SOMMAIRE - SNES - Syndicat National des Enseignements de … · 2017-06-30 · Mais la composition...

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Métier 28• Enseignement des LVER• PPCR• Concours externes 2016

Catégories 30• TZR• CPE• Retraités• Psy-EN

Sur le terrain 32• Les BTS, des formations à promouvoir

Fenêtre sur 34• Politique migratoire

Culture 36• Livres/Revues• Cinéma/Théâtre/Spectacles/Expositions

Droits et libertés 40• Lycée mobilisé pour ses élèves migrants• Extrême droite

Dans la classe 41• Les cahiers de vacances

Entretien 42• Dominique Méda

International 44• Palestine• Afrique : l’école, victime des affrontements• Pologne : le collège risque de disparaître

Changer d’ère 46• Les réseaux sociaux en classe

Cahier spécial festivals 47

L’Université Syndicaliste, le journal du Syndicat national des enseignements de second degré (SNES, 46, avenue d’Ivry, 75647 ParisCedex 13. Tél. standard : 01 40 63 29 00). Directeur de la publication : Xavier Marand ([email protected]). Rédacteur en chef :Thierry Ananou. Secrétaire de direction : Bénédicte Derieux. Collaborateurs permanents : Nicolas Béniès, Jean-François Claudon,Hamda El Khiari, Thierry Pétrault, Véronique Ponvert, Stéphane Rio, Nicolas Sueur. Régie publicitaire : Com d’habitude publicité,Clotilde Poitevin, 7, rue Émile-Lacoste, 19100 Brive, tél. : 05 55 24 14 03, fax : 05 55 18 03 73, www.comdhabitude.fr. Publicités : CASDEN

(p. 2), MAIF (p. 56). Compogravure : C.A.G., Paris. Imprimerie : Rotofrance, Lognes (77). C.P. N° 0118 S 06386.I.S.S.N. N° 0751-5839. Dépôt légal à parution. Photo de couverture : © Gustave Deghilage.Prix du numéro : 3 €. Abonnement : 1) Personnels de l’Éducation nationale : France 30 € ;étranger et DOM-TOM : 44 €. 2) Autres, France : 42 € ; étranger : 56 €.

6Portrait

Thomas Jolly

SOMMAIRE30 jours 4

Revue de presse 5

Portrait 6• Thomas Jolly

Actualité 8• Élections législatives• Un nouveau gouvernement• Du bilan 2016 au projet 2018• Des ministres bien cadrés• Préparer la rentrée au collège :

– Suite de la réforme– DNB– L’évaluation en question

• Baccalauréat 2017 :– Conditions d’examen– Bac technologique évaluation– APB– Histoire-géographie

• Hausse de la CSG• Coup de chaud au ministère !• Calais : de nouveau dans l’impasse• Numérique et protection des données

Rattrapage 17• Le compte personnel de retraite

Éco/social 18• Le libéralisme à la dérive• Inspection du travail• Assurance maladie complémentaire

Dossier 21• Une jeunesse engagée

21 Dossier

Une jeunesse engagée

ÉditoFeuille de routeLe Premier ministre entend« rénover notre modèlesocial »... Vaste programmequi pourrait susciter l’adhésionsi l’objectif était de réformerune société minée par lesinégalités et dure pour touteune partie de sa jeunesse.Mais la composition de lanouvelle Assemblée, dont lesanalystes relèvent pudiquement« l’absence de diversificationsociale » et la prégnance dumonde des entreprises et desaffaires, les options assuméesdu président de la République,laissent peu de doute surle projet de société envisagé.Réforme du code du travail,de l’assurance chômage,des retraites, « refondation »de l’apprentissage, telleest la feuille de routedu gouvernement qui, dansle même temps, entretientun certain flou sur les mesuresenvisagées afin d’endésamorcer les dangers.La rentrée verra probablementles choses se préciser, de mêmeque les conséquences des choixbudgétaires sur les différentsministères.Pour la FSU et le SNES, dèsaujourd’hui la feuille de route,elle, est claire. Il fautpoursuivre la revalorisationpour les personnels, recruter àhauteur des besoins d’unsystème éducatif ambitieux,engager une discussion sérieusesur l’évaluation des élèves aucollège et conforter lebaccalauréat qui doit demeurerune garantie pour l’accès àl’enseignement supérieur.Après cette très longue périodeélectorale et en attendant cetterentrée déterminante, bonnes

vacancesà touteset à tous.

Frédérique Roletsecrétaire générale

34 Fenêtre sur

Politique migratoire

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4 - US MAGAZINE - Supplément au no 771 du 10 juin 2017

BILLET D’HUMEUR

Interdit aux chienset aux femmes voilées

30 JOURS

Gérard Tardy, le maire de Lorette,s’était déjà fait remarquer l’andernier en affichant dans sacommune sur panneaux lumi-neux «  le Ramadan doit se vivresans bruit  ».Il récidive en prenant un arrêtémunicipal interdisant le port dufoulard sur une plage de sa com-mune bordant la Loire. Il en inter-dit aussi l’accès aux chiens.Emporté par son élan, il prohibe« jeux de ballon, bouées… » maismagnanime, autorise « les cas-quettes, chapeaux, paréos, tee-shirts, shorts de plage ».

Verra-t-on cet été renaître cettepolémique sur la «  décence  » àla plage et le « trouble à l’ordrepublic vestimentaire » ?Qui sont ces hommes politiquesqui osent afficher sans complexeleur racisme au mépris duConseil d’État qui a déjà casséune décision de même type ?font de la discrimination leurfonds de commerce  électoral ?manifestent en toute indécenceleur rejet des femmes voilées...placées au même niveau que leschiens ?

Thierry AnanouToujours plusUn élu de l’opposition turque condamné à 25 ans de prison.

14juin

Enfin ! Migrants : l’UE entame une procédure contre Prague,

Budapest et Varsovie.

12juin

Il est pénibleGattaz veut « arrêter le compteur » de la pénibilité.

11juin

Ça continueLes États-Unis contre un accord environnemental avec le G7.

10juin

May Day ! Au Royaume-Uni, le Parti conservateur gagne,

mais perd sa majorité absolue.

8juin

Ça roule toujoursRenault-Nissan réfléchit à un schéma de bonus cachés.

13juin

Laisse bétonEn Corse, l’État ferme les yeux sur le bétonnage du littoral.

15juin

PiratesLes piratages russes ont visé 21 États pendant leur campagne.

20juin

Dé...constructifLa scission de la droite entérinée à l’Assemblée.

21juin

Gênée. La Cour européenne condamne la France pour

fichage abusif d’un syndicaliste dans le fichier national automatisé

des empreintes génétiques.

22juin

Comment peut-on ?L’ancien président khmer rouge nie tout génocide au Cambodge.

23juin

Très flexible. Dérives de la flexisécurité au Danemark :

la protection sociale des salariés s’est amenuisée.

24juin

Marché de DUP. Theresa May conclut un accord avec

le DUP, parti Nord-irlandais, très conservateur et homophobe.

25juin

PschittLe chômage est reparti à la hausse en mai.

26juin

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« America first  » ou«  après moi le déluge » ? Le 1er juin, le monde entier apprenait avec effarement lʼannonce par

Donald Trump du retrait des États-Unis de lʼaccord de Paris surle climat. Martial, le président US, qui a dû faire face dès le début deson mandat à un vaste mouvement dʼopposition à ses premiers décrets,a fait montre dʼune belle persévérance dans lʼerreur en déclarantquʼil « voulait que rien ne puisse se mettre en travers de son action »,censée rendre à la première puissance mondiale toute sa grandeur.La COP 21, un frein à la restauration impériale américaine ? Trumpnʼest pas loin de le penser, puisquʼil a justifié son choix en proclamantquʼil avait « été élu pour représenter les habitants de Pittsburgh,pas de Paris ». Suite à lʼémoi suscité dans la population par cettedéclaration hasardeuse, le maire démocrate de la ville pennsylvaniennea fait savoir quʼil comptait bien continuer « à suivre les directives delʼaccord de Paris dans lʼintérêt de [se]s administrés, de lʼéconomieet du futur ». Trump avait certainement en tête le Pittsburgh desannées 1960, qui était un grand centre de la production dʼacier. Maisce temps est révolu depuis les années 1970 où la crise industrielle aimposé à la ville une reconversion tertiaire et écologique, menée àbien dans les décennies suivantes. Le président américain, prisonnierde sa vision du monde isolationniste et de sa démagogie confinant àl’irresponsabilité, a laissé entendre, par cette affirmation dʼun autretemps, quʼil est incapable de cerner ce que sont réellement les États-Unis : un pays ouvert sur le monde et capable dʼévoluer à son contact.

Page d’histoireMort d’Helmut Kohl, père de la réunification allemande.

16juin

RecordRésultats des législatives, abstention 57,36 %.

19juin

La preuveL’hémisphère Nord balayé par une vague de chaleur exceptionnelle.

19juin

Par ici la sortieLe nombre de Britanniques voulant devenir Français bondit.

18juin

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14 juin 2017

Alerte déferlantede claquettes-

chaussettes dans leslycées français

par Rebecca Birna

12 juin 2017

ROYAUME-UNI :DERRIÈRE L’ÉCHEC DE THERESA MAY, LA QUESTION SOCIALE C’est la première fois depuis 2001que les travaillistes parviennentà gagner des voix et des élusà la Chambre des communes

D’autant que, si le taux dechômage officiel est faible, c’estaussi parce que les «  contratszéro heure  » ont explosé cesdernières années, sortant descentaines de milliers depersonnes des statistiques deschercheurs d’emploi. Ajoutonsaussi que 730 000  Britanniquesont rejoint les rangs des «  selfemployed », la version localedes auto-entrepreneurs, depuisla crise financière de 2008. Ilsne sont certes pas chômeurs maisbénéficient, en règle générale,de revenus très faibles etsont largement dépourvusde protection sociale.

Dans ce contexte, le programmeélectoral porté par JeremyCorbyn proposait justementd’en finir avec ces «  contratszéro heure  », de construire100 000  logements par an pouraffronter la crise de ce secteur,mais aussi de supprimer les fraisd’inscription dans les universités,aujourd’hui de l’ordre de9 000  livres par an en moyenne.Il a trouvé un écho favorabledans la population, notammentdans la jeunesse et dans la classeouvrière. Une partie de celle-ci,qui avait choisi de porter ses voixces dernières années sur le partieurophobe UKIP, est revenue eneffet à la maison travailliste. Cen’est pas la moindre des victoiresde Jeremy Corbyn.

13 juin 2017

POURQUOI LES MARCHÉSPRÉFÈRENT LA GAUCHESelon les travaux de GérardCharreaux, rapportés dansle premier numéro de 2017 dela Revue d’économie financière,la rentabilité moyenneannualisée sous la gauchedepuis 1981 (Mitterrand horscohabitation plus Jospin plus

Hollande) a été de 16,80 %tandis que la rentabilitémoyenne annualisée sous ladroite (cohabitations Chiracet Balladur plus Chirac présidenthors cohabitation et Sarkozy)n’a été que de 2,01 % l’an.

13 juin 2017

LES MAUVAIS CONTESDU PNEUMOLOGUEMICHEL AUBIERC’est une première, à doubletitre. Jamais personne n’avaitété jugé pour parjure devantle Sénat. Et jamais le Sénat nes’était constitué partie civile.Le pneumologue Michel Aubiercomparaît ce mercredi devantle tribunal correctionnel de Parispour « faux témoignage sousserment » devant la commissiond’enquête sénatoriale sur le coûtéconomique et financier de lapollution de l’air. Auditionnépar cette dernière le 16  avril2015, où il représentaitl’Assistance publique-Hôpitauxde Paris (AP-HP), le médecinavait déclaré, après avoir juréde « dire toute la vérité »,n’avoir « aucun lien d’intérêtavec les acteurs économiques ».

Sauf que Libération et Le Canardenchaîné ont révélé enmars  2016 que Michel Aubier,qui minimisait systématiquementdans les médias les effets dudiesel sur la santé, était payédepuis près de vingt ans parle  pétrolier Total.

14 juin 2017

PIERRE PAPILLAUD, P.-D.G. ET STAR DES PUBSROZANA, EST DÉCÉDÉL’eau minérale Rozana a perduson patron. Pierre Papillaud,P.-D.G. du groupe Roxane, quiproduit plusieurs eaux minéralesfrançaises, dont Cristalline,Thonon, St-Yorre ou VichyCélestins, est décédé mardi, àl’âge de 81 ans, dans l’Orne. [...]

Pierre Papillaud avait repris ladirection de Roxane en 1959,avant de développer l’entrepriseau point de devenir le numéro 1français de l’eau minérale,notamment grâce au lancementen 1991 de la marque Cristalline.

La photo du mois

Capture d’écran d’un clip de rap qu’on aimerait bien oublier :

www.liberation.fr/france/2017/06/14/alerte-deferlante-

de-claquettes-chaussettes-dans-les-lycees-francais_1576732

À cause d’un clip de rap, l’anomalie vestimentaire jusque-là réservée aux touristes allemands est en train de

s’imposer tranquillement dans les établissements scolaires. L’heure est grave. Les effluves de pieds ont envahi les sallesde classe. Terreur dans les collèges. La fashion police estdébordée.Tout est parti d’un clip, Claquettes chaussettes, du rappeurAlrima. Dans son titre, le chanteur se fait un petit barbec’entre potes, « ça sent l’été, j’vais tout niquer » l’entend-ondire avec sa voix autotunée, quand soudain on sursaute : luiet ses acolytes sont tous en claquettes-chaussettes, qui rempla-ceraient presque les bonnes vieilles Air Max. « Les merguezsont cramées, qu’est-ce t’as fait ? » [...] « en claquettes aucalme, sur mon transat au calme, claquettes, chaussettes, tuconnais c’est la tess ».

REVUE DE PRESSEEN AOÛT

Ouf ! Je reconstitue ma force de travail !

Supplément au no 771 du 10 juin 2017 - US MAGAZINE - 5

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6 - US MAGAZINE - Supplément au no 771 du 10 juin 2017

Comme tous les soirs, pendantles quinze représentations duRadeau de la Méduse de

Georg Kaiser aux ateliers Berthier,Thomas Jolly, metteur en scène,est présent. Il ne joue pas. Il est là.Il observe, scrute l’écran decontrôle, respire et tremble avecles acteurs, par procuration, etcontinue d’inventer, de régler,comme chaque jour. Il veut quetout soit parfait. C’est sa marquede fabrique. Tout en observant, ilrépond à nos questions.

Un enfant du théâtre publicActeur précoce, il fait ses premierspas au théâtre à l’âge de 9 ans. Plusjeune encore, il mettait en scène depetites pièces de théâtre dans sachambre. Il était metteur en scèneavant d’être acteur ou spectateur.Et puis, il y a eu la révélation : LaDispute de Marivaux, mise en scènepar Stanislas Nordey suivie deContention de D.-G. Gabily en bais-ser de rideau. Il était adolescent.« Je me suis dit en voyant ce spec-tacle qu’il m’éveillait à ma pensée.En fait, le théâtre, ce n’est pas justedes personnages à qui il arrive deschoses, ça me renvoie aussi à moi,à la possibilité de regarder et depenser le monde par moi-même. »Il fréquente ensuite les classes de théâtre aulycée à Rouen, poursuit des études théâtralesà l’université de Caen et entre à l’École supé-rieure d’art dramatique du Théâtre Nationalde Bretagne dirigée par S. Nordey en 2003.Il se présente comme un enfant du théâtrepublic. « Je n’ai jamais déboursé un centimepour apprendre mon métier. J’y suis parvenupar les options, la fac, le Conservatoire etles Écoles nationales. »

Partages Puis, vient en 2005, la création de la troupe,la Piccola Familia. Sa troupe, il en a besoin,il y tient, il y est fidèle. Aujourd’hui, sousles feux des projecteurs, devenu une figuresingulière de la mise en scène contemporaine,il marche toujours du même pas que sa troupe.Pour lui, le collectif est une nécessité et le

théâtre un art du groupe. « La troupe, pourmoi, est l’énergie, la force. Avec une troupe,on crée un vocabulaire. Nous allons plus loin,plus vite parce que notre vocabulaire est faitet que nous nous faisons confiance. »Mais Thomas Jolly se fait aussi, et très vite,passeur. Il transmet son expérience et inter-vient dans de nombreux stages, ateliers et

formations à destination de jeunescomédiens. « Dès que j’ai reçu lesoutils, j’ai voulu les rendre. Quandje donne un stage, je vais à l’école ;j’y retourne. Je vais travailler pourtravailler, sans finalité. Ça m’ap-prend beaucoup. J’ai fait mon pre-mier atelier dès ma sortie de l’écoleen 2007. Le théâtre est un outilstructurant pour la personnalité. Ilfaut donner aux jeunes des outilspour affronter ce monde ; des outilsde langage, de respiration, d’apai-sement et de construction de leurpensée. Tout ça, le théâtre le permet.Je l’ai reçu. Je ne peux pas le gar-der pour moi. »Viennent ensuite les projets au longcours. Thomas Jolly entame en 2010une période de travail, presque uneascèse, qui donnera forme et jour àla tétralogie de Shakespeare, HenryVI et Richard III. Par épisode, illivre le fruit de son travail, avantde faire sensation avec un HenryVI de 18 heures au Festival d’Avi-gnon en 2014. C’est une expériencetotale qui est donnée à vivre auxspectateurs, une expérience sociale,comme aux premiers temps du théâ-tre. Lorsqu’on est réuni si longtempsdans un même espace, les rapportsaux autres et au monde changent.Le théâtre vous transforme.

Rendre au public ce qui lui appartientIl est très difficile de définir un style T. Jolly,qui d’ailleurs se renouvelle sans cesse. Etpourtant son théâtre est reconnaissable entremille. Ses mises en scène ne sont pas des sys-tèmes visant à réinterpréter une œuvre maislaissent toute la place au texte. Ici, un jeuappuyé pour souligner une réplique ; là, despanneaux explicatifs, réminiscence du théâtreélisabéthain, des lumières qui soulignent,éclairent ou aveuglent, de la musique qui dra-matise l’instant. Tout le théâtre de T. Jollyest au service du texte pour l’éclairer, le rendreintelligible. Rendre un texte moderne pourT. Jolly, c’est le rendre lisible. « Mon métier,c’est de prendre la poésie d’un auteur, de latransmettre et de la rendre aux gens, pasd’inculquer quoi que ce soit à partir de mes

PORTRAIT THOMAS JOLLYTHOMAS JOLLY EST JEUNE, il est vrai ; mais la valeur n’attend pas le nombre des années. À 35 ans, ThomasJolly est un acteur et un metteur en scène qui compte et que l’on suit. Qu’il présente un Henry VI fleuve de18 heures à Avignon (Molière du metteur en scène d’un spectacle de théâtre public), qu’il forme les jeunescomédiens ou qu’il travaille au sein de sa troupe, la Piccola Familia, Thomas Jolly est un enfant du siècle, quis’en nourrit pour rendre les œuvres au public, neuves et intelligibles.

Mettre en scèneet en lumière

« Toute pensée arrêtée

engendre de la violence.

Je considère le théâtre comme

un outil politique qui remet

en circulation la pensée »

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Supplément au no 771 du 10 juin 2017 - US MAGAZINE - 7

idées. Si j’avais des idées à transmettre aupublic, j’écrirais des textes. »Curieux de tout, il farfouille dans «  sesmalles  » et en sort, pêle-mêle, des pièces«  injouables  », parce que très longues,comme Henry VI, des chefs-d’œuvre oubliésou perdus comme le Fantasio d’Offenbach,d’après la pièce éponyme de Musset, le Elio-gabalo de Cavalli ou Le Radeau de laMéduse de Georg Kaiser. Fantasio, qu’il amonté cette année pour l’Opéra de Paris,avait été un four lors de sa création en 1872.La défaite de 1870 encore présente dans lesesprits, les Français n’étaient pas prêts àaccepter que l’Allemand Offenbach leurchante la paix. Pour Eliogabalo, c’est la par-tition qui a été perdue dans l’incendie del’Opéra-Comique en 1887. Le Radeau de laMéduse est tombée dans un oubli relatifaprès avoir été reléguée au rang de pièce« dégénérée » par l’Allemagne nazie. Tho-mas Jolly nous donne à découvrir, mêmes’il s’en défend. «  Je farfouille dans lesmalles, moins par volonté de découvrir quepar constat que j’arrive après des sièclesde théâtre et qu’il y a beaucoup de chosesqui ont été faites. Je ne veux pas travaillerpar rapport à... Si je montais Hamlet, j’au-rais à l’esprit la mise en scène de PhilippeHadrien, celle d’Ostermeier, les images deChéreau... Je travaillerais forcément parrapport à. C’est pourquoi je vais plus versdes pièces moins connues, peu jouées.  »

EngagementPour Thomas Jolly, le théâtre n’est pas qu’unepratique artistique. Il change le monde.« Engagé, oui. Toute pensée arrêtée engendrede la violence. Je considère le théâtre commeun outil politique qui remet en circulation la

pensée. Les théâtres sont des endroits quiapaisent et permettent que la violencen’émerge pas systématiquement. Oui, je penseque le théâtre peut changer le monde. Il y adeux choses qui nous manquent aujourd’huiet que le théâtre comble. D’abord, la questiondu récit. On ne sait pas où on va. Notre avenirest flou. Or le théâtre est l’endroit d’une nar-ration. La deuxième question est celle duvivre ensemble. Dans chaque théâtre dumonde et depuis toujours, chaque fois qu’unspectacle commence, une chose simple nousest rappelée : nous sommes tous vivants aumême endroit, en même temps. C’est tout

bête, mais c’est déjà un début de solution.On ne va pouvoir faire autrement que d’êtretous ensemble. » « Le problème de la société, c’est que lesmonstres sont devenus invisibles. Les extrêmesse présentent sous un jour avantageux. Lamonstruosité s’est fondue dans le réel. Lethéâtre est une loupe, de la réalité augmentée,de la vie en plus grand. J’enchaîneles personnages monstrueux parceque je pense que plus on les exhiberasur les plateaux de théâtre plus onsaura les repérer à l’extérieur. »En rendant le texte lisible et visible, ThomasJolly le démocratise. Et la troupe est la che-ville ouvrière d’une démarche socialeconsciente et complète. « Les spectaclesne représentent qu’une partie de mon tra-vail avec la Piccola Familia. Nous consa-crons beaucoup de temps à l’action culturelleet à l’éducation artistique. Nous faisons duthéâtre un outil d’éducation. C’est uneconviction et aussi une mission de servicepublic. Je considère ma compagnie comme

un outil au service de sonterritoire. Nous nous enga-geons dans des actions culturelles, dans les col-lèges, les lycées, les prisons,les hôpitaux et nous cher-chons à nous mettre au ser-vice de la population avecnotre art. »

Mon royaume pour un bateau !Du 15 au 30 juin 2017, dansune mise en scène sobre etsombre, les spectateurs ontpu assister à la reprise du

Radeau de la Méduse de Georg Kaiser. Lapièce est ancrée dans son époque. Elle a étéécrite en 1942 mais dit mille choses sur notremonde. Douze enfants sont livrés à eux-mêmes sur un canot dérivant en pleine mer.Ces enfants sont anglais. Le bateau qui devaitles éloigner des zones de bombardement pourles mettre à l’abri dans d’autres pays du Com-monwealth a été torpillé. Enfants, promessesd’avenir. Mais lorsqu’apparaît un treizièmeconvive, caché dans un coin du canot, lesvieux démons de la superstition font leurretour. Voilà un bouc émissaire tout désigné.Il est petit, muet et roux. Nous sommes

embarqués pour septjours d’une Odyssée tra-gique où l’on assiste àun mariage, religieux,bien sûr, et à maintes dis-cussions sur les causesdu malheur qui advient ;sept jours qui rythmentle spectacle et résonnentcomme un compte àrebours. « S. Nordey m’aproposé de prendre encharge le spectacle desortie de l’école du TNS.J’ai choisi Le Radeau dela Méduse parce que

Kaiser pose les questions de l’instrumenta-lisation du texte religieux, de la volonté decréer une nouvelle société, de la fuite desconflits et de la guerre. L’histoire se dérouleen 1940. Elle est tirée d’une histoire vraie.La guerre se déroulant en Europe, certainsont fui, comme certains aujourd’hui fuientla guerre pour venir en Europe. La Bible,

ici, est instrumentalisée et mène à la violence,la barbarie, à l’extrémisme. C’est ce queKaiser veut montrer : la question du groupequi trouve un bouc émissaire pour se fédérer.C’est mon premier spectacle aussi noir etabrupt mais je crois que Kaiser avait besoinde cette brutalité-là. Cette pièce est teintéed’horreur parce que Kaiser lui-même estdans un climat qui inspire cela. »Dans ce huis clos avec vue sur la mer, il estimpossible de ne pas voir une métaphore dutravail et des aspirations de Thomas Jolly.Partout, il y a groupe, pour le meilleur etpour le pire. Partout, il y a troupe. ThomasJolly dit l’équilibre précaire de notre monde.Il dit la folie et la monstruosité et il en donnele spectacle, afin que plus instruits, nousretournions au théâtre de notre monde plusarmés, prévenus. n

«  Le théâtre est une loupe, de la réalité

augmentée, de la vie en plus grand »

SPECTACLES2007  : Arlequin poli par l’amour de  Marivaux au

Trident à Cherbourg.

2008 : Toâ de Sacha Guitry au Trident à Cherbourg.

2014  : Henry VI de William Shakespeare au Festival

d’Avignon.

2015  : Richard III de William Shakespeare au théâtre

de l’Odéon.

2016  : Le Radeau de la Méduse de Georg Kaiser au

Festival d’Avignon et Eliogabalo de Francesco Cavalli

à l’Opéra de Paris.

2017  : Fantasio de J. Offenbach à l’Opéra-Comique.

Pour suivre l’actualité de la compagnie

La Piccola Familia : www.lapiccolafamilia.fr

Rubrique réalisée par Hamda El Khiari

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8 - US MAGAZINE - Supplément au no 771 du 10 juin 2017

ACTUALITÉÉLECTIONS LÉGISLATIVES, BILAN INCERTAINPour la quatrième fois depuis l’inversion du calendrier électoral en 2002, la présidentielle précédantles législatives, l’électorat donne au Président fraîchement élu une majorité à l’Assemblée nationale.À y regarder de plus près, le gouvernement ne dispose pas, pourtant, d’un blanc-seing.

UN NOUVEAU GOUVERNEMENTMême si le scénario annoncé d’une écrasante majorité pour LREM – autour de 450 députés – n’a paseu lieu, le président de la République dispose aujourd’hui des leviers pour faire passer ses réformes.

Le choix des ministres, en outre, attestede la volonté d’Emmanuel Macron detout maîtriser. Il affiche lors du rema-

niement une ouverture vers la société civile.Néanmoins, il garde aux postes clés des

ministres pleinement disposés à mettre enœuvre sa politique libérale, qu’ils soient issusde la droite comme Gérald Darmanin à l’Action et aux Comptes publics et BrunoLe Maire à l’Économie et aux Finances ou

du PS comme Gérard Collomb, à l’Intérieur,en charge des mesures sécuritaires.Tous les choix ont été pesés pour conforterl’image d’un Président « en même temps » dedroite et de gauche et poursuivre le travail debrouillage des codes qui est sa marque defabrique. Cette tactique porte ses fruits puisquel’opposition de droite s’est divisée, qu’unepartie des députés LR votera la confiance augouvernement, les députés « constructifs »récompensés par une questure accordée lorsd’une séance houleuse le 28 juin.La situation actuelle est paradoxale : le faiblenombre de députés résolus à combattre desmesures régressives, sur les retraites, la pro-tection sociale… laisse largement le champlibre au gouvernement mais celui-ci aura àstructurer un mouvement, « En Marche », quine l’est pas, sans compter l’opposition qui peutassez rapidement se manifester dans la rue. n Frédérique Rolet

Environ 25 millions d’abstentions, blancset nuls au premier tour des législatives,contre 11,5 le 21 avril. 1,5 million de

voix d’écart entre le premier (E. Macron) etle quatrième (J.-L. Mélenchon) au premiertour de la présidentielle. L’Assemblée natio-nale aux couleurs de LREM (La Républiqueen marche), mouvement – et non parti poli-tique – créé il y a un an, montre bien ce qu’estdevenue la Ve république : pouvoirs exécutifset législatifs s’incarnent dans une fonctionprésidentielle sur laquelle tout repose.38,5 % seulement des électeurs se sont expri-més. Manquent à l’appel, et sans surprise, les18-34 ans, qui s’étaient mobilisés lors de laprésidentielle, les ouvriers et employés, lespersonnes à faible revenu, CSP qui composenten grande partie l’électorat du Front nationalet de la France insoumise. Les raisons de ladéfection ne sont pas nécessairement un désin-térêt pour la politique, mais plutôt le sentimentque les dés sont jetés et qu’il n’y a rien àattendre des législatives. Le phénomène estaggravé par un manque de cohérence entreles projets présidentiels et législatifs proposéspar les partis de droite et de gauche en recom-

position, et par l’incerti-tude sur le positionnementpossible de certains can-didats après leur élection.

Une majorité fragileLa République en marchedispose d’une majoritéabsolue à l’Assembléenationale ; reste à voir siune réelle oppositionpourra émerger et fairepreuve d’efficacité alorsque la gauche a constituétrois petits groupes parle-mentaires. Et surtout, uneAssemblée composée àmoitié de député-e-s issu-e-s des catégoriessocioprofessionnelles supérieures saura-t-elle représenter et redonner espoir aux Fran-çais modestes, les mêmes qui ont estimé queleur voix ne serait pas entendue et se sontmajoritairement abstenus ? L’absence defemmes à tout poste de pouvoir (présidencesde l’Assemblée comme des groupes parle-mentaires), alors qu’elles occupent 40 % des

sièges, est un premier signal de mauvaisaugure.Les mois à venir seront cruciaux : l’effetMacron suffira-t-il à maintenir la cohésiond’une majorité hétérogène ? L’Assembléerenouvelée, avec ses 415 nouveaux élus,saura-t-elle représenter tous les Français, oujouera-t-elle un simple rôle de godillot ? n

Valérie Sipahimalani

ORDONNANCESAprès l’utilisation du 49-3 par le gouvernement dirigé par Manuel Valls, le président de la

République entend réformer le code du travail par la voie d’ordonnances, sans débat au

Parlement. Certes, l’article 38 de la Constitution de 1958 prévoit que le gouvernement puisse

demander au Parlement l’autorisation de prendre des mesures relevant du domaine législatif

pendant un délai limité et sur des sujets précisés. Les ordonnances sont prises en Conseil des

ministres après avis du Conseil d’État.

Auparavant, les deux assemblées doivent voter une loi d’habilitation donnant ce cadre.

Ainsi a été présenté au Conseil des ministres du 28 juin le projet de loi d’habilitation permettant

la réforme par ordonnances du code du travail. Les ordonnances examinées en Conseil des

ministres à la fin de l’été devront être ratifiées pour exécution par la voie parlementaire.

Voilà pour le cheminement légal mais qu’en est-il du débat démocratique quand une majorité

de Français continue à refuser ce que prévoit une mouture aggravée de la loi El Khomri ?

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Supplément au no 771 du 10 juin 2017 - US MAGAZINE - 9

FEUILLE DE ROUTE : DES MINISTRES BIEN CADRÉSDans une circulaire parue le 25 mai 2017, le Premier ministre fixe à ses ministres la méthode de travaildu nouveau gouvernement : une manière de responsabiliser ses ministres tout en les surveillant de près.

Édouard Philippe rappelle à ses ministresqu’ils sont soumis à une obligationd’exemplarité, en insistant d’une part

sur la nécessité de transparence du patrimoinequ’ils détiennent afin d’éviter tout conflitd’intérêts et d’autre part sur la « collégialité »qui implique la recherche de consensus entreministres avant d’en appeler à l’arbitrage duPremier ministre. Mais c’est du côté de « l’ef-ficacité » que la méthode mise en avant appa-raît le plus clairement.

« Exemplarité, collégialité et efficacité »Édouard Philippe insiste d’abord sur lanécessité de disjoindre cabinet ministérielet directeur d’administration centrale dontla nomination, se fait en Conseil desministres, manière de dire qu’ils sont, aussi,sous son autorité. Se dégage très nettement un fonctionnementresponsabilisé des ministres : chacun doit

mettre en œuvre les directivesdu gouvernement, mais souscontrôle du chef d’État. Lescompétences des cabinets minis-tériels devront se « centrer surdes fonctions politiques », l’ad-ministration centrale ayant « encharge de mener à bien les poli-tiques publiques dans le cadrede l’action gouvernementale ».C’est eux qui viendront défendreles décisions ministériellesauprès du chef du gouverne-ment.« La méthode de travail gou-vernementale s’appuiera éga-lement sur une nouvelle gouvernance entreles cabinets du président de la Républiqueet du Premier ministre avec la nominationde conseillers conjoints. »Au final, on le voit, des ministres très enca-drés,  à qui on laisse, avec leur cabinet, la

défense de l’orientation générale du gouver-nement mais auprès de qui on nomme direc-teurs d’administrations centrales et conseillersconjoints chargés de la mise en œuvre desdécisions et en lien direct avec Président etPremier ministre. n Thierry Ananou

Ce rapport établit qu’« enmatière de recrutementsur les 42 338 emplois

créés entre 2012 et 2016[dans l’enseignement sco-laire], 36 626 ont été effec-tivement pourvus ». La crisede recrutement reste aiguë,notamment dans certainesdisciplines, et ce malgré uneprogrammation sur cinq ans.Et les prévisions d’effectifsd’élèves dans le second degré pourles années qui viennent montrent queles besoins restent très importants. Sur leterrain, les conséquences se font de plus enplus sentir, en particulier lors des mouve-ments intra 2017 qui ont laissé vacants detrès nombreux postes en établissementcomme en ZR.

Projets pour 2018Aucun chiffre n’est connu, mais la démarchel’est : « Responsabiliser les administra-tions publiques afin que celles-ci ne soientplus évaluées seulement sur leur capacitéà obtenir des crédits, mais aussi sur leurs

postes, sauf pour direque « créer des emploisapporte plus de pro-blèmes que cela n’enrésout ».Le problème à résoudreest pourtant bien celuide programmer les créa-tions d’emploi et lesrecrutements, sauf àconsidérer que lesbesoins sont inexistantsou que la solution résideail leurs : recourir tou-

jours plus aux heures sup plé mentaires, fairedes AED des sortes d’« auxiliaires » des pro-fesseurs pour assurer les remplacements, avoirrecours massivement aux jeunes en servicecivique pour assurer à peu de frais des mis-

sions qui aujourd’hui sont margina-lisées par manque de personnels.Pour le SNES-FSU, cette program-mation est essentielle pour donneraux jeunes des perspectives et doit

intégrer la création de prérecrutements pourfaciliter la préparation des concours. n Fabienne Bellin

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DU BILAN 2016 AU PROJET 2018Alors que l’élaboration du budget 2018 est lancée avec l’envoi aux ministres des lettresde cadrage, la Cour des comptes a rendu fin mai son rapport sur l’exécution budgétaire 2016.

capacités à faire des économies », d’aprèsMatignon.Par ailleurs, le programme présidentiel pré-voit de supprimer 50 000 emplois de fonc-tionnaires d’État sans toucher aux effectifsde la police et de la gendarmerie. L’Éduca-tion nationale qui représente la moitié deseffectifs de la Fonction publique d’État serainévitablement ponctionnée si ce programmes’applique. Et le second degré en tout pre-mier lieu.Le ministre de l’Éducation nationale s’estpeu exprimé encore sur la question des

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10 - US MAGAZINE - Supplément au no 771 du 10 juin 2017

Il faut voir dans l’ouverture rapide du dossierle fruit de la lutte résolue menée par leSNES-FSU et les personnels, très majori-

tairement opposés à cette réforme. Les amen-dements du texte initial permettent un assou-plissement de la mise en œuvre de l’AP etdes EPI, et le rétablissement total ou partield’enseignements supprimés ou mis à mal parla réforme, renommés enseignements facul-tatifs (sections bilangues, européennes, LCA).Cependant, au nom de l’autonomie des éta-blissements une nouvelle étape de dérégu-lation est franchie.

Pas de moyens supplémentairesEn effet, les enseignements facultatifs peu-vent être financés soit sur la marge horairede 3 heures soit par des dotations spécifiques.Or au CSE, la DGESCO a précisé qu’aucunmoyen supplémentaire ne sera distribué pourrétablir les enseignements de langue(anciennes, vivantes, régionales). Il faudradonc pour les mettre en œuvre puiser sur lamarge d’autonomie qui a déjà été répartieau risque de créer de tensions et de mettreen concurrence les disciplines, les collègues.Ces enseignements deviennent des moyensde différencier l’offre scolaire et participentà l’établissement d’un marché scolaireconcurrentiel qui ne pourra que creuser lesinégalités et mettre encore plus à mal lamixité scolaire.Il faut utiliser ce texte avec pragmatisme. Lemanque de moyens limitera les révisions de

répartition horaire de la DGH. Pour le SNES-FSU, le rétablissement d’une section bilangueou européenne doit obtenir l’aval du Comitétechnique académique afin d’éviter uneconcurrence sauvage entre les collèges publics.

Que faire de l’arrêté ?Si le chef d’établissement a conservé desheures en réserve ou si la répartition votéefait la part belle aux EPI et à l’AP qui nedevraient pas être fléchés dans la répartitiondes moyens par discipline, alors il faut s’ap-puyer sur le nouveau texte pour agir et rétablirce que la réforme a détruit. La priorité estévidemment d’annuler les compléments deservice. D’abord réunir les personnels en AGou en HIS afin d’élaborer collectivement etsolidairement de nouveaux choix de répar-tition sans mettre des collègues en difficulté

et aussi élaborer une motion demandant lefinancement spécifique des enseignementsfacultatifs.Demander à faire inscrire ce point à l’ordredu jour de la convocation au CA de fin d’an-née ou lors du vote de cet ordre du jour ; ouencore exiger la tenue d’un CA s’il n’est pasprévu. Une commission permanente est aupa-

ravant obligatoire dans ce cas.Alors que certains tiennent à conser-ver la réforme du collège et qued’autres prétendent retourner au col-lège d’avant, le SNES-FSU considère

cet arrêté comme une première étape et conti-nue de demander l’ouverture de négociationspour un autre collège, respectueux de la pro-fessionnalité des enseignants, au service desapprentissages des élèves. n

Fabienne Sentex, Anne-Sophie Legrand

RÉFORME : VARIATIONS SUR LE MÊME THÈMELe ministre a écrit aux chefs d’établissement pour expliciter l’organisation de la rentrée suiteà l’arrêté du 16 juin 2017 modifiant l’arrêté du 19 mai 2015.

« DEVOIRS FAITS » !Le ministre a annoncé que les devoirs au collège seraient travaillés sur un temps d’étude

accompagnée, de 16 à 18 heures, appelé «  devoirs faits  » dès la rentrée 2017.

Ce dispositif participe théoriquement à la lutte contre les inégalités tout en permettant de

«  créer une forme de tranquillité en famille sur ces sujets [...], et avoir du temps heureux en

famille ». Le ministre pense employer des enseignants payés en HSE, des AED, des emplois de

service civique et des associations pour les encadrer.

Si une réflexion doit être menée pour réduire les inégalités creusées par les devoirs effectués

à la maison, l’efficacité de l’aide aux devoirs nécessite qu’elle dispose de moyens spécifiques

et de personnels qualifiés. Le SNES-FSU sera donc particulièrement vigilant sur cette question.

Il demande le maintien des dispositifs existants et des financements afférents quand ils

satisfont les équipes, en particulier dans les collèges de l’éducation prioritaire.

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TRÉE AU COLLÈGE

DIPLÔME NATIONAL DU BREVET ILLISIBLE...Épreuve orale problématique, épreuves écrites aux contenus contestables, un positionnement sur lesdomaines du socle qui n’a aucun sens, des disciplines non prises en compte, des applications qui renouentavec un LPC, des dysfonctionnements pour l’orientation... le DNB est à repenser dans toutes ses dimensions.

Le SNES-FSU demande au nouveauministre de revoir  l’épreuve orale duDNB qui génère de grandes inégalités

entre les établissements et entre les élèves,notamment du fait de la diversité des projetspossibles (EPI, parcours) et de la diversitédes grilles d’évaluation (locales). Un cadrageplus strict doit permettre de recentrerl’épreuve sur les contenus travaillés en classeen lien avec les programmes.

Évaluation au servicedes apprentissagesIl demande aussi une simplification desmodalités du DNB pour plus de lisibilité.La prise en compte du positionnement desélèves sur les domaines du socle pour leDNB doit être remplacée par le contrôlecontinu de l’ensemble des disciplines. LeDNB valide les acquis du collège, sansnécessité d’évaluer le socle pour lui-même.En tout état de cause, dans la situation régle-mentaire actuelle, le positionnement desélèves sur les huit composantes du socledoit être organisé dans le respect des textes :lors du conseil de classe du 3e trimestre,dans une approche globale avec la contri-bution de toutes les disciplines.Le SNES-FSU rappelle que l’évaluationest au service des apprentissages desélèves. Les enseignants doivent donc êtrelibres de choisir les modalités d’évaluationqu’ils souhaitent. Les chefs d’établissement

n’ont pas à prendre le contrôle des grillesd’évaluation de l’oral du DNB, ni du posi-tionnement sur les composantes du socle,ni du choix entre évaluation chiffrée oud’un autre type.

IncompréhensiblesPar ailleurs, certaines applications permettantde rendre compte de l’évaluation des élèvesau cours de l’année posent problème par leurrigidité et l’imposition d’évaluations d’itemsou de sous-items renouant avec le LPC etgénérant des bulletins incompréhensibles.Aucun logiciel ne doit être imposé aux

équipes, et le LSU ne doit générer aucun tra-vail supplémentaire pour les équipes. Quant aux premiers sujets du DNB à Pondi-chéry, en Amérique du Nord et au Liban, ilscomportent pour certains des documentsapproximatifs, peu d’exigence de connaissances,des énoncés avec des implicites, certains sujetslaissant peu de place pour l’esprit critique...Le SNES-FSU a demandé en Conseil supé-

rieur de l’éducation l’ouverture dediscussions sur l’évaluation desélèves, en particulier sur les moda-lités du DNB et l’épreuve d’oral. n

Sandrine Charrier©

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Supplément au no 771 du 10 juin 2017 - US MAGAZINE - 11

Désormais l’évalua-tion du socle en finde cycle 4, écrasant

l’échelle des résultats surquatre niveaux de maîtrise,compte trois fois plus queles moyennes discipli-naires dans le barèmed’Affelnet et donc dansl’affectation en lycée.À Paris, par exemple, Affelnet a été testéen « off » et a donné des résultats catastro-phiques. Malgré un algorithme d’harmoni-

sation selon la catégorie du collège, lebarème sélectionnant les élèves à l’entrée

des lycées sous fortepression ne sontplus assez discri-minants.

Ouvrir desdiscussionsDe plus, au

mépris de la pro-fessionnali té des

collègues, des chefs

d’éta blissement, à Paris comme ailleurs,ont monté le niveau de positionnement desélèves ; ce qui montre bien à quel pointl’évaluation est déconnectée des appren-tissages. Le SNES-FSU a demandé en Conseil supé-rieur de l’éducation l’ouverture de discussionssur l’évaluation des élèves car il est en effeturgent de revoir les bilans périodiques etfinaux ainsi que les modalités du DNB.Il organisera un colloque sur l’évaluation desélèves lors de l’année scolaire 2017-2018. n

F. S. et A.-S. L.

DÉPOSSÉDÉS DE L’ÉVALUATIONAprès des mois de pression sur les collègues concernant leur mode d’évaluation, certainschefs d’établissement ont modifié le positionnement des élèves sur les domaines du socle.

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12 - US MAGAZINE - Supplément au no 771 du 10 juin 2017

DE BONNES CONDITIONS D’EXAMEN,C’EST POSSIBLE !720 000 candidats ! Le nombre n’a jamais été aussi élevé depuis 2012. Avec l’épreuve anticipée de français,cela porte le nombre d’élèves à plus de 1,25 million. Avec de tels effectifs, l’institution doit être en mesurede garantir le bon déroulé des épreuves. C’est une affaire de moyens et de volonté politique !

BAC TECHNOLOGIQUE ÉVALUATION SANS LES ENSEIGNANTS ? Les baccalauréats technologiques sont soumis à une évaluation par compétences depuis la réformede 2010. Pour répartir les compétences sur les différentes épreuves sont donc apparues des grillesd’évaluation, qui posent de nombreux problèmes aux correcteurs et aux jurys.

Les projets en STI2D sont par exempleévalués à partir de huit compétences surune échelle allant de 0 à 3, donnant juste

l’intitulé de la compétence visée – au mieux absconse – et un commentaire, d’une ligne,pour aider à différencier les différents niveaux.

Notes harmonisées ou gonflées ?Dans les faits, la grille tend à concentrer lesnotes entre 10 et 12, permettant aux élèves lesplus faibles d’obtenir une note aux alentoursde 10, rarement en dessous, car les notes infé-rieures doivent être justifiées. A contrario, ilest souvent difficile de mettre le maximumdans les compétences et les très bons élèvesse retrouvent souvent avec des notes autour de15, alors qu’ils pourraient monter à 18-20 sansla grille. À cela s’ajoute une harmonisationdes notes qui échappe souvent aux évaluateurs.

Comme chaque année, la presse relaie, sou-vent avec complaisance, les « couacs »liés à l’organisation des épreuves termi-

nales du baccalauréat. Fraudes, erreurs de sujets,copies égarées ou volées, tous ces dysfonc-tionnements servent souvent le discours désor-mais convenu sur cet examen national considérécomme trop lourd, trop coûteux voire inutile.Tout cela, ajouté aux difficultés d’affectation

dans l’enseignementsupérieur devrait-ildonc « sonner le glasdu baccalauréat, danssa forme actuelle »comme l’affirme leSNPDEN, syndicatmajoritaire des per-sonnels de direc-tion ?Les problèmes d’or-ganisation ne sont

pas nouveaux et surtout ne sont pas tous dumême ordre. Prenons par exemple la déléga-tion du transport des copies à une entreprisepeu au fait des contraintes liées aux examens...Impossibilité d’adapter les dates de retraitdes copies, voire même copies perdues pen-dant trois jours (académie de Toulouse), voilàles délais de correction amputés d’autant !

Conditions de corrections inacceptablesD’ailleurs, les correcteurs de philosophie pro-testent une fois de plus contre les conditionsde correction qui leur sont imposées par unepétition et un appel à la grève le jour de lasaisie des notes. De même, savoir qu’il n’apas été possible d’assurer l’envoi des convo-cations nécessaires à la tenue des réunionsd’harmonisation en histoire-géo à Paris n’estpas plus acceptable. Cette situation est d’autantplus inadmissible que certains rectorats ontmontré leur capacité à mettre les conditions

de correction en conformité avec l’avis duCHSCTM de l’automne dernier sur lesépreuves anticipées de français. Il est main-tenant urgent de généraliser ces préconisationsà l’ensemble des épreuves. Garantir au bac letitre de diplôme national, premier grade uni-versitaire, suppose que l’Éducation nationales’en donne les moyens. n Claire Guéville

Prenons l’exemple de l’épreuve écrite d’en-seignements technologiques transversaux :chaque question est évaluée de 0 à 3 ou classée« Non traitée » avec un niveau de satisfaction

de la réponse. Ces résultats sont ensuite« harmonisés » par un petit groupe sou-vent composé de Directeurs déléguésaux formations professionnelles et tech-nologiques (DDFPT) aux ordres de l’ins-pection, puis présentés aux enseignantssous forme d’un tableur équipé d’uncurseur qui permet d’attribuer aux ques-tions peu ou pas traitées un poids faible,voire de les placer hors barème. Ce cur-seur permet aussi d’augmenter lamoyenne académique en mettant desquestions en bonus. En 2015, la moyennede l’épreuve d’ETT dans l’académie deCréteil est ainsi passée de 7 à 12/20.

Voilà comment les enseignants sont dépos-sédés de leur évaluation dans une épreuvemajeure du baccalauréat STI2D (coefficient 8sur 42) ! n Guy Friadt, Pierre-Paul Zeil

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ACTUALITÉ

BACCALAURÉAT 2017 :

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Supplément au no 771 du 10 juin 2017 - US MAGAZINE - 13

APB, DE LA GESTION DE FLUXÀ LA GESTION DE CRISECandidats mis « en attente » sur des formations ouvertes à tous,propositions farfelues : APB a encore fait des siennes. Résultat :nombre d’élèves n’ont toujours pas d’affectation dans le supérieur.

Début juin, les sections académiques d’Île-de-France du SNES-FSU ont fait part dela « consternation » et de « l’incompré-

hension » de nombreux élèves et personnels,suite aux premiers résultats d’Affectation post-bac (APB). Cette situation n’est cependantpas spécifique aux trois académies franci-liennes. À l’issue du second tour, 115 forma-tions, dont 15 « pastilles vertes » (c’est-à-direouvertes) restent «  sous tension ». Il s’agitmajoritairement des STAPS, mais aussi dessciences de l’éducation, de la psychologie, dudroit... La poussée démographique était connueet prévisible et elle va encore s’accentuer dansles années à venir. Le manque dramatique devolonté politique pour améliorer l’accueil etaugmenter le nombre de places dans l’ensei-gnement supérieur, et singulièrement à l’Uni-versité, a créé un véritable goulet d’étrangle-ment pour des bacheliers toujours plusnombreux. Au cœur du système, APB est un

outil qui n’est pas mauvais en soi, mais dontle paramétrage pose régulièrement problèmed’autant plus qu’il change pour partie tous lesans. Par exemple, les réorientations à l’issuede L1 sont depuis cette année en concurrencedirecte avec les premières affectations, ce quin’a pas manqué de désorganiser le systèmeet a surtout rendu inopérantes nombre de stra-tégies individuelles.

Au-delà du « bug »Plus généralement, cette crise de l’affectationdans le supérieur s’inscrit dans un contextepolitique où les gouvernements successifs ontlaissé se multiplier le recours injuste au tirageau sort et les formations dites à « capacitélimitée ». Par ces biais, le ministère instillel’idée de sélection à l’entrée de l’Universitépendant que certains acteurs plus ou moinsbien intentionnés expliquent que le baccalau-réat ne servirait à rien, puisqu’avec APB, l’af-

fectation se fait sur les notes des deux premierstrimestres. Or, les bulletins n’ont de sens pourla sélection sur dossier que parce que l’éva-luation tout au long de l’année est cadrée parles épreuves terminales et nationales du bac.Il est certes indispensable de faire le bilan dufonctionnement d’APB, mais il est surtouturgent de rétablir une vraie ambition politique,pour assurer aux bacheliers une poursuited’études réussie. n Romain Geny

Le syndicat majoritaire des chefs d’éta-blissement s’est inquiété le 22 juin desujets qui semblaient participer au

« concours Lépine des sujets les plus hors-sol », citant la composition d’histoire en Ter-minale L et ES qui interrogeait les can-didats sur « Socialisme, communisme etsyndicalisme en Allemagne depuis1945 ».

Loin des réalitésComment comprendre qu’un sujet quin’était à tout prendre qu’une question decours ait pu susciter tant de critiques ? Lemécontentement des collègues est com-préhensible quand l’institution ne les apas suffisamment informés de la réécriture,en 2015, des fiches Eduscol indiquant lessujets de composition pouvant « tomber ».

Le grand public, lui, peut être surpris qu’unequestion avec cet intitulé complexe soit ensei-gnée au lycée. Mais pourquoi pointer ce cha-pitre plutôt qu’un autre ? Et surtout pourquoine pas avoir écouté plus tôt la pro fession ?

Elle déplore depuis 2013 que l’architecturedes programmes d’histoire-géographie nepermette plus d’interroger à l’épreuve decomposition, au bac, que sur des intitulés dechapitre et sur des croquis appris par cœur

en géographie. Elle explique en vainque ce sont les effectifs dans les classes,la quantité de questions à traiter, qui nepermettent plus de travailler de manièresatisfaisante les méthodes propres à l’his-toire et à la géographie, et d’approfondirles notions.Quand la profession montre les pro-grammes du cycle terminal, la formede l’épreuve d’histoire-géographie, etles conditions d’enseignement inte-nables, le SNPDEN regarde le sujet decomposition « hors-sol »... n

Amélie Hart-Hutasse

HISTOIRE-GÉOFAUSSES POLÉMIQUES, VRAIS ENJEUX !Les « couacs » et « bugs » dans l’organisation du baccalauréat sont toujours montés en épingle parcelles et ceux qui souhaitent en finir avec les épreuves terminales. Cette année, après la presse,les pétitions d’élèves, c’est le SNPDEN qui a attaqué l’épreuve d’histoire-géographie.

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14 - US MAGAZINE - Supplément au no 771 du 10 juin 2017

ACTUALITÉ

Pour les salariés actifs du privé, la sup-pression des cotisations salariales mala-die (0,75 %) et chômage (2,40 %), asso-

ciée à une hausse de la CSG de 1,7 point,pourrait être populaire, car elle entraîneraitune légère hausse du salaire net. Côtérecettes, le manque à gagner serait plus quecompensé par la hausse de la CSG qui estassise sur tous les revenus. Mais, pour lesretraités considérés comme « aisés » (ceuxqui gagnent plus de 1 200 € par mois), lahausse de CSG ne serait pas compensée puis-qu’ils ne paient plus les cotisations dont lasuppression est programmée. C’est égale-ment le cas des fonctionnaires, pour lesquelsles modalités de compensation ne sont à cejour pas précisées.

FiscalisationParallèlement aux inégalités qu’elle provoque,cette mesure est une pièce essentielle d’uneréforme profonde de notre protection sociale.Présentée comme une décision permettantd’accroître le pouvoir d’achat, elle est surtoutassociée au projet d’universalisation de l’as-surance chômage avec son extension auxsalariés démissionnaires et aux travailleursindépendants. Mais pour que ces dernierspuissent être couverts, il faut qu’ils contri-buent au financement. On aurait pu mettreen place une cotisation spécifique sans sup-

primer la cotisation salariale, mais le choixa été fait de basculer sur la CSG pour « éta-tiser » l’Unedic (organisme paritaire qui défi-nit les règles et gère l’assurance chômage)et faire reculer le pouvoir des partenairessociaux dans ce domaine.

Cette réforme modifierait par ailleurs le péri-mètre des prestations financées par la CSG.En effet, jusqu’à présent ses recettes sontstrictement affectées au financement de pres-tations dites non contributives (maladie, auto-nomie, solidarité vieillesse, famille).Aujourd’hui, un salarié ayant perdu sonemploi dans certaines conditions et ayantcotisé suffisamment longtemps perçoit pourune période donnée une allocation propor-tionnelle à son salaire. Avec la réforme annon-cée, on changerait de logique, puisqu’on affec-terait une partie de la CSG au financementd’une prestation contributive, l’assurance chô-mage. Dans le cadre d’un financement par laCSG, ce lien entre la contribution (la cotisa-tion) et la prestation serait profondément dis-tendu puisque tous les types de revenus – ycompris ceux des retraités – participeraientà son financement.

Vers un « forfait chômage » ?On sort donc explicitement du principe desassurances sociales pour prendre le chemind’un système étatique d’assistance avec enligne de mire une déconnexion entre l’allocation chômage et le salaire, et à l’extrême une prestation publique forfaitaire,qui pourrait être complétée par un systèmecomplémentaire privé. n

Hervé Moreau

HAUSSE DE LA CSG : VERS UNE ÉTATISATION DE LA SÉCU ?Le Président a annoncé pour janvier 2018 une réorganisation du financement de la protectionsociale, dont l’axe central consisterait en une hausse de la CSG. En apparence technique et anodine,cette mesure est le pivot d’une transformation radicale de notre système de protection sociale.

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Le ministère a, dans sa très grandesagesse, su réagir rapidement à la cani-cule que subissaient les établissements

scolaires et accessoirement les élèves etles personnels ! C’est un communiqué rafraîchissant commeune brise d’été qui est venu rappeler lessolutions salvatrices : « Ne pas surexposerles élèves au soleil, leur donner à boire del’eau à température ambiante tout en veillantà sa qualité, garder les enfants dans uneambiance fraîche »... Malgré son évidentbon sens, le ministère semble oublier queles bâtiments scolaires ne sont pas souventconçus pour faire face à la canicule, avecdes températures qui peuvent atteindre plus

de 30 °C dans les classes. Il fautreprendre la réflexion sur la concep-tion des établissements scolaires(avec les collectivités territorialesde métropole et celles d’outre-mer qui vivent cela plus sou-vent !) bénéficiant de sys-tèmes de ventilation oude climatisation adaptée.D’autre part, rappelonsqu’il n’y a pas, dansnotre beau pays, delimites précises endegré pour arrêterde travailler ! nDaniel Lecam

COUP DE CHAUD AU MINISTÈRE ! Dans les salles de cours, mais aussi d’examens, les dernières semaines ont été éprouvantes. Mais les élèves au bord du malaise ont pu compter sur la sollicitude ministérielle...

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Supplément au no 771 du 10 juin 2017 - US MAGAZINE - 15

CALAIS : DE NOUVEAU DANS L’IMPASSEÀ Calais, la situation des migrants a empiré, mêlantentrave à la solidarité, répression policière etpropos inadmissibles du ministre de l’Intérieur.

Des organisations de la société civile serévoltent contre la situation indigne faiteaux migrants. En effet, les propos d’Em-

manuel Macron entrent en contradiction avecles orientations et décisions mises en œuvresur le terrain par G. Collomb, ministre de l’Intérieur : cette confusion de façade en ditlong sur les intentions claires et cohérentesde ce gouvernement qui entend s’inscrire dansla continuité d’une politique migratoire quiprône l’exclusion. Ce sont les migrants quipâtissent de la brutalité de cette politique : etce sont les aidants qui sont, désormais, « empê-chés » de leur venir en aide.

Indignation de la société civileDans une lettre ouverte, les organisationsAmnesty, CCFD-Terre Solidaire, CRID,Emmaüs France, Emmaüs international et leGisti (premiers signataires) ont interpellé legouvernement et appelé à un changement radi-cal de sa politique migratoire. Les extraits suivants de la lettre en témoignent : « Leministre de l’Intérieur a fait connaître sespremières intentions en matière de politiquemigratoire, et nous déplorons qu’y manquel’engagement impératif de mettre un terme

aux violences poli-cières à l’encontredes migrants et desréfugiés. De même,aucun mot n’a étéprononcé pour an -noncer la fin de l’in-timidation à l’égardde citoyens ou asso-ciations, qui sur leterrain s’efforcentd’assurer accueil etsolidarité à leurégard. [...] Nous, membres d’associationsnationales, collectifs de migrants ou citoyensréunis dans des initiatives locales de solidaritéavec eux, composons une grande partie de la“société civile” organisée qui, tous les jours,sillonne le terrain pour pallier les manque-ments, l’aveuglement et l’inhumanité des poli-tiques publiques. Nous avons vu des dizainesde milliers de personnes, ces derniers mois,s’engager dans leur quartier ou dans leur vil-lage, pour témoigner de l’humanité la plusélémentaire. [...] Nous qui construisons chaquejour une France solidaire et accueillante, nousappelons donc le président de la République

et le Premier ministre à convoquer d’urgenceune conférence impliquant tous les acteurs,afin qu’émergent des politiques alternativesd’accueil et d’accès aux droits, empreintesde solidarité et d’humanité ».

La justice donne raison à la solidaritéEst-ce la conséquence de cette lettre ? Letribunal administratif a été saisi de cette situa-tion et a rendu le 26 juin une décision quistipule que des repas doivent être distribuésaux migrants de Calais : un premier pas versun peu d’humanité dans le pays des droitsde l’Homme ? n Véronique Ponvert

L’US Mag : Quelle est la situation des migrantsà Calais aujourd’hui ?Catherine Piecuch : Depuis janvier, les migrantssont de retour à Calais et dans le Dunkerquois.Situation tout à fait inévitable puisque la situationgéographique de la ville n’a pas changé – elleest le point de passage obligé vers la Grande-Bretagne – et que les accords du Touquet qui

délèguent en quelque sorte le contrôle du passage de la frontière,sont toujours en vigueur. Le « démantèlement » médiatique d’octobrene pouvait donc qu’être une impasse. Nombre de jeunes mineursà qui on avait promis la Grande-Bretagne en raison de leurs liensfamiliaux avérés sont revenus dès janvier parce qu’on les avaittrompés. Aujourd’hui, les associations d’aide estiment entre 500et 600 le nombre d’exilés présents, essentiellement Érythréens,Ethiopiens, Soudanais et quelques Afghans et Irakiens, dont beau-coup de mineurs.

L’US Mag : Y a-t-il une dégradation des droits des migrants ?C. P. : Depuis la fermeture du camp, tous les lieux abandonnés oudésaffectés ont été murés à Calais, les barbelés autour des gares etdu tunnel sous la Manche sont toujours présents et surveillés,jusqu’à 70 km autour de Calais, les aires d’autoroute sont fermées :une ville et ses voies d’accès sont en état de siège permanent contrel’éventuel étranger.Depuis de nombreuses semaines, le harcèlement policier à l’encontredes exilés comme des bénévoles s’est intensifié. Après l’annulationpar le tribunal administratif (TA) de l’arrêté municipal interdisant

la distribution de repas et d’eau, ce sont les forces de police quichaque jour viennent presser les bénévoles, les enjoignant de stopperles distributions itinérantes. Sans aucune décision légale. Chaquejour, les bénévoles rusent pour aider, malgré tout. En plus des ver-balisations quotidiennes aux motifs variés, l’essentiel est de fairepression et de décourager, voire intimider. Pressions aussi sur lesexilés repoussés chaque nuit, à coup de lacrymogènes, derrière lesgrilles du mur de Calais. Plus de points de douche, de sanitaires :les autorités refusent d’en installer pour ne pas créer de « point defixation ». Pas de prise en charge des mineurs – ce qui est uneobligation légale – et plus de possibilité de déposer une demanded’asile à Calais : il faut se rendre à Lille à 110 km, avec de grandsrisques d’être arrêté au passage. Tout cela a été dénoncé unenouvelle fois par le Défenseur des droits.

L’US Mag : Quelles sont les conséquences d’une telle atteinteaux droits fondamentaux ?C. P. : Dans ces conditions, il ne faut pas s’étonner que le Calaisissoit depuis des années un laboratoire des idées d’extrême droite.LR, FN, groupuscules identitaires divers, Civitas (qui a présentéune candidate aux législatives)... tous concourent à rendre respon-sables les exilés de tous les maux : déclin économique de la ville,chômage de masse et détresse sociale... Les gouvernements qui sesuccèdent depuis la fermeture de Sangatte en 2002, ont tous donnécrédit à cette thèse. Et pourtant, malgré cette vision relayée régu-lièrement par la presse locale, des Calaisiens continuent à fairepreuve de solidarité. Un signe d’espoir. n

Propos recueillis par V. P.

TROIS QUESTIONS À CATHERINE PIECUCH

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16 - US MAGAZINE - Supplément au no 771 du 10 juin 2017

ACTUALITÉPROTECTION DES DONNÉES :CHOSE PROMISE...Le 18 mai dernier, le SNES-FSU et la CGT Éduc’action indiquaient saisir la direction des Affairesjuridiques du ministère et la CNIL, suite à des instructions de la Direction du numérique pour l’éducationaux académies. C’est chose faite. Enjeux !

Conscients que le numérique enrichitleurs outils pédagogiques, et pousséspar des injonctions multiples à s’y

engager encore plus, les collègues cherchentdepuis longtemps, souvent seuls, des solu-tions techniques permettant de répondre àces deux objectifs. L’institution se fait alorsfort de relayer ce qu’elle voit parfois commede «  bonnes pratiques  », sans prendrela mesure des enjeux concernant la protec-tion des données. Mais en demandant d’apprendre aux élèves à veiller sur leur« e-réputation » !

Précaution des donnéesAvec le plan « tablettes », le ministère s’esttrouvé confronté à la dure réalité que

nombre de citoyens ignorent dans leur usagequotidien des outils numériques : les opéra-teurs (ici Google, Apple et Microsoft) ontune mainmise totale sur les données qui cir-culent via leurs applications, et personne nesait lesquelles sont ainsi récupérées. Sansdoute par pragmatisme, la DNE, dans uncourriel aux délégués académiques au numé-rique et aux directeurs des systèmes d’infor-mation, laisse entendre qu’il n’y a aucun obstacle à connecter les annuaires avec lesapplications de ces entreprises. La CNIL,que le SNES-FSU rencontrera prochainement,est plus circonspecte. Depuis, de nombreusesvoix, dont la FCPE, s’élèvent pour réclamerdes éclaircissements, sans que le ministère

réagisse.Le problème posé estcelui de la protectiondes données des élèveset des personnels. Eneffet, la mise à dispo-sition d’outils «  gra-tuits » offre la possi-bilité aux GAFAM*et à d’autres d’utiliserles données récupé-rées – souvent àl’insu de l’utilisateur– pour les analyser,voire les vendre àd’autres sociétés, etce sans aucun cadrer é g l e m e n t a i r econtraignant. Or cesoutils sont commu-nément utilisés sansprécaution. Deschefs d’établisse-ment, par exemple,

s’en servent pour demander les vœux descollègues en fin d’année, assortis parfoisd’informations du type adresse de vacances,raisons des choix demandés... ou pour mettreà disposition des documents administratifs.La même inquiétude concerne les logicielsde vie scolaire, devenus notre quotidien pro-fessionnel, mais qui parfois ne respectentpas certaines lois ou réglementations concer-nant les données qu’ils gèrent.Il est temps que le ministère clarifie sa poli-tique numérique de façon transparente etconcertée, comme le demande le SNES-FSUdepuis des années. Si l’on en croit l’actualitérécente, le combat ne fait que commencer... n

Jean-François Clair, Thomas Brissaire

* Acronyme désignant les grands groupes du numé-rique : Google, Apple, Facebook, Amazon, Microsoft.

GAFAM : LE SNES-FSU ET LA CGT ÉDUC’ACTIONINTERROGENT LE MINISTÈRE

Suite à la divulgation par la presse d’un courriel envoyé par le ministère

aux Délégations académiques au numérique éducatif et aux Directions

des systèmes informatiques (DSI), le SNES-FSU et la CGT Éduc’action

ont écrit au ministère (la direction des Affaires juridiques) et à la

Commission nationale de l’informatique et des libertés pour s’inquiéter

du développement de bases de données numériques et de l’usage

qui pourrait en être fait. Pour les organisations syndicales signataires,

l’identité numérique des élèves comme celle des personnels ne

saurait faire l’objet d’une quelconque diffusion, voire, pire, d’un

usage mercantile.

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RATTRAPAGE

Le compte personnel de retraiteLe président de la République en campagne a promis pour la retraite de nouvelles règles «  pour tous : que l’on soitsalarié, fonctionnaire, indépendant, un euro cotisé ouvrira les mêmes droits ». Deux systèmes sont alors courammentévoqués à propos d’une réforme systémique : passer à un système par points, comme en Allemagne, ou à un système encomptes notionnels comme en Suède.

Supplément au no 771 du 10 juin 2017 - US MAGAZINE - 17

Nombre de pts x

valeur du pt

La retraite par pointsL’assuré acquiert chaque année un nombre de points égalau rapport entre les cotisations versées et la valeurd’achat du point fixée par les gestionnaires du régime.Le montant de la pension n’est connu qu’à la datede liquidation de la retraite car elle dépend de la valeurde service du point cette année-là. Le régime par pointsest typiquement ce qu’on appelle un système àcotisations définies : on sait ce qu’on cotise, mais on nepeut en déduire le montant de sa retraite, car la valeurdu point varie au cours de la carrière. Les valeurs d’achatet de service sont réactualisées tous les ans. n

Les comptes notionnelsDans un régime en comptes notionnels, le capital constituépar les cotisations est virtuel : il n’y a pas d’acquisition detitres financiers, les cotisations de l’année servent à payer lespensions de l’année. Sur le fond, il y a donc toujoursrépartition, mais le système repose par ailleurs sur un principevenu tout droit du monde des assurances privées : la

« neutralitéactuarielle »chère aux néo-libéraux.Au momentde la retraite, onva appliquer aucapital constituéun « coefficientde conversion »

qui dépend de l’âge effectif de départ à la retraite et del’espérance de vie à cet âge de la génération à laquelleappartient l’assuré. Plus le départ en retraite est tardif, plus lapension sera élevée. Plus l’espérance de vie de sa générationest longue, plus la pension sera faible. n

Pilotage

automatique

À la carte !

IndividualisationÀ lʼopposé de la pension du régime général et de celle de la Fonctionpublique, dans un système par points, les cotisations sont définies etles prestations sont variables. Non content de briser la référencecollective que constitue lʼâge légal de départ à la retraite, le systèmepar points crée lʼillusion que la pension est finalement une formedʼépargne individuelle dont le montant est fonction dʼune mesurepurement technique : la variation du prix du point. Ainsi disparaîtle principe que les pensions sont nécessairement le fruit dʼunerépartition, fondamentalement politique, entre la masse salariale etles profits. Les promoteurs des comptes notionnels mettent en avantl’idée d’un choix laissé au salarié d’arbitrer librement entre âge dedépart et montant de la pension. Pourtant dans les systèmes parpoints ou en comptes notionnels, le taux de remplacement n’est plusconnu à l’avance. Il s’agit donc de systèmes qui laissent le salariédans l’ignorance totale du montant de sa future retraite. n

Quels résultats ?L’idée de supprimer à la fois la partie pension du « régimegénéral » du privé calculé sur les 25 meilleures années, celledes régimes de la Fonction publique et celle des dernièrescatégories dites « actives » au nom de l’équité ne garantit aucunprogrès.La retraite serait calculée sur latotalitée de l’activité du salarié. Enoutre, la baisse de la pension dansles régimes complémentairesfrançais AGIRC-ARRCO ne laisseaucun espoir. Par exemple, pour la période 2016 à 2018, la valeurd’achat du point est indexée sur la croissance du salaire moyendes assurés + 2 %, tandis que la valeur de service est indexée surl’inflation moins 1 point (si la hausse des prix est de 2 %, lavaleur de service est revalorisée de 1 %). En d’autres termes,les salariés de ces régimes achètent des points qui leur coûtentde plus en plus cher et qui leur rapportent de moins en moinsen droits à pension. Ainsi le rendement du point (valeur de service/valeur d’achat) diminue. n

BibliographieI◗ ATTAC et Fondation Copernic,Retraites  : L’heure de vérité, Syllepse, 2010et Retraites  : l’alternative cachée,Syllepse, 2013.◗ Antoine Bozio et Thomas Piketty, Pour un nouveau système de retraite.Des comptes individuels de cotisationsfinancés par la répartition, rue d’Ulm, 2008.◗ Bernard Friot, L’enjeu des retraites, La Dispute,collection Travail et salariat, 2010.

GlossaireI◗ Régime par répartition : dans ce type de régime, les pensions constituent un salairesocialisé, puisqu’elles sont issues des cotisations prélevées en direct sur les actifs.◗ Régime par capitalisation : dans ce type de régime, les pensions constituentun salaire différé, puisqu’elles sont financées par l’épargne passée des actifs.◗ La distinction entre un système « contributif » et «  non contributif » consisteà séparer : les droits directement proportionnés à l’effort de cotisation (part ditecontributive) des droits acquis sans contrepartie de cotisations ou non proportionnelsaux cotisations acquittées (part dite non contributive).◗ Taux de remplacement : rapport entre le montant de la retraite et le dernier salaired’activité.

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Énergies renouvelablesi

Bientôt « rentables » ?Selon un rapport publié parle New Energy Outlook 2017de Bloomberg New Energy Finance(BNEF), le coût de l’énergie solairedevrait baisser de 66 % et celuide l’énergie éolienne de 47 à 71 %à l’horizon 2040. D’ici cinq ans, cesénergies devraient être moins chèresque le charbon sur toute la planète.Toutes choses égales par ailleurspourrait-on ajouter… mais vul’urgence qu’il y a d’engager latransition énergétique, ce genrede projection est à faire connaître.Source : BNEF

Ubérisationi

OCDE vs MacronC’est l’OCDE qui le dit : « plus de lamoitié des travailleurs indépendantsque compte l’Europe n’ont pasd’assurance-chômage. Offrir à tousune protection sociale est un enjeumajeur, estime l’OCDE. Il appartientaux pays de prendre des mesurespour que les droits à prestationssoient transférables d’un emploià l’autre et de faciliter le cumul descotisations pour les pluriactifs ».Surprise ! On trouve cette propositiondans les projets du nouveau présidentde la République. Mais ce que l’OCDEne dit pas, c’est que les salariés qui seretrouvent au chômage n’ont pas euxnon plus forcément d’assurancechômage (environ la moitié en France)et que cela implique le développementde prestations chômage forfaitairesqui finiront bien par être appliquéesaux salariés avec les reculs sociauxque cela implique.

Protection socialei

Projets à combattreLe président de la République aannoncé sa volonté d’une réformesystémique de la protection sociale.Les premières annonces sontvolontairement floues ou imprécises.Mais la logique d’ensemble est claire :la couverture à 100 % des dépensesrelatives au dentaire, à l’optique età l’audition promise pour la fin duquinquennat est associée à la volontéde faire basculer la couverture santésur les complémentaires, tout commela possibilité évoquée de compenserde la même manière l’instaurationd’un jour de carence.Drapés d’équité et d’universalisme,ces projets, tout comme la réformede l’assurance chômage et l’annonced’une nouvelle réforme des retraites,dessinent un système radicalementdifférent, inégalitaire et coûteux.

ECO/SOCIAL

Gaël Giraud a créé, sur la base du succès deL’imposture économique de Steve Keen –dont nous avons rendu compte –, une collec-

tion aux éditions de l’Atelier pour publier lesréflexions de ces économistes responsables ouanciennement responsables d’organisations inter-nationales. Kaushik Basu est le premier. Ex-éco-nomiste en chef de la Banque mondiale (2012-2016), il propose, dans ce livre écrit en 2010, uneréflexion sur la nécessité d’élaborer de nouveauxparadigmes, une nou-velle théorie pour sedonner les moyensconceptuels de compren-dre la crise et d’élaborerdes sorties possibles. Au-delà du marché estd’abord une critique enrègle des théories néo-classiques, de cette« main invisible » attri-buée à Adam Smith. Ilpropose d’en revenir aux« classiques » – Adam Smith, David Ricardo – età John Maynard Keynes pour construire une « nou-velle pensée économique », sous-titre de son livre.Deux originalités : la référence à la micro-économiepour appréhender la place des groupes et les risquesque fait courir le néolibéralisme à la démocratie.Un point de vue qui se situe dans le sillage de Lagrande transformation de Karl Polanyi.Le second ouvrage de la collection dirigée parGaël Giraud porte plus spécifiquement sur cetterévolution des années 1980, la déréglementation

financière organisée parles États, qui a permisl’émergence des marchésfinanciers et leur dévelop-pement exponentiel. Letitre français, Reprendrele contrôle de la dette, ditbien l’objet du livre. Sonauteur, Lord Adair Tur-ner, fut président de l’Au-torité des services finan-ciers britanniques de 2008

à 2013. Son autocritique est mortelle pour les néo-classiques. Il n’a rien vu venir de cette crise d’août2007, ni ses conséquences en 2008. Il a fallu la fail-lite de Lehman Brothers, le 15 septembre 2008,pour susciter un début de réaction. Il en tire la leçonque l’autorégulation des marchés n’est qu’unecroyance qu’il faut combattre. Une « réforme radi-cale du système financier » est vitale pour éviter la

nouvelle crise financière qui sera plus profonde queles précédentes. Il propose de réglementer – toutcomme Basu – de redonner sa place à la loi, à lapolitique contre les marchés, notamment en tournantle dos à la libre circulation des capitaux et à la« titrisation ». Un programme nécessaire.Dans chacun de ces ouvrages, Gaël Giraud, dansles préfaces, lance des idées, des politiques possiblesvisant à limiter les effets des futures crises, touten évoquant d’autres économistes des institutionsinternationales – le FMI, le nouveau chef écono-miste de la Banque mondiale – qui, peu ou prou,partagent les critiques des néoclassiques et proposentd’autres conceptions.Pour le moment, ces économistes ne sont guère suivis.Ni les gouvernements, ni les dirigeants des institutionsne semblent écouter ces voix qui annoncent la catas-trophe. Par une résilience stupéfiante, le libéralismecontinue d’occuper la première place dans les poli-tiques économiques. Les croyances prennent le passur la réalité. Les dirigeants du monde prétendentfaire fi de la réalité... au prix de la survie de la démo-cratie, au prix de la légitimité du politique. La dette publique, devenue depuis 2005 un thèmerécurrent pour justifier des politiques de baissedes dépenses publiqueset sociales, n’était pasun problème jusqu’auxannées 1980. BenjaminLemoine démontre dansL’ordre de la dette, uneenquête de sociologieéconomique, que l’État,en France, a financé sesbesoins de financementpar des réseaux finan-ciers internes via laCaisse des Dépôts et laBanque de France. Unefois encore, la donne a changé par la « titrisation »de la dette publique qui fait la part belle aux mar-chés financiers.Ce genre d’étude est salutaire pour qui veut remettrele monde un peu à l’endroit. Les économistes ditshétérodoxes représentent l’avenir. Les « néoclas-siques » sont, quant à eux, des morts vivants... n Nicolas Béniès• Kaushik Basu, Au-delà du marché. Vers une nouvellepensée économique, traduit par Yves Coleman.• Lord Adair Turner, Reprendre le contrôle de la dette.Pour une réforme radicale du système financier, traduitpar Laurent Bury, Éditions de l’Atelier.• Benjamin Lemoine, L’ordre de la dette. Enquête surles infortunes de l’État et la prospérité du marché,La Découverte.

LE LIBÉRALISME À LA DÉRIVE

Brainstorming chez les économistes officielsLa crise systémique du capitalisme, commencée en août 2007, a ouvert un basculementdu monde dont les conséquences se font sentir dans la sphère idéologique. Le libéralisme a faitla preuve de son incapacité à analyser les mutations du capitalisme. La théorie néoclassiquedes marchés auto-régulateurs a volé en éclats.

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Tauxi

Hausse aux USALa Banque centrale des États-Unis(la Fed) a décidé d’augmenterd’un quart de point de pourcentageses taux d’intérêt directeurs.Une hausse des taux d’intérêt peutavoir un effet négatif surles investissements. Mais la Fed adécidé cette hausse car elle tableavec optimisme sur une croissanceéconomique de 2,2 % pour 2017,malgré le ralentissementdu premier trimestre et uneinflation très faible. Cette hausseprogressive des taux lui permettraitsurtout de retrouver un peu demarge de manœuvre monétaire encas de nouveau ralentissement.

Grècei

Prêt de 8,5 milliardsLa zone euro prête à la Grèce pourqu’elle rembourse la BCE…Le 15 juin, après des moisde tergiversations, les ministresdes Finances de la zone euro ontannoncé que la Grèce pourraitbénéficier d’un prêt de 8,5 milliardsd’euros (dans le cadre d’un pland’aides de 86 milliards décidé enjuillet 2015). Ce prêt permettra àla Grèce de rembourser ses dettesarrivant à échéance début juillet(notamment auprès de la BCE).De son côté, le FMI va peut-êtreprêter 2 milliards… Les Grecs n’enverront pas la couleur. Pire, pourobtenir cette aumône qui retombedirectement dans les pochesde ses créanciers, alors qu’il estindispensable d’alléger la dettegrecque, ils ont dû subirde nouvelles réformes et coupesbudgétaires : la BCE etle FMI exigent en effet un excédentbudgétaire de 3,5 % du PIB.Les effets sont catastrophiques,le PIB a baissé de 30 % en sept ans,les services publics et notammentmédicaux sont exsangues.Visiblement, les docteurs en financeen sont restés à la méthodede la saignée…

La ministre de la Justice Rachida Dati avait,en 2008, fermé de nombreux conseils desPrud’hommes, dégradant ainsi l’accès au droit

pour les travailleurs. Cette décision brutale avaitprovoqué des réactions publiques importantes.Cette année, dans la Région Île-de-France, leministère du Travail va supprimer 8 % des sectionsd’inspection du travail (les services dédiés aucontrôle de l’application du droit du travail dansles entreprises). La DIRECCTE* de la régionHauts-de-France va, de fait, fermer les servicesdétachés de Maubeuge et de Cambrai, obligeantles salariés qui auraient besoin de recourir à l’ins-pection du travail à devoir se déplacer plus loin...Mais ces coupes dans les services, qui réduisentl’effectivité du droit du travail, ne font pas la unedes journaux.

Sous-effectifs et travail empêchéLors d’une CAP en avril 2017, la DRH du ministèredu Travail a dit les choses clairement : « Oui, il ya une réduction des effectifs, qui n’est pas à notremain. Nous essayons de répartir au mieux leseffectifs qui restent. Cela nécessite que lesDIRECCTE adaptent l’organisation à la réductiondes effectifs ». Ce langage euphémisé cache uneréalité qui devient dramatique. Qui dit «  postevacant  » dit «  intérim  » pour les collègues, quidoivent prendre en charge leur section, et une autreen même temps, de manière de plus en plus per-manente, comme si c’était une organisation « nor-

male » du travail. Ces fonctionnaires qui doivententre autres lutter contre les risques psychosociauxsont eux-mêmes de plus en plus proches du burn-out : soit ils doublent leur charge de travail, soitils doivent renoncer à bien faire leur travail...

Entre caporalisation etpolitique du chiffreL’inspection du travail est, avec d’autres admi-nistrations, un laboratoire du « nouveau manage-ment public ». Une des dimensions les plus fortesde cette logique libérale est l’injonction au « repor-ting » permanent : il faut rendre des comptes surl’activité, montrer que l’argent public est biendépensé, pour à terme « faire mieux avec moins ».La traduction concrète est, ici comme ailleurs, unlogiciel de « reporting » (« WikIT »), où les agentsdoivent remplir des fichiers sur leur activité, injonc-tion chronophage qui les empêche bien sûr de faireréellement leur travail (contrôler les entreprises,faire appliquer le droit du travail). Mais les chiffresferont plaisir aux chefs, qui pourront, à leur tour,rendre compte à leurs chefs...Un des obstacles à ces réformes managériales estl’autonomie professionnelle dont disposent lesagents de contrôle, qui théoriquement peuvent défi-nir eux-mêmes leurs priorités. Qu’à cela ne tienne !La réforme Sapin de 2012 a réorganisé les serviceset modifié les statuts, en créant de nouveaux « res-ponsables d’unité de contrôle », qui ont désormaisle pouvoir d’encadrer, de contrôler et de faire pres-sion sur les inspecteurs et contrôleurs du travail :si les résistances sont réelles, la volonté de capo-ralisation n’en est pas moins très claire.

RésistancesDernier épisode en date : la mise en place d’une« charte de déontologie » à destination des agentsde contrôle. Comment mieux dire le soupçon etla défiance de l’administration centrale à l’égardde ses agents, vus comme trop libres ?Le 18 mai et le 20 juin, à l’appel d’une très largeintersyndicale, les personnels du ministère du Tra-vail se sont mobilisés pour dénoncer la dégradationprofonde des conditions de travail des agents.L’enjeu est de taille, car défendre le code du travailcontre ceux qui le désignent comme ennemi del’emploi, c’est aussi défendre les agents publicsqui sont en charge de faire appliquer cette indis-pensable protection contre les méfaits du systèmecapitaliste. n Romain Gény

* Direction Régionale des Entreprises, du Commerce,de la Concurrence, du Travail et de l’Emploi.

Supplément au no 771 du 10 juin 2017 - US MAGAZINE - 19

RÉDUCTION DES EFFECTIFS

L’inspection du travailen souffranceLe dogme de «  l’allégement des contraintes qui pèsent sur le travail  » (en fait, sur le capital)amène le gouvernement à vouloir attaquer brutalement le code du travail. Mais une autreréforme est en cours, plus silencieuse et insidieuse, qui empêche de plus en plus les personnelsdu ministère du Travail de bien faire... leur travail !

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ECO/SOCIALChomâgei

Passe-passeSortir des listes de Pôle emploi,sans avoir d’emploi… Depuis 2007,la DARES observe l’augmentationde la proportion des demandeursd’emploi qui sortent des listes dePôle emploi d’un mois sur l’autre –et donc qui «  sortent  » des chiffresdu chômage – sans pour autantretrouver un emploi ou être admis àla retraite. Parallèlement, le taux desortie pour reprise d’emploi baisse :il était de 6 % environ en 2007,il est à présent autour de 4 %.

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Qualité de l’emploiUne récenteétude duCEPREMAPconsacrée àl’emploi etla productivitéen France estparue(1). Pourcomprendrela croissancefrançaise et la

faiblesse des gains de productivitédepuis une dizaine d’années,expliquent ses auteurs, il fauts’intéresser à la qualité de l’emploi.En encourageant, en France commeen Europe, la baisse du prix dutravail en bas de l’échelle desqualifications, les politiques del’emploi ont favorisé la créationd’emplois faiblement productifs,tout particulièrement dansles services, et en retour uneraréfaction de l’investissement,la désindustrialisation et une atoniede la croissance.

(1) Qualité de l’emploi et productivité.P. Askenazy et C. Erhel, CEPREMAP, 2017.

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ExécutionbudgétaireLa Cour des comptes dans un récentrapport, à son habitude, grondele gouvernement en relevant que«  la progression de la dépense parrapport à 2015 est près de deux foisplus rapide que celle affichée  » ets’inquiète sur l’exercice 2017.Elle relève en particulier laprogression de la masse salarialede + 1,6 % en 2016 et s’inquiètedes revalorisations salarialesobtenues par les fonctionnaires.Bref, l’heure est encore auxéconomies. L’audit de la Cour surles comptes publics publiés trèsprochainement dira certainement,une nouvelle fois, que l’État vitau-dessus de ses moyens.

20 - US MAGAZINE - Supplément au no 771 du 10 juin 2017

Les départements de la Moselle (57), du Haut-Rhin (60) et du Bas-Rhin (67) – où s’appliquedepuis 1919 le droit local d’Alsace-Moselle –

ont une histoire commune liée au fait qu’ils ont étéannexés à l’Empire allemand en 1871. Quand ilsont réintégré la France en 1918, ils ont conservé « àtitre provisoire » le régime bismarckien d’assurancemaladie qui était nettement plus favorable. Ce régimea été maintenu en 1945 au moment de la créationde la Sécurité sociale et il n’est sorti du provisoirequ’en 1998 pour exister sous la forme actuelle quele Conseil constitutionnel a validée en 2001.Réglementé par le décret du 31 mars 1995, lerégime local d’Alsace-Moselle est un régime déro-gatoire, complémentaire et obligatoire du régimegénéral, qui prend encharge le différentiel deremboursement entre lesprestations de la Sécuritésociale (appliquées par-tout en France) et cellesqui sont uniquementappliquées dans ces troisdépartements.Il ne couvre toutefois queles salariés du privé (etleurs ayants-droit) ainsique les contractuels dedroit public. Ne sontdonc pas concernées lesprofessions indépen-dantes ou affiliées à unrégime spécial (comme les fonctionnaires). Enrevanche les chômeurs et les retraités qui ont béné-ficié de ce régime pendant leur activité continuentd’y être affiliés.

Un régime local très avantageux...Les prestations servies par ce régime local s’ins-crivent strictement dans le cadre des tarifs conven-tionnels de la Sécurité sociale (aucune prise encharge des dépassements d’honoraires par exemple),mais elles offrent une protection nettement plusavantageuse selon deux grands principes :• la gratuité totale de l’hospitalisation : le régimelocal prend en charge ce que le patient doit payerailleurs en France : le ticket modérateur hospitalier(20 % du tarif), le forfait hospitalier (18 €) et laparticipation forfaitaire pour certains actes médicauxonéreux (18 € également) ;• un ticket modérateur limité à 10 % pour les fraisde soins ambulatoires et les consultations chez legénéraliste (remboursés à 90 % contre respective-ment 80 % et 70 % ailleurs).Les médicaments sont également mieux rembour-sés à 90  % pour les vignettes blanches (contre65 % ailleurs) et à 80 % pour les vignettes bleues(contre 35 % ailleurs). En revanche, le régime

local n’assure pas la couverture des médicamentsà service médical rendu faible ou insuffisant (rem-boursés ailleurs à 15 %). Les dépassements d’honoraires ou les dépensesdans le domaine dentaire et optique doivent néan-moins être couverts par une mutuelle, facultativecette fois, laquelle coûte beaucoup moins cherqu’ailleurs puisque le « reste à charge » à couvrirest moins important.

... plus juste et moins coûteuxLes employeurs ne participent pas au financementde ce régime local qui fonctionne uniquement grâceà une cotisation salariale supplémentaire qui s’ap-plique à l’intégralité(1) des revenus (d’activité ou

de remplacement). Géré en toute autonomiepar les représentants dessalariés, le budget durégime est légèrementexcédentaire ou défici-taire selon les annéesmais tendanciellement àl’équilibre. Le Conseild’assurés fixe en effet letaux de cotisation enfonction de l’évolutionprévisionnelle de sesdépenses (il peut varierentre 1,5 et 1,80 %)(2).Ce sont les caisses pri-maires d’assurance mala-

die qui affilient tous les assurés relevant du régimegénéral et qui leur versent la part «  locale » desprestations en même temps que la part « nationale »,ce qui réduit considérablement les coûts de gestion(environ 1 % des dépenses). Par ailleurs, il n’y aaucun frais de publicité puisque l’adhésion dessalariés du privé est obligatoire.Alors que les complémentaires santé évoluent dansun univers concurrentiel qui va à l’encontre deslogiques de solidarité (segmentation des risques,couvertures différenciées au choix des assurés avecdes cotisations qui ne dépendent pas de leurs revenusmais de leur âge et de la gamme de prestations choi-sies), le régime local d’Alsace-Moselle constitue unmodèle dont on pourrait s’inspirer, du moins enpartie, pour tendre vers un système d’assurance mala-die plus juste et solidaire. n Monique Daune

(1) Les rémunérations prises en compte pour le calculde cette cotisation supplémentaire sont déplafonnéesdepuis 1985. Le principe «  chacun cotise selon sesmoyens » est donc entièrement respecté. (2) Le taux retenu est moindre pour les retraités et pré-retraités imposables ou les allocations des chômeurs. Lestitulaires de rentes d’accident de travail et tous les retraitésnon imposables sont exonérés de cotisation.

ASSURANCE MALADIE COMPLÉMENTAIRE

Le régime local d’Alsace-MoselleCe régime particulier, héritage du XIXe siècle, apparaît juste et solidaire. Il pourrait êtreune source d’inspiration face à l’univers des complémentaires santé qui va à l’encontredes logiques de solidarité.

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DOSSIERJeunes et citoyenneté

Supplément au no 771 du 10 juin 2017 - US MAGAZINE - 21

Il progresse même. Les formes ont certes changé, se développent enparticulier des types d’engagement qui s’écartent des modèles préétablis,privilégiant par exemple des micromobilisations, des modes d’organisationréticulaires et intermittents, soucieux davantage qu’auparavant d’avoir unrésultat concret et rapide. Les jeunes veulent se sentir utiles de façon

plus immédiate, que ce soit dans leurs engagements humanitaires, dans desassociations, mais aussi dans les mobilisations plus directement « politiques »pour lesquelles l’exigence d’un résultat, au moins intermédiaire, est souventmise en avant. De ce point de vue, les interrogations des jeunes sont celles detoute la société : pourquoi et comment s’engager aujourd’hui ? Loin desclichés sur une jeunesse qui se serait « dégagée » du collectif, nous avons voulu,dans ce dossier, donner à voir les réalités complexes de l’engagement etapporter par ce biais un éclairage sur l’état d’esprit de la jeunesse de notre pays.

Une jeunesse engagée

Diverses études, dont

un récent avis du CESE,

montrent que

l’engagement des jeunes

n’est pas du tout en recul,

comme on peut

parfois l’entendre.

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Dossier coordonné par Véronique Ponvert et Benoît Teste

Ont participé à la rédaction V. Albert, A. Billate, S. Charrier, J.-F. Claudon, R. Gény, H. Moreau, O. Raluy, T. Reygades, V. Sipahimalani, B. Teste

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La jeunesse est généralement comprisecomme le passage de lʼenfance à lʼâgeadulte. Mais les caractéristiques de cette

période de transition évoluent nettement enfonction du contexte socio-économique.Depuis les années 1980, elles ont été boule-versées par la massification de lʼenseigne-ment, la montée du chômage et lʼaffaiblis-sement des autorités traditionnelles.

Une ou des jeunesse(s)  ?Lʼallongement du temps dʼétudes (+ 1,7 anentre 1985 et 1995), ainsi que les difficultésdes jeunes à intégrer durablement un « mar-ché du travail » conformé aux dogmes néo-libéraux (lʼâge moyen du premier CDI est de29 ans en 2017) sont les deux données essen-tielles qui tendent à repousser toujours plusl’accès au statut adulte. Résultats : la jeunesse

Serait-ce la trace d’un individualismeplus fort des générations récentes ?D’un refus des engagements collectifs

au travail ? D’une méfiance à l’égard dessyndicats ?Sans négliger ces pistes très générales, onpeut faire remarquer que les jeunes actifssont nettement plus touchés que les autres parla précarité de l’emploi : en 2015, 37,3 %des salariés de 15/29 ans ont un contrat tem-poraire, contre 14,6 % de l’ensemble dessalariés. Or, la précarité de l’emploi peut êtreun frein puissant à l’engagement syndical.D’une part, l’emploi précaire rend difficilel’intégration dans les collectifs de travail :changer de lieu géographique, de poste, decollègues... c’est avoir peu de chance des’inscrire dans les mécanismes de résistanceau travail. D’autre part, l’engagement syndi-cal peut être vu comme un « risque » pour des

jeunes qui veulent se faire une place, accéderà l’emploi stable : se syndiquer (et le fairesavoir), c’est prendre le risque d’être « malvu » par les employeurs potentiels.

Engagés dans l’action collectiveMais si la précarité a de fortes chances de frei-ner l’engagement dans l’action collective autravail, elle ne le bloque pas pour autant. Ledébut des années 2000 avait vu de fortesmobilisations de jeunes salariés dans cer-tains « fast-foods » ; plus récemment, en Bel-gique notamment, les livreurs de repas à véloont mené des actions pour dénoncer leur sta-tut et améliorer leurs conditions de travail.Dans ces deux cas parmi d’autres, les syndi-cats ont été des acteurs incontournables, et onpeut supposer que la « pédagogie morale dela grève » aura fonctionné sur certains :comme souvent, c’est dans la pratique de

l’action de lutte que les salariés, jeunes ounon, à partir d’un sentiment d’injustice quipeut être ponctuel, prennent conscience del’importance de l’engagement à plus longterme dans l’organisation syndicale pourdéfendre leurs intérêts.On peut noter enfin que la faiblesse du tauxde syndicalisation des jeunes n’est pas unenouveauté : en 1983, 2,9 % des 18/24 ansétaient syndiqués, contre 16,5 % des30/39 ans. Surtout, ce taux augmente pour les18/24 ans sur la période récente, puisqu’iln’était que de 1,4 % en 2003 ! Au-delà de laprécarité, être jeune dans l’emploi, c’est peut-être dans un premier temps observer leslogiques de travail et de résistance des autres,avant de s’autoriser à s’engager dans le col-lectif. Pas sûr, donc, qu’accuser les jeunesgénérations d’être plus individualistes au tra-vail soit si pertinent... n

Commentont-ils voté ?

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se décompose désormais en plusieurs phases,de l’adolescence au statut de jeune adulte.Si lʼon est aujourdʼhui considéré comme jeunede 16 à 25 ans, voire 30 – lʼâge moyen au pre-mier enfant étant aujourdʼhui de 28,5 ans –, onne vit évidemment pas la même réalité, quelʼon soit étudiant vivant chez ses parents, pré-caire ou jeune salarié en couple. On a toute-fois pu constater, depuis une trentaine dʼan-nées, un mouvement dʼhomogénéisationculturelle. Selon Olivier Galland, « les valeurs,les normes culturelles et de consommation, lesaspirations de lʼensemble des jeunes ont eutendance à se rapprocher ».

Quelle unité ?Ce qui définit finalement la jeunesse, cʼestpeut-être son indétermination foncière. Nonune indétermination socio-économique

Jeunes, jusqu’à quand  ?

Vers une définition de la jeunesseL’assertion volontairement provocatrice de P. Bourdieu selon laquelle la jeunesse n’est «  qu’un mot »

ne doit pas nous empêcher de chercher à délimiter ses contours dans la France de 2017.

Jeunes et statut social

Un rejet del’engagement syndical ?

Le taux de syndicalisation des «  jeunes » salariés est très faible  : en 2013, 2,6 %des 18/24 ans sont syndiqués, contre 6,3 % des 30/39 ans ou 12 % des 50-65 ans.

puisque les « héritiers » de Bourdieu neconnaissent pas les mêmes difficultés que lesenfants dʼouvriers ou que la jeunesse desquartiers. Mais une indétermination projec-tive, tant il est vrai que la jeunesse correspondà lʼâge des potentialités qui cherchent à seréaliser de bien des manières. Quʼest-ce, eneffet, que la jeunesse, si ce nʼest, pourreprendre les mots du psychologue E. Erik-son, « une phase de liberté faite d’une diver-sité d’expériences avant de s’installer dansla vie adulte » ? n

◗ Premier tour  : vote des 18/24 ans– entre 27 % et 30 % (sondages BVA et

IPSOS) pour J.-L. Mélenchon ;– entre 18 % (IPSOS) et 21 % (BVA)

pour E. Macron ;– 21 % (BVA et IPSOS) pour M. Le Pen.

◗ Abstention :– L’abstention a atteint au second tour

34 % chez les 18/24 ans, encore plusqu’au premier (29 %). Les jeunes sontles électeurs qui se sont le plusabstenus.

(Source : Ipsos/sopra Steria, le 8 mai).

◗ Second tour  : vote des 18/24 ansVote jeune quasiment au même niveauque l’ensemble de l’électorat :– 66 % E. Macron ;– 34 % M. Le Pen.(Source  : Ipsos/sopra Steria, le 8 mai).

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◗ Abstention : Elle a été deux foisplus importante chez les jeunesélecteurs (63 % chez les 18-24 ans) que chez les plus âgés (35 % chez les plus de 60 ans).

◗ La majorité présidentielle gagneentre entre 200 000 et 500 000 voixchez les 18-24 ans alors que, comptetenu de l’explosion de l’abstention,elle perd 26 % de ses voix entreles premiers tours des deux élections.

(Source  : Ipsos/sopra Steria, le 12 juin)

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Avec Internet, l’espace public n’est plusétanche et s’ouvre à la prise de parolede blogueurs citoyens, à la « contre-

information » d’usagers, à la mobilisation demilitants. Les jeunes font ainsi davantagequ’avant l’expérience de la diversité des pointsde vue. Ils organisent rapidement et donc par-fois plus efficacement des mobilisations,échangeant mots d’ordre et lieux de rendez-vous sur les réseaux sociaux. La pétitioncontre la loi travail en 2016 fournit un exempled’action en ligne qui a permis aux contesta-taires de se compter et a eu un certain effetamplificateur sur la mobilisation. Mais onpourra objecter que la facilité plus grandeinduit des engagements plus superficiels quandil suffit d’un clic pour croire un combat mené :pour reprendre le même exemple, tous lespétitionnaires n’ont pas franchi le pas de laparticipation physique à la manifestation quireste la jauge du niveau de mobilisation.Par ailleurs, on ne peut ignorer combien les uti-lisateurs des réseaux sociaux sont en réalitéencadrés et voient leurs possibilités forma-tées. Propositions de contenus ou de produits,

messages qui apparaissent sur le fil d’actualité,liens mis en avant par les moteurs de recherche,tout cela est régi par des algorithmes dont leplus souvent ils ignorent tout mais qui orien-tent pourtant subrepticement les choix et pro-duisent des phénomènes d’enfermement quiconstituent un obstacle à la confrontationd’idées et à l’ouverture aux autres.

EmbrigadementD’autre part, ce phénomène d’enfermementpoussé à l’extrême peut conduire à un dévoie-ment de l’engagement. À la suite de DouniaBouzar (voir L’US Mag n° 762), on sait àquel point la « radicalisation » joue sur les res-sorts de l’engagement. Des rabatteurs surInternet adaptent leur discours aux aspira-tions de jeunes. De fait, les départs en Syrie sesont faits avec le sentiment que, là bas, unmonde meilleur était à construire.La puissance des réseaux sociaux ne doit

être ni survalorisée ni négligée, leur déve-loppement rend en tout cas nécessaire quel’école permette aux élèves d’avoir à la foisun regard critique sur l’outil et une pratiqueresponsable en la matière. n

Élections législatives, 1er tour E. Macron M. Le Pen

Internet, réseaux sociaux

Une jeunesse sous influence ?Les jeunes qui s’engagent se sont toujours vus opposer l’idée qu’ils étaient « manipulés ».

Cette question prend une acuité particulière à l’heure du développement d’Internet et des réseaux sociaux qui, en ouvrant un nouvel espace à l’engagement, auraient aussi en partie dévoyé cette notion.

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Depuis les attentats de 2015, la respon-sabilité éducative de l'école est exa-cerbée et l'institution tentée d'y

répondre en mettant en œuvre ou réactivantdes dispositifs tous azimuts  : parcourscitoyen, Conseil de la vie collégienne, acte IIde la vie lycéenne, EMC, service civique... Cet empilement peine à faire sens pour lesélèves. D’abord parce que la place qui leurest donnée est trop liée aux représentationset aux attentes des adultes, ainsi qu’au modede gouvernance des établissements. Ensuiteparce que ces dispositifs s'inscrivent dans

un cadre rigide, trop formel, éloigné de leursattentes. C’est tout l'enjeu de la façon dontl'école peut construire ou au contraire décons-truire l'engagement approché par le seulregistre de la citoyenneté.L’engagement est socialement sélectif et lavie scolaire, par les espaces spécifiquesqu'elle propose, peut combattre ses biaissociaux. À la croisée de l’éducatif et dupédagogique, les cadres collectifs d’enga-gement dans la vie scolaire peuvent aussiêtre vecteurs d’engagement personnel danssa scolarité. n

Vie scolaire

L’engagement des jeunesau cœur des questions éducatives

L'engagement de la jeunesse s'inscrit dans une tradition scolaire déjà ancienne de l'apprentissage de la citoyenneté.

Un regard critique sur l’outil etune pratique responsable

Sont-ilsengagésdansun parti ?

◗ 18 000 jeunesadhérents aumouvementdes jeunes « En Marche ».

◗ Le FNJ se déclaresur son site « le premiermouvement jeunede France » sans avanceraucun chiffre.

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Économie sociale et solidaire (ESS)

Quand s’engager a du sensEn France, la participation et l’engagement des jeunes dans le bénévolat sont particulièrement élevés.

SSelon une étude du CREDOC et del’Institut national de la jeunesse et del’éducation populaire, 35 % des 18-

30 ans déclaraient en 2015 donner bénévole-ment de leur temps au moins ponctuellementet 19 % régulièrement, à une association ou àune organisation.

Reconnaissance de l’engagementC’est un des niveaux les plus élevés d’Europe.Les associations, avec les coopératives, lesfondations et les mutuelles, font partie de l’É-conomie sociale et solidaire (ESS). Encadré etstabilisé en 2014 par une loi, c’est un mondeancien historiquement inscrit dans la recherched’une plus grande égalité et d’alternatives aucapitalisme. Les organisations qui en fontpartie doivent poursuivre un autre but que leseul partage des bénéfices et mettre en œuvreune gouvernance démocratique. L’engage-ment dans l’ESS ne se limite donc pas aubénévolat. Ce secteur recense plus de 2,3 mil-lions de salariés. Les jeunes salariés y sont plu-tôt sous-représentés, alors que les départs à la

retraite sont nombreux. La connaissance de cesecteur, par la pratique, est donc un enjeuéducatif important. La première édition de la« Semaine de l’ESS à l’École » (du 13 au20 mars 2017) a permis de faire connaître ladiversité des actions et engagements pos-

sibles : création d’une AMAP, d’un journalcoopératif, d’une unité domestique de recy-clage de déchets alimentaires... plus de 1 000élèves et 80 personnels d’éducation se sontmanifestés à cette occasion, mais ils n’enconstituent que la partie visible. n

Structurer une réaction collectiveface à une directionInaki Echaniz, stagiaire CPE,élu au CE de l’ESPE d’Aquitaine.

Entré en M1 à l’ESPE d’Aquitaine, j’ai dû faire face à plusieursdysfonctionnements dans la formation qui nous était dispensée. Il y avait des tensions entre la direction etl’équipe pédagogique. Face à la réduction drastique dunombre d’heures de cours, nous avons fait circuler une

pétition contre cette politique de restrictions. On a mobilisé les autres étudiantsà travers une page Facebook. On a obtenu une audience dans le cadre d’un collectif intersyndical auprès du recteur. À la rentrée 2016, je me suis présentésur la liste à l’initiative du SNES-FSU suite à des rencontres avec les militantsqui font les permanences à l’ESPE.Dès le lycée, je me suis engagé, j’ai continué à la fac et en tant que CPE, l’engagement est en quelque sorte au cœur de nos missions puisque noussommes censés développer la citoyenneté active auprès des élèves.

Aurais-tu pu le faire en dehors d’une liste syndicale ?Peut-être mais la liste FSU nous a permis de tisser des solidarités avec les élusformateurs qui nous ont aidés dans une instance où il n’est pas facile d’être entendus. On avait une meilleure cohésion et plus de soutien.

Ta perception du syndicat après cette expérience a-t-elle changé ?Pas vraiment pour moi. La majorité des stagiaires voit dans le syndicat l’insti-tution qui nous aide pour les mutations ou en cas de difficultés individuelles. Maisj’ai pu aussi mesurer de l’intérieur la capacité de l’organisation à confronter despoints de vue et à structurer une réaction collective face à une direction.

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AIDANTES ENVERS LES MIGRANTS

L’État ne se mobilisepas suffisamment

Depuis deux ans, avec la fermeture de la frontièrefranco-italienne à Vintimille, la situation des réfugié-es est dramatique : près d’une quinzainede morts en essayant de passer la frontière entreVintimille et Menton. Des jeunes se mobilisent pourleur venir en aide.

Qu’est-ce qui a motivé votre engagementauprès des exilé-es ?Hélène, 26 ans. Ce sont des êtres humains qui ne sont pasconsidéré-es comme tel-les, c’est normal d’être aveceux. Si chacun-e donnait un peu de son temps et sescompétences, ce serait déjà pas mal. J’ai commencé à tra-vailler à Habitat et Citoyenneté (structure qui aide lesdemandeurs d’asile) il y a huit mois. C’est un stageconventionné par la fac de psycho qui ne devait pasdépasser 300 heures mais j’en ai fait le double. Il y a doncune part de bénévolat et d’engagement personnel.

Stella, 25 ans. Si cette cause me touche et que je m’in-vestis, c’est parce qu’il s’agit d’une situation dramatiquequi se passe sur notre territoire, dont nous sommes tousdirectement témoins, et que l’État ne se mobilise pas suf-fisamment à ce sujet. Il est très important que ces gens,après tout ce qu’ils ont traversé, puissent avoir accès àleurs droits. Malheureusement, ils en sont empêchés, il mesemble donc important de les y accompagner.

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L’engagement

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bon compte de jeunes chômeurs ? Il n’y apas de réponse univoque à ces questions.Deux écueils sont certainement à éviter :un engagement rendu obligatoire en serait-il encore un ? Le volontariat doit rester lanorme. Il ne faudrait pas enfin que l’enga-gement devienne une version moderne deces stages dénoncés par les étudiants commeune forme d’exploitation. Le problèmeréside peut-être moins dans la nature de lareconnaissance que dans ce qui est labelliséengagement. n

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Collégiens et lycéens peuvent mention-ner leurs engagements hors l’écoledans l’application numérique Folios

(outil conçu aussi pour le suivi des parcourséducatifs). Les équipes éducatives sont quantà elles incitées à le valoriser dans les appré-ciations portées sur les bulletins et livretsscolaires.

Valorisé, l’engagement est-il intéressé ?De nombreuses universités ont fait le choixde valoriser l’engagement étudiant sousdiverses formes. En licence, un étudiantœuvrant pour une association ou s’enga-geant dans la vie étudiante peut obtenir à cetitre quelques crédits ECTS(1) (généralement2 à 5). Quelques universités ont choisi derevoir à la hausse les moyennes des étu-diants engagés (entre 0,2 et 0,5 point). L’uni-versité de Strasbourg a même créé undiplôme universitaire de l’Engagement Étu-diant, qui sous couvert de la validation dedeux UE(2), de la remise d’un rapport et d’unesoutenance orale vient sanctionner un enga-gement avec un diplôme de niveau III.Depuis 2010, le service civique s’adresseaux 16-26 ans qui, par signature d’uneconvention auprès d’un organisme affilié àl’Agence des services civiques, se voientgratifiés de missions indemnisées à hauteurde presque 600 € par mois. L’objectif est de« servir les valeurs de la République », via

des projets d’intérêt général, ce qui justifie lecaractère quasi bénévole et occasionnel del’engagement (voir ci-dessous).À un engagement vécu comme gratuit etparfois quasi sacrificiel succède donc unereconnaissance symbolique de la part del’Éducation nationale, diplômante à l’Uni-versité, et financière pour l’État. Faut-il yvoir la possibilité pour les jeunes d’un enga-gement qu’ils n’auraient pas été en mesurede trouver ou d’assumer autrement ? Oubien un dévoiement, l’engagement tendantmême à devenir un passage obligé danscertains cursus universitaires ? Ou encoreune solution un peu facile pour occuper à

S’engager, quelle utilité ?

Faut-il une reconnaissanceinstitutionnelle ?

« Tout travail mérite salaire » dit l’adage, mais tout engagement mérite-t-il reconnaissance  ? L’État semble penser que oui,pour les élèves et les étudiants comme pour les jeunes sortis de formation.

L’US MAG : Quel bilan quantitatif et qualitatif fais-tudu dispositif ?Gérard Aschieri : On est passé de 6 000 jeunes au départ à20 000 en 2014 pour monter à 100 000 en 2016. Cette courberésulte d’un choix politique à la suite des attentats de jan-vier 2015. Or on constate, à travers des enquêtes d’opinion etdes rencontres, que les jeunes passés par le service civiques’en disent massivement satisfaits (89 % en 2013 et 95 %disent le recommander aux autres jeunes). Les structures qui lesaccueillent le sont aussi, disant souvent que cela leur a apporté un soufflenouveau, des idées originales... En même temps, les problèmes et lesrisques existent : inégalités sociales comme territoriales dans l’accès au ser-vice civique ; formation civique parfois insuffisante ; risques de substitu-tion à l’emploi ou de concurrence avec les salariés ou les bénévoles des struc-tures. Ils sont accrus avec l’extension du service civique aux servicespublics, surtout si l’on pratique une « politique du chiffre ».

L’US MAG : Quelle est la motivation des jeunes que le CESEa auditionnés ? G. A. : Elle est très variée et parfois contradictoire : pour les unsune envie d’engagement, de se rendre utiles à la société, pourd’autres le souhait d’acquérir une expérience utile à leur insertion ;certains veulent faire une coupure dans leurs études, d’autressont des jeunes sans emploi envoyés par les Missions locales...

L’US MAG : Les services civiques leur ont-ils permis de don-ner une satisfaction à ces motivations ?G. A. : La plupart disent en tirer un bénéfice personnel, parfois différent deleur motivation. Ils considèrent que cela leur a ouvert des horizons, les a faitse sentir utiles, connaître leurs potentialités. Et souvent cela leur a permis d’ap-préhender l’intérêt général et leur a donné envie de s’engager : ils sont plusnombreux que les autres à devenir bénévoles, mais aussi à voter aux élections.Et leur insertion dans l’emploi est également plus facile.

TROIS QUESTIONS SUR LE SERVICE CIVIQUE À GÉRARD ASCHIERI

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L’engagement

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Voir http://www.lecese.fr/travaux-publies/service-civique-quel-bilan-quelles-perspectives

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IER Entretien

« Le capitalisme est mis en cause parune fraction de cette jeunesse, comme ilne l’avait plus été depuis les années 1968 »Ludivine Bantigny est maître de conférences en histoire contemporaine à l’universitéde Rouen, et chercheuse d’histoire au centre d’histoire de Sciences Po où elle co-animeavec Ivan Jablonka un groupe de travail qui s’intitule « Jeunes et jeunesse(s), objetsd’histoire ».©

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L’US Mag : Peut-on repérer dans l'histoire des grandes formesrécurrentes d'engagement politique des jeunes ?Ludivine Bantigny : S’il y a un effet d’âge récurrent dans l’en-gagement politique, il est à rechercher moins dans les comporte-ments électoraux que dans d’autres pratiques comme les mani-festations et les grands « mouvements  » – dans l’histoire trèscontemporaine, les mobilisationsanti-Devaquet, anti-CIP (contrat d’in-sertion professionnelle) en 1994, anti-CPE (contrat premier embauche) en2006, les mouvements «  Indigna-dos  » et «  Occupy  » (tous deux àpartir de 2011), « Nuit debout » (en2016 et au-delà). On y trouve uneaspiration singulière à l’auto-orga-nisation, mise en œuvre en particulierdans les « coordinations » composéesde délégués élus en assemblée géné-rale, mandatés et révocables. Si lamanifestation n’est évidemment pasune pratique spécifique à la jeunesse,la détermination à affronter les forcesde l’ordre l’est davantage, commeon le voit aujourd’hui dans les « cor-tèges de tête », tels ceux du mouve-ment anti-loi Travail en 2016.

L’US Mag : Y a-t-il un déclinde l'engagement politique«  traditionnel  » des jeunes ?L. B. : Non, je ne le pense pas. Encore s’agit-il de se deman-der quels critères permettent de mesurer l’engagement politique.Si l’on retient surtout la participation électorale, alors bien sûrle constat est celui d’un déclin ; mais ce n’est pas, ou ce n’estplus, une particularité de la jeunesse. Certes, les « séniors »participent plus que la moyenne du corps électoral, mais lesjeunes rejoignent cette moyenne. À mes yeux, là ne se situepas la forme principale de l’engagement politique, tant il nesuffit pas de mettre un bulletin dans une urne pour s’engager.Beaucoup de jeunes le comprennent aujourd’hui et s’in-vestissent dans de tout autres pratiques, nombreuses – asso-ciatives, humanitaires, solidaires... C’est sans doute moins«  traditionnel » mais la politique est là, tout autant. Onobserve aussi une nouveauté dans les valeurs et la vision dumonde que forgent les jeunes générations : certes, il y a beaucoupde résignation, étant donnés la crise sans fin, le chômage et la pré-carité auxquels les jeunes sont tout spécialement voués. Mais il y

a aussi la perception que d’autres mondes sont possibles. Le capi-talisme est mis en cause par une fraction de cette jeunesse, commeil ne l’avait plus été depuis les années 1968. Il semble que la sen-tence de Margaret Thatcher, « Il n’y a pas d’alternative », ne soitplus tant de saison. En témoigne notamment tout le mouvement des« Zones à défendre » (ZAD). Des jeunes s’autorisent à rouvrir l’ave-

nir et à le voir différent.

L’US Mag : Des mouvements comme les Indignés ouNuit Debout ont fait apparaître des engagementsde la jeunesse en marge des organisationstraditionnelles : est-ce une nouveauté ?L. B. : Ces pratiques politiques sont désormais fonda-mentales, quoique évidemment minoritaires. Ellesouvrent un autre futur, tout en opérant un retour auxsources de la démocratie : une démocratie directe, parle bas, sans professionnalisation de la politique et dansune volonté d’égalité. Les débats y ont démontré unegrande maturité chez les participant-e-s et un désir puis-sant de réfléchir aux fondements mêmes de la société :le rapport à l’argent, à la concurrence, au marché... La

vigilance y est aussi très grande sur les effets dedomination toujours pos-sibles et, dès lors, surl’égalité du temps deparole comme sur le res-pect à l’égard des prisesde position, quellesqu’elles soient. Ce n’estpas absolument une nou-veauté dans la mesure oùcela peut rappeler les« clubs » révolutionnaires,qu’il s’agisse de la période1789-1794 ou de l’année1848 ; on pense aussi, dansune autre mesure, à la Com-mune de Paris en 1871. Plusprès de nous, l’expérienceévoque Mai-Juin 1968, dansles occupations et la réappro-priation collective des espacespublics. Les contextes sont évi-demment très différents mais

il y a du commun dans ces pratiques. Avec sans doute aujourd’huiplus d’attention à certaines formes d’égalité jusque-là négligées,le rapport femmes-hommes en particulier.

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Contenus d’enseignement

L’école vante l’engagementLa notion d’engagement fait partie explicitement de certains programmes scolaires. Elle peut aussi être traitée à travers

des questions larges abordées dans certaines disciplines ou à travers certaines œuvres choisies.

Elle est un des quatre thèmes obliga-toires d’EMC au collège : « L’enga-gement : agir individuellement et col-

lectivement » avec de nombreux sujetsd’étude possibles concernant la citoyenneté,la sécurité, les responsabilités individuelleset collectives, l’opinion, la solidarité, l’en-gagement politique, syndical, associatif,humanitaire.  Le SNES-FSU a obtenu quel’évaluation ne porte pas sur le comportementde l’élève mais sur sa compréhension del’engagement d’autrui (motivations, nature,moyens, limites). En Première, l’engage-ment syndical, politique et associatif repré-sente des entrées intéressantes surtout lorsquele CVL et la maison des lycéens ont uneexistence réelle.

À travers les disciplinesLes œuvres abordées dans les enseignementsartistiques au collège et au lycée permettentégalement de faire réfléchir les élèves sur lanotion d’engagement.

cation à ». Celles-ci peuvent rapidement serévéler des prescriptions de bonnes pratiquesplutôt que tendre au développement, chezles élèves, d’un réel esprit critique. n

1. Éducation aux Médias et à l’Information2. Éducation au Développement Durable

En français, l’argumentation, au collègecomme au lycée, l’étude des textes d’au-teurs « engagés » ainsi que le cours de cul-ture générale et expression en BTS incitentles élèves à prendre position.En SES, les programmes abordent parexemple l’action collective – dans le travailet les autres sphères sociales – en pointant leslogiques de l’engagement... et du retrait. Ilsévoquent également la diversité des formesde participation politique, au-delà du vote.En Terminale, le programme de philoso-phie est propice à une réflexion sur la dimen-sion politique, éthique, voire esthétique del’engagement.La question de l’engagement est évidem-ment abordée dans le cadre du parcourscitoyen en cycle 3 et 4 – au-delà de l’EMC –en EMI(1) et EDD(2), et dans l’enseignement àla défense et à la sécurité. La mise en œuvrede ces enseignements est porteuse de valeurspositives d’engagement sur le fond mais posecependant le problème plus général des « édu-

Ce projet repose concrètement sur lanécessité de penser un second degré« de la réussite de tous », et de trans-

former nos métiers pour la réalisation decette ambition et pour l’amélioration desconditions d’exercice de nos missions. Danscette optique, les jeunes collègues doiventpouvoir trouver une place spécifique et stra-tégique. Spécifique, car le renouvellementdes générations, les modifications d’approchedu rôle du collectif, l’arrivée de nouveauxoutils de mobilisation imposent une prise encompte renouvelée des préoccupations desjeunes qui entrent dans le métier. Straté-gique, car ce sont les jeunes d’aujourd’hui quiseront les enseignants et personnels expéri-mentés de demain, et qui auront en charge lestransformations sociales à venir.

Le SNES-FSU agit au quotidienLa question n’est pas seulement de mieuxaccueillir les jeunes et futurs collègues, mêmesi cet accueil est central, elle est aussi de per-mettre que chacun soit acteur du mouvementsyndical, jeunes y compris.Le SNES-FSU développe des actions

spécifiques en ce sens, en particulier avec lesétudiants et stagiaires des écoles supérieuresdu professorat et de l’éducation (ESPE),pour la défense et l’amélioration des condi-tions d’accès aux métiers de l’éducation.Ainsi, les permanences des militants duSNES-FSU permettent de renseigner effi-cacement les futurs collègues sur des ques-tions pratiques quant à leur entrée dans lemétier, que l’institution n’a pas forcément letemps de couvrir. Par conséquent, les acteursde la vie syndicale sont des interlocuteurs pri-vilégiés auprès des jeunes collègues.Les assistants d’éducation sont organisés dansnotre syndicat en catégorie, qui permet, mal-gré les difficultés d’engagement pour ces per-

sonnels précaires, à la fois de les défendremais également de revendiquer une profes-sionnalisation de ces acteurs de la vie scolaire.La stratégie de formation syndicale, que ce soitau niveau national ou académique, permet dedévelopper les problématiques qui donnent dusens à l’action syndicale : les questions de« mémoire militante », de construction del’outil syndical, de travail sur le corpus reven-dicatif, en y intégrant les nouveaux militants,est une démarche centrale dans l’intégrationde tous les collègues dans notre syndicalisme.Enfin, le travail de construction de mandats,notamment en privilégiant la présence dejeunes militants dans les délégations acadé-miques, est un moment privilégié du renou-vellement de notre syndicat. La préparationde notre prochain congrès, à Rennes en 2018,les débats et la construction de nouveauxmandats devront être l’occasion de donnerencore plus de place aux militants qui ferontle syndicalisme de demain. n

Le SNES-FSU : engagement syndical

Un outil pour toutes les générationsPour une organisation syndicale, qui plus est majoritaire comme le SNES-FSU, il est primordial d’associer toutes les générations

aux réflexions permettant de préciser et de rendre plus efficace notre projet de transformation sociale.

Faire réfléchir sur

la notion d’engagement

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28 - US MAGAZINE - Supplément au no 771 du 10 juin 2017

MÉTIERENSEIGNEMENT DES LANGUES VIVANTES, ÉTRANGÈRES ET RÉGIONALES

LVER : pour un débat national commun

D ébut mai 2017, les décrets statutairesdes corps d’enseignement, d’éducationet de psychologie du second degré ont

été modifiés. Ainsi les avancées gagnéespar le SNES-FSU lors des discussions avecle ministère sont actées. Le nouveauministre ne reviendra pas dessus. Manquetoutefois à l’appel le décret indiciaire desprofesseurs de chaire supérieure ainsi quede nombreux textes indemnitaires : indem-nité de fonction des Psy-EN, des professeursdocumentalistes, des personnels exerçanten MLDS ou en SEGPA… Le SNES-FSUintervient pour qu’ils soient publiés dansles plus brefs délais.

Dans le même temps, il interpelle le ministèreafin que les discussions portant sur les cir-culaires d’accès à la hors-classe et la classeexceptionnelle s’ouvrent rapidement avec lamise en place d’un barème national.

Évaluation des personnelsPlus urgent encore, les discussions sur la miseen place des nouvelles modalités d’évaluationdes personnels n’ont pas débuté alors que lesrectorats doivent informer, en cette fin d’an-née, les personnels concernés par un rendez-vous de carrière l’année prochaine, confor-mément aux décrets statutaires. Dèsmaintenant, le SNES-FSU intervient dans les

académies comme au niveau national auprèsdes corps d’inspection pour porter ses reven-dications sur les nouvelles modalités d’éva-luation et d’accompagnement des personnels.Après des discussions prévues mi-juillet, leministère publiera deux documents relatifsà l’évaluation : la notice (document adresséaux personnels évalués décrivant le dérou-lement, les modalités et les conséquencesde l’évaluation) et le guide (documentcadrant le déroulement des évaluations).Le SNES-FSU sera vigilant à ce que lesengagements pris soient respectés et tiendrales personnels informés. n

Xavier Marand

PPCR. Le précédent gouvernement a publié les principales dispositions réglementaires qui découlent du cycle dediscussion sur la revalorisation des carrières et des rémunérations à l’Éducation nationale. Toutefois, certains textesdont les circulaires d’application se font attendre.

Les suites se font attendre

Le SNES-FSU a organisé une journée d’étude sur les langues vivantesétrangères et régionales avec l’APLV en mars dernier, afin deréfléchir à leur enseignement de manière générale et au concept

de compétences, à la perspective actionnelle et aux pratiques pédago-giques. Lors de cette journée, le SNES-FSU et l’APLV ont lancé unappel national pour les langues vivantes soutenu depuis par l’ADEAFet la FLAREP, pour exiger une politique nationale, construite, ambitieuse

et cohérente en faveur des langues étrangères et régionales, ce quisuppose une clarification de la place et des objectifs des langues vivantesen milieu scolaire. Ces organisations demandent un débat national, ouvert et public surcette question (appel téléchargeable à l’adresse : www.snes.edu/Appel-commun-SNES-APLV-pour-l-enseignement-des-langues-vivantes-etrangeres-et.html).

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24 000 Y compris concoursexceptionnel de 201420 000

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02004 2006 2008 2010 2012 2014 2016

90 000 Y compris concoursexceptionnel de 201475 000

60 000

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30 000

15 000

02004 2006 2008 2010 2012 2014 2016

Champ : France entière (France métropolitaine + DOM + COM + Nouvelle-Calédonie).Réf. : Note d'information n° 17.14.

Évolution du nombre de postes et de candidatures aux concours externesdu Second degré dans l’enseignement public

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Supplément au no 771 du 10 juin 2017 - US MAGAZINE - 29

C’était connu mais une note de la DEPP(1)

met en lumière la crise du recrutementqui touche le second degré malgré la

reprise des créations d’emplois en 2012 etun nombre croissant de candidats.En 2016, 17 336 postes étaient ouverts auxrecrutements de personnels enseignants dusecond degré public, un nombre comparableà celui de la session 2015 (17 569). Pour lesseuls concours externes, le nombre de postesproposé augmente, de 8 000 à 2012 à 13 000en 2016, le nombre de candidats augmenteau même rythme, le rapport de trois candidatspour un admis se maintient mais 15 % despostes mis au concours externe n’ont pu êtrepourvus : 11 454 admis pour 13 170 postes.

Un millier de postes vacantsLa note met l’accent sur les disparités entreles disciplines. En maths, 6 106 personnes sesont inscrites pour 1 540 postes, seulement2 732 étaient présentes et 1 234 admises. Enlettres modernes, 3 881 inscrits mais seulement1 120 admis pour 1 357 postes. Déficit aussien anglais avec 1 134 admis pour 1 304 postes.Au total donc, 1 716 postes n’ont pas été pour-vus, les deux tiers concernent le CAPES. Mal-gré une légère augmentation (+ 4 %), le nom-bre d’admis au CAPES externe n’est pas à lahauteur des besoins, et 15 % des postes sontrestés vacants, comme en 2015. Dans uncontexte de hausse du nombre de postes offerts,le taux de couverture s’améliore un peu en2016 au CAPES de mathématiques (80 % aulieu de 77 % en 2015) comme au CAPESd’anglais (87 % contre 80 % en 2015), maisle taux de postes vacants s’accentue en lettresmodernes, passant de 15 % à 18 %.

À peine quatre postes sur dixpourvus aux concours réservésAu CAPET externe, alors que le déficit oscil-lait autour de 13 % depuis 2014, il s’établità 10 % en 2016.Pour la quatrième année consécutive, le nom-bre de postes aux concours internes augmente(+ 5 %). Quasiment tous les postes ont étépourvus comme les années précédentes.Le dispositif « Sauvadet » des concours réser-vés ne tourne pas à plein régime car, de nou-veau, les candidatures baissent et l’offre reculede 32 % par rapport à 2015, soit 900 postesen moins ce qui aboutit à 62 % des postesnon pourvus en 2016, contre 54 % en 2015.Pour le SNES-FSU, il faut répondre à cettecrise en programmant les recrutements, enrendant attractifs le métier et en créant desprérecrutements aux concours. n

Daniel Lecam

(1) Note n° 17.04 de juin 2017 de la Directionde l’évaluation, de la prospective et de la perfor-mance.

CONCOURS EXTERNES 2016. Cette année encore, la session n’a pas permis de pourvoir l’ensemble des postesouverts aux concours externes.

Un recrutement toujours insuffisant

Note : Le tableau comptabilise les candidatures : un candidat qui s’est présenté à plusieurs concours est compté plusieurs fois.Champ : France entière (France métropolitaine + DOM + COM + Nouvelle-Calédonie). Réf. : Note d'information n° 17.14.

(1) Y compris les troisièmes concours ouverts en 2016.

Nombre de postes et de candidatures aux concours externesdu Second degré public selon le groupe de disciplines en 2016

Postes Inscrits Présents Présents/ Admissibles Admis Taux deposte couverture

– Disciplines scientifiques 702 7 419 3 482 5,0 1 327 539 76,8dont : mathématiques 467 3 765 1 969 4,2 815 304 65,1

– Disciplines littéraires etsciences humaines 519 5 922 3 072 5,9 1 064 496 95,6

dont : lettres modernes 162 1 398 738 4,6 352 162 100,0– Langues 396 4 056 1 969 5,0 833 371 93,7

dont : anglais 213 2 169 1 103 5,2 467 211 99,1– Disciplines professionnelles 244 4 347 1 616 6,6 516 220 90,2– Disciplines artistiques 103 1 271 679 6,6 180 88 85,4– Éducation physique et sportive 51 1 359 617 12,1 123 51 100,0Total Agrégation 2 015 24 374 11 435 5,7 4 043 1 765 87,6– Disciplines scientifiques 2 262 11 109 5 494 2,4 3 538 1 956 86,5

dont : mathématiques 1 540 6 106 2 732 1,8 2 063 1 234 80,1– Disciplines littéraires et

sciences humaines 2 794 15 036 8 183 2,9 4 184 2 393 85,6dont : lettres modernes 1 357 3 881 2 103 1,5 1 546 1 120 82,5

– Langues 2 258 10 209 6 232 2,8 3 271 3 271 82,7dont : anglais 1 304 4 741 2 927 2,2 1 751 1 134 87,0

– Disciplines artistiques 407 2 061 1 313 3,2 694 374 91,9– Langages spéciaux 4 23 10 2,5 9 4 100,0Total CAPES(1) 7 725 38 438 21 232 2,7 11 696 6 595 85,4CAPES 820 4 181 3 442 4,2 1 602 820 100,0CAPET (1) 660 6 643 2 691 4,1 1 168 596 90,3– Disciplines

d’enseignement général 758 5 427 2 639 3,5 1 692 757 99,9

dont : – lettres –histoire et géographie 237 1 777 789 3,3 487 237 100,0

– mathématiques –physique chimie 237 1 652 790 3,3 592 237 100,0

– Disciplines professionnelles 1 192 8 503 3 407 2,9 1 855 921 77,3Total CAPLP 1 950 13 930 6 046 3,1 3 547 1 678 86,1Tous concours externesde l’enseignement public 13 170 87 566 44 846 3,4 22 056 11 454 87,0

Postes Candidatures à l’admissibilité

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30 - US MAGAZINE - Supplément au no 771 du 10 juin 2017

CATÉGORIES

Après l’absence de créations de postesen 2016, les 250 postes inscrits aubudget 2017 constituent une avancée

qui demeure insuffisantepour répondre aux besoins.Les recrutements auconcours externe (320 soit– 20) suffiront juste à com -penser les sorties du corps(288 au 1/9/2016 corres-pondant aux départs enretraite et démission). Leconcours réservé, abondé(+ 7 soit 87), de nouveau,ne fait pas le plein, avecvingt-six postes nonpourvus. Le manque detitulaires persiste, le vivierde titulaires remplaçantsreste exsangue et les recto-rats rivalisent comme l’an

passé de mauvaises solutions : contractuelsde plus en plus nombreux, redéploiementsau détriment des lycées et notamment des

internats, implantation depostes à mi-temps sur deuxEPLE au mépris du statutdes CPE. Pour la catégorie,l’année scolaire quis’achève a confirmé ladégradation des conditionsde travail : au lycée avecl’augmentation des effectifsà prendre en charge et aucollège avec la mise enœuvre de la réforme auxconséquences lourdes pourla vie scolaire. De plus ladéclinaison des mesures desécurité renforcée s’estfaite sous une tonalité bienpeu éducative soulignant

un peu plus le manque de moyens en CPEet AED. Enfin, les épreuves du concoursexterne n’ont toujours pas été mises enconformité avec les textes réglementaires,ce qui continue de peser sur la formationet le recrutement des CPE.

IncertitudesIntégrer dans les pratiques, à tous les niveauxde l’institution, les avancées obtenues parle SNES-FSU dans la nouvelle circulaire demission reste une bataille d’actualité, tout

comme l’est celle des moyens.L’amélioration des conditions detravail et l’exercice du métier danstoutes ses dimensions passent parune augmentation du taux d’enca-

drement et un travail collectif facilité pourun suivi éducatif et pédagogique permettantde lutter contre les inégalités. n

Olivier Raluy

CPE. Des personnels d’éducation toujours en nombre insuffisant dans les établissements malgré des besoinséducatifs croissants.

Des difficultés persistantes

AFFECTATIONS TZR. Le mouvement intra-académique est terminé. Une nouvelle phaseconcernant l’attribution ou non d’un service à l’année pour les TZR commence.

Vers la dernière étapeA

près la phase inter, à laquelle ont parti-cipé près de 28 000 professeurs dusecond degré, CPE et CO-Psy, la phase

intra se termine dans les académies. Outreles collègues arrivant à l’inter, participantsobligatoires à ce mouvement, ce sont plusde 39 000 collègues qui ont déposé unedemande de mutation au sein de leuracadémie. Cette vaste opération est incon-testablement la plus importante numérique-ment. Elle traite simultanément lesdemandes de première affectation, de réin-tégration et de mutation.À chaque étape du processus, les élus duSNES-FSU, majoritaires dans les commis-sions, interviennent. Ils ont, dans un premiertemps, conseillé les participants pourélaborer la meilleure stratégie possible dansl’ordonnancement de leurs vœux. Ils ontensuite veillé à ce que l’égalité de traitementsoit la règle, à ce qu’il n’y ait aucun passe-droit : en dehors des postes spécifiques, lespostes sont attribués selon le barème descollègues. Ainsi, à l’issue du mouvement,chacun a pu vérifier qu’il avait été traitéselon son bon droit en fonction du barèmesur chacun de ses vœux.

Affectation des TZRReste maintenant la dernière étape de celong processus, dite « phase d’ajustement ».Elle concerne les TZR, ceux qui le sontdevenus et ceux qui le sont restés. Les

collègues nouvellement affectés sur ZR sevoient attribuer un établissement de ratta-chement administratif qui doit être pérenne.C’est cet établissement qui gérera sondossier administratif. Il peut se voir dèsjuin attribuer un service à l’année sur unbloc de moyens provisoires (BMP) ou êtreen attente de suppléance (voir conditionsdans le mémo TZR disponible dansvotre section académique ou en lignewww.snes.edu/Sommaire.html) .Dans plusieurs académies, l’administrationa tenté cette année de s’affranchir ducontrôle paritaire lors de la phase d’ajus-tement. Les actions initiées par le SNES-

FSU ont permis de maintenir les groupesde travail mais la vigilance est de mise pourles années à venir. n

Thierry Meyssonnier, Jessica Campain

CRISE DU RECRUTEMENT : DAVANTAGE DE POSTES VACANTSDans un trop grand nombre d’académies, des postes fixes restent vacants après l’intra quand,

dans le même temps, des zones de remplacement sont fermées. Ainsi, dans l’académie de

Grenoble, l’équivalent d’un demi-poste par établissement reste vacant à l’issue de l’affectation

des titulaires.

La rentrée s’annonce délicate : il n’y aura pas suffisamment de professeurs titulaires devant

élèves et la part des TZR destinés au remplacement sera encore diminuée (elle n’était déjà que

de 30 % cette année). Le recours à la précarité va s’accentuer.

La crise de recrutement de nos professions est bien une réalité, comme en attestent le rapport

de la Cour des comptes sur le budget 2016 et les résultats des concours de recrutements ces

dernières années (voir page 9). Ses effets se feront sentir plus cruellement à la rentrée 2017.

Comme le SNES-FSU le revendique depuis de nombreuses années, un plan pluriannuel de

recrutement et une nouvelle étape de revalorisation des rémunérations doivent être mis en

place pour résorber cette crise majeure.

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Supplément au no 771 du 10 juin 2017 - US MAGAZINE - 31

Les 250 participants ont pu réfléchir etdébattre du lien entre les questionssociales et le développement psycholo-

gique du sujet, du positionnement dupsychologue face à la montée de la précaritéet de la vulnérabilité d’une fraction crois-sante de la population. Ils se sont enrichisà l’écoute de chercheurs, de praticiens qui

en exposant leurs recherches, en partageantleurs expériences leur ont permis d’inter-roger les pratiques, de penser des alternativesaux injonctions contradictoires que subit laprofession de psychologue quel que soit lechamp d’exercice. En effet, qu’ils travaillentdans l’Éducation nationale, à la PJJ, àPôle Emploi ou dans l’administration péni-

Dans le même temps, plusieurs mesuresfiscales ont fait baisser le pouvoird’achat des retraité-e-s dont les 0,3 %

de la CASA qui n’ont été vraiment utiliséspour l’autonomie qu’au 1er mars 2017.Comme toute la population, les retraité-e-sont subi la hausse de la TVA de 19,6 à 20 %ou de 7 à 10 % selon les produits. Le projetdu Président d’augmenter de 1,7 point laCSG pour les pensions supérieures à 1 200 €,sans compensation, les cotisations à laMGEN revues à la hausse (de 5 à 7 %), vontaggraver encore la situation.

ActionsLa bataille pour le pouvoir d’achat est plusque jamais d’actualité. C’est ce que disentles réponses au questionnaire diffusé dansle cadre des campagnes électorales quijugent indispensable la poursuite de l’action.C’est la décision de l’intersyndicale retraitée,regroupant neuf syndicats, réunie le 19 juinavec un double objectif : rassembler toujoursplus de personnes et assurer la visibilité des16 millions de retraité-e-s, trop souventabsent-e-s des préoccupations des politiques.

L’absence de secrétariatd’État au gouvernement est,à ce sujet, significative.En septembre le groupeintersyndical ira porter lebilan des questionnaires àl’Élysée et exposera sesrevendications : revalo ri -sation des pensions au1er octobre 2017 (si la loiétait appliquée celle-ci seraitde 0,4 %), refus de la haussede la CSG notamment. Cetteaudience sera accompagnéeà Paris par une manifestationet une conférence de presse,en régions par des initiatives unitaires.Face à la commission du Haut conseil del’âge qui travaille sur le recours aux finan-cements privés pour la couverture de la perted’autonomie, l’intersyndicale travaille à unargumentaire défendant un financementassuré par la Sécurité sociale dans le cadredes services publics.L’intersyndicale a décidé de s’adresser aussiaux associations caritatives pour faire un

état des lieux des bénévoles et des sollici-teurs retraité-e-s.Enfin, la déclinaison, localement, du colloquedu CESE du 13 janvier (pouvoir d’achat,place dans la société) va se poursuivre.Rentrée active en perspective : les retrai -té-e-s se battront pour leurs revendicationset agiront avec les actifs dans des luttescommunes. n

Marylène Cahouet

tentiaire, les psychologues ont fait desconstats communs. Les tentatives d’instru-mentalisation de la profession à des finsmanagériales sont une constante dans lesdifférentes institutions. Les psychologuessont de plus en plus incités à évaluer,convaincre, contrôler, sous couvert d’écouteet d’accompagnement.Pour eux, la marge est donc étroite, entrela prise en compte de la souffrance et dumal-être, et l’aide à la transformation desconditions d’études, de travail ou de vie deceux avec lesquels ils travaillent.

Résister aux injonctionsPour résister aux injonctions paradoxaleset délétères, la meilleure méthode n’est-ellepas de ne pas rester isolé, de pouvoir s’ap-puyer sur le collectif, de s’engager et militeret ainsi, d’aider l’individu à retrouver saplace de sujet et à agir ?Ces deux jours d’échanges et de partaged’expériences ont montré la vitalité despsychologues, leur volonté intacte d’êtredu côté du sujet et de contribuer, de leurplace, à ouvrir des perspectives de trans-formation sociale. n

Marie-Agnès Monnier

RETRAITÉS. Depuis le 1er avril 2013, les pensions n’ont pas été revalorisées, hormis le provocateur 0,1 %du 1er octobre 2015.

Rentrée active

PSY-EN. « Penser les questions sociales en lien avec le développement psychique », c’est le thème que les psychologues des syndicats de la FSU avaient choisi pour leur 5e colloque les 22 et 23 juin.

Penser et agir collectivement

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32 - US MAGAZINE - Supplément au no 771 du 10 juin 2017

Ces formations permettent d’obtenir undiplôme professionnel reconnu par lesentreprises et les conventions collectives.

Comme le précise Éric, enseignant en sectionde technicien supérieur, lui-même titulaired’un BTS qui lui a permis de poursuivre desétudes supérieures en école d’ingénieurs : « Ladurée est courte, elle est restée de deux ans.Mais elle mêle une formation professionnellede qualité, toujours demandée et appréciée

par les TPE, PME et PMI, à une formationscientifique, indispensable pour la formationtout au long de la vie. Les étudiants issus desfilières technologiques ou scientifiques trouventdans ces filières des études enfin concrètes.Lorsqu’ils viennent nous rencontrer à nosportes ouvertes ou sur les forums, ils nousfont part de leur envie “de réaliser des vraieschoses”. Cette formation leur ouvre un nou-veau monde, plus motivant de leur point de

vue, car ils mèneront des projets aboutis,répondant à des besoins réels, ouvrant ainsiune porte vers l’insertion professionnelle ».

Un public qui évolueLa prédominance des bacheliers technolo-giques parmi les candidats au BTS (horsBTSA) continue de s’effriter (37 % en 2015contre 53,7 % en 2005) au profit des bacheliersprofessionnels

SUR LE TERRAIN©

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LES BREVETS DE TECHNICIENS SUPÉRIEURS (BTS) sont des diplômes professionnels supérieurs, créés en 1962, qui sepréparent en deux ans après le baccalauréat dans des lycées technologiques ou polyvalents de l’Éducation nationaleou de l’agriculture (BTSA). À la session 2015, 179 600 candidats se sont présentés à l’examen du Brevet de techniciensupérieur (BTS) et 133 100 ont été admis dans près de 125 spécialités industrielles, tertiaires, du secteur sanitaire etsocial, des arts appliqués ou de l’agriculture.

Des formations à promouvoir

Les BTS

LES STAGES EN ENTREPRISES : INCONTOURNABLES DANS LA FORMATIONLes formations au Brevet de technicien supérieur du secteur industriel

sont toujours un tremplin puissant vers l’insertion professionnelle pour

les jeunes bacheliers, qu’ils soient issus du bac de technologie STI2D

ou du bac professionnel. Les employeurs et les tuteurs, que je rencontre

lors des visites de mes étudiants de BTS en stage, sont unanimes et

témoignent malgré tout des qualités de ces jeunes et de leur bonne

adaptation dans la mise en œuvre des productions à réaliser dans les

entreprises de fabrication mécanique.

Pourtant, nous sommes dans une situation paradoxale : il est devenu

difficile pour nos étudiants de trouver par eux-mêmes un stage pro-

fessionnel obligatoire en fin de première année de BTS, et les profes-

seurs ont dû prendre le problème à leur charge et souvent rassurer

les entreprises sur la qualité des jeunes étudiants à accueillir, tant

ils rencontrent des situations décourageantes avec d’autres publics

à longueur d’année. Mais lors des visites, c’est la satisfaction qui

prime : les employeurs cherchent à renouveler ou étoffer leurs effectifs

sur les sites de production, ils formulent le vœu de pouvoir recruter

ces futurs techniciens supérieurs car ils correspondent bien à leurs

attentes en termes de savoir-faire, et parce qu’ils savent que leurs

connaissances seront renforcées en seconde année.

Guy, enseignant de productique en BTS CPRP,lycée Marie-Curie, Nogent-sur-Oise

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Supplément au no 771 du 10 juin 2017 - US MAGAZINE - 33

La part de ces derniers ne cesse de croître :elle était de 30,6 % en 2015 (30,2 % en 2014,10 % en 1999). Le taux de réussite à l’examendes bacheliers professionnels demeure enrevanche le plus faible et stagne à 59,4 %. Ilest également stable pour les bacheliers tech-nologiques (77,6 %), mais est en hausse pourles bacheliers généraux et atteint 86 %. Éricprécise : « Aujourd’hui, le public accueilli abeaucoup changé. Mais la double finalité deces formations est toujours vraie. Elles restentqualifiantes, avec des compétences profes-sionnelles prisées des industriels, et elles sontun tremplin pour les poursuites d’études. Ellespermettent de sécuriser un parcours scolaireet d’accéder à des formations supérieures.Auparavant issus principalement des forma-tions technologiques, les techniciens étaienttrès appréciés pour leurs compétences tech-niques ; leur employabilité était évidente carils côtoyaient et mettaient en œuvre des équi-pements professionnels en Première, Termi-nale et lors des deux années de BTS. Les raresélus issus de la filière professionnelle renfor-çaient leurs compétences, en ajoutant deuxans supplémentaires à leur formation anté-rieure de quatre ans. Maintenant, le publicest issu à parts égales de la voie profession-nelle et de la voie technologique, mais avecdes compétences moindres ou différentes ».

Porte ouverte sur l’emploiEn dépit de ces évolutions, enseignants etemployeurs plébiscitent ce type de formations,aussi bien en tant qu’outil pour l’accès à laqualification que comme moyen pour nombrede jeunes de retrouver un sens à leur forma-tion, comme l’indique Éric : « La formation

en BTS reste une voie royale, pour apprendredifféremment, pour se refaire une santé sco-laire et poursuivre vers des niveaux supé-rieurs, ou bien pour entrer dans la vie activeavec la qualification reconnue des industriels.Par exemple, lors des portes ouvertes, lesindustriels se déplacent pour informer nosétudiants de leurs besoins et leur proposerdirectement des entretiens d’embauche ». n

Éric Boczkowski, Guy Friadt, Thierry Reygades

Laurent LenProviseur au lycée Diderot, Paris 19e

Trois questions à...

L’US Mag : Le lycée Diderotest un lycée technologiqueindustriel « historique », quellessont les formations post-bac pré-sentes dans cet établissement ?Laurent Len : L’école Diderot,créée en 1873 pour former lestechniciens de maîtrise dont larévolution industrielle avaitbesoin, s’est progressivement transforméeen lycée polyvalent visant à offrir auxjeunes des formations scientifiques et tech-niques industrielles. Aujourd’hui, fort deses sept BTS industriels dans les domainesde la conception industrielle, de la main-tenance, des systèmes électroniques etinformatiques, de l’électrotechnique, destraitements de maté-riaux, l’établisse-ment reste une réfé-rence en termes deformation. À cesBTS il faut ajouterune préparation auDiplôme des Métiersd’Arts en Horloge-rie, une classe pré-paratoire post-BTSpréparant l’accèsaux grandes écoles,une licence profes-sionnelle.

L’US Mag : Quel est le parcoursdes jeunes bacheliers qui viennent à« Diderot » pour préparer un BTS ?L. L. : Majoritairement (50 %), les étu-diants en BTS ont obtenu un baccalauréattechnologique STI2D, moins de 20  %sont titulaires d’un baccalauréat général,souvent scientifique, et environ 30 % pos-sèdent un baccalauréat professionnel. Maiscette répartition moyenne dépend de laspécialité : en BTS Conception et réali-sation de systèmes automatiques ou enÉlectrotechnique, près de la moitié desétudiants sont issus de la voie profession-nelle, alors qu’il n’y en a aucun en for-mation de BTS Traitements des matériaux,par exemple. Ces modulations, définiesen accord avec les équipes pédagogiques,sont fonction des prérequis nécessaires,notamment scientifiques, pour aborder lesspécialités avec de bonnes chances deréussite, mais aussi de l’existence, ou non,de spécialités de bac pro correspondantaux spécialités de BTS. Les sections peu-vent également accueillir des jeunes ayantdéjà eu un parcours de formation à l’Uni-versité ou en IUT, ces étudiants peuventintégrer en première ou en seconde annéede formation en fonction de leurs acquis.

Globalement nos étudiants ontbénéficié d’une formation secon-daire scientifique et technique ouprofessionnelle industrielle. Unbon nombre ont obtenu leur bac-calauréat au lycée.

L’US Mag : Une fois leurdiplôme obtenu, que font ces

jeunes techniciens supérieurs, peuvent-ils poursuivre leurs études ou préfèrent-ils essayer de trouver un emploi ?L. L. : Globalement la moitié des lauréatsdu lycée poursuivent leurs études, ungrand nombre en licences profession-nelles, qui leur permettent d’approfondirleurs connaissances dans des domaines

précis (traitements des métaux, concep-tion automobile, gestion de production...),d’autres restent au lycée en classe pré-paratoire ATS post-BTS/DUT pour y pré-parer les concours d’entrée en école d’in-génieurs, avec de très bonnes chances deréussite. Ils peuvent espérer intégrer lesformations du réseau Politech, l’Univer-sité de technologie de Compiègne, Troyeset Belfort, l’INSA, les Arts et Métiers,Sup Optique, les Mines de Douai, d’Allés,de Nantes... et bien d’autres, et mêmel’ENS pour aller vers une carrière d’en-seignant-chercheur !Pour un chef d’établissement, c’est un vraibonheur et une grande fierté de voir desjeunes qui, passés par le lycée profession-nel, réussissent un BTS et poursuiventleurs études en écoles d’ingénieurs.Et ceux qui ne souhaitent pas poursuivred’études post-BTS trouvent facilementun emploi dans le secteur industriel. Ainsi,je pense absolument nécessaire de pro-mouvoir ce type de formations afin, d’unepart d’offrir cette voie de réussite à denombreux jeunes, et d’autre part de contri-buer à relever les défis de développementéconomique et d’emplois auxquels notrepays est confronté.

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Le lycée Diderot

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partie du bateau. Plus le bateau est grand, plusle prix du trajet pour la Grèce est élevé.

Trafic lucratifLa route n° 2 (Libye) coûte entre 1 250 et2 000 euros par personne. La partie maritimecoûte environ 1 000 euros. Ensuite, le trajetterrestre à partir du sud de l’Italie s’effectue leplus souvent en train ou avec des chauffeurs detaxi arabes, qui, pour 700 euros, conduisent lesmigrants de la Sicile vers l’Europe du Nord.Les migrants, hommes, femmes, enfants,familles en tières, prennent ensuite tous lesrisques. Ces traversées se font souvent au périlde leur vie. Plus de 5 000 personnes ont périnoyées en tentant de gagner les rivages de l’Eu-rope en 2016. Selon les chiffres de l’ONU, ils’agit du bilan le plus lourd jamais enregistré

Près de 500 000 réfugiés ou migrants éco-nomiques ont frappé à la porte de l’Europedepuis janvier 2015. Loin de ralentir, l’af-

flux massif des exilés qui fuient leur pays et ten-tent de gagner principalement l’Allemagne et laGrande-Bretagne, ne cesse de croître. Depuisdeux ans, l’Europe est confrontée à une criseinédite par son ampleur : un afflux massif deréfugiés fuyant des persécutions, notammenten Irak et en Syrie, ou la guerre, s’ajoute à desvagues de migrants. Ces migrants sont prêts àtout pour fuir. D’abord à s’endetter. Car unpassage en Europe coûte cher.La route 1 (Turquie-Allemagne) coûte entre1 200 et 3 500 euros par personne. Une partiecouvre le prix de la traversée, le solde estdépensé en Europe pour la nourriture, les bus,les trains, les taxis... Le prix dépend en grande

FENÊTRE SUR

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CONTRAIREMENT AUX IDÉES REÇUES, la France accueille peu de migrants, eu égard à la vague d’immigration queconnaît l’Europe. À l’aune du démantèlement de la jungle de Calais, du traitement réservé aux demandeurs d’asile,cet accueil n’est pas à la hauteur du pays des droits de l’homme. Des initiatives associatives, des politiques menéespar des collectivités territoriales redonnent à la France un peu de sa grandeur.

Migrants, crise d’une ampleur inédite

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Signés sous Chirac, promus par Sarkozy, les accords du Touquet fixent depuis

2003 la frontière britannique à Calais. Ils visaient à juguler l’immigration clan-

destine vers le Royaume-Uni en déplaçant, du côté français, le contrôle de la

frontière britannique, obligeant la France à stopper, pour le compte des

Anglais, les milliers de déracinés qui veulent rejoindre la Grande-Bretagne.

Après Sangatte, ces accords ont donc donné naissance à la « jungle » de Calais.

Après sa disparition, les règles qui régissent la façon dont Paris et Londres

collaborent sur le dossier des migrants demeurent. © C

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ACCORDS DE CALAIS

alors que le nombre de migrants ayant réussi àtraverser a baissé. Pour l’ensemble de l’an-née 2015, le bilan avait été de 3 771 morts.Chaque jour annonce son lot de tragédies. Endébut de mois au moins 44 migrants, parmilesquels des bébés, ont été retrouvés morts desoif en plein désert dans le nord du Niger, alorsqu’ils tentaient de se rendre en Libye. PourAhmed, réfugié soudanais résidant en foyerdans une commune rurale des Deux-Sèvres,« la mort nous l’avons côtoyée au quotidien ;elle nous a suivis tout au long de notre voyage.J’ai vu tant de gens mourir autour de moi. Ellehante toujours mes nuits et rôdera dans mamémoire toute ma vie ». Les larmes lui man-quent pour évacuer les peurs, la détresse, les vio-lences et les crimes qui ont accompagné son durpériple. Martin, 22 ans, bénévole pour la Croix-Rouge, accompagne ces neuf Soudanais récem-ment installés dans ce centre d’accueil etd’orientation (CAO) : approvisionnement ennourriture, accompagnement dans les démar chesadministratives, soutien moral, encadrement,il s’occupe de tout ou presque. Étudiant pourdevenir travailleur social, quand sa responsablelui a proposé le poste, il a pris un week-end poury réfléchir. « Je n’avais pas trop le temps, je pré-pare le concours. J’ai appelé tous les éducateursspécialisés que je connais pour savoir quoifaire. Ils n’étaient pas tous pour, certains ne sont

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Supplément au no 771 du 10 juin 2017 - US MAGAZINE - 35

des centres d’accueil est un fauxdébat ». Pour Damien Carême, ini-tiateur d’un camp pour réfugiés de2016 à 2017, parti depuis en fumée,« la situation est dramatique et pré-occupante ». Près de 350 migrants,dont des enfants, vivent aujourd’huiinstallés dans les sous-bois, sansconditions d’hygiène, sans accès àdes sanitaires. « Je sais par des méde-cins que des maladies, comme lagale, commencent à se propager parmanque d’accès aux soins. Et leurnombre ne cesse d’augmenter. J’ail’impression de revivre la catas-trophe de l’été 2015, avec l’arrivéemassive de migrants » poursuit-il enlançant un appel au gouvernement.Un appel qui fait écho à ceux lancéspar de multiples associations et relayépar une lettre ouverte au présidentde la République. Jacques Toubon, leDéfenseur des droits, s’est égalementindigné devant des « conditions devie inhumaines », voire une« traque » des migrants, et a exhortéles pouvoirs publics à « ne pas s’obs-tiner dans ce qui s’apparente à undéni d’existence des exilés ».

Le choix de l’humanité etpas que de l’humanitaireFace à ces SOS, face à cette détresse, la Franceet l’Europe ne peuvent s’arc-bouter sur la poli-tique des murs. Elles ne doivent pas seulementfaire le choix de l’humanitaire mais bien celuide l’humanité. L’émotion sur les plages deLampedusa, la culpabilité devant le corps dujeune Aylan, l’enfant noyé en Turquie, ne suf-fisent plus.Les réponses à cette crise doivent se construiredans l’harmonisation des législations et descapacités d’accueil des États. Les moyens finan-ciers majoritairement attribués à la surveillance,aux contrôles et aux renvois doivent être réal-loués pour sauver et accueillir. L’Europe doitdonc mettre fin à sa politique de fermeture

symbolisée par le mur hongrois et accueilliravec « humanité » les personnes.À ceux qui prétendent ne pouvoir « accueillirtoute la misère du monde », avec en moyenne200 000 immigrés qui sont entrés chaque annéesur le territoire français depuis 2004 selon l’In-see, soit entre 0,3 % et 0,4 % de la populationfrançaise, on est loin d’un phénomène massif.Ce chiffre correspond à l’arrivée de 291 sup-porters dans un Stade de France de 81 000places ! Il est simplement temps de respecter ledroit international pour tous les migrants : droità la santé, à l’éducation et au travail afin de« régulariser » la situation de ceux et celles quivivent souvent depuis des années dans desconditions indignes. n

Un rapport de l’UNICEF démontre l’explosion d’enfants réfugiés « non accom-pagnés ». Ces enfants seuls étaient 60 000 en 2011 et plus de 300 000 en 2016,soit cinq fois plus ! Sur le sol français, ils seraient aujourd’hui près de 10 000.La plupart d’entre eux cherchent à aller en Grande-Bretagne et c’est pour çaqu’on les retrouve autour de Calais.Une cinquantaine vient chaque jour à la distributionde repas organisée par les associations. Leur butest clair : monter dans un camion pour l’Angle-terre. « On essaie de passer la nuit, toutes lesnuits. On est là pour essayer », explique William, 17ans. Ce rêve britannique contribue à la difficulté dela prise en charge. « On peut les amener à Saint-Omer », dans un centre dédié aux mineurs, « la police aux frontières leur pro-pose, mais ils refusent » constatent les autorités. Du coup, ces mineurs seretrouvent dans la nature à la merci des mafias. Car il s’agit d’une populationparticulièrement vulnérable. Faute de protection et de moyens de survivre,

beaucoup sont tombés dans les filets de trafiquants de drogue et de prosti-tution alors qu’ils étaient venus en Europe pour tenter de fuir la misère, laguerre et la violence. Les passeurs les utilisent notamment pour détourner l’at-tention de la police, faire entrer leurs clients dans les camions et pour vendre

de la drogue ou voler.Bon nombre sont victimes de viols ou sont obligés dese prostituer pour payer leur passeur.En tant que tels, ils relèvent de la protection de l’en-fance qui elle-même incombe aux conseils départe-mentaux. Pour bénéficier d’une assistance, ces jeunes,souvent arrivés avec de faux papiers, doivent prou-ver à l’administration qu’ils sont mineurs. Une

démarche rendue difficile par les autorités françaises souvent soucieuse dene pas reconnaître leur minorité et ainsi éviter l’obligation de prise en charge.Les conseils dépar tementaux reprochent d’ailleurs à l’État de faire peser sureux une charge de plus en plus lourde alors que les budgets ne suivent plus.

Rubrique réalisée par Thierry Pétrault

MIGRANTS MINEURS, DANGERS MAJEURS

pas franchement pour l’accueil des migrants. Enfait, c’est ce qui m’a décidé ! ». Il ne regrette rienmême si des moments sont difficiles à vivre.« J’essaie de garder la bonne distance maisce n’est pas facile. Pour remplir leur dossier dedemandeur d’asile, ils doivent raconter leurhistoire dans le détail. C’est souvent très lourd,ils pleurent, on reste à côté, la main sur

leur épaule... ».Si Ahmed a enfin trouvé

un peu de quiétude,nombre de migrantsconnais sent toujoursla souffrance enFrance. « Bien sou-vent, les personnesmigrantes fuient des

situations de violencedans leur pays d’ori-

gine et aspirent à trouveren France sécurité et pro-

tection. Mais il arrive qu’elles soient confrontéesà de nouvelles violences », dénonce la Cimade,association de soutien aux étrangers et de défensedes droits. En matière de droit d’asile, de droitau séjour, d’enfermement ou d’expulsion, lespolitiques publiques menées depuis dix ans enFrance, tous gouvernements confondus, portent« des logiques répressives, stigmatisantes, dis-criminatoires », dénonce son rapport.Et « renforcent le camp de ceux qui prônent lerejet ou la haine » souligne « Migrations, étatdes lieux 2017 ».La question des migrants a traversé les der-nières campagnes électorales, instrumentaliséepar certains candidats faisant l’amalgame entreréfugiés et migrants économiques, s’affran-chissant de la réalité des chiffres, agitant lespeurs et brandissant la haine à coup de dis-cours nationalistes et démagogiques. L’immi-gration est perçue comme une invasion à coupde contre-vérités assénées. Contrairement auxidées reçues, il n’est pas si facile pour un réfu-gié d’obtenir l’ouverture de droits sociaux. Il nepeut le faire qu’après cinq ans de résidence.Pour le maire de Grande-Synthe à côté de Calais,« dire que l’on créerait un appel d’air en ouvrant

Ces logiques,« dominées par

des visions à courtterme, sécuritaires

et méfiantes, confortentl’idée que l’immigration

est un problème ouune menace »

Où vont-ils ?

Demandes d’asile dans les États membres de l’Union européenne et del’EFTA en entier 2015 selon données Eurostat. La hauteur des barres sym-bolise le nombre de demandes d’asile par pays. La coloration des paysreprésente le nombre de demandeurs d’asile rapporté à leur population.

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CULTURE L iv res/Revues

À LIRE

C’est toujours risqué de faire parler les gueux.Au mieux, ça sonne faux... Et si en plus lenarrateur est un enfant, le pari devient alors

plus qu’hasardeux. L’Été des charognes relèvemagistralement ce double défi et c’est là l’une destrès grandes forces de ce premier roman. Ça se passe aujourd’hui, à la campagne, en France,dans un hameau quelconque. Celui-ci s’appelle« La Fourrière », ça ne s’invente pas. Celui quiparle est un petit pécore, un « pedzouille ». C’estl’été, il fait chaud. Avec son copain Jonas, ils lapi-dent à mort le chien de « cette conne de voisine » :« Il a commencé à gueuler pire que la mort etnous on l’a défoncé avec les pierres jusqu’à cequ’il gueule plus du tout. Ça a duré longtempsmais à la fin on aurait dit qu’il restait plus quedes poils, du sang et un bruit d’os mouillé quiflottait dans l’air humide de la cabane ». C’est lapremière scène du roman, et elle donne le ton :on n’est pas dans François le Champi ! L’écritureorganique de Simon Johannin ne nous épargnerarien : ni le sang des agneaux qu’on égorge, ni lesvers grouillant sur un tas de charognes gluantes,ni les cuites des pères qui ont la main leste. S’ilest bien question de semailles et de moissons, le

récit tourne résolu-ment le dos au mythebourgeois d’une vierurale idyllique. Iln’y a rien de buco-lique dans ce tableauet le paysan n’y estpas investi, commedans Le Peuple deMichelet, d’une grandeur qui l’anoblit. Ni glori-fication, ni condamnation non plus : point d’auto-fiction rédemptrice ici. Ce peuple d’en bas, quiaime bien le marocain du coin parce qu’on leconnaît mais rit très gras aux blagues les plusracistes, n’est jamais mis à distance. Pas mêmepar un transfuge de classe qui s’en serait tiré d’af-faire. Aucune tentative d’explication sociologique,on est dans le réel brut. Le lecteur est immergésans filtre dans un monde d’ordinaire exclu duchamp littéraire, un monde ni meilleur ni pirequ’un autre. Les très belles éditions Allia permet-tent à Simon Johannin, 23 ans, de signer là unpremier roman de grande envergure, aussi brutal qu’inédit. n Cécile Exbrayat• L’Été des charognes, Simon Johannin, éd. Allia, 2017.

sous sa plume. Le tout pimentéd’humour, d’ironie, d’un goût demort et de cette angoisse de vivrequand on a perdu l’espoir. La Suède, pays fantasmagoriqueUne histoire surnaturelle qui mêlemythologie chinoise et autrescroyances de l’au-delà pour dénon-cer, comme Elsa Marpeau, l’uti-lisation mercantile de la souf-france. La révolte perce via cepersonnage de mère et de soldate,le lieutenant Jasmine Pascal-A n d e r s o n . L aguerre n’est passeulement celledes champs debataille – ici leKosovo – maisaussi celle duPlayground – titrede ce thriller –, dessites qui alimentent le cauchemarde l’ultra violence pour « faire »de l’argent encore et encore. L’es-poir a-t-il perdu toute actualité ?Le libéralisme est profon dé -ment liberticide nous dit LarsKepler... n Nicolas Béniès• La femme au serpent, Claude Izner,10/18 ; Les corps brisés, Elsa Marpeau,Série Noire/Gallimard – son précédent,Et ils oublieront la colère est rééditéen Folio/policier ; Froid comme la mort,Antonio Manzini, traduit par AnaïsBouteille-Bokobza, Folio/Policier ;Playground, Lars Kepler, traduit parLena Grumbach, Actes Sud.

Le coin du polarUn polar historiqueClaude Izner poursuit sa nouvellesaga sur la France du jazz et de lachanson dans cette année 1921.Jeremy Nelson, jeune pianiste dejazz, Américain et Français, conti-

nue à chercher for-tune et sa famille.Entre Londres etParis, il enquête. Lafemme au serpentest le deuxième dela série – le pre-mier, Le pas du

renard est réédité en poche – pourune plongée dans les mondes duspectacle, via une série de meurtresdont le point commun est d’êtresigné d’un portrait de SimonettaVespucci, modèle de Botticelli, etd’une vipère. Une plongée dans lesmondes du spectacle et une relec-ture des grands compositeurs amé-ricains comme français. ClémentDoucet et Jean Wiener, un duo depianos entre musiques contempo-raines et jazz (ragtime souvent pourl’époque)... Le monde des annéesfolles, des Roaring Twentiescomme si on y était...Barbaries libéralesPour faire de l’argent, tout est per-mis ? Le sordide, le barbare entête ? Elsa Marpeau, dans Lescorps brisés, nous enduit de cettemort qui fait semblant d’êtrevivante. Et elle sait nous y enfon-

cer. Sarah, cou-reuse de rallye estvictime d’un acci-dent. Elle est surun fauteuil roulantet a per du l’espoirde vivre. Notre so -ciété n’aime pasles losers et ne fait rien pour per-mettre aux handicapé-e-s de trou-ver une nouvelle place. Elle préfèreles ignorer… Sarah intègre un cen-tre perdu en haute montagne pourretrouver ses capacités mentales,pour lutter. La peinture de sa com-pagne de chambre la sauvera dela barbarie. La résistance, le com-bat contre l’horreur, la solidaritéparticipent de l’espérance.

Aoste, ItalieVivre à Aoste ne rend pas de bonnehumeur. Le vice-préfet – nou -veau nom de commissaire depolice en Italie – Rocco Schiavoneen est un bon exemple. Mauvaisehumeur qui s’alimente d’un meur-tre : une femme retrouvée penduedans son appartement. L’enquêtefait découvrir le quotidien de seshabitant-e-s, mêlée de réflexionssur l’Ita lie contemporaine et les se -

crets nécessaires àtoute bonne in trigue.Antonio Manzinidans Froid commela mort sait mêler lenoir de la nuit, lapoésie et le tempsqui sait être relatif

UN PREMIER ROMAN

Été meurtrierNotre sélection� UNE TUEUSE EN SÉRIE

La Lady Macbeth du districtde Mtsensk est sans doute plusconnu comme opéra de DmitriChostakovitch (1934) quecomme l’œuvre d’un grandauteur russe des années 1860,concurrent direct de Léon

Tolstoï, Nicolaï Leskov. Son héroïnetient à la fois de Shakespeare, Jean-Jacques Rousseau, mais aussi de latradition orale. Cette nouvelle publiéeen 1865 se situe dans le contexte dumouvement pour l’émancipation desfemmes. Une tueuse en série, grandeamoureuse du sexe, est pour la pre-mière fois mise en scène. La présen-tation de Catherine Géry permetde replacer Leskov dans son environ-nement. Nicolas Béniès• La Lady Macbeth du district de Mtsensk,N. Leskov, édition bilingue de CatherineGéry, Classiques Garnier.

� COLÈRE ROUGELes Prédateurs au pouvoir,«  petit livre de colère  » (dixitMonique Pinçon-Charlot), estécrit avec la rage des citoyen-ne-s qui assistent à une préda-tion en bande organisée et à uncollectivisme grand-bourgeois

qui s’accapare l’argent, les ressourcesnaturelles, la pensée, les médias, par-ticipe aux ventes d’armes, et qui, desurcroît, triche, vole, fraude, surfacture,pour accumuler toujours plus d’argentet de pouvoir. L’oligarchie apparaîtalors dans toute sa violence et sontpassés en revue tous les méfaits deD. Trump à E. Macron en passant parla famille Le Pen et F. Fillon. À fairelire à tous-tes ceux-celles qui pensent« que tout va bien dans le meilleur desmondes »… Doriane Spruyt• Les Prédateurs au pouvoir. Main bassesur notre avenir, Monique Pinçon-Charlotet Michel Pinçon, édition Textuel, 2017.

� LA RELIGION LIBÉRALELa novlangue néolibérale repa-raît augmentée pour tenircompte du renouvellement (fai-ble), du discours dominantdepuis l’entrée dans la crisesystémique du capitalisme enaoût 2007. Une nouvelle inter-

rogation surgit. La crise a totalementdiscrédité les théories néoclassiquessur lesquelles s’appuie le néolibéra-lisme. Après le temps du choc, ellesrestent présentes, latentes souvent,références moins affirmées des poli-tiques économiques. Les justificationschangent un peu mais les croyancescomme autant de fétiches restent. AlainBihr construit des explications sur cetterésistance. Stimulantes. N. B.• La novlangue néolibérale. La rhétoriquedu fétichisme capitaliste, Alain Bihr, coédi-tion Page 2/Syllepse.

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Supplément au no 771 du 10 juin 2017 - US MAGAZINE - 37

Le coin de la BD Réminiscences

«

L ’impuissance de la bourgeoisie à faire renaî-tre l’industrie, la misère grandissante desmasses laborieuses, le développement de la

spéculation, la décomposition de la production,le chômage, l’instabilité des prix, la cherté de lavie disproportionnée aux salaires, provoquent unerecrudescence de la lutte des classes dans tousles pays. » Ainsi s’exprimait Alexandra Kollontaï,et ses propos n’ont pas pris une ride. Première femme ministre au monde dans le premiergouvernement de Lénine, première femme diplo-mate, en Finlande, dont elle connaissait la langue,bolchevique passionnée, intègre, critique, autoges-tionnaire et... féministe, telle est Alexandra Kollontaï.Elle proclame l’amour libre, gronde sur la bureau-cratie montante, la récupération opportuniste desbourgeois parmi les Soviet – parfois travestis en« experts » – et contre tous ceux qui s’éloignentdes intérêts du prolétariat que la belle communistedéfend bec et ongles. Autogestionnaire convaincuedans un parti soviétique dont elle observait aveclucidité la sclérose progressive, l’éloignement descadres et surtout... le cantonnement du rôle du syndicat à celui d’éducateur. Elle défend l’idée queles ouvriers et ouvrières connaissent non seulementmieux que personne leurs intérêts mais peuventorganiser et créer l’économie communiste. Ses pro-fondes convictions démo cratiques et marxistes luifont percevoir la place des femmes à l’aune de lamême analyse : les femmes sont libérées quand

elles sont, comme leprolétariat, maîtressesde leurs instruments deproduction. Elle défendainsi un féminisme declasse. La Révolution, le fémi-nisme, l’amour et laliberté recueille destextes d’AlexandraKol lontaï aux tonalités et aux thèmes très dif -férents, puisqu’on y trouve aussi bien ses conférences historiques données à l’université deSverdlov, en 1921, que les textes écrits par elleau nom de sa tendance. Grâce au minutieux travail de Patricia Latour, fidèleentre les fidèles du Temps des cerises, on y(re)découvre les textes militants de l’Oppositionouvrière, tendance du parti bolchevique qui n’hésitepas à se démarquer de Lénine et Trotski, et reven-dique le droit à la critique au sein du parti. AlexandraKollontaï prend également parti contre la prostitutionet pour une révolution de l’amour qui s’émancipede la mentalité bourgeoise tant conspuée pour éla-borer une théorie prolétarienne des rapports amou-reux et sexuels. Réhabiliter Alexandra Kollontaïest une tâche d’utilité publique. n Doriane Spruyt• La Révolution, le féminisme, l’amour et la liberté,Alexandra Kollontaï, Le Temps des Cerises, 2017 (texteschoisis et présentés par Patricia Latour).

Roman graphiqueDans un style simple, Chris-tophe Honoré conte une his-toire simple vécue par denombreuses familles. Enzoa 8 ans lorsqu’il réalise que desobjets disparaissent de sa maison.Il s’étonne puis interroge sa mère :le chômage est passé par là qui bou-leverse la vie familiale. Économiesdrastiques, privations, séparation.Le chômage traîne sa cohorte demalheurs et de chagrins au fil desans. Heureusement, Enzo se réfugieplus tard dans l’amour et le sport.Mais il n’oubliera jamais cette ter-rible période qui fit de lui un révoltéà un âge où le bonheur se vit commeon respire. Les illustrations aux tech-niques variées aèrent le texte etallègent l’ambiance sans la trahir.Pour ados en quête d’une lecturecourte et dense. Catie Pillé• Un enfant de pauvre, C. Honoré, G. Le Gac,Actes Sud junior, 2016.

FOR THE KIDS

� ALGÉRIE 50 ANS APRÈSQue reste-t-il comme souve-nirs, 50 ans après, pour dejeunes « appelés » à partiren Algérie entre 1954 et 1962participer à une guerre quine disait pas son nom ? Notrecollègue Jean-Paul Jullianda conçu un film de 52 minutesdonnant la parole à une quinzained’habitants d’une petite communequi n’avaient pas 20 ans lorsqu’ilspartirent deux ans en Algérie. Unlivre éponyme complète utilementle film avec de nombreuses réfé-rences historiques. Philippe Laville• Ils ne savaient pas que c’était une guerre !Présentation détaillée du film et du livre,bons de commande, sur www.snes.edu/culture et sur www.ilsnesavaientpas.com

Nous sommes en 1948 àVienne. Un écrivain amé-ricain découvre l’ampleur

des inégalités entre celles et ceuxqui profitent cyniquement de laruine de l’Autriche et de l’occu-pation alliée, et celles et ceux quiles subissent. Il se frotte auxmondes poreux du marché noiret de l’espionnage. Sur les tracesdes hommes de l’ombre, il utilisele réseau des égouts de la villepour circuler entre les quatre sec-teurs, soviétique, américain,anglais et français. Si ce synopsissemble familier, en particulier aulecteur et à la lectrice cinéphiles,cela ne doit rien au hasard. LeCoup de Prague s’attache aux pas du célèbre écrivainanglais Graham Greene lors de son voyage de 1948.Il vient à Vienne puiser l’inspiration pour le scénariod’un film produit par Alexander Korda et DavidO. Selznick. Réalisé par l’Anglais Carol Reed, LeTroisième homme deviendra un classique, un desplus grands films noirs jamais réalisés.L’album est captivant par ses différents niveaux delecture. Aux cinéphiles, familiers de l’œuvre de fictionde Graham Greene et Carol Reed, Jean-Luc Fromentaloffre quantité de clés de compréhension : pourquoicette idée incongrue de tourner un film dans une villeen ruines où l’on manque de tout encore plus de troisans après la fin de la guerre ? Les personnages et les

péripéties du film (morts vio-lentes, scène de la Grande Rouedu Prater, poursuite dans leségouts...) ont-ils pu être inspiréspar des faits réels ? On peut tou-tefois se passionner pour l’his-toire sans avoir jamais vu ni luLe Troisième Homme. Com-plexe, pleine de rebondisse-ments, elle est racontée par Elizabeth Montagu. Femmeindé pendante, globe-trotteuse,ancienne actrice, ancienneespionne, elle est chargée parles producteurs du futur film deguider le grand écrivain dans lacapitale autrichienne. Elizabethcomprend assez vite que GrahamGreene n’est pas venu à Vienne

seulement dans le but d’écrire un film...Il s’agit donc d’un album aussi riche qu’un mille-feuille : un scénario, des dialogues dignes des meilleursromans et films d’espionnage, un hommage à ungrand écrivain et à un grand film, et qui en fournitune clé de lecture. Il offre, grâce aux couleurs etombres travaillées de Myles Hyman, une peintureréaliste de l’occupation alliée et des premières tensionsde la guerre froide, à Vienne et à Prague. Et qui aimela comédie humaine y trouve son compte de trahisons,de corruption, et de beaux et nobles sentiments. n

Amélie Hart-Hutasse• Le coup de Prague, de Miles Hyman (dessins) et Jean-Luc Fromental (scénario), Dupuis/Aire Libre, avril 2017.

NOS COLLÈGUES PUBLIENT

ALEXANDRA KOLLONTAÏ

Révolutionnaire et féministe

Histoire nécessaireAlain Garrigou s’est lancédans un travail d’archivespour mettre en perspec-tive l’histoire des poli-tiques menées par lesgouvernements successifsen France depuis 1940. Lamise en œuvre des poli-tiques économiques d’inspirationkeynésiennes qui dominent dansl’après-Seconde Guerre mondialese heurte à des freins qui pro-viennent du libéralisme toujourslatent. La politique en Franceest un livre qui permet de sortirdes oppositions simplificatricespour entrer dans le concret.Ainsi, la politique économiquede la IVe République apparaîthomogène malgré la successiondes gouvernements...

Nicolas BénièsLa politique en France, Alain Garrigou,Grands Repères/La Découverte, 523 p.

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CULTURE Cinéma/Théât re/Spectac le

La soixantaine passée, Silva a parcouru beaucoup de routes. Costumenoir, étrange sombrero brodé, santiags aux pieds et baluchon surl’épaule, il revient dans son village des montagnes portugaises pour

réintégrer la maison familiale délabrée. Retour au bercail pour cet infa-tigable marcheur, conteur inépuisable qui a gardé au bout de ses doigtsles tours de magie du temps où il faisait le saltimbanque.Silva a existé et les réalisateurs l’ont rencontré au cours de repéragespour s’imposer comme le personnage de leur film. Le récit s’articuleautour de sa biographie et d’éléments fantasmagoriques nés de sonimagination. Si la première partie de Rio Corgo est contemplativequand elle accompagne Silva dans ses activités quotidiennes, sesdéambulations dans les rues du village, le rythme s’accélère quandles symptômes de la maladie dont il souffre se multiplient. Clouésur un lit d’hôpital, il laisse libre cours à son imagination et voit

déferler les images du passé. C’estalors que se retrouve sa silhouettereconnaissable, marchant dans d’im-menses paysages arides ou enneigés.Le voilà retourné d’où il est venu ;aux grands espaces, à sa liberté, à lanature qui a toujours été son véritablerefuge. Le rêve vient à son secoursen lui permettant de réaliser un désirqu’il ne peut plus accomplir dans laréalité : s’échapper.Héritiers de Pedro Costa, José-CésarMonteiro ou Miguel Gomes, les deux cinéastes ont réalisé uneœuvre simple et puissante. n Francis Dubois

CINÉMAMère et fils

À quatorzeans, Migueldoit prendreen charge lequot id ien

domestique, pallier les manque-ments d’une mère dépressive et auchômage, fréquenter le collège ettrouver du temps pour se livrer àde petits trafics lucratifs. En conflitavec sa mère, il redoute cependantde la laisser livrée à elle-même, cequi l’amène à jouer à cache-cacheavec les services sociaux qui le sen-tent en danger. Le sujet n’est pasneuf. Alberto Morais le renouvellepar le biais des personnages secon-daires imprévisibles, d’atmosphèresréalistes singulières et grâce auxinterprétations de ses comédiens. Ilpeint une classe ouvrière en fin decourse, exposée au chômage, à laprécarité, aux tracasseries adminis-tratives. Malgré l’incertitude du len-demain, elle reste capable d’élansde solidarité. n F. D.• La Madre, un film d’Alberto Morais(Espagne).

SÉRIEBosch : en quête de justice

Inspirée des ro mansde Michael Connel -ly, la série suitHarry Bosch, poli-cier à Los Angeles.

Dans une ville où les tensions entrelaissés pour compte et riches sontexacerbées, Harry mène ses enquêtessans concession. Son fort désir dejustice lui vient de l’enfance. Aprèsl’assassinat non élucidé de sa mère,une prostituée, il a longtemps vécului-même en marge, entre foyerssociaux et rue. Un têtu que le dangern’arrête pas. n Catie Pillé• Bosch, série US d’E. Overmyer, Amazon,2014.

RADIO Contre le tonnerredes médias dominants

Radio Grenouille est une radio asso-ciative et culturelle, émettant depuisMarseille et plus précisément depuisla Friche de la Belle de Mai. Alter-nant programmes musicaux éclec-tiques et émissions culturelles, cetteradio parcourt Marseille, la Pro-vence, et parfois le monde, tant quel’esprit collectif, alternatif et prochedu territoire est au rendez-vous. Néen 1981, ce média indépendant tra-verse actuellement un gros orageet en appelle à notre solidarité (voirle site). n Doriane Spruyt• www.radiogrenouille.com

MUSIQUES• CHANSONVoyelles inouïesQuatre ans aprèsIlo Veyou, Camilleest de retour ! Soncinquième album,Ouï – avec un tréma,comme deux poings levés vers leciel – révèle une œuvre poétiqueet musicale aussi inspirée que sin-gulière. Accents lyriques presquesacrés ou bourrée bretonne revisitéeservent d’écrin à l’intime et au poli-tique : ses asymétries sonores revi-gorent une musique pop aussi dan-sante que chantante. En concert,Camille explose les limites de satessiture. Une expérience puissanteet sensuelle. Chants a cappella,percussions et caresses sonores :ça claque, ça tape, ça pulse. n

Cécile Exbrayat• Ouï, Because Music, en tournée dans toutela France, www.camilleofficiel.fr

• CLASSIQUEÂme russe...De Chostakovitch,on connaît surtoutles symphonies,majestueuses etvibrantes cathé-drales musicales.Les deux concertos pour piano quenous interprètent le pianiste BorisGiltburg, et le Royal LiverpoolOrchestra, dirigé par VasilyPetrenko, nous proposent, à prixdoux, une toute autre image dugrand compositeur russe. Cesconcertos jouent ainsi sur tous lesregistres : intimistes et boulever-sants, comme en témoigne le secondmouvement du deuxième concertopour piano, mais aussi exubérant,comique et même burlesque. Unconcentré d’émotions, de joieset de mystères, magistralementinterprété. n Nicolas Morvan• Chostakovitch, Concertos pour piano nos

1 et 2, quatuor à cordes n° 8 (arrangementspour piano), Naxos.

• ROCKUn grand disque de 2017Oiseaux-Tempête nous offre avecAL-’AN !, sorti sur le label SubRosa, un voyage musical et philo-sophique qui nous entraîne jusqu’auLiban sur les rives méditerra-néennes. Enregistré en Bretagne età Beyrouth en 2016, cette œuvresingulière associe lapuissance électriquedu duo parisien à lamagie acoustique etpoétique du Proche-Orient. Leur premier opus s’inspi-rait de la Grèce, Ütopiya?, lesecond de la Turquie et de la Sicile,ce troisième est né au milieu duchaos syrien. Il révèle un souci des’ouvrir aux autres et d’abolir lesfrontières. n Éric Loizeau• AL-’AN !, Oiseaux-Tempête, Sub Rosa,2017.

• JAZZUn centenaire discretEn même temps que le pre-mier disque de jazz sorti enmars 1917, celui de l’Ori-ginal Dixieland Jazz Band,naît Thelonious Monk, com-positeur original, longtempsignoré du public. Commentle rendre vivant ? JacquesPonzio a choisi l’Abécédaire. Le« degré zéro » du classement ouvrele jeu de rencontres bizarres d’unalphabet trituré par un auteur quiconnaît son sujet. Un inventaire dela « méthode Monk ». Monk fait par-tie des compositeurs les plus sollicitéspar les musicien-ne-s d’aujourd’hui.Les conseils qu’il donne post-mortemvoient leur importance décuplée. Unpetit livre pour prendre la dimensiond’une musique au départ hermétiquemais qui sait parler le langage de lamodernité à venir et joue sur toutesnos mémoires. n Nicolas Béniès• Thelonious Monk, Abécédaire, AB C-Book,Jacques Ponzio, Éditions Lenka Lente.

Mélanges de ragesMichel Fernandez, saxo-phoniste ténor et soprano,s’est lancé, avec un nou-veau quartet, Joël Sicardau piano, François Gallix à la contre-basse, Nicolas Serret à la batterie,dans un nouveau projet. Ses réfé-rences essentielles se trouvent dansles années de feu de la décennie 1960-70, celles du free-jazz, de l’afrobeat,de toutes ces musiques qui se vou-laient contestataires. Il en réalise unesynthèse pour faire fructifier cet héri-tage. Brazza Cry vous fera tanguer,danser et même bouleverser pourretrouver la transe tout en provoquantla réflexion sur le colonialisme... Cetalbum, le dernier publié du vivant duproducteur Gérard Terronès est unbel hommage à son travail. n N. B. • Brazza Cry, Michel Fernandez quartet,Disques Futura et Marge.

RIO CORGO, UN FILM DE MAYA KOSA ET SERGIO DA COSTA (PORTUGAL-SUISSE)

Réalités de l’imaginaire

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Dolce vita dit-elleFrancesca Solleville, 86 ans etune voix inaltérable, remonte surscène. Dolce Vita, son nouvelalbum, inclut la chanson éponymede Remo Gary et des inédits d’Allain Leprest qu’il avait écritspour elle. Elle s’insurge toujourscontre les malheurs des peuples, les injusticeset les faiseurs de haine. Philippe Laville• Détails sur www.snes.edu/culture

S i tu m’aimes plus, je mejetterai par la fenêtrede la caravane, est la

nouvelle création du cirquetsigane Romanès. Il nous faitrevivre un cirque des ori-gines, fragile et gracieux, oùla moindre acrobatie en tra-pèze nous tire des frissons etdont la beauté réside dansnotre délicieuse suspensionà l’instant présent : tout peutarriver. Sur la piste, unorchestre impétueux et desensuelles danseuses auxjupes fleuries ouvrent le bal.Les numéros s’enchaînent,des jongleurs à la funambulesur talons hauts en passantpar le vertigineux tissu aérienet l’étourdissant cercle.Autant de jeunes gens qui

émerveillent ou étonnent pourleur créativité. Ils renouentcertainement avec une tradi-tion populaire qui nous rendspectateur-trice d’accidentsréussis. Refus de l’artifice etdu cirque parfait, guindé,lissé, bref... commercial. Ici,on devine les coulisses et letravail : Alexandre Romanès,tantôt veille sur son équili-briste, pousse ensuite l’illu-sion à son comble, avec cepetit chien dont il n’obtientpas le numéro attendu. Nousvoilà redevenus enfants, éton-nés par la magie d’un clown.Les représentations peuvents’accompagner, pour lesclasses, d’un programmepédagogique, présenté parAlexandre Romanès lui-

même : histoire des Tsiganes,leurs multiples noms – roms,manouches, gitans, bohé-miens, les tribus liées auxmétiers... n Doriane Spruyt• Cirque tzigane Romanès, squareParodi, bd de l’Amiral-Bruix,Paris 16e. Il sera en tournée dansl’est de la France et en Allemagne.Informations : www.cirqueromanes.com et sur www.snes.edu/Bienvenue-dans-la-rubrique-Culture-du-SNES.html.

MUSÉE DE L’HOMME

Nous et les autres, des préjugés au racismeLe Musée de l’Homme pro-

pose jusqu’au 8 janvier2018 une exposition très péda-gogique sur les racines duracisme. Les militants desdroits de l’Homme n’yapprendront sans doute pasgrand-chose. Ils savent déjàque catégoriser les personnes,les assigner à une identitéraciale, religieuse, sociale, puishiérarchiser à partir de cescatégories conduit tout droitaux pires formes de la ségré-gation, du déni des droits,jusqu’aux génocides évoquésdans les autres salles (très inté-

ressante salle sur le génocidedu Rwanda). La salle consa-crée aux textes de lois instau-rant le racisme officiel aucours de l’histoire est trèsdocumentée. La fin de l’ex-position est consacrée à la luttecontre le racisme. Il manque cependant, me sem-ble-t-il, une salle consacrée àl’apartheid, qui n’aurait pasforcément été redondante aveccelle présentant la ségrégationaux États-Unis. L’accent missur les deux mamelles duracisme, le colonialisme et lenationalisme, est très judi-

cieux. Les élèves des collègeset lycées trouveront dans cetteexposition matière à compren-dre le racisme et ce qui s’yrattache. Il ne faut pas hésiterà les y emmener. Des rendez-vous, des conférences, des ate-liers sont proposés en accom-pagnement de l’exposition. Legrand public aussi, peut entirer profit. À l’heure où lesidées du FN progressent, celapeut ne pas être inutile... n

Sylvie Chardon• Musée de l’Homme, 12, placedu Trocadéro, 75116 Paris, 01 4405 72 72, [email protected]

Le MUCEM invite une nou-velle fois à une belle expo-

sition, riche de plus de 200œuvres et objets. Aventuriersdes mers conduit le visiteur aucroisement de l’or d’Afrique etde l’argent d’Occident, des ver-reries de Venise, des cotonnadesindiennes, des porcelaines etdes épices venues des mers deChine. Les très belles sallesd’exposition nous plongent dansles grandes aventures maritimesfondatrices du monde d’au-jourd’hui : de l’Empire perseaux conquêtes d’Alexandre leGrand, de l’expansion de l’islam

aux explorations chinoises etdes aventures portugaises auxnavigations hollandaises...Prendre le temps de par -courir une histoire de l’AncienMonde, tel qu’il est apparu auxpremiers aventuriers des mersdans sa diversité et sa com-plexité, voilà le pari réussi decette exposition pour compren-dre le monde d’aujourd’hui ! n

Stéphane Rio• Aventuriers des mers. Méditerra-née-Océan indien : VIIe-XVIIe siècles.Exposition au MUCEM, Marseille,du 7/06 au 9/09, de 11 h à 19 h, tousles jours sauf le mardi.

Suivre l’actualité culturelle sur www.snes.eduet désormais également sur Facebook

sous le nom « Culture SNES » et sur Twitter Pour suivre les publications culturelles du SNES-FSUet aussi les « événements » associés, rendez-voussur la page Facebook. Le rattrapage culturel de finde semaine peut désormais se faire grâce à Twitter.Cinéma, théâtre, musique, jazz et chansons, artsplastiques, rencontres et débats, festivals, livres etcréations de collègues... Sur le site, sur Facebooket Twitter, on trouve aussi des développements surles articles publiés dans L’US-Mag. Est aussi acces-sible en permanence la liste de la centaine de lieuxculturels et festivals partenaires « Réduc’SNES »(tarif réduit sur réservation et présentation de lacarte SNES-FSU) dans toute la France.

Faire vivre les revues pour faire vivre la réflexion

Mars, Vénus et Molière est un clip conçu par lesélèves d’une collègue du lycée Coeffin de Guade-loupe pour la journée internationale des droits desfemmes du 8 mars. Ce clip a obtenu le 2e prixnational au concours interministériel de l’audaceartistique et culturelle 2017. P. L.• Voir www.snes.edu/Mars-Venus-Moliere.html

SolidaritéDisque solidaire pour la sco larisationdes en fants mayas au Guatemalacoanimée par un collègue, présentésur http://sabordiscos.free.fr et surwww.snes.edu/culture P. L.

Pour découvrir le mondeEn attendant Nadeau est une revuede littérature, d’arts et de scienceshumaines, dirigée par TiphaineSamoyault et Jean Lacoste. Elle estnée de la démission de l’équipe dela Nouvelle Quinzaine littéraire, en 2016, suiteà un désaccord éditorial. Se réclamant de l’es-prit collectif du fondateur initial, MauriceNadeau, la revue publie une salve d’articlescritiques, uniquement en ligne, tous les quinzejours (le mercredi). Ce journal exigeant, gratuit,ne fonctionne que sur la base de dons et estpartenaire de Mediapart, qui publie certainsde ses articles. D. S.• www.en-attendant-nadeau.fr

DU CIRQUE TSIGANE

En état de grâce

Aventurier des mers

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Amnesty Internationali

Libertés publiquesattaquées

Le dernierrapportd’AmnestyInternationalrévèle que descentainesde mesuresnon justifiées

restreignant le droit de circulerlibrement et le droit à la libertéde réunion pacifique ont étéimposées en France sous prétextede lutter contre le terrorisme.«  Les lois d’exception conçues pourprotéger la population françaisecontre la menace terroriste ontà la place été utilisées pourrestreindre son droit àmanifester pacifiquement »,a déclaré Marco Perolini,chercheur d’Amnesty Internationalsur la France. «  Sous couvertde l’état d’urgence, des centainesde militants, défenseurs del’environnement et militants pourles droits des travailleurs ont étéprivés de leur droit de manifester,lorsqu’il leur a été interdit, sansraison, de participer à desmanifestations.  » Le SNES-FSUcontinuera à s’opposer à toutesles interdictions de manifesterabusives.

Acharnementi

Procès en appelde Cédric HerrouLa justice s’acharne sur lesaidant-e-s envers les réfugié-e-s.Cédric Herrou, l’agriculteur quivient en aide aux réfugié-e-sen les accueillant sur son terrainavait été partiellement relaxéen première instance à Nice.Las, le parquet s’acharne eta fait appel. Il a été jugé en appelà Aix-en-Provence le lundi 19 juin.L’avocat général a de nouveaurequis contre lui 8 mois avecsursis et la confiscationde sa camionnette qui estson instrument de travail.200 personnes se sont réuniespour le soutenir dont descamarades de la FSU. Lejugement est mis en délibéré le8 août à 8 h 30 à Aix-en-Provence.Le 26 juin c’est Pierre-AlainMannoni, enseignant-chercheurqui avait été totalement relaxé,qui passe lui aussi à nouveauen jugement après appeldu procureur.

40 - US MAGAZINE - Supplément au no 771 du 10 juin 2017

DROITS ET LIBERTÉS

Le lycée Le Castel à Dijon accueille depuis plu-sieurs rentrées des jeunes migrants grâce à laclasse d’accueil UPE2A. Les parcours de ces

jeunes sont divers, n’ayant pas tous des papiers etparfois sans ressources. Ce sont des élèves volon-taires pour apprendre et perfectionner leur français,s’intégrer dans les classes et se former à des pratiquesprofessionnelles (hôtellerie, aide à la personne,pâtisserie...). Des personnels d’éducation, parentsd’élèves, lycéens et la section locale SNES-FSU,la FCPE et l’UNAPE ont créé un collectif « Lycéed’accueil international du Castel ». À ce jour, neuflycéens arrivants en France sont accompagnés dansleur demande de titre de séjour et/ou de ressources.

Parfaitement intégrésCertains de ces élèves migrants, devenus majeursau cours de l’année scolaire, ont été « jetés » à larue. La communauté scolaire et le collectif ont réagiface à cette situation inhumaine en organisant leur

soutien et leur accueil. A..., élève du lycée, et safamille ont eu une obligation de quitter le territoirefrançais (OQTF). Arrivé depuis 18 mois, il parlemaintenant couramment le français. Intégré parfai-tement en section hôtelière, il suit des stages où ilsatisfait totalement ses maîtres de stage. Soutenu et accompagné par des syndicats (FSU,CGT et FO) et des as sociations locales (RESF 21,LDH...), le collectif a interpellé sans succès des élusafin de les alerter sur les situations alarmantes deces élèves migrants. Le mouvement s’est poursuivipar des grèves, repas festifs et manifestations avecles lycéens du Castel. La dernière manifestation du18 mai a rassemblé plus de 300 personnes dans lesrues de Dijon. Les lycéens se sont emparés de l’article premier de la Déclaration des droits del’homme et du citoyen de 1789 : les Hommes nais-sent et demeurent libres et égaux en droits.La proposition de la préfecture pour A... : il fautque sa famille parte, y compris son petit frère actuel-lement scolarisé en collège, pour que sa demandede titre de séjour étudiant soit examinée ! Une pro-position en tous points scandaleuse. La mobilisationse poursuit pour accompagner cette famille et crierhaut et fort le droit à la scolarisation pour A... etson petit frère.Mais traiter au cas par cas les dossiers de ces élèvesne suffit pas : le collectif demande maintenant auprésident de la République et au ministre de l’Édu-cation nationale un protocole d’accueil de ces élèvesmigrants, qui donnerait notamment à nos jeunesun titre de séjour et les ressources nécessaires letemps de leur scolarité. n Marine Bignon

Le Front national n’a pas atteint son objectifde constituer un groupe à l’Assemblée natio-nale. Les résultats des dernières élections mon-

trent cependant une forte progression de ce parti.Ainsi, il a réussi à faire élire huit députés, dontle benjamin de l’Assemblée âgé de 23 ans, soitquatre fois plus qu’en 2012. Tous sont élus lorsde duels avec une faible participation, au contrairedes précédents, qui ne devaient leurs victoiresqu’à des triangulaires.

Détresse socialeCes élections marquent aussi une forme d’enra-cinement local là où le FN avait déjà obtenu desvictoires électorales : dans le Gard, à Béziers,mais aussi et surtout dans le Pas-de-Calais, oùil emporte quatre sièges autour d’Hénin-Beau-mont, dans l’ancien bassin minier. On peut aussiajouter à la liste la réélection de Jacques Bompardà Orange.Le discours confusionniste du FN, qui tente d’abuserl’électorat populaire en détournant des revendica-

tions sociales portées y compris par les organisationssyndicales, peut ainsi arriver à ses fins sur fond dedétresse sociale, mais aussi de forte défiance vis-à-vis du politique dont a témoigné l’important tauxd’abstention aux élections législatives.Il est plus que jamais nécessaire de continuer lalutte contre les idées de l’extrême droite et defaire la démonstration que les orientations de ceparti sont à la fois dangereuses pour les libertésdémocratiques et fondamentalement hostiles auprogrès social. n Hervé Le Fiblec

JEUNES MIGRANTS

Un lycée mobilisé pour ses élèves

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EXTRÊME DROITE

Une défaite électorale en trompe-l’œil ?

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DANS LA CLASSELES CAHIERS DE VACANCES

Un marché (de dupe ?) en plein essorCréés au début des années 1930 par Roger Magnard, les cahiers de vacances se vendentaujourd’hui comme des petits pains, mais ils suscitent également de vives critiques.

I l sʼen vend chaque année plus de quatre millions.Que ce soit en volume ou en valeur, les cahiersde vacances ne semblent pas connaître la crise

qui touche le monde de lʼédition. En 2013, cemarché a même enregistré une hausse historiquede son chiffre dʼaffaires de 4,5 % ! Qui a dit quele support papier était voué à disparaître ?

Un succès qui en dit longCette véritable razzia de début juillet sʼexpliqueaisément. Liliana Moyano, la présidente de la FCPE,lʼaffirmait clairement en 2015 : « Il y a chez lesparents une source dʼangoisse à voir leurs enfantsperdre lʼapprentissage acquis durant lʼannée.Le cahier de vacancesrépond à ce besoin dese rassurer ».Et les éditeurs lʼont biencompris ! Apaiser uneangoisse en déboursanten moyenne six eurosau supermarché (66 %des ventes se font engrandes surfaces), cʼesttentant pour de nom-breux parents... Ils necherchent dʼailleursguère lʼoriginalité, mal-gré tous les efforts déployés en ce sens par les sixéditeurs qui se partagent le marché. Selon FranckMilesi, patron dʼune librairie à Toulouse, interrogépar La Dépêche en juillet dernier, « les collectionssont de plus en plus ludiques, mais ce sont les plusclassiques qui se vendent le mieux ».Stress parental à propos des «  acquis » de leurenfant, interrogations sur les programmes, volontédʼéloigner la tentation de lʼoisiveté estivale... Pasde doute, le cœur de cible des éditeurs sont lesélèves de collège – ou plutôt leurs parents ! Uneétude du ministère confirme cette intuition. Seloncette note de 2005, les élèves du collège qui tra-vaillent l’été le font « principalement sur l’initiative

de leurs parents et sous leur surveillance, pourréviser, et ils utilisent des cahiers de vacances »,contrairement aux lycéens et aux étudiants qui,eux, «  travaillent seuls, pour s’avancer, le plussouvent avec leurs anciens cahiers scolaires ».

Des devoirs en vacances ?Mais quel est lʼefficacité de ces ouvrages plébiscitéspar les familles ? Selon lʼenquête du ministère citéeplus haut, 3 % des cahiers achetés ne sont tout bon-nement pas ouverts, et, quand ils lʼont été, 58 %ne sont pas terminés. Les élèves apprécient déci-dément moins ces ouvrages que leurs parents ! LaFCPE note dʼailleurs que les plages de révision

imposées en lieu etplace de la plage desable fin peuvent sus-citer de vives tensionsavec les enfants.Comme lʼa confiéCécile Labro au Figaroil y a deux ans, « il vautmieux profiter desvacances pour sortir,se cultiver, faire dusport ». Mais la direc-trice du départementpara scolaire chez

Hachette de rajouter que « toutes les catégoriessocioprofessionnelles nʼont pas accès à ce typede divertissement ».Le cahier de vacances comme correctif aux inéga-lités socioculturelles ? Le discours intéressé desmaisons dʼédition occulte un fait central : le liendirect de lʼélève au savoir et aux apprentissagesqui sʼétablit en classe et nulle part ailleurs. Commele note judicieusement un collègue de mathéma-tiques interrogé par La Croix en 2014, si les cahiersde vacances « conviennent à des élèves qui ontdéjà des bases solides, [... ils] ne permettr[ont] pasà un enfant de comprendre des notions qu’il n’apas assimilées en classe avec l’enseignant ». n

TÉMOIGNAGE

« Des contenus au plus proche des pratiques et des besoins »Célia Michel est responsable éditoriale au département parascolaire chez Magnard.

Les contenus des cahiers sontélaborés par les éditeurs, enconcertation avec nos auteurs,

tous enseignants dans les niveauxconcernés. Le principe est decouvrir le programme de l’annéeécoulée au moyen de brefsrappels de cours et d’exercicesd’entraînement, pour préparer au

mieux les élèves à l’entrée dansla classe supérieure. Par ailleurs,nos cahiers de vacances proposentaussi des pages documentairesludiques et informatives quiconcluent les séquences regrou-pant toutes les disciplines.Les liens avec les enseignants deterrain sont forts, puisque ce sont

eux qui rédigent les cahiers devacances, selon une charte établiepar l’éditeur ; le travail estdonc commun entre éditeurs etenseignants sur ces cahiers devacances, afin que les contenusproposés aux élèves soient auplus proche des pratiques et desbesoins. n

Rubrique réalisée par Jean-François Claudon

Chiffresi

4,2 millions €C’est ce qu’a rapporté la ventedes cahiers de vacances en 2013(sondage de l’institut Gfk).

4/10C’est la proportion des cahiersqui sont réellement finis.

61%C’est la proportion des parentsqui déclaraient, il y a une dizained’années, avoir déjà achetédes cahiers de vacances à leursenfants. Cette proportions’élevait à 70 % en collège,mais chutait à 27 % en lycée.

48 ou 60 % ?Les élèves désireux de seremettre à niveau utilisent à48 % des cahiers de vacances.Les élèves souhaitant révisery ont, eux, recours à 60 %.

Ressourcesi

Fabienne Rosenwald & MagdaTomasini, Que font les jeunespendant les vacances,Éducation et formation n° 72(septembre 2005).Notice téléchargeable à l’adressesuivante : http://media.education.

gouv.fr/file/91/1/1911.pdf.

Revue de pressei

◗ Paula Pinto Gomes, Faut-il acheter des cahiers devacances ?, www.la-croix.com,8  juillet 2014.

◗ Antoine Sillières, Cahiersde vacances : un succès d’éditionqui suscite toujours le débat,www.lefigaro.fr, 30  juin 2015.

◗ Marthe Ronteix, Pourquoi lescahiers de vacances ne serventà rien, www.francetvinfo.fr,30  juin 2016.

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que pour les autres Européens. Quelles quesoient les enquêtes et leur date de passation,on voit une véritable spécificité françaisequi est le très grand nombre de personnes,quel que soit le statut, qui déclare quele travail est « très important ». Celas’explique à la fois par le niveau trèsélevé de notre taux de chômage depuislongtemps, mais aussi par un intérêtspécifique pour le contenu du travail,les relations qu’il procure, ses dimensionsexpressives. Plus généralement, le travailconstitue en France un élément centraldu statut social. Le paradoxe, c’est que siles Français sont parmi les plus nombreuxen Europe et dans le monde à considérerque le travail est très important, ils étaientsimultanément, à l’orée des années 2000,les plus nombreux à souhaiter que le travail

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ENTRETIEN DOMINIQUE MÉDA

L’US MAG : Pourquoi avoir fait dutravail votre domaine de recherches ? Dominique Méda : En 1993, jetravaillais à la DARES (Directionde l’animation de la recherche,des études et des statistiques), à laMission animation de la recherche,et nous avions invité Alain Supiotà venir présenter ses travaux.Ce dernier critiquait la vision quenous avions du travail, l’idée qu’ilserait possible de partager le travail.Pour Supiot, une telle conceptionétait fausse, car le travail n’était pasune quantité à partager mais uneliberté, une catégorieanthropologique. C’était moi quidevais discuter l’article que j’avaistrouvé certes passionnant, mais aveclequel j’étais en désaccord. Cela adécuplé mon envie de consacrer unouvrage à la question du travail. J’aiécrit un article dans lequel je revenaissur l’invention du travail, l’idée quela notion de travail était le résultatd’une construction historique,que le travail n’était pas une catégorieanthropologique, et je déployaisun plaidoyer pour la réductiondu temps de travail dans nos vies,individuelles et sociales, au nom del’accès de tous à la gamme entièredes activités humaines. Ensuite, j’ai étérapporteure de la commission du CGP, letravail dans 20 ans, et en 1995 j’ai écrit monpremier livre seule : Le travail. Une valeuren voie de disparition. Ma thèse était quenous étions devenus des sociétés fondéessur le travail et qu’il nous fallait nousengager dans une entreprise dedésenchantement et de réduction de la placedu travail. Je n’ai plus quitté ce sujet,étendant mes investigations à partir de là auxquestions de temps de travail, de critiquedu PIB, d’égalité hommes-femmes...

L’US MAG : Quelle place occupeaujourd’hui le travail dans nos sociétés ?S’agit-il d’une valeur centrale ? D. M. : D’après les enquêtes dont ondispose, oui et encore plus pour les Français

prenne moins de place dans leur vie.Nous avons expliqué cela parla coexistence de mauvaisesconditions de travail, confirmées parde nombreuses enquêtes, et le souhaitde consacrer plus de temps à d’autresactivités, notamment familiales.

L’US MAG : Vous avez beaucoup travaillésur l’évolution de la place des femmesdans le monde du travail. Où en sont-elles aujourd’hui ? D. M. : Leur taux d’activité est trèsélevé et les différences avec celuides hommes diminuent sanscependant s’effacer. Il y a eudes progrès fulgurants ces dernièresdécennies en matière d’éducationdes filles qui ont été suivis, mais pasproportionnellement, par des progrèsen matière d’emploi. Néanmoins,les différences restent fortes enmatière de salaire et d’accès auxresponsabilités et aussi en matièrede taux d’emploi, surtout pour lesfemmes avec de jeunes enfants. Toutse passe comme si on avait atteint unesorte de seuil difficile à franchir. Mathèse est que, si nous voulons franchirune étape cruciale, on doit désormaisnon seulement développer les moyensd’accueil des jeunes enfants bien sûr,

mais aussi réduire la norme de travail àtemps plein. Sinon, les hommes neprendront jamais leur part de ces activités.

L’US MAG : Le nouveau Président a fait dutravail un cheval de bataille. Il affirme commeobjectif dans son programme de «  libérer les

initiatives et de protéger les personnes ».Qu’en est-il ? D. M. : Il a indiqué à de très nombreusesreprises vouloir libérer le travail. Certes,on a dépassé l’idée ressassée au momentde la campagne présidentielle de 2012que la valeur travail aurait été dégradée,notamment du fait des 35 heures. Maisje ne comprends pas très bien la notionde libération du travail. De quoi faut-ille libérer ? Je crains que cela ne renvoie àl’idée que le droit du travail corsète notre

« Redistribuer le travail disponible pourpermettre à chacun d’y accéder »

Ancienne élève de l’École normale supérieure et de l’ENA, agrégée de philosophie,

Dominique Méda est professeure de sociologie à l’université Paris-Dauphine.

Elle est directrice de l’Irisso (Institut de recherche interdisciplinaire en sciences sociales) et titulaire de la chaire «

Reconversion écologique, travail, emploi, Politiques sociales » au collège d’études mondiales (FMSH). Elle revient

pour L’US Mag sur la manière dont il faudrait repenser le travail.

« Non, le code du travail n’estpas la cause du chômage »

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économie et entrave les entreprises, ce quin’est pas confirmé par les étudesinternationales et est un mythe. Je renvoieà une toute récente étude de l’OIT mettanten évidence que la déréglementation accroîtle chômage et entraîne la baisse du tauxd’emploi. Non, le code du travail n’est pasla cause du chômage ! On a créé deuxmillions d’emplois entre 1997 et 2002 avecnotre code du travail. C’est l’insuffisanced’activité qui est la vraie cause. Et elleexige donc d’autres moyens quele démantèlement du code du travail.

L’US MAG : Franck Morel, l’un des conseillersde Muriel Pénicaud chargés de piloterla réforme du code du travail, juge ce dernier«  inefficace », «  complexe » et «  obèse ».Que pensez-vous d’une telle approche ?D. M. : Il est exact que le code du travailn’est pas aisément accessible. Commedes tas d’autres codes. Qui est familierdu code des impôts, des assurances ou del’urbanisme ? C’était bien pour faciliter sonaccès par les PME que le rapportCombrexelle avait proposé un certainnombre de réformes. On pourrait en effetimaginer, à l’instar du Small Business Act*américain, un véritable service d’accès àla législation du travail pour les petitesentreprises. Le renversement de la hiérarchiedes normes et la première place donnée àl’accord d’entreprise sont très dangereux.L’accord de branche est la loi de laprofession et permet d’éviter le dumpingsocial. Il doit absolument encadrer lesaccords d’entreprise. Et si l’on veutabsolument réécrire le code du travail, alorsn’en profitons pas pour diminuer les droitsdes salariés, mais tentons de combler lestrous dans la protection ainsi que le fait lapassionnante Proposition de code du travaild’Emmanuel Doeckes et ses collègues(GR-PACT [http://pct.u-paris10.fr]).Il s’agit de remettre du collectif, de labranche, de l’encadrement et de mettre unpoint d’arrêt à l’individualisation du travail.

L’US MAG : On peut donc imaginer simplifierle code du travail sans continuer à dégraderles droits des travailleurs ? D. M. : Tout à fait. D’ailleurs, comme nousl’avons rappelé dans un article récent, parudans Le Monde du 7 juin 2017, avecEmmanuel Dockes et Marie-Laure Morin,les objectifs du gouvernement actuel nesont pas de simplifier le code du travail, ils’agit de le fragiliser en étendant « le champde la négociation collective ». Cette faveurpour la négociation collective, etparticulièrement pour la négociationd’entreprise, est une constante dulégislateur depuis plus de trente ans. On necompte plus les réformes qui ont accru lespossibilités de destruction, par conventioncollective, des avantages sociaux prévus parla loi. Progressivement, des pans entiers de

législation sont ainsi devenus dérogeables,puis supplétifs. L’idée est donc d’aller plusloin encore. Le gouvernement s’apprêteainsi à plafonner les indemnités dues en casde licenciement injustifié. L’idée n’est pasde simplifier et de sécuriser les rupturesjustifiées, celles notamment qui répondentà des difficultés économiques ou àune insuffisance professionnelled’un salarié. Il s’agit de sécuriserles licenciements sans motif valable.On pense ici aux comportementsdes prédateurs qui rachètent unconcurrent pour le liquider.L’employeur qui prononce de telslicenciements est actuellement dansl’illégalité. Ce qui l’oblige à réparerintégralement le dommage causé auxsalariés. La réforme prévue consiste àne plus permettre cette indemnisationcomplète. Ceci permettra aux entreprisesqui le souhaitent de s’acheter à un prixabordable des licenciements sansjustification. Pour lutter contre le chômage,au final, ce qui nous est proposé estd’abaisser les protections pour accroîtrela compétitivité. Cette politique ne résorbepas le chômage, comme les cas del’Espagne, de l’Italie ou de la Grèce ledémontrent. En revanche, elle pour effetd’accroître la pauvreté. En Allemagne ouau Royaume-Uni, les temps partiels courtset mal payés généralement réservés auxfemmes se multiplient et le taux de salariéspauvres explose (presque un quart dansces deux pays, contre 8 % en France).

L’US MAG : Le gouvernement manifestenéanmoins la volonté de réintroduiredu dialogue social.D. M. : Certes, ces bouleversements sontprésentés comme des signes de confianceenvers le dialogue social. Pourtant, il estenvisagé d’autoriser l’employeur àcontourner les interlocuteurs syndicaux,voire à se passer de tout interlocuteursyndical, en procédant par référendum. Etune fusion des institutions représentativesdu personnel est prévue, ce qui réduiraitle nombre d’élus. On prétend donc

renforcer le dialogue, tout en affaiblissantles acteurs du dialogue. Une réforme quiexprimerait une véritable confiance dansle dialogue social accorderait des pouvoirssubstantiels aux représentants des salariéspar le biais de la cogestion et de lacodétermination, comme c’est le cas enAllemagne et dans les pays scandinaves.Il est urgent de ralentir, de prendre le tempsd’une vraie concertation, de ne pas légiférerpar ordonnance pendant l’été. La France a

besoin de changement. Elle a besoin de semettre en marche. Mais elle doit se mettreen marche avant, pas en marche arrière.

L’US MAG : Dans plusieurs ouvragesvous avancez l’idée qu’il faut opérerune véritable révolution dans le travail.En quoi consisterait-elle ?D. M. : Je crois qu’il faut mettre moinsd’attentes dans le travail tout en assurantdes conditions d’exercice les plus dignespossibles (comme le disait Marx à la findu Capital ou Simone Weil dansLa condition ouvrière). Il faut restreindrela place qu’occupe le travail dans nos vies,mais de manière intelligente pour permettreà chacun d’accéder aux autres activités quiont du sens (amicales, familiales,citoyennes...). Il faut tenter de redistribuersans cesse le volume de travail disponiblesur l’ensemble de la population active pourpermettre à chacun d’y accéder. Etaccompagner les évolutions en mettanten place des mécanismes de sécurisation.Il faut sans doute faire en sorte queles personnes mettent moins d’elles dansle travail pour accepter précisément quela totalité de leur vie ne se confonde pasavec le travail. n

Propos recueillis par Nicolas Sueur

* Small business act : loi états-uniennequi favorise les petites et moyennesentreprises sur les marchés publics.

« La France a besoin de se mettre enmarche avant, pas en marche arrière »

• La mystique de la croissance. Comment s’en libérer ?,

Flammarion, 2013.

• Avec Patricia

Vendramin,

Réinventer le travail,

coll. « Le lien

social », PUF, 2013.

• Le Travail, Que sais-je  ?, PUF, dernière édition 2015.

• Le temps des femmes, pour un nouveau partage des rôles,

Paris, Flammarion, réédition 2008.

• Le Travail. Une valeur en voie de disparition, Paris, Aubier, coll. Alto, 1995, réédition, Paris,

Champs-Flammarion, 1998.

BIBLIOGRAPHIE SÉLECTIVE

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44 - US MAGAZINE - Supplément au no 771 du 10 juin 2017

INTERNATIONAL

Une nouvelle activité de coopération bila-térale a été organisée pour cette année2016-2017 sur le thème de la sensibili-

sation aux droits syndicaux.

Éducation, forme de résistanceà l’occupation«  Nous faisons tout pour que nos élèvessoient heureux à l’école.  » C’est en cestermes que le chef d’établissement accueillela délégation du SNES-FSU. Avec ses200 élèves et ses 17 enseignants, l’écoleAltereh Beit Oor, qui se trouve en dehors deRamallah, est comme adossée au murconstruit en 2006. De l’autre côté du mur,une colonie. Les écoles palestiniennes etleurs enseignants subissent les violencesdes colons : jets de pierre et insultes. Pourse rendre à l’école, il faut prendre des che-mins détournés et parfois passer dans untunnel. À Naplouse, la visite d’une école pri-maire de filles permet de découvrir que lesprogrammes d’enseignement dépendent duministère palestinien de l’Éducation. Maisles pressions de la part de son homologue

israélien sont fortes pour que les élèvespalestiniens reçoivent les mêmes enseigne-ments que les Israéliens. Ce qui frappe leplus, c’est que l’éducation est véritable-ment perçue comme une forme de résis-tance à l’occupation.

Soutien aux enseignants palestiniensSi le SNES-FSU travaille depuis plusieursannées avec le GUPT pour défendre le droità l’éducation de tous les enfants palesti-niens, il apporte également une aideconcrète aux enseignants par le biais d’ac-tivités de coopération. Au cours de cetteannée 2016-2017, le SNES-FSU a financéla mise en place de 27 ateliers de formationdans neuf régions afin de sensibiliser lespersonnels de l’enseignement à l’exercicedes droits syndicaux dans les zones « mar-ginalisées  » classées «  zones C  » (zonesannexées par Israël).Il y a en effet urgence à renforcer les capa-cités d’intervention du syndicat en attirantbien sûr davantage d’adhérents (10 000environ à l’heure actuelle) et en favorisant

la diffusion d’informations sur le syndicat,tout comme sur les rémunérations et lescarrières. Des brochures distribuées à 1 000enseignants devraient ainsi favoriser cetteprise de conscience. Lors de cette visite, ladélégation a eu également l’opportunité departiciper à Ramallah à un rassemblementde soutien en direction des prisonnierspalestiniens en grève de la faim. n

Odile Cordelier

Lors de la dernière réunion du bureau duComité syndical francophone pour l’édu-cation et la formation (CSEF), les délé-

gués africains nous ont ainsi décrit la situa-tion dans certains pays. En Républiquecentrafricaine, des groupes armés occupent,pillent et endommagent des écoles. Ils brû-lent le mobilier et les livres pour faire leurcuisine. Des militaires de la mission de main-tien de la paix des NationsUnies, la MINUSCA, ontaussi utilisé des bâtimentsscolaires comme bases, ouont fait stationner leurs forcesà proximité (confirmé par unrapport de Human RightWatch).

La gangrène djihadisteEn République démocratiquedu Congo, plusieurs écolesn’ont pas repris les activitésaprès les vacances de Pâquesà cause de l’insécurité danscertaines régions du pays. LeBurkina est entré depuisavril 2015 dans un cycle d’at-taques terroristes, principale-

ment dans le nord frontalier du Mali et duNiger. Dans plusieurs écoles de la provincedu Soum (frontalière avec le Mali), les ensei-gnants sont sommés de ne plus parler le fran-çais et d’enseigner uniquement l’arabe et leCoran. Plus d’un millier de personnes ontmarché en silence à Ouagadougou en soutienà des enseignants de la région du nord mena-cés par les terroristes et en hommage à un

directeur d’école tué. Au Niger, la liste desécoles fermées s’allonge et malgré lesdemandes répétées des organisations syndi-cales, le ministère de l’Éducation nationalene traite pas le problème de la sécurité dansles écoles et aux abords. Au Mali, les groupesterroristes alliés à AQMI avaient pris lecontrôle du Nord (Kidal, Gao et Tombouc-tou), ils se sont actuellement repliés plus au

nord, mais leurs raids mena-cent toujours ces régions. Lesenseignants de cette zoneréclament des primes derisque depuis plusieurs moiset refusent d’organiser lesévaluations.Au-delà des occupationsponctuelles et des dégrada-tions, c’est bien l’éducationet les valeurs qu’elle portequi sont la cible des groupesextrémistes. Les actions decoopération du SNES-FSU,le soutien du CSFEF, sontd’autant plus importantesdans ces régions. n

Jean-Hervé [email protected]

AFRIQUE. À l’insécurité liée aux conflits armés, s’ajoute la réquisition des écoles que les combattants transformenten bases militaires, renvoyant chez eux les écoliers sans éducation et laissant les enseignants démunis.

L’école, victime des affrontements

PALESTINE. Du 24 au 27 avril, une délégation du SNES-FSU a été reçue à Ramallah par le syndicat d’enseignants GUPT.

Un enjeu politique

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Supplément au no 771 du 10 juin 2017 - US MAGAZINE - 45

Dès 1999, la Pologne adécidé d’allonger d’unan la scolarité commune

à tous les élèves en créantun premier cycle du secon-daire et de modifier les pro-grammes scolaires pour enextirper la dimension idéo-logique héritée du stali-nisme. Cette réforme a étésuivie en 2008 et 2009d’autres modifications d’ampleur : nouveaux pro-grammes, liberté pédago-gique étendue pour les enseignants, scolari-sation obligatoire à cinq ans.

Pourquoi faire bien...Suite à ces réformes, des études nationales ouinternationales comme PISA ont montré uneforte réduction des inégalités scolaires. Lesrésultats des élèves polonais aux dernierstests PISA étaient parmi les meilleurs d’Europe. Au début du XXIe siècle, l’anciensatellite soviétique s’était hissé à la 14e placemondiale et à la 6e pour ce qui est du « vieuxcontinent », excusez du peu ! D’autres étudesmontrent que désormais, les jeunes – etnotamment ceux issus de milieux défavorisés– trouvent plus facilement un emploi mieuxrémunéré. Allonger la scolarité communed’un an et retarder l’orientation des élèvesaura largement profité à tous, notamment àceux qui choisissent la voie professionnelle.Selon Le Monde, se faisant l’écho fin 2016d’avis d’experts internationaux, il était avéréque la Pologne avait « connu ces dernièresannées, grâce à ses réformes, un des plusgrands succès éducatifs en Europe ».Pour autant, à peine arrivé au pouvoir, le der-nier gouvernement contrôlé par le partimajoritaire Droit et Justice (PiS) a entre-pris de critiquer systématiquement les résul-tats de ces études qui, selon lui, ne témoi-

gnaient pas de la réalité. Ils ont imposé uneréforme qui revient en arrière et réduit d’unan la scolarité commune, oriente les élèvesplus rapidement, supprime le premier cycledu secondaire (équivalent du collège), annulel’obligation scolaire pour les enfants de cinqans, limite l’accès des élèves à la mater-nelle, réin troduit des pro-grammes scolaires quirestreignent fortement laliberté des enseignants.

Une lutte acharnéeLe gouvernement polonaisse prévaut de résultats derecherches en éducation. Lesuniversitaires mentionnés dans la communi-cation officielle ont protesté, sont interve-nus dans le débat public pour indiquer queleurs recherches avaient été détournées deleur objectif, mal interprétées. Ils ont écrit,rencontré les ministres, les parlementaires,jusqu’au Président pour faire disparaître cetteréforme.Les enseignants, emmenés par le ZNP (Syn-dicat des Enseignants Polonais) – syndicatmajoritaire et partenaire privilégié du SNES-FSU – ont lutté contre cette réforme dite du« Changement Positif ». Site internet opposéà la réforme, interpellation publique du

ministre, rencontres des parents d’élèves,débats publics avec des spécialistes de l’édu-cation, manifestations locales, régionales etnationales contre la réforme, pétition ras-semblant plus de 500 000 signatures remisesaux parlementaires pour exiger un référendumsur la réforme, grève nationale... Plus d’un and’une lutte exemplaire face à un gouverne-ment autiste qui a toujours refusé de discuteravec les enseignants et entend imposer, à larentrée scolaire prochaine, une réformerégressive et particulièrement délétère pour lesélèves et les personnels. Un espoir : que leréférendum soit organisé comme la loi l’exigeet donne raison aux opposants.

En France comme en Pologne, un même objectifOutre les méthodes autoritaires utilisées parles gouvernements français et polonais, despoints communs entre les deux réformes font

surface pour qui connaît lediscours des thuriférairesde l’École du Socle : accé-der au second degré troptôt serait dommageable. EnPologne, il ne s’agit pas derapprocher le collège del’école primaire mais de lefaire disparaître ainsi que

les enseignants (plus spécialisés qu’à l’écoleprimaire) qui y travaillent.Ces professionnels sont, au mieux, voués àla reconversion : enseigner au primaire desdisciplines non maîtrisées ou aller au lycée,après négociations locales avec les chefsd’établissement. Certains pointeront sûre-ment au chômage, malgré les promessesofficielles.En France comme en Pologne, il s’agit biende briser les solidarités, mettre le travail ensei-gnant sous contrôle et soumettre le salarié àson employeur. n

Vincent Bellegueulle

LE SYSTÈME ÉDUCATIF POLONAIS ACTUEL

Lycée (3 ans) Voie professionnelle (4 ans)

Équivalent du collège (3 ans pour tous)

École primaire (6 ans pour tous)

LE SYSTÈME ÉDUCATIF POLONAIS APRÈS LA RÉFORME

Lycée (4 ans)Voie professionnelle (5 ans)

École primaire (8 ans pour tous)

POLOGNE. L’arrivée au pouvoir d’un gouvernement de droite dure, mené par Jaroslaw Kaczynski, a coïncidé avecla mise en place d’une réforme éducative régressive, réactionnaire et délétère, pour les enseignants comme pourles élèves.

Le collège risque de disparaître

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Twitter est un réseau social où l’on commu-nique publiquement par de courts messagesde 140 caractères accompagnés ou non

d’images ou de vidéos (il est même possibledepuis fin 2016 d’y poster des vidéos en direct,Twitter ayant intégré les fonctionnalités de Peri-scope). Avec ses potentialités de discussionspubliques et/ou privées (DirectMessage, DM) et 517 millionsde comptes dans le monde,Twitter permet d’envisager ungrand nombre d’usages pédago-giques (voir encadré). Cependant,le peu d’études sur cet outil dansle cadre pédagogique ne permetpas de tirer des conclusions surles bénéfices apportés. Oncommence même à voir des ensei-gnant-e-s avoir des doutes sur l’op-portunité d’utiliser Twitter en classe (voir liens).On doit aussi tenir compte que l’effet « moti-vation » ne sera pas forcément celui escomptédu fait de la déconnexion qui existe entre lesusages personnels et les usages scolaires.

Twitter, outil ouvert vers l’extérieur : prudenceTwitter est ouvert vers le monde et c’est pour-quoi on ne peut que conseiller la plus grandeprudence en classe et donner quelques conseilspratiques : utiliser un compte classe privé, nepas faire créer de comptes aux élèves(voir dans les liens les conseils du réseauCanopé)... Et faire précéder un début d’utili-sation de cet outil par une formation indis-

pensable aux problématiques de cyberviolence(voir L’US Mag n° 767)... Enfin rappelons que Twitter recueille des infor-mations qu’il peut ensuite redistribuer à d’autressociétés (« Nous pouvons être amenés à partageret divulguer vos informations publiques, agrégées

ou à caractère non person-nel, telles que les informa-tions de votre profil

public, vos Tweets publics,les personnes que vous suivez

ou qui vous suivent et le nom-bre de fois où des personnes

interagissent sur un Tweet... »– https://twitter.com/fr/privacy)

ce qui doit amener à la plus grandeprudence sur les informations mises

en ligne par les élèves... Ou aller vers unesolution de type Mastodon.

Mastodon, une alternative à Twitter ?Mastodon est un réseau social au fonctionnementrelativement proche de Twitter, mais entièrementlibre, respectueux de la vie privée et décentralisé.Il compte actuellement un peu plus de 400 000comptes. Pour permettre aux agents de l’Étatd’expérimenter ce nouvel outil qui semble pro-metteur, Etalab (mission faisant partie de laDirection interministérielle du numérique et dusystème d’information et de communication del’État relevant du Premier ministre) a mis enplace son propre serveur Mastodon. Mais mêmepour Mastodon, l’utilisation doit se faire demanière raisonnée du fait du caractère publicdes messages. n

Chiffresi

Twitter en France5,74 millions de visiteurs uniquespar mois.

45 % sont des femmes.

33 % ont de 16 à 24 ans.Source : Mediamétrie

Vocabulaire de Twitteri

# (Hashtag) : mots dièses utilisés pouridentifier des mots-clés.@ (Arobase) : caractère précédant les nomsd’utilisateur. Exemple : @SNESFSU.DM (Direct Message) : message privééchangé entre un émetteur et son récepteur.Follow : suivre quelqu’un.Comptes protégés/privés : identifiés par uncadenas, ne peuvent être lus que par les per-sonnes autorisées par le détenteur du compte.RT (Retweet) : faire apparaître sur son pro-pre fil le tweet de quelqu’un d’autre.Fil : liste des tweets d’un utilisateur.Tweeter : émettre un tweet depuis soncompte utilisateur.Tweet : message posté par le biais de Twitter.

EncartiPublication numé-rique SNES-FSU/CGTEduc’action, juin 2017 :www.snes.edu/Sup

plement-numerique-

US-24-pages-Juin-

2017.html.

Liensi

◗ Twitter en classe : « j’ai des doutes à l’uti-liser dans le contexte actuel » (L. Juin),www.vousnousils.fr/2016/05/19/twitter-

en-classe-jai-des-doutes-a-lutiliser-dans-

le-contexte-actuel-l-juin-588188.◗ Guichon (2012) – Les usages des TIC parles lycéens – déconnexion entre usages per-sonnels et usages scolaires – STICEF, http://

sticef.univ-lemans.fr/num/vol2012/05-

guichon/sticef_2012_guichon_05.htm

◗ Utiliser Twitter en classe (Eduscol), http://

eduscol.education.fr/numerique/dossier/

archives/travail-apprentissage-collaboratifs/

outils-collaboratifs-enseignement/utiliser-

twitter.◗ Utiliser Twitter en classe (Bertrand Formet,Réseau Canopé), www.reseau-canope.fr/

savoirscdi/cdi-outil-pedagogique/reflexion/

twitter-un-outil-au-service-de-la-pedagogie-

comme-les-autres/utiliser-twitter-en-

classe.html.◗ Mastodon, www.etalab.gouv.fr/etalab-

ouvre-une-instance-mastodon-pour-les-

agents-publics.◗ Twictée, http://eduscol.education.fr/expe

ritheque/fiches/fiche11589.pdf.◗ Bringing Twitter to the Classroom, www.the

atlantic.com/education/archive/2014/09/

the-case-for-having-class-discussions-on-

twitter/379777.

CHANGER D’ÈRE

Rubrique réalisée par Thomas Brissaire

46 - US MAGAZINE - Supplément au no 771 du 10 juin 2017

Twitter en classe, quelles utilisations ? Quelques exemples et place dans l’EMIPour s’informer et trouver des ressources :– comme outil de recherche d’actualités, de liens vers d’autres médias...– pour suivre les fils de personnalités et/ou de comptes institutionnels (organismes de recherche, gouver nements,

ministères…) ;– pour prendre contact avec des experts sur un sujet donné (lors de TPE par exemple…) via des messages privés ;– pour suivre des fils en langue étrangère…– pour suivre des événements (via des live tweets : tweets réalisés en direct lors de certains événements).

Pour développer les compétences rédactionnelles :– pour écrire de la poésie / des haïku… en 140 caractères !– pour réaliser des twictées (voir liens).

Pour communiquer :– pour communiquer avec d’autres classes en France ou à l’étranger ;– pour trouver des correspondants étrangers avec qui échanger en langue étrangère...

Et par une observation raisonnée et en collaboration avec l’ensemble des personnels, développer l’Éducation auxMédias et à l’Information auprès des élèves comme le demande le socle commun de connaissances, de compétenceset de culture : «  L’élève apprend à communiquer notamment par le biais des réseaux sociaux dans le respect desoi et des autres ».

LES RÉSEAUX SOCIAUX EN CLASSE

Twitter, un outil pédagogique ?Une loi empirique se vérifiant assez aisément veut qu’à chaque fois qu’un nouvel outil apparaîtdans le monde numérique, les enseignant-e-s s’en emparent pour en faire un nouvel outil pédagogiqueavec plus ou moins de réussite. Twitter, réseau social, n’a pas fait exception à cette règle eton voit apparaître, depuis l’apparition de Twitter en 2006, des usages en classe très divers.

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S’évader pour se retrouverContrairement au turritopsis nutricula, une sorte de méduse minuscule des grandsfonds marins, qui nous regarde avec des yeux qui n’en sont pas, les mondes ne sontpas immortels. Ce petit animal a, semble-t-il, la faculté d’inverser son cycle de vie

pour passer de la vieillesse à l’enfance sans heurts dans un éternel recommencement.L’immortalité de l’être humain se trouve dans sa condition humaine, dans sa capacité à créer

d’autres univers, à se projeter dans l’avenir via l’imagination, le rêve. Notre imaginaire est notreforce. Les dictatures s’emploient à l’expulser, la culture, les arts à le défendre, à le développer.

Le temps des vacances est essentiel pour faire une pause, pour s’évader, pour des voyagesimmobiles, pour se régénérer, se retrouver. Pour prendre la dimension, en faisant un pasde côté, du passé récent comme plus lointain. Pour combattre la tyrannie du court terme.

Ce temps, durement gagné, est aussi celui des festivals — qui ne doivent pas cacher la forêtdes brutales remises en cause des subventions à la culture sous toutes ses formes —

toujours menacés par des politiques imbéciles. Leur diversité est un atoutimportant. Diversité qui permet de prendre conscience de la richesse

des cultures du monde pour voir, entendre, sentir autrement...

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LES FESTIVALS DE JAZZ restent nom-breux malgré la baisse des subventions.Le D’Jazz Nevers Festival lance un appelaux dons pour faire face aux chargesde son organisation. Un appel au public

Découvrir Les festivals de jazz, comme tous les autres, sontde dimensions variables. Vous en trouverez survotre route. N’hésitez pas à entrer. Un des plus

Festival de musique de Franche-Comté ........................ p. 51Barjac m’en chante ............................................................................. p. 51Voix vives de Méditerranée ........................................................ p. 51Festival des Sept Lunes ................................................................. p. 52Festival Les Nuits Basaltiques ................................................ p. 52Festival Les Suds .................................................................................. p. 52Compagnie Jolie Môme .................................................................. p. 52NAVA .................................................................................................................. p. 52Résurgence, festival des arts vivants ............................ p. 52Tango par la côte ................................................................................. p. 52Fêtes nocturnes .................................................................................... p. 52Festival de Montignac ..................................................................... p. 52Festival Teatro ........................................................................................ p. 52Théâtre du peuple ............................................................................... p. 53Chalon dans la rue ............................................................................... p. 53Avignon, festival off .......................................................................... p. 53Vent des Forêts ..................................................................................... p. 53Festival de Cinéma de Douarnenez ................................... p. 53Festival international du film de La Rochelle ......... p. 53Les états généraux du film documentaire ................. p. 53Festival des Fromages de chèvre ....................................... p. 54Nuits de Nacre ........................................................................................ p. 54Septembre musical de l’Orne .................................................. p. 54Mousson d’été ......................................................................................... p. 54Festival Paris l’Été .............................................................................. p. 54Festival Ecaussystème ................................................................... p. 54Les Nuits de l’Enclave ..................................................................... p. 54Convivencia ................................................................................................ p. 54Baléapop ....................................................................................................... p. 54Le Son Continu ........................................................................................ p. 54

Marciac ........................................................................................................... p. 48Junas ................................................................................................................ p. 48Crest jazz vocal ..................................................................................... p. 49Parfum de Jazz ...................................................................................... p. 49Souillac en jazz ....................................................................................... p. 49Jazz à la Petite-Pierre ................................................................... p. 49Saveurs jazz .............................................................................................. p. 49Charlie jazz festival ........................................................................... p. 49Jazz en baie .............................................................................................. p. 49Uzeste musical ....................................................................................... p. 49Festival Millau Jazz ........................................................................... p. 49Festival en Beaujolais ..................................................................... p. 50Mots en libertés .................................................................................... p. 50El Clandestino .......................................................................................... p. 50Festival du Chant de Marin ........................................................ p. 50Festival de Thau .................................................................................... p. 50Festival de Confolens ...................................................................... p. 50Festival « Het Lindeboom » ...................................................... p. 50Festival de Bourgogne du Sud ................................................ p. 50Freakshow Festival ............................................................................ p. 50Le Grand Son .............................................................................................. p. 51Festival MIMI .............................................................................................. p. 51Festival des Musiques d’Ici et d’Ailleurs ....................... p. 51Au bonheur des mômes .................................................................. p. 51Cabaret Vert ............................................................................................... p. 51Festival de la Chaise-Dieu ............................................................ p. 51Rencontres internationales de harpe celtique ....... p. 51Festival sur Lignon ............................................................................... p. 51Académie-Festival des Arcs ....................................................... p. 51

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MARCIAC (32), le nom sonne désormaiscomme synonyme de jazz. Jazz in Mar-

ciac a comme parrain Wynton Marsalis. Ilsera présent avec la grande découverte de2016, la chanteuse Cécile McLorin Salvant.Le plus grand festival de l’été, subventionnénotamment par Airbus. À nepas rater, la bassiste Linda MayHan Oh et son quintet où brilleChris Potter. Le chapiteau estde plus en plus long d’annéeen année pour entendre desvedettes incontestées. Toute lafine fleur présente dans lestournées d’été affluera dans lepetit village de Marciac. Monconseil : s’asseoir place de l’Hôtel-de-Villetous les jours à partir de midi, prendre l’apé-ritif pour entendre des musiciens et desgroupes connus et inconnus. Un programmedémentiel. ◗

• Du 28/07 au 15/08, 0 892 690 277, www.jazzinmarciac.com

JUNAS (30) est un petit village situéentre le Gard et l’Hérault. Il est connu

pour sa pierre qui se retrouve dans lesconstructions de Nîmes, dont la Maison Carrée. Cette 24e édition est marquée parun programme éclectique allant desCaraïbes, notamment les Antillesfrançaises, à Cuba en passant parle Mexique, Panama, Haïti. Lesconcerts ont lieu dans les car-rières, endroit magique où lespierres semblent participer auxcréations. Elles connaissent toutdu jazz, elles se souviennent detous les concerts. Comme l’andernier, les concerts commence-ront dans les arènes de Vauvert.Des concerts gratuits au Temple avec sesvitraux refaits par Daniel Humair. Des ren-contres avec les élèves ont lieu toute l’année,et un mini-camp musical sera organisé du19 au 22/07, un travail d’éducation populairenécessaire pour faire connaître cettemusique. ◗

• Du 7 au 8/07, Arènes de Vauvert et du 19 au 22/07,Carrières de Junas, 04 66 93 01 59, www.jazzajunas.fr

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Le partenariat « Réduc’SNES » permet aux syndiquésde bénéficier, sur réservation et présentation de leur carte,de tarifs préférentiels dans de nombreux festivals de l’été

(comme dans plus de 100 théâtres et lieux culturels toute l’année).Ils sont signalés dans ce cahier par le pictogramme

Pour ces festivals, une présentation plus détaillée estaccessible sur le site du SNES-FSU à l’adresse :

www.snes.edu/culture

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plutôt que des pouvoirs publics. Certains ont disparu même si lepublic est très souvent au rendez-vous. Un public qui n’arrivepas à se renouveler. Les jeunes sont souvent absents dans lasalle et présents sur scène. Faudrait-il abandonner le nom dejazz, cent ans après la parution du premier disque de jazz ?

les présents des jazzimportants, celui de Vienne (près de Lyon), a commencé le 29 juin pour se terminer le 13/07. Un programme éclectique, aux dimensions gigantesques,semblable à celui de Marciac, du 28/07 au 15/08. Les autres festivals, notamment ceux d’Alsace – La Petite Pierre du 5 au 15/08 et Colmar du11 au 16/09 – sont indispensables. L’automne suivra avec d’autres rencontres notamment « Jazz à La Villette » du 31/08 au 13 septembre.

CREST JAZZ VOCAL (26), 42e édition.Une association de bénévoles a pris en

charge l’organisation de cette manifestation.La Drôme n’est pas un département trèsfréquenté, sauf par les Drômois et les Hol-landais. Une des raisons peut-être pour les-quelles ce festival resterelativement inconnu. Ilfaut dire qu’il souffre dela concurrence de songrand voisin, Marciac.Émile Parisien et MichelPortal seront encore pré-sents comme dans la plu-part des autres festivals.Cette année, Michele Hendricks sera surscène et non plus animatrice de stages. Leconcours jazz vocal, les stages et... tousles jours, du mardi 1er, avec le film Le Chan-teur de Jazz, au samedi 5 août, conférencesde Nicolas Béniès sur le 100e anniversairedu premier disque de jazz. ◗

• Du 29/07 au 5/08, www.crestjazzvocal.com

PARFUM DE JAZZ (26) prend la suitechronologique de Crest Jazz Vocal pour

faire respirer les senteurs de la Drôme pro-vençale. Il fête sa 19e édition, avec neufconcerts à Buis-les-Baronnies et à Tricastin.Du jazz New Orleans – unebonne idée –, des invitésd’honneur : Daniel Humair,Henri Texier, Olivier Hut-man et Biréli Lagrène, deshommages à Stevie Won-der. 40 concerts gratuits en journée, des apé-ros swing sur les places d’une dizaine decommunes. ◗

• Du 13 au 26/08, www.parfumdejazz.com

SOUILLAC EN JAZZ (46) se sous-titreFes tival Sim Copans en mémoire de celui

qui fut le créateur, aprèsla Seconde Guerre mon-diale, des émissions dejazz à la RTF. Comme àl’habitude, des concertsgratuits sur les places etdans les rues toute lasemaine, une randonnée

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jazz nocturne et un repas champêtre. Pourla grande scène, le saxophoniste Émile Pari-sien avec Joachim Kühn, Michel Portal etVincent Peirani, Airelle Besson et Paul Lay,enfin Das Kapital et Tony Hymas. Un moyende découvrir le Lot et le jazz. ◗

• Du 15 au 22/07, 05 65 33 22 00, www.souillacenjazz.fr

JAZZ À LA PETITE-PIERRE (67) pource festival intitulé Au Grès du Jazz.

Comme chaque été, le jazzs’invite dans les Vosges duNord. À découvrir : untremplin 2017 pour lesjeunes talents, le groupeLubenica pour des mu -siques d’Europe de l’Est,Hiromi... Une rencontre,Archie Shepp et Joachim Kühn, et le retourdes Israéliens. Un large éventail des musiquesliées au jazz. ◗

• Du 5 au 15/08, www.festival-augresdujazz.com

SAVEURS JAZZ (49), 8e édition à Segré,se déploiera sur deux scènes pour

23 concer tsdont un gra-tuit. Il bénéfi-cie d’une pro-grammationdue au trompettiste Nicolas Folmer avecdes créations et installations originalescomme la sieste musicale, le cabaret œno-logique et la découverte de groupes locaux.On pourra voir et écouter Youn Sun Nah,le guitariste Pierre Durand, le saxophonisteSamy Thiebault... ◗

• Du 6 au 10/07, www.saveursjazzfestival.com

CHARLIE JAZZ FESTIVAL, comme chaqueannée, se tient à Vitrolles pour changer

l’image de laville. Le jazz per-met l’ouverture,la lutte contretoutes les exclu-

sions, pour une musique de liberté et defraternité. ◗

• Du 7 au 9/07, www.charliejazzfestival.com

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JAZZ EN BAIE (50) couvre lesvilles de Granville, Avranches et

une grande partie de la Manche.Un festival qui commence à prendreses marques. De grandes vedettescette année dont le trio Ponty,Lagrène et Eastwood (Kyle), desmusicien-ne-s qui ont quelque choseà dire comme le groupe VolunteeredSlaves et des découvertes. ◗• Du 2 au 13/08, 02 33 49 90 76, www.jazzenbaie.com

UZESTE MUSICAL (33) est unanti-festival. Ber nard Lubat, son

anti-organisateur et âme damnée, l’avoulu convivial, festif, associantpublics et mu sicien-ne-s. Il a déjàfait faillite. Cette année, la Cie Lubatde Jazzcogne dédie sa 40e Hestejadade Las Arts à Dario Fo et proposehuit créations dont un artifice opéraNougaro. ◗

• Du 24/07 au 19/08, www.cie-lubat.org

FESTIVAL MILLAU JAZZ (12),26e édition pour un programme qui

se veut rencontre de cultures : Afriquedu Sud, USA, Tunisie, Norvège, Tri-nidad, Cuba... Le trio The Bad Plusservira de tête d’affiche, beaucoup dedécouvertes seront possibles dans desconcerts gratuits dont un Jazz pour lesplus jeunes. ◗

• Du 15/07 au 22/07, www.millaujazz.fr

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THÉÂTRE • J AZZ • TRANSVERSALE •

Supplément à L’US no 771 du 10 juin 2017 ◗ Cahier spécial festivals 49

◗ American Jazz Festiv’Halles (75) (26e édition) auralieu, comme d’habitude au Sunset-Sunside avec notammentChris Potter, Peter Erskine, Jerry Bergonzi, Al Foster etSandra Booker. Du 3/07 au 10/08.◗ Pianissimo (75) au Sunside. Du 2/08 au 2/09 pour unpanorama du piano jazz, de René Urtreger à ThomasEnhco... www.sunset-sunside.com

◗ Cognac Blues Passions (17) pour découvrir cettemusique toujours jeune et toujours dansante (du 4 au8/07), www.bluespassions.com

◗ Jazzpote Festival (57), Thionville, Théâtre de Bois,pour des concerts gratuits entre 17 h et 18 h et un pro-gramme mêlant les vedettes comme Émile Parisien etartistes locaux. Du 29/06 au 8/07, www.jazzpote.com

EN VRAC

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50 Cahier spécial festivals ◗ Supplément à L’US no 771 du 10 juin 2017

FESTIVAL EN BEAUJOLAIS. « Continentset cultures » accueille, dans 22 communes

du Beaujolais, une programmation éclectique,reflet de la région mais aussi ouver-ture sur le monde. Aux Petits chan-teurs de Saint-Marc, les voix du filmLes Choristes, dans un répertoirequi mêle classiques et chants dumonde, succèdent les nouvellesmusiques traditionnelles avec BabelDance Music à Arnas. Flamenco à

Anse, du jazz (Grolektif), un hommage à EnnioMorricone à Beaujeu et un projet autour de lapoésie vivante. Des rendez-vous champêtres,des villages rencontres et bien sûr les dînersde l’été offrent le cadre festif. ◗• Du 27/06 au 2/08, www.ccab.fr, 04 74 68 89 38.

MOTS EN LIBERTÉS (07). Pour sa 4e édi-tion, ce festival organise deux grands

concerts dans un petit village de l’Ardèche.Seront présents Michel Boutet, avec, en pre-mière partie Michel Giacometti, Jofroi, avec

Marianne Masson, artistes chanteursun peu poètes. Le dimanche de10 heures à 18 heures, rencontre avecles artistes et une vingtaine d’auteursdans un salon du livre. Expositiondu peintre abstrait Louis de Grand-maison accessible durant les troisjours. ◗

• Du 11 au 13/08, http://motsenliberte.wix.com/festival-st-cirgues, 06 18 43 52 37, 06 22 72 51 92.

EL CLANDESTINO (23). C’est dans laCreuse que ça se passe ! Plus précisément

à Guéret, sur l’aérodrome Saint-Laurent, pourla première édition du festivalEl Clandestino : avec Manu Chao,Morcheeba, Ludwig Von 88, Chi-nese Man, Biga Ranx, KenyArkana... et bien d’autres ! Un fes-tival tout nouveau tout beau quidéfend une programmation musicaleindépendante et curieuse. ◗

• Les 15 au 16/07,www.facebook.com/clandestino.festival.Gueret

FESTIVAL DU CHANT DE MARIN (29).Pour sa 13e édition au port de Paimpol, ce

festival organisé tous les deux ans depuis 1989a acquis un renom international. Il rassembleune cinquantaine de groupes de chants demarins, de nombreux artistes de chants et

musiques bretonnes émergents ou renommés(Alan Stivell, Gilles Servat...), une large ouver-ture sur les musiques du monde(25 pays représentés) avec en2017 un parcours spécifique« sur les routes de l’Orient ».C’est aussi plus de 200 bateauxtraditionnels, de nombreusesfanfares et animations de rue,des expositions, conférences,festoù-noz, contes et légendes, programmationsjeune public, dégustations de produits locaux... ◗• Du 11 au 13/08, www.paimpol-festival.bzh, 02 96 5512 77, [email protected] (tarif réduit enréservant avant le 9/08).

LE FESTIVAL DE THAU (34) se veut unlieu ouvert à toutes les musiques du monde

pour lesquelles il a développé un centre decréation, le Silo. Il permet dedécouvrir la lagune de Thauavec des concerts à Mèze,Bouzigues, Frontignan, Mon-bazin et l’Abbaye de Val-magne. Il propose des modesde transport alternatifs pourles lieux non accessibles en

transports en commun. Cette année, Tryo,Bernard Lavilliers et les Sud-africains BCUCrejoindront Gaël Faye et Asaf Avidan sur lascène de Mèze. À l’Abbaye de Valmagne, laSyrienne Waed Bouhassoun fera entendre deschants soufis et Orient-Express dressera desponts entre musique et poésie. ◗ • Du 17 au 25/07, www.festivaldethau.com

LE FESTIVAL DE CONFOLENS (16), aucœur du Poitou-Charentes, rassemble des

artistes, danseurs et musiciens venus dediverses régions du monde. Chaque jour desateliers de danse vous font voyager de l’Oc-citanie au hip-hop, de la Serbie à la Malaisie,du Mexique à la Nouvelle-Zélande. Les soirsaccueillent des concerts dont une soirée latinoet une de musique celtique. Le 15 août leBagad de Lann-Bihoué animera l’apéro-

concert et le défilé. Il y aaussi des activités pour lesenfants, des apéro-concertset un feu d’artifice, de quoientraîner toute la ville dansla fête. ◗ • Du 9 au 15/08, www.festivaldeconfolens.com

LE FESTIVAL « HET LIN DEBOOM » (59),premier festival de musiques traditionnelles

du Nord-Pas-de-Calais, se déroule dans unparc. Entièrement gratuit, il offre quatre joursde fête, de musique, de danse et de convivialité.Pour cette 16e année, on fêtera le 40e anniver-saire de Kadril et du groupe Malicorne, légendedes mu si -ques tradi-tionnelles.De nom-breux groupes à découvrir, comme Kalascimà,venu des Pouilles ou le groupe irlandais Doo-lin’, Plantec et La Machine inviteront à ladanse. ◗• Du 20 au 23/07, www.het-lindeboom.org

LE FESTIVAL DE BOURGOGNE DU SUD(71) ne se cantonne plus à la musique. Au

programme deux concerts baroques en l’églisede Saint-Maurice-lès-Châteauneuf et unconcert Brahms, Chopin, Schumann avecla pianiste japonaise Masako Nakaï et la cla-

rinette de BéatriceBerne, à l’église deSemur-en-Brion-nais. S’y ajoutentune expositiond’œuvres de Mar-tine Chifflot, une

conférence sur Le beau, le sublime et la grâce(Baldine Saint-Girons) et la projection de deuxfilms de Martine Chifflot : L’indicible etLe Livre des merveilles. ◗ • Différentes dates en juillet-août : www.facebook.com/FestivalDeBourgogneDuSud

FREAKSHOW FESTIVAL (26). Les 25 et26 août 2017 auront lieu le 9e Freakshow

Festival à Gigors-et-Lozeron ! Deux jours déli-rants de fête, de rock alternatif, de noise dansla merveilleuse vallée de la Sye. Un endroitde rêve pour quelques centaines de Freaks !Cette année, les amateurscurieux pourront découvrirsur scène Death Pedals,Oozing Wound ou encore lesLyonnais de Noyades ! Unévénement à part, loin detoutes considérations com-merciales. Un grand showpour clore l’été ! ◗• 25 et 26/08, www.facebook.com/events/1111608392284291

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LES FESTIVALS DE MUSIQUE restent très présents et très diversifiés. La plupart d’entre eux sont pourtantmenacés. Les collectivités territoriales, confrontées à la diminution des crédits d’État, ont tendance à réduire lessubventions à la culture. Des festivals sont supprimés. D’autres, en général plus petits, naissent en faisant appelau bénévolat. Ci-dessous un échantillon est proposé, vous en découvrirez beaucoup d’autres sur votre route, quece soit la chanson française, le rock, la country, le tango... et la musique classique. Les organisateurs vous ferontpartager leurs envies pour en faire vos découvertes. Ils ont besoin de vous !

Voyage dans toutes les musiques

FESTIVALS • MUSIQUES • DANSE •

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Supplément à L’US no 771 du 10 juin 2017 ◗ Cahier spécial festivals 51

LE GRAND SON (38) remplace les Ren-contres Brel à Saint-Pierre-de-Chartreuse.

Ce festival, rendez-vous de la chanson fran-çaise, s’ouvre aussi au monde.Des concerts payants accueil-leront sous chapiteau HuguesAuffray, Bernard Bruel, LesOgres de Barback, Les She-riffs, Angelina Wismes et ledernier soir Vianney, la Maison Tellier et Jehro. Des

concerts gratuits permettront d’entendre dejeunes talents. ◗ • Du 18 au 23/07, www.legrandson.fr

FESTIVAL MIMI (13). En août, abstentioninenvisageable ! Votez tous pour le Festival

MIMI et son parlement élec-trique, psychédélique, électro-nique... amateurs de sonsobliques, de musiques venuesdu Japon, de Finlande, deGrande-Bretagne ou de Syrie,profitez du décor idyllique desîles du Frioul que vous rejoin-drez en navette maritime. Début sur le toit-terrasse de la Friche pour s’achever à l’Estaque.Magique, comme d’habitude. ◗• Les 25, 26 et 27/08, www.amicentre.biz/la-prog-et-le-visuel.html?lang=fr

LE FESTIVAL DES MUSIQUES D’ICI ETD’AILLEURS (51) offre pendant quatre

semaines, du mardi au dimanche, 50 concerts,en accès libre à Châlons-en-Champagne et

aux alentours. Découvertes,rencontre et métissage, dansles cinq rendez-vous par jour.De la musique jazzy (ParisCombo...), latino (les Wem-blers), tzigane, du folk, durock. La résidence musicalecette année a été confiée à l’ar-

tiste rémois Anthonin Ternant et son groupeAngels and the Demoniacs. Des spectaclesconçus pour les petits sont offerts le jeudi. ◗• Du 1er au 30/07, www.musiques-ici-ailleurs.com

AU BONHEUR DES MÔMES, LE GRAND-BORNAND (74). Le 26e festival inter-

national de spectacles jeune public propose403 représentations dans des salles, des préauxd’école, dans la rue, sur lesplaces et jusque dans lesalpages. Beaucoup de spec-tacles sont gratuits, lesautres très peu chers (de 3 €

à 12 €). Les formes théâ-trales (cirque, marionnettes,théâtre de rue, théâtre musical...) sont variées,les thèmes abordés également. Des atelierssont proposés. Comme l’écrit Alain Benzoni,directeur du festival « Et surtout, surtout, nesoyez pas trop sages ». ◗• Du 20 au 25/08, 04 50 02 78 00, www.aubonheurdesmomes.com

CABARET VERT (08).Ce festival de musique

ardennais, proche de l’éco-nomie sociale et solidaireest aussi écologique !Implanté autour de l’an-cienne usine La Macé-rienne, il accueille cetteannée Franz Ferdinand,Korn, Catherine Ringer, Fishbach, Justice,Cypress Hill… Côté BD, la science-fictionest à l’honneur, en présence des auteurs ; les« Freaks » revisités animeront l’espace théâ-tral, et le cinéma oscillera entre « Trash films »et « wemen porn ». ◗• Du 24 au 27/08, 03 24 36 12 68,https://cabaretvert.com

FESTIVAL DE LA CHAISE-DIEU (43).Ce festival de musique classique se tient

dans l’exceptionnelle abbatiale gothique Saint-Robert, sur les hauts-pla-teaux de la Haute-Loire.Plutôt orienté vers lamusique sacrée (concertd’orgue ou le très attenduRequiem de Verdi), cetteannée nous pourrons éga-lement entendre à la gui-tare les com positions del’espagnol Fernando Sor ou l’orchestre d’Au-vergne avec Le Songe d’une nuit d’été. ◗• Du 18 au 27/08, 04 71 00 01 16, www.chaise-dieu.com

RENCONTRES INTERNATIONALES DEHARPE CELTIQUE, DINAN (22). Créa-

tivité, audace et ouverturesont les trois clés du succèsdes Rencontres qui en sontà leur 34e édition. Cetteannée, les musiques vien-dront de France et d’ailleurset seront accompagnées pardes animations de danse bre-

tonne, du théâtre (Hong-Yu Chen), des confé-rences (harpe khmère) et un salon des luthiers.Les concerts vont de 5 à 18 €. ◗• Du 12 au 16/07, 02 96 87 36 69, www.harpe-celtique.fr

FESTIVAL SUR LIGNON, FAY-SUR-LIGNON (43). Un festival qui mêle

concerts, expositions, cinéma, avec anima-tions et... randonnées. Envedette cette année : lechanteur Nicolas Paugam,de l’«  extra pop  » avecMazalda Turbo Clap Club,du jazz, des marion-nettes, de la dégustationd’hydromel, et tout çadans des lieux inha bi-tuels : fermes, gîtes, etc. Beaucoup d’ori -ginalité et de diversité pour des prix allantde la gratuité à 18 €. ◗• Du 10 au 13/08, 04 78 62 86 79,www.festivalsurlignon.org

ACADÉMIE-FESTIVAL DES ARCS (74).44e édition de ce festival entièrement dédié

à la musique de chambre, avec plus de60 artistes invités, une quarantaine de concerts,tous gratuits, des conférences, desmaster-classes, des ateliers delutherie, bref tout ce qui fait le pay-sage de la musique de chambre,et le tout dans une atmosphère pasdu tout guindée... Le thème de cetteannée est la musique de chambreitalienne ; il vous permettra d’écou-ter des compositeurs connus, mais aussi d’endécouvrir d’autres. Franck Krawczyk, artisteen résidence, créera l’ouverture composée àcette occasion le 24 juillet. ◗• Du 16/07 au 1/08, 01 40 07 11 48, www.festivaldesarcs.com

FESTIVAL DE MUSIQUE DE FRANCHE-COMTÉ, BESANÇON (25). Pour sa

70e édition ce festival présente une program-mation très éclectique : musiquebaroque, récitals, musique dechambre, musiques du monde.En ville et dans les monumentspublics comme le palais Gran-velle, illuminations, concert sym-phonique en plein air, « immer-sion symphonique », expositions,huit créations du compositeur enrésidence Philippe Hersant, et le55e concours de chefs d’orches-tre, présidé par Léonard Slatkin,dont la finale sera retransmise sur grandécran. Certains concerts sont gratuits. ◗• Du 8 au 23/09, 03 81 82 08 72, festival-besancon.com

BARJAC M’EN CHANTE (30), 21e édi-tion, organisée par l’association « Chant

libre ». C’est la référence en fran-cophonie pour la chanson dite« chanson de parole » ou « chan-son de caractère » depuis 2016et l’arrivée de J.-C. Barrenscomme directeur artistique.30 spectacles, deux expositions,divers rendez-vous musicaux,des gratuits pour enfants, une scène ouvertedu Centre de la chanson... Son existence estaujourd’hui menacée... ◗• Du 29/07 au 3/08, www.barjacmenchante.org, www.centredelachanson.com, 07 60 38 66 41

VOIX VIVES DE MÉDITERRANÉE,SÈTE (34). La 20e édition de ce fes-

tival de poésie à Sète permettra d’entendre, partout dans la ville, plus de100 poètes venus des pays desrives de la Méditerranée. Desspectacles accompagnent lespoètes (Vicente Pradal, KerryJames et Mouhammad Alix,Paco Ibanez). ◗• Du 21 au 29/07, 04 99 04 72 51,www.sete.voixvivesmediterranee.com

Réduc’SNES

THÉÂTRE • J AZZ • TRANSVERSALE •

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52 Cahier spécial festivals ◗ Supplément à L’US no 771 du 10 juin 2017

Illustration et défense

DÉBUTANTS BALBUTIANTS OU CONFIRMÉS, ces festivals vous proposentde l’art vivant. Tout simplement « là et maintenant ». Un lieu, un spectacle,un public. Les lieux sélectionnés mettent à l’honneur des régions rurales oùles représentations théâtrales et les concerts ne durent que le temps d’unété. Ces festivités sont le résultat d’un long travail bénévole – souvent initié

NAVA – NOUVEAUXAU TEURS EN VALLÉE

D’AUDE (11), 18e année. ÀLimoux et en vallée d’Aude,ce festival de théâtre, conçupar Jean-Marie Besset, veut

permettre la dé-couverte et la pro motion denouveaux au-teurs. Cinq à sixpièces en lec-ture-spectacle,

avant-première de leur produc-tion nationale. ◗ • Du 20 au 30/07, www.festival-nava.com et www.limoux.fr, 04 6831 85 08.

RÉSURGENCE, FESTI VALDES ARTS VIVANTS

(34). Théâtre, cirque, danse,contes, concerts... plus de 60rendez-vous pour petits etgrands proposés par 28 com-pagnies dans les rues de

Lodève. Par miles nouveau-tés, l’ouvertured’une « bou-tique marion-nettique » quine vend rienmais o f f re

théâtre d’objets, d’ombres etde marionnettes en continu,Dessous d’histoire, déambu-lation autour de 2 400 ansd’histoire par 150 personnagesjoués à voix nue par six ac-teurs. Dimanche, un grand re-pas artistique partagé. Gratuitépour la plupart des spectacles. ◗• Du 20 au 23/07, www.festival-resurgence.fr, 04 11 95 01 74,[email protected]

TANGO PAR LA CÔTE ENBRETAGNE (22 ET

29), 11e édition. Organisé pardeux associations et initié pardes collègues, ce fes tivalsillonne les vil les des Côtes-d’Armor et du Finistère.

Chaque jourdes atelierspour tout ni-veau de danseet chant tango,chaque soir,des Milongasavec une ving-

taine d’artistes internationauxet des orchestres renommés.Une exposition à Ros coff et,pour la première fois, un atelierde dégustation et un atelier decuisine autour des saveursd’Argentine. ◗ • 28/07 au 6/08, www.tangoalamer.com, 06 84 76 79 44, [email protected]

LES FÊTES NOCTURNES(26), 30e édition au châ-

teau de Grignan. Temps fortde la créationthéâtrale dansle dépar te -ment de laD r ô m e ,elles réu nis -sent plus de30 000 spec-tateurs autour d’une mise enscène inédite don née devantsa célèbre fa çade Renaissance.Lorenzaccio est une proposi-tion originale mêlant théâtreet danse, portée par Marie-Claude Pie tragalla, DanielMesguish et Julien Dérouault.Le drame romantique de Mus-set inspiré de l’Italie du 16e siè-cle évoluera dans une scéno-graphie en 3D... ◗• Du 21/06 au 19/08, 04 75 91 83 50,[email protected]

LE FESTIVAL DE MONTI-GNAC (24), sur les bords

de la Vé-zère, nousemmène auxquatre coinsdu mondea v e c d e sgroupes dedanseurs et

musiciens venus d’Arménie,de Bolivie, du Cap Vert, duPays Basque, du Mexique, deTaïwan, de Serbie, les percus-sions de Malaisie, les cuivresdes Balkans (Traktorkestar)et un mariage de musique bré-silienne et occitane (la Pifada).Un samedi de danses au ré-pertoire centré sur le feu, unstage de danses et chants duBrésil, une soirée autour dujazz, un grand spectacle finalse terminant par un feu d’ar-tifice rassemblant tous lesgroupes, voilà qui anime toutela semaine. ◗ • Du 24 au 30/07, www.festivaldemontignac.fr

LE FESTIVAL TEATRO ACORTE (2B) se trans-

forme et s’étale dans l’année.Le week-end d’été, toujoursdans le cadre des plus bellesrésidences royales de la fa-mille de Sa voie, à Turin etdans ses alentours, ac cueil -lera du cirque, avec le jon-glage original de JérômeThomas, des spectacles derue, avec enparticulierune paradelumineuseima ginée parla Compa-gnie TranseExpress auchâteau de la Venaria Realeet de la danse : danse aé-rienne, hip-hop à Stupinigi.Ambra Senatore, habituée dufestival, créera Scena madre,suite de scènes de la vie quo-tidienne, parfois insolites,comme les aime la choré-graphe. Présentés dans deslieux magnifiques, ces spec-tacles laissent dans l’espritdes spectateurs des souvenirsineffaçables. ◗

• Du 29/06 au 2/07, le 7/10, les 7 et8/12, [email protected], www.teatroacorte.it, +39 011 511 94 09.

Réduc’SNES Réduc’SNES

Réduc’SNES

FESTIVAL DES SEPT LUNES (43).Ce festival de «  lectures en scène

au Pays de la jeune Loire et sesrivières » s’enracine dans l’écrin de ver-

dure qu’est la Haute-Loire etaccueille cette année Francis Hus-ter, pour une lecture libre d’AlbertCamus. Après Marguerite Duras,Neruda, Colette, un atelier delibre lecture est proposé aux fes-tivaliers. La pièce Et pendant ce

temps, Simone... veille mettra en scènel’histoire des femmes au XXe siècle. ◗• Du 1er au 5/08, 06 44 74 45 92, www.festivaldes7lunes.com

FESTIVAL LES NUITS BASAL-TIQUES (43). Ce festival de danses

et musiques traditionnelles n’a rien depoussiéreux. Au contraire, les groupes

sont modernes et jeunes, et vousfont danser jusqu’au bout de lanuit, quatre soirs d’affilée ! Sivous ne savez danser ni lamazurka, ni le scottish, ni la bour-rée auvergnate, inscrivez-vousaux stages, en journée. Stages demusique également. Animations

gratuites dans les rues du Puy-en-Velaydu jeudi au samedi. ◗• Du 27 au 29/07, 04 71 02 92 53, http://cdmdt43.com/les-nuits-basaltiques

LE FESTIVAL LES SUDS À ARLES(13) propose, comme chaque été

depuis 20 ans, un voyage sous toutesles latitudes. Pendant sept jours et sixnuits a lieu une grande fête musicale,

joyeuse et colorée, qui transportela ville d’Arles dans son ensem-ble. Cette année encore, lesdizaines de concerts représentantle monde entier s’annoncentcomme des grands moments. Onnotera entre autre la présence de

Calypso Rode de Trinidade et Tobago,Noureddine Khourchid de Syrie, ouencore de Youn Sun Nah de Corée deSud... ◗ • Du 10 au 16/07, www.suds-arles.com/fr

LA COMPAGNIE JOLIE MÔME (63)organise cette année encore le festival

La Belle Rouge avec du théâtre engagé,des concerts rouges et des conférences

politiques. Têtes d’affiche : JolieMôme avec L’exception et laRègle de Brecht et le chanteurHK. À ne pas manquer : les chan-sons de la Guerre d’Espagne de

El Comunero et le théâtre de marion-nettes avec La Controverse, sans oublierla conférence de Bernard Friot. ◗• Du 28 au 30/07, 06 83 59 80 11, http://cie-joliemome.org/?p=4201

Réduc’SNES

EN VRAC

FESTIVALS • MUSIQUES • DANSE •

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Supplément à L’US no 771 du 10 juin 2017 ◗ Cahier spécial festivals 53

du théâtre vivant

par des collègues – qui dure toute l’année et s’ancre sur un territoire. Un travail de fourmi et de titan ! Il fautrécolter des subventions, obtenir le soutien des élus locaux, solliciter des artistes, tout en restant fidèle à sonrêve initial pour le rendre réel. Trop souvent, l’équilibre financier est précaire et certaines productions sontjouées à perte. L’énergie et le plaisir restent intacts. Alors rendons-leur la monnaie de leur pièce !

THÉÂTRE DU PEUPLE (88).Le mythique théâtre de Bois

vivra le dernier mandat de sondirecteur Vin-cent Goathals.Ces Estivalessont donc mar-quées par desretrouvailles.Un Feydeauteinté d’Of fen -bach, une Bérénice revi sitée parl’auteur qué bécois Steve Ga-gnon. Au pro gramme : une carteblanche à Angèle Baux-Godard,comédienne associée au théâtredu Peuple et les contes africainsde Solo Gomez. ◗• Du 14/07 au 27/08, 03 29 61 50 48,www.theatredupeuple.com/estivales-2017

CHALON DANS LA RUE(71). Ouf, cette 31e édition

transnationale des Artistes dela rue aura bien lieu ! C’est ladernière pro-grammation dePedro Garcia.Le in et le offo c c u p e r o n tplaces et ruesde Chalon, avecdu théâtre derue, du cirque, de la danse, desparcours paysagers théâtraux,des installations plastiques vi-vantes... La performance desBatteurs de pavé, avec LesTrois Mousquetaires – annuléel’an dernier – aura bien lieucette fois. ◗• Du 19 au 23/07, 03 85 90 94 74,www.chalondanslarue.com/les-photos-du-festival-2017.

EN AVIGNON (84). Outreles théâtres Réduc’SNES

ayant une programmation toutel’année, comme le Chêne noir,

sont partenaires quelques spec-tacles pendant le festival off. Lanouvelle création de JacquesKraemer, L’Atrabilaire Amou-reux, variation sur Le Misan-thrope de Molière autour du pou-voir et de la mise en scène, du 8au 22/7 à 11 h, Salle Roquille ;Contagion de François Bégau-deau, mise en scène Valérie Grailet Cie Italiques, au cœur de ques-tions d’actualité, la joie et l’in-souciance sont-elles encore pos-sibles... du 7 au 28/07 à 16 h 10à l’Artéphile ; Lettre des Îles Ba-ladar, spectacle conçu autour dupamphlet anti-colonialiste et hu-moristique de Jacques Prévertpar une Cie associant un collègue(à la Maison de la poésie du7 au 30/7 à 10 h 10)  ; la CieThéâtre à Bretelles avec notrecollègue Anne Quesemand seraà l’Espace Alya à 19 h du 7 au18/07 avec Chansons de charmepour situations difficiles d’aprèsMac Orlan, puis du 20 au 30 Mé-liès, cabaret magique ; Rallumertous les soleils, un spectacle pré-cieux sur Jean Jaurès mis enscène par Milena Vlach (à la Fa-brik Théâtre du 7 au 30/07 à12 h 30). ◗ • Du 7 au 30/07, www.avignonleoff.com

VENT DES FORÊTS,FRESNES-AU-MONT

(52). Ce n’est pas vraimentun festival, plutôt un centred’art contemporain à ciel ou-vert. Septcircuits deb a l a d e s(gratuits)autour deFresnes-au-Mont proposent desœuvres souvent monumentalescréées par des artistes en rési-dence dans les villages alentour,hébergés le temps de la créationchez les habitants. Cette année,l’artiste indien Sunoj D inau-gurera la sienne le 14 juillet.Une initiative originale et pas-sionnante. ◗• 03 29 71 01 95, ventdesforets.com

Réduc’SNES

THÉÂTRE • JAZZ • CINÉMA •

CinémaLE FESTIVAL DE CINÉMA

DE DOUARNENEZ (29)embrasse et embrase les cinémasdu monde. Pour sa 40e édition,il questionnera sur la notion de

frontière nonplus commeune l im i t ea r b i t r a i r emais commeu n e z o n ed’échange.À travers laprésentationde 70 films

(fictions, animations, documen-taires), le festival abordera parle cinéma un certain mouvementdu monde avec la question récur-rente des droits humains. Unmini-festival jeune public, desexpositions photographiques, desconcerts, des débats-rencontresseront au programme. ◗• Du 18 au 26/08, 02 98 92 09 21,[email protected]

LE FESTIVAL INTERNATIONALDU FILM DE LA ROCHELLE

(17). Dans sa section « Rétros-pectives », le festival présentera

tous les filmsmuets an -glais, ac -com pagnésau piano,d ’ A l f r e dHitchcocket quel ques-uns de seschefs-d’œu-vre holly-

woodiens dont La Corde ; l’in-tégrale des films d’AndreïTarkovski et cinq films, parmises premiers, de MichaelCacoyanis ; la totalité des filmsde Laurent Cantet, de RubénMendoza jeune cinéaste colom-bien et de Katsuya Tomita,cinéaste camionneur militantjaponais. S’ajouteront onze filmsde Volker Schlöndorff et les troisfilms du roumain Andrei Ujica,montage d’images puisées dans

les archives de son pays. Il entirera une impressionnante Auto-biographie de Nicolae Ceau-sescu. La section « Découverte »pour des films israéliens récents ;des films muets avec Laurel etHardy ; une journée avec JeanGabin ; une nuit avec ArnoldSchwarzenegger en 3D dans Terminator 2 ; des avant-pre-mières ; des films « cannois ».L’embarras du choix provoquerabien des frustrations aux festi-valiers avides de découvertes. ◗• Du 30/06 au 9/07, 05 46 52 28 96,[email protected]

LES ÉTATS GÉNÉRAUX DUFILM DOCUMENTAIRE (07)

se tiendront comme chaqueannée dans le village ardéchois

de Lussas. Chaque jour, cinqsalles accueillent des documen-taires venus du monde entier etle soir à 21 h 30 une séance enplein air propose des films plusgrand public. Deux ateliers, surréservation, sont consacrés à desquestions contemporaines decinéma. « Route du doc » s’in-téresse à la création libanaisedes dernières années, « Histoirede doc » aux documentairespolonais de l’après-guerre auxannées 80, « Expériences duregard » explore la création ciné-matographique francophoneeuropéenne de l’année. La sec-tion « Fragments d’une œuvre »s’attache à l’Allemand PeterNestle et au Britannique GuySherwin. Des restaurants et descafés s’installent partout dans levillage offrant des espaces dediscussion animés. ◗• Du 20 au 26/08, www.lussasdoc.org

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54 Cahier spécial festivals ◗ Supplément à L’US no 771 du 10 juin 2017

FESTIVALS • TRANSVERSALE •CETTE DERNIÈRE PAGE est transversale pour évoquer toutes les sortes defestivals, sans réussir à être exhaustif, mais pour vous donner l’envie dedécouvrir d’autres horizons, d’autres domaines, d’errer, de s’arrêter au hasarddes rencontres.

FESTIVAL PARIS L’ÉTÉ(75). Le festival investit

des lieux connus (Cour carréedu Louvre, La Villette, le Mon-fort) ou plus insolites (la cour

du lycée Decour). Certainsspectacles sont gratuits, commecelui des acrobates du collectifLa Contrebande, le concert duduo Miral mêlant mélodiesorientales et sonorités ma-nouches ou jazzy, ou encoreEtienne Saglio qui plonge lespectateur dans une atmosphèrepoétique et étrange avec unecréature évanescente. L’audi-torium de Radio France accueil-lera la soirée d’ouverture, oùdes groupes de danseurs auxstyles variés s’affronteront surle modèle des battle de hip-hop.Sidi Larbi Cherkaoui et la dan-seuse indienne Shantala Shiva-lingappa croiseront leurs racinespour explorer les méandres dela relation amoureuse. ◗• Du 17/07 au 5/08,www.parislete.fr

FESTIVAL ECAUSSYS TÈME(46). Aux confins du

Lot, de la Corrèze et de la Dor-dogne, à Gignac, la 15e édition

de ce festival s’inscrit à nou-veau dans la démarche éco-ci-toyenne et solidaire, festive etmusicale, qui le nourrit depuissa création. Des artistes de re-nom pour les concerts du soir,et, en gratuit, le samedi et ledimanche entre 10 heures et18 heures, des « JournéesEcaussitoyennes » avec un

marché éco-citoyen, des confé-rences, des arts de la rue et desconcerts sur la scène « Off theSystème »... ◗ • Du 28 au 30/07, 05 65 32 69 05,www.ecaussysteme.com, [email protected].

LES NUITS DE L’ENCLAVE,VALRÉAS ET ALENTOURS

(84). Ce festival de théâtreaccueille dans les quatre com-munes de « L’enclave desPapes », Valréas, Grillon, Ri-

cherenches etVisan, une pro-grammat ionà p r e m i è r evue classique(Simenon, Sha-kespeare, Mo-

lière, Cour teline, Tchekhov...)mais revue et corrigée de fa-çon contemporaine et décalée.Les metteurs en scène, lescompagnies sont de très hautniveau. Les tarifs tournent en-tre 15 et 21 €. Les spectacless’accompagnent d’ateliers, deconférences, de soirées caba-ret ou d’un bal, tout ceci enaccès libre. ◗• Du 17 au 30/07, 06 74 49 21 63, www.nuits-enclave.com

CONVIVENCIA est un festivalnavigant sur le canal du

Midi (13 étapes en Région Oc-citanie). De Toulouse à Mont-pellier, une péniche transforméeen scène navigante propose desescales musicales le long duCanal. À chaque escale, la pro-grammation est différente etmet à l’honneur les musiquesdu monde. Et toutes ces soiréessont gratuites ! Le festival c’est

aussi la possibilité de participerselon les étapes à une baladeartistique, une dégustation devin en musique, un atelier ra-diophonique ou encore de pro-fiter d’une exposition. ◗• Du 2 au 30/07, http://convivencia.eu/festival-convivencia

BALÉAPOP À SAINT-JEAN-DE-LUZ (64).

Pour finir l’été en beauté, capsur le Pays Basque et ses cinqjours de festival électro, pop,folk et art contemporain àSaint-Jean-de-Luz. Parmi unesélection pointue, on nemanque pascette année lahouse de Pu-zupuzu auxaccents ivoi-riens ou lesmélodies cos-miques de Zombie Zombie, latête d’affiche. À savourer lespieds dans le sable, face àl’océan, ou dans l’herbe duparc Ducontenia. ◗• Du 23 au 27/08, www.baleapop.com

LE SON CONTINU AU CHÂ -TEAU D’ARS (36). Mi-

juillet, « Le son continu » ras-semble les passionnés desinstruments, musiques et dansespopulaires dans le parc du châ-teau d’Ars près de La Châtreen Berry dans l’Indre. Au cen-tre de la mani-festation, un sa -lon de lutherie,avec plus d’unecentaine d’expo-sants, de fac-teurs de vielles,de cornemuses, d’accordéons,et autres instruments liés auxmusiques acoustiques et eth-niques. Et sur la grande scène,des concerts de qualité ont lieupariant sur l’éclectisme et laqualité. ◗ • Du 13 au 16/07, www.lesoncontinu.fr

Réduc’SNES

Réduc’SNES

L’été ne sera pas triste

Ont participé à la rédaction de ce cahier spécial festivals : Nicolas Béniès, Sylvie Chardon, Cécile Exbrayat,Philippe Laville, Eric Loizeau, Nicolas Morvan, Stéphane Rio, Micheline Rousselet, Doriane Spruyt

FESTIVAL DES FROMAGES DECHÈVRE, COURZIEU (69).

À l’auberge de la Buissonnière, setient un festival original. Perfor-

mances et prestations scé-niques réalisées par des per-sonnes marginalisées ouhandicapées, encadrées pardes professionnels du spec-

tacle. Une vingtaine de spec-tacles sont produits sur cinq

jours, l’entrée est libre, mais le publicne sait pas à l’avance quel spectacleil va voir. Il est cependant séduit parles moments de grâce et de poésieauquel il assiste. ◗• Du 26 au 30/07, 04 74 70 87 48, www.labuiss.fr

NUITS DE NACRE À TULLE (19).Seule ville de France où il reste

une fabrique d’accordéons, la « citéde l’accordéon » de Tulle propose la

30e édition de son festival dédié à cetinstrument du 14 au16 septembre. Auprogramme, quatreconcerts par jour,

jazz, hip-hop, chanson française,payants ou gratuits, avec pour invités,entre autres, The Summer Rebellion,Thomas Schoeffler, Marc Berthou-mieux Jazz Trio... ◗• Du 14 au 16/09, 05 55 20 28 75, www.accordeon.org

SEPTEMBRE MUSICAL DE L’ORNE(61). Cinq week-ends de musique

classique dans des lieux tous aussiagréables les uns que les autres,accompagnés de spectaclesdivers : théâtre équestre auxHaras du Pin, opéras (Purcell),musique sacrée, polyphonies,harpe, jazz et flamenco... et

cette année, quatre conférences pourprésenter les spectacles. ◗• Les week-ends du 1/09 au 1/10, aux quatrecoins de l’Orne. Les tarifs vont de gratuit à 30 €maximum, 02 33 26 99 99, www.septembre-musical.com

MOUSSON D’ÉTÉ, PONT-À-MOUS SON (54). Le sous-titre

donne le ton : « Écrire le théâ-tre d’aujourd’hui ». Universitéd’été, rencontres théâtrales,lecture de textes de théâtre etconversations se déroulent àl’Abbaye des Prémontrés etmettent en relief les écrivains,metteurs en scène et acteurs

du théâtre contemporain européen. ◗• Du 24 au 30/08, 03 83 81 20 22, www.meec.org

EN VRAC

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Supplément au no 771 du 10 juin 2017 - US MAGAZINE - 55

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Géographier aujourd’huiQu’est-ce que la géographie ? Comment fairepour l’enseigner ? Comment intéresser lesélèves ? Retenir leur attention ? Comment met-tre à profit le nouvel environnement numé-rique ? Enfin comment intégrer la géographiedans l’interdisciplinarité ? Des réponses dansce livre à la fois théorique et pratique.• Sous la dir. de Marie-Claire Robic, Adapt-SNES, 2016,360 p., 32 euros.

Enseignement de l’histoire, Enjeux, controversesautour de la question du fascismeL’enseignement de l’histoire n’a jamais été unsujet neutre. Deux collègues, en partant del’évolution des programmes ces trente der-nières années, cherchent à répondre à la ques-tion : permet-elle aux jeunes des collèges etlycées d’acquérir les clés pour comprendre lemonde actuel ?• Joëlle Fontaine & Gisèle Jamet, Adapt-SNES, 2016,126 p., 12 euros.

Exercice de la pluralité des mondesNotre monde est-il unique ? N’est-il qu’un mondeparmi d’autres ? Des mythes anciens à la cosmo-logie contemporaine les réponses sont d’unegrande diversité.• Sylvie Nony et Alain Sarrieau, 225 p., à paraître débutjuillet, 25 euros

Histoire de la conquête spatialeImaginés par les écrivains et réalisés par lesplus grandes nations, la conquête de l’espacea toujours fait rêver.Jean-François Clervoy, astronaute lors de troismissions spatiales et Franck Lehot, médecininstructeur des vols en apesanteur, vous fontdécouvrir le passé, le présent et l’avenir desvols spatiaux habités, racontés comme jamaisauparavant.

Ces récits illustrés et vivants, d’une lecture facile, évoquent toutes lesgrandes étapes de la conquête spatiale et sont ponctués d’anecdotesoriginales et d’encarts inédits sur la vie et le travail quotidiens desastronautes.Un beau cadeau pour Noël.• Jean-François Clervoy, Franck Lehot, coédition Adapt/Vuibert, 210 p., 25 euros.

Alexandre de HumboldtLe dernier savant universelUne remarquable synthèse sur un hommed’exception qui fit de sa vie une « pérégrinationpoétique ». En suivant la longue vie de ce« savant universel » on découvrira derrièrel’homme de science, un homme engagé contrel’esclavage, un philosophe, un poète et unpédagogue.Pour historiens, géographes, naturalistes.• Mireille Gayet, préface de Philippe Taquet. Premiertirage : août 2006 – nouveau tirage : février 2013,416 p., 35 euros.

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