Thèse Christine DU - Fiabilité des informations trouvées sur les média sociaux
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Transcript of Thèse Christine DU - Fiabilité des informations trouvées sur les média sociaux
Mastère Spécialisé Intelligence Economique et Management des Connaissances
Promotion 2012
Thèse Professionnelle
en Intelligence Economique et Management des Connaissances
Présentée par
Christine DU
Fiabilité des informations trouvées sur les media sociaux
Thèse dirigée par M. Olivier POMMERET, Professeur Affilié – SKEMA
Fiabilité des informations trouvées sur les media sociaux – Christine DU Page 2
REMERCIEMENTS
A tous ceux qui m’ont permis d’étudier l’intelligence économique, Abdellah
ABOULHARJAN, Jean-Luc GUSTAVE et Reine BASSENE.
A ceux qui ont accepté de témoigner de leurs expériences dans l’utilisation
quotidienne des media sociaux dans leurs activités.
Aux auteurs de thèses doctorales connexes qui m’ont conseillé des lectures, en
particulier Emilien BONDU et sa thèse « Modélisation, raisonnement et interaction
dans les systèmes de veille stratégique. Détection de signaux faibles pour le
Renseignement d'Origine Source Ouvert » effectuée à l’INSA Rouen.
A mes anciens voisins de bureau à la Ruche pour leur bienveillance et leur conseil,
en particulier l’équipe de Birdeo, de Mozaïk RH, de l’Adive et d’A Deux Mains,
Rodolphe GALY-DEJEAN, Romain SCIACQUA, Larry et l’équipe dirigeante de La
Ruche.
A mes anciens camarades de cours à l’INSEEC Paris pour leur bonté, en particulier
Julia Canty pour sa franchise, sa patience et sa confiance dans le prêt de multiples
ouvrages.
Enfin à mes parents, mon frère et mes sœurs.
Fiabilité des informations trouvées sur les media sociaux – Christine DU Page 3
AVERTISSEMENTS
Les propos et opinions présentés dans ce document n’engagent la responsabilité
que de leurs auteurs.
Cette thèse est complémentaire aux œuvres et initiatives existantes traitant des
outils de traitement de l'information dédiés à tâche de veille et le développement des
plateformes/logiciels de veille tels que Web Lab Project http://weblab-
project.org/index.php?title=WebLab.
Pour une présentation et un comparatif des outils et plateformes de veille, dans la
collecte/surveillance, indexation et de text-mining, nous vous conseillons le tome 2
de la thèse doctorale COMMENT EXPLOITER L’INTELLIGENCE D’INTERNET : DE
L’INTELLIGENCE ECONOMIQUE A L’INTELLIGENCE INDIVIDUELLE par Carlo
REVELLI en Février 2007.
Il s’agit d’une approche moins technique par la difficulté de collecte d'information sur
ces réseaux et non juridique (respect de la vie privée). Le parti pris est donc
d’aborder l’aspect sciences sociales afin de mieux comprendre le rôle du veilleur
dans le processus de veille incluant les media sociaux. Il s’agit plus de proposer un
processus pour juger de la fiabilité d’une information trouvée sur les media sociaux. Il
ne s’agit pas de désigner le media social qui apporte des informations fiables.
Les questions soulevées dans cette thèse professionnelle sont donc liées à la
fiabilité des informations que l’on trouve sur les media sociaux, essentielle dans le
processus de veille selon la norme expérimentale AFNOR XP X50-053.
Fiabilité des informations trouvées sur les media sociaux – Christine DU Page 4
SOMMAIRE
INTRODUCTION ........................................................................................................ 7
1 CONTEXTE ET OBJECTIF DE LA THESE ......................................................... 9
1.1 Pour cerner l’intérêt du sujet .......................................................................... 9
1.1.1 Pourquoi étudier la fiabilité des informations trouvées ? ......................... 9
1.1.2 Introduction à la place des réseaux sociaux dans la création et la
diffusion des informations .................................................................................. 11
1.1.3 Pourquoi étudier uniquement les informations trouvées sur les media
sociaux ? ............................................................................................................ 14
1.1.4 Pourquoi avoir soulevé la question de l’impact du temps sur l’information
pour en évaluer la fiabilité ? ............................................................................... 16
1.2 Définitions .................................................................................................... 18
1.2.1 Information, rumeur et opinion .............................................................. 18
1.2.2 Fiabilité, qualité, pertinence d’une information ...................................... 22
a. Définition de la fiabilité d’une information ................................................. 22
b. Définition de la qualité d’une information.................................................. 24
c. Définition de la pertinence d’une information ........................................... 26
1.2.3 Légitimité d’un acteur ou d’un media .................................................... 27
1.2.4 Media social, Web 2.0, réseau social .................................................... 29
2 ARBRE DE DECISION DE LA FIABILITE D’UNE INFORMATION TROUVEE
SUR LES MEDIA SOCIAUX ..................................................................................... 35
2.1 Méthode ...................................................................................................... 35
2.2 Arbre de décision......................................................................................... 37
2.3 Commentaires sur l’arbre de décision ......................................................... 38
2.4 Compléments à l’arbre de décision ............................................................. 43
2.4.1 Matrice d’évaluation de la valeur d’une information par Alain BLOCH .. 43
2.4.2 Grille d’analyse d’une information ......................................................... 45
Fiabilité des informations trouvées sur les media sociaux – Christine DU Page 5
3 VALIDATION DE L’ARBRE DE DECISION ET APPLICATION DE LA MATRICE
D’EVALUATION DE LA VALEUR DES INFORMATIONS AUX MEDIA SOCIAUX .. 49
3.1 Insertion des interviews dans la validation de l’arbre de décision ............... 49
3.1.1. Identification et analyse des concepts clés des restitutions des
interviews ........................................................................................................... 51
3.1.2. Graphiques des clusters et des mots clés ............................................ 54
3.1.3. Conclusion de l’analyse textuelle des entretiens................................... 58
3.2 Interviews : validation de l’arbre de décision ............................................... 59
3.3 Interviews : application de la matrice d’évaluation de la valeur des
informations aux media sociaux ............................................................................ 61
3.3.1 Les matrices rendues neutres ont été présentées aux 7 interviewés .... 61
3.3.2 Résultats des interviews pour la matrice d’évaluation ........................... 62
3.3.3 Adaptation de la matrice des interviews pour comparaison .................. 64
3.4 Commentaires comparatifs avec la matrice d’Alain BLOCH. Conclusions. . 66
CONCLUSION .......................................................................................................... 67
GLOSSAIRE ............................................................................................................. 69
REFERENCES DES OUVRAGES CITES ................................................................ 72
BIBLIOGRAPHIE ...................................................................................................... 74
ANNEXES ................................................................................................................ 78
Fiabilité des informations trouvées sur les media sociaux – Christine DU Page 6
LISTE DES FIGURES
Figure 1: Pyramide des besoins d'information .......................................................... 10
Figure 2: Panorama des media sociaux 2012. Copyright: mediassociaux.fr ............ 30
Figure 3: Différence de relations au contenu entre le web 1.0 et le Web 2.0 ........... 32
Figure 4: Cartographie des caractéristiques et composants d’Internet ..................... 33
Figure 5: Arbre de décision de la fiabilité d’une information trouvée sur les media
sociaux ..................................................................................................................... 37
Figure 6: Matrice d’évaluation de la valeur d’une information par Alain BLOCH ...... 43
Figure 7: Grille d’analyse d’une information pour en juger la fiabilité ........................ 46
Figure 8: Premiers résultats de l’analyse textuelle des entretiens ............................ 51
Figure 9: Graphique des mots associés les plus souvent au mot clé « information »54
Figure 10: Graphique des mots associés les plus souvent au mot clé « media »..... 54
Figure 11: Graphique des mots clés les plus souvent associés à « personne»........ 55
Figure 12: Diagramme centralité-densité des clusters .............................................. 56
Figure 13: Arbre de décision validé par des interviews ............................................ 59
Figure 14: Matrice d’évaluation de la valeur d’une information, issue des interviews 65
Fiabilité des informations trouvées sur les media sociaux – Christine DU Page 7
INTRODUCTION
Les media sociaux sont une des applications d’Internet créées ces 10 dernières
années. Ils ont un impact sociétal visible : livres, articles dans la presse économique
et d’actualité et reportages télévisés.
Il y a un « effet de mode » dans la littérature: celle de proposer soit des guides
d’utilisation des réseaux personnels et professionnels pour grand public, soit des
ouvrages de conseils en e-marketing et buzz-marketing1 . Nous avons choisi de
« revenir aux fondamentaux » (pour paraphraser l’ex-entraineur de l’équipe de
France de rugby et secrétaire d’Etat, Bernard Laporte.)
Les réseaux sociaux sont devenus une source d’informations, d’interaction et de
communication pour les journalistes 2 (à l’image des « fameux tweets » de
personnalités politiques 3 ), les entreprises 4 , les politiques, les institutions
diplomatiques et étatiques (lors récemment de ce que l’on a appelé le « Printemps
1dont
Boostez votre business avec Twitter, Laurent DIJOUX, Editions de l’Alambic, 2009 Les réseaux sociaux sur Internet, Louis-Serge REAL DEL SARTE, Edition Alphée, 2010 Réussir avec les réseaux sociaux, Jean-François RUIZ, Editions Express Roularta, 2011 Twitter, Emilie OGEZ, Jean-Noël CHANTREUIL, Editions Diateno, 2012 2 Le Figaro Economie du 22/03/2011 Article « En cinq ans, Twitter s'est imposé comme fil d'info»
3Pour une impression écran du tweet de Valérie Trierweiler, alors tout récemment Première Dame de France,
le jour de sa publication http://www.lepoint.fr/politique/elections-legislatives/valerie-trierweiler-soutient-olivier-falorni-12-06-2012-1472322_573.php. Pour une analyse mediatico-politique le lendemain http://tempsreel.nouvelobs.com/legislatives-2012/20120613.OBS8556/7-questions-sur-l-affaire-trierweiler.html . 4 http://www.linformaticien.com/actualites/id/25044/80-des-entreprises-utilisent-les-medias-sociaux-pour-la-
veille-concurrentielle.aspx
Fiabilité des informations trouvées sur les media sociaux – Christine DU Page 8
Arabe ») et même les émissions de divertissement télévisés. S’il fallait encore une
preuve de l’importance des réseaux sociaux dans le cycle informationnel, nous
citerions en exemple le Ministère Français des Affaires Etrangères ayant publié une
offre de poste en CDI pour un community manager arabophone.5
Des éditeurs de réseaux sociaux d’entreprise (RSE) et de solutions technologiques
pour « extraire de l'intelligence » des conversations digitales ont été créés à partir de
2006. Ils ont aujourd’hui parmi leurs clients des grands groupes : BlueKiwi fournit
GDF Suez, Carrefour se sert de KB Crawl, etc.
Pour prendre du recul face à cet état de fait et resituer la réflexion dans une
éventuelle validation des méthodes de travail du veilleur, cette thèse professionnelle
aborde les fondamentaux de la recherche, la légitimité, la fiabilité, la crédibilité et la
« croyabilité » d’informations trouvées sur les réseaux sociaux.6
La question est : quel est le processus pour juger une information trouvée sur les
media sociaux comme fiable ?
Dans une première partie, nous différencierons entre autres le terme « réseaux
sociaux » du « Web 2.0 » pour mieux enraciner les limites du sujet dans le processus
de veille tels que présenté dans la norme expérimentale AFNOR XP X50-053 et
notre définition de la fiabilité d’une information7. Dans une deuxième partie, nous
présenterons notre arbre de décision pour les informations trouvées sur les réseaux
sociaux afin d’en juger de son degré de fiabilité. Cet arbre de décision est complété
par une grille d’analyse de l’information (formée de 7 critères) et une matrice
d’évaluation de la valeur d’une information. Dans une troisième partie, nous
confronterons notre arbre de décision et notre matrice d’évaluation aux expériences
des personnes ayant divers profils (chef d'entreprise, community manager de grand
groupe, créateurs de réseau social virtuel...).
5 http://www.biep.fonction-publique.gouv.fr/uploads/documents/PDT%2014421%20-
%20REDAC%20WEB%20COMM%20MAN.pdf-53401.pdf 6 Pour un résumé des résultats des études sur la crédibilité des informations en ligne vis-à-vis des autres media
entre 2000 et 2008, nous vous conseillons la revue RESEAUX par l’institut des Sciences Humaines et Sociales du CNRS, édition d’octobre-novembre 2011, volume 29, numéro 170, article « Penser les usages sociaux de l’actualité », le paragraphe « de la crédibilité des informations en ligne » p34-35 7 La norme XP X50-053, prestations de veille et prestations de mise en place d’un système de veille, est
disponible à cette adresse http://quoniam.info/competitive-intelligence/PDF/ebooks/Norme_Francaise_Prestations_de_Veille.pdf
Fiabilité des informations trouvées sur les media sociaux – Christine DU Page 9
1 CONTEXTE ET OBJECTIF DE LA THESE
1.1 Pour cerner l’intérêt du sujet
1.1.1 Pourquoi étudier la fiabilité des informations trouvées ?
Dans le besoin d’information, il y a une hiérarchie à l’image de la pyramide des
besoins de MASLOW. Cette hiérarchie est définie dans Figure 1: Pyramide des
besoins d'information.
L’un des intérêts de cette thèse se situe donc dans le besoin d’évaluer l’information.
Dans ce besoin, nous abordons donc la question de la fiabilité de l’information. Un
besoin stratégique pour la prise de décision. Alors que le besoin de communiquer est
déjà satisfait par les moyens technologiques ou non, récents ou non.
Puisque le problème d’Internet et des media sociaux n’est pas la quantité, mais la
qualité des informations : quel sens donner à une information ? Mais également
quelle valeur donner à une information reçue ou lue sur les media sociaux ?
Fiabilité des informations trouvées sur les media sociaux – Christine DU Page 10
Figure 1: Pyramide des besoins d'information
Fiabilité des informations trouvées sur les media sociaux – Christine DU Page 11
1.1.2 Introduction à la place des réseaux sociaux dans la création et la diffusion des
informations
Internet est un réseau mondial de réseaux d’ordinateurs, initialement. Ces réseaux
d’ordinateurs communiquent entre eux quelque soit la distance. Pour communiquer
entre eux, les ordinateurs utilisent un langage commun : le protocole TCP/IP
(Transmission Control Protocol / Internet Protocol). Ce langage commun permet
donc à des ordinateurs aux systèmes d’exploitation différents (Windows, Linux,
Ubuntu…) d’échanger directement des ressources et « du savoir » formalisé, sans
passer par un unique calculateur central aiguillant les informations.
Sur ce réseau, il existe plusieurs applications : le web, la messagerie courriel (ou
email)…
Le web étant une plateforme d’Internet de services d’éditions et de diffusion de
contenus créés. Il permet aux utilisateurs, les internautes, de créer l’information et de
la diffuser. Dans ce web, les réseaux sociaux ont facilité la prise de parole et les
commentaires des internautes. Les réseaux sociaux ont continué ce qui a été initié
par les blogs et les forums.
Une des caractéristiques des réseaux sociaux est qu’il y a potentiellement autant de
créateurs de contenus que de diffuseurs. Les réseaux sociaux deviennent un media
de diffusions d’informations dont les sources varient selon les circonstances et le
sujet.
Plus l’internaute créateur d’information a su se créer les bons réseaux, qualitatifs et
divers, plus il participe à l’enrichissement de la plateforme qu’est le web. Se pose
alors la question de la vérification des sources pour être crédible, de la partialité et
de la représentativité de l’information, de la véracité et de la valeur de l’information,
de l’intention voulue par son auteur. Une question qui se complique par
l’instantanéité des alertes et des pics de d’informations se répétant les uns les autres
comme c’est le cas de la diffusion mondiale d’actualités tels que les attentats, les
évènements exceptionnels et les décès de célébrités par exemple. En particulier,
quand ces événements soient réels ou non.
Fiabilité des informations trouvées sur les media sociaux – Christine DU Page 12
Pour la diffusion des informations peu de temps, presque instantanément, entre
l’évènement et sa diffusion mondiale, Twitter tient le haut du pavé par sa brièveté en
140 caractères, la diffusion facile en un clic à ses abonnés et son nombre de plus
important d’utilisateurs/lecteurs. Le meilleur exemple est l’amerrissage d’un avion de
ligne sur l’Hudson River à New York8. Le 15 janvier 2009, Janis KRUMS est le
premier à envoyer un message et une image de l'avion d'US Airways qui amerrit.
Cette image est reprise par les media mondiaux.
Twitter devient alors un outil complémentaire aux sites agrégateurs de nouvelles tels
que Google. Twitter est alors un outil de prise de parole démocratique par chaque
internaute à l’identique de tous les réseaux sociaux : pour créer gratuitement un
compte et diffuser des informationnformations, il n’y a pas de contrôle d’identité ni
examen de légitimité. Les personnalités politiques sont d’ailleurs les premières
victimes de ces usurpations d’identités. Et cela même si les faux comptes dans ces
cas-là sont tout de même vite démasqués.
De cette possibilité de créer du contenu sans frais, découle alors la malveillance et la
malice : même sur les réseaux sociaux professionnels, les spam et les messages
d’autopromotion existent. Quand ce ne sont pas des conversations spéculatives : le
besoin d’information combiné à l’instantanéité de publication sans contrôle peut
prendre le dessus, quitte à nommer à la hâte un coupable.9
Les réseaux sociaux deviennent donc un outil pour voir et lire des discussions
personnelles et donc créateur de bruit et de déconcentration. C’est donc à
l’utilisateur d’exercer son esprit critique et de prendre du recul en vérifiant
l’information et sa source d’origine. Cette opération devient d’autant plus difficile que
la même information erronée peut être facilement reprise de multiples fois sur divers
supports par divers auteurs. Ces derniers peuvent ne pas faire eux-mêmes cet effort
de recherche.
8 Le Figaro Economie du 02/08/2011 Article « 15 janvier 2009 : « Il y a un avion dans l’Hudson » Catégorie Ces
tweets qui ont fait l’histoire » 9 Référence à course à l’information lors de la tuerie de Newtown en Décembre 2012, résumée par ce billet
http://rezonances.blog.lemonde.fr/2012/12/18/apres-newtown-le-role-des-reseaux-sociaux-et-des-journalistes-en-question/
Fiabilité des informations trouvées sur les media sociaux – Christine DU Page 13
Pour filtrer et concentrer ces flux sur les media sociaux, les membres de ceux-ci
peuvent utiliser des API (Application Programming Interface). Les API sont définies
en glossaire.
Mais il n’y a pas de processus d’analyse d’une information trouvée sur les media
sociaux, à la différence de la littérature abondante pour les informations via les
media traditionnels. Parce que les utilisateurs du web et des media sociaux sont
dans un mécanisme d’instantanéité. Ils ont pris l’habitude de tout avoir très vite. Ils
ne prennent que rarement du recul.
Alain BLOCH 10 explique que les modèles existant pour évaluer des sources et
donner une valeur de l’information ont été développés au cours des dernières
années, mais se limitent à certains domaines d’activités.
10
L’intelligence économique, Alain BLOCH, Editions ECONOMICA, 1996
Fiabilité des informations trouvées sur les media sociaux – Christine DU Page 14
1.1.3 Pourquoi étudier uniquement les informations trouvées sur les media
sociaux ?
Les media sociaux sont des outils de communications électroniques entre
personnes, entre personnes et organisations, mais aussi entre organisations (via par
exemple les comptes YOUTUBE).
Les media sociaux sont donc des supports d’échanges de messages et
d’informations. Ces messages et informations ont un contenu. Ce contenu a de la
valeur pour l’expéditeur et le destinataire. Cette valeur est plus ou moins importante
en fonction de la problématique de chacun.
Mais la valeur de l’information envoyée par un autre membre du même media peut
être perçue comme plus importante uniquement sur la base de la confiance faite
parce qu’il est « comme moi ». Sur les media sociaux, il n’y a pas entre les membres
de hiérarchie ni d’autorité supérieur. Tous les membres ont la même quantité de
connaissances et d’intérêts à participer à l’intelligence collective, donc à répondre à
un besoin d’information exprimé.
Les échanges d’informations avant prise de décision ont donc aussi lieu, en partie,
sur les media sociaux. Pour chacune de ces informations, l’origine de l’information,
sa source, est évaluée différemment que s’il s’agissait d’une communication de
masse.
Ensuite, le phénomène « d’infobésité » (avoir trop d’informations disponibles) par les
moyens de communication modernes est d’autant plus visible et complexifié par les
multiples chemins vers une même information proposée par les membres d’un
réseau social.
Paradoxalement, comme l’aborde Luigi LANCIERI dans son livre « Interactions
humaines dans les réseaux », les réseaux sociaux sont des moyens sur Internet
pour coopérer afin :
- d’accélérer la vitesse d’accès à l’information, par le partage (ou la rediffusion)
d’une information telle qu’elle se présente en quelques clics sur la base de la
coopération volontaire des utilisateurs dont on connait les centres d’intérêts et
les habitudes;
Fiabilité des informations trouvées sur les media sociaux – Christine DU Page 15
- d’améliorer la sélectivité d’accès à l’information, par la confiance qu’a celui qui
recherche ou reçoit l’information dans les interlocuteurs contactés et les
moyens d’accès en connaissant leurs systèmes de pensée et d’exploiter le
phénomène d’intelligence collective propre au web.
Ce postulat est nuancé par l’étude « Que valent les communications
interpersonnelles ? Calibrage interpersonnel des connaissances et sélections des
sources de conseil » par Laurent BERTRANDIAS et Eric VERNETTE. Cette étude
démontre que les connaissances des amis sont surestimés et que les leaders
d’opinions sont moins sollicités en plus d’une sous évaluation de leurs
connaissances.
Cette thèse professionnelle veut donc prendre du recul face à un ethnocentrisme
dans les media sociaux. Pour cela, nous démontrerons que les critères pour juger de
la fiabilité d’une information sont à peu de chose les mêmes, que ce soit via les
media sociaux ou via les autres media.
Dans les livres présentant l’intelligence économique (IE) et son intérêt stratégique
pour une entreprise, il existe de multiples critères d’évaluation pour juger de la
qualité d’une information. Mais aucun de ces ouvrages n’aborde spécifiquement la
question de la fiabilité, ni même les media sociaux.
Fiabilité des informations trouvées sur les media sociaux – Christine DU Page 16
1.1.4 Pourquoi avoir soulevé la question de l’impact du temps sur l’information pour
en évaluer la fiabilité ?
Dans le cadre de cette thèse professionnelle, il aurait été facile d’étudier uniquement
la fiabilité d’une information trouvée sur les media sociaux uniquement par les deux
critères d’évaluation d’une information, hérités de l’intelligence économique (IE) : la
valeur de l’information et la valeur de la source.
Tout d’abord, le cadre environnemental et historique des media sociaux est différent
de ceux des autres media.
Au préalable, la relative instantanéité et la visualisation « en public » des échanges
sur les media sociaux ont augmenté la pression du temps pour le traitement des
informations et des réponses à y apporter. Cette accélération du temps par les
nouvelles technologies a donc accéléré les rythmes de vie. Cette vie en société
accélérée a augmenté la pression du temps dans les prises de décision.
Comme le démontre l’article de recherche de Jeanne LALLEMENT « Impact de la
pression temporelle sur le traitement des informations », plus la pression du temps
est forte, moins on passe de temps à examiner chaque élément, moins on analyse
d’élément, plus on se concentre sur les éléments considérés comme primordiaux.
Le danger avec les media sociaux est donc, sous la pression du temps, d’avoir
l’information la plus récente et d’y répondre. L’important devient de répondre et de
réagir à l’information la plus récente. Ce n’est pas de se demander si cette
information a de la valeur et quelle en est la source.
Ensuite notre sujet ayant justement pour cadre les media sociaux, où tout ou
presque est partagé et partageable en même temps, la relation au temps est
changée par rapport à « l’avant web participatif ». Ce web participatif se distingue du
fait que chaque internaute est à la fois auteur-diffuseur-commentateur-approbateur-
électeur-citoyen du monde-influenceur.
Puis la relation au temps a changé entre les citoyens – les journalistes – les pouvoirs
publics. Ce changement existait avant que l’utilisation des réseaux sociaux. Avant
que les réseaux sociaux entre individus à des fins personnelles ne prennent la place
actuelle dans les relations interpersonnelles. Bien avant la création de Facebook, en
Fiabilité des informations trouvées sur les media sociaux – Christine DU Page 17
1998 lors du « MONICAGATE », les journalistes ont perdu un avantage sur la
population qu’ils informaient. Pour rappel : un pseudo reporter « grille » la politesse à
un magazine et un procureur de la justice américaine en révélant le scandale d’Etat
par la diffusion d’un rapport sur Internet. Les journalistes, les conseillers du Président
des Etats-Unis de l’époque et les citoyens américains se retrouvent à égalité dans ce
cas et via le web dans la diffusion et l’accès à l’information.
A partir de cette affaire, dans les réactions, la question « de quand ça date ? » a pris
plus de place qu’avant au point peut-être d’éclipser celle de « qui dit quoi ? ».
Puis, Internet, socle de base du Web participatif, est devenu le diffuseur de rumeur et
en plus de contenu apportant des éléments de réflexions, tant qu’il y a des lecteurs
intéressés (par le contenu ou par l’utilisation possible). Comme cela est démontré,
par la suite, une rumeur aussi populaire soit-elle, n’est pas une information puisqu’on
ne peut pas en déterminer l’auteur originel bien qu’elle est un contenu.
L’intelligence économique exige de vérifier la véracité de chacun des éléments cités
dans ce que l’on reçoit.
Enfin, une caractéristique d’Internet et des media sociaux, est qu’ils ont une
mémoire :
- soit l’information est noyée par l’actualité récente, elle reste toujours
« retrouvable » via les moteurs de recherche ;
- soit l’information peut avoir été partagée, donc disponible ailleurs bien qu’elle
ait disparu de la source originelle par la volonté ou pas de son auteur.
Fiabilité des informations trouvées sur les media sociaux – Christine DU Page 18
1.2 Définitions
L’objectif de cette thèse professionnelle est de clarifier le processus de réflexion
amenant à juger une information trouvée sur les media sociaux comme fiable.
Il faut donc d’abord préciser le sens de la « fiabilité » d’une « information »
trouvée sur les « media sociaux ». Chacun de ces termes a des synonymes dans
la langue courante et des mots s’y rapprochant beaucoup. C’est pour cette raison
que la première partie est consacrée à leurs définitions et à les différencier de leurs
synonymes. Les mots clés « information », « fiabilité » et « media social » sont
définis à chaque fois avant les autres mots. Cela permet de les mettre en avant.
1.2.1 Information, rumeur et opinion
a. Définition du mot « information »
Pour la différencier entre autres de la « rumeur », une information est définie par
Yves-François LE COADIC comme : « une connaissance inscrite (enregistrée) sous
forme écrite (imprimé ou numérisée), orale ou audiovisuelle sur un support
spatiotemporel. »
Intéressons-nous ensuite au mot « information » en étudiant son historique. La
genèse du mot « information » est expliquée par Philippe BRETON et Serge
PROULX dans « L’explosion de la communication ».
« Au XIIIème siècle, le mot « information » émerge en français dans un sens d’abord
judiciaire. « Faire des informations » veut dire « procéder à des enquêtes
judiciaires ». […] A la fin du XVème siècle, il signifie l’action de « donner une
forme ».
Au XIXème siècle, le terme « information » décrit l’action de « prendre des
renseignements ». Sous la troisième république, avec le développement de la
presse, l’information prend son sens actuel de fait décrit et rapporté à la
connaissance du public. […] Au XXème siècle, le mot sert à désigner, en plus des
sens initialement acquis, la donnée décrite et mise en forme pour être traitée par des
ordinateurs et circuler dans des réseaux. »
Fiabilité des informations trouvées sur les media sociaux – Christine DU Page 19
Ces 3 sens hérités par l’utilisation du mot « information » permet de comprendre
qu’elle est passée d’un outil pour identifier des actes et leurs auteurs à des
renseignements sur un sujet ou une personne pour finir comme un composant
pouvant être transmis par des signaux dans un système de diffusion.
Dans le cadre de ce mémoire, nous nous intéressons donc à ces trois sens :
- l’information comme outil à la prise de décision ;
- l’information comme outil de jugement ;
- l’information comme élément d’un système.
En résumé, une information est un élément matérialisé de la connaissance et de la
compréhension d’un système, dont l’origine est identifiable. Une information permet
de comprendre un environnement avant de prendre une décision.
b. Définition d’une rumeur
Si l’on se réfère au Nouveau Petit Robert de la langue française 2010, le mot
« rumeur » a trois sens différents aujourd’hui expliqués par les utilisations différentes
du mot selon les époques.
Le plus ancien des sens (1407) définit la rumeur comme un « bruit confus de
personnes qui protestent ». L’aspect contestataire disparait dans la formule de 1651,
une rumeur devient un « bruit confus de voix, bruit assourdi par de nombreux sons,
de chocs ». Ce sens prend un sens plus dynamique de nos jours, et plus proche de
l’étude des informations, pour devenir un « bruit qui court, nouvelle qui se répand
dans le public, dont l’origine et la véracité sont incertaines ».
On voit par cette évolution, qu’une rumeur est par définition toujours un « bruit ». Une
rumeur n’est donc pas un son ou une information entre des émetteurs identifiés et
des récepteurs déterminés comme le schématise les théories de la communication.
Le simple fait que l’émetteur d’une rumeur ne soit pas identifiable nominativement,
distingue donc la rumeur d’une information.
De plus, une rumeur se caractérise trois points : présente des variantes, l’histoire est
partiellement ou totalement fausse.
Fiabilité des informations trouvées sur les media sociaux – Christine DU Page 20
Une rumeur est crue car elle est :
- d’une source crédible (crédible pour les personnes qui écoutent parce qu’elle
est perçue comme fiable par son désintérêt) ;
- au contenu vraisemblable (qui trouve un écho dans l’actualité sociale et dans
les croyances populaires ou convictions religieuses des personnes qui
écoutent) ;
- répond au besoin d’y croire (croire en une rumeur en l’absence d’informations
officielles ou répondre à un besoin d’information).
Cette distinction entre rumeur et information est d’autant plus accentuée sur les
media sociaux par la « viralité » des messages électroniques qui ne tiennent pas
compte des structures hiérarchiques établies dans une organisation (entreprise,
Etats…) où chaque membre peut créer du contenu.11
En résumé, une rumeur est un bruit confus, existant sous plusieurs variantes et dont
on ne peut identifier l’auteur initial, que l’on veut croire parce qu’il correspond à ses
croyances et répond à un manque d’information. Une rumeur n’est pas une
information car on ne peut pas identifier l’auteur et qu’elle a plusieurs variantes.
c. Définition d’une opinion
Lors de son intervention au 5th Text Analytics Summit, de Boston en Juin 200912, le
Professeur Bing Liu de l’Université de Chicago définit une opinion par cinq critères :
- l’objet visé ;
- sa caractéristique à propos de laquelle une opinion est exprimée ;
- la modalité (« sentiment value ») exprimée ;
- l’émetteur de l’opinion ;
- le moment où elle est exprimée.
Cette définition n’est applicable qu’aux opinions simples exprimées dans les media
sociaux sur les murs d’actualités et les commentaires, type : « Avec "Argo", son
11
Pour une approche plus sociologique des rumeurs sur les media sociaux, nous vous conseillons http://www.psycheduweb.fr/comment-naissent-et-evoluent-les-rumeurs-sur-les-medias-sociaux/ 12
Sentiment Analysis and Subjectivity
http://www.clarabridge.com/Portals/Clarabridge/BingLiuSentimentAnalysis.pdf. Le CV du Pr. Bing Liu http://www.cs.uic.edu/~liub/
Fiabilité des informations trouvées sur les media sociaux – Christine DU Page 21
nouveau film, Ben AFFLECK prouve qu'il est meilleur quand il est en même temps
devant et derrière la caméra ».
Les messages plus longs avec plusieurs sujets grammaticaux peuvent être étudiées
selon :
- la tonalité générale (positive, négative, neutre ou de comparaison) ;
- le sujet à étudier en priorité (par exemple : le prix du produit, la réputation d’un
hôtel) ;
- l’origine du message en se concentrant sur un type de media (micro-blogging,
vidéo, forum, etc.) ;
- le degré d’automatisation voulu dans l’étude des avis publiés.
Chaque entreprise a sa méthode de collecte des avis sur Internet afin de les étudier.
Il existe de multiples solutions pour collecter, modérer/traiter, restituer et publier des
avis des consommateurs souhaitant (y compris sur des points de vente, lieux
d'exercice d'une activité et sites web) exprimer leur opinion.
Pour fiabiliser en France le processus de traitement des avis des consommateurs sur
Internet, l’AFNOR publiera une norme en mars 2013. La norme « Avis en ligne des
consommateurs » est codifiée AFNOR/X005CA. Pour suivre l’actualité de cette
norme, nous vous conseillons de consulter ce lien
http://www2.afnor.org/espace_normalisation/structure.aspx?commid=84949&lang=fr
ench
En résumé, une opinion est un jugement de valeur individuel sur un objet par une
personne dans un instant limité et identifiable. Une opinion n’est donc pas une
information car elle est particulièrement applicable et valable pour la personne qui
l’exprime. Elle est subjective.
Fiabilité des informations trouvées sur les media sociaux – Christine DU Page 22
1.2.2 Fiabilité, qualité, pertinence d’une information
a. Définition de la fiabilité d’une information
En intelligence économique (IE), la fiabilité d’une information est un critère de
classification des informations reçues pour éviter d’être victime de désinformation ou
pour éviter de prendre de mauvaises décisions (sur la base volontairement ou pas
d’informations erronées).
Pour juger de la fiabilité d’une information, on peut juger la fiabilité de la source
d’information. Sur les media sociaux, cette fiabilité de la source est caractérisée par
la fiabilité de la personne ou l’organisation qui a créé l’information.
Juger de la fiabilité d’une information trouvée sur les réseaux sociaux est donc
complexifié par une des caractéristiques identifiantes des réseaux sociaux : tout le
monde peut écrire sur tout ce qu’il veut ou presque, sous un vrai ou faux nom, et tout
le monde peut commenter, répondre ou critiquer avec ou sans arguments pertinents.
Cette spécificité (tout le monde est auteur sur tous les sujets) met en évidence qu’il
faut « la fiabilité » de « l’origine » d’une information.
Ajoutons à cela que sur les réseaux sociaux :
- l’auteur d’un message informatif n’est pas forcément l’auteur de l’information
qu’il contient ;
- qu’il est facile de partager un contenu et de copier-coller un texte pour le
rediffuser.
Il existe des solutions web (des API), des tableaux de bord de media sociaux pour la
gestion et la mesure de ses comptes (Hootsuite, Tweetedeck, Buffer…) et des outils
de surveillance des media sociaux (Digimind, AMI Software, Iscope, TaDaweb…).
Ces solutions permettent de diffuser sur plusieurs media sociaux en instantané ou en
programmé des messages, et d’être alertés des messages qui y sont publiés selon
ses propres critères. Ils permettent également d’aider la détermination, par déduction
ou directement, de l’origine (le premier auteur, l’origine géographique).
Ces outils permettent également de publier automatiquement du contenu sans
forcément l’avoir lu, vu, ou écouté pour en juger la teneur. Un utilisateur des media
Fiabilité des informations trouvées sur les media sociaux – Christine DU Page 23
sociaux peut donc se retrouver facilement à servir aussi de relais de diffusion d’un
contenu sans l’avoir évalué. Cela peut s’expliquer par manque de temps par exemple
ou par volonté de proposer en permanence du contenu aux abonnés de son compte
afin de fidéliser ces derniers.
Or savoir « qui a écrit quoi en premier et quand » correspond à l’identification de la
source, à sa nomination.
A titre d’exemple, l’annonce du vainqueur de l’élection présidentielle française : un
message annonçant l’annulation d’un rassemblement organisé par un des deux
partis en confrontation, n’a pas la même fiabilité et pourvoir d’information lorsqu’elle
provient d’un ami très peu porté sur la politique ou lorsqu’elle provient d’une amie
militante politique.
Une spécificité des media sociaux est donc aussi la distinction entre l’auteur d’un
message et l’auteur de l’information.
Cela ne permet pas de fiabiliser l’information. Pour cela, il faut juger également son
contenu et contexte. Certains insistent sur le recoupage de l’information pour en
juger sa fiabilité.
En résumé, la fiabilité d’une information est le résultat d’une évaluation de la valeur
qu’elle a pour la personne qui la reçoit. Plus cette évaluation est positive, plus
l’information est jugée fiable. Cette évaluation se base sur plusieurs critères dont la
valeur qu’a sa source et l’information en elle-même. La fiabilité d’une information est
donc intimement liée à la fiabilité de l’auteur originel de l’information.
Fiabilité des informations trouvées sur les media sociaux – Christine DU Page 24
b. Définition de la qualité d’une information
Le Robert Micro définit la qualité comme : « la manière d’être caractéristique et qui
donne de la valeur plus ou moins grande ». Le Petit Larousse définit la qualité « […]
comme ce qui rend quelque chose supérieur ».
Dans cette thèse professionnelle, nous retenons de ces 2 définitions que la qualité
d’une information se détermine par la valeur qu’elle apporte avec elle : plus une
information apporte de la plus-value originale qu’elle seule peut apporter, plus cette
information est jugée de qualité.
Ensuite, nous nous attachons à distinguer la qualité d’une information des aspects
suivants à partir des définitions du Robert Micro :
- Fiabilité : caractère de ce en qui ou en quoi on peut avoir toute confiance : un
panneau d’affichage municipal est fiable pour nommer une rue mais n’a pas
de valeur si l’on ignore où se situe cette rue vis-à-vis de notre destination ;
- Crédibilité : Caractère de ce qui est croyable : la déclaration d’indépendance
de la Wallonie faite par un animateur de radio nationale, avec la complicité
des transports publics belges, est une information crédible, mais non
qualitative : au regard de la situation politique de la Belgique ;
- Importance : caractère de ce qui a de grandes conséquences, beaucoup
d’intérêts : le débarquement d’extraterrestres est une information importante,
mais a moins de valeur quand elle est annoncée par un présentateur de radio
que par le ministre de la Défense ;
- Intérêt : attention favorable que l’on porte à quelqu’un, part que l’on prend en
ce qui le concerne : la dégradation de la note de la France par une agence de
notation a un intérêt économique pour les marchés financiers, mais elle n’a de
valeur que lorsqu’elle est annoncée par l’agence de notation ou par le pays ;
- Priorité : qualité de ce qui vient, passe en premier, dans le temps : dans une
compétition, savoir quelles équipes s’affronteront au premier tour est
prioritaire, mais n’est pas qualificatif si on ne connait pas le niveau et les
stratégies de jeu de chacune des équipes ;
- Probabilité : chance calculée qu’un évènement donné se produise ou n’ait pas
lieu (parmi d’autres) : avoir les estimations de votes pour une élection
Fiabilité des informations trouvées sur les media sociaux – Christine DU Page 25
renseigne sur les tendances mais n’est qualificatif seulement si elles sont les
plus récentes et si la méthode de sondages est indiscutable ;
- Utilisation : action ou manière de rendre utile, faire servir à une fin précise :
savoir quel est le système d’exploitation des ordinateurs d’une société permet
à l’informaticien d’apprécier si un logiciel fonctionnera ou non mais n’est pas
qualificatif s’il ne sait pas quel est le système de protection/sécurisation des
ordinateurs ;
- Utilité : caractère de ce qui satisfait des besoins matériels : savoir quel est le
médicament prescrit est utile, mais n’est pas qualificatif si on ne connait pas la
dose et de régularité des prises ;
- Vraisemblance : caractère de ce qui peut être considéré comme vrai, qui
semble vrai : le nombre d’exemplaires vendus d’un livre selon son éditeur peut
être considéré comme vrai mais n’est pas qualificatif si on ignore la période
concernée et les pays où il est distribué.
Une information est de qualité quand elle est cumulativement, selon le guide de la
sécurité et de la qualité en ligne, par ERYICA asbl 13:
- Claire : une information de qualité est une information claire. Elle doit être
ciblée, compréhensible et appuyée par des sources clairement identifiées.
- Adaptée : est-ce que l’information est bien adaptée ou appropriée à la
situation spécifique dans laquelle se trouve le récepteur? Est-ce qu’elle
correspond aux besoins et aux capacités du destinataire?
- Pertinente : la qualité de l’information trouvée est relative aux besoins du
récepteur qui effectue la recherche. Elle doit être claire, mais si elle n’est pas
aussi pertinente pour la personne, elle risque de ne pas être appropriée et
même d’être néfaste.
- Exacte : une information peut être claire, simple et adaptée à la personne qui
en a besoin. Mais cette information est-elle aussi à jour, factuelle et objective
?
13
ERYICA asbl 13: - European Youth Information and Counselling Agency http://eryica.org/, basé à Luxembourg, est un organisme européen indépendant, composé d’organismes gouvernementaux et non gouvernementaux dans l’information à destination des jeunes pour leurs orientations professionnelles. Le guide peut être lu-téléchargé-partagé à cette adresse http://www.calameo.com/books/0000174082c5779064075
Fiabilité des informations trouvées sur les media sociaux – Christine DU Page 26
En résumé, la qualité d’une information est la plus-value originale et unique qu’elle
apporte d’elle seule.
c. Définition de la pertinence d’une information
A la différence, la pertinence d’une information se caractérise par l’intérêt qu’elle a
pour celle qui la reçoit. Il ne s’agit donc pas de juger de la crédibilité ou de la fiabilité
de l’information et de sa source.
Pour définir la pertinence, nous nous appuyons sur leurs traductions en Anglais,
Allemand et Chinois mandarin.
En Anglais, la pertinence peut se traduire en deux mots : pertinence, relevance.
Pertinence a un sens de « justesse ».
Relevance a un sens d’« intérêt ». Il s’applique plus pour les questions, remarques,
arguments, informations et faits.
En Allemand, la pertinence peut se traduire en deux mots : Zutreffen, Triftigkeit.
Zutreffen a un sens de « concordance avec ».
Triftigkeit a un sens de « bien fondé » et de « caractère concluant ».
En Chinois, la pertinence peut se traduire en trois mots.
恰当(qiadang) est composé de deux idéogrammes. Le premier a le sens « de
manière opportune ». Le second a le sens de « égaler, équivaloir ». Les deux
idéogrammes a un sens de « convenable, approprié, adéquat ».
确切(queqie) a un sens de « précis, exact ». Le second idéogramme a le sens de
« se conformer à ».
中肯(zhongken). Le premier idéogramme signifie « atteindre le but, réussir ». Le
second a le sens de « consentir à, vouloir bien ».
En résumé, ces recherches sémantiques dans d’autres langues permettent de
définir :
La pertinence d’une information comme l’intérêt qu’elle a pour celui/celle qui la reçoit
car elle est en concordance avec son besoin d’information. De plus, cette information
arrive à moment adéquat. Par son contenu précis, cette information permet de
prendre une décision.
Fiabilité des informations trouvées sur les media sociaux – Christine DU Page 27
1.2.3 Légitimité d’un acteur ou d’un media
Dans cette thèse professionnelle, nous définissons la légitimité d’un acteur ou d’un
media comme le statut construit par l’acteur ou le media auprès des autres acteurs
de son environnement (communautés, sociétés, lecteurs, auditeurs, téléspectateurs)
en restituant des éléments de la réalité et de vraisemblance dans un récit qui se veut
objectif, en fonction de ses contraintes et atouts matériels.14
La légitimité d’un acteur ou d’un media s’acquiert donc auprès des autres membres
de sa communauté ou sa société. Pour se légitimer, un acteur ou un media donne la
parole aux autres et prend l’initiative des dialogues avec les acteurs secondaires
quels que soient leurs liens avec l’information : se montrer ouvert aux dialogues pour
démonter sa bonne foi dans la recherche de l’information et de la comprendre pour
mieux la restituer en toute vraisemblance et réalité.
Cette acquisition peut donc aussi se faire avec un délai entre la restitution des
premiers évènements et le moment où la communauté reconnait cet acteur comme
légitime. Ce délai peut être plus ou moins long en fonction du sujet traité et de
l’historique connu de l’acteur ou du media.
A titre d’exemple : la légitimité de Janis KRUMS a été presque instantanée, pour
avoir été le premier à envoyer sur Twitter une photo de l’amerrissage d’un avion civil
sur l’Hudson. Alors que la légitimité de France 3 a souffert de sa vocation régionale
lors du conflit en Irak.
L’appréciation de la légitimité d’un acteur pour une information est un élément capital
pour tous. Mais encore plus pour celles et ceux dont le métier est la recherche
d’information : les veilleurs. Dans ce cas, cette légitimité peut donc aussi être
acquise par recommandation de la part d’un tiers ou par l’environnementautour du
veilleur : si l’organisme d’Etat propre à un pays étranger fait référence aux travaux
d’un chercheur scientifique sur les OGM, alors ce chercheur bénéficie d’une plus
grande légitimité (pas forcément une plus grande reconnaissance scientifique) pour
le veilleur quand il effectue des recherches sur la politique locale vis-à-vis des OGM.
14
Cette définition provient de notre interprétation des travaux d’Eliseo VERON, qui propose des analyses comparatives du traitement mediatique de l’accident nucléaire survenu en 1979 par l’Agence France Presse, la presse écrite, les journaux radios et télévisés. VERON E. (1981), Construire l’événement – les media et l’accident de Three Mile Island, Paris, Éditions de Minuit.
Fiabilité des informations trouvées sur les media sociaux – Christine DU Page 28
Par contre, la légitimité d’un media se caractérise par l’implantation historique et
territoriale. A titre d’exemple illustratif, le journal Le Monde a une légitimité reconnue
pour l’actualité en France. A la différence du Parisien n’a de légitimité reconnue que
pour la Région Ile de France. Ce qui explique en partie leur décision de présenter
leur journal au niveau national sous un autre titre « Aujourd’hui en France », se
détachant de l’image « parisienne ». Le Monde est reconnu internationalement. Mais
sa notoriété est limitée aux francophones et à ceux qui auraient abordé les
spécificités de la presse européenne.
En résumé, la légitimité d’un acteur ou d’un media est donnée par les autres
membres de la communauté à laquelle il appartient. Cette attribution se fait avec un
délai variable selon la temporalité des sujets choisis et peut se perdre.
Fiabilité des informations trouvées sur les media sociaux – Christine DU Page 29
1.2.4 Media social, Web 2.0, réseau social
a. Définition d’un media social
Pour cette thèse professionnelle, nous définissons un media social en reprenant la
définition du Web 2.0 de Xavier NIEL et Dominique ROUX.
Un media social est un service logiciel en ligne d’échanges entre les internautes. Ce
service permet de créer du contenu comme :
- les sites d’édition collective (par exemple Wikipédia) qui permettent aux
internautes d’éditer et de modifier des contenus en ligne par un travail
collaboratif ;
- les sites de partage et d’échanges de fichiers multimedia, comme Youtube
pour la vidéo et Grooveshark pour la musique par exemple ;
- les sites de réseaux et de liens sociaux, dans lesquels chaque internaute peut
créer sa page personnel, son « profil », à partir duquel un réseau peut être
constitué avec d’autres sites comme Facebook, Bebo ou Pinterest, etc.
Cette définition permet d’élargir le terme « media sociaux » aux sites de rencontres
(professionnelles ou amoureuses), aux applications de jeux collaboratifs (dont le
« fameux » FarmVille), et aux sites de localisation (par exemple Foursquare).
Pour mieux comprendre l’émergence des media sociaux dans Internet, l’infographie
« L’histoire des media sociaux en une infographie » publié sur Le Blog du
Modérateur, est mis en annexe.
Pour mieux comprendre la diversité des media sociaux, la Figure 2: Panorama des
media sociaux 2012. Copyright: mediassociaux.fr range les media sociaux par
objectif principal.
En résumé, un media social est un site permettant à tout utilisateur inscrit d’éditer ou
partager du contenu, et de rentrer en contact avec d’autres utilisateurs.
Fiabilité des informations trouvées sur les media sociaux – Christine DU Page 30
Figure 2: Panorama des media sociaux 2012. Copyright: mediassociaux.fr
Fiabilité des informations trouvées sur les media sociaux – Christine DU Page 31
b. Définition du Web 2.0
Basiquement, le Web est un anglicisme désignant l’ensemble des données reliées
par des liens hypertextes dans Internet. Le Web est donc un service offert par
Internet, comme les e-mails et le partage de fichiers en peer-to-peer par exemple.
Pour le Web 2.0, la définition donnée par Laurence IFRAH est :
« Le Web 2.0 est un espace collaboratif relationnel, un réseau d’interaction sociale
dont la définition est multiple parce qu’il a de multiples dimensions. Qualifié parfois
de buzzword, il est en fait un nouveau modèle rédactionnel qui tire parti de
l’intelligence collective. Wikipédia, Twitter, MySpace, Del.icio.us ou encore Flickr en
sont les meilleurs exemples.»
Cette définition met en avant l’intelligence collective que permet la publication d’un
commentaire par chaque internaute lecteur en réaction à une première publication.
Cette explication du mot « Web 2.0 » introduit le changement de leadership sur le
Web, essentiel pour comprendre ensuite les réseaux sociaux. Ce ne sont plus
uniquement les webmasters, les entreprises ou les marchands qui créent du contenu
descendant et statique à destination d’internautes simples lecteurs cherchant des
informations par mots clés. Dans le Web 2.0, les internautes créent aussi du contenu
en publiant des informations sur des produits ou services des entreprises sans
même les avoir averti, puis les répertorient et les transfèrent en utilisant par exemple
des tags.
Fiabilité des informations trouvées sur les media sociaux – Christine DU Page 32
Figure 3: Différence de relations au contenu entre le web 1.0 et le Web 2.0
Laurence IFRAH, rappelle que le terme « Web 2.0 » 15est né lors d’une conférence
de brainstorming organisée par Dale DOUGHERTY (de la société d’édition
O’REILLY Media) et Craig CLINE (de Mediative International) en août 2004. Elle
précise que dans le Web 2.0, les réseaux sociaux sont un service et non un produit
au centre d’Internet.
Le mot « Web 2.0 », tel que le défini Dale DOUGHERTY a pour but d’illustrer le
changement dans le Web : les utilisateurs du Web ne sont plus des récepteurs
passifs de contenus statiques. Ils contribuent au Web en partageant des informations
et en participant à l’élaboration de son contenu.
15
Comment Tim O’REILLY présente le Web 2.0 en version originale http://oreilly.com/web2/archive/what-is-web-20.html ou la traduction française avec l'autorisation des éditions O'Reillyhttp://www.eutech-ssii.com/index.php?option=com_content&view=article&id=78
Fiabilité des informations trouvées sur les media sociaux – Christine DU Page 33
De cette définition découle un premier positionnement du Web 2.0 que Tim
O’REILLY cartographie ainsi:
Figure 4: Cartographie des caractéristiques et composants d’Internet par Tim
O’REILLY sur http://oreilly.com/web2/archive/what-is-web-20.html
L’information et le renseignement par Internet, Laurence IFRAH, Edition PUF,
collection Que-sais-je ?, 2010
Cette cartographie permet d’aborder la notion de Crowdsourcing Le crowdsourcing
est défini en glossaire. Elle attire l’attention sur les caractéristiques clés du Web 2.0,
telles que la décentralisation totale et la confiance entière ou la multiplicité des points
d’accès au contenu. Ces caractéristiques sont jugées comme essentielles dans notre
étude.
En résumé, le Web 2.0 est un mot inventé par Dale DOUGHERTY. Il désigne le
service offert par Internet permettant à chaque utilisateur d’être actif en échangeant
des informations. L’utilisateur n’est plus un récepteur passif. Il peut créer du contenu
dans Internet et de le modifier, de le partager et de le commenter.
Fiabilité des informations trouvées sur les media sociaux – Christine DU Page 34
c. Définition du réseau social
A la différence du Web 2.0, le terme « réseau social » et son pluriel a un sens
anthropologique datant d’au moins une soixantaine d’années, résumé par Pierre
MERKLE:
« Un réseau social est un ensemble de relation entre un ensemble d’acteurs, lui-
même organisé ou non. Ces relations peuvent être de nature fort différente et les
acteurs sont principalement des individus, mais pas nécessairement. ».
Cette définition met en lumière le lien de parenté entre les réseaux sociaux et le web
2.0 dont le premier fait parti.
Cette définition permet de se souvenir de l’aspect « terrain et réel» essentiel à
chaque réseau social. Elle ne fait pas appel au sens informatisé ou Internet du
terme : ce n’est pas forcément un réseau d’ordinateurs et de périphériques
informatiques ni un site Internet offrant un espace collaboratif documentaire ou une
plateforme de socialisation. Elle inscrit aussi l’importance des acteurs membres du
réseau, des échanges dans celui-ci, de la multiplicité des liens et de la diversité des
rapports qu’un même acteur peut avoir dans un même réseau.
Ensuite cette définition permet d’englober des services offerts par le Web 2.0 de la
mise en relation et des échanges avec d’autres utilisateurs via un profil, même si
leurs créateurs ne les présentent pas comme un réseau social.
Enfin, cette définition est un bon début pour soulever la question de la légitimité de
l’acteur dans un réseau, pour définir la fiabilité d’une information qu’il communique
aux autres.
Pour donner un aperçu des évolutions des réseaux sociaux en France en 2012, nous
avons choisi en annexe une infographie. Cette infographie est l’œuvre de L’Autre
Media. C’est une agence de webmarketing communautaire (SMO : Social Media
Optimisation) établie à Lille.
En résumé, un réseau social est une structure avec un système d’échanges et
interactions entre acteurs (individus ou organisations) ayant entre eux des relations
et des liens de différentes natures (voisinages, familiaux, amicaux, professionnels
…).
Fiabilité des informations trouvées sur les media sociaux – Christine DU Page 35
2 ARBRE DE DECISION DE LA FIABILITE D’UNE INFORMATION TROUVEE
SUR LES MEDIA SOCIAUX
2.1 Méthode
Pour élaborer cet arbre de décision et le garder compréhensible, nous avons pris le
parti de respecter le vocabulaire et les méthodes d’évaluation existantes pour les
informations trouvées en utilisant des media plus « traditionnels » ou par leurs
intermediaires.
Chaque ouvrage d’introduction à l’IE et au renseignement extérieur d’entreprise,
relatifs à l’usage de l’information et à la recherche sur Internet, propose ses critères
d’évaluation, sur une échelle de 1 à 4 au moins, des deux paramètres suivants :
- valeur de la source de l'information ;
- valeur de l'information proposée.
Un 3e paramètre d’évaluation de l’information a été volontairement distingué des
deux autres. Il s’agit de « la qualification du contenu » selon L’encyclopédie du
Renseignement et des services secrets de Jacques BAUD (1998).
Pour cet arbre de décision, nous avons soulevé également des questions utiles et
primordiales à nos yeux, telles que :
- l’utilité et l’« usabilité » d’une information ;
- l’impact du temps sur l’information évaluée ;
- le recoupage des informations (liens avec l’évaluation de sa valeur, et nombre
minimal de sources indépendantes) ;
Fiabilité des informations trouvées sur les media sociaux – Christine DU Page 36
- le croisement des deux paramètres valeur de la source/valeur de l’information
qui permet d’obtenir la matrice d’évaluation.
Cet arbre de décision, a démarré avec 7 paramètres d’évaluation pour juger de la
fiabilité d’une information qui sont :
- valeur de la source de l'information ;
- valeur de l'information proposée ;
- la qualification du contenu ;
- l’utilité et l’« usabilité » de l’information ;
- l’impact du temps sur l’information évaluée ;
- le recoupage des informations (liens avec l’évaluation de sa valeur et nombre
minimal de sources indépendantes) ;
- le croisement des deux paramètres valeur de la source/valeur de l’information
permettant d’obtenir la matrice d’évaluation.
Ces 7 paramètres sont précisés dans la grille d’analyse, présentés en compléments
de l’arbre de décision.
Les critères volontairement mis de côté pour cette étude sont :
- l’urgence : une information urgente n’est pas forcément importante, car
l’urgence est relative au contexte de celui qui la reçoit/envoie ;
- l’interne et l’externe : l’information interne, souvent déjà traitée et plus
compréhensible que l’externe, a le risque d’inclure des préjugés ou peut-être
censurée par celui qui en est l’auteur, en voulant se conforter à ce qu’il croit
être l’esprit et les besoins de l’entreprise ;
- l’écrit ou l’oral : une même information peut prendre du temps à être écrite
parce qu’elle doit être conceptualisée et traduite dans différentes langues,
même si elle permet de temporiser son traitement
- une même information prend du temps à être écrite parce qu’elle doit être
conceptualisée et traduite dans différentes langues, même si elle permet de
temporiser son traitement ;
- le critère hiérarchique : dans les media sociaux, il n’y a pas de hiérarchie entre
les internautes. Une hiérarchie existante peut être celle de celui qui a pris la
parole en premier, qui intervient le plus souvent ou qui est le plus lu.
Fiabilité des informations trouvées sur les media sociaux – Christine DU Page 37
2.2 Arbre de décision
Figure 5: Arbre de décision de la fiabilité d’une information trouvée sur les
media sociaux
Fiabilité des informations trouvées sur les media sociaux – Christine DU Page 38
2.3 Commentaires sur l’arbre de décision
Nous expliquons l’ordre des 7 paramètres d’évaluations pour juger de la fiabilité
d’une information trouvée sur les media sociaux à la manière de la pyramide de
MASLOW avec les arguments exposées ci-dessous.
1. Valeur de la source
Sur les media sociaux, l’identification de l’interlocuteur prime sur les autres critères.
La multiplicité des acteurs et membres dans ces media fait que les internautes
(individus et organisations) récepteurs et émetteurs d’informations peuvent choisir
qui écouter, lire ou voir.
L’émetteur initial de l’information est d’autant plus important que la légitimité d’un
acteur sur les media sociaux est jugée également par son identification, mais
également par l’historique des échanges passés dans le réel et le virtuel : un
interlocuteur inconnu non identifié et non recommandé par un membre du réseau est
moins, voire pas du tout, écouté ou lu. En tout cas tant qu’il n’aura pas prouvé sa
valeur à la communauté, par exemple en publiant des remarques d’intérêt.
La seule exception de besoin d’avoir un historique commun s’applique
éventuellement à la presse écrite, les institutions d’Etats et les agences de presse.
Car même les marques et les symboles peuvent être détournées (à des fins de
contestations citoyennes notamment) et l’usurpation d’identité est possible sur les
media sociaux : il n’y a pas de contrôle d’identité pour la création d’un compte sur un
media social. Certains services comme Facebook par exemple autorisant même le
choix d’identifiants déjà existants, y compris de personnalités. Les comptes pouvant
par ailleurs être détournés par des hackers en « craquant », piratant, volant ou
parfois devinant le mot de passe.
2. Impact du temps sur la valeur d’une information
Les media sociaux ont pour particularité d’être dans l’instantanéité des échanges et
d’avoir une mémoire visible.
La datation d’un message ou d’une information impacte donc sur la fiabilité d’une
information : le contexte environnemental d’une information permet de lui donner un
Fiabilité des informations trouvées sur les media sociaux – Christine DU Page 39
sens. Pour exemple, la création d’un groupe parlementaire « Rassemblement UMP »
par François Fillon, dans le contexte trouble pour le paysage politique français qu’il a
été le 28 Novembre 2012, n’a pas eu le même impact sur l’échiquier politique que la
création de l’UDI quelques mois auparavant.
3. Valeur de l’information
Une fois que l’on sait « de qui ça vient » et « de quand ça date » sur les media
sociaux, se pose la question de ce que l’information trouvée va apporter au besoin
d’information.
B. MARTINET et Y-M MARTI (1995) propose la représentation suivante de la valeur
de l’information :
Valeur de l’information
=
[Bonne analyse des besoins] x [Pertinence et qualité des sources] x [Qualité de
l’analyse] x [Diffusion et feed-back] x [Sécurité]
Donc, d’après ces auteurs, une information trouvée, a fortiori sur les media sociaux,
a de la valeur si elle :
- répond au besoin d’information de celui qui la reçoit ;
- est apportée par des interlocuteurs jugés comme pertinents avec des sources
fiables par le récepteur;
- fournit une analyse, un avis, une critique, une explication sur son contenu ;
- est diffusée à d’autres acteurs et provoque un retour d’information ou un
retour ;
- permet un traitement et une interprétation à l’abri du danger pour son
destinataire.
Comme le rappelle le Général de brigade GUYAUX16 : « l’information ne devient un
véritable renseignement que si elle parvient en temps voulu et dans la forme voulue
aux décideurs qui en ont besoin pour leurs actions. L’information doit servir à l’action,
sinon elle n’est d’aucune utilité, que ce soit pour le service de l’Etat ou pour le profit
des entreprises ! »
16Docteur ès sciences et ancien conseiller scientifique et militaire de la DST, auteur de L’Espion des sciences, Edition Flammarion 2002
Fiabilité des informations trouvées sur les media sociaux – Christine DU Page 40
4. Utilisation et utilité de l’information
L’évaluation de la valeur de l’information est faite. Se pose alors la question : « que
vais-je en faire ? ». Sans réponse à cette question, l’information reçue est jugée
moins fiable, voire une perte de temps sur les media sociaux.
Sur cet aspect, nous distinguons l’information :
- prête à utiliser (utilisable maintenant ou plus tard, usable, compréhensible,
facile à utiliser). Sur les media sociaux, l’information reçue n’est pertinente
que si elle permettra de faire la différence le moment venu, c’est-à dire au
moment de la prise de décision, par rapport à la personne qui n’avait pas cette
information ;
- utile (utilité, répond à un besoin d'information, permet de résoudre un
problème). Sur les media sociaux l’information reçue n’est pertinente que si
elle répond à la question que se pose son destinataire parce qu’elle est
exacte, exploitable, environnée (dans un contexte), utile et économiquement
accessible.
A titre illustratif pour cette distinction, la boite e-mail est :
- un outil « prêt-à-utiliser » parce qu’il est compréhensible : une fois que le mot
de passe est assimilé à la clé qui ouvre la boite e-mail identifiable par une
adresse email, qui est unique et identifiable comme une adresse postale ;
- utile lorsque l’utilisateur comprend que cela lui permettra plus rapidement et
gratuitement d’écrire des lettres à des destinataires.
5. Qualification du contenu
L’information est maintenant appréciée par son origine et sa plus-value. Reste à voir
sa teneur. Ce n’est pas parce que l’information a été trouvée sur les media sociaux
qu’elle a systématiquement plus ou moins de valeur : chacun peut écrire ce qu’il veut
sans aucun contrôle ou presque.
Il faut se poser les questions sur :
- crédibilité de l’information. Se demander « peut-on croire en cette information
à la vue de ce que l’on sait ? ». Il ne s’agit plus de se poser la question sur la
Fiabilité des informations trouvées sur les media sociaux – Christine DU Page 41
source d’information. La crédibilité de la source d’information peut être
influencée par le passé commun entre la source et le récepteur ;
- probabilité de sa réalisation. S’interroger « l’évènement décrit dans
l’information reçue est-il possible ? ». Parce que la probabilité qu’une
information se confirme dépend de la chance que celle-ci provoque un
évènement qui la confirme, plus il y a de personnes pour agir en fonction
d’une information donnée, plus celle-ci devient probable. Par exemple, plus il
y a de personnes pour croire à la dégradation d’une notation financière, plus
la dégradation de la note aura des chances de vraiment se réaliser ;
- probabilité de véracité des informations : chaque source d’information peut se
tromper ou se faire manipuler. Alors il faut s’interroger : « à quel point est-il
possible que venant de cette source, cette information soit vraie ? ». Pour
répondre à cette question on peut calculer la probabilité qu’elle se trompe (1 -
p1). Mais aussi la relativiser en calculant la probabilité qu’une deuxième
source pour cette même information se trompe (1 - p2). La probabilité de
l’information recoupée soit vraie est donc de 1 - (1 - p1) x (1 - p2) ;
- enjeu représenté pour celui qui la reçoit : se demander « quel est l’intérêt de
cette information pour la personne qui la reçoit ? La personne qui nous
l’envoie ? » et « à quel point juger cette information comme de qualité peut
servir les intérêts de nos ennemis ? ».
L’analyse et le sens critique sont donc aussi nécessaires sur les media sociaux, pour
éviter les manipulations possibles : rumeur, canular, désinformation.
Une information trouvée sur les media sociaux est donc jugée selon plusieurs
critères :
- confirmation : elle est rendue plus certaine par les informations suivantes ou
qui la complètent ;
- probabilité : elle a des chances de provoquer des évènements ;
- vraisemblance : elle semble conforme à notre vision de la réalité ;
- doute : elle est jugée incertaine dans l’actuelle vision de la réalité.
Fiabilité des informations trouvées sur les media sociaux – Christine DU Page 42
6. Recoupage des informations pour en déterminer la valeur
Si l’information est qualifiée comme confirmée, probable, vraisemblable ou douteuse,
alors le réflexe de la personne travaillant à base d’informations est de recouper cette
information.
Pour les media sociaux, la difficulté du recoupage est complexifiée encore plus par :
- la difficile identification de la source d’information initiale : l’auteur d’un
message sur les media sociaux n’est pas forcément sur les lieux des
évènements (par exemple l’annonce de la mort de Michael Jackson) ;
- l’appropriation facile de l’information : copier-coller un contenu est facile, en
deux clics ou en deux pressions sur le clavier, la reproduction du contenu en
omettant l’auteur originel ;
- la facilité de reproduction et de partage d’une même information : pour faciliter
le partage et l’activité, tous les media sociaux proposent de « partager » le
contenu en un clic.
7. Croisement des deux paramètres valeur de la source / valeur de l’information
Maintenant l’information trouvée sur les media sociaux a été jugée en fonction de sa
source originelle, de son contexte, de sa réponse apportée à son besoin
d’information, de son utilisation et de son utilité, qualifié et recoupée.
Reste pour juger de sa fiabilité, de l’analyser en fonction de nos exigences de
qualités en fonction de la valeur de la source et la valeur de l’information.
Chaque individu a ses propres exigences de fiabilité en fonction de son passé et de
ses besoins.
C’est pour cette raison que l’arbre de décision proposée est complété par :
- une matrice d’évaluation des informations;
- une grille d’analyse des informations trouvées sur les media sociaux pour en
juger de la fiabilité.
Fiabilité des informations trouvées sur les media sociaux – Christine DU Page 43
2.4 Compléments à l’arbre de décision
2.4.1 Matrice d’évaluation de la valeur d’une information par Alain BLOCH
Pour juger de la fiabilité d’une information, nous pouvons juger d’abord de sa qualité.
Alain BLOCH17 propose l’évaluation de la qualité d’une information en croisant les
deux paramètres valeur de la source/valeur de l’information par la matrice suivante :
Valeur de la source
Source suspecte et subjective
Source peu sûre
Source digne de foi mais risques d’erreur et de subjectivité
Source digne de foi
Valeur de l’information
Information inutile --- -- - +
Information utile à l’occasion
-- - + ++
Information intéressante
- + ++ +++
Information prioritaire et importante
+ ++ +++ ++++
Figure 6: Matrice d’évaluation de la valeur d’une information par Alain BLOCH
L’intelligence économique, Alain BLOCH, Editions ECONOMICA, 1996
Dans cette matrice, Alain BLOCH qualifie les sources selon la cotation militaire de
Bruno MARTINET18. Cette cotation se fait par des signes pour ne prêter à confusion
sur la valeur positive de la notation. Ce que ne permet pas une échelle numérotée.
Une cotation de la qualité de l’information que l’on pourrait résumer à « plus il y a de
+, plus l’information est de qualité ».
17 L’intelligence économique, Alain BLOCH, Editions ECONOMICA, 1996 18
L’intelligence économique, MARTINET, Bruno. MARTI, Yves-Michel. Les Editions d’Organisation, 1995
Fiabilité des informations trouvées sur les media sociaux – Christine DU Page 44
Cette cotation distingue quatre niveaux de validité pouvant s’appliquer
indifféremment aux sources ouvertes et fermées :
- source digne de foi : les informations retirées sont vraies ou doivent être
considérées comme telles (tribunal de commerce, essais en laboratoire…)
- source digne de foi mais présentant des risques d’erreur ou de subjectivité : la
presse en est l’exemple le plus immédiat
- source peu sûre : c’est le plus souvent le cas des sources informelles, dont les
informations doivent toujours être vérifiées ou recoupées
- source suspecte et subjective : les informations recueillies sont à manipuler
d’une extrême prudence (rumeurs, bruits de couloirs…).
Cette cotation de la validité de l’information propose également des questions aidant
à sa classification :
- cette information est-elle susceptible de modifier des décisions de
l’entreprise ?
- cette information réduit-elle l’incertitude de l’avenir ?
- cette information va-t-elle effectivement être utilisée par quelqu’un ?
On remarque dans cette matrice que la même notation de la qualité, peu apparaître
plusieurs fois.
A la lecture de cette matrice proposée, on distingue que :
- elle se divise en deux parties égales autour d’une diagonale de « + » ;
- l’information est jugée d’une qualité suffisante (un unique « + »°) dès qu’elle
est prioritaire et importante ou provient d’une source de foi ;
- la valeur de la source et la valeur d’une information ont le même poids dans la
notation ;
- une tendance générale linéaire dans la notation ;
- la qualité de l’information augmente de la même façon quelque soit la valeur
de l’information et quelque soit la valeur de la source.
Fiabilité des informations trouvées sur les media sociaux – Christine DU Page 45
2.4.2 Grille d’analyse d’une information
Cette grille d’analyse est donc la résultante de la mise en commun des critères
d’évaluation d’une information, des multiples lectures pour cette thèse
professionnelle.
Cette grille propose d’analyser une information à travers les 7 critères de l’arbre de
décision :
- valeur de la source de l'information ;
- valeur de l'information proposée ;
- la qualification du contenu ;
- l’utilité et l’ « usabilité » d’une information ;
- l’impact du temps sur l’information évaluée ;
- le recoupage des informations (liens avec l’évaluation de sa valeur, et nombre
minimal de sources indépendantes) ;
- le croisement des deux paramètres valeur de la source/valeur de l’information
permet d’obtenir la matrice d’évaluation.
Pour proposer une seule grille d’évaluation concernant les critères « valeur de la
source » et « valeur de l’information », une petite mise en commun s’est faite par
l’attribution d’une cotation (1 forte, 6 faible) des critères d’évaluation. Cette mise en
commun s’est faite en respectant l’ordre des grilles initiales. Cette démarche est
nécessaire pour arriver à la création de notre échelle d’évaluation de ces deux
paramètres pour cet arbre de décision.
Seuls les critères présentés par Net Scoring ® www.chu-rouen.fr/netscoring portant
sur les critères de qualité de l'information de santé sur Internet, ont été délibérément
incomplètes. Les critères non conservés ne sont pas adaptés à l’objet de l’étude : les
informations trouvées via les media sociaux.
A la lecture de cette grille d’analyse, on distingue que le critère « valeur de la source
de l'information » compose la moitié des notions abordées. Cela correspond avec
notre choix de le mettre en premier critère dans notre arbre de décision
Fiabilité des informations trouvées sur les media sociaux – Christine DU Page 46
Figure 7: Grille d’analyse d’une information pour en juger la fiabilité
Fiabilité des informations trouvées sur les media sociaux – Christine DU Page 47
Fiabilité des informations trouvées sur les media sociaux – Christine DU Page 48
Fiabilité des informations trouvées sur les media sociaux – Christine DU Page 49
3 VALIDATION DE L’ARBRE DE DECISION ET APPLICATION DE LA
MATRICE D’EVALUATION DE LA VALEUR DES InformationS AUX MEDIA
SOCIAUX
3.1 Insertion des interviews dans la validation de l’arbre de décision
Pour ne pas influer la validation de l’arbre de décision et de la matrice, nous avons
procédé par entretiens semi-directifs exploratoires conclus par un atelier. Ces
entretiens ont permis la production d’un discours moins « préfabriqué » dans le
vocabulaire utilisé que si nous avions procédé par un questionnaire. Les entretiens
ont donc permis de ne pas préjuger de système de cohérence et de réflexion de
chacun au sujet de la fiabilité des informations. Cela a permis l’étude du sujet sur un
groupe restreint, 7 personnes, sans se poser la question de la représentativité de
l’échantillon.
Pour chaque entretien, le choix du lieu et de l’heure a été à l’initiative et à la décision
de l’interviewé : pour qu’il soit à son aise dans le cadre social de son choix, avec son
organisation du jour. Il faut noter que la plupart des entretiens ont eu lieu entre fin
novembre et fin décembre : la période des fêtes de fin d’année a permis un calme
professionnel propice aux réflexions.
Les entretiens ont pour objet de récolter le témoignage et les processus de travail
des interviewés. Ils sont joints en annexe.
Fiabilité des informations trouvées sur les media sociaux – Christine DU Page 50
Les éléments suivants, nécessaires à la réalisation de ces recherches, n’ont pas été
présenté aux interviewés, pour ne pas influencer leurs témoignages :
- arbre de décision ;
- matrice d’évaluation de la valeur d’une information tel que proposée par Alain
BLOCH19;
- grille d’analyse d’une information ;
- guide d’entretien.
Pour conclure l’entretien et valider le discours, les expériences suivantes ont été
menées :
- noter la matrice d’évaluation des informations trouvées sur les media
sociaux de 1 à 12 (1 étant pour l’information la plus fiable, et chaque note
pouvant apparaître plusieurs fois dans la matrice) ;
- hiérarchiser les éléments de l’arbre de décision par ordre d’importance, avec
la possibilité d’en exclure.
Ces entretiens ont permis de mettre en évidence des cohérences et des
discordances entre le discours pendant les entretiens et la démarche théorique
présentée.
Le recueil des arbres de décision lors des interviews est résumé en annexe. Ces
arbres de décision ont été mis en commun pour conclure une validation de l’arbre de
décision présenté en partie deux.
19
L’intelligence économique, Alain BLOCH, Editions ECONOMICA, 1996
Fiabilité des informations trouvées sur les media sociaux – Christine DU Page 51
3.1.1. Identification et analyse des concepts clés des restitutions des
interviews
Une version d’évaluation de WordMapper TEXT est utilisée. Ce logiciel est édité par
le groupe FBC Software (Grimmersoft, Conversoft, Perspective 123). WordMapper
adopte essentiellement une démarche statistique, (Text Mining). La méthode
consiste à identifier les associations de mots dans les textes. Un calcul de
cooccurrence est effectué pour identifier ces répétitions. Un algorithme de
classification permet de créer des clusters (ou agrégats homogènes de mots
identifiant un thème).
Le type d’analyse du texte est standard. L’étude a donc portée sur l’ensemble des
interviews et non comparé interview par interview : la longueur des interviews étant
trop diverse. Les mots clés n’incluent pas les nombres ou les chiffres. Les mots clés
incluent la recherche de mots composés. La fréquence minimale d’apparition d’un
mot pour qu’il apparaisse dans les mots clés est de 3. Le nombre de caractères
minimum pour être dans les mots clés est de 3. Dans les conditions de l’expérience,
l’outil a été configuré pour donner qu’un maximum de 300 mots signifiants.
Figure 8: Premiers résultats de l’analyse textuelle des entretiens
La liste de gauche représente les 272 mots clés classés par fréquence décroissante.
La liste de droite présente les 48 clusters classés par centralité (thèmes généraux)
Fiabilité des informations trouvées sur les media sociaux – Christine DU Page 52
lié avec de nombreux autres clusters. Les mots associés sont triés par fréquence.
Les parenthèses indiquent la structure hiérarchique des regroupements des mots. La
centralité indique pour un cluster l’importance de ses liens avec d’autres clusters.
Plus cet indice est important et plus le cluster apparaît comme un thème central.
a. Le mot clé apparaissant le plus fréquemment est « information ».
Le mot clé « information » apparait 229 fois. Ce mot est significativement associé à
243 mots avec une probabilité (P), c'est-à-dire une force de liaison de 0,05. Le risque
de se tromper en disant qu’il existe une relation significative entre le mot
« information » et les 243 autres mots associés est donc de 5%. Cela permet de
découvrir le contexte d’utilisation du mot « information ».
Les mots les plus associés au mot clé « information » sont donc par fréquences
décroissante :
- fiable (177)
- personne (135)
- source (110)
- media (96)
- analyse (70)
- importante (58)
- temps (58)
- gens (55)
Sur les 48 clusters identifiés, 33 sont significativement associés : chaque cluster a
une probabilité d’association de 0,1%.
b. Deuxième mot clé apparaissant le plus fréquemment est « media »
Le mot clé « media » apparait 59 fois. Sur les 155 mots associés, avec une
probabilité de 5%, les mots « information » apparaissent 59 fois, « sociaux » 53 fois,
le mot « fiable » 28 fois, « analyse » 24 fois, « source » 23 fois. Sur les 48 clusters
identifiés, 43 sont jugés significativement associés avec une probabilité pour chacun
de 0,1%.
c. Troisième mot clé apparaissant le plus fréquemment est « personne »
Le mot clé « personne » apparait 57 fois. Sur les 157 mots associés au mot
« personne », le mot « information » est associé 57 fois soit à chaque fois. Les mots
associés les plus fréquents sont ensuite le mot « source » 27 fois, le mot « analyse »
23 fois, le mot « question » 23 fois. Sur les 48 clusters identifiés, 33 sont jugés
significativement associés avec une probabilité pour chacun de 0,1%.
Fiabilité des informations trouvées sur les media sociaux – Christine DU Page 53
d. Concernant les autres mots clés
Le mot clé « analyse » apparait 51 fois. Par ordre décroissant de fréquence, le mot
« analyse » est associé à chaque fois à « information », puis 24 fois à « media ». On
note que le mot « journaliste » n’apparait que 17 fois comme mot associé.
Le mot clé « fiable » apparait 49 fois. Sur ces 49 fois, il est toujours associé au mot
« information », 35 fois au mot « source », et 28 fois au mot « media ».
Par ailleurs, le mot « fiabilité » n’apparait que 18 fois dans tous les entretiens. Même
s’il est à chaque fois associé au mot « information », 15 fois sur les 18 au mot
« fiable », on ne peut s’empêcher de remarquer que la « fiabilité » est plus souvent
associé aux informations (18 fois) qu’au « source » (8 fois) voire même à la
« confiance » (5 fois).
Le mot clé « source » apparait 41 fois. A chaque fois, le mot « information » est y est
associé. Ensuite, le mot « source » est associé 35 fois au mot « fiable », 27 fois au
mot « personne », 23 fois au mot « media » et 14 fois au mot « analyse ».
e. Concernant la signification de certains mots
Le mot « personne » a le sens dans tous les entretiens, d’individus.
Le mot « compte » a le sens de compter, considérer. Il n’a pas le sens de compte
d’inscription ou de profil sur les media sociaux.
Fiabilité des informations trouvées sur les media sociaux – Christine DU Page 54
3.1.2. Graphiques des clusters et des mots clés
Figure 9: Graphique des mots associés les plus souvent au mot clé «
information »
Ce graphique permet de découvrir les différents contextes évoqués lors des
entretiens, lorsqu’il s’agit de parler d’ « information ». On remarque le « media »
d’information est dans le même contexte que le « temps » et le mot « fiable ». Il
faudrait donc en déduire que les « media » sont tributaires du temps pour ce qui
concerne leur fiabilité. Alors que la « personne » qui nous envoie une information est
aussi porteur que l’ « analyse » qu’elle contient.
Figure 10: Graphique des mots associés les plus souvent au mot clé « media »
Fiabilité des informations trouvées sur les media sociaux – Christine DU Page 55
Ce graphique permet de découvrir les différents contextes évoqués lors des
entretiens, lorsqu’il s’agit de parler de media. On remarque les media « sociaux »
sont dans le même contexte que l’ « analyse » et les « informations ». Les « media »
sont plus souvent associés à l’ « information » qu’à l’ « analyse ». Pour un « media »,
sa « source » et le fait qu’il soit « fiable » font apparemment parti d’un autre contexte.
Un « media » est plus apporteur d’ « informations » et parfois d’ « analyses » que
tenu de citer ses « sources » et d’être « fiable ».
Figure 11: Graphique des mots clés les plus souvent associés à « personne»
Ce graphique permet de découvrir les différents contextes évoqués lors des
entretiens, lorsqu’il s’agit de parler de « personne ». On remarque qu’une
« personne » apporte de l’ « information » est selon le contexte plus tenu d’apporter
son « analyse » et citer sa « source » que de répondre à la « question » qu’on se
pose.
Fiabilité des informations trouvées sur les media sociaux – Christine DU Page 56
Figure 12: Diagramme centralité-densité des principaux clusters
La centralité indique pour un cluster l’importance de ses liens avec d’autres clusters.
Plus cet indice est important et plus le cluster apparaît comme un thème central. La
centralité d'un cluster est la somme des liens externes. Elle permet de dégager les
clusters correspondant aux thèmes de type "point de passage obligé" tels que si un
texte traite de ce thème il traite nécessairement de plusieurs autres thèmes
stratégiques.
La densité indique pour un cluster l’importance des liens qui existent entre les mots
du cluster. Plus cet indice est important et plus le cluster apparaît comme un
ensemble uni et compact. La densité d'un cluster correspond à la valeur moyenne
des liens internes (entre mots du cluster). Elle permet de dégager les clusters
correspondant à des thèmes où les associations sont fortes, expression d'un
consensus autour de ce thème
((ACCES RAPIDE) PERMANENCE) ((JUGE (VERSION WIKIPEDIA)) TEMPS)
(((ANALYSE IFOP) DERRIERE) PENSER) (DONNER PINTEREST) (((CONFIANCE (RECOUPE TENDANCE))
((MACHINE SCANDALE) MONDE)) GRANDS)
(CHERCHE CHERCHER) (((DEMARCHE RECOUPER) FONCTION) VOIS)
CONNAIS (PARTIE RENVOYER)
(ENVOIE ((((FIABLE INFORMATION) VERIFIE) SOURCE) VERIFIER)) (PERSONNE
PERSONNEL)
(FIABILITE GENS) ((FORCEMENT (PRETE UTILISABLE))
((IMPORTANCE (UTILISATION UTILITE)) (RECOIT UTILE)))
DECIDE ((GROUPE POLITIQUE) NOUVEAU)
((((IMPORTANTE RENVOIE) LEGITIMITE) MOMENT-LA) (JUSTE (MESSAGE POIDS)))
0
5
10
15
20
25
30
35
40
45
50
0 5 10 15 20 25 30 35 40 45 50
De
nsi
té
Centralité
thèmes focaux organisateurs du discours
thèmes centraux non denses qui sont des carrefours du discours (sorte de contexte général)
thèmes denses non centraux qui sont des thèmes spécialisés
thèmes ni centraux ni denses qui sont des thèmes frontières ou périphériques
Fiabilité des informations trouvées sur les media sociaux – Christine DU Page 57
Les thèmes focaux organisateurs du discours (centraux et denses, quadrant
supérieur droit) sont entre autres:
Ces thèmes sont donc des points de passage obligés. Pour réfléchir à la fiabilité
d’une information, il faudrait stratégiquement aborder les questions de :
- l’importance de renvoyer ou non cette information ;
- le poids du message informatif dans la prise de décision ;
- les pressions éventuelles exercées sur la personne qui publie.
Les thèmes centraux non denses mais carrefours du discours sont:
Lorsque se pose la question de la fiabilité d’une information, le contexte général est :
- quel est le sérieux de l’information pour qu’elle puisse être reprise ?
- quel est notre rapport et notre point de vue vis-à-vis des problèmes
confrontés ?
- comment cette information s’inscrit dans les problèmes auxquels soulevés ?
(ENVOIE ((((FIABLE INFORMATION) VERIFIE) SOURCE) VERIFIER))
(PERSONNE PERSONNEL)
((((IMPORTANTE RENVOIE) LEGITIMITE) MOMENT-LA) (JUSTE (MESSAGE
POIDS)))
(BLOG ((ENVIE (FACON (PUBLIE REGULIERE))) (LECTEUR PUBLICATION)))
(PUBLIER RYTHME)
((((((BLOGUEURS VERIFIENT) JOURNALISTES) IMPORTE) PRESSION)
CHOSES) PASSER)
(((ANALYSE IFOP) DERRIERE) PENSER) (DONNER PINTEREST)
(((ANNONCE SERIEUX) REPRIS) ((LIEN PAGE) ((MEDIA SOCIAUX) TROUVEE)))
((CONFRONTE PROBLEMES) (POINT VUE)) (POSER RAPPORT)
Fiabilité des informations trouvées sur les media sociaux – Christine DU Page 58
3.1.3. Conclusion de l’analyse textuelle des entretiens
L’analyse textuelle des entretiens ont permis de constater que :
- le mot « information » est plus souvent associé à la « personne » qui
l’envoie ou à la « source », moins au fait qu’elle soit « importante » et depuis
combien de « temps » elle existe : la provenance de l’information a plus de
poids que son importance pour en juger de sa fiabilité ;
- le « media » apporte plus souvent de l’ « information » qu’elle ne cite ses
« sources » ;
- la « personne » envoie toujours une « information » mais ne répond pas
nécessairement à la « question » qu’on se pose ;
- certaines questions sont stratégiques pour réfléchir à la fiabilité d’une
information (importance de renvoyer ou non cette information, le poids du
message informatif dans la prise de décision, les pressions éventuelles
exercées sur la personne qui publie).
.
Fiabilité des informations trouvées sur les media sociaux – Christine DU Page 59
3.2 Interviews : validation de l’arbre de décision
Après mise en commun des interviews, l’arbre de décision initial a été validé. L’arbre
de décision commun qui en résulte est :
Figure 13: Arbre de décision validé par des interviews
Commentaires comparatifs et conclusion de l’arbre de décision et sa validation par
les interviews
Cet arbre de décision issue des interviews propose un processus de décision moins
linéaire que celui proposé en partie deux.
La première chose à remarquer dans cette arbre est l’abscence d’un des 7 critères :
le critère « Utilisation (compréhensible) et utilité (permet de résoudre un problème)
de l'information ». Cette absence est à relativiser :
- deux des septs interviewés le considèrent comme le 3ème ou le 4ème critère ;
- la question de l’utilité et de l’utilisation se pose sur les media sociaux non pas
lorsqu’on reçoit une information, mais lorsque l’on choisit de suivre l’actualité
et les publications d’un autre utilisateur (ami ou non). C’est donc le futur
récepteur de l’information qui se pose la question « pourquoi devrais-je rester
en contact avec lui et pas un autre ? ». Dès le début la question de l’utilité et
de l’utilisation de ce que le récepteur recevra du futur émetteur se pose donc.
Fiabilité des informations trouvées sur les media sociaux – Christine DU Page 60
La deuxième chose à remarquer est la place du critère « Recoupage des
informations pour en déterminer la valeur ». Ce critère apparait à la fin de l’arbre de
décision de la partie deux mais apparait comme 2ème critère dans l’arbre issu des
interviews. Cette remontée peut s’expliquer car le recoupage des informations:
- découle de l’évaluation d’une source. En fonction du sérieux accordé à la
source, le récepteur a besoin de recouper ou non l’information reçue. Si la
source est jugée comme ayant de la valeur, alors il faut recouper les
informations pour la relativer. Cela permet également de vérifier
l’indépendance des sources.;
- provoque un jugement de valeur de l’information. Parce que le récepteur a pu
recouper une information, il lui donne plus de valeur en améliorant la certitude
de l’information. Une information incontestable, parce qu’elle cite des sources
de qualité et apporte une analyse en plus que les autres n’ont pas par
exemple, permet d’en augmenter sa valeur. La valeur de l’information étant le
critère suivant dans cet nouvel arbre validé;
- augmente la véracité de l’information trouvée sur les media sociaux. Là où
tout le monde peut écrire ce qu’il veut, avoir une autre personne indépendante
qui écrit la même chose est « rassurant ».
Fiabilité des informations trouvées sur les media sociaux – Christine DU Page 61
3.3 Interviews : application de la matrice d’évaluation de la valeur des
informations aux media sociaux
3.3.1 Les matrices rendues neutres ont été présentées aux 7 interviewés
Pour chaque entretien, la consigne a été de noter la qualité des informations
trouvées sur les media sociaux, sur une échelle de 1 à 12 : 1 étant pour la meilleure
qualité, 12 pour la plus mauvaise. Ces notes pouvaient apparaître autant de fois que
le souhaitait l’interviewé.
La matrice à noter comporte 16 cellules (4 valeurs de la source par 4 valeurs de
l’information). Une échelle de 1 à 12 a été choisie pour :
- offrir un éventail de notes suffisamment larges et nuancées, ce qui amoindri la
facilité de notation par les extrêmes (maximum, minimum et moyenne) ;
- 12 est un multiple de 3 et de 4, ce qui permet une analyse par la suite de la
matrice aussi bien en termes de « tiers » que de « quart » des données.
Le fait que chaque note de 1 à 12 n’était pas exclusive a permis de simplifier la
hiérarchisation des notes : la réflexion a pu se concentrer sur la qualité de
l’information et non sur les trop grandes nuances disponibles
Fiabilité des informations trouvées sur les media sociaux – Christine DU Page 62
3.3.2 Résultats des interviews pour la matrice d’évaluation
Cette partie présente les résultats des interviews. Le détail des calculs est présenté
en annexe.
La moyenne des matrices se présente ainsi.
Matrice d'Evaluation des informations trouvées sur les media sociaux
(Moyenne)
Moyenne des notes attribuées pendant les entretiens. La consigne peut se résumer
à la question: « comment évaluez-vous les informations trouvées sur les media
sociaux selon ce tableau ? » (de 1 Excellente à 12 Mauvaise)
Valeur de la
source /
Source
suspecte et
subjective
Source peu sûre Source digne de
foi mais risques
d’erreur et de
subjectivité
Source digne
de foi
Valeur de
l’information
Information
inutile
11 10,71 8,71 4,43
Information
utile à
l’occasion
11,14 10,14 7,43 2,86
Information
intéressante
11,14 10,14 6,43 1,00
Information
prioritaire et
importante
11,43 10,57 6,00 1,00
7 interviews réalisées: note de 1 (Excellente) à 12 (Très Mauvaise)
Fiabilité des informations trouvées sur les media sociaux – Christine DU Page 63
On constate déjà :
- un grand écart dans la notation des informations, entre celles provenant de
« source digne de foi » et celles provenant de « source suspecte et
subjective » ;
- l’unanimité des interviewés pour juger une information provenant d’une
source digne de foi, qu’elle soit « intéressante » ou « prioritaire et
importante » ;
- la « source digne de foi » a la même évaluation pour l’information
« intéressante » ou « prioritaire et importante » ;
- les très bons résultats pour l’information « utile à l’occasion » venant d’une
« source digne de foi », ce qui veut dire que les personnes sont capables de
mettre de côté une information même si elle ne parait pas de suite utile
immédiatement si elle vient d’une source digne de foi;
- le résultat obtenu par une « information totalement inutile » si elle vient d’une
« source de digne foi » est meilleur que celui obtenu pour une « information
prioritaire et importante » provenant d’une « source digne de foi mais avec un
risque d’erreur et de subjectivité », ce qui montre que la valeur de la source
est plus importante pour évaluer une information que la valeur de
l’information.
Fiabilité des informations trouvées sur les media sociaux – Christine DU Page 64
3.3.3 Adaptation de la matrice des interviews pour comparaison
Pour appliquer la matrice d’évaluation aux informations trouvées sur les media
sociaux, nous l’avons proposé aux interviewés en fin d’entretien. Cette même matrice
a donc été rendu neutre. Puis cette matrice a été proposée aux interviewés à la fin
de chaque entretien pour l’appliquer aux informations trouvées sur les media
sociaux.
Pour comparer la matrice des interviews à celle proposée par Alain Bloch, nous
avons repris les signes utilisés dans cette dernière. Ces signes ont été mis en
correspondance avec l’échelle de notation utilisée pendant les interviews. Une fois
appliquée à la moyenne des matrices, présentée précédemment, la comparaison
devient possible.
1 à 12 Signes
1 ++++
2 +++
3 +++
4 ++
5 ++
6 +
7 -
8 --
9 --
10 ---
11 ---
12 ----
Fiabilité des informations trouvées sur les media sociaux – Christine DU Page 65
Cela nous permet donc de proposer une matrice résultante des interviews. Cette
matrice des interviews est par la suite comparée à celle proposée par Alain BLOCH
en partie deux.
Figure 14: Matrice d’évaluation de la valeur d’une information, issue des
interviews
Commentaires sur la matrice obtenue suite aux interviews
La matrice souligne l’importance de la « valeur de la source » dans le jugement de la
qualité d’une information ;
- la matrice matérialise le faible poids de la « valeur de l’information » dans le
jugement de sa qualité et le poids influent de la « source digne de foi » dans
l’évaluation d’une information ;
- la matrice résultante des interviews fait une distinction plus progressive de la
qualité d’une information en fonction de la valeur de la source;
- l’utilité et l’utilisation d’une information a un impact sur sa qualité que si sa
source est perçue digne de foi ;
- la bonne foi de la source prime sur les autres critères de la valeur de
l’information. Cela signifie par exemple qu’une information peut être perçue
Matrice d'Evaluation des informations trouvées sur les media sociaux
(Moyenne - Signes)
Valeur de la source Source suspecte
et subjective
Source peu
sûre
Source digne de
foi mais risques
d’erreur et de
subjectivité
Source
digne de
foi Valeur de
l’information
Information inutile --- --- -- ++
Information utile à
l’occasion
---- --- - +++
Information
intéressante
---- --- + ++++
Information prioritaire
et importante
---- --- + ++++
Fiabilité des informations trouvées sur les media sociaux – Christine DU Page 66
comme non qualitative alors que son contenu est pourtant prioritaire, à partir
du moment qu’une source est suspecte à tort ou à raison.
3.4 Commentaires comparatifs avec la matrice d’Alain BLOCH. Conclusions.
La matrice obtenue suite aux interviews est différente de celle proposée par Alain
BLOCH. Cette dernière n’apparait ainsi pas applicable aux informations trouvées sur
les media sociaux.
La matrice des interviews donne, elle, un poids très important à la « valeur de la
source » pour juger de la valeur d’une information. Elle fait apparaitre plusieurs fois la
même notation de la valeur, « + » ou « --- », comme la matrice proposée par Alain
BLOCH. Il est donc impossible d’attribuer une note exclusive à la qualité d’une
information en fonction de la valeur de la source et la valeur de l’information.
Fiabilité des informations trouvées sur les media sociaux – Christine DU Page 67
CONCLUSION
L’objectif de cette thèse professionnelle a été de clarifier le processus de réflexion
amenant à juger une information trouvée sur les media sociaux comme fiable.
Pour ce faire, nous avons d’abord différencié et précisé en le définissant les media
sociaux, la fiabilité et l’information des notions « voisines » dont : web 2.0, réseau
social, pertinence, légitimité, rumeur, opinion.
Ensuite pour imager le processus de réflexion, nous avons proposé un arbre de
décision. Cet arbre de décision est complété par la matrice d’évaluation de la valeur
d’une information proposée par Alain BLOCH, et une grille d’analyse de l’information.
L’arbre de décision et la grille d’analyse sont formés avec 7 critères issus des
ouvrages sur l’intelligence économique .
Enfin, la pertinence de cet arbre de décision et de la matrice d’évaluation a été
validée par des entretiens avec des professionnels et entrepreneurs utilisant les
media sociaux dans leurs activités.
Dans la grille d’analyse, nous remarquons déjà la prédominance d’un des 7 critères
Ce critère est la « valeur de la source ». La validation de la matrice dans notre
contexte d’étude confirme que ce critère a de la valeur dans le processus de
réflexion amenant à juger une information trouvée sur les media sociaux.
Il est remarquable également de constater que le spectre des approches pour
répondre à la question « comment jugez-vous de la fiabilité d’une information que
vous trouvez sur les media sociaux ? » est large. Nous notons toutefois que ces
Fiabilité des informations trouvées sur les media sociaux – Christine DU Page 68
différents discours trouvent une certaine concordance dans l’analyse textuelle et la
constitution d’un arbre de décision pour juger de la fiabilité d’une information trouvée
sur les media sociaux. En effet les entretiens vont de la critique de l’utilisation des
media sociaux par les media traditionnels à une vue très relativisante de l’utilité des
informations trouvées dans les commentaires produits.
Ce travail est une étape dans l’étude de la logique de réflexion et d’évaluation des
informations propres aux media sociaux. Il confirme via le questionnement de
professionnels du domaine que le critère « valeur de la source » a une place
stratégique dans le jugement de la fiabilité d’une information trouvée sur ces medias.
La « valeur de la source » a déjà ses critères d’évaluation. Il serait intéressant
d’adapter et de définir ses critères à la lumière des media sociaux.
Fiabilité des informations trouvées sur les media sociaux – Christine DU Page 69
GLOSSAIRE
Termes utilisées dans cette thèse professionnelle.
Acteur : variable dont le comportement et la dynamique d’évolution sont issus d’une
volonté humaine identifiable (ex : un concurrent).
Buzz : bourdonnement en anglais, consiste à s’appuyer sur le bouche à oreille
(rumeur) physique ou virtuel pour transmettre un message au plus grand nombre
d’internautes. On qualifie souvent la technique du buzz de marketing viral, ce qui
signifie que ce sont les consommateurs qui deviennent les vecteurs de la
communication en « contaminant » les autres.
API : l’Application Programming Interface est une interface qui permet à deux
programmes informatiques de communiquer entre eux grâce à des standards
communs. L’utilisation la plus visible est les tableaux de bord de media sociaux pour
la gestion et la mesure de ses comptes (Hootsuite, Tweetedeck, Buffer…) et des
outils de surveillance des media sociaux (Digimind, AMI Software, Iscope…).
Crowdsourcing : pourrait se traduire par « l’approvisionnement par la foule » ; cela
consiste à mutualiser les ressources de milliers d’internautes en utilisant leur temps
disponible pour créer du contenu, résoudre des problèmes ou autres et proposer
ainsi des services à moindre coût.
Fiabilité des informations trouvées sur les media sociaux – Christine DU Page 70
Environnement : ensemble de variables en interaction permanente dont le
comportement est de nature à influencer l’activité de l’entreprise ou l’organisation à
laquelle appartient la personne qui effectue une démarche de recherche et d’analyse
d’informations.
Facteur : variable dont le comportement et la dynamique ne peuvent être attribués à
une volonté humaine identifiable (ex : aspects géopolitiques).
Folksonomie : cette fonctionnalité phare du Web 2.0 est un système de classification
collaborative décentralisée spontanée, selon des mots clés attribués par les
utilisateurs par les internautes. Par exemple, le site Flickr utilise cette fonctionnalité
pour classer et retrouver des photos.
Information : « élément de connaissance sur quelque chose ou quelqu’un susceptible
d’être stocké, codé, communiqué » (Larousse). Élément matérialisé de la
connaissance et de la compréhension, dont l’origine est identifiable, qui permet de
comprendre un environnement avant de prendre une décision.
Intelligence collective: utiliser l’intelligence et les actions simples de chacun au
niveau local, par la relation directe, et globale par les relations indirectes, pour que
les interactions multiples avec les autres utilisateurs d’Internet créent une synergie
permettant de résoudre des tâches et recherches complexes dont satisfaire plus
efficacement un besoin d’information.
Intelligence économique : outre la définition « historique» issue du rapport du
Commissariat général au Plan, on peut de façon « lapidaire » définir l’intelligence
économique comme la démarche intellectuelle qui consiste à utiliser les instruments
utiles à un acteur économique pour améliorer sa maîtrise de son environnement .
Renseignement : « ensemble des connaissances sur un ennemi potentiel utiles au
pouvoir politique et au commandement militaire » (Larousse). Par extension,
ensemble de connaissances sur quelque chose ou sur quelqu’un utiles à un
processus de réflexion et de décision.
Stratégie : « art de diriger des moyens en vue de la victoire » (Larousse). « Art de
construire des avantages concurrentiels durablement défendables » (Porter).
Fiabilité des informations trouvées sur les media sociaux – Christine DU Page 71
Tags : les tags sont des étiquettes réalisées par la communauté des internautes. Ils
apparaissent dans un nuage des mots dont la taille est proportionnelle à la fréquence
de leur utilisation et permet de visualiser les qualificatifs les plus employés sur un
sujet donné.
Taximonie (ou taxonomie): à l’origine, il s’agit de la science de la classification des
être vivants. Elle a pour objet de les décrire et de les regrouper en entités appelées
taxons (familles, genres, espèces, etc.), afin de pouvoir les nommer et les classer.
C’est aussi la science des lois et règles qui déterminent l’établissement des
méthodes et systèmes de classement (systématique).
Variable : acteur ou facteur appartenant à un système défini, en interaction avec les
autres variables du même système (notion d’interdépendance).
Fiabilité des informations trouvées sur les media sociaux – Christine DU Page 72
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Fiabilité des informations trouvées sur les media sociaux – Christine DU Page 78
ANNEXES
1. Infographie « Que s’est-il passé sur les media sociaux en 2012 ? » par l’Autre
Media, une agence de webmarketing communautaire (SMO : Social Media
Optimisation) établit à Lille. http://www.lautremedia.com/medias-
sociaux/infographie-que-sest-il-passe-sur-les-medias-sociaux-en-2012/
2. Infographie « L’histoire des media sociaux en une infographie » par Le Blog
du Modérateur http://www.blogdumoderateur.com/histoire-des-medias-
sociaux/
3. Liste des personnes interviewées
4. Retranscriptions des entretiens
5. Recueil des arbres de décision lors des interviews
6. Détails des calculs pour obtenir la matrice d’évaluation de la valeur d’une
information, issue des interviews
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Fiabilité des informations trouvées sur les media sociaux – Christine DU Page 90
3. Liste des personnes interviewées
Patrick BARRABE, blogueur et membre de l’équipe Direction de projets – Training
d’une enseigne de jardinerie
Abdellah ABOULHARJAN, « multi-entrepreneur » dont d’un site de vente d’artisanat
marocain, et président d’un réseau social d’entrepreneurs
Nicolas LOUBET, co-fondateur et directeur associé de la société Umaps
Communication, agence de services numériques qui s'adresse à tous les acteurs de
la recherche et de l'innovation
Emmanuel DOUAUD, Customer Success Manager de Seemy, éditeur de réseau
social d’entreprise (RATP, L’Oréal, AG2R, GDF Suez …)
Jean-Damien HOBE, Président Directeur Général de TodoBravo, 1er réseau social
multi profils protecteur de vie privée
Yaëlle TEICHER, Responsable Social Media Galeries Lafayette
Fiabilité des informations trouvées sur les media sociaux – Christine DU Page 91
4. Retranscriptions des entretiens
Patrick BARRABE, blogueur et membre de l’équipe Direction de projets – Training
d’une enseigne de jardinerie
On remarque une cohérence entre le contenu de l’entretien et l’ordre de
hiérarchisation des critères pour juger de la fiabilité d’une information lors de l’atelier.
Qu’il a vérifié l’information ou qu’elle vient d’une source fiable. Que je sois sûre que
cette source fiable l’ait vérifié avant de la publier : là je considère que l’information est
fiable.
Alors maintenant, pour les individus, il y a plusieurs types d’information fiable pour
moi.
L’information que je me contente de lire, d’absorber, de consulter, etc. Cette
information qu’elle soit fiable ou moins fiable. Elle peut être elle-même moins fiable
alors je la vérifierais en temps et en heure, ou alors j’attendrais quelques jours parce
que ce n’est pas urgent pour moi pour que d’autres media la relaient et à ce moment
je serais conscient qu’elle est fiable
L’information que je veux moi renvoyer à mon réseau ou à une partie de mon réseau.
Dans ce cas là, je dois être sûre immediatement qu’elle est fiable, parce que je ne
veux renvoyer que des informations fiables. Et là dans ce cas précis il faut que
l’information viennent soit d’une source extrêmement fiable (quelqu’un que je connais
dont je sais qu’elle vérifie ses sources, donc avec une longue antériorité de fiabilité
de l’information, par exemple, ma timeline Twitter est composée de 80% de
l’information est totalement fiable parce que j’ai passé des années à purger tous les
gens qui m’envoient des informations non vérifiées. Dès qu’une personne m’envoie
une information non vérifié, je prends, je jette. Sauf le gars qui m’envoie une photo
de ce qu’il a mangé à midi : ça c’est du fun. Mais dès que je prends quelqu’un qui
m’envoie des informations pertinentes sur un sujet d’activité donné ou sur un secteur
d’activité donnée, dans ce cas là il faut absolument que l’information elle soit fiable.
Donc la première erreur qu’il fait, je l’élimine directement de ma timeline.
Pour les medias, je pars du principe que les media ne sont pas fiables, tous sans
exception et de moins en moins. Parce qu’au lieu d’être dans une course à la qualité
Fiabilité des informations trouvées sur les media sociaux – Christine DU Page 92
de l’information, ils sont dans une course à la rapidité de publication de l’information.
Et quand on est dans une course de rapidité de publication, au meilleur des cas on
prend les dépêches AFP qu’on réaménage un peu et on la publie tout de suite. Et en
général même si l’AFP est fiable, il n’y a pas d’analyses derrière. Après si
l’information est suffisamment « buzzable », il y a des media qui sont capable de
buzzer n’importe quoi, de renvoyer n’importe quoi et cela même des media sérieux.
Le meilleur exemple c’est une personne connu qui avait annoncé il y a quelques
temps sur sa page Facebook ou son fil Twitter qu’elle allait faire partie de l’équipe du
Grand Journal à Canal+. Dans la journée, tout le monde en avait parlé et même des
media nationaux et du web importants. Tout cela parce que c’était trop beau pour
être vrai et tout le monde y a cru sans se poser de questions. Alors qu’ils avaient fait
ça uniquement pour faire buzzer la création d’une agence justement qui a pour
vocation de mettre en place du buzz. Moi, j’ai trouvé ça curieux bizarre, annoncé
juste par l’intéressée et des collègues à elles, pas confirmé le principal intéressé qui
était Canal+. Donc j’ai levé le pied. Par contre, une quantité incroyable de gens,
même des media et de gros blogueurs, ont renvoyés l’information. Cette expérience
m’a permis de purger une grande partie de ma timeline d’une dizaine de source que
je considérais comme fiable. Parce qu’ils avaient trouvé ça trop fun, trop rigolo. Qu’ils
ont dû la voir 2 ou 3 fois à un cocktail. Ils étaient trop fier de pouvoir dire « Bravo, je
suis content pour toi. ».Ils sont partis du principe que c’était presque évident. Dire ce
qui est une information fiable, c’est dur. Il est plus facile de dire ce qui est une
information peu fiable. Donc je pense qu’une information peu fiable est une
information qu’on espère qu’elle arrive, dont on est quasiment trop sûre qu’elles vont
arriver. Le simple fait de féliciter une personne qu’on a rencontré 2 ou 3 fois lors de
cocktail, pour son nouveau poste, c’est déjà valider l’information et la rendre fiable.
C’est pour ça que je le fais toujours en messages direct, jamais en public. Beaucoup
de gens le fait en public. Ils oublient que cela vaut à l’avoir vérifié pour les autres.
Pour moi c’est une information, pour eux ce n’est pas une information. Ils oublient
qu’ils l’ont fait en public.
Donc pour moi, une information fiable doit être une information publique. Parce
qu’une information privée, à la limite peu importe qu’elle soit fiable car on aura
toujours le temps de la vérifier plus tard.
Fiabilité des informations trouvées sur les media sociaux – Christine DU Page 93
Pour moi, c’est une faute professionnelle ou de la conscience que de transmettre
une information sans l’avoir vérifié. Un de mes contacts m’envoie une information,
quelle qu’elle soit, si lui ne l’a pas vérifié et que je ne peux pas la vérifier alors toutes
les informations qu’il m’enverra ensuite seront sujettes à caution. Si je ne peux pas la
vérifier, je ne la publie pas.
Je fais d’abord confiance en la personne qui m’envoie l’information, la source.
Ensuite en fonction de la source, je vérifie l’information. Il y a des gens qui sont
fiables, qui n’ont pas fait d’erreurs, je leurs fait confiance à priori. Après si on
m’annonce des nouvelles étonnantes, par exemple que le Sphinx a été rasé, je vais
d’abord veillé à ce que plusieurs media en parlent, dont des media relativement
sérieux. Si c’est The Union et le Hufftington Post, je me dis que je vais attendre que
d’autres media en parlent. N’empêche que je peux faire des erreurs sur des très
grands media. Mais en pratique, on s’est aperçu que des informations parvenues à
des media mainstream télévisuel, par exemple le journal de 20h de TF1, peuvent
être erronés, se baser sur des informations qui ont démarré sur le web. Parce qu’il y
a la course à l’information, le manque de temps, quelqu’un leur dit « Il faut
absolument que tu mettes ça dans le journal. On a vérifié c’est bon. ». Parce que les
journalistes qui devraient faire ce travail de vérification, le font de moins en moins.
Donc je me pose même la question sur le statut et les compétences des journalistes.
Il y a 15 ans, les journalistes disaient que les blogueurs n’étaient pas des journalistes
puis qu’ils n’avaient pas d’informations fiables, disent n’importe quoi, n’importe
quand, ne vérifient rien. Alors que maintenant, on s’aperçoit que les blogueurs sont
des personnes qui vérifient plus souvent les informations, eu égard au nombre de
blogueurs qu’il y a, que les journalistes ne le font. Parce que d’abord les blogueurs
n’ont pas la pression éditoriale. Donc ils ont le temps de publier tranquillement les
choses. Ensuite, ils peuvent peut-être dire des bêtises sur Twitter, mais ont leurs
blogs pour dire des choses très carré. Alors que les journalistes ont une véritable
pression à la course à l’information et au scoop. Donc il y a de moins en moins de
journalistes qui font de l’étude de fond et des analyses.
J’ai vu passer une analyse sur la façon qu’on les gens de se comporter sur Twitter.
C’est une analyse faite par une entreprise qui analyse les media sociaux. Tous les
gens que j’ai vu, même media – professionnels des media sociaux - agences de
Fiabilité des informations trouvées sur les media sociaux – Christine DU Page 94
communication, se sont contenter de publier le lien vers l’annonce en mettant 3 ou 4
lignes dans Twitter ou Facebook. C’est tout. J’ai repris la liste des personnes qui
avait republié l’annonce avec le lien pour les appeler. Je leurs ai demandé s’ils
pouvaient commenter. Personne n’a pu commenter, ils se sont contenter de le
publier. Ils lisent et ne savent pas quoi en dire. Ce sont des relais en fait. Ils ne
savent pas quoi dire sur le fait que, par exemple, X% de Twitter soit francophone,
que le 2ème pays qui twitte le plus au monde est le Japon. Ils n’ont pas analysé le
pourquoi. Pourquoi le Japon ? Ils disent : C’est parce que beaucoup de Japonais
s’intéressent à Twitter. Oui, mais ça c’est ce que dit l’étude. Il n’y a pas d’analyse
derrière. Donc je suis un peu déçu.
Un baromètre IFOP est sorti en Novembre sur le net la progression des media
sociaux en France. Il y a des chiffres. Mais l’IFOP ne les analyse que très peu. Et je
suis quasiment sûr que tout le monde va envoyer le lien vers le baromètre. Parce
que moi, je l’ai déjà fait juste pour voir comment ça va se diffuser et que personne ne
va donner son avis. Pourquoi tel media social ne fonctionne pas ? Dans ce
baromètre par exemple, il y a 2 informations importantes : Google+ est en forte
progression en France, Pinterest ne décolle pas. Ce que je vois jusqu’à présent
c’est : « Analyse IFOP sur les media sociaux Google plus en croissance Pinterest ne
décolle pas ». Je me dis que tout le monde le dit. La question est « Pourquoi ? ».
Personne n’analyse, personne ne dit rien. Tout le monde pourra dire à la machine à
café « Google+ ça monte. Pinterest c’est une catastrophe, ça rame ». Ils vont peut-
être donner une petite analyse à la machine à café, mais personne ne va l’écrire.
Donc là, on a une information brute mais pas d’analyse derrière. Ce que j’aimerais,
c’est que les gens vérifient l’information. On peut penser dans cet exemple que
l’IFOP est une source fiable. Parce que l’IFOP ne donne que des enquêtes sans
analyses.
Si on analysait plus, on aurait plus de certitudes quant à la source que l’information.
Parce qu’une personne qui analyse une information, c’est une personne qui en
vérifie la source. Parce qu’il ne va pas dire des bêtises sur quelque chose de faux.
Si on apprend qu’un chef d’Etat d’un pays obscur emprisonne les journalistes ou
décide d’acheter une île quelque part. Si on donne l’information brute, c’est bien. Si
on analyse pourquoi il a fait ça, c’est mieux. La personne qui a fait l’analyse, est
Fiabilité des informations trouvées sur les media sociaux – Christine DU Page 95
obligée de vérifier cette information. Sinon son analyse n’est pas carrée d’abord.
Ensuite, le jour où l’information s’avéra fausse, il aura l’air totalement ridicule.
Je pense qu’on aurait moins le souci de savoir si l’information est fiable si les gens
l’analysaient derrière. Comme il y a de moins en moins de gens qui l’analyse et de
plus en plus de gens qui la transmette ou la partage, donc la question de la fiabilité
de la question se pose.
Concernant l’impact du temps sur l’information :
La plupart des grands media rendent inaccessibles leurs archives : rangés, planqués,
masqués ou disponibles que pour les abonnés. Ensuite on peut avoir des grands
blogueurs politiques ou économiques qui donnent de l’information et l’analysent. Il
est possible que cette information soit obsolète. Une analyse sur une information
récente doit être récente ou alors doit être a posteriori avec un recul. Si je
m’intéresse aux élections régionales, il me faut des analyses de l’époque, car
pertinente à l’époque. Je regarde toujours la date de publication même dans mes
recherches Google. Récemment j’ai cherché quelque chose. Et je n’ai rien trouvé
après 2007 ou 2009. Du coup, ça m’a énervé, je ne suis pas allé plus loin. Mais je
n’ai trouvé aucune information récente sur un sujet d’information donné. Rien d’après
2007, comme si l’information n’intéresserait plus personne. J’ai rien trouvé de plus
récent que 2007. On est quand même en 2012. Qu’a-t-il bien pu se passer depuis
2007 ? Je ne me souviens plus du sujet. Mais la date de l’information pour moi est
importante. Soit elle apparait directement dans le moteur de recherche, soit je dois
un peu creuser dans l’article. Si l’article n’a pas de date, je n’en tiens pas compte. La
date de l’information est extrêmement importante. Ça dépend du type d’information
bien sûr. Très souvent je regarde la date. Un article qui ne serait pas daté ni dans
l’adresse url ni dans le texte de l’article, je n’en tiens pas compte du tout. Car il y a
beaucoup d’informations contextuelles. Si le contexte, on n’arrive pas à le définir,
alors cela n’a aucun intérêt.
Si une analyse récente sur un fait passé, explique la situation actuelle sur un sujet
donné, je ne la prends en compte que si je m’intéresse à l’analyse contextuelle de
l’époque. Mais si j’ai besoin de savoir ce que pensaient les gens à l’époque, je ne
prendrais pas en compte cette analyse qui ne me concerne pas. Cela dépend de ce
que je cherche. Je peux être très bien être amené à chercher l’analyse qu’on fait les
Fiabilité des informations trouvées sur les media sociaux – Christine DU Page 96
différents partis ou les différents journalistes, sur ce sujet de l’époque pour savoir s’ils
se sont trompé parce que maintenant, ils refont une analyse et pense détenir la
vérité. Du coup, je regarde en arrière ce qu’ils ont déjà fait, pour voir s’ils se sont
trompés souvent. Parce qu’on n’a pas de statistiques sur le taux de mauvaises
analyses. On sait quand un pilote de Formule1 se trompe car il y a un classement
mondial. Mais quand un journaliste ou un analyste économique s’est trompé, il n’y a
pas de statistiques. Il faudrait quelqu’un fasse des statistiques là-dessus : voilà il a dit
ça, il a dit 17 trucs, il s’est planté 16 fois, dans ce cas il n’est pas fiable du tout. En
plus cela dépend de la qualité de la prévision. En tout cas, je m’intéresse à la date.
Mais ça dépend du contexte. Je lirais une analyse récente d’évènement passé si
cette analyse là met en écho l’évènement passé par rapport aux évènements
actuels. Sinon, une analyse d’un évènement de ce qui s’est passé il y a cinquante
ans, juste pour en parler et dire qu’avec le recul, ils se sont plantés. Je me dis
« Super à chaud, c’est difficile. A froid, tout le monde peut le faire ». On peut tous
réécrire la bataille d’Austerlitz.
Le fait qu’une source d’informations publie régulièrement et mette à jour
régulièrement sa page ne compte pas pour moi. Parce que moi-même des choses à
jour et d’autres pas. Donc si on a un analyste économique ou scientifique
extrêmement pertinent qui fait une publication sur son blog. Et que cette analyse est
à tomber par terre et qu’il le fait tous les 2 ans. Je la prends en compte. Après tout
dépend de son centre d’intérêt et de la régularité du sujet dans l’actualité : pour le
boson de Higgs, on en parle tous les quinze ans, quand on trouve quelque chose.
Comme l’analyste politique spécialisé dans les élections sud-coréennes, ne parlera
que lors des élections.
A une époque, j’ai été blogueur généraliste. D’abord, je m’astreignais à publier tous
les 2 jours. Après comme je commençais à publier n’importe quoi pour respecter ce
rythme. Ensuite je publiais des commentaires et des analyses. Je pouvais très bien
ne rien faire pendant 2 mois. Puis d’un coup publier quatre-cinq jours de suite parce
qu’il y avait des choses très pertinentes. J’aurais pu faire du cadencement : c'est-à-
dire programmer la publication pour qu’il ait l’air d’être publié de façon régulière. Mais
je pense que c’est une façon de tronquer l’information : on fait croire au lecteur qu’on
publie de façon régulière. Je publie comme je publie et quand j’ai envie de publier.
Fiabilité des informations trouvées sur les media sociaux – Christine DU Page 97
J’ai rien publié depuis des mois sur mon blog car je n’ai pas le temps, je n’en ai pas
envie. Cadencer veut donner une fausse régularité au lecteur.
C’est comme faire un éditorial. Quelque soit le rythme de publication de son support,
il doit faire son éditorial : avoir quelque chose à dire quand il n’y a rien ou choisir son
sujet quand il y a beaucoup d’actualités. Il a peut-être envie de publier trois éditorial
dans la semaine, mais il n’en publiera qu’un le vendredi. Quelque part, il trompe le
lecteur car on n’a pas la bonne analyse de l’éditorialiste. On n’a pas son ressenti ou
son analyse, juste la nécessité de publication : rentrer un nombre limité de signe
dans une case qui lui est dédié. Donc oui, on trompe le lecteur qui pense qu’il a eu
une idée génial et l’a écrite. Peu d’électeurs réalisent ce qu’est un éditorialiste :
réfléchir pendant des heures pour écrire quelque chose de cohérent, puis de faire
tenir son idée dans une case. Parce que son idée, il aimerait peut-être le développer
sur quinze pages ou uniquement en trois lignes pour faire référence à ses
précédents édito. La publication cadencée régulière, c’est déjà tromper le lecteur en
lui donnant une information erronée. Parce qu’un lecteur peut se dire : je lis un tel car
il est très régulier dans sa publication et ses analyses sont très bien faites. Pour un
blog, il est possible que l’auteur les ait tous préparé pendant le week-end d’un coup
et les a envoyés pour publication tous les 2 jours. On peut se dire que l’auteur est
d’une régularité hallucinante. En fait il n’est pas régulier, l’information est tronquée
donc erronée.
De l’utilisation et l’utilité de l’information
Pour moi, l’information c’est du fun. Une information doit me plaire et m’intéresser :
cela peut être sur n’importe quel sujet. A partir de ce moment, je la relais. Je n’ai
quasiment jamais eu de lignes éditoriales : je n’ai pas décidé de ne relayer que des
informations économiques pour que les gens s’imaginent que je suis spécialiste en
économie. Donc je lis aussi bien le Monde Diplomatie que Closer.
Pour moi, une information fiable n’est pas forcément sérieuse. Si demain matin,
quelqu’un découvre une nouvelle manière de faire du fromage de chèvre dans le
Jura. Et que je trouve ça sympa, je transmets l’information. Si j’apprends que le
Président Obama a décidé de mettre la pression pour que le budget santé américain
soit voté en force, je transmets l’information. A l’opposé, si une guerre obscure dans
une partie du monde ne m’intéresse pas, je ne vais pas en parler. Pour moi,
Fiabilité des informations trouvées sur les media sociaux – Christine DU Page 98
l’information n’a de valeur que parce qu’elle m’intéresse ou que je pense qu’elle peut
intéresser les gens qui me lisent. Pour moi, l’information doit être fiable. Après je
relais ce qui me plait. Mais des choses qui sont fiables.
Par exemple sur Twitter, je suis un Suisse qui écrit sur l’économie en général. Je ne
sais pas qui il est ni d’où il vient. Je trouve tout ce qu’il écrit très pertinent. Il est
tellement pertinent que souvent, je prends 5-6 de ses tweets et je les colle dans un
Tumblr après une mise en forme. Ce Tumblr reprend donc la masse de ses tweets
sous forme d’articles. Ces articles sont très documentés, très précis, très pertinents.
Je lui ai demandé s’il voulait s’en occuper. Mais m’a répondu qu’il n’avait pas le
temps. Donc je le fais sous mon code sous un Tumblr que j’ai créé.
Je peux donc aussi bien partager des informations économiques, que des nouvelles
ouvertures d’un Starbucks : de la recette du nouveau cookie de chez Starbucks à la
décision de la BCE d’augmenter les taux directeurs. Pour moi, ce sont des
informations tout aussi importantes les unes que les autres. Je ne m’intéresse pas à
un sujet en particulier. Il y a des gens qui ne se concentrent que sur un sujet très
précis. Donc je suis un cas un peu à part.
Recoupage de l’information
Oui, la plupart du temps, je tiens à recouper les informations. Mais ensuite, si
l’information vient d’une personne dont je sais qu’il a recoupé l’information avant de
la publier : je ne la recoupe pas parce que lui l’a déjà fait. C’est la confiance. Par
contre sur des sources dont je ne suis pas sûre, notamment des grands media
nationaux, je recoupe. C’est paradoxal. Mais j’ai tendance à faire confiance à des
individus mais pas à des media. J’ai tendance à faire confiance à des individus, mais
pas à des corps constitués.
Une information qui me viendrait d’une source officielle, comme par exemple un site
en « .gouv.fr », je la considère comme fiable car tout le monde va la considérer
comme fiable. Si je cite cette source là et qu’ils se sont trompés, je ne peux
légitimement me tromper. Après une information qui vient d’un media économique,
publique, ou un journal très connu accessible en ligne comme le Washington Post, je
considère qu’à priori qu’elle n’est pas fiable. Donc il me faut au moins 2 personnes
qui l’aient relayé et surtout de façon différentes. C'est-à-dire que si c’est une copie de
Fiabilité des informations trouvées sur les media sociaux – Christine DU Page 99
la dépêche AFP, c’est la même source, je la considère comme pas. Copier la
dépêche AFP sans vérifier ne m’intéresse pas. Mais celui qui commente et donne
des éléments complémentaires en plus de la dépêche, je pense qu’il a dû vérifier
sinon il ne s’avancerait pas sur une analyse. Je retrouve la même chose ailleurs,
pour moi c’est bon. Dans ce cas là, je me permets de la partager.
Ou alors j’ai une autre méthode. D’une information, je demande directement l’avis de
ceux qui me lisent par un « Qu’en pensez-vous ? » ou un « Moi, je n’y crois pas
trop ». Cela m’arrive très rarement, une fois sur cent.
Fiabilité et utilité/utilisation
Pour moi, une information fiable n’est pas forcément utile ou utilisable. Ces notions
sont même antinomiques. Une information fiable est au moins prête à être utilisée.
Comme ça je peux vérifier ou vérifier un jour. Une information utilisable tout de suite
n’est pas forcément fiable.
Synthétiquement : Valeur de l’information dépend de sont contexte. L’utilité d’une
information est contextuelle. Le temps renforce le risque d’obsolescence de
l’information. Il faut au moins 2 sources différentes pour recouper une information.
Une information fiable est au moins prête à être utilisée.
Comment évaluez-vous les informations trouvées sur les media sociaux selon ce
tableau ? (de 1 Excellente à 12 Mauvaise)
Source
suspecte et
subjective
Source peu
sûre
Source digne
de foi mais
risques d’erreur
et de
subjectivité
Source digne
de foi
Information inutile 12 12 6 1
Information utile à
l’occasion
12 12 6 1
Information intéressante 12 12 6 1
Information prioritaire et
importante
12 12 6 1
Fiabilité des informations trouvées sur les media sociaux – Christine DU Page 100
Abdellah ABOULHARJAN, « multi-entrepreneur » dont d’un site de vente d’artisanat
marocain, et président d’un réseau social d’entrepreneurs
Entretien fait pendant la crise à l’UMP, avant la création du groupe parlementaire
Rassemblement UMP.
Une information fiable est une information qui vient de quelqu’un ou d’une entité que
je peux repérer. Je sais qui est la personne ou l’entité derrière cette information.
Mon deuxième critère est plus un filtre personnel. Il y a énormément de personne
que je vois sur les media sociaux et parfois des personnes que je connais. Mais ma
culture générale et mon analyse critique des choses font que certaines informations
m’ont l’air plausible ou pas.
C’est en fonction de la thématique abordée ou de ses réalisations passées.
Quelqu’un qui va donner une information ou actualité, culturelle ou politique, je vais
avoir assez d’informations pour savoir s’il s’est trompé de pays, si c’est une
information intéressante ou pertinente ou non. La culture générale et l’analyse
critique sont des filtres aussi importants que la légitimité de la personne qui a envoyé
cette information. L’antériorité des liens avec la personne qui m’envoie l’information
est donc aussi importante pour juger de la fiabilité d’une information.
Mon analyse-critique personnel fait donc que même si l’information vient d’une
personne que je connais, je ne juge pas l’information forcément fiable. Il y a des
choses dont je sais si elles sont plausibles ou pas. Les gens qui re-envoient
systématiquement plein d’informations sans même réfléchir, je me demande
comment ils font. Parce que moi, je ne renvoie les informations que si je les ai un
minimum analysées.
Une personne qui envoie une information, qui vient d’elle, alors je prends d’abord en
compte la légitimité de la personne. Puis j’ajoute mon analyse-critique personnel.
Ensuite pour les messages qui sont re routé-renvoyé, ou re tweeté, la légitimité de la
personne n’est si importante que ça parce que l’on sait que ce n’est pas la source de
l’information. Dans ce cas là, la légitimité de la personne qui envoie l’information est
importante, mais moins importante que si l’information venait d’elle. Mon analyse-
critique est alors beaucoup plus importante.
Fiabilité des informations trouvées sur les media sociaux – Christine DU Page 101
A ce moment-là, il y a une autre chose qui joue : si c’est juste un renvoie ou si c’est
un renvoie enrichi. Si c’est un renvoie enrichi, cela redonne de l’importance et du
poids au message. Parce qu’on se dit qu’il n’a pas simplement re tweeté, il a
analysé, mis du contenu en plus, donné son avis. Alors, il faut analyser l’information
avec ce qu’il a dit.
Du contenu de l’information
Les messages qui donnent leurs sources ne sont pas forcément pour moi plus fiable.
Mais au moins, ça ajoute de la légitimité du message. Ensuite les messages qui
recontextualisent, c’est pareil, ça redonne du poids à l’information. Parce ce n’est pas
juste un message formaté ou un message Wikipédia. C’est un message avec une
analyse, une plus-value.
Quelqu’un qui me dit « Fillon a décidé ce matin de créer un nouveau groupe
politique. Parce qu’il faut, avant vendredi, que chaque député choisissent dans quel
groupe politique il va siéger. Et ces groupes politiques ont une certaine somme
d’argent pour chaque député rattaché.». Il a remis dans le contexte. Pour moi, c’est
beaucoup plus intéressant. Il n’a pas juste repris une dépêche AFP et me l’a
renvoyé. Il montre en quoi l’information est importante. Cela peut même occulter le
contenu même de l’information.
Impact du temps sur l’information reçue ou régularité des publications ?
C’est compliqué de juger de la régularité des publications d’une personne sur un
sujet. On pourrait croire que c’est facile : il suffit de regarder les derniers articles.
Mais on ne le fait pas. Parce que lors d’une recherche d’information, on regarde les
articles qui sont liés à cette information là. Et à la rigueur ce qui va plus jouer, c’est la
date : si c’est 2003 ou 2011, ce n’est pas du tout la même chose. Là la date joue sur
la valeur de l’information.
Ensuite, si la personne n’a publié qu’un article à ce sujet en 2011 et bien fouillé, c’est
mieux que celui qui a publié plusieurs articles entre 2003 et 2005. C’est la proximité
de l’information. En plus, comme on est dans une logique de « live » et de
l’information en continu, la dernière information n’est pas la plus importante ou la plus
intéressante. Mais la dernière information qui est la plus actuelle, est la plus
intéressante pour moi.
Fiabilité des informations trouvées sur les media sociaux – Christine DU Page 102
La régularité ne prime donc pas de la fraicheur.
Recouper une information
Pour recouper ou pas une information, ça dépend de la valeur de cette information.
Dès que l’information me paraît plausible, je prends. Si cette information est très
importante, à ce moment-là, je recoupe.
Par exemple, je dois faire une démarche administrative qui est importante pour moi.
Je vois la démarche à suivre sur un site. Je vais peut-être aller sur un autre site pour
voir si c’est la même démarche ou pas. Sauf si c’est le site de la Préfecture de Paris,
là je n’ai aucun doute. Par contre, si c’est le site d’une association francilienne qui
présente la démarche, je vais chercher également sur un autre site : parce que c’est
une fédération qui présente la démarche, il y a peut-être des intérêts à présenter
cette démarche plutôt qu’une autre. C’est donc vraiment en fonction de l’importance
de l’information que je vais la recouper ou pas.
Par réflexe, moi quand j’ai envie de recouper une information, je regarde une autre
source. Si l’information est la même, c’est bon. Parce que je me dis que si deux
sources différentes me disent la même chose, je me dis que c’est bon.
Dès que je vois qu’il y a une petite divergence entre les deux, à ce moment là, je vais
essayer de trouver au moins deux autres sources pour avoir un panel de quatre ou
cinq. Mais pas plus, car ce n’est pas possible. Donc je ne le fais que si le deuxième
source ne me donne pas la même information.
Utilisation ou utilité de l’information ?
Pour moi, il est important que je comprenne l’information. Quand je ne comprends
pas quelque chose, je bug, je bloque. Je ne peux pas enregistrer une information si
je ne la comprends pas.
Après ça dépend des personnes. Certaines peuvent enregistrer plein d’informations
sans en comprendre la teneur. Ils l’ont enregistrée et pourront la restituer dans un
certain contexte. Moi ce n’est pas le cas.
Utilisation et utilité de l’information
Fiabilité des informations trouvées sur les media sociaux – Christine DU Page 103
Pour moi, l’utilité est un curseur pour juger de la fiabilité d’une information. C’est en
fonction de l’importance stratégique plus qu’ç l’utilité de l’information. C’est comme la
protection des données et des informations : un particulier protègera ses informations
moins qu’une entreprise (qui a un pare-feu) que l’armée nationale (pour lesquels les
données sont hébergées sous terre).
Comment évaluez-vous les informations trouvées sur les media sociaux selon ce
tableau ? (de 1 Excellente à 12 Mauvaise)
Source
suspecte et
subjective
Source peu
sûre
Source digne
de foi mais
risques d’erreur
et de
subjectivité
Source digne
de foi
Information inutile 12 10 8 1
Information utile à
l’occasion
12 10 8 1
Information intéressante 12 10 8 1
Information prioritaire et
importante
12 10 8 1
Fiabilité des informations trouvées sur les media sociaux – Christine DU Page 104
Nicolas LOUBET, co-fondateur et directeur associé de la société Umaps
Communication, agence de services numériques qui s'adresse à tous les acteurs de
la recherche et de l'innovation
En Amérique du Nord, on est capable de partager des informations sous des critères
d’implicite et d’explicite. Là où en France, on est dans un rapport avec l’information
très confidentiel.
Après une même question dans un environnement ne provoque pas la même
réponse dans un autre environnement. Du coup, il y a un principe non pas de
relativité mais de remise en contexte permanent. On se dit : la question est
intéressante mais dans quel contexte ?
Est-ce qu’une information est fiable ou non ? Aux Etats-Unis, on est capable de dire
que les fichiers statistiques et les données mis en ligne donnent une culture des
données que n’a pas la France. De ce point de vue là en France, on n’a pas la même
relation. Aux Etats-Unis, ils sont capables d’avoir des données électorales. Alors
qu’en France, c’est extrêmement compliqués d’avoir des données électorales allant
au-delà du « dans tel bureau de vote, il y a eu tant de votants », on ne va pas dans la
sociologie ou essayer de comprendre le comportement de l’électeur.
Aux Etats-Unis cette relation avec les données électorales permet d’expliquer la
concordance entre un ensemble de proposition politique au-delà du bilan avec une
partition statistique de l’électorat.
Pour moi, la question de la fiabilité d’une information dépend aussi du nombre de
personnes qui l’utilise réellement dans le secteur concerné et sous quelles modalités.
Parce qu’on ne trouve pas vraiment des informations, mais des estimations,
approximations et des hypothèses.
Pour moi ; la meilleure façon de convertir une possibilité, une intuition ou une
estimation ce sont les espaces de rencontres et conversations informels. Le regard
de personnes extérieurs au domaine et experts, est hyper profitable. Là je parle
d’informations qui a une valeur où elle répond à une question que je me pose.
Fiabilité des informations trouvées sur les media sociaux – Christine DU Page 105
Ce qui m’intéresse c’est le rapport entre que question, réponse et certitude. Une
question simple amène des réponses et une incertitude intrinsèques dans ses
réponses.
Par exemple, statistiquement combien de personnes utilisent ce service ? Dans tel
entreprise, quel service utilise-t-il ? Avoir les réponses à ces questions a toujours été
assez fastidieux. Par contre dans un autre cadre, type conférences ou rencontres
professionnelles, en venant avec ce type de questions et des circonstances
favorables, il est possible de faire un saut qualitatif dans la compréhension de ce qui
se passe.
Un autre aspect des choses, est que je m’aperçois qu’on est dans un brouillard
d’informations contradictoires tout le temps. Et on est dans des situations de
contradictions qui sont : si tu restes dans l’accès à l’information purement par
Internet, intellectuellement cela fait souffrir. C’est la dissonance permanente. Il n’y a
aucun schéma. Beaucoup de revues ont essayés de faire des compilations. Mais ces
compilations ont toujours une forme d’obsolescence rapide. Parce que la possibilité
de commenter est aussi la possibilité d’apporter de l’information contradictoire.
Il y a des marques qui sont très forte pour créer des messages et créer la possibilité
pour que beaucoup de gens y croient. En pour renforcer ces croyances, il faut être
particulièrement adroit. Et ce qu’on observe avec le cas Greenpeace, dont c’est le
métier d’agir sur ce que l’on pense, sont obligés d’être à l’information où la question
de la fiabilité se pose moins que celle de l’impact social.
C’est comme ça que je rentre dans ce problème. Nos amis community manager
sous-estiment encore leurs ambassadeurs, leurs fans, leurs sympathisants, leurs
collègues, pensent. Je ne sais pas si on peut imaginer un schéma claire de ça. Pour
moi, il s’agit d’une belle utopie nécessaire.
Pour beaucoup de structures, je pense qu’on est en sous-effectif et sous-
compétences dans énormément de domaines.
D’où le fait que je ne me pose que des questions élémentaires et me nourrit des
rencontres. A partir de mes rencontres, j’essaye de me faire une connaissance du
Fiabilité des informations trouvées sur les media sociaux – Christine DU Page 106
système et comment il fonctionne. Je n’ai pas vraiment été confronté à la question de
la fiabilité des informations, contrairement à une personne qui fait de la veille.
Parce que tout le monde reçoit de l’information par les media sociaux, mais la
question de la fiabilité de l’information soulève d’autres questions : de quelle type
d’informations s’agit-il ? Personnel, économique, actualités générales ?
Moi, ce qui m’intéresse c’est le rapport entre problème et solution. C’est à ce niveau
là que je pense qu’il est intéressant de se poser la question dont on peut avoir besoin
pour résoudre ton problème. Soit c’est des problèmes posées par le client, parce
qu’avec les media sociaux, c’est le rapport avec soi-même qui est en jeu.
Parce que des professionnels comme nous, ce qu’on est dans les conversations et
ce qu’on est en tant qu’identité numérique est l’enjeu du quotidien. On s’aperçoit à
quel point sa présence numérique conditionne aussi toutes les opportunités de
rebond, de rencontres, et donc de trajectoires professionnels et donc au-delà du
professionnel forcément. Dans ce contexte là ; la qualité du réseau de ta
communauté et la qualité des rencontres, pour en jouer est décisive. D’où l’idée
d’antibrouillard, quelque chose qui permet de jouer sur le brouillard. Ce que j’en vois,
c’est que plus ta communauté est soignée, c’est-à-dire la former pour prendre soin
de toi, plus tu as les moyens d’être dans une forme d’antibrouillard individuel.
De ce point de vue là, on arrive au cœur du sujet. C'est-à-dire penser à rentrer dans
de la confidentialité à la française peut-être. Mais au moins on est dans une
conscience par rapport à ce que les gens nous disent qui est optimisé. Je crois donc
que c’est cela qui est intéressant quand on cherche de l’information : se poser les
questions « Dans quelle position dois-je être par rapport aux gens, qui je le sais ou
pas encore sont capable de répondre à beaucoup de questions fondamentales ? » et
« Comment se donner les moyens d’aller à la source ? » et « Comment construire les
conditions autour de toi pour être en confiance ? ». Ce sont ces zones de
confidentialités qui nous permettent d’échanger des informations sensibles. Je le vois
particulièrement lorsqu’il s’agit de développer un service en béta privé. Je m’aperçois
à quel point les gens qu’on connait sont source d’information d’une valeur
inestimable par ce qu’on leur fait confiance et inversement.
Fiabilité des informations trouvées sur les media sociaux – Christine DU Page 107
Je ne peux donc pas parler pour la fiabilité, mais sur la capacité de créer la confiance
et de créer la possibilité de correspondance pour échanger et répondre à des
problèmes au final.
Je vois un phénomène de plus en plus fréquent de mentorat. Le mentor est capable
de consacrer un temps incroyable, ce qui est important pour un débutant. Le mentor
accompagne. Ce n’est pas forcément le supérieur hiérarchique ou un collègue direct.
Mais une personne qui a de l’expérience et qui font gagner un temps incroyable au
débutant. Parce que je sais que la qualité de la communauté est un marqueur fort
pour résoudre des problèmes individuels d’abord, professionnels au quotidien.
Un autre phénomène que j’observe, sur le modèle du Digikaapéro qui est dans la vie
réelle, ce sont les microgroupes professionnels. Il n’y a aucun doute sur le fait que ce
sont des réseaux de partage, de confidence, qui a de valeur incroyable à petit
échelle. Le milieu des musée en est un exemple : travailler dans un musée est
difficile, ce qui créé une solidarité entre les community manager, social manager et
webmaster des différents musées. Le forum devient donc un café numérique. Il joue
un rôle de réponse : j’ai tel problème, pouvez-vous m’aider, on peut l’aider, on agit et
conseille. Et de ce point de vue là, accéder à ces réseaux, c’est accéder à des
informations non pas fiable mais hyper précieuse, pour la qualité et la fiabilité est
remise très peu en question parce que l’on fait confiance aux gens et à leurs qualités
professionnelles.
Pour résumer, avant de chercher une information, je crée un contact pour. Pour créer
ce contact, je vais à des évènements dont un certain type d’acteurs que tu connais.
Le jeu est de créer les conditions de la conversation pour réussir à résoudre un
certain nombre de problème. La question n’est plus d’être le meilleur pour mener une
conversation, mais d’avoir l’appétit pour le faire.
Parce que les media sociaux sont beaucoup composés de discussions et
d’échanges avec des compétences rares. Il y a des personnes qui savent rebondir et
mettre en scène. C’est pour cela qu’un logiciel ou un service comme Story files
permet de valoriser la conversation. Il y a des conversations exceptionnelles et des
posts excellents. C’est les conditions favorables quand il y a les bonnes personnes
au bon endroit au bon moment sur le sujet qu’il faut. C’est dans ces conditions que je
Fiabilité des informations trouvées sur les media sociaux – Christine DU Page 108
suis confronté dans l’exercice de mes activités, à l’information. Le rapport entre
réseau, communauté, problème, complexité intrinsèque du problème et la diversité
de la communauté. De ce point de vue là, les évènements auxquelles je participe
beaucoup sont autant d’occasion pour moi d’être dans ce type de discussion. C’est
pour cela que je situe un lien très fort entre l’importance et la qualité de la
communauté, et la dynamique évènementielle. Pour moi, les 2 sont extrêmement
liés. Finalement, mon usage des media sociaux n’est qu’une suite d’évènements, si
je fais abstraction de la consultation. Mais au final quand j’interviens, j’agis au-delà
de la lecture, je suis dans une disposition d’évènements en cascade. Ces moments
d’actions sont des moments privilégiés où tu peux construire des relations, agir sur le
réel quelque fois. Sachant qu’un évènement peut être très confidentiel.
C’est dans ce cadre que je ne peux pas considérer mon rapport à l’information
indépendamment de ce que la communauté représente pour moi aujourd’hui, les
évènements représentent aussi en termes d’épisodes successifs pour ces
communautés. Mon intuition est que la plus belle mesure pour un community
manager est d’agir sur sa communauté, au sens humain. Manager une communauté
se voit dans l’intelligence d’une structure, dans sa réactivité. C’est pour cela que la
notion d’intelligence collective, qui est un peu un buzz word, est noble et aussi
intéressant. Cela veut dire qu’il faut créer les conditions pour que collectivement pour
qu’il n’y ait plus 1 expert, mais une expertise collective systématiquement. C’est ce
que je vois des les forums professionnels : sans le savoir, il est en train de se
construire une intelligence collective qui se voit dans les évènements. Le nuage
d’intelligence les suit. Et quand l’un des acteurs rajoute de l’intelligence, cela en fait
profiter absolument tout le monde.
Les rapports de force se construisent alors tout de même dans la création de sens,
au-delà de l’hyper action. Et pour créer du sens, il faut connecter. On est dans une
complexité telle que la base est de répondre à des micro problèmes. A l’image des
marques qui sont confronté à des centaines de problèmes tous les ans, devrait faire
de l’analyse des problèmes pour lister tous les micros problèmes auxquelles elles ont
été confrontés : vente, distribution, anticipation, lieu, facture, recrutement. Ce n’est
pas facile. Et de ce point de vue là, je vois que c’est là que le community manager
est utile en créant les conditions pour que la communauté puisse être en
permanence dans la réactivité, l’adaptation et la résolution de problèmes. Dans ces
Fiabilité des informations trouvées sur les media sociaux – Christine DU Page 109
problèmes, il y a l’accès à l’information dont un accès rapide à l’information. Le b.a. –
ba, la fiabilité à l’information se construit dans leur rapport.
Après la règle des journalistes, c’est octroi-source-discordance-différence. C’est la
théorie. Et de fait, c’est plus ou moins suivi. Mais ce qui est intéressant, c’est qu’une
information non fiable peut créer des choses intéressantes. L’effet de rumeur ou
d’hypothèse dans un contexte de conversation, tu peux le prendre en compte. Dans
un schéma heuristique, poser simplement des questions ou apporter des réponses,
cela donne une valeur à la conversation. Un célèbre investisseur américain disait
qu’on commence à se rendre compte à quel point nos vies sont incertaines. On a été
dans des schémas : avant tu disais je veux être médecin, maintenant, l’entreprenariat
fait son beurre sur l’incertitude. C’est pour cela qu’on a des problèmes. Ce principe
d’incertitude et d’approximation systématique ennuie les marques aux points de vue
marketing : ils doivent en permanence répondre à des questions alors qu’ils n’ont
que des éléments fragmentaires pour y répondre. Les marques peuvent tout faire
pour qu’un produit fonctionne et connaitre un échec. La question à prendre en
compte est aussi le contexte.
C’est ce point qui m’intéresse, il faut prendre les choses avec recul. Parce que je sais
peu de choses, mais je fonctionne plus par principe par hypothèse, thèse,
expérimentation. Dans mon petit parcours, ce que je vois que ces principes arrivent à
se déployer avec toute la puissance des media sociaux. Les media sociaux par
définition sont faits pour être un registre de partage et d’informations. Mais il y a
plusieurs façons de le faire. La pire des façons est l’hyper partage systématique. Ce
qui est beaucoup plus difficile est de créer du sens à partir de ces conversations. On
est obligé pour créer du sens d’avoir des métadonnées, de faire de la curation,
d’avoir analysé et structuré. Et l’un ne va pas sans l’autre. C’est là où les Dashboard,
les Analytics sont des débuts de réponses mais ça ne suffit pas : ça ne suffit pas
d’avoir des chiffres, il faut avoir des histoires. Il faut vraiment un sens. Pour
construire ce sens, il faut un environnement pour que les gens puissent, sur des
principes de confiance et de réciprocité, développer des choses cohérentes. C’est ce
que j’observe à petite échelle. Je trouve qu’à grande échelle on en est très loin.
Un exemple original : les commentaires fait lors de l’élection de Miss France sur
Twitter. Soit c’est un exemple français contemporain de la façon dont un programme
Fiabilité des informations trouvées sur les media sociaux – Christine DU Page 110
créé et partage des contenus sans lien entre les uns les autres. Si tu regardes les
liens entre ceux qui ont écrit sur ce programme, ce n’est pas une communauté. Tu
mets un nombre voilà il y a X personnes qui ont interagit avec le hastag Miss France.
Après ça qu’est-ce qui se passe ? De ce point de vue là, on voit le manque dans la
capacité chronique en tout cas en France à se construire en communauté, l’occasion
de partager. Parce que Miss France en dehors du côté kitsch, on peut en parler
longtemps en allant plus loin dans les commentaires basiques.
On peut prendre également l’exemple du sport. Il y a de plus en plus d’amis et de
twittos, qui se construisent en micro comité de conversations. On recrée une forme
de convivialité autour d’un programme. C’est l’effet canapé, même s’il n’est plus
unique. C’est un truc vieux comme le monde : regarder ensemble un programme
devant la télévision comme dans les années 80. Ce qui est intéressant, c’est qu’on
peut avec les media sociaux dialoguer avec tous les canapés du monde par webcam
interposé sur un même programme.
La seule fois où j’ai vécu ça récemment c’est pendant le débat présidentiel pendant
l’entre deux tour. Sur Twitter, j’ai trouvé intéressant d’avoir toute ma timeline dessus.
C’est comme imaginer que toutes les personnes avec qui tu interagis parler d’un
même sujet. D’habitude quand tu discutes sur Twitter, tu parles avec une centaine de
personne qui ne se connaissent pas vraiment et dont chacun a son propre
référentiel. Mais que se passe-t-il quand tout le monde voit la même chose. Il y a un
principe de congruence totale. C’est tellement satisfaisant intellectuellement. On
s’aperçoit à quel point la charnière ou la colonne vertébrale de ce qui relie les
différents acteurs est un soulagement pour notre cerveau : parce que derrière tout
est cohérent, on peut développer des conversations, alors que d’habitude cela ne
fonctionne pas comme cela. D’habitude, toutes les marques et tous les acteurs qui
émettent des signaux sont en confrontation, aucune cohérence.
C’est donc ce principe de congruence qui est le plus difficile dans les media sociaux.
La promesse des media sociaux est qu’il y a toujours quelqu’un dans un certain
contexte qui pourra répondre à ma question. C’est là que j’ai vu dans les forum
professionnels sont d’une puissance réelle. Dans ces forums chacun s’identifie l’un et
l’autre. Je pose une question. Immediatement j’ai une conversation avec des chiffres,
Fiabilité des informations trouvées sur les media sociaux – Christine DU Page 111
des données, des rapports, des références, des compléments, des réactions. La
valeur de ces réseaux est donc vraiment immense. Donc pour moi, ce sont la qualité
de ces réactions qu’elle doit entretenir sur les media sociaux envers ses usagers et
du feed-back que ses usagers peuvent avoir. Donc au-delà d’offrir des échantillons.
Avoir des mini-portraits, des interviews, cela se construit. Cela ne m’étonnerait pas
que des marques racontent enfin qui elles sont. Pour moi, l’avenir des media sociaux
est dans la capacité des marques à raconter qui sont les gens en empathie autant
avec elles et de construire leurs réseaux de connaissances avec eux. Cela arrive par
petite touche et comment cela agit sur le réel de plein de manière différente.
C’est une autre façon de dire que la fiabilité d’une information dépend d’un facteur
social immediat : c'est-à-dire une information est d’autant plus fiable qu’elle te
correspond dans le temps en termes de réactivité et que les gens qui te répondent
se raccrochent à un contexte que tu maîtrises intellectuellement. Tu construis tes
réseaux de fiabilité.
Spontanément, une information doit être utilisable immediatement. Le rythme dans
lequel je suis rentré fait que j’utilise quasiment immediatement l’information. Parce
qu’après le phénomène de stockage d’information fait que tu les réutilises très peu.
Ce que je réutilise sont des choses que j’ai déjà utilisé : en terme de concept, de
vocabulaire. Quand je stocke des choses, soit j’arrête rapidement car cela ne me
correspond pas, soit je vais jusqu’au bout des choses intéressantes. Parce qu’il y a
tellement de choses à lire à voir. Je m’aperçois que ce qui a le plus de valeur dans
ce que je vois et ce que je consulte ce sont par recoupement arrivée par des
personnes en qui j’ai une confiance énorme dans leurs vécus, leurs expériences et
dans la pertinence de ce qui peuvent raconter. Car les buzz word à la mode peuvent
être utilisés à tort et à travers et donc produire de la contradiction. C’est moins la
fiabilité que dans l’ambiguïté permanente dans laquelle on est confronté qui est
problématique. Croire que les données se suffisent à elles-mêmes est un leurre. Par
exemple, une communauté de deux millions de fans ne veut pas dire qu’elle est
composée de deux millions de personnes parce qu’il y a des gens de la communauté
qui ne sont pas sur Facebook.
C’est moins une question de fiabilité que de confiance ou de pertinence qu’on se
pose en permanence. La capacité qu’on a à remettre en question ce que l’on nous
Fiabilité des informations trouvées sur les media sociaux – Christine DU Page 112
dit et avoir des communautés d’expertises. C’est donc plus comme ça que je travaille
au quotidien.
Comment évaluez-vous les informations trouvées sur les media sociaux selon ce
tableau ? (de 1 Excellente à 12 Mauvaise)
Source
suspecte et
subjective
Source peu
sûre
Source digne
de foi mais
risques d’erreur
et de
subjectivité
Source digne
de foi
Information inutile 12 12 6 3
Information utile à
l’occasion
6 6 3 3
Information intéressante 6 6 3 1
Information prioritaire et
importante
8 6 3 1
Fiabilité des informations trouvées sur les media sociaux – Christine DU Page 113
Emmanuel DOUAUD, Customer Success Manager de Seemy, éditeur de réseau
social d’entreprise (RATP, L’Oréal, AG2R, GDF Suez …)
La source et la recommandation des autres
Pour moi, une information fiable c’est évidemment en fonction de sa source : est-ce
une personne de connu et validé ou un inconnu ? Un peu comme le principe du
Page Rank de Google : une page Internet récupère un bon score lorsqu’elle a des
liens qui pointent vers elle, et plus ces pages qui contiennent des liens ont un bon
Page Rank plus elles en redonnent à la page en question. Donc plus une personne
connue et validé plusieurs fois pour fournir des informations fiables, plus évidemment
ce qu’elle dira je la qualifierais comme fiable par rapport à un inconnu dont je serais
incapable de dire si ça serait vrai ou pas.
La relation au temps
Dans les media sociaux, on est dans l’instantanée, du super-récent. Ce n’est pas sur
les media sociaux que j’irais chercher à quelle date s’est fait la révolution dans tel
pays. C’est quand même d’abord de l’actualité où avant tout ce qui est e-commerce,
on a du contenu. Mais s’il s’agit d’acheter un appareil à raclettes de chez TEFAL, qui
existe depuis 10 ans : sur les forums, je verrais aussi si c’est un bon produit ou pas.
Les media sociaux et la recherche d’information
D’une manière générale, je vois deux intérêts aux media sociaux pour obtenir de
l’information :
- faire le tri par le filtre social, dans l’abondance de l’information qu’on ne peut
plus tout traiter - avec tous les produits qui sortent, tant de bonnes affaires à
faire et d’actualités qui se passent dans le monde - , mes amis et mes
contacts qui sont censés avoir un certain nombre de points commun avec moi,
une actualité qui m’arrive par leurs biais a plus de chance de m’intéresser
qu’un produit pris au hasard sans qu’il n’y ait eu le moindre filtre ou la moindre
qualification entre ce produit et mes attentes. Avec les media sociaux, je ne
reçois pas tout, je reçois ce qui est susceptible de m’intéresser ;
- avoir le feed-back visible de tous : tous les retours clients et tous les supports
se font maintenant de manière publique. Je reprends l’exemple de la machine
Fiabilité des informations trouvées sur les media sociaux – Christine DU Page 114
à raclettes TEFAL : autant avant une marque pouvait garder secrète pendant
plusieurs années que tel produit présentait tel ou tel défaut, aujourd’hui ce
n’est plus possible tout se sait C’est le fait de dire que pour choisir un appareil
photo : je n’irais pas sur les sites des vendeurs, à moins de chercher les
caractéristiques techniques, avant j’étais obligé de demander à un ami
photographe, alors que maintenant j’ai la possibilité d’avoir une vision presque
réelle des qualités du produit et pas seulement la qualité vendue.
Utilité ou utilisation
Dans un monde tel que Facebook nous le crée, on ne reçoit que des informations qui
nous sont sensé nous servir immediatement. Si dans mon planning de la semaine,
lundi j’ai décidé d’acheter une voiture, mardi de faire des courses, mercredi de
trouver un fournisseur, Facebook m’affichera le lundi des publicités de voitures parce
que je l’aurais dit et qu’il est capable de l’analyser, mardi j’aurais des publicités pour
faire les courses et mercredi j’aurais des publicités correspondante à ce que je suis
sensé faire. C’est à la fois un monde très intéressant, parce que c’est la possibilité
pour les intermediaires comme Facebook de mâcher le travail des utilisateurs. On ne
vous inonde pas de publicités mais on vous affiche la publicité de ce que vous
comptiez acheter aujourd’hui.
Ce côté est très intéressant, en termes d’efficacité pour les marques, mais aussi
effrayant, parce qu’il n’y a plus de sérendipité. On n’est plus surpris. Je trouve
toujours intéressant de tomber par hasard sur des publicités à la télévision en
l’allumant sur une chaine inhabituelle, de découvrir un monde insoupçonné. On perd
l’effet de surprise et la beauté de la découverte imprévue. On renforce dans le
confort de l’internaute. Quand Google essaye de réorganiser les échanges et les
résultats de recherches en fonction des requêtes déjà faite, c’est à la fois pertinent
parce que c’est sensé donner de l’information plus précise par rapport à mes
attentes, c’est aussi conforter les personnes dans ce qu’elles ont déjà défini.
Le bon filtre social, c’est aussi de s’assurer de la pertinence de l’information et de
recevoir que les informations qui correspondent à mes attentes du moment.
Le recoupage
Fiabilité des informations trouvées sur les media sociaux – Christine DU Page 115
Je vais forcément plus facilement croire un commentaire négatif que positif. Un
commentaire négatif est répété sept fois. Un commentaire positif est répété que trois
fois.
Maintenant, la notion des media sociaux c’est aussi le fait que le nombre de fois où
l’information est répétée ou retweeté.
Un exemple : quand je cherche une application de gestion de page sur l’Apple Store.
J’ai différent résultat qui s’affiche. Je vais regarder le nombre d’étoiles notant les
applications. Je me dirigerais donc logiquement vers une application qui a quatre
étoiles qu’une application qui n’en a qu’une ou deux. Mais je regarderais aussi le
nombre de votes écrit juste en dessous, pour arriver à cette note là. Une application
qui a cinq étoiles mais notée par dix personnes m’intéressera moins que l’application
qui a quatre étoiles mais notée par plus de six mille sept cent quatre personnes.
C’est toujours paradoxale : plus il y a de personnes à avoir pris cette direction, moins
il y a des chances que je fasse une erreur. Alors qu’en faite, les masses n’ont pas
toujours raison. Mais c’est le schéma de raisonnement que j’ai quand je cherche une
information dans ce que je dirais de social.
Par exemple, dans les RSE, nos concurrents sont soit des start-up comme nous ou
des grands éditeurs comme IBM, Microsoft etc. Notamment SharePoint 2010 qui
n’est pas un réseau social mais que Microsoft vend comme tel. On s’est longtemps
interrogé pour savoir quel était la force de Microsoft pour vendre SharePoint comme
un réseau social d’entreprise. En fait, on s’est rendu compte d’une chose :
psychologiquement pour un DSI, c’est un vrai challenge que de choisir une bonne
solution de réseau social d’entreprise. S’il choisit la mauvaise solution, on la lui
reprochera. En fait, acheter Microsoft, même si cela ne fonctionne pas, on
reprochera jamais à un DSI d’avoir choisi Microsoft. Parce que tout le monde choisi
Microsoft, tout le monde a du Microsoft dans son entreprise. Donc s’il y a un échec,
c’est un défaut de Microsoft, ce n’est pas un mauvais choix du DSI puisqu’il a pris
Microsoft.
C’est vraiment l’idée que : plus il y a de monde pour choisir un produit, moins on a de
chance de se tromper. Dans la réalité, ce n’est pas forcément vrai. Mais moins le
reproche d’erreur est évident.
Fiabilité des informations trouvées sur les media sociaux – Christine DU Page 116
Un autre exemple est le choix du cadeau de Noël : dans les boutiques de parfums,
les têtes de gondoles affichent le top des ventes. Quand on ne sait pas quel parfum
choisir pour faire un cadeau, on regarde ce classement. Le parfum choisi en se
basant sur ce classement ne plaira peut-être pas à son destinataire. Mais on se dit
que tellement de personne l’on choisi, il y a peu de chances de me tromper. Et si je
me trompe, on ne pourra pas me le reprocher car c’est celui qui est le plus vendu
aujourd’hui.
Source sérieuse et qualification du contenu
On peut se dire « Plus il y a de personnes pour considérer une source comme
sérieuse, plus je la considérais comme sérieuse ». C’est reposer sur les autres
l’analyse. Il ne faut pas oublier le contenu, de ce que je consulte court comme un
tweet ou long comme une page Wikipédia ou un billet de blog. Je reste juge du
contenu que je lis : y-a-t-il des incohérences dans l’article en lui-même ou par rapport
au contexte ? Quel est la pertinence du support pour ce sujet ? Le contexte est un
fond qui rentre en ligne de compte. Il ne faut pas uniquement se reposer sur le
jugement des autres.
C’est comme pour le choix d’achat d’un appareil photo : soit on monte en
compétence pour choisir l’appareil photo soi-même, soit faire confiance aux autres.
Impact du temps sur l’information trouvée
Il y a des contenus qui sont des faits, d’autres des analyses. C’est une vue assez
binaire.
Plus ça tient de l’analyse, plus la notion de date est importante : une analyse actuelle
ou plus ancienne est censée prendre en compte les analyses précédentes.
Pour la date, la question est de savoir si le contexte a changé depuis cette date.
Si je cherche la raison de la disparition des dinosaures, je vais chercher sur des
forums. Si je trouve des articles de scientifiques datant de 2005, je les lis car même
s’il y a eu d’autres découvertes depuis, ce n’est pas un sujet qui change tous les
jours.
Fiabilité des informations trouvées sur les media sociaux – Christine DU Page 117
Alors que si je cherche une information pour sécuriser un site Internet, pour être sûr
de faire face à tous les types d’attaques qui existent. Un article de 2005, je le referme
tout de suite. Je vais chercher un article de 2012, de cet été ou de la rentrée.
La date est en rapport avec le sujet : est-ce un sujet qui évolue vite ou pas ?
Utiliser son réseau social pour demander des infos avant de prendre une décision,
revient à reporter la responsabilité de cette décision et l’analyse sur les autres.
Il est plus facile de reporter la décision sur les autres quand on est pressé.
Par exemple, pour remplacer une voiture. Si la voiture doit être remplacée dans 6
mois, je prends le temps de m’intéresser aux informations que donnent les
constructeurs. Alors que si la voiture doit être remplacée à la fin de la semaine, je
prendrais plus en compte l’opinion des autres. C’est une manière de ne pas analyser
le problème.
Je ne cherche que des informations utiles.
Source
suspecte et
subjective
Source peu
sûre
Source digne
de foi mais
risques
d’erreur et de
subjectivité
Source digne
de foi
Information inutile 12 12 12 12
Information utile à
l’occasion
12 12 12 12
Information intéressante 12 12 6 1
Information prioritaire et
importante
12 12 6 1
Fiabilité des informations trouvées sur les media sociaux – Christine DU Page 118
Jean-Damien HOBE, Président Directeur Général de TodoBravo, 1er réseau social
multi profils protecteur de vie privée
Pour une information trouvée sur les media sociaux, vous avez confiance en une
source, si elle est:
Si son origine est authentifiable : s’agit-il d'un journaliste ? D’un expert du domaine
cité ? La source est elle "influente" (suivie par un grand nombre d'internautes eux
mêmes influents / connus). La source est elle présente sur le media depuis
longtemps (une source très récente, peu écouté, n’est assurément pas crédible à nos
yeux).
Pour la valeur de la source, sil n’y a que 3 critères par ordre d’importance à retenir
pour juger de la fiabilité dune source:
Origine, Audience, Influence
Quel degré d’utilité et d’utilisation de l’information acceptez-vous pour les
informations trouvés sur les media sociaux ? (priorité, importance, intérêt, utilité,
prête à être diffusée, analyse, archive...)
Une information trouvée sur les media sociaux doit systématiquement être
corroborée sur d’autres sources (ex: sites journalistiques, blog…) afin d'en vérifier la
crédibilité
Pour juger une information trouvée sur les media sociaux, comme fiable, vous aimez
quelle soit:
Avec des liens vers ses sites « officiels » de media classiques
Ce qui selon vous, augmente la valeur dune information:
Si on la trouve dupliquée ou reformulées sur d’autres nombreuses sources
Fiabilité des informations trouvées sur les media sociaux – Christine DU Page 119
Comment évaluez-vous les informations trouvées sur les media sociaux selon ce
tableau ? (de 1 Excellente à 12 Mauvaise)
Pour vous, recouper une information, c’est-à-dire lavoir la même par un autre canal,
est-elle indispensable pour juger de sa valeur ?
Oui
Combien de sources distinctes, indépendantes les unes des autres, vous donnant la
même information, faut-il selon vous pour recouper une information ?
3
Une information fiable doit être pour vous avant tout:
Prête à utiliser (utilisable maintenant ou plus tard, usable, compréhensible, facile à
utiliser)
Source
suspecte et
subjective
Source peu
sûre
Source digne
de foi mais
risques d’erreur
et de
subjectivité
Source digne
de foi
Information inutile 12 10 6 1
Information utile à
l’occasion
12 10 6 1
Information intéressante 12 10 6 1
Information prioritaire et
importante
12 10 6 1
Fiabilité des informations trouvées sur les media sociaux – Christine DU Page 120
Hervé Kabla, directeur général de Be Angel lien vers l’agence
Sur l’information
Je pense qu’il y a 4 types d’informations qu’on peut trouver sur les media sociaux :
1. l’information qui revient souvent, tourne en boucle. La question n’est pas de
trouver l’information mais comment elle peut t’agresser plusieurs fois dans la
même journée. Pour vérifier cette information, elle circule généralement avec
un lien. Ce lien pointe vers la structure citée ou la mentionnant. Ces
informations ne m’intéressent pas ;
2. l’information qui vient de la presse puis tourne en boucle sur les MEDIA
SOCIAUX : le fait qu’elle circule sur les media sociaux n’apporte pas plus de
légitimité au contenu. Il faut alors remonter au « papier » initial pour voir si
c’est de la désinformation ou non : je temporise alors en me disant
« attendons de voir la suite » ;
3. l’information qui n’est pas énormément partagé, qu’on va chercher, parce que
ce n’est pas un sujet d’actualité « chaude » : il faut donc du sang-froid pour
juger selon c’est peut-être vrai ou faux pour voir si ce n’est pas une rumeur
4. l’information qu’on ne trouve pas, tellement évidente qu’on ne la trouve pas
sur les media sociaux : ça n’intéresse personne ou c’est censuré ? Quelque
soit le domaine, on a ce type d’informations.
Ensuite j’utilise beaucoup Wikipédia : selon les sources citées, je juge l’information
pertinente ou pas. Sinon sur les sujets pour lesquels j’hésite, je vais voir dans sur
Wikipédia d’autres langues : la version française peut être une simple traduction de
la version anglaise, certains versions sont plus riches d’articles non traduits d’une
version à l’autre. Si j’ai le temps, je traduis. Car la langue peut être une barrière à
l’accès à l’information.
Le temps n’a pas d’impact, c’est juste que je n’apporte rien à la réflexion qu’une
information doit donner.
Le moment de la publication d’une information n’a pas forcément de poids dans mon
choix de la diffuser ou non : ce n’est pas parce qu’une prise de position dans le
Fiabilité des informations trouvées sur les media sociaux – Christine DU Page 121
conflit syrien a été émise avant que les media en parle que je juge celle-ci comme
obsolète.
Si je me mets à évoquer le conflit syrien un an plus tard, alors que je n’en ai jamais
parlé, je suis plutôt suiveur. A ce moment-là, j’ai plutôt intérêt à non pas reprendre du
contenu déjà diffusé, mais d’avoir une grille d’analyse qui me permet de prendre du
recul et de me demander quelle pourra être la suite de cette information. Je pars du
principe que si c’est pour redire ce qui a déjà été dit, ça ne sert à rien, c’est apporter
du contenu sans intérêt. La redite existe déjà. Le fait que je redise une chose,
donnera peut-être une caution supplémentaire. Mais cela ne fera pas bouger le
débat. Je ne suis pas une personne influente : un homme politique, un philosophe.
J’ai un petit groupe de lecteur. C’est très bien et amusant. Cela n’amènera à rien.
J’avais dit qu’en trouvant une information, pour la juger, je voulais voir les tendances
politiques et le positionnement de la source pour juger de la crédibilité de
l’information. -> qualifier la source pour qualifier l’information.
Il y a un critère que je n’utilise pas, c’est le nombre de personne qui la reprenne.
L’affaire Dreyfus est l’exemple même de l’information reprise abondamment par la
presse, puis repris par la majorité. Alors que c’est faux. Donc cela ne sert à rien : le
nombre de reprise n’est pas qualifiant.
C’est le travail fait en amont, la qualification de l’information qui est important.
En plus, malheureusement, la qualification de l’information est très subjective. L’avis
positif ou négatif sur un journaliste même jamais rencontré, est propre à chacun :
basé sur leurs manières de rapporter des informations et des éléments, la recherche
du scoop, le contenu jugé outrancier ou non.
Ceux qui veulent savoir sont ceux qui vont creuser un peu.
Je prends l’exemple d’EDWY PLENEL, patron de la rédaction de media Part.
Aujourd’hui, je trouve qu’il fait un travail qui me perturbe. Parce qu’un d’un côté
effectivement il lève des sujets sensibles, mais Media Part le fait sous un format qui
tient un petit peu de la presse à scandale. Alors que je me souviens moi, de PLENEL
comme étant journaliste au Monde il y a une trentaine d’années et lever quelques
Fiabilité des informations trouvées sur les media sociaux – Christine DU Page 122
sujets dont l’affaire Péchiney, où c’était du journalisme d’investigation, effectivement
un scandale de la République, mais c’était fait à la manière du Monde.
Donc au-delà de la question de la tendance politique de l’auteur de l’information et
de la personne qui la relaie, je me demande alors : Suis-je une machine à scandale
ou à informer ? Le Monde n’était pas une machine à scandale. Il ne l’est pas encore
devenu. Mais sa manière d’avoir des unes un peu virulente. C’est une tendance sur
le long terme.
J’aime bien l’exemple du Monde, parce qu’il est un équilibre en soi. C’est comme un
paquebot avec ses cuisines, salles de réception, ponts supérieurs, passagers, etc.
On trouve de tout, aussi bien des articles très sérieux, que des points de vues, jeux,
publicités. Mais il y a un équilibre global.
L’équilibre que j’ai trouvé dans d’autres presses me perturbe plus.
A le titre et l’accroche, je me demande où veux m’emmener le journaliste. Parce qu’il
ne faut pas se leurrer : une fois lue, le texte informatif change la perception qu’a le
lecteur d’un évènement, d’une personnalité ou d’une actualité.
Quelque soit sa forme et le media, l’objectif de celui qui a écrit un contenu est d’agir
sur ma manière de décider. Je suis très jaloux de mes opinions. Dans tous les cas, je
n’aime pas qu’on influe sur mes opinions.
D’où le fait que je ne suis pas la foule. Parce qu’être dans la foule, c’est admettre
qu’à un moment donné l’opinion de la foule prendra le dessus sur les opinions de
chacun. Il se peut parfois que la foule soit subtile. Je suis allé voir la semaine
dernière la comédie musicale 1789. Pendant le spectacle je me suis demandé
pourquoi j’étais venu voir ce spectacle. Puis à la fin du spectacle, il y a eu la lecture
des Droits de l’Homme et du Citoyen. Le public s’est levé et a commencé à
applaudir. C’est presque de la manipulation. C’est beau qu’un texte aussi important
soit applaudi dans un spectacle. Ce faisant, j’ai laissé la foule m’influencer. Je n’aime
pas.
C’est pour ça que je préfère être à l’écart de la foule et avoir ma propre grille
d’analyse.
Fiabilité des informations trouvées sur les media sociaux – Christine DU Page 123
Un media d’information est là quelque part pour influencer sur la foule ou faire en
sorte que la foule pense d’une certaine manière.
Quels sont le sens et l’utilité des petites phrases en fin de reportage qui
n’apporteront rien au sujet et à la réflexion ? Pourquoi dire à la fin d’un reportage
radio sur les naissances à Bethléem le 25 Décembre, que « Marie, si elle avait vécu
de nos jours n’aurait pas pu faire le trajet entre Nazareth et Bethléem à cause du
mur » alors qu’à l’époque la zone était sous domination romaine et ce n’était pas un
havre de paix.
Il faut toujours se demander pour une information : Le fait que je crois cette
information est utile à qui ? Où veut-on m’emmener ?
Ce que je n’admets pas c’est qu’un journaliste fasse passer son point de vue comme
un point de vue global. Car dans ce cas là, pour moi ce n’est pas de l’information
mais de la propagande.
Utilité et importance pour qui ?
Je prends exprès l’exemple un sujet houleux, pour montrer que pour une information
qu’on reçoit, il faut se poser la question « Pour qui cette information est utile et
importante ? ». Parce qui est utile pour moi, n’est pas forcément utile pour la
personne d’en face. Il ne faut pas oublie : quelque soit la personne qui met en forme
une information, journaliste ou blogueur, il a une idée derrière la tête. Il veut amener
le lecteur ou l’auditeur à penser telle ou telle chose. Il veut l’éduquer d’une certaine
manière. Sauf que c’est une éducation selon sa grille d’analyse, ce n’est pas une
éducation selon une grille transcendante.
Quand on fait des maths, c’est transcendant : il y a un texte, des théorèmes et des
axiomes. Attention les axiomes sont des choses que l’on admet mais qui ne sont pas
démontrable. Mais l’ensemble des mathématiciens est d’accord pour considérer
qu’on ne peut pas aller loin si on n’admet pas un certain nombre d’axiomes. Il y en a
peu.
Cet exemple pour montrer que l’information ne peut pas être simplement intégrée à
la réflexion comme des connaissances en maths. En maths, on est sur du
démontrable non discutable avec quelques axiomes.
Fiabilité des informations trouvées sur les media sociaux – Christine DU Page 124
Les media sociaux permettent plus que les media traditionnel à ce qu’un avis d’un
individu puisse être diffusé à des milliers de personnes.
La question est donc celui du but de l’information que je reçois.*
Sur le recoupage
Je recoupe par 2 personnes ou source totalement opposée : journal de droite ou
journal de gauche. Depardieu jugement ou lynchage ?
De même pour le fait qu’une roquette tombe : je vais chercher le traitement presse
israélienne et la presse palestinienne.
Je sens moins en moins le besoin d’information : car l’information est cyclique. Pour
moi c’est la réflexion qui prime. Pas de redondance.
Je privilégie la non-redite : si c’est toujours le même caractère, pas de changement
de ton ou d’analyse.
La régularité ne prime pas : le travail de qualité demande du temps et demande
d’être avare en contenu à moins d’avoir plusieurs auteurs. Un blog à 4 articles par
jour comme Presse Citron est de la redite.
Il y a aussi la question de la qualification de la source. Car elle peut être digne de foi
aujourd’hui et corrompu demain Quelle est la qualification de la source ?
Est-elle dans la propagande, publicité ou bavardage ?
Chacun est écouté ou non mais dans tous ne fait pas avancer la réflexion.
La publicité : que tu l’écoutes ou pas, ça ne va rien changer. Elle ne t’apporte aucune
valeur. C’est une distraction. La publicité influence peut-être dans ton acte d’achat,
mais tu n’a rien appris.
Le bavardage : que l’on ne peut pas qualifier d’informations. Cela ne permet que de
se changer les idées de temps en temps.
La propagande : d’un pays ou d’une organisation, peut marcher un temps. Ensuite
cela s’effondre.
Fiabilité des informations trouvées sur les media sociaux – Christine DU Page 125
La publicité, le bavardage et la propagande se rapprochent selon moi du silence : tu
ne dis rien ou tu écoutes à moitié, cela ne change rien. Tu as à la fin la même
quantité d’informations à ta disposition. Cela ne fait pas avancer la réflexion. C’est de
la communication. La communication est nécessaire et fait parti du lien social. Il faut
faire la distinction entre la communication à valeur de cohésion nécessaire
régulièrement et le discours à valeur d’information. Le discours à valeur d’information
permet à chacun d’en ressortir avec de nouvelles idées.
Je reprends une citation attribuée à John Hegarty « une bonne idée est une idée qui
donne des idées ». Alors une bonne information est une information qui va susciter
quelque chose, un changement.
Cela permet de distinguer qu’un message n’est ni de la propagande, ni du
bavardage, ni de la publicité.
Sur les media sociaux, je suis essentiellement dans le bavardage, très souvent dans
la propagande, et de plus en plus dans la publicité.
Source
suspecte et
subjective
Source peu
sûre
Source digne
de foi mais
risques
d’erreur et de
subjectivité
Source digne
de foi
Information inutile 12 12 12 1
Information utile à
l’occasion
12 12 12 1
Information intéressante 12 12 12 1
Information prioritaire et
importante
12 12 12 1
Fiabilité des informations trouvées sur les media sociaux – Christine DU Page 126
Yaëlle TEICHER, Responsable Social Media Galeries Lafayette
Dans mon travail, une information sur un produit est la combinaison de plusieurs avis
sur ce produit. Ces informations sont pour moi des arguments quand il s’agit de
définir les produits qui ont marché ou non et les raisons de leurs succès ou leurs
échecs, auprès des fournisseurs.
Mais un avis est par définition subjectif et dépend du contexte : le rendu de la couleur
d’un manteau proposée sur le site de vente dépend la luminosité de l’écran utilisé, la
taille perçu d’un vêtement dépend de la taille de l’écran au moment de l’achat.
Je dois donc relativiser les avis, qu’ils soient négatifs ou positifs.
Ensuite, certaines utilisatrices donnent leurs avis plus souvent que d’autres : cela ne
rend pas leurs avis plus légitimes à mes yeux. Car leurs avis peuvent n’être valables
que dans leurs conditions d’utilisations à elles et non celles de la majorité des
utilisatrices. Je n’assimile pas le long historique des avis d’une utilisatrice à un effet
d’expérience ou de légitimité.
De toute façon, le renouvellement des produits proposés à la vente par Galeries
Lafayette est trop rapide, important et concernant divers types de produits, que je n’ai
pas à prendre en compte la date de création d’un avis.
Source
suspecte et
subjective
Source peu
sûre
Source digne
de foi mais
risques
d’erreur et de
subjectivité
Source digne
de foi
Information inutile 5 5 11 12
Information utile à
l’occasion
12 9 5 1
Information intéressante 12 9 4 1
Information prioritaire et
importante
12 12 1 1
Fiabilité des informations trouvées sur les media sociaux – Christine DU Page 127
5. Recueil des arbres de décision lors des interviews
Fiabilité des informations trouvées sur les media sociaux – Christine DU Page 128
6. Détails des calculs pour obtenir la matrice d’évaluation de la valeur d’une
information, issue des interviews
Matrice d'Evaluation des informations trouvées sur les media sociaux (Somme)
Somme des notes attribuées pendant les entretiens. La consigne peut se résumer à
la question: Comment évaluez-vous les informations trouvées sur les media sociaux
selon ce tableau ? (de 1 Excellente à 12 Mauvaise)
Valeur
de la
source
Source suspecte et
subjective
Source peu sûre Source digne de
foi mais risques
d’erreur et de
subjectivité
Source digne
de foi
Valeur
de
l’informat
ion
Informati
on inutile
=12+12+12+12+12
+12+5
=12+10+12+12+12
+12+5
=6+8+6+12+6+
12+11
=1+1+3+12+1+
1+12
Informati
on utile à
l’occasio
n
=12+12+6+12+12+
12+12
=12+10+6+12+10+
12+9
=6+8+3+12+6+
12+5
=1+1+3+12+1+
1+1
Informati
on
intéressa
nte
=12+12+6+12+12+
12+12
=12+10+6+12+10+
12+9
=6+8+3+6+6+1
2+4
=1+1+1+1+1+1
+1
Informati
on
prioritair
e et
importan
te
=12+12+8+12+12+
12+12
=12+10+6+12+10+
12+12
=6+8+3+6+6+1
2+1
=1+1+1+1+1+1
+1
7 interviews réalisées: note de 7 (Excellente) à 84 (Très Mauvaise)
Fiabilité des informations trouvées sur les media sociaux – Christine DU Page 129
Matrice d'Evaluation des informations trouvées sur les media sociaux
(Moyenne)
Moyenne des notes attribuées pendant les entretiens. La consigne peut se résumer
à la question: Comment évaluez-vous les informations trouvées sur les media
sociaux selon ce tableau ? (de 1 Excellente à 12 Mauvaise)
Valeur de
la source
Source suspecte
et subjective
Source peu sûre Source digne
de foi mais
risques d’erreur
et de
subjectivité
Source digne
de foi
Valeur de
l’informatio
n
Informatio
n inutile
=MOYENNE
(12;12;12;12;12;12
;5)
=MOYENNE
(12;10;12;12;12;12
;5)
=MOYENNE
(6;8;6;12;6;12;1
1)
=MOYENNE
(1;1;3;12;1;1;1
2)
Informatio
n utile à
l’occasion
=MOYENNE
(12;12;6;12;12;12;
12)
=MOYENNE
(12;10;6;12;10;12;
9)
=MOYENNE
(6;8;3;12;6;12;5
)
=MOYENNE
(1;1;3;12;1;1;1
)
Informatio
n
intéressan
te
=MOYENNE
(12;12;6;12;12;12;
12)
=MOYENNE
(12;10;6;12;10;12;
9)
=MOYENNE
(6;8;3;6;6;12;4)
=MOYENNE
(1;1;1;1;1;1;1)
Informatio
n
prioritaire
et
importante
=MOYENNE
(12;12;8;12;12;12;
12)
=MOYENNE
(12;10;6;12;10;12;
12)
=MOYENNE
(6;8;3;6;6;12;1)
=MOYENNE
(1;1;1;1;1;1;1)
7 interviews réalisées: note de 1 (Excellente) à 12 (Très Mauvaise)