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N°87 SUPPLY CHAIN MAGAZINE - SEPTEMBRE 2014 68 TABLE RONDE Automatisation L’ère des usines logistiques Organisée par Supply Chain magazine le 11 juillet dernier, la Table Ronde « Automatisation et Systèmes de tri » a permis d’ana- lyser en détail les raisons d’une percée quasi-inéluctable de l’automatisation dans l’Hexagone (accélération des flux, réglemen- tation sur la pénibilité, etc.), y compris dans des secteurs réputés récalcitrants il y a encore quelques années, comme la grande distribution. Par ailleurs, les progrès technologiques sem- blent préparer l’avènement futur des « usines logistiques ». ©JP-GUILLAUME

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TABLE RONDE

AutomatisationL’ère des usines logistiques

Organisée par Supply Chainmagazine le 11 juillet dernier, laTable Ronde « Automatisation etSystèmes de tri » a permis d’ana-lyser en détail les raisons d’unepercée quasi-inéluctable de l’automatisation dans l’Hexagone(accélération des flux, réglemen-tation sur la pénibilité, etc.), y compris dans des secteursréputés récalcitrants il y a encorequelques années, comme lagrande distribution. Par ailleurs,les progrès technologiques sem-blent préparer l’avènement futurdes « usines logistiques ».

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Quels sont actuellementles moteurs du mar-ché ? ». Le « désignévolontaire » par Jean-Philippe Guillaume pour

répondre à la première question decette table ronde consacrée auxacteurs de l’automatisation n’est autreque Francis Ciuch. Lors de la courteprésentation faite par chacun des 14 intervenants, il vient en effet defaire état d’une visibilité « excellente »pour l’activité de sa société. « Il y a euun arrêt de commandes de la part denos clients habituels depuis 2010,nous avons dû nous réorienter vers denouveaux clients, dans le textile, leluxe, ou encore la bijouterie avec Matychez qui nous avons un très beau pro-jet en cours de réalisation, explique-t-il. Face à des consommateurs devenusde plus en plus exigeants et versatiles,nos clients sont obligés de s’adapter.Même si la progression de la consom-mation est faible, il leur faut absolu-ment trouver des solutions pour séduireà nouveau leur clientèle. Et celaentraîne des mutations au niveau deleur logistique, que ce soit pour la pré-paration de commandes en magasin ou

pour l’e-commerce », analyse-t-il. « Latendance est à la massification, sur unseul gros entrepôt central, avec beau-coup de références, parce que lesstocks coûtent cher. Derrière, la grossedemande du marché, c’est d’être capa-ble d’atteindre tous ses clients et sespoints de vente à J+1, c’est ce quepermet l’automatisation », ajoute Syl-vain Cerise (SSI Schaefer). Pour Pierre

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Francis Ciuch, PDG du groupe Ciuchet Jose Manuel Lucio, Responsable du marché français chez Ulma HandlingSystems

Bertrand Faure, Directeur commercial de FivesIntralogistics France,Hoyame Saber, Directrice des Systèmes Logistiques chezJungheinrich Franceet StéphaneConjard,Directeur Généralde Knapp France

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Sylvain Cerise, Directeur du département Automation de SSI Schaefer FranceSSI Schaefer est un intégrateurensemblier logistique d’origine alle-mande qui fabrique une gamme rela-tivement complète en intra-logistique,allant des solutions manuelles (bacs etrayonnages) aux solutions automati-sées de stockage et de convoyagepour colis et palettes. Le groupe estprésent dans 52 pays, avec un effectifde près de 9.000 personnes pour unCA de 2,4 Md€. L’activité France, quifait travailler une trentaine de per-sonnes, représente un CA de l’ordrede 30 M€.

Francis Ciuch, PDG du groupe CiuchCréé en 1966 et basé à Tourcoing,avec une forte expertise historique surle marché des VPCistes et de la distri-bution spécialisée, le groupe Ciuch estorganisé autour de trois entités : CiuchSolutions (conseil, conception et inté-gration de solutions), Ciuch Industrie(conception et fabrication de matérielde manutention) et Ciuch Services(installation et SAV). Il compte unecentaine de personnes et a réalisécette année un CA de près de 12 M€,en hausse de 20 % par rapport à l’an-née dernière.

Stéphane Conjard, Directeur Général de Knapp FranceL’Autrichien Knapp (2.500 personnes,CA de 380 M€), à l’origine spécialisédans l’intégration de solutions auto-matisées pour la répartition pharma-ceutique, a élargi son périmètredepuis 15 ans à tous les domaines dela distribution, notamment le textile, lagrande distribution, l’e-commerce etles pièces industrielles. En France, lasociété emploie une douzaine de per-sonnes (avant-ventes, suivi de réali-sation et après-ventes) et enregistreenviron 20 M€ d’entrées de com-mandes par an.

Marol (Alstef), l’un des vecteurs quicommence tout juste à dynamiser lemarché est le développement par lagrande distribution des magasins decentre-ville et des drives, dont la par-ticularité de ne pas avoir de surface destockage locale fait qu’ils nécessitentun réapprovisionnement quotidien enpetites quantité pour chaque référence.« D’où des besoins de préparation depalettes hétérogènes multi-produits enamont qui amènent la grande distribu-tion et ses fournisseurs à automatiserpour réaliser ces opérations dans lesdélais et en respectant les contraintesréglementaires et de qualité ».

De l’entrepôt à l’usine« Le jour où le monde de la grande dis-tribution basculera dans l’automatisa-tion, cela changera intégralement le

positionnement que nous avons toussur ce marché-là », prédit Patrick Teis-sier (Dematic). Pour lui, cette « trans-figuration » est rendue possible par lepas technologique que constituent lessystèmes à navettes et les avancées dela robotique. « Nous entrons aujour-d’hui dans l’ère des usines logistiques »,annonce-t-il. Jose Manuel Lucio (Ulma)est tout à fait de cet avis : « Petit àpetit, dans le futur, surtout dans lemonde de la grande distribution, les « entrepôts », qui sont des bâtimentsdédiés au stockage, seront remplacéspar des « usines » de préparation decommandes et de colis. Et quand onparle de ce type de bâtiments spécia-lisés, on passe à une logique indus-trielle, avec des investissements beau-coup plus importants et des retours àplus long terme ». Tout en reconnais-

sant que certains acteurs de la grandedistribution, en particulier des mou-vements d’adhérents comme Leclerc,montraient déjà depuis plusieursannées qu’ils étaient prêts à passer àla mécanisation et à l’automatisation,Bertrand Faure (Fives) fait tout demême remarquer que la transitionculturelle vers le monde « industriel »n’est pas toujours évidente, surtout auniveau de l’encadrement et des chefsd’équipes. Pour Jean-Marc Moulin(SDI), « c’est la distribution à la pièce,ou à quelques pièces, quel que soit ledomaine, qui tire la demande, et c’estaussi la guerre entre distributeurs ete-commerçants ». Sans oublier lesaccélérations des délais de livraisonliées au e-commerce. « Il y a une évo-lution permanente des modèles quidemande de reconfigurer constamment

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les systèmes logistiques et les pro-cessus car ce n’est pas la même chose de livrer un magasin en BtoB ou un client en BtoC », ajoute ChantalLedoux (Boa Concept).

Les signes d’un changement« J’observe qu’en France notamment,il y a eu une vraie rupture à partir de2008 ou 2009, une prise de cons-cience chez beaucoup d’acteurs durisque de se retrouver dans une situa-tion sociale très délicate si la crisevenait encore à s’aggraver, car lesentrepôts emploient beaucoup de main d’œuvre », souligne Pascal Dar-cheville (Vanderlande). Hoyame Saber (Jungheinrich) illustre de son côtél’engouement pour les systèmes ànavettes : « Nous avons signé avec

deux clients majeurs et en l’espace desix mois, nous en avons vendu plus de20 dans l’alimentaire, l’industrie et lalogistique. Mais il y a aussi de plus enplus de succès sur les chariots tri-directionnels automatiques, avec déjàdeux gros contrats, dont l’un avec unacteur majeur du e-commerce ». PourStéphane Conjard (Knapp), l’automa-tisation va dans le sens de l’histoire,la question étant de savoir à quellevitesse. « En France, on sent qu’uneétape a été franchie. Dans la grandedistribution et l’e-commerce, la ten-dance à l’automatisation est inélucta-ble à cause du morcellement des flux,mais il y a aussi des facteurs liés àl’aspect social, à l’ergonomie, et sur-tout à la pénibilité, qui est aujourd’huiun sujet plus que d’actualité ». Cetaspect-là semble avoir été un levieressentiel dans le projet d’entrepôt

Hoyame Saber,Directrice des SystèmesLogistiques chez JungheinrichFrance,StéphaneConjard, Directeur Généralde Knapp Franceet Jean-MichelStrauss, Responsable ingénierie et projets chez Savoye

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Julien Couret, Directeur commercial et ingénieriede Viastore FranceCréée en 1988 au sein du groupeallemand Haushahn, un constructeurd’ascenseurs fondé il y a près de 120 ans, Viastore Systems est spéciali-sée dans les systèmes logistiques deproduction et de distribution avec uneprésence mondiale. Cette année, sonCA devrait atteindre un niveau recordautour de 130 M€, pour un effectiftotal de plus de 420 personnes. La filiale française compte une ving-taine d’employés, pour un CA d’envi-ron 5 M€.

Pascal Darcheville, Responsable commercial chez Vanderlande Industries France Groupe hollandais, VanderlandeIndustries réalise un CA de près de800 M€ au niveau mondial (pour unrésultat net de 30 M€), avec un effec-tif d’environ 2.800 personnes. Dansl’Hexagone, l’activité représente envi-ron 20 M€ avec une quarantained’employés. Le groupe est spécialisédans les systèmes de manutentionautomat isés dans t ro is grandsdomaines : le traitement des bagages,les entrepôts de distribution et l’acti-vité colis et postal (systèmes de tripour transporteurs et messagerie).

Bertrand Faure, Directeur commercial de Fives Intralogistics FranceNé il y a plus de 200 ans, Fives est ungroupe français d’ingénierie indus-trielle qui emploie 8.000 personnesdans le monde, dans plus de 80 filiales,pour un CA d’environ 2 Md€. La spé-cialité « Intralogistics » compte quatrefiliales représentant un CA de l’ordrede 180 M€ pour un effectif d’environ400 personnes (chiffres 2013), dontune centaine en France (ex CineticTransitique, CA autour de 20 M€)avec deux grandes spécialités : le trihaute cadence et la préparation decommandes détail.

automatisé que conduit actuellementViastore pour les Moulins Bourgeois. « L’ergonomie, dans les secteurs quinécessitent une manutention d’objetsencombrants, est un véritable driverpour nous », confirme Julien Couret(Viastore). « Pour aller dans le mêmesens, on s’aperçoit aussi, dans l’agro-alimentaire notamment, que nosclients demandent à leurs fournisseursde travailler sur le niveau d’emballage,afin de pouvoir manipuler beaucoupplus facilement les charges et de fairede la préparation assistée », remarqueBruno Maisonneuve (Actemium).

Stockage ou préparation de commandes ? De façon un peu paradoxale, ce n’estdonc pas toujours la productivitéqui est le critère n°1 des projets

d’automatisation. « Ce que les acteursde l’e-commerce recherchent pourleur logistique, c’est avant tout lacapacité de l’outil à fournir et à sui-vre la croissance », interprète poursa part Chantal Ledoux. Mais larapidité de pré- paration des com-mandes reste aussi l’atout majeurdes entrepôts automatisés. Comme le dit Pierre Marol, « les magasinsgrande hauteur ne se con- çoiventpas comme des lieux de stockage,mais comme des bufffers de prépa-ration de commandes, de pré-expé-dition. Certains ont des taux derotation de l’ordre de la journée,durant laquelle le magasin se rem-plit et se vide de 5.000 palettes.C’est le cas par exemple chez notreclient Pasquier, dans les produitsfrais ». Sylvain Cerise tient à souli-

gner que les marchés du stockagepalettes et de la préparation de com-mandes colis ou détail ne se déve-loppent pas au même rythme.« Grande distribution mise à part, iln’y a pas tant de croissance dans lesto- ckage automatisé palette. Ce quiguide le développement de l’automa-tisation, c’est bien la préparation decommandes détail et colis », affirme-t-il. Petit bémol d’Hoyame Saber :« L’automatisation de palettes attirede plus en plus nos clients avec desproblématiques d’écologie, d’optimi-sation des coûts logistiques et descoûts conteneurs, d’avoir davantagede produits disponibles en stock. Entout cas c’est le sentiment que nousavons chez Jungheinrich. Et nousavons le devoir d’orienter, deconseiller les clients pour justement

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lier ces activités de stockage paletteset de préparation de commandes ».

Une combinaison de technologiesPatrick Teissier tient à faire une autredistinction, cette fois entre les typesde projets, les « mono-technologie »(tri haute cadence, stockage palettes,par exemple) et les « multi-technolo-gie » (le marché naissant des usineslogistiques). « La véritable demande estsur le multi-technologie. Ce sont dessystèmes complexes dans lesquels leclient ne met presque plus les doigts.En tout cas, il y a une onde de chocqui se produit vers les fournisseurs dufait de la mécanisation de la grandedistribution. Et désormais, la maturitétechnologique nous permet de répon-dre à un fabricant, à un distributeur,à une préparation de détail avec à peuprès les mêmes outils logistiques »,insiste-t-il. De son côté, Jean-MichelStrauss (Savoye) ne cherche pas àopposer les différentes technologies

entre elles (préparation à gares, sys-tèmes de tri, système à navettes). « C’est la combinaison de ces diffé-rents maillons qui apporte le plus devaleur. Et ces maillons deviennent deplus en plus robustes, flexibles, inno-vants. En même temps, du fait de lacomplexité, l’écart risque d’augmenterentre la performance théorique quel’on peut attendre du système et celleque l’on obtient au final. C’est le défile plus grand aujourd’hui, de savoirpiloter le projet vers la solution opti-male ». « C’est ça l’intégration, inter-

vient Jean-Marc Moulin, ce n’est passeulement choisir les meilleurs sous-ensembles, mais faire que tous cesmaillons, qui travaillent à des vitessesdifférentes à un moment donné, don-nent globalement un entrepôt efficacetous les jours, et pas seulement lorsdes pointes ou au contraire, sur lespetites journées. »

Incontournable intégrationPersonne ne pouvant prétendre « êtrebon partout », cette intégration néces-site souvent une collaboration sur un

Pascal Darcheville, Vanderlande Industries France Sylvain Cerise, SSI Schaeffer Franceet Pierre Monceaux, Rédacteur chez SCMagazine

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Les participants

Chantal Ledoux, Directrice Générale et co-fondatrice de Boa ConceptCréé en 2012, Boa Concept a conçuun système de préparation de com-mandes, baptisé Plug and Carry, repo-sant sur un système de convoyagemodulaire intelligent, installable etmodifiable très facilement. En plusd’être constructeur de matériel, lasociété est devenue intégrateur deprojet. Son effectif est actuellement de10 personnes (deux autres sont enphase de recrutement), avec la pers-pective d’atteindre une vingtained’employés fin 2015. Son CA 2013 estde 0,8 M€ (objectif de 1,5 M€ pourcette année).

Jose Manuel Lucio, Responsable du marché françaischez Ulma Handling SystemsSociété basque espagnole, UlmaHandling Systems commercialise enEurope du Sud et en Amérique duSud les systèmes d’automatisation dugéant japonais Daifuku avec lequelelle est alliée depuis 1988. Son activité,notamment dans le domaine des sys-tèmes automatisés de préparation decommandes pour la logistique, repré-sente un CA de l’ordre de 80 M€, surles deux continents, avec un effectifd’environ 300 personnes.

Bruno Maisonneuve, Chef d’entreprise d’Actemium Lyon LogisticsActemium est la marque de VinciEnergies qui fédère l’offre d’ingénierieet de travaux pour l’industrie (conseil,réalisation, mise en service et assis-tance), soit environ 300 entreprisesdans 35 pays (CA de près de 2 Md€),dont une dizaine de sociétés spéciali-sées en logistique (CA d’environ 40 M€). En France, Actemium LyonLogistics (12 M€, 30 personnes) estun ensemblier qui intègre des sys-tèmes automatisés. 30 % de l’activitéest consacrée au retrofit d’installationsde tri haute cadence.

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même projet entre différents acteursde l’automatisation. « Cela peut trèsbien se passer, précise Bertrand Faure,en citant notamment une expérienceréussie avec Jungheinrich sur unentrepôt de préparation de com-mandes pour le compte de Schneider.En même temps, ce n’est pas toujourssimple. Je me rappelle du cas d’une

grosse plate-forme automatisée dansles années 90 du côté de la Plaine del’Ain, assemblée brique par brique etoù la problématique de l’intégrationn’a absolument pas été prise encompte. » Plutôt qu’essayer de fairecohabiter tant bien que mal diffé-rentes technologies, Stéphane Conjardpréconise de « simplifier la com-

plexité » et de tout ramener à uneseule technologie… celle du système ànavettes OSR de Knapp. « Il y a beau-coup d’entrepôts où l’OSR peut être lecœur du système et réaliser quasimenttoutes les fonctions nécessaires : miseen stock, préparation des commandesdétail ou de colis complets, consolida-tion, tri et ordonnancement à l’expé-dition, gestion des retours ». « Je meméfie beaucoup des systèmes qui fontun petit peu tout et tout un petit peu,lui répond avec humour Jean-MarcMoulin. Pour moi l’intégration, c’estégalement choisir à la fois technique-ment et économiquement le bon sousensemble qui va remplir la bonnefonction. Par ailleurs, pour avoir unebonne intégration et un système vrai-ment rentable, nous pensons chez SDI

PierreMarol, (Alstef)ChantalLedoux, (Boa Concept)Patrick Teissier,(Dematic)FrancisCiuch(Ciuch)

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que la connaissance du métier clientest indispensable, notamment dans ladistribution à la pièce où il faut pou-voir absorber des variations quoti-diennes. »

Engagement et accompagnementSelon Patrick Teissier, le problème fon-damental que pose la collaborationdans les projets multi-technologie sesitue au niveau de l’engagement con-tractuel du responsable de l’intégra-tion. « Bien souvent, c’est une sociétéde consulting qui veut avoir le rôle del’intégration. Mais le jour où il fautréinjecter des millions d’Euros pourcorriger le système parce que le fluxprévu dans le contrat n’est pas atteint,un cabinet de 10, 50 voire 200 per-sonnes n’aura jamais la surface finan-cière. Et c’est un vrai sujet sur plu-sieurs projets en cours ». Il estime quece problème de la masse critique vaaccélérer le phénomène de massifica-tion des acteurs du monde de l’auto-matisation. « Le problème n’est paspurement financier. Certes, il y a desrisques qu’il le devienne, mais je diraisqu’il est surtout impératif au départd’avoir la compétence pour intégrer »,relativise Bertrand Faure. Pascal Dar-cheville insiste également sur l’impor-tance d’accompagner le client après lamise en œuvre. « Un enjeu peut-êtreencore plus important à notre avis quel’intégration en tant que telle pour labonne réussite du projet et l’obtentionet le maintien des performances. C’estnon seulement d’apporter des outils qui

Les participants

Pierre Marol, PDG d’AlstefSociété française indépendante de200 personnes, dont le capital estdétenu par le management et les sala-riés depuis 2000 (ex Alstom Automa-tion), Alstef est concepteur-ensemblierdans deux métiers : d’une part lamanutention des bagages et d’autrepart le stockage grande hauteur, lamanutention des palettes et la prépa-ration de commandes associée. SonCA se situe aux alentours de 40 M€,réalisé majoritairement en France.

exploiter, à appréhender un systèmerelativement complexe ». Ce point devue est partagé par Bertrand Faure, quiprécise d’ailleurs que c’est la raison

Jean-Marc Moulin, Président de la filiale française de SDI GroupL’activité phare (85% du CA) du bri-tannique SDI Group est la réalisationde systèmes de tri et d’entrepôts com-plets dans le secteur du textile. Sonpérimètre s’est aujourd’hui étendu àd’autres métiers connexes comme ladistribution de CD, de DVD, de livres,d’accessoires de sport, etc. Son CAeuropéen (dans huit pays) s’élève àprès de 40 M £ (environ 50 M€,dont 6 M€ en France en 2013), pourenviron 250 personnes. Le groupe estégalement présent outre-Atlantique(Etats-Unis et Chili).

permettront l’analyse fine du compor-tement du système pour son améliora-tion continue mais aussi de s’assurerque les équipes du client sont prêtes à

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Jean-Michel Strauss, Responsable ingénierie et projetschez SavoyeAvec un effectif de 650 personnes,dont près de 450 en France, Savoye(groupe Legris Industries) est intégra-teur et concepteur de solutions logis-tiques, avec une forte expertise enmatière d’études et d’informatique(WMS et TMS) et dans la mécanisa-tion et l’automatisation des opérationsde préparation des commandes dedétail et de cartons complets, histori-quement dans le secteur de la distri-bution spécialisée. Le groupe a recrutécette année 35 personnes dans lemonde, dont 20 pour la France.

Patrick Teissier, Directeur des Systèmes Intégrés de Dematic FranceBasée au Luxembourg, Dematic estune société allemande (ex Mannes-mann Demag) dont les originesremontent au XIXe siècle. C’est unconcepteur, fabricant et intégrateur desolutions logistiques qui réalise dans lemonde un CA proche d’1 Md€ (dontprès de 40 % aux Etats-Unis), avec uneffectif de 4.000 personnes. L’activitéFrance (Saint-Etienne et Paris) emploieune centaine de personnes, dont 50 informaticiens. Les entrées decommandes hexagonales dépassentcette année les 45 M€.

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Hoyame Saber,Directrice des Systèmes Logistiqueschez Jungheinrich FranceEn France où il est présent depuis plusde 50 ans, le constructeur allemandde solutions de manutention Jun-gheinrich s’appuie sur un effectif de1.000 personnes, dont 500 tech-niciens, pour un CA de plus de 260 M€, principalement sur la partiechariots. L’activité « systèmes logis-tiques » (prestation logistique clé enmain en matière de systèmes auto-matisé de stockage et préparation decommandes, AGV, WMS, trans-stockeurs) représente tout de mêmeprès de 30 M€ dans l’Hexagone.

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pour laquelle Fives commence à créerdes installations connectées quiremontent un très grand nombre dedonnées du logiciel de pilotage (WCS).« C’est assez difficile pour quelqu’unqui exploite d’aller chercher les der-niers 5 % ou 10 % d’optimisation de laperformance. C’est pourquoi nous pro-posons ces nouveaux services d’exper-tise et d’analyse à nos clients, et lespremiers résultats sont vraiment pro-bants ».

Les technos qui vont tout changerLa suite du débat s’oriente sur lesinnovations technologiques qui vontrévolutionner le marché. StéphaneConjard considère que les technolo-gies autour de la vision, de la recon-naissance des objets, des algorithmes

et des systèmes d’acquisition desimages, vont trouver de nouveauxchamps d’applications. « En mai der-nier, au Cemat, nous avons présentéun système de robot avec une recon-naissance automatique des produitsbasée sur la technologie vision. Noussommes en train de tester le systèmechez un client et je pense que le robotva vraiment commencer à se répandredans les entrepôts dans les 10 pro-chaines années ». Chantal Ledouxdéfend davantage l’idée de flexibilitéet de facilité à installer rapidement età faire évoluer soi-même son système.« Le fait d’avoir conçu notre systèmede manière modulaire et standard,avec un pilotage décentralisé, faitqu’en général le client peut déjà com-mencer à se familiariser avec le sys-tème avant même que tous les

éléments soient connectés », fait-elleremarquer. Bertrand Faure considèreque la modularité n’est pas forcémentune nouveauté absolue dans les sys-tèmes transitiques, en citant un de sesclients « très récurrents » en réparti-tion pharmaceutique qui modifiedepuis longtemps chaque année laconfiguration de ses lignes de prépa-ration de commandes. « Tous les sys-tèmes ont une limite en modularité, àpartir d’un certain flux. Ensuite, c’estnotre ingénierie de service qui vaprendre le relais », glisse discrètementBruno Maisonneuve.

Débat autour de l’innovationDu côté de SSI Schaefer, la nouveautéporte sur les systèmes à navettes àhaute cadence pour palettes. « Typi-quement, une boucle de convoyeurs

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palettes est limitée à des flux de 200 palettes/heure alors qu’ici on parlede solutions qui peuvent sortir jusqu’à1.000 palettes/heure. C’est une vérita-ble vague de fond et nous avons débutéles premiers projets en Allemagne »,s’enthousiasme Sylvain Cerise. D’au-tres mettent en avant les efforts enmatière d’économies d’énergie : JulienCouret indique par exemple que Vias-tore a développé pour ses machinesdes variateurs qui adaptent automati-quement les performances aux niveauxde charges, et Jose Manuel Lucioexplique que les équipements sont deplus en plus légers, et dotés de sys-tèmes de récupération d’énergie.« L’ambition chez Jungheinrich est de

démocratiser le transport de marchan-dises par chariot automatisé (AGV). Latransitique n’est pas forcément liée àune solution de convoyage classique »,énonce de son côté Hoyame Saber.Pour Patrick Teissier, les systèmes ànavettes constituent ce qu’il appelleun « véritable break technologique »,avant de voir d’ici 15 ou 20 ans dessystèmes logistiques tout automatisés,qu’il qualifie de « cubes magiques ».Tout en insistant fortement sur la dif-férence entre les grands groupes inter-nationaux (dont fait partie Dematic),capables d’investir des budgets deR&D de plusieurs dizaines de M€, etles entreprises plus « locales ». « C’estun débat éternel : les gros disent qu’ils

sont plus forts, qu’ils vont davantageinnover mais l’Histoire regorge d’exem-ples où les petits sont passés devant les gros en matière d’innovation », sedéfend Pierre Marol. « Mais il n’y apas que la préparation de commandesdans la vie, conclut avec maliceChantal Ledoux. Le convoyeur aencore de beaux jours devant lui aussipour desservir ces fameuses futuressuper machines de préparation decommandes dont vous parlez, ou surla partie emballage, qui est de plus enplus un gros sujet avec le développe-ment du e-commerce et le morcelle-ment des commandes. »

PROPOS RECUEILLIS PARJEAN-LUC ROGNON