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    Article

    La thorie de lentrepreneur chez Jean-Baptiste Say et la tradition Cantillon-Knight Philippe SteinerL'Actualit conomique, vol. 73, n 4, 1997, p. 611-627.

    Pour citer cet article, utiliser l'information suivante :

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    L'Actualit conomique, Revue d'analyse conomique, vol. 73, n 4, dcembre 1997

    LA THORIE DE L'ENTREPRENEUR

    CHEZ JEAN-BAPTISTE SAY ET

    LA TRADITION CANTILLON-KNIGHT

    Philippe STEINER

    ENS

    Fontenay

    /Saint- Cloud et

    Universit de Paris - Dauphine

    Chaque grand homme exerce une force retardement : toute l'histoire cause de lui est

    reconsidre et des mill iers de secrets du pass se gl issent hors de leurs cachettes et

    s'exposent son soleil. On ne saurait prvoir tout ce qui un jour sera encore de l'histoire.

    Peut-tre le pass reste-t-il encore essentiellement voil. Tant de forces retardement sont

    encore ncessaires Nietzsche, Le Gai savoir (I, 34)

    INTRODUCTION

    Parmi les rares titres de gloire que Jean-Baptiste Say conserve par-devers lui,

    suite l'effondrement de sa renomm e aprs le XIX

    e

    sicle

    1

    , figure le fait qu'il

    est le seul, dans l'co le classique, mettre l'accent sur le rle dcisif de l'entre

    preneur. Autant on a pu dire que Say ne comprenait pas les enjeux thoriques

    des dbats (sur la rente, notamment) entre les conomistes anglais, autant on

    peut dire, suivant en cela J. Schumpeter (1954 : 556-557), que Say reste isol

    dans son insistance sur le rle de l'entrepreneur. Pour une fois, Say se trouve

    dans la position de n'avoir pas t suivi et peut-tre mm e pas com pris.

    Les infortunes de la position de Say ne s'arrtent pourtant pas l. Lorsqu'il

    est question de sa thorie de l'entrepreneur, on la rduit le plus souvent une

    conception de l'entrepreneur entendu comm e gestionnaire de la production. Dans

    ce cadre, l'entrepreneur a essentiellement pour tche de combiner au mieux les

    services producteurs qu'il loue sur les diffrents marchs

    2

    . Cette conception est

    1. Une premire version de ce texte a t prsente dans le cadre de laHistory of Economies

    Society

    (Babson Collge) puis au Sminaire d'Histoire de la Pense conomique du Pr. A. Lapidus

    (Paris). Il a bnfici des remarques et suggestions de diffrents participants et je remercie tout parti

    culirement Humberto Baretto, Gilbert Faccarello, Philippe Fontaine, Jean-Jacques Gislain, Bob

    Hbert et Andr Lapidus.

    2. Lorsqu'on ne nglige pas l'apport de Say comme c'est le cas de J. Schumpeter (191 1) ou

    de F. Knight (1921) c'est ce que l'on en retient

    {cf.

    R.F. Hbert et A.N. Link, 1988 ou H. Baretto,

    1989); l'exception majeure cette interprtation rductrice est fournie par G. Koolman (1971).

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    L'ACTUALIT CONOMIQUE

    alors en contraste prononc avec ce que Ton peut appeler la tradition Cantillon-

    Knight o l'entrepreneur est essentiellement dfini par rapport un tout autre

    problme, le problme de l'incertitude (R.F. Hbert et A.N. Link, 1988 : 22 et

    71-72;H. Baretto, 1989 : 33-34).

    L'objectif de cet article est de montrer que l'interprtation habituelle de la

    conception que Say propose de l'entrepreneur est incomplte car elle repose trop

    exclusivement sur l'tude de sa thorie de la production. Il convient, selon nous,

    de complter cette approche par l'tude de sa thorie de la rpartition o se trouvent

    de trs solides lments analytiques qui permettent de placer la conception de

    l'entrepreneur de Say dans la tradition Cantillon-Knight.

    1 . LA THORIE DE LA RPARTITION DE J . - B . SAY

    Say se veut un continuateur de l'oeuvre de Smith; cette position est notoire

    ment raffirme lorsque, aprs la mort de Ricardo, il s'oppose de plus en plus

    rsolument l'cole ricardienne. Mais, en mme temps, Say entretient un rap

    port critique Smith notamment lorsqu'il est question de la diffrence entre les

    profits de l'entrepreneur et les profits du capital; une note de Say sur son exem

    plaire de la

    Wealthof Nations

    l'indique : Smith

    s est

    jet dans un grand em barras

    faute d'avoir spar en deux parties ce qu'il appelle

    profitsdufonds.

    Il y a dans

    cette valeur deux lments qu'il a distingus ailleurs sans pousser cette distinc

    tion dans le reste de son ouvrage. Ces deux lments sont le profit de l industrie

    ou si l'on veut le salaire du travail et Vintrt du capital. Pourquoi vouloir

    chercher la valeur de l'un d'aprs la valeur de l'autre (Say dans Hashimoto,

    1980 : 71). La formulation que Say emploie dans la deuxime dition du Trait,

    lorsqu 'il est question de la thorie de la rpartition, gnralise la remarque initiale :

    Il (Smith) n'offre rien de complet, rien de bien li sur la manire dont les

    richesses se distribuent dans la socit, et je remarquerai que cette partie

    de l'conom ie po litique offrait un champ presque vierge dfricher (Say, 1814

    (I) Iv).

    Qu'en est-il plus prcisment de sa contribution dans ce domaine ? La pre

    mire ide tient dans la distinction entre les ressources (capital, industrie, terre)

    qui sont des stocks et les services producteurs tirs de ces ressources qui sont

    des flux. Chacun de ces services apparat sur un march particulier. Comme on

    peut distinguer, dans une premire approximation, trois marchs pour l'industrie

    (avec l'industrie du savant, celle de l'entrepreneur et celle de l'ouvrier), on a

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    LA THORIE DE L ENTREPRENEUR CHEZ JEAN-BAPTISTE SAY ET LA TRADITION... 613

    donc cinq marchs de services producteurs considrer. La deuxime ide tient

    au fait qu'un type thorique particulier, l'entrepreneur, est charg de faire le lien

    entre ces marchs

    3

    .

    Selon Say, et cela le particularise si on le rapporte Smith

    4

    ou, a fortiori,

    Ricardo, les prix des services sont fixs comme n'importe quel autre prix : Les

    raisons qui dterminent la valeur des choses, et qui agissent de la manire

    indique dans les chapitres prcdents, s'appliquent indiffremment toutes les

    choses qui ont une valeur, mme aux plus fugitives; elles s'appliquent par cons

    quent aux services productifs que rendent l'industrie, les capitaux et les terres

    dans l'acte de production (Say, 1814 (II) : 45, 3nl et

    IA )

    5

    .

    Say dcline ensuite

    cette thse gnrale en l'appliquant chacun des marchs de services. Il n'tudie

    pas, la manire de Walras, l'interaction existant entre les marchs pour former

    l'quilibre gnral de production; Say tudie ce qui lui semble tre les

    condi

    tions structurelles de Voffre et de la demande

    sur ces marchs et, ce titre, il

    s'apparente plutt Walras lorsque ce dernier considre plus particulirement le

    march du service foncier dans le cas d'une socit progressive.

    March des services des savants.

    Les profits que retirent les savants du ser

    vice qu'ils rendent la production sont faibles en raison de la relation struc

    turelle entre l'offre et la demande de tels services. Say aborde la question en

    termes d e diffusion des connaissances et non en termes de dcouverte : le savant

    met sur le march une offre de connaissances presque infinie en publiant ses

    dcouvertes sous forme de livre ou en les rendant publiques au travers de ses

    3.

    Dans son

    piom,

    Say met unilatralement l'accent sur la seule fonction de coordination

    des tches : Entrepreneurs d'industrie. Ils concourent la production en appliquant les connais

    sances acquises, le service des capitaux et celui des agents naturels, la confection des produits aux

    quels les hommes attachent une valeur (Say, 1819 (II) : 469). Et on comprend que cela ait pu

    orienter les commentateurs considrer seulement cet aspect des choses. Toutefois, dans le corps du

    texte, Say retient de nombreuses qualits ncessaires la fonction d'entrepreneur; celles-ci sont de

    deux ordres diffrents. On peut en ranger certaines sous le registre de la gestion de la production ( il

    s'agit de mettre enjeu quelquefois un trs grand nombre d'individus; il faut acheter ou faire acheter

    des matires premires, runir des ouvriers, chercher des consommateurs, avoir un esprit d'ordre et

    d'conomie ) et d'autres sous le registre de l'incertitude associe l'activit marchande ( juge

    ment, apprcier l'importance de telle production et le besoin qu'on en aura, obstacles surmonter,

    inquitudes vaincre ) (Say, 1814 (II): 75).

    4. Sans rentrer dans les dtails, la drive thorique de Say par rapport Smith s'explique de

    la manire suivante. Refusant la thorie des prix naturels, Say interprte les taux naturels des

    salaires, profits et rente - taux pour lesquels des lois particulires sont mises en avant par Smith -

    comme les dterminants des niveaux de l'offre et de la demande pour chacun des services correspon

    dants.Il retient seulement de Smith l'tape suivante la gravitation o rgnent les lois de l'offre et

    de la demande:et, ce moment-l, il se sent le vritable hritier de Smith.

    5. Les formulations qui se trouvent dans une note du

    Trait

    (1814 (II) : 72-73) o Say

    dclare que les principes qui rglent les profits du capital et ceux de l'entrepreneur sont diffrents ne

    doivent pas en imposer. Les principes dont il est question sont ceux qui dterminent les niveaux de

    l'offre et de la demande sur chaque march; ces principes ne se substituent pas, bien sr, aux lois de

    l'offre et de la demande, mais ils explicitent les particularits de ces marchs.

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    L'ACTUALIT CONOMIQUE

    enseignements. La demande de ces connaissances est bien moindre, en cons

    quence de quoi les profits conomiques du savant sont faibles (Say, 1814 (H) :

    70-71)

    6

    .

    March des services des entrepreneurs. Say insiste ici tout particulirement

    sur les causes qui expliquent le faible niveau de l'offre des services des entrepre

    neurs d'industrie et de commerce. Trois lments dfinissent la structure du

    march : premirement, n'tant p as ncessairement dtenteur de capital, l'entre

    preneur doit avoir le moyen de s'en procurer ce qui signifie qu' titre de deman

    deur des services des capitaux, il doit tre solvable et connu pour tel de la part

    des offreurs de capitaux

    (cf.

    P. Fontaine, 1993). Deuxim ement, les fonctions de

    l'entrepreneur en tant que gestionnaire de la production demandent que soient

    runies des capacits qui ne le sont que rarement chez un mme individu

    7

    . Enfin,

    la fonction d'entrepreneur est insparable d'un risque tel que les plus habiles

    peuvent y perdre honneur et fortune ibid, pp. 75-76). L'offre des services des

    entrepreneurs est d'autant plus faible que la nature de l'activit productive

    demande la runion de ces diffrentes conditions plus dans la manufacture et le

    comm erce, moins dans l'agriculture.

    March des services des ouvriers.Ils agitdu march du travail proprement

    parler et plus prcisment du march du travail dqualifi

    8

    . Les profits des ouvriers

    sont essentiellement dtermins par le fait que l'offre de service est toujours p ro

    portionne la demande qui en est faite

    ibid.,

    p . 79). L'argument em ploy est le

    suivant : le revenu ncessaire la subsistance tant pris comme rfrence, Say

    considre que toute hausse des profits ouvriers, en raison du manque de prvoyance

    qui caractrise cette classe, se traduit par un accroissement de la population

    ouvrire et donc de l'offre du service correspondant. Les entrepreneurs sont donc

    ici dans une position particulire puisque, par l'intermdiaire de la loi de popula

    tion, l'offre de ce service se proportionne - avec un temps de retard que Say

    nglige - la demande qu 'ils en font. Les profits ouvriers sont donc faibles.

    6. En compensation, le savant est pay en prestige; en effet, Say avance l'ide que l'honneur

    est une espce de salaire qui fait partie des profits d e certaines conditions (ibid.,p. 63).

    7. Bien que cet aspect ne soit pas au centre du problme tel que nous l'envisageons ici, Say

    y attache une grande importance. C'est un point sur lequel il insiste tout particulirement dans son

    enseignement au Conservatoire : Un des objets essentiels de ce cours, est de perfectionner la ges

    tion des entreprises industrielles (Say, 1828 : 157) et il poursuit : Qu'est-ce donc qui fait la

    dif-

    frence de succs entre une fabrique, un commerce qui prosprent et d'autres qui ne vont pas bien ?

    La diffrence dans la gestion, dans l'administration de la chose (...) Cela s'apprend par l'expr ience,

    dira-t-on, mais on n'acquiert l'exprience qu' ses dpens (...) L'conomie industrielle exprimen

    tale, telle que je me propose de l'exposer devant vous, n'est que le rsultat d'un grand nombre

    d'expriences, ranges suivant un ordre rgulier o l'on a cherch connatre, par le moyen de

    l'analyse, pourquoi telle cause a produit tel rsultat (ibid.,p. 158).

    8. Je dsigne ici, par le nom d'ouvrier, principalement celui qui travaille pour le compte

    d'un entrepreneur d'industrie (...). De plus je prviens que les ouvriers dont il est question dans ce

    paragraphe-ci sont ceux qui n'exigent point ou presque point d'tude (ibid.,p. 78nl).

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    LA THORIEDEL'ENTREPRENEURCHEZJEAN-BAPTISTE SAYET LATRADITION... 6 1 5

    March des services des capitaux.

    Pour comprendre ce qui se passe sur ce

    ma rch, Say dissocie deux choses : la prime d 'assurance que le capitaliste exige

    pour couvrir les risques de perte de son capital et le profit du capital correspon

    dant la rmunration des services rendus par ce service producteur

    ibid,

    p. 95);

    c'est de ce dernier dont il est question ici

    9

    . Il est clair que la prise en compte

    simultane des deux lments est essentielle dans le rapport qu'entretiennen t les

    entrepreneurs demandeurs de capitaux et les offreurs (les capitalistes) puisque

    ces deux lm ents reprsentent pour l'entrepreneur le prix effectif qu 'il paye pour

    disposer du service.

    Sur ce march, Say ne dfinit pas de situation structurelle gnralement valable;

    on trouve plutt une esquisse des nombreux lments concourant former

    l'offre et la demande sur ce march. La demande de capitaux dpend de la

    demande qui est faite des produits fabriqus avec l'aide de ces capitaux. Cette

    dernire demande dpend elle-mme de deux phnomnes : la demande agrge

    varie avec le niveau de la richesse et sa hausse se rpercute sur l'ensemble des

    secteurs la diffrence de ce qu'il en est de la demande s'adressant tel ou tel

    secteur. Avec la premire, une demande accrue de biens se traduit par une

    dem ande plus forte de capitaux; avec la seconde, une demande accrue d'un bien

    peut tre satisfaite par une rallocation des capitaux existant. L'offre de capitaux

    correspond aux capitaux actuellement disponibles qui cherchent tre prts.

    Cette offre dpend du degr de liquidit des capitaux existant et des motifs des

    capitalistes, c'est--dire de leur tat d'esprit vis--vis de la sret du placement,

    de l'honntet et de la rgularit de la politique conomique du gouvernement,

    de l'tat des moyens de communication

    10

    .

    March des services des terres.Sur ce march la demande de services drive

    de la demande de biens agricoles; l'offre est donne par la quantit de terres

    d'une certaine qualit existant sur le lieu. Ici, Say tient compte de la localisation,

    c'est--dire de la distance et des frais de transport affrents entre le lieu de pro

    duction et le march : Les produits auxquels le fonds de terre a concourru lui

    rendent un profit proportionn la part qu'il a eue la production, moins les

    frais qu'il a fallu faire pour porter ces produits au march, au lieu d'change.

    Quand cette dduction ne laisse rien pour le profit du terrain, le terrain n'a aucun

    profit

    ibid.,

    p. 126). Cela explique donc qu'il y ait des terres qui ne peuvent

    prtendre obtenir un profit pour le service qu'elles rendent et que seuls les pro

    pritaires peuvent employer. Lorsque le profit foncier existe, si l'on tient compte

    du prix des terres, il se trouve dans une relation dtermine avec le profit du capi

    tal : le taux de profit du capital est comparable au taux de profit foncier ou rente

    ibid.,

    p. 128).

    9. Le capitaliste qui prte le capital vend le service, le travail de son instrument; le prix

    journalier ou annuel qu'un entrepreneur lui en paie se nom me intrt. Les deux termes de l'change

    sont, d'une part, le service du capital, et d'autre part l'intrt (Say, 1820:454).

    10.

    Ce point est plus clairement labor dans le

    Cours

    complet( 1828-1829 (II)

    :

    70-71

    ).

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    616

    L'ACTUALIT CONOMIQUE

    Qu'en est-il maintenant des relations entre les divers marchs tudis spar

    me nt ? Le texte de Say renferme un problm e essentiel : quelles sont les relations

    entre les taux de rendement des diffrents services et, surtout, des diffrentes

    formes de capitaux ? Selon Say, il faut partir de l'ide que les ressources produc

    tives sont toutes caractrises par une absence, plus ou moins prononce, de

    mo bilit; cela signifie que la formation d'un taux de rendement unique, ou d'un e

    hirarchie stable de ces taux de rendement suivant l'ampleur des risques encourus

    et de la dure de l'immobilisation du capital, n'est pas un processus clairement

    dga g et tudi par Say. Il ne justifie gure cette prise de position, et il est diffi

    cile de penser qu'il s agit de sa part d'une vritable hypothse thorique; par

    ailleurs, il y a des remarques qui tendent faire penser que les possesseurs de

    ressources, notamment les dtenteurs de capitaux sous forme montaire, placent

    leurs capitaux en fonction du taux de rendement attendu pour un risque donn

    11

    ,

    mais cette perspective ne retient jamais vritablement son attention et il ne s'en

    empare pas pour faire progresser son analyse. Il se dfie constamment de ce

    genre d'ides eu gard l'usage qu'en fait Ricardo

    12

    et il met en avant l'imm obi

    lit relative des capitaux (1814 (II) : 109-110; 1826 : 403; 1828-1829

    (U )

    : 38,

    48, 68-71), l 'importance du jugement et de la perspicacit de l'entrepreneur

    (1814 (II) : 102; 1817 : 135-136; 1821 : 133; 1828-1829 (II) : 36) ou bien il

    insiste sur les contraintes qu'impose la continuit des oprations productives :

    Il y a des capitaux tellement engags dans certaines entreprises, particulirement

    dans les manufactures, que leurs entrepreneurs consentent souvent en perdre

    les intrts, sacrifier les profits de leur propre industrie, et continuent tra

    vailler uniquement pour soutenir l'entreprise jusqu' des temps plus favorables,

    et pour n'en pas perdre le fonds : d'autres fois ils craignent de perdre de bons

    ouvriers que la suspension de l'ouvrage forcerait se disperser (1820 : 484).

    Cet examen de la thorie de la rpartition dveloppe par Say montre bien la

    distance qui existe entre sa position et celle de Ricardo. Premirement, Say

    s'oppose l 'ide ricardienne selon laquelle chaque variable a un niveau de

    march qui gravite autour d'un niveau naturel et il construit sa problmatique en

    se basant sur les seules lois de l'offre et de la demande. La diffrence porte alors

    sur la dtermination des profits et sur la relation salaire-profit; il ne fait pas de

    11. Un capital qui ne rencontre pas dans une entreprise les avantages qu 'il trouverait

    ailleurs, cherche un autre emploi (ibid,p. 126); Toutes les fois qu'on achte une terre avec un

    capital, ou un capital avec une terre, on est appel comparer la rente de l'une avec la rente de

    l'autre

    (ibid.,

    p . 128; la rente signifie chez Say le taux du profit du service); Celui des deux qui se

    vendrait au-del de ses frais de production attirerait vers sa production une partie des producteurs qui

    s'occupent de l'autre, jusqu' ce que les services productifs fussent galement pays dans l'un et

    dans l'autre genre : c'est un effet dont on convient gnralement (Say, 1820:459).

    12. Ricardo soutient que tout emploi du capital est galement avantageux au pays parce que

    s'il y avait un emploi qui rapportait plus que les autres, tous les capitaux s'y prcipiteraient. Que les

    capitaux rapportent, tout balanc, des profits quivalents leur possesseur, cela pourrait tre vrai

    quoique fort contestable. Il est difficile de croire que les capitalistes qui ont (des) millions dposs en

    banque sans intrts en tirent un profit gal au profit qu'un entrepreneur comm e il y en aunimmense

    nombre, retire de son capital (Say,Mss,H

    :

    393;

    cf.

    aussi 1826

    :

    403; 1828-1829 (II)

    :

    68-71).

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    LA

    THORIE DE

    L'ENTREPRENEUR

    CHEZ

    JEAN-BAPTISTE SAY

    ET LA

    TRADITION... 6 1 7

    doute, dans l'esprit de Say, que l'antagonisme ricardien en la matire n'est pas

    recevable. Deuximement, sans disconvenir qu'une galisation des taux de ren

    dement entre les divers placements puisse avoir lieu, Say met plutt l'accent sur

    le fait de la disparit de ces taux. Troisimement, Say ne dgage rien de compa

    rable la dynamique grandiose que Ricardo contruit sur la base de sa thorie

    de la rpartition. Toutefois, cet examen montre que Say ne doit pas tre peru

    seulement comme un conomiste qui n'aurait pas compris Ricardo. Il est plus

    intressant de considrer Say comme un auteur qui s'attache rpondre cer

    taines questions qui ne sont pas celles de Ricardo. En d'autres termes, il faut

    maintenant examiner la faon dont Say dveloppe sa pense sur la thorie de la

    rpartition pour constater la place importante qu'y occupe l'entrepreneur.

    2 .

    LE RLE DE L'ENTREPRENEUR SELON LA THORIE DE LA RPARTITION

    Jusqu' prsent nous avons suivi Say sans mettre en question sa prsentation

    et nous avons donc fait comme si le march des entrepreneurs existait d'une

    faon non problmatique. Il faut aller plus loin maintenant dans la mesure o,

    pour que ce march existe, il faut pouvoir rpondre la question suivante : qui

    forme la dem ande sur ce march ?

    Conformment la rflexion de l'auteur, nous avons retenu l'ide selon

    laquelle l'entrepreneur joue le rle de demandeur sur le march des services en

    faisant face aux dtenteurs de ces services : les travailleurs, les savants, les capi

    talistes et les propritaires fonciers. Mais qui demande le service des entrepre

    neurs ? L'entrepre neur lui-mm e ne peut tenir la fois le rle d'offreur et de

    demandeur. Ce march existe-t-il alors ? Say n'est pas toujours prcis sur ce

    point; il arrive mme que certains textes passent sous silence le rle tenu par les

    forces du march dans la dtermination des profits des entrepreneurs

    13

    . Mais

    l'essentiel de l'argumentation peut tre maintenu si on opre une distinction

    entre le gestionnaire de la production et l'entrepreneur entendu comme un agent

    caractris par la vigilance et confront l'incertitude. Au moyen de cette dis

    tinction, prsente plusieurs reprises chez Say

    14

    , et soutenue par la structure

    thorique de son oeuvre, on peut maintenir l'ide d'un march des services de

    l'entrepreneur (gestionnaire de la production) : ce type de service est demand

    par l'entrepreneur proprement dit, et le prix du service est form selon les lois

    13.

    Le profit de l'entrepreneur au compte duquel l'opration a t faite, en faisant abstraction

    de l'intrt du capital qu'il peut y avoir employ, reprsente le salaire de son temps et de son talent,

    c'est--dire de ses propres services lui-mme (Say, 1820 : 450).

    14.

    Dans quelle classe mettez-vous les banquiers, les courtiers, les commissionnaires en

    marchandises, qui travaillent pour compte d'autrui ? dans la classe des entrepreneurs parce qu'ils

    exercent leurs fonctions par entreprise, se chargeant de trouver les moyens d'excution, et les

    employant leurs frais (Say, 1821 : 131). Un passage du

    Cours complet

    peut aussi tre rapproch

    de ce type d'analyse. Say explique que certains salaris - il prend le cas des commissionnaires (Say,

    1828-1829 (II)

    :

    44) - d'une manufacture peuvent tre considrs comm e des entrepreneurs. Dans un

    tel cas, se trouve dfini un march pour ses services si l'on distingue ces entrepreneurs de l'entrepre

    neur vigilant qui se trouve au point de dpart de l'entreprise(cf.LM. Kirzner, 1973).

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    9/18

    618

    L'ACTUALIT CONOMIQUE

    gnrales de l'offre et de la demande, sous la forme qu'elles adoptent sur ce

    march. Ce faisant, le problme du revenu de l'entrepreneur proprement dit

    apparat en pleine lumire. Cela permet de donner un sens aux trs intressantes

    propositions, ignores jusqu' prsent, qui placent sa conception de l'entrepre

    neur dans la ligne de ceux qui dfinissent l'entrepreneur par sa confrontation

    l'incertitude ainsi que l'affirme, avec une particulire nettet, le passage suivant

    du Catchisme : Quelle est la premire observation faire sur les revenus des

    entrepreneurs d'industrie ? Qu'ils sont toujours variables et incertains (...) (Say,

    1821 : 131).

    Pour s'avancer dans une telle direction, il faut prter attention au fait que Say

    dveloppe une distinction qui se rvle d'une grande importance en matire de

    thorie de la rpartition. Cette distinction trace une ligne de partage entre les

    revenus certains que les dtenteurs des ressources, par l 'intermdiaire d'une

    convention, obtiennent contre cession de leurs services et les profits que l'on

    retire, pour une priode dtermine, sur des marchs concurrentiels de la loca

    tion des services. Le prix du service est tabli selon les rapports entre la dem ande

    et l'offre

    15

    . Est-ce que pour autant l'entrepreneu r paye ces services ces prix-l ?

    Aussi curieux que cela puisse paratre la rponse de Say est ngative en raison

    de la distinction entre le prix des services et les revenus cds (salaires, intrt et

    fermage) : La portion de la valeur produite que retire de cette faon le propri

    taire foncier, s'appelle profits du fonds de terre; quelquefois il abandonne ce

    profit un fermier moyennant un fermage. La portion retire par le capitaliste,

    par celui qui fait les avances, quelques petites et quelques courtes qu'elles aient

    t,

    s'appelle profits du capital; quelquefois il prte son capital, et en abandonne

    le profit moyennant un intrt. La portion retire par les industrieux, se nomme

    les profits de l'industrie; quelquefois ils abandonnent ce profit moyennant un

    salaire (Say, 1814 (II) : 49). Examinons ce point un peu plus en dtail en nous

    appuyant, entre autre, sur un chapitre du Cours completdestin expliciter cette

    distinction.

    Dans ce dernier texte, aprs avoir repris la distinction introduite dans le

    Trait

    entre les revenus cds et les prix des services productifs, Say m arque une

    15. Say modifie assez sensiblement cette partie de son ouvrage suite aux discussions sur la

    thorie de la valeur avec Ricardo. On sait que la quatrime dition comporte des dveloppements

    importants sur la thorie des services producteurs o Say avance des formulations proches de

    celles de la thorie de l'imputation

    :

    C'est la valeur d'une multitude de produits balancs entre eux,

    qui fonde la valeur courante des services productifs, et ce n'est pas la valeur des services productifs

    qui fonde la valeur des produits, ainsi que l'ont avanc quelques auteurs; et comme c'est l'utilit du

    produit qui le fait rechercher, qui lui tablit une valeur, c'est la facult de pouvoir crer cette utilit

    qui fait rechercher les services productifs, qui leur tablit une valeur; valeur qui quivaut pour cha

    cun d'eux l'importance de sa coopration, et dont le total forme, pour chaque produit, ce qu'on

    appelle ses frais de production (Say, 1819 (II) : 9-10). Ces formulations sont leur tour trs pro

    fondment modifies dans la cinquime dition du Trait (Say, 1826 : 320-327), ainsi que dans le

    Cours complet. C'est la raison pour laquelle l'argumentation de S. Hollander (1985) ne nous parat

    pas recevable {cf. aussi T. Peach, 1993 : 263-267) lorsque, s'appuyant seulement sur la quatrime

    dition duTrait,il laisse entendre qu'il existe une thorie de l'imputation chez Say.

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    10/18

    LA THORIE DE L'ENfTREPRENEUR CHEZ JEAN-BAPTISTE SAY ET LA TRADITION... 6 1 9

    diffrence essentielle quant la nature de ces deux sortes de revenus : Celui

    qui fait ainsi l'acquisition des services productifs de la terre, du capital, ou de

    quelque autre facult personn elle d'un autre, en paie unprix fixe et conven u, qui

    forme pour le vendeur un revenu certain et dtermin; et un revenu incertain et

    variable pour l entrepreneur

    (Say, 1828-1829 (II) :

    27;

    je souligne). Il poursuit

    en accentuant le caractre d'incertitude associ la fonction d'entrepreneur :

    L'acqureur forfait d'u n revenu, prend donc son compte les chances favorables

    ou con traires qui peuvent rendre en ralit ce revenu plus ou m oins considrable

    (ibid.). Cette distinction est-elle purement formelle ou bien a-t-elle un contenu

    analytique prcis dans la thorie de Say ? On peut rpondre positivement sans

    hsitation.

    Comment sont dtermins les revenus cds ? Smantiquement, c'est sans

    doute dans le

    Trait

    que la prsentation est la plus claire car, lorsqu'il est ques

    tion des revenus cds, Say parle de convention entre le dtenteur du service et

    l'entrepreneur (Say, 1814 (II) : 89, 98). Mais quel que soit l'ouvrage pris en

    rfrence, le fond thorique reste le mme. Say marque la diffrence entre les

    deux sortes de revenu par le fait que les revenus cds ne sont pas seulement

    expliqus par le rapport entre l'offre et de la demande, car

    les rapports de force

    entre les agents

    interviennent aussi. Ce qui distingue le fonctionnement du

    march, bas sur les lois de l'offre et de la demande, et la formation de cette

    convention tient au fait que si la premire donne un cadre anonyme et gnral

    dans lequel la seconde va prendre place, la convention fait intervenir les rela

    tions de pouvoir dans la dtermination du montant des revenus cds. Chaque

    march (du travail, du capital et de la terre) est particulier sous ce registre;

    prenons l'exem ple du dernier d'entre eux. Le fermier, dit Say, se trouve dans une

    trs mauvaise position vis--vis du propritaire qui ne cherche pas exploiter

    lui-mme sa terre. En effet, le fermier-entrepreneur est le seul offrir un service

    qui ne soit pas relativement rare car il utilise des pratiques routinires plus que

    les autres entrepreneurs; par ailleurs, sur le march de la location des terres, il se

    trouve confront une ressource naturellement limite dont l 'offre ne peut

    s'accrotre. Finalement, dans la convention qui dtermine le fermage du propri

    taire, le fermier affronte une classe dont le pouvoir social est solidement implan

    t .

    Aussi, Say prend-il en compte ce rapport de force lorsqu'il tudie le fermage :

    Outre l'avantage que le propritaire tient de la nature des choses (Note de

    l'auteur : la quantit de terre est limite), il en tire un autre de sa position qui

    d'ordinaire lui donne sur le fermier l'ascendant d'une fortune plus grande, et

    quelquefois celui du crdit et des places (Say, 1814 (II) : 132). Le

    Cours com

    plet

    s'avance d'une manire plus rsolue dans ce sens : partout on a attribu

    des avantages sociaux la proprit des terres. Je ne parle pas des privilges

    pcuniaires attachs en certains pays la possession des terres n obles; mais de la

    prpondrance qui nat de l 'exercice de certaines fonctions, comme celles

    d'lecteurs et de dputs, ou d'administrateurs, ou djuges, prpondrance qui,

    dans le march qu'un propritaire passe avec un fermier, donne au premier un

    certain avantage pour stipuler les clauses qui lui sont avantageuses, ou pour faire

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    11/18

    620

    L'ACTUALIT CONOMIQUE

    dcider en sa faveur les litiges auxquels elles peuvent donner lieu (Say, 1828-

    1829 (II) : 118). La consquence conomique d'une telle situation est loin d'tre

    ngligeable : le propritaire occupe une position de monopole, dit Say, et le

    fermier-entrepreneur lui paye, titre de revenu certain (le fermage), l'intgralit

    du profit du service.

    La situation de cet entrepreneur-fermier est tout fait particulire, mais elle

    fait apparatre, par contraste, la position dans laquelle se trouvent les autres

    entrepreneurs (manufacturiers, ngociants, commerants) vis--vis des pos

    sesseurs de ressources qu i vendent leurs profits (incertains) contre un revenu cer

    tain. Dans les relations dbouchant sur la convention entre l'entrepreneur et le

    possesseur de la ressource, Say inverse le sens du rapport de pouvoir en arguant

    du fait que, de par sa position d'intermdiaire entre les marchs et de gestion

    naire de la production, l'entrepreneur possde des informations que les autres

    agents ne sont pas mme de runir. Ces informations lui permettent d'tablir

    au mieux de ses intrts les conventions qu'il passe : Il est bon de remarquer

    les autres avantages dont un chef d'entreprise, s'il est habile, peut tirer parti. Il

    est l'intermdiaire entre le capitaliste et le propritaire foncier, entre le savant et

    l'ouvrier, entre toutes les classes de producteurs, et entre ceux-ci et le consomm a

    teur. Il administre l'oe uvre de la production; il est le centre de plusieurs rapports;

    il profite de ce que les autres savent et de ce qu'ils ignorent, et de tous les avan

    tages accidentels de la production. C'est aussi dans cette classe de producteurs,

    quand les vnements secondent leur habilet, que s'acquirent presque toutes

    les grandes fortunes (1814

    (U )

    : 78). Si l'entrepreneur a bien calcul et si les

    vnements lui sont favorables, la diffrence entre les profits initialement incer

    tains et les revenus certains pays aux dtenteurs des services qui ne veulent pas

    affronter l'incertitude, forme le revenu spcifique de l'entrepreneur ce que l'on

    appelle maintenant,leprofit pur.

    La logique de la thorie de la rpartition de Say donne une rponse la question

    pose plus haut propos du march des services des entrepreneurs. En distin

    guant l'entrepreneur proprement dit de l'entrepreneur gestionnaire de la production,

    on explique la formation d'une demande et d'une offre dont le prix du service

    sera le rsultat. En faisant intervenir la distinction entre les revenus certains et

    les profits incertains, on a le moyen de rendre compte du profit pur qui revient

    l'entrepreneur proprement dit. La thorie de l'entrepreneur de Say peut main

    tenant prendre place dans la tradition Cantillon-Knight.

    3 .

    S AY ET LA TRADITION CANTILLON -KNIGHT

    La structure particulire de la thorie de la rpartition de Say claire d'une

    manire vritablement nouvelle sa conception de l'entrepreneur. Dans le cadre

    de la thorie de la production, l'entrepreneur est plutt prsent sous les traits

    d 'un gestionnaire avis qui combine au mieux les lments ncessaires

    l'accomplissement du processus de production. Cette fonction demeure dans le

    cadre de la rpartition, mais elle ne reprsente plus qu'une facette du personnage

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    LA THORIE DE L ENTREPRENEUR CHEZJEAN BAPTISTESAY ET LA TRADITION... 621

    qui est maintenant confront l'incertitude inhrente toute opration cono

    mique. En mettant en vidence ce trait de la thorie de Say, il est possible de le

    faire entrer dans la filiation qui, de R. Cantillon RH. Knight, place prcisment

    l'accent sur cet aspect des choses. Cette perspective demande tre brivement

    prcise en considrant d'abord le rapport de Say Cantillon, celui de Say

    Knight ensuite.

    Say fait peu de rfrences Cantillon, pour autant qu'il en fasse. Peut-tre

    connat-il son oeuvre par l 'intermdiaire de Smith, des physiocrates ou de

    Germain Garnier; quoi qu'il en soit, son intrt est faible pour ce domaine assez

    lointain de l'histoire de la science qui l'occupe

    16

    . Il est vrai que Say s'inscrit

    dans une perspective toute diffrente de celle de l'auteur de

    Y Essai sur la nature

    du com merce en gnral.

    Un sicle les spare, et quel sicle La structure sociale

    que dcrivent leurs thories diffre profondment : Cantillon conduit le raison

    nement en posant pour principe que les propritaires de terres sont seuls

    indpendants naturellement dans un tat; que tous les autres ordres sont dpen

    dants, soit com me entrepreneurs, ou comm e gages, et que le troc et la circula

    tion de l'tat se conduit par l'entremise de ces entrepreneurs (Cantillon, 1755 :

    73)

    17

    .Il en va diffremment chez Say : la structure sociale laquelle il pense, est

    celle o le march fournit chaque intervenant son indpendance vis--vis des

    propritaires fonciers, sinon vis--vis des propritaires des capitaux

    18

    . Sur un

    plan analytique, les diffrences ne sont pas moindres. Cantillon ne dveloppe

    pas une conception du profit facile faire entrer dans le cadre de la thorie

    conomique classique; il ne pose pas le problme de la coordination des

    dif-

    frents marchs

    19

    . Mme si Say utilise un vocabulaire qui peut surprendre et si,

    en comparaison des classiques anglais, il adopte une position originale, il appar

    tient une autre constellation thorique que celle de Cantillon : il isole les

    diverses catgories de revenus et indique les caractristiques marchandes parti

    culires qui concourent leur formation.

    16.

    Cantillon n'est mentionn ni dans les discours prliminaires des diffrentes ditions du

    Trait o Say brosse grands traits l'histoire de l'conomie politique moderne, ni dans l'appendice

    spcialement consacr l'histoire de l'conomie politique dans leCours com plet.

    17. On se reportera au travail de H. Vrin (1982 ) pour l'clairage qu'elle apporte sur l'e nv i

    ronnement culturel d'o sort la conceptualisation de Cantillon.

    18.

    Sa position change

    ce propos comme on le remarque en comparant les diffrentes ditions

    duTrait

    (P.

    Steiner, 1997).

    19.

    Voir les difficults d'ex gse s rencontres sur ce point par les commentateurs rcents

    (R. Prendergast, 1991; A. Brewer, 1993) et les conclusions prudentes - et justifies nous semble-t-il -

    de R. Prendergast, l'auteur qui s'avance le plus loin sur ce point.

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    622

    L'ACTUALIT CONOMIQUE

    Le rappel de diffrences videntes sparant les deux thories rend d'autant

    plus singulier le fait qu'elles se rejoignent sur un point central pour notre

    propos

    20

    . Cantillon tient une part de son originalit du fait que l'entrepreneur est

    dfini par l'incertitude, c'est--dire par le fait qu'il ne peut prvoir les tats

    futurs des marchs

    21

    et par la distinction associe entre des cots certains et des

    revenus incertains

    22

    . Cette perspective disparat compltement dans l'oeuvre de

    Quesnay ou de Turgot, com me dans les autres courants de la pense conom ique

    de la fin du XVIII

    e

    sicle

    23

    ; pourtant les deux caractristiques de l'entrepreneur

    de Cantillon se retrouvent chez Say parmi l'ensemble des traits dfinissant la

    fonction remplie par l'entrepreneur.

    Knight, de son ct, fait trs peu de rfrences Say, alors que la traduction

    du

    Trait

    est largement diffuse aux tats-Unis tout au long du XIX

    e

    sicle. L

    encore, il est vident qu'il existe une grande distance entre les deux auteurs - un

    autre sicle les spare. Knight se trouve plac dans une conjoncture thorique et

    un tat du dveloppement conomique diffrents de ceux de Say. Sur le premier

    point, Knight fait clairement entendre qu'il choisit une voie privilgiant la thorie

    24

    et, ainsi, il adopte une problmatique qui s oppose celle que Say prsente en

    20. On peut aussi relever que Say, comm e Cantillon, mais pour d'autres raisons que lui, met

    en valeur le caractre dcisif de la demande lorsqu'il

    s agit

    de dfinir la structure de la production.

    C est,par exemple, le cas dans le passage suivant: Les besoins des consommateurs dterminent en

    tout pays les crations des producteurs. Le produit dont le besoin se fait le plus sentir, est le plus

    demand; le plus demand fournit l'industrie, aux capitaux et aux terres de plus gros profits, qui

    dterminent l'emploi de ces moyens de production vers la cration de ce produit (Say, 1819 (II)

    :

    217).

    21. Le fermier est un entrepreneur qui promet de payer au propritaire, pour sa ferme ou

    terre, une somme fixe d'argent, sans avoir de certitude de l'avantage qu'il tirera de cette entreprise. Il

    emploie une partie de cette terre nourrir des troupeaux, produire du grain, du vin, des foins, etc.

    suivant ses ides, sans pouvoir prvoir laquelle des espces de ces denres rapportera le meilleur

    prix. Ce prix des denres dpendra en partie des saisons et en partie de la consommation; s'il y a

    abondance de bl par rapport la consommation, il sera vil prix, s'il y a raret, il sera cher. Qui est

    celui qui peutprvoir le nombre des naissances et morts des habitants d'un tat, dans le courant de

    l'anne ? Qui peutprvoir l'augmentation ou la diminution de dpense qui peut survenir dans les

    familles ? Cependant le prix des denres du fermier dpend naturellement de ces vnements qu'il ne

    sauraitprvoir, et par consquent il conduit l'entreprise de sa ferme avec incertitude

    (ibid,

    pp.59 61 ;

    je souligne).

    22. (...) ils en donnent un prix certain suivant celui du lieu o ils achtent, pour les revendre

    en gros ou en dtail un prix incertain (ibid.,p. 53).

    23.

    titre de curiosit, on peut mentionner le dbat suscit dans leJournaldeCommerceen

    1760 lorsqu'est pose la question: Est-il licite,etjusqu'o est-il licite dans le commerce, de profi

    ter des avis particuliers qu'on peut avoir ? . L'une des rponses distingue le commerant ordinaire,

    routinier du grand ngociant qui l'intelligenc e, l'assiduit et au got, joint de plus cette sagacit

    rare, ce talent heureux d'apercevoir promptement la liaison des choses, de prvoir avec une sorte de

    certitude les suites des vnements et de combiner exactement les probabilits de succs (mai 1760 :

    140).

    Et l'auteur indique que s'il est licite d'utiliser un avis particulier lorsqu'on reste dans le cadre

    d unespculation, car toute spculation sur des probabilits suppose de la contingence dans le suc

    cs (ibid.,p. 145), teln estplus le cas si le gain devient certain grce l'avis particulier.

    24.

    (...) its object is

    refinement,

    not recon struction; it is a study in pure theory . The

    motive back of its prsentation is

    twofold.

    In the first place, the writer ch erishes, intheface ofthe

    pragmatic, philistine tendencies ofthe prsent

    ge,

    especially caracteristic ofthe

    thought

    ofour own

    country, the hope thatcareful,rigorousthinkingin the field of social problems does after ail hve

    some significance for humanw eal and woe (Knight, 1921

    :

    vii).

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    LA THORIE DE L ENTREPRENEUR CHEZ JEAN-BAPTISTE SAY ET LA TRADITION... 62 3

    opposition celle de Ricardo; si on considre la mthode effective mise en oeuvre,

    alors la diffrence est beaucoup moins nette, car Say est souvent aussi dductif

    que Ricardo. Sur le second point, un mme phnomne de rapprochement-

    distanciation est perceptible. La structure industrielle telle que la pensait T

    co

    nom iste franais, ds 1803, est caractrise par le mo dle anglais o s'effectue

    une production de

    mmet

    . Cela dnote une vision trs claire de la produc

    tion standardise qui domine le dbut du XX

    e

    sicle; toutefois, les problmes de

    la grande industrie prennent une dimension q u'ils ne pouvaient avoir au dbut du

    XIX

    e

    sicle et que Say n 'a nullement prvue et encore moins tudie

    25

    .

    Ce mlange de diffrences et de rapprochements se retrouve au niveau de

    l'analyse conomique. Knight se propose d'isoler le profit pur, reu indpen

    dam men t de toute rmunration d'un service producteur; cette occasion, il met

    l'accent sur une diffrence cruciale entre le risque et l'incertitude, diffrence qui

    renvoie au problme pos par le rapport des connaissances la disposition des

    agents conomiques etl tatde l'cono m ie, prsent et futur

    26

    . Ce faisant, Knight

    reprend des distinctions qui se trouvent dj chez Say ainsi que l'tude de sa

    thorie de la rpartition l'a montr plus haut :

    c est

    le cas lorsque Knight carac

    trise l'entrepreneur comme l'agent qui affronte l'incertitude, la diffrence des

    fournisseurs de services producteurs, et qui peroit en consquence un revenu

    incertain alors que les autres agents cdent leurs services producteurs contre un

    revenu certain (Knight, 1921 : 244-245, 271); lorsqu'il souligne la diffrence

    entre la somme des prix des facteurs et le prix du produit ibid., p. 277) ou bien

    lorsqu'il caractrise l'entrepreneur par le jugement

    ibid.,

    p. 211). Il est seule

    ment curieux de constater que Knight ne fait pas de rfrence prcise tous ces

    points chez Say

    27

    .

    25.

    Ain si, le problme de l'entrepreneur dans la grande industrie qui occupe un chapitre

    entier chez Knight est quasi absent chez Say. Une des rares occurences de ce problme se trouve

    dans un texte de Say consacr une compagnie pour l'approvisionnement en grains de la capitale

    propose par le

    financier

    Ternaux. cette occasion, Say indique qu'un grave problme tient au choix

    des administrateurs. Le fait de prvoir qu'un sixime des profits sert aux frais de gestion et la

    rmunration des administrateurs est une bonne chose car outre le fait que ces frais sont plafonns,

    les administrateurs sont intresss l'accroissement des profits qui, dans une proportion des trois

    quart, restent destins aux actionnaires (Say, 1818:44-45).

    26.

    With th eintroductionofuncertainty- thefact ofignorancea nd necessity ofacting u pon

    opinion rather

    than

    know ledge - into this

    Eden Like

    situation, its character are com pletelychanged.

    Withuncertainty

    absent,

    man's nergies are devoted altogether to doing things(...) Withuncertainty

    prsent(...) theprimaryproblemorfunction is deciding what to do andhowto do it (Knight, 1921 :

    268).

    La prsentation, trs lmentaire, que nous faisons ici n 'empche pas de relever que le texte de

    Knight est soumis des interprtations diffrentes quant l'opposition entre le risque et l'incertitude.

    ce propos, l'interprtation de R.N. Langlois et M.M. Cosgel (1993) est trs intressante lorsqu'ils

    contournent la question incertitude mesurable / non mesurable (ou probabilit subjective / objective)

    pour mettre l'accent sur le fait que, selon Knight, le jugement de l'entrepreneur porte d'abord sur la

    dfinition des situations possib les, et seulement ensuite, la formation d'un jugement sur les proba

    bilits affrentes ces situations.

    27.

    Les renvois Say sont assez superficiels dans l'ouvrage de Knight. Par exemple, lorsque

    Knight (1921 : 25) mentionne la conception du profit dveloppe par J.G. Courcelle-Seneuil, il ne

    relve pas le fait que ce dernier fonde exp licitement ses ides sur celles de Say en citant un extrait du

    Traito apparat la distinction entre revenus certains et incertains (J.G. C ourcelle-Seneuil 1852:455).

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    624

    L'ACTUALIT CONOMIQUE

    Malgr tous ces rapprochements et malgr les remarques intressantes sur la

    nature des incertitudes auxquelles est confront l'entrepreneur selon Say

    28

    , il

    semble raisonnable de penser que l'conomiste franais ne

    s est

    pas avanc

    exactement ainsi que Knight a t amen le faire un sicle aprs lui. Deux

    dif-

    frences marquantes doivent tre soulignes ce point : premirement, Say

    n'introduit pas comme Knight (1921 : 267-268) la diffrence dcisive entre la

    pure coordination de l'activit en univers certain et la prise de dcision en

    univers incertain; l'entrepreneur de Say est encore associ ces deux niveaux

    considrs comme deux aspects qualitativement identiques dans la dfinition de

    l'entrepreneur. Deuximement, lorsque Say explique que l'entrepreneur doit

    avoir du jugement, le rapprochement avec Knight ne doit pas masquer le fait que

    Say en a une dfinition plus gnrale, plus vague que celle de l'conomiste

    amricain d'une part

    29

    , mais surtout qu'il n'y a pas chez Say de dveloppements

    correspondant l'ide de Knight selon laquelle, dans la grande industrie, l'entre

    preneur exerce son jugement propos du jugement dont sont susceptibles de

    faire preuve les personnes agissant sous sa direction (Knight, 1921 : 287-290).

    CONCLUSION

    Say doit dsormais prendre sa place dans la tradition thorique qui, de

    Cantillon Knight, met l'accent sur la relation de l'entrepreneur l'incertitude.

    S'il reprend l'opposition de Cantillon entre les revenus certains et les revenus

    incertains, il l'introduit dans un cadre thorique nouveau o les prix des services

    sont dtermins par le march et o l'entrepreneur relie ces marchs entre eux.

    Par ailleurs, Say s'loigne de la perspective de Cantillon, puisque l'indpen

    dance lui parat assure pour l'entrepreneur - hors le cas un peu spcial de l'entre

    preneur agricole - et que, dsormais, s'il y a de la suprmatie conomique et

    sociale, c'est celle de l'entrepreneur avec tous les dangers que cela peut prsen

    ter pour le fonctionnement d'une conomie de march

    30

    . Ces caractristiques

    thoriques rapprochent Say des dveloppements de Knight de mme que la dis

    tinction entre ce qui ressortit au risque (assurable) et ce qui lui chapp e.

    28. Nou s pensons essentiellemen t au fait qu' l'occasion , Say distingue entre deux sortes

    d'incertitude. Il y a d'une part une incertitude calculable : c'est le cas de la relation entre le capita

    liste et l'entrepreneur o ce dernier paye au premier une prime d'assurance plus ou moins forte sui

    vant lerisqueque comporte l'opration; c'est aussi le cas desrisquesencourus par l'entrepreneur qui

    les assume grce sa prvoyance. D'autre part, il y a des risques pour lesquels l'entrepreneur

    affronte une incertitude radicale : enfin il ne faut pas croire que dans les entreprises industrielles,

    tous les lments de succs et de revers soient apprciables par des chiffres. On peut tre second ou

    entrav par des circonstances qui ne tiennent point de l'intrt, qui sont au-dessus du pouvoir humain

    et de toute prvoyance (MM,(H) : 393;cf .aussi 1814 (H):118).

    29. Dans l'ouvrage que Say - moraliste la Chamfort - consacre au comportement humain,

    le jugement est dfini comme la capacit se conduire avec sagesse et par opposition aux prjugs

    (Say, 1817 : 51-52, 94-95); il n'y a pas chez lui d'opposition tranche entre savoir et jugement

    comme chez Knight : Weact upon estimtes ratherthan inferences, upon

    judgement

    or

    intui-

    tion , not reasoningforthe mostpart (Knight, 1921:223;cf. aussi p. 211).

    30 . Nous avons plus longuement dvelopp ce point dans une autre contribution (P. Steiner,

    1997).

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    LA THORIE DE L'ENTREPRENEUR CHEZ JEAN-BAPTISTE SAY ET LA TRADITION... 6 2 5

    Les considrations qui donnent une place Say dans la filiation Cantillon-

    Knight, ont aussi soulign l'existence de diffrences irrductibles entre les struc

    tures thoriques dans lesquelles prennent place les rflexions sur l'entrepreneur

    des trois auteurs. Il serait vain de vouloir les rapprocher en faisant fi de l'cart

    que creusent les sicles, avec l'volution des structures de l'conomie d'une part,

    avec l'volution des questions thoriques d'autre part. Et pourtant Personne ne

    peut s'empcher de considrer avec un merveillement ml de perplexit cette

    filiation entre trois conomistes sur deux sicles, de telle manire qu'ils con

    tribuent, chacun sa manire, crer un courant continu o se forment et se

    dforment les lments du problme constitu par l'existence d'un agent parti

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