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Thème 1 – L’Europe, un théâtre majeur des guerres totales (1914-1945)
Première Guerre et Seconde Guerre : le XX ème siècle est un siècle guerrier. Les deux
conflits témoignent de l’entrée dans une guerre totale qui débouche sur la prise de
conscience de la nécessité d’une régulation mondiale pour rétablir et maintenir la paix
QU'EST CE QUE LA GUERRE TOTALE (définition eduscol) : guerre qui mobilise toutes les ressources
des Etats durant une longue période et à un degré jamais atteint précédemment et dont
l’extension de l’affrontement à toutes les régions du globe a pour but un anéantissement de
l’adversaire.
Cette notion permet d’interroger la manière dont les individus, les groupes et les nations
ont été marqués par les situations de violence extrême (à commencer par la mortalité de
masse) qui interviennent dans le cadre d’une situation de guerre.
Les différents chapitres du thème
• Civils et militaires dans la Première Guerre mondiale
• Démocraties fragilisées et expériences totalitaires dans l’Europe de l’entre-deux-guerres
• La Deuxième Guerre mondiale, une guerre d’anéantissement
• La France défaite et occupée. Régime de Vichy, collaboration, Résistance.
Problématique : Comment l’Europe a-t-elle été marquée par la guerre entre 1914 et 1945 ? On cherchera de manière prioritaire à faire comprendre à l’élève : • que l’Europe, dans le cadre plus général des deux conflits mondiaux, a connu deux guerres immenses et rapprochées qui ont concerné toute la société, et on mettra en relief que la difficile recherche et la consolidation de la paix en Europe constituent une ligne directrice, d’autant plus que l’affirmation et la mise en oeuvre du projet européen figurent parmi les sous-thèmes du thème 2 de la classe de Troisième ; • comment les génocides (arménien, juif et tzigane) ont pu se produire, en les replaçant dans un temps plus long que les deux conflits mondiaux et dans leurs contextes respectifs.
Pièges à éviter • Aborder les sous-thèmes de manière fragmentée sans aborder le thème comme un ensemble. • Considérer les années 1920 - 1930 comme une immense répétition en vue du second conflit mondial, sans y voir les politiques pacifistes, les premiers pas d’une société internationale structurée (la SDN) et la tentative de paix concertée. • Ne pas évoquer les grands traits qui différencient les deux conflits mondiaux, l’interaction des fronts, la guerre maritime qui, seuls, rendent compte de la dimension mondiale des deux guerres. • Appliquer le concept de « guerre d’anéantissement » à l’ensemble de la Seconde Guerre mondiale et oublier que le centrage sur l’Europe ne rend pas compte de l’ensemble des pays entraînés dans la guerre. EPI possibles : • avec les Arts plastiques : art, communication politique et propagande (analyser et décoder une affiche : ex : l’Affiche rouge) ; • avec les Langues vivantes : la guerre vue d’ailleurs…
Fiche eduscol sur la séquence portant sur la Seconde guerre mondiale
CONNAISSANCES
La guerre est un affrontement aux dimensions planétaires. C’est une guerre d’anéantissement aux enjeux
idéologiques et nationaux. C’est dans ce cadre que le génocide des Juifs et des Tziganes est perpétré en Europe.
DÉMARCHES
L’observation de cartes permet de montrer l’extension du conflit et d’établir une brève chronologie mettant en
évidence ses temps forts. L’étude part d’un exemple au choix (la bataille de Stalingrad ; la guerre du Pacifique)
permettant d’étudier la mobilisation de toutes les forces matérielles et morales des peuples en guerre. L’étude des
différentes modalités de l’extermination s’appuie sur des exemples : l’action des Einsatzgruppen, un exemple de
camp de la mort.
Mises au point scientifique.
1. La guerre du Pacifique.
D’un point de vue historiographique, la question des violences de masse japonaises et de leurs victimes a
totalement été renouvelée avec la parution chez Armand Colin en 2007 de l’ouvrage de Jean-Louis Margolin
L’armée de l’Empereur, violences et crimes du Japon en guerre, 1937-1945. A travers, cet ouvrage, l’auteur
nous livre la première étude générale en français sur ce qui lui semble être un système de barbarie à grande
échelle. De ce point de vue, l’analogie avec l’ouvrage d’Omer Bartov sur L’armée d’Hitler n’a rien d’anodin...
Si l’ambition de cette étude est de donner une visibilité aux différents aspects d’une guerre longtemps négligée,
elle cherche avant tout, à combler un vide historiographique. Jusqu’à ces travaux, la vision des crimes de guerre
japonais n’était que partielle et lacunaire, juxtaposant les femmes de réconfort coréennes aux exploits des
Kamikazes en passant par le fameux pont de la rivière Kwaï ou la tristement célèbre Unité 731…
L’historiographie de la guerre de l’Asie-Pacifique témoigne en effet de situations contrastées selon les
expériences nationales : de l’oubli occidental à l’amertume philippine ou à l’instrumentalisation chinoise. Le cas
japonais est plus ambigu partagé en l’amnésie et le négationnisme. Plusieurs raisons expliquent le manque
d’intérêt des Occidentaux pour un conflit dont le bilan incertain en Asie-Pacifique s’élève pourtant à
vingt-sept millions de morts. Outre l’éloignement géographique et culturel, la part modeste des Occidentaux
parmi les victimes en Asie-Pacifique (1 à 2%) mais aussi les désastres d’Hiroshima et de Nagasaki et surtout
l’ambivalence de la mémoire japonaise sur ce passé, ont conduit les Occidentaux à négliger ces massacres.
Les travaux de Jean-Louis Margolin s’intéressent à l’impitoyable brutalité de l’armée impériale.
Chronologiquement, il rappelle que si l’attaque de Pearl Harbor marque un point d’entrée dans une spirale
d’atrocités commises à l’encontre des puissances alliées, la violence de masse doit nécessairement être analysée
dans un temps plus long, c’est-à-dire dès 1937 avec le début du conflit chinois.
Dans les faits, Margolin rappelle que la violence nipponne trouve son origine dans un nationalisme
exacerbé construit autour d’une part, de la figure impériale divinisée et d’autre part, d’un passé guerrier
glorifié par le mythe du sacrifice. Il livre également d’autres explications pour saisir véritablement la portée
des événements dans la région de l’Asie-Pacifique. L’expansionnisme -depuis l’ère Meji-, la propagande
impérialiste, le sentiment de supériorité raciale et le rejet xénophobe viennent étayer une mobilisation des esprits
qui confine au « totalitarisme colonial ».
L’universitaire, spécialiste de l’Asie du Sud-Est, dépeint le violent panorama des atrocités perpétrées
par les troupes japonaises. Militaires comme civils, européens comme asiatiques, tous sont victimes d’exactions
cruelles. De la prostitution forcée à l’expérimentation pseudo-médicale sur des cobayes humains en passant pas
le sacrifice de prisonniers comme mannequins vivants pour l’entraînement au sabre et à la baïonnette, Jean-Louis
Margolin souligne également l’oppression subie par les peuples de la « sphère de co-prospérité asiastique » que
l’historiographie avait jusqu’à présent méconnue. La surexploitation des ressources, allant jusqu’au néo-
esclavagisme à l’encontre des travailleurs forcés et à la famine, atteignant des proportions considérables en 1945.
Bibliographie :
MARGOLIN, Jean-Louis, L’Armée de l’Empereur. Violences et crimes du Japon en guerre, 1937-1945,
Armand Colin, mars 2007.
MARGOLIN, Jean-Louis, « L’armée de l’Empereur. Violences et crimes du Japon en guerre, 1937-1945 »,
L’Histoire n°320 de mai 2007.
MARGOLIN, Jean-Louis, « Massacre dans le Pacifique », L’Histoire n°333 de juillet 2008.
2. Le génocide des Juifs.
Lorsqu’il s’agit d’évoquer les génocides perpétrés par le régime nazi sur les Juifs et les Tsiganes, la chronologie
des faits fait consensus ; c’est l’interprétation de ces génocides qui pose un certain nombre de questions aux
historiens. Le projet génocidaire est-il inscrit, dès l’origine dans le programme des nazis qui auraient
attendu le moment « favorable »pour le réaliser ?
Est-il le fruit d’un fonctionnement irrationnel et d’une série d’impasses (l’échec d’une guerre qui a placé sous
la coupe des nazis un nombre de plus en plus important de juifs) dont il était l’unique porte de sortie ? S’il y a eu
basculement vers le génocide, quel est le motif de ce basculement et quelle en est la chronologie ?
Quelle est la responsabilité d’Hitler dans la réalisation de ce projet : a-t-il pris seul la décision ou est-ce la
surenchère de ses lieutenants qui va mener à la mort des millions de Juifs ?
Il apparaît, en réponse à la première question que le projet de génocide n’est pas inscrit dans le
programme du parti nazi de 1920 ni dans « Mein Kampf » Il s’agit d’abord de mettre les Juifs au ban de
la société allemande afin de les expulser du corps social. Hitler parle à ce propos d’ « antisémitisme
rationnel » Cette conception conduira au vote des lois de Nuremberg de 1935 et 1938. Elle induit une politique
de discrimination de plus en plus violente à l’égard des Juifs mais ne relève pas du génocide. L’historien J.
Chapoutot qui s’appuie sur la recherche allemande et anglo-saxonne est formel : « 1942 est impensable en
1924 et Mein Kampf n’est pas le cahier des charges de la shoah ». Cela ne signifie pas pour autant que la
possibilité de tuer fût absente des esprits des dirigeants.
Il y a donc eu basculement vers le génocide, tout au moins dans les faits. Pour l’historien E. Husson,
l’intention de tuer existe au début de la guerre. P. Burrin, s’appuyant sur le discours au Reichstag du 30 janvier
1939 (dans lequel Hitler parle pour la première fois d’exterminer les Juifs) parle de radicalisation de
l’antisémitisme.
La guerre à l’Est apparaît pour beaucoup d’historiens comme le motif du basculement ; elle correspond
sans contestation à une radicalisation des mesures. Dès le déclenchement de la campagne de Pologne, des
massacres ont lieu mais il n’y a pas d’ordre d’élimination systématique. En 1941, l’attaque contre l’URSS
place 8 millions de Juifs de l’Est sous la domination nazie. La reconfiguration de l’Europe de l’Est
implique l’éloignement des Juifs vivant sur ces territoires (les solutions envisagées avaient été l’émigration
à Madagascar ou la transplantation dans des réserves en URSS). Dans le même temps, les persécutions se
radicalisent. Dès juin 1941, les Einsatzgruppen, déjà à l’œuvre en Pologne reçoivent l’ordre d’éliminer à l’arrière
du front les hommes juifs ainsi que les Partisans. Les Juifs, déjà considérés comme « une race inférieure »
sont maintenant accusés de pousser les peuples à la résistance contre les nazis. C’est la réactivation du
mythe de « l’ennemi intérieur ». On est dans un génocide à la fois idéologique et défensif. Dès août 1941, l’ordre
d’extermination s’étend aux femmes et aux enfants, ce qui souligne encore une évolution. L’enlisement de la
campagne de Russie a fait échouer les projets de réserves à l’Est. A l’automne 1941, les centres de mise à
mort (et non camps comme il est écrit dans l’intitulé du programme car le mot camp suppose que l’on y reste un
certain temps) sont créés. Chelmno, Sobibor, Maïdanek, Treblinka sont ouverts et on y expérimente plusieurs
méthodes de gazage. Le basculement dans le génocide serait dû à la rencontre entre une situation stratégique et
une structure idéologique antérieure.
L’historien allemand G. Aly met en relation le génocide avec les difficultés de procéder au remodelage
social et racial de la société européenne. Cela relèverait plus d’une planification que d’une idéologie
primitivement antisémite. Cette interprétation est contestée car elle minimise le rôle de l’idéologie.
Quand, comment et pourquoi passe-t-on d’un génocide local au génocide européen ? Pour l’historien
C. Browning, le projet génocidaire prend corps avec les premiers centres de mise à mort ; même s’il s’agit
encore de « génocide local ». Une inscription du 18 décembre 1941 dans l’agenda de Himmler pourrait faire
penser à un ordre hitlérien d’élimination des juifs d’Europe mais ce n’est qu’une interprétation. La conférence de
Wannsee, en janvier 1942, a fait l’objet de nombreuses controverses. En l’absence d’ordre écrit d’Hitler, Il n’est
pas simple de savoir quand les nazis ont décidé de passer du génocide local au génocide européen c'est-à-dire à
la « Solution finale ». Quoi qu’il en soit et qu’elle ait été ou non un lieu de décision, la conférence de Wannsee
entérine un processus administratif destiné à rassembler les Juifs d’Europe (y compris dans les pays non
occupés) et à les transférer à l’Est. Pour F. Brayard, le génocide démarre à l’été 1942 quand sont fixés pour sa
réalisation un objectif temporel et un instrument technique (la chambre à gaz). La chronologie du passage au
génocide européen est donc toujours discutée. Cependant, la majorité des historiens penchent pour une chaîne de
décisions dont les plus importantes auraient été prises entre septembre et décembre 1941.
Afin d’expliquer la « Solution finale » J. Chapoutot souligne le rôle de l’entrée en guerre des Etats-
Unis (décembre 1941) qui réactive la panique d’une guerre sur les 2 fronts et signifie à la fois encerclement
extérieur et complot intérieur. De plus, le franchissement du seuil de violence à l’Est a déjà été accompli.
Quelle que soit la lecture que chacun fait du basculement, les historiens se rejoignent dans l’idée que le
régime nazi a cherché sa voie et qu’il n’est pas allé en ligne droite vers le génocide comme le montre l’évolution
dans les modalités de la tuerie. Pour beaucoup d’entre eux, l’obsession de faire disparaître le danger juif incluait
l’extermination dès le départ comme une des méthodes qui permettait de réaliser cette obsession.
La question de la responsabilité a longtemps été discutée entre deux écoles et elle se trouve liée aux
questions précédentes. Pour les intentionnalistes, Hitler est la cheville ouvrière du génocide ; celui-ci procède
d’une décision unique prise à un moment précis, même si l’ordre formel n’a pas été retrouvé. Les
fonctionnalistes récusent l’idée d’un ordre formel d’Hitler et insistent sur le rôle des initiatives locales
(notamment celles de R. Höss, commandant d’Auschwitz). La rivalité entre les lieutenants qui expérimentent des
méthodes d’extermination différentes aurait été déterminante dans l’évolution vers la Solution finale. Ce débat
apparait actuellement comme dépassé. L’un des meilleurs spécialistes de la question, l’historien britannique I.
Kershaw pense qu’Hitler est resté maître du processus ; mais il suggère plus qu’il ne dicte, ce qui déroute les
historiens. E. Husson avance que même si la mise au point résulte d’échanges entre Berlin et les responsables
locaux, la somme des initiatives locales ne donne pas la Shoah. Le groupe formé d’Hitler, Göring, Himmler et
Heydrich est déterminant. Cela ne dédouane pas non plus la population allemande car il a fallu la complicité de
100 000 Allemands pour mettre en place la Solution finale ; sans oublier celle des autorités des pays occupés !
Bibliographie :
BURRIN, Philippe, Hitler et les Juifs. Genèse d’un génocide, réédition 1995.
Les collections de l’Histoire, numéros 3 (1998) et 18 (2003).
L’Histoire, numéros 294 (2005) et 320 (2007).
CHAPOUTOT, Johann, Le nazisme, une idéologie en actes, la documentation photographique numéro 8085,
2012.
3. L’autre génocide, celui des Tsiganes.
Dès l’arrivée au pouvoir d’Hitler en 1933, les Tsiganes furent l’objet d’une politique systématique
d’internement, puis de déportation et d’extermination .Leur nomadisme les assimilait à des asociaux. Un
désaccord subsistait sur leur nature raciale. Certains nazis voyaient en eux des Aryens ; d’autres pensaient que le
métissage avait corrompu leur nature aryenne.
Dans toutes les grandes villes d’Allemagne, des camps d’internement se sont ouverts entre 1933 et
1935. Les arrestations étaient menées par la Kripo, la police criminelle.
En septembre 1939, le principe de la déportation générale des Tsiganes à l’Est fut arrêté par Himmler. 3000
personnes furent transférées vers le Gouvernement Général de Pologne.
Par un décret du 16 décembre 1942, Himmler décida du transfert des Tsiganes du Grand Reich à
Auschwitz-Birkenau. 23 000 noms dont 6000 enfants figurent sur le registre du camp. Les familles étaient
regroupées dans le Familienzigeunerlager, ouvert en février 1943.Leur mort n’était pas dans un premier temps
prévue à cause du désaccord sur leur nature raciale. Ils ne furent pas soumis au travail forcé ; Mais dès la fin de
cette même année, les enfants furent livrés, avec les enfants juifs, aux expériences terrifiantes de Josef Mengele.
En août 1944, les survivants (2700 personnes) du camp furent gazés, vraisemblablement pour des raisons
sanitaires.
Le sort des Tsiganes a varié selon leur implantation géographique. Dans les territoires occupés par le
Reich ainsi que sur le front Est, les Tsiganes subirent le même sort que ceux du Grand Reich. Dans les états
satellites du Reich, la radicalisation génocidaire fût variable.
La France constitue un cas à part. Une circulaire d’avril 1940 décida de la mise en résidence surveillée
des « nomades ».Un ordre allemand du 4 octobre 1940 transforma cette surveillance en internement permanent.
Cet internement effectué, les allemands se désintéressèrent de la question et n’envoyèrent pas leurs
fonctionnaires en vue de la déportation des internés qui furent abandonnés à leur sort par presque tous. Selon Y.
Le Maner, 158 Tsiganes du Nord-Pas-de-Calais auraient été déportés vers Auschwitz en 1944. Selon les pays,
les politiques anti-tsiganes ont conduit à la disparition de 40 à 90% des familles tsiganes d’Europe.
Si l’on peut parler d’assassinat de masse puisque 100 à 200 000 Tsiganes ont été exterminés, il est
difficile de parler de plan d’extermination comme pour les Juifs. La diversité des situations plaide en
faveur de l’absence de ce plan. Il est donc plus exact de parler des génocides juif et tzigane et non du
génocide juif et tsigane comme le précise le programme.
Bibliographie :
ASSEO, Henriette, L’autre génocide, Les collections de l’Histoire, numéro 43, 2009.
CHAPOUTOT, Johann, Le nazisme, une idéologie en action, la documentation photographique n°8085, 2012.
CHAPITRE 3
La Seconde guerre mondiale, une guerre d’anéantissement
Dans ce chapitre, je vais :
Identifier les grandes phases du conflit. Expliquer pourquoi la Seconde Guerre mondiale est une guerre d’anéantissement. Décrire le génocide des Juifs et des Tziganes par les nazis.
Connaître et utiliser les repères suivants :
- La Seconde Guerre mondiale : 1939-1945
- Fin de la Seconde Guerre mondiale en Europe : 8 mai 1945
- Bombes atomiques sur Hiroshima et Nagasaki : août 1945
Introduction :
Questions 1+2 p78 Nathan : La Seconde Guerre Mondiale oppose les forces de l’Axe
(Allemagne, Italie, Japon) aux alliés français et anglais, puis à l’URSS et aux E.U. à partir de
juin et décembre 1941
Le 1er septembre 1939, l’Allemagne nazie attaque puis envahit la Pologne, c’est le début de
la Seconde Guerre Mondiale. C’est une guerre totale aux dimensions planétaires, une guerre
durant laquelle les ambitions territoriales et l’idéologie nazie se heurtent aux valeurs
affichées par les Alliés et l’URSS. C’est une guerre d’une violence extrême où des populations
entières sont anéanties grâce à la mise en place d’une politique d’extermination
systématique.
Problématique :
En quoi peut-on dire que la Seconde Guerre Mondiale est à la fois une guerre totale et une
guerre d’anéantissement cad une guerre qui a pour objectif de massacrer, de vaincre les
adversaires par tous les moyens possibles ?
I – Une nouvelle guerre totale
A – La marche en avant des forces de l’Axe : septembre 1939 – fin 1941
Question 3p78
Synthèse : La stratégie allemande de guerre éclair (blitzkrieg) lui permet des conquêtes
rapides : la France est à moitié envahie après seulement 6 semaines de combats et Paris
occupée le 14 juin 1940. La Grande Bretagne se retrouve seule face à l’Allemagne mais la
bataille d’Angleterre (août-octobre 1940) est le premier échec pour Hitler. A l’est, ce dernier
déclenche l’opération Barbarossa le 22 juin 1941 qui vise à envahir l’URSS. A la fin de
l’année 1941, l’armée allemande domine presque toute l’Europe.
Le conflit s’étend au Pacifique quand, le 7 décembre 1941, les Japonais détruisent la flotte
américaine du Pacifique à Pearl Harbor afin d’étendre leurs conquêtes. Cette attaque pousse
le président américain F.D. Roosevelt à déclarer la guerre au Japon le 8 décembre 1941 ce
qui provoque les déclarations de guerre allemandes et italiennes contre les EU.
B – La victoire des Alliés : 1942-1945
Question 4 p78
Synthèse sous forme de tableau
A partir de l’été 1942, la progression des forces de l’axe est arrêtée, les E.U. mettent toute
leur économie au service de l’effort de guerre pour faire triompher la démocratie contre la
dictature.
Dans le Pacifique, l’élan japonais est stoppé les 4 et 5 juin 1942 lors de la bataille de
Midway par le général américain Mac Arthur et la reconquête île par île s’amorce. Mais les
japonais résistent avec acharnement (kamikazes). Le nouveau président des E.U. Harry
Truman décide alors d’employer la bombe atomique sur les villes d’Hiroshima et Nagasaki
les 6 et 9 août 1945. Le 2 septembre, l’empereur Hiro-Hito est contraint de signer la
reddition du Japon.
En Afrique du nord, suite à la victoire du général anglais Montgomery à El Alamein (Egypte,
octobre 1942), les anglo-américains débarquent en Algérie et au Maroc en novembre 1942.
En juillet 1943 les alliés débarquent en Sicile et Rome est libérée en juin 1944.
Sur le front oriental, l’armée allemande encerclée à Stalingrad doit capituler le 2 février
1943 et les allemands sont chassés d’URSS au printemps 1944.
Enfin, Le 6 juin 1944, américains, canadiens, britanniques et français débarquent sur 5
plages normandes, le 15 août un second débarquement a lieu en Provence et Paris est
libérée le 25 août 1944. Le 30 avril 1945, Berlin est prise par les soviétiques, Hitler se suicide,
la capitulation allemande sans condition est signée à Berlin le 8 mai 1945.
II – Une guerre d'anéantissement aux enjeux idéologiques.
La IIGM est une guerre idéologique car elle oppose les Alliés (en faveur de la liberté et de la
démocratie) aux forces de l’Axe (les dictatures fascistes). Différentes batailles montrent la
violence de ce conflit : ce sont les cas de la guerre du Pacifique ou de la bataille de Stalingrad
(juin 1942-février 1943).
A – la bataille de Stalingrad : une bataille idéologique
Questions 1-2 p81
Synthèse : Le 23 août 1939, Allemagne et URSS avaient signé un pacte de non agression, le
pacte germano-soviétique. Mais Hitler rompt ce pacte. Pourquoi Hitler rompt-il le pacte?
- haine des « judeo-bolcheviks », populations jugées inférieures (slaves, juifs, communistes)
- volonté d’élargir l’espace vital allemand.
C’est ainsi qu’en juin 1941, l’Allemagne envahit l’URSS avec 3 objectifs : Leningrad au nord,
Moscou au centre et le Caucase au sud.
Stalingrad est par ailleurs une ville industrielle symbole sur la route de Bakou et du pétrole
de la mer Caspienne. C’est le sens de son refus de voir le maréchal Von Paulus capituler
devant l’encerclement de son armée en janvier 1943. Pour Staline, l’Allemand est devenu un
traître qu’il s’agit d’écraser afin de sauver la patrie contre l’envahisseur. C’est le sens de
l’ordre n° 227 du 28 juillet 1942 : « plus un pas en arrière ». Des deux côtés, il faut tenir à
tout prix, la propagande diabolise l’ennemi pour galvaniser les troupes mais les enjeux sont
aussi et avant tout territoriaux.
La bataille de Stalingrad est donc une guerre aux enjeux idéologiques puisque Hitler veut
vaincre l’idéologie communiste.
B – la bataille de Stalingrad : symbole de la guerre d'anéantissement
Questions 3-4-6 p81 + https://www.youtube.com/watch?v=9NEX3giYa7Y
Synthèse:
La bataille de Stalingrad dure de juin 1942 à février 1943 et s’organise en 4 temps :
- l’avancée allemande vers la ville en juin-août,
- l’attaque allemande de septembre à novembre,
- la contre-offensive russe et l’encerclement des allemands de novembre à janvier
- et enfin la reconquête jusqu’à la capitulation et l’arrestation du maréchal Von Paulus le 2
février 1943 car toutes les forces humaines et économiques du pays sont mobilisées. Cette
contre offensive conduit les Soviétiques jusqu’à Berlin.
Cette bataille de Stalingrad est emblématique de la guerre d’anéantissement. Face au
bombardement nazi, les Soviétiques résistent sous l’influence de la propagande. Ils
transforment l’affrontement en bataille de rue d’une extrême violence : on parle de guerre
urbaine. Les pertes humaines et matérielles sont considérables (500 000 soviétiques tués / la
ville est quasiment détruite).
III – Une guerre d’extermination poussée jusqu’au génocide
A – de la politique d’exclusion et d’oppression…
https://www.youtube.com/watch?v=Qium1Qify70 sur le ghetto de Varsovie 0.13s - 4’13
Décrire les conditions de vie dans le ghetto de Varsovie.
Quel était l’intérêt stratégique des ghettos dans la politique des nazis ?
Synthèse : Dans tous les pays occupés par les nazis, les Juifs sont recensés, marqués du
brassard et de l’étoile jaune, regroupés dans des ghettos avant leur déportation. On en
compte plus de 1000 en 1945. Celui de Varsovie est créé en octobre 1940 : des murs de 3m
de haut le coupent des quartiers allemands et polonais. Sa population est estimée à 550 000
juifs en 1941 sur un peu plus de 400 hectares. Les conditions de vie sont déplorables.
Durant la guerre toutes les résistances juives dans les ghettos furent anéanties comme celle
en avril 1943 (13000 morts et déportations dans les camps).
La déportation (transfert vers un camp de concentration) se faisait le plus souvent par voie
ferrée, dans des wagons de passagers ou de marchandises (wagons à bestiaux).
L’entassement, le manque de nourriture, d’eau et d’hygiène rendaient le voyage
extrêmement pénible et nombre de déportés mourraient avant d’arriver à destination.
B – … à la politique d’extermination
Questions 2-3-4-5 p85
Synthèse : C’est dans une villa du sud de Berlin, le 20 janvier 1942, que la « solution finale » de la question juive fut abordée. Déjà les massacres avaient commencé, en 1938 avec la « nuit de cristal », par l’action des einsatzgruppen en URSS à partir du printemps 1941, ces groupes mobiles d’extermination qui assassinèrent plus d’un million de personnes entre 1941 et 1943, essentiellement des juifs, et qui constituent la première étape de l’extermination systématique des juifs d’Europe. Mais la « conférence de Wannsee », présidée par le chef de l’Office central de la sécurité du Reich (RSHA), Reinhard Heydrich, est une conférence d’organisation durant laquelle la totalité de l’appareil d’état allemand décida le génocide des juifs. Tout comme les Juifs, les Tziganes étaient considérés comme étant une race hybride une menace pour la race aryenne. Donc, ils furent aussi victimes de la politique d’extermination des Nazis.
Conclusion générale: Durant la Seconde Guerre mondiale, les affrontements ont atteint un
degré de violence sans précédent. Les armes utilisées (blindés, fusées, bombes atomiques…)
ont eu pour objectif d’anéantir l’ennemi. Avec environ 60 millions de victimes, c’est le conflit
le plus meurtrier de l’histoire, la Pologne, l’Allemagne et l’URSS perdant de 10 à 20% de leur
population. Contrairement à la IGM, la majorité des victimes furent des civils: cela
s’explique par les bombardements de villes comme Londres (septembre à décembre 1940)
ou Dresde (13-14 février 1945) ou les politiques de déportations et les génocides. Suite au
traumatisme provoqué par cette guerre totale d’anéantissement, l’ONU est créée pour
promouvoir une paix durable entre les peuples.