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Université Jean Monnet St Etienne Faculté de médecine Jacques Lisfranc DCEM4. Stage d’externat à l’Hopital de Mbouo, Cameroun, été 2007. R0CHE Magali Année universitaire 2006-2007

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Université Jean Monnet St Etienne

Faculté de médecine Jacques Lisfranc

DCEM4.

Stage d’externat à l’Hopital de Mbouo,

Cameroun, été 2007.

R0CHE Magali

Année universitaire 2006-2007

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Sommaire

1) Introduction

2) Présentation du lieu de stage 1. Mbouo, ville camerounaise

2. L’hôpital

3) Organisation de mon stage 1. Les horaires

2. Les services

3. Les responsables

4. Mon rôle dans la prise en charge des patients

4) Pathologies rencontrées et thérapeutiques

5) Appréciation personnelle 1. Les difficultés

2. Intérêt du stage

6) Autres activités durant le séjour 1. Orphelinat de Mbouo

2. Tourisme

7) Conclusion : et pour l’avenir…

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1) Introduction

Etudiante en dernière année d’externat de médecine, j’ai déjà réalisé de nombreux stages au

CHU de Saint Etienne (cardiologie, pneumologie, néphrologie, gastro-entérologie, urgences

médicales, pédiatrie, rhumatologie…) me permettant de me faire une idée globale sur ces

différentes spécialités. Ces stages m’ont, en général, donné satisfaction en enrichissant mes

connaissances médicales et pratiques. Cependant, je me suis aperçu que peu de stages ne

m’avaient vraiment donné des responsabilités, mis à part aux urgences, qui est d’ailleurs le

stage le plus lourd, mais qui m’a le plus satisfaite et le plus apporté en terme de pratique

médicale courante (savoir gérer la prise en charge initiale d’un patient, stratégie d’orientation

diagnostic dans l’urgence…).

J’ai toujours été attirée par les projets humanitaires et l’aide au pays en voie de

développement. Je suis déjà parti en Afrique, au Burkina Faso, dans le cadre d’une mission

humanitaire dans le domaine de la santé mais mon rôle était vraiment minime vu mon manque

de compétence à dette époque (fin DCEM1 !).Je pensais aujourd’hui être un peu plus apte à

avoir des responsabilités professionnelles, à apporter ma contribution dans la prise en charge

des patients de ces pays. Ainsi, grâce à l’appuie de l’association stéphanoise BIAGNE, j’ai pu

réaliser un stage de 2 mois dans un hôpital de District à Mbouo au Cameroun. Cela m’a

permis de découvrir une autre médecine, plus guidée par la sémiologie clinique, et moins par

les examens complémentaires, une médecine obligeant à privilégier les rapports humains et à

me poser des questions sur mon rôle de « médecin », notamment lors de situations d’absence

de thérapeutique adaptée. Ces questions éthiques sont, en effet, très peu abordées dans notre

formation de futurs médecins, elles me paraissent pourtant capitales !

J’attendais donc de cette expérience hors du commun un enrichissement personnel par la

gestion de responsabilités professionnelles, par un abord de la médecine autre que celui des

pays occidentaux, et par les rapports humains avec une équipe médicale et les patients.

J’espérais évidemment pouvoir apporter mon aide aux médecins et personnel de Mbouo qui

doivent faire tourner l’hôpital avec des effectifs et des moyens limités.

2) Présentation du lieu de stage

1. Mbouo, ville camerounaise

1. Démographie et situation géographique du Cameroun

- Nombre d’habitants : 17340702.

- Age médian : 18,9 ans.

- 41 % de la population < 14 ans.

- Taux de natalité : 33,89 %

- Taux de fécondité : 4,39 enfants/ femme.

- Taux de mortalité : 13,47 %

- Taux de mortalité infantile : 63,52 %

- Espérance de vie à la naissance : 51,16 ans

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2. La culture camerounaise

• Les langues :

� Langues officielles :

-Région anglophone minoritaire

-Région francophone majoritaire

� Plus de 100 dialectes différents. En effet le Cameroun compte près de 250

groupes ethniques ! Mbouo appartient au district de Banjoun dans l’ouest camerounais, ou le

dialecte est le Banjoun.

• Les religions :

- 34,7 % catholiques

- 26 % religions traditionnelles

- 20 % musulmans

- 17,5 % protestants

3. L’économie

- PIB : 2400 Dollars par hab.

- Proportion des habitants vivant sous le seuil de pauvreté : 48 %

- Chômage : 30 % de la population.

- Monnaie : franc CFA.

4. Le système de santé camerounais

• Les établissements de santé :

- Les hôpitaux publics et privés, comptant des médecins dans leur personnel : hôpitaux

centraux ou généraux et hôpitaux de district.

- Les centres de santé, type dispensaires, où l’infirmier est seul. En général des réunions

de concertation entre les infirmiers des différents dispensaires et le médecin de

l’hôpital le plus proche ont lieu régulièrement. Ainsi, la formation de l’infirmier doit

être une priorité de santé publique au Cameroun, en attendant l’augmentation du

nombre de diplômés en médecine camerounais, afin d’éviter les erreurs de prise en

charge initiale pouvant parfois coûter la vie à un patient !

Lorsqu’une personne est hospitalisée il est obligatoirement pris en charge au niveau

surveillance, hygiène et alimentation par un « garde malade » qui est en général un membre

de sa famille. Celui-ci a le devoir de veiller sur le patient jour et nuit ! De plus, c’est lui qui se

charge d’aller chercher les médicaments du jour à la pharmacie en échange d’argent.

• Les assurances santé :

- Pas de système de sécurité sociale publique identique à la France.

- Assurances santé privées dont ne peuvent bénéficier que les personnes aisées.

Ainsi, la plupart des patients doivent assurer par leurs propres moyens le financement des

soins. Bon nombre d’entre eux ne dispose pas de la somme requise et se met alors en route un

système de crédit par l’hôpital, qui est tout de même limité…, et un système de solidarité

familiale ou chaque membre de la famille participe au règlement des frais. On peut donc

aisément comprendre que cela n’incite pas les personnes a consulté à l’hôpital avant qu’ils ne

soient dans un état gravissime ! Devant la maladie, nombre de camerounais vont tout d’abord

se tourner vers la médecine traditionnelle, la sorcellerie… car cela est moins onéreux !

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• Quelques chiffres : au Cameroun…

- 1 centre de santé pour 8500 habitants

- 1 médecin pour 10000 habitants

- 1 lit pour 770 habitants

- 1 infirmier pour 2300 habitants

- 1 pharmacie pour 63000 habitants

2. L’hôpital de Mbouo

1. Historique

• L’hôpital de Mbouo a été créé en 1928 par une infirmière

française Melle Marchand. C’est un « hôpital d’église », évangéliste, il est de ce fait sous la

tutelle du pasteur et accorde beaucoup plus facilement des crédits aux patients que les

hôpitaux publics !

• Aides associatives, coopérations humanitaires : Rotary club italien, Biagne St Etienne,

université Rockefeller Lyon…

2. Les différents services

• Réanimation : 9 box individuels, une salle collective de 4 lits.

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Ce service est l’équivalent d’un service « des urgences » en France. Les entrées y sont

possibles 24h sur 24, soit via les consultations externes, soit via les différents centres de santé

mitoyens, soit directement sur la volonté du patient. Le niveau de gravité de l’état dans lequel

se trouvent les patients à l’entrée est très variable, mais ils seraient parfois dignes d’un service

de réanimation équipé ! Les moyens disponibles sont en effet très limités : un tensiomètre

manuel, un seul appareil à dextro, bouteille à oxygène unique, SNG, SAD, un ECG hors

service durant mon séjour, pas de matériel d’aspiration, pas de scope, pas de matériel

d’intubation,pas de SAP, pas de saturomètre…

• Chirurgie :

- Service : 4 salles collectives de 8 lits.

- Bloc opératoire : équipé de table opératoire, scope, matériel d’aspiration,

stérilisateurs.

- Salle pré-bloc : salle des sutures et petite chirurgie.

• Diabétologie : 3 lits pour les diabètes déséquilibrés, avec pour consignes de faire

l’éducation du patient (diététique…)

• Médecine : différents niveaux de « standing », correspond aux soins des patients

stabilisés en réanimation et ne nécessitant pas une surveillance étroite.

• Maternité : 4 salles collectives d’hospitalisation

- Gynécologie

- Obstétrique : trois box avec tables d’accouchement

- Consultation PMI : suivi de grossesses, vaccinations, échographie obstétricale.

- Néonatologie : une salle avec trois couveuses, accueillant les prématurés ou les

nouveaux nés avec retard de croissance ou ayant des difficultés alimentaires.

• Pédiatrie : 2 salles collectives avec 4 lits.

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• Laboratoire d’analyses biomédicales :

- Hématologie : NFS, Groupes sanguins, rhésus,

- Biochimie : ionogramme (Na, K, Ca, Mg), ASAT, ALAT, Bilirubinémie,

créatininémie, urémie, amylase, lipase, VS, CRP

- Cytologie : ascite, liquide pleurale, urines, LCR…

- Bactériologie : coprocultures, examen de liquide biologique de ponctions diverses

(lombaire, pleurale, péritonéale, crachats, urines), Widal

- Parasitologie : selles « KOAP », GE

- Sérologies : VIH (dépistage par le « SM »), hépatites, syphilis

Le problème est que certains examens de laboratoire sont peu fiables notamment les

ionogrammes…

• Consultations externes : 3 salles de consultation

• Imagerie médicale :

- Radiographie standard : ASP, RP, osseuses

- Echographie abdo-pelvienne : surtout échographies obstétricales dans le cadre du suivi

de grossesses normales ou pathologiques, mais aussi syndrome douloureux abdominaux

divers…

3. Le personnel

L’hôpital compte 126 employés :

• 3 médecins généralistes dont le médecin chef qui est le directeur de l’hôpital

• 6 IDE

• 16 infirmiers avec d’autres diplômes, moins qualifiés

• 50 équivalent « aide-soignant »

• 7 filles de salle

3) Organisation de mon stage

1. Les horaires

Il n’y avait pas d’horaires ! En fait, j’étais, comme on pourrait le dire en France,

« d’astreinte » 24h sur 24 et 7 jours sur 7 ! Je passais tous mes matins à l’hopital de 8h à 13h,

et l’activité de l’après midi et des nuits dépendait du nombre d’entrées, des problèmes dans

les services… Le rythme de travail des journées était très fluctuant, allant de 5h à 13h non

stop ! Nous nous sommes tout de même permis 10 jours de congés durant le séjour.

2. Les services

J’ai passé 3 semaines de stage en services de chirurgie et réanimation puis

3 autres semaines entre les services de maternité, médecine et pédiatrie ainsi qu’à la

consultation externe.

3. Les responsables

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Nous avons assisté le travail de deux médecins généralistes, le Dr Achille KUATE et le Dr

Gérard TCHUENTE, mais très peu travaillé avec le médecin-chef de l’hopital, le Dr Lazarre

KUATE.

4. Mon rôle dans la prise en charge des patients

Au Cameroun, après la 4e année des études de médecine on considère que l’étudiant est

Docteur ! Il n’était donc pas rare que les infirmières m’appellent « Doc » ! En réalité, nous

avions le rôle d’interne : faire le tour dans les services avec ou sans le médecin afin de

réévaluer les prescriptions et l’état des patients, s’occuper des entrées (examiner, prescrire,

surveiller), expliquer aux patients et aux familles… Evidemment, au début du stage nous

n’étions que de simples externes, mais au fil des semaines notre place au sein de l’équipe

soignante n’a fait que croître. Lorsque nous nous sommes senti assez à l’aise nous avons pris

les astreintes la nuit, les infirmières pouvaient nous joindre si une entrée nécessitait une prise

en charge urgente. Lorsque nous avions le moindre doute sur une pathologie ou un traitement

nous n’hésitions pas à contacter le médecin de garde très disponible. De plus, j’ai pu conduire

quelques consultations externes à l’accueil avec toujours le point de vue d’un médecin pour la

synthèse et les prescriptions.

4) Pathologies rencontrées et thérapeutiques

1. Infectieuses :

• Paludisme+++++ : simple ou grave avec anémie sévère, méningo-

encéphalite…L’infection par le plasmodium falciparum est la première cause de mortalité au

Cameroun.

• Tuberculose

• Pneumopathies infectieuses

• Pyélonéphrite probable

• Infection urinaire basse

• Typhoïde : simple ou compliquée de perforation digestive…

• Parasitoses intestinales : ascaris (parfois compliqué de perforation digestive et

mort…), amibes…

• GEA : syndrome dysentérique, syndrome cholérique… avec parfois des tableaux de

déshydratation catastrophiques notamment chez les enfants en bas age

• Hépatites virales

• Filarioses : éléphantiasis…

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• Méningite bactérienne: isolée chez l’enfant, compliquant des sinusites chez l’adulte…

• Sepsis, choc septique

• Cholécystite : parasitaire...

• VIH (+++) : découverte de la contamination sur simple dépistage systématique

notamment chez les femmes enceintes ou devant des symptomatologies diverses mais souvent

à un stade SIDA très évolué avec signes digestifs, urinaires, infectieux, cachexie…parfois

bien trop tard pour espérer un quelconque amélioration avec les rétroviraux… L’infection par

le VIH constitue un véritable problème de santé publique au Cameroun, en effet elle touche

6,9 de la population soit 560 000 personnes avec 49 000 morts par an.

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• Péritonite post-appendicite, perforation intestinale, perforation d’ulcère, post-

opératoire (césariennes…), salpingite…

• Ostéomyélite, ostéite

• Abcès cutanés

• Plaies cutanées diverses surinfectées…

Traitements :

Il s’agit en fait de traitement probabiliste large la plupart du temps car, soit les examens

complémentaires ne sont pas réalisés car irréalisables du fait de l’absence de moyens

techniques, trop onéreux pour le patient (PL…), ou trop long à réaliser, soit ceux-ci ne sont

pas fiables du fait d’un manque de sensibilité (Widal…). De plus, le traitement est fortement

guidé par l’épidémiologie : penser au palu avant tout ! car il est à l’origine de nombreux

tableaux graves conduisant au décès.

Devant une fièvre et AEG :

Quinine/ glucosé et Ceftriaxone sont incontournables ! afin de viser palu et thyphoide.

Ensuite, si la fièvre est importante ou mal supportée, Analgin (noramidopyrine, molécule hors

AMM en France pour agranulocytose médicamenteuse ! mais antalgique et antipyrétique

parentérale le moins onéreux au Cameroun…), s’il y a des signes digestifs, antiparasitaire

Imidazolé, si l’état est grave, Dexaméthasone et Aminoside, si on veut élargir le spectre des

antibiotiques, Métronidazole, et Ciprofloxacine… Le plus souvent tout cela se fait à l’aveugle

et on suit l’évolution sur la température et l’état général.

En ce qui concerne le SIDA, tous les patients « SM » positif sont mis sous cotrimoxazole, et

la trithérapie est donnée gratuitement aux sidéens pouvant en bénéficier selon un programme

national de santé publique. Le problème est que les patients ne sont pas toujours au courant et

que certaines organisations sanitaires en profitent pour un meilleur rendement financier…

2. Pulmonaire :

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• Crise d’asthme

• Décompensation de BPCO

• Pleurésie néoplasique…

Traitements : bronchodilatateurs (aminophyline, salbutamol…), corticoides

(dexaméthasone…)

3. Digestives :

• Ulcère gastro-duodénal : simple ou compliqué de perforation ou d’hémorragie

digestive.

• Hémorragies digestives haute et basse

• Hémorroïdes

• Hépatite toxique (intoxication aux produits indigènes)

• Hernie inguino-scrotale

• Ascite…

Traitements :

Devant une suspicion d’ulcère : cimétidine, antalgiques.

Devant une hémorragie digestive haute : « repas de Levi » = phosphalogel, adrénaline, exacyl

et exacyl en IV.

Traitement symptomatique de l’ascite : furosémide, spironolactone.

4. Cardio-vasculaires :

• poussée hypertensive, encéphalopathie hypertensive probable

• insuffisance cardiaque décompensée, jusqu’à l’état de choc cardiogénique !

• valvulopathies : RAA

• troubles du rythme cardiaque : ACFA probable…, en réalité le diagnostic ne peut pas

réellement être posé car aucun ECG n’a été réalisé car l’appareil était hors service!!

• AVC d’origine hémorragique ou ischémique : en réalité la distinction entre l’étiologie

hémorragique ou ischémique est impossible par la seule clinique, or le scanner n’est pas

disponible à Mbouo.

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• Crise migraineuse…

Traitements :

Devant une HTA : diurétiques, anti-hypertenseurs centraux, calcium-bloqueurs, mais très peu

de béta-bloquant, IEC et ARA 2 car très onéreux.

Devant une poussée d’insuffisance cardiaque droite ou gauche (OAP) : diurétiques et…

traitement étiologique si possible !

Devant un AVC : pas véritablement de protocole, mais il est vrai que cela est délicat vu

l’absence de certitude diagnostique concernant l’origine hémorragique ou ischémique…, en

somme parfois on met de l’aspirine, parfois on s’abstient, mais concernant les anti-

ischémiques (nootropyl) dont l’efficacité est fortement controversée ils sont toujours

prescrits !

Sur le plan des anti-arythmiques, la digoxine est le plus largement prescrit, tous les autres sont

rares…

5. Traumatologie :

• Fractures diverses • Rupture de rate

• Traumatisme crânien

• Plaies par balle, compliquées d’hémothorax

• Brûlures du troisième degré graves, parfois survenues lors de chutes dans le feu

d’épileptiques en crise…

Ces traumatismes survenaient le plus souvent lors d’AVP, mais aussi beaucoup de chutes

d’une hauteur (le grenier, un prunier…).

6. Psychiatrie :

• Conversion hystérique

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• Psychose paranoïaque…

Traitements :

Neuroleptiques : largactil, nozinan, molécules qui ne sont plus utilisés en France du fait de

la fréquence des effets secondaires neurologiques.

7. Gynécologie et obstétrique :

• endométrite, salpingite

• cancer du sein métastasé probable

• abcès du sein

• fibrome

• Grossesse extra-utérine +++ : le plus souvent pris en charge en urgence lors d’un

hémopéritoine post-rupture, allant parfois jusqu’à l’état de choc hypovolémique !

• Fausse-couche avec ou sans rétention placentaire

• Grossesse normale

• Grossesses pathologiques : pré éclampsie, menace d’accouchement prématuré,

souffrance fœtale…

• Accouchement simple : par voie basse ou césarienne

• Accouchement pathologique : hémorragie de la délivrance sur déchirure périnéale, du

col ou rétention utérine, bosse séro-sanguine sur bassin limite…

Traitements :

Devant des infections génitales, antibiothérapie par ampicilline, métronidazole et

gentamycine, parfois ciprofloxacine.

Toutes les GEU sont opérées.

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8. Troubles métaboliques et toxiques :

• Décompensation de diabète

• Fièvre bilieuse hémoglobinurique

• Déficit en G6PD probable

• Goitre et nodule thyroidien…

Traitements :

Antidiabétiques : insuline, ADO (sulfamide, biguanide…).

9. Pédiatrie :

• Méningites bactériennes

• Convulsions fébriles et non fébriles

• Etat de dénutrition grave

• Sténose hypertrophique du pylore

• Paludisme grave avec anémie sévère

• Etat de déshydratation grave

• Détresse respiratoire aigue sur inhalation de corps étranger

• Appendicite aigue avec péritonite…

5) Appréciation personnelle :

1. Les difficultés

- Dans la pratique médicale :

� L’interrogatoire :

J’ai rencontré des difficultés dans le recueil des antécédents et de l’histoire de la maladie du

fait de la barrière de la langue (dialectes multiples, anglais), du manque d’éducation, du

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manque de suivi médical, et des propos en général très vagues des patient.

� Le diagnostic :

J’ai du adapté ma démarche diagnostique au terrain, c'est-à-dire aux examens paracliniques

limités et parfois peu fiables… Par exemple, il fallait diagnostiquer un AVC ou une

hématome extra-dural sans scanner ou IRM cérébral, ce qui équivaut à privilégier la clinique,

le contexte, l’histoire du patient, l’épidémiologie et à traiter de façon probabiliste. De plus

toutes les méningites étaient traitées sans qu’aucune PL n’ait été réalisée, donc sans certitude

diagnostic.

De ce fait, nombreuses personnes n’étaient traitées que symptomatiquement car le diagnostic

étiologique demeurait inconnu : probable cancer du sein métastasé, probable lymphome

digestif chez les sidéens, origine d’hémorragies digestives… ?

Enfin, les ionogrammes donnaient des résultats totalement erronés, ce qui nous a valu au

début des moments de stress… devant des hyponatrémies ou hyperkaliémies extrêmes chez

des patients comateux !

En somme, il fallait accepté de traiter sans connaître le diagnostic et donc de traiter la

clinique, les plaintes du patients, ce qui nécessitait souvent un traitement large notamment en

ce qui concerne les antibiotiques, soulevant le problème de l’émergence de résistances…

� Le traitement :

J’ai du accepter d’utiliser certaines molécules qui ne sont plus prescrites en France du fait

d’effets secondaires non négligeables (noramidopyrine, chloramphénicol, largactil…), de

modifier mes schémas thérapeutiques français devant le coût conséquent de certains soins, en

privilégiant toujours le traitement le plus urgent, le moins cher et le moins long pour ne pas

mettre les familles dans des situations financières catastrophiques…

� S’adapter à l’organisation des soins :

Il m’a été très difficile de m’adapter au rythme de travail camerounais. En effet, les résultats

de nombreux examens étaient rendus tardivement. Des traitements, parfois même urgents, ne

pouvaient être administrés rapidement car la famille ne pouvaient nous les apporter à cause

d’un manque d’argent ou de disponibilité ! En ce qui concerne les transfusions, elles ne

pouvaient être faites immédiatement après la prescription car il n’existe pas de banque du

sang, il s’agissait donc de trouver un membre de la famille volontaire, de lui analyser son sang

pour s’assurer de la compatibilité avec le receveur puis de lui prélever la poche. Il nous est

arrivé d’attendre presque 24h pour avoir une radio pulmonaire alors qu’un hémothorax était

fortement suspecté par manque de disponibilité du personnel. J’avoue que dans les premiers

temps ma patience avait des limites...mais comment faire autrement sinon d’accepter !

D’autre part, j’ai eu beaucoup de mal à déléguer lorsque je m’occupais d’un patient car je

voulais toujours tout trop vite… (traitement, résultats biologiques, transfert…) mais je me suis

rapidement aperçu que ce n’était pas la solution car cela m’épuisait !

� Les responsabilités :

La hiérarchie est très présente dans l’équipe médicale camerounaise, et les infirmières m’ont

tout de suite appelé Docteur ! C’est le premier stage de mes études médicales où j’ai pris

conscience de la responsabilité du médecin et de la difficulté de prendre des décisions, surtout

dans les situations d’urgence et lorsqu’on n’a pas d’expérience derrière soit.

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- Difficultés émotionnelles:

� Le stress :

Au début du stage lorsque je me trouvais seule face à une situation d’urgence il m’était très

difficile de contrôler mon stress, me faisant parfois perdre mes moyens, ne sachant pas par

quel bout commencer, essayant de faire plusieurs choses à la fois sans n’être véritablement

efficace !

� Accepter la mort :

Je n’avais jamais véritablement été confronté à la mort, encore moins de patients dont je

m’étais occupé… j’ai eu des sentiments divers à cet égard, culpabilité, colère, désespoir,

incompréhension, qu’il m’a été très difficile de gérer au début. De plus, la vision de la mort au

Cameroun est complètement différente de la notre, certainement du fait d’une forte croyance

en Dieu et je pense qu’il s’agit aussi d’un moyen de défense…Comment faire sinon être

fataliste devant la mort lorsqu’elle se présente violemment à nous chaque jour notamment

chez de jeunes patients ?! Le plus dur a été l’accueil d’enfants qui venaient à Mbouo pour leur

dernier souffle car leur état de santé était tellement évolué que plus rien n’était possible…Il

est très difficile de se sentir impuissant. C’est ainsi que deux petits nourrissons nous ont

quittés pour déshydratation sévère et dénutrition sévère, tableaux qui ne devraient plus exister

aujourd’hui…

� L’injustice :

Je crois que c’est l’un des sentiments les plus forts qui nous envahit, nous occidentaux,

lorsque nous côtoyons les conditions africaines. Cette injustice est d’autant plus évidente dans

le domaine de la santé car elle confronte les personnes qui ont le droit de vivre car soutenues

des assurances maladie universelle ou privées, et ceux qui ne peuvent pas espérer s’en sortir

par faute de moyens techniques ou financiers. On a l’impression qu’il y a une « sélection

naturelle » par l’argent…comment accepter cela?!

� La souffrance :

La douleur est encore trop peu prise en charge au Cameroun, certainement pour des

problèmes de finances et de surveillance (morphiniques…) mais aussi du fait de la culture

camerounaise « si tu es malade c’est normal que tu souffres et tu dois supporter... ». On peut

donner l’exemple d’une jeune fille brûlée à qui on faisant les soins et pansements sans aucuns

antalgiques…J’ai alors compris l’importance du long et dur travail qu’il a été fait en France

pour lutter contre la douleur.

2. Les intérêts

� Ce stage m’a permis de prendre peu à peu de l’assurance lors de la prise en

charge globale d’un patient notamment dans l’urgence. Il m’a appris à avoir les réflexes de

première intention devant un AVP, un coma, un malaise pour ne pas passer à coté de

problèmes pouvant être fatals (hypoglycémie, choc…). Il m’a appris à gérer mes émotions

lors de situations délicates.

� Ce stage m’a permis d’exercer mon sens clinique. Il m’a surtout montrer

combien l’examen clinique réalisé dans un contexte précis nous apporte des informations

utiles au diagnostic. La disponibilité limitée des examens complémentaire nous poussait à

privilégier l’état clinique du patient et ses plaintes car c’est finalement cela qui doit être traité

en priorité. Je me suis rendu compte que, même avec des moyens réduits, il était possible

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d’évaluer la gravité de l’état d’un patient, de faire des diagnostics, de traiter des pathologies,

de guérir des patients ! Ont été ainsi soigné avec succès des méningites graves, des

paludismes graves, des décompensations d’insuffisance cardiaque, des détresses

respiratoires,des GEU rompue avec hémopéritoine, des appendicite avec péritonite… et trois

petits triplés prématurés ont pu rentrés sains et saufs avec leurs parents après un petit séjour

en césarienne ! On ne peut donc que féliciter tout le personnel de l’hopital de Mbouo !

� Ce stage m’a rappelé que tout ce que nous prescrivons a un prix ! que se soient

les examens paracliniques ou les médicaments, chaque prescription se doit d’être discutée en

fonction de sa pertinence, ses risques et de son coût. Ce stage m’a permis de reconnaître la

chance inestimable que nous avons de bénéficier de l’assurance maladie universelle et

combien il est capital de préserver cette solidarité nationale. Il est donc très important de peser

ces prescriptions pour ne pas aboutir à une crise du social qui aboutirait à la naissance

d’assurance privées inégalitaires.

� Ce stage m’a familiarisé un peu avec le rôle de l’interne même si le travail

n’est pas véritablement le même en France. J’avais en effet l’impression de faire

véritablement parti de l’équipe soignante, d’être à la charge de quelques responsabilités,

d’être utile ! Je me suis senti assez proche des patients me montrant de plus en plus à l’aise.

Tous ces petits points paraissent ridicules mais, pour moi qui débute tout juste, j’ai senti que

cela m’aiderait pour plus tard…

� Ce stage m’a permis de découvrir une autre culture, une autre organisation

sanitaire, d’envisager la médecine sou un autre angle et d’avoir de nombreux contact avec la

population locale que ce soit avec le personnel ou avec les patients.

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6) Autres activités durant le séjour

1. Orphelinat de Mbouo

Une fois par semaine nous avions l’autorisation du médecin chef de prendre une après-midi

pour aller à « l’orphelinat du soleil ». Les premières fois nous avons participé à des activités

ludiques avec les enfants, entre 3 et 14 ans pour la plupart. Mais nous avons rapidement

entrepris de repeindre leur pièce principale qui avait alors des murs noirâtres. Ainsi, après

plusieurs après-midi « peinture » les résultats furent concluant et les enfants avaient l’air

contents. A vous d’en juger…

2. Tourisme…

Nous avons pu prendre 10 jours de vacances pour visiter le sud-ouest camerounais. Ainsi,

nous avons profité de la végétation luxuriante, du littoral camerounais encore très sauvage,

bordé de cocotiers et d’arbres divers et de la capitale du Cameroun, Yaoundé, ville très

vivante et haute en couleurs ! Ces quelques jours nous ont permis de sortir un peu de l’hôpital

sans quoi nous serions aller au Cameroun sans rien n’avoir vu de ce magnifique pays si ce

n’est l’hôpital de Mbouo!

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7) Conclusion : et pour l’avenir…

• Pour moi :

Cette expérience de coopération humanitaire dans le domaine de la santé, comme la première

que j’ai eu au Burkina Faso, a renforcé ma volonté de partir régulièrement en mission

humanitaire. Je me rends compte, en effet, de la chance que j’ai, d’avoir pu étudier la

médecine et d’avoir les moyens de l’appliquer tous les jours dans les hôpitaux français. Il me

parait donc du devoir de tous les médecins d’aller dans les pays en voie de développement

pour partager leur savoir et pour se rendre compte concrètement de leurs besoins et de l’aide

matérielle que nous pourrions leur apporter. Mais l’aide humanitaire que se soit dans le

domaine de la santé est un sujet difficile car on a toujours peur de la dérive aide/

dépendance…

• Pour les autres étudiants en médecine :

J’encourage vivement tous les étudiants en médecine à vivre cette expérience car elle apporte

beaucoup sur un plan professionnel mais surtout personnel. J’espère que l’administration des

universités de médecine facilitera de plus en plus ces échanges car ils ne font qu’enrichir notre

enseignement en nous apprenant à faire face à des situations concrètes jusqu’alors inconnues :

évaluer la gravité de l’état pathologique et prescrire dans l’urgence selon la clinique, selon

nos connaissances, accepter la mort, avoir des responsabilités, donner des explications aux

patients et à leurs familles...

8) Remerciements

- aux Pr Alamartine, Alexandre et Gonthier, pour leur confiance dans ce projet,

- à Mr Hervé Mogto Tamnou, président de l’association Biagne, sans qui ce projet

n’aurait pas pu voir le jour,

- à Maud, pour son soutien tout au long de cette aventure,

- à Dominique, pour ses appels du bout du Monde…