un groupe financier (centre de profit) ou des pouvoirs publics. Cette intervention des pouvoirs publics se justifie par le service rendu à la population (communauté de communes), aux entreprises (CCI), et aux membres (association). Toutefois ces espaces doivent évaluer le risque de dépendance aux subventions publiques, surtout dans un contexte de restrictions budgétaires. Pour les espaces privés c’est plutôt le risque lié à l’effet de seuil du territoire quant à la fréquentation.
La dimension sociale et collaborative du tiers lieu varie selon les espaces. Dans certains espaces, la dynamique impulsée par l’animateur favorise l’établissement de liens riches et durables, le partage et la collaboration entre coworkers (création de richesse en commun). Ces espaces fonctionnent sous la forme de réseau souple (création de richesse en commun, collectif circonstanciel).
D’autres espaces fonctionnent dans une logique communautaire, autour d’un métier ou de métiers homogènes ou complémentaires, dans lequel les membres partagent des valeurs communes et un réel désir de travailler ensemble. Il y a une sorte de filtre à l’entrée (l’appartenance à la communauté), qui peut créer un risque d’exclusion (l’entre soi).
Le tiers lieu peut être un atout pour le territoire dans le sens de fournir des éléments de soutien aux populations dans le territoire (ex espace multiservice). La présence sur le territoire de 2 espaces plutôt spécialistes peut représenter une concurrence avec des effets potentiellement négatifs Le tiers peut aussi représenter une cible élargie pour les centres d’affaires, pourvu qu’ils trouvent leur public (effet de seuil du territoire). Enfin, le tiers lieu permet à l’entreprise de sortir de ses mûrs, en allant à la rencontre de son environnement. La qualité de la configuration des différents espaces de travail, peut être un enjeu de qualité de vie au travail dans le recrutement et la fidélisation notamment de la génération ‘y’ et de performance.
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Documents et Articles
ü Où va le travail à l’ère du numérique ? Anne France de st Laurent Kogan et jean luc Metzger -‐ Mines Paris / Les presses Paristech (Mars 2007)
ü Tendances et nouveaux modes de travail -‐ Coworking : pourquoi, comment, où ? (La
métropole de Lyon-‐Avril 2016)
ü Espaces de coworking et télécentres : Le nouveau marché des tiers-‐lieux collaboratifs en Ile de France in les cahiers du CROCIS (N° 40 -‐ Février 2016)
ü Le coworking : un dispositif pour sortir de l’isolement ? De Anca Boboc, Kevin Bouchareb,
Valérie Deruelle et Jean Luc Metzger in Sociologies
ü Les tiers-‐lieux : les cafés du village global -‐ Article Zevillage /Jean Pouly (Févier 2014)
ü Étude réalisée en 2011 par Strategic Scout
ü Lieu de travail ou lien de travail ? David Layan (Les Échos-‐ Février 2016)
ü L’espace de travail : un outil de stratégie et de management in Utopies-‐Mars 2015
ü Les nouveaux modes de travail à l’ère du digital, Re.sources -‐ Juillet 2015