Soins de plaies et pansements : comment s'y retrouver (2e partie)

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Vous trouverez au tableau I un résumé des fonctions des divers pansements ainsi que des exemples de produits commerciaux pour chaque catégorie. Le tableau II per- mettra aussi de mieux définir le rôle de chaque panse- ment puisqu’ils seront regroupés selon le type de plaies qu’ils peuvent traiter. Selon la fonction qu’ils remplissent, nous parlerons de pansement primaire ou de remplissage s’ils s’appliquent directement sur ou dans la plaie. Ce dernier pansement servira à combler l’espace mort, à absorber l’exsudat, à maintenir le milieu humide ou à débrider la plaie. Le pansement secondaire ou pansement de recouvrement peut être utilisé seul ou servir à main- tenir le pansement primaire en place et compléter son action. Il n’adhère pas à la plaie, mais au pourtour de celle-ci. Le pansement d’appoint n’aura d’autre fonction que de protéger et couvrir la plaie 5 . Pansements absorbants Les pansements absorbants ont pour rôle principal d’ab- sorber un exsudat modéré à abondant. Ils maintiennent l’humidité en empêchant la macération au pourtour de la plaie. Ils ont la propriété de former un gel hydrophile protecteur lorsqu’ils sont en contact avec l’exsudat. Il existe deux catégories de pansements absorbants : les algi- nates et les mousses. Les alginates Les alginates sont des polysaccharides dérivés d’algues 1 . Puisqu’ils sont d’origine naturelle, ils sont considérés comme non toxiques et non allergènes 2 . Ils contiennent majoritairement de l’alginate de calcium avec ou sans sodium. Certains pansements peuvent contenir du col- lagène. Ils sont offerts sous forme de compresses ou de mèches et peuvent être utilisés pour combler l’espace mort de la blessure 1,3 . Les alginates sont utiles en présence d’une plaie débridée, exsudative et sanguinolente de stade III ou IV puisqu’ils sont très absorbants 4 . C’est un panse- ment sec qui, au contact de l’exsudat, se transforme en gel. On doit l’appliquer de façon assez lâche, car il prend de l’expansion 1,2 . Il faut s’assurer que le pansement à l’in- térieur d’une plaie ne fasse pas de pression, cela compro- mettrait la perfusion de la plaie et la formation de nou- velles cellules. Dans tous les cas, il nécessite un pansement secondaire puisqu’il n’est pas adhérent. On ne doit pas employer les alginates lorsque l’exsudat est faible puisqu’ils dessècheront la plaie 3 . De plus, lors du retrait, certains pansements pourront laisser des débris fibreux dans la plaie. Ces pansements sont donc surtout utiles dans le cas d’une plaie où la granulation est amorcée et lorsqu’il y a un exsudat modéré à abondant ou des saigne- ments puisque l’alginate de calcium a des propriétés hémostatiques 2 . Quant aux pansements qui contiennent aussi du sodium, ils se transforment en gel par un méca- nisme d’échange ionique entre les ions sodiques de l’exsudat et les ions calciques du pansement. L’alginate de sodium contenu dans le pansement participe à la forma- tion du gel et permet d’absorber l’exsudat sur une plus longue période de temps 6 . Même si l’on pourrait em- ployer ces pansements pour les plaies ayant un espace mort important (il faut s’assurer de voir entièrement le fond de la plaie), il n’est pas recommandé de les utiliser en présence de cavités profondes étant donné la possibi- lité qu’ils laissent des débris fibreux. On doit changer ces pansements tous les jours au début du traitement ou lorsqu’ils sont saturés 7 . Ils ne doivent toutefois pas rester en place plus de sept jours 7 . Les mousses Ces pansements sont constitués d’une mousse de polyuréthane hydrophile 2,3 . Ce sont de très bons absorbants. De plus, ils n’adhèrent pas à la plaie et sont très confortables pour le patient 4 . Certains requièrent un pansement secondaire, alors que d’autres ont déjà une pellicule adhésive et un film transparent 1,3,5 . Tout comme les alginates, les mousses prennent de l’expansion au con- tact de l’exsudat, mais celles-ci ne forment pas de gel 1,3 . On doit recouvrir ce type de pansement d’une pellicule imperméable si le patient désire prendre une douche ou un bain, car les mousses absorberont facilement l’eau 2,4 . Elles peuvent rester en place jusqu’à sept jours, mais si l’exsudat est abondant, il est préférable de les vérifier régulièrement et de les remplacer lorsqu’elles sont Québec Pharmacie vol. 52, n o 10, novembre-décembre 2005 691 à votre service SANS ORDONNANCE Texte rédigé par Nancy Desmarais, B. Pharm., Pharmacie Nancy Morissette, et Julie Martineau, B. Pharm., Pharmacie Matte et Petit. Texte original soumis le 1er juin 2005. Texte final remis le 8 août 2005. Révision : Réjeanne Bouchard, B. Pharm., M.Sc., Pharmacie Réjeanne Bouchard. Soins de plaies et pansements : comment s’y retrouver (2 e partie) Comme nous l’avons vu dans la première partie de cet article, la guérison d’une plaie présente différentes phases et chacune d’elles requiert des soins particuliers. C’est pourquoi les compagnies ont mis sur le marché une vaste gamme de produits afin de mieux répondre aux besoins particuliers de chaque type de plaie. Dans cette deuxième partie, nous nous intéresserons aux différents types de pansements offerts sur le marché. Puisqu’il en existe une très grande variété, nous les aborderons par catégories afin d’en faciliter la compréhension.

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Vous trouverez au tableau I un résumé des fonctions desdivers pansements ainsi que des exemples de produitscommerciaux pour chaque catégorie. Le tableau II per-mettra aussi de mieux définir le rôle de chaque panse-ment puisqu’ils seront regroupés selon le type de plaiesqu’ils peuvent traiter. Selon la fonction qu’ils remplissent,nous parlerons de pansement primaire ou de remplissages’ils s’appliquent directement sur ou dans la plaie. Cedernier pansement servira à combler l’espace mort, àabsorber l’exsudat, à maintenir le milieu humide ou àdébrider la plaie. Le pansement secondaire ou pansementde recouvrement peut être utilisé seul ou servir à main-tenir le pansement primaire en place et compléter sonaction. Il n’adhère pas à la plaie, mais au pourtour decelle-ci. Le pansement d’appoint n’aura d’autre fonctionque de protéger et couvrir la plaie5.

Pansements absorbants Les pansements absorbants ont pour rôle principal d’ab-sorber un exsudat modéré à abondant. Ils maintiennentl’humidité en empêchant la macération au pourtour de laplaie. Ils ont la propriété de former un gel hydrophileprotecteur lorsqu’ils sont en contact avec l’exsudat. Ilexiste deux catégories de pansements absorbants : les algi-nates et les mousses.

Les alginatesLes alginates sont des polysaccharides dérivés d’algues1.Puisqu’ils sont d’origine naturelle, ils sont considéréscomme non toxiques et non allergènes2. Ils contiennentmajoritairement de l’alginate de calcium avec ou sanssodium. Certains pansements peuvent contenir du col-lagène. Ils sont offerts sous forme de compresses ou demèches et peuvent être utilisés pour combler l’espacemort de la blessure1,3. Les alginates sont utiles en présenced’une plaie débridée, exsudative et sanguinolente de stadeIII ou IV puisqu’ils sont très absorbants4. C’est un panse-ment sec qui, au contact de l’exsudat, se transforme engel. On doit l’appliquer de façon assez lâche, car il prendde l’expansion1,2. Il faut s’assurer que le pansement à l’in-térieur d’une plaie ne fasse pas de pression, cela compro-

mettrait la perfusion de la plaie et la formation de nou-velles cellules. Dans tous les cas, il nécessite un pansementsecondaire puisqu’il n’est pas adhérent. On ne doit pasemployer les alginates lorsque l’exsudat est faiblepuisqu’ils dessècheront la plaie3. De plus, lors du retrait,certains pansements pourront laisser des débris fibreuxdans la plaie. Ces pansements sont donc surtout utilesdans le cas d’une plaie où la granulation est amorcée etlorsqu’il y a un exsudat modéré à abondant ou des saigne-ments puisque l’alginate de calcium a des propriétéshémostatiques2. Quant aux pansements qui contiennentaussi du sodium, ils se transforment en gel par un méca-nisme d’échange ionique entre les ions sodiques de l’exsudat et les ions calciques du pansement. L’alginate desodium contenu dans le pansement participe à la forma-tion du gel et permet d’absorber l’exsudat sur une pluslongue période de temps6. Même si l’on pourrait em-ployer ces pansements pour les plaies ayant un espacemort important (il faut s’assurer de voir entièrement lefond de la plaie), il n’est pas recommandé de les utiliseren présence de cavités profondes étant donné la possibi-lité qu’ils laissent des débris fibreux. On doit changer cespansements tous les jours au début du traitement oulorsqu’ils sont saturés7. Ils ne doivent toutefois pas resteren place plus de sept jours7.

Les moussesCes pansements sont constitués d’une mousse depolyuréthane hydrophile2,3. Ce sont de très bonsabsorbants. De plus, ils n’adhèrent pas à la plaie et sonttrès confortables pour le patient4. Certains requièrent unpansement secondaire, alors que d’autres ont déjà unepellicule adhésive et un film transparent1,3,5. Tout commeles alginates, les mousses prennent de l’expansion au con-tact de l’exsudat, mais celles-ci ne forment pas de gel1,3.On doit recouvrir ce type de pansement d’une pelliculeimperméable si le patient désire prendre une douche ouun bain, car les mousses absorberont facilement l’eau2,4.Elles peuvent rester en place jusqu’à sept jours, mais sil’exsudat est abondant, il est préférable de les vérifierrégulièrement et de les remplacer lorsqu’elles sont

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à votre service SANS ORDONNANCE

Texte rédigé parNancy Desmarais, B. Pharm., PharmacieNancy Morissette, et Julie Martineau, B. Pharm., Pharmacie Matte et Petit.

Texte original soumisle 1er juin 2005.

Texte final remis le 8 août 2005.

Révision : Réjeanne Bouchard,B. Pharm., M.Sc.,Pharmacie Réjeanne Bouchard.

Soins de plaies et pansements : comment s’y retrouver (2e partie)

Comme nous l’avons vu dans la première partie de cet article, la guérison d’une plaie présentedifférentes phases et chacune d’elles requiert des soins particuliers. C’est pourquoi les compagnies ont mis sur le marché une vaste gamme de produits afin de mieux répondre auxbesoins particuliers de chaque type de plaie. Dans cette deuxième partie, nous nousintéresserons aux différents types de pansements offerts sur le marché. Puisqu’il en existeune très grande variété, nous les aborderons par catégories afin d’en faciliter la compréhension.

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saturées4. Les pansements de mousse sont offerts en com-presses ou en gaufres. On utilise plus souvent les com-presses (par ex. : MépilexMD), car leur présentation permetde bien épouser les formes, tandis que les gaufres serventpour les cavités profondes. Contrairement aux alginates,on a rapporté des réactions allergiques avec les mousses2.Ces pansements sont utiles pour les plaies de stades II, IIIou IV ayant un exsudat modéré à abondant4.

Pansements hydrofibresUn seul pansement offert sur le marché fait partie decette classe, soit AquacelMD de Convatec. Ce pansementest composé de fibres de carboxyméthylcellulose puresnon tissées et permet une absorption de l’exsudatsupérieure à tous les autres types de pansements1,2. Il estsemblable aux alginates et comporte sensiblement lesmêmes caractéristiques.

Il formera un gel en absorbant l’exsudat, ce qui per-mettra au pansement de remplir la plaie et d’être confor-table pour le patient1. On le choisira en présence d’uneplaie très exsudative de stades II à IV.

Pansements hydrogelsLes hydrogels sont des polymères insolubles de car-boxyméthylcellulose comportant au moins 75 % d’eau.Ils nécessitent un pansement secondaire peu absorbant etdemandent généralement un changement assez fréquentselon l’état de la plaie4. Étant donné qu’ils sécrètent l’eauqu’ils contiennent au niveau de la plaie, on choisira doncce pansement si la plaie est sèche ou peu exsudative1,5. Ilest important de placer l’hydrogel seulement au milieu dela plaie puisque l’application de celui-ci sur la peau sainecomme le pourtour de plaie peut entraîner la macérationdu tissu. Son pouvoir hydratant permet un retrait indo-lore du pansement5. Les hydrogels se présentent sousplusieurs formes. On favorise les gels amorphes pour lescavités difficiles d’accès ou les plaies peu profondes, alorsqu’on utilisera les feuilles, les gazes imprégnées et lesmèches imprégnées pour les plaies profondes et peuexsudatives. D’autre part, il existe également un gel à base de chlorurede sodium à 20 % (HypergelMD) qui favorisera le débride-ment autolytique plutôt que l’hydratation de la plaie4.L’hypergel est aussi considéré comme un hydrogel.

Pansements hydrocolloïdaux Les pansements hydrocolloïdaux sont imperméables etsemi-occlusifs (sauf le pansement DuodermMD qui estocclusif). Ils protègent donc la plaie contre les contami-nations puisqu’ils laissent seulement passer l’oxygène. Ilsforment un gel chaud et humide au contact de la plaie etils facilitent l’autolyse ainsi que la formation du tissu degranulation5. Ils sont simples d’utilisation et ne nécessi-tent pas absolument un pansement secondaire. Par con-tre, ils peuvent occasionner une macération de la peaupuisque le pansement doit être appliqué de telle sortequ'il déborde de 3 cm des bords de la plaie, d’où l’impor-

tance de bien maîtriser l’exsudat à l’intérieur de la plaie8.Ce type de pansement produit un gel visqueuxnauséabond. Lors de son retrait, il dégage une odeurcaractéristique (sauf CutinovaMD qui ne se décompose pasdans la plaie) qui n’est pas nécessairement un signe d’in-fection1,4. Il faut se souvenir qu’une plaie contaminée neveut pas dire une plaie infectée. De plus, étant donnéqu’ils sont opaques, il est difficile d’évaluer la plaie sansretirer le pansement5. Il existe des hydrocolloïdes qui sontminces et d’autres plus épais. On peut employer leshydrocolloïdes pour des plaies de stades I à IV, mais laparticularité des hydrocolloïdes plus épais est qu’on peutles utiliser comme pansements secondaires, par exemplelors de plaies nécrotiques ou fibrineuses en complémentd’un hydrogel4. On doit éviter les hydrocolloïdes enprésence d’une plaie infectée sans suivi médicalpuisqu’une plaie infectée requiert des nettoyages et deschangements fréquents. On les évitera aussi pour lesplaies très exsudatives, en présence d’un ulcère diabétiqueou artériel ou lorsque le patient souffre d’une allergie àl’un des composants du pansement5.

Gazes imprégnéesLes gazes imprégnées constituent une famillehétérogène puisque la fonction de la gaze varie grande-ment en fonction de la substance qui y est imprégnée.Nous allons donc les subdiviser en fonction du produitqui leur est ajouté.

Les gazes de gelée de pétroleLa gelée de pétrole a pour but d’empêcher le pansementd’adhérer à la plaie5. Les gazes imprégnées de gelée depétrole laissent passer librement l’exsudat qui peut alorsêtre absorbé par le pansement secondaire7. On peut lesutiliser afin d’empêcher le pansement secondaire d’adhérer à la plaie4. On emploie ce type de pansementprincipalement pour couvrir les sites de greffes, leslacérations, les abrasions ou les brûlures mineures ainsique pour les ulcères7. Leur fréquence de changement estgénéralement quotidienne, mais elle peut aussi corres-pondre à celle du pansement secondaire4.

Les gazes hypertoniquesElles sont constituées de gaze de rayonne et de polyesterimprégnées de chlorure de sodium concentré. C’est l’hy-pertonicité du pansement qui permet d’absorber un exsudat modéré à abondant et les tissus nécrotiques. Lepansement qui est appliqué est sec, mais il est préférablede l’irriguer au normal salin avant de le retirer4. Ils sontutiles pour le débridement des plaies, car ils favorisentl’autolyse. On peut aussi les utiliser lorsque la plaie estinfectée puisqu’ils absorbent les bactéries. Les principauxdésavantages de ce type de pansement sont la sensation debrûlure transitoire qu’ils créent à l’application et l’irrita-tion pour les tissus sains entourant la plaie. Il est doncpréférable de protéger la peau environnante en appli-quant une barrière cutanée telle la pâte d’ihle9.

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Lors de leurretrait, les

pansementshydrocolloïdaux

produisent une odeur

caractéristiquequi n'est pas

nécessairementun signe

d'infection.

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Tableau I : Les rôles des différents types de pansements

Type de pansement Fonctions1-4 Exemples1-3 (nom du fabricant)

Pansements non adhésifssecs

• Empêchent le pansement secondaire de coller• Protection contre la friction et le milieu extérieur pour

les blessures mineures• Peuvent remplir l’espace mort• Absorbent l’exsudat• Peuvent servir au débridement mécanique

(passage de humide à sec)

• Telfa (KI) • Ete (Me)• Omniderm• NuGauze• Kling (gaze en rouleau)

Pellicules transparentes • Permettent de favoriser un milieu humide• Protègent du frottement et du milieu extérieur• Permettent de visualiser la plaie• Peuvent servir de pansement secondaire• Pansement primaire en présence de plaies de stade I ou II

• Opsite Flexigrid (stérile) (SN) • Opsite Flexifixt (non-stérile) (SN)• Tegaderm (3M) • Bioclusive (JJ)- Polyskin (KI) • Melfilm (Me)

Pansements absorbants : Alginates

• Débridement autolytique des plaies jaunes (présentantune nécrose humide ou une fibrine de couleur jaune)

• Absorbent l’exsudat• Protègent des traumatismes• Favorisent l’hémostase• Gardent le milieu humide

• Kaltostat (Cc)• Algisite M (SN)• Sorbsan • Restore Calcicare (Hr)• Melgisorb (Me)

Pansements absorbants : Mousses

• Absorbent l’exsudat• Favorisent la granulation• Protègent des bactéries et des variations

de température• Favorisent un débridement autolytique• Remplissent l’espace mort

• Allevyn (SN)• Lyofoam (Cc)• NuDerm• Curafoam (KI)• Tielle (JJ)• Hydrosorb (Kol)• Mépilex (Me)• Mépilex border (Me)

Hydrocolloïdes • Procurent un milieu humide• Favorisent l’autolyse• Favorisent la granulation et l’épithélisation• Absorbent un exsudat léger à modéré• Protègent des bactéries

• DuoDerm (pâte, gel, feuilles imperméables et semi-perméables) (Cc)

Feuilles semi-perméables : • Comfeel (Ct)• Restore (Hr)• Tegasorb (3M)• Cutinova (SN)

Hydrofibres • Remplissent l’espace mort• Favorisent la granulation • Semblables aux alginates• Capacité d’absorption de l’exsudat supérieure à tous

les autres types de pansement

• Aquacel (Cc)

Hydrogels • Hydratent la plaie• Permettent un débridement autolytique• Utiles pour une plaie sèche peu exsudative• Peuvent entraîner la macération du tissu sain• Demandent un pansement secondaire• Diminuent la douleur• N’adhèrent pas à la plaie

• Amorphes: Tegagel (3M), Intrasite gel (SN)Nu-gel (JJ) Normgel (Me), Curafil (KI),Restore hydrogel (Hr)

• Feuilles : Curagel (KI), Nu-gel (JJ)• Gazes imprégnées : Intrasite (SN), Restore

(Hr), Curafil (KI), Tegagel (3M)• Mèches imprégnées : Restore (Hr)

Gazes imprégnées : Gelée de pétrole

• Empêchent le pansement secondaire d’adhérer à la plaie

• Laissent passer l’exsudat

• Adaptic (JJ)• Jelonet (JJ)

Gazes imprégnées : Antibactérien

• Empêchent la croissance bactérienne (toutefois, desrésistances sont possibles)

• Adjuvants à une thérapie antibiotique pour les plaiesinfectées

• Empêchent le pansement secondaire d’adhérer à la plaie

• Bactigras• Sofratulle• Iodosorb (Sn)D’autres pansements contiennent des ions d’argent (par ex. : Actisorb Plus (JJ), Silverleaf(DRM))

Gazes imprégnées : Hypertonique (NaCl)

• Permettent de ramollir le tissu nécrotique• Absorbent les bactéries• Favorisent le débridement de la plaie• Absorbent l’exsudat

• Mesalt (Me)• Curasalt• Thalafix (Dx)

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Noms de fabricants (liste non exhaustive) : Cc : Convatec; Ct : Colopast; DRM: D.R Medical Inc.; Dx : Dumex; Hr: Hollister; KI: Kendall; Kol : Knoll; JJ : Jonhson & Jonhson; Me : Mölnlycke; SN : Smith & Nephew; Wd: Winfield Laboratories; 3M : 3M

Type de pansement Fonctions1-4 Exemples1-3 (nom du fabricant)

Gazes imprégnées : Silicone • N’adhèrent pas à la plaie• Peuvent être laissées en place jusqu’à

cinq jours

• Mepitel (Me)

Pansements à périphérieadhésive

• Recouvrent et protègent la plaie• Pansements secondaires résistants

à l’eau• Faible pouvoir d’absorption

• Alldress (Me)• Airstrip• Opsite Post Op (SN)

Pansements anti-odeurs • Contrôlent les odeurs • Peuvent être utilisés pour les plaies infectées• Actisorb Plus et Carboflex

s’appliquent directement sur la plaie

• Carbonet (SN)• Actisorb (JJ)• Carboflex (Cc)

Les gazes imprégnées d’antibiotiques ou d’antibactériensIl existe une gamme de produits pour limiter la croissancebactérienne, soit la framycétine, les ions d’argent, lecadexomère d’iode et la chlorexidine. Comme nousl’avons vu dans la première partie de cet article, la néces-sité d’utiliser de tels produits lors du traitement d’uneplaie est grandement controversée. De plus, il faut êtrevigilant et surveiller les incompatibilités, les contre-indi-cations et les allergies à ces produits. En raison de sa com-posante en iode, l’IodosorbMD est contre-indiqué en casd’allergie à l’iode et de problèmes thyroïdiens. On doitl’utiliser avec précaution chez la femme enceinte ou quiallaite, ou en cas d’insuffisance rénale. Leur emploi pourles plaies est donc surtout limité à la prévention desinfections, mais on peut aussi les utiliser comme adju-vant à un traitement antibiotique lors d’une infectiondéjà existante5.

Les gazes imprégnées de siliconeLe seul représentant de cette classe est le MepitelMD.L’enduit de gel de silicone permet au pansement de ne pasadhérer à la plaie, de le retirer facilement sans endom-mager le nouveau tissu et d’examiner la plaie sans enleverle pansement. Il est principalement utilisé pour lesbrûlures du second degré, les maladies bulleuses de lapeau (par ex. : l’épidermolyse bulleuse), les plaies chirur-gicales et les abrasions de la peau7. Ce pansement peutrester en place jusqu’à cinq jours. Tout comme les gazesimprégnées de gelée de pétrole, il laisse passer l’exsudatsans l’absorber lui-même7.

Pansements à périphérie adhésiveOn les utilise principalement comme pansements secondaires et ils remplissent des tâches multiples selonles composants de couches qu’ils comportent. Ils permet-tent une protection adéquate contre l’eau et les bactériestout en étant semi-perméables, ce qui permet unemaîtrise de l’humidité du milieu. Ces pansements présen-tent un contour adhésif et un filet poreux au centre10,11.Cela permet au pansement de ne pas adhérer à la plaie aucentre tout en protégeant celle-ci du milieu extérieur

étant donné le pourtour adhésif en périphérie10,11. Le pou-voir absorbant de ces pansements est limité. Ilsempêchent toutefois le liquide de la plaie de couler à l’ex-térieur de celle-ci. On peut les employer autant pour desplaies chirurgicales que pour des plaies chroniques9,10.Leur principal désavantage est leur coût élevé.

Pansements anti-odeursCes pansements sont utiles en présence de plaies infec-tées, malodorantes, fibrineuses ou lors d’une fistule fécale.On peut les employer lorsqu’une plaie malodoranteprésente une infection à champignons ou une nécrose7.Ils permettent l’absorption des odeurs et une absorptionmodérée des exsudats. Ils peuvent être laissés en placejusqu’à saturation ou jusqu’à la réapparition de la mau-vaise odeur4. Ces pansements sont formés d'une couchede charbon actif associée à des propriétés absorbantes etnon adhérentes. Il ne faut pas mouiller ou couper cespansements4. Actisorb PlusMD et CarboflexMD s’appliquentdirectement sur la plaie, tandis que CarbonetMD nécessiteun pansement secondaire. Les contre-indications peuventêtre liées au pansement choisi. Par exemple, ActisorbPlusMD contient des ions d’argent et du nylon, et il n’estdonc pas recommandé chez les patients allergiques à cesproduits7. De plus, puisque ces pansements ont unecapacité d’absorption modérée, il faut être prudent lorsde leur utilisation sur une plaie peu exsudative afin qu’ilsne la dessèchent pas.

Les associationsEnfin, il existe aussi des pansements constitués de l’asso-ciation de deux groupes différents. Ces types de panse-ments permettent la combinaison des propriétés deplusieurs classes. Deux associations contenant un alginatesont sur le marché. La première contient un hydrocol-loïde et est offerte sous le nom de UltecProMD de Kendall,alors que la seconde, Fibracol PlusMD de Johnson &Johnson, est constituée de collagène1. La compagnieConvatec commercialise deux associations. La premièreest composée d’un hydrofibre avec des ions d’argent(Aquacel-AgMD) et la deuxième, VersivaMD, associe unemousse, une hydrofibre et un hydrocolloïde. Lorsque

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toutes les conditions sont réunies pour utiliser l’associa-tion de ces mêmes types de pansements, cela peut éviterl’achat de plusieurs produits.

Peut-on les substituer ? Plusieurs compagnies proposent des produits pourchaque catégorie de pansement. Il est donc peu conce-vable de tenir dans nos pharmacies des exemplaires detous les types de pansements de chacune de ces compa-gnies. Il faut être très vigilant lors du choix du pansement,car plusieurs produits différents peuvent porter un nomsimilaire (par ex. : produit de la gamme Opsite, Aquacelet Aquacel Ag…). Cependant, avant de substituer unpansement à celui qui est prescrit, il faut s’assurer qu’ilréponde à toutes les considérations relatives à la substitu-tion d’une ordonnance présentée à l’article 21 de la Loisur la pharmacie12, lequel spécifie que « le pharmaciendoit exécuter une ordonnance suivant sa teneur intégrale,

mais il peut toutefois, pourvu qu’il avise le client et qu'ill'inscrive à son dossier, substituer au médicament prescritun médicament dont la dénomination commune est lamême, à moins d'indication contraire formulée de samain par l'auteur de l'ordonnance ».

ConclusionLes soins de plaies constituent un volet de la pharmaciesouvent négligé dans la pratique actuelle. Or, étantdonné le vieillissement de la population ainsi que lemaintien des patients à domicile, le pharmacien seral’un des professionnels de la santé le plus souvent ques-tionné à ce sujet. Non seulement il devra connaître lespansements offerts sur le marché, mais il devra égale-ment conseiller le patient quant au pansement qui seraitle plus approprié pour lui. Un choix judicieux pourraitgrandement influencer le processus de guérison. Le motde la fin : chaque plaie trouve son pansement ! ■

Tableau II : Les différents stades de la plaie et les pansements appropriés pour chaque stade2,4,5

Phase de la plaie Caractéristiques des plaies Pansement

Stade 1 • Peau intacte• Rougeur de la peau persistante• Pas d’exsudat• Douleur possible

• Film transparent• Pansement hydrocolloïde mince• Mousse • Hydrogel• Pansement protecteur cutané

Stade 2 • Lésion superficielle impliquant une perte de l’épiderme

• Atteinte du derme possible• Exsudat peut être présent, mais peu

abondant• Douleur possible

• Film transparent• Pansement hydrocolloïde• Gaze imprégnée de NaCl 0,9 %• Protecteur cutanéSi exsudat : alginate, hydrofibre, pansement de mousse

Stade 3 • La lésion atteint les tissus sous-cutanés• La plaie est rouge et irrégulière• Exsudat modéré à abondant• Tissu fibrineux ou nécrotique possible• Espace mort, fistule ou sinus peuvent être

présents• Souvent indolore

• Alginate • Mousse • Hydrofibre• HydrogelPansement secondaire :• Film transparent• Hydrocolloïde

Stade 4 • Atteinte des structures profondes (os, muscles, tendons)

• Exsudat léger à abondant• Tissu nécrotique possible• Souvent indolore

Le choix dépend de la quantité d’exsudat.• Alginate• Mousse• Hydofibres• Hydrogels• Anti-odeur (si nauséabond)Pansement secondaire :• Film transparent• Hydrocolloïde

Stade non déterminé

• Plaie difficile à classer à cause de l’importance du tissu nécrotique

• Tout pansement permettant l’autolyse (Gaze imprégnée de solution hyper-tonique, hydrocolloïde, alginate…)

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pharmaceutiques en gériatrie. 1re éd. Les Presses de

l’Université Laval, Québec, 2003 : 281-97.

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gestion de la douleur et autres symptômes, 3e édition.

Montréal : APES, 2002 : 241-55.

5. Smith RG. (2005, mai) « Wound Care Product Selection ».

U.S. Pharmacist [En ligne], Adresse URL : www.uspharma

cist.com/ce/2716/default.htm

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Page 6: Soins de plaies et pansements : comment s'y retrouver (2e partie)

Québec Pharmacie vol. 52, no 10, novembre-décembre 2005 697

6. Bolton L. Kaltostat : a calcium-sodium alginate dressing.

Bristol Myers Squibb 1997, 1-19.

7. Dressing.org (mai 2005) « Dressings Data Cards » Surgical

Materials Testing Lab. [En ligne], Adresse URL :

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8. Farma 2004 Compendium (mai 2005) « Pansement

Duoderm Hydroactif » Farma 2004 [En ligne], Adresse URL :

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9. Bouchard H. Morin J. (août 2005) « Les pansements

d’utilisation courante ». Université de Sherbrooke [En ligne],

Adresse URL : http://cfc.med.usherbrooke.ca/SYLLABUS-

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10. Mölnlycke Health Care : Wound Care Business Area.(mai 2005) « AlldressMD ». Mölnlycke Health Care

[En ligne], Adresse URL : http://www.tendra.com/index.

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11. Smith & Nephew : Wound management (mai 2005)

« Opsite Post-Op Technology » Smith&Nephew [En ligne],

Adresse URL : http://wound.smith-nephew.com/uk/node.

asp?Node Id=3266

12. Loi sur la pharmacie, L.R.Q, c. P-10, art.21.

Formation Continue

7) Parmi les situations suivantes, laquelle est vraie ?A Les hydrogels sont semblables aux alginates.B Lors du retrait des pansements hydrocolloïdaux,

il faut être à l’affût d’une odeur nauséabondepuisqu’elle serait un signe assuré d’une infection.

C Un film transparent peut être un pansement approprié pour une plaie de stade I ou II.

D Les hydrofibres laissent des débris fibreux dans les plaies.

E Il est important de mouiller une gaze imprégnée de NaCl hypertonique avant de l’appliquer.

8) Parmi les situations suivantes, laquelle estfausse ?

A Les hydrogels peuvent entraîner la macération des tissus sains.

B Les pansements anti-odeurs peuvent être utilisés sur des plaies infectées.

C Les alginates peuvent être appliqués sur une plaieavec un faible exsudat.

D Les gazes imprégnées de gelée de pétrole laissentpasser l’exsudat.

E Les hydrofibres sont semblables aux alginates.

Veuillez reporter vos réponses dans le formulaire de la page 746

Québec Pharmacie vous souhaite un joyeux temps des Fêtes !

Le comité de rédaction de Québec Pharmacie vous offre, chers lecteurs,ses meilleurs vœux de bonheur, de santé et de prospérité.

Le comité désire souligner aussi le travail, la collaboration et le soutien de toute l’équipe « pharmaceutique »

de Rogers Media : Caroline Bélisle, Caroline Baril, Catherine Hébert, Stéphane Paradis,

Sylvie Gourde et Josée Boudreau. Nous profitons également de l’occasion pour remercierchaleureusement tous les collaborateurs, rédacteurs,auteurs et réviseurs qui ont participé à la production

de la revue tout au cours de l’année 2005.

Soins de plaies et pansements : comment s’y retrouver (2e partie)

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