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JOURNAL D’INFORMATION DES ENTRAÎNEURS N O 46 MAI 2010 Editorial: Succès soudain Philosophes du football Organiser «l’équipe derrière l’équipe» Apprendre à lire le jeu Football pour équipes nationales: L’identité nationale au cœur des débats

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JOU RNAL D’ I N FORMATIONDES ENTRAÎN EU RS

NO 46MAI 2010

Editorial:Succès soudain

Philosophesdu football

Organiser «l’équipe derrièrel’équipe»

Apprendreà lire le jeu

Football pour équipesnationales:L’identité nationale au cœurdes débats

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I M P R E S S U MRÉDACTIONAndy RoxburghGraham Turner

PRODUCTIONAndré VieliDominique MaurerAtema Communication SAImprimé par Artgraphic Cavin SA

REMERCIEMENTSHélène Fors

COUVERTURELe tour final de la Coupe du monde débutera le 11 juin enAfrique du Sud. Marcello Lippi et l’Italie tenteront d’y défendre le titre conquis en 2006 en Allemagne.(Photo: Getty Images)

Sous la conduite de Pep Guardiola, le FC Barcelone a tout conquis la saison passée.

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SUCCÈS SOUDAINE D I T O R I A LPAR ANDY ROXBURGH,DIRECTEUR TECHNIQUE DE L’UEFA

En 1988, Gladys Knight, impératrice de la musique soul, chantait «Overnightsuccess, stars are on the rise». Elle nefaisait pas référence à José Mourinho nià Pep Guardiola. A l’époque, le premierétait un jeune étudiant suivant un cours pour entraîneurs en Ecosse et le deuxième faisait partie de l’effectifdes M17 de l’académie de football duFC Barcelone, le centre de formation«La Masía». Mais peut-être que les paroles de la chanteuse annonçaientles succès à venir.

José Mourinho a étudié le football dèsson plus jeune âge. Il a d’ailleurs décla-ré un jour: «Ma formation d’entraîneur a été très complète.» Il faisait référencepar là aux nombreuses étapes de sonparcours. Issu d’une famille de footbal-leurs – son père étant déjà joueur etentraîneur professionnel –, il a suiviune formation en éducation physiqueet une formation d’entraîneur avant deréaliser une expérience professionnellefantastique, d’abord en tant qu’entraî-neur adjoint au Sporting Clube, au FC Porto et au FC Barcelone (où BobbyRobson et Louis van Gaal ont été sesmentors), puis en tant qu’entraîneurprincipal au SL Benfica et à l’UD Leiria.A 39 ans, sur la base de son savoir-faire footballistique et de ses connais-sances méthodologiques de l’entraîne-ment, il a pris les rênes du FC Porto.Lors de ses deux premières saisons à la tête des Dragons, il a remporté laLiga portugaise à deux reprises, la coupe nationale, la Coupe UEFA et la Ligue des champions de l’UEFA. Le succès a été soudain, mais il résulted’années d’expérience et de travail.

De son côté, Pep Guardiola, qui a rejoint le FC Barcelone à l’âge de 13ans et a vécu ses premiers matches européens en tant que ramasseur deballon au Camp Nou, a été remarquépar Johan Cruyff dans l’équipe junior et est rapidement devenu le milieu deterrain charnière du «Dream Team» duBarça. Au cours de son illustre carrièrede joueur, le milieu central a remporté

la Liga espagnole à six reprises, la Coupedes vainqueurs de coupe européenne,la Coupe des clubs champions euro-péens et une médaille d’or olympiquepour son pays en 1992 à Barcelone.Entre 1992 et 2001, il a endossé lemaillot national à 47 reprises et a étédirigé par trois des plus grands entraî-neurs européens, à savoir Johan Cruyff,Bobby Robson et Louis van Gaal. Aprèsune bonne saison en tant qu’entraîneurde l’équipe B du Barça, le jeune hom-me, qui, à part quelques années à l’é-tranger, a été immergé dans la culturedu club catalan pendant plus de 20 ans,a repris le poste d’entraîneur de la pre-mière équipe. En 2009, lors de sa pre-mière année d’exercice, il a remportétous les titres possibles: championnatespagnol, Coupe et Super Couped’Espagne, Ligue des champions etSuper Coupe de l’UEFA. La Coupe dumonde des clubs a été la cerise sur legâteau et la confirmation que Pep Guar-diola est l’incarnation du succès immé-diat, bien que sa formation de leader entant que capitaine puis en tant qu’en-traîneur du FC Barcelone ait commencéen 1984, lorsqu’il a rejoint le club autout début de son adolescence.

Du point de vue de la formation desentraîneurs, nous pouvons tirer deux leçons de ces réussites. Premièrement,que les voies qui mènent au sommetde la carrière d’entraîneur peuvent êtretrès différentes. Les chemins de JoséMourinho et de Pep Guardiola se sontbrièvement croisés au Barça à la fin desannées 1990, mais leur parcours et leurformation footballistiques n’ont pas

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grand-chose en commun. La formationd’un entraîneur consiste donc à savoirgérer des individus et à en tirer lemeilleur. Il ne s’agit pas d’apprendremachinalement des notions et d’appli-quer un modèle unique. Deuxième-ment, les talents d’entraîneur se déve-loppent à partir d’une combinaison dedifférents facteurs: l’expérience profes-sionnelle, l’aide de mentors, la gestiond’équipes non-élite, le perfectionnementindividuel, une vie consacrée entière-ment au football et des programmesd’entraînement bien structurés. Deuxiè-me leçon: le programme d’entraîne-ment n’est peut-être qu’une partie del’équation, mais des cours bien conçus,basés sur la réalité et assortis de forma-tions individuelles peuvent aider lescandidats à améliorer leurs compéten-ces d’entraîneur et à trouver leur stylede leadership.

Pep Guardiola et José Mourinho ont accompli une longue route avant deconnaître un succès subit. L’entraîneurportugais a très bien résumé ce point:«C’est le parcours effectué par chacunde nous qui nous a conduit à cette vic-toire finale. Et c’est ce parcours, dans sa totalité, qui fait de nous des cham -pions.» Dans les accents soul de sa voix,Gladys Knight fait écho à cette déclara-tion en chantant: «Overnight success, I know it doesn’t happen overnight.» La route menant un entraîneur à la gloire est faite de dévouement, d’expé-riences et d’apprentissages. Le talent de certains entraîneurs, comme JoséMonrinho et Pep Guardiola, a simple-ment éclaté plus vite.

José Mourinho lors d’une séance d’entraînement de l’Internazionale.

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DEPUIS PLUS DE DIX ANS, L’UEFA BÉNÉFICIE DU SOUTIEN DE NOMBREUX ENTRAÎNEURS DE RENOM.

ILS ONT CONTRIBUÉ AU TECHNICIAN (DEPUIS 1997), AUX RAPPORTS TECHNIQUES ET AU FORUM DES

ENTRAÎNEURS DES CLUBS D’ÉLITE (DEPUIS 1999) PAR LEURS COMMENTAIRES, LEURS INTERVIEWS

ET LEURS IDÉES. DANS CETTE CHRONIQUE SPÉCIALE, CERTAINES DÉCLARATIONS MARQUANTES DE CES

ENTRAÎNEURS D’ÉLITE SONT MISES À L’HONNEUR, ASSORTIES DE COMMENTAIRES DU TECHNICIAN.

NOTRE SÉLECTION, FAITE PRATIQUEMENT AU HASARD, PRÉSENTE DES HOMMES À LA PENSÉE CRÉATIVE

ET AUX ACTIONS COURONNÉES DE SUCCÈS, QUI FIGURENT PARMI LES

PHILOSOPHESDU FOOTBALL

Alex Ferguson oriente le jeu vers l’attaque.

ARSÈNE WENGER ENTOURÉ

D’ANDY ROXBURGH

ET DE GÉRARD HOULLIER

À UN FORUM DES

ENTRAÎNEURS DE L’UEFA.

Arsène Wenger,(finaliste de la Ligue des champions del’UEFA, de la Coupe des vainqueurs decoupe européenne et de la Coupe UEFA,et vainqueur de championnats, coupes et super coupes en France, au Japon et en Angleterre)«Vous devez aimer le jeu et avoir lavolonté de partager avec les joueursun certain style de vie et une visiondu football.»Technician: Cette citation suscite toutessortes de réflexions sur le degré d’engage-ment qui doit accompagner l’amour dujeu, sur les sacrifices qui sont attendus del’entraîneur, sur l’importance qu’il ait unevision claire du type de football qu’il attendde son équipe, et sur les qualités en matière de management et de leadershipqui lui permettent de mettre en œuvrecette vision. En outre, l’aspect du «partage»souligne la nécessité de transmettre sa vision du football et son style de vie auxjoueurs et à l’équipe derrière l’équipe. Arsène Wenger est l’un des philosophes du jeu les plus stimulants, qui fait régulière-ment des commentaires engendrant uneréflexion profonde. Par exemple, son obser-vation «Le visage de l’entraîneur reflète la santé de l’équipe» n’exprimepas simplement une opinion qui se vérifiesouvent dans les images télévisées, maisrenvoie à la nécessité pour le technicien

de surveiller son langage corporel afin de transmettre des messages positifs auxjoueurs, aux dirigeants et au public par l’intermédiaire des médias.

Alex Ferguson(vainqueur du championnat et de la coupe d’Ecosse ainsi que de la Coupe desvainqueurs de coupe avec Aberdeen FC, et vainqueur de presque toutes les compé-titions avec Manchester United depuis novembre 1986, y compris deux titres enLigue des champions de l’UEFA) «Choisir une formation avec des arrières latéraux offensifs aux côtésde trois défenseurs centraux est une option offensive beaucoupmoins agressive que d’avoir recoursà des ailiers.»Technician: Cette citation illustre la façondont Alex Ferguson a constitué des équipesqui reflètent la volonté d’un club de prati-quer un football offensif attractif qui ne soitpas basé uniquement sur les ailiers maisaussi sur les débordements d’arrières laté-raux audacieux. Il ne s’agit pas là d’une sim-ple approche structurelle. C’est une philo-sophie qui répond au désir des supporterset à la passion pour le football qui anime le club. La nécessité de véhiculer les bonsmessages dans les vestiaires et sur le ter-rain d’entraînement est joliment expriméepar cette autre conviction d’Alex Ferguson:

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Giovanni Trapattoni applaudit ses joueurs à la fin d’un match.

RAFAEL BENITEZ

AVEC L’UN DE SES

JOUEURS CLÉS

À LIVERPOOL,

STEVEN GERRARD.

«La motivation, la soif de gagner et lapassion doivent être en vous, car lesjoueurs doivent s’apercevoir que vousen voulez.»

Louis van Gaal (vainqueur de la Coupe UEFA, de la SuperCoupe de l’UEFA et de la Ligue des cham -pions avec l’AFC Ajax, et vainqueur dechampionnats, de coupes et de super coupesaux Pays-Bas et en Espagne)«Je ne pense pas qu’il soit juste de juger les entraîneurs uniquement sur les résultats. Il faut observer comment ils travaillent, étudier leurphilosophie et évaluer leurs relationsavec les joueurs.»Technician: Louis van Gaal, habitué à allerdroit au but, met le doigt sur le problème, etun problème de taille pour les entraîneurs.Dans un club, il était sur le point de prendrela porte lorsque les joueurs lui ont publique-ment demandé de rester. Leur désir futexaucé et récompensé par une victoire enchampionnat. Mais le sort n’est pas toujoursjuste concernant le travail accompli ou lestentatives d’implanter une nouvelle concep-tion ne sont pas toujours récompensées. Malheureusement, la majorité des entraî-neurs sont effectivement jugés uniquementsur les résultats et même, dans de nom -breux cas, sur les résultats immédiats plutôtque sur leur performance ou leur contri -bution à l’intérêt du jeu.

Rafael Benítez (vainqueur de la Coupe UEFA avec Valence, de la Ligue des champions de l’UEFA avec Liverpool et de titres nationauxavec les deux clubs)«Je ne cesse jamais de remettre enquestion l’acquis, de chercher de nouvelles solutions et d’examiner denouvelles procédures.»Technician: Cette brève déclaration souli-gne l’un des aspects essentiels du métierd’entraîneur. Rafael Benítez exprime la nécessité pour tout technicien d’avoir l’esprittoujours en éveil, d’être curieux, de remettreen question des facettes du métier qui semblent aller de soi, et de chercher denouvelles solutions aux problèmes habituels.En d’autres termes, son commentaire décritbrièvement la fonction d’entraîneur commeun processus d’apprentissage constant et uneprofession dans laquelle le plus grand dangerest d’avoir l’impression de tout savoir.

Giovanni Trapattoni (vainqueur de toutes les compétitions inter-nationales avec la Juventus, vainqueur deschampionnats italien [à sept reprises], autri-chien, portugais et allemand, et entraîneurdes équipes nationales d’Italie et, actuelle-ment, de République d’Irlande)«En tant qu’entraîneur de clubs, j’étais un sculpteur. Avec l’équipe nationale, je suis un mixeur.»Technician: Cette citation, qui reflète admi-rablement le langage haut en couleur deGiovanni Trapattoni, met en évidence les différences entre la fonction d’entraîneur de club et celle d’entraîneur d’une équipe nationale. Le travail quotidien du sculpteurconsiste à donner forme à un bloc de pierreou à une pièce de métal pour en faire uneœuvre d’art. En d’autres termes, il s’agit, d’une part, de concevoir et de construireune équipe et, d’autre part, de développerles joueurs qui la composent. Quant aumixeur, une fois les ingrédients sélectionnés,il suffit de presser sur le bouton pour prépa-rer le mélange. Le sélectionneur nationaldoit être capable de constituer rapidementet astucieusement une équipe qui soit enmesure de produire de bonnes performan-ces au meilleur niveau. Son succès pendantune compétition de qualification impliqueun brusque changement de scénario car il s’agit pour lui de constituer un groupepour une longue période de cohabitation àla fin d’une saison interclubs éprouvante. Le mixeur se trouve alors en présence d’unmélange très différent.

Rinus Michels (champion d’Europe avec Ajax et avec l’équipe des Pays-Bas et vainqueur dechampionnats et de coupes aux Pays-Bas,en Espagne et en Allemagne)«Ceux qui étaient concentrés sur les meilleurs résultats plutôt que sur le meilleur football étaient moins vulnérables que les autres.»Technician: Cette déclaration de Rinus Michels, entraîneur emblématique, est uneanalyse typique des ingrédients de la victoi-re. Elle se base sur des éléments factuels:les équipes adoptant une approche pragma-tique et fonctionnelle sont moins vulnéra-bles. Mais la véritable conviction de RinusMichels était que les équipes en mesure deremporter des titres étaient celles qui étaient prêtes à prendre l’initiative, quitte à courir

des risques. Il a toujours soutenu que lesstratégies défensives permettaient parfoisde remporter des matches mais qu’ellesmenaient rarement au titre. Il a égalementinsisté sur l’importance d’instaurer une dynamique positive au sein du groupe etsur la valeur des qualités de leadership pourles relations au sein de l’équipe et avec l’entraîneur. «Si vous avez un leader,les autres s’adaptent.»

Carlos Alberto Parreira (après avoir disputé le tour final de la Coupe du monde avec quatre pays et l’avoirremportée avec le Brésil, il participera à soncinquième tournoi, en tant qu’entraîneur del’Afrique du Sud)«Si l’on parle d’étoiles, je n’aime pascelles qui ne font que de la fumée.J’aime celles qui brillent et qui fontdes étincelles.»Technician: Carlos Alberto Parreira a grandidans un environnement qui, traditionnelle-ment, offre d’immenses richesses en termesde talents individuels. Mais il n’a pas été impressionné par les magiciens qui font de lafumée sans feu. Il est fermement convaincuque chaque joueur doit apporter sa palette

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technique, qu’il doit mettre au service del’effort collectif. Il respecte les joueurs talen-tueux mais veut que ces talents se tradui-sent en performance de l’équipe. «Lesgrands joueurs font des choses aux-quelles les autres ne s’attendent pas»,a-t-il déclaré. Il accorde en effet une grandeimportance à la créativité, à la condition quele rôle de meneur de jeu ne soit pas uneexcuse pour céder à la paresse en ne parti-cipant pas à l’effort collectif.

Otto Rehhagel (vainqueur du championnat et de la couped’Allemagne ainsi que de la Coupe des vain-queurs de coupe européenne avec WerderBrême, vainqueur du championnat allemandavec Kaiserslautern et champion d’Europeavec l’équipe de Grèce)«Je suis le seul à Athènes qui ait ledroit de conduire sur la voie réservéeaux bus.»Technician: Ce commentaire, fait lors d’uneconférence de l’UEFA destinée aux entraî-neurs en marge de la victoire de la Grècelors de l’EURO 2004, est un magnifiqueexemple du grand sens de l’humour d’OttoRehhagel. Il avait déjà 65 ans quand il per-mit aux Grecs de ceindre pour la premièrefois la couronne européenne, mais il a tou-jours fait preuve d’un enthousiasme juvénilecontagieux et a su créer un climat deconfiance dans les vestiaires et en dehors.Sa citation humoristique illustre deuxconcepts. Premièrement, le football estavant tout un jeu et l’élément ludique nedoit donc jamais être oublié. Deuxième-ment, la satisfaction qu’un entraîneur peutrencontrer dans son métier ne doit pas provenir exclusivement de la contribution financière reçue. La récompense la plus durable d’un travail bien fait est immatériellepuisqu’elle prend la forme de l’admiration et de l’affection du public.

Luíz Felipe Scolari (vainqueur de la Coupe du monde avec leBrésil et médaillé d’argent avec le Portugallors de l’EURO 2004)«Tout doit rester simple. Il ne faut pas compliquer ce qui est une activitésimple, un jeu simple et beau.»Technician: «Big Phil» exprime là l’un desconcepts qui ont maintenu le football brési-lien au sommet. Mais toute personne quiconnaît cet entraîneur pourra attester que sa méthode pour que tout reste simple est

basée sur un dévouement de chaque instantet sur un travail assidu. Son commentairerenvoie à la théorie selon laquelle il faut dugénie pour faire simple. En effet, si l’on ditsouvent des plus grandes équipes qu’ellesdonnent l’impression que le jeu est facile,c’est parce que beaucoup d’efforts ont étéconsacrés à la mise en place de structureset de cadres dans lesquels les talents puis-sent s’exprimer au maximum.

Ottmar Hitzfeld (vainqueur de 18 titres, seul entraîneur àavoir remporté la Ligue des champions avec deux clubs et sélectionneur actuel del’équipe nationale suisse)«Des changements importants ont eu lieu au cours de ces dix dernièresannées. Auparavant, il y avait plusd’espaces et les passes étaient pluslongues; désormais, le jeu est rapide,court et chaque entraîneur est bienorganisé.»Technician: Cette déclaration est significati-ve, car elle montre que, malgré l’expérienceaccumulée au cours de décennies d’exerci-ce, Ottmar Hitzfeld a pris le temps de pren-dre du recul et d’analyser la manière dont lejeu a évolué graduellement. Il estime queles entraîneurs aussi doivent progresser enidentifiant les tendances, en choisissant de

les suivre ou non, et en étant ouverts auxchangements dans les styles de jeu et de vie. Le jeu rapide fait de passes courtesdont il fait mention est la marque de fabriqueactuelle du FC Barcelone, mais dans quellemesure peut-il être implanté ailleurs?

Roy Hodgson (couronné de succès avec plusieurs clubset équipes nationales dans huit pays, cettesaison, il réussit un parcours exemplaireavec Fulham en Ligue Europa)«L’entraîneur moderne doit avoir unephilosophie, un regard d’expert et del’intuition.»Technician: Ces quelques mots suscitentune longue réflexion. D’une part, il s’agit de créer, de développer et d’appliquer une philosophie. D’autre part, le regardd’expert et l’intuition sont liés au savoir-fairefootballistique, aux talents innés de l’entraî-neur et à l’expérience accumulée au fil des ans. Or, compte tenu de la tendanceactuelle qui privilégie la science sportive etl’analyse des performances, ces deux quali-tés sont-elles sous-évaluées? En effet, alorsque l’approche scientifique se fonde sur ce qui s’est déjà produit, l’intuition est uneanticipation de ce qui se produira et de ce qui doit être fait pour façonner l’avenird’une équipe.

Roy Hodgson célèbre la qualification de Fulham pour les demi-finales de la Ligue Europa entouré de Zoltan Gera et du gardien Mark Schwarzer.

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Marcello Lippi (fin connaisseur de la culture footballistiqueitalienne interclubs et nationale, il entraîneactuellement l’équipe nationale; c’est le seulentraîneur à avoir remporté la Coupe dumonde et la Ligue des champions)«Il faut faire sentir à chaque joueur qu’il est utile, mais pas indispensable.»Technician: Le commentaire de MarcelloLippi est une manière simple de résumer latâche parfois complexe de l’entraîneur, consis-tant à réunir des personnalités très différen-tes pour former un ensemble efficace et àmotiver les joueurs tout en les aidant à garderles pieds sur terre. Au niveau national, la ca-pacité de sélectionner les meilleurs élémentsd’un pays et de les doter d’un solide espritd’équipe est l’un des défis les plus difficilesà relever pour le technicien. Marcello Lippi aégalement déclaré: «De nom breux entraî-neurs ont des relations difficiles avec degrands attaquants, mais à la fin de leurcarrière, les joueurs remercient sou ventleur entraîneur de les avoir aidés à com-prendre l’ensemble du jeu.» Dans l’inter-valle, le sélectionneur doit trouver la solutionoptimale pour tirer le meilleur de chacun.

José Mourinho (vainqueur de la Coupe UEFA et de la Liguedes champions avec le FC Porto, vainqueurde championnats et de coupes au Portugal,en Angleterre et en Italie, il entraîne actuelle-ment l’Inter Milan)«J’emploie une méthode globale. Oui,j’ai recours à des méthodes directesquand je prépare notre organisation,mais j’utilise parfois la découverteguidée quand j’invente un exercice etque je fixe un objectif pour que lesjoueurs trouvent eux-mêmes différen-tes solutions.»Technician: José Mourinho a démontré queles approches modernes de l’entraînementet les méthodologies bien pensées ont unrôle important à jouer en ce qu’elles per-mettent de tirer le meilleur des joueurs. L’unde ses talents est de fixer des objectifs et deles atteindre. «Il faut avoir une philoso-phie claire pour savoir ce que l’onveut et comment y parvenir.»

Gérard Houllier (vainqueur de quatre coupes nationales, de la Coupe UEFA et de la Super Coupe de

l’UEFA avec Liverpool, vainqueur du cham -pionnat et de la super coupe de France avecl’Olympique Lyonnais et actuel directeurtechnique national du football français)«Gagnez avec l’équipe ou perdez seul.»Technician: En quelques mots, GérardHoullier met le doigt sur l’une des dures réalités de la profession d’entraîneur. En dépit de l’esprit de camaraderie, c’est essen-tiellement une fonction solitaire. La respon-sabilité ultime liée à ce rôle inclut l’accepta-tion non seulement de la défaite mais éga-lement des conséquences de la défaite.L’entraîneur doit fournir des explications auxjoueurs, à la hiérarchie au sein du club et aupublic par l’intermédiaire des médias. L’undes plus grands défis de l’entraîneur consis-te à remettre l’équipe sur les rails après unesérie de mauvais résultats.

Vanderlei Luxemburgo (entraîneur brésilien le plus titré avec 20 victoires dans plusieurs Etats et au niveaunational et une victoire en Copa Américaavec l’équipe nationale, il a participé à la Ligue des champions avec Real Madrid)«La peur de perdre ôte la volonté de gagner.»Technician: Vanderlei Luxemburgo, dont l’équipe pratique un football offensif créatif,pense que la peur est le plus grand ennemide la mentalité de vainqueur, pour lesjoueurs comme pour les entraîneurs. ArsèneWenger lui aussi pense que la force mentaleest un atout de poids dans les compétitionsmajeures comme la Ligue des champions.La peur de perdre se traduit rapidement par une diminution des ambitions. VanderleiLuxemburgo insiste également sur ce point: «La victoire revient à ceux quisont les plus rapides à se développer,à s’améliorer et à jouer.»

Fabio Capello (32 sélections en tant que joueur pour l’Italie, 328 matches en Serie A, neuf titresde champion en tant qu’entraîneur en Italieet en Espagne, vainqueur de la Ligue deschampions en 1994 et entraîneur actuel de l’équipe nationale d’Angleterre)«En tant que joueur, tout ce à quoivous devez penser, c’est votre proprejeu, votre condition physique, votre régime, etc. Vous vous entraînez, vousrentrez à la maison et c’est tout.Quand vous devenez entraîneur, vousdevez penser à la préparation phy-

sique et mentale de toute l’équipe,vous devez instaurer un esprit d’équi-pe et aussi prendre en compte les pro-blèmes médicaux. En outre, vous de-vez développer vos propres capacitésde leadership.»Technician: La transition du rôle de joueur àcelui d’entraîneur est la voie qui a été suiviepar la majorité des techniciens modernes. La description de Fabio Capello souligne qu’ilest important d’avoir une vision lorsqu’on développe ses qualités de management et,surtout, de leadership.

En bref, sans une philosophie de jeu claire,un entraîneur est comme un bateau sansgouvernail. Bien entendu, les joueurs et lescirconstances exercent un impact sur les per-formances, mais sur le long terme, le techni-cien est là pour faire part de ses convictionset influer sur le comportement footballistiquede son équipe.Andy Roxburgh aime à faire référence à ceproverbe espagnol: «Parler de taureauxn’est pas la même chose que se retrou -ver dans l’arène» (No es lo mismo hablarde toros que estar en el redondel). Nosgrands entraîneurs ont non seulement réussidans l’arène du football, mais ils ont égale-ment su trouver les mots pour parler de cetteexpérience.

Fabio Capello aux côtés de l’international anglais Wayne Rooney.

JOSÉ MOURINHO DONNE SES CONSIGNES

À JAVIER ZANETTI ET ESTEBAN CAMBIASSO

DANS LE HUITIÈME DE FINALE

RETOUR DE LA LIGUE DES CHAMPIONS

ENTRE L’INTER ET CHELSEA. PA W

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L’importance du médecin d’équipe et larelation de ce dernier avec l’entraîneuront notamment été passées à la loupe,mettant en exergue la nécessité pour letechnicien moderne d’organiser et de gérer une «équipe derrière l’équipe» effi-cace qui, comme le souligne GérardHoullier, «ne se contente pas d’accomplirdes tâches spécifiques, mais a égalementun rôle à jouer dans l’ambiance généralerégnant tout autour de l’équipe.»

Comme le relevait Andy Roxburgh à Stockholm, l’entraîneur principal est de

nos jours le manager d’un groupe qui secompose souvent d’entraîneurs assistants,d’entraîneurs de gardiens, de préparateursphysiques, de physiothérapeutes, de res pon -sables de l’équipement, de masseurs, demédecins, de scientifiques du sport et d’autres spécialistes dans des domainescomme la psychologie du sport. A l’instar desjoueurs de l’équipe, il suffit qu’un membrene soit pas performant pour miner les résul-tats et le moral de l’ensemble du groupe.

«Les choses ont changé au cours de ces 25dernières années, rappelle Alex Ferguson, en

ORGANISER«L’ÉQUIPE DERRIÈRE

L’ÉQUIPE»LE SAIN NIVEAU D’INTERPÉNÉTRATION ACTUEL ENTRE DES SECTEURS DU JEU QUI ÉTAIENT AUTREFOIS

CONSIDÉRÉS COMME DES «ETATS INDÉPENDANTS» OU, DISONS-LE CARRÉMENT, N’EXISTAIENT MÊME PAS,

EST UN SIGNE DES TEMPS RÉVÉLATEUR. DANS LE PRÉCÉDENT NUMÉRO DU TECHNICIAN, UN ARTICLE

ÉTAIT CONSACRÉ À L’IMPACT DE LA SCIENCE DU SPORT SUR LA PROFESSION D’ENTRAÎNEUR, UN SUJET

ALIMENTÉ PAR CERTAINS DES THÈMES ABORDÉS LORS DU RÉCENT SYMPOSIUM MÉDICAL DE L’UEFA

ORGANISÉ EN SUÈDE ET REPRIS DANS NOTRE PUBLICATION MÉDICALE, MEDICINE MATTERS.

particulier dans le domaine de la sciencesportive. L’information médicale, la nutritionet la préparation des joueurs pour les matches d’élite ont atteint un autre niveau.Aujourd’hui, nous avons un médecin àplein temps, cinq physiothérapeutes, unpréparateur physique, un entraîneur de force physique, un optométriste…» AlexFerguson est le premier à reconnaître quel’entraîneur principal n’est plus l’homme orchestre qui fait tout et que si tous lesmembres de l’équipe technique devaientse réunir aujourd’hui dans la salle de prépa-ration pour les réunions, ils seraient serréscomme des sardines! Le défi consiste doncà choisir le staff aussi soigneusement queles joueurs et à former des équipes – etnon pas une seule.

Une fois constituée l’équipe derrière l’équipe,l’entraîneur principal est tenu d’huiler lamachine pour s’assurer qu’elle tourne bienrond, quelles que soient les circonstances.Comme le déclare György Mezey, l’ancienentraîneur de l’équipe nationale hongroise,qui partage aujourd’hui sa vie profession-nelle entre le FC Videoton et l’AcadémiePuskas: «la capacité d’intégration est essen-tielle pour l’équipe derrière l’équipe.»

C’est d’ailleurs le sujet qu’ont traité l’ancienentraîneur de l’équipe nationale suédoise,Lars Lagerbäck (aujourd’hui entraîneur prin-cipal de l’équipe du Nigeria), et un membrede son équipe technique, le Dr Paul Balsom,directeur des performances à l’Asso ciationsuédoise de football, lors du Symposiummédical de Stockholm. Ensemble, ils ontsouligné à quel point il est important que

Le FC Barcelone est bien conscient de l’importance d’une bonne collaboration entre l’équipe médicale et le staff technique pour profiter au mieux du talent de ses joueurs comme Messi et Xavi Hernandez.

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GÉRARD HOULLIER SOULIGNE L’IMPORTANCE

POUR L’ENTRAÎNEUR D’ORGANISER EFFICACEMENT

«L’ÉQUIPE DERRIÈRE L’ÉQUIPE».

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l’équipe technique – y compris l’équipe médicale – soit bien intégrée à la vie quoti-dienne du club. Tous deux s’accordaient éga-lement à dire que l’une des conditions pré-alables à toute intégration réussie consistaiten une définition claire des responsabilités,assortie d’une communication franche et régulière des informations. Les sphères d’in-fluence doivent être circonscrites avec préci-sion et les responsables des soins médicauxet de l’évaluation des performances doiventapporter leur contribution aussi bien dans le domaine des loisirs qu’en ce qui concernel’intensité des séances d’entraînement. A Stockholm, l’un des sujets de discussionconcernait la tendance croissante chez lesentraîneurs à emmener des membres de leuréquipe de soutien lorsqu’ils partent entraînerune autre équipe. Alors qu’autrefois, il se limitait généralement à prendre son entraî-neur assistant, l’entraîneur arrive aujourd’huifréquemment à son poste accompagné d’unmembre de son équipe médicale.

De l’avis général exprimé lors du Sympo-sium médical, le rôle du médecin d’équipeconsiste prioritairement à préserver la santédes joueurs, à prévenir les blessures, à soi-gner les joueurs blessés et à s’occuper deleur rééducation, à diriger l’équipe médicale,à fournir des conseils médicaux et à tisserdes liens avec d’autres professionnels du milieu médical. Le physiothérapeute estquant à lui responsable de la mise en œuvreconcrète de la prévention des blessures, des soins et de la rééducation ainsi que duconseil sur le mode de vie des joueurs, ycompris l’aménagement du temps libre, l’hygiène de vie, la nutrition et la sécurité.

Les domaines de responsabilité peuvent cependant varier d’une équipe à l’autre. L’une des questions soulevées à Stockholmen lien avec le mode de fonctionnement,par exemple, était de savoir si le préparateurphysique devait être considéré comme faisantpartie du staff technique ou de l’équipe médicale. Autrement dit, faut-il établir unedistinction claire et nette entre la préparationphysique et l’entraînement? Le cas échéant,il incombe à l’entraîneur principal de déter-miner comment, quand et dans quelle mesure le préparateur physique contribue autravail effectué sur le terrain d’entraînement.

Dans l’article qu’il a rédigé pour MedecineMatters à la suite de son intervention à Stockholm, Paul Balsom expliquait que «pourêtre efficaces, les praticiens de la médecineet de la science du sport doivent pouvoir influencer les décisions clés en matière deréduction des blessures ou d’améliorationdes performances: charges d’entraînement(durée et intensité), contenus des entraîne-ments (par exemple, part de gymnastique

par rapport aux activités sur le terrain), stratégies de récupération, entraînements et sélection des équipes en fonction des besoins (compte tenu des exigences de repos des joueurs, etc.) C’est à ce niveauque les valeurs fondamentales, les convic-tions et les qualités de leadership d’un entraîneur moderne deviennent cruciales.» Il ajoutait encore que «les décisions relativesaux performances prises par l’équipe desoutien doivent être acceptées au niveauprofessionnel. Ainsi, il ne faut PAS que desdécisions clés concernant, par exemple,

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Débat au Symposium médical de Stockholm.

la date du retour d’un joueur, soient influen-cées par l’opinion de l’entraîneur.»

Cette déclaration montre qu’il est essentielde trouver un bon équilibre entre le pointde vue médical et les intérêts footballistiques.A noter que l’importance capitale de cer-tains matches peut parfois justifier une cer-taine prise de risque. C’est ainsi qu’avec l’accord de toutes les personnes concernées– y compris, bien sûr, du joueur lui-même–, Andrés Iniesta a disputé l’intégralité, àl’exception des dernières secondes dutemps additionnel, de la finale de la Liguedes champions 2009, à Rome, en dépit durisque d’aggravation de sa blessure muscu-laire à la cuisse. La portée de l’événementvalait bien une petite entorse à la règle.

Le FC Barcelone figure parmi les équipesd’élite qui font l’objet de l’étude actuelle del’UEFA sur les blessures. Récemment, lesclubs présentant les statistiques les plus positives en termes de blessures ont étépriés de donner leur avis sur les raisons de

de programmes individualisés de nutrition,de préparation et de prévention des bles-sures, ainsi que le travail effectué par lepsychologue pour que les joueurs bénéfi-cient d’un équilibre mental optimal.

L’entraîneur moderne doit donc être prêt à prendre en considération les informa-tions liées aux performances des joueursau moment où il sélectionne les membresde son équipe. Les jours où «il se fiait à cequ’il voyait» sont comptés, sinon définitive-ment révolus. «Il me serait impossible detravailler comme je le faisais en 1986», déclarait Alex Ferguson. «L’affaire est doré-navant trop complexe pour en maîtrisertous les détails. Il est essentiel de déléguer.J’ai appris à cet égard qu’il faut s’entourerde personnes compétentes. Je leur faisconfiance et je m’appuie sur elles. J’aimaintenant quelque 40 personnes sousmes ordres, sans compter les joueurs.» Gérer «l’équipe derrière l’équipe» fait désormais partie intégrante du rôle d’untechnicien de haut niveau.

leurs bons résultats. Plusieurs d’entre euxont souligné l’importance d’une bonne col-laboration entre l’équipe en charge de la science médico-sportive et le staff tech-nique. Parmi les autres raisons avancées figurent le rôle des entraîneurs assistantsdans la mise en place d’une philosophied’entraînement sérieuse, la rigueur dans lerespect des protocoles de prévention et detraitement des blessures, le «luxe» d’avoirdes équipes suffisamment solides pour per-mettre aux joueurs souffrant de blessuresmineures de se reposer, la mise en place

LE DR PAUL BALSOM LORS

DE SA PRÉSENTATION AU SYMPOSIUM

MÉDICAL DE L’UEFA À STOCKHOLM.

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positionner dans certaines situations et dansson aptitude à anticiper et à couper la trajec-toire d’une passe en profondeur.

En mode tant offensif que défensif, la «lecture du jeu» pourrait être définie commeune aptitude à convertir des images en messages et à traduire immédiatement cesmessages en actions.

Ceux qui ont troqué leur maillot de joueurcontre un costume d’entraîneur savent bienqu’il ne s’agit là que d’une facette de la lecturedu jeu. Pour eux, cette technique débouchesur des réactions moins immédiates, plus réfléchies. Le passage du rôle de joueur sur le terrain à celui d’entraîneur sur le banc estcomparable à la transition que vivrait un jour-naliste en passant du poste de commentateurde télévision en direct à celui de rédacteurd’articles de fond pour un journal. Dans la lec-ture du jeu, l’entraîneur doit souvent refreinerson envie naturelle de s’attacher aux détailspour s’efforcer de filtrer le flot d’informationsqu’il reçoit. Il est facile d’être désorienté – oude devenir confus – au vu de la multitude dedétails enregistrés. Bien lire le jeu impliquedonc de savoir extraire les quelques phrasesessentielles d’un ouvrage volumineux.

L’entraîneur mesurera son aptitude à lire lejeu à l’aulne des décisions qui lui auront per-mis de faire basculer le résultat en sa faveur.La Ligue des champions de l’UEFA – la com-pétition où, de leur propre aveu, les entraî-neurs vont au bout de leurs limites – offreplusieurs exemples frappants à cet égard.Claude Puel, par exemple, a mis sur les railsla victoire de l’Olympique Lyonnais sur le RealMadrid CF, en huitièmes de finale en effec-tuant deux changements durant la mi-tempsdu match retour disputé au stade SantiagoBernabéu. Après avoir commencé avec uneformation en 4-1-4-1, il a fait reculer son pivot

APPRENDRE À LIRE LE JEULE PRÉSIDENT DE L’UEFA, MICHEL PLATINI, DIT TOUJOURS QUE SA PLUS GRANDE QUALITÉ EN TANT

QUE JOUEUR ÉTAIT SA CAPACITÉ DE «LIRE LE JEU». BIEN QUE CETTE EXPRESSION SOIT SOUVENT UTILISÉE

DANS LE MONDE DU FOOTBALL, ELLE NE FIGURE DANS AUCUN DICTIONNAIRE. MICHEL PLATINI

LUI-MÊME A DE LA PEINE À EXPLIQUER DE MANIÈRE RATIONNELLE COMMENT CE DON PARTICULIER

S’EST DÉVELOPPÉ. D’OÙ CETTE QUESTION SOUVENT POSÉE DANS LE MONDE DU FOOTBALL: EST-IL

POSSIBLE D’ENSEIGNER OU D’ENTRAÎNER LA LECTURE DU JEU?

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ANDRES INIESTA (6) ET XAVI HERNANDEZ (8),

LE DUO DE MILIEU DE TERRAIN DE BARCELONE,

À L’ŒUVRE SOUS LES COULEURS DE L’ESPAGNE

CONTRE L’ALLEMAGNE EN FINALE DE L’EURO 2008.

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Cesc Fabregas, entouré de deux joueurs du FC Porto: un expert de la lecture du jeu.

Il semble évident que cette qualité est liée à une bonne vision, en particulier la visionpériphérique, qui permet d’avoir un planplus large de la situation. Un joueur d’Arsenaldisait récemment de son coéquipier CescFabregas: «Il semble voir absolument tout cequi se passe autour de lui, comme s’il avaitdes yeux derrière la tête».

Lorsque l’on parle de la «lecture du jeu» enlien avec des joueurs, on l’associe souvent à leur capacité, d’une part, à repérer leursadversaires et leurs coéquipiers sur le terrainet, d’autre part, à déceler les espaces et àles exploiter en faisant des passes ou en s’yengouffrant. Cette expression est plus sou-vent utilisée pour évoquer l’attaque que lesecteur défensif du jeu d’équipe. Ainsi, dansl’équipe de France des années 1980, Michel

Platini était accompagné au milieu du ter-rain par Alain Giresse et Jean Tigana, deuxjoueurs créatifs qui, en termes de qualitésphysiques et footballistiques, sont aisémentcomparables au duo formé, au FC Barceloneet en équipe d’Espagne, par Xavi Hernandezet Andres Iniesta. Or les commentairesémis sur ces quatre joueurs se rapportentsurtout à leur contribution au jeu d’attaqueet omettent généralement de mentionnerleur don en matière de récupération du ballon. Pourtant, le ballon n’est pas reprisgrâce à la présence physique ou à des tacles musclés, mais bien plutôt grâce àune lecture du jeu suffisamment pointuepour permettre au joueur d’anticiper le pro-chain mouvement ou la prochaine passe.Chez un défenseur, la capacité à «lire le jeu»peut se révéler dans sa manière de se

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Parmi eux se trouvaient dix arbitres euro-péens dont les noms allaient, quelquesheures plus tard, figurer dans la liste des officiels des matches sélectionnés pour la Coupe du monde de la FIFA. Tous nosvœux, donc, à Olegário Benquerença (Portugal), Massimo Busacca (Suisse), FrankDe Bleeckere (Belgique), Martin Hansson(Suède), Viktor Kassai (Hongrie), StéphaneLannoy (France), Roberto Rosetti (Italie),Wolfgang Stark (Allemagne), Alberto UndianoMallenco (Espagne) et Howard Webb (Angleterre).

A Malte, le programme se composait d’uneséance pratique visant d’une part à ensei-gner aux arbitres comment juger certainessituations et comment se positionner sur leterrain dans le cadre de simulations de jeu,et, d’autre part, à évaluer leurs réactions entermes de pertinence des sanctions infli-gées. S’ensuivait une partie théorique, avecune analyse détaillée de séquences surDVD destinée à uniformiser les critères etles réactions, à protéger les joueurs de taclesimprudents ou trop appuyés, à définir lessanctions appropriées pour les fautesconsistant à retenir, tirer ou pousser un adversaire dans la surface de réparation, età déterminer la meilleure approche pouridentifier et traiter les cas de simulation.

Tous ces exercices concordaient parfaite-ment avec la séance d’information d’Andy

Roxburgh qui traitait de l’importance de lacapacité à lire le jeu et des méthodes per-mettant d’améliorer cette aptitude. Le dé-bat a été lancé à partir de séquences del’EURO 2008 et de la Ligue des championssur DVD, qui illustraient l’importance du po-sitionnement; à noter que dans l’arbitragele «positionnement» consiste à faire les bonsdéplacements au bon moment. En effet, siles mouvements des joueurs sont destinésà leur permettre d’être dans le bon anglepour recevoir une passe, les déplacementsdes arbitres ont pour but de les amener làoù ils jouiront du meilleur angle possiblepour avoir une vision claire du jeu.

Les arbitres sont confrontés à différentes situations où ils doivent être en état «d’alerterouge», comme le déclarait Andy Roxburghen revenant sur certains des mouvementsexercés sur le terrain d’entraînement et en décrivant des exemples de manœuvres de blocage légitimes et illégitimes souventemployées pour ouvrir l’espace à un coéquipier offensif lors de corners ou decoups francs.

«Plus vous en savez, plus il vous est facilede voir ce qui se passe pendant le match,commentait-il, et mieux vous savez lire lejeu, plus il vous est facile de prendre lesbonnes décisions et plus les chances sontgrandes que le match soit passionnant,équitable et spectaculaire.»

central (Jérémy Toulalan) dans la défense à quatre et a attribué à Kim Källström etMaxime Gonalons le rôle de milieux récupé-rateurs pour former un système en 4-2-3-1.En modifiant la formation de son équipe, il a changé la physionomie du jeu.

Durant la finale de 2008 entre ManchesterUnited et Chelsea, Alex Ferguson a fait demême, mais dans une situation différente.Au milieu de la seconde mi-temps, Chelseajouissait d’un avantage territorial et menaçaitle but de Manchester. Alex Ferguson a alorsréorganisé son système en 4-2-1-3 en uneformation en 4-3-3 pour faire face aux troismilieux de terrain adverses, plaçant WayneRooney sur l’aile droite et Carlos Tévez à la pointe de l’attaque. «A ce moment dumatch, nous devions nous assurer qu’ils ne prennent pas le contrôle du jeu, car jesavais que nous deviendrions plus forts aufil des minutes», a expliqué Alex Fergusonaprès coup. En d’autres termes, il s’agissaitlà de la réponse donnée par l’entraîneur auxhabiles récupérations de ballons réussiespar les milieux de terrains; sa lecture astu-cieuse du jeu lui avait permis d’anticiper la suite du match. Il avait su décrypter les signes annonciateurs.

Lorsque l’on inclut les arbitres dans cettethématique de l’enseignement de la lecturedu jeu aux joueurs et aux entraîneurs, onobserve des différences encore plus fonda-mentales. Contrairement aux joueurs et auxentraîneurs, les officiels des matches n’ontpas la possibilité de «vivre le jeu» dans le cadre d’une succession prolongée d’entraî-nements et de matches. Il est fort probableque la préparation constitue un atout – Pierluigi Collina a d’ailleurs été l’un despionniers en termes d’étude du mode opé-ratoire des équipes et de leurs mécanismesde défense. Par ailleurs, si l’anticipation revêt moins d’importance pour les officielsdes matches, les arbitres ont tout autant besoin que les joueurs de pouvoir lire des situations et prendre une décision enquelques fractions de seconde.

C’est sur la base de ces éléments qu’uneséance, orchestrée par le directeur tech-nique de l’UEFA, Andy Roxburgh, et réunis-sant plus de 100 arbitres internationaux (répartis équitablement entre les nouveauxvenus sur la scène internationale et les vété-rans au bénéfice d’années d’expérience auniveau de l’élite et de la première catégo-rie), a été organisée à Malte dans le cadredes cours annuels pour arbitres de l’UEFA.

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leTEST PHYSIQUE POUR

LES ARBITRES À MALTE.

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Cristiano Ronaldo saute plus haut que tout le monde lors de la finale 2008 de la Ligue deschampions entre Manchester United et le FC Chelsea.

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Depuis que Marcello Lippi a prononcéces mots, la mondialisation du footballinterclubs s’est poursuivie, rendant laquestion du développement et du main-tien de l’identité du football dans le cadred’une association nationale encore pluspertinente – un sujet d’ailleurs largementdébattu au sein de la Commission dufootball de l’UEFA, présidée par Franz Beckenbauer, et qui a plus d’une fois figuréà l’ordre du jour de la Commission de développement et d’assistance technique.

Dans l’intervalle, l’immense intérêt mani-festé par le public pour les tournois ma-jeurs joués par des équipes nationales amis en exergue l’importance des identitésnationales. Nul besoin de se plonger lon-guement dans les archives pour réunirdes témoignages de techniciens de pre-mier plan comme ceux-ci: «L’équipe natio-nale fait partie de la culture nationale et,lors de compétitions importantes, leséquipes et les supporters constituent unélément important de l’identité nationa-le.» (György Mezey); «L’équipe nationaledemeure au centre du football d’une nation, elle est capable de susciter une intense ferveur et de vives émotions et defédérer tout un pays derrière son équipe.»(Roy Hodgson); «L’équipe nationale faitpasser une nation entière par tous les

états d’âme, de la joie et du bonheur à la frustration et au désespoir.» (HolgerOsieck); «Les joueurs représentent leurpays en ce sens que l’amour, la gloire et la fierté d’une équipe rassemblent lessupporters de l’ensemble du pays.» (Gérard Houllier); ou encore «L’équipe nationale est l’âme du football d’un pays.» (Berti Vogts).

FOOTBALL POUR ÉQUIPES NATIONALES:

L’IDENTITÉ NATIONALEAU CŒUR DES DÉBATS

IL Y A CINQ ANS, AVANT DE MENER L’ITALIE À LA VICTOIRE EN COUPE DU MONDE, MARCELLO LIPPIDÉCLARAIT: «L’ÉQUIPE NATIONALE REPRÉSENTE LE FOOTBALL D’UN PAYS. LE FOOTBALL NATIONAL

ITALIEN N’EST PAS REPRÉSENTÉ PAR SES CLUBS – NI PAR LA JUVENTUS, NI PAR MILAN, NI PAR ROME –,TOUT COMME LE FOOTBALL ALLEMAND N’EST REPRÉSENTÉ NI PAR LE FC BAYERN, NI PAR DORTMUND,

NI PAR WERDER BRÊME. LA FIERTÉ ET LES SPÉCIFICITÉS NATIONALES S’EXPRIMENT AU TRAVERS DE L’ÉQUIPE NATIONALE. COMMENT AFFIRMER QU’UN CLUB COMPRENANT 17 OU 18 JOUEURS

ÉTRANGERS REPRÉSENTE L’IDENTITÉ NATIONALE? SEULE L’ÉQUIPE NATIONALE PEUT Y PRÉTENDRE. JE DOIS DIRE QUE JUSQU’ICI, LE FAIT DE TRAVAILLER AVEC UN GROUPE ENTIÈREMENT ITALIEN ET DE

ME SENTIR RESPONSABLE DE L’IDENTITÉ NATIONALE S’EST RÉVÉLÉ TRÈS POSITIF.»

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A l’heure de développer et de préserverl’identité nationale, le défi consiste à tra-duire ces sentiments unanimes en unplan d’action. La volonté de Marcello Lippid’assumer la responsabilité de l’identitéitalienne se reflète également dans le faitqu’une grande majorité de son équipejoue en Serie A et baigne donc en perma-nence dans la culture du football italien.

Une fierté et une joie partagées par tous les Italiens.

L’ÉQUIPE NATIONALE

RÉUNIT LES SUPPORTERS

DE TOUT LE PAYS.

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D’autres entraîneurs d’équipes nationa-les sont confrontés à des scénarios biendifférents. Lors de l’EURO 2008, seuls52,4% des membres de l’équipe – et moins de la moitié des titulaires –jouaient dans leur pays d’origine. Est-ceune pure coïncidence si, parmi les quatredemi-finalistes, le pourcentage desjoueurs engagés dans leur pays s’élevaità 81,5%? Ou si 17 des 22 joueurs ali-gnés au départ de la finale étaient titulai-res dans leur pays, c’est-à-dire respecti-vement dans la Liga espagnole et laBundesliga allemande?

Pour de nombreuses autres associations,la réalité du football pour équipes natio-nales est d’avoir des joueurs d’élite dis-séminés aux quatre coins du continent.En regardant les équipes qui se rendronten Afrique du Sud dans quelques semai-nes, on constate que dans d’autresconfédérations, ce phénomène s’ampli-fie encore, une majorité des joueurs se retrouvant basés à des milliers dekilomètres de leur pays d’origine. Sanscompter qu’au vu du rôle central jouépar l’Europe, on tend de plus en plus àorganiser des matches internationaux sur sol européen, neutre, ce qui réduitencore les contacts entre les footballeursengagés dans des clubs européens etleur pays et culture d’origine.

Que dire de la multiplication des recrute-ments de techniciens étrangers? Ou, sil’on voit le problème sous un autre angle,est-il plus difficile de développer une iden-tité nationale lorsque l’entraîneur vientd’un autre pays? Depuis qu’il a pris les rênes de l’équipe nationale anglaise, FabioCapello a eu de la peine à promouvoir les vertus de l’Angleterre, à incorporer dejeunes talents issus des équipes juniors età faire sienne la culture anglaise du foot-ball. Il faut admettre que ce n’est pas tou-jours facile. Un technicien européen dési-gné pour entraîner une équipe nationalesur un autre continent peut ainsi découvrirque plus de 90% des membres poten-tiels de son équipe sont engagés dans des clubs européens. Si cette situationcomporte des avantages logistiques puis-qu’elle permet de suivre les joueurs relati-vement facilement, elle rend difficile l’affir-mation d’une identité nationale au traversde laquelle des millions de supporters fondent tous leurs espoirs et leurs rêvessur les performances d’un entraîneur et de ses joueurs.

Il se trouve que notre dernière publicationmentionnait cinq de ces cas – des techni-ciens européens qui dirigeront des équi-pes nationales non-européennes lors de la phase finale de la Coupe du monde dela FIFA. Depuis lors, deux autres entraî-

neurs ont reçu une affectation similaire:Lars Lagerbäck dirigera l’équipe nigérianecontre l’Argentine, la République de Corée et la Grèce, alors que son compa-triote Sven-Göran Eriksson reprendra leflambeau de Vahid Halilhodzic à la têtede la Côte d’Ivoire, pour rencontrer, dansle groupe C, la Corée du Nord, le Portu-gal et le Brésil.

Sauf changements ultérieurs, 18 techni-ciens européens seront assis sur les bancsde touche en Afrique du Sud. Bon nombred’entre eux ont conclu des contrats à durée limitée et, comme nous le souli-gnions dans notre dernier numéro, huitdes treize entraîneurs qui se rendront enAfrique du Sud à la tête d’équipes natio-nales européennes ont été nommés en2008 seulement. On est donc en droitde se demander s’il est raisonnable d’attendre de Marcello Lippi et de seshomologues qu’ils soient seuls «respon-sables de l’identité nationale». Il s’agit évidemment là d’une question qui devraêtre abordée plus largement au niveaudes associations nationales.

Bien que les politiques et les plans d’action soient inévitablement influencéspar le scénario en place au sein de cha-cune des associations, il existe quelquesdénominateurs communs. La Suèdepourrait être considérée comme l’exem-ple-type du pays où les joueurs de l’éliteont tendance à émigrer. Seuls 7 des 23membres de l’équipe nationale (y com-pris deux gardiens) alignée à l’EURO 2008jouaient dans des clubs suédois. La pré-servation d’une identité nationale peutdonc être associée au contexte social etfootballistique dans lequel les joueurs ontgrandi, aux entraîneurs qui ont façonnéleur talent et leur mentalité et à la pré-cieuse expérience internationale acquiselorsque les jeunes footballeurs ont revêtule maillot national dans les équipes juniors.

L’importance des compétitions à limited’âge pour le développement de l’identi-té nationale a été illustrée avec éclat parles Espagnols qui ont remporté le titreeuropéen à Vienne il y a deux ans. Dugardien Iker Casillas au buteur FernandoTorres, l’équipe a accumulé énormémentd’expérience – et de médailles d’or – auniveau junior (des moins de 16 ans auxmoins de 20 ans). Torres, qui a marqué

Le but de Fernando Torres en finale de l’EURO 2008.

LARS LAGERBÄCK, AU MILIEU DES JOUEURS

SUÉDOIS LORS DE L’EURO 2008, ENTRAÎNERA

LE NIGERIA À LA COUPE DU MONDE 2010.

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le seul but de la finale à Vienne, avait donnéle même avantage à l’Espagne lors de la finale des moins de 16 ans contre la France,à Sunderland en 2001; Andrés Iniesta fai-sait également partie de cette équipe victo-rieuse. Le capitaine Iker Casillas a enchaînéles succès dans le cadre des tournois desmoins de 16 et des moins de 18 ans, de laCoupe Méridien et des Coupes du mondedes moins de 17 et des moins de 20 ans,conquérant l’or dans cette dernière compé-tition, en 1999, aux côtés de Xavi Hernandez.David Silva et Cesc Fabregas ont quant à euxengrangé l’argent lors de la finale des moinsde 17 ans, en 2003.

Tout le monde s’accorde sur le fait qu’unfacteur déterminant de la réussite espa -gnole est sa culture du jeu pratiquée à tousles niveaux (des équipes juniors à l’équipenationale A). L’identité nationale est fondéesur la technique, la possession du ballon etd’habiles combinaisons de passes courtesentre les joueurs qui n’avaient rien, physi-quement du moins, de géants. MarcelloLippi est convaincu que «l’Italie ne pourraitjamais jouer comme l’Espagne».

Tout le processus de formation d’une identité nationale est donc étroitement lié à une philosophie de formation des

entraîneurs selon laquelle il y aurait des raisons de se concentrer davantage sur lescandidats nationaux. Autrement dit, si le développement et la préservation d’uneidentité footballistique devaient être intégrésaux programmes de formation des associa-tions nationales, il serait judicieux de seconcentrer sur des techniciens qui puissents’identifier au projet et y contribuer.

Dans un contexte de mondialisation croissante, l’efficacité des programmes deformation des joueurs gagne encore en importance. Bien souvent, les jeunesjoueurs doivent avoir la possibilité de jouerpour l’équipe nationale et de s’y identifieravant de se lancer dans une carrière à l’étranger à certaines conditions. Dans cedomaine, les commissions de l’UEFA ontlonguement réfléchi au rôle des écoles etcentres nationaux de football dans la contri-bution au développement des compéten-ces, des styles et des philosophies.

Dans le même temps, on a l’impressionque, de manière générale, le football debase et le football junior sont sous-estimés.Le travail de promotion doit être suffisam-ment percutant pour convaincre les clubsde reconnaître la valeur de l’expérienceinternationale dans le développement des

jeunes joueurs de l’élite. Certains entraî-neurs d’équipes nationales sont régulière-ment frustrés au moment d’obtenir la miseà disposition de joueurs pour des tournoisjuniors, les clubs concernés refusant de voirles avantages que pourraient tirer leurs talents en herbe d’une confrontation avecd’autres cultures footballistiques – un pro-cessus qui ne peut qu’être bénéfique entermes de préparation à la participation àdes compétitions interclubs internationales.Il est même arrivé que des agents dejoueurs donnent pour consigne à leurs jeu-nes protégés de rester avec leurs clubspour les camps d’entraînement d’avant-saison plutôt que d’aller acquérir une expé-rience internationale lors des tours finalsdes moins de 19 ans de l’UEFA, tradition-nellement fixés au moins de juillet. A cetégard, l’élaboration, par l’UEFA et la FIFA,d’un calendrier international du football junior représente un grand pas en avant.

Des progrès importants ont aussi été réali-sés dans un autre domaine, à savoir l’ex-pression graphique des identités nationales.Lorsqu’elle a été conçue au début des années 1990, la Ligue des champions del’UEFA a clairement constitué la référenceen matière de positionnement de lamarque de la compétition, lui conférantune identité reconnaissable. Après avoir prisconscience de l’impact de cette identité, les associations nationales ont commencéà s’intéresser à la question et à étudier lamanière dont elles pouvaient positionnerles marques de leurs équipes nationales etleur donner une identité visuelle exprimantdes valeurs d’appartenance. Bien que leconcept du positionnement des marquessoit traditionnellement lié au monde dumarketing, il comporte également unaspect non-commercial en permettant auxsupporters de manifester visuellement leursentiment d’appartenance – comme l’illus-traient les 4,2 millions de supporters quiont mis de la vie et de la couleur dans leszones destinées aux supporters en Autricheet en Suisse lors de l’EURO 2008.

«Les récents tournois majeurs ont non seulement confirmé la valeur sportive dufootball pour équipes nationales, remar-quait le directeur technique de l’UEFA, Andy Roxburgh, mais ils ont aussi montrél’engagement du public envers le footballinternational et leur désir d’exprimer uneidentité nationale à travers leur équipe.»

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Une zone de supporters à Vienne lors de l’EURO 2008.

ANGLETERRE-UKRAINE

EN FINALE DU CHAMPIONNAT D’EUROPE

DES MOINS DE 19 ANS 2009.

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2 0 1 0

12 mai● Finale de la Ligue Europa de

l’UEFA (Hambourg)

18 – 30 mai● Tour final du 9e Championnat

d’Europe des moins de 17 ans(Liechtenstein)

19 mai● 1re journée du football de base

(Madrid)

20 mai● Finale de la Ligue des champions

féminine de l’UEFA (Madrid)

22 mai● Finale de la Ligue des champions

de l’UEFA (Madrid)

24 mai –5 juin● Tour final du 9e Championnat

d’Europe féminin des moins de19 ans (ARY de Macédoine)

11 juin – 11 juillet● Coupe du monde

(Afrique du Sud)

22 – 26 juin● Tour final du 3e Championnat

d’Europe féminin des moins de17 ans (Nyon)

18 – 30 juillet● Tour final du 9e Championnat

d’Europe des moins de 19 ans(France)

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ENTRAÎNEMENT

PAR GYÖRGY MEZEYentraîneur du FC Videoton (Hongrie) et directeur de l’Académie PuskasU

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Objectif● Combiner des éléments techniques, tactiques et physiques dans

un exercice de finition.

Règlesa) Un joueur de chaque file effectue un une-deux et tire au but.b) Les deux mêmes joueurs participent immédiatement à un deux

contre deux pour réceptionner un centre tiré de la droite.c) Les mêmes joueurs continuent leur avancée et procèdent à un

nouveau deux contre deux, cette fois-ci pour réceptionner un centre tiré de la gauche.

d) Les deux attaquants reviennent à leur point de départ et se placent à la queue de la file.

e) L’exercice continue avec les deux attaquants suivants.

Durée● Dans un club professionnel d’élite, cet exercice peut durer jusqu’à

45 minutes. L’objectif est que chaque joueur effectue dix passages. (Le nombre de buts marqués par chaque joueur est enregistré.)

Objectifs de l’entraîneur● Travailler sur les combinaisons et la finition.

● Développer les mouvements avec un duo d’attaquants et la finition (généralement aérienne) de centres bien exécutés.

● Maintenir la qualité en dépit de l’intensité du jeu.

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