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    rs ister

    Simondon?

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    lexception notable de Gilles Deleuze, le concept de transductioncr par Simondon na pas, de son vivant, suscit beaucoup dintrt.Il en va tout autrement aujourdhui, ce qui dailleurs convient parfai-tement aux thses simondoniennes : l i n f o rm at i o n associe un ger-

    m e , ici un penseur ou un livre, nest pas une cause au sens classique otoute cause a en elle-mme le pouvoir de causer ; elle nest capable din-f o rmer le milieu, de le stru c t u r e r , que si le milieu associ au germe devient mtastable , riche en nergie et pauvre en structure . La questionse pose alors : de quel type de structure notre milieu est-il, a u j o u r d h u i , p a u v r e , ce dont tmoignerait la propagation des ides de Simondon ?

    Le livre de Muriel Combes, S i m o n d o n .Individu et collectivit , t m o i g n ede cette rencontre entre le germe-Simondon et un milieu soudainr c e p t i f. Elle crit que la pense de Simondon propose un humanisme

    sans homme qui sdifie sur les ruines de lanthropologi e . Un humanis-me qui, la question kantienne : quest-ce que lhomme? , s u b s t i t u e r a i tla question combien de potentiel un homme a-t-il pour aller plus loinque lui ? , ou encore :Que peut un homme pour autant quil nest passeul? (p.)

    La question est importante. Le processus dindividuation propospar Simondon a en effet pour vise explicite de trancher la question dela poule et de luf que dramatisent tant de sciences humaines : faut-

    il mettre au principe de la description soit un individu dot dattributsbien dfinis soit un milieu fonctionnel dont se dduiront les propri t sque lindividu pense siennes.Avec Simondon, et le milieu et lindividuviennent a p r s lindividuat i o n , et si la description de lun renvoie alors celle de lautre, cest parce que ce qui se propose la description estdans les deux cas un produit stable du processus. Lindividu sexpliquecertes par le milieu qui lui est associ, mais lexplication nest pas uned d u c t i o n : sexpliquer renvoie lontogense elle-mme, loprat i o n

    de compatibilisation qui produit et lindividu et le milieu.Il me semble assez incontestable que le processus dindividuation selonSimondon peut aider penser un certain nombre de cas de trs grandi n t r t . Simondon lui-mme sest beaucoup intress la perception ausens sensori - m o t e u r , celle que nous, a d u l t e s , tendons prendre commeallant de soi. Sa redescription nous invite en clbrer le haut fait, quisaccomplit chaque gnration, pour chaque petit dhomme . Et jepense quune clbration de ce genre est bienvenue pour lensemble descas marqus par un contraste dramatique entre la question de lappren-tissage et le moment o ce qui a t appris se prsente comme une p r o-p ri t de lindividu : il sait marcher, p a r l e r , l i r e , t r o u ver la solution dunequation du deuxime degr, percevoir les composantes dune cellule

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    au microscope, conduire une vo i t u r e , e t c. . . Face des signes dimpri m e-ri e , il faut une trs grande ascse spirituelle pour russir ne pas l i r e ,et il faut tre acteur ou danseur pour pouvoir se laisser tomber . Q u a n taux mat h m at i q u e s , on sait la catastrophe que peut constituer le m a l e n-

    t e n d u entre le prof qui pense quune dfinition, ou une quat i o n , e x p l i-cite tout ce quil y a comprendre, et llve qui ny comprend rien.La pdagogie est le champ par excellence o fait des ravages le c o n f l i t

    hylmorphique (explication par la forme globale ou par la matire ?) :faut-il mettre au centre le savoir scolaire, qui aurait une valeur for-m at rice en lui-mme, ou llve , chaque savoir ntant alors que locca-sion pour llve de dcouvrir et nourrir sa propre comptence autono-me ? Dans ce cas, la pense de lindividuation pourrait alors avoir desconsquences pratiques directes car ce quelle mne clbrer est le

    rle de lenseignant. Cest lenseignant que revient en effet la charge decrer les conditions de mtastabilit susceptibles de faire exister ensembleun savoir intressant et une classe intresse. Seraient s i m o n d o n i e n s des pdagogues qui nexpliqueraient pas aux enseignants ce quest unlve et comment il apprend, mais admettraient que tout ce queux-mmes croient savoir dri ve bien plutt de ce que russit (ou rate) len-seignant dans son milieu associ (qui nest pas lenfant mais la classe).

    La pense de Simondon me semble donc une trs intressante anti-

    dote pour un ensemble de conflits rptitifs toujours domins par desmots dordre portant sur la bonne explication , celle qui renvoie lex-p l i c ation ri vale aux oubliettes de nos illusions. Ces conflits sont, je crois,le milieu associ au concept dindividuation. En ce sens, on pour-rait affirmer que la pense de Simondon accomplit une lucidation dusujet kantien de la premire critique, celui dont les catgories convien-nent aux principes des phnomnes, celui qui anticipe et reconnat.Vo i r eque cette pense permet denvisager une approche de la question de

    la prise dhabitudes jusqu et y compris celles que prennent lesscientifiques forms ce que Thomas Kuhn appelle une rsolutiondnigmes (puzzles) sur fond de paradigme.

    C e p e n d a n t , l o rsque je sais lire, et que je lis tel ou tel texte, de Simondonou de Combes, les choses se compliquent. C e rt e s , on peut continuer invoquer un milieu associ , partie prenante du processus par o cetexte me transforme. Mais le texte et mme celui-ci que je suis entrain de relire ne deviendra jamais mien : cest comme autre , memettant lpreuve , m i n q u i t a n t , me faisant hsiter, que jai led c ri r e . E p r e u ve , i n q u i t u d e , h s i t ation signalent moins ici lamorce duneopration de compatibilisation que la question de ce que, dans Quest-ce que la philosophie, Deleuze et Guattari nomment facult problma-

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    t i q u e , pense dlie dun rapport au mme, a u t o risant reconnaissanceet communication .

    Les paroles elles-mmes et les langues, indpendamment de lcri t u-r e , ne dfinissent pas des groupes ferms qui se comprennent entre eux,

    mais dterminent dabord des rapports entre groupes qui ne se comp r e n-nent pas : sil y a langage, cest dabord entre ceux qui ne parlent pas lamme langue.Le langage est fait pour cela, pour la traduction et non pourla communicat i o n . CiterMille Plat e a u x, l o rsquon traite de Simondon,est toujours cru e l . Car Deleuze,bien sr, nignore pas Simondon, il futle premier en dire limportance, et il le rpte avec Guattari dans celivre. Mais voil, il a refus d tendre tout systme (p. , note )une notion comme celle de transduction. Une notion, ou un concept,il faut les savoir traiter, et bien traiter, comme des outils. Il ny a pas

    doutil unive rs e l ; un outil, cela se cre pour un problme, pour un typede problme, par double singularisation : ce problme, cet outil.Problme de got,de coadaptation, insistent Deleuze et Guattari dansQuest-ce que la philosophie ? Un problme, cela se constru i t , et unesolution, cela svalue : Manqu... Russi... (p.). Je ne doute pasquune c o m p at i b i l i s at i o n serait possible, mais ne serait-elle pas p i-cyclique , sauvant les phnomnes en leur imposant une forme desolution a priori ? On peut voir l le triomphe de Simondon, puisque

    sa pense stendrait par transduction. On renoncera alors toute dif-frence entre sauver un phnomne , lui apporter une solution quien fait taire la difficult propre, et accepter lpreuve de ce problme.

    Pour beaucoup de ceux qui, aujourdhui, sintressent Simondon,il y a dans son uvre de quoi faire tout autre chose que s a u ve r ce quiexcde la question de lindividu propritaire de ses attributs. Si MurielCombes, par exemple, lit dans cette pense la possibilit dun huma-nisme ax sur le question Que peut un homme pour autant quil nest

    pas seul ? , cest parce que lindividu humain nest pas le dernier mot.Simondon a galement cr la notion de transindividuel, le plus quin-dividuel, qui dsigne la fois ce qui est relation auto-constituante dusujet et ce dont la rencontre est lvnement dsindividuant qui, critM u riel Combes (p. ) , b rise le rapport interindividuel fonctionnel etengendre la ncessit dune preuve . Entre auto-constitution (toujoursdj) et dsindividuation transindividuelle comme condition dunenouvelle individuation, se dessine ainsi la place dune exprience (soli-t u d e , angoisse) qui introduit la question de la spiri t u a l i t . Cest l, m esemble-t-il, quil faut peut-tre apprendre rsister Simondon.

    Rsister ne signifie pas le moins du monde refuser la question de laspiritualit. Bien au contraire, le renouveau de cette question est pas-

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    sionnant et on ne soulignera jamais assez limportance de la brche ou-verte par Foucault dans LHermneutique du sujet lorsquil a nomms p i ritualit la forme des pratiques qui postulent que, tel quil est, le sujetnest pas capable de vrit mais que, telle quelle est, la vrit est ca-

    pable de sauver le sujet. Le problme est : comment ne pas faire de cettebrche une autoroute ? La sduction de Simondon tient, me semble-t-il, ce que sa pense donne des mots ce que nous sentons, la pro-fonde btise de la pense de lhomme moderne, associ au momentcartsien de Foucault. Mais attention aux mots, car sils ne commu-niquent pas avec de nouvelles questions pratiques, avec un processusde dterritorialisation effectif au sens de Deleuze et Guattari, ils nousanesthsieront.

    On aurait pu sattendre ce que Simondon,penseur des techniques,

    sarrte la relation entre transindividuel, spiritualit et technique, etquil rejoigne ainsi Deleuze et Guattari, pour qui il ny a de limagi-nation que dans la technique . Il aurait pu, alors, sadresser non l homme , mais la multiplicit des techniques en prise sur les ques-tions de devenir et de mtamorphose, et non dontogense. Un livre,quon lcri ve ou quon le lise, est (ou peut tre) un dispositif techniqueq u i , sil russit, fait penser , oblige penser . Mais il en est de mmepour les messages nigmatiques que les gurisseurs tribaux dchif-

    frent dans le sable, avec les coquillages ou le plomb fondu. Et chaquem o m e n t , ici et maintenant,d c ri t u r e , de lecture ou de voya n c e , a p p e l l edes concepts qui exhibent une exprience htrogne et qui saffirmetelle, non pas une exprience individuelle quil sagirait de renvoyer son ontogense. Pas de gense, mais plutt ce que Deleuze et Guattariappellent agencement : Lunit relle minima, ce nest pas le mot,ni lide ou le concept, ni le signifiant,mais la ge n c e m e n t.Cest toujoursun agencement qui produit les noncs. Les noncs nont pas pour

    cause un sujet qui agirait comme sujet dnonciat i o n , pas plus quils nese rapportent des sujets comme sujets dnoncs. Lnonc est le pro-duit dun agencement, t o u j o u rs collectif, qui met en jeu, en nous et horsnous, des populations, des multiplicits, des territoires, des devenirs,des affects, des vnements .

    Pourquoi jouer Deleuze et Guattari contre Simondon au lieu detenter de les accorder ? Peut-tre, au premier degr, par agacement, jelavoue. Il y a dans la redcouverte de Simondon une forme de pitqui magace dautant plus quelle me semble ritrer ce quil y a de plusoppressant dans le texte de Simondon : une sorte de rapport immdiat la vrit. On sent la transduction oprer dans un puissant rapportdadhsion suscit par une rhtorique qui la rclame. Lagacement na

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    rien dune raction p s y c h o l o gi q u e : il signale la puissance dun agen-cement redoutable, dont Simondon lui-mme a sans doute t lapremire victime . Mais la concidence entre lintrt pour la spiri-tualit et la redcouverte de Simondon est une raison beaucoup plus

    puissante. Lvnement intervient, et tmoigne pour, un moment deperplexit auquel il risque de donner une rponse trop rapide. La per-plexit, cela se cultive, cela cre des risques quil sagit dexplorer. Jecrains le caractre un peu trop satisfaisant dune rponse qui rassureparce quelle recentre sur n o s cat g o ries (individu / o n t o g e n s e ;a p p a rt e n a n c e / drame de la solitude du s u j e t ) une question quidevrait nous faire bgayer.

    Le transindividuel ne fait pas bgayer : il marque en fait le passagedune intervention sur nos mots dordre, sur laffrontement sempiter-

    nel entre pouvoirs dexpliquer rivaux, vers une pense en vrit . Etcette vrit est malheureusement assez fa m i l i r e , car elle prend le relaisde toutes celles qui, dj, nous ont propos une diffrence entre ce quisigne la vocation spirituelle de lhomme (solitude, angoisse) et ce quilui fait cran (les appartenances de type tribal, qui sont censes dire lindividu qui il est).V ri f i c ation des effets pratiques de ce passage : s e l o nBernard Aspe , la spiritualit selon Simondon est le nom de la formede vie qui ralise une compatibilisation de laction et de lmotion, et

    qui comme telle ne peut avoir lieu quau niveau du collectif, en tantquil sindividue, et non en tant quil est dj donn (comme s o c i t ) . Aucune diffrence de fond, en ce sens, entre la nature dont parleS i m o n d o n , et le s u rn at u r e l qui est en question dans les pratiques desgurisseurs. Dans les deux cas, il sagit avant tout dune ralit sous-traite lintentionnalit humaine. Quant la gurison, elle est tou-jours de lordre dune restauration de la possibilit dune relation tran-s i n d i v i d u e l l e . Ce qui suppose que soient prises en compte, trave rs des

    techniques diverses, toutes les composantes de la ralit relationnelle(biologique, psychique, culturelle). La thse est convaincante maisq u o p r e - t - e l l e ? Un dplacement de lat t e n t i o n . Les techniques des gu-ri s s e u rs basculent du ct dune dive rsit relat i ve , a l o rs que tri o m p h e n tle avant tout , le toujours , bref le commun tel que le posent nosdfinitions. Nous savons mieux que les gurisseurs la signification deleur technique et linterprtation donner leur efficacit .

    Je ne dis pas que cest faux, et je nai rien contre le transindividuelen tant que tel. J i n t e rroge ses consquences en tant quoprateur tho-rique territorialisant , se prsentant comme capable de subsumer etdunifier dispositifs et agencements. Nous risquons de nous retrouver,comme dhabitude, seuls au monde , quoique dsormais dots dun

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    potentiel , dune part de nature prindividuelle dote du pouvoirdexpliquer et dunifier. Rsister, associer le transindividuel un pro-cessus de dterri t o ri a l i s at i o n , me semble imposer linve rse que ces dis-positifs et agencements soient reconnus comme ce indpendamment

    de quoi le transindividuel nest quun mot, comme cela seul qui, le fai-sant exister, lui confre le pouvoir de nous obliger penser.Cette alternative est pratique, et il ne sagit pas seulement de des-

    c riptions ethnologiques ou de pratiques cliniques, mais de pratiques exp-rimentales politiques. Et en particulier les pratiques que les activistesamricains nomment pratiques dempowerment, qui mettent au travailla question de l appartenance . Appartenir, ici, ce nest pas se voirassigner une identit, cest devenir , en loccurrence devenir capablede ce dont on serait incapable sinon : participer une dcision collec-

    tive, rsister aux dynamiques qui prennent les participants en otages,ne pas accepter par lassitude ou pour le bien du gr o u p e , et tre la hau-teur, sur le terrain, de ce quoi on sest engag. Les contraintes et lesmanires de le m p owe rm e n tont t explors par les groupes daction nonviolente et de dsobissance civile, qui savaient que les participantsdevraient tenir sur le terrain sans la drogue unanimiste de lexcita-tion collective (jets de pierr e , c o m b at frontal, e t c. ) . Et elles ont t repri s e spar les groupes qui entendent que leur mode daction soit capable, s a n s

    perdre aucune efficacit confrontationnelle, de faire exister dans lac-tion le type de coopration inventive, de reclaiming de lespace et dutemps pour lesquels ils luttent. Beaucoup de femmes dans ces gr o u p e s ,qui sen tonnera ?

    DansFe m m e s,m a gie et politique , S t a r h aw k , activiste et sorcire no-p a e n n e , ne parle pas d unit magi q u e , mais de la magie comme tech-nique, articulable toutes les lucidits que lon voudra, constructivisteen ce sens car chappant aux altern at i ves dramatiques y croire ou pas .

    La pierre de touche des rituels crs par les activistes no-paens estexprimentale, ils svaluent par leur efficace et impliquent un proces-sus dapprentissage ouve rt , une pragmatique qui pense c a u s e et e f f e t ,mais au plus loin des relations objectives dquivalence : la cause est ce qui doit tre convoqu et ce qui est convoqu lest non pas ausens o il aurait en soi le pouvoir de produire des effets, il les pro-duit dans lvnement mme o il rpond la convocation. Ce qui,dailleurs, est exactement le cas des tres associs aux sciences expri-mentales. Nous ne savons pas ce quest un lectron, nous ne pouvonsle dcrire que du point de vue de ses rponses aux dispositifs qui le convo-quent. La diffrence entre llectron et la Desse des sorcires portesur le type deffet qui permettra dans ces diffrents cas de parler de r u s-

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    site , production dun scientifique-dot-dun-rsultat-publiable oude collectifs dont les membres deviennenteffectivement capables de lalutte qui les engageait.

    Il sagit dune diffrence qui importe, et qui impose notamment de

    penser lefficace des techniques pour elles-mmes, libre de la rf-rence aux finalits humaines qui les rduisent des instruments. Lessciences et les techniques objectives implique une prise , la cra-tion dun avec irrductible la figure du cristal individuel croissantdans son eau-mre . Une histoire comme celle de llectron est unehistoire de dispositifs insparables de lexigence dune russite singu-l i r e , la capacit de tmoigner que ce que nous nommons lectron nestpas rductible une fiction, ou une compatibilisation simondon-n i e n n e : transindividualit objective . Afin que la t r a n s i n d i v i d u a l i t

    subjective ne soit pas rponse tout terrain mais vecteur immanent deperplexit et dexprimentation, elle devrait, me semble-t-il, tre lie,elle aussi, des histoires de dispositifs caractriss eux aussi en termesdefficace. Leur russite pourrait bien tenir la convocation de ce qui,irrductible une fiction (interprtable en termes de psychologie, des y m b o l i q u e , de projection), devrait tre dit cause de pense , au doublesens de faisant exister et de contraignant la pense (cest le cas de laDesse mais aussi des tres mathmatiques).

    A la question que peut un homme pour autant quil nest pass e u l ? , il ny aurait alors dautre rponse que les productions de convo-cation, de capture, de mtamorphoses qui tmoignent activement dece que les humains ne se font pas tout seuls. Non pas (simplement) unhumanisme sans homme , mais une autre ontologi e , une autre anthro-pologie, dautres obligations.

    () Paris, PUF, coll. Philosophies,.() G. Deleuze et F. Guattari, Quest-ce que la philosophie ?, Paris, Minuit,, p..

    () G. Deleuze et F. Guattari,Mille Plateaux, Paris, Minuit,, p..() Lhermneutique du sujet, cours au collge de France , Paris: Gallimard, Seuil, coll.

    Hautes tudes, mars .()Mille Plateaux, op. cit., p..() G. Deleuze et C. Parnet, Dialogues, Paris, Flammarion, p..() La pathologie au lieu du transindividuel , in Gilbert Simondon. Une pense oprative,

    Cresal, Publications de lUniversit de Saint-Etienne,, citations p.,et .()Voir ce sujet I. Stengers, Lhypnose entre magie et science, Paris, Seuil, Les Empcheurs

    de penser en rond, .() Voir Brian Massumi, conomie politique de lappartenance et logique de la relat i o n ,

    in Gilles Deleuze, Paris,Vrin,, pp.-.() Paris, Seuil, Les Empcheurs de penser en rond,.

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